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O La diverticulose du côlon (DDC) est une anomalie anatomique d’une très grande fréquence dans les pays
occidentaux.
O L’intérêt actuel pour cette affection est lié à ses complications qui en font la gravité ; complications
inflammatoires, infectieuses (diverticulite) et complications hémorragiques : ce sont les maladies diverticulaires
du côlon (MDC).
O La connaissance de l’histoire naturelle de la maladie est importante pour anticiper l’évolution de la maladie et
mettre en place des stratégies thérapeutiques permettant de prévenir la survenue de complications.
O Elle reste à préciser pour de nombreux éléments.
E- Evolution :
O Aucune étude n’a pu mettre en évidence de facteurs associés à la survenue de complications.
O Le risque de complications étant a priori faible pour un sujet ayant une DDC, aucune attitude thérapeutique
particulière n’est à ce jour préconisée, en dehors de la correction de facteurs semblant favoriser la DDC :
enrichissement du régime alimentaire en fibres et traitement des symptômes digestifs associés.
III- HISTOIRE NATURELLE DES MALADIES DIVERTICULAIRES DU COLON :
A- Complications inflammatoires / infectieuses : La diverticulite.
O La fréquence du risque de complications inflammatoires/ infectieuses n’est actuellement pas connue, du fait du
caractère asymptomatique de la DDC.
O En revanche, elles sont rares avant l’âge de 30 ans, leur incidence augmente jusqu’à la décennie 61-70 ans puis
décroît ensuite, contrairement à la prévalence de la DDC qui, elle, continue d’augmenter.
1- Anatomie :
O Définition :
La diverticulite est l’inflammation et/ou l’infection d’un diverticule.
Une péridiverticulite apparaît dès que les phénomènes inflammatoires dépassent la paroi du diverticule.
On distingue la péridiverticulite simple de la péridiverticulite compliquée (abcès, perforation, fistule, sténose).
O Composition :
La diverticulite est constituée de signes d’inflammation non spécifiques jusqu’à des manifestations
d’inflammation active avec désorganisation et abcès des cryptes pouvant simuler une colite ulcéreuse, mais
distincte d’une maladie de Crohn.
La péridiverticulite est l’extension de l’inflammation au-delà du diverticule, s’étendant à la graisse péricolique.
C’est à ce stade qu’il existe une traduction macroscopique détectable au scanner abdominopelvien.
O Localisation :
Dans les pays occidentaux, la majorité des diverticules siégeant sur le côlon sigmoïde, l’essentiel des
diverticulites s’y situe (d’où le terme de sigmoïdite fréquemment utilisé).
Les autres localisations (sur les côlons gauche, transverse ou droit) sont source d’erreurs diagnostiques,
particulièrement chez les patients jeunes lorsque la diverticulite est révélatrice.
Il en est de même en Asie.
Généralement, même dans les DDC étendues, la diverticulite ne concerne qu’un seul diverticule.
2- Physiopathologie :
O Les hypothèses physiopathologiques suggèrent une inflammation et/ou une ulcération de la poche d’un diverticule
favorisant l’infection de la paroi diverticulaire par les bactéries du côlon.
O Hypothèses mécaniques :
L’origine pourrait en être un coprolithe ou stercolithe obstruant un diverticule et pouvant l’irriter, l’ulcérer.
Le rôle favorisant de la constipation est donc envisagé.
O Hypothèses immunologiques :
La plus grande fréquence de diverticulite grave chez les patients immunodéprimés (par exemple transplantés
rénaux) ou traités par corticoïdes suggère une modification locale des défenses immunitaires.
Il en est éventuellement de même pour les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
O Hypothèses alimentaires :
L’alimentation pauvre en fibres et apportant un excès de viande rouge semble favoriser la survenue des
complications.
O Hypothèses médicamenteuses :
Plusieurs classes de médicaments sont régulièrement décrites comme médicaments diverticulotoxiques.
Corticoïdes.
Anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Immunosuppresseurs.
3- Péridiverticulite :
O Clinique :
Symptômes :
La douleur est le symptôme le plus fréquent. Localisée dans la fosse iliaque gauche en cas d’atteinte
sigmoïdienne. De Localisation différente lors de l’atteinte de diverticules des côlons droit ou transverse.
Les symptômes associés sont des troubles du transit (constipation et/ou diarrhée), nausées ou
vomissements, et parfois des signes urinaires (pollakiurie, dysurie) sans infection urinaire.
La fièvre est quasi constante.
Examen clinique :
Des anomalies de la fosse iliaque gauche : simple douleur provoquée, masse palpée, parfois défense.
