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EMC - Dermatologie 1
Volume 25 > n◦ 3 > août 2023
98-490-A-10 Hypodermites aiguës et chroniques
Érythème noueux
Secondaire sclérosante
– Morphée profonde
À prédominance – Panniculite sclérosante postradiothérapie
septale
Périartérite noueuse
Vascularite leucocytoclasique
Vascularite nodulaire
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Hypodermites aiguës et chroniques 98-490-A-10
nodules sont majorés par l’orthostatisme. Ils disparaissent en sui- la recherche des causes fréquentes ou qui nécessitent un traite-
vant les couleurs de la biligénie en une dizaine de jours, sans ment spécifique.
s’ulcérer, sans cicatrice ni dépression (Fig. 2 à 4).
Traitement
Histologie Il est étiologique si une cause a été identifiée, et toujours symp-
tomatique : repos au lit, antalgiques, anti-inflammatoires non
La biopsie n’est pas nécessaire dans les cas typiques. Si elle était
stéroïdiens (AINS) et, en cas d’échec, colchicine ou dapsone.
pratiquée, elle montrerait un infiltrat inflammatoire prédominant
dans les septums interlobulaires sans lésion vasculaire ; les aspects
varient avec l’âge des lésions [8] . Au stade précoce, les septums Panniculites à prédominance septale
sont infiltrés par des polynucléaires neutrophiles. Ces septums, « secondaires » avec infiltrat granulomateux
épaissis par l’œdème et la suffusion hémorragique, enserrent les prédominant
lobules (constituant des aspects en « collier »). À un stade plus
Granulome annulaire profond
tardif, on voit de la fibrose, un infiltrat lymphohistiocytaire et des
cellules géantes. Les granulomes/rosettes de Miescher sont pré- Clinique. C’est une forme peu fréquente de granulome annu-
sents dans 80 % des cas [9] , mais peuvent être vus dans d’autres laire, surtout observée chez l’enfant. Les lésions, localisées aux
hypodermites [10] . Ils correspondent à des agrégats d’histiocytes faces antérieures des jambes et des pieds, ne sont pas doulou-
de disposition radiaire autour d’un espace clair, parfois encadrés reuses [15] (Fig. 5).
par des neutrophiles (Fig. 2). Histologie. Des granulomes palissadiques sont localisés dans
le derme profond et l’hypoderme, centrés par un territoire de
nécrobiose riche en mucine entouré d’histiocytes. Un sarcome
Étiologies
épithélioïde doit toujours être éliminé, notamment en cas de loca-
Les causes les plus fréquentes, en France, sont les infections à lisation unique.
streptocoques bêtahémolytiques [11] . La tuberculose est une cause Traitement. L’abstention est habituelle en l’absence de gêne
rare. Une liste non exhaustive des étiologies est détaillée dans le fonctionnelle et du fait de la régression souvent spontanée.
Tableau 1.
Des entités avec des présentations cliniques distinctes (forme Nodule rhumatoïde
unilatérale, migratrice ou chronique), mais avec une histologie Clinique. Ce sont des nodules hypodermiques, mobiles, indo-
similaire à celle de l’EN (panniculite septale sans atteinte vas- lores, situés en regard des reliefs osseux, qui apparaissent après
culaire), ont été rapportées, telles que l’EN migrant [12, 13] , la plusieurs années d’évolution de la polyarthrite rhumatoïde (PR)
panniculite subaiguë migratoire de Vilanova et Piñol [14] ou l’EN chez 10 à 20 % des patients.
chronique. Histologie. Elle est très proche de celle du granulome annu-
laire profond, mais s’en distingue par des dépôts de fibrine [6, 16] .
Examens complémentaires Un diagnostic différentiel est l’EN favorisé par une PR [17] . Le
Le diagnostic d’EN est clinique. Les examens complémentaires nodule rhumatoïde profond hypodermique se distingue de l’EN
sont orientés par le contexte épidémiologique, les signes cli- par la présence dans les septums de granulomes centrés par des
niques éventuellement associés (diarrhée, pharyngite, etc.) et par dépôts de fibrine.
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98-490-A-10 Hypodermites aiguës et chroniques
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Hypodermites aiguës et chroniques 98-490-A-10
Tableau 1.
Étiologies de l’érythème noueux (liste non exhaustive).
