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Première partie
Méthodologie de la dissertation et de l’oral
Chapitre I. Bibliographie
Deuxième partie
Thèmes relatifs à la société française
Chapitre I. L’État et l’organisation administrative de la
France
I Dictionnaires et lexiques
Définitions
Il est indispensable de noter dans un répertoire la définition
synthétique des principales notions susceptibles d’être utilisés dans
les sujets de concours et de les relire régulièrement afin de les
mémoriser et de pouvoir les utiliser facilement.
Il faut donc vous référer à un dictionnaire classique de la langue
française, éventuellement en ligne :
– Dictionnaire Larousse ;
– Dictionnaire Le Robert.
Il est par ailleurs très utile de vous référer aux lexiques destinés
aux étudiants des premières années de faculté afin de trouver des
définitions précises de termes techniques :
– D. Clerc et J-P. Piriou : « Lexique de sciences économiques et
sociales », La Découverte, 2011 ;
– E. Cobast : « Les 100 mots de la culture générale », PUF, QSJ,
2008 ;
– Th. Debard et S. Guinchard : « Lexique de termes juridiques »,
Dalloz, 2021 ;
– Ch. Dollo et autres : « Lexique de sociologie », Dalloz, 2020 ;
– O. Dekens : « Lexique de philosophie », Ellipses, 2001 ;
– A. Graf et Ch. Le Bihan : « Lexique de philosophie », Seuil
Mémo, 1996 ;
– O. Nay : « Lexique de science politique », Dalloz, 2017 ;
– P-J Quillien : « Lexique de droit public », Ellipses, 2018 ;
– A. Silem, « Lexique d’économie », Dalloz, 2018 ;
– J-P. Zanco : « Lexique d’économie et de droit », Ellipses, 2018.
II Histoire, histoire des idées politiques et
philosophie
II Nature de l’épreuve
III Méthodologie
Les différentes étapes décrites ci-dessous découlent les unes des
autres et sont liées. Le plan découle de la problématique, qui est
déduite la synthèse, qui elle-même repose sur l’analyse, qui dépend
de l’orientation donnée à la définition des termes. Il convient donc de
ne négliger aucune de ces différentes étapes qui sont
dépendantes les unes aux autres.
C. Problématique
Un moyen pratique de formuler la problématique est de se
demander quels points incontournables on retiendrait si l’on devait
présenter en quelques mots les caractéristiques essentielles du sujet
à une personne qui en ignore tout (il s’agit toujours de se demander
de quoi il s’agit). La problématique est en quelque sorte la synthèse
de la synthèse et permet à l’auteur d’indiquer le point de vue qu’il
défendra au cours de la dissertation. Elle est formulée en quelques
phrases courtes, sous une forme interrogative ou affirmative. Le plan
sommaire est formulé à partir de la problématique.
D. Le plan
Le plan sommaire (indication des deux ou trois grandes parties) est
formulé en se fondant sur les éléments de la problématique (on
transforme le point de vue exprimé dans la problématique en
intitulés de parties). Ensuite, en reprenant les éléments identifiés
dans l’analyse synthétique, on va formuler le titre des sous-parties
(deux ou trois, le même nombre dans chaque partie) puis on
détermine le thème de chaque paragraphe de chaque sous-partie.
Puis, il convient de rédiger en style télégraphique (rédaction
sommaire non conjuguée mais précise) les principales idées et
arguments appuyant le raisonnement. Enfin, il est temps de rédiger
la dissertation, en reprenant sous forme de phrases complètes les
idées contenues dans le plan détaillé.
Il convient alors de n’avoir en face de soi que le texte du plan
détaillé, à l’exclusion de tout autre document, afin de ne pas risquer
de se perdre dans ses feuilles de brouillon. Comme précédemment,
il doit être rédigé sur des feuilles recto numérotées.
Sous réserve des indications spécifiques fournies pour tel concours
particulier, le plan d’une dissertation de culture générale peut être
composé de deux ou trois parties d’égale longueur, en fonction de la
problématique choisie. Le plan en deux parties est souvent
considéré comme plus classique. Chaque partie comporte deux ou
trois sous parties elles-mêmes divisées en un nombre variable de
paragraphes. Il faut aller à la ligne et rédiger un paragraphe pour
chaque nouvelle idée.
Le plan peut en principe être matérialisé par des titres et des sous-
titres, à condition que ceux-ci soient discrets dans leur taille comme
dans leur libellé (c’est une dissertation, pas un concours de
scrapbooking !). Il convient de séparer les différentes parties et sous
parties par une ou deux lignes matérialisant l’apparition d’un
nouveau libellé.
Il est possible, sauf indication contraire pour tel concours, d’adopter
un plan non apparent. Outre que cela demande une beaucoup plus
grande attention au cours de la rédaction afin que le propos
demeure clair et construit, il est alors indispensable de rédiger des
phrases de liaison (« après avoir vu que… nous allons aborder… »)
et de prévoir une véritable police de sauts de ligne entre parties,
sous-parties et paragraphe, qui constituent en fait une autre forme
de matérialisation du plan mais sans rédaction formelle de titre.
E. La rédaction
Pour vous faire une idée du style rédactionnel attendu dans les
copies de concours, vous pouvez vous inspirer du texte des
circulaires qui sont publiées sur le site Légifrance. Il convient de
rédiger en écrivant des phrases courtes, ce qui facilite le contrôle de
la cohérence et de l’intelligibilité de votre propos au fur et à mesure
que vous rédigez. Il faut écrire de manière nuancée et précise et ne
pas utiliser d’effets littéraires tels que l’abus de la forme exclamative
ou interrogative. Il faut utiliser un vocabulaire adapté, notamment par
une utilisation raisonnable et à bon escient des termes techniques,
sans céder à la facilité du vocabulaire ou du style à la mode. S’il est
indispensable de maîtriser le langage technique de l’administration
et de savoir l’utiliser à bon escient, il faut toujours garder à l’esprit
que le caractère général de l’épreuve sous-entend que le propos de
l’auteur doit être compréhensible par les non-techniciens. Si les
initiales courantes et bien connues peuvent être utilisées telles
quelles (SNCF…), les autres doivent être explicitées lors de leur
première utilisation. Il faut prendre garde aux répétitions. Si quelques
fautes d’étourderie non répétitives ne prêtent pas à conséquence, la
méconnaissance de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe
sont sanctionnées.
L’usage de l’écriture inclusive est prohibé par la circulaire du
Premier ministre du 21 novembre 2017, qui impose aux
administrations de respecter les règles grammaticales et
syntaxiques en vigueur dans la rédaction des actes administratifs, ce
qui ne s’oppose pas à son usage dans des publications à caractère
non administratif, tels que des supports de communication (CE,
28 février 2019). Une circulaire du 5 mai 2021 du ministre de
l’Éducation nationale va dans le même sens. Il n’existe pas de
dispositions claires concernant les copies de concours administratifs
en la matière mais il est sans doute préférable, ne serait-ce que pour
la clarté du propos, d’éviter l’usage de l’écriture inclusive. La
féminisation de titres ou de fonctions suit les règles fixées par les
glossaires officiels disponibles sur Légifrance (circulaire du
21 novembre 2017).
Bien évidemment, il faut écrire de manière très lisible avec une
encre sombre (noire ou bleu marine).
Tout au long du travail de dissertation, depuis les définitions,
jusqu’à la fin de la rédaction, il convient de faire attention à la
maîtrise du temps. Lors des entraînements, essayez de prendre des
repères et de mesurer de combien de temps, environ, vous avez
besoin pour effectuer les différentes opérations déjà décrites
(définition, analyse, synthèse, problématique, différentes étapes du
plan, rédaction). Cette analyse vous permet de déterminer à quelle
étape vous pouvez gagner du temps et à quelle autre vous devez
consacrer plus de temps. Chacun à ses forces et ses faiblesses. Il
ne faut pas les nier mais apprendre à les connaître pour les maîtriser
et savoir les utiliser pour être en mesure de réaliser le travail
demandé, dans le temps prévu et selon les canons exigés.
F. L’introduction
Une fois le plan détaillé définitivement élaboré et comprenant la
mention de l’ensemble des idées et arguments, on doit rédiger
l’introduction. Si l’on a assez de temps, il est recommandé de la
rédiger une première fois au brouillon afin de pouvoir en peaufiner la
rédaction avant de la recopier sur la copie. Cela permet une
rédaction plus soignée et fluide, sans rature. Elle n’est pas
matérialisée sous le titre « Introduction » et est directement rédigée
en commençant par la phrase d’attaque.
En pratique, l’introduction est un élément capital de la dissertation.
Lorsque le correcteur est arrivé au terme de la dissertation, il peut lui
arriver de relire, au moins en diagonale, l’introduction et la
problématique. L’introduction est donc la première, mais aussi
souvent l’ultime impression qu’a le correcteur de votre travail.
L’introduction permet de contextualiser et de présenter le sujet en
énonçant successivement la définition des termes du sujet,
l’évolution historique et l’actualité de la question. Elle est également
l’occasion de mentionner sans les développer, certains aspects
périphériques du sujet qui n’ont pas leur place dans le
développement principal mais qui permettent d’éclairer le
raisonnement. Elle est le moyen pour le candidat de proposer et de
justifier l’orientation qu’il va donner au sujet par l’annonce de la
problématique, et du plan. C’est pourquoi l’introduction ne peut être
conçue qu’au terme de l’élaboration du plan détaillé, lorsque le
candidat a défini l’ensemble de son argumentaire.
L’introduction ne se limite pas à quelques lignes mais constitue en
fait une véritable partie de la dissertation. Elle peut représenter
jusqu’à un quart, voire un tiers du total du texte.
L’introduction classique comporte les éléments suivants :
– la phrase d’attaque (qui peut être, par exemple une citation ou le
rappel d’un évènement ou la définition des termes) ;
– le rappel du contexte et des enjeux du sujet au travers d’un
rappel historique et d’actualité, éventuellement d’une
comparaison avec d’autre pays ou l’analyse d’aspects
internationaux ; c’est alors que l’on peut éventuellement
mentionner certains aspects secondaires du sujet pour n’y plus
revenir ensuite ;
– la formulation de la problématique, c’est-à-dire de la conception
que le candidat a du sujet ;
– l’annonce du plan sommaire (formulation des deux ou trois
parties).
G. La conclusion
La conclusion est nécessairement courte et ne comporte que
quelques phrases. Elle n’est pas matérialisée en tant que telle (pas
de titre « Conclusion » ou de formule « Pour conclure… ») mais se
situe dans le prolongement de la dernière phrase du dernier
paragraphe de la dernière sous partie et évite que la dissertation se
termine de manière trop abrupte. La conclusion n’est jamais un
résumé de la dissertation mais est une synthèse de l’argumentaire
de l’auteur.
Si le sujet était posé sous une forme interrogative, la conclusion est
l’occasion de répondre formellement en s’appuyant sur
l’argumentaire précédemment développé. Si le sujet était posé sous
une forme affirmative, la conclusion permet d’ouvrir le sujet sur une
problématique voisine dans la continuité de l’analyse proposée par
le candidat.
2. Analyse synthétique
🠶 Éléments généraux sur la jeunesse :
Dans l’ensemble des sociétés c’est une période qui est connotée
d’éléments positifs (santé, beauté, plénitude des capacités,
innocence, période d’apprentissage, de formation et de réalisation,
idéalisation, valeurs positives, altruisme…). Toutefois, à l’opposé du
« jeunisme » des sociétés occidentales, les sociétés traditionnelles
opposent à l’inexpérience de la jeunesse, la sagesse et l’expérience
des anciens dans le fonctionnement de la société (« sages », c’est-
à-dire « anciens » dont la parole est écoutée ; tentative dans les
sociétés occidentales sur certaines questions de recourir à des
« sages », qui sont généralement issus des classes sociales
favorisées diplômés et, souvent, de la haute fonction publique.
La jeunesse, souvent période d’interrogation, de romantisme et de
révolte contre l’ordre établi (parfois aussi conformisme de la
jeunesse sur certaines questions : ainsi, en 1979, l’Express qualifiait
les jeunes nés au début des années 1960, considérés comme peu
mobilisés et trop conformistes, de « Bof génération », par opposition
avec la génération de 1968, vue comme plus engagée et militante
sur les grands débats de société.
La jeunesse peut également caractériser des traits physiques ou
moraux propres aux jeunes maintenus chez des personnes qui ne
sont plus jeunes (ex : la jeunesse d’esprit, le culte du « jeunisme » et
refus de vieillir…).
La jeunesse est donc la période la vie comprise entre l’enfance et
l’âge mûr (qui n’est pas encore la vieillesse) : elle exclut donc
l’enfance mais intègre l’adolescence ainsi que le jeune adulte avant
l’âge mûr (selon les études, on est considéré comme « sénior », le
mot politiquement correct pour l’âge mûr, entre 45 et 50 ans).
L’adolescence (concept apparu au xviiie siècle) est un âge
intermédiaire entre l’enfance et la jeunesse (entre environ 13 et
20 ans) au cours duquel se produit la puberté et se forme la pensée
abstraite (dans les sociétés traditionnelles l’adolescence n’existe pas
car le passage de l’enfance à l’âge adulte se produit avec la capacité
d’avoir soi-même des enfants, le plus souvent au travers de rites
initiatiques différenciés selon le sexe). Dans nos sociétés, l’enfance
est donc la période entre la naissance et l’adolescence.
On peut donc considérer qu’une personne se rattache à la
« jeunesse » entre environ (ce n’est évidemment pas une science
exacte ou une norme) 13 et 30 ans (la période entre 30 et 50 ans
étant celle du passage progressif à la maturité). À noter la notion
récente d’« adulescence », qui fait référence à des personnes
adultes, ayant acquis leur indépendance et achevé leurs études
mais qui conservent les codes et les comportements de
l’adolescence (exemple : le film « Tanguy » en 2001), notamment en
termes de loisirs ou de maintien au domicile familial même après
avoir acquis l’autonomie financière. Rappel de la citation de Paul
Nizan « J’avais vingt ans, je ne laisserai personne dire que c’est le
plus bel âge de la vie » (1932), mais aussi nostalgie de la jeunesse
chez les adultes (voir les souvenirs d’enfance qui parsèment les
mémoires de différentes personnalités, sans parler de nombreuses
personnes tentées de rappeler tel épisode de leur enfance ou
jeunesse à leur entourage).
La jeunesse concerne à la fois des personnes mineures et
majeures, ce qui n’est pas sans conséquences sur le contenu
comme la réalisation de leurs aspirations (les majeurs ont la
capacité juridique, peuvent voter, être candidats, travailler…, alors
que les mineurs restent soumis à un régime juridique de protection
et astreint à certaines obligations comme l’obligation scolaire jusqu’à
16 ans. À noter que le sujet vise surtout les jeunes majeurs (20 ans)
pas toujours encore autonomes au plan financier.
Le rallongement de la durée des études (et donc de la période
durant laquelle, la plupart du temps, le jeune n’est pas
financièrement totalement indépendant) rallonge aussi du coup la
période de la jeunesse (il y a une vingtaine d’années encore on
estimait à 25 ans la fin de la jeunesse, contre environ 30 ans
aujourd’hui). En effet, voici encore une cinquantaine d’années en
France, l’enfance s’achevait avec la fin de la scolarité obligatoire (12,
14 puis 16 ans) et l’entrée dans la vie active après une période de
formation souvent brève. Les enfants et les jeunes devaient
participer avec les autres membres de la famille à l’activité
économique de cette dernière pour assurer la vie courante en
attendant de former leur propre famille.
Question des rites de passage des âges : ils sont très importants
dans les sociétés traditionnelles et correspondent généralement à la
maturité sexuelle de l’individu, qui le fait passer de l’enfance et l’état
de jeune adulte, car il peut à son pour fonder une famille et
perpétuer la vie, occuper sa place dans le groupe (exemples : les
rituels guerriers pour les garçons et ceux liés à l’apparition de la
ménorrhée pour les filles). Dans les sociétés occidentales les rites
de passage à l’âge adulte tendent à disparaître (exemples : rôle joué
jadis par le commencement précoce de la vie active parle travail puis
le mariage pour les deux sexes, le service militaire pour les hommes
et la maternité pour les femmes). De nos jours, il ne reste guère que
le bac comme rite de passage (environ 90 % d’une classe d’âge),
c’est d’ailleurs l’une des raisons du maintien de cet examen en dépit
des nombreuses critiques formulées à son encontre en raison de la
massification. Les rites de passage traditionnels à l’âge adulte et à
l’autonomie, tel le service militaire, n’ont pas été rénovés ou
remplacés par d’autres rites, ce qui contribue sans doute à rallonger
la période intermédiaire de « l’adulescence » déjà évoquée en ne
matérialisant pas nettement une ligne de passage vers l’âge
proprement adulte.
🠶 Les institutions publiques et la jeunesse :
La jeunesse dispose depuis 1936 d’un département ministériel
spécifique, généralement rattaché aux sports et distinct de
l’éducation nationale, qui était auparavant le seul ministère
s’occupant de la jeunesse. Il ne faut toutefois pas oublier les actions
du ministère de la défense en direction de la jeunesse au travers de
la gestion de la conscription au temps du service militaire obligatoire
(jusqu’en 2002) et de l’accès aux carrières militaires volontaires
encore de nos jours (à noter que, dans le débat relatif à la lutte
contre les violences urbaines, notamment commises par des jeunes,
revient périodiquement la question de savoir si l’armée pourrait jouer
un rôle éducatif en la matière, au travers d’un service obligatoire
rénové, sous forme notamment d’un service civique volontaire ou
obligatoire ouvert aux jeunes entre 16 et 25 ans, prolongeables dans
certains cas jusqu’à 30 ans).
La jeunesse a été également un axe prioritaire du régime de Vichy,
sous l’angle de la famille mais aussi sous celui du redressement de
la France par les jeunes générations : nouvelle devise de l’État, mise
en place en 1940 des « Chantiers de la jeunesse » (forme
alternative de service non armé, la conscription étant interdite par
l’armistice), diverses organisations de jeunesse créées par les partis
collaborationnistes. D’ailleurs, la jeunesse a toujours été un axe
prioritaire d’action dans les États totalitaires (Jeunesse hitlérienne,
Balilla en Italie, Pionniers en URSS…). À noter que l’hymne fasciste
était intitulé « Giovinezza » (Jeunesse). Toutefois, même dans les
démocraties, les partis politiques de toutes tendances disposent
d’organisations rassemblant les jeunes. Par ailleurs, différents
organismes professionnels ou syndicaux ont créé des groupes
spécifiquement ouverts aux jeunes (jeunes agriculteurs, jeunes
avocats…) Il y a des actions publiques en faveur de la jeunesse
dans les pays libéraux (rappel : la jeunesse placée au centre du
projet présidentiel de F. Hollande en 2012 ou de E. Macron en 2017,
mais sans avancée majeure depuis).
Dans toutes les collectivités territoriales, il existe un service en
charge de la jeunesse (souvent distinguée de l’enfance, parfois
rattachée au sport). De nombreuses entreprises et structures
s’intéressent à la jeunesse, soit en tant que cible marketing
prioritaire, soit comme objet d’études ou pour adapter les services
proposés (ex : la SNCF propose des prix spécifiques en faveur des
jeunes ou des personnes âgées à la fois pour un motif purement
commercial mais aussi parce que ce sont des classes d’âges qui ont
plus de loisir pour voyager mais ont un pouvoir d’achat moins élevé
que les actifs).
🠶 Vie culturelle de la jeunesse :
Vie culturelle spécifique de la jeunesse, qui a ses lieux, ses modes
d’expressions, ses auteurs, ses artistes… Cas intéressant du
rock’n’roll qui, dans les années 1950 était un signe de révolte de la
jeunesse contre les adultes et la société bourgeoise et qui est
devenu aujourd’hui un mode d’expression très consensuel et
largement transgénérationnel (Jacques Chirac et Jean-Pierre
Raffarin fans de J. Halliday, Mathieu Pigasse amateur de métal rock
et de musique punk…), sans parler de la génération de bénéfices
considérables entre les mains d’artistes se réclamant parfois
pourtant de l’hostilité au monde de l’argent. Même remarque à
propos de la bande dessinée jadis considérée comme un genre
mineur à destination des enfants puis des jeunes et admise
aujourd’hui comme un art à part entière séduisant des lecteurs de
toutes les classes d’âge (et depuis longtemps : voir Tintin, dont la
cible est dès l’origine les jeunes de 7 à 77 ans). Importance
considérable d’internet et des nouvelles technologies (la génération
qui a 20 ans aujourd’hui n’a pas connu l’époque sans internet,
ordinateurs, portables…). Pour la génération ayant actuellement une
vingtaine d’années, être connecté fait partie d’un comportement
ordinaire et d’un univers familier. Cela peut avoir des incidences sur
son comportement (notamment le risque d’isolement social au
travers du phénomène des Nerds et des Gicks, la réduction chez
certains de la pratique d’autres activités comme le sport, la lecture…
avec le risque de l’isolement social par la perte de liens avec des
personnes réelles au profit de relations essentiellement virtuelles).
La pratique du sport est également considérée comme étant un
marqueur de la jeunesse. Noter que cette activité a été également
fortement gênée par la crise sanitaire. Par ailleurs, au plan
administratif, jeunesse et sport sont regroupés au sein du même
ministère. La pratique du sport dans un but de santé publique est
valorisée aussi dans le cadre de l’éducation nationale. L’un des
problèmes de santé majeur est le développement de l’obésité, due
au manque de pratique sportive ou de dépense physique d’un
nombre croissant de jeunes (aggravation lors des confinements et
des restrictions de pratique lors de l’épidémie).
🠶 La crise sanitaire comme circonstance aggravante d’un état des
lieux sur la jeunesse :
Au-delà des grandes tendances déjà évoquées, relatives à la
position de la jeunesse dans la société et que l’on retrouve à
différentes époques, il convient de souligner la tonalité particulière
du sujet en raison de la crise sanitaire. Le président de la
République a d’ailleurs pu affirmer « qu’il est dur d’avoir 20 ans en
2020 » (constat qui évidemment vaut pour les années suivantes) :
– conséquences économiques et sociales liées à cette crise, qui
pèsent particulièrement sur les jeunes (plus grande difficulté à
trouver un emploi ou à créer une entreprise, impossibilité
d’exercer de nombreux métiers habituellement pratiqués par les
étudiants, par exemple dans la vente ou la restauration…) ;
– fermeture des lieux de sociabilité (restaurants, bars, cinémas,
concerts, musées…) et des lieux de rencontre à un âge où la
sociabilité est importante et constitue un moyen d’évasion ;
– sentiment d’être privé par la crise d’un temps de liberté ou
d’insouciance, propre à la jeunesse, qui ne reviendra pas
(formule souvent entendue : « on nous a volé nos 20 ans »).
Toutefois, dans les périodes déjà évoquées (avoir 20 ans en :
1914, 1940…) le risque et le sacrifice imposés à la jeunesse
étaient également injustes et pénalisants ;
– solitude et isolement des jeunes éloignés de leur famille,
notamment les étudiants, pendant le confinement ;
– sentiment d’inquiétude face à la maladie et à l’avenir (en raison
des aspects économiques et sociaux de la crise), notamment des
proches, commun à toutes les générations ; cette inquiétude peut
se traduire parfois par la violence contre la société (voir le débat
sur les « bandes »), les institutions (débat sur le rapport des
jeunes à l’autorité, notamment vis-à-vis de la police, des
professeurs…) ou eux-mêmes (augmentation des suicides depuis
la crise sanitaire).
Chaque époque se caractérise par l’apport de sa jeunesse au
débat commun : ex : les quarante-huitard lors de la IIe République,
dont l’influence se fera sentir même après 1870, la jeunesse
combattante en 1914, la jeunesse résistante, « fureur de vivre »
(James Dean) et rock’n’roll dans les années 1950 et 1960, les
soixante-huitards, la « Bof génération » (L’Express 1979 pour les
jeunes nés vers 1960), génération X, Y et Z…
Remarque : la commémoration du cinquantenaire de mai 1968,
pourtant évènement majeur d’un certain réveil de la jeunesse, a été
finalement très discrète, en partie en raison du contexte :
mouvement des gilets jaunes, remise en cause de la « pensée
soixante-huit » (selon la célèbre formule de Luc Ferry et Alain
Renaut ; pensée également dénoncée par Alain Finkielkraut ou Éric
Zemmour, mais défendue par d’autres comme Daniel Cohn-Bendit
ou Romain Goupil car libératrice), récentes affaires à l’occasion
desquelles les excès de la révolution des mœurs initiées après 1968
ont été dénoncés… À noter que la commémoration du
cinquantenaire revenait aussi à institutionnaliser et à figer ce qui fut
au départ un mouvement de révolte spontanée à l’encontre des
dirigeants et des adultes.
La jeunesse faisant partie de la société française elle est
évidemment exposée au contexte général vécu par l’ensemble des
Français de toutes les générations qui va évidemment influer sur ses
aspirations. Ainsi, la crise sanitaire, même si elle a un impact
spécifique sur les jeunes, touche l’ensemble de la société et des
générations. On peut considérer que la jeunesse a des aspirations
dans divers domaines, notamment : la formation, l’emploi et la vie
professionnelle, la place dans la société, la famille, la vie politique,
économique et culturelle, les loisirs, le sport… On peut aussi se
demander si on doit parler des aspirations de la jeunesse en
général, ou bien s’il faut envisager des sous catégories
(majeurs/mineurs, hommes/femmes, urbains/ruraux,
centre/banlieue, français de souche/immigrés de telle génération,
diplômés/non diplômés ; milieu aisé/pauvre…Tel que le sujet se
présente on doit envisager la jeunesse de manière globale, ce qui
n’empêche pas de pointer à l’occasion certaines particularités
propres à certains jeunes et en soulignant que cette notion
générique n’est pas exempte d’hétérogénéité). Voir l’étude du
CREDOC en 2006, qui s’interrogeait sur le plan de savoir si l’on
pouvait parler d’une opinion de la jeunesse, tant cette catégorie est
diverse.
3. Problématique
En 2022, comme toujours, les jeunes veulent à la fois s’intégrer au
monde et le faire évoluer conformément à leurs propres idéaux.
4. Plan sommaire (reprendre les éléments de l’analyse
synthétique)
🠶 Introduction :
– Définitions ;
• évolution historique (avoir 20 ans en…) ;
• situation actuelle ; caractère hétérogène de la notion de
jeunesse ; existence d’éléments communs mais, aussi de
diverses sous-catégories ; aggravation de la question en raison
de la crise sanitaire et des conséquences du confinement ;
– Indiquer que le sujet porte en réalité sur la jeunesse (non limitée
à la classe d’âge de 20 ans) ;
– Problématique et annonce du plan
I. La volonté de s’intégrer au monde et à la société
A. Dans le domaine du travail
– Question de l’accès à l’emploi (des diplômes mais souvent des
emplois précaires en CDD) et donc à l’autonomie financière et
familiale, là aussi aggravée par les conséquences économiques
et sociales de la crise sanitaire.
– Sentiment d’inquiétude de la jeunesse, notamment quant à la
possibilité de devenir rapidement autonome et de trouver sa
place. Poids des inégalités sociales entre les jeunes quant à la
définition de leur avenir.
– 38 % perçoivent le monde du travail comme à la fois positif et
négatif, 29 % comme positif, 33 % comme négatif ; 28 % voit le
monde du travail comme difficile, 8 % comme un monde de profit,
5 % comme un monde de contraintes ; 80 % prêts à travailler
dans une PME ; 88 % attendent un cadre de travail stimulant
pour lequel ils sont prêts à s’engager ; 72 % ont un projet
professionnel, 42 % ont un projet professionnel qui les
enthousiasme.
B. Dans le domaine sociétal et politique
– Enjeu de la jeunesse dans le débat public (ministère, projets,
collectivités territoriales…).
– Sentiment d’inquiétude de la jeunesse, notamment quant à la
possibilité de devenir rapidement autonome et de trouver sa
place. Poids des inégalités sociales entre les jeunes quant à la
définition de leur avenir ; cette inquiétude peut se traduire parfois
par la violence contre la société (voir le débat sur les « bandes »),
les institutions (débat sur le rapport des jeunes à l’autorité,
notamment vis-à-vis de la police, des professeurs…) ou eux-
mêmes (augmentation des suicides depuis la crise sanitaire).
– Sentiment que la jeunesse n’a pas sa place, qu’elle voit son
avenir hypothéqué par la crise économique, l’attitude égoïste des
générations précédentes (sentiments que c’était mieux avant et
de s’être fait voler ses 20 ans) et par les maux de la société
française (endettement public, chômage, dégradation de la
situation internationale, terrorisme, dégradation de
l’environnement, conséquences de la massification de
l’enseignement, violences urbaines, cas des bandes…).
– Rajeunissement et féminisation dans le monde politique depuis
2017, qui n’empêche pas (voir Pierre Bourdieu) que le pouvoir
reste entre les mains d’héritiers issus des classes favorisées.
– Abstention pour élevés les jeunes aux élections (40 % en 2022
au 1er tour de la présidentielle).
II. La volonté de faire évoluer le monde et la société
A. Les incidences de la révolution numérique
– Vie culturelle spécifique de la jeunesse, qui a ses lieux, ses
modes d’expressions, ses auteurs, ses artistes… Noter
l’incidence de la crise sanitaire qui réduit à néant ces pratiques et
cette sociabilité (sauf en ligne). Cas intéressant du rock’n’roll qui,
dans les années 1950 était un signe de révolte de la jeunesse
contre les adultes et la société bourgeoise et qui est devenu
aujourd’hui un mode d’expression très consensuel et largement
transgénérationnel. Même remarque à propos de la bande
dessinée jadis considérée comme un genre mineur à destination
des enfants puis des jeunes et admise aujourd’hui comme un art
à part entière séduisant des lecteurs de toutes les classes d’âge ;
– Question de la pratique sportive, fortement limitée avec la crise
sanitaire ;
– Importance considérable d’internet et des nouvelles technologies
(la génération qui a 20 ans n’a pas connu l’époque sans internet,
ordinateurs, portables…), pour elle être connecté fait partie d’un
comportement ordinaire et cela a des incidences sur son
comportement ((notamment le risque d’isolement social au
travers du phénomène des Nerds et des Gicks, la réduction chez
certains de la pratique d’autres activités comme le sport, la
lecture…)… À noter que le numérique, s’il a permis la poursuite
d’activités durant la crise sanitaire (notamment l’enseignement et
la pratique de certains loisirs) a aussi renforcé le sentiment de
solitude et d’isolement.
B. Les incidences de la mondialisation
– Incidences en matière économique et emploi (rappel).
– La crise sanitaire, révélatrice de l’impact de la mondialisation sur
la santé.
– Influence de la mondialisation et par le développement de la
nomadisation, notamment au travers des nouvelles technologies
et des études (Erasmus). Une question intéressante est de
déterminer en quoi la jeunesse est mondialisée, en quoi elle reste
attachée aux racines et à l’ordre ancien (le Rassemblement
National est le premier parti pour lequel les jeunes issus de milieu
populaire votent).
– Aspects environnementaux, qui concernent la jeunesse en
termes d’engagement comme d’avenir de sa propre existence.
– Engagement de la jeunesse en faveur de diverses causes,
notamment humanitaires.
– Ainsi, avoir 20 ans en 2022 comme en n’importe quelle année,
c’est refuser la résignation et se battre pour un nouvel idéal.
2. Problématique
La création d’œuvres d’imagination est libre dans les limites de
l’ordre public défini par la loi.