Le toucher rectal peut être douloureux, découvrir un abcès.
O Examens complémentaires :
À ce jour, 02 types d’examens aident réellement au diagnostic de diverticulite.
Examens biologiques :
Un syndrome infectieux bactérien : hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles.
Un syndrome inflammatoire : augmentation de la vitesse de sédimentation (VS) et/ou de la protéine C
réactive (CRP).
Examens d’imagerie :
Le scanner (TDM) abdominopelvien :
Il est aujourd’hui l’examen diagnostique de référence à demander en première intention.
La présence de diverticules et l’épaississement de la paroi musculaire (> 4 mm) témoignent de la
diverticulose du côlon mais non d’une maladie diverticulaire.
Les signes TDM observés au cours de la diverticulite sont :
l’infiltration de la graisse péricolique,
associée ou non à la présence d’une collection gazeuse et/ou hydrique paracolique témoignant de la
perforation avec abcès.
La diverticulite est dite bénigne lorsque les images TDM se limitent à une infiltration de la graisse
péricolique.
La diverticulite est dite sévère en cas d’images gazeuses et/ou liquidiennes et a fortiori de présence de
produit de contraste en dehors de la lumière du côlon.
La TDM n’a de valeur diagnostique que si elle est réalisée durant les 24 à 72 heures qui suivent le début
des symptômes.
Au-delà de l’intérêt diagnostique, certains en tirent une valeur pronostique de risque accru de
complications et/ou de récidive lors de la présence d’un abcès, ou/et d’air ou de Gastrografine
extraluminaux.
Les autres examens complémentaires sont de peu d’aide diagnostique sauf s’il existe déjà des
complications (occlusion, perforation…) pouvant être suspectées sur une radiographie d’abdomen sans
préparation (ASP).
Le lavement à la Gastrografine :
Il est moins performant que la TDM car il est incapable d’évaluer avec précision l’extension péricolique
de la diverticulite.
La coloscopie :
Exploration endoluminale, n’est pas l’examen approprié à une pathologie pariétale et extrapariétale.
Elle est contre-indiquée en cas de suspicion clinique de diverticulite aiguë.
Le risque perforatif suggéré (par l’endoscope lui-même ou l’air insufflé) n’a pas été évalué.
À distance de la poussée, l’endoscopie est demandée de façon systématique chez les sujets de plus de 50
ans et chez les sujets à risque de cancer rectocolique en raison de leurs antécédents familiaux.
En cas de sténose sigmoïdienne sur la TDM et le lavement opaque, le doute diagnostique entre sténose
inflammatoire et cancer du côlon peut persister si le rétrécissement colique n’est pas franchi par
l’endoscope.
L’échographie :
Elle tient une place à part.
Elle n’est pas l’examen de référence parce qu’elle est gênée par les gaz digestifs et qu’elle est très
opérateur-dépendant.
Cependant, particulièrement chez une femme, elle est l’examen de débrouillage d’une symptomatologie
abdominale basse inexpliquée et peut, après avoir fait éliminer une affection gynécologique ou
urologique, guider vers une affection colique (épaississement de la paroi colique, infiltrat de la graisse
péricolique, abcès…).
Avec des opérateurs entraînés, sa spécificité et sa sensibilité sont les mêmes que celles de la TDM.
O Diagnostic différentiel :
Cancer du sigmoïde infecté (abcès).
Colite ischémique.
Infection urinaire type pyélonéphrite.
Infection gynécologique plus rarement.
O Traitement :
Diète stricte et alimentation parentérale exclusive au début.
Aspiration digestive si la parésie réactionnelle existe.
Glace sur la fosse iliaque gauche.
Antibiotiques : Amoxilline + acide clavulanique, ex : Augmentin 3g/24 h IV (cibles anaérobies, certains aérobies
Gram -, entérocoques).
Changement d’antibiotique après 48 heures si insuffisance de réponse.
Antalgiques.
Antispasmodiques en perfusion.
Surveillance pluriquotidienne : Pouls, tension artérielle, ischémie cutanée, conscience, comportement,
tachypnée, examen abdominal, température, diurèse.
Examen paraclinique : hémogramme, ionogramme, créatininémie.
Amélioration fréquente en 48 heures.
Maintien du traitement antibiotique per os 21 jours après la rémission.
La surveillance est obligatoirement médico-chirurgicale d’emblée.
A distance de l’épisode, une coloscopie est nécessaire.
Après rémission, 25 à 30 % des patients récidivent à distance.
En général, la 2e poussée doit faire pratiquer une intervention de résection sigmoïdienne à froid.
