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A l’issue du bilan orthophonique, une rééducation est éventuellement

proposée au patient et à sa famille.

Les données recueillies (éléments d’anamnèse, résultats aux tests,


données de l’observation, analyse des productions de surfaces et des
comportements) ont permis l’élaboration d’un projet thérapeutique
orthophonique.

Le projet thérapeutique s’articule autour d’objectifs thérapeutiques


généraux pour :

 Remédier aux troubles du langage.


 Améliorer la communication et l’insertion sociale et scolaire.
 Faciliter les apprentissages.

Les objectifs de la rééducation :

Les objectifs de la rééducation sont multiples et se réajustent


régulièrement :

 Ils sont différemment répartis selon l’âge de l’enfant et


l’organisation scolaire.
 Ils dépendent aussi du degré de sévérité des difficultés repérées.
 L’évaluation doit être précise afin de fixer des objectifs qui visent à
améliorer les domaines travaillés sans se cantonner à une norme d’âge
ou de classe.
 Sur un plan technique, la rééducation doit porter sur le
renforcement des compétences, pour essayer d’amener l’enfant à de
meilleures performances, en se basant sur les compétences émergentes.
Ce sont les démarches de remédiations spécifiques ;

 Sur les domaines performants, pour aider l’enfant à développer des


compensations. Globalement, les objectifs sont :
o Restaurer le plaisir de l’enfant quant à l’écrit (savoir raconter des
histoires, utiliser des livres attractifs…) ;
o Aider l’enfant à se sortir d’une situation d’échec, lui donner une
meilleure qualité de vie, l’aider à retrouver l’estime de soi ;
o Aider les parents à percevoir les potentialités de leur enfant, à
l’accepter avec ses difficultés, dans sa différence ;
o En cas de problème sévère, amener les parents à accepter un
doublement ou une réorientation, ou encore une thérapie particulière ;
o Les aider dans les démarches : demande d’aménagement
d’examen, demande d’une Auxiliaire de Vie Scolaire (AVS).

I. La rééducation des dyslexies-dysorthographies

A. La dyslexie-dysorthographie phonologique :

Le travail va porter sur le développement de correspondance entre le


code oral et écrit et de l'analyse perceptive, en faisant faire à l'enfant
beaucoup d'exercices de métaphonologie sur le langage oral avec
possibilité de jouer sur le visuel, auditif, tactile, gestuel, varier les supports
et d’introduire le ludique.

 Segmentation de mots dans une phrase,


 Identification des mots et réutilisation dans d'autres phrases,
 Identification des syllabes des mots, en faisant des exercices de
frappes et de rythmes, ou avec une implication motrice plus générale.
Exemple :
1) Taper les mains à chaque fois que l’on entend une syllabe (dans le
mot lapin on tape 2 fois parce qu’il y a 2 syllabes la-pin).
2) Mettre la main sur la bouche et compter le nombre de fois où les
lèvres bougent (macaroni les lèvres bougent 4fois ma-ca-ro-ni).
 Jeux sur les syllabes des mots, en initiales ou en finales.
 Retrouver des mots commençant pareil ou finissant pareil, trouver
des intrus phonétiques...
 Discrimination auditive sur des paires de mots, repérer si les mots
existent ou non.
 Repérage de certains indices visuels pour l'identification des mots.
 Repérage des voyelles, des indices de longueur, des rapports entre
longueur d'émission vocale du mot et longueur du mot écrit.
 Repérage de l'importance de la séquentialité au niveau des mots
de la phrase, puis des syllabes dans le mot, puis des sons dans les
syllabes.
 En cas de trouble de la séquentialité, il est souvent utile de faire un
travail au niveau de l'orientation spatiale et de la séquence sur un
matériel non linguistique.

 Travail sur la mémoire immédiate.


 Reprendre les conversions grapho-phonémiques avec des supports
gestuels et visuels en travaillant simultanément la lecture et la
transcription d'abord avec étiquettes puis en faisant transcrire.
 Renforcer l'utilisation de la voie lexicale par un apprentissage
global de petits mots fonction ou de mots usuels très irréguliers.
 Lexique orthographique : augmenter le nombre de mots, et affiner
la qualité des représentations.
B. Dyslexie-dysorthographie de surface :

Il n'y a pas de déficit important de la voie phonologique, mais une


incompétence visuelle formelle.

