Vous êtes sur la page 1sur 48

COURS DE PHYSIOLOGIE VEGETALE

2e partie : Besoins énergétiques des plantes vertes

A l’attention des étudiants de BA2, BC2 et BV2

Par

FONKOU Théophile
Professeur

Chapitre 1 :

TRANSFORMATION DE L’ENERGIE LUMINEUSE EN ENERGIE


CHIMIQUE CHEZ LES PLANTES VERTES : GENERALITES SUR LA
PHOTOSYNTHESE

La photosynthèse est le processus par lequel, les plantes vertes fabriquent des molécules organiques à
partir des minéraux tels que l’eau et le CO2. Seuls les végétaux verts (comprenant les Algues et les
Cormophytes) et quelques bactéries réalisent la photosynthèse. Les végétaux le font au niveau d'un
organite spécialisé, le chloroplaste. Ce processus nécessite non seulement des récepteurs de l'énergie
lumineuse, principalement les chlorophylles et une panoplie de pigments surnuméraires qui varient selon
les organismes, mais aussi des molécules permettant les transferts d'énergie biochimique. La
photosynthèse dépend des facteurs extérieurs (lumière, dioxyde de carbone) qui peuvent être des
facteurs limitants. Enfin, diverses expériences ont permis de distinguer plusieurs étapes à l'intérieur de
ce phénomène complexe que nous allons expliciter tout au long de ce chapitre.
I. Organismes photosynthétiques
Les classifications botaniques permettent de distinguer les êtres vivants par des caractères concernant,
la morphologie (le port dressé), le milieu de vie (aquatique ou aérien), la reproduction et les caractères
cellulaires. Les êtres vivants se distinguent aussi par des caractères physiologiques concernant leur
manière de se nourrir.
Les animaux sont hétérotrophes et aérobies : leur nutrition nécessite une matière organique déjà
constituée (ils mangent). Cette matière est dégradée par la respiration qui fournit l'énergie à leurs propres
synthèses.

1
Les champignons qui font partie des végétaux au sens large, se comportent comme les animaux.
Hétérotrophes, ils consomment de la matière organique constituée au cours de différents processus
biologiques (saprophytisme, parasitisme, symbiose). Les mécanismes de production d'énergie peuvent
être la respiration (aérobie) ou diverses fermentations (aérobies ou anaérobies).
Les végétaux verts (végétaux au sens strict ou chlorophytes) qui comprennent les algues, les bryophytes,
les ptéridophytes et les spermaphytes sont autotrophes et aérobies. Autotrophes, ils synthétisent leur
matière organique à partir de substances uniquement minérales grâce à l'énergie solaire (photosynthèse)
dans des cellules spécialisées. Aérobies, ils produisent de l'énergie par dégradation de leur propre
matière en utilisant le processus de la respiration dans toutes leurs cellules.

II. Structures impliquées dans la photosynthèse chez les plantes


La photosynthèse implique un appareillage complexe qui peut être étudié à différents niveaux, de
l'organisme entier aux molécules fonctionnelles. Ceci est particulièrement vrai pour les cormophytes et
notamment pour les plantes supérieures (spermaphytes chez lesquelles toutes les cellules ne réalisent
pas la photosynthèse).
Chez les thallophyles, en général, la photosynthèse se réalise dans la plupart des cellules du thalle.
Quelle que soit leur couleur apparente, les algues possèdent de la chlorophylle, pigment principal de la
photosynthèse. Chez les cormophytes, la photosynthèse se réalise dans les cellules chlorophylliennes
des feuilles, parfois des tiges.

II.1 FEUILLE
Chez les plantes supérieures seuls les organes aériens de la plante et principalement les feuilles sont de
couleur verte et réalisent la photosynthèse. Le végétal entier est autotrophe mais par suite de la
spécialisation des cellules des tissus et des organes, seules certaines parties réalisent la photosynthèse.
L'organe où est principalement réalisée la photosynthèse, est la feuille. La feuille est formée le plus
souvent d'un pétiole et d'une lame aplatie (le limbe) ce qui assure une grande surface orientée
horizontalement donc perpendiculairement aux rayons lumineux.
En section transversale (figure 1), le limbe est constitué d'un épiderme supérieur (ép.sup), d'un
parenchyme palissadique chlorophyllien (par.pal), d'un parenchyme lacuneux (par.lac, grandes lacunes
aérifères) également chlorophyllien et d'un épiderme inférieur (ép.inf). Les épidermes, non
chlorophylliens, sont recouverts d'une cuticule et contiennent des stomates (sto) qui assurent les
échanges gazeux entre les parenchymes chlorophylliens et le milieu extérieur. La densité en stomates
est fréquemment plus forte sur la face inférieure de la feuille. Le limbe est parcouru par des nervures dont

2
une principale. Elles sont constituées principalement de tissus conducteurs (xylème et phloème) et de
tissus de soutien protecteurs (collenchyme et sclérenchyme).

Figure 1 : Coupe transversale d'une feuille de dicotylédones

Chez les monocotylédones, l'orientation de la feuille est souvent verticale (exemple : graminées et
liliacées). Les parenchymes assimilateurs et les stomates sont alors également répartis sur les deux
faces.
II.2 CELLULE CHLOROPHYLLIENNE
Des cellules chlorophylliennes peuvent facilement être observées en utilisant une petite plante aquatique,
l'élodée du Canada. Ses feuilles constituées de deux assises de cellules seulement se prêtent bien à une
étude en microscopie sans aucun traitement préalable.

Figure 2 : Cellule chlorophyllienne de la feuille d'élodée. La cellule est délimitée par sa paroi. Les
organites sphériques visibles sont les chloroplastes

Chez les Eucaryotes, la cellule végétale diffère de la cellule animale par 3 caractères structuraux qui se
traduisent par des caractères physiologiques. Ces caractères ont des implications fondamentales sur la
morphologie, la biologie et la physiologie des organismes végétaux.

3
Paroi cellulaire : elle enveloppe la cellule dans un cadre plus ou moins rigide, elle constitue le milieu
intercellulaire (échanges), elle empêche les mouvements cellulaires et elle constitue le squelette du
végétal. En conséquence, les végétaux terrestres sont fixés et immobiles. L'immobilité du végétal rend
impossible la recherche de nourriture. La nutrition se réalisera donc dans l'environnement immédiat du
végétal, c'est à dire dans l'atmosphère pour le CO2 et dans le sol pour l'eau et les sels minéraux. La paroi
aura un rôle sur la croissance de la cellule et les échanges inter cellulaires.

Figure 3 : Schéma général d'une cellule


chlorophyllienne

Vacuole : Elle permet, entre autres fonctions, la réalisation d'une réserve d'eau et donc assure une
certaine indépendance du végétal fixé par rapport aux fluctuations des conditions hydriques du milieu.
Plastes : Il en existe plusieurs types. Sur le plan de la nutrition, les chloroplastes localisés dans les parties
vertes du végétal (parenchymes chlorophylliens de la feuille chez les plantes supérieures) assurent la
photosynthèse et donc l'autotrophie du végétal. Les amyloplastes, localisés dans les régions non vertes
(par exemple, les racines) permettent à des cellules non chlorophylliennes, donc hétérotrophes, de
constituer des réserves de substances énergétiques (amidon) nécessaires à leur nutrition

II.3 CHLOROPLASTE
Le chloroplaste est un organite que l'on ne trouve que dans les tissus verts des végétaux verts (la couleur
verte due à la chlorophylle pouvant être masquée par des pigments supplémentaires (thalles des algues
rouges par exemple). En microscopie photonique, les chloroplastes sont bien visibles grâce à leur couleur
verte (fig 2). A fort grossissement, on peut distinguer une structure plus ou moins granulaire (fig 4). C'est
en microscopie électronique que la structure des chloroplastes a été établie grâce à différentes
techniques. Le chloroplaste est entouré d'une enveloppe constituée d'une double membrane. Il contient
des sacs lamellaires appelés thylakoïdes formés d'une membrane et limitant un espace intrathylakoïdaire.

4
Certains thylakoïdes de forme plus ou moins discoïdale sont associés en piles appelés granum. Les
granas sont réunis par des thylakoïdes intergranaires. A fort grossissement on distingue des granulations
interprétées comme des ribosomes et des filaments d'ADN. Des régions claires non limitées par une
membrane situées entre les thylakoïdes intergranaires contiennent l'amidon synthétisé et mis en réserve
durant la journée.

Figure 4 : Schéma simplifié d'un chloroplaste

Figure 5 : Vue tridimensionnelle reconstituée d'un chloroplaste


Le chloroplaste est entouré par une enveloppe formée de 2 membranes.
A l'intérieur, on observe un système membranaire de sacs applatis (thylakoïdes). Il est constitué de
thylakoïdes de grande taille (thylakoïdes intergranaires) et de thylakoïdes (en disques applatis) formant
les granas. Notons de plus, des ribosomes et des molécules d'ADN dans l'espace interne appelé stroma.
Les thylakoïdes intergranaires sont libres. Les thylakoïdes granaires sont accolés par leurs membranes.

Figure 6 : Détail des thylakoïdes granaires en coloration négative.

5
II.4 THYLAKOÏDE
La membrane des thylakoïdes apparaît granulaire (fig. 6). Ces particules représentent des complexes
protéiques. Sur les bords des thylakoïdes granaires, certaines particules pédonculées dépassent
largement de la membrane. Elles ont été identifiées comme des ATP - synthases. Par la technique du
cryodécapage, la fracturation à froid des membranes a permis de connaître la distribution des complexes
protéiques intramembranaires.
L'isolement des chloroplastes, relativement aisé par suite de la taille de ces organites permet d'obtenir
des fractions pures et fonctionnelles. A l'aide de chocs osmotiques (baisse de la concentration en
saccharose du milieu), on peut faire éclater les chloroplastes. Dans certaines conditions, il est possible
par centrifugation différentielle de séparer les divers constituants (enveloppe, thylakoïdes granaires,
thylakoïdes intergranaires, stroma). Différentes techniques d'analyse biochimique permettent de
connaître leur constitution. Par exemple, l'utilisation de détergents, en dissolvant les lipides membranaires
permet de recueillir puis de séparer et d'analyser les divers complexes protéiques.
Le tableau suivant donne la distribution de quelques éléments fondamentaux du chloroplaste
Localisation Type de molécule
Enveloppe Transporteurs membranaires
Les molécules principales sont regroupées sous forme de 4 complexes importants :
- Le photosystème I (PSI) comportant en particulier des molécules de chlorophylle
Thylakoïdes - Le photosystème II (PSII) comportant en particulier des molécules de chlorophylle
- Un complexe protéique comportant des cytochromes
- des ATP synthases
-NADP
-RUBISCO et enzymes du cycle de Calvin
Stroma
-produits de la photosynthèse (amidon et sucres)
-ADN et ARN (ribosomes)

La composition des différents territoires est en relation avec leur fonctionnement comme on le verra en
détail dans les parties subséquentes.

