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Une histoire au présent | Damien Boquet, Blaise Dufal, Pauline
Labey
Potestas dicitur
multipliciter
Le pouvoir et la nature1
Emanuele Coccia
p. 261-280
Texte intégral
https://books.openedition.org/editionscnrs/24070 1/28
23/11/23, 18:07 Une histoire au présent - Potestas dicitur multipliciter - CNRS Éditions
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Notes
1. Je tiens à remercier Damien Boquet, Blaise Dufal et Pauline Labey pour
leurs suggestions et critiques décisives.
2. Popitz H., Phänomene der Macht, vol. II, stark erweiterte Auflage,
Tübingen, Mohr-Siebeck, 1992, p. 16-17. Le nom de M. Foucault ne figure
pas parmi les philosophes cités, ni ici ni ailleurs dans le livre (qui, en ce
sens, représente l’exemple le plus évident de l’efficacité du véritable et
durable herem lancé deux ans avant par M. Frank avec son Was ist
Neustrukturalismus, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp Verlag, 1984 : ce
livre polémique contre tout le « structuralisme » français a longtemps
perturbé la réception allemande, surtout de Foucault et Deleuze) ; et
pourtant, il semble évident que c’est bien la pensée de Foucault qui est
visée. Popitz ne fut pas le premier et certainement pas le dernier à souligner
cet aspect de la pensée foucaldienne, et sa remarque n’est d’ailleurs pas
forcément seulement polémique.
3. Foucault M., « Omnes et Singulatim, vers une critique de la raison
politique » [1979], Dits et écrits, éd. par D. Defert et F. Ewald, Paris,
Gallimard, 1994, vol. IV, p. 134-161.
4. Foucault M., Histoire de la sexualité, vol. I, La volonté de savoir, Paris,
Gallimard, 1976, p. 118-119 : « On demeure attaché à une certaine image du
pouvoir-loi, du pouvoir-souveraineté que les théoriciens du droit et de
l’institution monarchique ont dessinée. Et c’est de cette image qu’il faut
s’affranchir, c’est-à-dire du privilège théorique de la loi et de la
souveraineté, si on veut faire une analyse du pouvoir dans le jeu concret et
historique de ses procédés. Il faut bâtir une analytique du pouvoir qui ne
prendra plus le droit pour modèle et pour code. »
5. . La volonté de séparer le concept de pouvoir du domaine de l’État pour
en faire une réalité purement sociale était à vrai dire un lieu commun de la
sociologie allemande déjà dans les années 1920. Voir, par exemple, Schäffle
A., « Die Notwendigkeit exakt entwickelungsgeschichtlicher Erklärung und
exakt entwickelungsgesetzlicher Behandlung unserer
Landwirtschaftsbedrängnis, 3. Teil », Zeitschrift für die gesamte
Staatswissenschaft, 59 Jg., 1903, p. 255-340, p. 337 : « Macht ist die
Fähigkeit in der Gesellschaft etwas zu bewirken, soziale Widerstände tätig
zu bewältigen ». [« le pouvoir est la faculté de produire quelque chose dans
la société, de maîtriser activement les résistances sociales. »]
6. Foucault M., Il faut défendre la société, Paris, Le Seuil/Gallimard, 1997,
p. 24.
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creativam, Deus rerum naturam producit, ut sint. Hoc enim est creatio :
de non ente scilicet ad esse productio. Per potentiam vero gubernativam
res producta ad finem dirigit et perducit. Hoc enim est gubernare : ad
debitum scilicet finem perducere. Sic enim dicitur gubernari navis cum
per industriam nauclerii dirigitur et ducitur ad portum salutis. Ad
potentiam vero creativam Dei pertinet et ipsarum naturarum institutio,
secundum essendi perfectionem, et earum distinctio, secundum gradus
perfectionis essendi.
34. Thomas d’Aquin, De regno ad regem Cypri, II, 1, Sancti Thomae de
Aquino Opera Omnia iussu Leonis XIII P.M. edita, t. XLII, Rome, Editori
di Sant Tommao, 1979, p. 464 : Sunt autem universaliter consideranda
duo opera Dei in mundo. Unum quo mundum instituit, alterum quo
mundum institutum gubernat. Haec etiam duo opera anima habet in
corpore. Nam primo quidem virtute animae informatur corpus, deinde
vero per animam corpus regitur et movetur. Horum autem secundum
quidem magis proprie pertinet ad regis officium. Unde ad omnes reges
pertinet gubernatio, et a gubernationis regimine regis nomen accipitur.
