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INSTITUTIONS ADMINISTRATIVES
(Tome 1)
Anne Jennequin
Maître de conférences en droit public
6-L112-TE-WB-01-14 www.cned.fr
Directeur de publication : Serge Bergamelli Septembre 2014
Ces cours sont strictement réservés à l’usage privé de leurs destinataires et ne sont pas destinés à une utilisation collective. Les personnes
qui s’en serviraient à d’autres usages, qui en feraient une reproduction intégrale ou partielle, une traduction, sans le consentement du
Centre national d’enseignement à distance, s’exposeraient aux poursuites judiciaires et aux sanctions pénales prévues par la loi 92‑597
du 1er juillet 1992 relative au code de la propriété intellectuelle plus précisément en ce qui concerne les articles L 122-5 et L 335-2 et suivants.
Table des matières
Introduction 5 Chapitre 3 34
Partie 2 43
Partie 1 15
L’administration locale
L’administration centrale
Chapitre 1 45
Chapitre 1 17
L’administration déconcentrée
Les administrations de direction
Section 1. Les cadres d’action de l’État
et d’impulsion au niveau local ���������������������������������� 46
Section 1. L’administration présidentielle������������ 17 Section 2. Les autorités déconcentrées�������������� 49
Section 2. L’administration gouvernementale ���� 21
Chapitre 2 53
Chapitre 2 27 L’administration décentralisée
Les institutions consultatives Section 1. Les principes de la décentralisation �� 54
et de contrôle Section 2. Les catégories de collectivités
Section 1. Les institutions consultatives�������������� 27 territoriales ���������������������������������������� 61
Section 2. Les institutions de contrôle���������������� 31 Section 3. La coopération intercommunale�������� 68
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Il convient, à titre liminaire, de définir rapidement la notion d’ « institutions administratives » afin
de délimiter le champ du cours.
de subordination directe dans le cadre étatique, soit par la soumission à son contrôle.
ans le cadre d’une approche fonctionnelle d’autre part, l’administration vise les missions
– D
fondamentalement liées à l’intérêt général (missions de service public et protection de l’ordre
public). Elle prend en charge des actions que de simples particuliers ne sauraient assumer,
pour garantir la bonne réalisation des intérêts collectifs.
Annonce de plan
Avant de procéder à l’étude proprement dite des différentes institutions administratives, il convient
au préalable de dresser un panorama général du paysage institutionnel français. Une fois la notion
d’institutions administratives affinée (section 1), seront analysés la structure du système adminis-
tratif (section 2) et le mouvement de modernisation des institutions (section 3).
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Introduction
Préciser la notion d’institutions administratives commande d’en dégager d’une part les caractéristiques (1) et
d’autre part les fonctions (2).
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Introduction
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Introduction
la fonction publique hospitalière. Le droit commun de la fonction publique place l’agent dans une
situation statutaire, légale et réglementaire : il est au service de l’État ou d’une collectivité publique,
et non au service d’une majorité ou d’une opposition politique.
Un certain nombre de garanties sont offertes par la loi du 13 juillet 1983 qui constitue le statut géné-
ral de la fonction publique : le recrutement par voie de concours, la liberté syndicale et le droit
de grève, garanties dans la procédure disciplinaire. Inversement des obligations à la charge des
fonctionnaires et agents publics permettent de garantir cette autonomie du politique : l’obligation de
neutralité et l’obligation de réserve.
Une telle autonomisation n’est toutefois pas sans risque. Elle peut en effet déboucher sur la
bureaucratisation de l’administration publique. Il y a au sein de l’administration une forme de
corporatisme social, un esprit de caste, qui contribue à l’autonomiser encore davantage par rapport
au pouvoir politique. C’est notamment le cas chez les anciens élèves de l’ENA, qui ont un esprit de
corps extrêmement développé.
Se développe ainsi une conception autonome de l’intérêt général, qui n’est plus l’intérêt collectif,
l’intérêt commun mais qui est désormais l’intérêt de l’institution elle-même.
Le risque est alors grand que se développe une dérive bureaucratique ou, pour reprendre une
expression d’Alexis de Tocqueville, un « despotisme administratif ». La bureaucratie se définit comme
la confiscation du pouvoir politique par les bureaux de l’administration qui imposent à l’exécutif leurs
propres solutions. Cette usurpation se justifie et se fonde sur la rationalité des choix qu’ils font au
titre de leur compétence technique. Un véritable pouvoir administratif se développe alors et vient
concurrencer le pouvoir politique. L’administration n’est plus seulement une fonction de gestion, elle
devient un véritable pouvoir.
Cette bureaucratie est néfaste. Elle est tout d’abord dangereuse pour la démocratie puisque par
définition les agents de l’administration ne sont pas élus et ne sont donc pas représentatifs de la
volonté générale. Elle est ensuite un facteur de rigidité pour l’administration elle-même qui est inca-
pable de s’adapter et d’évoluer.
Une fois dégagées les caractéristiques des institutions administratives, encore faut-il en préciser les
fonctions.
Cette période marque une progression des interventions de l’administration publique dans le domaine
des loisirs (développement des activités physiques et sportives et des activités culturelles), un déve-
loppement de la politique de solidarité sociale (actions en matière de santé publique, aides sociales)
et un important interventionnisme économique (développement des services publics industriels et
commerciaux, planification de l’économie, politique de l’emploi,…). Depuis les années 1980, le modèle
de l’interventionnisme étatique est remis en cause, par l’effet des doctrines néolibérales et de la
mondialisation de l’économie. On assiste à une vaste politique de privatisation : l’État se retire pro-
gressivement d’un certain nombre de secteurs économiques (banques, assurances, entreprises du
secteur concurrentiel) tout en gardant des positions fortes dans certains domaines (France télécom,
EDF, SNCF) ; l’administration publique se recentre autour de ses missions essentielles et développe
sa fonction de régulation des activités privées.
On peut aujourd’hui dégager trois fonctions principales des institutions administratives.
Les institutions administratives ont tout d’abord une activité de réglementation : elles veillent notam-
ment à la sauvegarde de l’ordre public (sécurité, salubrité et tranquillité publiques) pour permettre
l’exercice des libertés individuelles et collectives et la vie en société. Pris au sens large, cette fonction
recouvre armée, justice et police, mais aussi administrations éducatives et sociales.
Les institutions administratives ont ensuite une activité de prestation : elles participent à la création
et à la gestion des services publics nécessaires à la collectivité. Outre la prise en charge d’activités
régaliennes (justice, défense, sécurité), elles interviennent dans d’autres domaines d’activités (éco-
nomique, social, culturel et éducatif).
Elles ont enfin une activité de régulation, puisqu’elles contrôlent les activités des personnes privées,
notamment en matière économique, ainsi que l’activité d’autres personnes publiques (contrôle de
tutelle sur les collectivités territoriales et les établissements publics).
On assiste ainsi à une spécialisation fonctionnelle de l’administration : à chaque compétence
correspond une administration.
La définition de la notion d’institutions administratives permet d’étudier la structure du système
administratif.
Le système administratif français est caractérisé par une diversité des personnes publiques (1) et par une
répartition des attributions administratives (2)
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Introduction
les missions à entreprendre et les moyens à mettre en œuvre. Elle peut réaliser des actes juridiques,
recruter des personnels, contracter, agir en justice,… Elle dispose enfin d’une autonomie financière
et budgétaire, c’est-à-dire d’un patrimoine propre.
Les personnes morales de droit public ont en outre des attributions spécifiques. Parce qu’elles
assurent des missions de service public, elles disposent de prérogatives de puissance publique,
c’est-à-dire de prérogatives exorbitantes du droit commun qui en principe n’appartiennent pas aux
personnes privées. Il existe deux types de prérogatives de puissance publique. Les prérogatives
d’action d’une part, qui imposent aux tiers des charges ou des obligations : pouvoir de prendre
des actes administratifs unilatéraux, pouvoir de recourir aux contrats administratifs (reconnaissance
de prérogatives exorbitantes du droit commun au profit de l’administration par rapport à son cocon-
tractant), pouvoir d’expropriation pour cause d’utilité publique, pouvoir fiscal (lever l’impôt), … Les
prérogatives de protection d’autre part, pour garantir le bon fonctionnement de la personne morale
de droit public : insaisissabilité des biens, absence de voies d’exécution forcée, intangibilité des
ouvrages publics (impossibilité de les détruire ou de les déplacer), monopole possible dans la gestion
d’un service public.
Sont des personnes morales de droit public : l’État (À), les collectivités territoriales (B) et les établis-
sements publics (C).
1A. L’État
L’État se définit par trois éléments constitutifs : un territoire qui le situe dans l’espace et délimite la
sphère de l’exercice de ses compétences, une population habitant le territoire et unie de manière
à former une Nation et un pouvoir de contrainte, une puissance publique (l’État dispose dans ce
cadre d’un pouvoir normatif et du monopole de la force appelé aussi monopole de la violence légitime).
Caractéristique essentielle de l’État, l’État dispose de la souveraineté, sur le plan interne (à l’intérieur
de son territoire, l’État a le monopole de la contrainte juridique ; il détient le pouvoir suprême et n’est
pas subordonné) et sur le plan externe (l’État est indépendant, il ne peut être soumis à une obligation
à laquelle il n’aurait pas librement souscrit).
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Introduction
droit public dotée d’organes spécifiques d’administration et d’exécution. Il est chargé de la direction
du service et dispose d’un patrimoine propre. Ils sont aussi régis par le principe de spécialité.
L’établissement public n’a qu’une compétence spécialisée. C’est dire qu’il ne peut agir pour le
service public dont il a la charge. Enfin, les établissements publics sont soumis à un contrôle de
tutelle exercé par la collectivité de rattachement. Ce contrôle s’exerce aussi bien sur les actes
pris par l’établissement que sur les personnes qui composent cet établissement.
• es établissements publics sont de deux types. Les établissements publics administratifs (EPA)
L
gèrent en principe un service public administratif et sont régis par le droit public. Les établisse-
ments publics à caractère industriel et commercial (EPIC) gèrent pour leur part des services
publics à caractère industriel et commercial et sont soumis à un régime essentiellement de droit
privé.
Si seul le législateur est compétent pour créer une nouvelle catégorie d’établissements publics et
pour en fixer les règles constitutives, le pouvoir réglementaire peut de son côté créer un établisse-
ment public entrant dans une catégorie préexistante. Lorsqu’ils sont créés par l’État, ce sont des
établissements publics nationaux ; lorsqu’ils sont institués par une collectivité territoriale, il s’agit
d’établissements publics locaux. Sont par exemple des établissements publics nationaux les
universités, l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (EPAD), la SNCF, les chambres
des métiers, le Comité de l’énergie atomique, l’ENA. Sont par exemple des établissements publics
locaux les OPHLM (Offices publics d’habitation à loyer modéré), hôpitaux, collèges et lycées.
Il convient d’étudier à présent la répartition des attributions administratives entre les différentes per-
sonnes morales de droit public.