Infections bactériennes Brucella Pasteurella
Campylobacter Rickettsia
Chlamydiae Salmonella
Fièvre Q Shigella
Leptospirose Streptocoques
Maladie des griffes du chat Syphilis
Mononucléose infectieuse Tularémie
Mycobactérioses Yersiniose
Mycoplasme
Infections virales CMV
EBV
Hépatites B et C
VIH
Nodules des trayeurs
Infections fongiques et parasitaires Amibiase
Ascaridiose et taeniasis
Blastomycose
Coccidioïdomycose
Histoplasmose
Toxoplasmose
Trichophytose
Maladies systémiques Maladie de Behçet Polychondrite atrophiante
Entéropathies inflammatoires (maladie Maladie de Takayasu
de Crohn, rectocolite hémorragique) Maladie de Horton
Maladie cœliaque Néphropathie à IgA
Sarcoïdose Maladie de Still
Cirrhose biliaire primitive Lupus érythémateux
Hémopathies et cancers Maladie de Hodgkin
Lymphome
Leucémie
Cancers solides
Médicaments (cas déclarés en Énoxaparine
pharmacovigilance sous le terme Azathioprine
érythème noueux, avec récidive lors de Cotrimoxazole
la reprise) Minocycline
Filgrastim
Estroprogestatifs
Dabrafenib et trametinib
Autres Acné fulminans
CMV : cytomégalovirus ; EBV : virus Epstein-Barr ; IgA : immunoglobuline A ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine.
Les causes les plus fréquentes en France sont les infections à streptocoques, la sarcoïdose, les entéropathies inflammatoires. Les causes médicamenteuses rapportées ne sont
que très rarement démontrées. Une étiologie n’est trouvée que dans la moitié des cas. Les épisodes récidivants se voient plus souvent au cours des maladies inflammatoires
chroniques.
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de possibles modifications dermiques (fibrose, cellules dystro- et ont une évolution plus chronique avec de fréquentes réci-
phiques) (Fig. 2). dives [33] . L’évolution vers une atteinte systémique est rare [24, 34] .
L’artérite maculeuse lymphocytaire est une entité controver-
Lipodermatosclérose
sée correspondant à une variante de PAN caractérisée par un
Clinique. Localisée aux membres inférieurs, responsable infiltrat intrapariétal majoritairement lymphocytaire et non
d’une induration et d’une hyperpigmentation, elle complique neutrophilique, et ayant selon certains auteurs une évolution
l’insuffisance veineuse chronique. À la phase aiguë, un érythème plus indolente [35] .
douloureux peut être observé [21] .
Histologie. On observe un épaississement fibreux des sep- Traitement
tums [8] et des altérations des fibres élastiques [8] . Une nécrose La corticothérapie orale est débutée à 1 mg/kg par jour de
adipocytaire, des extravasations d’hématies et une infiltration prednisone, associée à un traitement d’épargne cortisonique (aza-
lymphocytaire peuvent être présentes au stade précoce, alors que thioprine, mycophénolate mofétil, cyclophosphamide...) dans les
les lésions tardives contiennent des dépôts de fer et des aspects de formes systémiques. Pour les formes cutanées, les AINS ou la col-
panniculite membranokystique. chicine sont proposés en première ligne [36] .
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Histologie. Au stade précoce, un infiltrat discret de polynu- associé à des territoires de nécrose adipocytaire et d’hémorragie
cléaires neutrophiles se dispose entre les fibres de collagène du (aspect comparable à celui d’une panniculite infectieuse, du fait
derme et au sein des lobules, associé à de la nécrose adipocytaire d’une possible surinfection secondaire). La présence de corps
et de la lipophagie [8] . Plus tardivement, on observe un infiltrat étrangers en lumière polarisée, de granulomes épithélioïdes au
massif de polynucléaires neutrophiles dans le derme profond, les contact de vacuoles optiquement vides (injection de produits
septums et les lobules [46, 47] . contenant des lipides) est très évocatrice du diagnostic.
Le diagnostic repose sur le dosage de l’alpha-1-antitrypsine et
Panniculite lobulaire de la polyarthrite rhumatoïde
du séquençage du gène SERPINA1 (OMIM # 613490).
Les panniculites associées à la PR ont été traitées plus haut.
Syndrome de Sweet profond
Clinique. Il s’agit de nodules douloureux, tendus, touchant Panniculites septiques
plutôt les extrémités (membres inférieurs) [48] (Fig. 3, 8). Des cas Clinique. Elles surviennent habituellement chez des immu-
de syndromes de Sweet profonds, nécrotiques avec atteintes des nodéprimés (Fig. 3, 9). Les lésions sont localisées sur des zones
muscles profonds et des fascias mimant une fasciite nécrosante exposées (pieds, membres inférieurs, mains) en cas d’inoculation
ont été rapportés [49] . Comme dans les syndromes de syndrome directe ; une dissémination par voie hématogène est également
de Sweet superficiels, une hémopathie, une tumeur solide ou une possible [52] . Des signes généraux associés à une fièvre peuvent
maladie inflammatoire peuvent être associées. être observés.