3. Plan
🠶 Introduction :
– Définitions ;
• Historique (artistes limités par le pouvoir avant 1789 car
dépendent de pensions du roi comme artistes officiels de la
couronne comme sous Louis XIV, liberté de création née de la
liberté d’expression et du principe général de liberté, périodes de
dictatures (Nazis, URSS…), exemples en France (Baudelaire et
Flaubert au xixe siècle, l’écrivain Victor Margueritte en 1920…,
notion d’artistes officiels…) ;
• Actualité (débats publics relatifs à certains artistes : Picasso,
Buren, Mc Carthy, Amish Kapoor…).
– Problématique ;
– Annonce du plan.
I. Le principe de la liberté de création artistique
A. La création artistique est une modalité de la liberté d’expression
(protection par la déclaration de 1789 et de nombreux textes
internationaux, le principe est la liberté, la restriction est
l’exception qui doit être justifiée, en principe, il n’existe pas
« d’artistes officiels » de nos jours, forte médiatisation de l’art et
des artistes, notamment par les nouveaux moyens de
communication, qui témoigne du dynamisme de la création et de
l’existence de la liberté de création…) ;
B. La liberté artistique ne s’oppose pas à l’existence de politiques
publiques en faveur de l’art (existence d’un ministère de la culture
et de services culturels dans les collectivités territoriales, théâtre
subventionné, commandes publiques d’œuvres d’art, soutien à la
création artistique, achats d’œuvres par les musées, formation et
éveil aux arts… mais par le versement d’aides financières ou
matérielles et sans ingérence dans la liberté d’expression de
l’artiste… existence aussi d’aides versées par des entreprises à
des artistes dans le cadre du mécénat, la liberté de l’artiste est-
elle mieux ou plus mal assurée face aux pouvoirs publics ou face
aux pouvoirs économiques ?…).
II. L’exception de la réserve d’ordre public
A. L’ordre public n’est pas l’ordre moral (l’ordre public est établi par
la loi et est destiné à protéger la santé publique, la salubrité
publique et la tranquillité publique ; les manifestations culturelles,
comme toute manifestation doivent être déclarées, possibilité
d’interdire une manifestation, même artistique, si menace de
comportement hostiles s’il n’existe pas de moyens de police pour
y faire face, cf. CE 1951, Société des Films Lutétia ou l’affaire
dite du « Pull-over rouge », à propos d’un film tiré d’une enquête
journalistique sur le meurtre d’un enfant et dont la diffusion a pu
être restreinte dans la ville dont était originaire la victime
(limitation de l’affichage à certaines zones, restriction du nombre
de salles pouvant projeter l’œuvre à la suite de menaces de
manifestations et de troubles. Ce n’est pas aux pouvoirs publics
de définir le « beau » ou le « laid », il leur appartient seulement
d’assurer la protection de l’ordre public…) ;
B. La loi et la responsabilité de l’artiste (protection des mineurs,
rôle de l’ARCOM en matière d’audiovisuel ou du Comité de
délivrance du visa d’exploitation en matière de cinéma, lutte
contre l’homophobie ou le racisme ou en faveur du droit des
femmes…, l’artiste ne peut pas se draper dans sa liberté pour
porter atteinte aux droits des autres, cf. les affaires Dieudonné,
mais en même temps nécessité de la libre expression, cf. la
question des caricatures ou des œuvres qui critiquent une
religion et qui ne peuvent pas être interdites mais aussi nécessité
du respect des croyances des autres).
1. M. Frangi : Réflexions sur la place e la culture générale dans les concours », AJFP
(Actualité Juridique Fonction Publique, N° 6/2009, pp 288-294.
2. M de Montaigne, Les Essais, I-25 et 26.
3. M. Frangi, Op. cit.
4. Définition provenant du site du Ministère de la fonction publique : http://www.concours-
fonction-publique.eu/12.html.
5. Site du ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion, rubrique « Métiers et concours »,
Les épreuves du concours externe, interne et 3e concours – Ministère du Travail, de
l’Emploi et de l’Insertion (travail-emploi.gouv.fr).
Chapitre III
Méthodologie de l’oral des
concours administratifs
I Bibliographie indicative
II Déroulement de l’épreuve
Bibliographie
• G. Burdeau, « L’État », Seuil, Point politique, 1970 ;
• R. Denoix de Saint-Marc : « L’État », PUF, QSJ, 2021 ;
• M. Gauchet : « Comprendre le malheur français », Stock,
2016 ;
• M. Gauchet : « L’avènement de la démocratie », Gallimard,
2011-2016 (4 tomes).
I Définition de l’État
A. Un territoire
🠶 Un territoire : espace géographique sur lequel l’État exerce la
plénitude de ses compétences souveraines, comprenant un territoire
terrestre et aérien, éventuellement maritime.
– un espace terrestre (qui peut être continu ou discontinu : par
exemple, concernant la France, il y a discontinuité puisqu’il existe
le territoire métropolitain continental, la Corse et les diverses
collectivités situées outre-mer) ;
– un espace maritime (eaux intérieures et mer territoriale ; par
ailleurs, la Convention de Montego Bay, signée dans le cadre de
l’ONU en 1982, dispose que les États riverains peuvent disposer
de droits spécifiques, essentiellement de nature économique sur
certaines zones maritimes, comme la zone économique exclusive
et le plateau continental ; la haute-mer constitue une zone
internationale bénéficiant de la liberté de navigation, insusceptible
d’appropriation par les États qui ne peuvent y intervenir que pour
certaines opérations limitées de sécurité : lutte contre la piraterie,
contre certains trafics internationaux…) ;
– un espace aérien (espace atmosphérique se superposant au-
dessus des territoires terrestre et maritime ; l’espace
extraatmosphérique, situé au-dessus de la couche d’atmosphère
dans l’espace, ainsi que les planètes et corps célestes,
constituent des biens appartenant à l’humanité et insusceptibles
d’appropriation par les États).
Il est indispensable pour un État de disposer d’un territoire sur
lequel exercer ses compétences. Un gouvernement en exil, c’est-à-
dire dont les membres ont dû quitter le territoire national à la suite
d’une révolution ou d’une occupation étrangère n’est pas en mesure
de pouvoir garder vis-à-vis de la communauté internationale son
caractère souverain, à moins de pouvoir rapidement exercer à
nouveau ses compétences souveraines sur son territoire et vis-à-vis
de sa population (exemples : les gouvernements de pays occupés
entre 1940 et 1945 en exil à Londres et rétablis lors de leur libération
étaient considérés comme représentant des entités souveraines
malgré l’occupation de leur territoire ; le gouvernement du Koweit
exilé à Londres lors de la brève occupation irakienne en 1990-1991
a récupéré sa pleine compétence à son retour après le départ de
l’occupant à la suite de l’intervention des Nations Unies. A contrario,
le gouvernement polonais aux affaires en 1939, exilé à Londres
après l’occupation germano-russe, n’a pas été en mesure de pouvoir
revenir dans le pays et a été remplacé par un gouvernement issu de
la résistance communiste et imposé par l’URSS).
B. Une population
🠶 Une population : ensemble des êtres humains, sans considération
de genre, sédentaires ou nomades, qui vivent sur le territoire de
l’État et sont soumis à ses lois. On trouve dans la population :
– les nationaux (ils ont la nationalité et la citoyenneté de l’État dans
lequel ils résident et disposent de la plénitude des droits civils et
politiques) ;
– les étrangers (ils ont la nationalité d’un État autre que celui dans
lequel ils résident ; ils ne disposent pas, en principe, des droits
politiques dans l’État où ils résident ; en fonction des traités
internationaux régissant les rapports entre les deux États, ils
peuvent disposer de certains droits civils dans leur État de
résidence. Bien que principalement soumis aux lois de l’État dans
lequel ils résident pour leurs activités quotidiennes, les étrangers
peuvent conserver certaines obligations à l’égard de l’État dont ils
ont la nationalité, par exemple en matière de service militaire ou
en matière fiscale) ; Le fait que la population d’un État soit
majoritairement composée de ressortissants étrangers n’affecte
le caractère étatique de ce dernier (exemple : Monaco) ;
– les apatrides (est apatride, toute personne qu’aucun État ne
considère comme étant son ressortissant, selon la Convention de
New-York de 1954 ; selon l’ONU il existe 12 millions d’apatrides
dans le monde, qui sont pour la plupart des réfugiés ; en France,
le statut d’apatride est délivré par l’Office Français de Protection
des réfugiés et Apatride après instruction d’une demande
présentée par l’intéressé et permet la délivrance d’un titre de
séjour en France).
C. Un pouvoir souverain
🠶 Un pouvoir souverain : selon une célèbre formule, est souveraine,
l’autorité qui détient « la compétence de la compétence » (Georg
Jellinek). Autrement dit, l’autorité souveraine se trouve au sommet
de la pyramide institutionnelle et normative. Elle ne découle d’aucun
autre pouvoir et l’ensemble des institutions de droit interne découlent
d’elle et lui sont subordonnées.
1. Souveraineté interne
On appelle souveraineté interne la capacité de l’État, au travers
des institutions dont il se dote, de déterminer de sa propre autorité
son organisation politique, administrative, institutionnelle, militaire,
économique, sociale et culturelle au niveau interne. La souveraineté
interne de l’État implique la capacité de ce dernier de pouvoir lever
les impôts de toute nature et d’imposer à la population vivant sur son
territoire l’application des lois et règlements qu’il adopte.
L’État, au travers de sa souveraineté interne, dispose du monopole
de la contrainte légitime : lui seul constitue le pouvoir suprême et
l’ordre juridique fondamental dont découlent les autres pouvoirs. Le
monopole de la contrainte légitime permet à l’État d’imposer aux
habitants de son territoire de respecter les normes qu’il édicte, de
payer les impôts qu’il exige et de sanctionner les refus d’application
(exemple : l’obligation vaccinale à l’encontre des professionnels de
certains secteurs).
2. Souveraineté internationale
On appelle souveraineté internationale la capacité d’un État à être,
au même titre que les autres États constituant la communauté
internationale, un sujet primaire du droit international. En effet, les
États bénéficiant du principe de l’égalité souveraine. Cela signifie
qu’ils sont juridiquement égaux en droits et en dignité du seul fait
qu’ils sont des États sans autres considérations : ainsi, à
l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, chaque
État dispose d’une voix, la République de Chine, comme la
Principauté de Monaco. Les États disposent souverainement de leur
organisation économique comme de leurs richesses naturelles, ce
qui rend complexe la mise en œuvre de règles communes en
matière de protection de l’environnement ou de lutte contre le
réchauffement climatique. Toutefois, en pratique, d’un point de vue
politique la puissance économique et militaire influence bien les
rapports diplomatiques entre les États. À noter que dans leurs
relations, les États sont tenus de respecter les principes généraux
du droit public international (exemples : interdiction de la guerre
d’agression, souveraineté économique, intangibilité des
frontières…), tels qu’ils sont reconnus par la communauté
internationale sous forme notamment de coutumes internationales
ayant une portée obligatoire ou transcrits dans des conventions
internationales adoptées dans le cadre de l’Organisation des Nations
Unies. Enfin, la souveraineté internationale de l’État implique que ce
dernier ne commet pas d’ingérence dans les affaires intérieures des
autres États et que ces derniers ne s’immiscent pas davantage des
siennes. Ce principe, longtemps cardinal du droit diplomatique, est
désormais fragilisé par la mondialisation, qui conduit à
l’interpénétration de nombreuses questions et par
l’internationalisation de certaines questions (protection des droits
fondamentaux, environnement…). Par ailleurs, le conflit entre la
Russie et l’Ukraine en 2022 souligne, en dépit de fortes réactions
internationales contre l’agresseur, de la fragilité de tels principes que
l’on pensait acquis.
L’attribution du statut d’État à un territoire résulte de la
reconnaissance en faveur d’un territoire accédant à la souveraineté
exprimée par un ou plusieurs autres États, par exemple au moyen
de l’ouverture de relations diplomatiques (échanges
d’ambassadeurs), de la signature de conventions internationales bi
ou multilatérales ou de l’adhésion à des organisations
internationales universelles (comme l’ONU) ou régionales (comme le
Conseil de l’Europe).
Les États sont souverains pour déterminer leur régime politique, et
notamment la garantie des libertés publiques, ce qui complexifie la
mise en place d’une protection internationale des droits de l’Homme.
Les organisations internationales, qui sont également des sujets du
droit international public, comprennent exclusivement des États
comme membres à part entière. Des institutions non étatiques,
notamment des organisations non gouvernementales, peuvent être
associées à leurs travaux comme observateurs ou comme
prestataires de services.
La souveraineté étant une caractéristique propre à l’État,
l’expression de « souveraineté européenne », parfois employée par
les fédéralistes peut seulement avoir un contenu idéologique (vœux
des partisans du renforcement de l’union de voir cette dernière
devenir un État) mais n’a aucune valeur juridique car l’union est une
organisation internationale regroupant des États souverains et qui
exercent certaines compétences en commun.
L’importance de la souveraineté dans le domaine économique (et
pas seulement régalien) est soulignée par la circonstance que, dans
le gouvernement nommé en 2022, on trouve deux portefeuilles
ministériels ciblant la souveraineté (« agriculture et souveraineté
alimentaire » ; « économie et souveraineté économique et
industrielle »).
2. Le libéralisme social
La prise de conscience des excès du libéralisme, notamment sur
les travailleurs et les pauvres, et la volonté de certains chrétiens de
vouloir matérialiser en actions concrètes dans la société à l’égard
des exclus les enseignements des Évangiles et la « doctrine sociale
de l’Église catholique » (exprimée en 1891 par le pape Léon XIII
dans l’Encyclique Rerum novarum) a conduit, au cours du xxe siècle,
au développement de doctrines favorables au maintien du
libéralisme politique et économique tel qu’il résulte des principes de
1789 mais aménagés afin de permettre la reconnaissance de
nouveaux droits dans le cadre d’un État à la fois libéral et social.
Le développement de la démocratie chrétienne concerne aussi
bien les pays à majorité catholique que protestante. En France, la
volonté de traduire en actes politiques le message du Christ afin de
limiter les excès du libéralisme politique et de soustraire la
population ouvrière à l’influence des doctrines socialistes, qui sont
athées, a conduit au développement du catholicisme social, prôné
par en France par des auteurs tels que Robert de Lamenais (1782-
1854) et Albert de Mun (1841-1914), mouvement très divisé et
parfois taxé de paternalisme. Le lancement du mouvement Le Sillon
par Marc Sangnier (1873-1914) a permis la création d’un véritable
parti politique inspiré de la démocratie chrétienne existant dans
d’autres pays.
Le caractère laïc de l’État a eu pour conséquence que,
contrairement à la plupart des autres pays européens, la France ne
s’est pas dotée, pendant longtemps, d’un parti chrétien-démocrate
portant ce nom. Après le Sillon, la sensibilité démocrate chrétienne
en France a été représentée par le Mouvement Républicain
Populaire à la Libération. À la suite de ce dernier, divers
mouvements centristes ont tenté de porter les idées démocrates
chrétiennes sans en mentionner le nom (exemple : certains des
partis ayant constitué l’UDF, le Modem…). Ces partis politiques,
sans références chrétiennes explicites, se sont revendiqués du
libéralisme social ou du « libéralisme avancé » (Valéry Giscard
d’Estaing). Le libéralisme social repose sur l’idée que, d’une part les
négociations entre les partenaires sociaux ou avec l’État, d’autre
part, la volonté d’adopter une législation à la fois favorable au
développement économique et au bien-être social, doivent conduire
à une société apaisée. Au plan de l’interventionnisme économique et
social, la démocratie chrétienne (ou le libéralisme social) poursuit
des objectifs assez proches de ceux de la social-démocratie mais
des différences entre les deux doctrines demeurent, notamment en
matière éducative (voir le détail ci-dessous à propos de la social-
démocratie).
2. Le socialisme marxiste
Selon Karl Marx (1818-1883), l’État est une superstructure
imposée par les possédants (bourgeoisie), afin d’imposer leur
domination sur les prolétaires (notion de lutte des classes). Par
conséquent, l’émancipation du prolétariat dans le cadre d’une
société communiste doit passer par une révolution dont
l’aboutissement doit être la suppression progressive de l’État et des
classes sociales afin d’assurer une pleine égalité et peut se produire
par une prise violente du pouvoir (révolution). Dans les faits, les
régimes marxistes ont dénaturé la pensée de leur inspirateur et au
contraire toujours abouti à la mise en place d’une machine
bureaucratique très puissante (Nomenklatura, terme russe passé
dans le langage commun pour qualifier la haute-fonction publique
dans l’appareil d’État) dans le cadre d’un État hypertrophié
pratiquant la « dictature du prolétariat » et reposant sur un système
de parti unique supprimant les garanties offertes par la conception
libérale telles que la séparation effective des pouvoirs, la protection
des libertés individuelles et le pluralisme politique (URSS et
« démocraties » populaires, Chine, Corée du Nord).
3. La social-démocratie
La social-démocratie est une théorie socialiste réformiste,
notamment inspirée en France par Léon Blum. Elle est apparue à la
fin du xixe siècle en Europe du nord comme une volonté de concilier
une approche plus sociale de l’économie libérale afin de protéger les
travailleurs avec le maintien d’une démocratie libérale au plan
politique (en réaction contre les excès du communisme). On parle
parfois de social-libéralisme. Les sociaux-démocrates souhaitent
obtenir et exercer le pouvoir dans le cadre d’élections libres et
pluralistes, non à la suite d’une prise de pouvoir violente dans le
cadre d’une révolution, et n’excluent pas la possibilité de coalitions
gouvernementales avec d’autres partis dans un cadre pluraliste et
politiquement libéral (pas de recours au parti unique ou à la
dictature). La social-démocratie promeut l’intervention des
personnes publiques dans les activités économiques et sociales par
divers moyens : créations de services publics en monopoles pour
certaines activités essentielles, recours à l’économie mixte
(association de capitaux publics et privés pour certaines entreprises,
nationalisation de certaines activités, adoption de législations
favorables aux travailleurs en matière de droit du travail de santé, de
social…).
La participation de ministres socialistes aux gouvernements
d’Union sacrée durant la guerre de 1914, fut l’occasion d’une
première expérience d’interventionnisme dans le cadre de
l’économie de guerre. Dès l’entre-deux-guerres, au travers du
« socialisme municipal » (voir ci-dessous, l’État-providence), les
communes dirigées par la gauche ont mis en place, à leur niveau,
une justice sociale redistributive, en attendant de pourvoir obtenir
une majorité au parlement, ce qui sera le cas en 1936, à diverses
reprises sous la IVe République, en 1981, en 1997 et en 2012). Les
partis sociaux-démocrates ont depuis adopté quelques années des
mesures beaucoup plus libérales (voir ci-dessous la crise de l’État
providence : ainsi, le gouvernement de Lionel Jospin entre 1998 et
2002 a-t-il davantage privatisé d’entreprises que les gouvernements
libéraux entre 1986 et 1988 et entre 1993 et 1997).
La social-démocratie, dans ses objectifs, apparaît comme étant
assez proche de la démocratie chrétienne en matière de rôle de
l’État dans le domaine économique et social. Les principales
différences entre ces deux doctrines ont longtemps été :
– d’une part quant au choix des alliés pour créer une coalition (la
social-démocratie a plutôt une tradition d’alliance à gauche, y
compris, en France, avec les communistes, qui prônent une
rupture avec le capitalisme ; la démocratie chrétienne a
longtemps eu une tradition de partenariat avec d’autres partis
libéraux plus conservateurs ; de ce point de vue, la création d’En
Marche en 2016, qui a permis l’alliance en son sein de transfuges
issus à la fois du centre-gauche et du centre-droit constitué la
première tentative depuis la IVe République, de création d’une
« troisième force » centriste entre l’union des partis de gauche et
l’alliance des partis de droite) ;
– d’autre part la question de la laïcité : la social-démocratie, en
France, est favorable à l’enseignement public laïc et a longtemps
défendu l’idée d’un service public unifié de l’Éducation ; la
démocratie chrétienne est favorable à la liberté de
l’enseignement et à la possibilité pour les parents de pouvoir
exercer leur liberté de choix entre l’enseignement public et privé
(voir le chapitre ou le système éducatif).
D. Les écologies
Les préoccupations vis-à-vis de l’environnement sont apparues
dans les années 1970 dans les pays occidentaux avec le constat de
l’augmentation de la pollution due au productivisme. Il s’agit d’un
mouvement de contestation apparu dans la suite de la révolte
étudiante de 1968. En France, l’écologie s’est manifestée avec la
candidature de l’agronome René Dumont (1904-2001) à l’élection
présidentielle de 1974 puis à l’occasion des élections municipales de
1977.
Le mouvement écologiste repose sur la remise en cause du
productivisme et la défense de l’environnement. Toutefois, il ne se
limite pas à un programme environnementaliste mais porte diverses
revendications sociétales (parité, féminisme, soutient aux
immigrés…). Il s’est d’abord caractérisé par la volonté de constituer
une troisième voie entre la gauche et la droite en refusant les
alliances par refus de compromission. À partir des années 1980, au
niveau local puis national, des accords électoraux ont été passés
avec la gauche, permettant la participation à la gestion. L’écologie
s’exprime non seulement à travers des partis mais aussi de
nombreuses associations spécialisées. On constate aujourd’hui,
d’une part, que les questions d’environnement sont désormais au
cœur des débats politiques et ne sont plus le monopole des
écologistes car l’ensemble des autres partis s’en sont emparés,
d’autre part que la grande majorité des électeurs et des élus
écologistes se situent à gauche malgré l’existence d’une branche
plus centriste. Depuis quelques années, la volonté de protection de
la cause animale a favorisé l’apparition des mouvements
« animalistes », en marge de l’écologie, partisans à de mesures en
faveur du bien-être animal.
A. Aspects généraux
La conception moderne de l’État remonte à la lente remise en
cause des pouvoirs féodaux nés de l’affaissement de l’Empire
romain, d’une part grâce au mouvement d’émancipation des villes
(Villes-États en Italie, telles Gènes, Milan, Florence, Pise, Venise…,
mouvement des villes Hanséatiques et des républiques marchandes
en Allemagne, développement des « corps de ville » en France, qui
favorise l’autonomie des communes par rapports aux seigneurs,
avec l’appui du roi de France), d’autre part grâce à la reconquête du
pouvoir par les monarchies sur leurs vassaux avec l’accroissement
du pouvoir du roi vis-à-vis des féodaux en France, notamment au
travers des actions de Philippe IV le bel et de ses « légistes » vers
1300, de Louis XI, surtout entre 1475 et 1481, période de forte
extension du domaine royal, de Louis XIII et Richelieu lors de la
Fronde (1639-1648). Ce mouvement de renaissance du pouvoir
d’État culmine en France avec la mise en place de son
gouvernement personnel par Louis XIV en 1661 et la domestication
de la noblesse, c’est-à-dire des anciens féodaux. On prête à Louis
XIV la fameuse et révélatrice formule apocryphe : « L’État c’est
moi ».
E. L’État maman
L’on désigne sous le nom « d’État Maman » (ou État Mamma) la
tendance de certains gouvernements à s’immiscer dans les choix
individuels des citoyens et des consommateurs, au nom de la
protection d’intérêts considérés comme supérieurs tels que la santé,
la sécurité ou l’environnement. Il s’agit essentiellement de mesures
incitatives ou de recommandations parfois répétées ad nauséam
(manger cinq fruits et légumes par jour…) destinées à modifier les
comportements, par exemple en matière alimentaire ou d’activités
physiques. Si l’intention de prévention de certains risques de santé
par l’information et l’incitation est louable, elle est présentée par ses
détracteurs comme infantilisante (d’où le choix d’une appellation
qualifiant un État se comportant vis-à-vis des citoyens comme un
parent à l’égard de ses enfants mineurs pour leur dire quoi manger
ou boire, faire ou ne pas faire…) et peu respectueuse de la
responsabilité personnelle de l’individu. L’efficacité éventuelle de
telles recommandations est au demeurant difficile à mesurer et
n’empêche pas le développement de diverses pathologies
(addictions diverses, obésité, cancers, maladies
cardiovasculaires…). Par ailleurs, l’État maman, dans le cadre
duquel on a affirmé le principe de précaution (charte de
l’environnement intégrée au préambule constitutionnel), souligne
que la société française, dans son ensemble, a peur du risque et
cherche à être protégée.
La crise sanitaire du Covid en est une illustration, s’agissant d’une
maladie dont le taux de léthalité réel était de 0,7 % (Institut Pasteur,
2020) avec d’importantes disparités par tranches d’âge (13 % de
décès chez les plus de 80 ans) ou en fonction de certaines fragilités
ayant conduit à d’importantes restrictions touchant l’ensemble de la
population. Ces mesures ont été prises pour faire face à
l’engorgement des services de réanimation (voir le chapitre sur la
santé).
Outre que le risque fait partie de la vie (voir la formule éculée mais
réaliste selon laquelle le risque zéro n’existe pas), il est, à condition
d’être raisonnable et bien évalué (la prise de risque n’est pas
synonyme d’imprudence), le moteur du progrès scientifique et de
l’innovation. Une société refusant le risque s’expose à l’immobilité,
voire, selon certains, au déclin (voir le chapitre sur le déclin). On
constate le développement et la médiatisation d’activités de loisir
comportant des risques en réponse à la quête générale de sécurité
(parapente, saut à l’élastique…).
On relèvera en conclusion que l’État moderne, notamment en
France, se caractérise par une véritable inflation normative. Ainsi,
sont applicables actuellement en France environ 10 500 lois,
127 000 décrets, 3 600 procédures administratives, 17 000 textes de
l’Union européenne et 7 400 conventions internationales.
A. L’État unitaire
Dans l’État unitaire, il n’existe qu’une seule organisation politique et
administrative pour l’ensemble du territoire, avec une compétence
nationale. L’État unitaire est, par principe, centralisé, c’est-à-dire que
le pouvoir normatif se trouve au niveau du gouvernement central, qui
seul à la capacité d’édicter les règles de droit. Toutefois, un État qui
serait exclusivement centralisé, c’est-à-dire ne prévoyant aucune
délégation de compétence à des autorités locales et dont toutes les
décisions émaneraient des seules autorités nationales n’est en
pratique par concevable car des relais sont nécessaires.
L’organisation de l’État unitaire comporte donc deux aménagements
possibles, la déconcentration et la décentralisation.
Dans la déconcentration, le pouvoir central délègue à des agents
locaux qu’il nomme, l’exercice de certaines compétences et exerce à
leur égard un contrôle hiérarchique lui permettant de rapporter les
décisions locales prises (le préfet ou le recteur par exemple).
Dans la décentralisation, le pouvoir central délègue à des agents
locaux élus par la population concernée, l’exercice de certaines
compétences et exerce à leur égard un contrôle de la légalité
(conformité des décisions locales au droit) en saisissant le juge
administratif. On parle de décentralisation territoriale pour désigner
les mesures de transfert de compétences en faveur des collectivités
territoriales (le conseil départemental par exemple). On parle de
décentralisation par service pour désigner le transfert de
compétences en faveur de services administratifs dotés de la
personnalité morale, le plus souvent sous forme d’établissement
public (une université par exemple).
À noter que le maire ayant une « double casquette » est à la fois
un agent déconcentré de l’État (tenue de l’état-civil, organisation des
élections et du recensement notamment) et un agent décentralisé
représentant sa collectivité (gestion des affaires communales).
En France, selon l’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958,
la France est une République indivisible (donc unitaire) dont
l’organisation est décentralisée.
Exemple d’États unitaires : France (voir ci-dessous), Pays-Bas,
Suède.
B. L’État composé
Dans l’État composé, il existe deux ordres politiques et
administratifs distincts, l’un au niveau national, l’autre au niveau local
disposant chacun de compétences propres. La principale forme
d’État composé est celle de l’État fédéral, dans lequel la constitution
distingue, d’une part, les institutions, les procédures et les
compétences relevant du pouvoir fédéral (national) et, d’autre part,
celles relevant des pouvoirs fédérés (locaux), sous le contrôle du
juge constitutionnel, qui veille au respect de la répartition des
compétences entre les deux ordres. Il existe ainsi deux ordres
normatifs, deux ordres juridictionnels, deux ordres institutionnels, qui
exercent chacun leurs compétences respectives. En particulier, les
entités fédérées disposent de leur propre pouvoir législatif par
l’édiction de lois locales Toutefois, le principe de
suprématie fédérale, permet d’interpréter toute disposition
constitutionnelle ambiguë d’une manière favorable au pouvoir
fédéral. Par ailleurs, même si les entités fédérées sont qualifiées
d’« État » disposant d’une « constitution » et affirment posséder une
forme de « souveraineté », seul le niveau fédéral dispose
véritablement de la souveraineté, notamment internationale et
constitue un État au sens défini plus haut. Exemple d’États
fédéraux : Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, États-Unis. En
principe, le pacte fédéral est définitif et ne permet pas aux États
fédérés membres de pouvoir recouvrir leur indépendance (exemple :
la Suisse en 1847 ; les États-Unis en 1861-1865).
C. L’État régional
L’État régional est une modalité particulière de l’État unitaire qui
emprunte des traits du fédéralisme : s’il existe bien une seule
organisation politique et administrative pour l’ensemble du territoire
comme dans l’État unitaire, la constitution garantit cependant sous la
sauvegarde du juge constitutionnel l’existence de compétences
particulières reconnues à certaines entités particulières (exemple :
communautés autonomes en Espagne, régions à statut particulier en
Italie). À l’origine, l’État régional a été le moyen de trouver un
consensus entre le maintien de l’unité et une certaine diversité
(Belgique entre 1970 et 1993, Espagne, Italie). Toutefois, par
révisions constitutionnelles successives, les États régionaux ont
désormais tendance à constituer une modalité particulière du
fédéralisme.
A. Éléments généraux
Selon l’article 72 de la Constitution du 4 octobre 1958 les
collectivités territoriales de la République sont les communes, les
départements et les régions, les collectivités à statut particulier et les
collectivités d’outre-mer. Toute autre collectivité peut être créée par
la loi (exemple : création de la métropole de Lyon en 2016,
collectivité à statut particulier exerçant sur son territoire les
compétences du conseil départemental en plus d’autres attributions).
C. Les départements
Article L. 3211-1 du CGCT : Le conseil départemental règle par ses
délibérations les affaires du département.
Les départements ont été institués en 1789 et 1790, en
remplacement des provinces et sans en respecter toujours les
anciennes limites, dans le but de favoriser l’unité nationale et
d’empêcher l’expression d’une identité provinciale trop marquée
(Exemples : les Pyrénées-Atlantiques regroupent des provinces
différentes, le Pays basque et le Béarn ; l’Ain regroupe plusieurs
pays qui relevaient de statuts différents avant 1789 ; les Alpes de
haute-Provence regroupent une partie de la Provence et du comté
de Nice ; les Hautes-Alpes comprennent des territoires du Dauphiné
et de Provence et le Vaucluse regroupe une partie de la Provence
avec l’ancienne enclave des Papes).
Il existe actuellement 100 départements, dont 5 outre-mer. À noter
que la métropole de Lyon n’est pas un département mais en exerce
les compétences en plus de celles dévolues à une métropole.
Le département est à la fois une subdivision déconcentrée de l’État
(les services départementaux à vocation générale de l’État sont
placés sous l’autorité du préfet, ceux des finances sous celles de
l’administrateur général des finances publiques et ceux de
l’éducation nationale sous celle du recteur) et une collectivité
décentralisée. L’organe délibérant de cette dernière est le Conseil
départemental (Conseil général jusqu’en 2015). La loi du 17 mars
2013 dispose que le conseil départemental, qui se renouvelle
intégralement, est élu pour un mandat de six ans. Chaque canton
élit, au scrutin majoritaire à deux tours, un binôme comprenant un
homme et une femme. Le Conseil élit en son sein le président et les
vice-présidents.
