Vous êtes sur la page 1sur 102

d a n s Le

CI)Q) . Q)
Q)·-
"'C > •
·-
C)
QQ) • 0
C)
~"'C : ctS
Le françois dans • Des pratiques "'C Théatre:
le ITIOI'Id6 en ligne 'Q)
hllp:/Niww.fdm.hochelle-llvre.fr
: culturelles
• qui évoluent. a.. pour le plaisir
et pour le jeu.
YVES LOI SEAU
RéG I NE MéRIEUX

EXERCICES m,
GRAMMAIRE
FRAN AISE

- Didier' /HATIER
""" ~

dirigée par Annie Monnerie-Goarin

Exercices de grammaire
. " ..
frança•se
Cahier débutant: Y. Loiseau - R. Mérieux

G.-D. de Salins 1A. Santomauro Point par point ne suit pas la progression des
manuels de français, mais propose une articulation
Étudiants de niveaux débutant et interm cohérente de certains points de langue autour d'un
Le cours de grammaire française offre un itiné- schéma considéré comme traditionnel.
raire d'apprentissage du sens, des fonctions et C~un des trois cahiers débutant, intermédiaire,
des formes du système grammatical de base. avancé propose une partie explicative concise, à
Quinze dossiers notionnels 1fonctionnels propo- base du français et qui désirent en parti- partir d'exemples choisis, suivie d'une série d'exer-
sent chacun une progression interne. culier maîtriser les difficultés des formes cices progressifs sur le point traité.
Les corrigés des exercices sont inclus dans l'ouvrage. écrites. Utilisation en classe, en complément du matériel utilisé,
Les contenus de grammaire présentés correspon- • Une cassette vidéo (40 min. environ). ou en auto-apprentissage.
dent aux savoirs exigés pour les examens nationaux • Un livret d'activités avec corrigé pour Les corrigés des exercices sont inclus dans chaque
du module A4 du D.E.L.F. permettre le travail en autonomie. ouvrage.

~~Didier
www.editions-didier.fr
uAIIons en France 98 >>
Ils y étaient !
SÉBASTIEN lANGEVIN
un enjeu immédiat
PI ERRE Ü UDART

72 Multimédia pour la classe


4 REVUE DE PRESSE Histoire
« laFrance qui gagne >>, c'est une image Championne du monde ! 22 EXPRESSION ËVELYNE PAQU IER
qui tombe bien ! C'est un slogan qui tom- La France en liesse
PHILIPPE RIDET
Les présupposés REE
be juste pour tous les professeurs de fran-
de l'expression
çais qui, semaine après semaine ont à 6 MODES DE VIE EMMANUELLE DE PEMBROKE
73 SÉBASTIEN lANGEVIN
convaincre les parents et les adolescents Pratiques culturelles REPÈR
de choisir le français comme seconde Au bout de la culture, l'emploi
langue vivante d'apprentissage. JEAN-JACQUES PAUBEL 74 ÉDUCATION
7 TERRITOIRE APPRENTISSAGE France-Éducation
La France qui gagne, c'est l'expérience Le pays de l'or mauve Développer la compétence ROGER U EBERSC HLAG
stratégique et la compétence
qu'ont partagée 600 jeunes filles et gar- Une senteur de lavande
sociale
78 EUROPE
çons (à part égale) heureux lauréats du STÉPHANE JARRE
L'euro fait la force
concours organisé par le Ministère des 8 ÉCONOMIE
JULIA FERNANDEl BENITO, M ARIA JULIA
RODRIGUEZ M AESTU
( LAUDE Ü LIVIÉRI
Affaires étrangères dans 123 pays Les milliards du foot
<< Allons en France 98 >>. le poid s des sponsors
81 SUÈDE
et des média s L'enseignement du français
Un moment de grâce, d'amitié, d'univer- FRANÇOISE REY 31 Internet au service des à l'heure européenne
salité autour d 'une langue, le français. 9 TÉLÉVISION professeurs de français
BEATRICE (ABAU lAMPA

Une langue avec laquelle ils sont allés à la Sport et médias (première partie) 83 HONGRIE
découverte de Nantes, Lyon, Marseille, Le choc du foot (ARMEN VERA PEREZ Un dimanche à Budapest
Paris d'où ils sont revenus avec d'autres T HIERRY LANCIEN STÉPHANE H ARTER
images, d'autres représentations de la 10 SPORT 85 POINT DE VUE
France et des Français une France, des Foot, mondial 98 35 LIEUX DE MÉMOIRE Du langage des femmes
Français : plus problématiques, plus Nous sommes tous allés La pétanque au discours féminin
proches, plus accueillants qu'ils ne les au paradis Tirer ou pointer, telle est H YO SOOK SUN
avaient imaginés.. . FRANÇOISE PLOQUIN
la question
M ICHEL D ALLONI
87 BLOC-NOTES
C'est dans cette langue qu'ils ont vérifié FICHES PRATIQUES
qu'effectivement, c'était beau un monde
qui joue et qui se rassemble, qu'ils ont
De ch air et de sang 1 DÉBUTANT
<< Ceux qui m'aiment
partagé les joies, les déceptions, les émo- Le débutant et la mode
prendront le train »
tions, les tristesses de ceux qui, parmi eux, NEELA STORE-RAO
M ICHEL ESTÈVE G ISÈLE PIERRA
tour à tour triomphaient ou tombaient. Ill
14 LITTÉRATURE Le Bourgois Gentilhomme sur CD
Marcher dans les mots la scène japonaise Femmes de footballeurs
Et ils ont pris conscience à travers cette Céline, Braudeau, Dannemark, MARIANNE LE TIEC
HARUTO SHIRAI
langue, de tout ce qui les unissait, deve- Fennetaux, Winckler
nus, à l'image de cette équipe << black, V SIMULATION
PHILIPPE RIDET, JACQUES PÉCHEUR f_RATIO_UES DE CLASSE
blanc, beur>>, le creuset où se fondent les • Poésie, BENorr CoNoRT ; Exercice de simulation
identités ; et de vivre comme un rêve Bande dessinée, SÉBASTlEN LANGEVIN ; S8 ÉVALUATION La campagne électorale
éveillé l'expérience de ce que pourrait Poche, CLAuDE O LIVIÉRI ; Évaluer les productions écrites VÉRONIQUE SANCTOBIN
être une culture de l'universel. Jeunesse, CLAUDINE BASSETII ; des apprenants VIl TEST
Jacques Pécheur 18 MUSIQUE M ARIE ( LAUDE A LBERT
Créer des tests
Louise Attaque
ÉRIC KULINSKI
Tout pour plaire
LE FRANÇAIS DANS LE MONDE LOUIS-J EAN (ALVET
58, RUE JEAN-BLEUZEN 19 6S • lnterculturel, civilisation
92178 VANVES CEDEX FRANCE
THÉÂTRE
Festival d'Avignon
PH ILIPPE H OIBIAN CD
TEL (33) (0) 1 46 62 10 51 FAX (33) (0) 1 40 95 19 75 • Société, PHILIPPE H OIBIAN
Transitions
• Outils pour la classe,
À ÉCOUTER
COURRIEL : fdmdiag@hachelle-livre.fr JEAN-JACQUES PAUBEL Fréquence FDM
M ARIE- lAURE LIONS
SITE WEB: http:/ /www.fdm.hachelle-livre.fr
20 BEAUX-ARTS • Histoire littéraire CHAPPEY
ÉLISA
ABONNEMENTS : Christian Boltanski FABRICE ROZIÉ À LIR E
LE FRANÇAIS DANS LE MONDE Dernières années • Analyse littéraire, Le journal du CD
TSA 80230 M ANUEL JOVER JEAN-PIERRE G OLDENSTEIN G ISËLE KAHN
92887 NANTERRE CEDEX 9
TÉL (33) (0) 1 44 89 40 58 PHOTOS DE COUVERTURE : LUCAS SCHIFRES. MODES DE VIE (GAMMA)
<<ALLONS EN FRANCE 98>>
ILS y ÉTAIENT
Beaucoup l'ont suivie à la « Je sens une connexion avec la France. mêmes allures de marathon du savoir et
télévision, 600 jeunes Peut-être étais-je française dans une de la compétence. C'est dire l'excellence
francophones des cinq autre vie » Pour Miranda l'Australienne, des 600 élus !
comme pour les 555 autres lauréats du
continents ont préféré la vivre.
concours « Allons en France 98 », la
Les lauréats du concours «
France est devenue l'espace de deux se-
CouP D'ENVOl
Al lons en France 98 » ont saisi maines une patrie adoptive. 556 jeunes
l'occasion de la Coupe du Les voyages pour atteindre la France n'ont
âgés de 16 à 22 ans avec leurs rêves,
monde pour découvrir la pas été sans incident. L'avion des
leurs envies et leur énergie. 556 jeunes si
France. Au fil des matches, des Brésiliens a fait une halte forcée sur l'ile
différents, originaires de 123 pays, mais
de Tenerife à cause d'un réacteur défec-
réceptions et des visites, ils ont si proches, réunis par la même passion
tueux. Mais, au dire des malchanceux, ces
inventé la joie et la fraternité pour la langue et la culture françaises.
6 heures passées à la plage n'ont pas été
d'un monde qui joue. Grâce à cette opération organisée par le
trop désagréables. Plus dérangeant : les
ministère français des Affaires étran-
gères, ils ont vécu deux semaines au trois lauréats Birmans, dont les valises ont
centre du monde. été égarées à l'aéroport, ont à reconsti-
Pour tous, l'aventure avait commencé tuer leur garde-robe à Paris . Finalement,
par un concours national. Les concur- tous sont bien arrivés et ils ont pu rivaliser
rents ayant été nombreux, a sélection dans la maitrise du français, en tout pre-
avait été ardue . Les candidats portugais mier lieu pour apprendre à se connaitre.
ont par exemple à réaliser une vidéo sur Mais d'autres langages permettent égale-
le football au ment de faire connaissance.
Portugal, l'accom- Accueillis le 1"' juillet par Catherine
pagner d'un dossier Trautmann, ministre de la Culture et de
sur l'image de la la Communication , et Charles Josselin,
France dans leur ministre délégué à la Coopération et à la
pays, puis parler Francophonie, les lauréats d' « Allons en
devant une caméra France 98 » ont rapidement transformé
du sujet « violence la cour du Palais-Royal en une immense
et football », en dé- salle de bal. Sur des rythmes sud-améri-
battre avec les cains, la timidité et les inhibitions sont ra-
autres candidats et pidement tombées et l ' on a vu un
pour finir présenter Sud-Africain tourbillonner au milieu de
en 15 minutes l'en- Coréennes en habits traditionnels, une
semble de ces tra- Éthiopienne donner la main à un
vaux devant un Allemand et à une Indienne pour une fa-
jury. Et les diffé- randole des peuples . Pour la première
À l'occasion de leur première rencontre, les lauréats ont bousculé rents concours pre- fois tous réunis, ils ont pu prendre
le décorum du Palais Royal naient tous les conscience de l'ampleur de leur groupe

LE FRANÇAIS DANS LE MO N DE W 299


et de la diversité des cultures. Dès le len- Certaüm> d'entre· eux n'étaient pas des fa-
demain, ils devaient néanmoins se sépa- na.ti~Qt.~es de f([)ot, mais tous ont été fasci-
rer pour aller les uns à Nantes, les autres nés" par l'a.mbiance survoltée des stades.
à Marseille, d'autres encore à Lyon, tan- Chaque lauréat a vu trois matches dans les
dis que certains restaient à Paris . Pou~ stades :. un quart de finale, une demi-finale
d'évidentes raisons d'organisation, ces; et soit le match pour la troisième place,
600 jeunes et leurs 100 professeurs soit la finale. Lorsqu'un pays entrait en lice,
étaient répartis en 27 groupes plus étroits il pouvait compter ses compatriotes d'«
où se lièrent les am~tiés. à la tête de Allons-en-France » parmi ses plus bruyants
chaque groupe, un jeune arümateur avait supporteurs dans. les gradins. Quelle dé-
pour tâche de veiller au respect du pro- ception pour les dix lauréats Argentins
gramme, très chargé comme il se do~t. après leur élimination en quart de finale Demi-finale France-Croatie: Sarah, une lauréate
allemande célèbre le but de la victoire.
contre les Pays-Bas ! Quel enthousiasme
COUPE DU MONDE D'ORTHOGRAPHE chez les Croates pendant cette demi-finale après le défilé militaire sur les Champs-
À LA SORBONNE contre la France ! Mais aussi, quel bonheur Ëiysées, ils purent admirer les ors de la
Après les stades de foolf>all, les lauréats ont fré-
pour tous les lauréats d'être là pour la vic- République dans le lieu le plus presti-
quenté une autre arène pour une autre compéti- toire finale de la France et de participer à gieux de I'Ëtat. Mais la foule était si den-
tion, typiquement française celle-ci. Dans le la liesse de tout un pays ! se et la ferveur si grande que les plus
grand amphithéâtre de la Sorbonne, Bernard
Pivot leur a tout spécialement concocté une dic- Car tous, quelle que soit leur nationalité, chanceux ne purent qu 'entr'apercevoir le
tée mêlant subtilement football et difficultés de avaient pris fait et cause pour les Bleus. Président Jacques Chirac et le Premier
la langue française, retransmise par France 3 et La France, seul pays présent dans la com-
TVS. Ils ont planché, avec leurs professeurs, sur ministre Lionel Jospin félicitant les héros
des « dribbles chaloupés » et des « épithètes et pétition à ne pas avoir de représentant de l'équipe de France de football tout
onomatopées » quelque peu « superfétatoires ». dans le groupe « Allons en France 98 », juste auréolés de leur titre mondial. La
L'équipe roumaine a remporté la médaille d'or,
notamment grâce à Oana Moisuc qui a réussi
a été adoptée comme une seconde pa- journée fut tout de même splendide,
l'exploi.t de ne faire aucune faute ! trie. Avant les matches, beaucoup se ma- mais c'était la veille du départ.
quillaient le visage en bleu-blanc-rouge Les yeux rougis de larmes, ils se promi-
et arboraient un chapeau ou un drapeau rent de s'écrire souvent, de se revoir
(,t O N A GAGNÉ ! )) tricolore . C'était émouvant de voir bientOt. Ces deux semaines avaient forgé
Natalia la Russe chanter La Marseillaise des liens insoupçonnables auparavant
Pendant une semaine, dans les quatre de bout en bout avec Zidane et Thuram. Pour Mridula, l'Indienne, ce fut comme «
villes accueillant la Coupe du monde, ils C'était étonnant de tous. les entendre la belle création d'une famille, et sa triste
ont découvert les multiples facettes de la exulter « On a gagné 1 On est en finale 1 séparation ". Pour tous, une certitude :
France. De l'aube jusqu'au soir, au prix On est les champions 1 >1 après les vic· la communauté formée par le§ laur~at§
d'une grande fatigue parfois, ils ont toires de la France. Eman. de Bahrein, d'« Allons en Franclf! 98 " le§ a d'l!lng~§,
sillonné ces villes et leurs environs en car, dit qu'avoir assister à la finale a été Ils sont rlf!p!lrtl§ émlf!rvlf!lllé§ par !~ur§ vi=
à pied, en métro, en bateau . Partout, ils « une chance unique dans sa vie" · sites, épou§toufl~§ pi!r 1~§ mlltch~§. Ml!i§
ont été reçus comme de hauts dignitaires plu§ ~nwr~, ~~tt~ pri§~ d~ Wfl§Ci~flc~
par les différentes municipalités. Partout, CeN'EST QU'UN AU REVOIR abrupt~ d~ !~ur§ r~§§~mbli:iflC~§, mi:ilgr@
ils ont eu droit aux plus belles visites. À !~§ di§tat'IC~§, mi:!IQr@ 1~§ m§dê§ dê viê §i
Paris, ce fut le Louvre, la tour ~lfflf!l, Dlf! t'IOUVIf!!lu tou~ r~Yt'li~ êl Pi!ri~. il~ fynmt ~loiQfl~§, malgr@ lê§ div~rgêfl~ê§ rêli=
Montmartre, La Vlllt:!Ht:!, Vlf!rS!lilllf!§ , ~~~~ulf!illi~ ilU pillili~ du Qut~i d'Of§èy §tl il§ giêU§ê§, lêur è d§flfl@ lè Wflvittim1 dê
Nantes leur a montré son qullrtilf!r m~di~; lf!Yflf!flt l'o~~il§i§fl dê wuvrir dê Wflfêtti§ ViVfê §Uf Ut'lê plèflêtê ll pêiflê ~IY§ gf§§§@
val, Lyon ses traboullf!s, lf!t il flf!~tlf! dê lê mirli§tfê dê§ AHèiFê§ êtFèrlgêrê§ ~U'Ufl bèll§fl dê t§t1t ~t l§f§{ltlê WY§ lê§
Marseille lt:! souvlf!nir imp~rimlblê dê ~êt; HYbêFt VêdFiflê , §ê gli§§êf dê tèblê êfl èVi§fl§ §§flt ~àfti§ t;Jy mêmê êfldmit ~tmr
te ehaudt:! soir~lf! p!l§§~ê êl dt~n~êf §Yf lt~ tèblê dèfl§ lê§ jèrdifl§ du Quèi d'OF§èy §'êpèFpillêf t4èfl§ lê ffl§flt4ê, ~hèWfl dê§
plllglf!, ~t. dt~ru ~ht~quê villê, lt~ fêtê §pm= p§ur pmfitêr du buffêt fut Ufl b§fl êfltfèi= jêUflê§ êfflp§Ftèit Ufl b§tJt t4ê§ àtltfê§ ifllêt
tiVIf! pOYf lt~qW~IIê il§ êtèiêflt t§Yt §pê~iè= flêfflêflt p§Uf lè t4êffliêfê êt plU§ pFê§ti= lui: fJ§tJF (lY 1ètJ=dêliJ t4ê dêY% §@fflèiflê§ 1~
ilf!ffllf!t'lt Vêt'IU§ : lê§ fflèt~hê§ dê lè ǧYpê giêU§ê t4ê§ Fê~êpti§fl§ ; lè 1Jèft4êfl=~èfty Fêvê t4'Ufl ffl§flt4ê tlflÎ §@ ~§Uf§tJiVê,
du mot'ldê dê f§§tbèiL t4ê l'~ly§êê : ~fl ~ê 14 jtJillêt êfl§§lêillê, §~!l.M'fl~~ bMtmtl~
(HAM PIONNE
DU MONDE!
LA FRANCE EN LIESSE
Pendant les quatre semaines de la frime des banlieues et la tradition
« U NE ÉQUIPE MÉTISSÉE ,,
son Mondial, la France n'aura prolétaire ( . . . ) Elle fait partie de la
cessé de vanter son équipe, ses famille» .
« Il se passe quelque chose en France et
héros, son identité, sa culture. cette Coupe du monde en apporte,
La Coupe du monde de football sinon la preuve, du moins des images », U N HÉROS NOMMÉ ((MÉMÉ))
aura agi comme un miroir écrit Alain Genestar, deux jours après la
complaisamment tendu devant victoire de l'équipe de France contre celle Et dans cette famille, il y a un oncle ou
elle. Oubliés les hooligans, les d'lta!ie en quarts de finale. Quelles un cousin, comme on voudra, un gars
billets manquants et les erreurs images ? « Celles d'une nation unie, et simple et bien de chez nous, qui répond
d'arbitrage. Reste la chronique d'une nation qui gagne, poursuit le au prénom humble et désuet de Aimé, et
directeur du Journal du Dimanche au patronyme si français de Jacquet .
d'un pays souriant. Vainqueur.
(6 juillet). Une grande épreuve sportive C'est l'entraineur. Une vraie publicité
Et réconcilié.
est un instrument de mesure et de pour le Français moyen celui-là:
vérification des 1iens qui un isse nt les travailleur, ancien joueur professionnel
citoyens entre eux (. .. ) Sur la pelouse, il y au passé d'ouvrier, mal atiffé, un cœur
a les enfants de l'immigration et des d'or, la parole malhabile. On le
banlieues, comme Zidane et Henry. Il y a soupçonne d'avoir le cœur à gauche,
des Fran çais d'origine arménienne mais le portefeuille à droite. Longtemps
comme Djorkaeff et Boghossian. Des décrié pour ses choix tactiques trop
Africains et des Antillais : Desailly, modestes, principalement par le
Diomède, Thuram . Un Basque et un quotidien sportif L'Équipe, le voilà porté
Kanak : Lizarazu et Karembeu . Un moitié aux nues. Chaque victoire des Bleus a
français-moitié argentin : Trézeguet. » haussé son piédestal. « Aimez
Pourtant, les Français ont quelques mois Jacquet! », titre Le Nouvel Observateur
plus tôt fait savoi r leur opposition à une (2 juillet). Rien ne nous est caché de
politique la xiste en matière cette vie simple et tranquille. Philippe
d'immigration ... Mais en ces jours d'été Séclier, pour Le Parisien (24 juin), a
98, le football semble résoudre toutes les même retrouvé sa première fiancée, dans
contradictions. un petit village, Sail-sous-Couzin, du côté
François Armanet dans Libération de Saint-Ëtienne: « Ça fait un paquet de
(5 juillet) feint de s'étonner : « Quelle est temps, précise toutefois Odile,
donc cette surprise qui autorise rosissante. Nous étions dans la même
dorénavant à associer sans ricanement le classe à l'âge de 10 ans. C'était un gentil
foot à la fraternité, à l'élégance, à garçon, pas du tout turbulent . Très
NOTRE FtUJLUTON l'intelligence? ( ... ) Cette équipe de discret . Je reconnais bien son
Dl L'ETE
"UPAq~ France métissée conjugue le panache à tempérament quand je le vois à la télé
SELON TMERESE• l'efficacité. Elle est un formidable pied de
PAR DANIEL PENNAC (... ) J'ai toujours eu un faible pour lui ...
nez au Front National (.. .) Elle mélange Aujourd'hui , je trouve qu'il a pris un

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


coup de vieux, je me dis qu'il doit être disputant caméras et micros à coups de
bien malheureux. » France-Soir aussi n'a commentaires à chaud plus ou moins
pas hésité à faire pèlerinage de Sail-sous- bien sentis. « Le match est commencé et
Couzin (24 juin). Denis Lebouvier a personne ne veut rester sur la touche
trouvé la sœur du sélectionneur. « Il n'a commente Jean-Luc Bardet dans une
pas changé notre Mémé. Il est resté très dépêche de l'AFP (6 juillet). Profitant du
gentil, bien simple et il est toujours succès de l'équipe de France, Lionel
proche de nous. Tous les ans à la Jospin a poussé son avantage : Je suis le
Toussaint, il apporte u11e plante pour la chef d'équipe, un entraineur joueur, un
tombe de maman. » Olivier Margot, mélange de Jacquet et de Zidane. Lionel
pour L' Équipe, semble écrire le mea Jospin n'hésite pas à faire de l'équipe
culpa du quotidien (27 juin) : « On tricolore le symbole d'une équipe qui va
comprend, en tout cas, qu'un homme mieux : Il me semble qu'il y a dans cette
passé d'un roman paysan de Giono à un capacité de l'équipe de France à
film ouvrier de Carné puisse se débattre dépasser ses limites et à reprendre un
avec tant de difficultés dans un univers chemin en avant. une coincidence qui
médiatisé ... » peut nous frapper. » Alors Jacquet-
Jospin, même combat ? « C'est
cruel pour Jacquet balaye ironiquement,
L Es BlEus, ENJEU Nicolas Sarkozy, le secrétaire général du
DE lA COHABITATION RPR.

Récapitulons : une équipe métissée à S ous lA PElOUSE, l'ARGENT


l'image d'une France moderne et
accueillante, un entraineur issu de la Mais derrière cette équipe nationale
France profonde et travailleuse le promue au rang de symbole d'une
symbole n'a pas échappé aux hommes France qui gagne, se profilent des (. ..) Se pp Blatter, le patron de la FI FA, se
politiques. Le député Nicolas Sarkozy réalités plus terre à terre : combien ça réjouit : le show a captivé deux fois plus
dans Le Parisien (4 juillet) analyse : « Un coute ? Et combien ça rapporte ? Pour Le de spectateurs que les jeux olympiques
homme politique ne peut pas rester Monde, Patrick Bayeux, maitre de d'Atlanta (. .. )Tous revenus confondus le
insensible devant ce symbole de la conférence à l'université de Bordeaux, foot mondial génére un chifre d'affaires
cohésion nationale. » Et ni Chirac, tient les comptes : « Finalement à qui de 200 milliards de dollars. » Un dernier
président de droite, ni Jospin , Premier profite l'évènement? écrit-il. A chiffre : « La chaine de télévision TF1
ministre de gauche, ne l'ont été. Avec l'organisateur, aux sponsors, aux médias, aura engrangé 60 millions de francs de
une petite longueur d'avance pour le aux supporters, aux commerçants, aux publicité le soir de la finale . » Contrepied
président de la République. Le premier, il joueurs, aux entraineurs, au dans l'hebdomadaire Marianne (6 juillet)
se rend à Clairefontaine au terrain contribuables et à tout le monde. » Mais qui choisit de s'inté resser à la Seine-
d'entrainement de I'Ëquipe de France. Il très inégalement, note l'universitaire : Saint-Denis le département de la
partage le repas des joueurs et se régale « La FIFA affiche après 24 années de banlieue nord, hôte du Stade de France :
dans cette atmosphère de chambrée. A règne un bénéfice de 24 milliards de « Qu'on ne s'y trompe pas, écrit Perrine
Lyon, lors du match de qualification francs » mais ce sont les contribuables Cherchève. Qaund le rideau sera tombé,
contre le Danemark, il avoue sur France français « qui n'ont jamais été consultés la fête du foot terminée, la Seine-Saint-
2 « J'aurais aimé être gardien de buts. » pour accueillir le Mondial qui vont Denis reprendra le fil de sa vie meurtrie.
Réponse dès le lendemain de Lionel continuer de payer : les matches passent, On ne tire pas un trait définit sur trente
Jospin, furieux, selon Le Parisien, d'avoir les emprunts restent ». Un grincheux ? ans de mutations industrielles et de
perdu la main sur ce terrain-là : « Moi j'ai peut-être. Le mensuel Capital (avril 98) déshumanisation ( .. . ) parce qu'un
été goal. » Depuis les deux hommes ne verse, lui dans l'euphorie des comptes : champignon hallucinant a poussé sur la
se sont pas quittés, assistant côte à côte « 1.7 milliard de terriens ont vu, au soir plaine de Paris. ».
aux rencontres de I'Ëquipe de France, se de la finale, leurs panneaux publicitaires PHILIPPE RIDET

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


PRATIQUES CULTURELLES
Au BOUT DE LA CULTURE,
L'EMPLOI
Depuis vingt-cinq ans, le Ministère cinéphile du monde. Les équipements Il y aurait même un lien entre les deux :
de la Culture a pris l'habitude de audiovisuels en envahissant massivement les sorteurs sont toujours plus nombreux,
scruter l'évolution des pratiques l'espace domestique modifient pratiques et ceux qui possèdent les équipements
et consommation culturelle : té lévision, les plus sophistiqués à domicile sont aus-
culturelles des Français. La
magnétoscope, rad io, cassette vidéo, si ceux qui pratiquent et consomment le
dernière enquête datait de 1985, disque audio, micro ordinateurs, lecteurs plus culturellement.
la précédente de 1981, en gros, de cédéroms, accès aux services en ligne Si la culture individualise, elle peut aussi
une par septennat ... sur l'internet ont transformé rad icale- se faire rassemblement voire le phéno-
ment en individua lisant la consommation mène de raves, lieu de célébration de la
Quand on a bâti sa réputation sur la cul-
musique tech no- il y en a plus de 600 en
tur~. on tremble chaque fois qu'on aus-
France - mais aussi mouvement organisé
a.ullte la culture cathédrale, ou si l'on veut
1
autour de ses pub lications, de ses enre-
~a culture cultinée . Ses habitants restent-
gistrements et de ses structures de pro-
ils à la hauteur de la flatteuse réputation
duction paral lèles, son salon « mix
de la maison France 7 La lecture, en pre-
move », ses boutiques et enfin son mode
mier lieu, focalise toujours l'attention sur
de communication très particulier pas af-
les résultats de pareille enquête . Cette
fichettes.
fois encore, elle révè le qu'un quart des
Phénomène récent, la culture peut aussi
Français n'ouvre jamais un livre, mais
venir au secours du social à l'égard de
plus inquiétant. le nombre des «gros »
population en prise avec le chômage ou
lecteurs (ceux qui lisent plus de 25 vo-
mal intég rée . Non pas pour les faire ac-
lumes par an ) diminuent, passant de
céder aux catégories classiques du beau
17% à 14 % . Comme celui des lecteurs
mais avec un objectif clair d'insertion
de journaux (36 % contre 43 %). En re-
valorisation, création d'un festival, pers-
vanche, les lecteurs de magazine (cette
spécialité bien française) augmentent pectives, ouvertes à ceux qui pratiquent
(86 % contre 84 %) et la lecture utile les danses de rue (groupes de hip hop,
(celle des revues spécialisées) également rappeurs), recouvrer une dignité par le
(27 % contre 20 %). Comme la fréquen- travail sur la mémoire dans certains quar-
tation des bibliothèques ou des média-
La culture au secours du social tiers, le nombre d'initiatives explosent
thèques (51 % contre 23 %). Les autres d'images et de sons zappables autant comme l'ont montré les passionnantes
grands signes culturels su ivent le même que stockab les, touchant toutes les gé- rencontres des cultures urbaines de la
mouvement : on va plus au théâtre, da- nérations (en premier lieu les plus jeunes) Vi llette ou les Musiques métissées
vantage au concert (23 % contre 21 %), et donnant aujourd'hui à ces pratiques d'Angou lème . Alors au bout de la cultu-
on fréquente davantage les musées (42 une place plus importante que le travail. re, l'emploi 7 C'est possible .
% contre 39 %) mais un Français sur Cette individualisation des pratiques, ce JEAN-JACQU ES PA UBEL

deux ne met toujours pas les pieds dans «cocooning » cu lturel n'est cependant
Les Pratiques culturelles des França is. La
un cinéma, même si ce pays conserve sa pas contradictoire avec le gout et désir Documenta tion frança ise. Enquête 1997, sous la
prétention de posséder le public le plus de faire des choses ensembles, de sortir. direction d'Olivier Domat. 360 pages. 140 F.

LE FRANÇAIS DANS LE MO N DE W 299


lE PAYS DE L'OR MAUVE
UNE SENTEUR DE LAVANDE
Entre Durance et Verdon, le aux vernis, le plateau de Valensole livre
D E LA MÉDECINE AU PARFUM généreusement son trésor .
plateau de Valensole est un
condensé de Provence. Au Lorsque le temps de la cueillette est
Juste avant les moissons, qui se dérou-
printemps et en été, les champs venu, les villages se mettent en habits de
lent entre la mi-juillet et la fin aout selon
fête et célèbrent leur première source de
de lavande peignent le paysage l'altitude et l'ensoleillement, le mauve
richesse. La moisson s'est aujourd ' hui
en violet, donnant de la couleur pâle de la lavande tourne au violet. Tout
mécanisée, mais les règles de transfor-
aux terres sèches et calcaires, du le plateau se parfume alors d'une odeur
mation de la fleur en essence demeu-
travail aux habitants et des aussi envoutante qu'entêtante.
rent . Les récoltes doivent
plaisirs sensuels aux touristes . d ' abord sécher pendant
deu x ou trois jours avant
Quittant la large vallée où paresse la d'être apportées par re-
Durance, la route s'attaque de front à la morques entières, peintes en
montagne. Une longue ligne droite for- bleu lavande comme il se
tement en pente, puis quelques virages do it , à l' une de s tro is ou
et la voilà qui débouche sur un vaste pla- qu atre dernières distilleries
teau calcaire, à près de 600 mètres, installées sur le plateau . Les
entre ciel et terre. La pierre blanche af- bouquets sont alors cuits à la
fleure ici ou là, sur les rebords des fa- vapeur dan s une double
laises. Le plateau est profondément chaudière . Un mince filet
entaillé par des ruisseaux dont la minceur Comme étourdies par un tel festin, des d'huiles essentielles finit par s'écouler de
estivale ne doit pas faire illusion : il suffit
milliers d'abeilles s'en donnent à cœur l'alambic. Il faut 100 kilogrammes de la-
d'un orage pour qu'ils retrouvent leur vi-
joie, ne sachant plus quelle plante buti- vande sèche pour produire un petit kilo
gueur printanière . C'est dans ces ber-
ner. Les apiculteurs qui promènent leurs d'essence. Une déperdition qui explique
ceaux rafraichissants, où les chênes et les
ruches sur le plateau en fonction des l'étendue des cultures.
pins trouvent un peu d ' eau, que les
moissons savent, eux, que le miel de la- La plante, qui poussait naturellement sur
hommes ont construit leurs villages :
vande réjouira les estivants à l'heure du les terrains crayeu x et chauffés à blanc
Allemagne-en-Provence et ses quelques
centaines d'habitants, Riez et son passé petit déjeuner. par le soleil de Provence, n'a été sélec-
antique, Valensole et ses vieilles maisons La lavande elle-même ne satisfait pas tionnée qu'à la fin du x1x• siècle pour être
de pierres de couleur beige. seulement les sens, elle a aussi des vertus cultivée de manière systématique. Si elle
Protégés du vent et du soleil ardent. les médicales. Au xv1• siècle, transformée en fait le bonheur des citadins qui adorent
villages du plateau de Valensole ne se essence, elle guérissait les blessures et placer quelques sachets de lavande dans
découvrent qu'au dernier moment, soignait les troubles les plus divers . leurs armoires à linge, elle a surtout évité
quand on a traversé un océan d'or et de Aujourd'hui, elle prend souvent le che- le déclin de la vie rurale et permis à sa
mauve, parsemé d'ilots vert argent. Le min de Grasse, à une centaine de kilo- petite dizaine de milliers d'habitants de
blé, la lavande et les amandiers compo- mètres, où elle est utilisée par l'industrie continuer à vivre dans le cadre idyllique
sent une symphonie de couleurs tendres des parfums. De l'eau de toilette à la sa- du plateau de Valensole .
et éclatantes. L vonnette, de la confiserie à la peinture et STÉPHANE JARRE

LE FRANÇAIS DA NS LE MONDE N" 299


lES MILLIARDS DU FOOT
LE POIDS DES SPONSORS ET DES MÉDIAS
te, les droits qu ' un billet acheté 350 francs pour la fi-
de diffusion nale de la Coupe du monde pouvait se
télévisée . Pour revendre sur les trottoirs parisiens au
France 1998, moins 15 000 francs au marché noir.
les chaines Légalement ou illégalement, le foot se
ont payé un vend très bien et toujours au plus of-
milliard de frant. Normal donc que certains grands
francs pour clubs européens soient dorénavant cotés
retransmettre en Bourse . Principale marchandise, les
les matchs . joueurs eux-mêmes. Pour les vedettes,
Pour 2002, les prix ne cessent de monter. En tête
ces droits se- des joueurs les mieux payés de la planè-
ront multipliés te, le Brésilien Luiz Nazario de Lima, le
par sept pour fameux Ronaldo, avec un salaire de
atteindre 30 mi llions de francs brut annue l plus
Quand le slogan d 'Adidas s'affiche sur l'Arc de Triomphe cette saison une prime de 20 millions sur
7,3 mil liards.
Le foot, c'est aussi de l'argent. Autre robinet, l'argent des sponsors : les son transfert du FC Barcelone à l'Inter de
Beaucoup d'argent. Avec un gran des multinationales investissent de Milan qui a couté 170 mi llions de francs.
chiffre d 'affaires annuel estimé très grosses sommes dans le ballon rond . Le foot f lambe, le but est devenu hors de
prix - ce n'est sans doute pas un hasard
entre 1 200 et 1 500 milliards de Les 12 principaux ba illeurs de fonds de la
si France 1998 a innové avec le bien
francs, le ballon rond génère Coupe du monde (Adidas, Canon, Coca
nommé « but en or ». Et le sport ? Il
plus de dollars que la première Cola, Fuji, Gilette, McDonald's, JVC,
avait des valeurs, c'est maintenant une
entreprise mondiale, General Mastercard, Opel, Philips, Snickers et
valeur sure du capitalisme mondial.
Motors, qui pèse 1 000 milliards Budweiser) ont payé chacun leur ticket
FRAN ÇOISE REY
de francs . entre 150 et 200 millions de francs pour
participer à l'évènement. Troisième sour-
Le Mondial qui s'est déroulé cette année ce de revenus, les droits dérivés, maillots, LE mT PARADE DES CLUBS
en France a battu tous les records de re- drapeaux et autres objets souvenirs . Des
gadgets qui pèsent lourd, jusq u 'à Vedette de la Bourse de Londres,
cettes. Le pactole sera encore plus gros Manchester United arrive largement en tête
dans quatre ans . Lors de la proc haine 300 millions de francs, par exem pl e, des clubs les plus riches avec un chiffre
Cou pe du monde, la Fifa (Fédération in- da ns le budget du c lub ang lais d'affaires de 880 millions de francs en 1997.
ternationale de football), qui regroupe Manchester United . Dans cette valse des Il est suivi par le Bayem de Munich avec
milliards, la billetterie des stades qui, il y 560 millions, le FC Barcelone (500 millions)
198 nations (plus que l'ONU), espère en- et la Juventus de Turin (80 millions). Le
granger quatre fois plus de revenus ! a vingt ans, constituait la principale re- club français, PSG, accède à la 10• place
Sport planétaire pratiqué par 200 mil- cette du foot, est devenue marginale avec 330 millions de francs. Ce sont les
lions d'êtres humains, le footba ll est au- pour les organisateurs. Mais pas pour les Européens qui monopolisent les 10 pre-
trafiquants en tout genre, saisis eux aussi mières places (2 clubs anglais, 2 allemands,
jourd' h ui au cœu r d 'énormes enjeux
2 espagnols, 3 italiens et un français).
financiers et industriels. Principa le recet- par la fièvre du jack pot . C'est ainsi

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N• 299


SPORT ET MÉDIAS
LE CHOC DU FOOT
Avec une audience cumulée de s'il est planétaire, les inégalités écono- des images de synthèse mais surtout les
37 milliards de téléspectateurs, miques entre les pays, les chaînes les plus chaînes ont cherché à profiter des com-
les retransmissions de la Coupe modestes ne pouvant acheter que cer- plémentarités avec l'i nternet. Le site de
du monde de football auront tains matches. TF1 proposait ainsi un logiciel permettant
des ralentis sur toutes les phases du jeu,
fait de ces quelque 64 matches
tandis que celui de France 2 contenait
une série d'évènements D E LA COUVERTURE INTÉGRALE
des vidéos, des chroniques et des repor-
planétaires. La force du À LA CONTRE-PROGRAMMATION tages qui venaient compléter les retrans-
spectacle fait quelquefois missions du petit écran .
oublier les réalités économiques En France , les soixante-quatre matches Durant cette Coupe du monde, les prin-
et médiatiques qui le sous- de l'édition 98 ont été retransmis, inté- cipales chaînes auront aussi eu une pen-
tendent. gralement par la chaine cryptée Canal sée particulière pour les téléspectateurs
Plus, tandis que TF1 et France Télévision non concernés par le ballon rond .
La rencontre entre le sport le plus popu- (France 2 et France 3) se sont réparti les Certaines comme Arte ou M6 auront
laire au monde et les médias de masse rencontres selon leur propre stratégie. En même pratiqué le «hors-jeu » télévisé,
est logique et c'est d'abord la radio qui a dehors de la finale, certains matches, M6 annoncant par exemple non sans hu-
rendu possible une première mondialisa- comme celui qui a opposé la France à mour une programmation garantie sans
tion du football. Vint ensuite la télévision l'Arabie Saoudite, auront dépassé les dix «ce que vous savez ».
qui n'a cessé depuis d'amplifier le phé- millions de spectateurs soit plus de 50 % T HIERRY LANCIEN
nomène à travers différentes évolutions de parts d'au-
d i en ce . C es re_ Le studio Canal+ au Stade de France
presque tombées dans l'oubl i. On a par
exemple du mal aujourd'hui à réaliser transmissions
que, pour la Coupe du monde de 1954 auront consacré
qui avait lieu en Suisse, seuls neuf les évolutions
matches étaient retransmis tandis que, permises depuis
pour celle de 1962 au Chili, la finale plusieurs années
n'arriva sur les petits écrans français que notamment par
quarante-huit heures après son déroule- Canal Plus : ra-
ment. Depuis, les transmissions sate lli- lentis, images sai-
taires mais aussi l'explosion de l'offre sies au niveau du
télévisuelle ont permis la mondialisation terrain , multipli-
à laquelle on assiste aujourd 'hui. Celle-ci cation du nombre
est d'autre part étroitement liée à des caméras et
d'énormes enjeux économiques, puisque commentaires
la FIFA (Fédération Internationale de d'experts.On aura
Football Association) vend les droits de aussi vu appa-
retransmission aux différents pays et raître l'analyse de
chaînes intéressés. Du même coup on re- certains moments
trouve à travers cet évènement. même du jeu grâce à

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N ' 299


fOOT, MONDIAL 98
NOUS SOMMES TOUS ALLÉS
AU PARADIS ...
Le public a joué un rôle
déterminant dans la victoire de
LA DISTRIBUTION
l'équipe de France . D'abord Pour comprendre que le sport est un pu is-
hostile, ce qui a poussé les sant vecteur d'intégration, la lecture de la
joueurs à prouver leur valeur, il a feuille de match suffit : Petit, Blanc,
ensuite porté cette équipe en Lebœuf, Deschamps, droit sortis du terroir;
triomphe et l'a aidée à gagner. plus typés : Guivarc'h le Breton, Lizarazu le
Une victoire collective . Une fête Basque, Barthez le Pyrénéen, font chanter
partagée . les provinces ; suivent le Kanaque
Karembeu, l'Africain d'origine Desailly,
l'enfant d'Arménie Djorkaeff et le « fils de
Pourquoi les joueurs devenus champions Kabyle Zinedine Zidane, dont le nom signi-
du monde et le public français ont-ils fie bienfaisance de Dieu », sans oublier le
l'impression d'avoir vécu un rêve 7 Sans Guadeloupéen Thuram, qu 'on croirait bap-
doute pa rce qu'ils ont écrit ensemble un tisé par Victor Hugo ou l'Oulipo (tu rames)
scénario d'une parf aite logique, que per- En effet, elle a souffert, cette équipe de
sonne avant l'épreuve, ni même tout France, avant de coiffer les lauriers de la
près de sa conclusion, n'avait pourtant gloire, souffert pas seulement physique-
imag iné. ment mais moralement.

lES CHIFFRES
Meilleure attaque France : 15 buts ; Brésil : 14 ; Pays-Bas : 13.
Meilleure défense France : 0,28 buts par match ; Paraguay: 0,5 ; Italie : 0,6.
Cartons rouges France : 3 (Zidane, Blanc, Desailly) ; Cameroun : 3 ; Danemark, Mexique,
Pays-Bas : 2.
Bis Henry (France-Arabie Saoudite), Thuram (demi-finale), Zidane (finale) ont marqué chacun
deux buts dans un même match.
5 cm' c'est la taille des morceaux de la pelouse du Stade de France vendus tels des reliques.
+ 11 En grande partie grâce à l'effet mondial Jacques Chirac a gagné onze points dans les
sondages d'opinion.
G7 6 pays avaient jusqu'alors gagné la Coupe (Brésil, Argentine. Italie, Allemagne. Uruguay,
Pays-Bas). La France entre aujourd 'hui dans le G7 .
68 Il y a 68 ans, le Français Jules Rimet créait la Coupe du monde. La France la gagne pour la
première fois, 68 ans après avoir atteint deux fois les demi-finales. Comment en 1968, la foule
envahit les rues.
80 blessés et un mort dans un accident provoqué par une conductrice affolée, le soir de la
victoire, sur les Champs-Ëiysées.
1,5 million de personnes ont fêté la victoire dans les rues de Pari s la nuit du 12 juillet.
2,775 millions de spectateurs ont assisté aux matches dans les stades.
17 millions de téléspectateurs on regardé la finale en France à la télévision .
40 milliards de téléspectateurs, en audience cumulée, ont regardé les matches à la télévision .