 L'enveloppe et en particulier sa membrane interne permet les échanges entre le chloroplaste et le


cytoplasme de la cellule chlorophyllienne.
 Les membranes des thylakoïdes contiennent les éléments nécessaires à la capture de l'énergie
lumineuse (photosystèmes PSI et PSII, pigments) et à sa conversion en énergie biochimique
(ATPsynthase).
 Le stroma contient les enzymes qui permettent l'incorporation du dioxyde de carbone (Rubisco,
cycle de Calvin, Amidon, etc.). Il contient de plus ADN et ARN qui donnent au chloroplaste une semi-
autonomie génétique : en effet, ces acides nucléiques permettent au chloroplaste de réaliser lui-même
une partie (mais une partie seulement) des synthèses protéiques spécifiques.

6
III. Pigments photosynthétiques
III.1 Diversité des pigments

Les pigments des feuilles peuvent être aisément extraits, séparés et caractérisés par leurs spectres
d'absorption par des manipulations simples de Travaux Pratiques. La distribution des pigments chez les
autres algues et les bactéries photosynthétiques est résumée dans le tableau 3. Les phycobilines sont
des pigments que l'on rencontre exclusivement chez les algues bleues et les algues rouges. Ceux qui
existent en quantités importantes sont : la c-phycocyanine chez les algues bleues (pigment bleu avec
fluorescence rouge sombre) et la r-phycoérythrine chez les algues rouges (rose-rouge avec fluorescence
orangée). Les phycobilines ont une structure de base commune faite d'un noyau tétrapyrrolique à chaîne
ouverte reliée à une protéine spécifique par liaison covalente.

III.2 FORMULES CHIMIQUES DES PIGMENTS

Comme tous les pigments, les deux groupes de pigments de la photosynthèse (chlorophylles et
caroténoïdes) possèdent des doubles liaisons conjuguées. Ce sont elles qui leur donnent leurs propriétés
d'absorption.
Les chlorophylles sont formées d'un noyau tétrapyrollique (à l'instar des cytochromes) qui comporte un
atome de magnésium, et d'une chaîne carbonée. Les 2 chlorophylles a et b diffèrent par la présence ou
non d'une fonction aldéhydique. Cette fonction explique que la chlorophylle b soit légèrement plus polaire
que la chlorophylle a. Cette petite différence permettra de les séparer par chromatographie.
Les caroténoïdes sont formés d'une chaîne carbonée située entre 2 cycles. Le carotène est
essentiellement carboné; les xanthophylles comportent des groupements OH (cercles grisés) qui leur
donnent des propriétés plus polaires, ce qui permettra de séparer ces 2 substances par chromatographie.

7
Tableau 3: Distribution des pigments photosynthétiques chez les végétaux

Algues eucaryotes ou phycophytes

Algues vertes
Algues brunes ou chromophycophytes

supérieurs
Végétaux
Algues bleues (Cyano-

Algues rouges ou Rhodo-


schysophytes)

phycophytes

PIGMENTS
phycées

phycées

phycées
Chryso-
Pyrro-

Phéo-

Chlorophylle a XXX XXX XXX XXX XXX XXX XXX


Chlorophylles

Chlorophylle b 0 0 0 (sauf 0 0 XX XX
Euglenophycées)
Chlorophylle c 0 0 X

Chlorophylle d 0 X 0

-carotène 0 X 0 0 0 X X
Carotènes

-carotène XXX XXX XXX XXX XXX XXX XXX

Lutéine, Zéaxanthine, 0 X 0 X X XXX XXX


Violaxanthine, etc.
Fucoxanthine 0 0 0 XX XX 0 0
Xanthophylles

Diatoxanthine, 0 0 XX X X 0 0
diadinoxanthine,
Dinoxanthine et Péridine
Myxoxanthine et XXX 0 0 0 0 0 0
myxoxanthophylle
XXX: Pigment principal; XX: pigment présent à moins de 50%; X: Pigment en faible quantité, 0: Pigment
absent.

8
III.3 Propriétés spectrales de pigments photosynthétiques
L'existence d'un grand nombre de doubles liaisons conjuguées dans la structure des pigments leur donne
des couleurs caractéristiques et des propriétés absorbantes vis à vis de la lumière.

a. L'absorption de la lumière, loi de Beer – Lambert


Lorsqu'un faisceau de lumière de longueur d'onde  et d'intensité Io traverse une substance absorbante
en solution, il y a affaiblissement de son intensité.

Io () I ()

Avec Io (intensité du photon incident, I (intensité du photon émergent), k (coefficient d'extinction


moléculaire de la substance dissoute), l (longueur du trajet optique), c (concentration de la substance
absorbante).

I et Io sont reliés par la relation I = Ioe-klc. A partir de cette relation, on définit la densité optique de la
solution, qui exprime la capacité de la substance en solution d'absorber de la lumière. Elle est donnée

par la relation DO log Io klc


I
b. Spectres d’absorption des pigments
A une longueur d'onde donnée, k est une constance caractéristique de l'espèce moléculaire en
solution.

9
Si donc pour chaque pigment isolé par chromatographie on mesure la variation de la densité
optique d'une solution en fonction de la longueur d'onde de la lumière visible, on obtient son spectre
d'absorption : DO=f (). Les chlorophylles a et b présentent chacune deux bandes d'absorption. Il s'agit
des régions du spectre où la lumière blanche est fortement absorbée. Ce sont:
La bande des radiations bleues
+ Chla : max DO à 420-430 nm et inflexion à 410 nm
+ Chlb : max DO à 435-445 nm et inflexion à 427 nm
La bande des radiations rouges

10
+ Chla : max DO à 660 nm
+ Chlb : max DO à 645 nm
La plupart des caroténoïdes n'absorbent que dans la région bleue du spectre.

Figure 7 : Spectres d'absorption des différents pigments d'une feuille

IV. MISE EN EVIDENCE DE LA PHOTOSYNTHESE CHEZ LES VEGETAUX


On peut par des expériences simples mettre en évidence le phénomène photosynthétique, le localiser et
établir sa réaction globale. Celle-ci sera établie progressivement. Pour chaque expérience, l'équation
globale non démontrée encore, est écrite en grisé. Seules les informations démontrées par l'expérience,
sont écrites en caractères gras. L’équation globale sera établie progressivement au fur et à mesure des
expériences.
IV.1 Production d'oxygène à la lumière

11
Une plante verte éclairée produit du dioxygène. Des expériences anciennes ont montré que cet oxygène
permettait la combustion d'une bougie ou la respiration d'un petit mammifère. A l'obscurité, la plante ne
produit pas de dioxygène mais le consomme (respiration).
IV.2 Intervention du dioxyde de carbone
Lorsqu'une plante verte aquatique (l'élodée du canada) est éclairée, on observe un dégagement de gaz
et l'on peut démontrer qu'il s'agit de dioxygène. Cette production de dioxygène ne se réalise que si la
plante est en présence d'une source de CO2 (sous forme d'hydrogénocarbonate de sodium soluble). Entre
la lampe et la plante, est placé un écran formé d'une cuve pleine d'eau, de manière à éviter un
échauffement. Cette expérience montre qu'une plante verte à la lumière produit de l'oxygène et utilise du
dioxyde de carbone.

Figure 8 : Production de dioxygène à la lumière par les feuilles d'élodée en présence de sodium.

La nécessité du dioxyde de carbone peut facilement être mise en évidence en réalisant l'expérience
précédente dans différentes conditions :

Tableau 01 : effet du dioxyde de carbone sur la production d'oxygène

Eclairage Solution O2
+ eau distillée -
+ bicarbonate +
- eau distillée -
- bicarbonate -

IV.3 Synthèse de glucides par la feuille

A la lumière, le dégagement d'O2 en présence de CO2 s'accompagne d'une synthèse de matière


organique carbonée. Cette synthèse de matière organique s'effectue uniquement à la lumière et,

12
seulement dans les parties vertes du végétal. On peut montrer que cette synthèse se réalise dans les
chloroplastes.
1 - Si on réalise un expérience sur une plante entière éclairée ou non, en révélant sur les feuilles la
présence d'amidon (avec le lugol, réactif spécifique de l'amidon), on montre qu'une feuille verte produit
des glucides à la lumière.

2 - Si on réalise la même expérience au microscope (sur des feuilles d'élodée), on montre que cette
synthèse se réalise dans les chloroplastes. On peut de plus vérifier que cette synthèse ne se réalise qu'en
présence de dioxyde de carbone et produit de l'oxygène. On ajoutera à gauche de l'eau bien que cela
n'ait pas été démontré.

3 - Cette dernière expérience représente la transformation globale qui résume le plus simplement possible
le phénomène photosynthétique.

V. Transferts d'énergie au cours de la photosynthèse


Les molécules organiques les plus simples sont les sucres de formule générale : (CH2O)n. Le carbone
disponible dans la biosphère est représenté essentiellement par les carbonates (dans le sol) et de dioxyde
de carbone CO2 (dans l'atmosphère). Pour synthétiser un sucre (CH2O)n à partir du CO2 : il faut créer des
liaisons covalentes (C-C), et réaliser une réduction. Ces deux processus requièrent de l'énergie.
Des réactions de dégradation (exergoniques) peuvent fournir de l'énergie utilisable par des réactions de
synthèse (endergoniques). Mais l'énergie ne peut être ainsi libérée globalement et doit être, au cours des
réactions intermédiaires transportée par des molécules particulières. 2 types principaux de molécules
assurent ces fonctions de transport de l'énergie entre des réactions exergoniques et endergoniques :
l'ATP et le NAD (ou le NADP).
La molécule d'ATP existe sous plusieurs formes de degré de phosphorylation varié. Les liaisons P-P sont
dites liaisons riches en énergie. En fait, dans une réaction couplée complexe, la réaction d'hydrolyse
(exergonique) permet à une réaction de synthèse (endergonique) de se réaliser. L'hydrolyse de l'ATP

13
(ATP ---> ADP + Pi) est plus exergonique que l'hydrolyse de l'ADP (ADP---> AMP +Pi). C'est elle qui sera
le plus fréquemment utilisée.
Le NAD existe sous la forme oxydée (NADP+) et sous la forme réduite (NADPH). C'est sous cette forme
qu'il permet la réduction d'autres substances. Le NAD agit principalement dans la mitochondrie et le
cytosol. Dans le chloroplaste, au cours de la photosynthèse, c'est une molécule voisine, phosphorylée, le
NADP qui est utilisée. Il s'agit alors du couple NADP+ / NADPH. Le NADP+ est réduit au cours de la phase
photochimique de la photosynthèse et le NADPH formé intervient dans la réduction du CO2 lors de la
phase biochimique de la photosynthèse.