D. Les régions
Article L. 4221-1 du CGCT : Le conseil régional règle par ses
délibérations les affaires de la région. La région ne bénéficie plus de
la clause générale de compétence (loi du 7 août 2015).
La première tentative de mise en place de régions eut lieu en 1917
(régions « Clémentel », du nom du ministre du commerce) dans le
cadre de l’interventionnisme économique pour rationaliser
l’économie de guerre, sous forme d’une fédération de chambres de
commerce sans personnalité morale instituée pour la période de la
guerre. Par la suite, divers aménagements ont été apportés à ce
système dans le cadre de l’interventionnisme économique
(notamment pendant le régime de Vichy puis avec la place de
préfets coordinateurs au niveau régional, les IGAME sous
la IVe République). En 1972 (à la suite de l’échec du référendum
constituant de 1969 sur la régionalisation) furent mises en place par
voie législative des régions sous forme d’établissements publics
reprenant largement la carte de 1917. Enfin, en, 1982, la région
devint une collectivité territoriale à part entière, ce qui a contribué au
sentiment d’un « millefeuille administratif » en raison des doublons
pouvant parfois exister avec le département. La région est à la fois
une subdivision déconcentrée de l’État (les services régionaux à
vocation générale de l’État sont placés sous l’autorité du préfet, ceux
des finances sous celles de l’administrateur général des finances
publiques et ceux de l’éducation nationale sous celle du recteur) et
une collectivité décentralisée. L’organe délibérant de cette dernière
est le Conseil régional. La loi du 17 mars 2013 dispose que le
conseil régional, qui se renouvelle intégralement, est élu pour un
mandat de six ans. Chaque département élit, au scrutin
proportionnel de liste, un nombre de conseillers proportionnel à sa
population. Le Conseil élit en son sein le président et les vice-
présidents.
Il existe 13 régions métropolitaines et 4 régions d’outre-mer. La
Corse constitue une collectivité territoriale métropolitaine à statut
particulier (il est envisagé de doter cette dernière d’une plus large
autonomie).
2. Analyse synthétique
L’exercice de la contrainte légitime nécessite de faire preuve
d’esprit de justice et d’équité. Opposition entre l’intérêt général et les
intérêts particuliers.
Nécessité de prendre en considération les libertés individuelles.
Question de la confrontation des intérêts supérieurs de l’État, c’est-
à-dire de la collectivité, avec les intérêts autres (ceux des individus,
des entreprises, des groupes minoritaires, des autres États…
En fonction des doctrines politiques, l’étendue de ce qui est moral
ou immoral pour l’État varie (L’État gendarme repose sur une morale
fondée sur le maintien de l’ordre public et de l’intérêt général dans le
respect des libertés et de la séparation des pouvoirs ; dans l’État
providence, on admet que l’État puisse utiliser la contrainte légitime
pour limiter la liberté économique ; les États corporatistes comme les
États marxistes, quoiqu’opposés dans pratiquement tous les
domaines, soutiennent la domination de l’appareil administratif,
économique et politique par un parti unique dans le cadre d’un
système centralisé et vertical dans lequel les libertés économiques
et individuelles ne sont pas protégées, au nom de l’intérêt collectif tel
qu’il est défini par les autorités).
Question de la « raison d’État » (obligation pour l’État de prétendre
une mesure qui apparaît comme injuste ou immorale, voire illégale
au plan du droit interne ou du droit international mais qui est jugée
comme nécessaire au regard d’intérêts collectifs jugés comme
supérieurs : exemple : décision de Napoléon de faire enlever puis
exécuter le duc d’Enghien, opposant monarchiste).
La Constitution, document à la fois politique et juridique : charte
des libertés fondamentales et de la conception des valeurs politiques
et philosophiques de l’État (voir l’impact du préambule).
Idée d’une morale internationale réglant les relations que doivent
entretenir les États entre eux dans le cadre de l’égalité souveraine
des États (principes généraux du droit public international au travers
des coutumes et des grands traités signés dans le cadre de l’ONU).
Variabilité et évolutivité de ce qui est moral pour l’État :
Au xixe siècle les conquêtes coloniales étaient considérées comme
morales au nom de l’obligation pour les États « évolués » d’apporter
les bienfaits de la « civilisation » à des populations lointaines alors
qu’elles sont aujourd’hui condamnées comme ayant été une faute
(voir le chapitre sur Histoire/Mémoire) ; question du changement
climatique et de la transition écologique qui imposent la question du
rapport des États avec le développement économique, l’utilisation
des ressources naturelles… ; protection des droits de l’Homme dans
des textes internationaux mais pratiques variables des États ;
question de l’aide au développement par les pays riches en faveur
des pays pauvres et lutte, notamment contre la fracture en matière
d’éducation, de santé… comme l’a montré la question de l’accès au
vaccin contre la Covid pour l’ensemble des populations.
Récente évolution dans les pays occidentaux de la législation en
matière de famille, de mariage, de filiation, d’homosexualité, de
changement de sexe… qui traduisent une évolution de ce que l’État
considère comme moral ou pas et de la prise en compte de la liberté
individuelle.
Chaque État, en fonction de son histoire, peut avoir ses propres
conceptions morales.
Actuellement, les États occidentaux promeuvent une morale
étatique fondée sur le respect des libertés individuelles et du droit
des minorités avec mise en avant de la protection des droits de
l’Homme ainsi que sur la nécessité de concilier développement
économique avec la protection de l’environnement, la lutte contre le
réchauffement climatique et la mise en œuvre d’un développement
durable permettant le partage international des richesses (voir les
contre mesures prises par les États à l’encontre de la Russie suite à
l’invasion de l’Ukraine en 2022, fondées notamment ou le respect
d’une morale internationale.
Poids des idéologies (voir les développements ci-dessus sur les
différents courants politiques sur l’État).
3. Problématique
Si l’État peut souverainement retenir les principes moraux sur
lesquels il entend faire reposer ses actions, il est néanmoins tenu au
respect des principes d’une morale universelle retenus par
l’ensemble de la communauté internationale.
4. Plan
🠶 Introduction :
– Définitions ;
• Évolution historique (ce qui est moral pour l’État n’est pas
uniforme au cours des siècles. De plus, Chaque État, en
fonction de son histoire, peut avoir ses propres conceptions
morales).
• Morale étatique d’aujourd’hui (respect des libertés individuelles
et du droit des minorités avec mise en avant de la protection des
droits de l’Homme ainsi que sur la nécessité de concilier
développement économique avec la protection de
l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique et la
mise en œuvre d’un développement durable permettant le
partage international des richesses).
• L’affirmation de la morale étatique peut être effective et
dépasser un stade simplement déclaratif si elle est inscrite dans
les normes.
– Reprise de la problématique : Si l’État peut souverainement
retenir les principes moraux sur lesquels il entend faire reposer
ses actions, il est néanmoins tenu au respect des principes de la
morale universelle retenus par l’ensemble de la communauté
internationale.
I. L’État détermine souverainement les principes moraux
sur lesquels il entend faire reposer ses actions
A. L’affirmation des principes de morale étatique
– La constitution écrin, notamment au travers de son préambule,
des principes sur lesquels l’État fonde sa propre morale en
interne.
– Principes politiques, économiques, sociaux, culturels… dans le
cadre desquels l’État agit (état de droit, séparation des pouvoirs,
protection des libertés individuelles, rôle dirigeant du parti unique,
dictature du prolétariat, exaltation de la communauté du peuple…
constituent les bases morales sur lesquelles les États bases leurs
actions en fonction des priorités qu’ils reconnaissent). Ces
principes sont à la fois politiques (affirmation d’une philosophie
politique fondée sur eux) et juridiques (caractère normatif).
B. La mise en œuvre des principes
– État gendarme, État providence (social-démocratie ou
démocratie chrétienne), État corporatiste (hypertrophie de l’État
sans respect des principes, hypertrophie de l’État dans les États
corporatistes.es du libéralisme politique), critique socialiste et
marxiste de l’État (l’État est amoral et dangereux et droit
disparaître) mais résultat décevant.
II. L’État est cependant tenu de respecter les principes
minimums communs retenus par la communauté
internationale
A. Égalité souveraine des États et principes minimums
communs
– Interdiction de la guerre d’agression et recherche de la résolution
des conflits par des moyens pacifiques mais la guerre est
toujours une menace (Russie/Ukraine) ;
– Nécessité d’une coopération entre les États ;
– Respect de la souveraineté des autres États en matière
économique, politique, sociale… ;
– Souveraineté sur les richesses naturelles.
B. L’ébauche d’une morale internationale commune
des États
– Droits de l’Homme, droit du développement, lutte contre le
réchauffement climatique ; protection internationale de
l’environnement ;
– Affirmation de principes qui restent plus politiques que
véritablement contraignants au plan juridique ;
– Affirmation au niveau du discours mais pas toujours dans les
actes.
🠶 Phrase de conclusion :
La morale de l’État est avant tout de réussir à défendre ses
intérêts.
Chapitre II
L’Europe
Bibliographie
• J. Carpentier et F. Lebrun : « Histoire de l’Europe », Poche
Histoire, 2014 ;
• C. Delaume et D. Cayla : « 10 questions sur l’Europe »,
Michalon, 2021 ;
• M. Dumoulin : « L’Europe aux concours, institutions
politiques », Documentation française, 2019 ;
• F. de Teyssier et G. Baudier : « la construction européenne »,
PUF QSJ, 2021 ;
• S. Leclerc : « Droit de l’Union européenne », Gualino, 2021.
I Définitions
II Évolution historique
A. Présentation générale
Les institutions actuelles de l’Union européenne sont décrites par
le traité de Lisbonne (2007), adopté à la suite de l’échec de la
ratification du traité constitutionnel européen (2004) qui contenait
des principes semblables mais relevait d’une conception plus
intégratrice par l’emploi du terme « constitutionnel » (au demeurant
le terme « traité constitutionnel », s’il peut avoir une signification
politique aux yeux des fédéralistes ne correspondait à aucune réalité
juridique car la constitution est l’acte juridique le plus élevé de l’ordre
interne et le traité est l’acte juridique le plus élevé de l’ordre
international). L’Union européenne est une organisation
internationale qui rassemble des États souverains. Elle n’a qu’une
compétence d’attribution, c’est-à-dire qu’elle ne peut agir que dans
les domaines qui lui sont explicitement délégués par les traités
(marché unique, concurrence…). Par ailleurs, même si au conseil,
les décisions se prennent à la majorité qualifiée (voir ci-dessous), ce
qui contraint en principe les États opposés à les appliquer (encore
que l’on recherche généralement une adhésion par consensus), de
nombreux actes relèvent encore de l’unanimité (fiscalité,
élargissement, révision des traités…), ce qui est conforme à la
souveraineté des États. La souveraineté est une caractéristique
propre à l’État (voir la fiche sur l’État). Par conséquent, l’expression
de « souveraineté européenne », parfois employée par les
fédéralistes peut seulement avoir, comme celle de « traité
constitutionnel » déjà évoquée, un contenu politique et idéologique
de la part des fédéralistes mais n’a aucune valeur juridique car
l’Union est une organisation internationale et non un État.
Le droit de l’Union européenne est fondé, d’une part sur les
normes originaires (traités) et d’autre part sur les normes dérivées
(règlements, directives). L’adoption des normes dans l’Union
européenne (règlements, d’application directe, et directives, qui
doivent être transposées en droit interne par les États) repose sur
l’initiative de la commission européenne (qui dispose d’un monopole
en la matière), puis vote du parlement européen et du conseil de
l’Union européenne). Ces normes européennes bénéficient d’une
part de la primauté (elles sont supérieures et se substituent au droit
interne et sont appliquées par les juridictions), d’autre part de l’effet
direct (elles s’appliquent directement en droit interne). Les deux
principales normes législatives européennes sont le règlement
(applicable tel quel directement après sa publication) et la directive
(qui fixe des objectifs et doit être transposée en droit interne dans un
certain délai par les États) européennes. Des avis non normatifs
peuvent aussi être émis. En vertu du principe de subsidiarité, il peut
y avoir une priorité d’intervention de l’Union européenne par rapport
aux États s’il apparaît que celle-ci est plus en capacité d’agir de
manière efficace (ce processus est fortement encadré et soumis au
contrôle des parlements nationaux, ce qui souligne encore le
maintien de la souveraineté étatique). À l’heure actuelle, environ
80 % des normes applicables dans les États sont issues de normes
européennes. Le traité de Lisbonne prévoit que les parlements
nationaux doivent être informés par les gouvernements des projets
d’actes européens et être associés à leur discussion en interne. Par
ailleurs, les parlements nationaux peuvent saisir les autorités
européennes en cas d’atteinte au principe de subsidiarité (en
France, ces dispositions sont mises en œuvre dans les articles 88-1
et suivants de la Constitution du 4 octobre 1958). C’est l’Union
européenne qui, au nom des États membres et sous leur contrôle,
négocie en leur nom dans le cadre de l’Organisation mondiale du
commerce (voir le chapitre sur la mondialisation).
B. La commission européenne
La commission européenne est le véritable exécutif de l’Union et
en constitue la clé de voûte. Elle est composée de 27 commissaires
(un par État, mais les membres sont indépendants de leur pays
d’origine, dont ils ne sont pas le représentant et doivent agir
conformément à l’intérêt général commun européen), qui sont
désignés collégialement par les gouvernements des États membres.
Le président de la Commission est désigné par le Conseil européen
à la majorité qualifiée après approbation du parlement européen.
La commission a seule l’initiative des projets de textes européens,
sur la base des grandes orientations stratégiques définies par les
chefs d’État et de gouvernement dans le cadre du conseil européen.
Toutefois, elle partage l’initiative avec les États en matière de
coopération policière, judiciaire et en matière pénale. L’initiative
appartient aux États et au haut représentant de la politique étrangère
et la politique de sécurité en matière d’affaires étrangères et de
sécurité commune. Ce dernier est vice-président de la Commission
et siège eau conseil européen et est chargé de coordonner l’action
diplomatique extérieure de l’Union avec les États (ces derniers étant
souverains ont un rôle prépondérant en matière de diplomatie,
défense et sécurité).
Elle assure le suivi de la procédure législative devant le conseil et,
après adoption, est chargée de la mise en application. Elle veille à
l’application des règles de concurrence et des aides d’État et peut
infliger des sanctions. Dans le cadre des grandes orientations fixées
par le conseil européen, la commission européenne prépare et met
en œuvre les décisions du conseil de l’Union européenne et du
parlement européen.
C. Le parlement européen
Il est composé de 751 députés, dont 73 pour la France (Législature
2019-2024) élus au suffrage universel direct depuis1979. Les
députés forment des groupes politiques en fonction du parti auquel
ils appartiennent et non des groupes nationaux par État. Le
parlement élit son président et son bureau en son sein à la
proportionnelle des groupes Les modalités de leur élection sont
définies par le droit interne de chaque État (élection des députés
français au suffrage universel direct à la représentation
proportionnelle dans le cadre de listes nationales). Son siège
principal est à Strasbourg pour les séances plénières mais les
commissions se réunissent à Bruxelles, où se trouvent la
commission et le conseil. Par ailleurs, le secrétariat général siège à
Luxembourg.
E. Le conseil européen
Il est composé des chefs d’État et de gouvernement. Le haut-
représentant de l’Union pour les affaires étrangères participe à ses
réunions. Le Conseil tient au moins quatre réunions par an à
Bruxelles et peut être convoqué pour un objet particulier. Il est le
lieu, d’une part, de la résolution de crises ou de blocages, d’autre
part de la définition des grandes orientations de la politique
européenne. Son président est élu par les membres du conseil pour
un mandat de deux ans et demi, renouvelable une fois et recherche
le consensus entre les membres. Le Conseil européen n’a pas de
compétences normatives. Ses décisions sont mises en œuvre dans
le cadre de la procédure législative de l’Union. En principe, le conseil
européen prend ses décisions par consensus. Parfois, il est recouru
au vote à la majorité qualifiée (élection du président ou du haut
représentant).
2. Analyse synthétique
– opposition de la nation et de la supranationalité (Europe,
mondialisation) ;
– critique contre le côté bureaucratique et vertical de la
construction européenne ;
– débat sur le déficit démocratique dans l’Union européenne ;
– montée du souverainisme et du nationalisme dans certains États
et montée de l’Euroscepticisme.
3. Problématique
Sentiment national et construction européenne sont antagonistes
mais la contradiction peut et doit être surmontée.
🠶 Introduction :
– Définitions ;
– Historique ;
– Actualité.
I. Sentiment national et construction européenne
sont antagonistes
A. L’Union européenne, espace avant tout économique mais sans
réel supplément d’âme ; (marché unique, concurrence, Euro…
mais pas de véritable récit sentimental pour un ensemble qui
reste avant tout technique et technocratique… La volonté de
défense des droits humains se heurte à l’existence du conseil de
l’Europe dont c’est la spécialité ; l’échec du traité constitutionnel
montre que l’Union reste perçue avant tout comme un traité
international entre États souverains ; pas de supplément d’âme
car dimension sociale et culturelle très limitée par rapport aux
aspects économiques…) ;
B. Le maintien de l’attachement au cadre national (malgré les
transferts de compétences en faveur de l’Union, le cadre politique
familier est avant tout national ; attachement identitaire à
l’individualité, l’histoire, les traditions de son pays et des régions ;
l’Union reste une association d’États souverains, absence de
souveraineté européenne ; débat sur le déficit démocratique…).
II. Cet antagonisme peut et doit être surmonté
A. Une définition plus claire de ce qui relève de la communauté
(Europe) et des individualités (États) (les traités sont très
compliqués et la répartition des compétences pas toujours claire ;
certaines questions, comme l’immigration illégale ou la protection
de la sécurité, doivent être améliorées pour être plus efficaces ;
nécessité de clarifier les compétences entre Union et États en
matière de défense, diplomatie, sécurité, justice…) et de favoriser
des actions plus efficaces et plus lisibles permettant à l’Europe et
aux États de peser véritablement sur la scène internationale dans
le cadre de la mondialisation ; voir l’absence de réelle influence
de l’Union européenne lors des grandes crises internationales
récentes (ex. Yougoslavie, Irak, Syrie, Crimée, Donbass,
Ukraine…)
B. Une nation européenne est-elle envisageable dans un futur plus
ou moins lointain ? (dans l’histoire longue des mutations
s’opèrent lentement ; jadis des États ont disparus ou se sont unis
pour donner les États d’aujourd’hui et une telle évolution peut
continuer dans le futur pour permettre la naissance d’un État
européen disposant de la souveraineté et constitué sur un
modèle fédéral ou confédéral respectant l’individualité et de
l’identité de chaque composante comme pour les cantons en
Suisse ; nécessité d’une démocratisation par l’élection de
l’exécutif, le recours au référendum européen, le respect de la
subsidiarité…).
Chapitre III
Mondialisation, environnement,
mouvements migratoires
Bibliographie
• S. Berger : « Made in monde, les nouvelles frontières de
l’économie mondiale », Flammarion, 2003 ;
• V. Capdepuy : « 50 histoires de la mondialisation de
Néanderthal à Wikipedia », Alma, 2018 ;
• D. Cohen : « La mondialisation et ses ennemis », Grasset,
2004 ;
• F. Heran : « Parlons immigration en 30 questions », La
Documentation française, 2021 ;
• S. Juan : « La transition écologique », Eres, 2011 ;
• R. Kandel : « Le réchauffement climatique », PUF QSJ, 2019 ;
• J. Sapir : « La démondialisation », Seuil, 2010 ;
• P. Stefanini : « Immigration, ces réalités qu’on nous cache »,
Lafont, 2020 ;
• P. Weil : « La France et ses étrangers », Gallimard, Point
histoire, 2005.
I Définitions
– La mondialisation (ou globalisation, par reprise du terme utilisé
en anglais pour désigner le même phénomène) désigne la libre
circulation des marchandises, des capitaux, des services, des
personnes, des techniques et de l’information. Elle implique
également l’intégration des marchés et le rapprochement des
humains grâce à la libéralisation des échanges, du
développement des moyens de transport de personnes comme
de marchandises, et des retombées des technologies de
l’information et de la communication à l’échelle planétaire. La
mondialisation a pour conséquence directe l’interdépendance
croissante des économies, l’intensification de la concurrence et
l’expansion des échanges. La conséquence de la mondialisation
est l’affaiblissement des États, qui renoncent à exercer certaines
compétences pour mettre en place le libre-échange, ce qui
conduit à une sorte de privatisation du monde.
– GAFA : acronyme qui désigne, au sens strict, les quatre
principales entreprises de taille mondiale intervenant dans le
domaine des nouvelles technologies (Google, Apple, Facebook et
Amazon) et, au sens large, l’ensemble des grandes entreprises
impliquées dans l’activité économique mondiale globalisée (les
quatre déjà citées, plus d’autres telles que Yahoo, Twitter,
Linkedin, Microsoft, Intel, Cisco, IBM, Xiaomi, Alibaba…). Les
principaux reproches qui leur sont adressés sont de limiter la
concurrence (effet comparable à celui d’un trust) et de chercher à
échapper à l’impôt grâce à l’optimisation fiscale (sièges sociaux
dans des États à faible fiscalité. Par ailleurs, se pose la question
de la protection des données personnelles des utilisateurs qui
sont recueillies et exploitées.
– NATU (ou TUNA), acronyme qui désigne quatre entreprises
ayant connu un succès très rapide après l’apparition des GAFA
dans des domaines différents, non liés aux nouvelles
technologies, Netflix (production de téléfilms), Airbnb (location de
résidences de vacances en ligne), Tesla (batteries pour véhicules
électriques) et Uber (transports VTC).
II Évolution historique
B. Les GAFA
Les GAFA et les NATU (voir la définition ci-dessus) disposent d’une
considérable puissance financière. Par exemple, le chiffre d’affaires
en 2017 de certaines entreprises était, en milliards de dollars,
d’environ 189 (Google), 178 (Amazon), 88 (Apple) et 40 (Facebook).
Ces chiffres sont à comparer avec le PIB dans la même unité
monétaire de quelques États développés : environ 20 494 (États-
Unis), 2775 (France), 350 (Danemark), 370 (Israël),… ou en voie de
développement : 167 (Algérie), 75 (Kenya, Guatemala et Éthiopie),
2,79 (Libéria) et 0,0439 (Tuvalu). On constate donc que le chiffre
d’affaires de ces entreprises géantes est parfois supérieur au PIB
d’États souverains. Par ailleurs, les GAFA constituent en pratique de
nouveaux trusts mondiaux. Leur puissance et leur rentabilité leur
permettent de contrôler leur domaine d’activité, ce qui aboutit en
pratique à une limitation drastique de la concurrence. En
conséquence, certaines entreprises ont subi des condamnations
pour non-respect du droit antitrust, notamment en Allemagne
(Facebook, en 2019) et Italie (Amazon). De plus, elles échappent
largement au paiement de l’impôt grâce à l’optimisation fiscale (en
2021 l’OCDE a adopté le principe d’un impôt mondial sur les
sociétés applicable dans ses 139 membres au taux de 15 % avec
obligation de payer l’impôt dans le pays lieu de l’activité imposée et
non au lieu du siège social, mais il existe encore des disparités de
points de vue entre les États pour l’application concrète). En 2022,
l’Union européenne et les États membres ont convenu du principe
de l’adoption d’une réglementation relative aux GAFA.
2. Évolution historique
L’histoire du climat, notamment au travers de l’examen de la date
des récoltes et des vendanges dans le passé, de très vieux arbres
ou de carottes de glace polaire, démontre que des variations du
climat se sont déjà produites au cours des âges avec des
alternances de périodes de refroidissement (exemple : « petite
glaciation » entre la fin du règne de Louis XIV et les années 1940) et
de réchauffement (exemple : période entre 600 et 1120 en Europe
du nord, correspondant à la colonisation du Groenland, de l’Islande
et du Labrador par les Vikings, qui auraient été facilitée par ce
radoucissement et depuis les années 1940 avec les effets de
l’industrialisation) entrecoupées de période plus stables. Il existe
toutefois un large consensus pour considérer, d’une part, que nous
sommes effectivement confrontés à une période de réchauffement
climatique et, d’autre part, que celui-ci ne peut pas s’expliquer
exclusivement par une origine naturelle mais aurait été aussi
provoqué par l’activité humaine en raison des effets de la révolution
industrielle et du rejet de CO2 dans l’atmosphère qui provoque un
effet de serre.
Selon le récit de la Genèse dans la Bible, Dieu a créé l’homme et
la femme en dernier afin de leur donner la maîtrise de la terre et de
la nature, dont ils peuvent jouir et tirer leur subsistance. Pour René
Descartes (1596-1650), la science a peu à peu rendu « l’homme
maître et possesseur de la nature ». D’une part, le sentiment erroné
que la nature et la création sont au service de l’Homme (notamment
à l’occasion des grandes découvertes du fait de l’aspect grandiose
et inépuisable des nouveaux mondes, avec une faune et une flore à
la fois inconnues et innombrables) ont conduit à une exploitation
déraisonnable des ressources naturelles et à l’épuisement de
certaines d’entre elles. D’autre part, si les progrès de la science ont
eu d’heureuses conséquences dans de nombreux domaines (santé,
production agricole, innovations techniques…), ils ont conduit à
l’épuisement de certaines ressources (énergies fossiles, érosion…).
Le développement du machinisme et des transports, l’utilisation des
énergies fossiles, l’utilisation trop fréquente des pesticides, des
herbicides et des engrais au xxe siècle ont eu de terribles
conséquences sur l’environnement.
2. Situation en France
a. Aspects généraux
La France est au cinquième rang mondial pour le nombre
d’immigrés vivant sur son territoire (les États-Unis étant le premier et
l’Allemagne le troisième). Les ressortissants de l’Union européenne
installés sur le territoire national étant, au plan des droits
économiques et sociaux, assimilés aux ressortissants français ne
sont pas considérés comme des migrants.
En 2019, environ 3,5 millions de visas avaient été accordés pour
venir en France (700 000 en 2020, cette baisse de près de 80 %
étant due à l’impact de l’épidémie de Covid sur la circulation des
personnes ; en 2021 le nombre des visas accordés aux
ressortissants algériens ou marocains a été divisé par deux).
5,1 millions d’étrangers (personnes n’ayant pas la nationalité
française) vivaient en France en 2020, représentant 7,6 % de la
population générale (4,4 % en 1946 et 6,5 % en 1975). Par ailleurs,
on compte 6,8 millions d’immigrés (personnes nées à l’étranger et
demeurant en France ayant conservé leur nationalité d’origine ou
ayant obtenu la nationalité française) représentant 10,2 % de la
population (INSEE). Selon l’INSEE (2018), 14 millions d’habitants en
France (sur près de 67 millions), soit 11,2 % de la population totale,
sont des immigrés ou des descendants d’immigrés. 40 % des
personnes nées en France entre 2006 et 2008 ont au moins un
parent ou un grand-parent immigré, dont 27 % hors d’Europe.
La stabilité du solde migratoire en France (entre 50 000 et 100 000
personnes par an depuis les années 1970) s’explique :
– par les acquisitions de nationalité française (selon l’INSEE, entre
1995 et 2012, 2,4 millions d’étrangers ont acquis la nationalité
française et environ 84 000 l’ont obtenue en 2020) ;
– par le retour dans le pays d’origine (selon l’INSEE, en 2018,
270 000 immigrés sont arrivés et 70 000 repartis, soit un solde
net de 200 000 entrées) ;
– par le départ de ressortissants français à l’étranger (selon
l’INSEE, en 2018, 271 000 Français sont partis, 110 000 sont
rentrés, soit un solde net de 160 000 départs).
En dehors de l’immigration légale (étrangers entrant en France
avec un titre de séjour), il existe également une immigration illégale
(étrangers se maintenant sans titre sur le territoire national). Cette
dernière est composée :
– des étrangers rentrés clandestinement en France sans titre (cas,
notamment de ceux qui suivent des filières animées par des
passeurs, en Méditerranée ou par l’Europe de l’est, dans des
conditions d’extrême précarité et, parfois, au risque de leur vie ;
par ailleurs se pose la question du rôle et de la fiabilité des
frontières dans un monde ouvert avec des contrôles réduits) ;
– des étrangers qui restent en France au-delà de l’échéance d’un
titre qui n’a pas été renouvelé ;
– des étrangers ayant demandé le droit d’asile mais qui ont été
déboutés et se sont malgré tout maintenus sur le territoire
national.
Le nombre de migrants clandestins en France est très difficile à
évaluer en raison même du caractère non officiel de leur présence.
Ils sont au moins 350 000 (nombre des bénéficiaires de l’AME, voir
ci-dessous, sachant que tous les clandestins ne s’y inscrivent pas).
Le ministère de l’intérieur estime qu’il y en a environ 700 000 et
Patrick Stefanini (Immigration, ces réalités qu’on nous cache, Lafont,
2020) avance le chiffre de 900 000 clandestins en France.
Les migrants clandestins bénéficient de l’Aide médicale d’État
(AME), qui leur octroit un accès aux soins sous conditions de
ressources et de résidence pour un an renouvelables avec un taux
de 100 % pour la plupart des prestations médicales (sauf cures ou
médicaments remboursés à un taux égal ou inférieur à 15 %).
Environ 350 000 personnes en bénéficient pour un coût annuel de
1,5 milliards d’euros.
b. Réfugiés, apatrides et déboutés du droit d’asile
L’instruction des demandes d’asile est effectuée par l’Office
français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) créé en
1952, qui statue de manière indépendante sur les demandes d’asile
ou de statut d’apatride (personne qu’aucun État ne considère
comme étant son ressortissant au regard de sa législation). Ses
décisions peuvent être contestées devant la Cour nationale du droit
d’asile (CNDA) puis devant le juge administratif.
En 2020, selon l’INSEE, environ 95 000 personnes ont déposé une
demande d’asile et 33 % ont obtenu le statut de réfugiés (environ
30 000). Les personnes déboutées du droit d’asile ont en principe
vocation à repartir dans leur pays d’origine, soit de leur propre
mouvement après l’échec de leur demande, soit après la prise par le
préfet du département de résidence d’une obligation de quitter le
territoire français (OQTF), avec des délais divers selon les situations
(en 2020, selon l’INSEE, 15 000 personnes ont fait l’objet d’une
reconduite à la frontière). En pratique, seuls 15 % des immigrés
faisant l’objet d’une OQTF sont effectivement expulsés (Rapport
2019 de la cour des comptes), ce qui signifie que 85 % des
déboutés du droit d’asile se maintiennent illégalement et
précairement sur le territoire national et deviennent des migrants
clandestins au sens évoqué plus haut Certains entreprennent
diverses démarches prévues par le Code de l’entrée et du séjour
des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) pour être régularisés en
obtenant, en lieu et place d’un statut de réfugié, un visa de séjour en
France, notamment comme travailleurs.
Les mineurs étrangers arrivés sur le territoire français non
accompagnés, c’est-à-dire sans la présence d’un adulte ayant
capacité à les représenter (parents ou autre), bénéficient d’un droit à
l’accueil jusqu’à leur majorité dans le cadre d’une protection
spécifique, sous le contrôle du procureur de la République. Ils sont
placés auprès du service social à l’enfance du conseil départemental
de leur lieu de résidence, qui assurent la prise en charge financière
avec une aide de l’État. Ces mineurs bénéficient de l’Aide médicale
d’État (AME) à 100 % (voir ci-dessus). Les intéressés peuvent
déposer une demande d’asile. Ils bénéficient d’un droit à la
scolarisation et à la formation professionnelle. À leur majorité, ils
peuvent, dans certaines conditions (liées notamment au suivi d’une
formation et à des conditions de résidence), obtenir un titre de séjour
à titre exceptionnel ou au titre du regroupement familial. Il y avait
environ 1 000 mineurs isolés en France en 2012 (pour un coût de
50 millions d’euros) et environ 40 000 en 2020 (pour un coût de
2 milliards d’euros), ce qui souligne une forte augmentation de la
demande (chiffres du ministère de l’intérieur). Il est parfois difficile de
déterminer si une personne demandant le bénéfice de cette
protection est bien mineure et remplit les conditions pour pouvoir en
bénéficier (environ 50 % de fraude selon le ministère de l’intérieur).