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


LA MÉTHODE concentré sur lui tout le mépris et toutes
les critiques dont peuvent être capables
ILS ONT DIT ...
les médias, des « Guignols de l'informa-
Ancien ouvrier et joueur de l'équipe de tion » à l'organe officiel du sport en « Le mental était notre faiblesse pendant
Saint-Étienne, Aimé Jacquet le sélection- des années. On a monté d'un cran. Sur le
France, le journal L'Équipe. Cet homme terrain, on se sentait costauds, sereins. >>
neur entraineur est un homme rigoureux,
modeste, à l'accent du centre jugé ridicu- Djorkaeff
travailleur, entêté et réputé peu média- le, a été régulièrement sifflé quand son
tique. Il s'appuie sur les vertus du travail : nom était prononcé dans un stade . « Peu de gens peuvent toucher leur rêve et
réglage, mise au point, tableau noir, vidéo, Pourtant, pendant les 53 matches de sa
y participer. Quand j'étais petit, je rêvais de
condition physique. Il parie sur la cohésion jouer en finale . C'était toujours France-
carrière d'entraineur, la France n'a connu Brésil, et moi je faisais partie de l'équipe
de l'équipe, la confiance mutuelle des
que trois défaites. Il veut cette Coupe brésilienne. >> Thuram
joueurs entre eux (ce qui n'est pas si simple pour prouver qu'il a eu raison envers et
quand on connait les salaires de ces ve- « Finalement, nous sommes peut-être de
contre tous. Quant aux joueurs, l'adversité
dettes). Il va faire jouer tout le groupe et grands joueurs... >> Petit
dans laquelle ils évoluent les unit en un
gagner à 22. Il construit son système à par-
groupe soudé et conquérant. Le public, « C'est la première fois de ma vie que je
tir d'une défense exemplaire, au point que pleure. >> Barthez
par son mauvais esprit, commence à jouer
nombre de buts ont été marqués par les
son rôle dans l'histoire.
lignes arrière. Au final, il fera taire ses dé- « J'avais annoncé avant l'ouverture du
tracteurs en terminant avec la meilleure dé- tournoi que nous irions au bout de
fense et la meilleure attaque. Ses prétendus LA DRAMATURGIE l 'a venture . Je sais que tous mes
coéquipiers partageaient cette évidence.
défauts deviennent des qualités. La modes- Depuis deux ans, nous avions préparé tous
tie fait fureur, suivant le même principe qui Lors des matches de qualification que les scénarios, nous avions été exigeants,
réussit si bien au Premier Ministre Lionel l'équipe mène allegretto, le moindre faux nous étions prêts. >> Jacquet
Jospin. Il sera aisé ensuite au président de la pas eût donné raison aux mécontents.
« À vaincre sans péril on triomphe sans « Au niveau technique , les équipes du
République de voir la France au miroir de dernier carré se valent ; celle qui gagnera
cette équipe qui gagne. gloire » estime alors injustement le public,
est celle qui le voudra le plus. >> Pelé
oubliant que le Danemark vaincu était

LE MOTEUR DE L'ACTION vice-champion d'Europe. En huitièmes de


finale, la chance ne sourit pas aux Bleus,
« Je suis enfin champion du monde. >>
Platini
et c'est un but marqué dans les prolonga-
Née dans la douleur après son élimination << C'est la principale leçon de la Coupe du
tions qui délivrera l'équipe. Cet andante monde. Une leçon de cœur, courage et
du précédent Mondial, l'équipe s'est for-
grinçant se prolonge en quarts de finale, fraternité mêlés . Une France qui gagne
gée dans l'adversité . Aimé Jacquet a ensemble . Au-delà de la nostalgie des
où la France doit se départager de l'Italie
par l'épreuve des tirs au but. Le suspense lendemains de fête, je crois et j'espère que
lE PARCOURS nous aller garder au cœur cet élan et cette
est à son comble. Émotion renouvelée lors
fraternité . >> Chirac
de la demi-finale par l'exclusion (carton
Qualification
France - Afrique du Sud 3 - 0 rouge) d'un précieux défenseur. C'est
France - Arabie Saoudite 4 - 0 dans cette phase du drame que le public
France - Danemark 2 - 1 prend fait et cause pour son équipe. Les pose les champions du monde au pays
femmes, elles aussi s'enflamment ; tous hôte, offre une finale d'apothéose.
Huitième
France - Paraguay 1 - 0
entravent maintenant le parcours du car Ayant à ce point contribué à l'épopée,
des joueurs, brandissant (déjà) des dra- d'abord par sa rudesse, ensuite par sa fer-
peaux et des maillots dans les rues, se pei- veur, le public, la foule, la France a fêté
0- 0 (4-3) gnant le visage aux couleurs de la France. l'évènement selon le schéma imaginé par
Galvanisée par l'enthousiasme populaire, Jean-Jacques Rousseau pour les grandes
Demi-finale
France -Croatie 2- 1 la France de la finale l'emporte sur une fêtes populaires : chaque citoyen est à la
équipe du Brésil qui à tout à perdre et se fois acteur et spectateur ; grâce à cette
Finale laisse étouffer par des adversaires surs de participation, il se réjouit de la joie des
France - Brésil 3 - 0 prendre la forteresse . Ce match de cou- autres. Nous avons bien vécu un rêve.
ronnement, qui pour la première fois op- FRANÇOISE PLOQUIN

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N ' 299


DE CHAIR ET DE SANG
« (EUX QUI M'AIMENT
PRENDRONT LE TRAIN »
Qu'il s'inspire d'Alexandre Dumas (La des obsèques laïques, nous donneront deux temps (Paris-Limoges en train, puis
Reine Margot) ou de Tchekhov (Hôtel de l'intuition de sa personnalité (masquée et Limoges) sur un registre choral qui met
France), qu'il plonge sa fiction dans le parfois perverse). en scène un petit microcosme de notre
xv1• siècle ou qu'ill'insère dans notre pré- société.
sent, Patrice Chéreau décrit l'univers des Dans le train, où l'instabilité du cadre de
U N RÉCIT CHORAL
passions par l'alliance du théâtre et du l'image et les bruits off du wagon sur les
cinéma. Son septième film, Ceux qui rails transcrivent la perception visuelle et
Artiste peintre, dessinateur, professeur,
m'aiment prendront le train, en apporte sonore du mouvement, puis dans la
une nouvelle preuve . Jean-Baptiste, grand séducteur de
grande maison de famille où, après la cé-
Comme à l'ouverture de Citizen Kane, la femmes et d'hommes sur qui il exerçait
rémonie du çimetière: Lucien, le frère de
mort d'un hÇ>mme déclenche l'action du une véritable fascination, vivait à Paris.
Jean - Baptiste (Jean-Louis Trintignant
film. Jean-Baptiste Emmerich vient de Avant de mourir, à soixante-dix ai}S, il interprète avec sobriété et conviction les
mourir. Nous entendons sa voix off, en- avait exprimé un souhait : être enterré à deux personnages), accueille les voya-
registrée sur une cassette . Nous décou- Limoges, auprès de ses ancêtres : « Ceux geurs, Patrice Chéreau observe avec pré-
vrirons son apparence physique - qui m'aiment prendront le train. » cision, sensibilité et objectivité le
l'homme immobile dans son atelier de Parents et amis prennent, en effet, le comportement de ses créatures de fic-
pe1ntre - au cours de très brefs flash- train gare d'Austerlitz, alors que le cer- tion . Sous le regard de sa caméra, les
backs muets. Mais, seuls les réactions et cueil du défunt est transporté en voiture. souvenirs qui s'échangent, les confi-
les propos de ses proches, réunis pour La dynamique du récit se déploie en dences qui lèvent les ambiguïtés, les
heurts qui opposent un père (Lucien) et
son fils (Jean-Marie), les liens qui se
nouent ou se renouent entre les êtres de
chair et de sang renvoient à l'univers de
la passion . A l'occasion de ce deuil, les
cœurs se déchirent, les couples -
hommes et femmes ou amants homo-
sexuels - se décomposent ou se ressou -
dent. Unie à la peur et aux désirs, la
violence des passions s'exprime autant
par la parole que dans les affrontements
physiques.

U NE ÉCRITURE VIRTUOSE

La concentration de l'intrigue dans deux


lieux clos (le train, la maison de Limoges),
le jeu des acteurs - des acteurs chers à
Patrice Chéreau, metteur en scène de

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


théâtre - dans l'expression de la violence à l'occasion d'un fait dra- Modernes), ce livre de
et l'impo rtance accordée aux dialogues
et monologues renvoient aux st ructures
f\voir matique (la tentative de sui-
cide et le schooter).
Les dialogues jouent un
Barthélemy Amengual, aus-
si important aujourd'hui que
le fut autrefois le célèbre
est hét iques propres aux théâtre. Mais rôle important dans le récit, Qu'est-ce que le cinéma ?
• DIEU SEUL ME VOIT
l'écriture d'ensemb le du f ilm n'en de- mais celui-ci tire sa force d'André Bazin, sera, sans
Le troisième film de Bruno de l'observation d 'une psy- conteste, un ouvrage de ré-
meure pas mo ins spécifiquement ciné- Podalydès brosse le por- chologie du comportement férence pour tout ensei-
matograph ique. trait d'un indécis, souvent qui révèle la véritable natu- gnant du 7• art.
Les multiples personnages de ce film inquiet, un homme de tren- re des sentiments. Je pense S'appuyant sur une ré-
chora l sont reliés entre eux par des mou- te ans, Albert (interprété par à la flexion relative à la notion
Denis Podalydès, le frère séquence du dîner au res- complexe de « réalisme " à
vements de caméra -travel lings et pano- l'écran, il représente un mo-
du cinéaste) dont la calvitie taurant où Albert, troublé
ramiques -, nombreux et souvent très précoce cadre mal avec par le désir d'Anna, dont il dèle d'analyse critique sur
rapides, qui concourent au dynamisme son âge. Technicien, Albert s'éprend, doit, à plusieurs le double registre de la thé-
matique et de l'esthétique
d'une intrigue linéaire. La virtuosité de la
d'un film. Barthélemy
caméra s'efface devant l'immobilité du Amengual explore l'univers,
plan fixe quand deux personnages la vision du monde, l'évolu-
s'écoutent mutuellement aux instants de tion d'un cinéaste - Glauber
Rocha ou Tarkovsky,
confidences profondes (François et Louis
Godard ou Welles,
dans le train, Clai re - dans la baignoire - Kurosawa ou Wenders,
et Viviane, Claire et son mari, Jean-Marie, Fellini ou Eustache, etc. -
après leur violent affrontement). Un les traits dominants de son
esthétique avec une honnê-
montage classique renforce, lui aussi, teté intellectuelle, une ri-
l'émotion lorsqu'il rapproche, uni aux gueur, une lucidité et une
gros plans, les trois homosexuels déchi- pertinence exemplaires.
rés par une passion commune (cf. la sé-
quence du coup de té léphone entre Albert (Denis Poda/ydès) et Sophie (Isabelle Cande/ier)
Louis, François et Bruno). Quant au mon-
participe au tournage de reprises se réfugier dans
tage eut, beaucoup plus fréquent, il
petits films comme ingé- les toilettes.
contribue à la fois au rapprochement des nieur du son. Ses hésita-
personnages et à l'imp ression de rapidité tions perpétuelles de même
suggérée au sein d'une situation de crise que son '' esprit d 'escalier ••
entretenue par la parole.
Au terme du récit, deux couples pren-
l'empêchent de se sentir à
l'aise dans la vie quotidien-
ne où nous le suivons pas à
f\lire
ne nt un nouvea u départ : Claire et Jean- pas en partageant son
Ma ri e ; Louis et Bruno. Fi lm de tension, temps. DU RÉALISME
Entre deux tours d'élec- AU CINÉMA
d'a ff ron te ments et de déc hireme nts, tions municipales, ses ren-
Ceux qui m 'aiment prendront le train se contres avec trois jeunes BARTHÉLEMY AMENGUAL
refe rme su r une not e d 'apaisement et femmes - Sophie, Corinne NATHAN 1997, (1008 PAGES, 169F)
et Anna - servent de fil
d'espo ir, sou lignée par l'adm irab le ada-
conducteur à une comédie
gio de la x• Sym phonie de Mahler alors à la française, au rythme ra- Anthologie de travaux cri-
qu'un long et' majestueux travelling pide, qui repose sur les tiques approfondis publiés
gags, les jeux de mots, le depuis quarante ans dans
avant en plongée (à partir d'un hé li co-
retour cyclique des objets différentes revues de ciné-
ptè re), survola nt Limoges, ses environs et ma et surtout dans la col-
(la bouilloire) et des chan-
son cimetière, vient mourir au seuil de la sons (« Guanananera ") et lection « Études
maison fami lia le. surtout sur un comique de Cinématographiques " (édi-
MICHEL ESTÈVE situation, déclenché même tions des Lettres

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


MARCHER
DANS LES MOTS
CÉLINE, BRAUDEAU, DANNEMARK, FENNETAUX, WINCKLER

tique ni littéraire dans aucun journal fran- venu à Lima comme professeur, à l'âge
LETTRES DE PRISON
çais ni étranger [ ... ] Je n'ai jamais voté de de vingt ans, pour enseigner le français,
LOUIS-FERDINAND CÉ LI NE ma vie. J'ai même toujours refusé d'avoir parce que je n'avais pas la vocation pour
GALLIMARD, 400 PAGES, 150 F le téléphone chez moi tellement j'ai tout le service des armes et que je souha ita is
enrôlement et affiliation en horreur ». m'en aller le plus loin possible de mon
Résumons : Céline est pur, libre de ses pays» , est-il expliqué page 13.
écrits et ceux-ci ne pourraient être cou- Là-bas, il rencontre Maria Sabina, quinze
pables puisqu'ils ne font l'affaire de per- ans. « Il se dégageait de Maria Sabina
Du 17 décembre 1945 au 24 juin 1947, à
sonne. Qu'en l'occurrence il ait pu faire une impression de sérénité physique in-
onze heures du matin, Louis-Ferdinand
du tort ou simplement insulter des Juifs habituelle, une sorte de force innée . »
Céline passera deux ans et demi entre les
ne semble pas lui faire problème. « L'anti- Entre le professeur et la jeune fille com-
quatre murs de la prison de Vestre
sémitisme est aussi vieux que le monde mence alors une histoire d'amour faite
Faengsel à Copenhague. Fuyant la France,
[ ... ] et le mien n'a jamais persécuté per- d'avancées et de retraits, comme souvent
venu d'Allemagne en compagnie de sa
sonne. » Voire . les histoires d'amour. Des hauts plateaux
femme Lucette, il croyait trouver au
Reste, et c'est ce qui nous retient. sa dé- à la mer, de Lima à Londres, la passion du
Danemark une terre d'asile en attendant
narrateur grandit quand celle de la jeune
qu'en France les choses s'apaisent et que tresse sincère et sa souffrance. Qu'il l'eut
fille hésite. « Je ne parvenais pas à réaliser
les rigueurs de l'épuration s'adoucissent peut-être méritée ne la rend pas plus sup-
qu'elle pouvait aimer sans désirer, tenir à
un peu. En vain. De France on réclama portable . En prison Céline souffre : « Je
mon amitié sans devenir mon amante. »
son extradition pour « trahison » ; la poli- suis un invalide absolu de l'intestin », ré-
Mais rien n'y fait. Ni son insistance, ni ses
ce danoise l'arrêta, et réfléchit à ce qu'il sume-t-il avec drôlerie, après une descrip-
supp lications. La narrateur trompe son
fa llait faire de cet encombrant prisonnier, tion détai llée de ses maux. Mais dans
désir avec Ernestina dans un cinema de
symbole, sinon de la collaboration, au cette douleur, et cette furie, il sait aussi se
Lima un jour où l'on joue La chute de
moins de l'antisémitisme. Dans sa préface, montrer plein de prévenance et de ten -
l'empire roma in. Peine perdue : Maria
François Gibau lt résume le problème : dresse pour Bébert, son chat. et Lucette,
Sabina résiste.
« Bagatelles pour un massacre et L'École sa femme : « Ne te détruie pas de fa-
Il y a dans ce roman quelque chose de
des cadavres [ ... ] apparaissaient à la lueur tigue ! , lui écrit-il le 26 février 1946. Fais Valery Larbaud . Les jeunes filles bien sur.
des évènements que l'on sait comme des attention aux autos ! » L'hispanité . Mais aussi l'exposition sans
appels au massacre et servaient de prétex- fard du désir et du sexe. Finalement, mais
te à une chasse dont il était le gibier. » PÉROU peut-on employer un tel mot dans un ro-

•~'
D'abord Céline feint de ne pas com- man aussi bref, Maria Sabina et Michel fe-
M ICHEL B RAUDEAU
prendre : « Je suis toujours demeuré très ront l'amour « juste une fois », dit-elle
GALLIMARD, 125 PAGES, 75 F
strictement un écrivain », explique-t-il dès (page 96). Que lques jours plus ta rd ,
sa première lettre à son avocat. « Je suis Michel ferme les volets de son studio de
un écrivain, rien qu'un écrivain », lui répè- Lima et regagne Paris. L'histoire s'achève .
te-t-il à la onzième . « Un écrivain à l'état Avis aux voyayeurs : on ne vient pas impu- Maria Sabina disparait et va prendre dou-
pur ». Voilà pour l'état civil. La collabora- nément au Pérou . Pourtant. le narrateur cement sa place aux côtés d'autres
tion maintenant ? Défense de céline : « Je de ce petit roman grave et délicieux, Enfantines. Une dernière chose encore, un
n'ai jamais publié aucun article ni poli- l'avait choisi comme par hasard : « J'étais détail géographique qui peut-être a son

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N ' 299


importance pour exp liquer qu'une si peti-
te histoi re puisse provoquer une si grande
f ul gu rance. C'est à la page 30 . Ma ria
Sab ina a quitté Li ma pour la campagne.
unes se
Michel décide de la rejoi ndre : « C'éta it à • AVENTURES TOUT TERRAIN de guerre. En ces temps difficiles, Jérôme
une journée de train vers l'est. En empru n- tente de consoler sa mère. Tandis que Sam
• À proximité d'une épave, s'échine à la couture, Faigele s'essaie à tout :
tant la voie de chemin de fer la plus élevée un adolescent ramasse une croupière, entremetteuse, croqueuse
du monde, en plein ciel, là où les contrô- pièce de deux sols. Elle a d'hommes ... Jérôme suit sa mère partout
appartenu jadis à un mous-
leurs passent dans les wagons avec des dans ce quartier d 'immigration ; il voit
se de douze ans, enrôlé en tout : les tripots, les repaires de gangsters,
bonbonnes d'oxygène. » De l'oxygène ... 1794 sur un navire de guer- les trafics, les règlements de comptes. Un ro-
re, dont le nom prometteur, man plein de vitalité, habité par un magni-
Les droits de l'homme, fique portrait de femme, sa mère.
symbolisait l'époque révolu- La belle ténébreuse de Biélorussie
QU' IL PLEUVE tionnaire. C'est l'occasion Jérôme Charyn,
de remonter le temps pour un parcours en éditions Gallimard Jeunesse, Collection
FRANCIS D ANN EMARK mer, formateur et historique. Haute Enfance, 169 pages, 85 F.
LE CASTOR ASTRAL, 112 PAGES, Le trésor du vaisseau
78 F Jacqueline Favreau, Liv'éditions (56320 Le
Faouët), Collection Létavia Jeunesse, • PLEIN ZOOM
123 pages, 49 F. • Zoom sur le pôle Sud avec Christophe Blain
Il s'agit là aussi d'une rencontre, d'un ha- qui rend compte d'une expérience hors du
• Port de Brisbane, Australie, XIX" siècle. Un commun en,Terre Adélie. Il note et illustre son
sard : « C'est ainsi, au début d'un été le séjour avec d 'autres hommes, en mission au
jeune détenu échappé des plantations de
plus chaud du siècle - ce qui ne veut rien canne à sucre cherche à s'embarquer. Le cœur des glaces. L'objectif est de faire pro-
dire, car qui vit vra iment aussi long- Lotus est un bateau idéal, il s'y cache puis y gresser la science et la recherche qu'elle
obtient une place de mousse. Mais l'aventure concerne, le futur de l'humanité ou les pre-
temps 7 - que j'ai entendu pou r la pre- miers âges de la planète.
vire au tragique car le capitaine n'est qu'une
mière fois, posée comme une seule note brute sans scrupules et le Lotus participe à Carnet polaire
sur une pa rtition, la voix d'A riane. » un trafic d'esclaves révoltant. Une lecture Christophe Blain, éditions Casterman
instructive et passionnante. Jeunesse, 80 pages, 99 F.
Ariane 7 Une femme à l'air « de fat igue
La chasse aux merles
ancienne », une de plus dans la vie du Jean Ollivier, 1 1 • Zoom sur l'Europe et la
narrateur déjà dotée d'une vieille amie, éditions Casterman, monnaie unique. Onze pays
1 . ,
Collection Romans Casterman, 160 pages, ;'?~'r.S. sont concernés par ce chan-
Odile, d'un amour impossib le, Lara, d'une
48 F. ,,/ '• ~·· gement économique majeur.
ex-femme, d'une mère. Que veut-elle 7 "' 'f Jft/ . Zoom sur l'euro se charge de
Ce qu'il a de plus cher : le manuscrit qu 'il • Une lointaine aïeule s'ins- ·.z. .-_,.;,)
:~~:.
cette approche didactique.
Ce guide fournit des explica-
vient d'achever et qu'i l s'a pprêt e à pu - talle chez Mickey à New
York et elle se rend détes- • tions simples et l'utilisation
blier. Mais elle le veut pou r elle-même et ' - - - - - _ _ J de l'infographie permet de vi-
table. Pourtant, la lecture
rien que pour el le. Pour 500 000 F, elle de son joumal intime révèle sualiser et d'humaniser nombre de notions.
souha ite acheter ce texte pour en être la à Mickey une personnalité Seul regret. .. le peu de réelles précisions sur
secrète forgée par une le refus de quelques pays à accéder à l'euro.
seule lectrice. Di lemme. On ne croit pas Un guide pour les jeunes ... Parents, ne pas
existence insolite et de pro-
beaucoup à cette histoi re. Le charme de fonds bouleversements à s'abstenir !
ce livre vient d'ailleurs. Il tient à quelques l'époque de la Prohibition. Zo0m sur l'euro
phrases sur la campagne des environs de Chaque page crée entre eux un lien indicible. éditions Hachette Jeunesse en partenariat avec
Ce beau récit, bien mené, tisse sa toile entre La Société Générale, 48 pages, 35 F
Bruxe ll es, ou sur la sol itude, ou sur le
le passé et le présent, entrainant une ré-
vieillissement ou sur le mét ier d'écrire : flexion sur le rapport au passé - accepté ou
« J' aime rais qu ' il pleuve, qu' il pleuve à tabou - et sa transmission.
n'en plus fi nir sur ce printemps qui s'achè- Les secrets de Faith Green
Jean-François Chabas,
ve en ét uve et sur l'encre de toutes les éditions Casterman,
feui lles que j'empile parce que je ne sais Collection Romans Casterman, 160 pages,
faire que cela, au fond, que c'est devenu 48 F.
une habitude, un mode de vie » (page 86).
• Faigele, Sam et leur fils Jérôme, cinq ans,
se retrouvent au cœur du Bronx en 1942, loin
PH ILI PPE RIDET de leur Biélorussie, abandonnée pour cause

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


~ .
es1e ...
mic he l
f e nn e t aux

-
ET DÈS LORS
MA GUERRE
COMMENÇA
ma rchant qu'il n'est pas bâti à chaux et à
sab le, comme celui-ci tente so uvent de
s'en persuader ». Bien su r, cette guerre a
ses rémissions, ma is surtout pas d'ill usions
M ICH EL FENNETA UX : « mon corps ne m'est jamais rend u que
et dès 1ors
ma guer re ËDITIONS VERTICALES sous conditions », et puis « la souffra nce
commença 212 PAG ES. 95 F.
DOMAIN E récè le un noyau irréductibl e dont il est
PUBLIC utopique de vou loir se rendre maître ».
« Mais jusqu'où peut-on aller si on ne
JEAN- MICHEL marche que dans les mots ? » Oui, l'écritu- Enfin ne jamais oublier : « consentir c'est
MAULPOIX re est coupure d'avec la vie, et pourtant, mourir un peu plus ».
- ËDITIONS MERCURE DE c'est pour le créateur la seule manière Le livre de M ichel Fennetaux ne s'arrête
FRANCE, cependant pas là. Livre de guerre, livre de
d'avancer, en écrivant. Pour le malade -
Domaine public parkinsonien - que Michel Fennetaux dé- vie, il est aussi une invitat ion à « habiter
me semble intro- l'existence ». Il dessine au fi l des lettres
duire une rupture
crit dans ce récit épistolaire, il en va égale-
dans l'œuvre de ment ainsi . Parce que ce n'est ni plus ni u ne éth ique qu ' il qua lif ie lui-même
Jean-Michel moins qu'une question de vie ou de mort. « d'éthique de la préca rité », persuadé
Maulpoix. Le titre Vingt et une lettres et trois rêveries com- que « l'expéri ence de l'existence suppose
du livre joue de fait
posent ce livre, tout à la fois livre de guer- précarité et détresse ».
sur celui des parties, au nombre de trois,
de " cahier du jour " à " carnet d'envols " reet livre de vie . Livre de guerre, il d it Au-delà du livre de guerre et du livre de
en passant par" journal privé " • véritable comment la maladie le laisse tel « un être vie, ce récit épistolaire t ient par son écritu-
cœur du livre. Ces trois titres par leur réfé- robotique échappant au contrôle de son re : les rêveries sur les lieux animés de la
rence à des termes relevant de l'intime
(des modalités privées de l'écriture) sem- maître », et comment elle replace au Haute Valette, la montée à Terneusos, la
blent s'opposer au " domaine public " centre de soi-même : « s'adapter ou dispa- leçon de tango, les tendres complicités
dont, d'ordinaire, ils ne relèvent pas. raître », il n'y a pas d'autre issue. Affronter évoquées, enfin l' ultime évocation de la
Il s'agit donc de jouer et faire jouer domai- le regard des autres et savoir que « si le corrida « conjonction inéluctable de la
ne public et univers intime, le poème nais-
sant de leur jointure ou leur rupture. Si pauvre tocard que je su is fait si peur, c'est mort et de la vie dans l'existence » fo nt
" journal privé " constitue le cœur de l'ou- de rappe ler sans ménagement au bie n aussi de ce récit un livre de beauté.
vrage, c'est dans la mesure où il permet
l'articulation entre des textes qui signalent,
en quelque sorte, des espaces communs à
nos vies et d'autres des lieux vers lesquels
on s'envolerait, et qui dés-orientant notre
vie lui donnent, paradoxalement, une nou-
velle aimantation. • GOSCINNY : LES PREMI ERS PAS vent ou sont régulièrement rééditées, ses
" Cahier du jour " égrène ainsi une multipli- D' UN SCÉNARISTE DE GÉNIE œuvres antérieures demeurent dans l'ou -
cité de vies, de possibles déjà actualisés bli. Les éditions Vent d 'Ouest nous font re-
par le passé, ou dans la vie présente, la vie Avant lui, la découvrir les premiers héros de papier
immédiate en quelque sorte. Ce cahier agit professi on conçus par le scénariste avec Les archives
à la manière d'un art poétique avec par de scénariste
exemple " élégie blanche "• ou " poétique Goscinny. Dans le premier tome, Le jour-
de bande
du boulevard " particulièrement provoca- nal Tintin 1956-1961 , on trouve déjà des
dessinée
teurs où il s'agit de déconstruire, à la fois, personnages savoureux comme les
les références fin de siècle, et l'œuvre anté- n'existait
membres de la famille Cokalane, archéty-
rieure aux images prosaïques. pas. René
Goscinny, le pe de la famille française des années 1950,
Avec ce " journal privé " qu'il rend public, il
brouille les frontières, mélange les genres père ou Alphonse l'homme à tout faire qui ne
(a priori non poétiques) et produit pourtant d'Astérix, lui peut conserver un emploi tant il est étourdi
de la poésie, mais une poésie où la mu- a donné ses et maladroit. Les gags s'enchainent, les
sique antérieure, certes toujours présente, lettres de no- dialogues font mouche et, derrière le gra-
s'est comme grippée, devient grinçante, et phisme désormais désuet des différents
blesse. Si,
racle, grimaçante, le gosier d'une voix prise dessinateurs (Uderzo, Tibet, Bob de
dans les filets de la durée : " Mourir pren- même après
dra le temps qu'il faut. Je m'habitue "· sa mort, les Moor ... ), c 'est bien le génie humoristique
BE NOIT ( ONORT aventures de Goscinny que l'on reconnait à chaque
des irréductibles Gaulois, du cow-boy page. De même, dans Strapontin, chauf-
Lucky Luke ou du Petit Nicolas se poursui- feur de taxi, réédité dans la collection «Les

LE FRANÇAI S DANS LE MONDE W 2 99


LA MALADIE DE
SACHS ~MOR AND
BAINS DE M~
M ARTI N WI NCKLER
POL. PRIX DU LIVRE INTER 1998
• INSPIRATIONS
Dans le cabinet du Docteur Sachs, les pa- MÉDITERRANÉENNES
tients défi lent pour dire leur angoisse, C'est sous ce titre que Jean Grenier, un des
leurs peurs, les grandes et petites misères. maîtres d'Albert Camus, avait regroupé en
Pas de rapport de pouvoir ici mais un sens 1941 quelques textes baignés de cette lumiè-
vrai du service . Il y a manifestement là re méditerranéenne qui l'avait séduit tant en
chez Martin Winckler une intention mili- Provence qu'en Afrique du Nord ou dans les
ruines antiques de l'Italie et de la Grèce. On
tante et une volonté d'ancrer fortement pourra redécouvrir l'ouvrage dans la collec-
son récit dans la réalité sociale. tion " L'Imaginaire ., (Gallimard). Ami de
Mais l'écrivain va plus loin . Toutes ces voix Camus également, Jules Roy fait dans Adieu
entendues, écoutées sont mises en place ma mère, adieu mon cœur (Livre de Poche n•
d'une man ière musicale, à la façon d'un 14471) le récit émouvant d'un retour au villa- l'Égypte, de quatre titres de la collection
chora l. Elles s'opposent, s'additionnent, se ge natal sur la tombe de sa mère dans une Découvertes Gallimard : À la recherche de
Algérie déchirée par la violence : un cri l'Égypte oubliée (nouvelle édition) de Jean
superposent pour dessiner in fine un por-
d'amertume, de révolte, mais aussi d'espè- Vercoutter, Le Phare d 'Alexandrie, la mer-
trait de Bruno Sachs qui n'existe, lui, que rance.
veille retrouvée de Jean-Yves Empereur,
par la parole des autres, On comprend La littérature maghrébine d 'expression fran-
Ramsès Il, souverain des souverains de
que l'exercice ait en fin de compte fasciné çaise est toujours en honneur aux éditions du
Bernadette Menu et L'Expédition d 'Égypte, le
les lecteurs qui lui ont décerné le prix du Seuil qui nous proposent dans la collection
rêve oriental de Bonaparte de Laure Murat et
livre Inter, des lecteurs qui, depuis vingt " Points , La Terre et le Sang, le classique
Nicolas Weill, auxquels vient s'ajouter dans
du regretté Mouloud Feraoun, et de Tahar
ans, ont très souvent eu la main perspica- la nouvelle collection " Découvertes Texto ,
ben Jelloun, un roman, La Nuit de l'erreur et
ce, prometteuse et heureuse. Vivre en Égypte ancienne, de Bernadette
deux recueils de poésie : Les Amandiers sont
JACQU ES PÉCH EUR
Menu également : une auscultation minutieu-
morts de leurs blessures et La Remontée des
se de la vie quotidienne à travers plus de 150
cendres.
textes souvent hauts en couleur. Selon le
Du côté des grands aînés on retiendra, chez
même principe, Pierre Brulé nous donne à
Pocket, les recueils de Maupassant, Sur l'eau
voir Les Grecs et leur Monde et à les com-
et autres récits méditerranéens (collection "
prendre de l'intérieur. On notera aussi au re-
Lire et voir les classiques ,
classiques du rire» au Lombard, Goscinny gistre de l'histoire de l'art, le très solide
n• 6184) etAu soleil (collection " Classiques " •
avait déjà posé toutes les bases du succès ouvrage de Marie-Christine Hellmann consa-
nouvelle formule comportant le texte intégral
d 'Astérix. Chauffeur de taxi parisien, avec " les clés de l'œuvre , : 14 pages pour cré à L'Architecture grecque (Le Livre de
Strapontin est embarqué dans des aller à l'essentiel et 48 pages pour approfondir Poche, coll. Références, n• 544).
courses qui le conduisent aussi bien en l'étude). Rappelons que le même éditeur nous Ajoutons, pour terminer sur un mode plus lu-
Inde qu'aux États-Unis ou en Afrique. a déjà donné à apprécier l'art de la bourlingue dique, Ma cuisine en Provence de Patricia
Parfois peu courageux érudite que Paul Morand maîtrisait si bien avec Wells (Livre de Poche n• 8177), un recueil
mais toujours serviable, Méditerranée, mer des surprises (Pocket n• des 175 recettes que cette Américaine instal-
il se sort des situa- 4386), tandis que Le Livre de Poche nous a lée depuis dix ans dans son mas provençal
tions les plus farfe- proposé avec Bains de mer (coll. Biblio, n• réserve à ses amis.
lues grâce à son 3181 ), toujours de Paul Morand, un inventaire Dérogeant pour une fois aux normes de cette
imagination et à sa des plages et des rivages qui invitent à l'épa- chronique réservée aux formats de poche,
bonne humeur. nous signalerons la très belle anthologie pu-
nouissement de la sensualité.
Goscinny exploite bliée sous la direction du professeur
Autre belle réalisation en un gros volume de
les décalages cul - Giovanni Dotoli de l'université de Bari Le
plus de 900 pages : le Voyage en Orient de
turels, stigmatise en Récit méditerranéen d'expression française
Gérard de Nerval nous est présenté dans une
ses personnages les grands traits de ca- 1945-1990 (Schena-Didier érudition, 800 p.)
édition de Jean Guillaume et de Claude
ractère et bien sur joue avec les mots : ce qui rassemble les textes les plus significatifs
Pichois (Folio classique n• 3060). Les ama-
magicien avait découvert la formule la plus de cet espace narratif.
teurs d'antiquités égyptiennes apprécieront
secrète, celle du rire.
la publication, à la faveur de l'année de (LAUDE ÛLIVIÉRI
SÉ BASTIE N L AN GEVIN

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


LOUISE ATTAQUE
TOUT POUR PLAIRE
Un nom étrange et trompeur, disquaires on voit grossir la pile de leur
une campagne de promotion un
UNSUCCÈS PATIEMMENT CD. Peu à peu son nom se dépose dans
peu atypique mais dont le CONSTRUIT la mémoire du public. La stratég ie s'avè-
rendement est indéniable : re payante, à l'heure des comptes, les ré-
Leurs dip lômes en poche (ils ont tous su ltats sont là : en quelques mois le
Louise Attaque a cassé la
présenté un DESS), les memb res de groupe a vendu p l us de 600 000
baraque avec un mélange de Caravage jettent un regard critique sur disques.
rock et de folk, et des textes qui leur itinéraire musical, sur leur succès très Il faut dire qu'ils ava ient quelque chose à
font mouche. relatif, et décident de changer de genre. imposer. A des degrés divers, les quator-
Avec un violon iste, qui devient donc le ze titres de leur disque ont en effet tout
La pochette du disque est trompeuse. Au quatrième membre du groupe, ils créent pour plaire. Entre rock et folk, on y trou-
recto, un dessin naïf nous donne à voir ve des chansons d'amour (J 'temmène au
un visage féminin, aux grands yeux et vent) qui disent les problèmes de la vie
aux cheveux raides. Au verso, dans le quotidienne, des textes parfois à la limite
même style naïf, la même fille, mais en du surréalisme façon Bunue l (Arrache-
pied : petite jupe plissée, un bébé dans moi, Vous avez l'heure), bref il y a dans
les bras, plus un violon . Et, des deux cô- tout ce la un vrai ta lent et l'on se rend
tés, un titre : Louise Attaque, avec deux compte que le succès se mé rite, qu'il
majuscules. Ouvrons la pochette : nous n'est pas tombé au hasard. Un titre en
retrouvons la même fille, en couleur cet- particulier mérite toute votre attention,
te fois-ci, avec une guitare en bandouliè- Léa. Sur un fond musical un peu répéti-
re. Le bébé a grandi, devenu petit tif, presque obsédant, le portrait de Léa
garçon, il marche à côté d'elle. On se dit. est brossé à la forme négative : « Elle est
bien sur, qu'il s'agit d'une chanteuse,
pas jolie elle est pas moche non plus »...
Louise, et que pour tenir les promesses
Il y a un jeu de mots à chaque ligne ou
de son nom de famille, Attaque, il est à
presque, et le rapport entre la musique
souhaiter qu'elle ait une certaine agressi-
et le texte, la syllabation, fait que l'on ne
vité. Eh bien, on a tout faux . Lou ise
sait plus ce que l'on entend, s' il s'agit de
Attaque n'est pas une chanteuse , mais
la négation «pas» ou d'une syllabe initia-
un groupe, un groupe dans lequel il n'y a
le «pa- » (elle est pa/risienne .. . elle est
d'ailleurs aucune femme. Tout faux ! On Louise Attaque et enregistrent un disque,
pa/ssagère ... elle est pa/cifiste .. . elle est
efface tout. donc, et on recommence . celui dont je parle aujourd'hui . Rien dans
pa/resseuse .. .elle est pa/tiente, etc. .). Un
C'était il y a quelques années. Deux co- tout cela de très nouveau . Mais voilà,
vrai pla isir, mais aussi un texte qui pour-
pains de lycée quittent leur Montargis Louise Attaque est d'attaque et se lance
rait avoir bien des usages pédagogiques.
natal et «montent» à Paris où, avec un dans une campagne d'autopromotion.
troisième larron, ils fondent le groupe Avec une étonnante énergie le groupe
LOUIS-J EAN C A LVET
Caravage, d'autant plus inconnu que les écume les bars, les petites scènes, les
trois susdits poursuivent leurs études et maisons de la culture, chante partout où Louise Attaque, CD atmosphériques (diffusion
n'ont guère de temps libre. on lui laisse une petite place, et chez les France -Tréma/Sony music

