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Introduction.
Le parodonte possède des moyens de défense communs à l'ensemble de l'organisme.
Les défenses immunitaires y revêtent deux aspects :
La défense immunitaire non-spécifique : elle est assurée par:
- les tissus de revêtement
- les facteurs solubles (lysozyme, lactoférine, cystatines, complément,…)
- les cellules phagocytes
La défense immunitaire spécifique : elle incombe aux lymphocytes T, B et aux
immunoglobulines (sécrétées par les lymphocytes B et les plasmocytes).
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La rapidité du turn-over de l'épithélium jonctionnel (4 à 7 jours), la desquamation
constante des cellules épithéliales kératinisées permet de chasser les germes du sillon
gingivo-dentaire.
1.1.2.1. Le complément :
Rôle du complément dans la défense du parodonte
- Le complément intervient dans l’élimination de l’agent pathogène, et peut renforcer
également la réponse immunitaire spécifique
- On attribue au complément trois activités biologiques majeures :
• l'activation des phagocytes (neutrophiles et macrophages)
• la cytolyse des cellules-cibles
• l'opsonisation des micro-organismes et des complexes immuns.
Il intervient aussi dans la libération d'amines vaso-actives, ainsi que dans des phénomènes en
relation avec la coagulation, les kinines et la fibrinolyse.
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En effet, son activation est à l'origine de dommages tissulaires indirects, dus en particulier à
son effet chimiotactique sur les neutrophiles, à son rôle de médiateur de la lyse cellulaire, et à
son intervention dans le processus de dégranulation des mastocytes.
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1.1.3.2.2. Les phagocytes mononucléés
• Les macrophages
Les monocytes/macrophages constituent également un grand groupe de cellules phagocytaires
de la réponse inflammatoire.
Lors de leur passage du sang vers les tissus par diapédèse, les monocytes terminent leur
différenciation en macrophage, ce qui se caractérise par une augmentation notable de leur
taille.
Les macrophages exercent une forte activité phagocytaire des agents pathogènes et sont
de puissants producteurs de cytokines pro-inflammatoires et de molécules du
complément.
Elles produisent également des dérivés azotés lors de l’activité de phagocytose
Elles ont une activité de présentation des antigènes par les molécules de Cl II du CMH
(complexe majeur d’histocompatibilité) aux lymphocytes T helper (LTh). Et par
conséquent elles sont importantes dans l’activation de la réponse immunitaire acquise.
Ce sont des cellules clés dans la résolution de l’inflammation:
Les macrophages phagocytent les neutrophiles qui ont exercé leur activité et qui sont en
apoptose. En effet, les macrophages produisent des lipides anti-inflammatoires, les
résolvines, et ont une action de détersion de la plaie.
NB : Ces mécanismes ne sont pas efficaces lors d’une parodontite; car la stimulation
permanente de l’inflammation par les bactéries de la poche parodontale entraîne une
réponse inflammatoire chronique.
Les mastocytes
Sont produits dans la moelle osseuse, et migrent dans la circulation sous forme non
différentiée.
Ces cellules se trouvent en abondance dans le tissu conjonctif, où elles seront différenciées.
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Une fois activées, ces cellules libèrent des substances vaso-actives comme l’histamine et des
médiateurs de l’inflammation (prostaglandine, leucotréines..) ou protéases ( MMP: matrice
métalloprotéinase).
Très retrouvées dans le tissu conjonctif de la poche parodontale lors des parodontites et
seraient de puissants producteurs de MMP et de cytokines
Les lymphocytes B
Ils synthétisent les immunoglobulines (ou anticorps) qui, en adhérant à la membrane
cellulaire, joueront le rôle de récepteurs spécifiques pour l'antigène.
Quand les lymphocytes B sont activés, ils se transforment en plasmocytes; très rarement
présents dans la circulation. Ces plasmocytes se localisent essentiellement dans les divers
tissus et les organes lymphoïdes qui une fois activés vont fabriquer des immunoglobulines.
Les anticorps produits par les plasmocytes ont une spécificité donnée et sont d'une seule
classe d'immunoglobulines
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Les lymphocytes B dans les maladies parodontales
Un nombre réduit de plasmocytes est trouvé aux stades initial et précoce de l’inflammation
parodontale, qui correspondent à une gingivite modérée.
Au stade avancé, correspondant aux parodontites, l'infiltrat cellulaire est constitué
essentiellement de lymphocytes, macrophages, neutrophiles et plasmocytes; ceux-ci se
localisent toujours dans les couches profondes du conjonctif gingival, sous les neutrophiles.
Les lymphocytes T
Il existe différentes sous-classes de lymphocytes T dont deux populations principales grâce à
deux récepteurs: les molécules CD4 et CD8.
Ces deux molécules sont des ligands spécifiques des molécules d’histocompatibilité de
classe II et classe I respectivement
- Les lymphocytes CD4+ auxiliaires ou helper (Th) jouent un rôle fondamental dans
l’initiation et le développement des réponses immunitaires spécifiques.
Leur fonction principale est la production des cytokines favorisant le développement des
différentes réponses effectrices.
