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com/science/article/pii/S2211423818301160
Manuscript_e57ddd057ae0d4fcddb8b734909816c9
Presse Med. 2018; //: ///
Avis d'expert
L'empyème sous-dural : une urgence
neurochirurgicale sous-estimée
Correspondance :
Bertrand Mathon, Groupe hospitalier universitaire de La Pitié-Salpêtrière, service de
neurochirurgie, 47-83, boulevard de l'Hôpital, 75013 Paris, France.
bertrand.mathon@aphp.fr
https://doi.org/10.1016/j.lpm.2018.02.014
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
LPM-3540
© 2018 published by Elsevier. This manuscript is made available under the Elsevier user license
https://www.elsevier.com/open-access/userlicense/1.0/
B. Mathon, A-M Korinek
Avis d'expert
Figure 1
IRM cérébrale d'un ESD interhémisphérique parafalcoriel droit
A et B. Coupes axiale (A) et coronale (B) d'une séquence T1 injectée de gadolinium montrant une collection hypo-intense rehaussée en périphérie par le produit de contraste.
C. Coupe axiale d'une séquence de diffusion montrant la collection en hypersignal, attestant de son origine infectieuse. D. Coupe coronale d'une séquence T2 montrant la
collection en hypersignal.
neurologique, après 2 mois d'hospitalisation, dont 7 semaines de conscience (GCS 12/15), apparition d'une aphasie et majora-
en réanimation. tion du déficit moteur hémicorporel droit. La prise en charge
Deuxième cas chirurgicale, réalisée 24 heures après la consultation au SAU, a
Une patiente de 21 ans a été traitée par amoxicilline pour une comporté une méatotomie moyenne gauche, une évacuation
sinusite. Cinq jours après le début du traitement antibiotique, de l'ESD et une craniectomie de décompression.
elle a présenté une altération de l'état général et une hyper- Une bi-antibiothérapie intraveineuse a été instaurée ciblant
thermie à 40 8C. Un traitement par pyostacine fut alors introduit la flore polymicrobienne mise en évidence dans les prélève-
en remplacement de l'amoxicilline. Deux jours plus tard, elle ments opératoires, et une anticoagulation efficace a été dé-
consulte au SAU pur des troubles de conscience (GCS 14/15) et butée pour traiter la thrombophlébite cérébrale. Le bilan
un déficit sensitivomoteur du membre supérieur droit. Le scan- étiologique de l'ESD a retrouvé un abcès de la dent no 26,
ner cérébral injecté a retrouvé une pan-sinusite gauche et un en plus de la sinusite. L'évolution neurologique a été favorable
ESD frontal gauche compliqué d'une thrombophlébite du sinus au décours de 3 semaines d'hospitalisation en réanimation
longitudinal. Durant le transfert en service de neurochirurgie, neurochirurgicale, rendues nécessaires par une hypertension
l'état neurologique s'est aggravé avec majoration des troubles intracrânienne réfractaire.
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Avis d'expert
Figure 2
Scanner cérébral d'un ESD hémisphérique de la convexité gauche
A et B. Coupes axiales sans (A) et avec (B) injection de produit de contraste montrant une collection hypodense rehaussée en périphérie par le produit de contraste.
l'inoculum bactérien [8]. Si l'œdème cérébral est majeur, le volet neurochirurgicale et les mesures de lutte contre l'hypertension
crânien n'est pas reposé. La réalisation d'un simple trou de intracrânienne et les agressions cérébrales secondaires d'origine
trépan expose à un risque plus important de récidive de l'ESD systémique. Un traitement antiépileptique doit être administré
et donc de reprise chirurgicale [9]. Le traitement chirurgical de la précocement et systématiquement, en prévention primaire ou
porte d'entrée, notamment lorsqu'il s'agit du drainage d'une secondaire, du fait du fort potentiel épileptogène des ESD [10].
sinusite, est également indiqué, s'il est techniquement réali-
sable, afin d'augmenter la probabilité d'isoler une bactérie et
d'améliorer l'efficacité de l'antibiothérapie [8,9]. Conclusions
Le traitement des ESD nécessite une antibiothérapie la plus L'ESD est une urgence neurochirurgicale absolue. Tout retard de
précoce possible (dès le geste chirurgical effectué), à fortes prise en charge diagnostique et/ou thérapeutique expose le
doses. Lorsque la bactérie causale n'a pas été isolée, une anti- patient à un risque accru de décès ou de séquelles neurologi-
biothérapie probabiliste, ciblant les germes de la sphère ORL, les ques. L'évacuation chirurgicale de l'ESD, à l'aide d'une cranio-
plus fréquemment responsables des ESD, doit être débutée, et tomie large, doit être réalisée systématiquement et sans délai.
sera secondairement adaptée aux données bactériologiques, L'antibiothérapie doit être instaurée dès les prélèvements réa-
puis à l'antibiogramme. L'antibiothérapie doit être poursuivie lisés, et maintenue à doses méningées pendant plusieurs
par voie intraveineuse, puis per os pendant au moins 2 mois, semaines. Une prise en charge en réanimation neurochirurgicale
jusqu'à obtention des critères de guérison : cliniques (apyrexie, doit être envisagée selon l'état neurologique. La prévention et
état neurologique stable, porte d'entrée traitée), biologiques le traitement des crises épileptiques, fréquemment associées
(absence de syndrome inflammatoire) et radiologiques aux ESD, doivent être systématiques.
(absence de récidive scanographique).
Les autres modalités de la prise en charge thérapeutique sont, Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
selon l'état neurologique, un monitorage en réanimation liens d'intérêts.
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