LE FRANÇAIS DAN S LE MONDE N" 299


fESTIVAL D'AVIGNON
TRANSITIONS
Après les festivités du commodé à différentes sauces, italienne, Bien sur, on a vu des spectacles intéres-
cinquantenaire, Avignon française, lituanienne, franco-anglaise et sants, dont nous aurons l'occasion de re-
marque une pause. Hésitations chinoise ; quelques mythes théâtraux inoxy- parler (Giulio Cesare, Le Cid, Surfeurs), mais
dables, Œdipe, le Cid, Hamlet ; une place on déplorera l'absence d'un projet esthé-
entre une année de plus, une
respectable accordée aux textes contempo- tique fort, d'une volonté de révéler de nou-
année de trop et une année pas
rains : Durringer (Surfeurs), Pagès veaux talents, d'un désir de susciter des
comme les autres. (PaRApazz1), Dubillard (Je dirai que je suis rencontres inédites ou inouïes. Reste un
tombé), Olmi (Chaos debout) ; la confronta- Festival administré, guetté par une sénilité
Même le Festival d'Avignon n'a pas échap- précoce.
tion d'esthétiques théâtrales appartenant à
pé à l'effet « Mondial » : il a fallu avancer,
différents horizons géographiques : Le Cid JEAN- JACQUES PAUBEL
retarder certains spectacles pour permettre
relu par un Anglais, Declan Donnellan,
aux spectateurs de participer à la ferveur Giulio Cesare par un Italien Romeo FRANCE/SUÉDE: CRÉATION DE L'ACAD~:M I E
collective de la finale. Cette modestie de Castellucci , Œdipe dans la version DE PREZ, ASSOCIATION FRANÇA ISE POUR LE
RAYONNEMENT OU THÉATRE DE DROTTNINGHOHN
l'art ancestral du geste et de la parole face à d'Holderlin pour un Français, Jean-Louis
la dramaturgie sportive en dit long sur la Martinelli .. .
confiance relative des responsables du Vitrine de la création fran çaise, le Festival
Festival dans la programmation qu'ils d'Avignon se veut, au gré des tournées, des
avaient à défendre. accords culturels et des opportunités, une
Car ce qui caractérise cette cinquante et vitrine du théâtre mondial. La Corée et
unième édition, c'est son hésitation. Au Taïwan ont illustré cette année le discours
menu : une valeur sûre, Shakespeare ac- sur la confrontation des cultures et permis
de visiter quelques formes traditionnelles du
théâtre asiatique ; les Russes, Lituaniens en
tournée, étaient également là, mais on est
loin des sommets proposés la saison passée.
Chacun se souvient de la merveilleuse version de
On aura vu du théâtre, des marionnettes, l.LJ Flûte Enchantée que Bergman avait film é dans
de la danse, on aura eu des lectures, des ce joya u théâtral du XVIII' siècle, qui conserve enco-
re sa machinerie originelle.
textes mis en espace, des chantiers, du C"es1 ici que Gilbert Blin vient de présenter 01pltée et
cirque, histoire d'illustrer la pluralité des Eurydice de Gliick, renouant avec la longue tradition
formes, de ne rien exclure ... des échanges culturels entre la Fmnce et la Suède.
À l'heure où Stockholm est capitale culturelle euro-
En contrepoint, des témoignages télévisuels péenne 1998. Gilbert Blin crée l' Académie Desprez,
ont permis de réfléchir sur l'art du théâtre à association françai se pour le rayonnement de ce
théâtre, qui entend être un vecteur de déve loppement
partir de l'approche de quelques grands té- des relations entre institutions françaises et suédoises
moins (Strehler, Vitez). Ainsi mis en ordre, dans le domaine du théâtre, de la musique et de l'opé-
ce festival parait avoir sur le papier une co- m. Un système de bourses destinées aux chercheurs et
aux artistes sera notamment mis en place.
hérence ; vu de près, il s'apparente surtout Contact : Jérôm e Poggi
à un exercice de programmation habile où 171 , rue de Sa int-Maur
le Festival, d'abord caisse de résonance mé- 75011 PARIS
Téléphone : 33 1 48 05 96 83.
diatique, fait le reste.
\J~Y.­
'0'-v'\ ~\.r,
(, ..,..... ~
"'e~~ CHRISTIAN BOLTANSKI
DERNIÈRES ANNÉES

Réserve du Musée des enfants, 1989


Vêtements d'enfants, éclairage

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


PARLER DU JOUR

pression se gondoler. La célèbre barque

POUR LE FUN vénitienne, la gondole, est en effet ca-


ractérisée par ses deux extrémités rele-
vées, d ' où le verbe se gondoler, «se
«C'est pour le fun»: cette blague est une baudruche vide, aussi
vide qu'un bidon («c'est bidon » : c'est déformer en se repliant comme une gon-
expression fréquente dans le
fau x, c'est creux) ou qu'un «tuyau cre- dole». Dès lors, puisque l'on pouvait «se
parler des jeunes, évidemment tordre » ou «Se plier» de rire on pouvait
empruntée à l'anglais, calquée vé ». Un tuyau est en effet, en argot, un
renseignement que l'on glisse dans le également, pour la même activité ré-
sur it's for fun, nous permet jouissante, se gondoler.
tuyau de l'oreille (d'où, bien sur, l'expres-
d'explorer le vocabulaire Si tous ces verbes exprimant le rire ont
sion «tuyauter quelqu'un») et un tuyau
populaire du rire, se poiler, se crevé est un renseignement erroné ... une étymologie relativement simple, il
gondoler, se marrer, se fendre la n'en va pas de même des formes très
pêche ... , dont l'étymologie n'est fréquentes se marrer ou c'est marrant.
S E POILER, SE GONDOLER, Certains ont tenté de rapprocher ce ver-
pas toujours évidente.
SE MARRER .. . be de la marée : «prendre une marée »
Il y a longtemps que le mot anglais fun signifiait en effet «Se saouler», avaler
est entré dans notre environnement lin- Pour le fun, donc, continuons à explorer une grande quantité de liquide alcoolisé .
guistique, plus de quarante ans : «it's ce vocabulaire du rire, de la plaisanterie . L'image serait alors simple : l'excès d'al-
more fun to compete» pouvait-on lire Rire, c'est «Se fendre la pêche », ou «la cool fait rire et se marrer au sens de
sur les flippers, histoire de nous pousser gueule». La tête est souvent comparée à «boire » aurait ainsi connu une évolution
à jouer les uns contre les autres. Mais si un fruit, une poire ou une pêche, que la sémantique vers le sens de «rire ».
ce terme était présent dans l'environne- bouche largement ouverte pour le rire D'autres défendent une étymologie un
ment graphique, il n'avait pas pour au- fend en deux. Mais on dit aussi «se poi- peu différente.
tant pénétré la langue française . Or il est Il existait un usage aujourd ' hui disparu
aujourd'hui devenu à la mode, dans l'ex- de la forme se marrer, avec le sens de
pression «c'est pour le fun », avec le sens «s'ennuyer», «Se morfondre», dont tout
de «c'est pour rire », calque de l'anglais laisse à penser qu'il provenait du verbe
it's for fun, ou just for fun. espagnol marear se, «avoir le mal de
Fun vient d'un verbe aujourd'hui disparu, mer» mais aussi «s'ennuyer». C'est pour-
ta fun, «tricher», et il est peut-être lié au quoi certains soutiennent l'idée que les
mot anglais fond, «fou ». Faire quelque deux se marrer constituent une seule for-
chose «pour le fun», c'est donc le faire me avec deux usages, le second consti-
pour s'amuser, ou pour faire une blague, tuant une antiphrase du premier. A
pour faire le fou . Pourquoi une blague ? l'appui de cette thèse ils ont un argu-
Ce mot, qui désigne surtout le contenant 1er>>. On trouve dès la fin du siècle der- ment : dans la première attestation, se
en forme de poche dans lequel on nier la forme c'est époilant, c'est drôle, marrer au sens de «rire » signifiait plus
conserve le tabac («une blague à ta- issue du verbe «s'époiler», rire à s'en ar- particulièrement «rire de quelque chose
bac »), vient d'une racine nordique signi- racher les poils. Le passage de s'époiler à dont on ne doit pas rire », ou, si l'on pré-
fiant «sac », «chose gonflée », se poiler serait donc le produit d'une fère, rire pour ne pas pleurer ...
«baudruche ». Une blague à tabac est fausse coupure . On voit qu'il n'y a rien là de très décisif,
souvent faite de vessie, et la vessie, Si l'on peut s'arracher les poils de rire, on mais cela ne doit surtout pas nous empê-
comme la baudruche, éclate si on la peut aussi se tordre ou être plié de rire, cher de rire ... pour le fun.
gonfle trop. D'où le sens popu laire : une et ces expressions sont à l'origine de l'ex- LOUIS- JEAN CALVET

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


de la culture française vont nous servir d'exemples pour étayer
notre propos. Nous avons pu ainsi relever un certain nombre
de présupposés, issus de systèmes de valeurs, conditionnant les
1
usages de la langue. Nous allons voir que les conceptions de la
fonction du discours, des positions des locuteurs, de la contra-
EXPRESSION diction et la représentation du temps influencent considérable-
ment les prises de parole.

LES PRÉSUPPOSÉS l AFONCTION DU DISCOURS


DE L'EXPRESSION « Les Français veulent toujours donner leur opinion . » Voici, en
résumé, ce qu'expriment les ressortissants de pays étrangers
expatriés à Paris . Or, utiliser le langage pour exprimer un point
EMMANUELLE DE PEMBROKE de vue personnel n'est pas universellement perçu comme posi-
tif. Aux Ëtats-Unis, l'expression personnelle est réservée aux re-
lations amicales et extra-professionnelles. Lors d'une réunion
L'organisation d'activités d'expression de travail, seule la personne en possession d'informations
orale met en jeu un certain nombre de exactes et concrètes est habilitée à prendre la parole . Ainsi,
présupposés auxquels l'enseignant de l'échange ne concerne que les personnes qualifiées, en posses-
sion de données précises. Contrairement à la France où un
langues n'est pas nécessairement consensus est obtenu auprès de longs échanges d'opinions, un
sensibilisé. Face à des ressortissants de projet se décide exclusivement sur des points concrets et si pos-
cultures étrangères, il n'est pourtant pas sible chiffrés. La formation universitaire américaine prépare
donc les étudiants à ce type d'échanges informatifs. Les étu-
évident qu'il partage avec ses étudiants diants ont l'habitude de collaborer sur un projet en réunissant
les mêmes représentations du langage. des éléments concrets et efficaces pour une mise en action ra-
pide . La fonct ion expressive, loin d'être absente, est réservée
L'organisation du discours, sa fonction sociale, le rôle médiateur aux moments de loisirs.
qu'il assure entre la pensée, le monde et les autres fait du langa- Au Japon, le consensus est à la base de toute relation sociale.
ge une notion complexe, reflet du système de représentations et Cependant, il n'est pas recuei lli au cours d'une discussion de
de valeurs de l'individu qui l'emploie. Le langage n'est pas un en- groupe, mais lors de rencontres individuelles précédant la ré-
semble fixe de termes régi par des règles. li s'agit de« performan- union. Il est donc fréquent qu'une seule personne soit habilitée à
ce (1) », mise en mots dans l'instant de l'échange d'une intervenir au cours d'un meeting. Si plusieu rs ind ividus prennent
conception du monde, des relations, des statuts des personnes en la parole, leurs interventions sont planifiées et chacun sait à quel
moment il pourra fournir verbalement les informations qu'il pos-
présence et de sa propre place dans l'ensemble de ce système.
sède. En aucun cas une intervention n'est interrompue et chaque
Au sein d'une classe mu lticulturelle, le fait que certains s'expri-
rapporteur dispose d'un temps de parole précis sans coupure.
ment, et d'autres pas, doit amener à s'interroger sur les pré-
Dans ce contexte, la fonction du langage est essentiellement in-
supposés en jeu lors d'u ne activité ora le. Ceci afin de pouvoir
formative . En revanche, la fonctio n expressive est présente dans
clarifier et trouver des principes communs, dél ibérément choisis
les relations interpersonnel les car seuls les dialogues en face à
par tous . Rendre expl icites les règles inconscientes de chacun face autorisent ce niveau de communication. La fonction pha-
concernant les interactions, choisir celles du moment et écou- tique prédomine dans les rituels langagiers encadrant la réunion
ter les réticences de certains est un préalable indispensable : salutations, présentations .. .. Ils favorisent la mise en harmonie
pour l'élaboration d'un contrat rassurant. des membres du groupe et permettent de reconnaître la juste
Pour aborder ce sujet nous avons utilisé les remarques re- place de chacun. Ainsi, tandis que les réunions américaines cen-
cueillies auprès de personnes américaines et japonaises expa- trées sur le contenu informatif sont courtes, les conventions ja-
triées à Paris, ayant elles-mêmes vécu une initiation à la langue ponaises sont rallongées par ces rituels.
f rançaise et ayant relevé des décalages de conceptions du lan- Dans ces contextes américain et japonais, l'expression person-
gage. Ces deux cultures fonctionnant sur des modes différents nelle n'est pas tant valorisée . Celle-ci est réservée à des situa-

LE FR ANÇA IS DAN S LE MONDE N" 299


tians précises et n'a pas cours dans un cadre de travail universi- vent toujours être explicitées au sein de la classe. En général,
taire ou professionnel. Dans d'autres cultures où dominent les pouvoir échanger leurs opinions est réellement apprécié des
valeurs d'authenticité, la fonction expressive est, au contraire, Japonais, mais cette nouvelle habitude langagière se met en
prônée. place avec le temps et n'est possible qu'après avoir levé le voile
Ces exemples nous permettent de considérer plusieurs aspects des interdits et des priorités.
importants lors d'activités d'échange. Les fonctions informati-
ve, phatique ou expressive du langage ne sont pas utilisées de
L A CONTRADICTION
manière universelle, mais dépendent d'habitudes culturelles. Le
cadre de l'échange dicte le mode sur lequel il est correct de
De la conception de l'expression personnelle et de la position,
s'exprimer. En résumé, chaque groupe détermine qui est habili-
découle la représentation de la contradiction . Comme nous
té à parler et peut donner son opinion, de quelle manière, en
l'avons vu, au Japon une femme ne peut en aucun cas contredi-
fonction du contexte et des personnes en présence. Dans la re l'opinion d'un homme .
même situation, un ressortis-
Même dans le contexte privé,
sant d'une culture peut se
une épouse confirme l' asser-
sentir habilité à donner son
tion de son mari. Ces usages
avis, tandis qu'un autre ne s'y
entre hommes et femmes
autorise pas .
donnent le ton de ce qui se
fait dans l'ensemble des inter-
L Es POSITIONS actions. En effet, les valeurs
de retenue et de réserve qui
Le droit à l'expression dépend sous-tendent les habitudes fé-
de paramètres sociaux diffi- minines sont celles prônées
ciles à cerner pour qui est ex- dans toutes les relations so-
térieur au groupe. ciales. Elles régissent les rap -
Au Japon, par exemple, l'effa- ports entre générations ou
cement et la réserve sont des entre hommes de niveaux dif-
vertus extrêmement appré- férents. Puisque l'essentiel est
ciées, associées à la féminité . l'harmonie, les oppositions
Une femme à qui l'on donne d'opinion sont vécues comme
la parole se doit donc d'être des ruptures à la relation.
brève et sobre. Garante de Toute contradiction est perçue
l'harmonie, une femme ne comme une source de conflit,
peut contredire un homme. Si une atteinte au contrat qui
elle est la première à qui l'on unit les locuteurs. Confirmer
donne la parole, elle doit affir- l'assertion d'autrui ou taire
mer ce qu'elle pense confor- son désaccord garantit
me à l'attente d'autrui. Que l'entente. Ces valeurs modi-
les féministes ne s'offusquent pas car le silence et l'écoute, va- fient en profondeur les usages ordinaires du langage puisque la
leurs élevées, sont aussi l'a panage des chefs. négation est alors très peu utilisée au profit de l'acquiescement.
Les paramètres tels que l'âge, la position sociale ou profession- Une telle habitude de communication est difficile à comprendre
nelle entrent donc en jeu dans le droit à l'expression. Pouvoir dans les cultures qui privilégient l'expression personnelle sur la
s'exprimer, c'est donc déjà savoir se positionner par rapport base des va leurs d'authenticité et de sincérité, mais chaque sys-
aux autres locuteurs. tème de valeurs modèle les comportements langagiers.
La complexité de ces interactions nous permet de saisir les diffi- A un niveau moindre, les Américains soulignent également la
cultés des Japonais en cours de langue. Au fait de ne pas savoir tendance des França is à refuser ou à nier, préalable à une dis-
cussion . Ils réalisent qu 'en France la négation ne signifie pas
exprimer son opinion - psychologiquement autant que linguis-
forcément refus ou opposition conflictuelle, mais est un préam-
tiquement - s'ajoute la difficulté de se situer par rapport aux
autres intervenants. C'est pourquoi les règles de légitimité doi- (1) Austin J.L., Quand dire c'est faire, Éd. Le Seuil, Paris, 1970.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N• 299


bule à l'échange pouvant finalement mener à un accord. nants ont intégré non seulement un système linguistique, mais
Tandis qu'un Américain se sent bouté dans sa requête, un aussi une représentation du monde et des relations aux autres.
Français s'engage dans une négociation ou une mise en phase Ces conceptions, régies par des valeurs qui donnent sens au
qui permet d'aboutir à une entente. système, sont des « habitus (3) » intégrés dès la petite enfan-
Un enseignant de langue étrangère doit être conscient de ces ce. Une démarche de prise de conscience est alors nécessaire
représentations différentes de la contradiction. Dès qu'il abor- pour comprendre qu'un système linguistique étranger peut
de les actes de parole tels que nier, contester, contredire, le fonctionner selon des valeurs et des règles différentes. Ëtudier
professeur est confronté à des représentations différentes rele- ces présupposés permet de favoriser la compréhension véri-
vant du vécu, des expériences et des valeurs des apprenants. table des intentions de l'interlocuteur, de réduire les malenten-
dus, frustrations et conflits. D'autre part, il est nécessaire
L E TEMPS ET l'ACTION d'aborder ces points si l'on souhaite que l'ensemble des étu-
diants s'expriment, sinon les ressortissants de culture prônant
la réserve ne bénéficieront pas des activités d'échange. Prendre
L'acceptation du temps consacré à la parole n'est pas universel-
la parole, donner son opinion relèvent toujours d'une concep-
le. L'échange verbal peut être ressenti comme une attente in-
tion de la légitimité. Chaque locuteur s'autorise à parler selon
utile et longue à supporter.
des schèmes de positions et de priorités
La culture américaine attache une im-
issus de sa culture . En d'autres termes,
portance extrême à la gestion et au gain
chacun se sent habilité à s'exprimer en
de temps. Ces « cultures de projet (2) »
considèrent que la réalisation et la fonction des règles socioculturelles « in-
concrétisation sont les finalités aux- corporées (4) ». Tant que les règles d'un
quelles l'ensemble d'un groupe tend. nouveau système linguistique ne sont
Se réunir, échanger, partager, certes, pas explicitées et tant que les interdits
mais autour d'une action . Il s'agit tou- ne sont pas levés, il ne faut pas espérer
jours de « faire quelque chose » dans entendre la voix de certains étudiants.
une optique de rentabilité. Les Français, En conclusion, les présupposés sociocul-
quant à eux, semblent « perdre du turels imprègnent les usages d'une
temps ». De ces habitudes différentes se langue. La classe de langue est donc le
dégagent deux conceptions du langage. lieu où les règles implicites doivent être
Pour un Américain, parler correspond conscientisées et clarifiées . Il est essen-
davantage à un contexte de loisirs et tiel que l'enseignant prenne en compte
l'échange permet de mettre au point un projet. La parole peut les représentations de la fonction du discours, de la contradic-
accompagner l'action, mais ne la remplace pas . tion et du temps afin d'aider chacun à utiliser des modes ex-
Dans le contexte françai s, la parole est aussi valorisée que pressifs nouveaux. Varier les consignes, mais aussi la taille et la
l'action et plusieurs heures peuvent être consacrées à la composition des groupes peut être aidant. Par ailleurs, des fi-
conversation. nalités différentes doivent être présentées : échanger pour
Au cours d'une activité orale, un tel présupposé doit être expli- créer un projet, pour gérer une action, pour créer une relation,
cité. Sinon, certains étudiants peuvent mal vivre le fait de pour mettre en commun des opinions.
consacrer tant de temps à l'échange. Ils se désintéresseront des Dans une telle démarche, l'évaluation des productions orales
activités langagières qu'ils jugeront trop longues. En situation ne peut être que formative permettant d'échanger ses repré-
d'immersion, leur impatience risque de les éloigner des sentations, ses peurs et ses stratégies. Expérimenter un nou-
échanges rituels authentiques comme le soulignent les veau mode d'expression est engageant et peut être
Américains expatriés à Paris depuis plusieurs années. émotionnellement difficile. Seul un enseignant conscient lui-
L'enseignant de langue étrangère vise à atteindre des objectifs même de ces présupposés peut aider l'étudiant.
communicatifs et à développer les interactions. Ainsi, les cours EMMANUELLE DE PEMBROKE
sont généralement articulés autour d'actes de parole tels que IUFM- Paris
convaincre, argumenter, accepter, refuser ... Or, par le fait
même qu'elles relèvent de la communication, ces notions ont (2) Tanazaki 1., L'éloge de l'ombre, Publications orientalistes de France,
Paris, 1993.
un rapport fort avec l'expérience des étudiants et sont mar- (3) Bourdieu P., La distinction, Éd. de Minuit, Paris, 1979.
quées par un contenu émotionnel. Par leur vécu, les appre- (4) Bourdieu P., op. cit.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


• • A e la réponse au regard du locuteur et le sens du discours n'est
pas seulement dans ce qu'on voit mais aussi dans ce qu'on ne
.F~ DE @li ~ 881E voit pas .
La langue devrait donc être enseignée et comprise dans son
APPRENTISSAGE triple rôle : de construction identitaire, d'une identité à la fois
individuelle et col lective ; d'expression des intentions de com-
munication du sujet parlant qui correspondent à ses visions
communicatives en situation d'échange social ; de mise en
œuvre de stratégies de discours qui témoignent du type de re-
DéVELOPPER lation que le sujet parlant établira avec l'autre, son partenaire,
et du type d'influence (de séduction, de persuasion, d'autorité)
qu 'i l essaiera d'exercer sur celui-ci .
LA COMPÉTENCE
STRATÉGIQUE ET
LA COMPÉTENCE
SOCIALE
JULIA FERNANDEZ BEN ITO
MARIA JU LIA RODR IG UEZ M A ESTU

Le Conseil de l'Europe, et bien des auteurs


sont d'accord, distingue six composantes
dans l'aptitude à la communication : la
compétence linguistique, la compétence
socio-linguistique, la compétence discursive,
la compétence socioculturelle, la compétence
stratégique et la compétence sociale. Mais,
de quelle façon enseigner pour que
l'apprenant puisse acquérir ou développer
une compétence communicative? ~-LES DEUX COMPÉTENCES SOCIALE
ET STRATEGIQUE
Ces trois aspects sont en rapport direct avec la compétence
En tant que professeurs de français langue étrangère, une pre- stratégique et la compétence sociale, et notre rôle en tant
mière question s'impose au moment d'analyser nos pratiques : qu'enseignants de français langue étrangère est aussi d'ensei-
quelle est la conception que l'on a de la langue? gner la langue dans toute sa complexité stratég iq ue et sociale .
Nous soutenons les principes des linguistes qui défendent une Nous allons donc nous centrer sur la compétence stratégique
conception dynamique de la langue, selon laquelle il n'y a pas et la compétence sociale qui nous apparaissent comme fonda-
de langue sans discours, ni de discours sans langue. Le discours mentales pour l'acquisition de la compétence communicative
se construit à partir de ce que le locuteur veut qu 'i l dise, soit en français langue étrangère. Elles peuvent se définir de la fa-
d' une façon consciente ou inconsciente. Bref le discours, c'est çon suivante :

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


s'agit d' une sorte de simulation globale où les apprenants
construisent l'environnement à habiter (secteur du corps et
les objets dans l'espace), distribuent les rôles à assumer (sec-
teur de l'espace personnel) et font vivre le camp (secteur de
l'espace commun) .
Pour le second niveau, on établit deux projets : organiser un
colloque avec un invité francophone et réaliser une interview
à un passant francophone dans la rue. On va à la rencontre
de l'aut re, de l'étranger, mais dans un environnement
connu, celui des apprenants.
Si on travaille par projets, on se rend compte du nombre de
difficultés que cela comporte mais aussi de ce s quelques
avantages :
Le fait de créer un espace différent à inventer et à explorer, à
reconstruire et non pas à copier, déclenche la dynamique de
1'apprentissage.
En second lieu, la réalisation d'un projet fournit un cadre
motivant où les échanges interpersonnels de toutes sortes se
multiplient tout spécialement à partir de la nécessité de ré-
soudre des tâches /problèmes.
Enfin nous avons constaté que la créativité de l'a pprenant
ést stimulée par les contraintes, par le travail en groupe et
surtout parce que l'a pprenant se sent le vrai protagoniste et
La compétence stratégique est la capacité cognitive qui per- qu 'i l explore les possibilités de communiquer aux autres
met d'intervenir dans toutes sortes de recherches de solutions quelques- unes de ses propres représentations de la réalité.
à des problèmes concrets (Ce sont des séquences planifiées Ainsi, dans notre démarche méthodologique, il y a un «je »
d'activités que le sujet réalise dans le but d'apprendre). qui parle (l'apprenant), qui a des choses à communiquer
La compétence sociale comporte à la fois la volonté et la dans un espace et dans un temps .
capacité d'engager une interaction avec autrui. Chaque projet proposé a un objectif à réaliser sous forme
Ces deux composantes dans l'aptitude à la communication d'une tâche et il est découpé en unités de travail pour abor-
se distinguent des autres dans la mesure où elles ne sont pas der le problème à résoudre puis, successivement, en diffé-
tant axées sur la langue que sur la personne de l'apprenant. rents modules qui résolvent, à leur tour, un aspect du
problème global. Chaque unité a donc une tâche finale à ré-
soudre qui concerne une partie du problème à résoudre . Elle
~ •] RA VAILLER PAR TÂCHES ET PAR PROJETS est à son tour décomposée en différentes activités qui dé-
C'est à partir de ces propositions que nous avons essayé de composent le problème proposé à chaque unité. Chaque ac-
construire notre méthode, REGARDS, élaborée à partir d'un tivité est décomposée en opérations élémentaires : les
travail de recherche sélectionné, en concours public convo- consignes, d' une part, et les stratégies dans les rectang les
qué, par le ministère espagno l de l'éducation pour élaborer POUR, d'autre part.
des matériaux curriculaires à utiliser dans l'Enseignement se-
condaire obligatoire. '~''lifOMPÉTENCE_; SOCIALE JT ACQUISITION '' "' , '
"<.:~ ~ c;•,.___,,. '*";...~.-;: ".; ' '1 • ~ •• ~ ;
Le travail par tâches et par projets s'avère être un cadre par-
DE lAJ:ANGUE ..~ . . . · .
ticulièrement favorable pour travailler la dimension sociale et
affective de l'apprenant (compétence sociale), et mettre en Comment développer la compétence sociale, c'est-à-dire, cet-
place une organisation et une hiérarchisation d' un problème te volonté et cette capacité d'engager une interaction avec
à résoudre (compétence stratégique). autrui dans la classe de langue étrangère ?
Ainsi, le projet du premier niveau proposé est la réalisation Bien des apprenants et des enseignants croient que communi-
d'un camp, un projet écologique et ludique qui rapproche quer c'est toujours et uniquement transmettre des informa-
l'apprenant de la nature sans la présence des parents. Il tions, informer ou faire penser. Ils n'ont pas conscience que

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


PRATIQUES DE CLASSE 1 APPRENTISSAGE
1

communiquer, c'est aussi faire faire, faire ressentir, socialiser .


Puisque chaque langue structure le monde à sa façon, ce sont
des nouvelles catégorisations que l'on apprend en apprenant
le vocabu laire, par exemple, et non simplement les formes On peut se représenter l'apprentissage d'une langue vivante
étrangères qui permettent d'exprimer les catégorisations de sa comme une série d'espaces que l'individu parcourt pendant
langue maternelle. Parler ce n'est pas simplement construire et un certain temps pour atteindre différents buts, pour gagner
émettre des phrases correctes, c'est adresser à un interlo-
quelque chose. .
cuteur particulier des énoncés appropriés. Le terme gagner, dans ses multiples acceptions, semble parti-
Pour nous, acquérir une langue, ce n'est pas stocker par répéti- culièrement adéquat pour illustrer les stratégies que peut ap-
tion des éléments de cette langue (mots et règles de grammaire) pliquer un apprenant pour : gagner (dans le sens d'acquérir);
mais en reconstruire et internaliser les systèmes de production du gagner du terrain (avancer, progresser) ; gagner un endro1t
discours. Car la langue est un outil de communication et com- (atteindre) ; gagner du temps (avancer vite)
muniquer, c'est agir sur l'autre. La communication est donc une L'apprentissage consiste, dans cette représentation, en un
pratique sociale régulée par des conventions socioculturelles qui certain nombre d'espaces que l'apprenant gagne en combi-
définissent qui a le droit de dire quoi à qui, où et quand . nant des actions, qui relèvent des domaines cognitifs, affec-
A notre avis, le rapport entre l'apprentissage d'une langue et tifs, sociaux et psycho-moteurs, pendant des temps
son utilisation est bidirectionnel. Cela requiert que toute mé- déterminés à l'avance ou en cours de route.
thode soit communicative au sens qu'elle doit assigner un rôle Ëtant entendu que, pour gagner un apprentissage, il faut ac-
central à l'apprentissage PAR la communication . cepter de perdre (c'est-à-dire, de ne pas comprendre, de faire
Dans la méthode Regards, l'apprenant utilise la langue pour des fautes, de se tromper, etc.), tout parcours est fait d'hési-
converser car on y crée des situations de communication tations, d'erreurs qu'il s'agit d'exploiter pour mieux parvenir
réelles (une négociation avant une prise de décision, un au but.
échange d'opinions avant un vote, un colloque, un entre- La méthodologie que nous proposons intègre, de façon
tien ...) où il est absolument nécessaire d'intervenir. Mais l'ap- consciente et explicite, des stratégies d'apprentissage, des
prenant n'est pas abandonné à son sort. L'intervention qu 'il moyens linguistiques nécessaires à chaque moment pour pou-
doit réaliser est guidée et facilitée à travers l'offre des moyens voir interagir, des règles de comportement de rapport inter-
linguistiques nécessaires. Par exemple, dans l'unité 3 de personnels et d'attitude sociale , ainsi que l'auto-évaluation.
Regards-2, on choisit un modérateur comme l'une des activi- Et tout ça dans le but d'augmenter l'autonomie de l'appre-
tés pour la préparation d'un colloque avec une personne fran- nant.
cophone invitée en classe . Pour intervenir en français lors du Toutes les activités proposées comportent ainsi leur décom-
choix, on offre aux apprenants les moyens linguistiques néces- position en opérations élémentaires pour que l'apprenant
saires à leur prise de parole . sache le chemin qu'il doit prendre et résoudre le problème
qui lui est proposé . Ainsi, quand on demande aux apprenants
LE COLLOQUE de choisir un modérateur pour leur colloque on leur offre une
Au sein de chaque groupe vous devez échanger vos opinions .Prenez la parole:
aide sous forme d'une fiche Outils pour affronter ce problè-
DONNER SON AVIS me et le résoudre. Un "rectangle POUR" est offert à l'appre-
Mon opinion est la suivante ... parce que ... Voilà ce que j'en pense .. parce
nant pour l'aider à affronter ce problème :
que ... Je vais vous donner mon avis à ce propos ..

EXPRIMER SON DÉSACCORD


Pas du tout, carJe ne crois pas, parce que .. je préférerais X comme modérateur .. FAIRE UN CHOIX EN GRAND GROUPE
Je pense plutôt que ..
Formez des groupes de 6.
Choisissez un/une secrétaire pour chaque groupe.
DONNER SON ACCORD
Au sein du groupe, chacun prend la parole et propose un possible
Exactement
modérateur.
Tout à fait
Le/la secrétaire du groupe prend note.
Je suis d'accord
Discutez et mettez-vous d'accord .
Les secrétaires se réunissent et votent les propositions les plus inté-
DONNER LA PAROLE
ressantes.
C'est le tour de X
Les six secrétaires nomment un porte-parole.
Commence
Le porte-parole expose les conclusions.
Tu peux parler
Tous prennent note.
Je te donne la parole

LE FRA NÇAIS DA NS LE MONDE N" 299


Et ceci se fait chaque fois que l'apprenant est confronté à un
problème à résoudre. C'est-à-dire, l'apprenant n'est jamais M ICROADAPTATIONS
abandonné à son sort mais toujours guidé. Au début de l'ap-
prentissage, ce caractère de tutelle de la méthode se fait avec Puisque, ni les caractéristiques individuelles des apprenants
des stratégies très simples qui, au fur et à mesure où l'on avan- ne sont considérées d'une façon stable , ni le traitement
ce dans la méthode et dans l'apprentissage de la langue, se éducatif n'apparait comme quelque chose de préétab li, il
compliquent et donnent chaque fois plus l'initiative à l'appre- semble que le plus éfficace est l'adaptation des méthodes
nant. On développe ainsi son autonomie et sa compétence d'enseignement (M icroadaptations) .
stratégique : en enseignant comment aborder un problème, Avec les microadaptations, les différences individuelles et les
comment le résoudre et comment apprendre à partir de la ré- traitements éducatifs sont conçus en interaction. La prise de
solution du problème. décisions est interactive et parfois elle est réalisée pendant
Pour le projet de la réalisation du colloque, traité dans la classe avec les apprenants .
Regards-2 , on donne aux apprenants les encadrés «POUR" sui-
vants:

P ISTES À EXPLORER
UNITÉ 1
POUR PARLER DE SOI-MËME ; POUR CHOISIR UN INVITÉ POUR INVITER
QUELQU'UN PAR LETIRE. Les « Pistes à Explorer » constituent des activités variées
centrées sur le projet proposé (simulation d'un camp, réali-
UNITÉ2
sation d'un colloque et d'une interview dans Regards-2) qui
POUR MIEUX COMPRENDRE; POUR UNE BONNE ÉCOUTE POUR VAINCRE
permettent une adaptation individualisée de l'apprenant en
SA TIMIDITÉ.
fonction de ses caractéristiques .
UNITÉ 3 On met en œuvre des activités complètes de renforcement
POUR REPÉRER LE SUJET D'UN TEXTE ÉCRIT ; POUR CHOISIR UN SUJET; des contenus ainsi que des activités d'approfondissement.
POUR FAIRE UN CHOIX EN GRAND GROUPE .
Les premières sont destinées aux élèves qui présentent de
UNITÉ 4 plus grandes difficultés et les secondes à ceux qui veulent et
POUR DISTINGUER FAITS, OPINIONS ET SENTIMENTS ; POUR FORMULER peuvent al ler plus loin dans leur apprentissage . Le profes-
UNE QUESTION seur peut les aborder de différentes manières, ce qui permet
UNITÉ 5 de considérer différents niveaux pour chacune d'elles et,
POUR PRÉSENTER UN SUJET POUR VOTRE RÉSUMÉ ; POUR FAIRE UNE donc, une adaptation réelle aux individualités de chacun .
SYNTHËSE.
Voici un échantillon des activités proposées :

Comme on peut le voir, les stratégies offertes permettent JOUONS


d'aborder les différents problèmes partiels pour résoudre avec Afi n de renforcer la dernière étape dans la socialisation de l'appre-
succès un col loque, c'est-à-dire, le projet proposé. Cette façon nant on propose des jeux :
d'équil ibre,
d'aborder les successifs problèmes à résoudre permet à l'appre-
de rapidité et de coordination de mouvements,
nant de trouver une solution dans chaque cas et d'élaborer se d'orientation dans l'espace,
propres stratégies personnalisées. d'observation/de mémoire visuelle,
d'attention et de coordination lexicale.

'ATIENTION À LA DIVERSITÉ EN TANT QUE . . ~


STRATÉGIE D'ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE
Comment envisager l'attention à la diversité des apprenants et Le jeu, en tant que stratégie pédagogique, donne aussi à
aux différences individuelles? Nous partons de l'idée que l'apprenant la possibilité de rire d'autres choses que de la
chaque personne est un fait unique et divers et que n'importe maladresse dans la production langagière. Il favorise l'ex-
quel système de classification des différences individuelles est pression humoristique au niveau verbal et situationnel, et
de caractère arbitraire. constitue ainsi un important moyen de valorisation .

LE FRAN ÇAIS DAN S LE MO ND E N ' 299


L ECTURE
A partir de documents authentiques tirés surtout de maga-
zines pour les jeunes, les élèves ont l'occasion de découvrir
la langue . Mais on lit toujours avec un objectif, pour faire
quelque chose et pour jouir de la lecture avec les autres.
En fonction des textes proposés (Pour réfléchir ensemble,
Pour bricoler ensemble, Pour visiter ensemble, Pour jongler
ensemble, Pour réciter ensemble, Pour rêver ensemble, Pour
coudre ensemble .. .) on développe diverses activités pour
chaque genre de texte .

P ouR NE PAS PERDRE LE FIL


Cette activité prétend servir d'aide aux apprenants qui pré-
sentent de plus grandes difficultés ou pour ceux qui, à cau-
se d'une maladie ou toute autre raison, auraient dû
interrompre leur présence en classe.

E T ENCORE ...
Les activités englobées sous ce nom sont destinées aux ap-
prenants qui montrent une meilleure compétence commu-
nicative ou un plus grand intérêt. Elles offrent un moyen
d'aller plus loin dans l'apprentissage et l'acquisition de la
langue, dans toutes ses dimensions.

plus les tensions psychologiques inhérentes à une situation


H uMouR en partie frustrante et il constitue aussi un excellent mécanis-
me de défense que l'enseignant devrait respecter comme tel.
L'humour en classe de langue étrangère ne doit pas seule-
ment exister mais cœxister par-delà les cultures. On intro-
duit les histoires drôles entre les textes appartenant à la vie C HANSON
quotidienne. Ces histoires restent anonymes et font partie
d'une sorte de folklore et personne n'a jamais été capable La chanson peut être considérée comme une autre modalité
de savoir d'où elles viennent. C'est un terrain fertile pour la de jeu puisqu'elle présente des aspects ludiques, straté-
mise en œuvre d'une pédagogie interculturelle car, rire en- giques et de découverte avec un traitement adéquat.
semble renforce les liens entre les membres d'un groupe. Nous avons donc intégré aussi la chanson dans notre dé-
Autant que le jeu, il nous semble que le rire ne doit pas être marche pédagogique. Mais toutes les chansons appartien-
considéré comme source de perturbation dans la situation nent au répertoire traditionnel de la musique française et
pédagogique, mais bien plutôt comme une partie intégran- cela est fait exprès car il est souhaitable de marquer la dis-
te d'un rituel spécifique et propre à la classe de langue. tance entre le style de chansons présentées et celui de la
En accord avec les différentes théories émises sur le rire, musique que les apprenants écoutent habituellement, si on
nous avons constaté qu ' il joue un rôle de facilitateur et de veut obtenir de la part des apprenants une interprétation
régulateur de la communication . Mais il permet de libérer en chorale . Ëvidemment une manière de tirer du profit de cette

L E FRA NÇAIS DA NS LE M ON DE W 299


situation est de proposer aux élèves une recherche sociolo-
gique car la chanson est un objet culturel. Il ne faut pas biil;N GUISE DE CONCLUSION
être obsédé par l'exploitation didactique de la chanson . Les Avec ce bref aperçu, nous avons voulu offrir au professeur
chansons traditionnelles proposées évoquent divers aspects quelques pistes qui se veulent utiles pour aborder une nou-
socioculturels francophones . On entend familiariser les velle perspective de l'enseignement d'une langue étrangère.
élèves avec le rythme, la phonétique et l'intonation de la Faire entrer l'a pprenant dans un processus d'apprentissage
langue française. qui consiste, non pas en une simple répétition d'un savoir
proposé, mais en une réutilisation de celui-ci dans le cadre
d'une nouvelle situation, créant ainsi un nouveau «savoir-
P RONONCIATION ET GESTES dire». Voi là ,ce qui consacre la différence entre monstra-
tion-dressage et enseignement-apprentissage.
JULIA FERNANDEl BENITO
La communication non-verbale fait partie intégrante de
MARIA JULIA RODRIGUEZ MAESTU
tout processus de communication qui peut être observé,
vécu ou subi par ceux qui participent à une situation péda-
gogique donnée . Depuis quelques années la recherche
concernant le non-verbal s'est considérablement enrichie y
compris dans le domaine de l'enseignement et encore plus
précisement dans celui de la classe de langue étrangère

Il n'est certainement ni possible, ni souhaitable de donner


un quelconque modèle d'une bonne communication non-
verba le . Mais il est probable qu'une meilleure connaissance
de celle-ci, du rôle fondamental qu'elle joue dans l'interac-
tion peut produire quelques changements positifs chez
l'apprenant et l'enseignant. Pour cela donc, à part des vire-
langues pour pratiquer la prononciation, on invite l'appre-
nant à observer la direction de son regard quand il parle, à
observer avec quelle partie de son corps il exprime la joie,
la tendresse, l'autorité, la colère, l'inqui étude, etc.

LE FRANÇAIS DANS LE MO N DE W 299


INTERNET AU
SERVICE DES
PROFESSEURS DE
se faire par mot-clé ou par domaine thématique généralement.
FRANÇAIS ~ Bonjour : Moteurs de Recherche Francophone. Répertoire
des moteurs de recherche de la Francophonie (français, suisses,
CARMEN VÉRA PÉREZ belges, québecois et africains).
http://wwwperso. hol. fr/- rponspuc/ Recherchefr. htm
~ Exp lorateur Culturel : Outil de Recherche. Plus spéciale-
Le but de cet article qui sera publié en deux
ment pour l'art, la culture et les médias.
parties est d'encourager mes collègues de http:/ / w w w .ambafra nce.org/search. html
français, et surtout ceux qui n'aiment pas ~ Les Pages Web . Permettent de rechercher un document,
un programme ou une adresse e-mail dans une base en langue
beaucoup les ordinateurs, -car il ne faut pas
française de plus de 2 900 000 pages Web. Informations in-
avoir de connaissances profondes en dexées quotidiennement.
informatique-, à se décider à naviguer sur http:/ /www.pagesweb.com/
~ Serveur Officiel de la Ville de Paris. Avec lui, on peut in-
Internet, et à découvrir combien la langue vestir, visiter, étudier, vivre ... Tout faire à Paris.
française est vivante dans le réseau, et à quel http:/ / www.paris-france.org/
point celui-ci peut les aider dans leurs ~ Le Trouv'tout. Moteur de recherche belge. On peut y ajou-
ter sa page Web, si el le est en français, bien sur.
préparations de cours. On trouvera ci-après http:/ /www2.ccim.be/
toutes les adresses des sites web destinés à ~ Le Fureteur Québécois. Il ne s'occupe que des serveurs au
rendre notre tâche plus facile : certains dédiés Québec.
http:/ / fureteur.multi-medias.ca/
exclusivement à l'enseignement du FLE, ~ La culture francophone, c'est chouette! Cat alogue thé-
et d'autres qui offriront des ressources matique commen té et éva lué. Site complet, origina l, au look
pour tous les niveaux. décapant, qui utilise les techniques de pointe. Ne sacrif ie rien à
la qualité.
http:/ / www .epas.utoronto.ca:8080/french/sites/

1~ l !OTEURS DE RECHERCHE FRANCOPHONES


Il s'agit de «sites» où l'on trouve un espace pour écrire le type
d'informations recherchées (sujets d'actua lité en France, Sites Web consacrés exclusivement aux professeurs de FLE. On
points grammaticaux, littérature, presse .. .). La recherche peut y trouve des activités innombrables, à faire avec les élèves.