En cas d’échec du traitement médical (changement d’antibiotique préalable) indication opératoire :
Résection si possible et souvent colostomie temporaire dans le cadre d’une intervention de Hartmann.
Rétablissement secondaire de la continuité digestive.
Le rétablissement de la continuité est parfois possible même en urgence.
Sepsis sévère : urgence majeure +++ = traitement du choc septique.
Perfusion macromolécule + sérum bicarbonaté si pH < 7,2.
O2.
Si hypotension persistante : Dopamine ou Dopamine – Dobutrex.
Antibiotique = Augmentin + un aminoside type Neltimicine (en fonction du taux de créatinine).
4- Péridiverticulite compliquée :
O En l’absence de traitement ou parfois malgré un traitement médical correctement conduit, la péridiverticulite
peut se compliquer.
O Ces complications peuvent être elles-mêmes révélatrices, lorsque l’épisode initial est passé inaperçu ou lors de
certaines circonstances favorisantes (corticothérapie au long cours par exemple).
O Hinchey et al proposent une classification de ces complications selon leur extension.
O Les signes prédictifs de l’échec du traitement médical chez un malade sous traitement médical pour une poussée
de diverticulite aiguë sont :
la persistance à la 48e heure d’une douleur abdominale et d’une défense,
la palpation d’une masse dans la fosse iliaque gauche,
et un arrêt persistant du transit intestinal.
O Une diverticulite est dite bénigne en TDM si on constate :
un épaississement pariétal localisé (> 5 mm) associé à une infiltration de la graisse péricolique.
O Elle est dite sévère si :
aux images précédentes s’associe la présence de gaz, de liquide et a fortiori de produit de contraste en dehors
de la lumière du côlon.
O On donne à cette distinction entre formes bénignes et sévères une valeur pronostique car le risque d’échec du
traitement médical de la diverticulite aiguë et le risque de récidive de la diverticulite sont significativement plus
élevés chez les malades qui ont eu une forme sévère en TDM.
O La TDM n’a de valeur pronostique que si elle est réalisée durant les 24 à 72 heures qui suivent le début des
symptômes.
O Abcès :
C’est l’évolution de la péridiverticulite vers une collection purulente.
Initialement au contact de la paroi colique, de petite ou de grande taille, les abcès peuvent être à distance,
pelviens, intra-abdominaux, rarement rétropéritonéaux.
Signes évocateurs :
En dehors des formes révélatrices, l’abcès peut être évoqué par la persistance malgré le traitement
antibiotique des signes initiaux (douleur, fièvre), la persistance ou l’aggravation des anomalies biologiques
(hyperleucocytose, élévation de la VS ou de la CRP).
Rarement, perception de l’abcès lui-même à la palpation abdominale ou aux touchers pelviens.
Diagnostic :
La TDM abdominopelvienne est l’examen de référence. Par ailleurs, il peut devenir :
un élément pronostique de risque d’aggravation ou de récidive ;
un élément thérapeutique, en permettant le drainage par ponction percutanée guidée d’un abcès
accessible, ce qui retarde le geste chirurgical et peut en permettre la réalisation en un temps.
Traitement :
Le drainage percutané des abcès sous guidage échographique ou TDM augmente l’efficacité du traitement
initial non chirurgical de la poussée de diverticulite et permet, si nécessaire, de pratiquer une résection-
anastomose sigmoïdienne élective en un temps à distance de la poussée aiguë.
Les abcès du mésocôlon (Hinchey IIA), en particulier lorsqu’ils sont de petite taille, ne modifient pas la prise
en charge standard de la diverticulite aiguë par antibiothérapie exclusive.
La recommandation d’un drainage percutané pour les abcès du mésocôlon (Hinchey IIA) de plus de 5 cm
de diamètre est arbitraire et, plutôt que sur le diamètre de l’abcès, il convient de choisir ces indications
éventuelles de drainage en fonction de la réponse clinique au traitement médical.
Un pourcentage d’abcès mésocoliques résiduels est constaté lors de la colectomie sigmoïdienne
secondaire chez les malades guéris médicalement d’une poussée aiguë de diverticulite.
Pour les abcès iliopelviens (Hinchey IIB) qui sont de véritables péritonites localisées par des adhérences
épiploïques ou intestinales, les succès du drainage percutané sont plus aléatoires et certains malades
doivent être opérés en urgence différée pour échec du drainage ou pour rupture secondaire du
cloisonnement péritonéal.
La technique chirurgicale utilisée pour ces interventions secondaires est le plus souvent une intervention
de Hartmann.
Un certain nombre de ces drainages percutanés ont pour conséquence une fistulisation externe du côlon.
