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Département Informatique

Conservatoire National des Arts et


Métiers

Vendredi 2 décembre 2022

Guillaume FLAMBARD
Avocat – Spécialiste
Droit du Numérique et des
Communications

1
SOMMAIRE
• Introduction générale
• Règles du droit positif
• La réforme du droit des contrats
• Droit commun des contrats et de la responsabilité
• Responsabilité pénale née de l’informatique
• Droits d’auteur et propriété intellectuelle
• Droits des brevets et propriété industrielle
• Les acteurs de l’informatique
• Les créateurs de logiciels
• Les producteurs de bases de données
• Les utilisateurs de l’informatique
• Le particularisme des contrats informatiques
• Les règles applicables sur Internet
• Conclusion
• Protection des données à caractère personnel

2
INTRODUCTION GENERALE
• Les règles du droit positif
• Sources principales
• Sources internationales
• Les textes constitutionnels
• La loi
• Sources réglementaires (administratives)
• Autres sources
• Les interprétations administratives (circulaires)
• La jurisprudence
• Les usages (la coutume)
• La doctrine

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• LOI n° 2018-287 du 20 avril 2018 ratifiant l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février
2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve des
obligations

• Définition du contrat
• Définition de l’écrit
• Contrat cadre, contrat d’adhésion
• Phase pré contractuelle
• Suppression de « la cause » et de « l’objet »
• Remplacés par le « contenu » du contrat
• Déséquilibre économique
• Imprévision
• Force majeure contractuelle
• Non respect d’une obligation et exécution forcée du contrat
• Confirmation de l'acte nul
• Transposition de la règle de l'estoppel de droit anglo-américain

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Définition du contrat
• Définition de l’écrit
• Auparavant, le contrat était défini comme « une « convention » par laquelle une ou plusieurs personnes
s’obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose ».

• Dorénavant, « le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes destiné à créer,
modifier, transmettre ou éteindre des obligations ».

• La référence à l’obligation de donner, faire ou ne pas faire a disparue. Quant à la « convention », elle
est remplacée par l’accord de volonté.

• La jurisprudence en matière de contrats a souvent eu tendance à créer des régimes différents pour la
prestation de services d’une part, et la fourniture d’un produit d’autre part. Il y avait dans cette
approche une filiation très claire avec la définition du contrat puisque le Code civil lui-même invitait à la
précision : « donner une chose », n’est pas du pareil que « faire quelque chose ». Les juges avaient
donc pris l’habitude de réfléchir différemment selon que l’obligation en cause consiste à donner ou à
faire (ou ne pas faire).
• Par exemple, c’est sur la base de cette jurisprudence duale que les contrats de licence (logiciels,
progiciels, bases de données) ont souvent été traités différemment des contrats de vente de
matériels informatiques.

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Définition du contrat
• Contrat cadre, contrat d’adhésion
• La réforme du droit des contrats introduit une protection pour la partie faible, via un régime juridique nouveau
de négociation en cas de déséquilibre significatif.

• Cela promet de beaux débats car les parties en litige risquent bien souvent de ne pas s’entendre sur la notion
de déséquilibre significatif, qui n’a pas véritablement de définition dans le Code civil (version 1804, comme
nouvelle version 2016).

• Par ailleurs, la philosophie de la réforme consiste à introduire une différence assez nette entre les contrats
négociés et les contrats d’adhésion.
• Ainsi, l’article 1171 nouveau du Code civil répute non écrites toutes les clauses (clause de révision de
prix, d’indemnisation, d’ester en justice, etc.) des contrats d’adhésion, nombreux dans le domaine
informatique, créant un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties.
• Or, les contrats d’adhésion (non négociés) sont souvent la norme dans plusieurs industries relevant de
l’informatique, à commencer par celle du logiciel ainsi que le commerce électronique.

• De là à imaginer que certains préféreront dorénavant ne pas négocier le contrat proposé par le prestataire de
services ou le fournisseur de produits informatiques pour pouvoir mieux invoquer ensuite le régime du contrat
d’adhésion, il n’y a qu’un pas.

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Phase pré contractuelle
• La phase pré contractuelle n’avait reçu que peu d’attention dans le code napoléonien de 1804.
• Pourtant, elle a donné lieu à d’incroyables développements jurisprudentiels et à la création d’une véritable théorie
générale pré contractuelle en droit Français.

• Cela résulte tout simplement du principe de réalité : dans la vraie vie, la phase pré contractuelle est très souvent
source de problèmes. Les cas les plus fréquents : (i) la négociation n’aboutit pas et l’un reproche à l’autre d’avoir fait
capoter les négociations ; (ii) la négociation aboutit à une contrat mais une partie se rend compte ultérieurement,
qu’elle n’a pas eu connaissance à ce moment-là d’un certain nombre d’informations, et a été amenée en conséquence
à prendre des décisions différentes de ce qu’elle aurait fait si elle avait été informée.

• La réforme 2016 du droit des contrats est très complète.


• Il y a dorénavant des règles écrites dans le Code civil relatives aux négociations, à la promesse, à l’offre et à
l’acceptation de l’offre et plus généralement aux actes et faits juridiques antérieurs à la conclusion du contrat
définitif.

• Ainsi, le devoir d’information précontractuel dont le non-respect est sanctionné par la nullité du contrat contraindra les
fournisseurs de produits, ainsi que les prestataires de services à fournir à leurs clients (simples particuliers ou
professionnels) une information sur les éléments déterminants du contrat que ceux-ci peuvent ne pas connaitre.
• Ce devoir d’information devra amener le rédacteur d’acte (la personne qui rédige un contrat) à s’assurer de
fournir l’exhaustivité des informations concernant le contenu du contrat et de justifier de la délivrance de cette
information.

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Suppression de « la cause » (pourquoi ?) et de « l’objet » (quoi ?) (remplacés par « le contenu » du contrat)
• Ces deux notions (« cause » et « objet » du contrat) font partie des pépites du Code civil au sujet desquelles les juristes
arrivent à débattre pendant des heures.
• Dans la réforme 2016 du droit des contrats, les 2 notions disparaissent, au profit du « contenu » du contrat.

• La première question qu’il faut maintenant résoudre consiste à savoir si cette double disparition signifie que « la cause » et
« l’objet » n’étaient en réalité que les côtés pile et face de la même notion, à savoir « le contenu » du contrat ?

• De façon plus concrète, « la cause » et « l’objet » étaient des notions très usitées en droit des contrats.