LE FRA NÇA IS DAN S LE MO N D E N" 299


~ La francophonie. Plus de 200 rubriques classées par ordre
alphabétique . Index des serveurs francophones sur Internet.
Pays, régions, bandes dessinées, la Bourse, le cinéma, l'ensei-
gnement, les gouvernements ...
http://www .cam.org/-favrelpli ndex.html
~ L'Hexagone.
http://instruct1.cit.cornell.edu/-agi1/Hexagone.html

~
- ICTIONNAIRES
Dictionnaire Logos. Dictionnaire interactif multilingue
avec plus de 1,5 million d'entrées en 30 langues.
http://www .logos. it/ querysoft/q ueryfr. html
~ Conjugaison des verbes. On donne le verbe, on deman-
de le temps, et on nous le conjugue.
http://tuna.uchicago.edu/forms_un rest/i nflect.query .html
~ Orthonet. On écrit un mot dont on a des doutes quant à
l'orthographe et on nous donne même ses dérivés, catégories
~ Autres sources de ressources. De nombreux liens vers des
grammaticales et définitions, expressions où il apparait...
pages Web pour toutes les matières, en français . Il est essentiel
http://www .sdv. fr 1orthonet/recherche. html
de le visiter.
~ Lexique du français. Définitions de notions utiles pour
http://www.imaginet.fr/momes/education/divers/divers.html
l'enseignement du français en général (ex.: académie françai-
~ Apprenez le français avec Internet. Des ressources in-
se, ellipse, fabliau ... ).
épuisables : dictionnaires, phonétique, conjugaison, jeux de
http://www. bplorraine. fr 1éeg/jegshome!lexique.htm
chiffres ou de lettres, examens de français au Bac, et leurs cor-
~ WWW Dictionnaire des citations. Recherche de citations
rigés, vocabulaire, grammaire et écritures interactives ...
célèbres par auteur ou mot-clé.
http://www.swarthmore.edu/Humanities/clicnet/fle.html
http://www .hebel.net/citations/citations.html
~ Enseignez le français avec Internet. Répertoire : mé- ~ Dictionnaire de mots croisés. Liste des cris des animaux,
thodes d'enseignement du FLE, des activités didactiques qu'on des insectes, des oiseaux, argot scola ire et militaire, etc.
peut faire sur Internet pour enseigner le français, ministères http://www.geocities.com/TimesSquare/8472/
d'éducation dans la Francophonie, etc. ~ Termes culinaires. Définitions : de appareil à zeste.
http ://www .swa rth mo re .ed u/ Hu man iti es/ cl icn et/pe- http://www. worldnet. fr/- boutels/ cuisine/voca. htm
dagogie.du.francais.html ~ Place du Vin. Dictionnaire. On y trouve même des cartes.
~ La Boite à Outils des Enseignants des Écoles http://www .placeduvin.com/ dico/ dicb. html
Maternelles et Élémentaires. ~ Lexique de l'Éducation Nationale. Définition de sigles,
http://members. tripod.com/-SQUIDLY36/ agrégation, bac. ..
~ Grimoire. Cours de français en ligne qui comprend des leçons http://www.sigu7 .jussieu. fr/ comm!lexfor .htm
de grammaire, des glossaires, des conseils pour la correction de ~ Vocabulaire normalien. Argot des élèves de I'Ëcole nor-
compositions, des extraits de textes littéraires, des examens, etc. male supérieure.
http://www.chass.utoronto.ca:8080/french/vale http://www.eleves.ens.fr:8080/home/colombet/dico.html
~ Internet en français. Page des ressources en français qu'on ~ Sons des animaux du monde. Les cris des animaux en
trouve sur le Web . Répertoire par catégories de ressources in- français.
nombrables : bibliothèques, cinéma, éducation , histoire, ma- http://www.georgetown.edu/cballlanimals/french.html
thématiques, télévision, transport ...
http://www.uqat. uquebec.ca/-wwweduc/franc.html
UMOUR
~Adminet: ressources francophones de l'Internet. Recherche
par mot-clé ou par catégorie: Institutions françaises, pages jaunes, ~ Aphorismes. éuste pour le plaisir de les lire!
villes de France, tous les pays du monde, TV, presse, etc. Les femmes, l'amour, le mariage, la politique, .. . On peut en
http://www .adminet.comlindex_fr .html ajouter!

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


http :/ /www .a rkha m. be/prag ma/carnets/francais/ a phorism/ Q' Édith Piaf.
index.htm http:/ /pantheon.cis.yale.edu/ - bodo in/ed ith_piaf.html
Q' Humour. Répertoire de blagues, de citations de Woody
Allen, de Coluche; des devinettes, etc.
NFANTS
http://www.swarthmore.edu/Humanities/clicnet/humour.html
Q' Lecture et écriture. Apprentissage de la lecture, contes et
• histoires, comptines et poésies, souvenirs des ainés ... Des liens
IBLIOTHÈQUES
innombrables.
Q' Bibliothèques francophones. Liste de toutes les biblio-
http://www.imaginet.fr/momes/education/lecture/lecture.html
thèques des pays fra ncophones.
Q' Les anniversaires (fêtes). Les enfa nts peuvent s'y inscri re
http:/ /fllc.smu.edu/frl ib/francophonel ib.html
pour qu'on leur souhaite un bon anniversaire par courrier élec-
Q' Centre Pompidou. http://www.cnac-gp.fr/
tronique le jour qui convient. Ils peuvent également envoyer
.. leurs vœux aux gens qui s'y sont inscrits. Classement par jou r
USIQUE ET CHANSONS et pa r mois.
Q'Les liens de la chanson française. Liens à gogo sur la http://www.imaginet.fr/momes/anniversaires/inscriptions.html
musiq ue et la chanson fra ncophone . Q' Votre dictionnaire encyclopédique. Les enfa nts peuvent
http:/ /www.netmusik.com/liens/ pa rticiper à la rédact ion d'un diction naire encyclopédi que en
Q' Bookmarks MUSIQUES. De nombreux liens dans le mon- envoyant leu rs définitions, dossiers, travaux, devoirs su r un su-
de. Toutes sortes de musique. jet qu'il peuvent proposer. Tout cela apparaît par ordre alpha-
http:/ /www .cs.univ-paris8. fr/ -armsoft/tuyaux/bk -music. F.html bétique . Cela peut être très amusant.
Q' French Music Database. La base de données pour la mu- http://www.imaginet.fr/momes/dictionnaire/index.html
sique d'expression française. Artistes de A à Z. Top 50 Q' Divertissements divers. Histoires interactives, jeux visuels
singles .. . et jeux de vocabulaire.
http:/ / www.sirius.com/-alee/fmusic1 .html http:/ /www .imagi net.fr /momes/jeux. html
Q' Chansons françaises. Accès aux paroles de cert aines Q' Jeux divers et variés. Répe rtoire de jeux traditionnels
chansons, par ordre alphabétique. français : avec papier crayons, cartes, divers objets, sa ns maté-
http://www.math.umn.edu/-foursov/chansons
riel, seuls, en compagnie .. . Nos élèves peuvent y envoyer les
Q' Francophone Music Resources. Très riche en ressources :
leurs.
chanson française ou du Québec.
http:/ /www.imaginet.fr /momes/jeux/i ndex.html
http:/ /mars.utm.ed u/ -davagatw/french/topics/music.html
Q'D'où viennent les arbres? Des dessins et des questions
Q' Ultimate Links. D'autres liens musicaux.
pour les enfants sur les arbres . Jeux.
http:/ /www.sirius.com/ - alee/links.htm
http:/ /www.domtar.com/arbre/jeux1.htm
Q' Chanson d'expression française. Critique d'albums, listes
Q' Bêtes pas bêtes à l'école. Casse-tête interact ifs.
de chansons, monographies d'artistes, liste alphabétique de
chansons ... http:/ /www .src-mtl.com/tv/jeunes/betes/ casstete/i ndex.html
http:/ /www.comnet.ca/ -rg/index.htm
Q' Comptines. Chansons d'enfants : paroles et musique.
Classées par th èmes (an imaux, tra dition nelles, de Noël, à dor- ARAOKE EN FRANÇAIS
mir, etc.) .
http:/ /www .i magi net. fr/momes/ comptines/i ndex.html w Le royaume du fichier midi français. La meil leu re collec-
Q' Musique et chansons. Répertoi re de sites consacrés à tout tion de chansons françaises, t radit ionnel les et actuel les, prépa-
ce qui a rapport à la musique d'expression française . rées pour le karaoke (on enten d la musique et on voit passer
http://www.swarthmore.edu/Humanities/clicnet/musique.html le texte sur l'écra n de l'ordinat eur) . Il s'agit de fichiers M IDI qui
Q' Francis Cabrel. peuvent être lus comme karaoke avec le prog ramme Midi-oke.
http:/ /www .en di rect.qc.ca/-fieu r1cabrel/son.htm http:/ /www .infonie.fr/public_html/merl in. thilfrancais.html
Q' Moustaki. http://www.sirius.com/-alee/moustaki w 52 fichiers karaoke (.kar). Comme dans le site précédent,
Q' Brassens. Paroles et musique. on les télécharge et on les lit avec le programme Midi-oke.
http:/ /web.ensem .u-nancy.fr 1- mbensaie/brassens/ http:/ /services .worldnet. net/mgeorge/karaokeÎ karaoke.htm

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


http://www .hadata.com/yvesroy 1cg i-bi n/chat. pl
Jeux sans frontières. Des dialogues en direct en français
~Œ Classes françaises cherchent correspondants sur Peter Gabriel.
http://ourworld.compuserve.com/homepages/NOE_education/C http://www.mygale.org/09/pgabriel/dialjava.htm
S.htm#France PsychoChat. Chat francophone (québécois) où les gens
~Œ Classes francophones cherchent correspondants discutent de leurs prob lèmes psychologiques et s'entra ident
http://ourworld.compuserve.com/homepages/NOE_education/C les uns les autres. Il y a un sujet de discussion par semaine.
S.htm#02 http://www .psychomedia.qc.ca/ chat.htm
FranceWorld . 5000 fiches d'étudiants français qui désirent RESMO Web BBS . On peut la isser un message, et attendre
correspondre avec quelqu ' un-e d'un autre pays. la réponse, lire celui d'autres gens, selon le sujet, leur ré-
http://www.libul.com/ pondre, ou discuter en direct.
~Œ Correspondants francophones. Des garçons et des filles http://resmo.com/bbs/
se présentent (et présentent même des photos) pour chercher The (virtual) baguette . Un forum graphique unique de
des correspondants. discussion à plusieurs en temps réel. On nous demande notre
http://www.imaginet. fr/momes/ Amis.html nom et adresse de courrier électronique pour nous envoyer
~Œ Correspondance écoles, classes, club informatique, notre mot de passe d'abord .
centres de jeunes ... Des gens s'y annoncent à la recherche http://www.club-internet.fr/baguette/cur/communiquer/chat/
de francophones. french/html/login.html
http://www. imagi net.fr /momes/ amis/ g roupesamis .html
,
Une question, des solutions. Pour adolescents : si on a
un petit souci, un gros problème, une grande question ... pour
trouver une réponse, on en parle entre amis. Sur cette page
c'est ainsi . Annie (17 ans) et Myriam (9 ans) sont là pour ré-
pondre .. . Beaucoup d'argot! On y trouve les adresses et la personne de contact, pour
http://www. imagi net. fr /momes/kefer /kefer. html prendre rendez-vous avec eux et discuter un jour en direct, en
~Œ Clubs francophones. Adolescents qui ont constitué des voyant les visages des gens.
clubs sur des sujets différents (fi lms de terreur, musique rock, oŒ http://www.ac-toulouse.fr/nte/visiocf.htm
vélo, rédaction d'articles .. .) proposent à d'autres jeunes gens
de leur écrire pour en faire partie. 1:t'ANGUE FRANGAISE
http://www .imaginet.fr/momes/clubs.html
~Œ Le Club des Moussaillons. Correspondance, chat, ~Œ Ministère de la Culture : Délégation générale à la
groupes de discussion . Pour adolescents. langue française. Textes législatifs sur la situation de la
http://www .quebectel.com/ es ca le/club. ht m langue française .
http://www .culture. fr/ culture/ dglf1garde.htm

~ i :.JA LOGUE EN DIRECT OU <<CHATn


~Œ Langue française écrite : graphisme, vocabulaire, or-
thographe, grammaire, production d'ecrits. Essentiel pour
Des sites su r Internet où les internautes peuvent se réunir pour le professeur de FLE : des liens innombrab les sur des jeux d'or-
parler en direct su r des sujets divers. thographe, du vocabu laire, les dictées de Pivot des exercices
~Œ Premiers pas sur la page «chatn. Consacré aux enfants d'accords, grammaire BEPP, tests de gram maire, conjugai-
et adolescents. Selon les heures ou les jours on traite des su- son ...
jets différents : ils peuvent consulter l'agenda pour voir les su- http://www .imaginet.fr/ momes/education/ecriture/ ecriture.html
jets de discussion et s'y inscrire pour y aller bavarder ce jour-là, ~Œ La Nouvelle orthographe . L'essentiel de la Nouvelle
ou commencer à parler directement. Orthographe : les 800 mots les plus fréquents.
http://www. imaginet. fr/momes/jasette/index. html http://juppiter. fltr.ucl.ac.be/FLTR/ROM/ess.html
~ΠLe Chat du Royaume. http://www.royaume.com/chatl L Langue orale . Ressources pour pratiquer la langue orale
~Œ Hadata Chat. Pour que les internautes du monde entier puis- dans les cours de français.
sent s'échanger entre eux dans un climat amical et respectueux. http://www .i maginet. fr1momes/ education/ oral/ oral .html
Il y a 29 canaux à choisir selon la tranche d'âge et la provenance .
On nous signale les personnes qui sont là avant d'entrer. (à suivre)

LE FRANÇAIS DAN S LE MO NDE N" 299


,
LIEUX DE MEMOIRE
short et une paire d'espadri ll es. Restent

LA PÉTANQUE les boules.


Mégoter, faire dans le bas-de-gamme, le
produit de contrebande réduirait à néant
vos efforts précédents. Si c'était un violon,
TIRER OU POINTER, vous choisiriez Stradivarius, une voiture
Aston Martin, une montre Rolex. Ce sont
TELLE EST LA QUESTION des boules, choisissez JB ou Obut, choisis-
sez français! Les modèles «X JB X»,
«Bleue » ou Super Inox» (pour lequel le
défunt chancelier allemand Konrad
La journée tire à sa fin. Il fait un té. Il fait chaud, sauf en fin d'après-midi
Adenauer avait un faible) feront de vous
peu moins chaud. L'apéritif sous les platanes. Les amis et les voisins
une épée, l'égal des princes du jeu : Henri
approche. Le dîner est encore sont là . Boxer shorts et espadrilles sont de
Salvador, Marcel Aymé, John Fitzgerald
loin. Cigales et grillons forment sortie. Le Tour de France est arrivé la se-
Kennedy, Catherine Langeais, Jean
maine dernière. Le moment est venu de
leur chœur. L'été est très en Paulhan, qui intéressait les parties, ou le
jouer à la pétanque . Vous êtes en va-
forme, vous aussi. Le temps est héros niçois Gallaratto, «capable d'écraser
t cances.
venu de passer à la pétanque. une noisette à 30 mètres».
Oh bien sûr, les timides, les feignants, les
Côté terrain, vous n'êtes pas du genre à
maladroits se moqueront de vous : «Non
Il y a des questions simples sur lesquelles fréquenter les terre-pleins parisiens - squa-
mais regarde-moi le touriste ! Il a beau se
bute parfois la vie d'un homme - Fromage re des Batignolles, place d'Italie, bois de
ou dessert? Marche ou crève? Blonde ou Boulogne, Vous n'êtes pas non plus de
brune? Boire ou conduire? Ëtre ou ne pas ces mécréants qui annexent les lieux du
être? C'est le temps qui appaise ces an- culte : le mail de Saint-Paul-de-Vence, le
goisses. Il en est une pourtant dont parc Borely de Marseille, le stade couvert
l'homo sapiens de la fin du xx• siècle doit de la place Arson, à Nice, le terrain de
se libérer à la vitesse de la lumière : tirer camping de La Ciotat .
ou pointer? Vous le savez bien, il n'y a Et vous voilà, pieds joints, regard acéré,
rien de plus pénible, au mois d ' aout. projectile en main, cochonnet en vue.
qu'un coéquipier hésitant à l'heure de Tout Annot (Alpes-de-Haute-Provence) -,
lancer sa dernière boule vers le cochonnet où vous passez vos vacances- vous scrute.
(les Méditerranéens disent «pitchoun », les La partie est tendue . L'honneur est en jeu .
Parisiens bouchon). Car, aussi distrayant L'angoisse métaphysique ne vous étreint
qu'il soit, le jeu de pétanque n'en reste déguiser, il joue comme un pied .» Et plus car vous avez, enfin, trouvé la répon-
pas moins métaphysique. alors? D'abord, vous n'êtes pas déguisé, se : cette dernière boule, il faut la tirer. Le
Peu vous importe de savoir que la loi de vous êtes équipé, nuance. Imagine-t-on bras est armé, les muscles bandés, le car-
l'attraction terrestre décide à votre place un footballeur en tangues, un judoka en reau s'annonce, la victoire et la tournée
de la trajectoire du projectile estival - de peignoir, un hurdler en guêtres? La per- générale aussi. Et puis, soudain, une dou-
toute façon, si votre mémoire est bonne, formance ne supporte pas la fantaisie. leur, un cri (aïe!), une boule qui choit
c'est en regardant tomber les pommes Voilà pourquoi vous vous êtes doté d'un (bing! ), un bras ballant, inutile, un triceps
que sir Isaac Newton (1642-1727) passa à matériel éprouvé, du sérieux : une lan ière en mille morceaux, manière puzzle. Le cla-
la postérité, pas en vérifiant l'orthodoxie porte-boules en cuir, un mesureur de quage, la blessure stupide. Encore un été
des styles de César et monsieur Brun . Seul marque Kiply, un chiffon de coton doux, de foutu.
compte, à vos yeux, le sens de cette activi- un bob publicitaire et. donc, un boxer- MICHEL DALLONI

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N ' 299


PRATIQUE
THÉÂTRALE:
LE GOUT
DE LA PAROLE
RETROUVÉE
GISÈLE PIERRA

Dans le cadre de la pratique théâtrale


proposée, motivation et gout de
l'apprentissage de la langue/culture
étrangères sont synonymes de désir et de
plaisir de se réapproprier la parole tout en
créant collectivement la mise en scène d'un
texte d'auteur français.

aux multiples problèmes à résoudre, aux exigences et aux rela-


RAVAIL: DE L'EXPRESSIVITt:·'HYPOTHÈSES . "' ·:·.~ tions diverses que l'apprenant affrontera grâce à la méditation
ET CONDITIONS . du texte de l'auteur et des obstacles qu'il franchira pour en éla-
L'hypothèse qui sous-tend une telle pratique pédagogique s'ap- borer la mise en scène. Ainsi, comment (re)trouver la parole
puie sur le présupposé de l'ouverture du sujet apprenant aux (artistique et quotidienne) en langue non maternelle devient
nouvelles acquisitions grâce à une implication qui l'engage une ambition de la pédagogie proposée, et pour cela , un long
dans son expression authentique, c'est-à-dire en tant que sujet travail de pratique de l'expression dans le texte et hors le texte
devenant créateur de sa parole en même temps qu'interprète s'impose.
de la parole d'un texte . Ainsi, s'inscrire dans des relations de Mais peut-être faut-il également risquer l'hypothèse que, dans
communication de groupe effectives et se jouer soi-même sur l'apprentissage de langue étrangère, la parole puisse se
scène impliquent la participation à un projet esthétique réel, perdre ... et se retrouver par la reconquête de l'expressivité que

LE FRANÇAIS DANS LE MON DE N" 299


l'apprentissage du théâtre va pouvoir insuffler à toutes les pa- tant parvient-il à se faire le passage du texte en en percevant
roles en actes. En effet, si les conditions créées par l'enseignant toutes les subtil ités ?
le permettent, l'espace classe, devenu espace théâtral, se trans- Ce sont ces critères qui vont permettre de déterminer si les ap-
forme très vite en espace de vie authentique qui encourage et prenants ont pu s'approprier singulièrement leur parole, liée au
débloque cette expressivité en autorisant la transgression des li- travail de l'émotion qu'ils auront accompli en rapport aux pa-
mites pédagogiques coutumières. Car la sensibilité, les sensa- roles du texte . Plus l'expressivité sera affirmée, nuancée et
tions et émotions réelles sont stimulées par le travail esthétique complexe (esthétique donc), et plus sera révélée cette nouvelle
qui s'articule au texte de l'auteur (auquel il faudra bien trouver parole en langue étrangère dont l'apprenant fait la découverte
un rapport authentique de créateur pour en réaliser la concréti- enthousiaste par le biais de son action de créateur à partir d'un
sation scénique) . Les relations de groupe seront également ren- texte . Ici l'authenticité de l'expression se prolonge en un véri-
forcées par la nécessité d'une collaboration réelle entre table vécu de la parole produisant un plaisir redoublé de l'ex-
participants qui osent peu à peu exprimer leurs idées de mise pression et de la communication artistiques et quotidiennes du
en scène. Un cadre suffisamment sécurisant permettra alors à sujet apprenant.
chacun de prendre ses risques de locuteur et de créateur en
devenir, dans une langue qu'il amadoue peu à peu par ses pa-
roles vivantes. Ainsi, la réalisation collective de la mise en scène
d'un texte pourra tenir lieu de projet. Il s'ag ira de « faire
passer » au mieux le texte de l'auteur en soi, de le colorer de
r- U ~ EN EST-IL DU SUJET ET DE SON DÉSIR
·DE PAROllE ? ·

son expressivité inventive par le travail du personnage afin de le L'hypothèse d'une modification de l'interlangue par l'influence
transmettre à un public qui ne désire rien d'autre qu'être ému de ce type de travail sur et par l'expressivité de la parole
par ce qu'il voit et ce qu'il entend grâce à la présence de l'ac- conduit à un questionnement cher à la didactique du français
teur sur scène, sa voix, son corps, ses intonations, son accent .. . langue étrangère.
Grâce à cette situation d'apprentissage spécifique, l'étudiant En effet, qu'en est-il du sujet dans
acteur en langue étrangère pourra alors identifier son objectif l'apprentissage ? Quelles conditions
prioritaire à un objectif qualitatif mettant en jeu son interpréta- l'enseignant doit-il mettre en place
tion dramatique d'une œuvre . Pour parvenir à cela, il devra pour que l'apprenant libère,
tout faire pour que son travail sur la parole et la gestuelle qu'il enrichisse et perfectionne sa
articule à l'écriture de l'auteur donne la vraie vie à cette émo- parole dans le cadre
tion qu'il va apprendre à susciter grâce à l'apprentissage de pédagogique ?
techniques dramatiques utiles à son objectif d'interprète et de Ne faut-il pas
transmetteur d'une œuvre. Ainsi, la qualité de son expression inventer les
scénique, autant du point de vue de la diction que du mouve- relations qui
ment, pourra se perfectionner au fil du travail de répétitions vont susciter
avec l'aide du groupe et de l'enseignant dont le regard et le « JE » par
l'écoute tiennent lieu de régulateurs. le JEU (théâtral en l'occur-
L'étudiant-apprenti comédien est-il alors dans le simulacre de rence) ... ? L'intérêt d'une
son expression profonde ou est-il lui-même « remué », « ou- didactique qui s'appuierait sur
vert » par ce travail de la parole expressive dans la langue qui le un travail esthétique
conduit à la création d'une esthétique de la scène ? se situe ici, à ce point de
A cette question qui préoccupe inlassablement tout comédien, entre langue et parole, où se loge
la pratique théâtrale en français langue étrangère ne peut ré- l'articulation mystérieuse d'un
pondre que par la qualité des résultats qu'elle donne à voir au apprentissage non
niveau de l'expression globale des apprenants qui s'expriment systématique de la communication, un
par les mots de l'auteur tout en s'appropriant le sens de apprentissage « créatif » et non
l'œuvre. technicien de la langue stimulé par
L'interprétation est-elle vivante ou non ? Est-elle inventive ? un véritable désir d'expression. Car
D'un autre côté, la parole singulière dans l'interlangue en c'est grâce à cette aptitude à créer sa ~~­
construction s'améliore-t-elle au fil des divers échanges qui tis- parole que le sujet« entre en scène» .
sent cette situation d'apprentissage spécifique ? L'acteur débu- Sont alors mis en relation des

LE FR A NÇA IS DANS LE MO N DE N" 299


paramètres nouveaux et l'acquisition
naturelle se voit stimulée par le
THÉÂTRE EN CLASSE
processus de théâtralisation de
cc VIVRE ET MOURIR EN ALTERNANCE l'expression pouvant, grâce au texte
VIVRE ET MOURIR EN PERMANENCE ... » et aux échanges divers
qu'il suscite, offrir de -$-
« On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées, et je ne
conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir nombreux repères pour~t;~ -
dans la lecture tout le jeu du théâtre. » * une amélioration de
Pour la quatrième année consécutive, de jeunes comédiens accompagnés de
l'expression quelle que soit
leur professeur de français ont levé le rideau du festival Artscène, à Gand, du
1 au 3 mai 1997 sur la scène du théâtre Tinnenpot. La Hollande, l'Italie, la
ti
sa nature. Cette amélioration
France et la Belgique ont répondu à l'appel de l'association Roeland. de la parole par l'affirmation du
Dix-sept troupes de nationalités différentes nous ont offert la possibilité
d'apprécier la qualité de leurs représentations théiHrales, d 'une durée de est permise par le travail de
quarante-cinq minutes chacune, réparties sur trois jours de festival. l'expressivité qui incombe au théâtre
La variété des thèmes abordés révélait la différence d'âge des acteurs et Ainsi, mettre en scène un texte
suscitait ainsi l'i ntérêt du spectateur : une vision satirique de notre société lui
est apparue ; rappelons les dernières aventures de Tarzan, caricature critique d'auteur, c'est-à-dire mettre
d'un modernisme excessif ; Télémaniac. .. ou pourrait-on dire « une famille à l'épreuve de la scène et du
cathodique » ; terminons sur la consciente dénonciation des cruautés
regard des autres la vérité d'un
guerrières dans Croisades ..
Toutefois, face à l'exhaustivité du programme proposé, une question serait à travail sur la parole et le geste
soulever : pourquoi cette récurrence du thème de la mort ? Serait-ce expressifs en langue non
l'expression d'un mal-être contemporain ... 7
Malgré la discrétion des décors, obstacle dû aux conditions matérielles, la mise maternelle n'a rien à voir
en scène s'est avérée vivante et variée : les acteurs ayant cure d'occuper au avec un simulacre mais engage tota-
maximum l'espace scénique. L'âme artiste, par exemple, a su allier un texte lement l'étudiant au niveau de son
ardu à une mise en scène explicite et plaisante. L'enthousiasme, l'émotion
émis et partagé ont suffis à marier la gaieté des comédies et la gravité des désir d'exprimer quelque chose de
tragédies. Les metteurs en scène n'ont pas hésité à explorer le langage lui-même, de sa sensibilité et de
musical, créant ainsi de nombreuses chorégraphies : innovation de ce sa capacité à créer.
IV• festival !
Soulignons la qualité de l'expre ssion française qui a d'ailleurs permis plaisir consiste-t-il ë
l'exploration du patrimoine littéraire : en effet, de Molière à Beckett, le choix apprenant, à retrouver sa puissance de locuteur à part entière
est vaste !
Par ailleurs, forum, flashes et ateliers se sont succédé pour favoriser les en même temps qu'il fait la découverte de sa puissance de
échanges entre les metteurs en scène, les acteurs et le public, motivant des créateur ?
activités parallèles, et des objectifs multiples.
Ainsi, émouvoir, par la médiation d'une écriture qui s'incarne,
Les forum ont entrecoupé les repré sentations pour offrir la possibilité au
public d'aborder les troupes au sein de discussions souvent animées, reviendrait à être tout d'abord ému soi-même tout en tra-
néanmoins fructueuses. vaillant cette émotion créativement et esthétiquement afin de
Les ateliers du matin et les flashes de l'après-midi ont permis une mise en
pratique autour de thèmes aussi divers que la Danse africaine, le Travail sur un mieux la transmettre par une expressivité du corps et de la voix
texte, A corps et à cris, ... , ou retrouvée en langue étrangère grâce au théâtre .
encore la rédaction quotidienne
d'un journallnfo Arscène.
C'est un apprentissage de spontanéité et de distance qui se fait
Certes, le rideau est tombé sur ce alors. Ces dernières sont également garantes des acquisitions
IV• festival mais il nous laisse le qui se produisent quand le processus de théâtralisation aboutit.
plaisant souvenir d'une équipe
alliant enthousiasme, gentillesse Le désir d'expression des apprenants se voit alors prolongé par
et disponibilité. Longue vie à le plaisi r de la commu nication effective de cette expression, de-
cette rencontre culturelle ! Que
les échanges restent de qualité
venue artistique quand la mise en scène du texte peut enfin
pour permettre à d'autres être représentée.
festivals de se créer dans d'autres
pays ! Un dernier coup de
chapeau à Jacques Eichperger et
à tous ses associés !
"'
tsOUR CONCLURE
Ainsi que nous l'avons vu dans cette présentation, il ne peut
exister de désir et de plaisir dans l'apprentissage que si les
• Molière, au lecteur, conditions de désir d'expression du sujet existent. Le travail de
l'expressivité de la parole permis par le théâtre peut avoir lieu

LE FRAN ÇAIS DANS LE MONDE W 29 9


alors, dans un espace pédagogique libéré C'est un soulagement et une véritable
ROELAND ET LE PROJET des tensions et des inhibitions habituelles joie pour les apprenants de pouvoir, grâ-
qui dépassent souvent les problèmes in- ce au support que leur apporte le texte,
ARTSCÈNE hérents à la classe de langue. C'est donc s'exprimer totalement, par le geste et la
Roeland est un service de jeunesse reconnu par le par ce travail de l'expressivité, qui tient voix de manière créative. À partir de cet-
ministère de la Communauté flamande. C'est une compte de l'émotion dans la langue, que te libération de l'expression, de nom-
association sans but lucratif qui a comme principal
objectif la promotion de la connaissance des le sujet sera révélé à sa propre parole et breux apprentissages sont rendus
langues. Depuis 1971 elle organise des stages possibles. Les acquisitions qui en décou-
d'été de français, d'anglais et d'allemand au
niveau secondaire et post-secondaire. Depuis
lent échappent heureusement au péda-
quelques années, Roeland diversifie ses activités. gogue car elles concernent l'intimité
Elle a ainsi lancé en 1993, en collaboration avec la langagière, donc la personnalité du sujet
Délégation culturelle et pédagogique du Service
culturel de l'Ambassade de France, le projet apprenant. En effet, ce dernier, par son
Artscène. L'objectif est de réunir des professeurs désir d'expression initial, s'est lancé dans
de français langue étrangère qui font du théâtre un tel travail de l'expression en langue
ou désirent en faire dans leur établissement
scolaire. étrangère qu ' une ouverture à ces di-
verses acquisitions (esthétique de la pa-
Chaque année, lors d'un premier week-end, les
bases de la collaboration sont jetées. Il est convenu
role et expression libérée elle-même) a
de se rencontrer régulièrement pour échanger des pu se produire.
informations, des questionnements, pour se Enfin, si les conditions créées par la pra-
former et pour jouer. Ensuite un festival est
organisé où les participants des différentes écoles tique théâtrale en français langue étran-
pourront présenter leurs travaux. Enfin les écoles gère suscitent ce cheminement dans et
qui le désirent vont jouer à l'étranger dans des
festivals lycéens en français langue étrangère : La
par la parole du sujet (qui se construit
Roche-sur-Yon et Canteleu en France, Athènes en par son travail créatif au sein du texte en
Grèce, Naples en Italie, Pecs en Hongrie, Arad en même temps qu'il se libère et vice versa),
Roumanie, Vienne en Autriche, Istanbul en
Turquie, Saint-Hyacinthe au Québec. les hypothèses avancées dans cette ré-
Durant l'année 1996-1997, douze groupes et une flexion ne seront pas tout à fait illu-
vingtaine d'enseignants participent à ce projet à soires ...
données variables. En effet, certains enseignants
travaillent avec leurs classes, d'autres avec un club Ainsi, pour ce type de travail, la mise en
théâtre, certains autres ne font qu'assister aux valeur de l'expressivité est un moyen
ateliers en tant que formation ; certains travaillent
en collaboration avec un animateur-comédien
d'accès au langage. Cet accès ne peut se
tandis que d'autres n'ont pas d'intervenants produire que par l'affirmation du sujet
extérieurs ; certains élèves viennent de sections où dans et par sa parole . Son désir et son
l'enseignement des langues est dominant, d'autres
de l'enseignement technique. plaisir d'expression se renforcent alors du
Les participants au projet représentent l'éventail de désir et du plaisir d'exprimer le texte à
l'enseignement secondaire · en Flandre aussi bien
pour la filière que pour la situation géographique
travers soi, de le donner à entendre,
(A nvers, Bruges, Gand, Bruxelles, Lou vain ... ). dans le moment magique de la représen-
Personne n'est donc francophone. tation, don et partage à la fois, sens ulti-
Pendant le IV' festival Artscène, du 1" au 3 mai
1997, auquel ont également participé des groupes
me de tous les efforts.
roumain, hongrois, français, italien et néerlandais, Au cours de ce parcours d'apprentissage
des ateliers ont été proposés en matinée pour les par la création et pour la création, il n'est
professeurs et les élèves. Chaque après-midi, les
groupes proposent leur production. Durant les plus question d'abolir ses émotions et
pauses entre les représentations, les participants son corps dans les relations qui ont lieu,
assistent soit à une rencontre avec les joueurs qui
viennent de se produire (forum), soit à des
car elles sont (re)devenues la force essen-
animations flash de quarante-cinq minutes tielle et naturelle, le plaisir du travail de
(masques, jeux d'improvisation, clown ... ). qu'il deviendra créateur de paroles mul- l'expression.
tiples. GISÈLE PIERRA
JEAN-PHILI PPE BOTIIN
Responsable artistique du projet Artscène
Ainsi, retrouver la parole en français Didactique du français langue étrangère
langue étrangère, n'est-ce pas aussi re- Département de Sciences du Langage
trouver le désir et le plaisir de sa parole 7 Université Paul Valéry Montpellier Ill

LE FRA NÇAIS DANS LE MONDE W 299


~
····1!1•- - - - -
Ce festival comprend deux parties : en première partie, un ou

LE BOURGEOIS deux élèves par école participent au concours d'éloquence en


français (sujet libre) et, en deuxième partie, chaque école présen-

GENTILHOMME SUR te ce qu'elle a préparé : soit une pièce de théâtre, soit des chan-
sons, soit des récitations de poèmes, etc.

ÈNE JAPONAISE Comment préparer la représentation du


« Bourgeois gentilhomme >>
Si on observe de plus près les situations mentionnées ci-dessus,
Le lycée Gyosei (école de l'Étoile du Matin) a été pour la représentation, il se dégage les deux objectifs suivants :
fondé à Tokyo en 1888 par des frères Marianistes, Éviter de représenter pour représenter : on vise au grand succès
théâtral pour que les spectateurs s'amusent bien.
Mission catholique française. De l'école maternelle
Faire comprendre toute une pièce par tous les participants : non
au lycée, on y compte environ 2 000 élèves qui seulement les acteurs récitent par cœur non seulement leurs dia-
peuvent apprendre le français comme prem ière logues, mais aussi ils comprennent toute l'histoire de la pièce, et
langue étrangère (6 cours de 50 minutes par les membres de l'équipe doivent faire la même chose : com-
semaine), ce qui est très exceptionnel au Japon. prendre ce qui se passe.
Le projet a été développé de la manière sui-

Dans un cours de niveau moyen au lycée,


avec des élèves qui ont appris le français
vante :
• Lecture en classe du texte traduit par
Rikiei Suzuki (éditions lwanami) : nous
pendant quatre ou cinq ans comme avons utilisé trois heures destinées aux acti-
première langue étrangère, nous avons vités de classe pour comprendre l'intrigue
réalisé une pièce de Molière : Le Bourgeois de la pièce.
gentilhomme pour le 13' Festival de français. • Rédaction du texte pour une représenta-
Cette représentation a eu un grand succès. tion de quarante-cinq minutes : nous avons
L'entrainement aux techniques théâtrales bénéficié de la compétence en théâtre du
permet en effet une meilleure utilisation de fils d'un acteur de Nô, théâtre traditionnel
l'espace, de la voix et du corps, et fait faire japonais, qui est devenu naturellement
naturellement de sérieux progrès en français . notre metteur en scène . JI lui est revenu de
couper et de rédiger le scénario.
Festival de français • Enquête auprès des élèves afin de savoir
Qu'est-ce que c'est le Festival de français ? ce qu'ils voulaient en faire
Ce festiva l est organisé par l'Association • Distribution des rôles. Compte tenu de
des Lycées privés pour l'enseignement du leurs vœux, on a distribué les rôles : acteurs
français (autrefois, on l'appelait et actrices, décors, costumes, maquillages,
L'Association de l'enseignement secondaire musiques, lumières, etc. D'abord, il fut diffi-
du français). cile de trouver des actrices, puisque, dans
JI a été créé dans le but de réunir une fois notre lycée, il n'y a que des garçons ! JI a
par an les élèves qui étudient le français en fallu persuader de beaux garçons d'accepter
première langue, de leur faire prendre des rôles de femmes.
conscience de leurs points communs et de • Pendant les vacances, les acteurs ont ap-
développer des relations amicales entre pris leur rôle en réfléchissant comment
eux . Ils préparent avec ferveur des chan - jouer. L'équipe de décors a créé un grand
sons, des saynètes ou de petites allocutions arrière-pl , composé de vingt-quatre cartons collés derrière de
pour le concours d'éloquence. grands papiers blancs, sur lesquels ils ont peint une décoration
Nombre des spectateurs : environ quatre cents, y compris les d'un intérieur de villa.
participants aux spectacles, des parents, des élèves, des invités, • Après les vacances : répétition pendant un mois et demi : exer-
membres d'associations. cices d'élocution pour pouvoir parler à haute voix avec la respira-

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


débutant

E DÉBUTANI _ ____,
ET LJJ. MODE
- aux pieds : souliers. tenni s. mocassin s. chaussons, bottes . après-
OBJECTIF ski, sa nd ales, pantoufles, basket ...
Fa mili ari ser les é lèves avec le voca bul aire du vête me nt, le ur
do nn er des no ti o ns sur la mode.

PUBLIC
Vrais dé buta nts

MATÉRIEL Essayer de faire assimi ler deux termes de questionnement:


Magazines de mode ainsi que des ph otos de vête me nts de to us Combien de robes avez-vous ? sur le dessin du groupe ? à la
les jours. mai son, chez vous ?
Quand il fait froid. que mettez-vous ?
Première variante
Ce vocabulaire et ces struct ures peuvent être appris au moyen de
dessins. D ' un côté du tableau. on dessine une circonstance
(exemple: la pluie): de J'autre côté, on dessine l' habit convenable
Demander a ux étudi an ts de dessiner un << espace-vêtements >> (exemple: l'imperméable). On procède alors à l 'exe rcice
le tiroir, le placard. l'mmoire, la penderie, le portemanteau. les étagères. systématique de la phrase cible.
(NB : à ce stade, un dessin suffi t. On n'a pas besoin de faire Acquisition de trois structures
assimi ler le vocabulaire de << 1'espace >>) Quand +le temps qu'il fait+ conjugaison << mettre >> Ue, on. nous)
Demander a ux étudiants de dessiner ce qu 'o n range à chaque Quand +aller + faire +conjugaison << mettre >>
endroi t. Ceci peut très bien être une act ivité de groupes afin que Quand +aller + préposition de lieu +conjugaiso n << mettre >>
ceux qui n'aiment pas dessiner ne se sentent pas désavantagés.
Deuxième variante
Objectifs linguistiques Qu'est-ce que je mets pour ... dormir ? (pyjama. chemise de nuit).
Révision de locutions vues antérieurement : ici . ... par ici , ... dans ... .
pour faire de la gym ? (co ll ant de corps, justaucorps. jogging) ...
Acquisition du nouveau vocab ul aire.
pour faire danser? pour aller à la pla ge ? pour aller à la
Attention : Le vocabulaire listé ci-dessous n'est pas en fonction du
montagne ? pour faire du ski ? etc.
nivea u << vrai débutant >> . Dans une si tu ati o n réelle, on ti ent compte
du vrai niveau , la ng ue maternel le , la transparence des mots, des
besoins ...
- maillot de corps, cu lotte. débardeur. caleçon,
-slip, sous-pu ll. tee-shirt, polo, camisole,
-pull. chandail , gi let. col roulé,
-jupe plissée, froncée, minijupe, Classez dans les catégories : populaire. bourgeois, haute couture, les
- c hem ise, chemisier, chemi sette, robe, noms des magasins : Monoprix , Printemps, Galeries Lafayette, Tati.
- pantalon, jean , short, bermuda, salopette, Sonia Rykiel, Agnès B. Radier. Guy Laroche, Benetton.
- veste, blazer, manteau, imperméable, blouson. anorak, doudoune. Imaginez comment sont décorées les vitrines. Montrez des photos
- accessoires : cravate, bretelles. ceinture, gants, bas. collants. de vêtements et demandez de classer selon qu'ils pourraient figurer
chaussettes, bonnet, chapeau. casquette, béret, cagoule. écharpe, châle. dans la collection de printemps-été ou d'automne-hiver.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N 299


débutant
Objectifs linguistiques
Mo i, je va is à .. . ; mo i, j e vais chez ; éventu e lle ment, sa ns trop
d' ex plicati on ; mo i j ' irais à 1 chez .. .