 Renforcer la voie lexicale en développant la prise d'indices visuels,


d'abord sur un matériel non linguistique, puis sur des mots.
 Entraîner l'enfant à reconnaître en global des mots courants ou
irréguliers faisant partie de son stock visuel pour qu'il ait une approche
moins analytique en lecture.
 Utiliser les indices contextuels
 Développer les reconnaissances de catégories grammaticales
pouvant servir de repères visuels (marques syntaxiques)

C. Dyslexie-dysorthographie visuo-attentionnelle :

Travailler l'attention, la perception et la mémorisation visuelles, d’abord


sur un matériel non linguistique.

 Mettre en place des stratégies de traitement de l'information


visuelle, au niveau observation, balayage, prise des indices pertinents,
comparaison des traits visuels, organisation.
 Rechercher des stratégies de contrôle de l'impulsivité.
 Rechercher des intrus visuels dans toutes sortes de jeux ou de
séquences graphiques, puis sur du matériel verbal.
 Faire mémoriser dans l'immédiat des formes graphiques en
demandant une évocation à plus ou moins long terme différée.
 Développer le lexique visuel des mots.
 Travailler sur le maintien de l'information en mémoire pour la
compréhension : commencer par des textes courts et augmenter la
longueur, travaillé sur les liens entre les éléments.
 Rechercher des stratégies de compensation pour améliorer la
compréhension (surlignage dans le texte, mettre des titres...).

La rééducation des enfants avec des dyslexies-dysorthographies est


souvent longue avant d'arriver à une systématisation et une utilisation
fonctionnelle des acquis. De plus, les progrès ne se font pas
immédiatement sentir en classe, et on risque souvent d'assister à une
démotivation de l'enfant et de sa famille si les résultats scolaires ne
s'améliorent pas.

Il faut donc informer l'enfant et les parents sur l'évolution de la


rééducation et veiller à la généralisation des acquis.

Affiner les habiletés telle la segmentation phonétique, consolider les


processus de mise en correspondance des phonèmes avec les graphèmes,
étendre le lexique, en affiner la précision sémantique, développer la
constitution du lexique orthographique visuel, constituent des modalités
rééducatives dont le modèle confirme l'intérêt.

L'intégrité des fonctions mnésiques est essentielle à chaque étape du


traitement de la production d'un mot écrit : les stratégies rééducatives
doivent en tenir compte et intégrer le traitement des capacités cognitives
déficientes. En dehors du travail sur les déficits en eux-mêmes, il faut
rendre l'enfant autonome et lui donner des stratégies pour qu'il puisse seul
retrouver les moyens de compensation travaillés en rééducation.
II. La rééducation des dyscalculies

Le premier point à travailler, et donc le plus important, est la motivation


et l’estime de soi. En effet, il n’est pas évident pour un enfant de continuer
à travailler les mathématiques alors qu’il pense être un cas désespéré.
Cette rééducation peut nécessiter le passage par une rééducation
psychomotrice centrée sur l'organisation du schéma corporel.

Voici quelques exercices types pour travailler le schéma corporel :

Il s’agit d’apprendre à l’enfant à connaitre son corps, puis à le


représenter, la représentation étant le signe que l’image mentale du corps
est bien construite.
 Il faut aider l’enfant à se reconstruire, mais en respectant les étapes
par lesquelles il aurait dû passer, et la première de ces étapes est bien la
découverte du corps propre.
 Ainsi, sans voler le travail aux psychomotriciens, nous devons
utiliser le corps, le mettre en mouvement, ce qui sera, bien sûr,
l’occasion de mettre des mots sur cette activité.

- L’utilisation des images est très importante :

On place les photos, sur le bureau, et à tour de rôle nous allons en


piocher une. Celui de nous deux qui a pioché ne doit pas montrer la photo
à l’autre, il doit prendre la même position que le petit garçon de la photo
et ne plus bouger. L’autre va alors saisir la photo et vérifier que ce qu’il a
sous les yeux en réalité est bien identique à ce qu’il voit sur la photo.

- L’utilisation du miroir est bien utile :

Le contrôle visuel aide les enfants à mieux se positionner, ils peuvent


alors comparer l’image renvoyée par le miroir à la photo-modèle.
Ce travail avec des photos permet d’aborder les positions du corps dans
l’espace : debout, assis, couché, à genoux, appuyé sur les coudes, un bras
en l’air, l’autre baissé…
- Les encastrements du schéma corporel.

Comme on le sait, les enfants dyscalculiques ont des difficultés dans le


temps et dans l’espace.