• En résumé : un contrat peut disparaitre (« devenir caduc » selon l’expression des juristes) si un de ses éléments essentiels
(cause ou objet) disparaît.
• Comment par exemple continuer la maintenance informatique sur un serveur si celui-ci disparait ? Comment va-t-on dorénavant appliquer la
caducité dans ce cas ? Faudra-t-il la disparition de tout le « contenu » du contrat ou d’une partie seulement ?
• Autant de questions qui sont ouvertes.

• La disparition de ces deux références (« cause » et « objet ») risque donc, par un étonnant effet de ricochet, d’affecter
également le régime juridique de la caducité qui a, dans le contentieux informatiques, une importance pratique non
négligeable.

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Déséquilibre économique (Imprévision)
• En raison des barrières technologiques, il est extrêmement fréquent que l’obligation de délivrance ne puisse pas être
satisfaite dans les contrats de prestations informatiques, ainsi que dans les contrats de développement de solutions
informatiques.
• Ce n’est pas que le prestataire manque de volonté ou fasse preuve de mauvaise foi ; c’est simplement qu’on a beau tout mettre en œuvre,
on y arrive pas.

• Dans les contrats de prestations informatiques, ainsi que dans les contrats de développement de solutions informatiques,
cette situation est extrêmement fréquente. Jusqu’à présent, le droit Français se montrait intraitable. La théorie de
l’imprévision n’était pas accueillie en droit Français (à l’exception de certaines matières administratives).

• Ce refus de reconnaître la théorie de l’imprévision découlait directement de l’importance du principe selon lequel le contrat
forme la loi des parties. Les juges Français considéraient que ce serait porter une atteinte trop importante à ce principe que
de s’immiscer a posteriori dans l’exécution du contrat, même si l’on constate que ladite exécution est beaucoup plus
difficile/onéreuse que prévu.

• Changement à 180 degrés avec la réforme 2016 du droit des contrats !


• Art. 1195 nouveau du Code civil. - Si un changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion du contrat rend l'exécution
excessivement onéreuse pour une partie qui n'avait pas accepté d'en assumer le risque, celle-ci peut demander une renégociation du contrat
à son cocontractant. Elle continue à exécuter ses obligations durant la renégociation.
• En cas de refus ou d'échec de la renégociation, les parties peuvent convenir de la résolution du contrat, à la date et aux conditions qu'elles
déterminent, ou demander d'un commun accord au juge de procéder à son adaptation. A défaut d'accord dans un délai raisonnable, le juge
peut, à la demande d'une partie, réviser le contrat ou y mettre fin, à la date et aux conditions qu'il fixe

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Force majeure contractuelle
• La version 2016 du Code civil a introduit la notion de force majeure contractuelle.

• La force majeure n’est pas la même chose que l’imprévisibilité, même si les deux
notions sont souvent traitées de manière proche, et parfois de façon subsidiaire
l’une par rapport à l’autre.

• Le nouvel article 1218 du Code civil stipule qu’il y a force majeure en matière
contractuelle : « lorsqu’un événement échappant au contrôle du débiteur, qui ne
pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du contrat et dont les
effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées, empêche l’exécution
de son obligation par le « débiteur » » (à distinguer du « créancier » de
l’obligation).

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Non respect d’une obligation et exécution forcée du contrat
• L’exécution en nature est consacrée et permet en cas de non-respect d’une obligation par un
fournisseur de produits ou un prestataire de services de solliciter un autre professionnel pour
achever les prestations ou en cas de refus du fournisseur défaillant (« débiteur » de l’obligation)
d’agir ainsi.
• Le client pourra même décider de lui-même de solliciter une réduction du prix en cas de non-respect
par le prestataire de ses obligations et s’il n’a pas encore payé, de réduire lui-même ledit prix, le juge
s’assurant a posteriori du bien-fondé d’une telle mesure. Ainsi, le prix déterminé dans un contrat n'est
plus intangible car il peut être réduit en en cas d'inexécution.
• C’est un pic de la réforme. Plane dès lors les menaces soit d'une exécution forcée en nature
dès lors qu'elle est possible, soit d’une réduction du prix. Il est ainsi devenu possible de se faire
justice à soi-même dans un certain nombre de cas. On a ouvert la boîte de Pandore.
• Art. 1221 nouveau du Code civil - Le créancier d'une obligation peut, après mise en demeure, en
poursuivre l'exécution en nature sauf si cette exécution est impossible ou s'il existe une disproportion
manifeste entre son coût pour le débiteur et son intérêt pour le créancier.
• Art. 1223 nouveau du Code civil.- Le créancier peut, après mise en demeure, accepter une exécution
imparfaite du contrat et solliciter une réduction proportionnelle du prix.
• S’il n’a pas encore payé, le créancier notifie sa décision de réduire le prix dans les meilleurs délais.

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INTRODUCTION GENERALE
• La réforme du droit des contrats
• Confirmation de l'acte nul
• Transposition de la règle de l'estoppel de droit anglo-américain
• Il n’est pas rare de voir une partie adopter une position ou une stratégie dans un litige, avant de changer de stratégie au détriment de son cocontractant et
de tenter de le justifier par le contrat.
• Par exemple : j’accepte de me soumettre à un arbitrage alors que le contrat prévoit la compétence des juridictions de Paris puis, ayant perdu
l’arbitrage, je demande l’annulation de la sentence en invoquant le contrat.

• Le droit anglo-saxon n’admettait pas ce retournement de veste, connu sous le nom d’estoppel : « une partie ne peut se prévaloir d’une position contraire à
celle qu’elle a prise antérieurement lorsque ce changement se produit au détriment d’un tiers »

• En droit français, les choses étaient moins claires. Sur le principe, la Cour de cassation n’était pas contre, mais en pratique tous les juges du fond
(Tribunaux de 1ère instance, et cours d’appel) ne suivaient pas et surtout, la jurisprudence n’était pas homogène quant aux conséquences de l’estoppel

• Dorénavant, les choses seront beaucoup plus claires. La matière est réglée au nouvel article 1182 du Code civil
• Art. 1182 nouveau du Code civil. - La confirmation est l'acte par lequel celui qui pourrait se prévaloir de la nullité y renonce. Cet acte mentionne
l'objet de l'obligation et le vice affectant le contrat.

• La confirmation ne peut intervenir qu'après la conclusion du contrat.