Variante De mande r aux étudi ants de mettre un max imum de co uches de


Un étudi ant dess in e Je << desso us » (exempl e : un short de c hez vêtements et ensuite de les enl ever. Celui qui enl ève le max imum
M o nopri x, un pa ntalo n du Printe mps, e tc.), un aut re dess in e le de couches avant d'arri ver au « minimum » gagne.
<< dess us >>. Si o n veut fa ire de cec i un e ac ti vité lingui stique, on fait dire ce
qu 'on fa it. Et voilà le/la .. . ; et maintenant /ella ...
Objectifs linguistiques Sinon, cette acti vité peut très bien rester tout simplement ludique,
Révision de << émettre une opinion >> moyen le pl us efficace d'apprentissage.
-ça me va, t' irait;
-ça, c'est chic, bien, moche, bizarre, ...

Fa ire déco up er bea uco up de ph otos d a ns les magaz ines e t les


co mmenter au niveau simple avec une grill e à cocher

De mand e r a ux étudi a nts de ve ni r e n c lasse (un j o ur co nve nu à


l'avan ce) en cos tume. C'est aux autres de deviner qui il s so nt, ce
qu ' il s fo nt.
Essayer de fa ire in venter des personnages vari és (un e voya nte, un
- fa ire des ac hats -jeu de rôle (vendeur agressif- cliente di ffic ile,
artiste marginale, un clow n ... )
vendeuse paresseuse- c lient pas très riche) ;
Orga ni se r un défil é de mode (bi e n re produire la dé marc he des -sond age meilleur habit de J'a nnée + co mme ntaire ;
manneq uin s) avec un co mmentateur qui décrit les costumes portés - di s- moi ce qu e tu portes, je te di s qui tu es ;
(s i poss ibl e a u mi c ro p o ur d o nn e r p lu s d e so le nnité à la - la France, pays de Haute Couture, les G rands Couturi ers, la Mode
présentati on). Deschie ns.
NEE LA STORE RAO
Los Angelès (États-U ni s)

LE FRANÇA IS DAN S LE MONDE N" 299


CD

OTBJJ.[lEURS
PUBLIC
Niveau avancé pour le CD comme pour les textes.
~MPRÉHENSION DÉTAILLÉE
MATÉRIEL Relevez les informations suivantes :
CDFDM 299
Où habitent les parents de Christine ?
Rubrique Évènement : La Coupe du monde-interview de
En banlieue.
Christine
Deux documents issus de la rubrique << ça va mieux en le disant » Quelle a été la première idée de Christine ?
du magazine Télérama : Aller chez eux pendant la Coupe du monde.
Document A : « Comprenez-moi bien. >> Pourquoi ?
Document B : « Fou foot. >> Parce qu ' ils sont loin de tout ça.
Mais qu'est-ce qui l 'en a empêché?
Sa fille.
De quoi a besoin la fille de Christine?
D 'aller à l'école, de manger à heures fixes , de se coucher de bonne
heure.
Christine dit qu 'elle aura plus de temps pour..
s'occuper de la maison
Que dit-elle au sujet de la télévision ?
Combien de personnes parlent ?
qu ' il fallait s' attendre à ce que la Coupe du monde monopolise l'an-
Deux , une femme et un homme.
tenne toutes les heures, qu ' elle ne regardera peut-être pas la télé
Qui sont-elles ?
pendant trois semaines, un mois.
Un journaliste et Christine, dont le mari est un passionné de foot-
Que demande-r-elle à son m.ari ?
ball.
de baisser le son de la télévision.
Quelles sont leurs relations, se connaissent-elles ?
Que fait-il en définitive ?
On ne le sait pas. Christine répond aux questions du journaliste.
Il finit par mettre un casque.
De quel événeme/11 parlent ces personnes ?
Qu 'afait son mari sur l'o rdinateur ?
De la Coupe du monde de football 98.
De qui parle la personne interrogée ? Il lui a préparé des fiches sur le football avec toutes les explications .

De son mari , de sa fille, de ses parents et d ' elle-même. Que fait-elle en retour?

Que dit cette personne, en résumé ? Elle les lit et il l' interroge.
Qu 'elle redoute cet événement, qu'elle va s' occuper de sa fille et de Que pensez-vous de l 'attitude de Christine vis à vis de sa famille, mari et
la mai son, qu 'elle va s'ennuyer. fill e ? Semble-t-elle heureuse ?
Vous souvene~-vous des deux questions du journaliste ? Comment imagùtez-vous Bruno ? et ses fiches sur les championnats de foo t-
1. Alors , Christine, des appréhens ions ? ball ?
2. Bruno vous a-t-il communiqué son amour du football ? Quelle impression générale ave~- vous à l'écoute de ce document sonore ?

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


CD
Après l'avoir lu, dites:
Qui écrit ?
Un homme. Berna rd Thilli e. qui habi te à Fli nes-lès- Monagne.
Pourquoi ?
parce qu'i l ne suppone pas celle passion pour la Coupe du Monde.
Pour qui ?
QUELQUES ANNÉES PLUS TARD ... Pour tous les lecteurs de Télé rama.
Déteste-ille foo tball ?
Christin e se so uvie nt de la Co upe du mo nde 9 8 ma is la situati o n fa- No n. a pri ori il n' a rien co ntre. Ma is cela n' a aucun int érêt pou r lui.
mil ia le a changé ... Im ag inez o u inspirez vous des qu e lqu es pro pos i- Que se de m a 11de~ t - il ?
S' i 1 est le seul dans ce cas.
tion s sui vantes po ur j oue r la scène de vant la classe : Que demande-t-il aux lecteurs ?
Bruno a ré uss i à co mmuniqu er à sa fe mme sa pass ion du footba ll . Qu'on lu i indique un end ro it où l' on ne sache ri en du M ondial.
L a fill e de C hri stine est de ve nue une pass io nnée de foot, ma is pas Comment voir -ill 'avenir ?
Les semaines à venir seront très dures.
sa mère ... Qu e va- r-i/ f aire après cetJe /eure [
Christin e a di vo rcé. Préparer sa cave, pour s' isoler du reste du monde.
Qu e pense:.-vous de cetJe posirion ? La pa rtage:.-vo us ?
Bruno s' inté resse ma inte nant au te nni s.

MOl, À SA PLACE ...


C hri stin e pe nse qu ' e ll e n'avait pas d ' autres soluti o ns que de res te r
chez e ll e .
Relevez dans le document toutes les ex pressions qui tradui sent la crainte :
FOU foot ! Deux choses : 1) l' homm e que j'aime est fin ,
se nsibl e, intelligent, drôle (je ne s ui s pas la se ul e à le penser) ;
j ' appréhe nde 2) il adore le foot (et la bière qui va avec). Même si j'ai une forte
la rés ignati o n, le défa iti s me . propension à le croire, je subodore que mon homme n'est pas unique
en son genre (quoique ... ). J 'en conclus que: 1) on peut être<< footeux >>
J'a va is pe nsé, j e ne pe ux pas bo uger, il fa ut qu e j e m ' e n occupe, de
sans être un << beauf >> ; 2) tous les beaufs ne sont pas nécessairement
to utes faço ns, il fa ll a it bi en s' atte ndre à ce que . accros au foot (et à la bière).
E t vo us, co mm e nt a ve z- vou s o u auri ez- vo us ré ag i ? Y ava it-il Je ne regarde pas tous les matchs, mais je regarde mon homme qui
d ' a utres poss ibilités, lesque ll es? regarde les matchs. Il vibre, exulte, gueule, admire, espère, desespère,
se réjouit avec ceux qui gagnent et pleure avec ceux qui perdent. il est
passionné, fraternel, solidaire. C'est beau à voir. Ça doit s'appeler la
D'AUTRES POINTS DE VUE passion. Celle du foot en vaut bien un autre. Et, comme le dit ma
concierge : << Respecte ce que tu ne comprends pas. >> But !
Vo ic i de ux doc ume nts écrits ex traits du courrie r des lecte urs d ' un
grand he bdo mada ire fra nçai s, Télérama . Chantal, gonzesse de footeux
Le docume nt A « Comprenez-mo i bie n » e t le docume nt B << Fou Collioure
foot ! » é voque nt au ss i le football. Mais les po ints de vue di vergent.
Travaillez d ' abord les mots diftïciles : footeux, beaur, acc ros, gonzesse.
. ..... , Puis, réfléchissez à l'aide des pistes sui vantes :
Qui écrir ?
Chan ta l, une femme dont le ma ri ado re le foot et qui adore son mari.
Po urquoi [
C omprenez-moi bien. A priori je n'ai (je n'avais) rien parce qu ' e lle veut faire changer les mentalités sur les a moureux de footba ll.
contre le football. J'étais plutôt de la tendance << Laissez-les vivre>>?. Ce Pour qui ?
n'est de ma part ni du snobisme ni de la provocation : il se trouve Pour tous les lecteurs de Té/érama.
simplement que le foot a pour moi autant, sinon moins, d'intérêt que la Déteste-t-elle le foo tball 7
vie structurelle des fourmis en Mongolie du Sud : c'est dire. Le dernier Elle ne le d it pas.
match que j'ai vu, c'était avec Kopa. Je viens d'apprendre qu'il n'est Qu 'aime- r-e/le ?
Son mari.
même pas sélectionné, vous vous rendez compte. Roger Marche non
Rele vez tous les adj ectifs positifs qu'elle emploie:
plus, d'ailleurs. fi n. sensible, inte lli gent, drôle, frate rnel. pass ionné, solidaire. beau .
Non, je crie simplement au secours. Help, ce que vous voudrez. Suis-je
seul dans mon cas, ai-je des frères en overdose ou dois-je consulter un Etudiez les verbes qui s'appliquent a u specta teur d e football :
psy ? Dans la mesure, évidemment, ou j 'en trouve un qui ne soit pas vibrer, ex ulter. gueuler, admirer. es pérer. désespérer, se réj ouir. pleurer.
planté devant sa télé. Indiquez-moi un pays, un trou, une tanière où l'on
ne sache rien du Mundial, en Papouasie, au Filetkistan (quoique, là !) ... A la lecture de ce JJ e s uite de verbes, q uell e opinio n vo u.'J· fa ites -\'OII S du mari de
Désolé, 1 am cracking, mais je sens que les semaines à venir vont être Ch a n ra / ? Qu e l sentiment se retro u ve a u lo ng de celle /eli re ?
très, très dures. Bon, c'est pas tout ça, je vous laisse, il faut que j 'aille
Chanta /n 'a pas la même vision que Christine. En quoi ?
aménager ma cave. Que pensez-vous de ce Jémoignage ? Qu 'évoque-t-i/ po ur \'Ous '!
Bernard Thilie Que doil penser le ma ri de Chama/ ? El celui de Ch ristine ?
Flines-lès-Mortagne
MARIANNE LE TIEC

LE FRAN ÇAIS DANS LE MONDE W 299


\. )
--. \ -

FDM
_......l

,
J"
1

0
2 ~ SOMMAIRE
0
A u moment de boucler ce CD - eh oui, à

.,
p{trtir de ce numéro, nous passons mt
PRÉSENTATION
CD - on n e savait pas qui serait le
vainqueur de la Coupe du 11101/{/e de ÉVÉNEMENT. La Coupe du monde de football
---..
football. Depuis, c'est chose faite. Pour
la première fois de son histoire, la
CHANSON. «Les couleurs de l'amour», par Native \ -.
MINUTE DE L'ÉCONOM IE. L'arrivée de l'euro
Fran ce a remporté le Mondial par 3 buts
à 0 contre le Brésil. Bravo les Bleus ! MÉTIER. Chasseur de fautes sur sites web ./
Une imm en se liesse collective {t suivi PUBLICITÉ. «Fujifilm » _....··
cette victoire et l'on a décou vert à cette

'•
INTERVIEW. Daniel Chavarria au Festival
OCC{t sion qu e m êm e les fe mm es, qui international du livre de Saint-Malo
avaient d'abord boudé la retransmission
des matchs, ont fini par se laisser gagner PAUSE LITIÉRAIRE . «La Fête chantée », de Jean-
par l 'enthousiasme général. Elles ont Marie Le Clézio
renaclé - les interviews de la cassette en ANNIVERSAIRE. Mai 1968
témoignent - elles ont grogné... et elles COMMENT DIT-ON 7 «Historique », par Alain Rey
ont fini par clumger d'avis. De fo otball,
il est largement question ces temps-ci et CHANSON. «Siffler sur la colline », par Joe Dassin
pas seulement à cause du Mondial. Cette SCIENCES. Un télescope géant au Chili
année, l 'Oly mpique de Marseille, f ête PUBLIC ITÉ. «Center Park»
son centenaire. L es supporters se
préparent à honorer dig n em ent PETIT DICTIONNAIRE DES COMMUNES DE
l'é1•énement. A chacun ses célébrations FRANCE
et sa mémoire. Mai 1968, c'était il y a COMMÉMORATION . Les cent ans de l'Olympique
trente an s : ambian ce d 'époqu e, de Marseille
discours, sou venirs.
D{IIIS ce CD, on parle aussi beaucoup {/e
langue fran çaise. Le laisser-aller gagne:
Internet est sous haute surveilhmce... mt
Québec. Les m ots tendent à se g onfler
sous l 'influence des médias : Alain Rey
les remet sur la bonne voie. Nombreux
sont les amoureux de notre lang ue :
c'est aux ren contres des écri vain s
LE MAGAZINE SONORE
Elisa Chappey
LE JOURNAL
Gisèle Kahn
1
,1
voy ageurs de Saint-Malo qu e nous
avons découvert l 'écrivain urug ayen W 299 1 AOÛT -SEPT 1998
Daniel Cha varria. Et pour compléter
notre panorama international, sachez
que la France participe à la construction
{/ 'un télescope géant au Chili - c'est
notre rubriqu e scientifique - et qu e
bientôt le fran c changé en euro ne sem
plus qu 'un souvenir - c'est au chapitre
(· ~- . . ...

,•
de l'économie. Alors, à vos CD, et bonne
écoute!
___./
.
LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL
Laurent Salters - Vingt-huit jours pour plusieurs associa- LEXIQUE
soixante-quatre matchs qui se déroulent tions se sont
dans toutes les grandes vil/es de France créées à l'époque le ras-le-bol
un mois de passion pour les amoureux du du Mondial par- le fait d'en avoir assez, de ne
ballon rond un mois de calvaire pour mi elles La Coupe plus supporter quelque chose
ceux qui ne supportent plus l'engouem.ent est p leine propo- (expression fam ili ère) ; on dit
général parce qu'il faut vous dire chers se aux fenHnes «en avo ir ras-le-bo l» ou
auditeurs qu'en France la Coupe du monde a été dont le mari sera <<c 'est Je ras-l e-bol».
précédée d 'un énorme tapage médiatique publi- un peu trop foot-
cité à la télévision affiches sur les bus dans le baileux des acti- rigolo
métro prévisions interminables sur la composi- vités en tout gen- amusant, qui fait rigo ler
tion de l 'équipe de France les sponsors et je ne re Guillaume (fami lier).
vous parle même plus des discussions de café ou Ba/dy a pu pw·ler
bien alors chez les copains bref pour beaucoup avec Christine c'est super
1'attente est récompensée pour d 'autres c'est dont le mari est c 'est bien, très bien (langage
déjà le ras-le-bol depuis longtemps Benjamin fou de foot appré- jeune).
Bohn pour FDM a osé poser la question une ulti- hension Christine
me fois le football vous aimez ou pas - J 'aime Chris tin e faire la popo te
pas le football en général j'aime pas 1'ambiance J'appréhende for- faire la cu isine.
autour je préfère le tennis j'attends avec impa- céinent d 'autant
tience que ça soit fini - Pour la France c'est une que bon on habite
chance pour présenter son image à 1'étranger et à côté pas telle-
nous ne devons pas la rater ça sera surtout les ment loin du Stade de France dans Paris donc
retransmissions qui vont donner une image mais c'est clair que la circulation et même le nombre
ceux qui vont venir il n y en aura pas beaucoup de personnes va grossir et va bon occuper
mais j'adore le sport et je trouve que le sport l'espace j'avais pensé effectivement aller chez
d 'équipe c'est vraiment très bien pour l 'épa- mes parents qui sont en banlieue et qui sont un
nouissement personnel j 'ai déjà prévu de regar- peu loin de tout ça et puis bon ben en fi:lit c'était
der dans mon magazine toutes les dates des un vœu un peu en 1'air parce que bon je peux
matchs principaux- Ben j'en pense pas grand pas bouger hein il y a la petite il faut que je
chose parce que je suis pas très au courant là je m'en occupe 1'horaire de 1'école est tous les
suis je sais même pas en quel mois ça se passe jours pareil il jàudra qu'elle mange à heure fixe
dans quel mois ça se passe ni quand - Ils vont et qu'elle se couche de bonne heure donc je
être tellement excités tellement obnubilés de foot serai là au moins pour elle j 'aurai peut-être je
que ça va pas être très rigolo ben je pense pas sais pas moi plus de temps de m'occuper juste-
moij'aime bien le foot à la télévision ça va c'est ment de la maison vu que je serai pas intéressée
ou le foot dans les autres pays mais non ça me par ce qui se passe à la télé globalement a prio-
passionne pas spécialement - JI y a plus de places ri je crois que je vais quand même m'ennuyer de
pour les Français et les Français vont regarder toute façon ça il fallait bien s 'attendre à ce que
la Coupe du monde à la télé comme tous les la Coupe du monde monopolise l 'antenne toutes
étrangers du monde entier c'est rigolo pour les les heures finalement bon je regarderai peut-
autres et je pense que ce qui ressortira c 'est un être pas la télé pendant trois semaines un mois
grand sentiment de fl'ustration pour les les habi- quoi et puis bon on peut baisser aussi hein la
tants de ce pays parce que c 'est vraiment chez télé àfor·ce que je lui demande de baisser il finit
eux tout prés de chez eux et ils en seront pas plus par mettre un casque - Guillaume Ba/dy - Est-
proches que si ça se passait au Brésil - C 'est ce que Bruno a essayé depuis que vous le
super oui mais près de chez mes parents il y a les connaissez de vous donner son intérêt pour le
Brésiliens je vais essayer d'aller les voir et tout foot - Christin e - Ah oui alors ça il a vraiment
c'est c'est super on les voit s'entraÎner et tout beaucoup essayé comme ça n 'évoque vraiment
bon c'est un petit peu bien gardé mais bon on va rien pour moi il a fini par me faire des fic hes
arriver à les voir je vais prendre des photos ça alors sur 1'ordinateur préparées tapées avec
va être sympa ça tombe pendant 1'été bon à Paris toutes les explications les coupes les champion-
1 il y aura plein d 'étrangers ça va être rigolo puis nats en France et je les lis de temps en temps il
bon oui ça va être la fête- Laurent Salters- Avis m ' interroge - Laurent S alters - Moi j 'en
~ très partagés vous l 'avez entendu comme moi er
vous avez dû remarquer que les femmes sont plus
connais qui n'ont pas besoin d'être interrogés le
foot ils le connaissent sur le bout du ballon ce
contre que pour rien à faire malgré des années sont les supporters à Paris en ce moment on
de luttes féministes quand ils 'agit de foot le mâle croise souvent dans la rue des hordes de kilts
reste mâle schéma typique pendant que le mari écossais avec un verre de bière à la main bien
est collé à son écran de télévision pour suivre les sûr ou bien des Hollandais habillés en orange
matchs la femme fait la popote et change les fluorescent tout ça est plutôt bon enfant et c'est
gamins alors pour réagir eh bien elles s'unissent très bien comme ça •

2. Fréquence FDM- W 299


NATIVE «LES COULEURS DE L'AMOUR»
Ta peau sur ma peau ça leur fait peur 1 C'est trop Jort el c'est trop co un 1 No us serons les
Aux homm es et à nos familles 1 couleurs 1 Les couleurs de 1'amour 1 No tre amour
Voudraient-ils changer ma co uleur 1 sombre à 1'agonie 1 Si tu hésites si tu doutes 1

,
Veulent-ils ma peau vanille 1 Notre amour Mais ensemble nous sommes la vie 1 C 'est aux \
ne laisse pas Jaire 1 Ceux qui ont 1'idée autres que ça coûte 1 Et c'est bien au-delà des
bi::arre 1 De vouloir partager la terre 1 Un regards 1 La couleur est détail 1 J 'ai /a fo rce /a foi
côté blanc l'autre noir 1 C'est trop Jort et et 1'espo ir oh yea h 1 Pour gagner toutes les
c'est trop court 1 Je suis la nuit tu es le jour 1 batailles 1 C'est trop jort et c 'est trop court... •

L'ARRIVÉE DE L'EURO 1
Laurent S alters - L 'eu ro la monnaie mesure destinée à LEXIQUE
uniqu e europ éenne c'est pour 2002 le permettre que
francji·cmçais disparaÎtra on pourra payer chaque conso m-
ses achats à travers toute l'Europe avec la mateur se consti- Eu ro la nd
mêm e devise mode d'emploi d'un tue sa propre base nom collectif donné aux
changement important avec Marie Vostal de prix en euros et onze pays qui vont passer
c 'est la rubrique éco - Marie Vosta/ - ensemble à l' euro.
ce C!/in d'éviter les
Euro/and 30 juin 2002 le fi'anc comme dix maux de tête liés arro ndis
autres monnaies nationales disparaÎt pour laisser aux co n versions les sommes arro ndi es,
la place à l'euro les commerçants refitsent les des tarifs et aux ramenées à un compte rond.
fi'ancs les marks les lires et awres pesetas mais arrondis puis les
pas de panique les banques centrales de chacun particuliers pour
des onze pays accordent un délai de dix ans à se jcuniliariser avec ce nouveau monde monétaire ---·
leurs citoyens qui détiendraient encore des billets seront autori és à ouvrir l/17 compte en euros et
en monnaie nationale pour en arriver là chaque
gouvernement mais aussi chaque habitant doivent
s'ils 1'on t réservé pourront même disposer d'un
chéq uier en eu ros quant aux entrep rises elles l
su rmont er plusieurs obstacles rende::-vous
co mpte qu'aujourd'hui dans les o n::e pays
qualifiés pour 1'euro circulent neuf milliards de
pourront faire toutes leurs opérations en euros le
1··· janvier 2002 les pièces el les billets en euros
seront introduits simultanément et progressivement

billets et soixante milliards de pièces afin de les monnaies nationales seront retirées les salaires
passer à la monnaie unique une période de et les impôts seront obligatoirement libellés en
transition de trois ans est d'ailleurs prévue à euros six mois plus tard il n )' aura plus que 1'euro
partir du ]··' janvier 99 le double ct{fichage des mais au fàit savez-vous combien vaut aujourd'hui
prix se généralis era dans les magas ins une un euro entre 6ji-m1cs 50 et6fi'ancs 70 •

CHASSEUR DE FAUTES SUR SITES WEB


Laurent Salters - On va maintenant parler côté de la France LEXIQUE
des mots des mots électron iqu es plus d es anglicismes

,
précisément les mots qui s'inscrivent sur mais c'es t éga-
votre éc ran d'ordinateur J érô me lem ent des im - Bern a rd Pi vot
Colombain a déniché pour vo us un propnetes par journaliste de télévision,
braconnier pas co mm e les autres exemple quand on animateur de la célèbre
r epo rtage avec 1'accent - J érô me dit rejoindre émission littéraire
Co lombain - Profession cha sseur de quelqu'un par <<Apostrophes» et concepteur
fautes che:: lui Plat ea u Mont-Royal sur les téléphone c'es t d'un important championnat
hauteurs de Montréal au milieu des érables les joindre quelqu'un an nuel d' orthographe. 1
dictionnaires s 'empilent sur les étagères à côté de par téléphone ou
1'ordinateur la langue française c'est son métier e ncore d es co-
François Hub ert est tradu c teur rédacteur quilles des fautes d'orthographe des fautes
journaliste depuis deux ans il explore le cyber- d'accord - Jérôme Colombain - Donc vous êtes
espace francophone à la recherche des fautes en un peu un gendarme de la langue française sur
tout genre selon lui les fournisseurs de contenus ln/em et - François Hubert - C'est ça moi je me
sur Internet ont un e véritable respo nsabilité suis proposé cot11me rôle d 'éduquer les gens qui
François Hubert - François Hub ert - Les sites ne pensent pas à un public derrière tous les
web actuellement en ligne servent de modèle pour écra11s cathodiques un peu comme tous les livres
les jeunes qui passent par là qui sont branchés qui sont actuellement en librairie ont été relus
··...

,
dans le urs éco les e t qui malh e ure use me nt combien de fo is par des réviseurs professionnels
tombent sur une fou le de fautes c'est sur/oUI du la même chose pour les sites web j'ai il y a lill
1
~
--·
Fréquence FDM - W 299 .3
... 1
laisser-aller évident j'ai remarqué des fau tes dans 1'avenir de notre culture à tous si on fait pas
tous les types de sites web français et je me allen/ion à notre langue française qui va s'en
~··--
t souviens d'ailleurs de l 'adjoint de Bernard Pivot occuper au bout du compte on ne saura jamais que
qui qui m 'avait écrit une lettre parce que en jèlit lui notre langue a été appauvrie qui contribuerait au
~\. avait reproché aux Québécois de mal s 'exprimer
dans sa le/Ire il avait fai t trois fa utes trois fa utes
.fond à l 'autodestruction de ce qu 'on a de plus
beau de ce qu 'on a de plus distinct c 'est la langue
- éviden tes et que j e lui avais relevées - Jérôm e
Colombain - Pourquoi c'est important de veiller
ji-cmçaise - Jérôm e Colombain - François Hubert
publie un palmarès des p lus mauvais sites web
comme ça à la pureté de la langue fi-a nçaise sur francophones mais également des meilleurs sur
fnt ern et - F rançois Hu bert - Parce que c 'est son serveur www.corte.x:t.com •

PUBliCITÉ: «FUJIFILM»

De p lu s en plus de photographes loisirs ils choisissent Fujicolor Superia.. alors


professionnels font confiance à la qualité faites co mm e eux pour vos photos utilisez
Fujifilm.. m ême po ur leurs photos de Superia le film officiel de la Coupe du monde •

DANIEL CHAVARRIA AU FESTIVAL DE SAINT-MALO


Laurent Salters - Les mots restent avec ma mère je m e rappelle toujours un jour de
nous p lut ôt nous les rejoignon s en l 'année 1940 lorsque je me suis levé pour aller à
Bretagne à Saint-Malo ville .fortifiée avec mon école primaire elle pleurait sur sa tasse de
son fes ti va l de li ttérature des grands café au lait c'était l 'entrée des Allemands des
espaces et du voyage ça Jàit huit ans qùe nazis à Paris alors pour moi Paris c'est elle est
ça dure et le festiva l a déjà une grande devenue une ville hantée de l'imagination de mon
rép utation on y accueille des écriva ins enjànce de souvenirs de ma mère et puis mes
francophones Laurence Millet et Guillaum e premières lectures à une époque où il n )' avait
Ba /dy se sont glissés entre les quarante mille pas la télé c'étaient Jules Verne Dumas lorsque
vis iteurs pour rencontrer Daniel Chavarria j e suis rentré à l 'âge de 23 ans après quatre ans
écrivain d'Uruguay Chavarria nous raconte sa en Europe et après avoir vécu un an et demi au
passion du frança is - Dan iel Ch avarria - Ma Ma roc je parlais avec un e grande f luidité
génération a étudié chez nous très bien le beauco up mieux que maintenant et c'est alors
.français à l 'école secondaire on faisa it quatre que j 'ai étudié le fi-ança is à 1'A lliance Française
ans de fi-ançais à 1'âge de 19 ans je suis venu de Montevideo j 'aifait trois ou quatre semestres
pour la première foi en France puis j'ai vécu un là et bo n j'ai pe1jectionné un peu des aspects
an et demi au Ma roc j'ai eu la possibilité de grammaticaux des questions que j e n'avais pas
pratiquer le frança is puis j'ai appris d 'a utres vues dans ma pratiq ue ou i c'est g râce à
langues mais je suis un peu ji-ancophile je vous l'Alliance Française que que j'ai amélioré un peu
avoue depuis mon enjànce c'est un héritage de mon français •

JEAN-MARIE LE CLÉZIO : «LA FÊTE CHANTÉE»


EXTRAIT « La fa sc inati o n des conquérants espagno ls et portuga is pour les tréso rs im ag in és du
Nouveau Monde est totale, sans frein. Leur appétit pour l'or et l'argent est tel que les Indi ens eux-mêmes en
seront étonnés et troublés. «Pourquoi veulent-ils tout cet or ? Assurément, ces dieux doivent le manger, et
c'est pour ce la qu ' il s le désirent tant». [... ] Et le conquérants espagnols, quand ils arriveront enfin dans ces
domaines où l'or, croient-i ls, ruisselle de toutes les montagnes et cou le dans toutes les ri vière , lai sseront
cro ire aux Indiens qu ' ils s'en nourri ssent véritablement et que, pour cette raison, on doit le leur donner sans

--- rien cacher. [... ] En sai issant, pour les fondre en barres, les trésors sacrés des Indiens, les conquérants savent
bien- comment ne le sauraient-ils pas?- qu ' ils emportent beaucoup plus que des objet d ' or et d'argent. Il s

.
emportent l'âme des vai ncus, leur passé, l' hi stoire des héros et des dieux , la part la plus secrète et la plus
1 dense de leur vie. Après le pillage, les tombes ne sont plus que des coqu illes vides. [ ... ] Ce qui épare
défi nitivement les conquérants venu de l' Europe de la Renai ssa nce du monde améri ndien , c'est la magie .
Les trésors arrachés par la violence, les dépouilles pré incaïques ne représentaient pas le pouvo ir terrestre.
Ce qui brille dans l'or de l'anc ien Pérou, c'est la fl amme première, l'éternité du so leil. L'or- cet or qui
.......- affl eure ou qui rou le en pépites dan les rivières - est la preuve de la présence div ine. ombre de peuples
/ de l'A mérique indien ne donnent cet étrange surnom à l'or : l'excrément du so lei l. Plus qu'un métal, l'or est
1. .,
la substan ce même de la divinité, sa chaleur, on étemité. » •
\ Not e. C'éta ient quelques passages de La Fêle chantée qui vient de paraître aux Editions du Promeneur. Pour
'·~- en savoi r plus sur ce demier roman de Jean-Marie Le C lézio, vo ir le n· 296 du français dans le monde.

4. Fréquence FDM- No 299


VITE FAIT

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE


SERVICE ABONNEMENT
TSA 80230-6
92887 NANTERRE. CEDEX
FRANCE
• • •

••

~



1;;:'


Je m'abon ne.




Oui, je m'abonne pour un an à la revue. Je choisis la formule

Nom
Adresse
Prénom
D
=rn

: 1


ONDITIONS
~ABONNEMENT

• • •
~ ••
• Code postal Pays
• Individuelle
• Je règle FF à l'ordre du FRANÇAIS DANS LE MONDE
•e 4 10,00 FF
• • :J par chèque bancaire 8 numéros + 3 cassettes audio

2:
• J'écr is mon nom et mon adresse. • :J par virement bancaire : BNP 30004/0089:;1 00021350392/21 •• f Or mU 1e Le français dans le monde

• Je choisis :
• 51 , avenue Kléber - 75 116 PARIS - France
+ Recherches & A pplications

• la formule de mon choix,


•• .J par virement postal : CCP La Poste 3165679W • Individuelle

• le mode règlement.
•e 510,00 FF

:· ~ITE FAff
• .J par mandat International. 8 numéros + 3 cassettes audio

~:- • • + 2 numéros spéciaux

3:
Références ....................................... ......................... ou photocopie du récépissé
- :>

••
Le français dans le monde
..J par carte bancaire (Visa, Eurocard, Mastercard) • FOr mU 1e + Recherches & A pplications


+Diagonales
J'expédie ce formulai re à :
No (un numéro par case) 1_1_1_1_1 1_1_1_1_1 1_1_1_1_1 1_1_1_1_1 • Individu elle
•• LE FRANÇAIS DANS LE MONDE
TSA 80230
92887 NANTERRE CEDEX 9
•• Date d'expiration 1_1_1 1_1_1 1
--= -· ==-- 1 •

575,00 FF
8 numéros + 3 cassettes audio

• FRANCE. • e + 2 numéros spéciaux + Diagonales (4 numéros)

• • •
• • •
• • ••
-------J
1

ANNIVERSAIRE MAl 1968

Laurent Salters - Retour en arrière ment le contrôle LEXIQUE


1998 moins trente ans nous sonunes en le 29 mai de
mai 68 à 1'époque le général de Gaulle Gaulle annonce Nan terre
es t au pouvoir les étudiants de qu'il ne part pas uni versi té en Jenres et
Nanterre e mettent en grève ils refit- il dissout l 'As - sc iences humaines fondée
sent de suivre les cours multiplient les semblée natio- dans les années 1965 dans la
banlieue ouest de Paris pour
meetings politiques ils se rebellent tout nale - Ch ar les
simplement contre l 'autorité avec un grand A de Gau lle - J 'a i désencombrer les universités
du centre de Paris (appelée
quelques jours plus tard le virus gagne les pris mes résolu- aussi depuis Uni versité
ouvriers et bientôt c'est la France entière qui tion s dan s les Paris-X); c'est là qu 'est né le
est prise par le mouvement un slogan célèbre c ircons tan ces <<Mouvement du 22 mars»,
de 1'époque ré ume bien 1'esprit de mai 68 il présentes j e ne prélude à mai 68.
est interdit d 'interdire alors dans la rue les me retirerai pas
gens défilent pour protester et le 10 mai c'est j'ai un mandat CRS
la célèbre nuit des barricades où s'affrontent du peuple je le sigle pour Compagnies
pour la première fois policiers et manifes- remplirai je ne républicaines de sécurité,
tants- ce que vous allez entendre provient des changerai pas le compagnies mobiles mises à
la di sposition des préfets
archives FDM c'était il y a trente ans les Pr e mi er
pour assurer l'ordre; par
affrontements viennent de commencer dans ministre dont la dérivation, on dit un ou des

,
le Quartier Latin deux reporters radio va le ur la so li- CRS pour désigner une ou
étaient là - Ecoutez ça y est ça charge nous dité la capacité des personnes appartenant
sommes derrière nous sonunes derrière les méritent l 'hom- a ux Compagnies en question.
gardes mobiles ça pleut dans tous les sens mage de lous je
c'est épo uvantable ce sont des dizaines des dissous le Prem ier min istre
cen tain es de ca illoux de pavés qui vo lent aujourd ' hui à 1'époque, Georges
maintenant des voitures sont ... aïe la vache 1 'Asse mbl ée Pompidou.
pousse-toi bon alors il y a deux voitures nationale j 'ai enq uiq ui ner
quatre voitures qui sont retournées des des proposé au pays déranger, ennuyer forteme nt
grilles d 'arbres des grilles d'arbres qui jon- un référendum (fami lier).
chent la rue les policiers chargent mainte- qui donnait aux
nant les manifestants - Là sur le boulevard c itoyens l 'oc - estomaqué
très éton né ( légèrement
Saint-Germain il y a un tas de sable mais je casion de pres- familier).
viens de voir juste devant moi un policier crire une ré-
qu 'on emmenait qu 'on traÎnait qui avait la forme profonde petite maîtrise
figure en sang - Je suis au milieu du boule- de notre éco - les petits cadres des
vard Saint-Germain et il y a une femme qui nomie el de entreprises ou les
est allongée elle est allongée elle est complè- notre uni versité contremaîtres des usines ;
tement en sang - Voici les étudiants qui char- et e n m ême dans le contexte, plutôt
gent maintenant reculez les étudiants char- temps de dire péjoratif.
gent - [/ y a les policiers bon reculez même s'ils me gar - fli cage
les CRS font ont formé une esp èce de toit daient leur surve illance à caractère
avec leurs boucliers - Laurent Salters - Le co nfian ce ou ma lve illant, pouvant a ller
détonateur de 68 c'est Daniel Cohn-Bendit non par la seule ju qu ' à la délation; dérivé de
un étudiant en sociologie de Nanterre âgé de voie acceptable flic , policier (popu laire).
23 ans c'est lui qui inspira les débuts du ce lle de la
mouvement en mai 68 ses idées sont large- démocratie- Laurent Salters - Le lendemain
ment influ encées par le marxisme extrait un million de personnes défïlent sur les
d 'un discours d'époque- Daniel Co lm - Champs-Eiysées pour souten ir le généra l
Rendit - Nous disons que l 'Etat est partie cett e date marque la fin du mouvement
prenante de l 'antagonisme de classes que contestataire de mai 68 trente ans plus tard
l 'Etal représente une classe la bourgeo isie Daniel Cohn-Bendit analyse pour FDM ce
cherche à préserver une partie des étudiants qu 'il res te aujourd'hui du mouvement -
fit/urs cadres de la société le pouvoir possè- Daniel Colm-Ben dit - Si vous voyez les films
de la radio et la télévision et un Parlement à de l 'époque s i vous voyez les photos s i s i
sa main nous allons nous expliquer directe- vous vous rappelez les écrits les journaux la
men t dans la rue nous allons pratiquer une radio la télévision et que vous éco utez et

,
politique de démocratie directe - Laurent vous voyez ce que c'est aujourd'hui vous
Salters - Et puis le pouvoir reprend fina le- dites bon ce sont deux mondes complètement

Fréquence FDM- W 299 .5


di.fJérents donc si vous voulez 68 a complè- qu 'autre chose il y avait pas de tra ins il y
te m e nt a co mmen cé à transform e r nos avait rien j'avais peur de perdre mon boulot
sociétés et donc aujourd'hui on ne voit plus - Je suis un petit peu estomaqué quand les
euh de séquelles de 68 puisque effective- gens disent oui mais en 68 vous étie:: heu-
ment 68 s'est dissout dans la société donc reux vous avie:: le plein emploi on pouvait
68 a gagné au niveau de la société politi- quitt e r un pa tron pour a ll e r trava ill e r
qu e ment 68 a complètement perdu - aille urs e t cae te ra mais les co ndition s
Lauren t Salters - Souvenirs et que reste-t-i/ étaient étaient extrêmement difficiles dures
pour les Français de 68 Xav ier Pestuggia il y avait une hiérarchie patronale une peti-
est allé enquêter - Un souvenir un peu Fus- te maÎtrise un e n cadre m e nt qu i é ta ie nt
t ré dans la mesure où j 'aurais pensé que c'était le Jlicage pour tous les travailleurs -
j'a urais réussi c'était un échec de ce côté-/à Ben au cun souvenir parce que j 'a va is pas
c'est-à-dire que on était au bord de changer j'avais trois ans mais bon de beaux restes
le monde un petit p eu et puis ça ça a pas été parce que j e me dis que ça reste à faire et
le cas - Ça a formé beaucoup de jeunes ça a en mieux qu e ma i 68 - Lauren t S alters -
for mé beaucoup de monde à des idées nou- Bien le mot d 'ordre est lan cé en attendant
velles on sortait de la guerre d'Algérie à on reste dans 1'histoire et plus précisément
cette époque-là les les Français étaient pas dans 1'historique avec Alain Rey qui tutoie
tellement bien ouverts ils avaient pas com- les mots •
pris que la décolonisation c'était un phéno-
mène important et caetera - Oui j'ai un sou- No te. Pour retrouver d 'a utres souvenirs de
venir parce que je commençais à travailler mai 68, vo ir le n· 298 du français dan s le
e t l es grèves ça m 'e nquiquinait p l utôt monde.

