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revue

Résultats de la fécondation in vitro


en cycle naturel ou avec une stimulation
hormonale minimale

Le cycle naturel, le cycle naturel modifié et la stimulation mi­


nimale sont des protocoles de stimulation en fécondation in
vitro (FIV) qui présentent certains avantages par rapport à la
stimulation conventionnelle ; un coût de médication moindre,
moins d’injections, moins invasifs, moins de risques d’hyper­
stimulation ovarienne et de grossesses multiples. Leur incon­
vénient majeur réside dans le taux d’annulations élevé dû à
une ovulation prématurée ou à une ponction sans récupéra­
tion d’ovocyte. Lorsqu’un transfert d’embryon est effectué, les
taux de grossesse cumulés sont comparables aux résultats en
Rev Med Suisse 2014 ; 10 : 1969-76 stimulation conventionnelle. Si ces protocoles ne présentent
pas d’avantage en termes de résultats chez les patientes avec
une réserve ovarienne normale, ils ont une place dans la prise
C. Miserez Zaugg en charge des mauvaises répondeuses.
N. Fournet Irion
P. Cantero-Perez
introduction
I. Streuli
Les premiers traitements de fécondation in vitro (FIV) se faisaient
en cycle menstruel naturel (CNAT) avec une ovulation spontanée,
sans stimulation ovarienne aucune. Le problème de ces cycles
résidait dans le taux d’annulations et de ponctions ovocytaires
Results of in vitro fertilization in natural sans ovocyte récupéré (ponction dite «blanche») élevé, en lien avec la difficulté à
cycle or with mild stimulation
déterminer et à contrôler le moment de l’ovulation et de planifier la ponction
Natural cycle, modified natural cycle and mild
stimulation are different protocols which pro­
d’ovocytes. Le CNAT a fait place à la stimulation ovarienne contrôlée (STIMCONV),
vide some advantages compared to conven­ qui associe des gonadotrophines permettant une réponse multifolliculaire à un
tional stimulation : lower medication cost, less contrôle du moment de l’ovulation par des agonistes de la gonadotropin-releasing
injections, less invasive, low risk of ovarian hormone (GnRH), puis plus récemment des antagonistes de la GnRH. Ces protoco­
hyperstimulation and multiple pregnancy. les de stimulation permettent le recrutement de plus d’ovocytes, d’obtenir plus
There main drawback is high cancellation rate d’embryons et donc d’augmenter les taux de grossesse par cycle. Cette technique
due to premature ovulation and lack of egg
est cependant associée aux risques de syndrome d’hyperstimulation ovarienne
recovery at the retrieval. When an embryo
trans­fer can be performed, the cumulative
(SHO) et de grossesse multiple.
pregnancy rate is similar to the results in con­ Il y a actuellement un regain d’intérêt pour le CNAT, qui offre de nombreux
ventional stimulation. Those protocols don’t avantages : moins d’injections, un coût lié aux traitements hormonaux diminué, la
provide any advantage in term of results for possibilité de le répéter sur des cycles itératifs, moins de grossesses multiples,
woman with normal ovarian reserve, however pas de risque de SHO et pas de congélation de zygotes/embryons surnuméraires.
it might be considered as a therapeutic alter­ De plus, le problème du taux d’annulations peut être atténué par une meilleure
native in poor responders.
maîtrise de l’ovulation grâce à l’utilisation d’antagonistes de la GnRH et un dé­
clenchement planifié de l’ovulation par gonadotrophine chorionique humaine (hCG)
ou par agoniste de la GnRH.
Dans la littérature médicale, le CNAT est décrit comme traitement d’infertilité
pour diverses indications : infertilité tubaire, masculine, inexpliquée, endométriose,
mais une attention particulière est portée aux femmes répondant faiblement à la
stimulation contrôlée conventionnelle.

définitions
Dans la littérature, différentes terminologies ont été utilisées pour décrire les
cycles naturels et les stimulations minimales. Le cycle vraiment naturel n’est que

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Tableau 1. Définitions des différents types de stimu­lation ovarienne
Ov. : nombre d’ovocytes cible ; hCG : gonadotrophine chorionique humaine ; GnRH : Gonadotropin-releasing hormone ; FSH : follicle stimulating hormone ;
hMG : human menopausal godanotropin.

