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1. Approche, méthode ?
2. De la complexité de la catégorisation ;
3. La notion de texte ;
a. La cohésion du texte ;
b. La cohérence du texte ;
c. L’analyse du texte.
4. La notion de genre ;
a. Perspective classificatrice ;
i. Classification empirique ;
ii. Classification systématique ;
b. Perspective historique ;
5. Récapitulatif ;
6. Les axes de réflexion.
Le terme « approche » peut être défini comme « manière d'aborder un sujet » ou « mouvement par
lequel on s'avance ».
Selon le TLFI, (http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=3141827970;), il s’agit
d’une « voie (souvent tâtonnante et où la méthode se cherche en même temps que l'objet) par laquelle on
cherche à cerner un problème complexe. »
Dans son Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, J.-P. CUQ (2003:24)
affirme que « le recours à un terme comme approche (en anglais approach) et l’usage occasionnel du
pluriel tendent à marquer une distance par rapport aux courants antérieurs et notamment à une
méthodologie (,,,) réputée plus dogmatique »
Si la méthode pédagogique décrit le(s) moyen(s) pédagogique(s) adopté(s) par l’enseignant pour
favoriser l’apprentissage et atteindre son objectif pédagogique, l’approche s’appuie sur une ou plusieurs
stratégies pouvant être agencées en alternatives possibles.
Aussi, l’approche serait-elle à la perception ce que la stratégie serait à l’action. Par conséquent,
l’approche serait un paradigme, un regard, un modèle, une vision, une façon d’aborder alors que la
stratégie une façon s’investiguer, d’étudier, d’intervenir.
Pourquoi, donc, approche et non méthode ?
Nous savons que le texte est d’une telle complexité qu’il serait impossible à une méthode de rendre
compte de tous ses paramètres, linguistiques, paralinguistiques et extralinguistiques et, le cas échéant,
cela supposerait la prise en charge et l’intégration de tous ces paramètres mis au jour par les différentes
théories.
La linguistique textuelle s’est penchée attentivement sur le problème de la catégorisation des textes sans
parvenir à ce jour à l’identification de critères communs
Selon J. M. Adam « parler vde types de textes c’est en réduire la complexité parce qu’un texte est
hétérogène dans sa construction interne ».
Un texte peut être tout en même temps tous les types dialogal, argumentatif, etc. donc, les types de textes
n’existent pas puisque le texte est une réalité de haut niveau extrêmement complexe pour être typologisé.
Pourquoi donc typologiser ?
La typologie textuelle présente un outil d’apprentissage à double intérêt, théorique et
didactique/pédagogique pour la recherche scientifique et pour en faciliter l’étude académique et en
déterminer les enjeux. La didactique s’en est emparé pour faciliter l’apprentissage de la lecture et
l’écriture.
J. M. Adam assimile la notion de « type de texte » au « genre de texte » et que cette dernière a vu le jour
avec la poétique grecque qui la subdivise en genres judiciaire, délibératif et épidictique.
Pour Bakhtine, « chaque époque et chaque groupe social a son répertoire de formes de discours dans la
communication idéologique » : le locuteur/récepteur est tout de suite capable, dès le début d’un discours,
de percevoir son genre et de le recevoir comme tel, selon certaines conventions qui lui sont liées et qui
commandent la mise en texte à tous les niveaux.
On en déduit:
A. Un texte s’incarne, avant tout, dans un genre ;
B. Il alterne des séquences (types) textuelles qui, elles-mêmes; se présentent sous des formes
particulières. Une séquence narrative peut se présenter dans un roman, une fable, un poème ou dans
une scène dramaturgique, etc.
Étymologiquement, « texte » est issu du mot latin « textum », dérivé du verbe « texere » qui signifie
« tisser ». Il appartient à la famille de textile, tissu, tisser, tissage, texture : est texte étymon : textus,
ce qui est tramé, tissé. Tissu de liens, trame et chaîne, enchaînement et progression du récit...
Le sens du mot renvoie à l'entrelacement des fibres utilisées dans le tissage (Ovide : « iniecit textum =
tissu grossier »), le tressage (Martial : « Vimineum textum = panier d'osier tressé ») ou la construction
(Cicéron : « basilicam texere = construire une basilique »).
Le sens figuré d'éléments organisés et enchaînés du langage désigne un agencement particulier du
discours : Cicéron parle d’« epistolas texere = composer des épîtres » et Quintilien parle de « verba in
textu jungantur = l'agencement des mots dans la phrase ».
Les formes anciennes du mot (1) au Moyen Âge désignent au XIIe siècle le volume qui contient le texte
sacré des Évangiles, puis au XIIIe siècle, le texte original d'un livre saint ou des propos de quelqu’un.