Ces fistulisations du côlon après drainage percutané peuvent se tarir spontanément ou conduire à
l’échec de la prise en charge non opératoire avec indication opératoire en urgence différée.
Dans ce cas, la technique chirurgicale réalisée sera une chirurgie en 02 temps (Hartmann) plutôt qu’une
résection-anastomose en un temps.
O Péritonite :
C’est le plus souvent l’ouverture d’un abcès qui en est à l’origine.
Selon le type de communication entre le péritoine et la lumière colique, elle peut être purulente et/ou
stercorale.
C’est la complication la plus grave, elle est responsable de la plupart des formes mortelles de MDC.
Signes évocateurs :
Ce sont ceux de toute péritonite, hormis celle survenant chez les patients traités par corticoïdes.
Les symptômes sont alors abâtardis et la péritonite revêt une présentation asthénique, responsable de
retard diagnostique et thérapeutique.
Diagnostic :
Suspecté par l’examen clinique, l’ASP (pneumopéritoine), le diagnostic est affirmé par la TDM
abdominopelvienne ou parfois d’emblée, lors de la chirurgie.
Le traitement des péritonites d’origine diverticulaire est une urgence chirurgicale.
Les modalités de ce traitement chirurgical sont controversées.
La recommandation la plus fréquente est une chirurgie en 02 temps comportant :
soit la réalisation initiale d’une stomie de dérivation en amont de la perforation (ou l’extériorisation de
la perforation elle-même quand elle est possible) associée à un drainage de l’infection intra-abdominale,
soit une résection initiale du segment colique pathologique avec colostomie terminale temporaire et
fermeture du moignon rectal (intervention de Hartmann) (standard thérapeutique chirurgical).
Ces deux méthodes sont théoriquement suivies d’un rétablissement de la continuité digestive 2 à 3 mois
plus tard, rétablissement qui comporte :
soit une anastomose colorectale après Hartmann,
soit la résection secondaire du côlon sigmoïde avec anastomose colorectale (éventuellement protégée
par une colostomie temporaire refermée dans un 3e temps).
D’autres options thérapeutiques ont été proposées qui doivent être considérées comme relevant de la
recherche clinique :
Résection-anastomose en un temps, protégée ou non, en cas de péritonite purulente éventuellement
associée à un lavage colique peropératoire.
Le lavage péritonéal en urgence par laparoscopie :
Le lavage péritonéal par laparoscopie pour des stades III de Hinchey associé ou non à une suture ou à
un encollage de la perforation avec drainage péritonéal pourrait améliorer la prise en charge en
urgence et autoriserait la résection secondaire élective sous laparoscopie.
Résection sigmoïdienne à distance de la péritonite :
Les maladies qui ont eu en urgence un traitement ne comportant pas de résection sigmoïdienne en
urgence (p.ex. lavage péritonéal en urgence par laparoscopie), celle-ci est présentée comme une
nécessité secondairement.
O Fistule :
Les fistules sont des événements rares des MDC.
Elles sont la conséquence de poussées répétées probablement non diagnostiquées et/ou insuffisamment
traitées.
Elles mettent en communication le côlon avec un organe de voisinage : drainage spontané interne (vers la
vessie, le grêle, le vagin ou l’utérus) ou externe (fistules cutanées) d’un abcès diverticulaire.
Elles peuvent donner l’apparence d’une guérison clinique tant que ne se manifestent pas les signes spécifiques
de la fistule.
La fistule colovésicale :
Elle est la plus fréquente des fistules des MDC dont elle représente plus de la moitié.
La MDC est la plus fréquente des causes de fistules colovésicales, devant les cancers, les colites
inflammatoires ou radiques.
Ces fistules colovésicales concernent préférentiellement les hommes.
Elle peut toucher des femmes ayant subi une hystérectomie dans les années précédentes.
En dépit de signes cliniques évocateurs du diagnostic (pneumaturie, fécalurie), le trajet fistuleux n’est
objectivé en préopératoire que dans moins de la moitié des cas.
La TDM montre la présence d’un niveau aérique dans la vessie (en l’absence de sondage vésical), et
constitue l’examen diagnostique de référence.
Les fistules iléosigmoïdiennes se traduisent cliniquement par un syndrome de diarrhée chronique.
Les fistules colovaginales sont favorisées par un antécédent d’hystérectomie.
Une fistule colocutanée peut compliquer un drainage d’abcès sous échographie ou TDM.
Symptômes :
Ceux de la fistule colovésicale associent pollakiurie, infection urinaire, fécalurie (pneumaturie à la
reconnaissance plus difficile).
