Vous êtes sur la page 1sur 8

@ @.

………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

Les sanctions en matière des pratiques anticoncurrentielles

Nadia Lakli

Diplôme : -magistère en droit des affaires comparé.

En préparation d’un doctorat en droit des affaires comparé.

-Chercheur au sein de : « laboratoire droit économique et

environnement » à l’université d’oran « Algérie ».

Adresse électronique : lakli.nadia@gmail.com

Introduction :

I-les sanctions prononcées par le conseil de la concurrence

1. les injonctions

A-la variété des injonctions

B-limites au pouvoir d’injonction

2. les amendes

A.les critères de fixation de l’amende

B. la procédure de « clémence »

II-les sanctions prononcées par les juridictions judiciaires

1. les sanctions civiles


359
@ @.………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

A-la nullité

B-la réparation du préjudice concurrentiel

2. les sanctions pénales

A-les personnes concernées

B-les condition de l’incrimination / Conclusion

Introduction :

Le droit de la concurrence cherche à protéger le marché des pratiques qui portent atteinte à la
concurrence en limitant l’efficacité économique. Cette protection se manifeste par le biais de
prohibition des pratiques anticoncurrentielles, qui sont des comportements collectifs ou
individuels d’entreprises sur un marché pertinent, tendant à limiter la concurrence.

Les pratiques anticoncurrentielles recouvrent un large éventail de pratiques de gravités


diverses, (abus de position dominante, ententes verticales ou horizontales…). Et puisque le
droit de la concurrence est un droit répressif, de nombreuses sanctions sont donc attachées à sa
violation.

On peut distinguer deux grands types de sanctions pouvant être utilisées distinctement ou
conjointement : les sanctions administratives prononcées par l’autorité de la concurrence, et les
sanctions judiciaires prononcées soit par les juridictions civiles soit par les juridictions pénales.

Cette dualité de sanction vise le même objectif – remédier au trouble concurrentiel- sans
utilises le même moyen .

I-les sanctions prononcées par le conseil de la concurrence :

Le conseil de la concurrence est une autorité administrative- indépendante- et non pas une
juridiction, il ne peut donc prononcer que les sanctions administratives.

Ces sanctions administratives sont : les injonctions et les amendes.

1.les injonctions :

360
@ @.………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

Le pouvoir d’injonction est le premier mode d’intervenir du conseil1. Cette sanction s’avère
très utile lorsqu’il ne s’agit pas d’une entreprise mais une association ou une organisation
professionnelle qui dispose de ressources limitées.

Elle est aussi efficace quand l’atteinte à la concurrence résulte d’une disposition contractuelle,
car elle est considérée comme étant une « technique de remodelage » du contrat2 .

Le conseil de la concurrence dispose d’un pouvoir très large en matière d’injonction. Il peut
ordonner aux opérateurs intéressés de mettre fin aux pratiques, dans le délai qu’il détermine, ou
il impose des conditions particulières. Il s’agit donc d’un véritable moyen de rétablissement de
la concurrence entre les mains du conseil de la concurrence qui présente un caractère de «
réparation et de prévention »3, les injonctions peuvent d’ailleurs intervenir avant toute décision.

A.variété des injonctions :


Des injonctions très variées peuvent être prononcées par le conseil de la concurrence :
injonction de cesser la pratique anticoncurrentielle dans un délai déterminé, injonction de
suspendre une pratique, injonction de modifier une clause contractuelle, injonction de
communiquer des informations…ect…
Dès lors que la pratique prohibée n’est pas terminée, le conseil de la concurrence ordonne les
opérateurs concernés d’y mettre fin. On constate généralement ce genre d’injonctions dans le
domaine des ententes où le conseil peut ordonner aux parties de modifier leur contrat de
distribution afin de supprimer les clauses litigieuses.
Le conseil de la concurrence peut également ordonner aux parties concernées de prendre
certaines mesures afin de protéger la concurrence sur le marché.
Les injonctions doivent être formulées en des termes clairs et précis, le conseil de la
concurrence doit déterminer d’une façon détaillée son injonction4.En cas de doute sur le sens de
l’injonction, il appartient à l’entreprise concernée de saisir l’institution ayant prononcé
l’injonction pour s’en faire préciser les termes.
B-limites au pouvoir d’injonction :
Les injonctions prononcées par le conseil de la concurrence ne doivent pas dépasser le but
recherché, c'est-à-dire le rétablissement de la légalité et de la libre concurrence. Donc, le

