Droit de la concurrence

Les pratiques anticoncurrentielles (protection du marché)

Concentrations économiques
Concentration d'un marché : regroupement d'entreprises entrainant une modification durable de la
structure du marché, une perte d'indépendance des différentes entreprises regroupées et un
renforcement du pouvoir économique de l'ensemble.

=> Peut constituer une position trop forte ou la création d’un monopole => Anticoncurrentiel.

3 cas d’opération de concentration: fusion, prise de contrôle, entreprise commune.

Seuils européens (Commission Européenne)

CAHT global des entreprises impliquées : 5mds €
CAHT dans UE par au moins 2 entreprises : 250m€ (individuel)

Seuils français (Autorité de la Concurrence)

CAHT global des entreprises impliquées : entre 150m€ et 2,5mds€ (= petit seuil de la CE)
CAHT réalisé en France par au moins 2 entreprises : 50m€ (individuel)

Déroulement du contrôle
Doit notifier avant opération et lorsque les modalités sont connues (à l’autorité compétente) par lettre
recommandée

Phase 1 : Transmission du dossier à l’autorité examiné dans un délai de 25j ouvrés => Décision
(Autoriser avec ou sans condition ou Interdire)

En cas de doute au terme des 25j ouvrés : ouverture d’une phase 2

Phase 2 : Transmission dossier à un comité spécialisé => Délai de 90j ouvrés chez la CE, 65j ouvrés
chez l’AC => Décision idem phase 1 (pouvoir d’évocation du Ministre de l’Economie en France).

Voies de recours en France : Conseil d’Etat ou Cour d’Appel

Voies de recours en UE : TPICE

Sanctions
En cas de : - Absence de notification
- Notification de mauvaise foi
- Réalisation anticipée de l’opération
- Non respect des conditions de l’autorisation
- Réalisation malgré interdiction
Amende France : jusqu’à 5% du CAHT annuel + retrait autorisation
Amende en UE : jusqu’à 10% du CAHT annuel des entreprises + retrait autorisation

Les ententes
Une entente est un accord visible ou occulte qui engendre une perte d’autonomie décisionnelle. Cet
accord ayant pour objet ou pour effet d’atteindre à la concurrence.

Seuils de sensibilité
Seuil de 10% de PDM cumulées entre opérateurs pour entente horizontales (même niveau).
15% PDM pour ententes verticales

Sinon, pas de sanction encourue

Ex : pratiques relatives aux prix : prix prédateurs, augmentation des prix etc.
Répartition d’un marché : stabilisation des PDM, fixation de quotas de production/vente

Exemptions
Exemptions en cas de « bonnes ententes ». Divisé en entente catégorielle ou individuelles.

Catégorielle : c’est la CE qui, submergée par les demandes, indique que certaines ententes sont par
nature exemptées. Limites en terme de PDM. Pas de clauses noires autorisées.

Individuelles : Bilan avantage/inconvénient au cas par cas avec comme inconvénient : Atteinte à la
concurrence. Avantages : amélioration productivité, distribution, préservation des emplois…

Sanctions
Personne physique : 3m€ max
Personne morale : 10% du CA mondial max

+ peut ordonner la publication de la décision

L’abus de position dominante

L’abus de position dominante désigne des comportements engendrés par l’absence de pression
concurrentielle de sorte qu’une entreprise ne se soucie pas du comportement des concurrents.

Exemple : Obligation d’accepter des délais de paiement très longs.

Seuils
Au-delà de 50% de PDM: position dominante présumée.
En dessous de 10% absence de PD présumée.
A nuancer en fonction des forces en présence.
Sanctions
10% du CA mondial. Prononcé par la CE ou l’AC.
La concurrence déloyale (protection des concurrents)

Les sanctions communes aux comportement déloyaux

Question souvent posée au DSCG: que peut faire l’entreprise victime de concurrence déloyale ?

Comportement déloyal => Action en concurrence déloyale =>

Mise en œuvre de la Responsabilité Civile Délictuelle (= indémnisations)

Rappel sur la RCD : Fait générateur (comportement déloyal) + Préjudice (perte de CA) + Lien de
causalité (concomittance entre fait générateur et préjudice).

Imitation/Confusion
Définition : recherche de confusion dans l’esprit du consommateur via des techniques telles que
l’imitation, le parasitisme, la confusion.

Attention, la contrefaçon n’est pas de la concurrence déloyale. Contrefaçon = violation de droit de

propriété industrielle.

Imitation : - Ressemblances nombreuses

- Ressemblances non dues à des contraintes techniques
- Ressemblances peu nombreuses mais systématiques
Génère confusion :
- Forte notoriété de la marque / du produit imité
- Force de l’argument dépend du produit
o Achat spontané => ressemblances plus vagues
o Achat réfléchi => exigences plus fortes du juge

Moyens de défense inefficaces : ignorance de l’imitation (je savais pas), absence de commercialisation
(j’ai rien vendu pour l’instant), absence de ressemblance.

Moyens de défense efficaces : absence d’originalité des points « imités » (tout le monde fait ça),
absence de notoriété du produit imité, absence d’antériorité des points imités (cas de 2 menuisiers qui
imitent un autre menuisier d’il y a des siecles, si l’un attaque l’autre, il sera débouté).