Des accords existent entre la France (ou l’Union européenne) et
certains États pour faciliter les rapatriements d’étrangers en situation
irrégulières et limiter les départs, dont le bilan est toutefois mitigé (ce
qui explique, par exemple, la diminution de moitié du nombre de
visas accordés aux ressortissants de certains États, comme l’Algérie
ou le Maroc, pour inciter les autorités de ces pays à faciliter le retour
de leurs nationaux en situation irrégulière en France).
c. Immigration économique
Une liste par région des métiers « en tension », c’est-à-dire pour
lesquels il est possible de faire appel à des travailleurs étrangers
non ressortissants de l’Union européenne est établie par les services
de l’État (préfecture et DREETS, direction régionale de l’économie,
de l’emploi, du travail et des solidarités, qui englobe depuis 2021 les
DIRRECTE qui relevaient du ministère du travail). Après instruction
de la demande, une carte de séjour d’un an puis 4 ans
renouvelables peut être délivrée au bénéficiaire disposant d’un
contrat de travail dans l’un de ces secteurs (il existe aussi un
« passeport talent » d’une durée de 4 ans, notamment pour les
étudiants, les artistes ou les scientifiques). Ces visas peuvent
également être accordés à des étrangers qui ont été déboutés du
droit d’asile et ont déposé une demande de régulation à la
préfecture.
Selon le ministère de l’intérieur, cette immigration de travail
représente 11 % des visas. Selon l’INSEE, on comptait 39 125
entrées en 2019 et 26 583 en 2020, la baisse s’expliquant par les
restrictions de circulation en raison de la situation sanitaire.
d. Regroupement familial
Le regroupement familial permet à un étranger régulièrement
installé en France depuis 18 mois au moins et disposant à la fois
d’un revenu, d’un logement et de conditions matérielles lui
permettant de les accueillir, d’être rejoint par son conjoint et par ses
enfants mineurs. Il repose sur le principe du droit à une familiale
normale (CE, 8 décembre 1978, GISTI). Le visa est accordé et
maintenu sous réserve de la réalité de la vie commune.
Le regroupement familial représente environ 37 % des entrées
légales en France, soit 90502 entrées en 2019 et 75 482 en 2020
(INSEE), la baisse s’expliquant par les restrictions de circulation en
raison de la situation sanitaire.
e. Étudiants étrangers
Dans le cadre d’accords internationaux bilatéraux ou multilatéraux
(exemple : Erasmus) des étudiants étrangers obtiennent des visas
particuliers pour étudier en France, soit pour une année, soit pour un
cursus plus long, le visa étant maintenu sous réserve, de réussite
aux examens ou de la prise en considération d’une situation
particulière en cas d’échec. Cela a représenté 90 336 entrées en
2019 et 72 306 en 2020 (INSEE), la baisse s’expliquant par les
restrictions de circulation en raison de la situation sanitaire.
Si la plupart rentrent dans leur pays d’origine au terme de leurs
études, d’autres demandent la transformation de leur visa afin de
pouvoir travailler en France (immigration économique), ce qui pose
le problème des conséquences de la fuite des cerveaux pour les
pays en voie de développement que représente le choix individuel
de ne pas retourner dans son pays d’origine pour y contribuer à son
développement grâce aux connaissances acquises. Par ailleurs,
certains se maintiennent sans titre en France (migrants clandestins).
f. Les titres de séjour en matière médicale
Il est possible pour un ressortissant étranger d’obtenir un titre de
séjour provisoire renouvelable au titre de son état de santé lui
permettant de recevoir des soins en France sous réservée, d’une
part que le défaut de soin puisse entraîner des conséquences d’une
exceptionnelle gravité, d’autre part que les soins adéquats ne sont
pas disponibles dans l’État de nationalité ou de résidence du
demandeur. Le titulaire peut être accompagné de sa famille proche
(conjoint et enfants mineurs). Une fois les soins achevés, le titulaire
a vocation à retourner dans son pays.
Ce dispositif ne doit pas être confondu avec le dispositif de l’AME
(Aide médicale d’État) dont bénéficient les migrants clandestins (voir
ci-dessus).
2. Problématique
La mondialisation résulte de la signature par les États de traités
internationaux par lesquels ils ont souverainement accepté de limiter
leur souveraineté en matière économique dans le but de favoriser le
libre-échange. Elle n’a donc pas été imposée aux États qui, malgré
la montée en puissance de certaines entreprises, restent les
principaux acteurs des droit international et disposent toujours de
leur souveraineté économique.
🠶 Introduction :
– Définitions ;
– Historique ;
– Actualité ;
– Problématique.
I. Les États entre volontarisme et attentisme
A. La mondialisation résulte de la volonté souveraine des États
(assurer la paix, le développement et la prospérité par la création
de zones de libre-échange et la déréglementation de certaines
activités par des traités universels tels l’OMC ou régionaux, tels
l’Union européenne, l’ALENA nord-américaine, le MERCOSUR
en Amérique latine ; effets pervers de la mondialisation pour les
pays du sud…)
B. La mondialisation a des conséquences dommageables pour les
États (limites de l’aide au développement, nécessité de concilier
développement et transition écologique dans les pays pauvres ;
exploitation des pays du sud, nécessités de la transition
écologique pour lutter contre le réchauffement climatique…)
II. Les États s’efforcent de mettre en place des moyens de
régulation de la mondialisation
A. Malgré la libre concurrence internationale, les États conservent
des volets d’intervention (professions réglementées, maintien de
certains monopoles, fiscalité, droit de douanes, lutte contre le
réchauffement climatique et organisation de la transition
écologique avec des normes s’imposant aux entreprises, contrôle
de l’immigration et des conditions d’entrée et de séjour des
étrangers sur leur territoire…)
B. Les États régulent la mondialisation au travers d’actions
communes dans le cadre d’organisations internationales (OMC,
OCDE, mise en place d’un impôt minimal sur les sociétés,
UNESCO, protection de la diversité culturelle…).
Chapitre IV
La vie démocratique
Bibliographie
• R. Aron : « Démocratie et totalitarisme », Idées, Gallimard,
1965 ;
• L. Carfora : « La démocratie, histoire d’une idéologie », Seuil,
2006 ;
• R. Debray : « L’obsénité démocratique », Flammarion, 2007 ;
• M. Gauchet : « La démocratie contre elle-même », Gallimard,
2002 ;
• A. Touraine : « Qu’est-ce que la démocratie ? », Livre de
poche, 1997 ;
• A. Sen : « La démocratie des autres », Payot, 2005.
I Définitions
B. La démocratie directe
La démocratie directe désigne le système dans lequel le peuple
adopte lui-même des décisions politiques et normatives sous forme
de plébiscite ou de référendum.
Le plébiscite porte sur l’approbation directe par le peuple de la
personne du dirigeant qui l’interroge.
Le référendum porte sur l’adoption directe par le peuple d’un texte.
Un référendum peut soit être organisé à l’initiative d’une institution
(cas le plus fréquent) soit sur initiative populaire, c’est-à-dire soutenu
par une campagne de signatures par les électeurs (exemple :
Suisse).
La démocratie directe fut pratiquée en France lors des deux
empires sous forme de plébiscite et constitua le moyen pour
l’empereur de se prévaloir du soutien du peuple dans le cadre
d’opérations électorales n’offrant pas de garanties réelles de
pluralisme (« césarisme démocratique »). De retour au pouvoir, les
républicains ont écarté la démocratie directe, même sous forme de
référendum, en considérant qu’elle n’a que l’apparence de la
démocratie en plaçant l’électeur devant un choix binaire (oui/non) et
sans possibilité de débat ou d’amendement. La volonté de limiter
l’absolutisme parlementaire sous la IIIe République provoqua la
volonté de certains mouvements conservateurs d’instituer une
consultation directe du peuple afin de ne pas passer par le
parlement (André Tardieu « Le souverain captif », 1936), ce qui fut
repris par Charles De Gaulle dans le Discours de Bayeux (1946). La
constitution de 1946 fut approuvée par référendum mais ne
prévoyait pas de procédure référendaire législative. La constitution
de 1958 (voir ci-dessous) prévoit un large recours au référendum
dans son texte mais cette procédure est peu utilisée en raison de la
méfiance de la majorité des élus. La pratique référendaire de
Charles De Gaulle, qui liait son maintien à la tête de l’État à
l’adoption du texte proposé, a parfois été taxée de plébiscitaire, ce
qui n’a pas contribué à favoriser la pratique référendaire sous la
Ve République. En France, il existe différentes modalités
d’organisation du référendum bien que cette technique soit bien
moins utilisée qu’en Suisse ou qu’en Italie.
1. Au niveau national
– La Constitution prévoit, d’une part un référendum législatif
(article 11) qui permet une adoption directe des lois dans certains
domaines (organisation des pouvoirs publics, ratification de
traités internationaux, politique économique et sociale de la
nation et services publics qui y concourent), d’autre part, un
référendum constituant (article 89) permettant la consultation
directe du peuple pour l’adoption d’un texte préalablement adopté
en termes identiques par les deux chambres parlementaires (le
président de la république peut toutefois décider de confier cette
seconde étape de la procédure aux deux chambres réunies en
congrès). Dans les deux cas, l’initiative appartient au président de
la République, sur proposition du gouvernement (article 11) ou du
premier ministre (article 89) ou des deux assemblées en termes
identiques (articles 11 et 89). Cette procédure, voulue par
Charles De Gaulle, rattache théoriquement notre pays à la
démocratie semi-directe mais en pratique n’est pratiquement
jamais utilisée en raison de l’hostilité de beaucoup d’élus qui y
voient un risque d’affaiblir le parlement ou une possible dérive
plébiscitaire. En 1962 et 1969, Charles De Gaulle a utilisé
l’article 11 (législatif) au lieu de l’article 89 (constituant) pour
réviser la constitution, ce qui a suscité des critiques chez certains
juristes, afin de contourner le blocage des réformes envisagées
par le parlement en saisissant directement le peuple souverain
pour lui laisser l’opportunité de trancher. La procédure se déroule
sous le contrôle du conseil constitutionnel.
– Depuis la révision constitutionnelle de 2008, il existe un
référendum d’initiative citoyenne (article 11) : une proposition de
loi signée par au moins 1/5 des parlementaires et dont le contenu
a été déclaré conforme à la constitution par le conseil
constitutionnel, est ensuite signée par 1/10e au moins du corps
électoral sur une période neuf mois. Le parlement a six mois pour
inscrire la proposition de loi à son ordre du jour. À défaut, le
président de la République lance une consultation référendaire.
Cette procédure très lourde n’a pas été mise en œuvre après
plus de dix ans d’existence, malgré plusieurs tentatives (par une
décision 2021-2 RIP du 6 août 2021, le conseil constitutionnel a
ainsi écarté la demande d’organisation d’un référendum sur
l’accès universel au service public hospitalier au motif de son
inconstitutionnalité en ce qu’il subordonne l’exercice de son
pouvoir réglementaire par le premier ministre à l’avis conforme de
la Conférence nationale de santé).
2. Au niveau local
Les référendums locaux portent exclusivement sur les questions
relevant des compétences du niveau de collectivité concerné, ce qui
limite l’intérêt de telles consultations (par exemple, une commune ne
pourrait pas valablement organiser un référendum normatif sur une
question d’aménagement relevant de l’État telle que la construction
d’une autoroute ou d’une centrale nucléaire).
– Ordonnance 2016-49 du 21 avril 2016 : l’État peut organiser un
référendum portant sur des questions relevant de la compétence
de l’État mais ayant une portée locale (exemple : consultation de
la population concernée par le projet d’aéroport à ND des Lande.
La difficulté est de déterminer quelle est l’aire pertinente de
consultation par rapport à l’impact du projet qui en l’objet. Dans le
cas de ND des Landes, le vote positif de la population n’a pas été
respecté puisque finalement le projet a été abandonné.)
– Article L. 1112-15 du Code général des collectivités territoriales :
les collectivités territoriales peuvent organiser des référendums
consultatifs (le vote populaire est seulement indicatif, la décision
normative est prise par l’organe délibérant de la collectivité).
– Article L2113-1 du même code : recours possible au référendum
en cas de fusion de communes (Loi Marcellin, 1971).
– Article LO 1112-1 du même code et article 72-1 de la
constitution : les collectivités territoriales peuvent organiser des
référendums normatifs (le vote populaire est décisionnel).
– Article 72-1 de la consultation : possibilité de consultation des
populations concernées en cas de modification de statut ou de
territoire.
– Article 72-4 de la constitution : les collectivités d’outre-mer
peuvent organiser un référendum pour faire approuver un
changement institutionnel.
– Article 53 alinéa 3 de la constitution : organisation
d’autodétermination pour les territoires sous administration
française ayant vocation à accéder à l’indépendance (exemples :
Algérie en 1962, Djibouti en 1977).
– Article 88-5 de la constitution : organisation en Nouvelle-
Calédonie de plusieurs référendums portant sur le maintien du
territoire dans la République ou son accès à l’indépendance
conformément aux Accords de Nouméa de 1988 (le troisième et
dernier référendum organisé le 12 décembre 2021 a abouti,
comme les deux autres l’ayant précédé à une majorité favorable
au maintien du territoire dans la République française).
D. La démocratie participative
La démocratie participative désigne l’association des administrés
ou des citoyens (généralement appuyés par des associations ou des
organisations non gouvernementales pratiquant le lobbying) à la
phase préparatoire de certaines procédures et non à la prise de
décision elle-même qui reste du domaine des autorités. Elle est
utilisée notamment en matière d’aménagement du territoire,
d’urbanisme ou d’environnement.
Elle est parfois présentée comme étant une alternative au
référendum, sans risque de transformation de la consultation en
plébiscite ou de dérives populistes mais se pose la question de la
représentativité des personnes consultées et de leur mode de
désignation.
À la suite du mouvement des Gilets jaunes, une « convention
citoyenne » a été organisée en 2019-2020 au siège du Conseil
économique, social et environnemental pour associer 150 citoyens
tirés au sort par téléphone, choisis selon divers critères de
représentativité (origine géographique ; diplômes ; revenus ;
genre…). Cette commission, qui devait débattre pendant 9 mois des
mesures à prendre pour lutter contre le réchauffement climatique,
paraît n’avoir suscité qu’un intérêt assez faible dans l’opinion
publique, la population n’ayant pas été véritablement associée à ses
travaux. Le résultat de cette consultation est plutôt mitigé puisque
seuls 15 propositions sur 149 présentées ont été retenues dans la loi
n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement
climatique. Certaines propositions, comme par exemple la réduction
de la vitesse sur les autoroutes ont pu sembler trop en décalage
avec l’opinion publique.
La proposition de la Convention que trois référendums portant sur
des questions environnementales soient organisés, n’a pas été
retenue. D’ailleurs, le projet d’un référendum portant mention dans le
préambule de la constitution de la garantie de la préservation de
l’environnement, de la diversité biologique et de la lutte contre le
réchauffement climatique a aussi été écarté.
B. L’abstention
Contrairement à la Belgique, la France n’impose pas une obligation
de vote, voter étant un devoir civique que le citoyen doit accomplir.
Par conséquent, l’abstention n’est pas seulement une manifestation
de désintérêt vis-à-vis de la vie civique (les « pêcheurs à la ligne »,
qui préfèrent s’adonner à leur passion plutôt que d’aller voter) mais
peut être aussi l’expression de la remise en cause de l’offre des
partis institutionnels considérés comme ignorant les besoins du
peuple. À noter qu’en France les votes blancs ne sont pas comptés
parmi les exprimés. On constate une forte augmentation de
l’abstention électorale en France. Habituellement située autour de
20 % environ sous la Ve République, elle est montée
considérablement lors des derniers scrutins (pourcentages
d’abstention au 2e tour) :
– plus de 25 % (présidentielle 2017. Au 1er tour de l’élection
présidentielle de 2022, l’abstention était un peu plus de 26 %
(40 % chez les jeunes) ;
– plus de 57 % (législatives de 2017) ;
– plus de 65 % (départementales en 2021) ;
– plus de 58 % (municipales de 2020).
Même les consultations référendaires sont boudées :
– plus de 69 % d’abstention (quinquennat 2000) ;
– 57 % (traité constitutionnel européen, 2005) ;
– 72 % (référendum institutionnel de Guyane) ;
– 64 % (référendums institutionnels d’Alsace et de Martinique).
Ensuite, se pose la question de la concurrence entre démocratie
représentative et directe.
D’une part, le développement du populisme et de l’abstention
traduisent une méfiance grandissante des citoyens à l’encontre des
partis politiques et des élus en raison de l’absence de résolution
durable et efficace de certaines difficultés du pays, ressenties
comme autant de « crises » (crise des finances publiques, crise
économique, crise migratoire, crise de l’identité, crise des valeurs…)
avec le sentiment délétère en démocratie, que le vote ne permet pas
de changer les choses.
D’autre part, la très grande réticence des élus à donner la parole
au peuple par la voie du référendum traduit une méfiance des
représentants à l’égard de la sagacité politique des représentés et
contribue à agrandir le fossé entre eux. Surtout, le non-respect de la
décision du peuple dans les rares cas où un référendum a été
organisé (traité constitutionnel européen, aéroport de N.D. des
Landes…) a encore accru la méfiance des gouvernés envers les
gouvernants. Enfin, les critères restrictifs pour organiser un
référendum d’initiative populaire nourrissent le sentiment populiste
d’une confiscation du pouvoir par les dirigeants. La volonté de
développer la démocratie participative comme alternative ne semble
pas répondre à l’attente des citoyens si l’on en juge par l’impact
limité dans l’opinion publique. Toutefois, l’abstention est élevée, on
l’a vu, qu’il s’agisse d’une élection ou d’un référendum, ce qui révèle
la profondeur de la crise démocratique.
Le manque de confiance envers les élus et les institutions s’accroit
alors que l’on constate en parallèle un développement de diverses
formes de violences dans la société, ce qui traduit
vraisemblablement une nouvelle forme de contestation.
2. Problématique
Si la démocratie souffre de l’insuffisante formation civique des
électeurs, elle ne peut être effective qu’à la condition d’une
participation engagée et réelle des citoyens.
3. Proposition de plan
🠶 Introduction : Auteur, contexte, définition des termes, historique
rapide, actualité, problématique et annonce du plan
I. La démocratie nécessite la participation de citoyens
formés et éclairés
A. Le danger de l’ignorance
– Populisme et remise en cause démagogique des élites ;
– Les conséquences du développement des réseaux sociaux et
des nouvelles technologies.
B. Une nécessaire éducation civique à toutes les étapes de
la vie
– Nécessité d’une formation initiale du citoyen (éducation civique
dans le système scolaire) ;
– Nécessité d’une formation continue à la citoyenneté (rôle des
corps intermédiaires, de la presse, des associations…).
II. La démocratie nécessite l’engagement de citoyens
actifs et impliqués
A. Dans le cadre d’une démocratie représentative
– Dans les élections politiques ;
– Dans les élections professionnelles.
B. Dans le cadre des autres formes de démocratie
– Démocratie directe ;
– Démocratie participative ;
– Phrase de conclusion sur l’organisation de la Convention
citoyenneté climat d’octobre 2019.
Chapitre V
Les droits et libertés
Bibliographie
• E. Brenner (dir.), « Les territoires perdus de la République »,
2002 et 2015 ;
• J. Fourquet : « L’archipel français », Points, 2020 ;
• J-L. Harouel : « Les droits de l’Homme contre le peuple », De
Brouwer, 2016 ;
• M. Lafourcade : « Les droits de l’Homme », QSJ, PUF, 2018 ;
• P. Rosanvallon : « Le siècle du populisme », Points, 2021.
I Définitions
II Situation actuelle
A. Aspects généraux
Les textes parlent seulement de « droits » de l’Homme, non de
« devoirs ». Seul le préambule de la constitution de 1795 contenait à
la fois une déclaration des droits et une autre des devoirs de
l’Homme. Quant au préambule de 1946, il n’énonce qu’un seul
devoir : celui de travailler, en regard de l’affirmation du droit au
travail. En pratique, chaque droit affirmé dans les textes est
implicitement assorti de devoirs au travers de la conciliation des
différents droits fondamentaux, parfois contradictoires, par le
législateur et par les juges. Ainsi, aucune liberté n’étant absolue, les
limites qui sont apportées à son exercice, constituent autant de
devoirs implicites (exemple : la liberté de croyance garantie par
l’article 11 de la déclaration de 1789 est limitée par l’obligation de
répondre des abus de cette liberté définis par la loi, ce qui implique
le devoir d’un exercice paisible et non intrusif de cette liberté).
2. En matière politique
En matière politique, l’article 3 de la constitution, depuis 1999,
dispose que la loi doit favoriser l’égal accès des hommes et des
femmes aux mandats électoraux et fonction élective (notion de
« parité »). En application de ce texte, la loi du 6 juin 2000, met en
place une égalité obligatoire des candidatures masculines et
féminines dans les scrutins de listes avec une alternance stricte
par tranche de six (élections territoriales ; depuis 2013 la parité
s’applique dans les communes de 1 000 habitants et plus ; pour les
élections départementales, obligation de présenter un homme et une
femme dans chaque canton) et institue pour les scrutins
uninominaux une obligation de présenter 50 % d’hommes et 50 %
de femmes sous peine de sanctions financières.
Il y a 39 % de femmes à l’Assemblée nationale (2017-2022) et
35 % au Sénat (2021-2024) ; 40 % dans les conseils municipaux
(20 % élues maire) ; 48 % dans les conseils départementaux et
régionaux (18 % élues président).
3. Dans l’administration
Depuis les années 1970, un vaste mouvement a lieu en faveur de
l’égalité entre les hommes et les femmes.
Il a conduit notamment à la suppression des concours spécifiques
de recrutement pour les hommes et pour les femmes (notamment
dans l’Éducation nationale) ainsi qu’à la levée de la quasi-totalité des
interdictions ou des quotas d’accès à certains corps faites aux
femmes (armée, police…).
Le statut de la fonction public garantit un salaire égal quel que soit
le sexe de l’agent. En effet, le traitement est fixé réglementairement
selon la logique des grades, classes et échelons mais le problème
de l’égal accès aux emplois supérieurs reste posé. Depuis 2019 des
référents égalités sont mis en place dans l’ensemble des
administrations et des établissements publics. Par ailleurs, à la suite
d’une négociation entre l’État et les organisations syndicales
débutée en 2013 cinq axes ont été mis en place en 2019 :
– Renforcer la gouvernance des politiques d’égalité ;
– Créer les conditions d’un égal accès aux métiers et aux
responsabilités ;
– Supprimer les écarts de rémunération et de déroulement des
carrières ;
– Meilleure prise en compte des conséquences de la grossesse et
de la parentalité ;
– Renforcer la prévoyance et la lutte contre les violences sexuelles
et sexistes et les stéréotypes de genre.
La loi du 21 décembre 2021 relative à l’égalité en matière
professionnelle et économique prévoit l’instauration de quotas (40 %
de femmes dans les conseils d’administration des grandes
entreprises, 30 % dans les jurys et instances de l’enseignement
supérieur).
C. Les acteurs
La protection concrète des droits fondamentaux est assurée par
l’ensemble des juridictions.
Si la protection de la liberté individuelle relève du juge judiciaire
(article 66 de la constitution), notamment en matière de propriété et
de droit pénal, le juge administratif joue un rôle essentiel en matière
de libertés publiques et assure leur respect par les administrations à
l’égard des usagers, des agents et des cocontractants. Le conseil
constitutionnel et les cours européennes (cour européenne des
droits de l’Homme et cour de Justice de l’union européenne)
assurent respectivement le contrôle des actes législatifs quant à la
mise en œuvre des libertés fondamentales proclamées
respectivement par la constitution de 1958 d’une part, les
conventions internationales dont il a déjà été parlé d’autre part.
2. Analyse synthétique
– Les principaux textes relatifs aux libertés (1789, 1946…)
affirment la liberté individuelle, c’est-à-dire le droit d’agir selon sa
propre volonté et constitue donc la première affirmation d’un droit
à la différenciation au sein de la collectivité.
– Les droits proclamés ont toujours pour contrepartie des devoirs
implicites.
– Cette liberté s’exerce sous réserve des limites et de l’ordre public
établis par la loi c’est-à-dire du respect de l’intérêt collectif (intérêt
général).
– Débat sur l’assimilation ou l’intégration des étrangers.
– Le droit à l’indifférence est celui de se fondre dans la masse de la
société sans être renvoyé à une identité particulière ; droit de ne
pas être essentialisé, réduit à l’appartenance à un groupe ou une
catégorie.
– La liberté individuelle comporte le droit de ne pas appartenir à
une communauté ou un groupe minoritaire.
– Rôle de l’éducation nationale, et autrefois du service militaire
pour créer et renforcer le sentiment d’appartenance à la nation et
à des valeurs communes ; question du service civique.
– Au-delà des différences catégorielles, nécessité de développer la
citoyenneté, c’est-à-dire l’appartenance à une identité nationale
au sein de l’unité nationale.
– Partage de valeurs communes, souvent synthétisées sous le
nom de « principes républicains ».
– Le droit à la différence peut s’exercer dans le cadre des textes
existants.
– Affirmation d’abord du principe d’égalité puis de la non-
discrimination (cœur du principe d’égalité).
3. Problématique
Le droit à la différence assure la liberté des individus dans un
cadre égalitaire mais doit être concilié avec l’adhésion de tous à des
valeurs communes pour éviter l’éclatement de la cohésion de la
nation.
🠶 Introduction :
– Définition des termes ;
• Évolution de la question (notion de générations des droits de
l’Homme avec marche progressive de la protection de l’individu
à celle d’intérêts collectifs, apparition du droit des minorités
depuis une cinquantaine d’années,
• Paradoxe : revendiquer le droit à la différence aboutit à
demander à la fois la reconnaissance d’une spécificité identitaire
et la suppression de tout traitement distinctif de cette même
spécificité et peut conduire à exiger au nom de la différence des
droits égaux.
– Difficulté de déterminer concrètement en quoi deux situations
sont différentes et supposent un traitement différent ou sont
identiques et nécessitent un traitement identique ;
– Annonce de la problématique : Le droit à la différence assure la
liberté des individus dans un cadre égalitaire mais doit être
concilié avec l’adhésion de tous à des valeurs communes pour
éviter l’éclatement de la cohésion de la nation.
I. Le droit à la différence est à la fois revendiqué et contesté
A. La liberté individuelle, principale affirmation du droit à la
différence
– Les principaux textes relatifs aux libertés (1789, 1946…)
affirment la liberté individuelle, c’est-à-dire le droit d’agir selon sa
propre volonté et constitue donc la première affirmation d’un droit
à la différenciation au sein de la collectivité ;
– Cette liberté s’exerce sous réserve des limites et de l’ordre public
établis par la loi c’est-à-dire du respect de l’intérêt collectif (intérêt
général) ;
– Le droit à la différence peut s’exercer dans le cadre des textes
existants (la liberté religieuse protège le droit de vivre sa foi, la
liberté de l’enseignement permet aux familles de choisir
l’instruction qu’elles veulent donner à leurs enfants, la liberté
d’opinion permet de s’exprimer librement sous réserve de
répondre de l’abus de cette liberté, par exemple en cas de
diffamation…).
B. Droit à la différence et droit à l’indifférence
– Affirmation d’abord du principe d’égalité (on traite également des
situations égales mais on peut traiter de manière différente des
situations différentes, abondante jurisprudence du conseil d’État
et du conseil constitutionnel en la matière) puis de la non-
discrimination (cœur du principe d’égalité ;
– Le droit à l’indifférence est celui de se fondre dans la masse de la
société sans être renvoyé à une identité particulière mais en se
revendiquant seulement de l’identité commune et de la liberté
individuelle ; droit de ne pas être essentialisé, réduit à
l’appartenance à un groupe ou une catégorie (voir le débat sur le
choix du prénom : est-il révélateur d’une mode, d’une volonté
d’originalité, de l’appartenance à une identité communautaire ou
à l’identité nationale ?) ;
– La liberté individuelle comporte le droit de ne pas appartenir à
une communauté ou un groupe minoritaire.
II. La nécessité d’une conciliation entre le droit à la différence
et des valeurs communes
A. Au-delà des identités de groupe, l’identité nationale
– Partage de valeurs communes, souvent synthétisées sous le
nom de « principes républicains » : libertés individuelles, égalité,
non-discrimination, égalité entre hommes et femmes, laïcité ;
– Rôle clé joué par l’éducation nationale (et jadis par le service
militaire) pour créer et renforcer le sentiment d’appartenance à la
nation et à des valeurs communes ; nécessité de développer le
service civique pour renforcer à la fois le sentiment
d’appartenance commune et la nécessité du respect des droits
individuels.
B. Le respect de la différence dans le cadre de l’adhésion
aux valeurs communes de la société
– Au-delà des différences catégorielles communautaires, nécessité
de développer la citoyenneté, c’est-à-dire l’appartenance
commune à la communauté nationale, composée de l’ensemble
des personnes qui reconnaissent la primauté des principes
rappelés précédemment ;
– Débat sur l’assimilation (les différences relèvent exclusivement
de l’ordre du privé et de l’intime et ne sont pas opposables dans
la vie publique sous réserve du respect du principe de non-
discrimination) ou l’intégration (prise en compte dans le cadre
d’« accommodements raisonnables », selon la formule employée
dans les pays anglosaxons, de certains particularismes
communautaires dans le cadre de la vie publique s’ils ne sont pas
en contradiction avec les principes fondamentaux de l’État) des
étrangers ou des personnes d’origine étrangères vivant en
France.
Chapitre VI
Histoire, mémoires et identités
Bibliographie
• F. Braudel : « L’identité de la France », Champs histoire, 1992 ;
• J. Fourquet : « L’archipel français », Points, 2020 ;
• J. Le Goff : « Histoire et mémoire », Folio Histoire, 1988 ;
• G. Namer : « La commémoration en France depuis 1945 »,
L’Harmattan, 1985 ;
• P. Ory : « Qu’est-ce qu’une nation ? Une histoire mondiale » ,
NRF, 2020 ;
• P. Ricoeur : « La mémoire, l’histoire, l’oubli », Points, 2000 ;
• P. Rosanvallon : « Le siècle du populisme », Points, 2021.
II Évolution historique
A. Au niveau national
L’identité nationale (voir le chapitre sur la Nation) est l’ensemble
des caractéristiques politiques, économiques, sociales et culturelles
identifiées comme étant propres à un groupe constituant une nation
et qui soulignent ses traits spécifiques et son originalité par rapport
aux autres nations.
Si la société française a longtemps connu des divisions de nature
politique et idéologique (essentiellement monarchistes contre
républicains puis droite contre gauche ou partisans et adversaires de
la laïcité), les débats contemporains portent principalement sur des
questions d’identité intime (religion, origine ethnique ou
géographique, genre, orientation sexuelle…).
