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Université Paris-Sorbonne • Automne 312, 70 évêques de Numidie viennent à

Mardi 10 février 2015 (séance 3 du semestre)


Carthage avec Secundus de Tigisi : ils reprochent à
jean-marie.salamito@paris-sorbonne.fr
Caecilianus d’avoir été ordonné par un traditor ; ils
consacrent Majorinus, un familier de Lucilla.
→ 2 évêques rivaux à Carthage.
Le problème du « donatisme »
I.3. Donatus succède à Majorinus (été 313)
sous Constantin • Été 313, mort de Majorinus ; Donatus (Donat) lui
succède.
Introduction • Problème : deux homonymes ?
• Après le « tournant constantinien », de nouveaux
problèmes pour les chrétiens. II. De l’appel à Constantin (avril 313) à l’échec
• Pourquoi des guillemets à « donatisme » ? d’un concile romain (octobre 313)
• Qu’est-ce qu’un schisme ? II.1. Les adversaires de Caecilianus en
— Nom grec σχίσμα : au sens concret, appellent à l’empereur (15 avril 313)
« fente, séparation » ; au sens abstrait, • Exemption des charges publiques pour les clercs de
« dissentiment, scission ». l’Église dirigée par Caecilianus. « Ainsi
— D’où le nom latin schisma, qui est propre s’ébauchaient, très pragmatiquement, des procédures
aux chrétiens. qui entraînèrent l’intervention du prince dans les
• Le « donatisme » peut apparaître comme une affaires de l’Église » (Ch. Pietri, Histoire du
conséquence indirecte de la Grande Persécution. christianisme, t. 2, p. 233).
• Constantin soutient financièrement Caecilianus.
I. Aux origines du « donatisme » : l’affaire • 15 avril 313, les partisans de Majorinus en appellent
Caecilianus (Cécilien) de Carthage à Constantin.
I.1. Prodromes : les tensions entre II.2. Un concile romain (2-4 octobre 313)
Mensurius de Carthage et Secundus de Tigisi • Été 313, le pape Miltiade, judex datus, avec trois
• En Afrique, la persécution de Dioclétien cesse dès évêques gaulois (Reticius d’Autun, Maternus de
305. Cologne, Marinus d’Arles).
• Mensurius, dernier évêque de Carthage avant la • 2-4 octobre 313, quinze évêques italiens autour de
rupture de l’unité des chrétiens d’Afrique. En 303, il Miltiade. Caecilianus et Donat sont présents.
remet aux autorités des livres « hérétiques ». Il lutte → On donne à Donat un autre diocèse.
contre les faux « confesseurs » et contre le martyre II.3. L’échec du concile romain
volontaire. Il meurt fin 311 ou début 312 en revenant • Les « donatistes » refusent la sentence.
de Rome, où il avait été convoqué par l’empereur • Ils lancent une campagne de diffamation contre
Maxence. Miltiade.
• Secundus, évêque de Tigisi (Aïn el Bordj, en • Ils demandent une enquête sur Felix d’Abthugni.
Algérie), primat de Numidie. Le 5 mars 305, à Cirta • Cette enquête a lieu (à Abthugni et à Carthage). Le
(Constantine, en Algérie), pour échapper à une dossier en a été conservé (Acta purgationis Felicis).
accusation de traditio, il accepte de soutenir le • En 314, le proconsul d’Afrique proclame
nouvel évêque de cette cité, Silvanus (plus tard l’innocence de Felix d’Abthugni.
accusé lui-même de traditio : voir ci-dessous, IV.3).
• Soupçons réciproques entre Mensurius et III. Le concile d’Arles (août 314)
Secundus ; échange de lettres. III.1. La décision impériale et la
I.2. L’élection de Caecilianus et celle de convocation du concile
Majorinus (312) • Au printemps 314, Constantin a l’idée de réunir des
• Caecilianus, archidiacre de Mensurius. Dès avant évêques venus de tout l’Occident (sa pars imperii).
303, tensions entre lui et la chrétienne Lucilla, une • Arles est une résidence impériale et la cité
clarissima femina. épiscopale de Marinus (voir ci-dessus II.2).
• Caecilianus, élu successeur de Mensurius, est • Eusèbe de Césarée cite la lettre à Chrestos, évêque
