Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
volémique
Introduction
Rappels de physiologie
Physiologie cardiovasculaire
Objectifs du remplissage vasculaire
Différents types de solutés de remplissage
Généralités sur les différents solutés de remplissage
Cristalloïdes isotoniques
Solutés hypertoniques
Colloïdes
Remplissage vasculaire en pratique
Critères cliniques d'efficacité
Monitorage du remplissage vasculaire
Intérêt des catécholamines
Cas concret du choc hémorragique
Vasopresseurs et réservoir veineux non contraint
Conclusion
Déclaration de liens d'intérêts
Introduction
Le remplissage vasculaire correspond à l'apport intraveineux de solutés (cristalloïdes,
colloïdes, produits sanguins labiles, etc.) afin de corriger une hypovolémie. La volémie,
correspondant au volume sanguin total circulant (plasma et éléments figurés), est un
déterminant majeur du débit cardiaque. Sa valeur normale est comprise entre 65 et 75 ml/kg.
La mesure exacte du volume sanguin total n'est pas réalisable en routine (nécessité
d'utilisation d'isotope radioactif). En pratique, l'évaluation de la volémie est assimilée à
l'évaluation de la précharge ventriculaire. L'hypovolémie peut être soit absolue, correspondant
alors à une diminution de la masse sanguine totale de l'organisme (hémorragie,
déshydratation extracellulaire, séquestration dans un troisième secteur, etc.), soit relative,
lorsque la masse sanguine totale est inchangée mais sa répartition modifiée entraînant alors
une diminution du volume sanguin dans le compartiment central avec diminution du retour
veineux. Le bénéfice attendu d'un remplissage vasculaire est l'amélioration du transport
artériel en oxygène par l'augmentation des débits sanguins régionaux via l'augmentation du
débit cardiaque. Le concept de remplissage vasculaire a beaucoup évolué au cours de ces 15
dernières années avec l'émergence de la notion de titration du remplissage [1, 2] (fluid-
challenge), avec les restrictions d'utilisation d'un certain nombre de solutés de remplissage
compte tenu de leurs effets secondaires [3, 4] et avec l'apparition de nouveaux indicateurs afin
de prédire la réponse au remplissage vasculaire [5].
Rappels de physiologie
Physiologie cardiovasculaire
Notion de précharge et précharge-dépendance
La précharge d'un ventricule correspond à la tension pariétale télédiastolique (tension exercée
sur sa paroi pendant la diastole), et dépend du remplissage ventriculaire et donc du retour
veineux. Selon la loi de Frank-Starling appliquée au ventricule gauche, pour un niveau donné
de post-charge (force s'opposant à l'éjection du cœur) et de contractilité, une augmentation de
la précharge ventriculaire entraîne ou non une augmentation du volume d'éjection systolique
(VES) (Figure 1). La courbe reliant le VES et la précharge cardiaque est curvilinéaire et
comprend schématiquement deux parties :
Interactions cardiopulmonaires
En respiration spontanée, la pression inspiratoire intrathoracique est négative (en lien avec la
dépression exercée par la contraction diaphragmatique) et génère un mouvement de flux d'air
générant un volume courant. En ventilation mécanique le régime de pression est inversé : la
génération du volume courant est due à une pression positive intrathoracique en lien avec
l'insufflation par le ventilateur.
Les solutions cristalloïdes (Tableau 1) ont quant à elles un espace de distribution plus restreint
puisqu'il est limité au secteur extracellulaire (intravasculaire et interstitiel). Cependant, après
l'injection de 1000 ml d'une solution de chlorure de sodium à 0,9 %, seul un faible
pourcentage (20 à 25 %) de cette solution reste dans le secteur intravasculaire. L'expansion
volémique à partir de ces solutions cristalloïdes se fait donc au prix d'une augmentation
importante du secteur interstitiel.
En l'absence d'altération du glycocalyx et de la membrane capillaire, les macromolécules
(Tableau 2) ne diffusent que peu de part et d'autre de la paroi vasculaire et retiennent, par
des interactions moléculaires, l'eau dans le secteur vasculaire. Les solutions colloïdales riches
en macromolécules (molécules de haut poids moléculaire) ne diffusent théoriquement pas ou
peu à travers la paroi vasculaire et restent ainsi dans le secteur vasculaire. L'avantage
théorique des macromolécules est donc de réduire le volume de remplissage vasculaire
nécessaire en restant dans le secteur intravasculaire et en déplaçant le liquide du secteur
interstitiel vers le secteur intravasculaire par augmentation de la pression oncotique. Mais
cette augmentation de pression oncotique peut également devenir néfaste. Par exemple au
niveau rénal, en réduisant le différentiel de pression motrice entre la pression hydrostatique
glomérulaire et la pression oncotique intravasculaire, les macromolécules entraîneraient une
diminution du débit de filtration glomérulaire et favoriseraient l'apparition d'une insuffisance
rénale. Un autre risque rapporté des macromolécules est l'accumulation dans les tissus suite à
des modifications chimiques. Par exemple, l'hydroxylation des amidons contenus dans les HEA
entraîne leur accumulation dans les tissus comme la peau, les reins ou le foie [17, 18].
