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Effets électroniques dans la molécule : Effet inductif- Effet

mésomère.
Par définition sont des effets de polarisation moléculaire qui consiste à étudier le
déplacement des électrons dans un squelette d’une molécule organique.
On note deux types d'effets électroniques, les effets inductifs qui sont liés à la
polarisation d'une liaison σ, et les effets mésomères, qui sont dus à la délocalisation des
électrons π et les électrons n. Dans le cas d’une coexistence de 2 effets inductif et mésomère
de signes opposes, c’est toujours l’effet mésomère qui l’emporte.

I-POLARITÉ et POLARISATION des LIAISONS


1) Répartition électronique dans les molécules organiques :
Une liaison simple entre deux atomes s’appelle une liaison sigma. Dans une liaison sigma σ
entre deux atomes, les électrons ne sont pas toujours équitablement partagés : les deux
électrons sont attirés par l’atome le plus électronégatif, on dit que celui-ci exerce un effet
attracteur.
La répartition électronique au sein d’une molécule détermine en très grande partie sa
réactivité. Cette répartition n’est généralement pas symétrique.
 Lorsqu’une liaison covalente unit deux atomes identiques (X-X), le doublet
d’électrons est partage entre les deux atomes. Le nuage électronique se répartit équitablement
sur les deux atomes. Il n’existe donc pas de polarité (μ = 0).
 Si les deux atomes sont différents (X-Y), c’est l’atome le plus électronégatif qui attire
le doublet d’électrons. Le nuage électronique n’est plus symétrique : il est déplacé vers
l’atome le plus électronégatif. La liaison est alors polarisée.
Il se crée sur les atomes des charges partielles : δ+ sur l’atome le moins électronégatif et δ - sur
l’atome le plus électronégatif.
Rappel : L’électronégativité augmente de la gauche vers la droite sur une même période, et du
bas vers le haut sur une même colonne.
II Effet inductif :
II.1 Définition et classification :
La polarisation de la liaison induit un déplacement d'électrons le long de la liaison σ: c'est
l'effet inductif. En d’autres termes, l’effet inductif est la transmission par des groupements
d’atomes, de la polarité d’une liaison σ.
Cette transmission est gouvernée par l’électronégativité des atomes. Le centre de densité
électronique est déplacé du milieu de la liaison vers l’atome le plus électronégatif (Y). δ -
représente une charge formelle négative et δ+ représente une charge formelle positive.
δ+ δ-
X Y
On classe les atomes ou les groupements d'atomes qui provoquent ce phénomène de
polarisation à distance en deux catégories :
_ Groupements a effet inductif donneur (+I).
_ Groupements a effet inductif attracteur (-I).
Effet inductif attracteur (-I) Effet inductif donneur (+I)

Ici, Br a un effet inductif attracteur, c'est-à-dire qu'il attire les électrons du radical éthyle. Le
groupe MgBr est donneur d'électrons, ainsi le groupe éthyle va être plus riche en électrons

L’effet attracteur de Br ou donneur de MgBr décroit rapidement avec la distance


(pratiquement nulle au-delà de 3 à 4 liaisons).

Figure 1 : Les atomes Mg ou Li, moins électronégatifs que C, exercent un effet inductif
électro-donneur.
Il faut noter que les groupes alkyles R sont électro-donneurs, ils exercent un effet +I :
ces groupes contribuent ainsi à la stabilité des carbocations, intermédiaires réactionnels
possédant un atome de carbone entouré de 6 électrons, porteur d’une lacune électronique et
d’une charge « + ».
Un carbocation tertiaire est plus stable qu’un carbocation secondaire, plus stable qu’un
carbocation primaire, plus stable que le seul carbocation parfois appelé « nullaire » CH 3+.

II.2 Groupements à effet inductif attracteur (-I) et donneur (+I) :


Les effets inductifs attracteurs (notes -I) Les effets inductifs donneurs (notes +I)
les atomes ou les groupements attracteurs les atomes ou les groupements donneurs
(plus électronégatifs que le carbone) a un (plus électropositifs que le carbone) a un
effet (-I) effet (+I)
 F-> Cl-> Br->I-  Les groupes alkyles -CR3 ; -CHR2 ; -
 -OH > -OR CH2R ; -CH3.
 -NH2 >-NHR >NRR’  Les métaux (Na, Mg,..)
 -CN, -NO2 , COOR, -SH….etc

L'intensité de l'effet inductif sera d'autant plus élevée que le nombre d'atome qui en est
à l'origine sera plus important.