• L'exécution volontaire du contrat, en connaissance de la cause de nullité, vaut confirmation. En cas de violence, la confirmation ne peut intervenir
qu'après que la violence a cessé.

• La confirmation emporte renonciation aux moyens et exceptions qui pouvaient être opposés, sans préjudice néanmoins des droits des tiers.

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INTRODUCTION GENERALE
• Droit commun des contrats
• Parties, objet, durée, prix, territoire
• Maitre d’ouvrage; maitre d’œuvre
• Solution informatique
• Déterminé, déterminable
• Terme (évènement futur et certain), et condition (évènement futur et incertain)
• Astreintes sans effet libératoire et pénalités avec effet libératoire
• La clause pénale, définit par la Cour de cassation comme « la clause d’un contrat par laquelle les
parties évaluent forfaitairement et d’avance l’indemnité à laquelle donnera lieu l’inexécution de
l’obligation contractée » (Civ. 1ère, 10 octobre 1995, n° 93-16.869, Bull. civ., I, n° 347), remplit une
fonction indemnitaire et comminatoire.
• La clause d’astreinte ne poursuit quant à elle aucune fonction indemnitaire et constitue un simple
moyen de pression exercé sur le débiteur d’une obligation.

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INTRODUCTION GENERALE
• Droit commun de la responsabilité
• Droit de la responsabilité civile contractuelle
• L’article 1231-1 nouveau du Code civil (ancien article 1147 du Code civil) dispose : « Le débiteur est condamné, s’il y a lieu, au paiement de
dommages et intérêts soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans l’exécution, s’il ne justifie pas que l’exécution a été
empêchée par la force majeure ».
• Le nouveau texte du Code civil précise « s’il y a lieu » car l’existence d’un préjudice réparable et d’un lien de causalité doit être démontrée. L’article
1231-1 est une reprise de l’ancien article 1147. L’expression « cause étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi
de sa part » a été remplacée, pour des questions de simplification, par l’expression « force majeure », qui signifie la même chose.
• La responsabilité contractuelle est donc celle qui résulte de la mauvaise exécution ou de l’inexécution totale ou partielle des obligations nées d’un
contrat.
• Droit commun de la responsabilité civile délictuelle ou quasi-délictuelle
• Le triptyque « faute / préjudice / lien de causalité » est l’objet de débats récurrents, parfois délicats.
• La loi distingue la responsabilité du fait personnel « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer. » Article 1240 nouveau du Code civil (ancien article 1382 du Code civil), et la responsabilité du fait d’autrui, ainsi que
la responsabilité du fait des choses Art. 1242 nouveau du Code civil – « On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son
propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde ». (anciens
article 1384 du Code Civil).
• Dans toutes ces matières, la responsabilité de l’auteur des dommages corporels, matériels ou financiers peut être recherchée en dehors de tous contrats.
• Responsabilité du vendeur professionnel du commerce électronique
• Article L.121-19-4 du Code de la consommation
• Responsable de l’inexécution, et de la mauvaise exécution du contrat
• Peu importe que l’inexécution, ou la mauvaise exécution trouve son origine chez un autre prestataire sous-traitant
• « Le professionnel est responsable de plein droit »
• Les règles de la responsabilité contractuelle s’appliqueront

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INTRODUCTION GENERALE
• Responsabilité pénale née de l’informatique
• Accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé
• Article L.323-1 du Code pénal
• Atteinte à l’intégrité du système
• L.323-2 du Code pénal
• Atteinte à l’intégrité des données
• L.323-3 du Code pénal
• Le principe de la responsabilité pénale personnelle
• Un DG, un DSI, un RSI ne sera – en principe - responsable pénalement que
ses propres faits ou agissements, et non pas de ceux de tiers, en particulier
des salariés (préposés)
• Sauf exceptions NTIC, comme par exemple la protection des données à caractère
personnel
• Article L.226-17 du Code pénal condamne le fait de procéder ou de faire procéder à un
traitement de données à caractère personnel sans mettre en œuvre les mesures prescrites
par l’article 34 de la Loi du 6 janvier 1978

15
INTRODUCTION GENERALE
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Le droit de la propriété intellectuelle est construit sur une fiction juridique :
• Une propriété sur une chose immatérielle que l’on ne détient pas entre les mains et qui amène à instituer de fait une
propriété sans possession !
• Autrement dit, s’il n’y avait pas la loi pour l’instituer et la protéger, la propriété de l’auteur s’épuiserait dans ce
pourquoi l’œuvre est faite, à savoir d’être présentée au public et donc, détenue par le plus grand nombre.
• Voilà pourquoi certaines personnes contestent aujourd’hui avec véhémence la propriété intellectuelle dans ses
fondements et rejettent cette fiction au motif que l’œuvre appartient tout autant à son auteur qu’à son public.
• Les technologies actuelles ont ouvert une brèche au risque de rendre aujourd’hui la fiction totalement creuse.
• D’immatérielles d’un point de vue conceptuel, les œuvres de l’esprit sont devenues dématérialisées d’un point de
vue technique, ce qui les rend pour beaucoup toujours plus impalpables intellectuellement et en pratique, bien plus
appropriables par le public.
• La propriété intellectuelle est aujourd’hui en crise ! Et une autre fiction s’y substitue. Celle des « communs
collaboratifs » :
• Les œuvres de l’esprit deviendraient des ressources appropriables par le plus grand nombre, qui nécessiteraient de
repenser les droits et obligations de ses utilisateurs et d’instaurer une nouvelle gouvernance …
• Ce qui pousse pour une refonte du droit de la propriété intellectuelle.
• L’objectif est d’inventer un « fair-use » de la PI, et créer un droit à l’expérimentation qui justifierait que lorsqu’on
innove, teste et recherche, l’on soit libre de tout utiliser, en disposant d’une exonération juridique comme on
dispose déjà d’exonérations fiscales, notamment en matière de recherche-développement.