1
M-C. Boutard Labarde, G. Canivet, E. Claudel, V. Michel-Amsellem, J. Vialens, L’application en France du
droit des pratiques anticoncurrentielles, L.G.D.J.2008, p.482.
2
M. Chagny, Droit de la concurrence et droit commun des obligations, Dalloz 2004, p.414.
3
L. Arcelin, Droit de la concurrence : les pratiques anticoncurrentielles en droit interne et communautaire,
P.U.R. 2009, p.213.
4
M-C. Boutard Labarde, G. Canivet, E. Claudel, V. Michel-Amsellem, J. Vialens, pré.cit., p.486
361
@ @.………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

conseil de la concurrence ne peut prendre que les mesures nécessaires pour faire face à
l’urgence.
En cas d’irrespect des injonctions, le conseil de la concurrence peut prononcer des sanctions
pécuniaires1.
2.les amendes :
Dotée bien évidemment d’un aspect punitif, l’amende présente un fort caractère dissuasif
2
.Plus le montant de l’amende est élevé, moins les agents économiques sont enclins à porter
atteinte à la concurrence.
Selon le conseil de la concurrence français3, la sanction pécuniaire a une double nature :
punitive et préventive. C’est pour cela, l’amende doit être fixée à un montant suffisamment
dissuasif.
A-les critères de fixation de l’amende :
Quelques critères doivent être pris en considération par le conseil de la concurrence pour fixer
le montant de l’amende. L’appréciation du montant de l’amende se fait en fonction de la gravité
des faits reprochés, c'est-à-dire de l’importance du dommage concurrentiel, ou de la situation de
l’entreprise sanctionnée.
Quant à la gravité des pratiques, le conseil de la concurrence prends en considération
l’importance du dommage causé à l’économie. On entends par « dommage à l’économie », la
gravité de l’atteinte à la concurrence par les pratiques prohibée.
L’autorité de la concurrence française considère que ce dommage « peut s’analyser
théoriquement comme la conséquence d’une allocation sous optimale des ressources et un
détournement de tout ou partie d’un surplus collectif au profit des auteurs des pratiques
anticoncurrentielles. »4.
La situation de l’entreprise concernée peut être prise en considération par le conseil de la
concurrence pour déterminer l’amende. Et pour apprécier cette situation, le conseil tiens compte
de la taille de l’entreprise5et de sa situation financière.
La situation financière de l’entreprise peut justifier l’absence de sanction, il en est ainsi par
exemple lorsque la société concernée est en redressement ou en liquidation judicaire6.

1
Art L.464-3 c.com.fr. et art.
2
L. Arcelin, pré. cit. p. 216.
3
V. rapport du conseil pour 2005, Etude thématique consacrée aux sanctions pécuniaires et aux injonctions, p.
102.
4
Rapport 1997
5
Le facteur le plus représentatif étant son chiffre d’affaires.
6
M-C. Boutard Labarde, G. Canivet, E. Claudel, V. Michel-Amsellem, J. Vialens, pré.cit., p.512.
362
@ @.………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

B-la procédure de « clémence » :


