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INTRODUCTION

Contexte :

Vers le 1er mars 286, Maximien obtient titre Auguste, formant alors le gouvernement de 2 empereurs
légitimes appelé Diarchie

Dans cette perspective

291 : épiphanie des Augustes & César = Dio prend le titre de Jupiter & Maximien d’Hercules : inédit
car il s’éloigne du discours idéologique du soleil et se met sous le patronage de Jupiter

=> culte impérial prend nouvelle forme directement en lien avec le paganisme avec un nouvel effort
donné à son assise spirituel

= permet de ramener l’ordre et la paix tout en sacralisant des princes légitimes mais signifie aussi

= renouvelle culte impérial dans l’armée à CHR ne peuvent plus s’accommoder d’une simple
manifestation de loyalisme => armée & vie chrétienne ne peuvent plus exister sur le même plan =
nombreux martyrs dans l’armée

Le 1er mars 293, autres princes sont nommés « nobles César » Nobillissimi Caeres au coté des Augustes
Dioclétien et Maximien, permettant de ramener stabilité durable

Maximien est chargé en autre de l’AFR romaine, où se trouve Cirta


MAIS ce retour de la stabilité politique et militaire de entretien la persécution contre les militaires
chrétiens, n’ayant plus d’une armée si grande et procède à une montée de l’intolérance dans tout
l’empire

Edit de persécution contre manichéisme en 297 = première étape intolérance envers cultes différents
mais attend encore avant de se confronter à CHR car encore dans démarche pacifiste

Avant 303, majorité des martyrs encore militaires

23 février 303 : promulgation 1er Edit à Nicomédie, marqué par destruction de l’EG faisant face selon
sources au palais royal

• Destruction EG
• Ecritures doivent être données & brulées
• CHR perdent leurs droits judiriques
• CHR de classes supérieure ou avec statut spécial perdent leurs droits & privilèges
• Membres de la maison impériale chrétiens perdent leur liberté

=> Interdit pratique collective du CHR : attaque les EG, les livres sacrés avec sanctions
spécifiques pour les chrétiens faisant partie des classes supérieures refusant d’abandonner
la CHR

De 3 autres édits suivront allant jsq l’imposition du sacrifice avec le 4e edit, placé vers 305 par les
historiens

= 1er édit : confiscation dont existent tjr procès-verbaux => ce qu’on a ici

SOURCE : Procès verbal retraçant la perquisition de l’église de Cirta le 19 mai 303

ORIGINE SOURCE : procès verbal provient recueil conservé abbaye de Saint-Paul de Corvery en
Indre-et-Loire = Il a été conservé car il a fait parti d’un recueil de preuves par Acta de Munatius Felix
(gesta apud Zenophilum) dans l’appendix d’Optat de Milev mais nous reviendrons plus en détail sur le
contexte de conservation de cette preuve plus tard

SOURCE INT : intérêt spécifique pour cette source par rapport à sa date à peu de sources disponibles
sur EG sur seconde moitié IIIe => GP a en partie masqué une partie des info° comme l’explique
DUVAL & PIETRI à dernier council annuel de Carthage en 256 nous donne bcp d’info° mais après
plus compliqué

Cirta : se trouve dans axe de haute densité de la numidie à littoral avec 2 sièges épiscopaux : Hippo
Regius & Cirta => en raison de cette haute densité on a plus d’info sur l’AFR RM que reste OCC
PROBLEMATIQUE