Mode de stimulation Ov. Déclenchement de l’ovulation Soutien de la phase lutéale

Cycle naturel Aucun médicament 1 Aucun médicament Aucun médicament


(CNAT)

Cycle naturel modifié Aucun médicament 1 hCG ou agoniste de la GnRH Progestérone


(CNMODIF)

Stimulation minimale • Aucun médicament ou antagoniste 2-7 hCG ou agoniste de la GnRH Progestérone
(STIMMIN) de la GnRH
• Faible dose FSH ou hMG

Stimulation conventionnelle • Antagoniste de la GnRH et/ou M8 hCG ou agoniste de la GnRH Progestérone


(STIMCONV) citrate de clomifène ou inhibiteur
de l’aromatase
• FSH ou hMG

rarement utilisé sans aucune adjonction de médicament de 95% dans les CNAT/STIMMIN en comparaison avec la
permettant de contrôler le cycle et de nombreuses études STIMCONV la moins chère.2
rapportent les résultats de cycles naturels modifiés (CNMODIF) Le problème principal en CNAT est le suivi du cycle pour
par l’utilisation de traitements hormonaux. Dans le souci prédire le moment de l’ovulation qui détermine l’heure à
d’unifier les définitions, l’ISMAAR (International Society for laquelle la ponction doit être effectuée. Il existe parfois des
Mild Approaches in Assisted Reproduction) a proposé une pics prématurés d’hormone lutéinisante (LH) avec une ovu­
nomenclature simplifiée et révisée pour les différentes lation prématurée et un risque accru de ponction «blanche»
approches en stimulation conventionnelle et en CNAT (ta­ entraînant une augmentation des taux d’annulation. En cycle
bleau 1).1 Le déroulement des différents protocoles en naturel et naturel modifié, le taux d’ovulation prématurée
CNAT, CNMODIF et en stimulation minimale (STIMMIN) est se situe entre 18 et 31%.2-5 La plupart des publications rap­
­illustré dans la figure 1. De manière synthétique, il n’y a portent un taux de ponctions blanches variant de 15 à
­aucun soutien hormonal dans le CNAT, il y a un contrôle de 27%.6,7 Bien que ce taux soit relativement élevé, il est très
l’ovu­lation dans le CNMODIF (antagoniste de la GnRH pour intéressant de noter qu’un transfert d’embryon a lieu dans
empêcher une ovulation prématurée et/ou déclenchement la moitié des cas (46-67% des cycles).2-4
de l’ovulation par hCG ou agoniste de la GnRH) et une pos­ Dans une plus large revue systématique de la littérature,
sible adjonction d’anti-œstrogène (clomifène citrate) ou publiée par Pelinck et coll. en 2002, regroupant vingt étu­
d’anti-aromatase dans la STIMMIN. des, soit 1800 CNAT et CNMODIF, les taux de grossesse par
cycle de traitement et par transfert d’embryons (taux d’im­
plantation) étaient de 7,2 et 15,8% respectivement, chez
méthode des patientes de 24 à 44 ans.3 Comparativement, les statis­
Nous avons effectué une revue de la littérature scienti­ tiques nationales suisses des cycles de fécondation in vitro
fique de langue anglaise pour déterminer les résultats des (FIVNAT 2012) donnent un taux d’implantation moyen (taux
CNAT, des CNMODIF et de la STIMMIN en termes de taux de grossesse par embryon transféré) de 16,4% en transfert
d’annulation, de taux de transfert d’embryon et de gros­ frais (âge moyen de la femme de 37,1 ans).8 Dans 73,3% des
sesse clinique. Etant donné l’hétérogénéité des définitions cycles, deux embryons ou plus sont transférés, aboutissant
utilisées jusqu’en 2007, la comparaison des différents résul­ à une augmentation des taux de grossesse par cycle frais
tats est difficile. Nous les avons donc regroupés selon les initié de 20,8% et par transfert de 26,3%, avec 18,1% de nais­
définitions de l’ISMAAR et avons séparé leur description sances gémellaires et 1% de naissance triple. Les statisti­
pour les patientes avec des réserves ovariennes conservées ques suisses en FIV conventionnelle donnent un taux de
et les patientes définies comme faibles répondeuses selon grossesse par transfert de 24,7%.8
les critères de Bologne (tableau 2). La FIV en CNAT étant simple, peu invasive et facilement
répétable d’un cycle à l’autre, les résultats prennent tout
résultats des cycles naturels, naturels leur sens lorsqu’on la compare à la FIV avec stimulation
modifiés et stimulation minimale conventionnelle en termes de taux de grossesse cumulés
(après plusieurs cycles). Le tableau 3 récapitule les quatre
Femmes avec une réserve ovarienne normale études en CNAT, CNMODIF ou en STIMMIN, décrivant les taux
Une seule étude rétrospective a comparé les résultats de grossesse cumulés. Selon Nargund et coll., il est de 46%
en CNAT, stimulation minimale à ceux de la STIMCONV. Pour après quatre cycles avec des taux de naissance de 32%. Ces
les patientes l 38 ans, les taux de grossesse par transfert excellents résultats sont à prendre avec précaution car l’âge
d’embryon en CNMODIF, en STIMMIN et en STIMCONV étaient moyen des patientes, dans son étude, est de 34 ans.4 Or,
de 26,7, 27,2 et 34,3%, respectivement. Dans cette étude, le selon Bodri et coll., les taux de grossesse cumulés dimi­
coût des traitements médicamenteux était réduit de plus nuent avec l’âge.9 Leur étude décrit des taux sensiblement