6. Facteurs externes influençant la photosynthèse


La photosynthèse n'est pas un phénomène de tout ou rien. Son intensité dépend des facteurs externes.
La température joue un rôle important mais ce n'est pas particulier à la photosynthèse car elle agit sur
tous les phénomènes métaboliques. Par contre, l'éclairement et la concentration en dioxyde de carbone,
qui sont les acteurs de la réaction photosynthétique, jouent un rôle important et spécifique que l'on peut
quantifier. Un système de mesure très utilisé est constitué par une électrode à oxygène (oxygraphe). Ces
mesures sont souvent dénommées "mesures polarographiques" car elles nécessitent une polarisation de
l'électrode.

VI.1 Notion de photosynthèse brute et de photosynthèse nette


Cette expérience est réalisée avec des feuilles d'élodée du Canada (plante aquatique). Elle est effectuée
en présence d'une quantité de CO2 optimum (le CO2 est fourni par de l'hydrogénocarbonate de sodium
en solution). La concentration en dioxygène est enregistrée au cours d'une séquence
obscurité / lumière / obscurité (figure 9) .

Figure 9 : Etude de la photosynthèse par polarographie. A l'obscurité les feuilles d'élodée utilisent le
dioxygène ; à la lumière elles en produisent.

14
L'explication est simple : à l'obscurité, les feuilles d'élodée utilisent le dioxygène parce qu'elles respirent.
A la lumière, elles en produisent grâce à la photosynthèse. En fait, à la lumière, elles continuent de
respirer et donc d'utiliser du dioxygène. La production observée de dioxygène est donc la somme du
dioxygène formé par la photosynthèse (photosynthèse brute : PB) et de la consommation de dioxygène
par la respiration (- R). C'est la photosynthèse nette (PN = PB - R)

VI.2 Effet de l'éclairement sur la photosynthèse

On peut réaliser la même expérience que précédemment en faisant varier l'intensité lumineuse. Cette
expérience est réalisée dans des conditions analogues avec des feuilles d'élodée du Canada. Elle est
effectuée en présence d'une quantité de CO2 optimum. Après une période d'obscurité, le matériel est
éclairé avec une intensité lumineuse donnée. L'expérience est répétée plusieurs fois avec des intensités
lumineuses variées.

On constate qu'au-dessus d'une valeur seuil, la concentration d'oxygène augmente. Il y a donc production
de dioxygène. L'intensité de la photosynthèse (ici, le dégagement d'oxygène) est proportionnelle à
l'éclairement.Au-dessous de la valeur seuil, la concentration en oxygène baisse, il y a donc utilisation
d'oxygène. L'utilisation de dioxygène par la respiration est plus forte que sa production par la
photosynthèse.

Pour l'éclairement correspondant à la valeur seuil, la concentration d'oxygène reste constante. Il n'y a ni
production ni utilisation apparente de dioxygène. C'est que les quantités de dioxygène utilisées par la
respiration sont exactement compensées par les quantités produites par la photosynthèse. On parle alors
de POINT de COMPENSATION. Ainsi, lorsqu'on observe une production d'oxygène positive, c'est que la
quantité d'O2 produit par la photosynthèse brute (PB) est supérieure à la respiration (R). Ce que l'on
mesure est la photosynthèse nette (PN). PN = PB – R, (R est donné en valeur absolue)

VI.3 Rôle du CO2

Cette expérience est réalisée elle aussi avec des feuilles d'élodée du Canada. Elle est effectuée en
l'absence de CO2. La plante est éclairée puis le CO2 est ajouté au moment indiqué par la flèche sous
forme d'hydrogénocarbonate de sodium. On peut observer qu'en absence de CO2, malgré le fait que la
plante soit éclairée, la quantité d'O2 du milieu diminue. Ceci indique que la plante respire et que la
photosynthèse est bloquée. Lorsque l'on rajoute du CO2, la production par la plante d'O2 augmente : la
plante peut à nouveau réaliser la photosynthèse.

15
Figure 10 : Les feuilles d'élodée ne produisent pas de dioxygène à la lumière en l'absence de dioxyde de
carbone. L'addition de dioxyde de carbone stimule immédiatement la production de dioxygène.

Conclusion

Cette série d'expériences, montre que la photosynthèse est très sensible aux variations des facteurs
externes. Deux facteurs sont prépondérants, la lumière et la quantité de CO2. La lumière ne permet la
photosynthèse des plantes qu'en présence de CO2.
Cette équation pourra être légèrement
modifiée si l'on tient compte de l'origine du
dioxygène. (Voir à la suite l'expérience de
RUBEN et KAMEN)

VII. Mécanisme général de la photosynthèse


VII.1 Expérience de Ruben et Kamen
L'équation globale de la réaction
photosynthétique ne nous permet pas de
savoir d'où vient le dioxygène produit : du
CO2 ou de H2O ?
L'hypothèse que l'O2 dégagé provenait du CO2, est apparue longtemps comme la plus vraisemblable.
RUBEN et KAMEN ont imaginé de marquer les différents substrats possibles avec de l'oxygène lourd
(18O). Lorsque l'on marque l'oxygène de l'eau, le dioxygène produit lors de la photosynthèse est marqué.
2 H2O O2
Cette expérience démontre que le dioxygène provient de l'eau et a plusieurs conséquences :
 L'eau est impliquée directement dans les réactions chimiques de la photosynthèse.

16
 Pour produire une molécule de dioxygène, il faut décomposer deux molécules d'eau. On est donc
amené à modifier la réaction globale de la manière suivante en ce qui concerne la transformation de
l'eau :

Donc globalement on obtient :

On peut donc séparer la photosynthèse en deux réactions d'oxydoréduction : l’une d'oxydation de l'eau (
H2O---> O2) ; l'autre de réduction du CO2 (CO2--->(CH2O) ). Ces expériences ne permettent pas, malgré
tout, de conclure sur la dépendance ou l'indépendance relative de ces deux groupes de réactions.
VII.2 Expériences de Hill
HILL, grâce à une série d'expériences a pu préciser les mécanismes sous-jacents à une oxydation de
l'eau. HILL utilise une suspension de chloroplastes isolés. Il ajoute à cette préparation un corps oxydé
susceptible d'exister à l'état réduit : Dans son expérience historique, HILL utilisait le ferrocyanure de
potassium, mais on peut utiliser expérimentalement d'autres substrats comme le DCPIP par exemple.
L'expérience est réalisée en l'absence de CO2 en mesurant le dioxygène produit à l'aide de l'électrode à
oxygène. La suspension de chloroplastes est soumise à une alternance obscurité / lumière / obscurité en
l'absence de CO2.

Figure 11 : En présence (+ DCPIP) ou en absence (- DCPIP) d'un accepteur d'hydrogène. Des


chloroplastes isolés produisent du dioxygène à la lumière à condition qu'ils soient en présence de
l'accepteur d'hydrogène.

17
La photosynthèse ne peut pas théoriquement fonctionner (puisqu'il n'y a pas de source de carbone), et
pourtant, on observe une production de dioxygène uniquement lorsque les chloroplastes sont incubés en
présence de l'accepteur d'hydrogène. Dans le même temps, l'accepteur d'hydrogène oxydé passe à l'état
réduit.
Cette expérience montre qu'en l'absence de CO2, l'oxydation de l'eau peut se réaliser s'il existe un
accepteur d'H2 (H+ + e-) ce que l'on peut schématiser de la manière suivante :

La réaction d'oxydation
de l'eau peut donc être
disjointe de la réaction
de réduction du CO2

CONCLUSION
La photosynthèse peut être disjointe en deux types de réactions : Une réaction provoquée directement
par la lumière (phase photochimique) qui utilise l'eau comme substrat et produit de l'énergie chimique et
en particulier des accepteurs réduits. Une phase d'incorporation du CO2 et de synthèse de molécules
carbonées réduites (phase biochimique) qui utiliserait l'énergie produite par la phase photochimique.

Les mécanismes de production et de transfert d'énergie sont détaillés dans le sous chapitre "réactions
photochimiques".

VIII. Conversion énergétique de la lumière


VIII.1 Photo-excitation des pigments
Si on fait passer un faisceau de lumière blanche sur un prisme, on obtient la décomposition du
faisceau en un spectre coloré s'étalant du rouge au violet. Si on interpose entre le prisme et la source de
lumière blanche une cuve transparente contenant une solution brute de pigments, on constate que
certaines radiations sont absorbées, avec plus ou moins d'intensité ce qui se traduit par des bandes
noires interrompant le spectre coloré. Les principales régions d'absorption se trouvent l'une dans le rouge

18
et l'autre moins nette vers le bleu et le violet. Entre ces bandes, il y a d'autres bandes secondaires,
correspondant à une faible absorption dans l'orange et le jaune. Il n'y en a pratiquement pas dans le vert.
L'absorption par un pigment d'un photon lumineux d'énergie E=h, entraîne le changement
d'orbite d'un des électrons . On dit que la molécule est excitée. Ces électrons sont groupés par paires
dans leurs orbites et ont des mouvements rotatifs (spins) opposés. Lors de l'excitation, un seul des
électrons du couple passe à l'orbite plus externe en gardant le sens d'orientation de son spin. On dit dans
ce cas que la molécule est excitée à l'état singulet.

h

Etat Fondamental (A) Etat Excité singulet (A*)


Cet état excité singulet est une transition très instable et rapidement (en 10-8 secondes), l'électron
va tendre à revenir à son orbite d'origine, en restituant intégralement l'énergie reçue. Dans tous les cas,
la restitution se fait en partie sous forme de chaleur. La quantité d'énergie résiduelle pourra donc être
dissipée en deux formes essentielles : Fluorescence et Résonance.
- Fluorescence
Il s'agit d'une lumière émise par une molécule excitée, lors de son retour à l'état initial (dé-
excitation). Elle se caractérise par le fait que sa longueur d'onde ' est supérieure à la longueur d'onde 
du photon d'excitation.
A + h  A*  A + w0 + h'
h = w0 + h'  h' < h  ' > 
- Résonance
Dans le cas de la résonance, l'énergie émise par une molécule lors de son retour à l'état
fondamental, est directement transférée à une molécule voisine qui s'excite à son tour, bien qu'elle
n'ait pas elle-même capté les photons incidents.
B
A + h  A*  A + w0 + h'
B*

h' n'apparaît donc pas de manière visible.