De quelle manière ce procès-verbal qui fait suite à l’édit de persécution promulgué par Dioclétien nous
permet-il de relever l’importance et le dynamisme du chritianisme en Afrique à l’extrême fin du IIIe -
début du IVe siècle tout en étant utilisé par Optat de Milev comme un argument de dénonciation du
schisme dynastique qui se met en place suite à la traditio contre la communauté chrétienne ?
I- Cirta, un espace d’application de l’édit de persécution de Dioclétien
A) La mise en place de l’édit dans un contexte politique particulier, la tétrarchie
- Ligne 1 : « Dioclétien consul pour la huitième fois, et Maximien pour le septième »
- Ligne 4 : « Apportez les Écritures de votre loi et tout ce que vous avez encore ici, comme il a été
prescrit, afin d’obéir aux ordres <des empereurs>»
Commentaire :
Après la mort brutale de l’empereur Carus en 283, Carin et Numérien, ses deux fils, sont proclamés
Augustes par leurs troupes. Numérien meurt en novembre 284 dans des circonstances obscures et Carin
est assassiné peu après. Le 20 Novembre 284, les soldats romains acclament en tant qu’Auguste Gaius
Valerius Dioclès, commandant de la garde impériale. À partir de cette date, il porte les noms de Marcus
Aurelius Gaius Valerius Diocletianus (Dioclétien).
Dioclétien va instaurer une nouvelle organisation politique à un moment où Rome connaît une crise
politique importante (anarchie militaire et pression des barbares sur les frontières extérieures de
l’Empire):
1) Qui fait que l’imperium (le pouvoir absolu de l’Empereur) est co-exercé. Il est donc co-exercé
par Maximien. En effet, le 1er avril 286, Maximien (Marcus Aurelius Valerius Maximianus) un des
anciens compagnons d’armes de Dioclétien est nommé César. Il est originaire de Pannonie et il était
juste avant d’être nommé commandant de la garde impériale, soit préfet du prétoire.
Dans ce cadre, Maximien se charge de la défense de la partie occidentale de l’Empire, qui utilise le latin
comme langue officielle (l’Italie, les Gaules, l’Espagne, le Nord de l’Afrique et la région du Danube)
alors que Dioclétien se charge de la partie orientale (Balkans, Grèce, Proche-Orient et Egypte)
Il s’agit d’une délégation de l’imperium sur ces territoires car c’est bien Dioclétien qui conserve
l’autorité sur ces territoires.
2) Le pouvoir est plus précisément divisé en 4 car Dioclétien et Maximien ont chacuns deux
adjoints – chargés des opérations militaires- proclamés le 1er mars 293 :
- À Milan : siège de Maximien = Flavius Valerius Constantius, dit Constance Chlore d’Illyrie
- À Nicomédie : siège de Dioclétien = Gaius Galerius Valerius Maximianus (Galère) de Dacie
- Ligne 7 à 8 : « Apportez les Écritures que vous possédez, pour obéir aux ordres et prescriptions des
empereurs »
- Ligne 37 à 38 : « Félix, Flamine perpétuel, curateur de la république, dit à Eugenius : « Apporte les
Écritures que tu possèdes, pour obéir aux prescriptions. » »
Commentaire :
Une persécution des chrétiens commence à se mettre en place suite aux réformes mises en place par
Dioclétien. Ainsi, en 303, après 19 ans de paix relative, l’empereur Dioclétien déclenche la dernière
persécution générale qui sera « la plus sanglante et la plus longue de toute l’Antiquité. » (SIMON
Marcel, BENOIT André). En effet, cette persécution se met en place dans le contexte suivant :
Dioclétien tente de revivifier l’Empire, menacé à l’intérieur et à l’extérieur, en rénovant la tradition
religieuse ancienne. C’est donc l’idée selon laquelle les Empereurs pensent trouver le salut dans le
retour aux traditions religieuses anciennes.
Néanmoins, il faut nuancer la question de la responsabilité de Dioclétien dans la mise en place de la
persécution. En effet, les historiens nous indiquent que Dioclétien a été poussé par son César Galère qui
est décrit par Lactance et Eusèbe de Césarée comme étant à l’origine de la persécution car il est « un
fanatique religieux païen » (Paul KERESZTES)
L’Empereur va mettre en place à partir de 303, 4 édits successifs. Ce texte nous présente donc la mise
en place de ce premier édit à Cirta. Ce premier édit a donc été affiché à Nicomédie le 24 février 303
mais il est valable pour tout l’Empire. Celui-ci : « Il ordonnait la destruction des églises, ce qui revenait
à interdire le culte ; il enjoignait la confiscation des livres et des vases sacrés ; il stipulait que les
chrétiens occupant des charges publiques seraient déchus de leurs fonctions. (Selon ces auteurs) Le but
de ces mesures est clair : éliminer l’Église de l’Empire, mais elles ont ceci de remarquable que la peine
de mort n’est pas requise. » (SIMON Marcel, BENOIT André)