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Introduction
Dans un État concentré, toutes les autorités administratives sont réunies au même endroit, en
principe dans la capitale. Très vite, la capitale est congestionnée et doit être soulagée dans le cadre
d’une politique d’aménagement du territoire.
La délocalisation apparaît donc comme un correctif à la concentration : elle se définit comme un
transfert géographique de services à l’intérieur d’une même personne publique et au sein du même
niveau d’administration où les compétences sont maintenues. Une administration centrale de l’État
quitte Paris pour s’installer en banlieue ou en province. Par exemple, le service de l’état civil des
Français nés à l’étranger (ministère des affaires étrangères) et le service du casier judiciaire (minis-
tère de la justice) sont délocalisés à Nantes ; l’Ecole nationale de la magistrature (ministère de la
justice) à Bordeaux.
La déconcentration est système d’administration consistant à confier des pouvoirs de décision
à des autorités administratives réparties sur le territoire et placées à la tête de circonscriptions
administratives. L’État déconcentré se définit comme une répartition des autorités administratives
sur le territoire. La déconcentration est donc une modalité, un aménagement de la centralisation.
« C’est le même marteau qui frappe, on en a seulement raccourci le manche » (Odilon Barrot).
Sont des circonscriptions administratives, c’est-à-dire des cadres d’exercice du pouvoir central au
niveau local, par exemples les départements, les régions, les communes et les cantons.
Les autorités déconcentrées sont une émanation du pouvoir central et sont donc dépourvues
de la personnalité juridique, elles sont chargées de représenter l’État au niveau local, afin de
faciliter l’exercice des missions de l’État sur tout le territoire et de rapprocher l’État des administrés.
Elles sont soumises au pouvoir hiérarchique des autorités centrales. Exemples : le Préfet de dépar-
tement dans la circonscription départementale, le préfet de région dans la circonscription régionale,
le maire dans la circonscription communale, le recteur dans l’académie, …
Les institutions déconcentrées se distinguent donc clairement des institutions décentrali-
sées (collectivités territoriales et établissements publics), lesquelles bénéficient d’une autonomie,
d’une personnalité juridique, et de ressources propres. Il y a cependant un dédoublement fonctionnel
du maire qui est à la fois agent de l’État sur le territoire de la commune (circonscription administrative)
et exécutif de la commune en tant que collectivité territoriale.
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Introduction
La modernisation de l’administration part d’un double constat négatif. En premier lieu, l’intervention de l’État
est devenue multiforme et parfois peu lisible. Ses missions se sont multipliées et superposées sans que la
cohérence d’ensemble ne soit toujours garantie. Des politiques qui ne devaient être que temporaires ont été
pérennisées. Des missions, qui ne relevaient pas du cœur de métier de l’État, se sont développées. Il fallait
donc engager une réflexion sur les priorités de l’État et sur la pertinence de certaines de ses missions. En
second lieu, l’organisation de l’État s’est progressivement complexifiée pour les usagers.
Cette modernisation est encore en cours. Si elle a d’ores et déjà connu de nombreuses concrétisations, le
mouvement n’est pas terminé. La réforme de l’État est en effet actuellement pilotée par des structures intermi-
nistérielles chargées de la réforme de l’État (Décret du 21 février 2003 portant création de services inter-
ministériels pour la réforme de l’État) et par la Direction générale de la modernisation de l’État (DGME),
créée par un décret du 30 décembre 2005. La Révision générale des politiques publiques (RGPP), lancée
en 2007, se présente comme un programme de modernisation de l’action de l’État touchant l’ensemble
des politiques publiques et l’ensemble des ministères. La première phase a conduit essentiellement à
recentrer l’État sur ses missions prioritaires et à engager de profondes restructurations ; la seconde met l’accent
sur l’amélioration de la qualité du service rendu à l’usager.
Une nouvelle réforme de la décentralisation et de modernisation de l’action publique a vu le jour le 27
janvier 2014 avec l’adoption de la loi de modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles. Elle
approfondit l’intercommunalité et la décentralisation (suppression des conseillers territoriaux, réintégration de
la clause générale de compétences, etc ).
Cette modernisation a tout d’abord commandé l’évolution des structures administratives. On est passé d’une
administration de gestion à une administration de mission, reposant sur les principes de transversalité et d’inter-
ministérialité et partant soumise à moins de contraintes. (Exemple : en matière d’aménagement du territoire).
La modernisation a aussi touché la fonction publique, inspirant le développement d’une vision managériale de
la fonction publique. La fonction publique telle que gérée jusqu’à présent peut en effet apparaître neutralisante,
paralysante pour de nombreux fonctionnaires. On introduit donc au sein de la fonction publique le concept de
gestion des ressources humaines (GRH) propre au droit privé, laquelle commande l’évolution des modes de
recrutement (professionnalisation du concours), la prise en compte de la formation continue dans la carrière
de l’agent, une plus grande mobilité au sein de la fonction publique, une évaluation des agents et enfin une
évolution de la rémunération (introduction de la notion de performance de l’agent). Tel a été l’objet de la loi du
2 février 2007 de modernisation de la fonction publique.
La modernisation de l’administration passe enfin par une modernisation de la gestion publique, réalisée par
la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) du 1er août 2001. Depuis, la logique de programme, de
missions et d’action a remplacé le raisonnement ministère par ministère et l’évaluation des politiques publiques
gagne du terrain. Une délégation à la modernisation de la gestion publique et des structures de l’État (DMGPSE),
créée par un décret du 21 février 2003, a pour missions de moderniser la gestion publique, d’adapter l’organi-
sation de l’État et de favoriser le développement de l’évaluation des politiques publiques.
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Partie
1 L’administration
centrale
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L’État dispose d’un appareil administratif central, essentiellement localisé à Paris. Cette administration centrale
est composée d’institutions administratives de direction et d’impulsion (Oberdorff) (chapitre 1), de consultation
et de contrôle (chapitre 2) et enfin de régulation (chapitre 3).
Chapitre 1
Les administrations de direction
et d’impulsion
Si l’exécutif est bicéphale, il n’existe pas de dyarchie au sommet : il y a partage des responsabilités admi-
nistratives entre Président de la République et Premier ministre, ce qui marque une forme de « cohabitation
administrative » (O. GOHIN). Le Président de la République est autorité administrative d’exception (section 1),
le Premier ministre, autorité administrative de principe (section 2).
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Chapitre 1 Les administrations de direction et d’impulsion
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Les administrations de direction et d’impulsion Chapitre 1
démontrer leur compétence et leur motivation à l’occasion d’une audition devant les commissions
parlementaires compétentes de chaque assemblée. Les parlementaires peuvent aussi s’opposer à
une nomination lorsque l’addition des votes négatifs dans chaque commission représente au moins
3/5 des suffrages exprimés au sein des deux commissions.
S’agissant de la nomination aux emplois dont les titulaires sont nommés directement par le
Président de la République (Ordonnance du 28 novembre 1958), le pouvoir est exercé sans contre-
seing. Cela concerne environ 5000 décrets de nomination et de promotion chaque année : autres
membres du Conseil d’État et de la Cour des comptes, magistrats de l’ordre judiciaire, professeurs de
l’enseignement supérieur, officiers des armées de terre, de mer et de l’air, membres des corps dont
le recrutement est assuré par l’ENA (corps d’inspection, …). Ce pouvoir apparaît néanmoins comme
une compétence liée : la nomination clôt une procédure de recrutement ou intervient en application
de dispositions statutaires organisant la promotion interne des fonctionnaires.
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Chapitre 1 Les administrations de direction et d’impulsion
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Les administrations de direction et d’impulsion Chapitre 1
Le Gouvernement désigne l’équipe ministérielle, à savoir Premier ministre (1) et ministres (2).
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Chapitre 1 Les administrations de direction et d’impulsion
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Les administrations de direction et d’impulsion Chapitre 1
Les fonctions du SGG sont au nombre de trois. Il a tout d’abord en charge l’organisation de
l’action gouvernementale : il contribue au bon fonctionnement du processus décisionnel
gouvernemental (prépare le programme de travail des membres du gouvernement, prépare les réu-
nions gouvernementales, les décrets du Premier ministre, les délibérations du conseil des ministres,
organise les délibérations interministérielles, suit le bon déroulement de la procédure législative, de
la consultation du Conseil d’État à la publication des décrets d’application). Le SGG est ensuite le
conseiller juridique du gouvernement : Il veille au respect des règles de l’État de droit par le
gouvernement. Il est ainsi au carrefour des relations entre Président de la République et premier
ministre, entre gouvernement et Parlement et entre Premier ministre et ministres, mais aussi entre
gouvernement et Conseil constitutionnel. Dans ce cadre, il veille à tous les stades de la procédure
législative aux divers problèmes de constitutionnalité, il assure la correction juridique et formelle des
lois et décrets (signatures, publication au JO), il suit les saisines du Conseil constitutionnel et pré-
pare les observations du gouvernement sur les saisines parlementaires, il assure les rapports avec
le Conseil d’État, il rédige les circulaires du Premier ministre relatives à l’interprétation juridique des
textes. Enfin, le SGG assure la direction de l’ensemble des services civils et coordonne les
nombreux services rattachés au Premier ministre. Il veille à l’exécution des décisions gouverne-
mentales en organisant notamment la diffusion des décisions vers ceux qui doivent les appliquer, il
gère la communication de l’administration centrale de l’État en vue de l’accès des usagers des services
publics à une information administrative et juridique actualisée et fiable.
Le secrétariat général de la défense nationale (SGDN) assiste le Premier ministre dans ses res-
ponsabilités en matière de défense nationale et de sécurité nationale. Institution charnière entre
Président de la République, Premier ministre et ministre de la défense, il est en charge des dossiers
concernant la sécurité intérieure et extérieure de la France.
Le secrétariat général des affaires européennes (SGAE) vérifie la cohérence des positions fran-
çaises face à la construction communautaire, instruit et prépare les positions qui seront exprimées
par la France au sein des institutions communautaires et de l’OCDE, assure la coordination inter-
ministérielle, veille au respect par les départements interministériels des engagements pris par la
France devant les institutions communautaires, assure le suivi de la transposition des directives et
des décisions-cadres, en coordination avec le SGG, et enfin coordonne l’information du Parlement
européen sur les positions du gouvernement.
D’autres services administratifs sont rattachés au Premier ministre. Il en est ainsi du Service d’in-
formation du gouvernement qui a pour mission d’analyser l’évolution de l’opinion publique et le
contenu des médias et de communiquer sur l’action gouvernementale. De même, la direction de
l’information légale et administrative (DILA) (créée par le décret du 11 janvier 2010, elle résulte
de la fusion de la direction des Journaux Officiels et de la direction de la documentation française)
a en charge, sous l’autorité du SGG, la diffusion légale, l’information administrative et l’édition
publique. On peut encore citer le Haut Conseil à l’intégration, le Conseil supérieur de la langue fran-
çaise ou encore la Délégation aux usagers et aux simplifications administratives ou la Commission
supérieure de codification.
2. Les ministres
2A. La structure gouvernementale
Le gouvernement est une institution collégiale, faisant l’objet d’une organisation (2A1) et d’une
nomenclature (2A2).