Lors d’une fistule colovaginale, si l’émission de gaz ou de selles par le vagin est évidemment
pathognomonique, le diagnostic est le plus souvent suspecté devant des symptômes plus bâtards
d’infections vaginales à répétition inexpliquées.
Ces symptômes surviennent en dehors des tableaux classiques de poussées de diverticulite.
Diagnostic :
Il est fait par les lavements radio-opaques, la cystoscopie, rarement par la reconnaissance (sur ASP ou TDM)
d’air intravésical.
Traitement :
En dépit de la fistule, un traitement par résection-anastomose en un temps peut être réalisé près de
9 fois / 10 et seule l’ouverture peropératoire d’un abcès dans le trajet fistuleux peut conduire soit à
protéger l’anastomose par une stomie temporaire, soit à réaliser une intervention de Hartmann.
En cas de fistule colovésicale, le côté vésical de la fistule n’est plus identifiable et ne justifie aucun geste
spécifique dans plus de la moitié des cas. Le drainage vésical laissé en place pendant 7 jours est un rituel
dont l’utilité n’a pas été scientifiquement démontrée.
Quelques dizaines de cas de fistules internes associées à la diverticulite sigmoïdienne et traitées par
laparoscopie ont été publiés avec un taux de conversion en laparotomie pour échec d’un peu plus de 10 %.
O Sténose :
Les sténoses organisées du côlon, secondaires à une MDC, en sont une complication chronique.
Elles ne posent pas tant le problème du diagnostic de la sténose elle-même que de son étiologie.
Le diagnostic différentiel essentiel est le cancer du côlon.
Il faut bien sûr les différencier des spasmes du côlon, non organisés.
Symptômes :
Il peut s’agir soit de signes chroniques : douleurs abdominales, modifications du transit, masse douloureuse
essentiellement de la fosse iliaque gauche…, mais la sténose peut aussi se révéler par un tableau
d’occlusion.
Diagnostic :
Selon le degré d’urgence, les éléments du diagnostic sont (hormis les tableaux occlusifs) :
affirmer la sténose ;
reconnaître son origine (et éliminer une origine tumorale).
Cela est permis par :
La coloscopie : sténose serrée, empêchant parfois le passage de l’endoscope. La sténose est régulière,
souvent longue, parfois précédée de diverticules. Les biopsies permettent le diagnostic étiologique.
Le lavement radio-opaque : au sein d’une DDC, sténose parfois serrée, régulière et habituellement plus
longue qu’une sténose tumorale.
La TDM abdominopelvienne : devant une sténose du côlon, plaident pour son origine diverticulaire
l’infiltrat de la graisse péricolique et la longueur de l’atteinte (surtout au-delà de 10 cm). En revanche,
plaide pour une origine tumorale la présence d’adénopathies péricoliques et/ou d’une masse
intraluminale.
Cependant, parfois, aucun examen complémentaire ne départage les deux diagnostics, surtout lors de
sténoses infranchissables en endoscopie. Seule l’intervention chirurgicale permet alors d’établir le
diagnostic.
O Occlusions :
La survenue d’une occlusion lors d’une MDC peut révéler plusieurs situations :
aiguë : lors de poussée de diverticulite ;
d’urgence : péritonite, abcès pelvien… ;
chronique : sténose organisée.
Le traitement des occlusions coliques aiguës est classiquement une chirurgie en deux temps.
La colostomie première permet de lever l’occlusion, de préparer le côlon et de faire un bilan local
(coloscopie) et général (TDM thoraco-abdominale) de la maladie.
Selon les caractéristiques physiologiques générales du malade, une colectomie secondaire avec
rétablissement de la continuité sera ou non envisagée.
La colectomie sigmoïdiennne première sans rétablissement de la continuité (Hartmann) est une
intervention plus complexe en urgence et grevée dans l’occlusion colique aiguë d’une mortalité > 10 %.
Des alternatives techniques ont été proposées pour rendre possible une chirurgie en un temps.
L’une consiste à traiter l’occlusion en urgence par des stents coliques expansibles.
Cette méthode comporte plus d’échecs techniques immédiats ou secondaires en cas d’occlusions
pour sténoses coliques bénignes que lorsqu’elle est utilisée pour le traitement palliatif ou temporaire
des occlusions coliques par cancer.
Une alternative exclusivement chirurgicale est de faire un lavage colique peropératoire de façon à rendre
possible une résection-anastomose en un temps.
5- Évolution. Récidives.
O Une part de la gravité des complications inflammatoires, infectieuses des MDC réside lors de risques immédiats
ou retardés (récidives).
