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L’accueil hospitalier du patient traumatisé sévère est une période critique qui vise dans le même
temps :
à assurer une prise en charge réanimatoire des fonctions vitales
à suivre une démarche diagnostique lésionnelle rigoureuse
à mettre en place une stratégie thérapeutique adaptée.
ANTICIPATION
Après contact avec le médecin régulateur du SAMU, le « trauma leader » anticipe l’arrivée du
patient et pré-active l’équipe de traumatologie au sens large : l’équipe du déchocage pour
préparation du site, du matériel adapté (cathéters, transfusion, etCO 2, etc), le centre de transfusion
sanguine, le service de radiologie, l’équipe d’anesthésie et les différents intervenants chirurgicaux
potentiellement impliqués.
L’anticipation du risque d’hémorragie sévère se fait sur les critères préhospitaliers du Red Flag :
Shock Index (FC/PAS) ≥ 1, PAM ≤ 70 mmHg, Hb capillaire ≤ 13 g/dL, fracture cliniquement
instable du bassin, intubation orotrachéale. La présence de 2 critères ou plus fait suspecter une
hémorragie sévère. Plus le nombre de critères est élevé, plus le risque d’hémorragie sévère est
élevé.
DÉTRESSE RESPIRATOIRE
Intubation si détresse respiratoire, état de choc profond, traumatisme facial majeur,
chirurgie urgente, défaillance neurologique, douleur incontrôlable…
Intubation en séquence rapide (estomac plein), minerve rigide ouverte, partie postérieure
en place : maintien manuel de l’axe tête-cou-tronc, sans traction.
Chariot d’intubation difficile à disposition.
Exsufflation à l’aiguille ou drainage en urgence d’un pneumothorax compressif
(cf. Drainage pleural).
Objectif de SpO2 > 95 % et un etCO2 à 35-38 mmHg (puis adaptation de la ventilation la
plus précoce aux gaz du sang).
DÉTRESSE NEUROLOGIQUE
Une mydriase signe la plupart du temps un engagement cérébral : osmothérapie immédiate
nécessaire (cf. Osmothérapie).
Si traumatisme crânien :
En l’absence d’instabilité hémodynamique et de saignement, maintenir une
PAM ≥ 80 mmHg.
Si choc hémorragique associé, respecter une PAM à 80 mmHg et effectuer le plus vite
possible l’hémostase chirurgicale.
Maintien d’une hémostase correcte (TP > 60 %, Plaquettes > 100 G/L).
Contrôle des ACSOS (cf. traitement d’une HITC).
Si traumatisme médullaire :
Toucher rectal (tonus sphinctérien) indispensable pour déceler une lésion médullaire
complète, en particulier chez le patient sédaté. Maintenir PAM ≥ 70 mmHg.
LÉSIONS PÉRIPHÉRIQUES
Immobilisation des fractures par attelles (limite saignement et lésions des paquets
vasculonerveux). Nettoyage des plaies souillées.
Antibioprophylaxie : amoxicilline + ac clavulanique 2 g puis 1 g × 3 /24 h. Ajouter une
injection de 5 mg/kg/j de gentamicine en cas de fracture ouverte Cauchoix II ou III
(Bacillus cereus). Utiliser la clindamycine 900 mg si allergie. Traitement pour 24 h en cas
d’ostéosynthèse.
Analgésie si patient non sédaté. Pas de sédation sans intubation (estomac plein).
Réalisation d’un Quick test™ (immunisation antitétanique).
Une fracture-disjonction pubienne doit faire suspecter des lésions urétrales : urétrographie
rétrograde systématique. En cas de lésion des voies urinaires, pose de cathéter sus-pubien
(après contrôle de l’hémostase).