Remarque: l'état triplet d'excitation


Lors de l'excitation de certaines molécules particulières, des collisions internes peuvent entraîner
le changement des sens d'orientation des mouvements rotatifs ou spins des électrons. Il en résulte un

19
état d'excitation dans lequel l'électron délocalisé a un sens d'orientation de son spin, identique à celui de
l'autre électron de la paire. Il s'agit de l'état d'excitation triplet, qui est plus stable et beaucoup plus durable
que l'état singulet (10-4 à 10-3). Pour que l'électron retombe dans son orbite d'origine, il faudrait une
nouvelle collision pour redresser son spin. Cette collision peut se produire entre deux molécules voisines
et entraîner une réaction particulière appelée réaction photochimique au cours de laquelle il y conversion
de l'énergie lumineuse en énergie chimique. Dans la majeure partie des cas, l'électron délocalisé est
arraché, et la molécule excitée devient oxydée.

h

Etat Fondamental (A) Etat Excité Triplet (A*)

VIII.2 Rôle des différents pigments dans la photosynthèse


Rôle de la chlorophylle a : Ce rôle a pu être mis en évidence à partir de l'étude de l'efficacité des
radiations monochromatiques sur la photosynthèse. La comparaison de cette efficacité permet de
construire le spectre d'action de la photosynthèse. Ce spectre est obtenu en mesurant l'intensité de la
photosynthèse pour chaque radiation monochromatique composant la lumière blanche. Lorsqu'on
compare ce spectre d'action aux spectres d'absorption de différents pigments, on constate une parfaite
similitude avec le spectre d'absorption de la chlorophylle a. Ce résultat suggère que la chlorophylle a et
le pigment actif de la photosynthèse. C'est donc elle qui est responsable de la capture de l'énergie
lumineuse et de sa transformation en énergie chimique.
Rôle des autres pigments : Les spectres d'absorption des autres pigments ne présentent aucune
similitude avec le spectre d'action de la photosynthèse, pourtant ces pigments tout comme la chlorophylle
a, sont excitables. Ils élargissent donc la gamme des radiations utiles car transmettent l'excitation reçue
à la chlorophylle a par un mécanisme de résonance inductive. On les appelle pour cela des pigments
accessoires. Ce rôle a été démontré par l'expérience suivante.

Fluorescence avec
 = 420 nm Fluorescence avec  = 420 nm
maximum à 670 nm
maximum à 670 nm
solution de chla solution chla+chlb
Fluorescence avec
maximum à 670 nm
 = 435 nm Fluorescence avec  = 435 nm
maximum à 650 nm
Solution de chlb solution chla+chlb

Figure 12: mise en évidence du rôle accessoire de la chlorophylle b

20
La chlorophylle a présente un maximum d'absorption de la lumière à 420 nm, tandis que la
chlorophylle b présente un maximum à 435 nm. A 420 nm, la chlorophylle a émet une fluorescence dont
le maximum est situé à 670 nm. A 435 nm, la chlorophylle b émet une fluorescence dont le maximum est
situé à 650 nm. Lorsqu'on éclaire une solution d'un mélange des deux chlorophylles des lumières de
longueur d'onde 420 nm et 435 nm, cette solution émet à chaque fois une fluorescence dont le maximum
est situé à 670 nm. Il faut admettre que lorsque le mélange est éclairé à 435 nm, c'est la chlorophylle b
qui absorbe. Elle s'excite alors et lors de son retour à l'état initial, il y a transfert d'énergie à la chlorophylle
a qui s'excite à son tour. Chez cette dernière, l'électron retourne à son état fondamental en émettant une
fluorescence maximale de 470 nm, caractéristique. Il s'agit d'une transmission par résonance. Le
rendement de la transmission par résonance est de 95 % pour la chlorophylle b, et d'environ 50 % pour
les autres pigments.

1. Mise en évidence des phases de la photosynthèse


En 1959, Melvin Calvin réalisa l'expérience suivante en utilisant une suspension d'Algues du
genre Chlorella: Les chlorelles sont maintenues à l'obscurité, et alimentés par du 14CO2. Après une
incubation prolongée, il recherche la radioactivité incorporée dans les hydrates de carbone. Il se rend
compte qu'il n'y a aucune incorporation de carbone dans les cellules de chlorelles. Il procède d'abord à
une illumination des chlorelles avant l'apport du 14CO2 à l'obscurité et constate alors une incorporation de
carbone dans les cellules de chlorelles.

14 14
CO2 CO2
Obscurité Lumière Obscurité

t t
Apport de CO2 Préillumination Apport de CO2
en l'absence
de CO2
Figure 13 : Expérience de pré-illumination
Ce résultat suggère que bien que la lumière soit indispensable à l'activité photosynthétique, la
transformation du CO2 en hydrate de carbone ne dépend pas de cette lumière, mais plutôt de certains
facteurs dont elle induit la synthèse. Il apparaît donc que le processus de captation de l'énergie lumineuse
ou la photo-excitation des récepteurs (pigments) est séparé dans le temps de l'absorption du CO2 et sa
transformation en hydrates de carbone, d'où l'idée que la photosynthèse résulte de l'enchaînement de
deux phases distinctes. La première phase est la phase photochimique ou phase claire, qui dépend
directement de la lumière. La seconde phase est la phase sombre ou phase obscure, dont le déroulement
ne dépend pas de la lumière.

21
CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE L’ENERGIE LUMINEUSE EN ENERGIE CHIMIQUE :
MECANISME DE LA PHOTOSYNTHESE, PHOTOPHOSPHORYLATION

I. Phase claire de la photosynthèse


I.1 Notion de photosystème

Expérience de Emmerson
Lorsqu'on examine le spectre d'action de la photosynthèse, on se rend compte que l'intensité du
phénomène baisse rapidement dans le rouge sombre (680-720 nm). On parle d'affaiblissement rouge.
En 1958, Robert Emmerson de University of Illinois s'intéressait au fait que la lumière rouge de longueur
d'onde > 680 nm est inefficace en photosynthèse alors qu'elle est absorbée in vivo par la chlorophylle a.
Il montra que si les radiations de longueur d'onde < 680 nm sont associées à celles de longueur d'onde
> 680 nm, l'activité photosynthétique dans le rouge sombre redevient normale. L'expérience de
Emmerson consistait à exposer la plante à des radiations de longueur d'onde 1 = 700 nm et noter
l'intensité photosynthétique IP1. La plante est ensuite exposée à des radiations de longueurs d'onde 2 <
680 nm, et plus particulièrement des radiations prises dans la zone d'absorption de la chlorophylle b. On
obtient dans ce cas une intensité photosynthétique IP2. La plante est enfin éclairée avec l'association des
radiations 1 et 2. On devrait en principe obtenir une réponse IP1+2 = IP1 + IP2. Mais on obtient plutôt
une réponse IP1+2 > IP1 + IP2. La différence IP1+2 – (IP1 + IP2) est appelée Effet Emmerson (Emmerson
Enhancement Effect). Cet effet traduit le renforcement de la photosynthèse, par suite de l'association de
deux longueurs d'onde. Si on construit la courbe de l'Effet Emmerson en fonction de la longueur d'onde
2, on constate qu'elle reflète la courbe d'absorption de la chlorophylle b (La plante est éclairée par 1 =
700 et progressivement, on associe 2 variant entre 400 et 680 nm. A chaque fois, on calcule l'Effet
Emmerson IP1+2 – 2IP1).
Ce résultat a suggéré à Emmerson que la photosynthèse chez les plantes vertes et les algues
doit utiliser deux réactions photochimiques associées, mettant en jeu des molécules de chlorophylle a
particulières appelées molécules pièges. Chaque réaction photochimique est alimentée en énergie par
des molécules de pigments, qui collectent l'énergie lumineuse et la transmettent jusqu'à une molécule
piège de chlorophylle a, qui est alors oxydée par perte d'électrons. Ces électrons sont eux-mêmes
transférés à un accepteur primaire qui est alors réduit. Le retour à l'état réduit de la molécule piège se fait
grâce à l'oxydation d'un donneur primaire qui lui cède des électrons. Le dispositif collecteur d'énergie est
appelé Antenne. La molécule piège responsable de la transformation de l'énergie collectée en énergie
chimique, ainsi que l'accepteur et le donneur primaire qui lui sont associés forment le Centre Réactionnel.
L'ensemble Antenne/Centre Réactionnel constitue le photosystème.

22
Les deux réactions photochimiques qui se déroulent le long de la chaîne de transport d'électrons
sont donc réalisées chacune par un photosystème original respectivement PSI et PSII nommés ainsi en
fonction de la date de leur découverte.
Lorsque les chloroplastes isolés sont traités au détergeant doux approprié, les deux
photosystèmes peuvent être isolés des tylakoïdes et séparés par électrophorèse sur gel de
polyacrylamide.

Le photosystème I
L'analyse des bandes obtenues montre que le PSI contient: La chlorophylle a, Une faible quantité
de chlorophylle b et Certaines molécules de  carotène reliées par des liaisons non covalentes à diverses
protéines.
Une des molécules de chlorophylle a est modifiée par son environnement chimique immédiat, de
telle sorte qu'elle absorbe abondamment des radiations de longueur d'onde 700 nm. Elle a été de ce fait
dénommée P700. Le P700 est le centre réactionnel du PSI. On observe également autour du P700 des
protéines Fer - Soufre qui sont des accepteurs primaires du PSI.

Le photosystème II
Il contient: La chlorophylle a, la -carotène liée à deux protéines majeures et une faible quantité de
chlorophylle b.
Le centre réactionnel du PSII est une molécule de chlorophylle a dont l'environnement chimique
particulier lui permet d'absorber au maximum à 680 nm, et est de ce fait dénommé P680. L'accepteur
primaire du PSII est une molécule de chlorophylle a incolore, dépourvue d'atome de magnésium. Cette
molécule est appelée phéophytine (Pheo). Une molécule de quinone, historiquement appelée Q
(Quencher: stoppeur de soif) à cause de son habileté à stopper la fluorescence du P680 en acceptant ses
électrons, est intimement associée à la phéophytine, au P680 et aux protéines. Le PSII contient aussi un
ou plusieurs molécules de protéines manganèse.
A côté des deux photosystèmes, deux autres bandes vertes peuvent être obtenues des
chloroplastes par électrophorèse. Chacune contient des chlorophylles a et b, les xanthophylles et très
peu de  carotène, tous associés aux protéines. Ces bandes représentent les complexes collecteurs
d'énergie lumineuse ou antennes collectrices, respectivement pour le PSI et le PSII. Leur fonction est de
collecter l'énergie lumineuse et de la transférer au centre réactionnel approprié.
En définitive, la fonction commune des deux photosystèmes est de transférer les électrons de
H2O vers le NADP+. Dans l'environnement du centre actif d'un photosystème, un accepteur primaire A et

23
un donneur primaire D participent à la stabilisation momentanée de la délocalisation électronique
initialement provoquée par le photon.

h h
PSII PSI NADPH + H+

H2O 1/2O2 + 2H+ NADP+

Chla + h  Chla*
Chla* + A  Chla+ + A-
Chla+ + D  D+ + Chla
Donc:
D-Chla-A  D-Chla*-A D-Chla+-A-  D+-Chla-A-

I.2 Transfert des électrons et des protons


I.2.1 Nature des transporteurs
A la suite de l'excitation d'un centre actif, les électrons en sont expulsés et transmis par
l'intermédiaire de l'accepteur primaire, à une chaîne de transporteurs des électrons et des protons. Ces
transporteurs sont de deux types: les coenzymes et les métalloprotéines. Les coenzymes transportent
les électrons et les protons, tandis que les métalloprotéines ne transportent que les électrons.