O Risques immédiats :
Les interventions chirurgicales réalisées en urgence pour une complication inflammatoire, infectieuse non
contrôlée ou contrôlable par un traitement médical (péritonite, abcès, occlusion) sont grevées d’une lourde
morbidité et mortalité.
Les éléments prédictifs de l’échec du traitement médical d’une diverticulite aiguë sont la persistance,
48 heures après l’admission, de fièvre, d’une douleur abdominale, d’une anomalie du transit.
O Risques retardés : récidives.
C’est la question majeure des MDC, tant la gravité des récidives et des traitements chirurgicaux pratiqués alors
en urgence fait discuter une cure chirurgicale élective pour les prévenir.
Pourtant, aucun consensus international n’a pu valider des recommandations claires.
Facteurs prédictifs de récidives ou de complications :
Sur la TDM abdominopelvienne lors de la 1ère poussée de diverticulite : abcès et/ou présence d’air ou de
Gastrografine extraluminaux ; l’âge < 50 ans.
Lors d’une hospitalisation pour poussée de sigmoïdite diverticulaire, aucun critère clinique, biologique ou
radiologique (ASP) prédictif d’une récidive.
Seules les poussées de sigmoïdite diverticulaire antérieures traitées médicalement sont plus fréquemment
retrouvées chez les patients qui récidivent.
Fréquence des récidives :
Le taux de récidives oscille entre 7 et 62 % selon les publications.
Le chiffre couramment retenu serait 1/3 des patients.
Les récidives surviennent dans la première année pour 50 % d’entre elles, dans les 5 premières années pour
90 % de celles-ci.
L’âge, lors de la première poussée, semble un facteur influençant le risque de récidives : les patients âgés de
moins de 50 ans semblent présenter un risque plus élevé de récidives que les patients plus âgés.
Risques des récidives :
Lors des récidives, l’efficacité du traitement médical est moindre.
La morbidité et la mortalité sont plus élevées.
Classification de Hinchey.
Stade I Phlegmon ou abcès paracolique
Stade II Abcès pelvien
Stade III Péritonite purulente
Stade IV Péritonite stercorale
Scores APACHE.
Points
APS (acute physiology score) 0 à 60
Âge (plus de 44 ans) 0à6
ATCD maladie chronique 0à5
8- Diverticulites du côlon droit :
O L’épidémiologie particulière des diverticulites du cæcum et du côlon droit qui touchent avec prédilection les
populations orientales, et le caractère le plus souvent (80 % des cas) solitaire du diverticule infecté interrogent sur
la justification d’associer cette localisation particulière au cadre plus général de la diverticulose colique, même si,
du point de vue anatomopathologique, certains auteurs ont rapporté une majorité de diverticules de type II parmi
les cas qu’ils avaient opérés.
O Les diverticules de type II sont des diverticules de pulsion identiques à ceux rencontrés au niveau du côlon
sigmoïde par opposition aux diverticules de type I, « vrais » diverticules au sens où ils sont formés de toutes les
couches de la paroi colique.
O Les diverticules du cæcum sont en principe des diverticules de type I.
O A Taiwan, 60 % des diverticulites du côlon siègent au niveau du côlon droit.
O Les signes douloureux et péritonéaux localisés en fosse iliaque droite associés à un syndrome septique rendent
compte aisément du fait que 70 à 100 % des malades sont opérés avec le diagnostic d’appendicite compliquée ou
de tumeur infectée du cæcum.
O Ces circonstances diagnostiques ont pu conduire un certain nombre d’auteurs à plaider en faveur d’une attitude
résolument chirurgicale avec résection du diverticule infecté ou du côlon droit en urgence.
O Un regain d’intérêt vis-à-vis de cette pathologie aiguë est né de la possibilité d’accéder à un diagnostic exact
préalablement à la chirurgie grâce à l’échographie digestive et à la TDM abdominale.
O La connaissance de l’histoire naturelle des diverticulites du côlon droit et les recommandations thérapeutiques
qui en découlent ont été complètement modifiées par cette possibilité d’un diagnostic préopératoire.
O La grande majorité des diverticulites du côlon droit guérissent par un traitement antibiotique sans nécessité
d’opération.
O Le risque de récidive de diverticulite chez un patient guéri d’un premier épisode sous traitement antibiotique est
compris entre 12 % et 20 % et le traitement antibiotique a la même efficacité thérapeutique lors de la récidive,
voire lors d’un troisième épisode de diverticulite.
O Les diverticulites du côlon droit compliquées de perforation, abcès, fistules ou obstruction intestinale sont
exceptionnelles.
O En population occidentale, la prévalence de la diverticulite du côlon droit serait de 1 pour 100 appendicites
aiguës.