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Figure 1. Protocole en cycle naturel, cycle naturel modifié et stimulation minimale
LH : hormone lutéinisante ; GnRH : Gonadotropin-releasing hormone ; rFSH : recombinant follicle stimulating hormone.

abaissés après 40 ans, qui deviennent quasi nuls après aux taux de grossesse mais peu d’auteurs décrivent le taux
43 ans. Dans cette étude, il est intéressant de souligner que de naissance vivante. Gordon et coll., dans une étude rétro­
le nombre de grossesses en cycle naturel ou naturel modifié spective, se sont intéressés au taux de naissance en fonction
atteint un plateau après six cycles. de l’âge de la femme. Ils ont rapporté un taux de naissance
La majorité des publications relatives au CNAT s’intéresse de 15,2% chez les femmes de moins de 35 ans, avec une

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taux de grossesse par transfert étaient comparables dans
Tableau 2. Critères de Bologne définissant les
patientes mauvaises répondeuses en fécondation les deux groupes avec 14,9% dans le CNMODIF et 10,1% dans
in vitro le cycle flare-up. A noter qu’une moyenne d’un embryon
CFA : comptage des follicules antraux ; AMH : hormone antimüllérienne. était transférée dans le CNMODIF et 1,8 w 0,4 embryon dans
Patiente définie comme mauvaise répondeuse si au moins
les cycles flare-up. Les taux d’implantation sont donc plus
2 des critères suivants sont observés : élevés dans le CNMODIF en comparaison avec le groupe sti­
• Age M 40 ans ou un facteur de risque pour mauvaise réponse mulé (14,9% vs 5,5% ; p = 0,05) ; cette différence devient
• Antécédents de réponse insuffisante : m 3 follicules recueillis avec un signi­ficative dans le sous-groupe des femmes l 35 ans (33%
protocole de stimulation conventionnelle vs 12%).14 Ce taux d’implantation plus élevé en cycle naturel
• Réserve ovarienne diminuée : CFA l 5-7 follicules et/ou AMH
l 0,5-1,1 ng/ml pourrait s’expliquer par une meilleure qualité de l’ovocyte
naturellement sélectionné et par une meilleure réceptivité
endométriale en l’absence de stimulation ovarienne.15,16
sensible diminution après 38 ans, et des taux quasi nuls Dans l’étude de Morgia et coll., le taux de grossesse cumulé
après 40 ans.10 Ceci renforce les résultats de Bodri et coll. après trois tentatives de CNMODIF atteint 37,4% ; à noter
concernant l’influence de l’âge de la femme. qu’au­cune des patientes qui a entrepris plus de trois cycles
de CNMODIF n’a eu de grossesse.14
Faibles répondeuses Dans une étude rétrospective de 500 CNAT consécutifs,
Le CNAT est particulièrement intéressant chez les patien­ Schimberni et coll. ont analysé les résultats en fonction de
tes qui répondent mal à la stimulation ovarienne contrôlée l’âge ; les taux de grossesse par transfert étaient de 29,2%
malgré de fortes doses de gonadotrophines. chez les femmes l 35 ans et de 10,5% chez les L 40 ans.17