16
INTRODUCTION GENERALE
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Droits d’auteur et propriété intellectuelle
• Article L111-1Modifié par Loi n°2006-961 du 1 août 2006 - art. 31 JORF 3 août 2006
• « L'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création,
d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.»
• Protection légale acquise dès la création ; pas besoin d’un dépôt
• Le dépôt [ Association pour la Protection des Programmes (APP, et agents
assermentés de l’APP), Logitas, ou sinon huissier, notaire, etc ] n’est qu’une
mesure probatoire pour donner date certaine à la création
• L’œuvre doit être « nouvelle » et « originale »
• La loi FR ne protège pas les idées (les idées sont de « libre parcours »), mais la forme
dans laquelle elle sont exprimées
• La forme (création intellectuelle) doit être « originale », cad porter l’empreinte de la
personnalité de l’auteur
• L’originalité s’apprécie de manière subjective ; on dit que l’originalité s’entend comme « le
reflet de la personnalité du créateur » (CA PARIS, 24 nov. 1988, Cah. Dr. Auteur juin 1989,
p.4)

17
INTRODUCTION GENERALE
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Droits d’auteur et propriété intellectuelle
• Œuvre originaire et œuvre dérivée
• L’œuvre « dérivée » est obtenue par transformation d’une œuvre originaire, sans
incorporation d’une œuvre « nouvelle »
• L’œuvre dérivée est protégée par les droits d’auteur, « sans préjudice des droits de
l’auteur sur l’œuvre originale » (L.112-3 du CPI)
• Œuvre d’un auteur ou de plusieurs auteurs
• L’œuvre de « collaboration » est celle « à la création de laquelle ont concouru
plusieurs personnes physiques » (L.113-2 du CPI)
• L’œuvre « collective » est celle « créée sur l’initiative d’une personne physique ou
morale qui l’édite, la publie ou la divulgue sous sa direction et son nom » (L.113-2 du
CPI)

18
INTRODUCTION GENERALE
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Droits des brevets et propriété industrielle
• L’invention doit être « nouvelle » cad qu’elle ne doit pas être comprise dans l’état de la technique (L.611-10 1° du
CPI)
• La nouveauté disparait en cas d’ « antériorités », en particulier en cas de divulgation antérieure par l’inventeur lui-
même
• L’invention doit résulter d’une « activité inventive », cad qu’elle ne doit pas découler « de manière évidente de l’état
de la technique »
• L’invention doit être susceptible d’ « application industrielle »
• Obligation de dépôt
• A la différence des droits d’auteur dont la propriété s’acquiert du seul fait de la création d’une œuvre nouvelle et
originale, sans obligation de dépôt, la propriété du brevet s’acquiert à la suite d’un dépôt (L.612-1 et suivants du CPI)
• Il existe 3 niveaux/sortes de brevets
• FR / INPI
• Européen / OEB Munich
• L'accord intervenu le 25 juin 2015 réduit fortement les coûts du brevet et assure une protection automatique
dans les 25 Etats membres participants (« brevet unitaire européen »).
• Ce « brevet européen unitaire » devrait entrer en vigueur courant 2016. L'ensemble des pays membres de
l'Union Européenne sont signataires, à l'exception de l'Espagne, de l'Italie et de la Croatie.
• PCT / International / OMPI (Genève)

19
INTRODUCTION GENERALE
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Droits des brevets et propriété industrielle
• Le droit au titre de propriété industrielle appartient à l’inventeur (L.611-6 du CPI)
• En réalité, le monopole d’exploitation appartient au demandeur de la demande de
brevet (qui n’est pas nécessairement l’inventeur)
• Il peut y avoir plusieurs demandeurs et copropriété de brevet (s) (et règlement de
copropriété de brevet (s)
• Les inventions de mission des salariés (excluant intérimaires et stagiaires)
• Appartiennent à l’employeur
• Idem pour les agents publics et fonctionnaires
• Les inventions hors mission attribuables
• Peuvent appartenir à l’employeur moyennant un « juste prix »
• Les inventions hors mission non attribuables
• Elles appartiennent complétement aux salariés

20
INTRODUCTION GENERALE
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Loi PACTE (loi relative à la croissance et à la transformation des entreprises, promulguée le 22 mai 2019) : a marqué l’entrée en vigueur des nouvelles
mesures sur le certificat d’utilité. Le décret d’application relatif à la création d’une demande provisoire de brevet et à l’évolution du certificat d’utilité a été
publié au Journal officiel le 10 janvier 2020.
• Le certificat d’utilité est un titre de propriété industrielle destiné à assurer une protection pour des innovations dont les cycles de vie sont courts ou
dont la phase de maturité est brève. Dans le cadre de la loi PACTE, le certificat d’utilité a évolué et il est devenu plus flexible pour mieux s’adapter
aux nouvelles attentes des entreprises et en particulier des start-up et PME innovantes.
• Quelles sont les nouvelles mesures pour le certificat d’utilité ?
• Allongement de la protection à 10 ans (au lieu de 6 ans auparavant) afin d’aligner la durée de protection de ce titre de propriété industrielle sur celle
du modèle d’utilité allemand ou chinois.
• Possibilité de transformer une demande de certificat d’utilité en demande de brevet jusqu’au début des préparatifs techniques de publication (16
mois environ à compter du dépôt).
• L’application de ces mesures dans le temps
• La possibilité de transformer une demande de certificat d’utilité en demande de brevet concerne les demandes de certificat d’utilité déposées depuis
le 11 janvier 2020.
• L’allongement de durée de protection s’applique à tous les certificats d’utilité qui ont moins de 6 ans révolus le 10 janvier 2020, jour de la publication
du décret.
• Une période transitoire a été prévue pour permettre aux titulaires de certificats d’utilité qui sont dans la 6ème année de payer l’annuité sans surtaxe :
toutes les échéances pour une 7ème annuité attendues fin janvier 2020, fin février 2020, fin mars 2020 ou fin avril 2020 sont reportées au 11 mai
2020 sans redevance de retard à payer ; au-delà de cette date et jusqu’au 12 novembre 2020, il sera encore possible de payer la 7ème annuité pour
ces certificats d’utilité mais en s’acquittant d’une surtaxe de retard de 50 %.
• La demande provisoire de brevet
• Est une nouvelle procédure entrée en vigueur le 1er juillet 2020. Cette nouvelle possibilité de déposer une demande de brevet sous forme provisoire
ne crée pas un nouveau titre de propriété industrielle mais propose une manière simplifiée et peu onéreuse d’initier le dépôt d’une demande de
brevet pour les entreprises souhaitant protéger leurs innovations, en ouvrant un droit de priorité.
• Le déposant dispose d’un délai de 12 mois à compter du dépôt de sa demande provisoire pour basculer du statut provisoire au statut classique. La
bascule peut consister en : une mise en conformité en vue d’une obtention d’un brevet, ou une transformation en certificat d’utilité.