- Les lymphocytes CD8+ qui sont activés par les cellules CD4+ productrices de IL-2
On distingue les cellules T CD8+ cytotoxiques et les Lymphocytes T CD8+ à mémoire
• L’action cytotoxique des LT CD8 s’exerce principalement par la libération du contenu
enzymatique de leurs granules lysosomiaux induisant la cytolyse ou la désintégration de
la cellule cible.
La phagocytose
Elle peut se faire par reconnaissance directe de motifs spécifiques de surface (TLR…) ou
suite à leur opsonisation par le complément.
Les pathogènes sont alors facilement détectés par les phagocytes circulant ou ceux qui se
trouvent dans les tissus.
Lors de l’infection, une fois la barrière physique et chimique contournées, les bactéries sont
éliminées par phagocytose.
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Les neutrophiles ont une durée de vie peu importante et ont une résistance faible au cycle de
la phagocytose, la mort cellulaire intervient rapidement et il en résulte la formation de pus.
La réaction va mettre en jeu les macrophages qui ont une durée de vie plus importante et une
capacité de phagocytose plus importante, entraînant une diminution de la production du pus.
La réaction inflammatoire
Nous considérons la réaction inflammatoire aiguë et la réaction inflammatoire chronique.
Inflammation aiguë
Évolue selon un mode aiguë ou précoce de courte durée.
On peut considérer l'inflammation aiguë comme la première ligne de défense tissulaire qui
apparaît au sein du tissu conjonctif à la suite d'une irritation ou d'une agression de nature
chimique, thermique ou mécanique.
Elle est caractérisée par l'apparition de modifications vasculaires et cellulaires, qui aboutissent
à une détérioration passagère ou permanente de constituants tissulaires normaux
(cellules, fibres et matrice).
Ceci a pour conséquence une altération ou une perte de la fonction normale du tissu affecté.
On note:
• une dilatation des vaisseaux,
• diminution de vitesse du flux sanguin,
• augmentation de la perméabilité des vaisseaux.
• fuite des leucocytes, granulocytes neutrophiles et monocytes hors du système vasculaire et
leur pénétration dans le tissu conjonctif
L'inflammation peut s'arrêter à ce stade, et se caractérise par une cicatrisation.
Cette cicatrisation intervient lorsque l'agent déclenchant la réponse inflammatoire a été
éliminé ou partiellement inactivé.
- Elle peut aussi se prolonger pendant des années et passer à la chronicité.
Inflammation chronique
Considérée comme la seconde ligne de défense tissulaire après une irritation ou une agression.
À ce stade une réponse immunitaire est déclenchée.
Le but principal de la réponse immunitaire est d'identifier l'antigène ainsi que d'activer les
phagocytes (granulocytes neutrophiles, macrophages…).
L'altération de la perméabilité des vaisseaux est souvent induite par des substances
biochimiquement actives (médiateurs), les amines (histamine-sérotonine), prostaglandines,
kinines
Ainsi, si ces barrières de l’immunité non spécifique ne suffisent pas à contenir et à éliminer
l’agent pathogène, l’immunité acquise est activée.
Elle repose sur une réponse lymphocytaire spécifique des pathogènes.
Dotée de mémoire, la réponse lymphocytaire met plusieurs jours pour se mettre en place. Et
toute nouvelle exposition à l’agent pathogène déclenchera une réponse plus rapide et
efficace.
Lors de la réponse inflammatoire, les LPS (composant essentiel de la paroi bactérienne) se
lie à la lipopolysaccharide binding protein (LBP) dans le tissu gingival; formant ainsi un
complexe LPS-LBP qui sera reconnu par les récepteurs cellulaires associés aux
macrophages/ monocytes (les TLR).
Cette reconnaissance va activer la synthèse de médiateurs spécifiques de l’inflammation et de
protéines antimicrobiens.
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Les monocytes macrophages synthétisent alors des prostaglandines (PG), des cytokines et
des métalloprotéinases (MMP).
L’activité cellulaire est modulée par des facteurs héréditaire et l’interféron dont l’action est
suppressive.
Les cytokines (TNF et IL) se lient aux récepteurs cellulaires des fibroblastes qui secrètent des
prostaglandines et des métalloprotéinases.
MMP entrainent la destruction de la matrice extracellulaire de la gencive et du desmodonte
Les prostaglandines agissent en détruisant l’os.
Cette réaction inflammatoire varie d’un sujet à un autre.
La Cytotoxicité
Les cellules de la réponse immunitaires (lymphocytes T) vont induire l’apoptose des cellules
infectieuses et des cellules infectées grâce à des granules qui vont induire (comme le
complément) l’opsonisation de ces cellules (création de pores membranaires).
Conclusion.
La réponse de l'hôte est déterminante dans la gestion de l'infection bactérienne.
Cependant, le système immunitaire joue un rôle ambivalent, sa mise en action entraîne à la
fois la destruction de l’agent pathogène mais aussi une destruction tissulaire (voir cours ,
La sécurité de la réponse immunitaire, est contrôlée en particulier par le complexe majeur
d'histocompatibilité et par des mécanismes génétiques qui la régulent indirectement.
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