a. Les coenzymes
- Les plastoquinones: ce sont des systèmes d'oxydoréduction, possédant un résidu parabenzoquinone et
qui diffèrent par la nature de leur radical R.
RESIDU-R + 2H+ + 2e-  RESIDU réduit-R (E'0 = 0.0 v)
- Le NADP+ (Nicotinamide Dinucléotide Phosphate)
NADP+ + 2H+ + 2e-  NADPH + H+ (E'0 = - 0,32 v)
b. Les protéines d'oxydoréduction ou métalloprotéines
La capacité de transport des électrons par ces protéines est liée au changement de valence de
certains éléments métalliques qu'ils renferment. On distingue :
- La plastocyanine (E'0 = + 0,39 v) possédant deux atomes de cuivre
- La ferredoxine (E'0 = - 0,42 v) renfermant du fer et du soufre
- Les cytochromes: ce sont des molécules dont les structures moléculaires sont apparentées à
celles des chlorophylles, mais qui possèdent l'atome de Fe à la place de Mg. Dans la chaîne
photosynthétique, on trouve:
+ Le cytochrome f (E'0 = + 0,36 v)
+ Le cytochrome b550 (E'0 = + 0,1 v)
+ Le cytochrome b559 (E'0 = + 0,08 v)

24
I.2.2 Le transport non cyclique des électrons
Pendant la phase claire de la photosynthèse, les électrons sont transportés de H2O vers le PSII,
puis vers le PSI et enfin vers le NADP+. Le transport non cyclique est ainsi au fonctionnement simultané
des deux photosystèmes. L'équipement pigmentaire de chaque photosystème se comporte comme une
antenne collectrice de photons lumineux, dont l'énergie sera transmise par résonance au centre actif (P700
ou P680).

a. Le PSII et la photolyse de l'eau


Une réaction clé de la photosynthèse est l'oxydation de l'eau en dioxygène. Cette réaction a été
appelée "photolyse de l'eau", mais en fait n'est pas directement due à la lumière.
Comment agissent le Donneur et l'Accepteur primaires du PS II ?
A l'obscurité : il existe un état stable entre le donneur (D), l'accepteur d'électron (A) et la chlorophylle du
centre réactionnel (Chla) : D Chla A.
A la lumière, un électron de Chla est délocalisé : D Chla* A
Instantanément un électron de D est cédé à Chl et réduit A : D+ Chla A-
Au total, pour un photon absorbé par la chlorophylle a: D + A D+ + A-
Comment fonctionne le donneur primaire?
Le donneur primaire d'électrons est le complexe Z qui possède 4 atomes de Manganèse. Chaque fois
que Z cède 1 e- à une chlorophylle Chla excitée on obtient : Mn3+ Mn4+. En donnant
successivement 4 électrons à la chlorophylle, le complexe passe de S0 (4 Mn3+ et 0 Mn4+) à SIV (0 Mn3+
et 4 Mn4+). Il revient ensuite à son état initial S0 en prenant 4 électrons à l'eau.
Deux molécules d'eau sont cassées et produisent de l'oxygène moléculaire, des protons et des électrons
: 2 H2 O 4 H+ + O2 + 4e-. O2 est dégagé, les H+ restent dans l'espace intrathylakoïdaire et les électrons
permettent la régénération du donneur Z.
Comment fonctionne l'accepteur primaire?
En réalité, l'accepteur primaire est une quinone (Q) et les électrons de la chlorophylle excitée vont être
transférés jusqu'au NADP (accepteur final) le long d'une chaîne comprenant de nombreux
transporteurs. 4 A- + 4 H+ + 2 (NADP+) 2 (NADPH + H+) + 4 A
Le potentiel d'oxydoréduction du centre réactionnel (chlaII ou P680) du PSII est d'environ + 1 v. Lorsque ce
centre réactionnel reçoit de l'énergie lumineuse d'un photon de longueur d'onde  680 nm, il perd un
électron qui est capté par l'accepteur primaire Q. Cette première réaction élève le potentiel de cet électron
de + 1 v à environ + 0,6 v. A la fin d'une réaction non encore élucidée, la molécule de P680 déficitaire en
électrons, est capable de les remplacer un à un, en soutirant à des molécules d'eau. Lorsque 4 électrons

25
ont été soutirés à des molécules d'eau ce qui demande 4 photons, les deux molécules de H2O sont
scindées en 4e-, 4H+ et de l'oxygène (2H2O  4e- + 4H+ + O2).
Ce clivage oxydatif de la molécule en présence de la lumière est appelé photolyse. Le
dégagement d'une molécule d'O2 par photolyse de l'eau, met en jeu quatre étapes photochimiques
successives au cours desquelles le donneur primaire Z du PSII passe par 4 niveaux d'oxydation Z1+, Z2+,
Z3+ et Z4+. Le donneur primaire Z qui est intimement lié au P680, est certainement une molécule de
chlorophylle a particulière dont le fonctionnement nécessite des ions Mn2+. A chaque étape, un photon
de longueur d'onde  680 nm excite une molécule de P680. Cette molécule excitée (P680 *) transfère un
de ses électrons sur l'accepteur primaire Q qui est alors réduit en Q-, la chlorophylle P680 étant ainsi
oxydée (P680 +). En recevant un électron de Z, la chlorophylle P680 revient à son état initial. Deux molécules
d'eau sont oxydées par Z4+ ce qui libère 4 protons et une molécule d'oxygène. A l'obscurité, Z est à l'état
de Z1+, les états Z2+ et Z3+ sont instables et réduits en Z1+ par l'accepteur Q.

b. le transport des électrons du PSII au PSI


Grâce à la première réaction photochimique précédente, il y a élévation du niveau d'énergie d'un
électron qui passe du potentiel standard d'oxydoréduction + 1,0 v (potentiel de la chlorophylle piège du
PSII), à un potentiel voisin de zéro (potentiel de l'accepteur primaire Q). L'électron est ensuite transporté
jusqu'à la chlorophylle piège du photosystème I par une succession de transporteurs: De la plastoquinone
accepteur (E'0 = 0,0 v) à une plastoquinone différente PQ (E'0 = + 0,1 v), puis de la plastoquinone au
complexe cytochrome b6 - cytochrome f (E'0 = + 0,36 v) et enfin à la plastocyanine (E'0 = + 0,39 v). Cette
dernière est le donneur primaire du P700 (E'0 = + 0,45 v). L'électron perdu par la chlorophylle aII (P700) lors
de sa photoexcitation, est donc remplacé par l'électron transmis par la plastocyanine.

c. Le transport des électrons du PSI au NADP+


Lorsque la chlorophylle aII est photoexcitée, son électron perdu est transféré à l'accepteur
primaire A0 qui serait une chlorophylle spéciale dont la fonction est semblable à celle de la phéophytine
du PSII. Le P700 a un potentiel standard d'oxydoréduction de + 0,45 v, tandis que l'accepteur primaire A0
est à – 0,6 v. Par conséquent, le transport d'électrons entre ces deux composantes nécessite de l'énergie
externe fournie par la photoexcitation. Les électrons descendent ensuite par une chaîne de transporteurs
qui comprend la phylloquinone A1 (E'0 = - 0,49 v), des protéines Fe-S comme la ferredoxine (E'0 = - 0,42
v), et une flavoprotéine à FAD (feredoxine-NADP+ réductase) (E'0 = - 0,38 v), jusqu'au coenzyme NADP+
(E'0 = - 0,32 v).
La différence de potentiel entre H2O (E'0 = + 0,8 v) et A0 (E'0 = -0,6 v) est très élevée (1,4 v), ce
qui explique l'existence des séquences de réaction impliquant deux photosystèmes. Aucun système

26
redox unique ne peut stimuler un électron de + 1,4 v, quantité nécessaire à H2O/O2 pour fournir l'électron
au couple NADP+/NADPH2. L'accepteur primaire A0 transfère son électron au NADP+ pour former le
NADPH dans une réaction catalysée par l'enzyme ferredoxine NADP+ réductase. La ferredoxine ne
pouvant transporter qu'un seul électron à la fois, il faut 2 molécules de ferredoxine pour former une
molécule de NADPH au cours de la réduction du NADP+. Il existe une différence de potentiel suffisante
entre le A0 et NADP+ pour permettre la formation du NADPH dans le sens thermodynamique decrescendo
espéré.
La perte d'électrons suite à l'excitation du P700 le laisse avec un trou électronique. L'électron
nécessaire pour remplir ce trou sera fourni par le centre actif du PSII, c'est à dire le P680. L'excitation du
P680 le laisse également avec un trou électronique. Le P680 oxydée en P680+ va en conséquence se
comporter comme un puissant oxydant vis à vis de la molécule de H2O en lui arrachant des électrons au
cours de la photolyse.

A la lumière les électrons se déplacent donc continuellement de l'eau vers le NADP+ en passant
par les photosystèmes I et II, pour aboutir à l'oxydation de H2O en O2 et la réduction du NADP+ en NADPH.
Ce flux à sens unique d'électrons est appelé transport non cyclique.

27
Figure 14 : Fonctionnement des deux photosystèmes

I.2.3 Le transport cyclique des électrons


Chaque paire d'électrons utilisés pour la réduction d’une molécule de NADP+ en
NADPH correspond à la formation d'une force proton motrice capable de synthétiser une
molécule d'ATP. Cette stœchiométrie 1:1 issue des réactions de la phase lumineuse n'est pas
suffisante pour satisfaire la stœchiométrie des réactions de la phase sombre qui forment les
glucides. En effet, celles-ci consomment deux molécules de NADPH et trois molécules d'ATP.
Ce déséquilibre entre phase lumineuse et phase sombre est compensé par un transport cyclique
d'électrons qui forme de l'ATP sans former de NADPH. Comme pour le transport non cyclique
des électrons, ceux-ci passent de la plastoquinone au complexe des cytochromes b6/f via un
cycle Q puis sont cédés à PSI et la ferrédoxine.
Mais la ferrédoxine rend son électron au réservoir des plastoquinones PQ au cours d'un
processus qui met en jeu des cytochromes b6/f via un cytochrome qui n'intervient que dans le
transport cyclique des électrons. Grâce au cycle Q, le transport cyclique des électrons contribue
à la force proton motrice. Les vitesses relatives des 2 types de transport sont influencées par le
rapport des concentrations de NADPH et de NADP+. Quand ce rapport est élevé dans le stroma,
le transport non cyclique des électrons est lent car NADP+ est limitant.
Dans ce processus, l'énergie fournie par un photon de longueur d'onde  700 nm enlève un
électron au P700, qui ensuite retourne à ce même centre actif. On dit alors que ce transport d'électron est
cyclique. Au cours de ce transport, il n'y a pas dégagement d'O2.