Histologie. L’infiltrat inflammatoire hypodermique, riche en Histologie. On observe un infiltrat majoritairement neutro-
polynucléaires neutrophiles, de localisation lobulaire prédomi- philique, abondant, de localisation lobulaire et souvent septale,
nante, est souvent associé à de la leucocytoclasie, des nécroses associé à des plages de nécrose et à des granulomes épithélioïdes.
adipocytaires et parfois à de l’œdème [48] , sans atteinte vascu- L’association avec de tels granulomes est hautement suggestive du
laire. L’infiltrat peut être de localisation hypodermique stricte. Des diagnostic [7] . Une atteinte vasculaire et la présence de thromboses
formes histiocytoïdes ont été rapportées. Le principal diagnostic septiques sont possibles [7] .
différentiel est celui de leukemia cutis. Panniculite de Weber-Christian
Panniculites « factices » (auto-induites) Historique et nosologie. En 1921 et 1925, Weber et Christian
Clinique [7, 50] . Les panniculites factices sont souvent induites décrivaient indépendamment des patients avec hypodermites
par injection, expliquant le chevauchement partiel avec les pan- des membres inférieurs douloureuses et récidivantes, avec une
niculites septiques. Elles peuvent aussi être secondaires à un inflammation à prédominance lobulaire contenant des polynu-
traumatisme ou une brûlure. Les lésions surviennent sur des sites cléaires neutrophiles [53, 54] . Le démantèlement des panniculites
accessibles (cuisses et fesses). L’ulcération et la nécrose peuvent lobulaires a depuis permis d’individualiser de nouvelles entités
mimer un pyoderma gangrenosum [51] . (décrites ci-dessus). De nos jours, la maladie de Weber-Christian
Histologie. Les aspects microscopiques sont variables selon le correspond aux panniculites lobulaires neutrophiliques dites
mécanisme. Une atteinte épidermique ou dermique (ulcération, « idiopathiques ».
hémorragie) est souvent trouvée. Au sein de l’hypoderme, il existe Les panniculites de Rothman-Makaï et les panniculites lipo-
fréquemment un infiltrat riche en polynucléaires neutrophiles phagiques (plutôt vues chez l’enfant) sont des hypodermites
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lobulaires idiopathiques souvent récidivantes, mais sans signes Figure 11. Lymphome T sous-cutané à type de panniculite.
généraux, et correspondent à la même entité [55] .
Clinique. Les lésions touchent les adultes d’âge moyen. Des
nodules de 1 à 2 cm localisés aux membres inférieurs et à la être visualisés. Une atteinte septale est fréquemment associée [62] .
face postérieure des bras peuvent confluer en plaques, puis lais- Des atteintes épidermique (atteinte lichénoïde) et dermique (infil-
ser une dépression. L’évolution, récidivante, peut être associée à trat lymphocytaire superficiel et profond avec dépôts de mucine)
une fièvre, des arthralgies et des myalgies [56] . sont souvent présentes. Une bande lupique peut être observée [63] .
Histologie. C’est une panniculite lobulaire riche en poly- L’infiltrat lymphocytaire est mixte T (CD4 et CD8) et B, associé
nucléaires neutrophiles avec lipophagie ne comportant pas les à de nombreuses cellules dendritiques plasmacytoïdes CD123+
critères diagnostiques des entités citées ci-dessus. regroupées en amas [64] .
Le traitement recourt à la corticothérapie orale si les signes géné- Le principal diagnostic différentiel est le lymphome T à type
raux sont importants, ou à l’hydroxychloroquine et les AINS dans de panniculite [65–67] . Des formes frontières entre la panniculite
les formes modérées. lupique et le lymphome T à type de panniculite [68] ont été décrites
et il est probable que ces deux entités représentent deux extrémi-
Panniculites riches en lymphocytes tés du même spectre. Des aspects similaires peuvent être observés
Le principal objectif est de distinguer un processus inflamma- dans la dermatomyosite [69] .
toire réactionnel d’un lymphome de localisation hypodermique, Lymphomes de localisation hypodermique
notamment d’un lymphome T sous-cutané à type de panniculite Lymphome T sous-cutané à type de panniculite.