Cristalloïdes isotoniques
Sérum salé à 0,9 %
Le sérum salé dit « isotonique » (chlorure de sodium à 0,9 %) a en réalité une osmolarité de
306 mOsm/l (153 de Na+ et 153 de Cl-). Il est donc légèrement hyperosmolaire par rapport au
plasma (285 mOsm/l). La perfusion de sérum salé permet de compenser rapidement une
hypovolémie mais seulement de manière transitoire. En effet, une heure après l'administration
de chlorure de sodium, seulement 25 à 30 % du volume administré persiste dans le secteur
vasculaire. La majorité du soluté aura diffusé dans le secteur interstitiel (70 à 75 %)
entraînant une surcharge hydrosodée interstitielle. Il faut noter que le pouvoir d'expansion
volémique du sérum salé isotonique dépend également de la sévérité de l'hypovolémie. Plus
l'hypovolémie initiale est importante et plus la fuite extravasculaire est faible compte tenu d'un
faible delta de pression hydrostatique entre le compartiment vasculaire et interstitiel. Ce faible
delta de pression persiste tant que la volémie est basse. Le pouvoir d'expansion des
cristalloïdes se trouve donc d'autant plus renforcé que l'hypovolémie initiale est sévère (en
l'absence de phénomène de fuite capillaire par altération de la barrière endothéliale).
L'utilisation exclusive du sérum salé isotonique comme soluté de remplissage vasculaire peut
exposer en cas de perfusion massive au risque d'acidose métabolique hyperchlorémique par
apports exogènes excessifs de chlore [19, 20]. La perfusion de chlorure de sodium 0,9 % est la
cause la plus fréquente d'acidose métabolique en réanimation et en médecine
périopératoire [21, 22]. L'hyperchlorémie induite est responsable de nombreuses conséquences
délétères dans l'organisme : coagulopathies [23], activation des cascades inflammatoires [24],
hyperkaliémies de transfert [25] et altère également la fonction rénale [26, 27, 28] (vasoconstriction
de l'artère afférente et des artères intrarénales entraînant une diminution de la perfusion
rénale corticale). La perfusion de solutés dits « balancés » pourrait réduire le risque d'acidose
hyperchlorémique et les conséquences néfastes qui y sont associées [29].
Solutés balancés
Les solutions balancées (Ringer Lactate, Isofundine®) regroupent les produits de remplissage
dont la concentration en électrolytes est proche de celle du plasma et dont les apports chlorés
sont substitués par du lactate, de l'acétate ou du malate. L'utilisation de solutions balancées
permettrait de diminuer le taux d'hyperchlorémie, d'acidose métabolique sévère [30] et le taux
d'insuffisance rénale [27]. Ils contiennent différents ions comme du potassium, du calcium et du
magnésium. L'apport potassique est faible (4 à 5 mmol/l soit moins de 0,4 g/l) et n'entraîne
pas d'hyperkaliémie même en cas de remplissage massif [31]. L'apport de calcium protège de
l'hypocalcémie de dilution (facteur protecteur de coagulopathie) en cas de remplissage massif.
La seule limite à l'utilisation de certains solutés balancés vient de leur caractère hypo-
osmolaire. C'est le cas principalement du Ringer Lactate qui avec son osmolalité inférieure à
celle du plasma (277 versus 285 mOsm/l) pourrait favoriser la constitution d'œdème cérébral
chez les cérébrolésés. Ce risque n'est pas retrouvé avec l'Isofundine® (osmolalité de
304 mmol/l).