L’évaluation des résultats chez les faibles répondeuses Dans le sous-groupe des faibles répondeuses, les études
est difficile car la définition des patientes «faibles répon­ rapportent les taux de grossesse clinique alors qu’il serait
deuses» est hétérogène. De plus, les études sont pour la plus adéquat de rapporter le taux de naissance vivante dans
plupart rétrospectives et utilisent des protocoles de stimu­ cette population généralement plus âgée, dont les risques
lation et des critères d’évaluation différents. de fausse couche et d’aneuploïdie ne sont pas pas négli­
Dans ces études, les faibles répondeuses sont définies geables.
par l’âge, une réserve ovarienne abaissée, un antécédent de Il n’existe à l’heure actuelle pas de données concernant
mauvaise réponse ou d’annulation, ou l’association de plu­ les résultats des CNAT et des CNMODIF dans différentes sous-
sieurs de ces critères. populations de faibles répondeuses. En effet, la population
Pour simplifier la présentation des résultats, toutes les des faibles répondeuses est un groupe très hétérogène.
études chez les mauvaises répondeuses sont référencées Les causes de mauvaises réponses peuvent être multiples :
dans le tableau 4, ce qui permet un aperçu global du taux elles peuvent être liées à des polymorphismes qui altèrent
de grossesse par cycle qui varie de 0 à 18%.7,11-13 Etant la sensibilité du récepteur à la FSH, à des pathologies qui
donné le faible nombre d’études et le manque d’études détériorent la signalisation postrécepteur à la FSH (endo­
comparatives, il est actuellement impossible de déterminer métriose par exemple), à des altérations de la réserve ova­
quelle est la meilleure stratégie en FIV chez ces patientes. rien­ne non liées à l’âge (après chirurgie ou traitement gona­
Lorsqu’on se concentre sur les études concernant les patien­ dotoxique) et au vieillissement ovarien lié à l’âge. Dans le
tes l 38 ans, le taux de grossesse par cycle varie de 5,2 à cas d’une diminution de la réserve ovarienne prématurée
18%. iatro­gène ou liée à une pathologie, la qualité ovocytaire
Morgia et coll. ont publié, en 2004, la seule étude rando­ pour­rait être conservée avec des taux d’implantation et de
misée et contrôlée chez 129 faibles répondeuses (l 3 fol­ grossesse plus élevés. En cas de mauvaise réponse liée à
licules en stimulation conventionnelle) qui compare le l’âge, la diminution de la quantité d’ovocytes s’accompagne
CNMODIF (déclenchement de l’ovulation par hCG unique­ probablement d’une altération de la qualité ovocytaire et
ment) et un protocole de stimulation de type flare-up, asso­ d’une augmentation des aneuploïdies, ce qui induit une
ciant des microdoses de leuprolide acétate (Lupron) avec di­minution des taux d’implantation et une augmentation
600 UI/j de rFSH (recombinant follicle stimulating hormone). Les des avortements spontanés.