1. Au plan institutionnel
Au plan institutionnel, une structure nationale est chargée de faire
des propositions aux pouvoirs publics en matière de coopération :
France Mémoire, qui s’est substituée en 2021 à l’ancien Haut comité
des Commémorations nationales rattachée au ministère de la
culture. France Mémoire est un service au sein de l’Institut de
France. Ce dernier est une personne morale de droit public à statut
particulier placée sous la protection du président de la République et
n’est pas soumis à une tutelle de l’État, en raison de son caractère
académique. Ainsi, c’est un organisme indépendant de l’État, qui est
chargé de faire des propositions en matière de célébrations et
commémorations, ce qui permet de limiter le risque d’une
instrumentalisation politique. La mission de France Mémoire, telle
que définie par une convention signée en 2020 entre le ministère de
la culture et l’Institut de France est, de sélectionner chaque année
une cinquantaine d’anniversaires marquants pour l’histoire nationale
concernant des évènements, des œuvres ou des personnalités afin
d’en proposer la commémoration. Pour ce faire, France Mémoire
s’appuie sur l’expertise des membres des cinq académies qui
composent l’Institut de France, ce qui constitue une garantie de la
qualité scientifique des projets retenus. France Mémoire élabore des
contenus documentaires originaux mis en ligne sur son site et peut
venir en appui d’autres initiatives prises par d’autres institutions
(notamment des collectivités territoriales, des établissements
publics, des associations ou des entreprises), pour organiser des
évènements (conférences, expositions, spectacles…).
Par exception à la mission de France Mémoire, la direction des
patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère délégué
chargé de la mémoire et des anciens combattants des
commémorations (placé auprès du ministère de la défense) est
toujours chargée de l’organisation de onze commémorations
annuelles relatives à la mémoire de la France combattante durant
les conflits de l’histoire contemporaine. Par ailleurs, les armées
disposent de leur propre service historique. Certains évènements
peuvent faire l’objet d’une commémoration commune, ou de
célébrations parallèles par les deux institutions.
Certaines commémorations nationales constituent des jours fériés
(exemples : 8 mai, 14 juillet et 11 novembre). D’autre sont célébrés
par les instances officielles mais ne sont pas chômés dans tout le
pays (exemple : la commémoration des victimes de l’esclavage est
célébrée sur tout le territoire national mais ne donne lieu à jour férié
que dans certaines collectivités d’outre-mer). Enfin, certaines dates
donnent lieu à célébrations nationales sans congé (fin de la guerre
d’Algérie, rafle du Vel d’hiv.).
B. Au niveau local
Dans de nombreuses collectivités territoriales, un membre de
l’exécutif (maire-adjoint ou vice-président) est chargé des questions
de mémoires. Ce portefeuille est généralement jumelé avec la
responsabilité des anciens-combattants (dans les communes
essentiellement), de la culture, du patrimoine ou des associations.
L’affirmation d’une identité locale trop marquée par rapport à
l’appartenance nationale a longtemps été considérée comme
dangereuse parce qu’elle pouvait remettre en cause le caractère
unitaire de l’État. La seule identité reconnue dans la sphère publique
étant uniquement nationale, l’identité locale doit relever de la sphère
privée. C’est ainsi que les mouvements apparus au xixe siècle en
faveur de la promotion des langues et cultures et identités régionales
(félibrige, langues basque, bretonne, alsacienne…) ont été accusés
avant 1914 d’amoindrir le sentiment patriotique national. Frédéric
Mistral (1830-1914) plaidait que l’attachement à la « Petite Patrie »
(la province d’origine) et à la « Grande Patrie » (la France) sont
complémentaires, l’une nourrissant l’autre.
Depuis la Révolution, l’institution du service militaire (1872) puis de
l’enseignement primaire obligatoires (1882) puis l’exode rural ont
généralisé l’usage du français et favorisé une ouverture au-delà du
lieu de naissance, ont contribué à amoindrir les particularismes
locaux au profit de l’identité nationale et de l’adhésion aux principes
républicains. Il existe toujours des particularismes locaux (accents,
vocabulaire spécifique, tournures linguistiques propres, sentiment
d’appartenance à un terroir…) fondés sur la continuité de traditions
héritées du passé. Il existe également une identité apparue plus
récemment dans les grandes villes, partagée par l’ensemble de la
population (exemple : l’identité marseillaise qui est revendiquée par
les habitants de toutes origines communiant notamment autour du
sentiment de la singularité de leur ville et de l’attachement au club
de football local). Par ailleurs, on constate l’apparition d’une nouvelle
forme d’identité locale, née de l’urbanisation entreprise depuis les
années 1960, celle des « quartiers » dans les banlieues (voir le
chapitre sur la Nation), qui, en raison de l’échec de l’assimilation
d’une partie des populations récemment immigrées, se substitue à
l’identité nationale française pour des personnes ayant pourtant la
nationalité française.
Bibliographie
• F. Braudel : « L’identité de la France », Champs histoire, 1992 ;
• G. Duby : « le dimanche de Bouvines », 1973 ;
• J. Fourquet : « L’archipel français », Points, 2020 ;
• M. Mauss : « La Nation », 1953, réédition par l’Esprit du temps,
collection les textes essentiels ;
• P. Ory : « Qu’est-ce qu’une nation ? Une histoire mondiale »,
NRF, 2020 ;
• E. Renan : « Qu’est-ce qu’une nation ? », 1882, réédition
l’Esprit du temps, collection Les textes essentiels ;
• P. Rosanvallon : « Le siècle du populisme », Points, 2021.
Toutes ces notions sont assez difficiles à cerner car, si elles sont
fréquemment utilisées dans le discours politique elles restent
ambiguës.
La Nation (latin natio, dérivé de nasci/ natus c’est-à-dire naître et
être né) désigne l’ensemble des individus qui sont originaires du ou
vivent dans le même pays. La nation va donc se caractériser par la
conscience de son unité (ethnique, linguistique, culturelle…) et la
volonté de vivre en commun (Le Robert). Il s’agit de l’ensemble des
individus liés par une communauté de culture, d’histoire et de
traditions avec des éléments divers communs, d’ailleurs variables
selon les Nations : langue, territoire, folklore, souvenirs, histoire,
idéologie, principes communs, littérature… Par exemple on peut
citer, parmi beaucoup d’autres :
– la Nation française repose sur l’idée du partage d’une histoire, de
valeurs communes (les principes « républicains », voir ci-
dessous) mais aussi d’une conception de l’avenir. Lorsque
Charles De Gaulle (1890-1970), dans les Mémoires de guerre
(1952) se revendique d’« une certaine idée de la France », c’est
incontestablement à la Nation qu’il se réfère, telle qu’elle a été
façonnée par les régimes successifs. Il est d’ailleurs significatif
que la France, à deux ans d’intervalle ait commémoré le
millénaire capétien (1987) et le bicentenaire de la révolution
(1989).
La construction du sentiment national français a été largement
l’œuvre de l’État, monarchique puis républicain (voir État-nation).
On fait remonter l’apparition de la nation française à la bataille de
Bouvines en 1214 comme l’a souligné Georges Duby (1919-
1996) dans « Le dimanche de Bouvines » (1973), l’armée de
Philippe-Auguste, épaulée par des milices communales, ayant
constitué une ébauche de la nation française, c’est-à-dire de
l’union du roi et du peuple contre les féodaux coalisés. Le
sentiment national en France a été fortement affirmé lors de la
révolution de 1789 (la souveraineté passe du roi à la nation, la
devise de l’État est durant la première monarchie
constitutionnelle en 1791-1792 « La nation, la loi, le roi »). La
Fête de la fédération (1790), un an après la prise de la Bastille,
devait célébrer l’unité retrouvée de la Nation française autour de
ses nouveaux principes fondamentaux, tels que formulés dans la
Déclaration de 1789 (c’est pour cela que le jour de la fête
nationale est fixé en 1880 au 14 juillet afin de rappeler à la fois
1789 et 1790). Par ailleurs, la levée en masse de soldats en
1792-1795 pour aller combattre à la frontière nord-est l’invasion
par les alliés avec la bataille de Valmy comme point d’orgue, a
puissamment contribué à l’affirmation comme à l’imagerie de la
Nation française. La querelle autour du drapeau tricolore en
1871-1873 (une partie des monarchistes refusant de reconnaître
le drapeau symbole de la révolution comme étant celui de la
France) constitua une division majeure de la société française. Le
développement du service militaire obligatoire pour les hommes
(1872) et l’institution de l’enseignement primaire obligatoire,
gratuit, laïc et francophone (1881-1882) ont puissamment
contribué au sentiment national français. Ce dernier fut retrempé
avec l’« Union sacrée » des forces politiques (y compris non-
républicaines) autour de la défense du territoire et du drapeau
tricolore, désormais reconnu par tous. Les grandes batailles de
ce conflit (La Marne, Verdun, Chemin des dames…) sont
représentées comme le symbole même de la nation unie luttant
pour sa survie contre l’envahisseur. Enfin, la nation française
s’incarne aussi dans la geste de la Résistance (1940-1945), dans
le cadre d’un combat portant à la fois sur la défense de la Patrie
et sur celle des principes démocratiques. Les années qui suivent
la Seconde guerre mondiale, marquées par la volonté de défense
de la paix, la décolonisation, la construction européenne et la
mondialisation, sont celles durant lesquelles les termes nation et
patrie ont été marginalisés dans le débat public français., avant
de revenir en force depuis quelques années.
– la Nation allemande repose sur l’idée qu’y appartiennent les
individus qui ont en partage la langue allemande selon une
certaine mystique ethnique et culturelle (Fichte, Discours à la
nation allemande, 1807), ce qui contribua à faciliter le
développement du pangermanisme, mouvement visant à unifier
par la force l’ensemble des populations germanophones vivant
dans des États différents et qui fut à l’origine de graves crises
européennes comme celle des allemands des Sudètes et des
Carpathes (1938-1946).
La différence de conception de la nation entre la France et
l’Allemagne explique la longévité de la crise sur l’Alsace et la
Moselle : selon les Allemands, ces départements, qui avaient été
annexés par la France sous l’ancien régime avaient des
populations qui se rattachaient à la nation allemande (langue,
culture, usages…) ; selon les Français, l’appartenance à la
Nation française devait résulter du libre choix de partager les
principes partagés par ses membres et est ouvert à toute
personne et toute population acceptant d’y adhérer. Bref, selon
l’optique envisagée, alsaciens et mosellans avaient, soit le choix
de devenir français par inclinaison, soit l’obligation de devenir
allemands par déterminisme. Selon l’abbé Sieyès (1748-1836), la
Nation est « un corps d’associés vivant sous une loi commune et
représentés par le même législateur » (Qu’est-ce que le Tiers
état ?, 1789). Pour Ernest Renan (1823-1892), « la nation est un
plébiscite de tous les jours » (« Qu’est-ce qu’une nation », 1882),
c’est-à-dire une adhésion renouvelée à des valeurs communes.
Enfin, pour Numa Fustel de Coulange (1830-1889), à propos de
la question d’Alsace-Lorraine : ce qui distingue les nations et
constitue la Patrie, ce n’est ni la race, ni la langue mais la
communauté d’idées, d’affections, d’intérêts, d’idées, de
souvenirs et d’espérance. Pour Georges Burdeau (1905-1988), la
Nation est un « rêve partagé ».
– les Nations belge, suisse ou canadienne reposent sur le partage
de la volonté de leurs habitants de s’unir dans le respect et
l’affirmation de leur diversité autour de principes communs bien
qu’ayant des langues et des cultures différentes.
– la Nation américaine repose sur le partage du respect des
institutions et des principes énumérés par les Pères fondateurs
lors de l’indépendance en 1776 puis de l’adoption des institutions
en 1787 et 1791 et telles que conçues et confirmées après la fin
de la guerre civile (1865). Il existe toutefois de forts
particularismes locaux, notamment dans le sud et l’ouest. Le
consensus mémoriel est ébranlé sur certaines questions
(notamment l’esclavage et les guerres indiennes) et la
contestation a pris de l’ampleur dans le cadre du wokisme et de
la cancel culture (voir le chapitre sur Histoire, mémoire et
identité).
L’État : Selon Max Weber, l’État est une personne morale de droit
public territoriale et souveraine détenant à l’encontre de sa
population et sur son territoire le monopole de la violence légitime
(voir le chapitre sur l’État). Dans l’exemple français, l’État désigne
l’ensemble des institutions et des procédures relatives aux actions
politiques et normatives menées dans le cadre de la nation, les deux
termes étant très intimement liés, voire confondus. L’État-nation
désigne le territoire sur lequel l’État et la Nation coïncident (voir le
chapitre sur l’État). La France, dans laquelle l’État, monarchique puis
républicain a construit la nation, a longtemps été considérée comme
étant à la fois l’origine et le modèle de l’État-Nation.
Avant la révolution de 1789, la France était constituée d’un
ensemble de territoires à statuts variables dont les couronnes étaient
rassemblées sur la tête du roi de France (qui était aussi, sur les
territoires concernés et en même temps : duc de Bretagne, de
Normandie, de Lorraine, de Bourgogne, comte de Provence…) qui
prenait les décisions politiques communes mais sans unité ni
institutionnelle, ni fiscale. Toutefois, à compter du règne de Louis XIV
et à l’instigation de Colbert, des ordonnances furent adoptées pour
unifier, mais de manière limitée, le droit dans certains domaines.
Lors de la Révolution française, l’affirmation du principe général
d’égalité eut pour conséquence au plan territorial, l’affirmation du
principe de l’unité et de l’indivisibilité de la Nation française avec un
seul centre de décision politique et normatif : l’État unitaire (voir le
chapitre sur l’État). Le modèle de l’État-nation est, dès lors, devenu,
est celui de la République française :
– l’article 3 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen
du 26 août 1789) dispose que : « Le principe de toute
souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps,
nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane
expressément. » ;
– le préambule de la Constitution de 1946 énonce dans son
10e alinéa que « La nation assure à l’individu et à la famille les
conditions nécessaires à leur développement. » énumère divers
droits économiques sociaux et culturels incombant à la nation ;
– l’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958, rappelle que la
France est une République indivisible dont l’organisation est
décentralisée, cependant que selon l’article 3 « la souveraineté
nationale appartient au peuple ».
Le Peuple, selon le dictionnaire Larousse, désigne l’ensemble des
personnes vivant en société sur un même territoire et unies par des
liens culturels et des institutions communes et constituant, avec le
territoire et la souveraineté l’un des éléments constitutifs de l’État.
Nation et pays sont synonymes de peuple. La notion de peuple est
relative aux titulaires de la citoyenneté (le Peuple français, italien…)
et ne recouvre donc pas celle de population, mentionnée à propos
de l’État, car cette dernière comprend l’ensemble des habitants, y
compris étrangers.
La nationalité désigne :
– au sens large, l’identité découlant de l’appartenance d’un individu
à une communauté humaine, attribuée selon des critères
juridiques ou ethniques. Selon le « principe des nationalités, les
personnes appartenant à un même groupe sur un même territoire
doivent pouvoir librement déterminer leur État de rattachement.
– au sens strict, la nationalité se confond avec la citoyenneté.
La citoyenneté désigne le lien juridique conférant à la fois les
droits et les devoirs les plus étendus à un individu vis-à-vis d’un État.
En France, citoyenneté et nationalité se confondent car tous les
citoyens sont des nationaux et seuls les citoyens peuvent être des
nationaux. Il n’a jamais existé d’irrédentisme linguistique en faveur
des francophones d’une autre nationalité pour annexer les territoires
qu’ils habitent à la France, contrairement à ce qui exista en
Allemagne. Dans d’autres États nationalité et citoyenneté ont pu
avoir une signification différente. Par exemple : en Tchécoslovaquie,
on distinguait entre, d’une part, la citoyenneté (tchécoslovaque, lien
juridique avec l’État conférant les droits politiques et le droit à un
passeport) et la nationalité (selon l’appartenance à tel groupe
communautaire : tchèque, slovaque, allemand… conférant des
garanties identitaires en matière culturelle, linguistique, scolaire…).
2. Contexte de la citation
Écrit en 1935, le texte dont est extrait la citation est contemporain à
la fois du développement des régimes totalitaires en Europe et du
développement de la volonté de résolution pacifique des conflits
avec la Société des Nations et des échecs successifs de cette
dernière (guerre d’Éthiopie par l’Italie en 1935, occupation de la
Rhénanie la même année, de l’Autriche et des Sudètes par
l’Allemagne en 1938) la montée du nationalisme en France (6 février
1934, Ligues…). Albert Schweizer étant alsacien et ayant été
successivement alsacien et français, il est particulièrement marqué
par l’affrontement entre France et Allemagne sur la possession de
l’Alsace et de la Lorraine.
4. Analyse
L’auteur, tout en reconnaissant la légitimité du patriotisme, dénonce
les excès du nationalisme. Quand il parle à ce propos d’une « idée
fixe », il le fait sans doute autant en tant que médecin que comme
analyste favorable à la démocratie libérale (voir la question du
régionalisme par rapport à l’unité nationale). On peut rappeler que
les régionalistes français (Frédéric Mistral 1830-1914) et italiens
(Giovanni Verga 1841-1922) défendaient l’idée que l’attachement à
sa province et sa langue régionale (« petite patrie ») étaient tout à
fait compatible avec l’amour de la Nation, (« la grande patrie »). La
construction européenne, à la fois internationale et interrégionale,
marque la prise en compte de cette alternative au nationalisme
comme moyen de garantir une paix de concessions réciproques et
de coopérations. Enfin, il convient de prendre en compte le récent
débat sur le communautarisme et le séparatisme, lié à l’insuffisante
assimilation de populations d’origines étrangères arrivée sur le
territoire français, parfois, ce qui est la marque la plus nette de cet
échec, depuis plusieurs générations.
5. Problématique
S’il est nécessaire de promouvoir l’identité nationale au travers de
la notion de patrie afin que les individus composant la société
puissent disposer de valeurs communes tout en respectant l(identité
propre des divers groupes, son exaspération au travers du
nationalisme est dangereuse et rend nécessaire de protéger
également les valeurs de l’universalisme.
6. Plan
🠶 Introduction :
– Auteur ;
– Contexte historique ;
– Évolution actuelle (le communautarisme et le séparatisme
comme nouvelle forme de nationalisme ; développement de
l’exaltation nationaliste dans de nombreuses parties du monde) ;
– Définitions ;
– Problématique ;
– Annonce.
I. La nécessaire promotion de l’identité nationale au travers du
patriotisme
A. Le patriotisme comme cadre unificateur de la société et élément
fondateur de l’identité nationale (la France, au moins depuis
1792, s’est construite dans le cadre de l’État-nation ; même si le
terme « République » tend à se substituer à celui de Nation dans
le discours politique, la Nation est encore très présente dans le
vocabulaire français : éducation nationale, sociétés nationales,
intérêt national, souveraineté nationale, assemblée nationale…).
B. La prise en compte de la diversité des identités dans la société
française contemporaine dans le respect de l’identité nationale
(identité régionale, communautarisme, religions, question des
discriminations positives et du « volontarisme républicain »
confrontés au mythe du principe d’égalité des citoyens devant la
loi, l’impôt, les charges publiques…).
II. La nécessaire protection de l’universalisme contre le
nationalisme
A. Le nationalisme, exaspération du patriotisme, porte en lui le
risque de la guerre et de l’impérialisme (rappel des deux guerres
mondiales, dont l’auteur fut le contemporain, exemples récents
des guerres ethniques ou de purification ethnique, mouvements
nationalistes extrêmes dans divers pays, la guerre en Ukraine…).
B. La recherche d’une conciliation dans le cadre international entre
l’intérêt individuel des nations et la solidarité (aides au
développement, différentes formes de coopération internationale
dans le cadre d’organisations internationales universelles ou
régionales, promotion de la diversité culturelle, promotion du droit
des minorités, promotion de la construction européenne comme
lieu de réconciliation et de coopération dans le respect des
identités, coopération interrégionale et transfrontalière, identités
et langues locales…).
Chapitre VIII
Religion et laïcité
Bibliographie
• J. Barbeit : « Histoire de la laïcité », PUF ? QSJ, 2021 ;
• A. Bida : « Le génie de la France, le vrai sens de ; la laïcité »,
Albin Michel, 2021 ;
• M. Philip-Gay : « Le droit de la laïcité », Ellipses, 2016 ;
• P. Weil : « De la laïcité en France », Grasset, 2021.
I Définitions
A. Religion
Au singulier, la religion (latin, relier) désigne la verbalisation d’une
transcendance formulée pour témoigner de et expliquer la réalité et
l’organisation du monde, ainsi que l’origine de la vie selon une
dogmatique d’origine divine (Larousse).
Au pluriel, les religions désignent l’ensemble des doctrines
constituant un code de prescriptions que le croyant doit suivre et
proposant une explication du monde et donnant les modalités des
relations entre le Divin et les hommes (Larousse).
Une religion d’État désigne le culte bénéficiant de la protection de
l’État, qui en fait la religion officielle du pays dans le cadre de
relations particulières. L’existence d’une religion d’État n’est pas
incompatible, dans le cadre d’un État libéral, avec la liberté des
fidèles des autres religions de pratiquer leur culte (exemple :
Royaume-Uni). En France, le catholicisme fut religion d’État entre
1814 et 1830, puis religion pratiquée par la majorité des Français
entre 1830 et 1848. Entre 1802 et 1905, dans le cadre du concordat
de 1801 (traité portant sur les questions religieuses signé avec le
Vatican), il existait un service public des cultes relatif au
catholicisme, au protestantisme et au judaïsme, dont les religieux
étaient rémunérés par l’État comme des agents publics. Ce régime a
été supprimé par la loi de 1905 relative à la laïcité (voir ci-dessous).
Toutefois, le régime concordataire est toujours applicable dans les
départements de la Moselle, du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, qui étaient
annexés à l’Empire allemand lors de sa suppression pour le reste de
la France.
La croyance religieuse relève de la foi, c’est-à-dire de la conviction
de l’existence d’une réalité supérieure ayant précédé la création du
monde et de l’humanité. La science ne permet ni de prouver ni
d’infirmer l’existence de Dieu. La théorie du Big Bang est relative à la
description des différents modèles de physique relatifs à une
explosion survenue il y a environ 13 milliards d’années et qui serait à
l’origine de l’apparition de l’univers et de son expansion. Toutefois,
cette théorie ne préjuge pas de l’existence d’un éventuel instant
initial à partir duquel tout aurait commencé et ne prétend pas
déterminer le point de commencement du temps ni son origine
(divine ou due à un phénomène physique naturel).
B. Laïcité
Sous l’Ancien-régime, la religion catholique était religion d’État et la
pratique des autres religions était interdite (révocation de l’Édit de
Nantes en 1685 interdisant la pratique du protestantisme), sauf
quelques dérogations (par exemple, lorsque l’Alsace fut rattachée à
la France, les protestants alsaciens eurent la garantie de pouvoir
exercer librement leur culte sur le territoire de la province).
L’article 10 de la Déclaration de 1789 a affirmé que « Nul ne doit
être inquiété pour ses opinions, même religieuses pourvu que leur
manifestation de trouble pas l’ordre public établi par la loi ». Cette
reconnaissance de la liberté religieuse n’a pas fait obstacle à la mise
en place du service-public des cultes entre 1802 et 1905 (voir ci-
dessus), qui conduisait l’État a exercer un certain contrôle sur les
cultes (notamment en matière de nominations) mais donnait à
l’Église catholique un rôle éminent, notamment dans le domaine de
l’enseignement. En 1792, il fut procédé à la laïcisation de l’état-civil.
Après le rétablissement de la république en 1870 diverses mesures
mesures de laïcisation ont été prises (voir ci-dessous)…
Au plan administratif, les cultes, qui ne sont plus un service public,
relèvent du ministère de l’intérieur qui en assure la tutelle.
La laïcité implique la neutralité de l’État en matière religieuse, en
aucun cas l’hostilité envers les religions pratiquées dans le respect
de l’ordre public. Il n’appartient pas à l’État de reconnaître ou non
telle ou telle religion ou d’établir une hiérarchie entre elles car toute
sont, sous cette réserve de l’ordre public, librement praticables. La
notion de « dérive sectaire » permet de sanctionner pénalement tout
culte, tout célébrant ou tout pratiquant, dont le comportement conduit
à la commission d’infractions pénales constituant des abus de
faiblesse sur des personnes fragiles.
II Évolution historique
A. Aspects généraux
L’alinéa 13 du préambule constitutionnel de 1946 dispose que
« L’organisation d’un enseignement public et gratuit à tous les
degrés est un devoir de l’État ». Il résulte de l’article 1er de la
Constitution de 1958 que « La France est une République laïque […
s] et assure l’égalité des citoyens sans distinction d’origine, de race
ou de religion »). Le préambule de la Constitution du 27 octobre
1946 affirme que « nul ne peut être lésé, dans son travail ou son
emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses
croyances ». Il est périodiquement projeté de compléter le
préambule constitutionnel avec un texte spécifique sur la laïcité sous
forme d’une charte, sans que cette intention aboutisse
concrètement. Par ailleurs, divers ministères, comme l’Éducation
nationale ou la Santé, ont adopté en interne une charte relative à la
laïcité rappelant les points principaux applicables à leur domaine
d’action. La liberté religieuse est également garantie par l’article 9 de
la convention européenne des droits de l’Homme (« Toute personne
a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion »). Le
principe de neutralité est conforté par la CEDH (15 février 2001,
Mme Dahlab c/Suisse). En 2021, 51 % des Français déclarent ne
pas croire en Dieu. Pourtant, en 2019, 56 % des Français se
déclarent catholiques (90 % en 1900 ; 87 % en 1972 ; 65 % en
2010), 32 % sans religion, 8 % musulmans et 0,73 % juif). La France
apparaît comme étant une société très sécularisée et laïque dans
laquelle le sentiment d’appartenance religieuse peut être davantage
identitaire (rattachement à des valeurs et traditions) que cultuel
(adhésion à un corpus dogmatique au travers de la théologie et
participation régulière aux cérémonies).
Selon le ministère de l’Intérieur, il y a eu, en 2020, environ
1800 actes de violence contre des lieux de cultes ou des croyants :
1052 catholiques, 687 juifs et 154 musulmans, ce qui est très
préoccupant quant à l’augmentation de la violence et sur le non-
respect à l’égard de la liberté religieuse et témoigne d’un
raidissement de la société française en la matière. Ces chiffres
soulignent par ailleurs que les chrétiens subissent en France un
nombre nettement plus important d’attaques que les autres cultes.
Notamment à l’occasion des grandes cérémonies, l’État est amené à
mettre en place une protection des lieux de culte.
On oppose parfois, dans les débats publics, une laïcité « ouverte »
(mettant en œuvre des accommodements raisonnables entre les
principes de la loi de 1905 et les exigences de certains cultes, par
exemple en matière de jours de repos rituels ou de prescriptions
alimentaires) et une laïcité « fermée » (ou « laïcarde », conduisant à
une application stricte de la loi). Toutefois, depuis 1905, la loi sur la
séparation de l’État et des églises, a le plus souvent fait l’objet d’une
application nuancée de la part des pouvoirs publics, sous le contrôle
du juge administratif, qui veille à limiter les excès de zèle des
autorités publiques (voir ci-dessous).
La séparation de l’État et des églises ne signifie pas ignorance des
religions de la part des acteurs publics mais seulement neutralité.
Ainsi, l’État entretient des relations institutionnelles avec des
structures représentatives des différents cultes (voir ci-dessous la
question des aumôneries), telles que la Conférence nationale des
évêques de France, la Fédération protestante de France et le
Consistoire israélite de France, qui disposent à la fois d’une
représentation centrale à Paris et de délégations en province et sont
les interlocuteurs des pouvoirs publics, en ce qui concerne les cultes
ex-concordataires. Pour l’islam, qui n’est pas un culte
institutionnalisé, l’interlocuteur principal des pouvoirs publics fut
longtemps la mosquée de Paris. En 2003, un organe représentatif, le
Conseil français du culte musulman, a été créé à l’initiative de l’État
et de certaines associations mais sans rencontrer l’adhésion de tous
les fidèles en raison de concurrences internes.
C. Cultes et associations
D’une part, la loi de 1905 a créé des associations cultuelles, c’est-
à-dire dont l’objet exclusif est la gestion matérielle d’un culte, qui
relèvent d’un régime juridique différent de celui des associations de
1901 et sont placées sous un contrôle plus strict de l’État,
notamment au plan financier et comptable avec certification des
comptes. Elles ne peuvent être, ni financées, ni subventionnées par
des personnes publiques. Elles ont l’obligation de se déclarer au
préfet tous les cinq ans. Elles sont affectataires des édifices de
cultes relevant des anciens cultes concordataires mis à leur
disposition par les mairies et assurent la gestion des bâtiments
construits après 1905. Le statut d’association loi de 1905 peut
également être appliqué pour la gestion des édifices affectés à des
cultes non concordataires dont ces associations sont propriétaires
ou locataires (voir ci-dessus), mais beaucoup de bâtiments sont en
fait gérés par des associations loi de 1901 (exemple : 90 % des
mosquées sont gérées par une association loi de 1901) Toutefois, le
Conseil d’État (CE, 19 juillet 2011, Mme V.), a jugé que le législateur
peut déroger par une loi particulière à l’interdiction de toute
contribution financière à la construction de nouveaux édifices
cultuels et autoriser une collectivité territoriale à mettre un terrain lui
appartenant à la disposition d’une association cultuelle pour
l’édification d’un lieu de culte dans le cadre d’un bail emphytéotique
administratif, moyennant le paiement d’une redevance modeste et
sous réserve de l’intégration du bâtiment dans le patrimoine de la
collectivité à l’échéance du bail.
D’autre part, pour les questions autres que la gestion matérielle
d’un culte, des associations de la loi de 1901 peuvent avoir un objet
religieux (réunir les fidèles de telle religion, organiser des
conférences, des lectures ou des séminaires portant sur l’étude de
textes…) ou un objet culturel en lien avec une religion (actions dans
le domaine de l’art, de l’histoire, de l’étude de telle civilisation, cours
de langue, expositions, conférences…). Les personnes publiques
peuvent par contre librement subventionner de telles associations de
la loi 1901. Il arrive d’ailleurs parfois que la construction d’un
nouveau lieu de culte soit réalisée sur deux terrains, appartenant l’un
à une association cultuelle de la loi de 1905 ne bénéficiant d’aucune
subvention et finançant la construction, sur ses propres deniers, au
travers de dons ou de prêts, de bâtiments destinés aux cultes (salles
de prières, bureau des célébrants…), l’autre à une association de la
loi de 1901, pouvant bénéficier de subventions, finançant la
construction de bâtiments n’ayant pas de caractère cultuel
(bibliothèque, centre culturel, salle de conférences, lieu de
restauration…).
À noter que la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 relative à la lutte
contre le séparatisme étend aux associations de la loi de 1901 ayant
un objet religieux les obligations pesant en matière financière et
comptable sur les associations cultuelles de la loi de 1905. En
particulier, la comptabilité doit permettre de distinguer les activités
religieuses des autres objets associatifs. Le préfet peut demander à
une telle association loi de 1901 de se transformer en association loi
de 1905. Les dons supérieurs à 10 000 euros en provenance de
l’étranger doivent être déclarés.
Le ministère de l’intérieur peut procéder à la dissolution d’une
association (de la loi de 1901 ou de celle de 1905) si ses activités ne
respectent pas les principes de la loi de 1905 ou menacent l’ordre
public, la santé publique ou la salubrité publique.
D. La laïcité dans les services publics et la fonction
publique
1. Concernant l’administration
Les personnes publiques ne peuvent financer ni subventionner
aucun culte. Par ailleurs, elles sont soumises à la neutralité en
matière religieuse. Ainsi, il ne peut figurer aucun signe religieux dans
les bâtiments publics. À la suite de la loi de 1905, les crucifix furent
retirés des édifices publics, notamment des mairies et des prétoires.
Toutefois, certains étaient demeurés en place, ce qui a nourri un
contentieux en la matière presque un siècle après l’adoption de ce
principe (CAA Nantes, 4 février 1999, Assoc. civique Joué
Langueurs).