ALAIN REY «HISTORIQUE»


Alain Rey-L 'occasion d'employer à bon de la fragi lit é LEXIQUE
escient l 'adjectif historique se présente seraient des
peut-être celle sema in e où on::e pays m on um e nr s J acques Le Go ff
d'Europe s'apprêtent à fo nder 1'unité historiques à hi storien français, spéc iali ste
du Moyen Age.
monétaire e uropée nn e évé nemen t et dire le vrai tout
semaine historiques c'est probable mais é vén e 111 en1 Emm anu el Le Roy
co llec tif à p eu Laduri e
on observe quotidiennement des emplois hi storien français , spécia li ste
.--· analogues qui sont excessifs enflés usurpés près perçu est un de la France rurale sous
combien de fo is entend-on parler d'un match sujet d 'é tude l'A ncien régime.
historique d 'un succès hisrorique beaucoup plus possible pour les l'Ecole fr ança ise des
que d'échec historique d 'ailleurs car il s 'agit de historiens de Annales
valoriser de rendre exceptionnel ce qui n 'est au 1'avenir la nou- éco le hi stori que française
mieux que notable historique vou/anf dire relatif velle histoire fondée en 1929 par les
à 1'histoire le mot pendant quatre siècles ne fi lle de l 'Ecole historiens Lucien Febvre et
s'es t employé qu 'à propos d'activités de fr an ça ise des Marc Bloch, avec po ur
Annales nous a organe de diffusion la revue
recherche d 'ouvrages qui co ncern ent Annales d 'h isloire
1'évo lution de 1'humanité que ce soif de près appris à ne plus économique er sociale
da ns document historique par exemple ou de réserver le quali- (depui s 1946, elle a pour titre
loin dans roman historique mais lorsqu 'on dit ficatif d 'histo - Annales. Economies.
qu'une ren contre sporrive est historique on ne rique aux gran- Sociélés. Civilisa/ions, en
prés um e pas qu'elle est di sputée par les des batailles aux abrégé Annales E.S.C.),
professeurs Le Goff ou Le Roy Ladurie ni qu'un changemenrs de importante référence pour les
recherches e n hi stoire.
match qualifié d 'historique se distingue par sa règnes e t aux
nature des jeux collectifs préhistoriques que bouleversements C harl es Seignobos
1'o n co nnaÎt malh eu reuse ment assez mal qui s 'inscriven r hi storien français ( 1854·
1942), co-auteur d ' une
d'a utres emp lois de ce t adjecrif malm ené dans les manuels His loire de France
supposent la marque d'w1 passé vénérable qui scola ires au conremporaine depuis la
implique souvent celle des ra vages du temps à débu t de ce Révolu/ion jusqu 'à la paix de
ce co mpt e le Centre Pompidou el 1'Opéra sièc le Charles 1919.
Basrille joyaux de 1'architecture parisienne et Seignobos

6. Fréquence FDM - N° 299


écrivait tout incident passé f ait partie de L'his- toute parole sociale entrent dan s la catégorie
toire aussi bien le costume porté par un paysan des objets historiques el le mol ne devrait plus
du 18' siècle que La prise de la Bastille ainsi la pou voir s ig nifier mémorable et exceptionne l
vie urbaine les tra vaux des champs el de L'usine mais Les b es oin s d e la mise e n vale ur
les modestes réalités des activités quotidiennes consomment lous les mots disponibles historique
s ont aujo urd 'hui co ns idé rées c omm e d e est un bon ser viteur de la publicité el d e la
l 'histoire à part entière tout événement collectif propagande •

JOE DASSIN «SIFFLER SUR LA COLLINE»


J e l 'ai vu e près d ' un lauri er 1 Ell e bouquet d 'églantin es 1 J'ai cueilli des fl eurs
gardai t ses blan ch es brebis 1 Quand et j 'ai s iff lé tan/ qu e j 'ai pu 1 J 'a i al/e ndu
j'ai d e ma n d é d ' où ve nait s a p e au al/endu 1 Elle n 'est jamais venue 1 A la foire
fraîche elle m 'a dit 1 C'es t de rouler du village un j our je lui ai so upiré 1 Qu e j e
dan s la r osée qui re nd les b ergè res vo udrais ê tr e un e pomm e s usp endu e à un
j oli es 1 Mais quand j'ai dit qu 'a vec p ommier 1 Et qu 'à chaque fo is qu'elle passe
elle j e vo udrais y rouler auss i 1 Elle elle vienne me mordre dedans 1 Mais elle est
m'a dit elle 111 'a dit d'aller siffler /à-haut sur p assée toul en me montrant ses jo lies dents 1
la c ollin e 1 D e l 'at te ndr e a vec un p e tit Elle m 'a dit ... •

UN TÉLESCOPE GÉANT

Laure11t Salters - On passe de la colline Ku11th - Lorsque les quatre télescop es sero nt
à la m ontag ne rubriqu e scie nces o u mis en bal/erie eh bien on sera capable depuis
comm ent fouill er dan s les étoiles sur Paris de voir des détails aussi p etits qu 'un p etit
FDM à l 'aid e du t élesco p e g éant p ois dan s la ville de N ice voyez dan s quelle
construit par les Europ éens au Chili au précision on p eut voir - Bruno Roug ier- Si les
somme t du mont Parana/ 1'eng in sera astronomes veulent des obser vatoires de plus
pleinement opérationn el en 2003 il sera en plus puissants c 'est p our voir plus loin dans
alors composé de quatre miro irs géants toul l 'uni vers e t d éco uvrir no s orig in es Dani e l
simplement le télescope le plu s puissant du Briand astronome à l 'observatoire de Meudon
monde les Fran çais ont payé un quart de la - Daniel Briand- C 'est vrai qu 'on cherche un
fa cture les rêves d 'étoiles n 'ont pas de prix petit p eu les origin es de toutes les structures
Bruno R o ug i e r Bru11 o Roug i e r qui constituent les briques de l 'astronomie et
L 'obse r vat o ire co ns truit au Chili par l es de 1'astrophys iqu e c 'est-à-dire à quelle date
E urop ée ns es t uniqu e d 'ab ord par so n exactement s 'est fo rmé 1'uni ver el puis sui vant
emplacement situé au sommet du mont Parana l que lles phases do nc 1'orig in e des g alax ies
il bénéfi cie de trois cent cinquante nuits sans comment se sont-elles form ées et exactement à
nuages par an et 1'humidité atmosph érique y quelle époque puis ensuite l 'origine des étoiles
es t partic uli è re ment faibl e des co ndition s li ée à la formati o n d e 1' é toil e e h bi e n l a
id éales pour 1'o bse r vati o n as tronomiqu e fo rmation d es plan è t es e t d es systè mes
chac un d es quatre télescop es disp ose d 'un planétaires et ça c 'est vraim ent un th ème qui
miro ir géant de 8 mètres 2 0 de diam ètre ce est en train d 'exploser actu ellement qui es t
miroir a été p oli par un e société ji-ançaise le vraim e nt très important ce scénari o d e
travail es t te ll e m e nt parf ait qu e s i on co mm ent comm e nt se form e nt les plan è tes
1'ag randissait à la taille d e la Fran ce ses quels ty p es de plan ètes s e form ent à quelle
déjàuts f eraient moins d 'un millimètre de haut distance des étoiles là clairement on commence
pour obtenir une image d 'excellente qualité la à avoir vraim ent des débuts de réponses mais
courbure de ce miroir souple est contrôlée en ç a c'est bi e n un th è m e qui se d éve lopp e
p e rman e nce par un j e u de cent c inquante énormément - Bru11o Roug ier - Grâce à leur
vérins pilotés par ordinateur à term e il sera implication dan s ce proje t l es Françai s
possible de coupler les Jàisceaux lu1nineux des b é néfi c ieront d e près du li e rs du te mp s
quatre té lesc op es ce qui f orm e ra le plus d 'observation de ce nouvel observatoire ils ont
puissant eng in du monde ses p e1jorman ces d on c tout es les chan ces d 'ann o nce r d 'ic i
se r o nt ex tra ordinaires D anie l Kunth d e quelques années des découvertes de première
1'In stitut d 'astrophys ique d e Paris - Da11iel importance •

Fréquence FDM- N° 299 . 7


1.; PUBLICITE «CENTER PARK»
t(/ - Center Park ça ne se raconte pas ça se quand même des possibilités d 'activités quand
·......__ vit- Moi j e trouve que c 'es/très agréable
co mm e cadre bon ça correspond à ce
vo us êtes mère d e famill e s inon vo us vo us
prenez la tête à di re qu'est- ce qu 'on va leur
que j'a im e c 'est- à -dire la nature les f aire f aire c 'est une fo rmule que j e trou ve très
endroits où chacun est chez soi avec des très bien - Center Pa rk en No rmandie et en
tas de possibilités don c chacun est libre Sologne brochure gratuite et réservations au 0
de fair e ce qu 'il veut pour les enfants 80 3 8 02 8 02 0 8 03 8 02 8 02 1 f ran c 49 la
aussi parce qu 'il fasse beau pas bea u il y a minute •

PETIT DICTIONNAIRE DES COMMUNES DE FRANCE

Roger Ardui11 - La Fra nce co mpte un Atlantiques à 25 kilomètres de Pau et c 'est/a


p e u plu s d e 36 000 co mmun es e t p r emi ère co mmun e d e Fr an ce par o rdr e
chacune bien sûr se veut différente mais alphab é tiqu e or c urie use me nt la derni èr e
ce rtain es y parvi e nn e nt mi e ux qu e co mmun e d e Fran ce t o uj ours par ordre
d'au tres ain si savez-vo us q ue d e ux alph a béti que b ie n sû r c'es t Zuy tp ee ne qui
co mmun es so nt d o u b le men t d es s 'écrit z-u-y -1-p-deux e-n-e et elle se trou ve
extrêmes la première Aast qui s 'écrit a- près de Dunkerque à l 'autre extrémité de la
a-s -t es t s itu ée au s ud da ns les Py rénées - France dans le nord •

LES CENT ANS DE L'OM

Laure11t Salters - Et on repart dans le certains comme Bern ard Tapi e so nt allés en
1.; sud to ujours avec Roger Arduin pour
finir en reprise de volée avec du foo tball
prison l 'DM a vraiment/out connu l'honneur à
Muni c h en 93 a vec la Co up e d 'Eur op e e t
~/...-~ l 'DM le club le plus célèbre de Fran ce quelques mois plus tard le déshonneur avec un
f ête ses ce nt a ns - Roger Arduin - A six ième titre de champion retiré pour fl'aude à
peine achevées les fê tes de la Coupe du Valenciennes malgré ses hauts et ses bas l'DM
\ ......_ m o nde d e foo tball Marse ille va détient aussi des records d 'affluence dans son
ma in te nant céléb rer j us q u 'en juill et 99 le temple le stade Vé lodro me a vec des clubs de
centenaire de l 'DM l 'Oly mpique de Marseille supporters passionnés qui s 'apprêtent à fê ter ce
douze mois de fê tes pour un club qui à l'image jeune centenaire - Le centenaire de 1'OM c 'est
de sa ville ne laisse jamais personne indifférent qu 'un e fo is mais c'est plein de souvenirs plein
et surtout pas son maire l 'ancien ministre Jean- de gloire plein de bonheur plein de joies et plein
Claude Gaudin - Jean-Claude Gaudin - Pour d 'avenir pour ceux qui arrivent parce que nous
moi l 'DM c'est avant tout le meilleur j acteur on va partir l 'DM existera toujours - J'esp ère
d 'intégration dans cette ville l 'DM apporte un du moins qu 'on pourra fê ter les deux cents trois
calm e social apporte un e fr a ternité dans le ce nts quatre ce nts e t c inq ce nts an s d e
stade un élan vers le succès et donc arri vé au 1'Oly mpique de Marseille parce que ça fait
centenaire c'est l 'occasion de fes ti vités fes ti vités partie de la culture marseillaise - Ce centenaire
auxquelles bien entendu toute la ville va adhérer c'est cent ans de j eunesse monsieur c'est cent
-Roger Arduin -A vec dix coupes de France un ans de fitsées cent ans de buts c 'est cent ans de
record cinq titres de champion et la première de joies de cris - C'est notre vie c 'est la f amille
Coupe d 'Europe de f oot remportée par un club et le f ait du centenaire de l 'DM c'est comme si
français l 'DM en cent ans a tout connu des très c 'était quelqu 'un de ma f amille qui fê te ses cent
grands j o ue urs d e S kob lar à Papin de ans et on va les souh aiter avec f er veur avec
Magnusson à Cantona de Ben Barek à Ra vanelli toutes les bougies et tout ce qu 'il faut hein et
spécialiste aussi de la valse des entraÎneurs plus dans cent ans encore on parlera encore de l'DM
de vingt en quarante ans et des présidents do nt mais malheureusement moi j e serai plus là •

8. Fréquence FDM - W 299


simulation

EXERClC DE SIMULATION :
'AIVIPAGN ÉLECTDR~LE
2 . Dé finir pa r équipe l'o ri e nt ati o n id éo log ique du pa rti ( pa rt i d e
PUBLIC ga uc he, de dro ite, éco log ique . .. ). Che rche r un no m , un sy mbo le
Bon niveau intermédiaire o u niveau avancé et un slogan po ur le pa rti .
OBJECTIFS : stimuler 3. Autour d u prés ide nt de pa rti , fa ire un c ho ix des suj ets à traite r et
- la communicatio n (ut ili sat io n d'un code écrit ora li sé à conno-
éta blir la c hronol og ie de la présenta ti o n. Il faudra au minimum :
tation persuasive)
un e prése nt a ti o n d u pa rti e t d e so n id éo log ie, un e sé rie d e
-l'interaction socia le (travai l en équipes)
mes ures à réa lise r s i le pa rti gag ne les é lecti o ns et un appe l à
- la dramatisation (jeu de rôles)
so utenir le parti e n q ues tion. Déc ide r également so us qu e ll e
- l'uti li sati on du vocabula ire appris
fo rme o n va présente r le ma ni fes te é lecto ral.
Durée : - 1 heure pour la préparation
-environ 15 minutes par éq uipe pour la présentation 4. O rgani ser la campag ne é lecto ra le : c hacun reçoit des cons ig nes
bien préc ises, e n fo ncti o n de son rô le, et rédi ge le texte qu ' il va
SUPPORTS DIDACTIQUES
prése nte r. S ' il s ' ag it d ' appre na nt posséd ant un bo n ni veau, il
- fiche consignes pour chaque équipe
pe ut être stipul é qu e seul e la pri se de no tes est pe rmi se e t no n la
-fiche contenant les formules les plus importantes (Voir
rédacti o n d ' un te xte complet.
Annexe)
-dictionnaires bilingues
5. Ré unio n dé fini tive : mi se e n co mmun e t de rni è res co rrect io ns .
-(si possible) publicités électorales ...

Cet exe rc ice été pratiqu é avec des é tudi ants e n droi t et e n scie nces
po litiqu es . Il s ' insère d a n s d es co ur s d e vocab ula ir e visa nt
l' appro pri ati on du fo ncti onne me nt des instituti o ns po liti q ues et est à
Ce pa rti est prése nt é lo rs d ' un e co nfé re nce de pre sse o li le
c h a qu e fo is acc ue i Il i avec bea uco u p d'e nth o us ias m e p a r les
pr ofesse ur a in s i q u e les a utr es é tudi a nt s jou e nt le r ô le d e
appre nants.
j o urn a li ste . C haque me m bre du pa rti est o bli gé de pre ndre la paro le
pe nda nt que lques minutes. P o ur conv a in c re les audite urs, l' usage de
L e b ut es t d e c rée r un p a rti po lit iq ue nouveau (no n p as un
contrevérités et d 'exagéra ti o ns pe ut être nécessa ire o u util e.
n o u vea u p a rti p o litiqu e !) . L es p as ti c hes so n t to lé rés ( m es
é tudi a nt s, o bse rva nt d ' un œ il c ritiqu e la po liti q ue po liti c ie nn e Si l'infras tru c ture d e l' in s tituti o n le pe r me t, l'e nsei g na nt (fa it )
te ll e qu 'ell e sév it ac tu e ll e me nt e n B e lg iqu e, les adore nt !) ma is e nreg istre( r) l' é mi ss io n à l' aid e d' un magné toscope .
ce lui qui l 'e nt e nd pe ut éga le m en t crée r un pa rti po litiqu e L 'e nse ig na nt n ' int e r v ie nt d o nc pas p o ur co rri ge r les e rre ur s
«série ux ». co mmi ses pe nd a nt l'é mi ss io n. Au cas o ù cell es-ci sera ient trop
no mbre uses, il pe ut y c onsac re r un e se ss ion pe nda nt le mom e nt
d ' éva lu a ti o n. S i les é mi ss io ns so nt e nreg is trées , l' e nse ig na nt y
co nsacre égale me nt une éva lu ati o n avec les a pprenants.

VËRONIQU E SANCTOBIN
Kul e uver- ILT
1. Fo rm er des partis po litiqu es (enviro n 5 é tudi a nts pa r pa rti ) . Be lgi qu e

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


simulation

-..
"''
·~- .....~ ........
• l'hoo"'

...
....._,...,..._
""'
...._ ... ~.,~~>111' ......
-~.---.--:
-~ .... .. .__
,
~

Choisir le président le plus efficace. t.rdlw~lt/~


~pM'ûcuttu,._{;!~
f'M'·~IC.,C"fkiQCNÏJm(o

~~ ......... .:~,.....,., .. ~
.....,.,..,.,.. ____ ...... ,...,
......
~ ·~--""
.. ~r~.;.,.~ ..
..,., *l.l"'--*ow""""l..,_,. •
_....,._,..._. .....l:<j..-b~

.. ,~~t. ........ .,. •••


"" ......., . . èll .. _
~
- J•
~--- ·~
UW~r,.ap.oholr.-.~0
~dt'*"""-'Cftt.>lWitf......
f.!pi< . . . . . . . . . .
................
,..,ir
_kt

ANNEXE: VOCABULAIRE CONCERNANT LA POLITIQUE (APERÇU NON EXHAUSTIF)


la Belgique est un e démocratie représe ntati ve les élect ions ont lieu le 24 novembre
__. les électi ons sont libres et secrètes
la légis lature se termine Je droit de vote
__.,orga ni ser des élec tion s le vote obligatoire
un mandat parlementaire expire le suffrage universel ( • le suffrage censitaire
précipiter les électi o ns = o rga ni ser des é lecti o ns
anticipées é lire> les élus
l' é lecteu r entre dans la salle de vote et se retire dans
les é lec tions communal es/pro vi nc iales/natio na les ou un isoloir
législati ves voter pour quelqu ' un
un e circonscripti o n é lectoral e voter soc ialiste= donner sa voix à un candid at
(sociali ste)
les conservateurs ~ ~ les progressistes libéral
l'ex trême-gauc he, la gau che, le centre, la droite, blanc
!·extrême-dro ite un bulletin nul = non va lab le H valable
blanc
envoye r des représentants à la Chambre
= présenter des candidats aux é lecti ons la défaite d ' un parti - remporter la victoire aux
=désigner un candidat électi o ns
(-~ se présenter aux é lecti ons =se mettre sur un e liste obtenir X % des voix
é lectora le remporter la majorité abso lue_. tenir ses
--+ fonder un parti politique> Je fondateur promesses électorales
la ncer une campagne électoral e _. les partis politiques vont répartir les s ièges
di stribu er des pamphlets
é laborer un programme
délimiter les obj ectifs prioritaires

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


test

DES TESTS
3/ Créer des questions et des réponses .
OBJECTIFS 4/ Présenter le test (cette étape peut s'écrire à n' importe quel autre
Apprendre à construire un test de psychologie fac il e. moment).
Par extension, aborder la maîtri se de la di alecti q ue di sc ursive. SI Soigner la présentati on (si possible à l'ordinateur).
Syntaxe de l' interrogati f. Remarques : - Penser également à l' illustration susceptible d' accom-
PUBLIC pagner le test.
De fau x-débutants à ava ncés . - Reveni r constamment à l' imaginati on et à l' humour pour rendre le
test le plus attrayant possible
DURÉE
Deux séances de 90 mn. Conseil : Penser à la conception d' un roman policier ; seul l' auteur
du roman connaît la fin . Ainsi, en rédi geant son ro man, il peut semer
MATÉRIEL son parcours d'embûches ou d' indices, ou d 'embûches qui seraient
Tests ex traits d' Okapi ou quelques tests fac iles pour enfants et autant d' indices et vice versa.
adolescents. Par exemple pour le thème : Es-tu sportif ?, on pouiTait avo ir la ques-
tion sui vante :
Par quel moyen te rends-tu à l'école ?
En bus.
À vélo.
Au pas de course, avec ton vélo sur l'épaule.
- Faire le 1 les tests d' Okapi. (doc 1 et 2)
- Faire observer le test du point de vue de la structure (c'est aux ap- Applications :
prenants de trouver, au besoin, on pe ut orienter leurs recherches par 11 Collectivement, rec he rche r des th è mes. Les note r au tab lea u.
quelques questi ons). In variablement, on remarque le schéma sui vant Associer les th èmes sembl ables (a udac ie ux, actifs, co urage ux par
11 Titre, questi on initiale: Es-tu, as-tu, crois-tu ... exemple), penser aussi aux thè mes négati fs (timide, bavard .. .)
2/ Présentation en deux, trois lignes du test. 2/ Par groupes de 3 ou 4, choisir soit un thè me commun à tous les
3/ Questions (une di zaine), trois réponses par questi on (précédées groupes (ce qui permettra en phase fmale de sélectionner les meilleures
d' un symbole, d' une lettre .. .). questions 1 réponses), soit un thème selon les affi nités de chaque groupe
4/ Comptage des points. (ce qui pem1ettra à chaque groupe de se tester aux tests des autres).
51 Caractères attribués (tout à fa it, moitié moitié, pas du tout, avec 3/ Travail de groupe sur le test : recherche de la question titre, de la
des consei1s) . présentati on, des questi ons 1 réponses, des caractères, de l' illustrati on
Remarque : Humour et imagination. légendée- les rôles sont préalable ment délégués.
4/ Cas du test de thème commun.
Collecti ve me nt, recherc he r les questi o ns/réponses les plu s pert i-
nentes, les plus drôles et les plus originales (ajouter, retrancher, amé-
liorer est bien sur conseillé ici - un élève peut avoir l' idée soudaine
d' améliorer telle questi on ou telle réponse de l' un de ses camarades) .
Phase de recherche : SI Cas de tests de thèmes différents.
Comment procéder pour concevoir un test (les fa ire réfl échir) ? Les groupes s'échangent leur test. Chacun s' amuse à le faire. Il est
11 Chercher le thème du test que l'on veut élaborer. également possible et conseillé de proposer des améliorations.
2/ Définir les caractères (les écrire- il n' est pas interdit d'y reveni r SI Mise au propre (machine à écrire, ordinateur, belle écriture calli-
plus tard pour amélioration). graphiée . ..)

LE FRANÇAIS DANS L E MONDE N" 299


------- ----- -----------------

test
Pour la suite :
Faire le rapp rochement entre ce test et la di alectique di sc ursive.
- Le thè me, la présentati on du test correspondent à la problé matiqu e
et à l' introducti on.
Pub licati on du test dans le journ al de l'école (s i plusieurs tests ont - Les questi ons 1 réponses co rres po nde nt au déve loppement selon
été produits, en publier un à chaqu e numéro), que ce journa l soit ou un plan progressif (on peut envisager de c lasser les ques ti ons selon
non en français. un certa in ordre - du moins au plus important .. .).
Proposer le(les) tes t(s) aux é lèves des ann ées précéde ntes. - Les ca ractères corres pondent plus o u mo in s à la co nclusion.
L' e nvoyer à l' établi ssement ou la c lasse francophone avec lesque ls Cet exercice peut do nc fa ire l' obj et d ' un pre mi er cours sur le DALF
un jume lage s' es t o péré. (B3, B4 surtout) afin de démontrer 1' importance de la di alectique si
Parti cipati on au j ourn al fax du C LEMI. pri sée par les Françai s e n ce domaine.
L' inc lure dans la page web de J'école s ' il y a lieu ... ËRIC KU LI NSKI
Zilina (Slovaqui e)

ÊTES-VOUS INFLUENÇABLE

A llez-vous dans Je sens du ven t. co mme le roseau ? Ou résis tez-vous co mme le b) D'assez loin .
chêne? Bref, les innuences (bonnes ou mauvaises) ont -elles prise sur vo us? c) De tellement loin que vo us l'avez pe rdu e de vue ..

1 Vous avez déc idé de vous in scrire au wa ter-polo .. 6 Si vous étiez un animal. vous seri ez ..
a) Parce que votre meilleur ami s'y est in scrit. a) Un âne.
b) Parce que vo us adorez ce sport. b) Un loup.
c) Parce quïl n'y avait plus de place a ille urs. c) Un caméléon.

2 Lorsque votre journal préféré vous recommande chaudement un film .. 7 L'écrivain Jean-Paul Sartre a dit : «Erre libre. c'est savoir dire 11011 .»Qu'en
a) Vous tenez compte de ceLavis. et vous allez voi r le lïlm. pensez-vous?
b) Vous attendez qu'un de vos ami s y ai lle pour savoir si c'es t bien. a) Toul à fait d'accord.
c) Vous anendez de voir un extrait ou deux à la télé. b) À moitié d' accord.
c) Pas du tout d'accord.
3 Qui décide de votre coupe de cheveux ?
a) Vous.
b) Votre mère.
c) Votre coi ffe ur.

4 T ous vos copain s o nL escaladé un énorm e rocher, pointu et super glissant. Et 8 Di scuss ion animée en ramill e sur un sujet qui vo us tient à cœur. vos parents,
maintenant c'est à vo us.. rrères. sœurs. oncles, tantes, cousins. cousines, . . . sont tous contre vous.
a) Quine à passer pour un trouillard, vo us re fu sez. a) Vous restez sur votre position. quitte à vous râcher avec tou s.
b) V ous vous lancez, mais franchement vous ne trouvez pas ça drôle du tout. b) Les arguments utilisés par vos interl ocuteurs vous troublent. si bien qu'à la fin
c) Vous faites Je tour du rocher. et vous tro uvez une autre voie, beaucoup moins de la discussion vous ne savez plu s quoi penser.
dangereuse. c) V ous tenez compte de ce qu'on vous a dit, mais cela ne change pas vos convic-
ti ons.
5 Vous sui vez la mode ..
a) De près.

moins de 13 points restez ferme. Et c'est tout ~t votre hon-


Brin d ' her be ne ur. Avoir des va leurs, et les dé-
MAINTENANT REPORTEZ-VOUS V ous savez vous montrer souple. par- fe ndre que lle s qu e so ient le s
AU TABLEAU POUR CALCULER VOTRE SCORE ... fois même un peu trop. Ce qui peu t circonstances. es t une preuve d'indé-
vous entraîn er (sans doute par peur de pendance d'esprit et de caractère.
passer pour un imbéc ile) à fa ire des
choses que VOUS n' avez. au rond de plus de 19 points
2 3 4 5 6 7 8 vo us. pa s vraiment en v ie de raire.
Séquoia
Écoutez votre conscience. Faites ce
Diffi c il e d e vo u s faire c han ger
qui vo us semble être bien pour vous eL
d'avis .. . ou de vo us influen cer. une
a 3 2 3 3 3 les a utres : c'est e nco re le plus sur
fois que votre opinion est faite. C'est
moyen d 'être pleinement vo us-même.
même un trait marquant de votre ca-
b 2 2 2 2 2 d e 13 à 19 points ractère. Vous êtes déterminé(e), opi -
Saule niâtre .. . Bref. un rien Lêtu(e), pour
Comme tout le monde, vous subissez touL dire. Mai s soyez o uve rt (e) à la
c 3 3 2 3 3 2 des influences. car vous êtes à l'écoute discussion. Sachez écouter les avis des
du monde e L des être s hum a ins qui autres. même si vo us ne les partagez
vous environnent. Mais i1 y a malgré pas .. . Ca r les désaccords stimul e nt
touL des principes sur lesq ue ls vo us lïntelligcnce.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


tion abdominale. Ces exercices ont eu lieu dans la cour là où il y En tout cas, il me semble que les élèves ont appris beaucoup de
avait beaucoup d 'élèves, et s'avérèrent très efficaces, pour les choses importantes- visibles ou invisibles- grâce à cette expérience.
élèves timides qui sont devenus audacieux et pour la publicité de
la représentation.
* *
• Après la classe, on a commencé par la répétition du texte, en
*
Bien qu ' il y ait beaucoup d'obstacles, je suis sûr que la représen-
passant par la répétition sans texte, pour finir par la répétition
tation d'une pièce, qui suscite la motivation des élèves, se classe
générale .
parmi les premières méthodes pour qu'on puisse parfaitement
apprendre une langue étrangère.
Ce grand succès de représentation en japonais a motivé mes élèves
Car cela nécessite non seulement des acquisitions linguistiques,
à représenter cette pièce en français au 13e Festival de français.
mais aussi la compréhension des situations où nait et se forme
un langage.
Préparation pour la représentation en H ARUTO 5 HIRAI
français Lycée Gyose1, Tokyo (Japon )
Deux mois plus tard, le moment de préparer pour la représenta-
tion en français est arrivé. Avant les vacances d'hiver, j'ai distri-
bué aux élèves le texte : Molière : le Bourgeois gentilhomme
adapté en français facile par Georges Gonnet (Hachette, 1971,
79 p.). Si nous l'avons sélectionné comme le texte de base, c'est
que l'édition originale est trop difficile pour les lycéens ; usages
classiques des mots.
Notre projet a été réalisé par étapes :
Lecture attentive du texte en classe : 25 heures ont été consa-
crées à cet exercice. Pendant la classe, d'abord, les personnages
provisoires ont lu à haute voix, et puis nous avons traduit le texte
en japonais, en expliquant des expressions importantes.
Examen de fin de première année : le texte a servi de base à
l'examen de fin de première année (traduction en japonais des
exclamations et des phrases, composition avec les expressions) :
Un texte pour une représentation de 45 minutes a été rédigé et
le metteur en scène, les acteurs ayant joué la pièce en japonais
ont repris leur rôle. Tout le monde s'était attaché à son rôle et
voulait jouer le même rôle encore une fois.
Après les cours, les répétitions ont porté successivement sur la répéti-
tion, avec le texte, puis sans le texte et par scène, enfin sans texte.
Au total deux fois plus de temps a été nécessaire pour la mise au
point de la représentation en français .

Après la représentation
Discussion en classe sur la représentation en regardant la vidéo
Quelques jours après le Festival, en classe de français, nous avons
eu une discussion sur la représentation, en regardant la vidéo.
Cette représentation a permis aux élèves de donner leur opinion
sur l'importance de cette expérience, sur le plaisir à avoir com-
muniqué en français en dehors de la classe, sur la découverte et
le désir d'étudier le théâtre français à l'université , sur le fait
d'avoir parlé français devant les Français.
Restent quelques doutes sur la capacité de compréhension des
spectateurs, sur la difficulté de la prononciation et de l'intonation
LES FOURBERIES DE SCAPIN·
du français, sur la pertinence des gestes.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


(mauvaise maitrise des termes de subordination, ruptures de
construction ), de vocabulaire (terme non approprié au
contexte, registre de langue, néologisme), ou d'orthographe,
les critères d'évaluation d' un texte écrit restent aléatoires,
subjectifs, pour ne pas dire arbitraires .
ÉVALUATION Le correcteur s'en tient le plus souvent à des appréciations
, plus ou moins vagues . Lorsque cela est possible (nous verrons
dans quelles circonstances), l'enseignant « consciencieux »

EVALUER LES propose une autre formulation. Consciencieux peut-être, mais


efficace, c'est moins sur, car le corrigé proposé permettra-t-il à
l'élève de comprendre pourquoi son énoncé ne convient pas ?
PRODUCTIONS Rien n'est moins sur dans la mesure où le problème généra-
teur du dysfonctionnement n'aura pas été véritablement iden-
tifié par le correcteur.
ÉCRITES DES C'est que souvent le problème ne peut être identifié, ni donc
traité, si l'on s'en tient à l' unité phrastique : ce qui est en

APPRENANTS question ce sont les phénomènes d'enchainement des


phrases, c'est-à-dire, d'une part ce que J.M . Adam appelle « le
mode de liage des propositions », mais aussi tous les procédés
MARIE-CLAUDE ALBERT de reprise anaphorique . Or, si les enseignants maitrisent ce qui
concerne la phrase, dont la construction répond à des règles
Notre propos n'est pas de nous situer sur le
terrain de l'évaluation sommative, telle que
nous sommes tenus de la pratiquer lors des
certifications comme le DELF ou le DALF,
mais de voir de quelle manière, dans la
pratique de classe, on peut mettre en place
des procédures de remédiation plutôt que
de correction des productions écrites des
apprenants.
Cela implique la prise en compte d'une
évaluation formative, c'est-à-dire d'une
évaluation pédagogique qui ne soit pas une
sanction mais une aide, ce dont la plupart qui leur sont en partie connues, en revanche pour les dysfonc-
des enseignants sont convaincus, mais sans tionnements affectant le texte, les règles de bonne formation
disposer toujours des outils leur permettant textuelle leur échappent. Le correcteur évalue donc la compé-
tence grammaticale des élèves, mais il manque de moyens
de la pratiquer. pour évaluer la compétence textuelle . (Ceci est valable aussi

Si l' on se réfère à sa propre pratique d'enseignant, ou si on


bien en français langue maternelle ... )
Lorsque nous demandons aux apprenants de produire des
ana lyse des textes d' apprenants déjà corrigés, on constate textes, ce sont des textes que nous voulons évaluer (et non
que, en dehors de certaines corrections concernant des des suites de phrases). Il s'agit donc dans un premier temps de
problèmes de morphologie (formes verbales incorrectes, s'interroger sur ce qu 'est un texte ; ce qui nous amène à nous
concordance des temps, mode non adéquat), de syntaxe (re)situer dans la perspective de la dichotomie saussurienne

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


LANGUE 1 PAROLE: accumulant les redondances, ce qui freine la progression thé-
L'écrit-langue concerne l'unité phrastique, la syntaxe étant pri- matique : leur texte « piétine ».
se comme un système en soi, isolable, indépendant des as-
pects fonctionnel s du langage . La prise en compte du
C RÉATIVITÉ DISCURSIVE ET TYPE DE TEXTE
conte xte, de la dimension interphrastique, mais aussi du
contexte pragmatique de la situation d'écriture nous situe
dans l'écrit-parole . La créativité discursive, c'est surtout la capacité de mettre en
œuvre une activité discursive propre à un type de texte parti-
culier. Si l'on souscrit à la définition du mot « discours » pro-
posée par J.C. Beacco et M . Darot (1984) : « par discours il
faut co mprendre le modèle auquel les textes doivent se
conformer si l'on désire qu'ils soient tenus pour appropriés »,
C RÉATIVITÉ DISCURSIVE ET COMPÉTENCE on voit que la compétence textuelle a une dimension pragma-
t ique : il faut prend re en compte les conditions de production
EXTRA - LINGUISTIQUE du texte . Chaque type de texte est caractérisé par un en-
semble de régu larités qui concernent d'une pa rt les actes de
Soit le texte suivant (1), extrait de la presse :
paroles et les opérations cognitives, d'autre part les marqueurs
énonciatifs.
(1) Monsieur F. Bayrou a visité plusieurs établissements de la ré-
gion parisienne. Le Ministre de l'Éducation nationale ( 1) pré-
tendait ainsi mieux appréhender les p roblèmes auxquels est f RANÇAIS ÉCRIT 1 FRANÇAIS PARLÉ
confronté le personnel éducatif. L'auteur de Henri IV, le roi
libre s'est entretenu également avec des délégués d'élèves.
La compétence discursive req uiert éga lement que le scripteur
conna isse les différences ent re les struct ures de l'oral et celles
La séquence n'est explicite que pour un lecteur qui sait que
de l'écrit. En effet certains problèmes, certains dysfonctionne-
M . Bayrou est ministre de I'Ëducation nationale, et qu'à ce
ments résultent d'interférences mal contrôlées entre les deux
titre il a visité des établissements scolaires ; que par ailleurs
codes . Ces interférences concernent soit les pa rticularités syn -
M . Bayrou a pub lié assez récemment un livre sur Henri IV, ce
qui n'est pas surpre nant puisqu ' il est professeur lui-même, t axiques, soit les particu larit és lexica les .
spécialiste du xv1• siècle sans doute, et de plus originaire des
Pyrénées ... mais cela n'est pas censé être connu de tous les Particularités syntaxiques
lecteurs, et en particul ier de lecteurs étrangers. À l'oral, le découpage en phrases est artificiel car les groupes
De même, dans la séquence (2) : syntaxiques ne coincident pas avec la segmentation de l'énon-
cé (accent d' intensité, pauses, int onation) . Cf. les travau x de
M . Liebre-Peytard . Ce qui caractérise l'oral, ce sont les phrases
(2) Grogne à l'Université : les professeurs s'insurgent contre segmentées avec con stituant détaché, du type : L'enfant, s'il
l'augmentation des services d'enseignement ; les équipes de n'arrive pas à s'adapter au système scolaire, il est perdu, en-
recherche revendiquent une plus large autonomie ; les labora- t rainant une reprise anaphorique qui est proscrit e à l'écrit.
toires manquent de moyens ! Par ailleurs, dans ces énoncés segmentés le recours à la subor-
dinat ion est rare, alors que l'écrit l'exige, ca r il se veut plus ex-
Pour comprendre le sens global de cet énoncé - les universi- plicite (à la différence de l'ora l, le scripteur ne peut pas reveni r
taires revendiquent de meilleures conditions de travail - le lec- su r son message, le reformuler, du fa it de la non-coïncidence
teur doit savoir que professeurs, équipes de recherche et entre temps de l'énonciation et temps de l'énoncé. De même
laboratoires sont des parties constitutives de l' Université et, à les connecteurs transphrastiques (mots de liaison entre les
un titre ou à un autre, so nt tous des hyponymes de phrases) sont nécessaires à l'écrit tandis qu 'à l'oral le locuteur
« un iversita ires » . se contente souvent d' une mise en relation impl icite entre
C'est parce qu'ils ne partagent pas certaines de ces connais- deux énoncés successifs .
sances extra-linguistiques que les apprenants en FLE ont par-
fo is du ma l à intégrer dans leurs textes certains éléments ex : M . X raconte à un ami un accrochage dont il a été victime
d'information : ils procèdent alors par paraphrases successives, (récit oral)

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


le maniement des termes familiers, vulgaires ou argotiques,
n'est pas exclu, mais il implique que le scripteur ait conscience
des effets qu'il produit lorsqu'il les emploie.
En situation de classe de langue, les productions écrites d'un
apprenant fournissent des informations sur la façon dont il
construit son système discursif au cours de l'apprentissage et
sur les capacités qu'il a développées pour organiser son dis-
cours à l'écrit, c'est-à-dire pour acquérir une compétence qui
n'est donc pas seulement grammaticale, mais textuelle.
Or les grilles d'évaluation qui sont proposées s'inspirent des
grilles d'évaluation de l'oral (adéquation à la situation 1 respect
de la consigne 1 compétence grammaticale!). Elles ne permet-
tent pas une évaluation fine des productions et n'orientent
pas l'enseignant vers des procédures de remédiation. Même
lorsque est ajouté à la grille d'évaluation le critère : cohérence
discursive, ce que recouvre ce terme est laissé à l'appréciation
du correcteur.
Je reprendrai à mon compte, mais en en modifiant l'acception,
deux termes utilisés par Ch. Tagliante (1991) pour désigner les
La route était en mauvais état, il y avait des travaux entre Saint Vit et fonctions de l'évaluation : prognostic et diagnostic. Plutôt que
Orchamp, alors pas question de rouler vite, je faisais au plus du 60,
et à un endroit ça se rétrécit comme passage,; là justement il avait de désigner comme prognostic la prédiction du « niveau de
deux cyclistes, je voulais pas les dépasser là ; j'ai encore ralenti; il y compétence qui pourra être atteint par l'élève, en fonction des
avait une voiture qui roulait derrière moi, j'ai appuyé plusieurs fois objectifs poursuivis dans le futur cursus », je lui assignerai la
sur le frein pour l'avertir ... la voilà qui déboite quand même ! Juste fonction d'établir les objectifs à atteindre lors d'une activité
à ce moment là un camion sortait du chantier ...
d'écriture ; objectif final, mais également objectifs intermé-
diaires, pour que soient mis en relation, dès la phase pré-pé-
Mr X écrit un rapport pour sa compagnie d'assurances (récit dagogique, l'objectif à atteindre et les critères selon lesquels la
écrit) production sera évaluée. C'est alors seulement que l'ensei-
gnant pourra faire un diagnostic - que j'entends non comme
Comme il y avait des travaux et que la route était en mauvais état « analyse de l'état de (l'élève) à un moment x, afin de porter
entre Saint-Vit et Orchamp, je roulais seulement à 60 km/heure. un jugement sur son état et de pouvoir ainsi, si besoin est,
A un endroit où la chaussée se rétrécissait encore plus, se trou- chercher les moyens d'y remédier», mais comme analyse de la
vaient deux cyclistes. J'ai encore ralenti afin d'éviter de les dépasser. production écrite x, et évaluation de cette production à partir
Bien que j'aie actionné plusieurs fois le frein pour avertir la voiture
des critères antérieurement établis.
qui me suivait, le conducteur s'est mis à déboiter juste au moment
Que veut-on évaluer lorsqu'on propose une activité écrite aux
où un camion sortait du chantier.. .
apprenants ? C'est l'interrogation qui devrait s'imposer à tout
enseignant. Il ne fait pas de doute que, globalement, elle pré-
Les nécessités d'ordre pragmatique imposent évidemment un side à toute proposition d'activité d'écriture ; mais cela ne suf-
effort d'explicitation du récit écrit puisqu'il y a un enjeu (obte- fit pas : l'objectif final est en général formu lé par l'enseignant
nir de l'assurance le paiement des frais) alors qu'il n'y en a pas (si ce n'est pour l'apprenant, du moins pour lui-même), mais il
dans le cas du récit oral. Mais l'explicitation est particulière- conviendrait de définir des objectifs intermédiaires et de fixer,
ment importante à l'écrit, quels que soient les enjeux. à l'avance des critères d'évaluation ; alors seulement il serait
possible également d'envisager des modalités de remédiation,
Particularités lexicales par rapport aux aspects auparavoot précisés de la compétence
A propos du registre de langue : il est vrai qu'à l'oral, comme à développer.
à l'écrit, il y a danger (sur le plan pragmatique) à mélanger les Rédiger un texte fait intervenir plusieurs niveaux de compéten-
registres de langue. Mais là aussi le locuteur peut « se rattra- ce : une compétence linguistique (compétence grammaticale :
per » et rétablir une harmonie un instant compromise ... L'écrit morphologie, syntaxe ; compétence lexicale) ; une compéten-
laisse des traces et ne peut revenir sur ses pas ; c'est pourquoi ce référentielle («connaissance des domaines d'expérience et

LE FRANÇAIS DAN S LE M ONDE N" 299


des objets du monde » (Moirand, 1982)) ; une compétence Il est donc nécessaire de mettre en relation ce qui constitue les
socio-culturelle ( connaissance et appropriation des règles so- éléments de surface d'un texte (microniveau) et ce qui permet
ciales et des normes d'interaction entre les individus et les d'établir des jugements globaux de qualité (macroniveau), la
institutions, connaissance de l'histoire culturelle » (Moirand, question peut être posée en ces termes : « Quels sont les
1982)) ; une compétence cognitive (compétence qui met en traits concrets, définissables linguistiquement, qui peuvent
œuvre les processus de constitution du savoir et les processus nous aider à d istinguer un texte qui "marche" dans
d'acquisition/apprentissage de la langue) ; une compétence une situation donnée d'un texte qui ne "marche" pas ? »
discursive (ou pragmatique) (capacité à produire un texte cor- (Enkvist, N. E.)
respondant à une situation de communication écrite. Ce qui
ne manque pas de poser le problème de l'artificialité de toute Pour l'évaluation des productions écrites cela pose le problème
production écrite en classe, le seul destinataire des produc- de l'objectivité et de la validité des critères à partir desquels les
tions étant l'enseignant quand bien même en recourant aux enseignants corrigent et évaluent ces productions (cela étant
activités de simulation celui-ci essaie de faire surgir des desti- valable pour tous les domaines, en FLE comme en FLM) .
nataires virtuels variés) ; une compétence textuelle (capacité de
produire) : - un type de texte ; - un texte qui progresse ; - un Un type de texte
texte qui soit cohérent. Les références aux typologies textuelles sont nombreuses et
En matière d'évaluation de productions écrites, ce sont surtout la plupart des méthodes de FLE s'en inspirent pour établir
les niveaux de la compétence linguistique et de la compétence des programmes et des progressions d'apprentissage de
textuelle qu'il convient d'envisager, dans leur complémentarité . l'écrit. Cependant le fait de classer ainsi les textes est remis
en question par les grammairiens du texte (cf . Études de
LACOMPÉTENCE TEXTUELLE Linguistique Appliquée, no 83) . Aucun texte ne peut être
rangé dans un seul type, et il convient plutôt de parler de
Au sens le plus large H. Rück* la définit comme la capacité séquences textuelles (J.M . Adam, ELA, no 83). Il n' en de-
d'utiliser adéquatement ses ressources linguistiques dans le meure pas moins que, dans de nombreux textes (à lire ou à
cadre d'un acte de communication. Mais on définit ainsi la produire), un type de séquence textuelle domine : ainsi
compétence de communication en général. Dans une perspec- peut-on dire que dans le roman réaliste (ex. Zola) les sé-
tive didactique il lui parait opératoire de « dégager une notion quences narratives et descriptives alternent dans des pro-
de compétence textuelle au sens étroit, qui embrasserait sur- portions équiliorées, tand is que dans le Nouveau Roman les
tout les capacités de constitution de cohérence et de délimita- séquences descriptives l'emportent ; dans les deux cas des
tion textuelle à visée fonctionnelle » (p. 52). Le schéma suivant séquences conversationnelles s'insèrent dans la trame narra-
(p . 54), illustre cette perspective : tive, avec le traitement, particulièrement complexe, du dis-
cours rapporté.
Pour prendre un « type » de texte plus souvent proposé en
activité d'écriture, le texte appréciatif - genre critique ciné-
matographique - l'enchainement de séquences expositive,
narrative, enfin argumentative en détermine la macro-struc-

. ~
esqu1sser globalement
'" ' "",. r"'" "'"
concevoir les thèmes _ _ __ _ __.. les coder conformément

le structurer en conformité
ture dans un ordre quasi constamment observé . L'évaluation
d'une production écrite construite sur ce modèle ne pourra
être effectuée au seu l niveau de la micro-stucture, c'est-à-
dire de la compétence linguistique (grammaticale) de l'ap-
prenant. (cf . productions d'apprenants)
un plan textuel avec types et catégories En didactique, il convient par ailleurs de relativiser cette notion
(m"ro~ de type de texte dans la mesure où tout texte produit en situa-
tion d'apprentissage est un genre de texte en soi, caractérisé
par une finalité argumentative : il est destiné à être soumis à
enchainer correctement l'appréciation 1 la correction du professeur, et l'enjeu qui prési-
(m icron iveau) de à sa production est de convaincre celui-ci qu'il s'agit d'une
- progression
-cohérence
bonne performance. Et il n'est pas rare que l'on trouve des
traces de ce niveau de structuration discursive qui va plus ou

LE FRANÇA IS DA NS LE MOND E N" 299


moins altérer le niveau de structuration discursive visé (texte En revanche dans le texte suivant (fait divers) il y a une incerti-
narratif, descriptif, ou expositif ... tude au niveau des reprises pronominales, qui gêne la compré-
hension:
Un texte qui progresse
Une bonne compétence textuel le exige qu ' un texte se déve-
loppe. Le développement d'un texte se fait en continuité Un malfaiteur dont l'identité n'a pas été révélée a été grièvement
(chaque ph rase contient des éléments de rappel de la phrase blessé par des policiers, ce jeudi 13 mars vers 10 h 15, après un
précédente) ; en expansion (chaque phrase doit apporter des hold-up commis dans une agence de la BNP, 7 place Vendôme, à
éléments nouveaux). Paris (1 "'). Son complice a réussi à prendre la fuite avec l'argent dé-
robé, dont le montant n'est pas encore connu, à bord d'un taxi dont
il a menacé le chauffeur. Auparavant, il avait pris en otage un em-
En matière de compétence rédactionnel le le problème consiste
ployé de banque et il avait tenté de s'emparer du cyclomoteur d'un
à introduire des éléments nouveaux sans qu 'il y ait rupture an coursier, M. Bernard Joss. Celui-çi avait alors alerté un car de police-
niveau de l'interprétation, c'est-à-dire que lorsqu ' un élément secours qui passait dans la rue. Ce sont ces policiers qui sont interve-
nouveau est introduit, il faut que le lecteur puisse établir la re- nus et ont blessé grièvement le gangster.
lation entre cet élément et ce à quoi il réfère . Le référent (antécédent) de il est-il « malfaiteur » ou « complice » ?
Répondre à cette question implique un travail laborieux d'interpréta-
tion du texte. Cette indétermination du référent est fréquente dans
les productions d'apprenants .