consacré par 3 évêques, dont Felix d’Abthugni (en de Syracuse (Histoire ecclésiastique, 10, 5, 21-24).
Byzacène), que certains disent traditor.
III.2. les participants et les méthodes de Constantin, Philoumenos. Ils concluent en faveur de
travail Caecilianus.
• Août 314, concile d’Arles. • 10 novembre 316, dans une lettre au vicaire (du
• Participants : diocèse civil) d’Afrique Emmelius, Constantin
• 2 prêtres et un diacre représentent le pape proclame Caecilianus innocent.
Silvestre (qui a succédé à Miltiade début 314) ; • Début 317 (?), édit d’union (ou d’unité) en faveur
• 9 évêques italiens ; des « catholiques » : basiliques restituées à ceux-ci ;
• 12 évêques des Gaules et des Germanies ; confiscation des biens de ceux qui résistent à la
• Caecilianus et Donat ; décision impériale.
• des évêques de Proconsulaire, de Numidie IV.3. Sur le terrain
et de Maurétanie Césarienne. • Violences. Des officiers (païens), à la tête de leurs
• Les évêques travaillent sur des dossiers de troupes, prennent d’assaut des basiliques tenues par
documents écrits. des « donatistes ». Des chrétiens « donatistes », dont
III.3. L’œuvre du concile d’Arles un évêque, sont massacrés.
• Condamnation de Donat ; reconnaissance de • Constantin doit par deux fois (en 319 et 320)
Caecilianus comme légitime évêque de Carthage. interdire les libelles de dénonciation.
• Des canons ; une lettre synodale. • Affaire Silvanus de Cirta : dossier monté par le
• Exemples de canons du concile d’Arles : diacre Nundinarius ; Silvanus envoyé en exil (en
— canon 9 : interdiction de rebaptiser les 320) ; les « donatistes » le proclament martyr.
« hérétiques » ; Source : Gesta apud Zenophilum (Zenophilus étant
— canon 10 : retrait de la circulation des alors le consulaire [c’est-à-dire le gouverneur] de
lettres de « confesseurs » ; Numidie).
— canon 14 : les traditores (traditeurs) sont
exclus du clergé, s’il existe des preuves officielles de V. Constantin tolère le « donatisme » (321-337)
leur traditio ; V.1. L’édit de tolérance du 8 mai 321
— canon 15 : excommunication des Le 8 mai 321, édit de tolérance adressé par
accusateurs de mauvaise foi ; Constantin au vicaire (du diocèse civil) d’Afrique :
— canons 20 et 21 : un nouvel évêque doit — les « donatistes » sont abandonnés à leur
être consacré par au moins trois et au plus sept « folie » et au châtiment divin ;
évêques ; les clercs n’ont pas le droit de passer d’un — mais ils sont libres de célébrer le culte
diocèse à un autre. dans les basiliques qu’ils détiennent ;
— les exilés sont rappelés.
IV. Les mesures de Constantin contre les V.2. Les avantages laissés aux
« donatistes » (314-321) « catholiques »
IV.1. Comment Constantin prend les Les « catholiques » ont le monopole des privilèges
choses en main (314-315) accordés aux clercs (mesures de 326 et 328).
• Les « donatistes » en appellent à Constantin. V.3. Début d’une période faste pour les
• Celui-ci écrit aux évêques qui ont participé au « donatistes »
concile d’Arles, pour leur dire qu’il se saisit • Les violences continuent.
lui-même de l’affaire. • Vers fin du règne de Constantin, un concile
• Agitation sur le terrain : émeutes contre « donatiste » de 270 évêques prescrit de ne pas
Caecilianus ; actions judiciaires (idée d’intenter un rebaptiser les « catholiques » qui se rallient.
procès devant l’empereur au pape Silvestre).
• Automne 315, Constantin convoque et retient en
Italie (à Milan puis à Brescia) Caecilianus et Donat. → Première série d’interventions d’un empereur
Donat s’échappe. chrétien pour régler un conflit entre chrétiens. Et
IV.2. La sentence de 316 et l’édit d’union c’est un échec.
de 317
• Nouvelle enquête en Afrique : deux évêques
italiens, pour le compte d’un conseiller de

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