21
SOMMAIRE
• Introduction générale
• Les acteurs de l’informatique
• Les créateurs de logiciels
• Les producteurs de bases de données
• Les utilisateurs de l’informatique
• Le particularisme des contrats informatiques
• Les règles applicables sur Internet
• Conclusion
• Protection des données à caractère personnel

22
LES ACTEURS DE L’INFORMATIQUE
Les Créateurs de logiciels
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Droits d’auteur et propriété intellectuelle
• L’auteur d’un Logiciel
• Les logiciels relèvent de la catégorie des « œuvres de l’esprit » protégées par les
droits d’auteur ; ils sont exclus de la protection par le droit des brevets (L.611-10, 2, c
du CPI)
• « Sauf dispositions statutaires ou stipulations contraires, les droits patrimoniaux sur
les logiciels et leur documentation créés par un ou plusieurs employés dans l'exercice
de leurs fonctions ou d'après les instructions de leur employeur sont « dévolus » à
l'employeur qui est seul habilité à les exercer » (L.113-9 du CPI).
• A la différence des créateurs salariés du secteur privé, les fonctionnaires et agents de
l’Etat reçoivent une rémunération spécifique (prime) pour les logiciels créés dans
l’exercice de leurs fonctions, mais qui n’est accordée qu’à certaines catégories visées
dans le décret n°96-858 du 2 octobre 1996 (relatif à l'intéressement de certains
fonctionnaires et agents de l'Etat et de ses établissements publics ayant participé
directement à la création d'un logiciel, à la création ou à la découverte d'une obtention
végétale ou à des travaux valorisés). 23
LES ACTEURS DE L’INFORMATIQUE
Les Créateurs de logiciels
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Droits d’auteur et propriété intellectuelle
• Les exceptions au monopole sur le droit du logiciel
• Art. L. 122-6-1 du CPI
• « I. Les actes prévus aux 1° et 2° de l'article L. 122-6 ne sont pas soumis à
l'autorisation de l'auteur lorsqu'ils sont nécessaires pour permettre l'utilisation du
logiciel, conformément à sa destination, par la personne ayant le droit de l'utiliser,
y compris pour corriger des erreurs.»
• « Toutefois, l'auteur est habilité à se réserver par contrat le droit de corriger les
erreurs et de déterminer les modalités particulières auxquelles seront soumis les
actes prévus aux 1°. et 2°. de l'article L. 122-6, nécessaires pour permettre
l'utilisation du logiciel, conformément à sa destination, par la personne ayant le
droit de l'utiliser. »

24
LES ACTEURS DE L’INFORMATIQUE
Les Créateurs de logiciels

• Logiciel libre ou « open source »


• Le logiciel libre utilise les mécanismes du droit d’auteur.
• Il n’est pas libre de droits et, par conséquent, n’appartient pas au domaine
public.
• La modification du programme, sous condition d’originalité, peut donc
conférer la qualité d’auteur à l’utilisateur.
• Attention : Les licences libres contiennent, le plus souvent, des clauses
exonératoires de responsabilité du fait de dommages causés par le
logiciel ou dus à l'utilisation d'une œuvre.
• Retour d’expérience : Peut être sanctionnée une société qui n’a pas
respecté la licence GNU GPL sous laquelle était placé le logiciel libre qu’elle
avait installé chez un client.

25
SOMMAIRE
• Introduction générale
• Les acteurs de l’informatique
• Les créateurs de logiciels
• Les producteurs de bases de données
• Les utilisateurs de l’informatique
• Le particularisme des contrats informatiques
• Les règles applicables sur Internet
• Conclusion
• Protection des données à caractère personnel

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LES ACTEURS DE L’INFORMATIQUE
Les Producteurs de bases de données
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Article L112-3 du CPI
• « On entend par base de données un recueil d'œuvres, de données ou d'autres
éléments indépendants, disposés de manière systématique ou méthodique, et
individuellement accessibles par des moyens électroniques ou par tout autre
moyen. »
• En pratique, il convient de distinguer le contenant (« la base ») et le contenu (« les
données »).
• Le contenant (« la base ») est protégée en tant que tel, sous réserve d’originalité, sans
préjudice de la protection du contenu (« les données »)
• Le contenant bénéficie d’une double protection, au titre du droit dit « sui generis » (d’un
genre propre) des bases de données, et des droits d’auteur. Le droit sui generis des bases
de données accorde un monopole à l’investisseur (« le producteur »), bien qu’il ne soit pas
auteur, pour protéger l’investissement financier, humain, et matériel qu’il a effectué.
• Le contenu (« les données ») est protégé uniquement par les droits d’auteur, sous réserve
de données « nouvelles » et « originales »

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LES ACTEURS DE L’INFORMATIQUE
Les Producteurs de bases de données
• Formes et notion de propriété incorporelle
• Et l’Open Data ?
• L’Open Data n’est sans fondement
• Droit des communs – Dans une société qui privilégie le don et la participation de soi, le partage et le retour
d’expériences, ainsi que la collaboration, de nouvelles ressources émergent qu’il est d’usage aujourd’hui de dénommer
sous le vocable de « communs » (« commons »).
• Le fait est souvent méconnu mais l’article 714 du Code civil, dont la rédaction demeure inchangée depuis de la loi du
29 avril 1803 ! reconnaît l’existence des « communs » dans notre droit positif :
• « Il est des choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à tous ».
• Ainsi définis par la loi, les « communs » se distinguent des autres biens par leur essence :
• Ils sont des choses que personne ne possède mais dont tout le monde use.
• Autrement dit, ils ne sont soumis à aucun droit de propriété mais à l’usage que les hommes et les
femmes en font.
• A côté de la définition légale, une autre acception des « communs » émerge, fondée sur l’idée que
les « communs » ne se définissent pas nécessairement par leur essence mais aussi par leur
fonction :
• Seraient communes toutes choses dont l’accès et l’utilisation sont libres.
• Il en va ainsi lorsque le propriétaire d’un bien fait le choix de concéder totalement ou
partiellement, temporairement ou définitivement, sa propriété à d’autres, selon un mode
prédéterminé et non-discriminatoire.
• La propriété elle-même devient ainsi une source alternative des « communs ».
• C’est sur cette conception moderne des « communs » que se fonde l’« Open-source ».