Dénigrement
Définition : jeter publiquement le discrédit sur un produit ou une entreprise concurrente, identifié ou
identifiable. Si un élément est absent, ce n’est pas du dénigrement.

Méthodes : dénigrement sur le fabricant d’un produit, sur un produit, la politique commerciale, les
méthodes commerciales, situation financière.

Moyens de défense efficaces : caractère non public de la critique, absence d’intention de nuire,
critique « mesurée » (admis seulement non concurrent), véracité de la critique + liberté d’expression
(admis seulement si non concurrent. Ex : 60 millions de consommateurs), humour (admis seulement si
non concurrent).

Désorganisation de l’entreprise concurrente

L’intention ici est primordiale, il faudra la prouver via la méthode de « faisceau d’indices » : postes
stratégiques, postes clés…

1) Débauchage déloyal
Le débauchage n’est pas mal en soi. Il est déloyal lorsqu’incitations mensongères, débauchage massif.

Moyens de défense : réorganisation de l’entreprise d’origine, mauvaise santé financière de l’entreprise

d’origine.

2) Création d’entreprise déloyale

Ex : - Création d’entreprise par les anciens salariés.
- Salarié crée une entreprise concurrente alors qu’il est encore en poste. Connait des infos stratégiques
de son entreprise employeuse qui est sa concurrente. Salarié s’empare d’un fichier clientèle.

3) Désorganisation du réseau de distribution

Court circuite le réseau de distribution sélective. Respecte pas les conditions de distribution.
Les pratiques restrictives de la concurrence (protection des
cocontractants)

Entrée en relation commerciale

Les Conditions Générales de Vente
Socle unique de la relation commerciale : partie fixée par le fournisseur, non négociable.

Plus obligatoire depuis 2019. Communication obligatoire sur demande (sauf si pas rédigées) d’un
professionnel dans le cadre de sa propre activité. Refus possible si acheteur « farfelu ».

Contenu : barème des prix, réductions dégressives éventuelles + conditions de règlement (mode
règlement + délais).

CGV catégorielles. Avant c’était des CGV uniques pour tout le monde.

Sanction : - Refus de communication des CGV

- Communication de CGV différentes à des acheteurs d’une même catégorie
=> Amende Admin: 15k si PP, 75k si PM

Convention récapitulative
Services de coopération commerciale : Ex : produit en tête de gondole, packaging adapté au linéaire.

Mesures favorisant la relation commerciale : Ex : livraison en point de vente, publicité sur le produit.

Date de la convention : 1, 2 ou 3 ans. Si 2 ou 3 ans, indiquer modalités de révision du prix.

Date de conclusion : Pas de cycle de commercialisaiton : 1er Mars de l’année en cours au plus tard.
Sinon : 2 mois après début de cycle.

Sanction en cas d’absence de convention récapitulative :

Amende admin 75k si personne physique, 375k si personne morale. Récidive : double

Exécution de la relation commerciale

Obligation de facturation
Cadre professionnel : achat de produits / prestation de services. Soit le vendeur délivre la facture, soit
l’acheteur réclame.

Contenu : Identités, date, désignation produit, prix unitaire catalogue, réductions de prix acquises,
délai et conditions de paiement

Sanction : Amende admin 75K personne physique, 375k personne morale. Récidive : double

Délais de paiement
Délai normal : 30j. Départ : livraison ou prestation.

Délai plus court si accord des parties. Obligatoire pour certaines marchandises (périssable
notamment).

Délai plus long :

- Accord « simple » des parties (CGV) : 60j max, départ : émission facture
- Stipulation expresse du contrat (CPV) : 45j fin de mois, départ : émission facture à condition qu’il
n’y ait pas d’abus à l’égard du créancier.

Sanction : Amende admin 75k PP, 2m€ PM. Récidive : double

Equilibre contractuel
Interdiction : d’avantage indu ou de clause déséquilibrante. Obtention ou tentative.

Sanction : Responsabilité Civile Contractuelle ou Délictuelle (si on est parvenu à ce déséquilibre).

Indémnisation du préjudice.

Rupture de la relation commerciale

Liberté du commerce
Possibilité de rompre : CDI => A tout moment en principe.
CDD => Lors de l’arrivée du terme.
Dans tous les cas : en cas de manquement grave à ses obligations de l’autre partie adverse.

Rupture abusive : Absence de préavis, délai de préavis : max 18 mois.

Sanction : Responsabilité civile de l’auteur de la rupture, indémnisation du préjudice subi.

Pratiques relatives au prix

Revente à perte
Interdit. Suppose un achat pour revendre (négoce).

Sanction : Amende administrative de 75k

Seuil de Revente à Perte : Jusqu’en 1996 : prix facture. Depuis 2008 : triple net sur prix catalogue
(prix facture - réductions de prix acquises – ristournes par marge arrière + taxes).

Marges arrières : Remise à la fin de l’année en fonction des achats effectués.

Prix de Vente Imposé

Interdit : prix de revente minimal imposé.
Sanction : Amende Admin 15k
Autorisé : Prix de revente maximal. Ou minimal mais « conseillé ».

Réalité contre apparence :

Pratique 1 : prix de vente minimal conseillé, mais en réalité imposé. Sanctionne.
Pratique 2 : Prix de vente maximal imposé => Marge très faible qui cache prix de vente minimum.
Sanctionne.