Au XVIIe siècle, le mot s’applique au passage d'un ouvrage pris comme référence et au début
du XIXe siècle le mot texte a son sens général d'« écrit ».
__________________________
(1) : cf. https://www.cnrtl.fr/lexicographie/texte
Le texte peut être une unité de longueur variable : une page extraite d'une œuvre, un chapitre, un
livre, une trilogie, une fresque romanesque comme la Comédie Humaine de Balzac... On pourrait le
définir, à la suite de H. Weinrich, comme une succession signifiante de signes linguistiques entre deux
ruptures manifestes de la communication.
Pour qu'il y ait texte, il faut qu'une séquence d'éléments linguistiques ait une existence concrète,
matérielle, qu'elle constitue une énonciation dans le cadre d'un acte de communication interpersonnelle.
- Un texte est un message lié à une situation de communication ;
- Un texte forme un tout sous forme d’un mot, d’une phrase, quelques pages ou un livre ;
- Un texte n'est pas la simple juxtaposition de phrases : la textualité d’une œuvre dépend de :
➢ sa cohésion (équivalant à la grammaticalité de la phrase : enchainements linguistiques,
liaison des éléments phonétiques, grammaticaux, etc.) ;
➢ sa cohérence (l’organisation globale et l’économie générale de l’œuvre ).
on pourrait le schématiser ainsi :
Texte = P(E+E+…En+G/c)1 + C + P(E+E+…En+G/c)2 + C + ... Pn (1)
___________________________________________________
(1) : P = phrase, E = élément constitutif de P, G/c = grammaticalité ou cohésion et C = cohérence entre les unités textuelles.
Dans cette perspective de cohérence globale, on découvre un acte énonciatif, un acte de langage
qui peut se décomposer en trois actes fondamentaux :
1. Acte de Pour parler de quelque chose, un élément réel ➔ Structure thématique (progression
référence : ou imaginaire thématique; thème de base).
2. Acte de Pour en dire quelque chose ➔ Structure sémantique.
prédication :
3. Acte Pour communiquer avec quelqu'un dans une ➔ Structure pragmatique.
illocutionnaire : intention spécifique : raconter, décrire,
argumenter, informer, expliquer, faire rire ou
sourire, divertir, émouvoir...
La lecture du texte devient un dialogue entre le lecteur et le texte; dialogue d’autant plus fructueux
lorsqu’il s’agit d’un texte littéraire : l’une des étapes de ce dialogue est l’analyse de la cohérence et de la
cohésion du texte dont les régularités relèvent de la grammaire de texte.
1. les facteurs de cohésion :
Ils relèvent tous de la langue et du discours :
- la cohésion de la forme orale : elle tient au rôle des mélodies des types de phrases, des accents et les
pauses. Elle est liée à la ponctuation ;
- la cohésion morphosyntaxique : (emploi anaphorique de l’article défini, l »emploi anaphorique,
cataphorique ou déictique des adjectifs possessifs, pronoms représentants et pronoms déictiques, les
valeurs aspectuelles et modales, coordination/subordination, insertion du discours, etc.
- la cohésion lexico-sémantique qui repose sur les ensembles de vocabulaire répartis dans le texte,
champ lexical et sémantique,
2. Les ruptures de cohésion :
- Volontaires : incises de commentaires, apostrophe, intervention du narrateur, l’anacoluthe,
l’hyperbate, le zeugme, l’énallage (grammatical), l’attelage, l’ellipse syntaxique, etc.
- Erronées : phrases inachevées, ambigüité du gérondif, du participe ou de l’infinitif, erreurs
d’orthographe, etc.
- La cohérence de narration ;
Elle intervient dans tous les textes qui « racontent ne histoire » ayant en commun le souci d’organiser
les rapports entre les épisodes de la narration, l’évolution chronotopique et psychologique, les référents,
etc. la dominante est associative puisque le plus « réaliste » des romans est d’abord un roman, aussi,
toutes les possibilités de la langue et du discours servant à la cohérence de la narration.
- La cohérence d’évocation
Appelée aussi cohérence poétique, elle ne concerne pas que les textes poétiques : elle joue sur le sons,
les associations d’idées et des figures rhétoriques, tout ce qu’un texte peut suggérer.
- Le début et la fin du texte
Formant un tout indivis et compact, il est utile d’en analyser les frontières :
Dans les cohérences informatives ou expositives, le début et la fin ne sont pas libres (ex. la dissertation
où l’on commence avec la citation du sujet, les problèmes à examiner et l’annonce du plan. À la fin, on
présente le résultat de la démonstration).