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SOMMAIRE
• Introduction générale
• Les acteurs de l’informatique
• Les créateurs de logiciels
• Les producteurs de bases de données
• Les utilisateurs de l’informatique
• Le particularisme des contrats informatiques
• Les règles applicables sur Internet
• Conclusion
• Protection des données à caractère personnel

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LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Les contrats (marchés) informatiques sont unis par leur objet (et non pas par leur
nature) (ex: louage d’ouvrage, Articles 1710 à 1779 du Code civil, à distinguer du
louage de chose, Articles 1708 et 1709 du Code civil)
• Par contrat (marché) informatique, il faut entendre contrat (marché) portant sur un objet
informatique (ex: License (SaaS), Maintenance, Intégration, Développement
spécifique) Informations préalables
• Les parties (client et prestataire informatique) sont tenues à un devoir général
d’information précontractuel portant sur l’information dont elles ont connaissance,
d’une part, et qui a une importance déterminante pour le co-contractant, d’autre
part (C. civ., art. 1112-1).
• L’expression des besoins (de l’entreprise ou de l’administration) est formalisée
dans un document de cadrage (justification du projet, objectifs à atteindre,
bénéfices attendus) et dans un cahier des charges (ou d’expression des
besoins des utilisateurs).
• En amont de la rédaction du contrat (ou du marché) de prestations
informatiques, il convient de :
✓ prendre connaissance du document de cadrage (s’il existe) ;
✓ s’assurer de la volonté du client de recourir à un appel d’offre ou de négocier de
gré à gré ;
✓ connaître les intentions du client et du prestataire quant à la réalisation du projet
informatique (demander le cas échéant une copie du cahier des charges, ou de la 30
proposition du prestataire)..
LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Attention : Le prestataire informatique doit s’engager sur :
le budget ; la charge de travail; les délais.
• Il a un devoir de conseil au stade de la formalisation des besoins de l’entreprise
(secteur privé) ou de l’organisation (secteur public).
• Le prestataire informatique est tenu envers son client profane (non spécialiste
en matière informatique) d’un devoir d’information et de conseil, qui l’oblige à
se renseigner préalablement sur ses besoins et à l’informer des contraintes
fonctionnelles, organisationnelles, et techniques de la solution informatique
(matériel informatique, ou logiciel) qu’il propose.
• Le client acquiert la qualité de « professionnel averti » dès lors qu’il dispose de «
moyens (et ressources) d’information lui permettant d’apprécier les risques
encourus ».
• L’absence d’information sur la sécurité d’une solution informatique, notamment sur
la nécessité de mise à jour des logiciels, des évolutions techniques ou
fonctionnelles de la solution, constitue un manquement à l’obligation de conseil du
prestataire informatique.
• Un client peut ne pas être considéré comme profane s’il dispose d’un département
informatique étoffé. Dans ce cas, il est en mesure d’apprécier les risques et enjeux
d’un projet, ce qui a pour conséquence, le cas échéant, d’atténuer ou écarter la
responsabilité du prestataire.
• La sanction du non-respect de l’obligation d’information est désormais visée à l’article 31
1112-1 du Code civil.
LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Le client (entreprise ou administration) peut recourir à un
consultant indépendant (assistant à la maitrise d’ouvrage-
AMOA; exemple, cabinet de conseils informatiques) pour
l’expression des besoins et le choix du prestataire.
• En toute hypothèse, le choix du prestataire doit être précédé des
étapes suivantes :
• rédaction du cahier des charges ;
• étude préalable/de faisabilité ;
• appel d’offre (le cas échéant) ;
• examen des propositions détaillées ;
• examen des contrats (ou marchés, en secteur public).

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LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Les contrats (marchés) informatiques sont unis par leur objet (et
non pas par leur nature)
• Par contrat (marché) informatique, il faut entendre contrat (marché)
portant sur un objet (contenu) informatique
• Des obligations communes
• Le devoir de collaboration du client/utilisateur. De la phase de définition du
besoin, jusqu’à la fin des obligations contractuelles, et ce pour déterminer
si le professionnel de l’informatique a failli ou non à son devoir de conseil.
• La responsabilité du professionnel de l’informatique sera limitée si il
apparait qu’il ne disposait pas de la pleine et entière collaboration du
client/utilisateur.
• C’est pourquoi, il est conseillé de rédiger ou de faire rédiger un cahier
des charges, et au-delà de faire valider des dossiers de spécifications,
ainsi que des cahiers de tests et jeux d’essais, exprimant clairement les
besoins et attentes (fonctionnelles, techniques, performance) du
client/utilisateur, et ayant une valeur contractuelle.
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LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Obligation de conseil et collaboration
• L’obligation de conseil et d’information du prestataire informatique
provient du devoir de coopération qu’implique la négociation (C. civ.,
art. 1112, al. 1er) et l’exécution de bonne foi des conventions (C. civ.,
art. 1104). L’obligation de coopération s’impose, en toutes
circonstances, aux parties de sorte qu’il n’est pas nécessaire qu’elle
soit expressément stipulée dans les documents contractuels du
prestataire informatique.
• Cette obligation se décline également en obligation :
• de renseignement (s’informer le plus précisément des besoins et de la volonté du
client);
• de mise en garde, qui peut aller jusqu’à l’obligation de dissuader le client, voire de
refuser les termes de l’opportunité commerciale ou de la mission. 34
LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Obligation de conseil et collaboration
• Cette obligation supporte un tempérament tenant notamment à la
nécessaire collaboration du client avec son prestataire.
• En effet, la réussite de la plupart des projets repose sur une réelle
coopération entre les parties.
• En revanche, il n’appartient pas à un professionnel informatique d’éclairer
ses clients sur les produits ou services de la concurrence.

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LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Avant la signature du contrat (secteur privé), ou la notification
du marché (secteur public), le client doit établir une liste des
prérequis qui :
• cristallisent les points clés (« terms sheet ») de la relation
client/prestataire ;
• doivent figurer dans le contrat ou le marché (ex. : obligation de
résultat, délais de livraison impératifs, garantie de la solution...).
=> La négociation du contrat (ou du marché) permet aux parties d’aménager
leurs obligations et, le cas échéant, d’aboutir à un équilibre des intérêts
satisfaisant.