B) Procès-verbal nous permet de comprendre l’organisation municipale et judiciaire de


l’application de l’edit de perquisition

Un souci du « légalisme » (auteur BASLEZ) => Applications confiées aux autorités municipales

Début du texte : « Félix, flamine perpétuel, curateur, dit à Paulus, évêque : « Montre les lecteurs ou
envoie les chercher ». = On remarque quelque chose de particulier avec cette fonction de curateur :
courant IIIe curateur avant tout contrôle financier envoyé par l’empereur, et pris hors de la cité

MAIS années 303 marque le changement fonction de curateur par Dioclétien venant avec ces édits :
présence étendue à toutes les cités et souvent nommé parmi autorité municipale à fonctions financières
mais aussi maintien de l’ordre & aux affaires policières + l’application des décisions impériales =
Briand-Ponsart montre que ce procès verbal est exemple du changement de la fonction de curateur avec
nouvelles fonctions

On voit bien que curateur Munatius Felix fait inventaire & confiscation des biens = il applique la
décision impériale et à une fonction de police, dépassant le contrôle financier

Le curateur représente donc une nouvelle autorité municipale qui vient faire appliquer l’édit : Fait que
ce soit une autorité municipale qui soit chargé de l’application traduit un « souci du légalisme » pour
Baslez

Ligne 41 à 45 « Et quand on fut venu à la maison de Félix le mosaïste, il remit cinq volumes; et quand
on fut venu à la maison de Victorinus, il remit huit volumes; et quand on fut venu à la maison de
Projectus, il remit cinq grands volumes et deux petits; et quand on fut venu à la maison du professeur
de grammaire, Félix, flamine perpétuel, curateur, dit à Victor, professeur de grammaire : « Apporte les
Écritures que tu possèdes, afin d’obéir aux prescriptions. »

Ils enregistrent précisément procédure avec toute une équipe, 2 greffiers, un notaire, un esclave =>
limitant selon Baslez l’emploie de la violence car étant dans une structure règlementée

Pour lui, cela permet d’exclure la violence de la procédure, les volumes sont remis et non pas saisis de
force quand ils sont dans l’espace privé

MAIS on peut aussi remettre en perscective les pratiques judiciaires et municipales de l’application de
l’édit Procès-verbal nous permet aussi de nous interroger sur la pratique de l’application notamment
avec les sanctions

" Ligne 36 : Catullinus et Marcuclius dirent : « Nous ne sommes pas des traîtres. Nous voici ;
faites-nous mourir. »

" Ligne 24 « Victor ; fils d’Aufidius dit à Silvanus : « tu serais mort si tu ne les avais pas
trouvé »

Habitude de la pratique judiciaire : Sanctions pour refus de remettre les livres = exécution -> aucune
trace de punition moins importante. MAIS aucune sanction n’était prévue dans l’édit selon CROIX à
pratique courante en dehors de la persécution = peut être explication l’obéissance de certains fidèles par
peur

II- Cirta, une communauté chrétienne très importante et dynamique en Afrique


A) Une communauté chrétienne effervescente
- Ligne 14 à 19 : « quatre-vingt-deux tuniques de femmes, trente-huit voiles, seize tuniques
d’homme,treize paires de chaussures d’homme, quarante-sept paires de chaussures de femmes, dix-neuf
capes de paysan. »
Commentaire :
J.P LAPORTE et N. DUVAL expliquent que la religion chrétienne s’implante très tôt en Numidie aux
environs du II siècle après JC, assurée par des sources.
Ainsi, si le christianisme est probablement installé à Cirta dès le début du IIIe siècle, les premiers
témoignages chrétiens datent du milieu du IIIe siècle. La période de la petite paix de l’Église entre 260
et 303 permet à la religion chrétienne de poursuivre son expansion dans l’Empire romain.
SIMON Marcel, BENOIT André expliquent qu’on assiste à la fois à une augmentation massive du
nombre des fidèles dans l’entièreté de l’Empire qu’à une pénétration du christianisme dans les « hautes
couches de la société» : « les forces vives de l’Empire sont en grande partie chrétiennes ».
Le dynamisme et l’importance de cette communauté chrétienne en Afrique se voit donc au travers de
cette source. En effet, nous avons très peu de sources contemporaines à cette première persécutions et
les informations que nous avons au sujet de la communauté chrétienne nous viennent de ce texte.