Dans les textes à cohérence narrative ou poétique, le début et la fin sont entièrement libres et l’on
s’interroge sur ce qui donne l’effet de début, de fin tout en imaginant d’autres début et fin et ce que cela
pourrait impacter la cohérence du texte
Que ce soit dans l’un ou dans l’autre types, début et fin reçoivent des noms différents :
- Préface (avertissement, avant-propos, introduction) et postface (conclusion) en dehors du texte ;
- Prologue et épilogue, faisant partie du texte et d’origine théâtrale, peuvent être employés dans
d’autres genres de textes ;
- Exode et péroraison dans un discours ;
- Attaque et chute (pointe) s’appliquent à des textes brefs, satiriques ou polémiques ;
- Le titre et, éventuellement, le sous-titre annonçant le contenu du texte et participe pleinement au sens
général du texte ;
- Incipit et excipit, début et fin ; des notions qu’il faudrait manipuler avec précaution notamment lors
de l’analyse d’un extrait : elles ne dépendent pas de l’auteur mais du choix effectué et si l’extrait
coïncide avec un début ou une fin, ne pas manquer d’en tenir compte dans l’analyse.
2. La rupture de la cohérence
Elles peuvent être volontaires :
- La digression : elle rompt la continuité d’un raisonnement, du moins à éviter sinon en user brièvement
- La rupture de cohérence à effet comique : le quiproquo, péripéties, coup de théâtre (deus ex machina)
- Les figures de style sont de parfaites incohérences qui ouvrent sur d’autres cohérences :
- La métaphore (la belle Isabelle a un cœur de pierre) ;
- L’énallage sémantique (des ténèbres vacillantes tombait la clarté profonde des étoiles) ;
- Etc.
- Les détournement de textes :
- Le plagiat (un copier-coller que l’on s’approprie frauduleusement) à ne pas confondre avec la
citation (forme légitime de discours emprunté) ;
- Le pastiche : imitation aussi fidèle que possible du style d’un narrateur ;
- La parodie : imitation d’un texte en le caricaturant pour le détourner de ses intention initiales et
ce pour des effets comiques.
1. L’analyse d’un texte peut être faite selon les niveaux suivants :
a) La microstructure relève de l'organisation des phrases entre elles, dans une perspective
inter-phrastique ;
b) La macrostructure relève de l'organisation des unités textuelles de tailles variées
(paragraphes, chapitres) caractérisées par leur possibilité d'être résumées ;
c) La superstructure est l'organisation de base stable que chaque texte possède en termes de
types ou de genres : schéma quinaire, actantiel, etc.
1.1.2. La prose
Genre Contenu Effet de lecture Sous-classes
Parole Conviction L’éloge ou la panégyrique (discours civil), la
Oratoire adressée à un (sentimentale et/ou harangue (discours militaire), l’oraison (discours
public relationnelle) religieux), le plaidoyer (discours juridique)
Réflexion Analyse et L’essai historique, littéraire et philosophique
intellectuelle compréhension d’un (parole objective), l’autobiographie et le journal
Critique
sur l’homme problème intellectuel intime (parole subjective)
et le monde
Récit Adhésion à une Le roman psychologique (importance des
d’événements histoire et à des personnages), le roman réaliste (importance de la
Romanesque imaginaires personnages société), la roman pastoral (permanence du
décor), le roman picaresque (changement des
décors), le roman historique (unité d’une époque)
Remarques :
-L’énumération n’est jamais close : les variétés indiquées dans les sous-classes n’épuisent pas toute la matière littéraire possible, il
faudrait en ajouter d’autres voire en créer de nouvelle (ex. l’article du journal, le scénario de cinéma) ;
-La répartition poésie/prose n’est pas rigoureuse : dans la littérature classique, le genre dramatique appartenait au domaine de la
poésie.
26/04/2022 Approches textuelles : cours inaugural 25
Le genre : Classification systématique
Formes grammaticales
Mode Fonction de dominantes
Genre Sous-classes
d’énonciation l’énoncé Perspective Personnes
temporelle verbales
Ode, élégie, satire, fable,
Énonciation de Expression des 1ère personne
Lyrique Présent différents types de discours
l’auteur sentiments « je »
ou de textes critiques
1ère et 2e
Énonciation des Mettre en scène Présent et Différents types des pièces
Dramatique personnes
personnages des actions futur de théâtre
« je » et « tu »
1ère ou 3e
Énonciation de
Raconter des personne Épopée, différents types de
Épique l’auteur ou des Passé
actions « je » ou romans
personnages
« il »
LE GENRE
1. Théorie du texte ;
2. Théorie du genre ;
3. Typologie textuelle ;
4. Typologie textuelle selon E. Werlich ;
5. Typologie textuelle selon D. Maingueneau ;
6. Typologie textuelle selon J. M. Adam ;
7. Poétique d’Aristote, République de Platon ;
8. Récit et discours chez Benveniste ;
9. La sémiotique : R. Barthes ;
10. L’autobiographie ;
11. L’argumentation ;
12. La rhétorique ;
13. G. Genette : Figure II et III.