28
Figure 15 : Transport cyclique des électrons de la chaîne photosynthétique

I.3 Synthèses d'ATP couplées au transport des électrons: la photophosphorylation


Ces synthèses sont réalisées grâce à l'ATPase chloroplastique au cours du transport des
électrons à la suite d'un couplage énergétique appelé photophosphorylation. Il en existe dans le transport
cyclique et dans le transport acyclique. Cette formation d'ATP représente un mécanisme essentiel pour
la conservation de l'énergie lumineuse absorbée, et se fonde sur 2 théories

- Théorie thermodynamique
Dans une réaction d'oxydoréduction, les électrons tendent naturellement à se déplacer dans le
sens des potentiels d plus en plus élevés. Si on considère deux substances A et B telles que £a < £B, les
électrons vont se déplacer de A vers B. B se comporte alors comme un oxydant. Au cours d'un tel
transfert, il y a mise en liberté d'énergie (G0 < 0). Le déplacement des électrons en sens inverse (B 
A), exigera de l'énergie (G0 > 0). Il existe une relation entre la variation d'énergie libre G et la différence
de potentiel entre le donneur et l'accepteur d'électron.
G = -nFE0
(n = nombre d'électrons déplacés, F= Faraday = 23040 cal/v, E0 = Différence de potentiel redox en
volts)

Lorsqu'on examine la figure 14 précédente, on constate qu'il existe deux sens de cheminement des
électrons:

29
- Un sen ascendant, dans lequel les électrons vont des potentiels élevés vers les potentiels faibles.
Ce déplacement des électrons contre le gradient de potentiel d'oxydoréduction est directement
lié à l'excitation des centres actifs des photosystèmes, donc à l'énergie lumineuse.
- Un sens descendant, orienté des potentiels bas vers las potentiels élevés, montrant un
cheminement spontané des électrons. L'énergie est normalement libérée lors de ce
cheminement. Si la différence d'énergie libre entre deux couples d'oxydoréduction lors de ce
cheminement est suffisante, elle peut être utilisée pour la synthèse de l'ATP. En effet, ADP + Pi
 ATP, avec Go = 8 Kcal/mole
Exemples: dans le transport non cyclique des électrons, un des sites de photo-phosphorylation est
localisé entre la Plastoquinone et le complexe cytochrome b6/Cytochrome f, et l'autre entre ce complexe
cytochromique et la plastocyanine.

Théorie chimio-osmotique
Cette théorie élaborée par Mitchell suppose l'existence de deux compartiments distincts,
séparées par une membrane imperméable aux protons.

Figure 15 : Organisation vectorielle des transporteurs et chaîne de transport des électrons dans la
membrane du thylakoïde

Compte tenu de l'orientation vectorielle des composantes de la chaîne de transporteurs


photosynthétiques à l'intérieur de la membrane du tylakoïde, les électrons qui vont de H2O au NADP+
traversent plusieurs fois cette membrane. Ils passent en effet de la face luminale (espace intratylakoïde)
à la face stromatique, puis retournent vers la face luminale avant de revenir à la face stromatique. De
30
plus, comme la chaîne comporte des transporteurs d'électrons (cytochromes, plastocyanine) qui alternent
avec des transporteurs de protons (plastoquinones, ferredoxine), certaines étapes du transport des
électrons sont associées au transport des protons.
Au cours du transport d'une paire d'électrons de H2O vers NADP+, il y a translocation de 2 protons
du stroma vers l'espace intratylakoïde, la plastoquinone réduite PQH2 les faisant traverser la membrane.
Lors de la réduction du NADP+, 2 protons sont également prélevés dans le stroma et transférés à la
ferredoxine-NADP+ réductase, dont le coenzyme est le FAD. Un des 2 protons utilisés est restitué au
stroma quand 2 électrons sont transférés du FADH2 au NADP+.
Le bilan est donc de 3 protons prélevés dans le stroma: 2 traversent la membrane et 1 est utilisé
pour la réduction du NADP+. Dans l'espace intratylakoïde, 4 protons sont libérés : 2 par translocation via
la plastoquinone réduite PQH2, l'autre par photolyse de H2O.
En définitive, l'énergie nécessaire au transport non cyclique d'une paire d'électrons est fournie
par 4 photons. 2 photons (  680 nm) qui sont absorbés par le PSII, et 2 photons (  700 nm) qui sont
absorbés par le PSI. Cette énergie est convertie en un gradient électrochimique au cours du transport,
gradient qui tend à faire revenir les protons dans le stroma. La membrane des tylakoïdes étant
imperméable aux protons, le retour des 3 protons dans le stroma par la base hydrophobe d'une ATPase
permet au niveau de la sphère CF1, la phosphorylation d'une molécule d'ADP.

Conclusion
La phase claire aboutit à l'issu de ces mécanismes, à la synthèse du pouvoir d'assimilation, constitué par
le coenzyme réduit NADPH + H+ et de l'ATP. Ce pouvoir d'assimilation sera utilisé dans la phase sombre
pour la synthèse des molécules organiques, à partir du CO2.

Figure 16 : Relations énergétiques entre la phase photochimique et la phase biochimique de la


photosynthèse

31
II Réactions biochimiques, phase sombre de la photosynthèse
II.1 Définition
Les réactions biochimiques de la photosynthèse (parfois appelées réactions sombres ou obscures
puisque non directement liées à la lumière) consistent à incorporer du carbone (origine CO2) dans des
molécules organiques grâce à l'énergie lumineuse transformée en énergie chimique lors de la phase
photochimique. Elles mettent en œuvre un cycle biochimique complexe (le cycle de Calvin). Elles se
déroulent dans le stroma du chloroplaste alors que les réactions photochimiques se déroulent au niveau
des membranes des thylakoïdes. Dans ce cycle, le premier découvert, le premier corps carboné formé
est un composé à 3 carbones. Cette photosynthèse a été nommée photosynthèse en C3 car ensuite,
d'autres mécanismes ont été découverts : la photosynthèse en C4 chez laquelle le premier corps formé
est un composé à 4 carbones. Cependant, les réactions les plus importantes de la photosynthèse sont
communes à ces deux types de cycles, aussi, dans ce chapitre, seule sera prise en compte la
photosynthèse en C3 qui est par ailleurs la plus répandue.
II.2 Premier corps formé
Lors de la photosynthèse, on savait que du CO2 était incorporé mais on ignorait par quelle réaction
biochimique. C'est le mérite de Melvin Calvin et de son équipe, grâce à une expérience historique, de
l'avoir précisée (prix NOBEL).
EXPÉRIENCE DE CALVIN
Il utilise des chlorelles, algues unicellulaires en suspension qui donnent une réaction photosynthétique
très rapide. Les chlorelles sont placées dans des conditions de photosynthèse optimale (CO2 non
radioactif, O2, lumière). Le milieu est agité de manière constante. Une pompe permet de prélever les
chlorelles en continu et de les fixer dans du méthanol bouillant. Des ouvertures sont pratiquées dans la
tubulure. Elles permettent d'injecter du CO2 marqué au carbone 14 radioactif.
En fonction du débit de la pompe et de la position du niveau d'injection, on peut calculer le temps pendant
lequel les chlorelles en photosynthèse active ont été en contact avec du *CO2. A la sortie du dispositif les
chlorelles sont tuées instantanément par du méthanol bouillant. Les substances solubles sont soumises
à une analyse chromatographie bidimensionnelle sur couche mince. La chromatographie est traitée avec
des réactifs appropriés qui permettent de révéler la présence à des positions précises de différentes
substances et d'en identifier la nature (acides organiques, acides aminés, sucres). Cette chromatographie
est ensuite autoradiographiée, c.à.d. recouverte d'un papier photographique sensible aux radiations
(radiations dûes à la radioactivité du carbone radioactif). Cette opération est effectuée à l'obscurité. Après
plusieurs jours, le papier photographique est révélé et l'image est comparée à la chromatographie afin
d'identifier les substances contenant du carbone radioactif provenant du *CO2 donné aux cellules.

32
Après seulement 5 secondes de contact avec le *CO2, la majorité de la radioactivité (70%) se retrouve
dans l'APG (acide phosphoglycérique). Un pentose diphosphate, le RUBP (ribulose bisphosphate)
jusqu'alors inconnu est également marqué. Le premier corps formé à partir du CO2 incorporé est donc
l'APG et le RUBP doit jouer un rôle primordial dans l'incorporation.

Figure 17 : Schéma du dispositif utilisé par l'équipe de Calvin

Après seulement 10 secondes, d'autres corps sont radio-marqués. Ils sont donc produits à partir de
l'APG. Plus tard, tous les sucres (CHO) sont radio-marqués mais aussi des acides aminés (CHON).
Une première hypothèse a consisté à penser que la synthèse d'APG (un corps en C3) ne pouvait se
faire qu'à partir d'un corps en C2 : C2 + C1 (CO2) C3
Une deuxième hypothèse développée par Calvin et démontrée par de nombreuses expériences a
proposé que l'origine de l'APG soit le RUBP (corps en C5) selon la réaction :
RUBP (5C) + CO2 (1C) 2 APG (2x3C)
L'APG est ensuite à l'origine de toutes les autres synthèses (sucres, acides aminés etc..). Pour
expliquer que le RUBP soit lui-même, marqué précocement, il faut admettre que le RUBP a pour origine
l'APG. Ceci implique un cycle, dans lequel APG et RUBP représentent deux éléments clés. C'est le
cycle de Calvin.

33
II.3 Le Cycle de Calvin
Le schéma ci-dessous représente une vue globale très simplifiée de l'ensemble de la photosynthèse. Les
réactions photochimiques et les réactions biochimiques (cycle de Calvin) sont en étroite dépendance par
l'ATP et le NADPH, produits par les premières et utilisés par les secondes.
l'APG est en fait le dernier accepteur de la chaîne d'oxydoréduction étudiée dans les réactions
photochimiques et sa présence règle de manière indirecte les réactions précédentes. En effet l'APG
(acide phosphoglycérique) est réduit en Ald PG (aldéhyde phosphoglycérique), le premier "vrai" sucre
formé par le NADPH produit par les réactions photochimiques. L'ATP intervient également. Si le RUBP,
support de l'incorporation du CO2 est marqué, c'est qu'il est régénéré à partir des premiers corps formés.
Il existe donc un cycle complexe. Plusieurs étapes du cycle sont fondamentales :

LA FIXATION DU CO2
Cette réaction est catalysée par une enzyme : la Ribulose 1,5 bisphosphate carboxylase / oxygénase
(RUBISCO). Cette enzyme est certainement une des plus importantes du monde vivant. Comme son nom
l'indique, elle a deux fonctions. C'est la fonction "carboxylase" qui nous intéresse ici. La fonction
"oxygénase" sera étudiée au niveau de la photo-respiration.

LA RÉDUCTION DE L'APG EN TRIOSES-PHOSPHATES


Cette réaction permet de former les premiers sucres (trioses phosphates = aldéhyde phosphoglycérique)
par réduction de l'acide phosphoglycérique. Deux Trioses-P sont produits par isomérisation (AldPG,
(aldéhyde Phosphoglycérique) et DHOAP, (Dihydroxyacétone phosphate). Ils représentent les premiers
termes des aldoses et des cétoses, c'est à dire des oses à fonctions aldéhydes comme le glucose ou à
fonctions cétones comme le fructose.