Voici quelques exercices types visant à améliorer ces notions :

L’espace :

L’ordre dans lequel se font les acquisitions sur la maitrise de l’espace :


Haut / bas
Sur / dans
Sur / sous
Devant / derrière
A côté de
Entre
A gauche / à droite
Autour / au milieu / à travers / au bord

Après avoir choisi une photo qui représente un petit garçon sur, sous,
devant, derrière, à côté de, de l’autre côté d’une chaise, un bureau, des
étagères, il faut l’imiter en verbalisant bien sûr.

- La manipulation d’objets dans l’espace :

 Il s’agit bien sûr de tous les jeux : les animaux de la ferme, les
petites voitures qui passent sur les ponts, sous les ponts, devant la gare
ou derrière l’école…

 Les parents doivent travailler à la maison les notions de l’espace


par exemple : va me chercher s’il te plait, tes chaussettes qui sont dans
la commode de ta chambre, dans le tiroir du bas.
 Mettre des images sur la table et donner des consignes par
exemple montre-moi le garçon qui se trouve devant la maison et l’enfant
doit montrer l’image correspondant à la consigne.

 Présenter des images : À partir d’une réalisation, trouver la photo


qui y correspond ; à l’inverse, à partir d’une photo, faire la réalisation
dans l’espace ; sans voir la photo mais guidé par les consignes orales
données par celui qui la tient, réaliser... Et enfin regarder la photo et
donner les consignes à quelqu’un qui ne la voit pas (à l’orthophoniste).

 Pour l’acquisition des notions de droite/gauche, on explique aux


parents quelle est la progression naturelle : l’enfant repère d’abord sur
soi, puis par rapport à soi, puis les choses les unes par rapport aux autres,
et enfin il devient capable (à 6/7 ans) d’inverser, c’est-à-dire de
comprendre que ma main droite est en face de sa main gauche si nous
nous tenons face à face.

 Il est important de respecter cette progression si on veut vraiment


que les notions soient acquises.
 Les parents doivent travailler à la maison ces termes, l’enfant
commence alors à organiser l’espace par rapport à l’axe central que
représente son corps : il y a des choses à ma droite, d’autres à ma
gauche.
 On se promenant en voiture, les parents parlent avec leurs enfants
on va tourner à droite ou à gauche.
 Il faudra expliquer aux parents que le puzzle n’est pas seulement
un jeu, une occupation ludique, mais c’est grâce à lui qu’on travaille
l’acquisition de la maitrise d’espace et du vocabulaire spatial.
 On leur conseille donc de faire des puzzles avec leur enfant à la
maison en faisant des commentaires qui permettent de situer les
différentes pièces dans l’espace.
Concernant les notions de temps :

Pour travailler la notion de temps :


 Il faudra expliquer aux parents qu’il faut commencer par l’histoire
personnelle, raconter à l’enfant ce qui s’est passé avant sa naissance le
jour de l’accouchement les premiers jours de sa vie, la naissance du
grand ou du petit frère, les anniversaires en lui montrant des photos sur
un album.

 Inciter les parents à utiliser le vocabulaire du temps : avant, après,


plus tard, dimanche prochain, l’année dernière, voyons voir qu’est-ce
qu’on va faire le week-end prochain ? le week-end dernier, tu te
souviens, on est allés chez mami…

 En séance de rééducation, il faudra toujours faire un classement


chronologique des activités que nous allons travailler en donnant des
notions de successivité (d’abord, ensuite, après, plus tard).

 On peut faire succéder les différentes activités de la journée, ou


prendre une activité et en étudier les différents moments dans leur
chronologie, avec les moindres détails…

 Dessins séquentiels à mettre en ordre.

 Prendre un calendrier est chercher le jour de l’anniversaire de


l’enfant et celui de l’orthophoniste ou de son frère ou sœur et voir qui
est avant qui, quel âge ils ont…

 À la maison les parents peuvent prendre un calendrier et noter les


événements intéressant à venir (arrivée de mamie, les prochaines
vacances, l’anniversaire du cousin…) ; cela permet à l’enfant de visualiser
le temps qui passe, le temps qu’il reste à attendre entre maintenant et
l’événement en question.
 Le soir, avant que l’enfant n’aille au lit, sortez le calendrier et
demander lui de barrer le jour qui se termine, ça y est, vendredi est fini,
on va dormir, fais de beaux rêves, quand tu te réveilleras demain, on sera
samedi, et demain il n’y aura pas d’école, tu sais le samedi, il n’y a pas
d’école, tous les samedis tu restes à la maison…etc.