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Chapitre 1 Les administrations de direction et d’impulsion
fournie par le décret de nomination des ministres pris par le Président de la République et contresi-
gné par le Premier ministre. C’est ce décret qui précise la structure du gouvernement, le nombre de
ministres et leurs attributions. Des décrets de répartition de compétences interviennent par la suite
pour préciser les compétences des ministres.
L’organisation gouvernementale est caractérisée par la spécialisation ministérielle. Elle peut prendre
deux formes. D’une part la spécialisation verticale consiste à créer des ministères prenant en charge
une catégorie de la population et l’ensemble de ses activités, comme c’est le cas des ministères de
l’agriculture et des petites et moyennes entreprises. D’autre part, la spécialisation est horizon-
tale quand le ministère a une activité touchant à l’ensemble des catégories de la population, comme
l’économie et les finances, la justice, l’emploi et la cohésion sociale, l’écologie, le développement
durable, etc. La spécialisation n’empêche cependant pas les chevauchements, nécessitant des arbi-
trages du Premier ministre ou le recours à la coordination interministérielle.
Au-delà de la grande liberté du Président de la République et du Premier ministre pour composer le
gouvernement, on constate une permanence : les ministères régaliens (Justice, Affaires étrangères,
Intérieur, Economie,…) sont toujours reconduits.
En pratique, la composition du gouvernement se fait sur des bases essentiellement politiques mais
aussi en tenant compte du sexe, de l’âge, de l’origine géographique ou sociologique, voire aussi et
de façon plus surprenante sur des bases ethniques ou confessionnelles, comme si le gouvernement
devait être un échantillon représentatif de la population. Le choix des membres du gouvernement
est dès lors stratégique : choix de politiciens expérimentés et de techniciens, respect du principe
de parité, représentation des différents corps de la société, représentation des différents territoires,
représentation des différents courants politiques internes au sein de la majorité.
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Les administrations de direction et d’impulsion Chapitre 1
Le ministre dispose d’un pouvoir de contreseing dans les conditions prévues aux articles 19 et 22
de la Constitution. Les actes du Président de la République sont contresignés par les « ministres
responsables », c’est-à-dire ceux à qui incombent à titre principal la préparation et l’application des
décrets présidentiels (CE, Sect., 10 juin 1966, Pelon) tandis que les actes du Premier ministre sont
contresignés par les ministres « chargés de l’exécution » c’est-à-dire ceux « compétents pour signer
ou contresigner les mesures réglementaires ou individuelles que comporte nécessairement l’exécution
de ces actes » (CE, 27 avril 1962, Sicard).
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Chapitre 1 Les administrations de direction et d’impulsion
On distingue deux types de directions. Les directions verticales sont des directions thématiques,
correspondant à un domaine précis de l’activité ministérielle. Ainsi en est-il en avril 2011 au sein du
ministère de la justice et des libertés du découpage direction des affaires criminelles / direction de la
protection judiciaire de la jeunesse / direction de l’administration pénitentiaire. Les directions hori-
zontales sont fonctionnelles et correspondent à un domaine global de la gestion ministérielle. On
prendra pour exemple le découpage au sein du ministère de l’éducation nationale entre direction des
affaires juridiques, direction générale des ressources humaines et direction des affaires financières.
Des ministères peuvent néanmoins combiner les 2 systèmes, comme le ministère de la recherche
en 2011 (Direction des affaires juridiques / direction générale des ressources humaines / direction des
affaires financières et Direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle /
direction générale pour la recherche et l’innovation).
L’administration s’organise selon un système très hiérarchisé, sous la forme d’un schéma pyrami-
dal : les directions se divisent en sous-directions ou en services puis en sous-directions créées par
arrêté du ministre intéressé. Cette structure se complique dans certaines hypothèses. Pour des ques-
tions administratives qui ne nécessitent pas la création de structures lourdes ou pour des questions
transversales, sont créées des délégations ou des missions composées d’un petit nombre d’agents
relevant du ministre lui-même ou d’une direction. (Exemple : délégation générale à la langue française
auprès du ministre de la culture). Dans certains ministères (ministères de la justice, de l’économie,
de l’intérieur,…), un secrétariat général coordonne ou gère certaines directions ou services.
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Chapitre 2
Les institutions consultatives
et de contrôle
Ces institutions administratives ont pour objet d’encadrer la prise de décision par les institutions centrales de
direction et d’impulsion, en amont par une fonction de consultation ou en aval par une fonction de contrôle.
On assiste depuis quelques décennies à une véritable explosion des organismes consultatifs. On dénombre
ainsi plus de 5000 comités, conseils et commissions au niveau central, qui relèvent tantôt du Président de la
République, tantôt du Premier ministre, tantôt d’un ministre. À titre d’exemples, on peut citer le Haut Conseil à
l’intégration, le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche ou encore le Conseil national
de la consommation. Une large place est faite dans ces institutions aux représentants des organisations syn-
dicales, professionnelles, culturelles et des associations représentatives.
Ce phénomène de l’administration consultative s’explique à la fois par l’accélération de l’interventionnisme
des pouvoirs publics dans des domaines de plus en plus spécialisés et complexes (domaines requérant l’avis
de personnalités techniquement compétentes) et par les exigences nouvelles de la concertation (nécessité
d’informer et d’associer à la réflexion sur la décision à prendre les administrés et les groupements).
Il n’est cependant pas dépourvu de toute critique. Il a en effet pour cause l’allongement du processus de
décision (retardement des décisions) comme la dilution des responsabilités, l’auteur de la décision se
retranchant derrière l’avis technique des experts.
Une rationalisation de la création de ces organismes a été tentée par un décret du 8 juin 2006 relatif à
la création, à la composition et au fonctionnement des commissions administratives à caractère consultatif.
Celui-ci pose ainsi que « Sauf lorsque son existence est prévue par la loi, et sous réserve des dispositions du
second alinéa de l’article 19, une commission est créée par décret pour une durée maximale de cinq ans. Cette
création est précédée de la réalisation d’une étude permettant notamment de vérifier que la mission impartie à
la commission répond à une nécessité et n’est pas susceptible d’être assurée par une commission existante ».
Le poids de ces institutions consultatives dépend de la portée que les textes donnent aux avis qu’elles émettent.
L’avis est facultatif, lorsque l’administration reste libre de le solliciter ou non. L’avis ne lie alors pas l’administra-
tion qui reste libre d’aller à l’encontre de l’avis lors de la prise de décision. L’avis est au contraire obligatoire,
lorsque la décision doit nécessairement être précédée de la consultation. L’organisme consultatif doit alors
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Chapitre 2 Les institutions consultatives et de contrôle
être saisi de tous les aspects de la décision à venir. Il faut dans cette hypothèse faire une sous-distinction. Si
l’avis est non conforme, l’administration n’est pas tenue de suivre l’avis ; en revanche, en cas d’avis conforme,
l’administration ne peut que suivre l’avis ou renoncer à la décision.
Deux organismes consultatifs méritent d’être étudiés plus particulièrement : le Conseil d’État (1) d’une part, le
Conseil économique, social et environnemental d’autre part (2).
1. Le Conseil d’État
Le Conseil d’État a été créé par la Constitution du 22 frimaire an VIII (1799). Il cumule des fonctions
consultatives et des fonctions juridictionnelles : outre sa fonction de conseil du gouvernement, il est
aussi juge de l’administration, en premier et dernier ressort pour les actes administratifs les plus
importants, comme juge de cassation pour les autres.
Seule la fonction consultative sera cependant examinée, la fonction juridictionnelle étant étrangère
à la fonction administrative.
Si le Conseil d’État est présidé par le Premier ministre, la présidence réelle est assurée par le vice-
président du conseil d’État, Jean-Marc Sauvé (depuis 2006).
Le Conseil d’État comporte environ 300 membres, se répartissant selon des grades correspondant
à une carrière faite à l’intérieur du Conseil d’État par un avancement à l’ancienneté. Dans l’ordre
d’importance, on compte, au sommet, les conseillers d’État, puis les maîtres des requêtes et enfin
les auditeurs.
Le recrutement se fait essentiellement par le concours de l’ENA, et à la marge par le « tour extérieur »,
parmi les personnels répondant à des conditions d’âge et d’ancienneté dans le service public.
Le statut des membres du Conseil d’État leur accorde des garanties d’indépendance dans l’exer-
cice des fonctions, visant à assurer objectivité et impartialité. Les membres sont ainsi inamovibles.
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Les institutions consultatives et de contrôle Chapitre 2
traite des projets de loi et de décret en matière de fonction publique, des relations entre Administration
et usagers, de la procédure administrative non contentieuse et de la défense nationale, mais aussi
de l’ensemble des contrats publics et des propriétés publiques.
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Chapitre 2 Les institutions consultatives et de contrôle
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Les institutions consultatives et de contrôle Chapitre 2
Au titre de l’article 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, « la société a le droit de demander
des comptes à tout agent public de son administration ». Ce principe de valeur constitutionnelle présente ainsi
le contrôle comme la contrepartie nécessaire de l’action.
Il ne s’agit pas ici d’un contrôle répressif, mais d’un contrôle administratif. Celui-ci s’exerce selon 2 modalités
différentes : le contrôle interne ou endogène est assuré par les corps d’inspection (section 1), le contrôle externe
est réalisé par la Cour des comptes en dehors de toute attribution juridictionnelle (section 2).
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Chapitre 2 Les institutions consultatives et de contrôle
Tout corps d’inspection est directement rattaché à un ministre et assiste le ministre dans l’exercice
de son pouvoir hiérarchique ; les services d’inspection reçoivent leur mission du ministre et c’est à
lui seul qu’ils doivent rendre des comptes.
Les corps d’inspection ont plusieurs missions.
Ils ont tout d’abord une fonction de contrôle qui s’effectue soit dans le cadre de tournées nationales
soit en réponse à des questions ponctuelles (dysfonctionnements de services, obsolescence des
méthodes de traitement des dossiers, conflits de personnes, problèmes de déontologie, questions
disciplinaires, etc). Ces missions de contrôle permettent d’améliorer les pratiques administratives et
juridiques, notamment en matière de gestion budgétaire et de management. Les inspections mènent
alors des investigations approfondies (examen direct des dossiers, du courrier, des pièces comptables
et des documents de toute nature). Dans ce cadre, les inspections font un diagnostic de la gestion
contrôlée et établissent un rapport au ministre. Elles formulent des propositions de modernisation
de l’administration contrôlée et informent le ministre des manquements ou des dysfonctionnements
constatés, lui proposant éventuellement les sanctions ou les réformes à prendLes inspections ont aussi
une fonction d’audit. Elles vérifient l’application des législations et réglementations en vigueur et la
qualité du fonctionnement des services. L’audit doit se faire dans les limites du cahier des charges
du prescripteur de l’audit.
Elles ont encore une fonction de conseil. Cette mission est le plus souvent réclamée par des ser-
vices déconcentrés qui rencontrent des difficultés organisationnelles. Il s’agit ici de rechercher une
solution concrète en coopération avec le service concerné. Dans ce cadre, l’inspection livre des
recommandations.