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LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Avant la signature du contrat (secteur privé), ou la notification
du marché (secteur public), la signature d’une lettre
d’intention/protocole d’accord/memorandum of understanding
peut se substituer à la négociation ou venir en complément.
• Attention : Ce document porte une intention, quelle qu’en soit la
forme (offre, proposition …). Il contient en général un accord
commercial de principe :
• au minimum (obligation de négocier) : un engagement de négocier ;
• au maximum : un contrat ferme (obligation de conclure).
• Remarque : Prévoir que les parties sont libres de cesser leur négociation, notamment si elles ne sont pas
parvenues à un accord satisfaisant. À cette fin, insérer dans la lettre d’intention : une date butoir ; une
clause de confidentialité (ou « non disclosure agreement ») ; une clause de « peine et soins » par laquelle
une indemnité forfaitaire est éventuellement octroyée au prestataire. 37
LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Responsabilité du prestataire
• Dans le cadre des négociations préalables, l’aménagement de
l’étendue de la responsabilité des parties constitue le plus souvent le
nœud des discussions.
• L’ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 (ayant réformé le droit des
contrats et obligations dans le Code civil) n’a pas conservé la distinction entre
obligation de « moyens » (régime de responsabilité pour faute prouvée) et
obligation de « résultat » (régime de responsabilité pour faute présumée).
• Le droit des dommages et intérêts résultant de l’inexécution par le débiteur de
l'obligation est régi par l'article 1231-1 du Code civil. Le seul constat de l’inexécution
contractuelle sans considération de la faute du créancier, permet d’engager la
responsabilité du débiteur, ce qui marque une proximité avec l’ancienne obligation
de résultat. 38
LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Le particularisme des contrats informatiques
• Clauses limitatives de responsabilité
• Les clauses limitatives de responsabilité sont inefficaces dans les cas
suivants :
• faute lourde et/ou ;
• manœuvre dolosive (i.e. trompeuses) et/ou ;
• manquement à une « obligation essentielle », i.e. qui permet d’atteindre,
selon la jurisprudence (l’ensemble des décisions de justice), « l’objectif final du
contrat ».
 Attention : La clause aménageant la responsabilité est privée d’efficacité à
condition de contredire l’ « obligation essentielle », i.e. la vider de sa substance. La
notion d’ « obligation essentielle » n’étant pas définie par la loi (mais par la
jurisprudence); il appartient au juge de l’apprécier cas par cas (Cass. com., 15 janv.
39
2020, n° 18-22.734 : JurisData n° 2020-000479).
SOMMAIRE
• Introduction générale
• Les acteurs de l’informatique
• Les créateurs de logiciels
• Les producteurs de bases de données
• Les utilisateurs de l’informatique
• Le particularisme des contrats informatiques
• Les règles applicables sur Internet
• Conclusion
• Protection des données à caractère personnel

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LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Les règles applicables sur Internet
• Obligation d’information
• Obligation d’identification de l’auteur et de l’éditeur
• Articles 19 et 20 LCEN (Loi 2004-575 du 21 juin 2004)
• Obligation de transparence quant aux prix
• Articles 19 et 20 LCEN (Loi 2004-575 du 21 juin 2004)
• L’offre en ligne
• Article 1369-4 du Code civil
• L’auteur de l’offre reste engagé tant que son offre est accessible sur Internet
• L’auteur de l’offre doit limiter son offre au niveau géographique si il ne veut pas être
engagé au niveau mondial

41
LES UTILISATEURS DE
L’INFORMATIQUE
Les règles applicables sur Internet
• L’acceptation en ligne
• Le double clic (Article 1369-5, al.1 du Code civil)
• « la commande, la confirmation de l’acceptation de l’offre, et l’accusé de réception sont considérés comme reçus lorsque les
parties auxquelles ils sont adressés peuvent y avoir accès »
• La signature électronique (Article 1316-4, al.1 du Code civil)
• Le procédé de signature électronique est présumé fiable, au sens du décret 2001-272 sur la signature électronique, si :
• la signature électronique est sécurisée ;
• elle est créée par un dispositif sécurisé de création de signature, c’est à dire par un dispositif certifié conforme aux exigences de l’article 3. I
du décret conformément à la procédure de « Certification de conformité des dispositifs de création de signature électronique » ;
• et la vérification de cette signature repose sur l’utilisation d’un certificat électronique qualifié. Les certificats délivrés par des « prestataires de
services de certification électronique qualifiés » sont présumés qualifiés.
• Le Règlement e-IDAS n° 910/2014 du 23 juillet 2014 établit un cadre transnational et intersectoriel ayant vocation à
permettre la sécurité des transactions électroniques au travers de l’identification, l’authentification et les services de
confiance électronique. Le Règlement e-IDAS n° 910/2014 du 23 juillet 2014 reconnait les signatures électroniques avancés
reposant sur un certificat qualifié, délivré par un prestataire qualifié comme ayant la même force probante que les signatures
manuscrites. La décision d’exécution (UE) 2015/1606 de la Commission du 8 septembre 2015 établit les spécifications
techniques relatives aux formats des signatures électroniques avancées XML, CMS ou PDF devant être reconnus
concernant les transactions électroniques au sein du marché intérieur.
• L’archivage
• Dans le cadre d'un contrat, conclu par voie électronique, pour une somme égale ou supérieure à 120 euros, le délai de
conservation est de 10 ans à compter de la conclusion du contrat lorsque la livraison du bien ou l'exécution de la prestation
est immédiate.
• Dans le cas contraire, le délai court à compter de la conclusion du contrat jusqu'à la date de livraison du bien ou de
l'exécution de la prestation et pendant une durée de dix ans à compter de celle-ci.

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SOMMAIRE
• Introduction générale
• Les acteurs de l’informatique
• Les créateurs de logiciels
• Les producteurs de bases de données
• Les utilisateurs de l’informatique
• Le particularisme des contrats informatiques
• Les règles applicables sur Internet
• Conclusion
• Protection des données à caractère personnel