Les difficultés à détecter et à prouver les pratiques anticoncurrentielles ont conduit les autorités
de la concurrence1 à encourager les entreprises- parties à la pratique prohibée- à dénoncer cette
dernière, par le biais de « la clémence ».
La procédure de clémence tend à accroitre l’efficacité du droit de la concurrence2, car elle
encourage à dénoncer la pratique prohibée par l’entreprise- partie de cette pratique- en lui
exemptant, totalement ou partiellement, de la sanction pécuniaire.
Pour que l’entreprise bénéficie de cette procédure, il faut qu’elle soit la première à dénoncer
l’infraction, et que les autorités de concurrence n’aient pas antérieurement disposé
d’information et d’élément de preuve concernant la pratique anticoncurrentielle.
II-les sanctions prononcées par les juridictions judiciaires :
On entend par les sanctions prononcées par les juridictions judiciaires, la mise en œuvre du
droit de la concurrence par les juridictions, soit par les juridictions civiles soit par les
juridictions pénales.
1.les sanctions civiles :
Les textes de droit de la concurrence accordent peu de place aux sanctions civiles en matière
des pratiques anticoncurrentielles. Ces textes3 se contentant de faire référence à deux types de
sanctions civiles : la nullité et la réparation du préjudice concurrentiel.
A-la nullité :
La nullité est une sanction ressortissant de la compétence des juridictions et non pas du conseil
de la concurrence à cause de la nature administrative de ce dernier.
La nullité frappe tout engagement vise à porter atteinte à la concurrence. Quant à la nature de
cette nullité, il s’agit d’une nullité absolue car elle sanctionne une infraction qui touche l’ordre
public. En conséquence, toute personne qui a un intérêt légitime peut demander la nullité.
Les textes ne proposent aucune directive concernant l’étendue de la nullité, il appartient donc
aux juges du fond de la déterminer4.
Mais on se demande sur la nullité concernant les clauses contractuelles insérées dans contrat
portant atteinte à la concurrence ?

1
Les autorités américaines puis françaises et nationales.
2
Rapport du conseil de la concurrence français pour 2005, p. 142.
3
Art. 101§2 du T.U.E, art. L.420-3 du code de com. Fr. et art. 13 de l’ordonnance 03-03 relative à la
concurrence (dr.algérien) .
4
M-C. Boutard Labarde, G. Canivet, E. Claudel, V. Michel-Amsellem, J. Vialens, pré.cit.,p.581.
363
@ @.………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

La nullité d’une clause contractuelle n’entraine la nullité de la convention que si elle en


constitue la clause impulsive et déterminante. Donc, la nullité peut être totale ou partielle selon
la nature de la convention.
Il faut prendre en considération le principe de la « rétroactivité » de la nullité, car la nullité
d’une convention a pour conséquence de la priver rétroactivement de tout effet, ce qui entraine
la restitution réciproque, en nature ou en valeur.
On constate que la sanction de nullité est considéré en matière des pratiques
anticoncurrentielles comme étant un « mal nécessaire »1 .
B-la réparation du préjudice concurrentiel :
On entend par préjudice concurrentiel, toute atteinte à la concurrence sur un marché pertinent.
Et les conditions de la réparation en matière des pratiques anticoncurrentielles sont les
conditions classiques citées dans le droit commun.
La victime doit prouver : la faute, le préjudice et le lien de causalité entre eux.
Le demandeur de l’action en réparation doit prouver la faute de l’auteur de l’infraction, tel est le
cas d’éviction causé par les ententes anticoncurrentielles.
Et pour évaluer le préjudice causé par la pratique anticoncurrentielle, la victime de cette
pratique doit calculer sa situation financière pendant la période litigieuse et celle qui aurait
prévalu en situation de concurrence2.
2.les sanctions pénales :
A-les personnes concernées :
Les sanctions pénales sont adressées principalement aux personnes physiques. Ces sanctions
portent essentiellement sur les dirigeants de l’entreprise concernée, sauf si le dirigeant prouve
qu’il a procuré ses pouvoirs à une autre personne.
Les salariés de l’entreprise contrevenante sont également concernés, comme le directeur
commercial, le directeur des ventes, l’ingénieur ou simplement le secrétaire si les conditions de
l’incrimination sont réunies à leur encontre.
Mais quelles sont les conditions de l’incrimination pour prononcer une sanction pénale ?
B-les conditions de l’incrimination :
-la participation personnelle :
Cette condition est la conséquence directe du principe de « personnalité des délits et des
peines » , pour que la sanction pénale soit valable, la personne concernée doit participer
personnellement aux pratiques prohibées.