Elles ont enfin une fonction d’évaluation. Il s’agit d’examiner l’impact de la politique évaluée sur
les usagers et les citoyens. L’objectif peut être double et viser soit à encadrer la mise en place d’un
nouveau dispositif, soit à corriger une politique en place. Les textes mettant en place de nouveaux
dispositifs de politique publique prévoient désormais systématiquement une évaluation de la part des
inspections générales.
On peut constater une évolution récente des missions des corps d’inspections, tournées de plus
en plus vers la rédaction d’études et de rapports, au détriment des activités de contrôle proprement
dites. Les inspections deviennent alors moins des administrations de contrôle que des administrations
consultatives.
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Les institutions consultatives et de contrôle Chapitre 2
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Chapitre 3
Les institutions administratives
de régulation
La régulation des activités des personnes privées est prise en charge par les autorités administratives
indépendantes (AAI).
La catégorie juridique des AAI a été créée par le législateur lors de la mise en place de la Commission nationale
de l’informatique et des libertés (CNIL) par la loi du 6 janvier 1978 et étoffée par la suite avec la création d’autres
AAI dans différents secteurs de la vie publique. Sans pouvoir prétendre à l’exhaustivité, on peut citer le Conseil
supérieur de l’audiovisuel (CSA) créé par la loi du 13 janvier 1989, la Commission d’accès aux documents
administratifs (CADA) instaurée par la loi du 17 juillet 1978, l’Agence française de lutte contre le dopage (loi
du 5 avril 2006), le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (loi du 30 octobre 2007), le Défenseur
des droits (loi constitutionnelle du 23 juillet 2008) ou encore plus récemment l’Autorité de régulation des jeux
en ligne (ARJEL) créée par la loi du 12 mai 2010 et la Haute autorité pour la transparence de la vie publique
créée par la loi du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique.
Le dénombrement des autorités administratives indépendantes n’est pas évident : des autorités se voient qua-
lifier par le législateur d’AAI, sans qu’elles méritent cette qualification ; inversement il est des institutions qui ne
sont pas qualifiées d’AAI par le législateur mais qui en présentent pourtant toutes les caractéristiques (exemple
du CSA qualifié d’ « autorité indépendante »).
Les autorités administratives indépendantes sont mises en cause actuellement du fait de leurs compétences
transversales qui se recoupent et de leur trop grand nombre. Le rapport Gélard du 15 juin 2006 prône une
rationalisation des autorités administratives indépendantes.
Une fois la notion d’autorité administrative indépendante définie (section 1), il faudra étudier les domaines
d’intervention (section 2).
Les autorités administratives indépendantes sont d’une part des autorités indépendantes (1). Elles sont d’autre
part des autorités administratives, agissant au nom de l’État et disposant à ce titre d’un certain nombre de
pouvoirs (2).
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Les institutions administratives de régulation Chapitre 3
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Chapitre 3 Les institutions administratives de régulation
6 ans pour le CSA renouvelable par tiers tous les deux ans), suffisamment longue pour marquer
l’indépendance du membre vis à vis de l’autorité de nomination, mais pas trop longue pour éviter
d’assimiler l’exercice du mandat à une véritable sinécure. Les mandats ne sont pas révocables par
l’autorité de nomination.
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Les institutions administratives de régulation Chapitre 3
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Chapitre 3 Les institutions administratives de régulation
Le prononcé de sanctions par les AAI doivent se faire dans le respect des droits de la défense et
du principe du contradictoire. Un recours juridictionnel doit être possible contre les sanctions. Enfin,
lorsque les AAI statuent en matière répressive, elles doivent respecter les exigences de l’article 6 §
1 de la CEDH, à savoir le principe d’impartialité (CE, Ass., 3 décembre 1999, Didier). Le principe a
été expressément posé pour la COB (CCass., Ass. Plén., 5 février 1999, Oury), pour le Conseil de
la concurrence (CCass. Com., 5 octobre 1999, Société Campenon Bernard) et pour la commission
bancaire (CE, 6 octobre 2000, Sociét Habib Bank).
Sur le fond, les sanctions doivent respecter les grands principes qui gouvernent la répression pénale :
le principe de légalité des discriminations et des peines et le principe de proportionnalité des sanctions
aux fautes commises.
Au-delà de ces attributions, un véritable pouvoir d’influence est exercé par les AAI , dans le
cadre d’une collaboration avec les autorités juridictionnelles. Elles ont souvent la possibilité de saisir
le Parquet en vue de déclencher des poursuites pénales (CNIL, AMF, Autorité de la concurrence).
Elles peuvent aussi être consultées par les juridictions judiciaires et administratives qui souhaitent
bénéficier de leur expertise dans leur domaine de compétence.
En conclusion, il convient de préciser que les décisions des AAI sont soumises à un contrôle juri-
dictionnel. Le Conseil d’État a la compétence de principe, ce qui est logique dès lors que les AAI
sont des autorités administratives (CE, Ass., 10 juillet 1981, Rétail). Par exception, la Cour d’appel
de Paris est compétente pour le contentieux de l’Autorité de la concurrence. Dans sa décision
CC, 86-224 DC, 23 janvier 1987, Conseil de la concurrence, le Conseil constitutionnel a en effet
admis que, dans « un souci de bonne administration de la justice », il soit dérogé au principe de la
compétence de la juridiction administrative et que soient créés des blocs de compétence pour éviter
un partage du contentieux. Le législateur a donc valablement pu réserver la connaissance globale
du contentieux de la concurrence à l’ordre juridictionnel principalement intéressé, à savoir l’ordre
judiciaire.
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Les institutions administratives de régulation Chapitre 3
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Chapitre 3 Les institutions administratives de régulation
La CADA peut être consultée par les administrations pour qu’elle les éclaire sur le caractère
communicable d’un document administratif ou d’une archive publique.
La CADA joue aussi un rôle de veille pour promouvoir la transparence administrative. Elle
dénonce, dans ses rapports d’activité, les comportements de l’administration qui font obstacle à
l’accès aux documents administratifs. Elle s’efforce aussi de prévenir les dysfonctionnements en
assurant une véritable action pédagogique en direction des administrations et de leurs agents. Par
ailleurs, elle participe à l’élaboration des textes internes aux administrations relatifs au droit d’accès
aux documents administratifs.
La CADA a enfin un rôle de proposition. Elle réfléchit à la manière de faciliter et de renforcer la
transparence administrative. Ses propositions ont notamment été reprises dans la loi du 12 avril 2000
relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec l’administration.
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Les institutions administratives de régulation Chapitre 3
une réclamation portée par un parlementaire ou un parlementaire européen sur demande d’un
administré ou de sa propre initiative. Enfin, il peut se saisir d’office.
Le Défenseur des droits est assisté par des collèges : collège de la déontologie dans le domaine
de la sécurité, collège chargé de la lutte contre les discriminations et pour l’égalité, collège chargé
de la défense et de la promotion des droits de l’enfant. Ces collèges comprennent chacun des per-
sonnalités qualifiées désignées par le président du Sénat, le président de l’Assemblée nationale, le
président de la cour de cassation et le vice-président du Conseil d’État.
Le Défenseur des droits dispose de pouvoirs d’investigation, d’un pouvoir de recommandation,
d’un pouvoir de résolution amiable des différends, par voie de médiation et d’un pouvoir de
conclure une transaction avec l’auteur de la violation des droits. Il peut aussi inviter l’autorité
investie du pouvoir disciplinaire à prendre des sanctions. Il peut être entendu ou demandé à
être entendu par les juridictions civiles, administratives ou pénales dans le cadre d’un procès.
Il conseille le gouvernement sur les projets de loi ou de décrets relatifs à son domaine de compétence.
Il rend un rapport public annuel au Président de la République et aux présidents des assemblées.
2. La sauvegarde du pluralisme
Certaines AAI ont pour mission la sauvegarde du pluralisme des courants de pensée et d’opinion.
Ainsi en est-il du CSA, le Conseil supérieur de l’audiovisuel, créé par la loi du 17 janvier 1989 et
qualifié d’Autorité publique indépendante dotée de la personnalité morale par la loi du 15 novembre
2013 relative à l’indépendance de l’audiovisuel public. Ses missions sont variées. Il gère et attribue
les fréquences destinées à la radio et à la télévision. Il s’assure du respect par tous les opérateurs
des lois et de la réglementation en vigueur et peut sanctionner ceux qui sont en infraction. Il donne
un avis conforme sur les candidats à la présidence des télévisions et des radios publiques. Il veille
au respect du pluralisme politique et syndical sur les antennes. Il organise les campagnes officielles
radiotélévisées prévues pour certaines élections (présidentielles, législatives, etc.). Il veille à la pro-
tection des jeunes téléspectateurs et auditeurs. Il rend des avis au Gouvernement sur les projets de
loi et de décrets qui concernent l’audiovisuel.
Dans le cadre de la moralisation de la vie politique, intervient la Commission nationale des comptes
de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Créée par la loi du 15 janvier 1990, ses
missions concernent non seulement les campagnes électorales (contrôler les comptes de cam-
pagne des candidats aux élections européennes, législatives, régionales, cantonales, municipales,
saisir le juge de l’élection en cas de non respect de la réglementation, transmettre au procureur de
la République tout dossier pour lequel des irrégularités ont été relevées, assurer la publication au
Journal officiel des comptes de campagne), mais aussi les partis politiques (vérifier le respect par
les partis de leurs obligations comptables et financières, assurer la publication sommaire des comptes
des partis au Journal officiel, saisir le procureur de la République si un fait constaté est susceptible
de constituer une infraction pénale).
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Chapitre 3 Les institutions administratives de régulation
Les AAI peuvent aussi contribuer à l’organisation de la liberté économique. On peut citer l’Autorité
de la concurrence qui a remplacé le Conseil de la concurrence depuis la loi de modernisation écono-
mique du 4 août 2008, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur
internet (HADOPI) créée par la loi du 12 juin 2009 qui assure la protection des droits d’auteur et le
développement de l’offre légale sur internet.
Enfin, les AAI peuvent assurer une régulation sectorielle. Dans un secteur d’activité déterminé,
elles concourent à l’ouverture du marché, elles facilitent l’accès des nouveaux entrants, elles orga-
nisent la concurrence entre l’opérateur historique et les autres entreprises privées, sans pour autant
laisser le champ libre aux lois du marché. On parle souvent, pour différencier ces AAI des autres,
d’« autorités de régulation indépendantes » (ARI). Ces dernières sont particulièrement importantes, à
la fois par leur nombre et par leurs pouvoirs étendus. On peut citer ici l’AMF – Autorité des marchés
financiers (loi du 1er août 2003), issue de la fusion de la COB, du Conseil des marchés financiers et
du conseil de discipline de la gestion des portefeuilles. Elle a pour mission de veiller à la protection
de l’épargne investie en produits financiers, à la régularité de l’information donnée aux acteurs des
marchés financiers et à leur bon fonctionnement. La Commission de régulation de l’énergie (loi du
3 janvier 2003) remplace la commission de régulation de l’électricité créée en 2000.