Solutés hypertoniques
L'utilisation de solutions hypertoniques (osmolarité supérieure à celle du plasma ;
> 300 mOsm/kg) a été développée il y a une trentaine d'années (concept de small volume
resuscitation) [32, 33]. Le soluté de référence est le sérum salé hypertonique (SSH) à 7,5 %. Le
pouvoir d'expansion volémique du SSH à 7,5 % est élevé, environ huit fois plus important que
celui du sérum salé isotonique. Ses effets hémodynamiques sont liés à la mobilisation
liquidienne endogène : il existe un transfert de liquide à partir du secteur intracellulaire et
interstitiel vers le compartiment vasculaire. Ainsi les effets hémodynamiques théoriques des
solutés hypertoniques sont nombreux : effet inotrope positif (action sur les échangeurs Na +-
Ca2+) ; augmentation du débit cardiaque (augmentation de la précharge ventriculaire droite) ;
augmentation des conditions de perfusion et d'oxygénation régionales (vasodilatation
artériolaire précapillaire) ; amélioration de la pression de perfusion cérébrale (diminution de la
pression intracrânienne) ; action anti-œdémateuse cérébrale (hyperosmolarité plasmatique et
déshydratation intracellulaire).
Cependant, l'efficacité clinique de l'approche du small volume resuscitation est incertaine.
L'utilisation de SSH permet effectivement de corriger plus rapidement le statut
hémodynamique (pression artérielle et débit cardiaque) des patients mais l'effet sur la survie
n'est pas démontré [34]. Les dernières études chez les patients en état de choc sont
contradictoires [35, 36, 37]. Les SSH pourraient être bénéfiques dans l'optimisation hémodynamique
des cérébrolésés [38, 39]. Mais une limite est à apporter chez ces patients chez qui
l'hypernatrémie induite par l'osmothérapie doit être brève et contrôlée (< 150 mmol/l) afin de
ne pas devenir délétère à son tour [40, 41].
Colloïdes
Les colloïdes actuellement utilisés sont : l'albumine, les HEA et les gélatines. Les dextrans ne
sont plus utilisés compte tenu de leurs effets allergisants et du risque de coagulopathies
induites.
Hydroxy-éthyl-amidon
Les HEA sont fabriqués à partir d'extrait d'amidon de maïs et sont ainsi composés de
polymères de glucose de haut poids moléculaire. Il existe une certaine résistance à l'hydrolyse
de ces molécules de haut poids moléculaire expliquant ainsi leurs propriétés osmotiques
persistantes dans le temps. En effet, leur hydrolyse est conditionnée par différents paramètres
expliquant ainsi les différences de demi-vie plasmatique des différents HEA : plus l'hydrolyse
est ralentie plus la dégradation des polymères de glucose en petit fragment éliminable par le
rein est lente, augmentant ainsi la demi-vie plasmatique de ces molécules.
•le poids moléculaire de l'HEA : plus il est élevé, plus l'hydrolyse est longue ;
•le taux de substitution molaire qui correspond au rapport molaire des concentrations
d'hydroxyéthyle et de glucose ;
•la position du groupement hydroxyéthyle sur les molécules de glucose en C2 et C6 (rapport
C2/C6) : l'hydroxylation en C2 offre une plus grande résistance à la dégradation enzymatique ;
•la concentration en molécules d'HEA dans le soluté (exprimée en %).
Il faut cependant noter qu'une hydrolyse ralentie entraîne une accumulation d'HEA et donc une
augmentation des effets indésirables (coagulopathie par inhibition du facteur VIII [51] et
insuffisance rénale par accumulation et néphrose osmotique) [52, 53]. De nombreux essais
cliniques ont comparé l'utilisation des colloïdes de nouvelle génération (HEA type 130/0,4 ;
130 = poids en kDa ; 0,4 = taux de substitution molaire ; ex : Restorvol® ou Voluven®) aux
cristalloïdes chez les patients de réanimation en état de choc (hypovolémique ou septique) et
n'ont pas démontré d'effet bénéfique des colloïdes en termes de réduction de mortalité (à j28
et j90) ou de diminution du taux de défaillance d'organe [54]. Au contraire, d'autres études ont
retrouvé un effet rénal délétère chez les malades présentant un sepsis [55] et chez ceux
relevant d'une hospitalisation en réanimation [56] avec une augmentation du taux d'épuration
extrarénale dans le groupe colloïde. Les dernières méta-analyses ont confirmé l'effet délétère
des HEA sur la fonction rénale (surcroît de recours à la dialyse par rapport à un cristalloïde)
ainsi qu'une surmortalité [57, 58]. Compte tenu de ces résultats, une mise au point de la
commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) [4] a modifié en octobre
2014 l'autorisation de mise sur le marché (AMM) des HEA, en restreignant leurs utilisations à
la prise en charge des hypovolémies dues à des pertes sanguines aiguës, et seulement en
deuxième intention (c'est-à-dire, après échec des cristalloïdes seuls).