1
M. Chagny, préc. cité., p.65.
2
M-C. Boutard Labarde, G. Canivet, E. Claudel, V. Michel-Amsellem, J. Vialens, pré.cit., p.594.
364
@ @.………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

Cette participation peut être constatée par plusieurs éléments : participation à des réunions
portant des points anticoncurrentiels, coups téléphoniques, signature d’un document,
transmission d’informations sur les prix,…ect…
-la participation déterminante :
Cette condition est difficile à apprécier par les juges, car elle dépend du degré de l’atteinte à la
concurrence, autrement dit, du préjudice concurrentiel.
Selon un auteur, cette condition peut être appréciée en calculant « l’efficience économique »,
c'est-à-dire « sans l’intervention de la personne incriminée, l’entente n’aurait pu être réalisé »1.
-la participation frauduleuse :
Cette condition est certainement « la clé de l’incrimination », c’est le caractère frauduleux de
la pratique qui justifie la sanction pénale2.
Cette condition permet d’exclure la simple négligence de la personne incriminée, quant à la
détermination du sens exact de cette condition reste un point de vue. Cette condition doit donc
être apprécier par le juge lui-même. Mais on peu citer un exemple très courant en matière des
ententes anticoncurrentielles celui de « parallélisme de comportement s », où les auteurs de
l’entente essayent de dissimuler leur pratique prohibée par le biais de comportements similaires
sans conclure aucune convention. C’est le cas de pratiques concertés.
Conclusion :
Que se soit les sanctions administratives prononcées par le conseil de la concurrence, ou bien
les sanctions judiciaires prononcées par le juge civil ou pénal, les juridictions spécialisées
visent à protéger la concurrence sur le marché.
Nous avons constaté que la nature de la sanction dépend de la nature de la juridiction
spécialisée. Le conseil de la concurrence a des attributions limitées vis-à-vis sa nature
administrative, c’est sa nature d’ailleurs qui le rend « rigide » par rapport aux attributions
autorisée aux juridictions judiciaires.
N’empêche que le rôle de l’autorité de la concurrence reste incontestable en matière des
pratiques anticoncurrentiells.
Mais la prohibition des pratiques anticoncurrentielles n’est pas absolue, car il existe en droit de
la concurrence des causes d’exemption qui entraine la justification de ces pratiques.
Les textes disposent clairement que certaines pratiques ne sont pas soumises à la prohibition
lorsqu’elles résultent d’un texte législatif ou d’un décret pris pour les pratiques ; et si ces
pratiques contribuent au progrès économique. 1

1
M. Pédaman, Droit commercial, Dalloz, 2000, p. 465.
2
M-C. Boutard Labarde, G. Canivet, E. Claudel, V. Michel-Amsellem, J. Vialens, pré.cit., p.618.
365
@ @.………………N…………NN…………………………………………………………2336 -0615 ‫@@ ﺭﺩﻣﺪ‬2014@÷‰bß@@ZŠ’Ç@ÉibŽÛa@…†ÈÛa æìãbÔÛaë@éÔÐÛa@òÜ©

Les ouvrages :
• L. Arcelin, Droit de la concurrence : les pratiques anticoncurrentielles en droit interne et communautaire,
P.U.R. 2009.
• M-C. Boutard Labarde, G. Canivet, E. Claudel, V. Michel-Amsellem, J. Vialens, L’application en France
du droit des pratiques anticoncurrentielles, L.G.D.J. 2008.
• M. Chagny, Droit de la concurrence et droit commun des obligations, Dalloz 2004.
• M. Pédaman, Droit commercial, Dalloz, 2000.

‫ﻣﺠﻠﺔ ﺍﻟﻔﻘﻪ ﻭﺍﻟﻘﺎﻧﻮﻥ‬


www.majalah.new.ma
www.majalah-droit.ici.st

2336-0615@@@Z@@@ D‫د‬

1
Art 101§3 du T.U.E, art L.420.4 du c.com.fr. et art. 9 de l’ordonnance 03-03 relative à la concurrence «( dr.
Algérien).
366

Vous aimerez peut-être aussi