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Partie
2 L’administration
locale
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Il existe deux types d’administration au niveau local : l’administration déconcentrée d’une part qui assure la
représentation de l’État au niveau local (c’est l’État qui agit au niveau local), l’administration décentralisée d’autre
part qui est le lieu de la démocratie au niveau local (d’autres personnes morales de droit public que l’État gèrent
les affaires locales : les collectivités territoriales).
Chapitre 1
L’administration déconcentrée
L’État est déconcentré lorsque les autorités administratives sont réparties sur le territoire. La déconcentration
se définit comme une délégation de compétences à des autorités subordonnées, spécialisées et locales, qui
font partie de la même hiérarchie que l’autorité supérieure qui déconcentre ses activités. C’est donc un système
d’administration consistant à confier des pouvoirs de décision à des autorités administratives réparties sur le
territoire et placées à la tête de circonscriptions administratives. La déconcentration est donc une modalité, un
aménagement de la centralisation.
Les circonscriptions administratives peuvent être générales (Les régions et départements et leur préfet,
les arrondissements et leur sous-préfet) ou techniques (région de gendarmerie, la juridiction d’appel et son
premier président de cour d’appel, le trésorier-payeur général, les académies et leurs recteurs …).
Les autorités déconcentrées sont des émanations du pouvoir central, dépourvues de la personnalité juri-
dique et soumises au pouvoir hiérarchique des autorités centrales, chargées d’une part de représenter l’État
au niveau local afin de faciliter l’exercice des missions de l’État sur tout le territoire, d’autre part de rapprocher
l’État des administrés.
Le pouvoir hiérarchique est détenu par l’autorité hiérarchique : le préfet sur le maire, le directeur de l’admi-
nistration centrale sur les agents des administrations déconcentrées, le ministre sur le préfet, etc. Lié au devoir
d’obéissance de tout agent public envers son supérieur, il est qualifié de principe général du droit (PGD),
applicable même en l’absence de texte (CE, Sect., 30 juin 1950, Quéralt). Une exception est néanmoins
prévue lorsque l’ordre est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public CE,
10 novembre 1944, Langneur
Le contrôle hiérarchique s’exerce aussi bien en légalité qu’en opportunité sur les agents (prise des mesures
relatives à leur carrière, pouvoir disciplinaire de sanction,…) comme sur les actes. À ce titre, l’autorité hié-
rarchique dispose d’un pouvoir d’instruction (elle encadre l’action de l’ensemble des agents, en leur donnant
des instructions générales et des ordres particuliers. Ceci se traduit par l’interdiction faite à l’agent d’attaquer
devant le juge administratif les ordres de son supérieur hiérarchique, dès lors qu’ils ne touchent pas à son
statut personnel), d’un pouvoir d’évocation (quand le dossier présente des difficultés particulières ou soulève
des questions d’intérêt national), d’un pouvoir unilatéral de substitution (lorsque l’autorité inférieure a l’obliga-
tion d’agir et qu’elle n’agit pas), et d’un pouvoir unilatéral de réformation et d’annulation, à son initiative ou sur
recours hiérarchique d’un administré (elle a alors l’obligation de réformer ou d’annuler quand l’acte est illégal).
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Chapitre 1 L’administration déconcentrée
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L’administration déconcentrée Chapitre 1
1. La région
Initialement cadre d’intervention de l’État en matière de développement économique et d’aména-
gement du territoire (décret du 14 mars 1964), la circonscription régionale devient aussi par la loi
d’orientation du 6 février 1992 ATR et encadrée par la charte de la déconcentration le cadre
territorial de l’animation et de la coordination des politiques de l’État relatives à la culture, à l’envi-
ronnement, à la ville et à l’espace rural et de la coordination des actions de toute nature intéressant
plusieurs départements de la région. La circonscription régionale n’est certes pas encore reconnue
comme échelon de droit commun pour l’exécution des politiques publiques mais sa prééminence est
admise dans certains secteurs, notamment l’aménagement du territoire et le développement écono-
mique et social. Cette montée en puissance de l’échelon régional est confirmée par le décret du 29
avril 2004 et par la loi du 13 août 2004 sur les libertés et les responsabilités locales, laquelle
étend considérablement la liste des politiques publiques pour l’exécution desquelles l’échelon régional
dispose d’une prééminence sur le département (sont ajoutés le développement rural, l’environnement
et le développement durable, la culture, l’emploi, le logement, la rénovation urbaine, la santé publique,
ainsi que toutes les politiques communautaires qui relèvent de la compétence de l’État. Le décret du
16 février 2010 achève de faire de la région l’échelon déconcentré de droit commun.
L’architecture traditionnelle des administrations déconcentrées régionales était fondée sur les
périmètres de compétence des ministères, ce qui posait problème avec les politiques transver-
sales, interministérielles : empiètement, concurrence, etc. Les réformes engagées tendant à la mise
en place de chefs de projet, de pôles de compétence (décret de 1992), de délégations interservices
(décret du 20 octobre 1999) ou encore de pôles régionaux de l’État (décret du 29 avril 2004) étaient
insuffisantes en tant qu’elles ne procédaient qu’à de simples regroupements fonctionnels de services
restant juridiquement distincts.
Une nouvelle architecture des services a donc été mise en place, grâce à la création de nouvelles
structures telles que les directions régionales des finances publiques, au regroupement d’anciens
pôles (directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement issues de la fusion
des pôle transport, logement, aménagement et pôle environnement et développement durable) ou
encore au démembrement d’anciens pôles (l’ancien pôle santé et cohésion sociale est démembré pour
donner le jour d’une part à la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale
et d’autre part à l’agence régionale de santé). On compte désormais 8 grandes directions régionales,
don certaines sont interministérielles : les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de
la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) ; les directions régionales de l’environnement,
de l’aménagement et du logement (DREAL) ; les directions régionales de la jeunesse, des sports et
de la cohésion sociale (DRJSCS) ; les directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la
forêt (DRAAF) ; les directions régionales de la culture (DRAC) ; les directions régionales des finances
publiques (DRFP) ; les rectorats d’académie et enfin les agences régionales de santé (ARS).
2. Le département
Le département est apparu dans les lois des 22 décembre 1789 et 8 janvier 1790. Il est aujourd’hui le
siège d’une collectivité territoriale (le conseil général), mais également le support local des services
de l’administration de l’État.
La place du département dans la déconcentration administrative a évolué. « Echelon territorial
de mise en œuvre des politiques nationales et communautaires » depuis la Charte de la déconcen-
tration, la circonscription départementale est désormais placée sous la direction de l’administration
régionale et ne constitue qu’un échelon d’exécution (décret du 3 décembre 2009).
Au regard de la directive nationale d’orientation de juillet 2004, les missions des préfectures peuvent
être classées en trois catégories : tout d’abord l’activité de guichet, concrétisée par la délivrance de
nombreux documents administratifs (appelée à décroître en raison de la dématérialisation et de la
fusion des procédures, ensuite des missions traditionnelles en forte croissance ( sécurité des popu-
lations et gestion des crises, police des étrangers – asile, séjour, éloignement, naturalisation – et
contrôle de légalité), enfin des missions revalorisées par la réforme de l’État et les nouveaux modes
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Chapitre 1 L’administration déconcentrée
de gestion publique comme le pilotage et l’arbitrage en matière d’actions interministérielles ainsi que le
suivi de leur exécution. Ces tâches sont rendues plus délicates, notamment en raison des exigences
du développement durable et de la protection de l’environnement mais aussi des contraintes résultant
de la mise en œuvre de la LOLF.
Le mouvement de décentralisation (les transferts de moyens au profit des collectivités territoriales
ont amené certains services de l’État en dessous du seuil critique justifiant leur existence distincte),
mais aussi le développement de l’interministérialité et l’émiettement de l’administration départemen-
tale ont imposé une restructuration et une rationalisation des services déconcentrés de l’État dans
le département. Le décret du 3 décembre 2009 relatif aux directions départementales intermi-
nistérielles a ainsi réorganisé l’échelon départemental en fonction des besoins des citoyens sur le
territoire et non, comme dans les régions, selon les lignes de découpage des périmètres ministériels.
Cette interministérialité au niveau départemental permet de rendre l’administration plus accessible
à l’usager, de mutualiser les moyens des services et de décloisonner les administrations. Sont ainsi
mises en place des directions départementales interministérielles (DDI), services déconcentrés rat-
tachés au premier ministre et placés sous l’autorité directe des préfets. « Sous l’autorité du préfet de
département, elles mettent en œuvre des politiques définies par le gouvernement dont le pilotage et
la coordination sont assurés par le préfet de région, assisté des directions régionales ». La création
des DDI est effective depuis le 1er janvier 2010.
L’organisation de ces DDI est modulable pour l’adapter aux besoins et aux spécificités des divers
départements. Les départements de moins de 400 000 habitants comprennent une direction des
territoires et une direction de la cohésion sociale et de la protection des populations. Dans les dépar-
tements plus peuplés, le préfet peut décider de créer une troisième direction, dite « de la protection
des populations », la direction de la cohésion sociale devenant une direction à part.
La direction départementale des territoires traite de l’ensemble des politiques à impact territorial.
Elle est compétente en matière de politiques d’aménagement et de développement durable des
territoires (prévention des risques naturels ; logement ; aménagement et urbanisme ; transports ;
protection des eaux, des espaces naturels, forestiers, ruraux ; agriculture et forêt ; pêche maritime et
cultures marines dans les départements du littoral). La direction départementale de la cohésion
sociale est chargée de traiter l’ensemble des questions liées à la cohésion sociale (logement social,
hébergement d’urgence, actions en faveur de la jeunesse et des sports notamment, vie associative,
droit des femmes). La direction départementale de la protection des populations est constituée
à partir des services vétérinaires et des services de la concurrence, de la répression des fraudes et
de la consommation. Elle a pour mission de mettre en œuvre les politiques relatives à la protection
et à la sécurité des consommateurs (hygiène et sécurité des produits alimentaires ; traçabilité des
animaux ; inspection d’installations classées pour la protection de l’environnement exerçant des
activités agricoles ; loyauté des transactions ; égalité d’accès à la commande publique).
3. L’arrondissement
Institué par la loi du 28 pluviôse an VIII, l’arrondissement est la seule circonscription administrative
de droit commun à n’être qu’une circonscription administrative et non une collectivité territoriale.
Implantées dans les arrondissements, les sous-préfectures ont toujours fait figure de parents pauvres
de l’administration territoriale. Le décret de 1992 présente l’arrondissement comme « le cadre territorial
de l’animation du développement local et de l’action administrative locale de l’État ». Sa portée est
précisée par le décret du 29 avril 2004 qui qualifie le sous-préfet de délégué du préfet dans l’arron-
dissement et fixe ses attributions.
Le réseau des 240 sous-préfectures d’arrondissement métropolitaines est l’un des plus denses de
l’administration territoriale. Il traduit la diversité démographique, géographique et économique des
territoires et incarne la proximité de l’État, notamment dans des secteurs fragiles, que ce soit en milieu
rural ou dans les zones très urbanisées.