Depuis cette mise au point, de nouvelles études ont été publiées pour essayer de déterminer
le risque réel de l'utilisation de faibles doses d'HEA de « troisième génération » (faible
concentration et bas poids moléculaire) notamment dans le cadre de la prise en charge
précoce des chocs hémorragiques [59, 60, 61] et celles-ci ne semblent pas montrer de risque rénal
accru.
Gélatines
Les gélatines sont des colloïdes de synthèse polypeptidiques obtenus par hydrolyse de
collagène osseux de bœuf et d'élimination rénale. Les solutions de gélatine à 4 % sont
isotoniques et iso-osmotiques, leur demi-vie est de quatre heures et elles permettent une
obtention plus rapide des objectifs hémodynamiques qu'avec un cristalloïde seul [62]. Les
récentes restrictions d'utilisation des HEA ont entraîné un regain d'utilisation des gélatines
malgré des risques allergisants, de coagulopathie induite [63, 64] et selon les dernières études, un
risque accru d'insuffisance rénale aiguë [65]. L'administration actuelle par défaut des gélatines
ne repose sur aucun argument scientifique et ne devrait pas avoir lieu d'être.
Dextrans
Les dextrans sont des polysaccharides d'origine bactérienne (Lactobacillus, Leuconostoc
mesenteroides) de poids moléculaire variable (40 à 70 kDa). Ils ne sont plus du tout utilisés
de nos jours compte tenu des troubles majeurs de la coagulation induits [66] (altération de
l'agrégabilité plaquettaire et allongement du temps de saignement) et de leurs effets
allergisants [64] (l'utilisation de dextran imposait l'administration concomitante d'un bloqueur de
l'haptène afin de réduire la survenue de chocs anaphylactiques liés à la formation de
complexes haptène-dextran).
Parmi les techniques non invasives, la principale est l'échocardiographie transthoracique (ETT).
Celle-ci s'est imposée au cours des dernières années comme un outil diagnostique et de
surveillance incontournable au cours des états de choc. Elle permet : une évaluation rapide de
la fonction cardiaque, l'élimination des autres causes de défaillance circulatoire aiguë
(défaillance ventriculaire gauche, cœur pulmonaire aigu, tamponnade, etc.) et l'estimation de
la volémie. Le recours à l'ETT permet de réduire la quantité de fluide administrée mais surtout
de diminuer la mortalité des patients [70]. Actuellement, l'ETT représente le gold standard pour
le diagnostic et la surveillance hémodynamique des états de choc [67]. Le diagnostic
d'hypovolémie sévère est le plus souvent évident en échocardiographie lorsque la baisse du
retour veineux est telle que le remplissage des cavités cardiaques est insuffisant. On peut
donc évoquer une hypovolémie sur des critères visuels qualitatifs simples tels qu'une
hyperkinésie ventriculaire avec fraction d'éjection ventriculaire gauche augmentée ou des
surfaces télésystoliques collapsiques (aspect de kissing heart) [71]. L'ETT permet une estimation
indirecte du VES par la mesure de l'intégrale temps-vitesse (ITV) au niveau de la chambre de
chasse du ventricule gauche. En l'absence de valvulopathie aortique, celle-ci en est une très
bonne estimation. Il est également possible de déterminer les pressions de remplissage
ventriculaires gauches grâce à des indices statiques tels que l'analyse du flux transmitral
(rapport E/E' avec onde E obtenue en Doppler pulsé et onde E' obtenue en Doppler
tissulaire) [72] ou l'étude des variations respiratoires du diamètre de la veine cave inférieure
(VCI) en respiration spontanée (pression dans l'oreillette droite < 5 mmHg si collapsus
inspiratoire VCI > 50 %) et contrôlée (pression dans l'oreillette droite < 10 mmHg si diamètre
VCI < 12 mm) [73, 74]. Ces indices statiques sont des indicateurs de précharge et non de
précharge-dépendance. Ainsi ils n'ont d'intérêt que pour des valeurs très basses (hypovolémie
sévère). Dans les situations moins caricaturales, les indices statiques sont des mauvais
critères prédictifs de réponse au remplissage vasculaire. On utilise alors des critères
dynamiques, par exemple basés sur les interactions cardiorespiratoires. En ETT, une variation
respiratoire de plus de 12 % des pics de vélocité aortiques ou de leur intégrale (ITV sous-
aortique au niveau de la chambre de chasse) constitue un index prédictif de réponse à
l'expansion volémique [75]. De façon similaire, l'index de distensibilité de la VCI est un critère
prédictif fiable de réponse au remplissage vasculaire (index de distensibilité de la VCI
> 18 %) [76, 77].