Il a été jugé que l’attribution, par une commune d’une subvention
pour installer un ascenseur facilitant l’accès des handicapés à un
monument religieux est légale dans la mesure où cet équipement
bénéficie à la fois aux fidèles et aux touristes et que participant au
rayonnement touristique et économique de la collectivité, cela
représente bien un intérêt local CE, 19 juillet 2011, Fédération de la
libre-pensée et de l’action sociale du Rhône et M. P).
L’installation d’une crèche de Noël dans un bâtiment public n’est
pas illégale à condition qu’elle présente un caractère temporaire,
qu’elle ne donne lieu à aucun prosélytisme et qu’elle présente le
caractère d’une manifestation culturelle ou festive, c’est-à-dire non
cultuelle (CE, Ordonnance du 9 novembre 2016). En effet, une
crèche peut avoir soit une signification religieuse (célébration par les
chrétiens de la naissance du Christ), soit une signification profane
(tradition culturelle et identitaire de certaines régions ou de certains
pays). Toutefois, le principe de neutralité prohibe l’installation d’une
crèche dans un bâtiment public abritant un service public sauf s’il
s’agit d’un usage local établi (TA Lyon, 5 octobre 2017 et CAA
Nantes, 6 octobre 2017). Par contre, dans d’autres emplacements
publics (voies, places, jardins publics…) une crèche de Noël peut
être librement installée à l’occasion des fêtes de fin d’année à
condition que cela ne constitue pas une manifestation de
prosélytisme (CE, Ordonnance du 9 novembre 2016 précitée).
Paradoxalement, l’installation de sapins de Noël (sous la forme d’un
arbre véritable ou d’une représentation quelconque) ou de figures du
Père Noël par les collectivités publiques sont totalement libres et ne
semblent pas méconnaître la laïcité bien qu’elles soient à l’origine
des symboles religieux. En effet, l’arbre de Noël, toujours vert au
cœur de l’hiver, symbolisait dans les religions préchrétiennes
germaniques et scandinaves, la vie qui continue et l’espérance de la
renaissance de la nature au printemps. Quant au personnage du
Père Noël, avant de devenir au xxe siècle, un symbole de la société
de consommation, il fut la représentation du dieu nordique Heimdall
(par ailleurs, chez les chrétiens, Saint-Nicolas représente une figure
assez semblable).
Par une ordonnance du 28 août 2016, le Conseil d’État a jugé que
l’interdiction par un maire du port en public d’un burkini (maillot de
bain couvrant la tête, le torse et une partie des membres porté par
certaines musulmanes pratiquantes pour motif religieux) sur une
plage porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté
de conscience, à la liberté personnelle et à la liberté d’aller et de
venir sauf à établir l’existence d’un risque d’atteinte à l’ordre public
(exemple d’atteinte à l’ordre public justifiant un tel arrêté ; selon la
CAA de Marseille, 3 juillet 2017, Commune de Sisco, est légale au
regard de l’objectif de protection de l’ordre public la décision d’un
maire interdisant le port du burkini quelques jours après une violente
altercation sur une plage entre plusieurs familles, dont certains
membres portaient un hijab ou une burka et des habitants de la
commune ayant nécessité l’envoi d’une centaine de membres des
forces de l’ordre avec un bilan de cinq personnes hospitalisées et de
trois véhicules incendiés).
La question de la réservation de créneaux horaires à des groupes
pour l’accès à une piscine publique est complexe. S’il est fréquent
que des horaires soient banalisés au profit de groupes scolaires ou
d’associations sportives, l’extension de cette possibilité à des
groupes qui, sous couvert d’une activité associative ordinaire,
veulent obtenir la privatisation d’un équipement public (accès séparé
pour les hommes et les femmes) pour des motifs religieux, a nourri
de nombreuses polémiques. En pratique, il ne semble pas exister de
règles claires en la matière, les autorités publiques concernées
agissant en fonction de l’opinion publique locale (Ainsi, Le Figaro du
11 juin 2003, a cité le cas de plusieurs communes ayant accepté de
réserver des horaires exclusivement aux femmes à la demande
d’associations religieuses, dont certaines ont ensuite retiré cette
autorisation).
Les personnes publiques peuvent réglementer les manifestations
religieuses dans l’espace public, comme d’ailleurs n’importe quelle
autre manifestation, pour assurer l’ordre public et la salubrité
publique mais dans le respect de la liberté de conscience et du
principe de proportionnalité. Diverses manifestations de nature
cultuelle telles que les processions, sonneries de cloches,
célébrations en plein air, funérailles, abattages rituels d’animaux…
peuvent être réglementés mais pas être interdits, sauf en cas de
risque pour l’ordre public et si aucune autre mesure n’est
envisageable. Les prières de rue ne peuvent avoir lieu que si elles
sont préalablement autorisées, comme c’est le cas pour les chemins
de croix ou les processions, et leur organisation ne doit pas porter
atteinte à la liberté de circulation, sauf dans un lieu ou un parcours
préalablement banalisé par l’autorité publique pour l’occasion.
Une loi de 2011 a prohibé le port de vêtements dissimulant
intégralement le visage, notamment à l’occasion de manifestations
afin d’empêcher les auteurs de violences d’échapper à l’identification
par les forces de l’ordre, mais aussi pour lutter contre le port du voile
intégral sur la voie publique. Son effet a été relativisé par l’obligation
de porter un masque à l’extérieur à l’occasion de la crise du Covid
19. Par contre, le port d’un foulard couvrant les cheveux et non le
visage est légal sur la voie publique. Selon un récent sondage, 61 %
des français sont favorables à l’interdiction du port de voile dans
l’espace public (C. News, 2022).
Une commune peut, pour assurer la santé et la salubrité publiques
et sous réserve que le bâtiment soit utilisé dans le respect du
principe de neutralité à l’égard des cultes et de manière payante,
aménager un espace destiné à l’abattage rituel d’animaux (CE,
19 juillet 2011 Communauté urbaine du Mans).
Le fait de proposer des menus alternatifs sans porc dans une
cantine pour respecter les prescriptions alimentaires de telle religion
n’est ni une obligation, ni contraire à la laïcité (CE 11 décembre
2020, Commune de Chalon-sur-Saône).
Une Charte de la laïcité a été adoptée à l’usage des agents publics
à partir d’un projet du haut conseil à l’intégration. Certaines
administrations (Santé, Éducation nationale…) ont adopté en
interne, sous forme de chartes, des textes relatifs au respect de la
laïcité dans le cadre du service public.
Des aumôneries des principaux cultes sont présentes dans
diverses administrations (armées, hôpital, prisons…). Clercs ou
laïcs, les aumôniers sont nommés et rémunérés par l’administration
dans laquelle ils sont affectés, sous réserve d’avoir été agréés au
plan religieux par les institutions du culte qu’ils représentent. À titre
d’exemple, il y a environ 280 aumôniers d’active ou de réserve dans
les armées, dont 186 catholiques.
Le repos hebdomadaire de milieu de semaine (le jeudi entre 1882
et 1972 puis le mercredi depuis cette date), pour les élèves du
système scolaire, public comme privé, est notamment destiné à
laisser, si les familles le souhaitent, le temps nécessaire au suivi
d’une instruction religieuse par les enfants.
E. Régimes particuliers
D’une part, pour les raisons déjà mentionnées, les départements
de la Moselle du Bas et du Haut Rhin conservent le régime juridique
du concordat. Les ministres des trois cultes concordataires et leurs
collaborateurs sont rémunérés par l’État et les communes assurent
la charge des bâtiments voués au culte. Les évêques sont nommés
par le président de la République après consultation du Vatican. Les
associations de fidèles sont soumises au droit local des associations
(inspiré du droit allemand) et non aux lois de 1905 ou de 1901. Par
exception des principes déjà évoqués, les personnes publiques
peuvent installer une crèche de Noël à leur siège (voir ci-dessus) et
organiser la célébration de Saint-Nicolas. La formation des ministres
du culte est assurée par l’État dans des facultés publiques de
théologie à l’Université de Strasbourg. Par ailleurs, un enseignement
religieux figure au programme des écoles publiques (les parents
peuvent demander une dispense). Le vendredi saint est
officiellement chômé dans les trois départements mais pas dans le
reste de la France ainsi que le 26 décembre (Saint-Étienne). Il est
envisagé de revenir sur ces deux jours chômés pour les
fonctionnaires afin d’aligner le nombre annuel d’heures travaillées
sur celui du reste de la France en application de la loi du 6 août
2019. Les religions non concordataires ne bénéficient pas de ces
dispositions. Le Conseil constitutionnel (n° 2011-157 QPC, 5 août
2011, Société Somodia) a qualifié le droit local alsacien et mosellan
de principe fondamental permettant de déroger au principe
constitutionnel d’égalité.
D’autre part, même si la loi de 1905 est applicable dans la plupart
des régions d’outre-mer, certains territoires disposent d’un statut
spécifique en matière de laïcité. Par exemple, la loi de 1905 n’étant
pas applicable en Guyane, le conseil départemental rémunère le
clergé catholique, ce qui a été jugé conforme à la Constitution par le
Conseil constitutionnel (n° 2017-633, 2 juin 2017, Conseil
départemental de Guyane). De même, le conseil départemental de
Mayotte finance la rémunération du personnel religieux des divers
cultes ainsi que certaines activités religieuses (notamment les
pèlerinages, eu égard au surcoût dû à l’éloignement).
Bibliographie
• B. Cyrulnik « Sous le signe du lien », Hachette Pluriel, 2010 ;
• S. Hefez « Quand la famille s’emmêle », Hachette Pluriel,
2011 ;
• F. de Singly « Sociologie de la famille contemporaine »,
Armand Colin, 4e édition, 2010.
I Définitions
II Évolution historique
IV La parentalité
V L’enfance et la jeunesse
VI La vieillesse
VII L’héritage
2. Analyse
– Idéalisation de l’image de la famille dans les romans, les médias,
la publicité avec la question du maintien de certains stéréotypes,
notamment liés au genre et la nécessité de protéger la sensibilité
des enfants mineurs face à certaines images ; la famille est l’une
des principales cibles de la société de consommation (on est loin
de la célèbre formule d’André Gide : « Familles, je vous hais ») ;
– Exode rural et émancipation du lien avec les communautés
d’origine ;
– Relativisation de l’influence des religions, notamment en matière
familiale ;
– Développement du principe d’égalité ;
– La famille, jadis fondée sur l’autorité du pater familias (notion de
puissance paternelle entre 1804 et 1965), repose aujourd’hui sur
un équilibre théorique entre les époux en tant que père et mère
(notion d’autorité parentale) même si la question de la place des
pères divorcés dans l’éducation de leurs enfants a été longtemps
problématique et n’est qu’imparfaitement réglée par la notion de
garde conjointe ; débat plus large sur la place du père aujourd’hui
dans la famille ; question des difficultés, matérielles comme
éducatives, rencontrées par les familles monoparentales ; débat
sur la nécessaire autorité dans l’éducation en famille (qui ne doit
pas être un autoritarisme) et dont les carences dans certaines
familles ont parfois accusé d’être l’une des origines du
développement de la violence et des incivilités dans le pays ;
débat sur la notion de parentalité ;
– La famille lieu de transmission de valeurs, de mémoire, de rituels,
d’héritages moraux et comportementaux ; développement de la
pratique populaire de la généalogie qui témoigne de cet
attachement ;
– Égalité entre hétérosexuels et homosexuels en matière de
mariage et d’adoption ; ouverture de la PMA aux femmes seules
ou en couple (mais pas aux hommes, n’est pas un facteur de
discrimination ?) ;
– La famille élément de stabilité dans une société changeante et
fracturée du fait de la mondialisation et des crises économiques,
sociales, morales ;
– Vie familiale beaucoup plus fondée sur l’affection et beaucoup
moins sur l’idée d’obéissance et de hiérarchie qu’autrefois ;
– Lien entre natalité élevée et soutien public à la possibilité pour
les femmes de concilier maternité et travail (crèches, allocations
diverses…) ;
– Respect plus étendu de l’autonomie des enfants, notamment
quant aux choix de leur vie ; plus grande égalité entre les garçons
et les filles dans l’éducation, comme dans le choix des études ou
des carrières ;
– Égalité des droits en matière familiale entre hétérosexuels et
homosexuels ;
– Aspiration à la liberté individuelle et limitation du principe
d’autorité ;
– Émancipation des femmes ; Remplacement de la puissance
paternelle par l’autorité parentale et égalité du père et de la mère
dans la direction de la famille ; Limitation de l’autorité dans la
famille et débat sur la parentalité ;
– Baisse du nombre de mariages et augmentation de formes
alternatives d’unions (union libre, PACS) ; Augmentation des
divorces, des séparations et des familles monoparentales ;
– Question de la compatibilité entre la vie familiale et la vie
professionnelle ;
– La famille lieu de solidarité, face aux difficultés de l’existence
comme entre les générations (garde d’enfants, aides aux
personnes handicapées ou âgées, transferts de biens ou d’argent
des plus âgés vers les plus jeunes de la famille) ; la famille
d’aujourd’hui, est essentiellement nucléaire (deux générations
sous le même toit), ce qui peut parfois rendre difficile la mise en
œuvre concrète cette solidarité ; mais aussi question du sort des
personnes isolées ou âgées, particulièrement en milieu urbain ;
rôle révélateur de la crise sanitaire sur le drame des personnes
décédées seules parce que leurs familles se voyaient interdire de
les visiter, de se recueillir corps présent après leur trépas et
d’organiser les obsèques dignement ;
– Renforcement de la famille par les politiques familiales de
redistribution sociale et de solidarité menées par l’État, les
collectivités territoriales et diverses associations mais
interrogation sur leur devenir face à la crise des finances
publiques ; débat sur le conditionnement de l’accès aux
allocations familiales à des critères de revenu ; question sur la
protection donnée aux immigrants clandestins mineurs isolés qui
serait détournée au profit de majeurs et constituerait une
incitation à la migration illégale ;
– Les politiques publiques d’aide à la famille permettent à la France
(suivie pas les États scandinaves, eux aussi protecteurs en
matière familiale), même si le renouvellement des générations
n’est plus assuré, d’être l’État le plus fécond de l’Union
européenne ;
– Certains États confrontés à une natalité basse (Allemagne, Italie,
Hongrie…) s’efforcent de s’inspirer du modèle français mais sans
toujours vouloir y mettre les moyens financiers.
3. Problématique
La famille n’est plus seulement conçue au sens de celle issue du
mariage, devenue minoritaire, mais comporte différentes modalités
qui témoignent du dynamisme de cette notion.
4. Plan
🠶 Introduction :
– Définitions ;
– Rappel historique ;
– Actualité (PMA pour les couples de femmes ou les femmes
seules) ;
– Problématique ;
– Annonce du plan.
I. La famille traditionnelle issue du mariage ne constitue plus
le modèle dominant
A. Les évolutions de la société depuis la Libération ont des
conséquences sur la conception de la famille
– Exode rural et émancipation du lien avec les communautés
d’origine ;
– Relativisation de l’influence des religions, notamment en matière
familiale ;
– Développement du principe d’égalité ;
– Aspiration à la liberté individuelle et limitation du principe
d’autorité ;
– Émancipation des femmes.
B. Les mutations de la famille
– Remplacement de la puissance paternelle par l’autorité parentale
et égalité du père et de la mère dans la direction de la famille ;
– Limitation de l’autorité dans la famille et débat sur la parentalité ;
– Baisse du nombre de mariages et augmentation de formes
alternatives d’unions (union libre, PACS) ;
– -Augmentation des divorces, des séparations et des familles
monoparentales ;
– Égalité des droits en matière familiale entre hétérosexuels et
homosexuels.
II. Sous différentes formes, la famille demeure une valeur que
la société
A. La famille, élément d’enracinement et de stabilité
– La famille lieu de transmission de valeurs, de mémoire, de rituels,
d’héritages moraux et comportementaux ; développement de la
pratique populaire de la généalogie qui témoigne de cet
attachement ;
– La famille élément de stabilité dans une société changeante et
fracturée du fait de la mondialisation et des crises économiques,
sociales, morales ;
– Question de la compatibilité entre la vie familiale et la vie
professionnelle ;
– La famille lieu de solidarité, face aux difficultés de l’existence
comme entre les générations (garde d’enfants, aides aux
personnes handicapées ou âgées, transferts de biens ou d’argent
des plus âgés vers les plus jeunes de la famille) ; la famille
d’aujourd’hui, est essentiellement nucléaire (deux générations
sous le même toit), ce qui peut parfois rendre difficile la mise en
œuvre concrète cette solidarité ; mais aussi question du sort des
personnes isolées ou âgées, particulièrement en milieu urbain ;
rôle révélateur de la crise sanitaire sur le drame des personnes
décédées seules parce que leurs familles se voyaient interdire de
les visiter, de se recueillir corps présent après leur trépas et
d’organiser les obsèques dignement ;
– Idéalisation de l’image de la famille dans les romans, les médias,
la publicité avec la question du maintien de certains stéréotypes,
notamment liés au genre et la nécessité de protéger la sensibilité
des enfants mineurs face à certaines images ; la famille est l’une
des principales cibles de la société de consommation (on est loin
de la célèbre formule d’André Gide : « Familles, je vous hais »).
B. La famille, cadre protecteur de l’égalité et de la liberté
individuelle
– La famille, jadis fondée sur l’autorité du pater familias (notion de
puissance paternelle entre 1804 et 1965), repose aujourd’hui sur
un équilibre théorique entre les époux en tant que père et mère
(notion d’autorité parentale) même si la question de la place des
pères divorcés dans l’éducation de leurs enfants a été longtemps
problématique et n’est qu’imparfaitement réglée par la notion de
garde conjointe ; débat plus large sur la place du père aujourd’hui
dans la famille ; question des difficultés, matérielles comme
éducatives, rencontrées par les familles monoparentales ; débat
sur la nécessaire autorité dans l’éducation en famille (qui ne doit
pas être un autoritarisme) et dont les carences dans certaines
familles ont parfois accusé d’être l’une des origines du
développement de la violence et des incivilités dans le pays ;
débat sur la notion de parentalité ;
– Égalité entre hétérosexuels et homosexuels en matière de
mariage et d’adoption ; ouverture de la PMA aux femmes seules
ou en couple (mais pas aux hommes, n’est pas un facteur de
discrimination ?) ;
– Vie familiale beaucoup plus fondée sur l’affection et beaucoup
moins sur l’idée d’obéissance et de hiérarchie qu’autrefois ;
– Lien entre natalité élevée et soutien public à la possibilité pour
les femmes de concilier maternité et travail (crèches, allocations
diverses…) ;
– Respect plus étendu de l’autonomie des enfants, notamment
quant aux choix de leur vie ; plus grande égalité entre les garçons
et les filles dans l’éducation, comme dans le choix des études ou
des carrières ;
– Renforcement de la famille par les politiques familiales de
redistribution sociale et de solidarité menées par l’État, les
collectivités territoriales et diverses associations mais
interrogation sur leur devenir face à la crise des finances
publiques ; débat sur le conditionnement de l’accès aux
allocations familiales à des critères de revenu ; question sur la
protection donnée aux immigrants clandestins mineurs isolés qui
serait détournée au profit de majeurs et constituerait une
incitation à la migration illégale ;
– La dernière phrase de la dissertation peut être relative au constat
que, grâce à ces politiques, la France, même si le renouvellement
des générations n’est plus assuré, reste l’État le plus fécond de
l’Union européenne (suivie par les pays scandinaves, eux aussi
protecteurs en la matière) et que certains États confrontés à une
natalité basse (Allemagne, Italie, Hongrie…) s’efforcent de
s’inspirer du modèle français mais sans toujours vouloir y mettre
les moyens financiers.
Chapitre X
Le système éducatif en France,
l’« École »
Bibliographie
• C. Baudelot et R. Establet dans « Le niveau monte » (1989) ;
• H. Buisson-Fenet : « L’administration de l’éducation nationale »,
PUF QSJ, 2008 ;
• B. Compagnon, A. Thevenin, « Histoire des instituteurs et des
professeurs de 1880 à nos jours », Perrin, 2010 ;
• J.-C. Ruano-Borbalan (dir), « Éduquer et former. Les
connaissances et les débats en éducation et en formation »,
Éd. Sciences humaines, 2001 ;
• M. Ozouf, « Composition française, retour sur une enfance
bretonne », Gallimard, 2009 ;
• H. Pena-Ruiz, « Qu’est-ce que l’école ? », Gallimard, « Folio
Actuels », 2005.
I Définition
II Évolution historique
A. Avant 1789
Avant 1789, l’enseignement ne faisait pas partie des compétences
exercées par l’État mais relevait de l’initiative privée. Les familles qui
le désiraient et en ayant les moyens pouvaient recourir à des
établissements d’enseignement, souvent tenus par des religieux
catholiques ou faire appel à des précepteurs privés. L’ordonnance
du 13 décembre 1698 a imposé l’instruction obligatoire gratuite
jusqu’à 14 ans dans des écoles paroissiales. Toutefois, l’étude des
registres paroissiaux et notariés souligne de fortes disparités
d’alphabétisation selon les régions et les classes sociales ce qui
indique que ce texte ne fit pas l’objet d’une application générale. Au
niveau local, certaines paroisses ou communes, notamment dans
les Alpes où la longueur de l’hiver permettait de ne pas recourir au
travail des enfants, recrutaient un maître d’école chargé d’apprendre
les rudiments de la lecture, de l’écriture et du calcul, qui était
rémunéré en partie par les familles et en partie par l’impôt selon des
modalités définies par contrat. L’enseignement professionnel
reposait essentiellement sur l’apprentissage auprès de
maîtres expérimentés, rémunérés pour ce faire, parfois dans le
cadre du compagnonnage ou des corporations, le plus souvent par
contrat à l’atelier ou la boutique. La première école d’ingénieurs, les
Arts et métiers fut créée sur initiative privée en 1780.
Pendant la Révolution, l’intention du nouveau régime était de
favoriser l’instruction du peuple et la formation des citoyens (rapports
de Condorcet en 1792 et de Lakanal en 1793, projets de
l’Assemblée nationale en 1793, création de l’École normale
supérieure et de l’École polytechnique en 1794, des facultés de
médecine et de droit…) mais sans parvenir à la mise en place d’un
enseignement primaire de masse.
B. Premier Empire
L’organisation administrative de l’enseignement public a été mise
en œuvre sous le nom d’Université de France en 1808 (affirmation
du monopole de l’État dans la collation des grades universitaires ;
création des diplômes du baccalauréat, de la licence et du doctorat
délivrés dans les facultés ; création d’une administration spécifique
placée sous la direction d’un membre du gouvernement, division du
territoire national en académies dirigées par un recteur aidé
d’inspecteurs, création des lycées et des facultés de lettres, de
sciences et de théologie…). Cette organisation était destinée à
favoriser la formation de cadres pour l’armée, l’administration, le
commerce et l’industrie sans mettre en œuvre un système éducatif
permettant l’instruction du peuple. L’enseignement primaire était
soumis à un contrôle de la part des recteurs mais continuait à
relever essentiellement d’une initiative privée ou locale. Par ailleurs,
de nombreuses congrégations religieuses se consacraient à
l’enseignement primaire et secondaire et les catholiques défendaient
le principe de la liberté de l’enseignement et donc la limitation de
l’action de l’État en la matière. Les collèges relevaient de l’initiative
des communes.
C. Enseignement privé
Les relations entre enseignement public et privé, longtemps
conflictuelles (voir ci-dessus l’historique) et traversées de crises
périodiques jusque dans les années 1990, sont aujourd’hui
largement pacifiées.
L’un des éléments de débat a longtemps été celui du financement :
faut-il considérer que l’argent public ne doit aller qu’à l’enseignement
public ou bien que, l’ensemble des parents étant des contribuables
et jouissant de la liberté de l’enseignement pour leurs enfants,
doivent avoir la liberté de choisir entre les deux filières ? Dès 1931,
un système de financement de certains établissements privés a été
mis en place. Le financement de l’enseignement privé repose sur le
versement de frais d’inscription par les familles (avec les possibilités
de bourses), complété pour les établissements sous contrat (voir ci-
dessous) par les aides publiques. Le régime actuel repose sur la loi
Debré (1959) et la loi Gatel (2018). L’enseignement privé sous
contrat participe au service public de l’enseignement puisque ses
maîtres font partie des jurys d’examen et que leurs établissements
peuvent servir de centre d’examen, comme c’est le cas dans le
secteur public.
L’ouverture d’un établissement d’enseignement privé est soumise à
une déclaration préalable déposée par le fondateur auprès du
recteur d’Académie, qui la transmet au maire de la commune siège
de l’établissement, au procureur de la République et au préfet. Dans
un délai de trois moi, ces différentes autorités font une enquête.
Elles ne peuvent s’opposer à l’ouverture que si elles démontrent que
l’établissement projeté n’a pas un caractère scolaire ou technique
(par exemple, il opère dans le secteur du loisir, ce qui relève d’une
autre procédure) ou que l’ordre public ou la protection des mineurs
ne sont pas garantis (par exemple, constat de risques de dérives
sectaires) ou en raison du défaut ou de l’insuffisance des titres
universitaires du directeur et/ou du personnel enseignant ou de
certaines condamnations pénales subies par le directeur ou les
enseignants. Après cinq années d’exercice, un établissement peut
demander à être lié à l’État par contrat. Le personnel enseignant des
établissements sous contrat est recruté dans le cadre de concours
spécifiques comparables à ceux de l’enseignement public. Ils ont le
statut d’agents publics (et non de fonctionnaires). Leur recrutement
et leur carrière relèvent des services du rectorat. Dans
l’enseignement confessionnel, les professeurs relèvent également
des services de leur culte (délégué diocésain à l’enseignement, par
exemple, pour les catholiques).
D. Enseignement et handicap
La loi du 11 février 2003 sur l’égalité de droit et des chances des
personnes handicapées dispose que tout enfant ou adolescent
handicapé ou atteint d’une maladie invalidante a le droit de s’inscrire
dans l’établissement de son lieu de résidence au même titre que les
valides. Selon le principe de l’inclusion, les enfants handicapés
doivent, dans la mesure où leur état de santé le permet, être
accueillis en milieu scolaire ordinaire. C’est à l’établissement de
s’adapter à l’enfant. Ce droit à être scolarisé est mis en œuvre selon
une procédure précise. Les médecins (généraliste et spécialistes)
qui suivent l’enfant formulent des recommandations relatives aux
besoins spécifiques de l’enfant handicapé dans le cadre de sa
scolarité auprès de la MDPH (Maison départementale des
personnes handicapées) et c’est cette dernière qui décide des
modalités d’accueil de l’intéressé selon diverses formules :
– soit en milieu scolaire ordinaire avec présence d’un AVS (Aide de
vie scolaire) ou dans une classe ULIS (Unité Localisée pour
l’Inclusion Scolaire) ;
– soit dans un établissement spécialisé comprenant un volet
éducatif et un suivi médical, appelé IME (Institut Médico Éducatif)
ou ITEP (Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique).
Environ 400 000 élèves handicapés sont scolarisés en milieu
ordinaire et environ 80 000 en établissements spécialisés, encadrés
par 125 000 professionnels avec un budget de 3,3 milliards d’euros.
Environ 11 000 enfants handicapés ne sont pas scolarisés, faute de
structure pour les accueillir.
L’accueil des enfants handicapés est effectué dans l’enseignement
public et dans l’enseignement privé.
F. Formation continue
La formation continue est celle qui est suivie tout au long de la vie
par des personnes après leur formation initiale (études). Elle est
assurée aussi bien ans des structures publiques que privées. Elle
peut être déclenchée à l’initiative de l’employeur ou du salarié ou
dans le cadre d’une recherche d’emploi. La première loi en la
matière a été adoptée en 1939. Le principe du droit à la formation
professionnelle a été affirmé dans le préambule constitutionnel de
1946. Le régime juridique relève des lois du 4 mai 2004 et du
5 septembre 2018. Outre l’affirmation d’un droit individuel à la
formation, il est possible de demander une validation des acquis
d’expérience permettant d’obtenir des équivalences de crédits
universitaires sur la base de l’expérience professionnelle.
Il existe des dispositions spécifiques pour la formation continue
dans la fonction publique.
2. Problématique
Si l’égalité des chances est un objectif fondamental de l’État
français, sa mise en œuvre concrète se heurte aux rigidités
institutionnelles et financières.
🠶 Introduction :
– Définitions ;
– Évolution historique (affirmation de l’égalité des chances dès la
révolution puis mise en œuvre progressive par la République à
partir de Jules Ferry) ;
– Actualité (très grand nombre de titulaire du baccalauréat et du
brevet mais difficulté d’accès, et surtout de diplomation, à
l’université…) ;
– Problématique : Si l’égalité des chances est un objectif
fondamental de l’État français, sa mise en œuvre concrète se
heurte aux rigidités institutionnelles et financières.
I. L’égalité des chances, un objectif fondamental et ambiguë
A. Un objectif fondamental (rappel que l’égalité des chances
résulte de l’affirmation du principe d’égalité, du droit à l’éducation,
des conséquences des trois massifications…)
B. Un objectif ambigu (effort budgétaire considérable avec des
résultats difficilement mesurables ; obligation de moyens ou de
résultats pour l’État ; question de la sélection préalable des
étudiants ; mieux organiser l’orientation des élèves ; favoriser les
passerelles entre formations et les équivalences ; quel équilibre
entre les critères académiques et les critères sociaux…)
II. Une mise en œuvre compromise par certaines rigidités
A. La dimension territoriale (sectorisation dans l’enseignement
primaire et secondaire ; enseignement public et enseignement
privé ; création des ZEP ; mise en place de parcours spécifiques
dédiés à certains publics difficultés liées à Parcoursup…)
B. La dimension institutionnelle (nécessité de concilier l’aspect
national et unitaire de l’Éducation avec une adaptabilité aux
publics et territoires spécifiques ; rationaliser les différentes aides
proposées ;…).
Chapitre XI
Art, culture et médias
Bibliographie
• J-M. Auby : « Droit de la culture », Berger-Levrault, 2016 ;
• D. Lecourt (et autres) : « Aux sources de la culture française »,
La Découverte, 1997.
I Définition
II Évolution historique
A. Art et culture
À toutes les époques et dans la plupart des pays, les souverains,
puis les États, ont par goût et par volonté d’affirmation et d’illustration
de leur puissance, utilisé les arts et les artistes par une
instrumentalisation qui n’est pas sans rappeler le phénomène
constaté à propos du sport (voir le chapitre sur le sport).
Sous l’Ancien-Régime, si une partie des acquisitions étaient
effectuées personnellement par le roi pour ses propres collections,
déjà beaucoup d’œuvres étaient achetées pour soutenir l’art et servir
à l’expression de la magnificence et de la puissance de l’État,
certaines étant visibles par le public.
Lors de la Révolution, l’intégration des biens de la couronne au
domaine public, la nationalisation des biens du clergé, la
confiscation de ceux appartenant à certaines familles nobles et des
œuvres pillées lords des campagnes militaires ont été à l’origine de
la création de musées ouverts au public dans un but d’éducation du
peuple l’État à Paris comme en province.
Il existe depuis fort longtemps en France une administration
spécifique dans le domaine des arts et de la culture.
Dès l’Ancien Régime, la monarchie avait créé des postes de
Surintendants, administrateurs chargés à la fois de veiller au respect
des canons de l’art officiel tels qu’ils étaient définis par les différentes
académies sous le regard du roi et d’assurer le suivi de la réalisation
des commandes d’État (musique, peinture, architecture,
sculpture…).