O Lorsque le diagnostic de diverticulite du côlon droit est fait en peropératoire, le traitement peut comporter :
soit une appendicectomie simple avec ou sans drainage,
soit une diverticulectomie,
soit en cas de doute avec une tumeur compliquée du côlon ou du cæcum, une colectomie droite.
B- Complications hémorragiques :
O Les hémorragies sont des complications rares des DDC, plus rares que les complications inflammatoires,
infectieuses.
O Elles sont spontanément résolutives pour près de 3 cas / 4.
O Rarement, elles peuvent être sévères, mettant en jeu le pronostic vital.
O La prise d’aspirine, d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et d’alcool est un facteur de risque d’hémorragie des
diverticules du côlon.
1- Anatomie :
O Ce n’est pas une DDC qui saigne mais un seul diverticule, même en cas de DDC étendue.
O Il ne s’agit pas de complication d’une diverticulite, car les complications hémorragiques et inflammatoires,
infectieuses évoluent indépendamment.
O La majorité des diverticules hémorragiques sont situés sur le côlon droit ou transverse, à l’opposé de la
topographie des complications inflammatoires, infectieuses prédominant, elles, sur le côlon sigmoïde.
O L’origine du saignement est une effraction artériolaire du collet ou du dôme d’un des diverticules.
O Cette origine artériolaire explique la possible gravité de ces hémorragies.
O Cependant, Ohyama et al identifient des saignements occultes attribués à des lésions de paradiverticulite qu’ils
distinguent en saignements intra-, péri- ou interdiverticulaires.
2- Physiopathologie :
O Hypothèses mécaniques :
L’hémorragie résulte d’une ulcération « mécanique » du collet ou du dôme d’un diverticule.
Cela entraîne une effraction de l’artériole pénétrant le côlon au niveau de la zone de faiblesse où s’évagine
le diverticule : diverticule et artériole sont donc en rapport étroit.
Pour autant, cela n’explique pas la topographie préférentiellement droite ou transverse des diverticules
hémorragiques.
Quant aux corps étrangers (os de poulet, prothèses …) ils sont responsables de perforations et non de
saignements, qui plus est, sigmoïdiennes.
O Hypothèses liées aux anomalies de l’hémostase :
Les anticoagulants sont fréquemment incriminés dans les hémorragies diverticulaires, sans que l’on ait su
départager leur caractère déclenchant ou seulement aggravant.
La question de l’aspirine est encore plus d’actualité.
Facteur de gravité lors d’une prise associée à un AINS.
3- Clinique :
O Symptômes :
La plupart rapportent des saignements extériorisés par du sang rouge plus ou moins abondant, plus ou moins
cailloté en fonction du siège et du débit de l’hémorragie.
Il en est de même pour le retentissement sur l’état général.
10 % des patients ayant une DDC avaient un Hémoccult positif en rapport avec un saignement
paradiverticulaire.
Les hémorragies préoccupantes sont celles, abondantes, survenant chez des sujets fragiles, particulièrement
les patients âgés ayant une maladie cardiovasculaire et nécessitant un traitement anticoagulant.
O Diagnostic :
Le problème diagnostique n’est pas tant de reconnaître l’hémorragie que de l’attribuer à une DDC et surtout
d’identifier le diverticule responsable.
Les outils diagnostiques varient donc selon :
l’abondance et la persistance de l’hémorragie,
de la localisation du saignement (plus facilement accessible à l’endoscopie s’il est situé au niveau des côlons
sigmoïde et gauche que sur les côlons transverse ou droit),
de la fragilité du patient,
de la possibilité de préparation du côlon,
de l’expérience et du caractère opérationnel des équipes d’urgence.
Les méthodes diagnostiques usuelles sont donc l’endoscopie et/ou l’artériographie.
En endoscopie : la visualisation d’un diverticule associé à des signes de saignement actif ou récent.
En angiographie, la présence d’une extravasation de produit de contraste.
L’une et l’autre méthode peuvent avoir une dimension thérapeutique.
Les autres méthodes sont anecdotiques tant leur mise en œuvre est inadaptée aux circonstances d’urgence
(exemple de la scintigraphie).
N.B. :
En cas d’hémorragie digestive basse abondante évaluée sur son retentissement hémodynamique et sur le
débit des transfusions nécessaires, il est recommandé de réaliser dans un premier temps une fibroscopie
digestive œso-gastro-duodénale afin d’éliminer une cause haute responsable du saignement.
La TDM avec injection de produit de contraste iodé intraveineuse peut, avec une acquisition des images au
temps artériel (artérioscanner), permettre de localiser l’origine du saignement sur le cadre colique.