Plus il y a de thèmes, plus l'activité rédactionnelle est complexe


dans la mesure où il faut veiller à ce que chaque thème réfère
à son propre antécédent ; où la phrase est elle-même de plus
en plus complexe et suppose donc une bonne compétence
syntaxique : de plus, la disposition linéaire des éléments à l'in-
térieur d'une phrase complexe est très importante car les
thèmes sont moins « saillants » lorsqu 'ils se trouvent à l'inté-
rieur ou à la fin d'une phrase ; pour apparaitre comme thème
dominant il doit être placé en position initiale.

U N TEXTE COHÉRENT

On a l'habitude de parler de « cohérence « alors que l'on par-


le en général de ce qui constitue la « cohésion » d' un texte -
problème de terminologie (cf. à ce sujet J.M . Adam, « Ordre
du texte, ordre du discours « dans Pratiques, n°13, janv. 1977)
Exem ple proposé par M.P. Woodl ey (1993) :
La cohérence concerne la qualité globale d'un texte, la cohé-
T1 : Un avion de la compagnie X s'est écrasé lors de son atterrissage
sion concerne les caractéristiques locales et, parmi celles-ci, es-
à l 'aéroport de Y. L'appareil, un Z, etait en provenance de A et
transportait cent dix passagers. Les cent dix passagers ont tous pu sentiellement les procédés par lesquels « des éléments qui
être évacués avant que l'avion ne prenne feu. n'entretiennent pas des relations de structure sont reliés entre
T2 : Un avion de la compagnie X s'est écrasé lors de son atterrissage eux parce que l'un dépend de l'autre pour son interprétation »
à l'aéroport de Y. Les cent dix passagers ont tous pu être évacués (Halliday et Hasan). C'est la fonction des connecteurs, de la
avant que l'avion ne prenne feu. ponctuation, des reprises anaphoriques .
Cette distinction semble recouvrir la distinction entre macroni-
Dans T2 l'absence de la phrase 2 ne nuit pas à l'interprétation veau du texte et microniveau . Cependant il faut préciser que la
car l'élément nouveau qu i y était introduit est induit par le lec- cohérence n'existe pas en soi, elle existe du fait de l'interaction
teur du fait de sa connaissance du monde (compétence réfé- du lecteur avec le texte . Quels que soient les problèmes le lec-
rentielle). teur va tout faire pour extraire du texte une interprétation, y

LE FRA NÇA IS DANS LE MON DE N ' 299


PRATIQUES DE CLASSE 1 VALUATION

trouver une cohérence. D'après M. Charolles, le lecteur va « ma- Les erreurs dans les productions écrites sont de nature hétéro-
nipuler le texte de façon à en extraire une interprétation qui soit gène : syntaxe, morphologie, cohérence, orthographe, pro-
en accord avec sa propre conception d'un texte cohérent». gression thématique, vocabulaire. . . En corrigeant
systématiquement toutes les erreurs le correcteur multiplie les
On peut néanmoins (c'est ce que propose M.P. Woodley) clas- points sur lesquels l'attention de l'apprenant devra ensuite se
ser les productions écrites en trois types : focaliser, dispersant les éléments à reprendre .
Les textes qui sont explicitement cohérents pour tout lecteur, Le fait de fixer les critères d'évaluation avant l'analyse du tex-
c'est-à-dire qui respectent les règles de bonne formation tex- te permet de sélectionner certains problèmes et de res-
tuelle (la cohésion , la non-contradiction, la pertinence). treindre l'investigation (évaluation, remédiation) à ces seu ls
Les textes qui ne respectent pas ces règles mais qui permet- problèmes .
tent au lecteur d'intervenir efficacement pour restituer la co- Les critères correspondent en fait aux aspects pertinents du
hérence ; nous dirons que ces textes sont implicitement fonctionnement du texte à produire. Ils ne sont pas seulement
cohérents. d'ordre linguistique mais aussi d'ordre pragmatique et séman-
Les textes incohérents , qui ne respectent pas ces règles et que tique (cf tableau ci-dessous qui reprend en partie celui propo-
le lecteur n'arrive pas à interpréter . Il y a alors pour le sé par Cl . Garcia-Debanc-1988)
lecteur/correcteur un problème majeur : pas de correction pos-
sib le de l'énoncé ; le correcteur ne peut rétablir la cohérence Dans le cadre d'une évaluation interactive (apprenant - texte -
par des corrections de surface : rien ne marche, le texte est in- enseignant) les critères devraient se confondre avec la formu-
compréhensible, et aucune reformulation n'est possible. lation des exigences imposées pour une activité d'écriture ;
non seulement l'apprenant devrait en être informé à l'avance
mais participer à cette formulation.
Dès lors l'apprenant disposerait des moyens lui permettant
Il s'agit dans tous les cas d'associer l'apprenant à l'éva luation d'analyser ce qui ne va pas dans son texte : imprécision des
de son propre texte, en s'assurant par ailleurs qu'il a bien été termes, redondance, ambiguité des reprises pronominales, ap-
informé sur les objectifs visés par le professeur lorsque celui-ci port d'information insuffisante, progression thématique mal
propose une activité rédactionnelle. En effet« l'évaluation for- maitrisée, absence ou mauvais choix des connecteurs, énoncés
mative a pour fonction de fournir à l'apprenant les informa- contradictoires, non-respect des contraintes scripturales se-
tions dont il a besoin pour poursuivre et orienter son raient des éléments sur lesquels s'appuyer pour évaluer, tout
apprentissage et améliorer ses productions ». (Garcia-Debanc, autant que les critères morpho-syntaxiques habituellement re-
1988). tenus ; l'apprenant serait ainsi amené à exprimer lui-même la
Nous proposons d'adapter le schéma de Cl. Garcia-Debanc différence entre ce qu'il a voulu dire, et ce qu'il a effective-
(conçu dans la problématique du français langue maternelle,
ment écrit.
cf G-D, 1988, p.73) au contexte de l'apprentissage du français Dans cette perspective, le « corrigé » proposé par l'enseignant
langue étrangère.
ne sera pas donné comme modèle mais comme base de com-
l'apprenant l'enseignant
paraison avec le texte de l'apprenant permettant une réflexion
collective. Il est lui-même susceptib le d'être discuté.
1 1 Nous aimerions enfin insister sur le problème de la consigne.
sait sur quoi il sera évalué sait ce qu ' il évaluera
Cela parait une évidence : la consigne d' une activité pédago-
1 1
est capable d'analyser ses erreurs choisit situations gique doit être claire et précise ... Le principe s'impose, mais on
peut rectifier son résultat et activités appropriées
constate, tant dans les méthodes qu 'en analysant des corpus
et sa démarche régule son action didactique en
fonction des difficultés et recueillis par exemple dans des stages de formation ou auprès
des progrès des apprenants d'enseignants, que les consignes sont souvent formulées de
façon incomplète, en des termes imprécis orientant l'élève vers
11 a repéré Ils ont explicité il a tfini un type d'écrit qui n'est pas celui attendu. Ainsi lorsque l'acti-
des savoi rs linguistiques des critères vité d'écriture demandée prend pour point de départ une suite
et opératoires des contenus et
à acquérir des objectifs d'images ou un document visuel (photographie, publicité) ob-
pour évaluer d'enseignement serve-t-on une fréquence très grande de consignes du type :
EXPLICITATION DES COMPËTENCES/ CAPACITËS A MAITRISER
vous racontez l'histoire de ce personnage, ou, vous décrivez la
situation. Or il est évident que premièrement de tels énoncés

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


dimension
séquentielle GLOBALE LOCALE
du texte

Type de t exte à produire Pl an du texte Nivea u Nivea u Nivea u


En chainement transphrastique phrastiqu e script ural
des séquences

Critère d'ordre

Pragmatique - prise en compte de la -organisateurs textuels : - emploi des connecteurs - procédés linguistiques - choix du support
situation de commun ica- grandes articulations adéquats : propres à un type - typographie
tion écrite : fonction du du discours. -logiques d'écrit: -titre
langage dominante selon - respect des règles -temporels ex :
l'implication du destinataire de cohérence : - progression du texte. - nominalisation -mise en relief d 'éléments.
du destinateur : - répétition - passivation
- point de vue énonciatif. -progression . - énoncés injonctifs.
- registre de langue .

Sémantique - choix d'u n type de texte - respect des règles de - lexique adéquat - acceptabi lité sémantique - disposition en
(narrat if , argumentatif, cohérence: - anaphores lexicales paragraphes
descriptif ... ) - relation précises et cohérentes. - respect des sig nes
-non contradiction conventionnels de l'écrit.
-connaissances du monde
(référent ielles, socio-
cultu relles).

Morpho-syntaxique - choix d'une perspective - cohérence temporelle - mode de liage des - compétence syntaxique : - ponctuation
temporelle (temps du récit propositions : - concordance des temps - majuscules
vs temps du discours). -anaphores - expansion de la phrase :
- alternance des temps - connecteurs - relatives
verbaux - ponctuation -subordinat ion
(ex dans le récit-PS/Impft -orthographe .
(récit litt.) PC/Impft
(fait divers,(reportage)

ne correspondent à aucune situ ation d'écrit, n' incluent aucune


composante pragmatique, deuxiè mement orien tent le scri p- BIBLIOGRAPHIE
teur vers les types textuels na rratif ou descriptif, au détriment ADAM, L . M. : tléments de linguistique textuelle - théorie et pra-
des autres types textuel s (explicatif , argumentatif, injonctif) qui tique de l'analyse textuelle, Mardaga, Liège, 1990
sont à l'œuvre dans de nombreux écrits sociaux, et à ce titre ALBERT, M _ C _ : « De l'utilisation des textes en français langue
mériten t d'être « pratiqués » en classe. il est évident par étrangère : apport de la réflexion sur les typologies textuelles >> ,
dans Les Cahiers du CRELEF, no 32, Les discours de la communica-
ailleurs que lorsque, la consigne est mal formulée, les objectifs tion didadique, Université de Franche-Comté, 1992; pp. 71 - 93 .
visés par J'activité ne sont pas clairement défin is et les critè res
GARCIA· DEBANC, Cl. : « Savoir évaluer. Pourquoi ? Comment ? >>
d'évalu ation ne sont pas établis, ce qui rendra l'évalu ation dans Problèmes d'écriture, Rencontres pédagogiques, Recherches/
problématique. Pratiques 1988, no 12, INRP.

MOIRAND, S. : Une grammaire des textes et des dialogues,


MARIE-CLAUDE ALBERT Hachette, Paris, 1990.
Département des étud ia nts étrangers - Lille 3 PERY - WOODLEY. M. P. : Les écrits dans l'apprentissage - clés
pour analyser les productions des apprenants, Hachette, coll F,
1993 .

REICHLER-BEGUELIN, M .J. : Écrire en français - cohésion textuelle


et apprentissage de l'expression écrite, Delachau x et Niestlé ,
Neuchatel, 1990.
(1) //l'était jusqu 'en Juin 1997.

LE FR ANÇAIS DANS LE M ONDE N" 2 99


les régions de France. L'ensemble a été
réalisé par trois Japonaises passionnées de
gastronomie.
« Depuis la nuit des temps, le fromage est
présent dans notre alimentation . Devenu
mets national français, il est le reflet de la
nature autant que de l' histoire des
hommes » (p. 7).
Après une introduction portant sur les ori-
gines du fromage et sur ses alliances avec
marquée par la sacralisation de la différen- le pain et le vin ( « la Sainte Trinité de la
ce culturelle, constamment évoquée pour table »), chaque fromage est décrit dans
justifier des politiques de discrimination, de une fiche très claire : lieu de production,
ségrégation, voire de purification sociale, méthode de fabrication, composition, ca-
IMAGES DE L'AUTRE ractéristiques (aspect, odeur, saveur). Des
religieuse ou ethnique » (p. 72) .
KATERINA 5TENOU Il conclut par un appel à la vigilance, seul encadrés thématiques apportent des infor-
LE SEUIL- UNESCO, MARS 1998, moyen de préserver une « mythologie de mations plus générales (mode de produc-
158 PAGES. 235 FRANCS
l'humain ». tion ; appellation d'origine contrôlée ;
« Il faut attendre l'époque des Lumières fromages de chèvre, d'alpages ; les diffé-
pour que les stéréotypes de l'exclusion, ri- rents laits ; comment acheter, conserver,
diculisés par Montesquieu ou dénoncés déguster, couper le fromage .. .). Un glos-
Katerina Stenou (philosophe, sociologue, par Benjamin Franklin, perdent de leur for- saire et un index facilitent la lecture de ce
spéc iali ste du pluralisme culturel à ce et pour que s'ébauche une théorie des bel ouvrage qui donne envie de mieux dé-
l'Unesco) a rassemblé avec beaucoup de droits humains dont les premières formes guster les fromages.
soin des textes et des images pour illustrer constitutionnelles n'apparaissent pas avant « Au cours des cinquante dernières an-
son étude sur les représentations que la fin du xv111• siècle. Rien n'est jamais ac- nées, la production de fromages en France
l'Europe s'est faites, tout au long de son quis, ni sur le plan des idées, ni sur le plan s'est vu soumise à un nombre croissant de
Histoire, des autres peuples et des autres des comportements . La tolérance n'est pas règlements européens trop souvent inspi-
cultures. la résultante obligée d'une évolution posi- rés des méthodes industrielles et qui ne
« C'est un voyage à travers nos préjugés, tive sans replis ni revers, mais chaque gé- tiennent aucun compte des avantages de
souvent enracinés dans des traditions nération doit en redécouvrir l'impérieuse la production à la ferme . Tant que les
nées, non de l'émerveillement d'une ren- nécessité » (p . 110). consommateurs n'auront pas découvert
contre mais d'une peur ou d'un étonne- PHILIPPE HOIBIAN par eux-mêmes la supériorité des fro-
ment face à la différence. » mages fermiers faits à la main sur des pro-
L'auteur commence par décrire et analyser duits élaborés en usine, ils ne
ces « mythologies de l'étranger » (ce comprendront pas pourquoi il est si impor-
« monstre », celui qu'on montre du doigt). tant de protéger et de promouvoir les pe-
« Fondée sur le constat des différences tits producteurs » (p . 15).
perçues comme autant d'anomalies, l'ex-
ENCYCLOPÉDIE
clusion de l'étranger atteint sa forme ex-
DES FROMAGES ATLAS HISTORIQUE
trême dans l'imaginaire collectif lorsque
prennent corps des mythes affirmant
FROMAGES TEXTE : KAZUKO MASUI -
DES PROVINCES
ET DES RÉGIONS
l'existence de races monstrueuses » TOMOKO YAMADA,
DE FRANCE
(p. 16). PHOTOGRAPHIES :
Il resitue ensuite le contexte dans lequel YOHEI MARUYAMA JEAN SELLIER
ont prospéré les « mythologies du racisme GRÜND, 1997, 240 PAGES, LA DtCOUVERTE, 1997,
98 FRANCS 223 PAGES, 295 FRANCS
et de l'intolérance ».
« L'évolution de nombreuses sociétés ac- Ce guide, illustré avec gout et minutie, Ce superbe atlas, minutieusement réalisé,
tuelles vers un « racisme sans race » est présente plus de 350 fromages de toutes propose la découverte du peuple de

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N' 299


France, celui d'hier et celui d'aujourd'hui, ré-
gion par région (y compris les DOM TOM).
<< La première partie ("Genèse d'un
peuple ") décrit les étapes de la formation
de la nation française. La seconde, la plus
TITRE ZIP ZAP importante, ("Provinces et régions de
France") retrace l'histoire de chaque pro-
Auteurs M ichèle-Marie, J.J. Magraner
vince, des Gaulois à la Révolution, puis
Éditeur CLE international, Paris 1997 s'attarde sur les activités professionnelles
Publics Enfants (4-8 ans) qui, aux x1x• et xx• siècles ont achevé de
Objectifs servir de premier contact avec le f ran- forger de fortes personnalités : les métiers
çais langue étrangère à l'école mat er- maritimes en Bretagne, la mine et les acié-
nelle et à l'école primaire. ries dans le Nord, la viticulture dans le
Contenu La vidéo présente en dessins animés Languedoc. . . »
des << un ités chansons» et des «unités C'est un ouvrage de référence, précieux et
inventa ires ». Les chansons, de vraies très agréable à consulter : des cartes origi-
chansons originales pour un public nales qui permettent de comparer les li-
de jeunes enfants, sont présentées
mites des anciennes provinces (en 1789) et
deux fois, la deuxième étant une
version karaoké. Les << inventa ires » celles des régions actuelles ; des photogra-
interviennent pour introduire des mots et phies, des gravures, des reproductions de
des expressions essentiels pour compl éter l'apprentissage tableaux ; une typographie spécifique pour
linguistique et communicatif réal isé autour des chansons. chaque type d'information (texte principal,
Les 12 un ités concernent l'univers du jeune enfant : la première fonc- com'mentaires d'images, extraits littéraires,
tion que le très jeune enfant attribue à la langue est le pouvoir de
informations brèves).
nommer (Présentation), ensuite vient l' énumération (Danse, danse, Le
corps, La maison et le jardin, La girafe .. .). L'ensemble est clair, dense et très séduisant.
Les répertoi res d'images, de sons et d'écriture associés sont à la disposi- P HILIPPE H OIBIAN
tion de l'enfant qui s'en servira pour pouvoir nommer, classer, mémori-
ser, rév iser.
Les outils grammaticaux sont lim ités et ne sauraient const ituer une
g'rammaire de base : il s'agit essentiellement des déterminants, des pré-
positions qui permettent de se situer et de situer quelque chose dans CŒUR DE BANLIEUE
l'espace, mais pas dans le temps. La première et la troisième personne Code, rites et
du singulier sont prioritaires.
langage
Matériel la cassette vidéo et le livret pédagogique: 280 FF DAVID LEPOUTRE
Notre point de vue Les images de synthèse de ce << divertissement éducatif et ËD. ODILE JACOB. 1997.
362 PAGES, 140 FRANCS
musical» exercent une véritable fascination sur les enfants : ils aiment
répéter les mots et les sons en respectant le rythme et l'intonation em-
ployés sur la cassette, chanter en karaoké et se mouvoir de la même fa-
David Lepautre (d'abord enseignant de
çon que Zip et Zap. L'objectif est largement atteint.
co llège pendant sept ans dans la banl ieue
A noter Dans la même collection : nord et populaire de Paris, puis professeur
-Les aventures de Clarisse de C. Samson pour les 6-10 ans: deux his- d'ethnologie) porte un rega rd neuf sur le
toires sans paroles et pleines de gags : <<Clarisse au restaurant » et comportement des adolescents (1 0 - 16
<< Clarisse vit sa vie» ans) d'une cité de La Courneuve . Fondé
- Karaoké de C. Samson pour les 7-11 ans: les grands classiques Au
su r son expérience d'enseignant et de rési-
clair de la lune, Gentil coquelicot mais sur des dessins animés pleins
d'humour (nous avons particulièrement aimé Il pleut, bergère) : un vrai dent, son témoignage est précieux : il a pu
bonheur. observer de l'intérieur et ana lyser en eth-
nologue un quartier qui est devenu le sien,
MARIE-LAURE LIONS
son lieu de vie.
« Au sein de leur quartier, les adolescents

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE W 299


se sentent en terrain conquis et familier, à nom . Celui-ci, affiché sur tous les murs, ou
MAI68
la fois protégés par leurs pairs des agres- mieux encore, sur toutes les rames mou-
sions physiques d'éventuels inconnus ou vantes du métro, acquiert une visibilité ex- CHRISTINE FAURÉ

étrangers et à l'abri de la violence symbo- traordinaire, non se ulement aux yeux du GALLIMARD- COLLECTION
DECOUVERTES N• 350, AVRIL
lique du monde extérieur. » (p. 49) groupe social de la culture des rues, mais à 1998, 127 PAGES, 82 FRANCS
La culture des rues a une spécificité et une l'échelle de la société tout entière » (p.
cohérence qu'il est passionnant de décou- 287).
vrir. La musique rap aussi permet de se mettre
Trente ans déjà 1 Le livre retrace la naissan-
« En dépit de nombreux conflits qui en va leur, par la performance qu'elle né-
cessite. ce et le développement à Paris et en pro-
émaillent la vie quotidienne, on trouve à
« Le rap a porté au plus haut degré la va- vince des évènements de Mai 68 (révolte
tous les niveaux des pratiques de sociabili-
lorisation de l'ag ilité et du débit verbal » étudiante, grève générale). Ce mouvement
té multiples, des activités collectives et un
(p . 320) (de protestation, de contestation, de dé-
tissu associatif qui témoignent d'une réelle
foulement), que le sociologue Edgar Morin
vie de voisinage et de quartier. » (p . 87)
qualifiera de « gigantesque et de minuscu-
L'auteur souligne l'importance de la fonc- LES BANLIEUES le », a marqué toute une génération et est
tion ludique, initiatique et identitaire que
HERVÉ VIEILLARD-BARON interprété comme une rupture dans la so-
ces jeunes accordent au langage.
FLAMMARION - COLLECTION ciété française (on dit avant ou après 68).
« L'insulte, l'offense, le ragot, le menson- DOMINOS N'121, FEVRIER 1997,
« Née dans une société d'opulence, pre-
ge et les jurements sont autant d'actes de 128 PAGES, 41 FRANCS

parole qui impliquent, au même titre que nant appui sur un contexte international en
l'usage du lexique de la rue (argotique, pleine mutation, cette révolution antiauto-
verlan, obscène), ou au même titre que la ritaire frappe pendant deux mois tous les
Longtemps territoire de transition entre vil-
pratique des combats oratoires rituels ou secteurs de la vie active (école et universi-
le et campagne, les banlieues représentent
ludiques, une maitrise linguistique, une in- té ; entreprises et usines ; monde artistique)
aujourd'hui un espace diversifié souvent
telligence des situations, de l'imagination, et met mal à l'aise les hiérarchies sociales. »
mal connu et fantasmé.
bref de l'éloquence. » (p . 187) On n'a pas fini de s'interroger sur l'hérita-
« Dans les affres du présent, la banlieue ne
Même les échanges de violence (rixes, ba- ge de Mai 68.
se prête pas aux incantations. Elle est
PHILIPPE HOIBIAN
garres, vengeances, sports de combat ... ) d'abord habitée et demande à être visitée
ont une fonction dans le système des rela- avec des yeux neufs » (p. 9)
tions sociales de ces adolescents : la valori-
sation populaire de la force physique est
Dans la première partie (« La genèse des
banlieues »), l'auteur retrace l'histoire de
. HISTOIRE
une dimension fondamentale de la virilité.
Mais cette dureté n'exclut pas les senti-
cette périphérie urbaine dépendante qui a LITTÉRAIRE
inspiré de nombreux artistes : des écrivains
ments d'amitié, la générosité, la gentillesse. (Prévert, Queneau, Céline et plus récem-
L'honneur et la réputation sont essentiels ment Bel loto, Daeninckx Echenoz, .. .), des LA MUSE
pour préserver la bonne image que ces peintres (Monet. Renoir, Seurat, ...), des DÉMOCRATIQUE
jeunes veulent avoir d'eux-mêmes. Pour photographes (Doisneau, Ronis) et des ci-
<<Henry James ou les
prouver sa valeur, il y a deux moyens prin- néastes (des films comme Hexagone, État
pouvoirs du romann
cipaux : la violence et la parole. des lieux, La haine, .. .).
« Pour les garçons, la recherche de presti- Dans la seconde (« La crise des ban- MONA ÜZO UF
ge passe par la démonstration spectaculai- lieues »), l'auteur tente de présenter de fa- CALMANN-LEVY, PARIS, 1998
300 PAGES, 130 FRANCS
re des capacités physiques et mentales et çon nuancée la situation actuelle des
par la mise en spectacle très élaborée de banlieues. C'est avec surprise qu 'on découvre le ré-
soi-même » (p. 272). « Les secteurs sensibles expriment plus visi- cent essai de Mona Ozouf. La célèbre his-
C'est par rapport à ce souci constant et blement que les autres quartiers le creuse- torienne du CNRS avait jusque-là habitué
exacerbé de l'image de soi qu'il faut resi- ment des inégalités et la fragmentation ses lecteurs à examiner d'un nouvel œil la
tuer les tags et les graffitis : « il y a dans la sociale . Les banlieues difficiles soulignent période de la Révolution française et les
pratique du tag et du graf, portée à son le déficit de citoyenneté qui touche les ag- années de formation de l'idée de démo-
paroxysme, cette affirmation de soi par le glomérations » (p. 105). cratie dans l'Europe des Lumières.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N' 299


Cette fois-ci, la chercheuse prend un autres lectures- de divertissement- qu'elle cent-cinquante pages selon les volumes,
risque en nous laissant à sa suite entrer faisait à la même époque ... Secrète, inti- consacré aux conceptions esthétiques qui
dans son jardin secret, pour emprunter un me et inspiratrice, la lecture de Henry se dégagent de l'œuvre d'un auteur
chemin de traverse. Elle choisit de s'atta- James permettait à l'historienne en puis- (comment considère-t-il le «beau» ?),
quer à l'univers romanesque de Henry sance de comprendre, à l'intérieur de la une anthologie de textes critiques (dis-
James, auteur qu'elle préfère à tous depuis comédie humaine du roman, les boulever- cours, préface, manifeste, lettre, intro-
sa jeunesse, non pas pour nous offrir un sements de la muse démocratique. duction, avis du libraire, essai) comme
moment de récréation, mais pour consta- FABRICE ROZIÉ d'extraits représentatifs de l'œuvre, une
ter que l'œuvre du grand romancier améri- bibliographie à jour qui permet de faire
cain met en scène l'accouchement du rapidement le point sur les dernières pu-
monde moderne. loin d'être en terre in- ANALYSE blications (textes étudiés comme études
connue, Mona Ozouf retrouve, mais sous sur ces textes), index parfois qui permet-
un nouvel éclairage, les principales carac- LITTÉRAIRE tent de se référer rapidement à un passa-
téristiques des sociétés démocratiques ge précis de l'essai ou de l'anthologie. La
qu'elle a souvent analysées dans ses précé- ISIDORE DUCASSE ISIDORE DUCASSE
À PARTS partie critique est réalisée par un spécia-
dents ouvrages : l'égalisation sociale, le À PARIS
liste qui initie le lecteur à une lecture
règne de l'argent ou la radicalisation des JEAN-JACQUES LEFRERE ET contemporaine des questions abordées.
systèmes hiérarchiques. FRANÇOIS CARADEC L'anthologie permet un recours personnel
En invitant ses lecteurs à reparcourir les DU LËRO, 1997, 325 PAGES aux textes et évite que ces derniers soient
paysages américains et européens des
totalement «écrasés » par l'éventuel im-
livres de Henry James, entre Ancien et
Le nom d'Isidore Ducasse (1846-1870) périalisme du discours critique. Etudiants
Nouveau Mondes, au tournant des XIX' et
n'est peut-être pas familier à nombre de et professeurs titreront profit de ces pu-
XX' siècles, l'historienne surprend une se-
lecteurs qui connaissent en revanche le blications et, au-delà, toute personne qui
conde fois. Car elle en vient, non pas tant
pseudonyme de « comte de Lautréamont » s'intéresse à la production littéraire.
à rendre actuel le monde révolu, mais à
exposer, sous une lumière inconnue, la so- sous lequel on été publiés les Chants de
ciété de masse et de consommation qui Maldoror. Le caractère curieux de l'œuvre, l'ESTHÉTIQUE DE
est la nôtre, au moment de son émergen- le manque de renseignements concernant
MADAME
ce. l'auteur, le culte des divers sectateurs no-
DE LAFAYETTE
Mais l'acuité et la pertinence de ce regard tamment les surréalistes ont longtemps
privé ce dernier de toute biographie. Or, FRANÇOISE GEVREY
différent se doublent d'un singulier témoi-
gnage autobiographique, qu'on devine comme vous et moi, Ducasse en a possédé SEDES, 1997, 250 PAGES,
120 FRANCS
ému. Et là, une fois encore, Mona Ozouf une. La très active Association des Amis
prend le risque, celui d'être vraie. Dès la passés, présents et futurs d'Isidore Ducasse
dédicace, et dès l'avant-propos, l'historien- publie depuis 1987 des Cahiers l'ESTHÉTIQUE DE
ne évoque la mémoire de François Furet, Lautréamont [siège social : J.-J. Lefrère, LA BRUYÈRE
avec qui elle cosigna trois ouvrages (dont 30bis, avenue de Suffren, 75015 Paris] . Le !.A BRUYEllE
présent volume rend compte d'un col- BERNARD
Dictionnaire critique de la Révolution fran-
loque qui s'est tenu en octobre 1996. Les ROUKHOMOVSKY
çaise en 1988 chez Flammarion). Elle don-
communications, des plus ciblées au plus SEDES, 1997, 170 PAGES,
ne à lire un rapide exposé de son parcours 120 FRANCS
intellectuel, de ses années de formation au pointillistes, offre un riche panorama de
sein du PCF, du lieu marxiste enfin d'où l'état actuel du sujet abordé.
viennent tous ses livres. Mais, étrange pa- l'ESTHÉTIQUE DE
radoxe, des années plus tard, à l'occasion L 'ESTHÉTIQUE DE ... NERVAL
d'un deuil (celui de François Furet qui avait JACQUES BONY
brossé, dans son dernier essai, un portrait Une quinzaine de titres publiés dans cette
SEDES, 1997, 288 PAGES,
de groupe des communistes français), ce collection «Esthétique » dirigée par Gabriel 120 FRANCS
ne sont pas des leçons du matérialisme Conesa . Chaque volume répond à la même
historique dont elle se souvient, mais des économie : un essai original, de cent à

LE FR ANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


LA TRAGÉDIE e spa c c s ESPACES
CHRISTIAN BlET
ARMAND COLIN, 1997.
192 PAGES, 73 FRANCS

Essai de synthèse centré sur la tragédie


française, cet ouvrage, destiné aux étu-
111

Il
a 11

e
X \ " Ill '
11
ROMANESQUES
~ s DU XVIII' SIÈCLE
HENRI lAFON
~i l; " 1 <: P.U.F., 1997, 192 PAGES,
98FRANCS

diants en Lettres du premier cycle, expose


la problématique retenue de façon chro- Posant comme principe que, contraire-
nologique, de l'Antiquité gréco-romaine ment à ce qui s'est longtemps passé dans
au «tragique sans la tragédie» contempo- l'analyse des romans, l'espace romanesque
rain. La présentation, didactique, offre un ne saurait être réduit à un simple décor
exposé suivi entrecoupé d'encadrés qui mais qu'il joue un rôle à part entière dans
font le point sur un certain nombre de l'économie du récit, H. Lafon passe en re-
questions techniques (la vraisemblance, les vue un vaste corpus, de Mme de Villedieu
unités et les bienséances, etc.), précédé à Nodier, soit de 1670 à 1820. Reprenant
d'une liste d'»objectifs de connaissance» à son compte la fameuse triade sémio-
et su ivi de quelque points «à retenir ». tique des modalités, il étudie dans la pre-
L'ouvrage ne porte pas que sur la tragédie mière partie de cet essai les principales
au XVI I' siècle mais aborde aussi celle du configurations liées au traitement des dé-
XVI' comme du XVIII' siècle. Il s'achève par sirs, des pouvoirs et des savoirs dans les ré-
une chronologie, une bibliographie et cits . Cela le conduit à dégager quelques
deux index. Un outil d'initiation pour un grands topoï tels que la solitude, la ren-
public universitaire.
contre, le champ clos, l'enfermement,
MONTAIGNE
l'évasion La seconde partie étudie quant à
AU RISQUE DU
LE DRAME elle les caractéristiques d'un espace roma-
NOUVEAU MONDE
ROMANTIQUE nesque «romanesque» à travers sa scéno-
DOMINIQUE DE graphie (opposition ville 1 campagne), son
FRANCK lAURENT,
COURCELLES extension géographique, sa fonctionnalité,
MICHEL VIEGNES
EDmONS BREPOLS. 1996, 208 PAGES sa lisibilité, son caractère axiologique (es-
HATIER, 1996, 160 PAGES.
29,50 FRANCS La présente étude inscrit la tentative de paces «nobles» vs espaces «bas»). L'au-
Michel de Montaigne (1533-1592) en un teur aborde les capacités de cet espace à
Ce petit volume de la collection «Profil» siècle délimité par deux dates : la décou- créer ce que R. Barthes aurait appelé des
(histoire littéraire, n° 201-202) est destiné verte de l'Amérique (mais aussi l'expulsion «effets de réel» mais aussi à offrir une
aux élèves de la classe de première qui pré- des juifs d'Espagne, 1492) et la mort de analogie entre les lieux dépeints et les sen-
pare les épreuves de français du baccalau- Montaigne cent ans plus tard. Dominique timents éprouvés par les personnages (ter-
réat. Sous une forme synthétique, il de Courcelles met en perspective la trajec- reur, mélancolie). L'extérieur permet alors
présente, de façon claire et informée, l'es- toire de l'auteur des Essais et son temps, de saisir l'intériorité des acteurs, le discours
sentiel : situation historique et théorique, principalement par rapport à l'aventure de dont il fait l'objet lui confère un statut
principes esthétiques, nouveau traitement Christophe Colomb, à la pensée de Nicolas «exemplaire», lisible, qui participe d'un
des règles théâtrales, rapports à l'Histoire, Machiavel et de Pedro Mexfa «le cosme- discours de maîtrise du monde. Une riche
principaux thèmes mis en scène, etc. Il ren- graphe de Séville et le premier grand divul- bibliographie complète cette étude qui en-
dra des services à tous ceux qui désirent gateur des savoirs antiques en langue richit indéniablement notre connaissance
étudier Hernani, Ruy Bias, Lorenzaccio, et vulgaire». C'est donc à une réflexion histo- des espaces romanesques.
les Caprices de Marianne en fonction des rique et culturelle que se livre l'auteur qui
combats de leurs créateurs comme de l'ho- lie les réflexions de Montaigne aux
rizon d'attente du public contemporain. grandes mutations que connaît son temps. JEAN-PIERRE GOLDENSTEIN

LE FRANÇAI S DANS L E MONDE N' 299


enfants de la rapidité et du changement.
L'idée d'abonnement, même gratuit, leur
est souvent étrangère. On revient mainte-
nant à la bonne vieille technique (vieille
sur l'internet) de la liste de diffusion .
C'est, par exemple, le choix qu'a effectué
le quotidien français Libération
(http://www.liberation.com). Chaque se-
maine, le vendredi, sur simple inscription
A. en ligne, vous recevez gratuitement un
message électronique qui présente en

ETRE VU SUR une page la synthèse de l'actualité d~ la


semaine. Mais aujourd'hui, le concept à

L'INTERNET ••
la mode, c'est sans aucun doute celui de
« portail », pour lequel, pour une fois, il
, ne sera pas nécessaire de trouver un
équivalent français. Un « portail » sur

UN ENJEU IMMEDIAT l' internet, c'est d'abord un passage obli-


gé, qui, de plus en plus, met en œuvre
des stratégies pour vous inciter à aller sur
des sites particuliers. Le plus célèbre est
l'utilisateur, de « pousser » vers lui toute sans doute le fameux moteur de
information pertinente, pouvant éven- recherche « Altavista » détenu par la firme
tuellement déclencher un acte d'achat. Digital (http://www.altavista.digital.com).
La Coupe du monde de football vient de Les logiciels de navigation les plus cé- Le succès d'Aitavista l'a conduit à diversi-
s'achever et l'heure est aux comptes, y lèbres ont ainsi proposé des services fier les services proposés et des accords
compris sur l'internet. Ainsi, France- pompeusement appelés « chaines », passés avec la chaine ABC et des compa-
Telecom a annoncé que le site officiel du pour« faire comme à la télé» .. gnies d'assurance et de finance permet-
« Mondial » (http://www.france98.com) tent de proposer à l'utilisateur des liens
avait totalisé 1, 7 milliard de connexions directs sur des informations et des ser-
contre 640 millions pour celui des Jeux vices marchands . Un lien direct sur le
olympiques de Nagano l'hiver dernier. « portail » Altavista assure instantané-
Dans la seule journée du 30 juin, 74 mil- ment une grande notoriété, si l'on peut
lions de connexions ont été enregistrées. se l'offrir ... Très récemment, France-
Tous les propriétaires et animateurs de Telecom a regroupé l'ensemble de ses
sites internet se prennent à rêver, eux sites de recherche (pages jaunes et
pour qui l'enjeu principal est d'attirer blanches de l'annuaire, rues commer-
l'internaute sur leur site et de le faire re- çantes, moteur de recherche QuiQuoiOù,
venir le plus souvent possible. Plus que etc.) sur un «portail» unique : Voilà
jamais, tout est bon pour accroître sa vi- (http://www.voilà .fr). Comme les géants
sibilité. américains, il a conclu un accord avec une
Il y a un an, la mode était aux systèmes source d'information en ligne : l'AFP. Le
baptisés « push ». Le principe en était guide « Nomade » (http://www.nomade.fr)
simple. La difficulté du Web résidait dans et Lokace (http://www.lokace.fr) ont fait
le fait que l'utilisateur était obligé d'aller de même.
chercher l'information, de la tirer (pum et Sans être encore complètement aban- Pour les animateurs et les propriétaires de
il fallait trouver le moyen de diffuser l'in- donnés, ces systèmes de « push », dévo- sites qui ne possèdent pas la puissance
formation, de façon sélective, en respec- reurs de mémoire vive et d'espace de d' investissement de France-Telecom, il
tant les gouts et les centres d'intérêt de disque dur ont peu séduit les internautes, leur reste à enregistrer leur site dans les