34
Réduction de l'APG en triose.

Isomérisation des triose-P

LA RÉGÉNÉRATION DU RUBP
Comment le cycle se referme-t-il? Ou comment le RUBP est-il régénéré?
La série de réactions ci-dessous montre comment diverses réactions permettent de transformer les
trioses phosphates (C3-P) en Ribulose phosphate (C5-P).

Régénération de la RUBP
Au total 3 RUP sont formés à partir de 5 C3- P. les ribuloses phsphates (RUP) seront ensuite
phosporylés par de l'ATP en Ribulose bisphosphate (RUBP). Comme la réaction d'incorporation avait
permis de former 6 trioses P à partir de 3 RUBP : 3 C5bisP + 3CO2 6 C3-P et que 5 trioses
phosphates suffiront à régénérer les 3 RUBP : 5 C3-P 3 C5P 3 C5bisP
Il reste un triose disponible. Sur le plan quantitatif, l'incorporation de 3 CO2 permet ainsi la fabrication de
1 triose - P, tout en permettant la régénération des RUBP nécessaires au cycle. C'est ce triose - P qui
sera à l'origine de toutes les autres synthèses.

35
III. Photo-respiration
Dans un air sans CO2, à la lumière, et en présence d'oxygène, la production de CO2 est nulle car la
photosynthèse est égale à la respiration, c'est à dire que le CO2 dégagé par la respiration de la plante est
réincorporé grâce aux réactions photosynthétiques. Lorsqu'on place la plante à l'obscurité après un
éclairement intense (photosynthèse maximum), la production de CO2 montre un pic juste après
l'extinction de la lumière. Il semble donc que la cellule respire plus à la lumière qu'à l'obscurité. Ce
phénomène de respiration stimulé par la lumière est la photo-respiration.

Figure 18 : Mise en évidence de la photo-respiration lors du passage lumière/obscurité. La production


de dioxygène présente un pic transitoire.
Cela provient de l'activité oxygénase de l'enzyme RUBISCO. En effet, celle-ci, en fonction des
concentrations relatives en O2 et en CO2, bascule de sa fonction carboxylase à sa fonction oxygénase
qui la conduit à produire 1 APG (C3) et un glycolate (C2) à partir d'1 RUB (C5). Cette réaction est favorisée
lorsque la concentration de dioxygène est forte.

Fonctionnement de la RUBISCO en oxygénase


A priori, ce système a pour effet de baisser le rendement photosynthétique.
Le glycolate produit par oxydation du RUB par la fonction oxygénase de la RUBISCO est transformé en
glycine. La glycine sera transformée en sérine au niveau de la mitochondrie provoquant le rejet d'une
molécule de CO2 : c'est la photo-respiration.

36
Figure 19 : Schéma simplifié de la photo-respiration
La signification de la photo-respiration n'est pas claire.
 D'un certain point de vue, elle provoque une perte d'incorporation du CO2, donc de synthèse de
molécules organiques. Elle correspond donc à une diminution du rendement photosynthétique.
 D'un autre point de vue, elle est impliquée dans la synthèse de certains acides aminés comme
la sérine par exemple.
 Enfin, elle pourrait représenter une régulation de la photosynthèse lorsque celle-ci, trop forte,
risque de provoquer une accumulation nocive d'oxygène.
Remarque
Le CO2 fixé pendant la photosynthèse provient de l'atmosphère et rentre dans la plante par les
stomates (ouvertures microscopique à la surface des feuilles). Les stomates permettent à la plante
d'effectuer des échanges gazeux avec l'atmosphère. C'est ainsi que les modalités d'ouverture et de
fermeture de ces stomates sont contrôlées par des mécanismes éco-physiologiques complexes liés aux
conditions de l'environnement. Ces mécanismes sont adaptatifs et sont associés dans certains cas à des
modifications anatomiques et éco-morphologiques caractéristiques. On distingue ainsi le métabolisme en
C3 (le premier produit stable formé par photosynthèse est une molécule à 3 atomes de carbone), le
métabolisme en C4 (le premier produit stable formé par photosynthèse est une molécule à 3 atomes de
carbone) et le métabolisme acide chez les Crassulacées (CAM).

37
CHAPITRE 3 : LA RESPIRATION CHEZ LES VEGETAUX

I. Introduction au catabolisme cellulaire

Il se produit à l'intérieur d'un organisme des transformations de matière qu'on peut


diviser en deux catégories: les décompositions de certaines molécules en molécules plus petites
ou en leurs éléments, et les synthèses d'autres molécules à partir de leurs composants.

M Chute de
potentiel
chimique
Libération
d'énergie perdue
ou transformée
en travail

A B

Transformations de type 1 : Décompositions

M
Augmentation
du potentiel
chimique

Apport
d'énergie

A B

Transformations de type 2: Synthèses


- Si O2 accepteur final des e- et H+: respiration aérobie
Catabolisme - si accepteur autre que O2: respiration anaérobie
- Si absence de tout accepteur : Fermentation
Métabolisme
- Synthèse des glucides : photosynthèse
Anabolisme - Synthèse des protides
- Mise en réserves des excédents de substances synthétisées
par l'organisme

Figure 20 : schéma général du métabolisme

38
Les transformations du type 1, caractérisées par une chute du potentiel chimique, constituent le
catabolisme (cata = "vers le bas"); l'ensemble des transformations du type 2, caractérisées par une
élévation du potentiel chimique, forme l'anabolisme (ana = "vers le haut"). L'ensemble anabolisme +
catabolisme constitue le métabolisme (métabolê = "transformation"). Les molécules engagées dans ces
transformations sont des métabolites. Les réactions de l'anabolisme sont endergoniques car elles
requièrent de l'énergie pour se réaliser. Les réactions cataboliques sont exergoniques car se caractérisent
par une libération d'énergie.

II. Mise en évidence et mesure de la respiration aérobie

Si on dispose un jeune animal ou végétal (en l'absence de la lumière) dans un bocal clos
renfermant une bougie allumée, on constate après un certain temps que celle-ci s'éteint. L'oxygène
initialement présent a été absorbé. L'analyse de l'atmosphère du bocal révélerait la présence de dioxyde
de carbone. Cette expérience peut être faite à l'obscurité avec n'importe quelle plante, par contre en
présence de la lumière, les résultats sont plus complexes et il faudrait prendre un certain nombre de
précautions selon la nature des végétaux employés.

On mesure généralement le volume d'oxygène absorbé ou de CO2 rejeté pendant un certain


temps. Les mesures peuvent être faites à l'obscurité pour les végétaux chlorophylliens ou en pleine
lumière pour les végétaux non chlorophylliens. Si l'expérience a lieu en atmosphère confinée (dans un
bocal ou sous une cloche par exemple), on analyse cette atmosphère au début et à la fin de l'expérience.
On obtient par deux simples soustractions, les volumes d'oxygène consommé et de CO2 dégagé. On peut
aussi placer le végétal dans une enceinte isolée et faire circuler un courant d'air qu'on recueille à la sortie
à travers un réservoir de potasse (KOH) où il se débarrasse de son dioxyde de carbone, et un réservoir
contenant de bâtons de phosphore qui fixent l'oxygène. Par pesée des 2 réservoirs au début et à la fin
de l'expérience on détermine les quantités de gaz échangées.

L’intensité des échanges respiratoires varie avec les espèces, l'âge, la composition chimique des
cellules, le degré d'ouverture des stomates chez les plantes, la température, la lumière, la teneur en
oxygène de l'atmosphère.

En définitive, l’analyse du phénomène respiratoire permet de mettre en évidence une absorption


d’oxygène, un rejet de gaz carbonique et une production d’énergie. Les métabolites utilisés sont
essentiellement des glucides, des lipides et des protides. Au cours de cette dégradation oxydative, Le
résidu carboné est toujours le CO2, Il y a toujours formation de l’eau.

Mais le quotient respiratoire QR = VCO2/VO2 et la quantité d’énergie dégagée varie avec le type
de substrat utilisé. Il est possible de définir pour chaque échantillon biologique, une intensité respiratoire

39
(IR). C’est le volume d’O2 absorbé ou de CO2 dégagé par unité de temps rapporté à l’unité biologique
(DNA, Protéines, poids de matières fraîches).

Bilan matériel et énergétique de quelques respirations aérobies :


- Glucose: C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O + Q QR = 6/6 = 1
- Acide stéarique C18H36O2 + 26O2 18CO2 + 18H2O + QQR = 18/26 = 0.69
- Glycérol 2C3H8O3 + 7O2 6CO2 + 8H2O + Q QR = 6/7 = 0.85

III. Le catabolisme respiratoire

III.1 Notion d’oxydation du glucose

L'ATP est la monnaie énergétique universelle des systèmes vivants. Il intervient dans les
événements cellulaires très divers, passant par la biosynthèse des molécules organiques au battement
d'un flagelle, aux courants cytoplasmiques ou au transfert des molécules à travers la membrane
plasmique. La respiration consiste essentiellement en l'oxydation des molécules organiques avec capture
dans les liaisons phosphoanhydride de l'ATP, d'une partie de l'énergie libérée. Elle est généralement
considérée comme débutant par le glucose, qui est le produit final de l'hydrolyse du saccharose et de
l'amidon. Dans l'oxydation du glucose, la molécule est scindée et les atomes d'hydrogène (les électrons
et les protons qui les accompagnent) sont arrachés aux atomes de carbone et combinés à l'oxygène, qui
est donc lui-même réduit. Les électrons passent de niveaux d'énergie élevés à des niveaux inférieurs et
l'énergie est libérée.

Figure 20: Schéma général de l'oxydation du glucose

Le glucose peut constituer une source d'énergie en conditions aérobies et anaérobies.


Cependant, les composés organiques oxydables ne fournissent une quantité d'énergie importante qu'en
conditions aérobies. Considérons par exemple la réaction globale de l'oxydation complète du glucose:

40
C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O + énergie. Avec l'oxygène comme accepteur final d'électrons, cette
réaction est fortement exergonique. Si l'énergie est extraite des molécules organiques sans intervention
de l'oxygène, la réaction est faiblement exergonique et est appelée fermentation.

III.2 Les étapes métaboliques du catabolisme respiratoire

La respiration aérobie implique quatre stades distincts: la glycolyse, le cycle de Krebs (cycle des
acides tricarboxyliques TCA), la chaîne de transport d'électrons et la phosphorylation oxydative.

III.2.1 Glycolyse

Dans la glycolyse ou voie d’Embden-Meyerhof, la molécule de glucose est rompue en une paire
de molécules à 3 atomes de carbone, l'acide pyruvique ou pyruvate. (L'acide se dissocie, produisant le
pyruvate et un proton H+. L'acide pyruvique et pyruvate sont en équilibre et les deux termes sont souvent
utilisés indifféremment). Deux molécules d'ATP et deux autres de NADH2 sont formées.