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CONCLUSION
Protection des données à caractère personnel
• La loi (de modification) relative à la protection des données
personnelles a été promulguée le 20 juin 2018.
• Elle adapte la loi "Informatique et libertés" du 6 janvier 1978 au "paquet européen de
protection des données".
• Ce paquet comprend le règlement général sur la protection des données
(RGPD), un règlement du 27 avril 2016 directement applicable dans tous
les pays européens au 25 mai 2018.
• Plusieurs dispositions du RGPD et de la Loi Informatique & Libertés dans sa dernière
version en vigueur sont consacrées à des catégories particulières de traitements.
• Sont notamment visés les traitements de données de santé, qui font l’objet d’un
régime spécifique.
• « Traitement » : toute opération sur les données (collecte, enregistrement,
transmission, utilisation…). Les fichiers, et notamment les tableurs
contenant des informations sur les clients ou les salariés, sont également
des traitements. 44
CONCLUSION
Protection des données à caractère personnel
• Toutes les organisations (entreprises ou administrations) traitant des données à caractère personnel
(nom, adresse, coordonnées bancaires…) de leurs clients, de leurs membres ou de leurs salariés,
sont concernées par l’obligation de protéger les données personnelles, dès lors que l’organisation est
établie sur le territoire de l’Union européenne, ou qu’elle traite hors Union Européenne (EU) et hors
Espace Economique Européen (EEE) des données personnelles de personnes physiques résidant en
EU/EEE.
• Le risque de sanction en cas de non-conformité est important, ainsi que l’éventuel coup porté à la réputation
de l’organisation pouvant mettre en péril son existence même (pour les entreprises du secteur privé), si le
lien de confiance avec les clients était définitivement rompu.
• La direction générale de l’organisation doit être informée de l’existence des obligations issues du RGPD et
des sanctions encourues.
• Les sanctions administratives en cas de non-conformité peuvent consister notamment en :
• une mise en demeure publique de la CNIL ;
• une injonction de mise en conformité sous astreinte ;
• une obligation de cesser le traitement ;
• une sanction pécuniaire allant de 10 millions d’€ jusqu’à 20 millions d’ € ou pour une entreprise 4 % du
chiffre d’affaires mondial (le plus haut des deux).

45
CONCLUSION
Protection des données à caractère personnel
• Définition de donnée personnelle : toute information relative à une
personne physique, identifiée ou identifiable.
• L’identification peut être indirecte, via un numéro (de client, de sécurité sociale…), un
pseudo, un login ou une adresse mail, une adresse IP ou un cookie, etc., du moment
que quelqu’un (éventuellement extérieur au client de l’étude) a la capacité de relier
l’information à la personne concernée.

• Les données sous pseudonyme demeurent des données personnelles puisque l’on peut
remonter à la personne concernée.

• Seules les données définitivement anonymisées (c'est-à-dire qu’il est strictement et définitivement
impossible de retrouver à quelle personne correspond telle donnée) échappent au caractère
personnel.

46
CONCLUSION
Protection des données à caractère personnel
• L’élargissement des données sensibles

• Conformément au RGPD et à la Loi Informatique & Libertés dans sa dernière version en


vigueur, le champ des données sensibles (sur l’origine raciale, les opinions politiques,
etc.) est étendu aux données génétiques et biométriques ainsi qu’aux données relatives à
l’orientation sexuelle d’une personne.
• En principe, ces données ne peuvent pas faire l’objet d’un traitement en raison de leur nature même.

• Des dérogations à cette interdiction sont toutefois prévues par le droit européen et le droit
national français (si la personne a expressément consenti au traitement de ses données
ou si elle les a rendues publiques, en matière de sécurité sociale, etc.).
• La loi relative à la protection des données personnelles promulguée le 20 juin 2018 ajoute d’autres
dérogations.
• Sont notamment permis les traitements de données biométriques (empreintes digitales, etc.) strictement
nécessaires aux contrôles d’accès sur les lieux de travail, aux ordinateurs et aux applications utilisés au travail.
• Sont de même autorisés les traitements portant sur la réutilisation d’informations figurant dans les décisions de
justice diffusées dans le cadre de l’Open data.

47
CONCLUSION
Protection des données à caractère personnel
• Des formalités préalables maintenues pour certains traitements

• Les formalités préalables (autorisations ou déclarations) auprès de la CNIL


sont quasiment toutes supprimées par le RGPD et la Loi Informatique &
Libertés dans sa dernière version en vigueur.
• Comme l’autorise le RGPD, la Loi Informatique & Libertés dans sa dernière version
en vigueur en maintient certaines pour :
• les traitements comportant le numéro d’inscription des personnes au répertoire national
d’identification des personnes physiques (NIR), sauf exceptions ;
• les traitements de données génétiques ou biométriques nécessaires à l’authentification ou
au contrôle de l’identité des personnes mis en œuvre pour le compte de l’État ;
• les traitements qui intéressent la sûreté de l’État, la défense, la sécurité publique ou qui ont
pour objet la prévention et la répression des infractions pénales ;
• les traitements de données de santé justifiés par une finalité d’intérêt public (sécurité des
médicaments, etc.).

48
CONCLUSION
Protection des données à caractère personnel
• Encadrer les relations contractuelles entre un client et un prestataire. Une
organisation (entreprise ou administration) peut être à la fois Responsable
du Traitement (RT) et Sous-traitant (ST).
• « Responsable du traitement » : celui qui détermine la finalité et les moyens d’un
traitement ;
• « Sous-traitant » : le RGPD définit le sous-traitant comme « la personne physique ou
morale, l'autorité publique, le service ou un autre organisme qui traite des données à
caractère personnel pour le compte du responsable du traitement » et selon ses
instructions.
• Le recours à des prestataires (Sous-traitants) qui traitent des données personnelles a lieu
quotidiennement, que ce soit pour externaliser certains traitements (hébergement de site
Web, centre d’appel clients, gestion de la paye, diffusion en masse de mails…) ou pour
utiliser des services applicatifs (exemple, dans le Cloud).
• Plusieurs obligations s’appliquent alors au client (Responsable du traitement), tant
procédurales (existence d’un contrat) que de fond (vérification de la conformité du
prestataire-Sous-traitant RGPD).
• Quant au prestataire (Sous-traitant RGPD), il a également des obligations spécifiques pour
pouvoir traiter les données personnelles qui lui sont confiées.
49
CONCLUSION
Protection des données à caractère personnel
• Le délégué à la protection des données

• Le délégué est chargé de mettre en œuvre la conformité au RGPD et à la Loi


Informatique & Libertés dans sa dernière version en vigueur au sein de
l’organisme qui l’a désigné s’agissant de l’ensemble des traitements de
données personnelles mis en œuvre par cet organisme.
• Sa désignation est obligatoire dans certains cas.
• Un délégué, interne ou externe, peut être désigné pour un seul organisme mais aussi
pour plusieurs organismes.
• Pour garantir l’effectivité de ses missions, le délégué :
• Doit disposer de qualités professionnelles et de connaissances spécifiques,
• Doit bénéficier de moyens matériels et organisationnels, des ressources et du
positionnement lui permettant d’exercer ses missions de manière indépendante.

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CONTACT

Guillaume FLAMBARD
Avocat – Spécialiste
Droit du Numérique et des
Communications
D: +33 (0)1 55 61 53 57 | M: +33 (0)6 82 69 17 55
77 esplanade du Général de Gaulle, Paris La Défense,
92914, France
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