Elle tend à remplacer l’angiographie diagnostique dans cette indication.
La scintigraphie aux globules rouges marqués au technétium est peu ou pas utilisée en France.
Son intérêt pour le diagnostic topographique de l’hémorragie est contesté et dépend du débit de
l’hémorragie.
Elle ne serait utile que pour la discrimination des malades en vue d’une angiographie diagnostique.
Le lavement baryté a été proposé non comme examen diagnostique mais comme méthode à visée
hémostatique.
Dans cette indication, il permettrait de réduire de façon significative le risque de récidive hémorragique par
comparaison à l’absence de traitement.
Objectifs « idéaux » d’une endoscopie lors d’une hémorragie sévère d’origine diverticulaire.
Affirmer la responsabilité de la DDC
En la découvrant si elle était inconnue
En lui attribuant un degré d’imputabilité
- certain
- possible
- nul lorsque associé à une autre lésion hémorragique (angiome, polype, tumeur, colite ischémique, saignement
digestif haut...)
Localiser le diverticule responsable
Préciser le type de saignement
Saignement actif
Vaisseau visible non hémorragique
Caillot adhérent
Rechercher les facteurs prédictifs de récidive sévère
Protubérance rouge intradiverticulaire
Tenter un geste thérapeutique d’hémostase
Injection locale d’adrénaline
Électrocoagulation bipolaire
Pose de clip
Faciliter un éventuel geste thérapeutique ultérieur en tatouant le pourtour du diverticule responsable pour en guider
le repérage
DDC : diverticulose du côlon.
4- Évolution :
O Les risques des hémorragies d’origine diverticulaire sont soit immédiats (abondance, persistance), soit retardés
(récidives).
O Risques immédiats :
L’arrêt spontané des hémorragies extériorisées est évalué à 75 % :
lorsque l’hémorragie a nécessité la transfusion de moins de 4 concentrés globulaires, l’arrêt spontané est
obtenu pour 99 % des patients ;
lorsque la transfusion de plus de 4 concentrés globulaires par jour a été nécessaire, plus d’1 fois / 2 un geste
chirurgical d’hémostase est réalisé en urgence.
O Risques retardés : récidives.
L’estimation du risque de récidive est difficile à apprécier.
Le risque semble lié :
à la description de la lésion initiale (protubérance rouge intradiverticulaire …) ;
au nombre de concentrés globulaires transfusés lors de la première hémorragie (faible si < 6 concentrés
globulaires : 9 % de récidive à 3,5 ans de suivi) ;
au traitement de l’épisode initial : en l’absence de traitement chirurgical initial, le risque de récidive à 1 an
est évalué respectivement à 5 %. En cas de traitement chirurgical d’emblée, le risque de récidive persiste,
influencé par le type de colectomie et l’apport de l’artériographie initiale quant à la localisation du
saignement ;
probablement à l’âge du patient et à la prise d’AINS et/ou d’aspirine.
Lors des récidives hémorragiques, il s’agit habituellement du même diverticule qui resaigne, d’où l’importance
de sa localisation.
5- Traitement :
O Traitement endoscopique.
O Le lavement baryté a été proposé non comme examen diagnostique mais comme méthode à visée hémostatique.
Dans cette indication, il permettrait de réduire de façon significative le risque de récidive hémorragique par
comparaison à l’absence de traitement.
O En période d’urgence, face à une hémorragie abondante, et dans le but d’éviter une colectomie « sous
incertitude », on a pu proposer la perfusion dans l’artère mésentérique inférieure de vasopressine afin de stopper
l’hémorragie et de pouvoir entreprendre la chirurgie dans de meilleures conditions hémodynamiques.
O De nouvelles techniques d’embolisation permettraient de réduire les taux de récidive et surtout d’ischémie
digestive observés avec la vasopressine.
O La chirurgie est indiquée en cas d’échec médical, endoscopique ou angiographique dans le traitement d’une
hémorragie diverticulaire.
La résection segmentaire n’est possible que si le siège de l’hémorragie est connu.
En l’absence de localisation précise du site hémorragique, une colectomie subtotale devrait être envisagée.
Le taux de récidive hémorragique après une colectomie gauche décidée sur des arguments probabilistes mais
non de certitude topographique est de 30 à plus de 40 %.
Des mortalités comprises entre 15 et 50 % ont été rapportées dans les séries comportant une résection colique
en urgence sans diagnostic topographique précis de la cause de l’hémorragie, ce qui modère l’enthousiasme
avec lequel on a pu proposer en urgence dans cette indication une colectomie subtotale avec anastomose
iléocolique en un temps.