La réforme de l’administration territoriale de l’État se concentre sur le niveau régional et sur le niveau
départemental ainsi que sur les relations entre ces deux niveaux. La réforme des sous-préfectures
figure toutefois parmi les thèmes de la révision générale des politiques publiques. À l’avenir, elles ne
devraient plus être organisées sur le modèle de la préfecture mais devraient devenir une administration
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L’administration déconcentrée Chapitre 1
de mission tournée vers le développement local. La révision générale des politiques publiques privilé-
gie aujourd’hui deux axes principaux de réforme. Dans les zones rurales, les sous-préfets pourraient
être remplacés par des conseillers d’administration, corps créé par le décret du 17 octobre 2007. Dans
les zones fortement urbanisées, les sous-préfectures pourraient être transformées en « maisons de
l’État ».
Les autorités déconcentrées sont essentiellement les préfets de région et de département, mais aussi les sous-
préfets, et plus accessoirement les maires.
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Chapitre 1 L’administration déconcentrée
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L’administration déconcentrée Chapitre 1
général pour les affaires régionales, des sept directeurs régionaux des services déconcentrés, du
directeur de l’agence régionale de santé et, le cas échéant, du directeur interrégional de la mer, des
responsables d’établissements publics et services de l’État ayant leur siège dans la région ou dont
l’activité s’exerce au-delà de la région sont simplement appelés, en tant que de besoin, par le préfet
de région qui préside. Le préfet de région peut aussi inviter des personnes qualifiées ou proposer
aux chefs de juridiction d’assister aux travaux. Ses attributions sont également mieux précisées :
sa consultation est tantôt facultative (exécution de programmes ministériels ou communautaires,
conventions avec la région décentralisée, organisation et fonctionnement des services déconcentrés),
tantôt obligatoire (gestion des ressources humaines, stratégie immobilière, mutualisations, répartition
des crédits).
Le secrétaire général aux affaires régionales (SGAR) est un haut fonctionnaire qui assiste le pré-
fet, encadre les chargés de mission, coordonne l’action des services régionaux de l’État et veille à
l’articulation entre services départementaux et services régionaux. Ses missions ont été ajustées par
un décret du 25 mai 2009 relatif aux missions des secrétaires généraux pour les affaires régionales :
il doit veiller à la cohérence de la mise en œuvre des politiques nationales et européennes, il a une
mission d’information et de communication sur les politiques de l’État, il doit favoriser dans sa cir-
conscription la mobilité des personnels entre les servi
2. Les sous-préfets
Les sous-préfets sont nommés par décret simple du Président de la République et recrutés parmi
les corps issus de l’ENA, et en particulier parmi les administrateurs civils du ministère de l’intérieur.
Leur statut résulte du décret du 14 mars 1964 modifié par un décret du 27 juillet 1982 puis du 10 mai
1995 : le sous-préfet a pour mission « d’assister le préfet dans l’accomplissement de sa mission »,
sous son autorité. Ils bénéficient des mêmes garanties et sont soumis aux mêmes obligations que les
préfets. Les sous-préfets sont membres d’un corps qui a vocation à faire d’eux des préfets.
L’article 14 du décret du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs des préfets, à l’organisation et à
l’action des services de l’État dans les régions et départements, dans sa nouvelle rédaction
issue du décret du 16 février 2010, dispose que « Le sous-préfet d’arrondissement est le délégué
du préfet dans l’arrondissement. Il assiste le préfet dans la représentation territoriale de l’État et, sous
son autorité : 1° Il veille au respect des lois et règlements et concourt au maintien de l’ordre public
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Chapitre 1 L’administration déconcentrée
et à la sécurité des populations ; 2° Il anime et coordonne l’action, dans l’arrondissement, des ser-
vices de l’État. [...] ; 3° Il participe à l’exercice du contrôle administratif et au conseil aux collectivités
territoriales. [...] ».
Il a d’une part une fonction d’assistance au préfet : mission d’information du préfet sur tout ce qui se
passe dans l’arrondissement, exécution des lois et règlements, maintien de la sécurité et de l’ordre
public, animation et coordination de l’action des services de l’État pour la mise en œuvre des politiques
nationales et communautaires (notamment en matière d’aménagement du territoire et de développe-
ment local). Il a d’autre part une fonction d’assistance aux communes de son arrondissement : il
est le conseiller administratif et juridique notamment pour la préparation des budgets et surtout pour
les petites communes qui ne disposent pas des informations et des compétences nécessaires pour
le bon exercice de leurs attributions.
3. Les maires
Le maire a une double casquette (dédoublement fonctionnel) : organe exécutif de la commune,
collectivité territoriale, il est aussi autorité déconcentrée, représentant de l’État sur le territoire de
la commune.
Au titre de l’article L 2122-27 du code général des collectivités territoriales, le maire est chargé, sous
l’autorité du représentant de l’État dans le département de la publication et de l’exécution des
lois et des règlements, de l’exécution des mesures de sûreté générale et des mesures de police, des
fonctions spéciales qui lui sont attribuées par les lois : délivrance de certificat de concubinage, par-
ticipation à l’établissement des listes électorales, traitement des demandes de permis de construire,
certification de copies, opérations de recensement. Sous l’autorité du Procureur de la République,
il est aussi officier de police judiciaire et officier d’état civil (célébration des mariages, enregistrement
des naissances et des décès, délivrance des extraits de registres).
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Chapitre 2
L’administration décentralisée
Une collectivité territoriale se définit comme une personne morale de droit public sur une portion du territoire
national, dotée d’organes élus et de compétences propres, confiées par le législateur, lui permettant de pro-
mouvoir des intérêts locaux spécifiques. Elle doit agir dans le respect de l’ordre juridique étatique.
Les Collectivités territoriales ont un statut constitutionnel. Elles sont reconnues par l’article 72 alinéa 1 de
la Constitution depuis la révision du 28 mars 2003 : « les collectivités territoriales de la République sont les
communes, les départements, les régions, les collectivités à statut particulier et les collectivités d’outre-mer ».
Elles sont représentées au niveau étatique par le Sénat, « grand Conseil des communes de France »,
(Gambetta), ou « assemblée des territoires et des paysans » (Blum) (article 24 alinéa 3 de la Constitution).
L’administration décentralisée repose sur le principe de libre administration des collectivités territoriales.
L’article 72 alinéa 3 de la Constitution dispose en effet que « Dans les conditions prévues par la loi, les
collectivités territoriales s’administrent librement par des conseils élus et disposent d’un pouvoir réglementaire
pour l’exercice de leurs compétences ». De même au sens de l’article 34 alinéa 8, « La loi détermine les
principes fondamentaux de la libre administration des collectivités territoriales, de leurs compétences et de
leurs ressources ». Ces dispositions sont relayées par l’article L 1111-1 du CGCT : « Les communes, les
départements et les régions s’administrent librement par des conseils élus ».
Ce principe implique la compétence du législateur pour définir la composition des conseils délibérants, les
modes de scrutin, le statut des élus locaux, les compétences de ces collectivités, et notamment la répartition
des compétences entre État et collectivités territoriales, la détermination de leurs ressources, et enfin leurs
obligations et les garanties dont elles disposent.
Le principe de libre administration implique que les collectivités territoriales bénéficient d’une liberté d’orga-
nisation (CC 14 janvier 1999, Loi relative au fonctionnement des conseils régionaux), « d’un conseil élu
doté d’attributions effectives » (CC, 8 août 1985, Evolution de la Nouvelle Calédonie), de moyens juridiques
autonomes (CC, 29 janvier 1993, Loi relative à la prévention de la corruption et à la transparence des
procédures financières à propos de la liberté contractuelle des collectivités territoriales) et enfin d’une auto-
nomie financière (les ressources fiscales des collectivités territoriales ne doivent pas être restreintes au point
d’entraver leur libre administration CC, 29 décembre 1998, Loi de finances pour 1999).
La valeur constitutionnelle du principe de libre administration a été reconnue par le Conseil constitutionnel (CC,
23 mai 1979, Territoire de Nouvelle Calédonie et CC, 20 janvier 1984, Fonction publique territoriale).
D’abord conçu comme une règle formelle, pour garantir plus la liberté « d’être » que la liberté « d’agir » des
collectivités territoriales, le principe a ensuite été utilisé par le Conseil comme une véritable norme de réfé-
rence du contrôle de constitutionnalité des lois. Celui-ci veille dès lors à ce que le législateur respecte un seuil
minimal de compétences et de ressources en faveur des collectivités territoriales. C’est au cas par cas que le
juge constitutionnel, à partir de l’examen in concreto des textes qui lui sont soumis, apprécie si les variations
affectant le principe de libre administration restent comprises entre les « seuils minima et maxima autorisés ».
Ce principe n’est cependant pas absolu et doit être concilié avec les autres principes à valeur constitu-
tionnelle, tels que le respect de l’indivisibilité de la République (CC, 9 mai 1991, Statut de la Corse censurant
la mention dans une loi du « peuple corse, composante du peuple français ») ou encore le respect du principe
d’égalité.
Si des aspirations décentralisatrices ont pu être constatées dès la période révolutionnaire et à partir de la
Restauration, si la IIIe République a profondément modifié le régime juridique des communes et des départe-
ments, il faut attendre 1982 pour que la décentralisation territoriale en France soit véritablement approfondie.
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
La loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, départements et régions opère une
décentralisation brutale animée d’un esprit de système. L’acte I de la décentralisation raisonne par rapport à
l’ensemble des collectivités locales et procède ainsi à une uniformisation et à une rationalisation des institutions
locales. La loi de 1982 pose un certain nombre de principes directeurs relatifs à l’autonomie locale : la région
n’est plus un établissement public et devient une collectivité territoriale ; les fonctions exécutives n’appartiennent
plus aux préfets de département et de région mais sont transférées aux autorités élues (président du conseil
général et président du conseil régional) ; de nombreuses compétences de l’État sont transférées vers les
collectivités territoriales, ces transferts étant accompagnés de compensations financières ; enfin est proclamée
la suppression de la tutelle et son remplacement par un contrôle administratif (la suppression est cependant
purement symbolique).
La loi constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la République du 28 mars 2003 – acte II
de la décentralisation – révise la Constitution pour permettre un approfondissement de la décentralisation.
L’article 1er de la Constitution interdit tout retour à une centralisation excessive en posant que « l’organisation de
la France est décentralisée ». Sont proclamés le principe de subsidiarité, le droit à l’expérimentation locale. La
révision introduit aussi des principes de démocratie directe. Enfin, les statuts de l’outre-mer sont intégralement
refondus avec la suppression des TOM et la création des COM.
Enfin, la loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales modifie les structures locales,
notamment par la création des conseillers territoriaux et par la modernisation de l’intercommunalité.
La loi de modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles du 27 janvier 2014 revient sur les
acquis de la loi du 16 décembre 2010. Ses principales mesures sont les suivantes :
• Le rétablissement de la clause de compétence générale des régions et des départements
• La désignation de chefs de file pour certaines compétences : la région pour le développement économique et
les transports, le département pour l’aide sociale et le tourisme, la commune en matière environnementale.