Tableau 3. Taux de grossesse cumulés en cycle naturel, cycle naturel modifié et stimulation minimale
Stimulation minimale : 150 UI rFSH (recombinant follicle stimulating hormone) ; hCG : gonadotrophine chorionique humaine.

Auteurs Etudes Protocoles Age moyen (an) Taux de grossesse cumulés

Nargund et coll., 2001 Prospective Cycle naturel 34 46% après 4 cycles

Bodri et coll., 2014 Rétrospective Cycle naturel ; cycle naturel modifié 38,4 65% (26-34 ans) après 4 cycles
(citrate de clomifène et hCG) 60% (35-37 ans)
39% (38-40 ans)
15% (41-42 ans)
5% (43-44 ans)

Pelinck et coll., 2006 Prospective Stimulation minimale 33 20,8% après 3 cycles

Pelinck et coll., 2007 Prospective Stimulation minimale 33,3 44,4% après 9 cycles

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Tableau 4. Résultats des cycles naturels chez les faibles répondeuses

Auteurs Etudes Protocoles de stimulation Age moyen (an) F T/C (%) G/C (%) G/T (%)
Schimberni et coll. Rétrospective CN 39,3 ND 57 9,8 17,1
Polyzos et coll. Rétrospective CN et CN modifié( hCG) 37,3 ICSI 42,1 18 ND
Lindheim et coll. Rétrospective, CN et CN modifié (hCG) l 40 ND ND 7 ND
comparative,
cas-témoin*
Bassil et coll. Prospective, CN et CN modifié (hCG) 36,6 FIV, 37,5 18,8 50
comparaison du ICSI
même groupe lors
d’un cycle précédent
Bar-Hava et coll. Prospective CN et CN modifié (hCG) 44-47 FIV, 23 4,2 18
ICSI
Feldman et coll. Rétrospective, CN et CN modifié (hCG) 39,7 ICSI 22,7 4,5 20
comparaison du
même groupe lors
d’un cycle précédent
Morgia et coll. Prospective randomisée CN et CN modifié (hCG) 39,3 ICSI 41,2 6,1 14,9
vs 600 UI de FSH en agoniste court
Kolibianakis et coll. Prospective CN modifié (rFSH 100 UI 38,4 FIV, 24,3 0 ND
et 0,25 mg ganirélix) ICSI
Castelo Branco et coll. Prospective CN modifié (rFSH 150 UI 33 ICSI 45 5,2 27,9
et 0,25 mg cétrorélix)
Weghofer et coll. Rétrospective, CN modifié (rFSH 75 UI 42 ICSI ND 8,2 10
cas-témoin* et 0,25 mg cétrorélix)
Papaleo et coll. Prospective CN modifié (0,25 mg ganirélix) 40,2 ICSI 57,7 11,5 20
Elizur et coll.
Rétrospective, CN modifié (antagoniste) 39 ND ND 9,6 14,3
comparative vs protocole antagoniste et
agoniste long
Kedem et coll. Rétrospective, CN modifié (antagoniste/hMG) 39,4 FIV, 53 0,9 0,9
comparaison du même ICSI
groupe lors d’un cycle
précédent
Ji Hee Yoo et coll.
Rétrospective, Stimulation minimale (citrate 36,7 FIV, ND 11,8 18,4
comparative de clomifène, antagoniste, hMG) ICSI
vs stimulation conventionnelle

F : type de fécondation ; ND : non décrit ; ICSI : intra-cytoplasmic sperm injection ; FIV : fécondation in vitro ; T/C : taux de transfert/cycle ; G/C : taux de
grossesse/cycle ; G/T : taux de grossesse/transfert ; CN : cycle naturel ; hCG : gonadotrophine chorionique humaine ; FSH : follicle stimulating hormone ;
rFSH : recombinant follicle stimulating hormone ; hMG : human menopausal godanotropin.
* Stimulation conventionnelle avec protocole agoniste long.