L’effet de 2 atomes de chlore sera deux fois plus important que celui d’un seul.
Les charges partielles négatives portées par les atomes de carbone proche seront 2 fois
plus importantes si deux atomes de chlore interviennent δ2=2* δ1.

II.3 Influence de l’effet inductif sur l’acidité des acides carboxyliques :


La présence d'un groupement donneur (Effet +I) aura tendance à diminuer l'acidité du
composé par augmentation de la densité électronique sur l'oxygène du groupement O-H. La
polarisation de la liaison O-H diminuera, la rupture de cette liaison sera moins favorisée, et
l'acidité sera diminuée.
Inversement, la présence d'un groupement attracteur (Effet -I) va augmenter l’acidité
car l'oxygène un élément très électronégatif va attirer d'autant plus fortement le doublet de la
liaison O-H. La polarisation de la liaison O-H augmentera, cette liaison sera donc d'autant
plus facile à casser, et le composé sera donc plus acide. Exemple :

Effet inductif donneur (+I) : R-COOH


R- H- CH3- CH3- CH2-CH2-
pKa 3,75 4,76 4,86

Le groupement alkyle induit un effet (+I) qui diminue l’acidité.

Effet inductif attracteur (-I) : Y-CH2-COOH


Y- H- Br- Cl- F- NO2-
pKa 3,17 2,90 2,87 2,59 1,68

L’effet (-I) induit une augmentation de l’acidité. L’effet (-I) augmente avec l’électronégativité
de l’atome ou avec sa charge.

Propagation de l’effet inductif : R-COOH


R-

pKa 2.86 4.05 4.53

II.4 Influence de l’effet inductif sur la basicité des bases :


Basicité et nucléophilie :
 La basicité est un phénomène thermodynamique, c'est un équilibre entre une base et
son acide conjugue et selon la définition de Bronsted est l'aptitude d'une molécule ou d'un ion
à accepter un proton. Plus une base est riche en électrons, plus elle sera forte.
 La nucléophilie est un phénomène cinétique, c'est la mesure de la vitesse de réaction
d'un nucléophile avec un électrophile. Autrement c’est l'aptitude d'une molécule ou d'un ion à
attaquer des carbones déficitaires en électrons.

Acides et bases de Lewis :


 Un acide de Lewis est une molécule capable d’accepter un doublet d’électrons ;
c’est donc une molécule qui possède une lacune électronique. Par exemple le borane BH 3.
 Une base de Lewis est une molécule capable de céder un doublet d’électrons. Elle
possède donc nécessairement au moins un doublet non liant. Par exemple, l’ammoniac NH3.

La basicité d’une molécule augmente avec les effets donneurs par contre les effets
attracteurs diminuent la basicité.

III L’effet mésomère :


III.1 Définition et classification :
L’effet mésomère est un effet électronique important dans la réactivité des molécules
comportant des doubles liaisons π et des électrons de doublets non liants p. Il correspond à la
délocalisation des électrons des liaisons π. Cet effet n’implique donc pas le déplacement des
électrons des liaisons simples σ mais seulement celui des liaisons π et des doublets libres.
Afin d’illustrer cet effet électronique, on écrit les formes mésomères limites. La
répartition électronique probable de la molécule étant une moyenne de ces formes limites.
Lorsque plusieurs paires d’électrons π et p sont séparés par une seule liaison σ, un phénomène
de délocalisation se produit par effet mésomère.
La transmission de l’effet mésomère est assurée par la conjugaison.
Pour une molécule de départ, qui est neutre, toutes les formes mésomères doivent être
globalement neutre (autant de charges(+) que de charges (-).
Cet effet est plus puissant que l’effet inductif et peut se propager plus facilement sur le
squelette moléculaire par conjugaison.
Là aussi, certains groupes attirent les électrons et exercent un effet mésomère dit
attracteur noté (–M) tels que C=O, C=N. et d’autres exercent un effet mésomère donneur noté
(+ M) tels que OH, NH2.

Figure 2 : Les formes mésomères limites.