Primum autem opus non omnibus regibus convenit. Non enim omnes
regnum aut civitatem instituunt, in quo regnant, sed regno ac civitati iam
institutis regiminis curam impendunt. Est tamen considerandum quod
nisi praecessisset qui institueret civitatem aut regnum, locum non haberet
gubernatio regni. Sub regis enim officio comprehenditur etiam institutio
civitatis et regni. Nonnulli enim civitates instituerunt, in quibus
regnarent, ut Ninus Ninivem, et Romulus Romam. Similiter etiam ad
gubernationis officium pertinet ut gubernata conservet, ac eis utatur ad
quod sunt constituta. Non igitur gubernationis officium plene cognosci
poterit si institutionis ratio ignoretur. Ratio autem institutionis regni ab
exemplo institutionis mundi sumenda est : in quo primo consideratur
ipsarum rerum productio, deinde partium mundi ordinata distincti.
35. Sur le concept de pronoia la littérature est énorme. Parmi les dernières
études, voir Bergjan S.-P., Der fürsorgende Gott. Der Begriff der Pronoia
Gottes in der apologetischen Literatur der alten Kirche, Berlin/New York,
De Gruyter, 2002, surtout à partir de p. 33 ; Ewing J. D., Clement of
Alexandria’s Reinterpretation of Divine Providence : The Christianization
of the Hellenistic Idea of Pronoia, Lewiston, The Edwin Mellen Press,
2008.
36. L’avoir montré est l’un des grands mérites de l’œuvre de Agamben G., Il
regno e la gloria, Vicenza, Neri Pozza, 2006. Agamben semble toutefois
néglier les liens profonds entre théorie de la providence et doctrine de la
création.
37. Augustin d’Hippone, De genesi ad litteram, VIII, IX, 17, éd. par P.
Agaësse et A. Soulignac, Bruges, Desclée de Brouwer, 1970, p. 37-39 (trad.
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53. Grégoire de Nysse, La création de l’homme, éd. cit., chap. VIII, p. 102-
103 : « Comme il doit faire venir d’ailleurs de quoi vivre, il a attaché à son
service les animaux de charge. Ne pouvant, comme les bêtes des champs, se
nourrir d’herbe, il a domestiqué le bœuf qui, par ses travaux, nous rend la
vie plus facile. Nous avions besoin de dents et d’un organe pour mordre,
afin de nous défendre contre les autres animaux ; le chien, par ses dents qui
blessent et par sa rapidité, met à notre disposition sa mâchoire qui devient
comme une épée vivante. Plus robuste que la défense des cornes, plus
tranchante que la pointe des dents, le fer a été utilisé par l’homme ; il ne
nous est pas toujours attaché comme les défenses des bêtes féroces, mais il
combat avec nous au moment voulu ; le reste du temps, on le met de côté.
Au lieu d’avoir une écaille comme le crocodile, l’homme peut de celle-ci se
faire une arme, en s’en entourant le corps suivant les besoins. Ou, à défaut
d’écaille, à cette même fin, il travaille le fer dont il use à la guerre, au
moment utile, pour redevenir, lors de la paix, libre d’un tel équipement. Il
plie à son service l’aile des oiseaux, en sorte que par son ingéniosité il a à sa
portée la rapidité du vol. Parmi les animaux, il apprivoise les uns qui
servent aux chasseurs, et, grâce à eux, parvient à soumettre les autres à ses
besoins. En particulier l’ingéniosité de son art donne des ailes aux flèches
et, par l’arc, tourne à notre usage la rapidité de l’oiseau. Enfin la sensibilité
de nos pieds à la marche nous fait chercher une aide dans les objets qui
nous sont soumis. De là vient qu’à nos pieds, nous ajustons des
chaussures. »
54. Foucault M., La volonté de savoir, op. cit., p. 180.
55. Platon, Le politique, éd. par A. Dies, Paris, Les Belles Lettres, 1970, p. 6.
56. C’est un motif platonicien et l’un des principes qui inspirent l’œuvre de
Nietzsche. Voir, à ce propos, Sloterdijk P., Regeln für den Menschenpark,
op. cit.
57. Foucault M., Du gouvernement des vivants. Cours au Collège de
France, 1979-1980, Paris, Gallimard/Seuil, 2012, p. 76.
58. Ibid., p. 77 : « Il ne s’agit pas d’avoir en point de mire, au terme d’un
projet, une société sans rapport de pouvoir. Il s’agit, au contraire de mettre
le non-pouvoir ou la non-acceptabilité du pouvoir, non pas au terme de
l’entreprise, mais au début du travail, sous la forme d’une mise en question
de tous les modes selon lesquels effectivement on accepte le pouvoir.
Deuxièmement, il ne s’agit pas de dire que tout pouvoir est mauvais, mais
de partir de ce point qu’aucun pouvoir quel qu’il soit n’est de plein droit
acceptable et n’est absolument et définitivement inévitable. »
59. Sur la notion de légitimité du pouvoir dans la modernité, voir les études
classiques de Riedel M., Metaphysik und Metapolitik. Studien zur
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