facteurs pronostiques acceptabilité


Le dosage de l’hormone antimüllérienne (AMH) est pré­ Ces protocoles de stimulation sont souvent décrits
dictif de la réponse à la stimulation ovarienne convention­ comme patient friendly car ils comportent moins de médica­
nelle et permet de détecter les patientes à risque de mau­ ments, d’injections et de contrôles échographiques. On peut
vaise réponse.18 Il est par contre très intéressant de noter toutefois s’interroger sur le vécu des femmes par rapport
que ni l’AMH ni la FSH n’ont de valeur prédictive des taux aux annulations, aux ponctions répétées et au délai pour
de grossesse en CNAT ou en CNMODIF.19,20 obtenir une grossesse. Une étude rapporte une meilleure
acceptation de l’échec en STIMMIN qu’en STIMCONV.23 Une
seconde étude relève les aspects positifs du CNAT tels que
coûts la diminution de l’impact du traitement sur la vie de la fem­
Que ce soit en cycle naturel ou en stimulation minimale, me et le fait de moins interférer sur le cycle physiologi­que.24
le coût par grossesse et par naissance est nettement dimi­
nué par rapport à la FIV avec une STIMCONV.21,22 Cela s’ex­
plique par l’utilisation moindre de traitements médicamen­ conclusion
teux, mais aussi par la diminution des coûts générés par les Le CNAT, présent depuis les premiers traitements de FIV
SHO et les grossesses multiples. A noter que la FIV n’est dans les années 80, regagne en intérêt car il s’inscrit dans
pas prise en charge financièrement par la LAMal. une nouvelle tendance de traitements moins invasifs. Les

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résultats sont malheureusement difficilement comparables
Implications pratiques
d’une étude à l’autre. Globalement, le taux de grossesse
cumulé sur plusieurs cycles se rapproche des résultats d’un > La fécondation in vitro (FIV) en cycle naturel est moins in-
cycle de FIV avec STIMCONV. Avec certes moins de compli­ vasive, moins coûteuse et présente moins de complications
cations et un coût moindre, le CNAT, chez les patientes avec que la FIV conventionnelle
une réserve ovarienne conservée, ne semble pas avoir
d’avantage en termes de résultats comparativement à la > Le cycle naturel a l’inconvénient d’avoir des taux d’annulation
de cycle élevés, dus à une ovulation prématurée ou une
STIMCONV. ponction sans récupération d’ovocyte
Cependant, le cycle naturel peut être une option théra­
peutique chez les faibles répondeuses. Chez ces patien­tes, > Le taux d’annulations est diminué en cycle naturel modifié
une étude randomisée ainsi que plusieurs études prospec­ et en stimulation minimale, par contrôle de l’ovulation
tives non randomisées montrent que le CNAT a des résultats
similaires à la FIV avec une STIMCONV, avec des taux de > Les protocoles de FIV en cycle naturel sont particulièrement
intéressants chez les patientes faibles répondeuses de moins
grossesse cumulés proches des normo-répondeuses, parti­ de 40 ans. Nous manquons d’études prospectives contrôlées
culièrement chez les patientes de moins de 40 ans. Chez pour les proposer en première intention
ces femmes, la plupart des équipes proposent un CNAT
après un échec en STIMCONV avant de les diriger vers le don
d’ovocytes (interdit en Suisse).25 On peut cependant s’in­
terroger sur son utilisation en première intention, chez les Adresse
patientes l 40 ans avec une faible réserve ovarienne, sur­ Drs Corinne Miserez Zaugg, Nicole Fournet Irion,
tout lorsque la cause est iatrogène (chirurgie ou endomé­ Pablo Cantero-Perez et Isabelle Streuli
triose), la qualité ovocytaire n’étant probablement pas tou­ Unité de médecine de la reproduction et endocrinologie
gynécologique
chée. Des études supplémentaires seront nécessaires pour Département de gynécologie et obstétrique
évaluer les résultats des CNAT dans différentes sous-popu­ HUG, 1211 Genève 14
lations de faibles répondeuses. corinne.miserez@hcuge.ch
nicole.fournetirion@hcuge.ch
pablo.canteroperez@hcuge.ch
Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec isabelle.streuli@hcuge.ch
cet article.

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