À partir de la Révolution et au xixe siècle, les beaux-arts furent
rattachés au ministère de l’instruction publique. Sous
la IIIe République il exista, comme pour le sport, un commissariat
général ou un haut-commissariat, puis un secrétariat d’État aux
beaux-arts, dont les compétences portaient essentiellement sur
l’organisation de l’enseignement artistique, la gestion des grands
établissements culturels (musées, théâtres et opéra nationaux…) et
la protection du patrimoine. Les acquisitions d’œuvres par l’État
témoignaient d’un conformisme officiel en faveur d’une certaine
conception du goût qualifiée de « bourgeoise » par ses détracteurs
(on qualifiait ironiquement de « peintres pompiers » les artistes
retenus pour des commandes officielles de représentation
d’évènements officiels ou historiques, dans lesquels étaient souvent
représentés des personnages casqués). Certains courants
artistiques très novateurs furent d’abord écartés par les instances
officielles. Cela fut, par exemple le cas de l’Impressionnisme
(institution du Salon des refusés sous le Second empire pour
accueillir les artistes non admis au Salon officiel), mais la même
remarque peut être faite en matière de musique (polémiques sur la
musique « expérimentale »), de danse (accueil mitigé des Ballets
russes) ou d’arts plastiques (débats sur le cubisme et les débuts de
l’art abstrait) car on a constaté aussi pour ces disciplines au début
du xxe siècle, une certaine retenue, voire hostilité, des instances
officielles.
Depuis quelques années de nouvelles formes d’expression
artistique ce sont développées. D’abord issues de la pratique
spontanée d’artistes indépendants, elles ont peu à peu acquis une
reconnaissance par le public et par les institutions culturelles
(rock’n’roll dans les années 1950 et 1960, Rap, Street-art,
Graphisme, Hiphop dans les années 1980 et 1990…).
B. Médias
L’écriture est apparue dans l’Antiquité en Eurasie, à l’époque des
Sumériens avec différents modes de transcription (alphabets). À
noter qu’en Amérique, les populations pré-colombiennes ont de leur
côté développé leurs propres systèmes d’écriture (Cris, Mayas…).
Les livres furent d’abord édités sous forme de manuscrits,
reproduits dans des ateliers de copistes dans les villes universitaires
ou dans des monastères. À l’origine, les livres étaient presque
exclusivement religieux (Bible veut dire livre) malgré la diffusion de
quelques ouvrages profanes (fabliaux et récits de chevalerie,
poésies). Il existait par ailleurs quelques techniques d’imprimerie,
venues de Chine, pour la reproduction de textes courts ou d’images
gravés sous forme lithographique (sur des pierres) ou
xylographiques (sur un bois). L’invention attribuée à Gutenberg vers
1455 n’est pas l’imprimerie en elle-même mais l’utilisation de lettres-
types mobiles en métal permettant de reproduire facilement et
rapidement des textes et de refondre les caractères usés. Plusieurs
ateliers en France, Allemagne, Italie et Angleterre menaient
d’ailleurs de semblables recherches à cette époque.
L’imprimerie fut d’abord utilisée pour la diffusion de la pensée
religieuse (les premiers livres imprimés étaient des Bibles ou des
commentaires de celle-ci) puis son utilisation s’est étendue à des
sujets profanes (romans, pièces, satires…) puis à un usage
administratif (textes juridiques, codes, lois, jugements…). Le
développement des techniques d’imprimerie a favorisé une
reproduction plus rapide, à plus grande échelle et à moindre coût
des imprimés. Le livre fut longtemps un objet cher et rare.
Théophraste Renaudeau et Benjamin Franklin ont cherché à
démocratiser la lecture par le développement de la presse et
d’ouvrages moins chers. Au xixe siècle apparition et au xxe
développement des ouvrages en éditions populaires « de poche ».
Au plan des principes, sous l’Ancien régime, les imprimeurs et les
libraires étaient soumis à une autorisation préalable « le privilège du
Roy » et le pouvoir royal luttait contre la diffusion clandestine
d’œuvres interdites par les colporteurs. La garantie de la liberté
d’expression fut progressivement revendiquée dans le cadre des
Lumières. Les révolutions en Angleterre, aux États-Unis et en
France (1789, 1830 et 1871) furent inspirées et soutenues par des
écrivains (Locke, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau…), des
ouvrages et la diffusion de la presse. Si les principes de la liberté
d’opinion, d’expression et d’imprimer fut affirmée par la Déclaration
de 1789 sous réserve de répondre des abus de son usage dans le
cadre de la loi, il fallut attendre le régime libéral de la IIIe République
pour permettre la mise en œuvre concrète de la liberté de la presse
(loi du 29 juillet 1889) et sa pérennisation (sauf durant les deux
guerres mondiales) et par les grandes déclarations internationales et
européennes. Cette liberté est directement l’expression du caractère
libéral au plan politique de l’État. Aujourd’hui, le livre comme la
presse doivent faire face à l’enjeu du numérique (voir ci-dessous).
En matière de radio et de télévision, création en 1927 par le
gouvernement Poincaré du service de radiodiffusion, rattaché aux
PTT. Ce poste public était en concurrence avec des sociétés privées
financées par la publicité. Peu avant la Seconde guerre mondiale,
l’État prit le contrôle de l’ensemble des sociétés, dans la perspective
de la nécessité du contrôle de l’information en cas de conflit.
Le premier grand évènement retransmis par la télévision furent les
Jeux olympiques de Berlin (1936) par la retransmission d’images
dans les salles de presse de la capitale allemande. En France, les
premières émissions de télévision furent diffusées à Paris à partir du
4 janvier 1937 (une centaine de postes) quelques heures par jour.
En 1945, l’État a procédé à l’érection en monopole de la radio et de
la télévision. En 1949 fut créé une régie d’État, la RTF
(Radiodiffusion et télévision française), devenue en 1964 l’ORTF
(Office de radiodiffusion Française) avec une personnalité morale
limitée, ayant une mission de service public (avec trois missions, qui
existent toujours : informer, cultiver, distraire) et financé par le
paiement d’une redevance par les usagers. Dans les années 1950,
la création de société de radios commerciales de droit étranger
émettant hors du territoire national mais dans le capital desquelles
l’État français était présent (RTL, RMC et Europe 1) a permis le
passage du monopole à une concurrence limitée.
En 1974, fut décidé l’éclatement de l’ORTF et la création de
sociétés anonymes dont le capital était détenu à 100 % par l’État
(TF1, Antenne 2 et FR3) avec institution d’une concurrence entre
ces chaînes dans le cadre du monopole avec un financement mixte
(perception de la redevance audiovisuelle et recettes publicitaires,
dont le montant varie en fonction de l’audience, apparition de la
notion d’audimat).
Depuis 1982, il y a eu en France, sur le modèle pratiqué dans
l’ensemble des démocraties occidentales, une ouverture progressive
à la concurrence de la radio et de la télévision. Désormais, il existe
d’une part un service public d’État et d’autre part un secteur
commercial privé (voir ci-dessous).
Enfin, apparition des activités numériques : Internet est un réseau
qui a été testé aux États-Unis en 1972 et s’est developpé
mondialement dans les années 1990 (voir le chapitre sur la
Mondialisation) et permet la communication en ligne d’information
mais dont le developpement est lié à l’existence d’équipement
suffisant (voir la question de la fracture territoriale). La CNIL
(Commission Nationale Informatique et Liberté) est une autorité
administrative indépendante créée en 1978 qui veille à la protection
des données personnelles sur les fichiers informatiques.
A. Ministère de la culture
Le ministère de la culture, sous cette appellation, a été institué en
1959 par le général De Gaulle. Son premier titulaire fut André
Malraux (1901-1976), qui constitue encore la référence de cette
fonction. Aux termes du décret du 24 juillet 1959, le ministère de la
culture a pour mission de rendre accessibles les œuvres capitales
de l’humanité et d’abord de la France, au plus grand nombre
possible de français, d’assurer la plus vaste audience à notre
patrimoine culturel et de favoriser la création des œuvres d’art et de
l’esprit qui l’enrichissent. Le décret du 10 mai 1982 a précisé que le
ministère de la culture doit permettre à tous les Français de cultiver
leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leur talent
et de recevoir les formations artistiques de leur choix, ainsi que de
préserver le patrimoine et d’encourager la création. Il apparaît ainsi,
que le ministère a pour mission la protection du patrimoine,
l’encouragement de la création et l’organisation de l’enseignement
artistique (délivrance de diplômes…).
L’administration centrale du ministère comprend différentes
directions thématiques (architecture et patrimoines, livre, musique et
danse, arts plastiques, musées…). L’administration déconcentrée
est constituée dans les territoires par les DRAC (Directions
régionales de l’action culturelle). Par ailleurs, différents
établissements publics administratifs culturels sont rattachés au
ministère (Musées du Louvre, Opéra de Paris, Bibliothèque
nationale ; Centre national du livre ; Centre national de la musique ;
Centre national du cinéma, le Centre national des monuments
historiques et des sites…). Les Archives de France lui sont
rattachées.
A. Historique
Voir ci-dessus.
2. Historique rapide
Voir ci-dessus.
3. Éléments d’analyse
Voir ci-dessus, les éléments en débat.
4. Problématique
Bien qu’il ne soit plus le seul vecteur de transmission des idées, le
livre (et plus largement l’ensemble du secteur imprimé) demeure un
outil essentiel de culture et d’information.
5. Plan
🠶 Intro : définitions, historique, actualité, dimension de liberté
fondamentale, problématique et plan ;
I. Le livre est exposé à la concurrence de nouveaux outils de
communication
A. Le livre face aux nouvelles technologies (les nouvelles
technologies ont été d’abord vues comme une menace pour le
livre avec le risque de disparition du support papier ; la
dématérialisation permet une plus grande diffusion, à moindre
coût, ; débat sur le caractère écologique car si cela permet
d’économiser le papier, l’usage d’internet a un coût
environnemental élevé ; la numérisation permet d’assurer la
sauvegarde d’ouvrages anciens ou classiques à la fois contre les
prédateurs naturels du papier, les incendies et inondations, les
destructions volontaires…)
B. La remise en cause du livre comme symbole de la « crise de la
culture » (baisse de la lecture au profit du cinéma puis de la radio
et de la télévision, enfin de l’usage des tablettes, I-phone et
ordinateurs ; possibilité de trouver les informations sur internet et
non dans un livre avec par exemple la disparition des grandes
encyclopédies classiques ; atténuation du caractère précieux,
d’une part par la baisse des prix : paradoxe des éditions à bas
prix ou de la vente en grande surface qui favorisent la
démocratisation et la diffusion du livre mais en font un simple
objet de consommation ordinaire ayant perdu son caractère sacré
d’autrefois.
II. Le livre demeure un outil essentiel de transmission
A. Le livre demeure le symbole de la transmission de la culture (le
livre conserve son aura de symbole de la culture et de
l’instruction ; offrir un livre reste un acte courant pour les
anniversaires et autres ; recours encore fréquent aux livres et
supports écrits, même sous forme dématérialisée, dans le
domaine des études dans les différents cycles ; importance de la
participation des écrivains aux débats publics ; la France reste
une Nation littéraire dans laquelle le débat d’idées est notamment
nourri par les écrivains ; particularité politique française de la
publication de livres, parfois fort peu vendus d’ailleurs, par les
responsables politiques) ;
B. Le livre représente l’une des grandes politiques publiques de
l’État comme des collectivités territoriales (direction du livre du
ministère de la culture ; loi sur le prix unique du livre ;
subventions diverses par l’État et les collectivités territoriales pour
aider à l’impression, organiser des évènements et des
rencontres ; les achats par les bibliothèques publiques
constituent aussi un paradoxe : d’un côté cela permet la diffusion
de l’œuvre mais d’un autre côté limite les achats par les
particuliers…).
Chapitre XII
Le sport
Bibliographie
• P. Bayeux : « Le sport et les collectivités territoriales », PUF,
QSJ ;
• S. Gérald : « Droit du sport », PUF, QSJ ;
• Th. Terret : « Histoire du sport », PUF, QSJ ;
• L. Turcot : « Sports et Loisirs. Une histoire des origines à nos
jours ». Paris, Gallimard, 2016. (Coll. Folio Histoire Inédit).
I Définition
II Évolution historique
A. Le rôle de l’État
Les États ont progressivement mis en place, une administration
chargée du sport. En France, création sous la IIIe République d’un
commissariat général (ou haut-commissariat) chargé des activités
sportives. En 1936, a été créé un ministère de la Jeunesse et des
sports (actuellement, ministère délégué placé auprès du ministre de
l’Éducation nationale). Il comprend à la fois une administration
centrale et des services déconcentrés (directions régionales ou
départementales du sport et des loisirs, services d’inspection et de
direction), plus un réseau de divers établissements publics (CREPS :
Centre de ressources et d’expertises sportives ; INSEP : Institut
national du sport et de la performance…). Il a la responsabilité de
définir les grands objectifs de la politique nationale du sport, d’en
fixer le cadre et le régime juridique et de veiller au respect de l’intérêt
général. Depuis 2004, les principaux textes législatifs et
réglementaires relatifs au sport sont regroupés dans un code du
sport.
La politique sportive de l’État porte sur :
– Le développement de la pratique du sport amateur avec une
attention particulière aux publics qui ne pratiquent aucune activité
(le sport comme facteur de santé et de bien-être ; célébration des
valeurs et de l’éthique du sport) ;
– L’encouragement de la pratique du sport par les handicapés ;
– L’organisation du sport de haut-niveau ;
– La promotion des métiers du sport et le développement de
l’emploi sportif ;
– La lutte contre les dérives de l’activité sportive (dopage ;
tricheries ; racisme ; discriminations) ;
– Rayonnement international du sport français ;
– Prise en compte du développement durable dans les activités et
équipements sportifs.
L’État, au travers du ministère, délivre les diplômes et titres des
moniteurs, animateurs sportifs et arbitres. Il fixe les conditions
générales d’organisation du sport en France, notamment en termes
de sécurité et de réglementation générale. Il est compétent en
matière d’organisation de l’activité sportive (amateurs,
professionnels, loisir, compétitions…) en partenariat avec les
collectivités territoriales et les associations (la loi no 84-610 du
16 juillet 1984 dispose que l’État, les collectivités territoriales et leurs
groupements, les associations, les fédérations sportives, les
entreprises et leurs institutions sociales contribuent à la promotion et
au développement des activités physiques et sportives).
2. Problématique
Les valeurs du sport sont-elles compatibles avec les objectifs
poursuivis par les acteurs politiques ou commerciaux ?
I. Une apparente contradiction
A. Les idéaux du sport
Le sport repose sur une éthique et est considéré comme une école
de vie et un moyen d’éducation (effort, mérite, respect d’une éthique
et de valeurs). Outre que l’éducation physique et sportive est
enseignée dans le cadre de l’Éducation nationale, le sport constitue
l’une des actions majeures de la politique de la ville en raison de la
transmission de valeur qu’il permet.
Reprendre les principales distinctions : sport
amateur/professionnel/loisir/compétition ; actions de l’État/des
collectivités territoriales/ du secteur associatif ; professionnalisation
et commercialisation de l’activité du sport au travers du sport
spectacle et de l’économie du sport (équipementiers…) avec, à la
fois, des idéaux communs et des spécificités (notamment en termes
de financement et de rentabilité).
B. Les écueils de la politisation et de l’argent
Cependant, risque de la politisation du sport, non seulement par
les dictatures (jeux olympique de 1936 en Allemagne, de 1980 à
Moscou…) mais aussi par les régimes libéraux (instrumentalisation
du sport, par exemple au travers de la recherche par les états ou les
collectivités d’obtenir l’organisation de tel évènement sportif…).
Une instrumentalisation du sport par l’argent avec risque d’un
détournement de l’idéal sportif en soutien à la recherche du profit ;
question du dopage ou de la triche, avec la recherche de records
obtenus frauduleusement pour améliorer les performances,
quelquefois dans un but commercial ou économique ; question de
l’économie du sport ; question de la fabrication des équipements
dans des pays pauvres avec le risque d’une exploitation économique
des enfants.
II. Une nécessaire conciliation
A. Un financement public et privé de l’activité sportive
Il est utopique de penser que le financement du sport ne peut
reposer que sur des subventions publiques ou associatifs dans le
cadre de l’amateurisme. La professionnalisation et la médiatisation
du sport en tant que spectacle est une réalité incontournable. Il est
nécessaire d’assurer un contrôle public et une transparence du
financement du sport par le secteur commercial et de lutter contre
les messages publicitaires à connotation sportive qui détournent
l’esprit du sport ou la protection de la santé.
B. La mise en place de garde-fous
Lutte contre le dopage, la corruption, les tricheries par un
renforcement des contrôles et des sanctions, tant sportives,
administratives que pénales ; contrôle des subventions ;
développement du rôle du ministère du sport et rôle d’initiative, de
gestion et de contrôle de l’ensemble des institutions publiques
(nationales, locales) et associatives (clubs, fédérations…) du sport.
Chapitre XIII
La santé et la sécurité sociale
Bibliographie
• B. Marrot : « L’administration de la santé en France »,
l’Harmattan, 2000 ;
• R. Lejarge et H. Debiève : « La santé publique en 13 notions »,
Dunod, 2017 ;
• R. Lelièvre : « La fonction publique hospitalière », Studyrama,
2011 ;
• A. Morelle et D. Tabureau : « La santé publique », PUF, QSJ,
2022 ;
• D. Stingre : « La fonction publique hospitalière », PUF QSJ,
2008.
I Définition
Selon une célèbre formule, la santé n’a pas de prix mais elle a un
coût. La santé est définie comme étant l’état de bon ou de mauvais
fonctionnement de l’organisme et, plus largement, l’état sanitaire des
membres d’une collectivité (Larousse). Selon l’Organisation
Mondiale de la Santé (1946), la santé est « un état complet de bien-
être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d’infirmité ». Il apparaît donc que la santé est
un objectif idéal auquel il est impossible de parvenir définitivement.
Les politiques de santé publiques portent à la fois sur la prévention
et sur les soins. La France a consacré 11,7 % de son PIB aux
dépenses de santé (2017). La dépense annuelle de santé
représente près de 3 000 euros par an et par habitant en France. En
2021, le montant du déficit de la sécurité sociale est estimé à
environ 44 milliards d’euros (en augmentation, du fait de l’impact de
la crise sanitaire) contre environ 5 milliards en 2019.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont le siège est dans
le canton de Genève, a été créée en 1948 relève des Nations Unies.
Elle est chargée d’assurer à l’ensemble de la population mondiale le
plus haut niveau possible de protection de la santé. Elle organise
des programmes de coopération, de formation, de vaccinations et de
soins, de lutte contre les épidémies, de références documentaires.
II Évolution historique
A. Système de santé
1. Au niveau de l’État
La santé relève, au niveau de l’État, du ministère des solidarités et
de la santé (ce qui comprend aussi la sécurité sociale). Ce ministère
est complété par un ministère délégué en charge de l’autonomie et
un secrétariat d’État en charge de l’enfance et des familles. Il existe
par ailleurs un secrétariat d’État chargé des handicapés, directement
placé auprès du premier ministre. Les objectifs nationaux de
dépense d’assurance maladie (ONDAM) sont votés chaque année
par le Parlement. Ils fixent le pourcentage d’augmentation des
dépenses de santé financées par l’assurance-maladie accordé aux
établissements de santé et permettent de déterminer les tarifs des
différents soins.
Les politiques de santé publique portent à la fois sur la prévention
(lutte contre l’obésité ; programmes de vaccinations ; médecine du
travail ; médecine scolaire et universitaire ; campagnes d’information
en matière d’alimentation, d’encouragement à l’exercice physique,
de lutte contre les addictions diverses ; sécurité routière…) ; et sur
les soins (praticiens privés en cabinet ou médecine en
établissements de soin, soit public, soit privé).
En matière de santé, comme d’éducation, s’il existe du fait de la
tradition de l’État providence un important service public de la santé,
reposant principalement sur l’hôpital public et sur les structures
municipales, l’offre de soin repose également sur des praticiens
privés de l’ensemble des métiers concernés (médecine de ville
composée médecins généralistes ou spécialistes libéraux exerçant
en cabinet ; dentistes, praticiens paramédicaux, infirmiers libéraux,
cliniques privées comprenant comme l’hôpital public des services de
chirurgie, de dialyse, d’imagerie médicale…). Il est à noter que les
diplômes et titres professionnels sont exclusivement délivrés par
l’État en vertu du monopole qu’il exerce en matière de collation des
grades universitaires. De même l’ouverture des cabinets et cliniques
est soumis à un contrôle par les services de l’État et par les ordres
professionnels.
La fonction publique hospitalière représente environ 1 200 000
agents fonctionnaires et contractuels dont, environ trois-quarts de
femmes, qui relèvent à la fois du statut général de la fonction
publique (loi 83-634) et d’un statut spécifique (loi 86-33). Il y a
environ 4 500 établissements employeurs, essentiellement des
établissements publics de santé (centres hospitaliers ; centres
hospitaliers régionaux et centres hospitaliers universitaires) et des
établissements publics sociaux et médico-sociaux (établissements
relevant de l’aide sociale à l’enfance, établissements prenant en
charge des personnes handicapées, des mineurs, des personnes
âgées, des personnes en difficulté, des demandeurs d’asile…)
Le ministère comprend différentes directions centrales (les trois
plus médiatisées étant celles de la santé, de la sécurité sociale et de
la cohésion sociale). Il comprend également des organes
déconcentrés dans les territoires à la fois en matière de santé et de
solidarité. D’une part, il existe des ARS (Agences régionales de
santé) chargées de définir des projets régionaux de santé
transversaux. D’autre part, il existe des DREETS (Directions
régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités),
regroupées depuis 2021 avec les DIRRECTE (Directions régionales
des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail
et de l’emploi), chargées de la prévention et de lutte contre les
exclusions et de protection des personnes vulnérables ainsi que de
l’accompagnement des entreprises et des mutations économiques.
Enfin, il est annoncé depuis 2019, dans un souci de plus grande
lisibilité des services disponibles, de déployer dans le futur des
directions régionales.
Depuis quelques années, notamment pour lutter contre la fracture
médicale et les déserts médicaux (zones rurales ou de banlieues
dépourvues de praticiens médicaux ou paramédicaux)
développement de la téléconsultation (le praticien reçoit le patient en
ligne avec un matériel adapté et peut l’interroger et le conseiller).
B. La Sécurité sociale
La sécurité sociale est organisée en plusieurs branches :
– Maladie/maternité/invalidité/décès ;
– Accidents du travail ;
– Maladies professionnelles ;
– Vieillesse (retraites) ;
– Famille.
Elle comporte un régime général ouvert à tous les assurés sociaux,
sauf ceux qui relèvent de régimes particuliers (agriculteurs ;
professions libérales ; cheminots ; agents d’EDF ; fonctionnaires).
Ce régime général offre une protection de base complétée par des
régimes complémentaires, dont certains sont obligatoires (régime
complémentaire des salariés du secteur privé), d’autres facultatifs
(mutuelles, assurances…). En fonction des soins ou des
médicaments concernés, le montant du remboursement correspond
à des pourcentages variables, un complément pouvant être versé
par des organismes extérieurs à la sécurité sociale (mutuelles,
assurances…), avec un reste à charge qui est par conséquent
variable d’un assuré à l’autre en fonction de la couverture
complémentaire dont il bénéficie. Les personnes atteintes
d’affections de longue durée peuvent bénéficier d’une prise en
charge à 100 % pour les soins liés à cette maladie.
Il existe un régime particulier de sécurité sociale dans les
départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, hérité de
la période de l’annexion entre 1871 et 1918.
Par ailleurs, il existe des politiques d’action sociale diverses mises
en œuvre par les départements (protection maternelle et infantile ;
aide à l’enfance ; aide aux familles ; aides aux personnes
vulnérables comme les personnes âgées ou les handicapés ;
Revenu de Solidarité Active, prise en charge des migrants mineurs
isolés…).
Si la France compte 67 millions d’habitants éligibles au bénéfice de
la sécurité sociale, il y a 75 millions de titulaires de la carte Vitale
recevant des prestations, soit 8 millions de fraudeurs probables. Le
principal moyen pour les rechercher est le croisement de fichiers
informatiques, comme en matière de fraude fiscale.
C. Le débat sur la situation de l’hôpital public
La crise hospitalière a été fortement aggravée par la situation
sanitaire due à l’épidémie de Coronavirus qui a souligné les
difficultés de l’hôpital public, en dépit de l’extrême dévouement de
l’ensemble des personnels concernés, de pouvoir accueillir
simultanément l’ensemble des malades nécessitant une
hospitalisation. Toutefois, cette crise avait déjà auparavant été
plusieurs fois évoquées à l’occasion de conflits sociaux, provoqués
notamment par les conséquences sur le fonctionnement des
services du passage au temps de travail de 35 h hebdomadaire,
conduisant à de nombreuses heures complémentaires pas toujours
payées et par la question du manque d’attractivité des carrières et
plus particulièrement des salaires.
Il y existe 4 500 établissements hospitaliers publics (centres
hospitaliers ; centres hospitaliers régionaux et centres hospitaliers
universitaires) et environ 1 000 établissements hospitaliers privés
(cliniques). Les praticiens de ces derniers peuvent, soit pratiquer les
tarifs conventionnés de la sécurité sociale, soit pratiquer des
honoraires libres.
Il y a actuellement 400 000 lits disponibles en France (secteurs
public et privé) mais 120 000 sont fermés en raison du manque de
personnel. Depuis 1998, 100 000 lits ont été fermés dans l’hôpital
public (on est passé de 487 720 à 386 835). Encore en 2020,
pendant la crise sanitaire, 5 700 lits ont été fermés (chiffres :
ministère de la santé). Il y a 5,4 lits pour 1 000 habitants en France
(0,53 en Inde, 2,42 au Royaume-Uni, 2,8 aux États-Unis, mais il y en
a plus de 12 au Japon, 8 en Russie et 7 en Allemagne et en
Autriche). Cette diminution s’explique en partie par le progrès de la
médecine qui permettent que de nombreuses opérations puissent
être réalisées en ambulatoire, c’est-à-dire sur la journée et sans
hospitalisation. La crise de l’hôpital public est aussi le résultat de la
mise en œuvre, dans le cadre de la RGPP (voir le chapitre sur la
dépense publique et celui sur le service public) de mesures de
gestion de l’activité du service public hospitalier de règles inspirées
de celles du secteur privé de la santé. La réforme du financement de
l’hôpital en 2004 a mis en place le système du financement à
l’activité dit T2A qui permet de fixer le tarif des séjours hospitaliers
en fonction du coût de production des soins. Ce coût est évalué par
l’ATIH (Agence technique de l’information sur l’hospitalisation) sur la
base des données comptables fournies par un panel
d’établissements mais il semble que le tarif des séjours de certains
établissements ne soit pas équivalent aux coûts de production
évalués par l’ATIH en raison des caractéristiques sociales ou
sanitaires des patients, ce qui pénalise financièrement ces hôpitaux.
C’est en raison de l’insuffisance du nombre de lits de réanimation
disponibles du fait de la politique de fermeture initiée en 1998 et
poursuivie depuis que, lors de l’épidémie de Covid, l’État a géré la
pénurie en imposant plusieurs confinements puis en mettant en
œuvre une politique de vaccination qui, pour être en principe
seulement incitative est néanmoins fortement coercitive (institution
du passe sanitaire en 2021 puis du passe vaccinal en 2022, limitant
l’accès à certains lieux pour les non-vaccinés). Bien qu’une nette
majorité de la population ait été vaccinée (plus de 90 %), il existe
une polémique concernant la minorité de personnes refusant de se
faire vacciner, en raison du risque d’engorgement des hôpitaux par
des non-vaccinés atteints du Covid et du report des interventions
relatives à d’autres pathologies. Certaines voix se sont élevées pour
réclamer à l’égard des non-vaccinés en cas de contamination et
d’hospitalisation, soit l’écartement pur et simple des soins, soit
l’obligation de participer financièrement aux frais (comme cela était
envisagé ailleurs, par exemple au Québec). Outre qu’une telle
politique serait vraisemblablement en contradiction à la fois l’éthique
du médecin telle que définie dans le Serment d’Hippocrate et avec
les principes constitutionnels de solidarité et de droit à la santé,
s’agissant de surcroît d’une vaccination qui n’est pas légalement
obligatoire, il existe, si ces mesures étaient adoptées, le risque de
créer un précédent affectant la conception même de notre système
de santé et de ses valeurs : verra-t-on demain les personnes
exposées à diverses addictions (tabac, alcool, drogues…) ou
pathologies (obésité, diabète, hypertension…), celles ne pratiquant
aucune activité physique ou celles pratiquant des activités exposant
à des risques (parapente, spéléologie, alpinisme…) ou sans
respecter les règles de sécurité (non port du casque en moto, à vélo
ou à sky ; non port de la ceinture de sécurité ou non-respect des
limitations de vitesse avec un véhicule à moteur…) se voir opposer
un refus de soins ou imposer une participation financière en raison
du coût entraîné par les conséquences de leur mode de vie ou de
leur état de santé et de l’encombrement des services qui en
résulte ? La crise sanitaire du Covid est une illustration de la peur
du risque et de la recherche de la sécurité à tout prix de la société
française, s’agissant d’une maladie certes parfois mortelle, mais
dont le taux de léthalité réel, selon l’Institut Pasteur, était de 0,7 %
(2020) avec d’importantes disparités par tranches d’âge (13 % de
décès chez les plus de 80 ans) ou en fonction de certaines fragilités
ayant conduit à d’importantes restrictions touchant l’ensemble de la
population, plutôt qu’à privilégier des mesures de protections en
faveur des seules catégories plus exposées que la population
générale.
Les conditions matérielles et morales d’exercice professionnel
dans le secteur public de la santé conduit à une diminution du
personnel sous l’effet d’une double crise des vocations (départ
d’agents en poste vers le secteur privé ou de nouvelles carrières en
dehors de la santé d’une part, baisse du nombre de candidats au
recrutement, d’autre part). En 2021 a été signé un accord dit « Ségur
de la santé » qui prévoit des investissements dans le système de
santé et, notamment l’hôpital public ainsi que des revalorisations en
termes de salaires et de déroulement des carrières.
Le débat en matière de santé porte également sur les
conséquences en la matière de la politique d’immigration de la
France (voir le chapitre sur la mondialisation).
– D’une part, les migrants clandestins bénéficient de l’Aide
médicale d’État (AME), qui leur permet un accès aux soins sous
conditions de ressources et de résidence pour un an
renouvelable avec un taux de 100 % pour la plupart des
prestations médicales ; ce dispositif permet de s’assurer qu’un
étranger, même en situation irrégulière, peut avoir accès à des
soins en cas d’urgence ou en cas de maladie contagieuse mais
son maintien est contesté, en raison de son coût (1,5 milliards
d’euros par an), pour les autres soins.
– D’autre part, un ressortissant étranger peut obtenir un titre de
séjour provisoire renouvelable au titre de son état de santé pour
lui-même et accompagné de son conjoint et de ses enfants
mineurs et venir en France recevoir des soins en France si le
défaut de soin est susceptible d’entraîner des conséquences
d’une exceptionnelle gravité et si les soins adéquats ne sont pas
disponibles dans l’État de nationalité ou de résidence du
demandeur.
2. Problématique
La volonté politique et juridique de faciliter l’égal accès aux soins
se heurtent à des difficultés concrètes de mise en œuvre.
🠶 Introduction :
– Définition des termes : il est préférable ici d’avoir une approche
large de la notion d’accès aux soins : possibilité de pouvoir
effectivement accéder aux services de santé, à la fois en termes
de soins (médecine curative) mais aussi de prévention (médecine
préventive et campagnes diverses de sensibilisation, voir ci-
dessus) ;
– Historique (voir ci-dessus) ;
– Actualité (crise sanitaire et impact sur l’hôpital, voir ci-dessus) ;
– Problématique (voir ci-dessus) ;
– Annonce du plan.