- Ligne 37 à 39 : « Félix, Flamine perpétuel, curateur de la république, dit à Eugenius : « Apporte les
Écritures que tu possèdes, pour obéir aux prescriptions. » Et il apporta quatre volumes. »
- Ligne 42 à 47 : « Et quand on fut venu à la maison de Félix le mosaïste, il remit cinq volumes ; et
quand on fut venu à la maison de Victorinus, il remit huit volumes ; et quand on fut venu à la maison
de Projectus, il remit cinq grands volumes et deux petits ; et quand on fut venu à la maison du professeur
de grammaire, Félix, flamine perpétuel, curateur, dit à Victor, professeur de grammaire : « Apporte les
Écritures que tu possèdes, afin d’obéir aux prescriptions. » Victor, professeur de grammaire, offrit deux
volumes et quatre cahiers. »
- Ligne 6 à 9 : « Félix, flamine perpétuel, curateur, dit à Paulus, évêque : « Montre les lecteurs ou envoie
les chercher ». Paulus, évêque, dit : « Vous les connaissez tous. » Félix, flamine perpétuel, curateur de
la république, dit : « Nous ne les connaissons pas. » Paulus, évêque, dit : « Les fonctionnaires de
l’administration les connaissent, je veux dire les greffiers Edusius et Junius.»
Commentaire :
La présence importante des livres en grand nombre et l’existence de nombreux lecteurs, nous fait
conclure à un dynamisme d’une communauté chrétienne importante en Afrique du Nord.
= En effet, selon L’Orne D. BRUCE dans A Note on Christian Libraries during the “Great Persecution,”
303-305 A.D., le nombre de livres possédés par la communauté de Cirta est bien le témoignage de
l’augmentation de la communauté chrétienne de Cirta
= Ces lecteurs sont recensés et sont connus de Rome. Cet élément démontre donc la thèse des deux
auteurs (SIMON Marcel, BENOIT André) qui expliquent que le christianisme progresse dans toutes les
sphères de la société, ce qui fait que le nombre de chrétiens augmente.
SIMON Marcel, BENOIT André mettent en avant l’idée selon laquelle au IIIe siècle, « (on) construit
de nombreuses églises, preuve d’ailleurs que les chrétiens estiment révolue l’ère des persécutions. ».
Cette église importante est le reflet qu’il existe à Cirta, au moment de la persécution, une communauté
chrétienne qui est très importante en Afrique du Nord.
B) L’Église comme une maison de la communauté chrétienne scripturaire

MATTEI donne Spécificité du Procès-verbal intéressante = nous permet d’entrevoir org° de l’EG
d’AFR extrême fin IIIe -> et donc faire lumière sur la vie des communautés depuis Cyprien

· La communauté scripturaire : Ligne 5 à 6 : « Paulus, évêque, dit : « Les Écritures, ce sont les
lecteurs qui les ont; mais nous, ce que nous avons ici, nous le donnons. » »

Importance dans attaque sur livres car communautés scripturaires = fondée sur le livre : tradition sur
tradition textuelle

" Ligne 11 à 14 : « Montanus et Victor, Deusatelius et Memorius, prêtres, ayant à ses côtés
Mars avec Hellus, diacres, Marcuclius, Catullinus, Silvanus et Carosus, sous-diacres,
Januorius, Meraclus, Fructuosus, Miggin, Saturninus, Victor et tous les autres
fossoyeurs, Victor, fils d’Aufidius »

Produit recul important pour librairies des communautés chrétiennes selon Leclercq => explique pour
Bruce l’effort de destruction des librairies par Dioclétien => explique édit demandant la remise des
Ecritures sacrées = manière d’attaquer l’EG comme institution

Bruce cite justement l’exemple de la perquisition de Cirta par flamine et curateur Felix avec 29 & 20
volumes saisis