Figure 3 : Classement des effets mésomères.
Stabilisation d’un carbanion par effet (-M) :

Figure 4 : effet –M du groupe carbonyle, stabilisant le carbanion.


Stabilisation d’un carbocation par effet (+M) :
La présence d’une double liaison C=C peut stabiliser des carbocations qui leurs sont
adjacents.

Figure 5 : stabilisation du groupe allyle par conjugaison.

III.2. Classement des substituants à effet mésomère :

Effet mésomère donneur (+M) :


Un substituant porteur d'un doublet non liant peut le céder pour former des formes
mésomères. Un tel substituant qui peut céder un doublet et augmenter la densité d'électrons
dans les formes mésomères possède un effet mésomère donneur et est noté +M.

Effet mésomère attracteur (-M) :


Un substituant capable d'attirer et de porter un doublet non liant et ainsi diminuer la densité
d'électrons dans les formes mésomères possède un effet mésomère attracteur, noté −M.
Groupements à effets mésomères :

Donneur (+M) Attracteur (-M)

En fait, les groupes qui comportent une double ou triple liaison qui se termine par un atome
électronégatif exercent un effet –M car ces atomes terminaux peuvent accepter un doublet
d’électrons.

III.3. Formes mésomères :


En chimie organique, on rencontre souvent des molécules qui sont décrites correctement par
plusieurs structures de Lewis.

Ces deux structures ne différent que par la localisation des électrons p ou n (doublet libre). On
passe d’une formule à une autre par simple déplacement de ces électrons.
Les 2 représentations de Lewis sont équivalentes et sont appelées structures de résonance ou
formes mésomères.
La molécule réelle est appelée hybride de résonance : c’est une combinaison, une hybride de
toutes ces structures, c'est-à-dire que sa structure réelle est une moyenne de toutes ces formes
limites. Les formes mésomères sont imaginaires mais l'hybride de résonance est bien réel.
Remarque : Pour un compose donné, plus le nombre de formules mésomères est élevé, plus
la stabilité est grande.
La mésomérie permet de décrire la délocalisation des électrons π, des doublets d'électrons
libres n et des charges dans les molécules conjuguées.
Remarque : la conjugaison est l’alternance entre double et simple liaison dans les molécules
insaturées.
II.4 La mésomérie des systèmes insaturés :
A°/ Les principaux systèmes insaturés :
Electrons π :

Ces trois formes mésomères, appelées également formes de résonance ou formes limites
n’existent que sur le papier. Le butadiène n’est pas un mélange de (I), (II) et (III) mais une
molécule unique qu’aucune de ces structures ne peut représenter à elle seule.
Electrons π et électrons n :

Electrons π et une charge électronique :

Electrons n et une charge électronique :

Electrons π et électron célibataire :

Remarques générales pour l’écriture des formes mésomères


 Tous les atomes participant à des formes mésomères doivent être coplanaires
 Seuls les électrons sont délocalisés et pas les atomes
 La règle de l’octet est respectée pour les atomes appartenant aux deux Premiers lignes
du tableau périodique.
II.5 Résonance et Stabilisation :
La résonance des électrons π dans les molécules insaturées, des systèmes conjugués (aussi
bien aliphatiques que cycliques) ; s'accompagne d'une stabilisation énergétique supérieure à
celle des systèmes non conjugués.
Les molécules représentées par plusieurs formes de résonance sont généralement plus stables
et donc moins réactives que les molécules non conjuguées.
Cet abaissement de l'énergie, appelé énergie de conjugaison ou énergie de résonance.

II.6. Effet mésomère et acidité :


-Certains groupements peuvent avoir une très grande influence sur le pKa des composés
organiques. Dans le cas du phénol, on remarque que :
Si l'on place un groupement électroattracteur (-M) sur le phényle, la liaison O-H deviendra
plus pauvre en électrons, donc plus facile à rompre et la valeur de pKa diminuera (acidité
plus forte). Alors qu’un groupement électro donneur (+M) sur le phényle, va augmenter la
valeur du pKa (donc diminuer l’acidité du phénol).

R- NH2 OMe CH3 H COCH3 CN NO2 NH(CH3)2


pKa 11.28 10.86 10.25 9.89 8.79 8.56 8.24 8.08
+M +M +I -M -M -M -I

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