• ’affirmation des métropoles : création de trois métropoles à statut spécial (Grand Paris, Lyon et Aix-Marseille-
L
Provence) et déploiement des métropoles de droit commun
L’entrée en vigueur de cette réforme s’étale jusqu’au 1er janvier 2013.
Si les communes, départements et régions sont appréhendés par le législateur dans un esprit de système et
obéissent à une régime juridique largement uniformisé, les collectivités territoriales à statut dérogatoire sont
soumises à des régimes spécifique justifiés par leur histoire (Alsace-Moselle, territoire de Belfort), leur impor-
tance démographique ou politique, les nécessités d’aménagement du territoire (Paris, Lyon, Marseille), ou
encore une reconnaissance de l’identité locale ou régionale (outre-mer et Corse).
1. La démocratie locale
Alexis de Tocqueville est l’un des premiers à avoir théorisé la « République de proximité » dans « De
la démocratie en Amérique » : les libertés locales sont le socle de la démocratie. Les institutions
communales donnent un esprit de liberté, que ne donne pas un gouvernement libre, parce qu’elles
mettent la liberté à la disposition du peuple. Il y a donc l’idée que démocratie et décentralisation sont
inséparables : les administrés sont aussi des citoyens amenés à participer aux scrutins et aux réfé-
rendums locaux qui rythment la démocratie représentative.
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L’administration décentralisée Chapitre 2
La décentralisation marque l’avènement d’une démocratie locale représentative mais aussi consulta-
tive et participative (association des citoyens à l’élaboration des politiques publiques les concernant).
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
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L’administration décentralisée Chapitre 2
L’article 72-1 de la Constitution reconnait un droit de pétition aux électeurs leur permettant de
demander l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée délibérante de la collectivité territoriale d’une
question relevant de sa compétence. Il ne s’agit que d’une demande ne liant pas l’exécutif.
La loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité autorise le conseil municipal à créer des
comités consultatifs sur tout problème d’intérêt communal, comprenant des personnes qui peuvent
ne pas appartenir au conseil, notamment des représentants des associations locales (Exemples :
comités de quartier, conseil municipal des enfants, etc.). Les avis sont seulement consultatifs et ne
lient pas le conseil municipal.
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
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L’administration décentralisée Chapitre 2
Cette délégation spéciale a seule compétence pour prendre les actes d’administration courante. En
cas de dissolution d’un conseil général ou régional, c’est le président de l’assemblée dissoute qui
est chargé de l’expédition des affaires courantes. Dans tous les cas, de nouvelles élections doivent
avoir lieu dans les 2 mois qui suivent le décret.
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
nombre d’actes locaux et cible les actes présentant des enjeux juridiques importants ou portant atteinte
aux libertés publiques (fonction publique territoriale, droit de l’urbanisme, police administrative).
Le contrôle doit intervenir dans un délai de 2 mois à compter de la transmission. Si le préfet estime
l’acte illégal, il peut saisir le juge par la voie du déféré préfectoral. Ce n’est pas une obligation mais
un pouvoir discrétionnaire du représentant de l’État qui peut décider de ne pas déférer l’acte pour
des raisons d’opportunité. Le contrôle administratif de légalité privilégie bien souvent le dialogue et
la concertation avec les autorités locales.
Il existe deux types de déférés. Le déféré spontané est déclenché à l’initiative du préfet. Le déféré est
provoqué lorsque le préfet défère un acte local sur demande d’une personne physique ou morale.
Celle-ci doit avoir un intérêt à agir et se manifester dans les 2 mois suivant l’entrée en vigueur de
la décision. La saisine du préfet proroge le délai de recours contentieux à l’égard du demandeur :
le délai de 2 mois recommence à courir à compter de la décision du préfet, quel que soit le sens
de cette décision (déféré ou refus de déféré). Le préfet peut refuser de déférer l’acte, sa décision
étant insusceptible de REP (CE, Sect., 1991, Brasseur). Dans les deux hypothèses, le déféré peut
concerner les actes soumis à obligation de transmission comme les autres (CE, 1994, Département
de la Sarthe et CE, sect., 28 févr. 1997, Commune du Port).
En cas de faute lourde commise dans le cadre du contrôle administratif de légalité, la responsabilité
de l’État est engagée (CE, 2000, Ministre de l’Intérieur c/ Commune de Saint-Florent).
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L’administration décentralisée Chapitre 2
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
Problème d’inégalité démographique entre les cantons et donc problème d’égalité du suffrage : une
région toute entière pouvait être appropriée par un seul de ses départements, la loi offrant aux
conseillers territoriaux de ce département la majorité absolue des sièges au sein du conseil régional.
C’est le cas des régions bi-départementales : ainsi pour le département du Bas-Rhin (39 conseillers
territoriaux) dans la région Alsace (66 conseillers territoriaux), du département du Nord (76 conseil-
lers territoriaux) dans la région Nord-Pas-de-Calais (136 conseillers territoriaux) et du département
de la Seine-Maritime (64 conseillers territoriaux) dans la région Haute-Normandie (98 conseillers
territoriaux).
Inadaptation du cadre cantonal pour la région : la circonscription cantonale apparaît singulièrement
étriquée pour la région et inapte à assurer la promotion électorale des grands enjeux régionaux. La
région n’aura toujours pas le sacrement démocratique qu’elle mérite : elle n’est pas représentative
par elle-même mais à travers les composantes de ses départements.
Risque de disparition du département par sa dilution au sein des régions.
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L’administration décentralisée Chapitre 2
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
Une condition de quorum est prévue : le conseil général comme le conseil régional ne peut valable-
ment élire son président et la commission permanente que si les 2/3 de ses membres sont présents.
À défaut, une nouvelle réunion intervient 3 jours plus tard sans condition de quorum.
L’élection du président du conseil général comme du président du conseil régional a lieu au scrutin
secret, en 3 tours (à la majorité absolue aux 2 premiers tours et à la majorité elative au 3e). En cas
d’égalité des voix au 3e tour, le plus âgé est élu. Aussitôt après l’élection du président et sous sa pré-
sidence, le conseil général ou régional fixe la composition de la commission permanente. Les candi-
datures sont déposées auprès du président dans l’heure qui suit. Lorsque le nombre de candidatures
est égal au nombre de postes, la nomination est immédiate. En cas de candidatures multiples, il est
procédé par voie d’élection, au scrutin secret de liste, proportionnelle à la plus forte moyenne afin
d’assurer la représentation de l’ensemble des sensibilités politiques représentées au sein du conseil.
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L’administration décentralisée Chapitre 2
2A2. L’Alsace-Moselle
Les trois départements d’Alsace-Moselle (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle) conservent des règles
issues du droit en vigueur pendant l’annexion allemande (de 1871 à 1918). Initialement prévu pour
ne durer qu’un temps limité, le droit local continue aujourd’hui de régir les associations, les cultes,
l’école ou encore le droit communal.
2A3. La Corse
C’est une loi du 2 mars 1982 portant statut particulier de la région Corse qui dote cette dernière pour la
première fois d’un statut spécifique, modifié par une loi du 13 mai 1991 portant statut de la collectivité
territoriale de Corse puis par une loi du 22 janvier 2002 relative à la Corse.
La Collectivité territoriale de Corse est organisée autour d’une Assemblée de Corse et de son pré-
sident, d’un Conseil exécutif de Corse et de son président ainsi que d’un conseil économique, social
et culturel de Corse.
Les membres de l’Assemblée de Corse, au nombre de 51, sont élus au scrutin de liste à 2 tours,
bloqué et sans panachage, ni vote préférentiel. Au premier tour de scrutin, il est attribué trois sièges à
la liste qui a obtenu la majorité absolue des suffrages. Les autres sièges sont répartis entre les listes
ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés, à la représentation proportionnelle à la plus forte
moyenne. Si aucune liste n’a recueilli au premier tour la majorité absolue des suffrages exprimés, il
est procédé à un second tour. Ne peuvent se maintenir au second tour que les listes ayant obtenu
5 % des suffrages exprimés. Il est attribué trois sièges à la liste qui a obtenu le plus de suffrages.
En cas d’égalité de suffrages entre les listes arrivées en tête, ces trois sièges sont attribués à la liste
dont les candidats ont la moyenne d’âge la plus élevée. Ensuite, les autres sièges sont répartis entre
les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés, à la représentation proportionnelle à
la plus forte moyenne.
L’Assemblée de Corse peut, de sa propre initiative, à la demande du conseil exécutif ou du Premier
ministre, présenter des propositions tendant à modifier ou adapter des dispositions réglementaires
en vigueur concernant soit les compétences, l’organisation et le fonctionnement de l’ensemble des
collectivités territoriales de Corse, soit le développement économique, social et culturel de la Corse.
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
La collectivité territoriale de Corse peut demander à être habilitée à fixer des règles adaptées aux
spécificités de l’île.
Le Conseil exécutif est élu par l’Assemblée et est composé d’un président et de 6 conseillers. Il
dirige l’action de la collectivité territoriale de Corse, notamment en matière de développement éco-
nomique et social, d’action éducative et culturelle et d’aménagement du territoire. Il dispose d’un
pouvoir réglementaire très étendu.
L’exécutif est responsable devant l’Assemblée qui peut le renverser par une motion de défiance
constructive. En contrepartie, le conseil exécutif peut prononcer la dissolution de l’Assemblée en cas
d’impossibilité pour elle de fonctionner normalement.
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L’administration décentralisée Chapitre 2
L’article 74 de la Constitution prévoit que les COM peuvent bénéficier du principe de spécialité légis-
lative : à l’exception des lois de souveraineté, applicables de plein droit sur l’ensemble du territoire
national, les lois et règlements n’y sont applicables que sur mention expresse. La loi organique du 21
février 2007 précise le régime législatif des différentes COM : spécialité législative pour la Polynésie
française et les îles Wallis et Futuna, identité législative pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy et
identité législative avec des exceptions dans certaines matières (impôts, droits et taxes, habitat,
construction, régime douanier,…) pour Saint-Pierre-et-Miquelon.
L’article 74 reconnaît aussi aux organes délibérants des COM la possibilité, sur habilitation législative
ou réglementaire, d’adapter aux caractéristiques et aux contraintes particulières de la collectivité les
dispositions législatives ou réglementaires en vigueur.
Les collectivités de Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont une organi-
sation institutionnelle similaire : l’assemblée délibérante est un conseil territorial, élu pour 5 ans au
scrutin de liste à deux tours avec une prime majoritaire ; l’exécutif est assuré par un conseil exécutif
élu par le conseil territorial et présidé par son président. Ce dernier est responsable devant le conseil
territorial qui peut le renverser par une motion de défiance constructive. Un conseil économique,
social et culturel est chargé d’assister le conseil territorial. Ces collectivités ont des compétences
étendues en matière de développement économique, d’action culturelle, d’aménagement du territoire,
transports, tourisme, fiscalité.