 Le lendemain matin, au réveil, prenez le calendrier et montrer lui


la date du jour en faisant des commentaires.

 Le travail sur les mois de l’année.

 Les saisons : quand l’enfant commence à avoir ses repères au


niveau des jours et des mois, les saisons s’inscrivent tout naturellement
dans les acquisitions qu’il est capable de faire.

Dans la rééducation spécialisée des dyscalculies, la rééducation se fait


progressivement à l’aide d’exercices rapides (une vingtaine de minutes) à
effectuer régulièrement (le mieux étant, quotidiennement). D’autres
personnes adoptent un autre timing hebdomadaire de 30 minutes par
séance.

En général, le rééducateur peut effectuer avec l’enfant des activités sur


les pistes suivantes :
 Structure des classifications.
 Structure de sériations (rangements par ordre de taille).
 Invariance des quantités, construction de l’espace et du temps.
 Des mouvements de comptage.
 De regroupement et de correspondance.

 Exemples d’exercices :

L’orthophoniste peut faire travail sur la structure logique par


exploitation des jeux multiplicatifs construction de matériels de série.
 Ranger dans l’ordre croissant ou décroissant une série d’objets.
 Intercaler (insérer) un objet dans une série d’objets rangés dans
l’ordre croissant ou décroissant.
 Ranger une série de figures géométriques dans un ordre croissant
ou décroissant.
 Ranger une série d’images représentant le même objet de tailles
différentes.
L’objectif est, entraîner l’enfant aux capacités à effectuer des
rangements dans l’ordre croissant et décroissant, à différents niveaux
d’abstraction.
 Utiliser l'ordre chronologique pour les énoncés de problèmes avec
un schéma sur une flèche.
 Apprentissage de l'heure et travail sur calendrier.
 Travail sur le vocabulaire temporel.
 Utilisation de codages et repères sur la feuille.

Toutes ces activités sont réalisées à partir des jeux de cartes ou de jetons.

Pour travailler l’addition ou la soustraction, l’utilisation d’outils et de


supports tel que le boulier, les billes, les jetons, les bâtons d’allumette…
peuvent être un support très utile pour les enfants n’arrivant pas à
effectuer des opérations mentales.

Pour travailler la multiplication ou la division, on peut commencer par


travailler sur des paquets d’objets. Par exemple, 15 billes forment 3
paquets de 5 billes. 20 billes forment 4 paquets de 5 billes etc.
L'accession aux opérations abstraites est très progressive et la
dualisation de la relation au rééducateur joue souvent un rôle positif
dans l'abord des facteurs psychoaffectifs de la dyscalculie.

Le but de cette rééducation n'est pas seulement la rétention d'une


notion bien précise mais l'accession, au stade des opérations formelles,
indispensable à la compréhension d'un raisonnement complexe.
III. La rééducation des dysgraphies

À l’instar des autres troubles du langage et de l’apprentissage, la


dysgraphie elle peut très bien se soigner grâce à une rééducation de
l’écriture adaptée aux besoins et à l’importance du problème de l’enfant.
Appelé « graphothérapie », le traitement proposé pour soigner le trouble
dysgraphique vise à corriger :

 Le geste d’écriture : moins tendu, plus décontracté et ce en vue de


favoriser l’automatisme ;
 La posture générale : position des doigts, des mains, du poignet, du
bras, de l’épaule, du dos… ;
 La tenue de l’outil ainsi que la pression exercée sur ce dernier ;
 La formation des lettres : tracé (cercles, droites, arcades,
courbes…), liaison, etc.
 La motricité fine.

Par les corrections ainsi effectuées, le graphothérapeute ne vise pas à


modifier l’écriture du patient, mais plutôt sa manière d’écrire en vue
d’améliorer sa production écrite pour la rendre plus lisible.
Pour atteindre cet objectif, il utilisera plusieurs techniques
 Des exercices de relaxation ;
 Des exercices de motricité fine et générale ;
 Des exercices de contrôle de pression ;
 Des exercices de coordination cinétique ;
 Des exercices de graphomotricité ;
 Des exercices de repérage spatio-temporel ;
 Des exercices de mémoire ;
 Des exercices audio et visuels ;
 Des exercices de graphisme ;
 Des exercices d’écriture et de calligraphie.

La durée du traitement dépendra essentiellement des besoins du


dysgraphique. Ayant une grande connaissance de la psychologie infantile,
le graphothérapeute peut proposer jusqu’à 18 séances de 45 minutes
chacune, dont une ou deux par semaine, si cela est nécessaire.

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