ou d’un lymphome T gamma/delta primitivement cutané [57] . Clinique. Ce lymphome T cutané indolent est rare. L’âge médian
Panniculite au froid (panniculite des cavaliers, panniculite a de survenue est de 35 ans [70] (avec cependant des formes pédia-
frigore) triques décrites) ; il existe une prédominance féminine [66] . Il
s’associe fréquemment avec des maladies de système, et notam-
Clinique. Les lésions déclenchées par l’exposition prolongée
ment le lupus (20 % des cas) [70] . Cliniquement, il s’agit de lésions
ou intermittente au froid (activité professionnelle ou de loisir,
nodulaires ou en plaques, atteignant préférentiellement les extré-
applications de vessie de glace [58] ) sont localisées surtout sur les
mités, avec une ulcération rarement observée [70] . Des signes
cuisses et les joues, et se manifestent par des plaques violacées
généraux sont présents dans la moitié des cas (Fig. 3, 11).
avec possible nécrose [59] . Les lésions sont résolutives après l’arrêt
Histologie. Un infiltrat hypodermique lobulaire contenant des
de l’exposition (Fig. 10).
lymphocytes atypiques disposés autour des adipocytes constitue
Histologie. Un infiltrat lymphocytaire dermique superficiel et
des images en « collier de perles » ou rimming. Des éléments macro-
profond avec dépôts de mucine est vu autour des vaisseaux et des
phagiques (lipophagie), de la caryorrhexie et une nécrose hyaline
glandes sudorales (aspect similaire à ceux observés dans le lupus
du tissu adipeux lobulaire sont souvent présents [8] ; l’atteinte der-
érythémateux ou les engelures) [60] . Ces lésions s’accompagnent
mique est rare. Les lymphocytes atypiques sont de nature T, CD8+
d’un infiltrat hypodermique lobulaire lymphocytaire de faible
et expriment les marqueurs cytotoxiques, granzyme B, perfo-
intensité.
rine, TIA1. Le Ki-67 (marqueur de prolifération) souligne l’infiltrat
Panniculite lupique tumoral et le rimming [65] .
Clinique. Elle survient plutôt chez la femme, de manière Une mutation germinale du gène HAVCR2 codant la pro-
isolée ou en association avec un lupus discoïde ou un lupus érythé- téine TIM-3 (T-cell immunoglobulin and mucin containing protein-
mateux systémique. Des nodules cutanés récidivants, douloureux, 3) [67] est présente chez 20 % des patients, notamment d’origine
souvent localisés sur les bras, les épaules, les fesses ou la face évo- asiatique ou polynésienne, avec un risque plus élevé de syndrome
luent vers une cicatrice atrophique. Des anticorps antinucléaires d’activation macrophagique et un moins bon pronostic.
circulants sont présents dans un tiers à deux tiers des cas [61] . Un Lymphome T cutané primitif de type gamma/delta.
traitement par antipaludéen de synthèse est proposé. Clinique. Les lésions à type de plaques ou de nodules surviennent
Histologie. On observe un infiltrat lobulaire lymphocytaire habituellement chez les femmes d’âge moyen (âge médian de
en « boules de gui » contenant assez fréquemment des plasmo- 59 ans) [70] . Une ulcération est présente dans la moitié des cas [70] .
cytes. Des centres clairs germinatifs sont présents dans la moitié Le pronostic est sombre, avec une mortalité élevée. L’atteinte sous-
des cas [62] . Des secteurs de nécrose adipocytaire hyaline [8] peuvent cutanée constitue un facteur de mauvais pronostic [71] .
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Cytostéatonécrose du nourrisson
La cytostéatonécrose du nourrisson survient dans les premiers
jours de vie [77] . Il s’agit de nodules violines, sensibles, localisés sur
le dos, le cou ou les membres supérieurs. Une hypercalcémie est
souvent présente. L’évolution est lente ; la régression des lésions
laisse des séquelles à type de lipoatrophie.
Le diagnostic est clinique. Si une biopsie cutanée est réalisée,
on voit une nécrose adipocytaire associée à un intense infiltrat
granulomateux avec cellules géantes.
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de bactéries viables après culture suggère qu’il s’agit d’une réac- [2] Marquart-Elbaz C, Varnaison E, Sick H, Grosshans E, Cribier B. Le
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Kervarrec T, Leducq S, Machet L. Hypodermites aiguës et chroniques. EMC - Dermatologie 2023;25(3):1-
12 [Article 98-490-A-10].
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