I. L’égal accès aux soins est garanti
A. Le principe du droit à la santé et à la sécurité sociale (le
préambule constitutionnel de 1946 affirme le principe d’un droit à
la santé garanti, notamment à l’enfant, à la femme et au vieux
travailleur, ce qui signifie que ce droit est en réalité garanti à tous,
sans condition de nationalité ; organisation du service public de
santé (voir ci-dessus) ; sécurité sociale ouverte à tous avec le
régime général ;
B. Les modalités du droit à la santé et à la sécurité sociale
(existence de régimes particuliers et remboursement selon des
taux variables en fonction de la maladie et de la situation
prévention et soins ; aide médicale d’État (AME) en faveur des
migrants et des mineurs isolés (voir ci-dessus) à un taux de
100 % ; titre de séjour provisoire renouvelable pour étrangers au
titre de leur état de santé ; couverture à 100 % pour les
personnes ayant une affection de longue durée).
II. Les difficultés concrètes de mise en œuvre
A. Les conséquences de la fracture territoriale (effets de la
métropolisation qui conduit à concentrer population, moyens de
transports et équipement dans les zones les plus peuplées et
multiplication des territoires soit peu peuplés (zones rurales,
zones de montagne et zones rurbaines), soit confrontés à une
situation sociale difficile (banlieues…) ;
B. Les conséquences de la crise des finances publiques (crise de
l’État providence ; diminution des ressources publiques pour
l’hôpital ; effets de la RGPP et de la réforme de l’hôpital de 2004
(voir ci-dessus) ; augmentation du coût de certains matériaux et
soins ; remboursement par la sécurité sociale et par les mutuelles
et assurances (inégalité d’accès à ces dernières car ce n’est pas
un système de solidarité nationale).
Chapitre XIV
Le travail
Bibliographie
• C. Besser et S. Collac : « Le genre du capital », La Découverte,
2019 ;
• Y Jeanneau : « La législation du travail », Repères pratiques,
2020 ;
• J. Jung et autres : « Le travail », Garnier Flammarion, 2018 ;
• N. Lepeyre : « Le nouvel âge des femmes au travail », La
Découverte, 2020 ;
• D. Méda : « Le travail », PUF, QSJ, 2005.
I Définitions
II Aspects historiques
A. Au niveau international
La conférence de Berlin (1890) et celle de Bâle (1901), ont
constitué les premières tentatives de définition de standards
minimaux applicables dans l’ensemble des pays industrialisés.
Créée en 1919 dans le cadre de la Société des Nations,
l’Organisation internationale du travail (OIT) est depuis 1946 un
organisme spécialisé de l’Organisation des nations Unies
représentée par le Bureau International du Travail. Elle est
composée de manière égalitaire de représentants des États, des
organisations patronales et des syndicats de travailleurs. Elle a son
siège à Genève et regroupe 187 États membres. Elle promeut la
justice sociale et les droits de l’Homme, dont les droits du et au
travail. Elle est un observatoire international des conditions de travail
dans le monde et publie de nombreuses statistiques et études
documentaires. Elle favorise la coopération des États en matière du
développement et de la définition de standards sociaux minimaux
communs. Ainsi, en 2002 puis en 2008 elle a adopté un rapport sur
la nécessité de donner une dimension sociale à la mondialisation,
mais sans effet pratique.
Au niveau européens, la définition de standards communs en
matière sociale est effectuée par le Conseil de l’Europe (voir le
chapitre sur l’Europe et celui sur les droits de l’Homme).
B. En France
1. Au niveau de l’État
L’article L. 2251-1 du Code général des collectivités territoriales
(CGCT) dispose que c’est l’État qui est responsable de la politique
économique et sociale de la Nation et de la défense de l’emploi. Il
est acteur de l’intégration sociale.
Le ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion a été créé en
1906. Il comprend un ensemble de directions centrales (dont les
principales sont celles du travail, de l’emploi et des affaires sociales).
Il existe un ministre délégué chargé de la formation. Depuis 2021 les
DREETS (Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail
et des solidarités) sont les organes déconcentrés à la fois du
ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion et du ministère de la
santé et des solidarités, regroupées avec les DIRRECTE (Directions
régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation,
du travail et de l’emploi), chargées, pour ce qui concerne le travail,
de l’accompagnement des entreprises et des mutations
économiques et de la définition et du suivi des politiques publiques
en matière d’emploi et de chômage.
Par ailleurs, il existe un établissement public administratif créé en
2008, Pôle emploi (qui résulte de la fusion de l’ANPE, compétente
en matière de recherche d’emploi et des ASSEDIC, compétentes en
matière d’indemnisation). Pôle emploi assure la mission du service
public de l’emploi en France. Il est en charge, d’une part, de la
gestion, du suivi et de l’indemnisation des personnes sans emploi et,
d’autre part, de l’aide au retour à l’emploi (suivi des dossiers, bilans
de compétences, formations, propositions d’emplois…). Le régime
de l’indemnisation du chômage a été modifié en 2021 (ouverture ou
recharge du droit à indemnisation après 6 mois d’activité au lieu de
4 mois auparavant ; mise en place de la dégressivité de
l’indemnisation dans certaines conditions au bout de 6 mois au lieu
de 8).
2. Au niveau territorial
Conformément à l’article L. 2251-1 du CGCT précité, les
collectivités territoriales ont un rôle résiduel, complémentaire de celui
de l’État en matière d’emploi, mais important et efficace car situé au
plus près du terrain.
D’une part, les régions, dans le cadre de leur compétence de
collectivité chef de file en matière de développement économique et
de formation professionnelle peuvent fixer des cadres d’actions,
auxquels les autres niveaux de collectivités peuvent participer dans
le cadre de contractualisations (voir le chapitre sur l’État et
l’organisation territoriale de la France). Par exemple, les régions
peuvent créer des primes régionales à la création d’emploi. Ces
actions sont complémentaires avec celles menées dans les
territoires par les organes déconcentrés de l’État, et notamment du
ministère du travail.
D’autre part, les communes et les établissements de coopération
intercommunale mènent des actions de terrain et de proximité en
matière de solidarité ou d’aide à la recherche d’emploi dans le cadre
de la clause de compétence générale et sous réserve de respecter
le domaine de l’État en la matière (organisation de foires aux
métiers, de journées d’information sur l’emploi…). Par exemple, il
peut exister des Maisons de l’emploi, chargées de :
– lutter contre le chômage ;
– d’assurer la cohésion sociale sur le territoire ;
– de définir les objectifs de développement et les besoins en main
d’œuvre du territoire ;
– d’assurer le lien, la continuité et la complémentarité entre la
politique nationale en matière d’emploi et celle du territoire.
Bibliographie
• J-M. Auby : « Les services publics en Europe », PUF QSJ,
1998 ;
• J. Chevalier : « Le service public », PUF, QSJ, 2018 ;
• F. Larat et Ch. Chauvigné : « Vivre les valeurs du service
public », EHESP, 2016 ;
• J-M. Rainaud : « La crise du service public français », PUF
QSJ, 1998.
I Définition
II Évolution historique
IV La fracture territoriale
V La politique de la ville
2. Analyse synthétique
– La notion de service public a évolué par rapport à la conception
traditionnelle héritée de l’État providence ;
– Déréglementations effectuées dans le cadre de la mondialisation
et de la construction européenne (ouvertures à la concurrence et
changement de statuts pour les activités en réseaux, limitation
des interventions de l’État au nom de la concurrence libre et non
faussée… ; cela concerne essentiellement les anciens SPIC) ;
– Développement de nouvelles méthodes de gestion inspirée de
celles des entreprises (RGPP, MAP, modernisation des RH,
recours à la contractualisation…) ;
– Malgré cette évolution, la notion de service public reste
importante en France ;
– Large adhésion de l’opinion publique, des partis politiques des
syndicats au maintien de ce particularisme ;
– Les services publics administratifs constituent l’armature de l’État
(notion de SPA, principaux domaines : régalien, éducation,
culture, recherche, santé, justice, sécurité, finances publiques ;
maintien des principes issus des lois de Rolland…) ;
– Le service public est un moyen essentiel pour lutter contre la
fracture territoriale (assurer l’universalité du service public sur
tout le territoire, dématérialisation, rapprochement de l’usager par
les maisons de service au public, les maisons de la justice et du
droit, les maisons médicales…), aussi bien au niveau de la
ruralité que des banlieues (politique de la ville), de la métropole
que de l’outre-mer… Rôle de l’ANCT.
3. Problématique
Si elle a évolué en raison du contexte international, la notion de
service public reste essentielle en France
🠶 Introduction :
– Définition ;
– Historique ;
– Actualité ;
– Problématique ;
– Annonce du plan.
I. La notion de service public a évolué
A. En raison des dérèglementations effectuées dans le cadre de la
mondialisation et de la construction européenne (ouvertures à la
concurrence et changement de statuts pour les activités en
réseaux, limitation des interventions de l’État au nom de la
concurrence libre et non faussée… ; cela concerne
essentiellement les anciens SPIC) ;
B. En raison du développement de nouvelles méthodes de gestion
inspirées de celles des entreprises (RGPP, MAP, modernisation
des RH, recours à la contractualisation…).
II. La notion de service public reste essentielle
A. Les services publics administratifs constituent l’armature de
l’État (notion de SPA, principaux domaines : régalien, éducation,
culture, recherche, santé, justice, sécurité, finances publiques ;
maintien des principes issus des lois de Rolland…) ;
B. Service public et lutte contre la fracture territoriale (assurer
l’universalité du service public sur tout le territoire, action dans la
ruralité, politique de la ville, rôle de l’ANCT ; actions en métropole
et outre-mer dématérialisation, rapprochement de l’usager par les
maisons de service au public, les maisons de la justice et du
droit, les maisons médicales…) ; la population, les partis et les
syndicats restent très attachés au maintien du service public et
des services publics.
Chapitre XVI
La fonction publique
Bibliographie
• H. Buisson-Fenet : « L’administration, de l’éducation
nationale », PUF, QSJ, 2008 ;
• E. Aubin : « Droit de la fonction publique », Gualino, 2021 ;
• F. Colin : « Droit de la fonction publique », Gualino, 2021,
« Gestion des ressources humaines dans le fonction
publique », Gualino, 2022 ;
• P. David et F. Espinasse : « Droit de la fonction publique
territoriale », Documentation française, 2021 ;
• R. Lelièvre : « La fonction publique hospitalière », Studyrama,
2011 ;
• M. Pochard : « Les 100 mots de la fonction publique », PUF,
QSJ, 2011 ;
• D. Stingre : « La fonction publique hospitalière », PUF QSJ,
2008 ;
I Définition
II Évolution historique
2. Analyse et synthèse
Les principes contenus dans la déclaration de 1789 et dans le
statut général permettent d’assurer le recrutement des
fonctionnaires par la voie du concours (ou de l’examen professionnel
pour la promotion) et donc dans le respect du principe d’accès
égalitaire.
Le principe d’égalité s’oppose en droit à la mise en place de
discriminations positives, sauf pour quelques exceptions très
particulières : quotas d’emplois en faveur des handicapés (loi du
10 juillet 1987 ; cela concerne les administrations et les entreprises
de plus de 20 salariés) ; quotas en faveur des femmes dans le cadre
de la « parité » (en matière électorale, de composition de jurys, de
participation aux organes dirigeants d’entreprises…) ;
discriminations en matière territoriales (zones franches, éducation
prioritaire…). Par conséquent, la prise en compte de la diversité
dans le souci légitime de permettre à certaines populations de
réussir les concours ne peuvent prendre que la forme d’un
renforcement de l’offre d’études et d’aides à la poursuite d’études
mais pas la forme de quotas d’emplois.
Au-delà de la question des concours, se pose celle de mettre en
place un système d’enseignement performant sur l’ensemble du
territoire et permettant à l’ensemble des candidats de disposer de
chances égales pour pouvoir réussir leurs études comme les
concours grâce à leurs talents.
4. Problématique
S’il est souhaitable qu’il n’existe pas une « caste administrative » et
donc que les fonctionnaires soient issus de l’ensemble des classes
sociales, cet objectif ne peut être réalisé que dans le respect des
principes constitutionnels par la démocratisation de la formation tant
initiale que continue.
– définition des termes ;
– historique (ancien régime, 1789 ; IIIe République ; statut de
1946 ; réforme de 1982 ; RGPP ; baisse des effectifs pour des
raisons comptables mais le besoin de services publics reste
élevé dans la société française (voir la fameuse formule : il y a
trop de fonctionnaires en France mais pas assez de policiers, de
personnels de santé, d’enseignants…) ;
– problématique.
I. Recrutements et promotions dans l’administration
reposent sur le principe d’égalité
A. Affirmation du principe d’égalité en matière de fonction publique
(rappel des textes et principes applicables ; indication que c’est
une exigence cardinale dans la société française ; égalité et
équité, les modalités générales des discriminations positive en
France…) ;
B. Mise en œuvre du principe d’égalité dans la fonction publique
(rappel des dispositions du statut en matière de recrutement et de
carrière ; système des échelons à l’ancienneté garantissant d’une
carrière minimale sauf sanction ; mécanismes de lutte contre les
discriminations…).
II. Recrutements et promotion dans la fonction publique
reposent sur le principe du mérite
A. Le concours, moyen objectif et égalitaire de détermination du
mérité (le concours reste la seule vois de recrutement
garantissant le respect des principes de la déclaration de 1789
car ils assurent la neutralité de l’épreuve et permettent la
vérification ; même les recrutements de contractuels ou par voie
d’entretiens doivent respecter l’égalité, la non-discrimination, la
vérification de la capacité…) ;
B. La nécessaire adaptation du système de formation et de
préparation (introduction de quelques éléments d’équité : prépas
talents ; voies de recrutement spécifique pour les handicapés ;
adaptation des postes de travail ; principes de non-
discrimination, ; développement des concours internes pour
favoriser la promotion ; recrutements ou promotions non fondés
seulement sur les connaissances universitaires mais aussi sur
l’expérience etr la valorisation des savoirs-être…)
Chapitre XVII
La dépense publique
Bibliographie
• M. Baslé : « Le budget de l’État », La découverte, 2020 ;
• F. Facchini : « Les dépenses publiques en France », De Boeck,
2021 ;
• A. Verdier-Molinié : « Le véritable état de la France », Hors
collection, 2022.
I Définition
II Évolution historique
Bibliographie
• R. Aron : « Guerre et paix entre les nations » (1962) ;
• H. Arendt, « La crise de la culture » (1958) ;
• P. Bourdieu : « Surveiller et punir » (1975) ;
• E. Brenner (dir.), « Les territoires perdus de la République »,
2002 et 2015 ;
• C. VonClauzevitz : « De la guerre » (1827) ;
• M. Foucault : « Surveiller et Punir » (1975) ;
• J. Fourquet : « l’archipel français » (2019) ;
• F. Fukuyama : « La fin de l’histoire » (1992) ;
• R. Girard : « La violence et le sacré » (1972) ;
• S. Huntington : « Le choc des civilisations » (1996) ;
• R. Muchembled, « Une histoire de la violence » (2008) ;
• L. Obertone : « la France orange mécanique » (2013) ;
• M. Weber : « Le Savant et le Politique » (1917).
I Définitions
Violence : du latin violentia, « caractère emporté, farouche »
(Larousse). Se dit de l’abus de la force pour contraindre quelqu’un à
quelque chose (« faire violence à quelqu’un »). En droit pénal
(articles L 222-7 et suivants et R 625-1 du Code pénal) les violences
sanctionnables peuvent être physiques, psychiques, corporelles,
matérielles, morales… ce qui illustre la grande diversité des cas
possibles de violences envers les individus. Il existe des règles
spécifiques avec peine aggravées pour les violences envers les
enfants mineurs, les personnes fragiles ou les dépositaires de
l’autorité publique.
2. Analyse
Aspects historiques de la question : État de nature et loi de la
jungle (cf. Rousseau et le discours sur l’origine des inégalités) ;
Création de sociétés pour limiter la vengeance privée parla règle de
droit ; Notion de Pax Romana dans l’Antiquité (L’Empire gagne la
guerre puis impose des conditions de paix dures avant de
progressivement étendre la citoyenneté romaine, apparition de la
société gallo-romaine) ; Paix de Dieu au Moyen-Âge (jours où la
guerre est interdite par l’église, obligation de respecter les moissons,
interdiction du pillage, idéal de la chevalerie… et réalités de guerres
fréquentes et violentes) ; Révolution de 1789 et Terreur ; guerres
napoléoniennes ; colonisation (à la fois guerre de conquête et
empreinte d’un idéal de civilisation), guerres mondiales ; Société des
nations (1919) ; Pacte Briand-Kellog (1928) ; Organisation des
nations unies (1945) ; Esprit de Munich (1938) ; Guerre froide ; la
sécurité collective ; décolonisation ; le recours aux attentats (ex
11 septembre 2001) ; guerre en Yougoslavie, Kosovo, Ukraine, Irak,
Syrie…
3. Synthèse
– les origines de la violence ;
– il n’existe pas une seule forme de violence ;
– il existe au profit de l’État un monopole de la violence qui n’a pas
vocation à disparaître (notion de contrainte légitime) ;
l’encadrement de la violence revêt plusieurs formes : la
prévention, la lutte et la réparation ;
– le droit a vocation à réguler la violence ;
– la disparition de la violence s’inscrit dans l’évolution des sociétés
(la société a pour objet, notamment, de limiter et d’organiser la
violence) ;
– la violence naturelle ne disparaît pas ;
– les violences persistent aujourd’hui ;
– la violence est incontournable ;
– l’existence de règles peut conduire à la violence (refus des
règles) mais aussi protège de la violence ;
– rôle de la police et de la justice face à la violence ;
– au-delà de la fonction instrumentale, la violence a une fonction
d’expression ;
– (…)
4. Problématique
Une société sans violence constitue-t-elle une perspective
raisonnable pour la France ? Peut-on se passer de la violence ?
Bibliographie
• J. Diamond : « Effondrement, comment les sociétés décident
de leur disparition » (2006) ;
• M. Maffesoli : « L’ère des soulèvements » (2021) ;
• J. Tainter : « The collapse of complex societies », publié en
France sous le titre « L’effondrement des sociétés complexes »
(1988, réédité en 2013) ;
• A. Touraine : « La fin des sociétés » (2013).
I Définitions
II Aspects historiques
1. Problématique
Si la France connaît des difficultés alarmantes, notamment d’ordre
sociétal et institutionnel, elle dispose toujours d’atouts qui lui
permettent de demeurer optimiste quant à sa capacité d’adaptation
pour demeurer une grande puissance.
2. Proposition de plan
🠶 Introduction :
– Définition (voir ci-dessus) ;
– Historique du concept de déclin et principaux auteurs(voir ci-
dessus) ;
– Déclin et renaissance (voir ci-dessus) ;
– Permanence du débat sur le déclin en France depuis au moins la
révolution de 1789 et restriction du sujet au cas de la France (voir
ci-dessus) ;
– Problématique et annonce de plan
I. Les difficultés traversées par la France nourrissent la crainte
du déclin
A. La remise en cause du modèle traditionnel français dans le
cadre de la mondialisation et de la construction européenne
(rappel et évolution, notamment dans le cadre de l’Union
européenne et de la mondialisation des principes du service
public, notamment pour certaines activités de nature économique
comme les activités en réseau), remise en cause de l’État
interventionniste au plan économique et social qui a débuté avec
la notion d’État providence, s’est développé au xxe siècle,
notamment lors des deux guerres mondiales, par la construction
européenne et la mondialisation, limitation des aides publiques
diverses, soumissions du législateur national aux dispositions
approuvées par des traités internationaux originels ou
dérivés…) ;
B. La France est confrontée à diverses crises auxquelles elle peine
à faire face et qui font craindre un déclin de sa civilisation, de ses
valeurs fondatrices, de ses institutions, notamment régaliennes :
mutations de la famille (réduction du nombre de mariages et
augmentation des divorces, familles monoparentales, parentalité,
homoparentalité, GPA…), individualisme (concilier les droits de
l’individu avec ses devoirs vis-à-vis de la société, respect des
intérêts collectifs et de l’intérêt général…), question du rapport
devant exister entre cohésion de la société, respect de la majorité
et droits des minorités, crise sociale (formation, chômage,
retraites…), crise sanitaire, enjeux environnementaux (pollution,
disparition de certaines espèces, crise climatique, réchauffement,
épisodes météos violents et inattendus tels que canicules,
tornades, froids plus extrêmes que jadis dans certaines zones…),
enseignement (crise de l’autorité des maîtres, apprentissages
défectueux pour certaines matières, certaines zones et certains
publics, débats sur le niveau, différence entre, d’une part la crise
de l’enseignement de masse telle qu’elle résulte de différents
classements internationaux comme des tableaux de bord sur
l’apprentissage des disciplines fondamentales et, d’autre part,
l’excellence qui demeure de la recherche scientifique de haut
niveau en France…), immigration (immigration économique,
réfugiés politiques et déboutés du droit d’asile, perspective des
réfugiés climatiques, débats sur les frontières et sur le rôle de
l’Europe, débat sur l’aide au développement, cas particulier des
mineurs…), laïcité (question des valeurs, de la place de
l’enseignement confessionnel, vivre ensemble…), terrorisme,
violences diverses (contre les représentants de l’autorité, dans la
vie quotidienne…), crise de l’autorité (dans la famille, dans les
rapports hiérarchiques, dans les rapports avec les représentants
de l’État…), crise de la justice (effectivité des sanctions,
nouvelles formes de violence, réforme de la justice des
mineurs… )… ; rappel du débat avorté sur l’identité nationale
pendant la présidence de Nicolas Sarkozy (à partir de 2007) puis
le caractère limité aux questions d’environnement du « Grand
débat » mis en place après la crise des « Gilets jaunes » (2019) ;
rappel des termes du sondage et des tribunes déjà évoquées.
II. La France, une grande puissance en mutation
A. L’État conserve son rôle de puissance régalienne (pas de
désobéissance généralisée, le pays n’est pas à feu et à sang et
l’autorité de l’État est globalement respectée même si les notions
de territoires perdus de la République et de zones de non-droit
sont inquiétantes et constituent des alarmes sur la cohésion de la
société devant conduire à des mesures énergiques, de la part de
l’État comme des collectivités territoriales et des corps
intermédiaires (associations, syndicats, religions…) pour en
combattre les effets afin de permettre une pleine restauration de
l’autorité de l’État ; l’autorité de l’administration est respectée
globalement (notamment durant la crise sanitaire), les grandes
institutions comme l’armée, la police, l’enseignement ou la
justice, même fragilisées, fonctionnent, les services publics, la
redistribution sont toujours assurés…) mais selon un modèle
nouveau (réglementation générale des politiques publiques,
mutation des services publics, ouverture de certains secteurs à la
concurrence, l’État se bornant à rôle de contrôleur et non plus
d’entrepreneur…), nouveauté ne veut pas dire nécessairement
moins efficace… l’État est toujours en mesure de prélever les
impôts et dispose ainsi de ressources pour mettre en œuvre ses
actions redistributives et conserver la confiance de ses
créanciers ; toutefois la crise des finances publiques est
alarmante, tout comme l’excessif endettement public, et doit
conduire à une gestion publique moins dépensière mais toujours
redistributive et protégeant l’initiative privée et le caractère libéral
de l’économie ; la recherche et la science en France, comme le
système universitaire d’excellence restent d’un niveau élevé et
compétitif…
B. La France exerce toujours une influence déterminante au plan
international (rôle qui demeure moteur en Europe, notamment en
matière militaire et en matière de diversité culturelle, et à l’ONU
avec le siège de membre permanent au Conseil de sécurité et
une diplomatie très active, rôle en Afrique notamment en matière
militaire et d’aide au développement, francophonie (actions des
pays ayant le français en commun et en faveur de la diversité
culturelle), rôle à l’UNESCO, puissance militaire et nucléaire, soft
power, prestige de la culture française qui demeure…) ; la France
reste l’une des principales puissances militaires en Europe (son
budget militaire reste élevé), développe ses troupes dans de
nombreux théâtres d’opérations extérieures, effectue diverses
missions militaires et humanitaires dans le cadre de l’ONU et
d’autres organisations internationales, dispose de l’arme
nucléaire…
Abstention : I ; IV ; XIX ;
Adolescence : IX ; X ; XII ;
Adulescence : IX ;
Apatrides : III ;
Art : III ; X ; XI ; Deuxième sujet corrigé ;
Audiovisuel : III : VIII ; XI ;
Blasphème : VIII ;
Cancell culture : IV ; VI ; VII ; X ; XI ; XVIII ;
Communes et intercommunalités : I, VI ; VIII ; X ; XI ; XIII
Constitution : I ;
Cultes : IV ; V ; VIII ;
Culture : III ; X ; XI ; Deuxième sujet corrigé ;
Collectivités territoriales : I, VI ; VIII ; X ; XI ; XIII ; XIV ; XVI ; XVII ;
Déclin : I ; VII ; XVIII ; XIX ;
Dématérialisation : I ; X ; XIV ; XV ; XVI ; XVII ;
Démocratie : I ; II ; IV ; V ; VII ; VIII ; XVIII ; XIX ;
Démocratie directe : IV ;
Démocratie indirecte : IV ;
Démocratie semi-directe : IV ;
Démocratie sociale : IV ; XIV ;
Département : I ; VI ; X ; XI ; XV ; X ; XII ; XVI ;
Dépense publique : XV ; XVI ; XVII ; par ailleurs, tous les chapitres
abordent les questions budgétaires relatives à leur objet principal
(budget) ;
Doctrines politiques : I ;
Droits de l’Homme : I ; II ; IV ; V ; VI ; XVIII ;
École et le système éducatif en France : VIII ; X ; XI ; XIII ; XV ;
Écriture inclusive : V ; X ; XI ; voir aussi la méthodologie de l’écrit ;
Élections : I ; IV ;
Enfance : IX ; X ; XII ;
Environnement : III ; XIX ;
État : I ; II ; VII ; XVI ; XVII ; XVIII ; XIX ;
État composé : I ;
État de droit : I ; II ; IV ; V ;
État gendarme : I ; XVIII ; XIX ;
État maman : I ; XIII ; XIX ;
État providence : I ; II ; III ; V ; IX ; X ; XI ; XII ; XIII ; XIV ; XV ;
XVII ; XIX ;
État unitaire : I ; IV ; VI ; VII ; XV ; XVI ;
État unitaire complexe décentralisé pluri-législatif : I ;
Europe : I ; II ; III ; IV ; XIX ;
Exclusion : I ; XIV ;
Famille : IX ; X ; XI ; XII ;
Femmes : I ; IV ; V ; VI ; VIII ; IX ; XIV ; XVI ; XVIII ;
Filiation : IX ;
Fonction publique : I ; X ; XI ; XII ; XIII ; XIV ; XVI ; XVII ;
Formation continue : X ; XIV ;
Fracture territoriale : I ; X ; XIII ; XV ; XVI ; XVII ;
GAFA : III ;
Gestation pour Autrui : IX ;
Handicapés : X ; XII ; XIII ; XIV ;
Héritage : VI ; IX ; XVII ;
Histoire : I ; VI ; X ; XI ; Art et culture ;
Homoparentalité : IX ;
Homosexualité : V ; IX ;
Hôpital public : XV ; XVI ;
Identités : VI ; VII ; VIII ; X ; XV ;
Immigration : III ; XIII ; XIV ;
Impôts et impositions de toute nature : XVII ;
Intercommunalités : I ;
Jeunesse : IX ; X ; premier sujet corrigé ;
Justice : I ; V ; XV ; XVI ; XVIII ;
Laïcité et religion : I ; IV ; V ; VIII ; XII ; XIII ;
Liberté d’expression : IV ; VI ; VII ; X ; XI ; XVIII ; XIX ;
Libertés fondamentales : I ; II ; IV ; V ; XVIII ;
Libertés publiques : I ; II ; IV ; V ; VII ; XVIII ;
Livre : III ; XI ;
Lois mémorielles : I ; VI ; VII ; VIII ; XI ;
Médias : III ; VIII ; XI ;
Mémoire : VI ; VII ; VIII ; X ; XV ;
Mondialisation : I ; II ; III ; XIV ; XIX ;
Nation : I ; II ; III ; VI ; VII ; X ; XIII ; XV ;
Parentalité : IX ;
Police : I ; V ; XV ; XVI ; XVIII ;
Politique de la ville : XV ;
Pouvoir d’achat : I ; XIII ; XIV ;
Presse : XI ;
Procréation Médicalement assistée : IX ;
Prison : I ; V ; XV ; XVI ; XVIII ;
Presse : III ; V ; VIII ; XI ;
Recettes publiques : XVII ;
Référendum : I ; IV ; XIV ;
Réfugiés : III ;
Région : I ; X ; XII ; XV ; XVI ;
Religion : VIII ;
Retraite : IX ; XIV ; XVI ;
Risque : I ; VII ; XII ; XIII ; XVIII ; XIX ;
Robotisation : XIV ;
Santé : III ; VIII ; XII ; XIII ;
Sécurité sociale : XIII ; XIV ; XVII ;
Séparatisme : IV ; VI ; X ; XII ;
Service public : I ; VII ; IX ; X ; XIII ; XIV ; XV ; XVI ; XVII ;
Souveraineté : I ; II ; III ; VII ; XV ; XIX ;
Système éducatif : X ;
Téléenseignement : X ; XIV ;
Télétravail : XIV ;
Travail : III ; V ; XIV ;
Troisième âge : IX ; XIII ;
Université : X ;
Vieillesse : IX ; XIII ;
Violence : I ; VII ; XII ; XIII ; XVIII ; XIX ;
Wokisme : IV ; VI ; VII ; X ; XI ; XVIII ;
1. Chaque chiffre romain renvoie au chapitre correspondant. Lorsque le chiffre est en gras,
le terme concerné y est traité à titre principal.
Table des matières
Sommaire
Table des abréviations
Avant-propos
Première partie
Méthodologie de la dissertation et de l’oral
Chapitre I. Bibliographie
I Dictionnaires et lexiques
II Histoire, histoire des idées politiques et philosophie
III Dossiers de presse
Deuxième partie
Thèmes relatifs à la société française
Chapitre I. L’État et l’organisation administrative de la
France
Bibliographie
I Définition de l’État
A. Un territoire
B. Une population
C. Un pouvoir souverain
1. Souveraineté interne
2. Souveraineté internationale
D. Effet de la réunion des trois éléments
II L’État dans les principales doctrines politiques
A. Les doctrines libérales
1. Le libéralisme proprement dit
2. Le libéralisme social
B. Les doctrines socialistes
1. Le socialisme utopiste pré-marxiste
2. Le socialisme marxiste
3. La social-démocratie
C. Les doctrines corporatistes
D. Les écologies
III Évolution de l’État
A. Aspects généraux
B. L’État gendarme (minimum)
C. L’État providence (interventionniste)
D. La crise de l’État providence
E. L’État maman
IV Les formes d’État
A. L’État unitaire
B. L’État composé
C. L’État régional
V L’État en France aujourd’hui
A. La France, État unitaire particulier
B. Le régime constitutionnel en France
1. Évolution constitutionnelle de la France (1791-1958)
2. Caractéristiques générales de la Ve République
a. Le président de la République
b. Le premier ministre et le gouvernement
c. Le pouvoir législatif
VI Les collectivités territoriales en France
A. Éléments généraux
B. Les communes et les intercommunalités
C. Les départements
D. Les régions
VII Le débat sur l’autorité de l’État
Sujet de dissertation : L’État est-il moral ? (ENA, 2017)
Index
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