· Nouveau batiment spécifique culte à début IIIe : CHR groupe à l’écart & jugés mystérieux :
prières pas ouvertes à tous = source permet de comprendre l’org° intérieure de l’EG AFR

" Ligne 1 à 2 : « Quand on fut arrivé à la maison où s’assemblaient les chrétiens (...) »

" LANCEZ et MATTEI explique aussi que dans cette source, Victor emploi le mot «
basilica » pour parler du lieu de la perquisition => désigne bien lieu de culte concret

= changement fin IIIe attesté par document, contraste avec IIe & début IIIe : se réunissait dans autres
locaux, souvent privés

Néanmoins croissance au cours IIIe de « maisons communes », cette « domus ecclesia » avec édifices
consacrés aux cultes à mentionnée dans le texte = prouve intérêt procès-verbal pour comprendre org°
communauté chrétienne. Conséquence du développement de la communauté chrétienne que nous avons
aborder précédemment

On voit bien qu’elle possède tous les éléments d’un lieu de culte => Ligne 14 à 19 : « l’inventaire
sommaire ci-dessous : deux calices d’or, pareillement six calices d’argent, six burettes d’argent, une
petite casserole d’argent, sept lampes d’argent, deux flambeaux, sept candélabres courts de bronze avec
leurs lampes, pareillement onze lampes d’airain avec leurs chaînes de suspension) »

= fait inventaire objets liturgiques pour prière & culte tous présents dans cette structure = montre bien
le rassemblement des fidèles dans un seul lieu à acquis par donations

= accroissement du peuple de fidèle participe à l’augmentation du patrimoine de l’EG


Malgré absence de preuve archéologique on comprend bien la présence d’un lieu de culte dédié qui
marque même le développement pour le IVe de lieux dédiés de + en + importants avec basiliques

III- La perquisition de l’Église de Cirta : l’origine d’un schisme


A) Le procès verbal de Cirta : une preuve dans le procès de Silvanus en 320 (remise en contexte
de la source)
- Ligne 13 : « Silvanus et Carosus, sous-diacres »
- Ligne 23: « Dans les bibliothèques, on trouva les armoires vides. Là, Silvanus apporta un coffret (?)
d’argent et une lampe d’argent, qu’il avait trouvés, dit-il, derrière un tonneau. »
- Ligne 59 : « Acta de Munatius Felix (gesta apud Zenophilum) dans l’appendix d’Optat de Milev. »
Commentaire :
Selon Serge LANCEL et Paul MATTEI, la Numidie est » au centre de notre documentation sur les
origines du schisme » donatiste.
Dans ce texte, nous pouvons voir de manière plus singulière le rôle de Silvanus dans la perquisition de
l’Eglise de Cirta. En effet, nous voyons dans le texte que Silvanus est surpris en délit de « tradition »,
ce qui lui est reproché à la fin de la persécution. En effet, il est élu et ordonné évêque à la place de Paul
(Paulus dans le texte) à son décès.
Silvanus était sous-diacre de l’évêque Paul est ordonné à la fin de la persécution au siège
épiscopal de Cirta. Néanmoins, il a participé aux saisies du printemps 303 -> son élection (l’élection se
passe avant l’ordination) se fait donc dans un contexte d’émeute : Nundinarius, un diacre, accuse des «
traiteurs » qui ordonnent d’autres « traiteurs ». Ce diacre devient donc la principale figure d’opposition
à l’ordination de Silvanus et en 320 il met en accusation l’évêque Silvanus devant le tribunal du
gouverneur de Numidie : Domitius Zenophilius. On retrouve sa mention à la fin du texte lorsqu’on voit
que ce procès verbal de la perquisition de Cirta fait partie des « gesta apud Zenophilum ».
Ainsi, ce texte que nous venons d’étudier est le document central qui a servi, durant ce procès, à mettre
en accusation l’évêque Silvanus, traditeur durant la persécution des chrétiens qui commence dès 303 et
nous renseigne de manière plus directe sur les origines du schisme donatiste.