Parmi les autres techniques de monitorage non invasives, il convient de citer le Doppler
transœsophagien. Cette technique permet par l'introduction d'une sonde œsophagienne de
capter le flux Doppler de l'aorte thoracique descendante et d'en calculer l'ITV, permettant
d'estimer le VES, le flux aortique correspondant à environ 70 % du débit cardiaque.
Les techniques invasives sont également nombreuses. La première, qui correspond au gold
standard du monitorage hémodynamique, est la sonde de Swan-Ganz. Celle-ci permet la
mesure du débit cardiaque par une technique de thermodilution et la mesure des pressions
gauches. Cependant sa difficulté de mise en place et d'interprétation on fait peu à peu
abandonner cette technique pour des méthodes plus simples.
Celles-ci sont basées le plus souvent sur le monitorage du VES par des techniques d'analyse
du contour de l'onde de pouls à partir d'un cathéter artériel permettant un monitorage continu.
Elles peuvent être calibrées par une technique de thermodilution transpulmonaire (injection
d'un bolus froid par un cathéter veineux central et analyse de la courbe de thermodilution au
niveau artériel) permettant une mesure de référence du débit cardiaque. Ces techniques sont
également utilisables de manière « non calibrée » c'est-à-dire par l'utilisation d'un algorithme
de calibration automatique fourni par le constructeur. Dans ce dernier cas, bien que la valeur
absolue du VES soit moins fiable, l'étude des variations est suffisante pour guider une
stratégie d'optimisation hémodynamique [78, 79].
Les plus anciennes sont basées sur l'interaction cœur-poumon au cours de la ventilation
mécanique et par étude de la variabilité respiratoire de la pression artérielle invasive [83, 84].
Différents paramètres ont été validés (Figure 5) :
Conclusion
Les bénéfices attendus de la correction d'une hypovolémie par l'expansion volémique sont
multiples : augmentation du débit cardiaque par augmentation du retour veineux et
augmentation de la pression systémique moyenne permettant in fine une augmentation de la
délivrance tissulaire en oxygène par l'augmentation du débit cardiaque. La rapidité avec
laquelle ces objectifs hémodynamiques sont atteints conditionne le pronostic du patient. Le
choix du soluté de remplissage ainsi que les modalités d'administration sont primordiaux.
Actuellement, il est recommandé d'utiliser des solutés cristalloïdes en première intention dans
la correction d'une hypovolémie aiguë. L'emploi de vasopresseurs doit être précoce une fois les
objectifs volémiques atteints afin d'améliorer le pronostic des patients. De plus, les
vasopresseurs, par leur activité vasopressive intrinsèque, peuvent se comporter comme de
véritables « épreuves de remplissage like » par mobilisation du réservoir veineux non
contraint.
Résumé
Toute situation d'hypovolémie, qu'elle soit absolue (diminution de la masse sanguine totale de
l'organisme) ou relative (diminution du retour veineux par diminution du volume sanguin dans le
compartiment central) doit être corrigée le plus rapidement possible afin d'éviter les
conséquences délétères d'une hypoperfusion tissulaire prolongée. Les objectifs d'un remplissage
vasculaire sont donc de restaurer une volémie efficace ainsi que de corriger le transport et la
délivrance tissulaire en oxygène par l'augmentation des débits sanguins régionaux via
l'augmentation du débit cardiaque. Lors d'une insuffisance circulatoire aiguë, la rapidité avec
laquelle les objectifs hémodynamiques sont restaurés conditionne le pronostic du patient.
Différents solutés de remplissage sont à notre disposition. Ils se répartissent en deux grandes
catégories : les cristalloïdes et les colloïdes. L'utilisation préférentielle d'un produit donné tient
compte de plusieurs critères : l'espace de diffusion et le pouvoir d'expansion volémique théorique
du soluté, le degré d'altération du glycocalyx et de la membrane capillaire, l'étiologie de
l'hypovolémie mais aussi les indications et contre-indications des différents solutés
(coagulopathie, origine du saignement, etc.). Actuellement, il est recommandé d'utiliser les
solutés cristalloïdes en première intention dans la correction d'une hypovolémie aiguë. Les
modalités d'administration du remplissage sont également très importantes. Il est primordial de
monitorer les effets hémodynamiques du remplissage vasculaire afin d'en juger l'efficacité et
d'éviter les complications en lien avec un remplissage excessif. L'emploi de vasopresseurs doit
également être précoce une fois les objectifs volémiques atteints afin d'améliorer le pronostic des
patients. Ils agissent grâce à leur activité vasopressive intrinsèque comme de véritables
« épreuves de remplissage » par mobilisation du réservoir veineux non contraint.
Figure 1 :
Figure 3 :
Figure 5 :
Figure 6 :