Les îles Wallis et Futuna présentent une spécificité très importante, le droit coutumier local étant
très présent. Le territoire est doté d’une assemblée territoriale et d’un conseil exécutif. Mais il reste
divisé en trois royaumes dotés chacun de la personnalité morale, d’un drapeau. Ils sont placés sous
l’autorité d’un administrateur supérieur à la fois chef de l’exécutif local et représentant de l’État mais
aussi sous l’autorité d’un roi disposant de pouvoirs en matière juridictionnelle et foncière.
La Polynésie française évolue à terme vers une autonomie pleine et entière. Le président de la
Polynésie française assure le pouvoir exécutif, avec le gouvernement composé d’un vice-président
et de ministres. L’Assemblée de la Polynésie française, organe délibérant, est élue pour 5 ans au
scrutin proportionnel avec une prime majoritaire, égale à un tiers du nombre de sièges à pourvoir. Le
gouvernement est responsable devant l’Assemblée qui peut le renverser par le vote d’une motion de
censure. En contrepartie, l’Assemblée peut être dissoute par décret du Président de la République
après avis du président de l’Assemblée et du président de la Polynésie française. Le conseil éco-
nomique, social et culturel ainsi que le haut conseil de la Polynésie française assistent l’Assemblée
dans ses fonctions.
L’Assemblée peut adopter des « lois du pays » soumises au contrôle du Conseil d’État dans des
matières législatives telles que le droit civil, les obligations commerciales, le droit du travail, la santé
publique et l’action sociale, l’aménagement et l’urbanisme. La Polynésie française est par ailleurs
autorisée à participer aux compétences de l’État (droit civil, entrée et séjour des étrangers, etc. Elle
peut enfin mettre en place une politique de discrimination positive pour favoriser sa population en
matière d’emploi et de patrimoine foncier.
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
de la Nouvelle-Calédonie. Le Congrès pourra prendre des textes de valeur législative, des « lois du
pays », qui pourront être déférées au Conseil constitutionnel avant leur promulgation.
L’État est représenté par le Haut-commissaire de la République.
Assemblée délibérante, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie comprend 54 membres, issus des
trois assemblées de province, élus pour cinq ans, au suffrage universel direct, qui portent le titre de
« conseillers de la Nouvelle-Calédonie ».
Exécutif de la collectivité, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est élu par le congrès pour une
durée de 5 ans au scrutin de liste à la représentation proportionnelle. Le Président de la Nouvelle-
Calédonie dirige l’action du gouvernement. Le gouvernement est responsable devant le Congrès qui
peut le renverser par le vote d’une motion de censure.
Deux assemblées consultatives assistent le Congrès : le Sénat coutumier obligatoirement saisi des
projets ou propositions de lois du pays relatif à l’identité kanak et le Conseil économique et social.
La France connaît un important émiettement communal : elle dispose en effet de 36 793 communes, dont
75 % comptent moins de 1 000 habitants mais ne représentent que 15 % de la population. Cet émiettement est
certes respectueux de la démocratie locale, favorisant le lien direct entre élus et électeurs et facilitant l’accès
aux mandats électoraux. Mais peu rationnel, il est un facteur de gaspillage des deniers publics (alourdissement
des charges, manque de rentabilité des équipements) et un frein au développement économique.
Les fusions de communes (Loi Marcellin du 16 juillet 1971) ne fonctionnent pas, tant l’attachement affectif à
la commune est fort.
La coopération intercommunale est au contraire apparue comme le moyen de lutter contre les excès de
l’émiettement communal. Elle consiste pour les communes à créer des établissements publics de coopération
intercommunale (EPCI) et à leur déléguer une ou plusieurs missions de service public qu’ils exerceront sur
l’ensemble de l’espace communautaire.
Ces établissements publics, appelés aussi établissements publics territoriaux, ont un caractère administratif et
sont donc soumis au droit public. Comme tout établissement public, ils sont soumis au principe de spécialité : ils
ne peuvent intervenir que dans les domaines que leur attribuent les statuts. Pour autant, la grande diversité des
missions confiées aux EPCI remet en cause leur caractère d’établissement public et les rapproche sérieusement
des collectivités territoriales. Ils sont aussi régis par le principe d’exclusivité : les communes sont totalement
dessaisies des compétences qu’elles ont déléguées (CE, 16 octobre 1970, Commune de Saint-Vallier).
De formes variées (1), les EPCI sont soumis à un régime juridique largement uniformisés (2).
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L’administration décentralisée Chapitre 2
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
tenant et sans enclave et qui s’associent au sein d’un espace de solidarité pour élaborer et conduire
ensemble un projet d’aménagement et de développement économique, écologique, éducatif, culturel
et social de leur territoire afin d’en améliorer la compétitivité et la cohésion. Sous l’empire de la loi
de 2010, pouvaient obtenir le statut de métropole les EPCI formant un ensemble de plus de 500 000
habitants et les communautés urbaines. Pour faire face au manque de succès de la métropole (une
seule métropole créée : celle de Nice Côte d’Azur) lié à la crainte des élus de voir leurs communes
absorbées et au manque d’attractivité de la formule, la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de
l’action publique et d’affirmation des métropoles procède à la valorisation de ces métropoles de droit
commun. À compter du 1er janvier 2015 seront automatiquement transformés par décret en métropole
tous les EPCI à fiscalité propre qui forment un ensemble de plus de 400 000 habitants dans une aire
urbaine de plus de 650 000 habitants. Ce statut pourra également être attribué, sous réserve d’un
accord de la majorité qualifiée des conseils municipaux, aux EPCI qui forment un ensemble de plus
de 400 000 habitants et dans le périmètre desquels se trouve le chef-lieu de région ainsi qu’à ceux
qui sont le centres d’une zone d’emplois de plus de 400 000 habitants qui exercent, à la date d’entrée
en vigueur de la loi, les compétences que celle-ci attribue aux métropoles. Les métropoles sont
dotées de 32 titres de compétences obligatoires regroupées en 6 rubriques (les mêmes que pour les
communautés urbaines. Les départements de toute la France peuvent déléguer leurs compétences
aux métropoles qui les exerceront sur le territoire métropolitain. À terme, on peut ainsi craindre la
disparition des départements dans les grandes aires urbaines.
Autre innovation de la loi du 16 décembre 2010, sont institués sous la forme de syndicats mixtes,
des pôles métropolitains dont la finalité est d’accomplir des actions « d’intérêt métropolitain ». Le
pôle métropolitain réunit, sur une base volontaire, des EPCI formant depuis la loi du 27 janvier 2014
un ensemble de plus de 100 000 habitants. Il s’agit de promouvoir un modèle d’aménagement, de
développement durable et de solidarité territoriale.
La loi du 27 janvier 2014 procède également à la création de trois métropoles à statut spécial (Métropole
du Grand Paris, Métropole de Lyon et Métropole d’Aix-Marseille-Provence). La métropole du Grand
Paris créée au 1er janvier 2016 regroupe par exemple la capitale et l’ensemble des communes des
départements de la petite couronne. Ces métropoles ont vocation à absorber les compétences du
département.
Enfin, la loi du 16 décembre 2010 fixe au 1er juillet 2013 l’achèvement de la carte intercommunale :
en concertation avec les collectivités territoriales, le préfet établit le schéma départemental de coo-
pération intercommunale, lequel tend à terme à assurer la couverture de l’ensemble du territoire par
des intercommunalités selon des périmètres rationalisés. À terme, seuls des EPCI à fiscalité propre
d’un seul tenant et sans enclave devraient couvrir l’ensemble du territoire par un rattachement à ces
derniers des communes isolées ou encore par la création, la suppression, la fusion ou la transfor-
mation d’EPCI.
L’intérêt communautaire est la ligne de partage au sein d’une même compétence entre les domaines
d’action transférés à la communauté et ceux qui restent au niveau communal. Il permet de distinguer
ce qui nécessite une gestion intercommunale et ce qui peut rester au niveau communal. S’agissant
des communautés de communes, il est défini par les conseils municipaux des communes membres
à la majorité qualifiée ; pour les autres EPCI, il est défini par le conseil communautaire à la majorité
des 2/3. L’intérêt communautaire d’une action ou d’une opération est apprécié au regard d’éléments
quantitatifs, qualitatifs ou géographiques, tels que les coûts de fonctionnement ou d’investissement,
la superficie, la fréquentation de l’équipement, le type de zones concernées, etc.
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L’administration décentralisée Chapitre 2
et celles des EPCI. Le législateur de son côté a modifié partiellement des structures existantes, en a
créé de nouvelles, sans en supprimer d’autres,…
La complexité du dispositif a nécessité une simplification du droit existant. Tel a été l’objet d’une part
de l’adoption en 1996 du code général des collectivités territoriales (CGCT) et d’autre part de la loi
du 12 juillet 1999 relative à la simplification et au renforcement de la coopération intercommunale
dite Loi Chevènement. Cette dernière a procédé à l’harmonisation du régime juridique des EPCI en
inscrivant dans le CGCT et pour l’ensemble des établissements publics territoriaux les règles de
création des EPIC, la délimitation de leur périmètre, les modalités de désignation des délégués, leur
statut et la durée de leur mandat, les règles de majorité et les conditions de dissolution.
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Chapitre 2 L’administration décentralisée
La loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales met en place l’élection au
suffrage universel direct des délégués communautaires pour les EPCI à fiscalité propre, dans
le cadre de l’élection municipale selon un système de fléchage inspiré du mode de scrutin applicable à
Paris, Lyon et Marseille. Les délégués des communes sont élus dans le cadre de l’élection municipale
au suffrage universel direct pour toutes les communes dont le conseil municipal est élu au scrutin de
liste, dans les conditions fixées par la loi (L. 5211-6 CGCT).
Les règles de fixation du nombre et de répartition des sièges au sein des conseils communautaires
ont été modifiées afin que le poids des communes membres reflète leur importance démographique.
Dans les communautés de communes et les communautés d’agglomération, les sièges sont répartis
librement entre les communes membres à la majorité qualifiée (par accord des deux tiers au moins
des conseils municipaux des communes intéressées représentant la moitié de la population totale
ou de la moitié des conseils municipaux des communes intéressées représentant les deux tiers de
la population totale). Chaque commune doit disposer d’au moins un siège et aucune commune ne
doit se voir attribuer plus de la moitié des sièges.
Dans les métropoles et les communautés urbaines et, à défaut d’accord, dans les communautés de
communes et les communautés d’agglomération, le nombre total de sièges est fixé par un tableau (en
fonction de la population totale de l’EPCI) et les sièges sont attribués entre les communes-membres
à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne afin de garantir une représentation essen-
tiellement démographique. Chaque commune doit disposer d’au moins un siège.
Il est encore trop tôt pour faire un bilan. Pour autant, on peut craindre que la démocratisation des
instances de la coopération intercommunale ne change la nature des groupements. Ils risquent fort en
effet de devenir des structures non plus intercommunales mais supra communales. Ils deviendraient
ainsi une sorte de niveau territorial supplémentaire, au-dessus des communes. Dès lors, l’avenir des
communes serait incertain.
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L’administration décentralisée Chapitre 2
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