B) Le schisme donatiste : une particularité religieuse d’Afrique du Nord


- Ligne 23: « Dans les bibliothèques, on trouva les armoires vides. Là, Silvanus apporta un coffret (?)
d’argent et une lampe d’argent, qu’il avait trouvés, dit-il, derrière un tonneau. »
- Ligne 32 à 37 : « Catullinus et Marcuclius dirent : « Nous ne sommes pas des traîtres. Nous voici ;
faites-nous mourir. » Félix, flamine perpétuel, curateur de la république, dit : « Qu’on les arrête. » »
- Ligne 37 à 39 : « Et, lorsqu’on fut arrivé à la maison d’Eugenius, Félix, Flamine perpétuel, curateur
de la république, dit à Eugenius : « Apporte les Écritures que tu possèdes, pour obéir aux prescriptions.
» Et il apporta quatre volumes. »
- Ligne 59 : « Acta de Munatius Felix (gesta apud Zenophilum) dans l’appendix d’Optat de Milev. »
Commentaire :
MARAVAL Pierre explique que : « Le donatisme tire son origine immédiate de l’élection contestée
d’un évêque de Carthage peu après la grande persécution ordonnée par les édits de Dioclétien de
303/304 ». Suite à ces persécutions, des tensions se manifestent entre les chrétiens. En d’autres termes,
le délit de « tradition » (illustré par les citations que nous venons de voir) soulève chez les chrétiens «
un mouvement de fond durable et des contestations infinies qui alimentèrent la discorde » (Serge
LANCEL et Paul MATTEI). En effet, selon ces mêmes auteurs, il était difficile de se rendre compte
qui était « traiteur » et à quel degré dans le cas où on ne parle pas d’un sacrifice fait ou non aux Dieux
(plus tangible). Ces auteurs mettent donc en avant le processus de cristallisation des clivages entre ces
deux groupes de chrétiens pendant près d’un siècle et rappellent le climat d’une « Afrique chrétienne
déjà sensibilisée » suites aux persécutions qui avaient eu lieu à la fin du IIIe.
Les deux camps sont les suivants : « (…) des tensions se manifestèrent entre les chrétiens qui avaient
fait preuve d’une résistance intransigeante et ceux qui avaient préféré une attitude plus prudente ; la
question de la réconciliation de ceux qui étaient « tombés » dans la persécution, les lapsi, fit à nouveau
problème. » (Pierre MARAVAL)
Une réconciliation n’est pas possible entre les deux camps : le camps des lapsi, c’est-à-dire le camps de
ceux qui participent à la perquisition et à la prise et à la destruction des Écritures par les romains et ceux
qui avaient fait preuve de résistance et n’avaient donc pas « trahi » les chrétiens. Enfin, selon ces auteurs,
le donatisme naît de ces clivages et les principaux foyers du donatisme se situent en Numidie.
En effet, le texte que nous venons d’étudier sur la perquisition de l’Église de Cirta offre, à la suite du
un « dossier du donatisme», série de documents sur l’origine du schisme donatiste d’où le nom d’ «
appendix » donné au dossier.

Donc, pour résumer : le donatisme est le schisme qui divise l’Eglise en Afrique pendant près de 3 siècles
et demi et qui commence à la fin de la persécution de Dioclétien. Il se base sur les divergences que l’on
peut qualifier d’irréconciliables » sur l’attitude à prendre envers les évêques qui trahissent durant la
perquisition et de manière générale, la persécution. Le schisme prend le nom de l’évêque Donat qui
organise le parti des chrétiens intransigeants envers les lapsi (les traiteurs).

=> Yvette DUVAL explique que « notre connaissance des débuts de la crise donatiste repose à peu près
entièrement sur un dossier qu'Optat de Milève a réuni et placé à la suite de son Contra Parmenianum
Donatistam (Traité contre les Donatistes), et qu'il cite à plusieurs reprises dans le cours de son exposé.
On y trouve d'abord les comptes rendus de deux procédures judiciaires visant à éclaircir ce qu'avait été,
durant la grande persécution, déclenchée en 303 par Dioclétien, la conduite de deux évêques appartenant
aux deux partis qui allaient déchirer l'Église d'Afrique : Silvanus de Cirta et Felix d' Abthugni. Pour
Silvanus, ce sont les Gesta apud Zenophilum, l'examen de son cas, mené juridiquement le 15 décembre
320 par le consulaire Zénophile »

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