Les molécules de pyruvate sont décomposées à l'intérieur de la mitochondrie en deux


groupements acétyle à deux atomes de carbone puis ils entrent dans le cycle de Krebs sous la forme
d'acétyl-CoA.
En définitive, la glycolyse se déroule en deux phases : une Phase d’investissement d’énergie et une
phase de libération d’énergie. Dans la première phase, Le glucose entre dans la cellule par une
perméase. Deux phosphorylations se succèdent. La molécule résultante est scindée en 2 molécules de
phosphoglycéraldéhyde (PGAL).
Dans la phase de libération d’énergie, Il y a une réaction d’oxydation qui réduit le NAD+ en NADH + H+
(x2). On attache du Pi au PGAL ; Il y a création de 2 molécules d’ATP. On réarrange les électrons du
substrat. Il y a création de 2 autres molécules d’ATP. Le bilan est d’une molécule de glucose scindée en
deux pyruvates, de deux NADH + H+ et de 2 ATP formés.

41
Figure 21: Séquence des réactions de la glycolyse
III.2.2 Décarboxylation du pyruvate
Dans cette étape, les groupements carboxyles des pyruvates sont éliminés et libérés sous forme de
CO2. Les fragments restants sont oxydés et le NAD+ est réduit en NADH + H+ (x2). La coenzyme A
s’unit avec les molécules formées et on obtient 2 molécules d’acétyl-CoA qui peuvent entrer dans le
cycle de Krebs.

42
Figure : Décarboxylation des pyruvates

III.2.3 Cycle de Krebs ou cycle des acides tricarboxyliques


L’acétyl-CoA entre dans le cycle en se liant à l’oxaloacétate pour former du citrate. Il y a 3 oxydations
qui réduisent le NAD+ en NADH + H+ (x2). Il y a 1 oxydation qui réduit le FAD en FADH2 (x2). Il y a création
de 2 ATP.

Figure 22: Schéma des réactions du cycle de Krebs

Le bilan du cycle de Krebs est de + 2 ATP ; + 8 NADH + 8 H+ ; + 2 FADH2, + 6 CO2.

43
III.2.4 La chaîne respiratoire
Elle catalyse le transfert de 2 électrons à 1/2 O2 auquel est couplée une formation d'ATP. A: Les électrons
libérés lors de l'oxydation du NADH et du FADH2 sont véhiculés jusqu'à l'oxygène le long d'une chaîne
de transporteurs d'électrons groupés en 4 complexes multiprotéiques (I, II, III et IV) dans la membrane
interne des mitochondries.
L'activité des complexes I, III et IV est associée à une éjection de protons du milieu matriciel des
mitochondries vers l’espace inter-membranaire. L'énergie accumulée dans le gradient de H+ ainsi formé
peut être utilisé à la phosphorylation d'ADP en ATP. La diffusion de 3H+ est nécessaire à la formation
d'un ATP. L'oxydation d'un NADH permet donc la formation de 3 ATP.
La majeure partie de l’énergie extraite des nutriments est libérée par le NADH + H+ et la FADH2. Le NADH
+ H+ et la FADH2 relient la glycolyse et le cycle de Krebs à la machinerie de la phosphorylation oxydative,
qui alimente la synthèse de l’ATP avec l’énergie libérée par la chaîne de transport d’électrons.
L'oxydation d'une substance organique consiste dans la plupart des cas en une perte d'hydrogène
(déshydrogénation). Un atome d'hydrogène (H) extrait d'une molécule organique peut être imaginé
comme décomposé en un ion hydrogène, un proton (H+) et un électron (e-). C'est pour cette raison qu'une
molécule qui perd de l'hydrogène perd un électron, et donc s'oxyde.
Au cours de la respiration, l'hydrogène finit toujours par se lier à l'oxygène pour former de l'eau. NADH2
ou FADH2 sont des donneurs d'hydrogènes. L'hydrogène cédé passe avec son électron le long d'une
chaîne d'au moins cinq composés, les transporteurs d'électrons, à travers une succession de réactions
d'oxydoréduction, avant de se lier à l'oxygène.
Chacune de ces réactions de déshydrogénation libère une certaine quantité d'énergie, qui est utilisée
pour former l'ATP, une molécule qui fonctionne comme une réserve d'énergie. NADH et FADH2 formés
au cours de la glycolyse et le cycle de Krebs sont des molécules « riches en énergie » car elles possèdent
une paire d’électrons à haut potentiel de transfert. Quand ces électrons sont donnés à une molécule
d’oxygène, une grande quantité d’énergie libre est libérée. L’énergie libre de la réoxydation des
coenzymes est utilisable pour créer de l’ATP.
Des atomes d’hydrogènes sont arrachés à NADH, H+ou (FADH2). Ces atomes pénètrent dans la chaîne
respiratoire où ils sont dissociés en protons et électrons. Des coenzymes à l’oxygène, les protons et
électrons sont transportés à travers une chaîne d’oxydoréduction constituée par les composants de la
chaîne respiratoire. Les électrons sont transférés via le Coenzyme Q et une série d’enzymes, les
cytochromes, jusqu’à l’oxygène moléculaire. Ils réagissent avec l’oxygène et les protons pour former de
l’eau.
Les protons passent de la membrane interne à l’espace intermembranaire via les complexes 1, 3 et 4
fonctionnant comme des pompes.

44
L'énergie provenant des électrons transférés sert à "pomper" des ions H+ dans l'espace intermembranaire
de la mitochondrie (entre la membrane externe et l'interne). Il se crée donc deux gradients : le gradient
de concentration et le gradient électrique.
Gradient de concentration : l'espace intermembranaire devient plus concentré en ions H+.
Gradient électrique : un côté de la membrane devient positif (accumulation d'ions +) et l'autre, négatif
(déficit en ions + par rapport aux ions -). A cause de ce gradient électrochimique, les ions H+ ont tendance
à diffuser vers la matrice (= force protomotrice). Ils le font en passant par des ATP synthétases.
Le réel potentiel énergétique pour la synthèse d'ATP provient de la FORCE PROTON MOTRICE cars
c’est le retour des protons vers la matrice, qui est le moteur de la machinerie de la synthèse de l'ATP.
Il faut 3 protons pour synthétiser une molécule d'ATP et lors de ce transfert : 10 protons sont expulsés
pour deux électrons fournis par le (NADH + H+) réoxydé, 6 protons sont expulsés pour deux électrons
fournis par le (FADH2) réoxydé. Chaque NADH + H+ libère assez d’énergie pour la formation de 3 ATP,
tandis que chaque FADH2 libère assez d’énergie pour la formation de 2 ATP.

Figure 23 : Schéma de la chaîne respiratoire

45
III.2.5 Réoxydation des NADH, H+ cytosoliques /Régénération du pouvoir oxydant de la glycolyse
: les navettes
Le NADH, H+ a deux origines, cytosolique et mitochondriale. Pour le NADH, H+ formé dans la
mitochondrie sa réoxydation est assurée par le transport des électrons jusqu’à l’oxygène par la chaîne
respiratoire. Par contre, la réoxydation de NADH, H+ en NAD+, indispensable au maintien de l’activité
glycolytique, n’est pas assurée dans le cytosol des organismes aérobies et n’est possible que si ses
électrons sont transportés dans la mitochondrie et jusqu’à l’oxygène.
La difficulté vient du fait que le NADH, H+ cytosolique ne peut pas traverser la membrane mitochondriale
interne qui ne dispose pas de transporteur pour les coenzymes nicotiniques (NADH, H+ et NAD+).
Pour contourner ces difficultés, la cellule a développé des navettes qui assurent le transport des électrons
et des protons du cytosol dans la matrice à travers la membrane mitochondriale.
Il existe deux types de navettes : la navette glycérol 3 phosphate chez les végétaux, les muscles et le
cerveau et la navette Malate-Aspartate dans le foie, le cœur et les reins.

La navette glycérol 3 phosphate


Cette navette utilise l’inter-conversion du 3-P dihydroxyacétone et du 3-P glycérol. La réaction est
catalysée par la 3-P glycérol déshydrogénase à NADH,H+/NAD+ dans le cytoplasme et à FADH2/FAD
dans la matrice mitochondriale. Deux glycérol phosphate déshydrogénases différentes participent à cette
navette :
• une, cytosolique, coenzyme NAD+ ;
• l'autre, mitochondriale, située sur la face externe de la membrane interne, coenzyme FAD.
Les équivalents réducteurs du NADH cytosolique se retrouvent par le jeu de ces deux enzymes au niveau
du FADH2 dans la membrane interne mitochondriale. Puis, ces deux électrons sont transférés, via
l'ubiquinone, au complexe III de la chaîne respiratoire. Donc, la réoxydation du NADH cytosolique par
cette navette a un coût énergétique ; elle ne permet la synthèse que de 2 ATP au lieu des 3 produits par
la réoxydation d'un NADH mitochondrial.

46
Figure 24 : Navette glycérol phosphate

La navette malate-aspartate
C’est la navette la plus compliquée car elle suppose d’abord la formation de l’oxaloacétate par une
réaction de transamination entre l’aspartate et l’alphacétoglutarate. L’oxaloacétate formé ne dispose pas
de transporteur. Il est réduit en malate par les électrons et les protons de NADH, H+ cytosolique. Le
malate, l’aspartate et l’alpha-cétoglutarate sont capables de traverser la membrane mitochondriale
interne. L’interconversion du malate et de l’oxaloacétate est catalysée par la malate déshydrogénase, qui
produit le NADH, H+ dans la matrice mitochondriale.

Figure 25 : Navette Malate-Aspartate

47
Molécules produites dans
Cytosol Matrice de la Transport d'électrons
mitochondrie et phosphorylation
oxydative
Glycolyse 2 ATP 2 ATP
2 NADH2 4 ou 6 ATP suivant la 4 ou 6 ATP
navette (production
nette)
Pyruvate vers 2 x (1 NADH2) 2 x (3 ATP) 6 ATP
acétyl-CoA
Cycle de Krebs 2 x (1 ATP) 2 ATP
2 x (3 NADH2) 2 x (9 ATP) 18 ATP
2 x (1 FADH2) 2 x (2 ATP) 4 ATP
TOTAL 36 ou 38 ATP

Conclusion

Le métabolisme est l'ensemble des réactions chimiques de la cellule, il est composé du


catabolisme (dégradations) et de l'anabolisme (synthèses). La glycolyse est la transformation du glucose
en deux molécules d'acide pyruvique, elle se déroule dans le cytoplasme. L'acide pyruvique est
transformé en acétylcoenzyme A, qui sera totalement dégradé dans la matrice de la mitochondrie. La
chaîne respiratoire oxyde les coenzymes réduits au cours des réactions précédentes, et permet à
l'ATPase de produire de l'ATP, au niveau des crêtes mitochondriales. Le bilan global de la combustion
d'une molécule de glucose est la production de 36 ou 38 molécules d'ATP selon les navettes et de
chaleur.

BRAVO !!!

48

Vous aimerez peut-être aussi