LE FRANÇA IS DA NS LE MO N DE N ' 299


principaux moteurs de recherche et déjà le service en ligne Havas On Line
guides de la planète internet. La tâche est (HOL), arrive désormais avec 285 000
fastidieuse, mais de petits malins vous abonnés au premier rang des services en
proposent, pour une poignée de dollars, ligne français, juste devant Wanadoo de
L Es ACTEURS DE L' INTERNET
de le faire pour vous. Comment bien pré- l'opérateur public France Telecom qui af-
EN FRANCE:
parer un site pour qu'il soit bien pris en fiche 280 000 abonnés. AO L qui comp-
LA CONCURRENCE S'ORGANISE tait déjà 140 000 abonnés va continuer
compte et que les pages arrivent en bon-
ne place en réponse aux requêtes des uti- de servir le grand public en accroissant
Le numéro un mondial des services en ses capacités en ligne grâce à une liaison
lisateurs 7 Le plus efficace est de placer
dans vos pages des « métadonnées » qui ligne, America-Online (AOL), l'allemand transatlantique à très haut débit (45 mé-
facilitent et guident le travail d'indexation Bertelsmann et le groupe français gabits). Compuserve, l'autre service opé-
des moteurs de recherche. Ce monde Vivendi (Cegete l, Cana l +, etc.) ont ré par AO L-Bertelsmann, reste centré sur
particu lier réservé hier à quelques spécia- conclu un accord définitif de partenariat la clientèle professionnelle (85.000 abon-
listes s'ouvre aujourd'hui à tout produc- qui fait d' AOL un des premiers fournis- nés). Cet accord est l'une des illustrations
teur d'information sur le Web et surtout seurs de services internet en France. En de la «convergence» irréversible entre les
à toute personne qui recherche de l'infor- effet, ce nouvel ensemble, qui détient tuyaux et les contenus.
mation sur le Web. Il va vite devenir indis-
pensab le d'enseigner les rudiments des
techniques d'indexation dès l'école pri-
ma ire . Ces « métadonnées » peuvent EN LIGNE ET HORS LIGNE
aussi indiquer la langue du document et
être en plusieurs langues pour permettre
• UNE ENCYCLOPÉDIE réalisateur, voire par prénom. Ces docu-
l'interrogation plurilingue.
INTERACTIVE DU CINÉMA ments ne sont pas consultables en ligne
L'enjeu le plus important se situe cepen- mais les spécialistes et les chercheurs peu-
dant autour des noms de domaine. En La Bibliothèque du Film (Bi Fi) et Canal+ mul- vent ainsi savoir où trouver le document
effet, il est nécessaire que la timédia viennent de lancer " Cinémascope " • souhaité.
un cédérom qui permet aux amoureux du (http://www.bifi.fr) (cédérom à paraitre fin
navigation devienne toujours plus simple
cinéma de voyager à travers plus de juillet 1998)
et intuitive. Les adresses de deux 8 000 films, de l'avènement du parlant à fin BiFi : 100, rue du Faubourg-Saint-Antoine,
lignes précédées des cabalistiques 97. La base de données de Cinémascope 75012 PARIS
« http://www.bidule .chose/-machin » contient certes les films " culte " avec leur
nous sembleront bientôt archaïq ues. Dès synopsis et leur générique mais aussi les
aujourd'hui, faites-en l'essai, tapez, par films moins connus qui, pour être tombés • NAISSANCE DE LA PREMIÈRE
exemple, dans la fenêtre de votre log iciel dans l'oubli, sont néanmoins représentatifs RADIO PRIVÉE SUR INTERNET
de leur époque. Des anecdotes sur les cou-
« l iberat ion » (sans accent) et rien Le quotidien mauricien L'Express propose
lisses, des mots d'auteurs ou des chansons désormais le premier bulletin d'information
d'autre que ce mot, vous arriverez sans
agrémentent cet ouvrage très complet qui radiophonique sur Internet, devenant ainsi,
encombre sur le site du journal du même s'adresse aux spécialistes et aux amateurs. de fait, la première radio privée émettant sur
nom, parce que Libération, outre son En outre, cette encyclopédie numérique l'ile.
adresse française, a aussi une adresse in- peut être réactualisée <<en ligne» sur l'inter- La nouvelle radio, NetRadio one, propose
ternationale en « .com ». Netscape et net. On peut ainsi bénéficier du fonds de la tous les jours à partir de midi (heure locale)
Microsoft préparent les versions de leurs Bi Fi, ouverte en décembre 1996, qui dispose un bulletin de dix minutes comprenant nou-
logiciels qui feront que vous taperez d'un espace de consultation public et qui velles locales, interview, revue de la presse
développe ses activités sur la valorisation locale et nouvelles sportives.
« journaux français » et que vous arrive-
des techniques et de la dimension artistique NetRadio one est en fait la première radio
rez sur une sélection de sites de journaux du cinéma. La Bifi vient d'ouvrir un nouveau privée émettant à Maurice. Le gouverne-
frança is. Nul doute que pour figurer dans site Web répertoriant l'intégralité de ses col- ment détient jusqu'à aujourd'hui le monopo-
cette liste, il faudra verser une redevance lections disponibles à la consultation, soit le de la radio et de la télévision. La radio sur
aux producteurs de ces logiciels. L'inter- un catalogue comprenant 65 000 références l'internet déjoue cette législation.
net nous réserve encore quelques sur- et 28 000 titres de films. La recherche peut
se faire par mot clé, par titre, par nom du http://www.lexpress-net.com
prises .. .
PIERRE ÜUDART

LE FRAN ÇAIS DA NS LE MO NDE W 299


MULTIMÉDIA

HISTOIRE
LA RÉSISTANCE
A l'écran apparait d'abord la photo d'un(e) résistant(e) dont on vous propose de suivre les pas. Mais FICHE TECHNIQUE
Auteurs : Douzou L., Leroux B ...
vous pouvez choisir une autre identité parmi les 24 présentées dans l'ouvrage ou écouter le récit
Titre : La résistance en France
chronologique illustré de la Résistance en cliquant sur «Epopée>> à l'écran suivant. Le parcours
Collection : J'imagine le Monde
«Aventures>> vous plonge directement dans un évènement clé, vous résume l'histoire d'un mouve-
Ëditeur : Montparnasse Multimédia
ment ... La consultation par «Découvertes>> donne accès à des notices (textes) classées d'après les 69. rue de Richelieu
rubriques suivantes : Biographie- Ëvènements- Thèmes- Organisation - Symboles- Lieux. 75002 Paris
L'interface conviviale qui multiplie les liens hypertexte permet de naviguer très facilement entre ces Tel.: 33 (0)1 47 03 19 12
différents documents. Trois cartes de la France (40-42 ; 42-44 ; 44-45) reliées elles aussi par lien hy- Fax: 33 (0)1 49 26 03 22
pertexte aux autres données du cédérom et une chronologie permettant d'accéder aux évènements httpJ!www.montparnasse-net.com
jour par jour complètent cette approche. Il vous est encore possible d'enregistrer votre parcours, de Distributeur
procéder à une recherche par mots clés et de créer votre propre «album>>, nourri de commentaires Année: 1997
personnels. Les moins : un commentaire des images fixes au débit haché et surtout l'obligation de Prix: 349 F
configurer son écran en 256 couleurs, ce qui n'est plus un standard à l'heure des cartes en cou leurs
réelles. Malgré cela, cette encyclopédie reste de référence pour tout public.

FICHE TECHNIQUE
LA SECONDE GUERRE MONDIALE Auteurs : Ferro, Marc
Cette encyclopédie, élaborée sous la direction de l'historien Marc Ferro, vous propose de revivre les Titre : La seconde guerre mondiale
évènements qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale ainsi que les moments-clés de ce conflit. Collection : J'imagine le Monde
50 séquences vidéo d'archives commentées en voix off, 45 animations des moments clés vous per- Ëditeur : Montparnasse Multimédia
mettent de visualiser les évènements. 1000 évènements étalés sur la période 1918-1945 sont dé- 69. rue de Richelieu
taillés dans les modules <<Repères>> ou <<Archives>> : par un clic, vous découvrez ce qui s'est passé 75002 Paris
avant, après ou ailleurs à la même date. Par ailleurs, un grand nombre de liens hypertextes donnent Tel. : 33 (0)1 47 03 19 12
accès à des cartes, des graphiques, des fiches de matériel militaire, des textes d'auteur ou encore à Fax: 33 (0)1 49 26 03 22
des notices biographiques (environ 400). Vous pouvez également composer votre propre dossier http://www .montparnasse-net.com
dans l'éditeur personnel à partir des documents que vous aurez sélectionnés grâce à la fonction de Distributeur
recherche efficace, imprimer ces documents et vos commentaires. Année : 1996
L'interface soignée et la richesse documentaire de ce cédérom en font un outil accessible à tous, Prix : 350 F
amateurs d'histoire, professeurs et élèves.

L'HISTOIRE AU JOUR LE JOUR (1939-1996} FICHE TECHNIQUE


Ce cédérom vous transporte au cœur des évènements les plus marquants de l'histoire de la France Auteurs
et des relations internationales entre 1939 et 1996. Les documents sont répertoriés par types : 132 Titre : L'histoire au jour le jour- 1939-1996
cartes, 260 photos, 1078 articles, 245 Unes du Monde, 78 enregistrements radio (texte à l'écran) ... Collection
Par le biais des sélecteurs alphabétique ou chronologique ou encore avec les opérateurs booléens Ëditeur : Le Monde Editions 1 IDM
pour la recherche en texte intégral, vous accédez rapidement au document recherché. A noter l'ex- 27, rue Albert Einstein - BP 117 Champs-sur-
cellente qualité des documents sonores (archives de l'INA) dont les textes et/ou traductions en fran- Marne
77 423 Marne-la-Vallée Cedex 2
çais apparaissent à l'écran, la fonction de zoom pour les cartes et les Unes, des liens omniprésents
Distributeur : IDM
entre les documents. Vous pouvez ainsi passer du discours de Yasser Arafat sur I'Ëtat Palestinien à
27, rue Albert Einstein - BP 117 Champs-sur-
une carte du Proche et Moyen-Orient et aussi à un article sur I'Ëtat de Palestine. Le tout peut enco-
Marne
re être complété par la lecture d'une chronologie. 77 423 Marne-la-Vallée Cedex 2
Cette base de données remarquable rend possible la constitution de dossiers personnels. Tel : 33 (0)1 64 61 31 31 -Fax: 33 (0)1 64 61
Professeurs, étudiants, passionnés d'histoire, chacun peut consulter à profit cette base documentai- 31 32
re qu'il est également possible d'enrichir et d'actualiser par le téléchargement de mises à jour tri- Année : 1997
mestrielles sur Internet. Prix : 340 F
ÉVELYNE PAQUIER

L E FR ANÇA IS DAN S LE MON D E W 299


- élus, fonctionnaires, experts, l'implantation d'entreprises françaises qui
responsables d'entreprise et d'organismes favorise l'intérêt pour la langue. Ainsi, le
professionnels, universitaires service des ressources humaines de l'usine
connaissent mieux leurs droits, un guide Renault à Curibita a impliqué l'Alliance
du français dans les institutions française et l'Université fédérale de I'Ëtat
européennes vient d'être édité . Disponible du Parana pour la formation de ses
sur l'internet. ce guide rassemble les employés. En retour, les expatriés français
principaux textes communautaires et suivent des cours de portugais.
nationaux portant sur le statut juridique
des langues officielles et de travail, ainsi CHYPRE
que sur la p lace du français dans les
institutions européennes. Introduit dès la première classe du collège
http://dglf.culture.fr, rubrique actualité. en 1996, le français se porte bien à
MULTIMÉD I A Chypre , comme le prouve une enquête
réalisée auprès de 564 collégiens
TRADUCTION AUTOMATI UE apprenant le français. Parmi eux, 84,9%

Le plurilinguisme est à la mode sur LIVRES estiment avoir de la chance, 24,9% ont
choisi le français parce que cette langue
l'internet ! Le moteur de recherche Alta leur plait, 8,3% grâce à l'Europe et
Vista offre désormais un service gratu it de FORMATION AUX METIERS DU LIVRE 30,5% pour les deux raisons. Pour
trad uction automatique des sites web améliorer les cours, les étudiants
répe rtoriés. Le manque de finesse de ces Depuis 1991, le Centre africain de proposent aux professeurs de parler plus
traductions et la fa ible quantité de texte formation à l'édition et à la diffusion du en grec (42,7%), de parler p l us en
pouvant être traduit (environ une demi livre (CAFED) répond aux besoins de français (29,4%), de faire plus de jeux
page) n'empêchent pas une fréquentation formation, de perfectionnement et de (25%) ou de ne pas aller vite (1 0,1 %). En
considérable : près d'un million de recyclage des techniciens et cadres du
revanche, seuls 20,7% de ces collégiens
requêtes par jour, dont 23% de l'anglais secteur du livre et favorise le
déclarent vouloir poursuivre le français au
vers le français, 17% de l'anglais vers développement des capacités éditoriales
lycée, mais 66,7% d'entre eux demeurent
l'espagnol, 13% de l'anglais vers des pays francophones du sud. Ce projet
l'allemand, 12% du français vers l'anglais indécis.
créé par l'Agence de la francophonie a
et 12% également de l'allemand vers organisé en sept années 26 sessions de
l'ang lais . Pour le moment, 5 langues formation qui ont bénéficié à ARGENTINE
(français , italien, espagnol, portugais, 390 participants issus de 26 pays
La France est actuellement le premier
allemand) sont disponibles, mais les francophones. A l'avenir, le CAFED
investisseur étranger en Argen t ine.
chercheurs , aussi bien européens entend développer des matériaux
qu'américains, travaillent d'arrache pied Désireuses de trouver de jeunes cadres
didactiques diffusables par les moyens
pour d iversifier l'offre et améliorer la capables de s'adapter à un
modernes de communication (internet,
qualité de ces traductions en ligne. environnement à la fo is français et
cédéroms . .. ).
http:/ /www.altavista.digital.com argentin, vingt entreprises françaises ou
argentines à participation française
soutiennent une nouvelle filière franco-
argentine de deuxième cycle pour
EUROPE l'enseignement de l' économie et de la
gestion. Depuis mars 1998, 20 étud iants
BRESIL
UN GUIDE DU FRAN AIS en économie et 30 en gest ion suivent le
Si au Brésil le français a longtemps et matin 1'enseignement traditionnel et
Le cœur de la politique linguistique de seulement été synonyme de culture, il l'après-mid i assistent à des cours de
l'Unio n européenne est sans nul doute devient peu à peu une langue de contact français . À l 'issue des quatre ans
l 'égalité de ses langues officielles , et d'échange économique . Avec 400 000 d'enseignement à l'université du Sa lvador,
actuel lement au nombre de onze. Afin apprenants le français est la deuxième les étudiants recevront le diplôme de
que les concitoyens qui entretiennent des langue étrangère étudiée au Brésil, licenciatura argentine et la maitrise
relations avec les institutions européennes derrière l'anglais . C'est désormais française en économie ou en gestion .

LE FRANÇA IS DA NS LE MOND E N" 299


Quand il s'agira de faire des choix et

fRANCE-ÉDUCATION d 'agir où finira le travail des experts et


commencera celui des censeurs ?
Le risque démocratique d 'interroger les
ROGER UEBERSCHLAG élèves était déjà apparu lors du mouve-
ment protestataire de l 'automne 1990
des équipements et des logiciels. Le ma- et a permis aux lycéens d 'acquérir les
DÉBAT tériel est considéré comme vieillot après droits collectifs élémentaires : droit de
deux ans et inutilisable après cinq ans . réunion , d 'association et de publica-
M uLTIMÉDIA À L' ÉCOLE Renouveler le matériel et les logiciels des tion. Mais où en est le droit d 'expres-
ET DÉRIVE MERCANTILE 450 000 ordinateurs estimés nécessaires sion en classe, face à la violence de
sera couteu x et augmentera les inégalités l 'institution scolaire, aux évaluations et
Le président de la République , les mi- scolaires. Steven Jobs, un des fondateurs orientations, à l 'humiliation publique
nistres de I' Ëconomie et de I' Ëdu cation d ' Apple , mettait en garde, en 1997, subie en cours ? Ne conviendrait-il pas
nationale ont man ifesté le même volon- contre le fétichisme des matériels : Les de substituer la discussion au jour le
tari sme : que t o us les étab lissem ents problèmes d'éducation ne sauraient être jour au grand débat d 'un seul soir ?
d'enseignement scolaire so ient connec- résolu s par la technologie. Celle-ci nous
tés au réseau et utilisent des produ it s berce de l'illusion que l'on s'attaque ainsi
multim édias pour gagner la bat ai lle de aux maux de l'éducation . VERS UNE UNIVERSITÉ
l'intelligence. Les grands groupes privés, EUROPÉENNE
producteurs de logiciels, ne sont pas in-
sen sibles à l'ouverture d' un marché qui U NE CONSULTATION Un col loque a réuni à Paris, les 24 et
représente potentiellement 12 millions ÉQUIVOQUE 25 mai, à l'occasion du huitième cente-
d'enfant s consommateurs . Philippe naire de la fondation de la Sorbonne,
Rivière (1) attire néanmoin s l'attention Entre des lycéens pas toujours volon- les ministres de I' Ëducat ion de quatre
des décideurs sur l'obsolescence rapide taires et des professeurs plutôt dubita- pays européens la France,
tifs, voire rét icents, un débat l ' Allemagne, l ' Italie et la Grande
démocratique est-il Bretagne. Leur réflexion s' est portée
possible ? La consul- sur trois terra ins : l'harmonisation des
tation des lycées cursus et niveaux des diplômes (licen-
constituerait selon ce, master et doctorat après respecti-
Pierre Merle, socio- vement 3,5 et 8 années d'études après
logue (2) , une éton- le bac ou son équivalent), l'encourage-
nante réduction du ment à la mobilité des étudiants (ac-
débat démocratique tuellement les programmes européens
à la technique d'en- Erasmus et Socrates concernent 200
quête : Quelle garan- 000 étudiants sur les onze millions des
tie de l 'utilité sociale quatre pays), le développement du ré-
de leur réflexion leur seau numérisé à haut débit pour relier
est- elle donnée ? entre eux les principaux fonds de bi-
Quelle sélection de bliothèques .
leurs désisrs et de (1) Le Monde diplomatique, avri/ 1998,
leurs craintes ? (2) Le Monde, 11 février 1998.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


mandation, s'adressent au centre na- une deuxième session pouvant porter
ÉTRANGER :JAPON tional des examens d'entrée à l'uni- aussi bien sur une dissertation, un
versité, qui a prévu la passation de entretien ou l'examen du dossier
L E SYSTEME UNIVERSITAIRE dix-huit épreuves regroupées entre scolaire.
JAPONAIS cinq grandes disciplines : japonais, Notre correspondant à Kyoto, le pro-
langues, sciences, sciences sociales et fesseur Manabu Hayashi, précise que
L'enseignement supérieur universitaire mathématiques. les étudiants qui doivent se rabattre
est conduit dans 552 établissements En 1993, 512 000 candidats se sont sur les universités moins appréciées
dont 73,?5% sont privés. C'est le dé- inscrits à cet examen national . Les perdent le courage et la volonté
veloppement du privé, en doublant épreuves, sous forme de QCM (ques- d'étudier et ont du mal à fixer un but
entre 1950 et 1955 puis en décuplant tionnaires à choix multiple), portent à leur vie universitaire. L'université se
de 1950 à 1995, qui a fait passer les sur des sujets inscrits au programme transforme alors en un lieu protégé
effectifs d'étudiants de 225 000 en pour des plaisirs et des loisirs pour
1950 à 2 millions et demi, plaçant le beaucoup d'étudiants japonais.
Japon au même rang que les États- Observation qui rejoint celle exprimée
Unis. Les étudiantes ne représentent déjà par Reischauer (1) en 1986 : La
que 31,25% du total des étudiants dilapidation de quatre années
des universités de quatre ans mais dé- d'études universitaires, passées à étu-
passent les effectifs masculins si l'on y dier peu avec un enseignement mé-
intègre les universités de cycle court diocre, est une incroyable perte de
de deux ans avec leurs cursus de temps pour un pays si sourcilleux
lettres, d'art ménager, de sciences de quand il s'agit d'efficacité.
l'éducation, de sciences sociales et de En quatre ans, chaque étudiant doit
santé. avoir obtenu un minimum de 124 uni-
Les procédures de sélection diffèrent tés de valeurs fixées librement par
pour le public et le privé . De nom- chaque faculté. La dernière année, la
breux établissements d'enseignement rédaction d'un mémoire d'une centai-
supérieur se créent un vivier d'écoles ne de pages mobilise les étudiants en
primaires, de collèges et de lycées même temps que la recherche d'un
dont les élèves bénéficieront d'un emploi à moins d'avoir été bénéfi-
processus de sélection privilégié pour ciaires d'une proposition d'embauche
l'université, s'appuyant sur des lettres dès la troisième année . Manabu
de recommandations (suisen). Le livret Hayashi note que pour quatre années
scolaire confidentiel et la recomman- destinées aux études universitaires,
dation sont examinés avant la passa- presque tous les étudiants consacrent
tion d'une épreuve d'anglais, d'une la quatrième année à une activité de
dissertation et d'un entretien . recherche en vue de trouver les em-
Pour le lycée, la capacité de garantir plois les mieux payés et les plus esti-
aux élèves un quota de places dans més, autant que possible. S'ils y
une université favorise son propre re- officiel qui exigent une grande rapidi-
té de lecture et une capacité de mobi-
réussissent et décident de s'y engager
crutement et en même temps influe à la sortie de l'université ils peuvent
sur le climat de travail de l'établisse- lisation immédiate des connaissances
profiter d'une sorte de tolérance qui
ment secondaire, car une recomman- requises. A l'issue d'une correction
leur permet de réussir plus facilement
dation doit se mériter . Pour optique totalement informatisée, les
l 'examen de sortie, même s'ils ont en-
l'université, cela correspond à une résultats sont communiqués, dans les
core des lacunes à combler.
certification du niveau des postulants, dix jours, aux universités qui fixent
ce qui lui évite d'organiser elle-même alors librement leur seuil d'admissibili- (1) Le Japon 1995, Sisyphe, Éditions
la sélection . Les candidats sans recom- té. Mais, il s'agit d'un filtrage avant Recherche sur les Civilisations, Paris, 1995.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


sanatoriums, des écoles de plein air, des médiate. Ses bénéfices n'étaient pas à
centres médico-psychopédagogiques, dédaigner : l'individualisation du rythme
des maisons et centres d'accueil (600 ac- d'apprentissage, l'adaptation au niveau
L'ÉTAT
tuellement) dont la vitalité est mesurable de l'élève et surtout la déculpabilisation
DE L'ENFANCE
à la taille d'un annuaire de 30 pages qui de l'erreur. Cette dernière ne stigmati-
EN FRANCE
offre aux lecteurs les adresses des institu- sait plus l'attitude erronée de l'élève
DIRECTION tions s'occupant d'enfants et d'adoles- mais le défaut du programme qui avait
GABRIEL LANGOUET cents à problèmes. sous-estimé les difficultés de la progres-
PEP- HACHETTE 1997, PARIS sion proposée.
(1) École nationale de la statistique et de
l'administration.
Or on assiste actuellement à un renverse-
Dans le cadre d'une Junior-Entreprise (2) Institut national de la santé et de la ment du scénario pédagogique classique
créée au sein de I'ENSAE (1) des étu- recherche médicale. : c'est l'activité de l'élève cherchant à se
(3) Direction de l'évaluation et de la prospective
diants ont réussi à fixer une image glo- au ministère de l'Éducation nationale. renseigner et à dialoguer avec des com-
bale des conditions de vie des jeunes en plices extérieurs, élèves eux-mêmes, qui
France sous forme d'une vingtaine de détermine la qualité de l'éducation au-
tableaux statistiques commentés par tant que le discours de l'enseignant. On
L'ÉCOLE se réfère à la théorie de l'activité qui
l'INSERM (2) aussi bien que par la DEP
(3). Ils fournissent au lecteur les ten-
À L'HEURE soutient que le comportement d'un in-
D'INTERNET
dances fortes de l'évolution des pro- dividu est gouverné de l'intérieur (be-
blèmes des jeunes : Les liaisons entre la SERGE POUTS-LAJUS ET soins biologiques, activité mentale) mais
consommation de tabac, d'alccol, et de MARIELLE RICHÉ-MAGNIER aussi de l'extérieur par la création et
drogues; les relations sexuelles chez les NATHAN-PËDAGOGIE, PARIS, l'utilisation d'instrument réels ou sym-
1998
adolescents, le choix des adolescentes boliques : écrits, dessins, machines, mé-
face à une grossesse; les loisirs des thodes considérées comme des
jeunes; l'influence du milieu social et Parmi les nombreux ouvrages actuels, artefacts.
familial sur la réussite scolaire, l'absen- plus ou moins publicitaires sur l'ordina- L'intégration des micro-ordinateurs dans
téisme scolaire, etc. Chaque tableau est teur et le multimédia, ce livre tranche par les pratiques scolaires comporte un
clairement commenté mais l'objet de sa clarté et sa franchise. Sa clarté : le triple aspect : l'équipement en maté-
cet ouvrage est aussi d'expliquer et souci de rendre intelligible, les néolo- riels, la formation initiale et continue
d'illustrer les fléaux que sont la maltrai- gismes de l'informatique et des théories des enseignants, le soutien au dévelop-
tance, l'exploitation, la délinquance et de l'information mais aussi d'expliquer pement des logiciels. Les politiques pu-
la violence des jeunes et faites aux les enjeux des politiques publiques, la bliques pour équiper les établissements
jeunes. Cinq scientifiques (sociologue, diffusion de l'informatique, de l'école de sont analysées pour les Ëtats-Unis, la
psychologue, enseignants, épidémiolo- campagne aux universités. Sa franchise Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne
giste) apportent des réflexions tirées de tient dans la manière de soulever les et les pays scandinaves. Des logiciels
leur expérience. questions essentielles : Former des ensei- existent maintenant dans toutes les dis-
Par la richesse et la précision des gnants mais à quoi et quand ? Les logi- ciplines. Contrairement à la formation
sources, cet Observatoire de l'enfance ciels éducatifs sont-ils condamnés ? des années 1980, la formation des ensei-
et de l'adolescence constitue un véri- L'école doit-elle se protéger des in- gnants aujourd'hui devra se faire par
table guide à l'usage des parents, en- fluences extérieures immédiates ou mutualisation : les outils techniques
seignants et travailleurs sociaux. Il est le rechercher en priorité un apprentissage n'atteindront leur efficacité que
couronnement de soixante-dix années constructiviste et collaboratif, au sens de lorsqu'ils seront exploités suivant un
de dévouement à la cause de l'enfance Freinet et de Jérome Bruner ? mode collaboratif par le groupe d'ensei-
des Pupilles de l'enseignement public L'enseignement programmé des années gnants d'une même discipline et que
(PEP) qui, en 1916, ont lancé le Sou des 1960, hérité du behaviorisme, posait des cette formation sera imbriquée dans les
pupilles pour venir en aide aux orphe- questions et réagissait aux réponses des projets pédagogiques de l'établisse-
lins des écoles publiques, puis créé des élèves en leur offrant une correction im- ment.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


gnants de se centrer davantage sur le su- cation physique sur le versant cognitif est
K/05 UE jet qui apprend que sur la matière à en- tout aussi aberrant que de nier, comme
seigner, à privilégier la démarche plutôt cela se faisait, il y a trente ans, la présen-
l'ÉDUCATION que le résultat. à accorder un statut pé- ce d'une authentique intelligence motri-
COGNITIVE dagogique à l'erreur, à être plus sen- ce. Aboutir, ainsi que cela se pratique
Modèles et sibles aux difficultés d'apprentissage. parfois aujourd'hui, à une évaluation en
méthodes pour Selon l'expression de Sorel, l'effet majeur éducation physique à l'aide d'interroga-
apprendre à penser de cette nouvelle orientation sera d'avoir tions écrites et de questions à choix mul-
modifié profondément non seulement
REVUE FRANÇAISE
tiples (QCM), n 'est-ce pas grotesque?
les apprenants mais surtout les forma-
DE PÉDAGOGIE Mais, il est tout aussi déraisonnable de
teurs qui s'y sont engagés.
N° 122, 1998 donner la priorité à l'exaltation du sport
(1)Institut national d'étude du travail et et de la compétition, ce qu'ont compris
d'orientation professionnelle les jeunes pratiquants qui se sont refusés
L'engouement récent des formateurs et
à signer une licence pour rechercher des
enseignants pour cette approche nouvel-
pratiques sportives ludiques dans un sen-
le de la pédagogie s'exp lique par le suc-
cès d'une démarche de formation qui ne l'ÉDUCATION timent de liberté.
se contente pas d'enseigner les connais- PHYSIQUE ET Existe-t-il une spécificité du professeur
sances propres à chaque discipline mais SPORTIVE d'EPS ? Dans le chapitre consacré aux re-
cherche à développer des procédures in- Réalités et utopies présentations de la profession, de l'école
tellectuelles et des processus d'acquisi- CAHIERS PÉDAGOGIQUES
élémentaire au lycée, on vérifie la capaci-
tion et d ' utilisation des savoirs. Even N° 361, FEVRIER 1998 -
té du professeur d'EPS de travailler en
Loarer de l'lnetop (1 ), dans une remar- 10, RUE CHEVREUL, 75011 PARIS équipe, de participer aux projets pédago-
quable note de synthèse d'une quaran- giques et même de faire figure de per-
taine de pages, a réussi à faire le point sonnage charismatique qui sait mettre en
sur ces pratiques, leur efficacité, leurs li- valeur sa discipline et apparaître plus
mites et leur évolution prévisible . Ce Cahier composé par deux professeurs chaleureux, plus proche des élèves, sus-
Actuellement, le marché de la formation d'éducation physique et sportive, Ëlisabeth ceptible de mieux les connaître et de
est envahi d'outils et de démarches : une Thuriet et Marie-France Urbain, veut res- pouvoir discuter avec eux de la santé, du
cinquantaine selon les uns, plusieurs cen- ter fidèle à la vocation de la revue qui est rapport au corps et à autrui, de tenter un
taines selon les autres. Cette proliféra- de faire réfléchir à partir de points de vue travail d'équilibrage entre le corps et la
tion s'explique par les intérêts divers, y compris les moins orthodoxes . personnalité globale.
commerciaux d' un marché porteur. L'au- Par exemple, est-il indispensable ou dé- ROGER UEBERSCHLAG
teur analyse dix-sept méthodes basées, raisonnable de doter l'EPS d'un program-
les unes, sur la mise en œuvre d'un outil me comme les autres disciplines ? Et
(fiches, exe rcices), les autres sur la d'abord , existe-t -il une spécificité de
construction d'une démarche. l' EPS ? Alain Hébrard le croit et voit dans
Depuis quinze ans, l'éducation cognitive l'intervention d'un professeur d'EPS une
a généré de nombreux programmes et mise en relation d'une nature humaine
méthodes. L'expérience accumulée per- (biologique et psychologique) et une cul-
met d'entrevoir ce que seront des mé- ture (psychologique et sportive) pour
thodes d'éducation cognitive de seconde aboutir à la construction d'une personne
génération. Elles seront contextualisées équipée d'outils, de ressources et de sa-
(mieux reliées aux connaissances, compé- voirs facilitant sa relation avec un envi-
tences et situations), holistiques (prenant ronnement culturel et social. Mais, note
en compte la totalité de la personne) et Pierre Parlebas : En éducation physique,
différenciées (adaptées aux niveaux, pré- on n 'enseigne pas essentiellement des
férences et besoins des publics). Ceci connaissances mais des pratiques .
permettrait aux formateurs et aux ensei- Vouloir faire dériver massivement /'édu-

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


ment sur le nom de la nouvelle monnaie
unique. L'ECU a été récusé par les

L'EURO FAIT Allemands qui y ont vu une confusion


possible avec die Kuh (la vache !) et qui

LA FORCE avaient en fait beaucoup de mal à se ré-


soudre à abandonner leur mark. L'accord
a pu se faire au Conseil européen de
Madrid (15-16 décembre 1996) sur le
nom plus neutre d'euro, avec des subdi-
visions en cent (1 euro= 100 c) .
Sans nul doute, l'année 1998 est entrée dans l'histoire de Le Conseil a bien spécifié qu ' il « s'agit
l'Europe avec la consécration du passage à la monnaie d'un nom complet, non d'un préfixe qui
précèderait les noms des monnaies na-
unique. Évènement exceptionnel qui a nécessité beaucoup tionales », évitant ainsi la tentation des
d'efforts, ne serait-ce que pour vaincre les scepticismes et eurofrancs, euromarks, etc. Le mot est
donc fixé, mais il est vraisemblable que
l'hostilité de ceux qui étaient opposés à tout abandon de
sa prononciation variera selon les ac-
souveraineté nationale. Complément indispensable du cents. Quant à l'orthographe, la règle
Marché unique, l'Union monétaire va-t-elle conduire à l'union adoptée à ce jour est que euro et cent
restent invariables . On sait que cette
politique ? Si l'euro doit faire la force de l'Europe, il constitue
règle a quelque mal à s'appliquer au
aussi un formidable pari sur l'avenir. En attendant, il n'est pas français où l'on ajoute volontiers un -s à
interdit d'apprécier le chemin parcouru. écu (sauf quand on l'écrit ECU). Quant
au cent, si on lui préfère le centime pour

~ -
·~ E L'ECU À L'EURO
ginaires du Sud, mais il n'a été connu
sous ce nom qu'à partir de la mise en
place du système monétaire européen
éviter une prononciation à l'américaine, il
n'y a plus de raison de ne pas pratiquer
l'accord habituel.
L'idée d'une monnaie unique n'est pas Cette dénomination euro n'a guère sou-
(1 ). L'ECU a joué à l'échelle européenne
nouvelle. On en trouve déjà la trace dans levé d'enthousiasme, elle n'a pas soulevé
le rôle des DTS (droits de tirage spé-
la République de Platon où cœxiste la non plus d'objection majeure, si l'on ex-
ciaux) à l'échelle mondiale (2).
monnaie commune de la Cité pour les clut le secrétaire perpétuel de l'Académie
dépenses publiques, la diplomatie, les Cela ne posait guère de problèmes aux
française qui a proposé - tardivement -
guerres, le commerce extérieur, et des citoyens européens pour lesquels il
de recourir au vieux mot talent (on parle
monnaies intérieures réservées aux n'était pas une entité palpable, à l'excep- toujours de ce que l'on n'a pas) ...
échanges locaux ... C'est, pour la tion de ceux qui bénéficiaient d'aides Tout aussi importante que la dénomina-
Communauté européenne, l'aboutisse- communautaires. Le nom même d'ECU, tion était la question de l'iconographie :
ment logique du Marché commun, deve- trouvaille astucieuse pour désigner l'uni- quels symboles afficher sur les billets et
nu Marché unique, du serpent qui s'est té de compte européen (European les pièces ? La solution retenue a là en-
mué en système monétaire européen, Currency Unit), rassurait à la fois ceux qui core le mérite de la sagesse : sur les
avant d'être absorbé dans l' « union y voyaient la référence à une pratique billets émis par la Banque centrale euro-
monétaire européenne ». déjà ancienne de la CEE, et ceux à qui ce péenne (sept, de couleurs différentes,
L'ECU a été instauré en 1975 pour les nom rappelait les origines latines de leur ayant des valeurs de 5 à 500 euro) aucu-
besoins de la convention de Lomé, dont histoire (scutum en latin, écu français, es- ne image évoquant un personnage ou
l'objectif était d'assurer le libre accès au cudo portugais). un lieu identifiable ; sur les pièces de
marché communautaire des produits ori- On sait que l'accord s'est fait difficile- monnaie, qui continueront à être frap-

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


pées par les banques nationales, une
face européenne, commune à tous les
pays de la zone euro et une face natio-
nale, différente po ur chacun des pays,
ma is comportan t le sy mb o le comm un
des douze étoiles, t raduiront le caractère
indissociab le de ce sig ne monétaire.
Quant à l'euro lui-même, il est doté d'un
logo en forme d'epsi lon grec (un grand E
arrondi avec une double barre symboli -
sant la stabilité de la monna ie) . La seule
mention écrite, outre les initiales de la
BC E et la signature de son président, est
le nom euro dans les alphabets romain et
grec (EYPQ).

~ ~ Â ISSANCE D'EUROLAND
Pour le passage à la monnaie un ique,
cinq critères de convergence avaient été
définis par le traité de Maastricht :
- le taux d'inflation ne doit pas excéder
de plus de 1, 5 % le taux moyen enregis-
tré dans les trois Ëtats memb res qui pré-
sentent les meilleurs résulta ts ;
- les taux d'intérêt à long terme ne doi-
vent pas excéder de pl us de deux points Consei l européen a donc pris acte de ces (1) L'existence de l'ECU, unité de compte
la moyenne des trois pays ayant le plus performa nces qui permettront à 11 pays constituée par un panier de devises calculé
faible taux d' inflation ; selon le poids économique des États membres
d'ê t re au rendez-vous de l 'eu ro le (le deutsche mark entre ainsi pour 32, 68%, le
- les marges normales de fluctuation de 1" janvier 1999 : I'Euroland a pris son es- franc français pour 20, 79 %, la livre anglaise
la monnaie prévues par le mécanisme de sor sans le Danemark , la Grande - pour 11, 16%, le florin néerlandais à 10,21 %,
change du système européen doivent etc.), est un élément du SME (système
Bretagne et la Suède qui ont préféré
monétaire européen) mis en place le 13 mars
être respectées pendant au moins deux pour l'instant rester à l'écart. On mesure 1979. Ce système prévoyait notamment un
ans, sans dévaluation par rapport à la le chemin parcouru et les efforts budgé- mécanisme de change et d'intervention
monnaie d'un autre Ëtat ; taires accomp lis par les différent s gou- reposant sur une fluctuation des monnaies
- la dette publique et le déficit national autour de «cours-pivots" (les monnaies ne
vernements quand on pense aux pouvaient varier entre elles qu'à l'intérieur
ne doivent pas être supérieurs respective- analyses pessimistes qui, naguère encore, d 'une marge allant de - 2, 25% à + 2, 25%, puis
ment à 60% et 3% du PI B. ava ient cou rs et aux scénarios catas- élargie à 15%), ainsi que des possibilités de
C'est à ce dernier critère que les tenants t rop hes que l'o n se plaisa it à imagi ner. crédits pour des pays confrontés à des
de l' ort hodoxie monétaire étaient les difficultés en matière de balance des paiements.
Même si certains résultats n'ont été obte- (2) Le DTS, créé en 1975 par le FMI, est constitué
plus attentifs . En dépi t de grandes in- nus qu'au prix de contorsions peu ortho- par un panier de monnaies; il a servi d 'étalon,
qu iétudes, les résultats ont été satisfai- doxes et de savants montages comptables, en remplacement de l'or, puis du dollar.
sants puisque tous les pays sauf la Grèce (3) C'est un dessinateur autrichien, Robert
comment ne pas saluer l'exploit?
ont atteint l'objectif . En revanche, les ré-
sultats sont beaucoup moins f latteurs en
ce qui concerne l'endettement : seuls
~
-.
.ES COMPROMIS LABORIEUX
Ka/ina, qui a remporté le concours lancé par
l'Institut monétaire européen pour concevoir les
billets de la monnaie unique. Son idée a été de
réunir des éléments architecturaux de toutes les
trois pays (Luxembourg, Finlande et Si les admissions au club ont ainsi pu être époques, sans référence à des monuments
historiques ou existants : ponts pour symboliser
France) peuvent afficher un montant in- enregistrées sans difficu lté lors de ce l'union, fenêtres et portails pour marquer
férieu r à 60% . Le 2 mai dernier, le Consei l européen de Bruxe lles, la dési- l'ouverture, etc.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N ' 299


gnation du président de la Banque cen- au basculement qui se fera en deux
trale européenne a donné lieu à un af- T MAINTENANT ? temps:
frontement qui a quelque peu gâché la Désormais, les différentes banques natio- - 1•• janvier 1999 : l'euro devient la mon-
fête. C'est finalement le Néerlandais nales vont fonctionner en système : le naie à part entière de l'Union européen-
Wim Duisenberg, dont le nom avait système européen des banques centrales ne, l' ECU cesse d'exister, les taux de
peut-être été un peu trop vite avancé par (S EBC) qui aura compétence à partir du conversion des monnaies entre elles et
les directeurs de banques nationales et 1"' janvier 1999 pour définir la politique par rapport à l'euro (4) sont fixés de ma-
notamment par la Bundesbank, qui a été monétaire européenne, conduire les opé- nière irréversible, les marchés des capi-
choisi, mais, au terme d'un compromis rations de change et faire fonctionner les taux fonctionnent en euro ;
laborieux, il est prévu qu'il cèdera la pla- systèmes de paiement dans l'ensemble - 1"' janvier 2002, les billets et les pièces ac-
ce avant le terme de son mandat, qui est de la zone euro. tuelles sont progressivement remplacés; cet-
normalement de huit ans, à son rival Inspirée du modèle de la Bundesbank, la te période transitoire durera six mois, sans
malheureux, l'actuel gouverneur de la BCE, qui a donc succédé à l'Institut mo- doute moins, afin de limiter les flottements.
banque de France, Jean-Claude Trichet. nétaire européen, jouira d'une totale in- En revanche, on disposera d'un délai de dix
Dans la foulée, un directoire de cinq dépendance. Les décisions seront prises ans pour changer auprès de sa banque na-
membres a été nommé et la composition tionale les espèces désor-
de l'équipe a reçu l'approbation du mais inutilisables.
Parlement européen. Pour les particuliers com-
Autre débat difficile qui s'est conclu sur me pour les entreprises,
un compromis : l'articulation des rela- entre ces deux dates, il
tions entre les Ëtats qui, à partir du n'y aura ni obligation, ni
1"' janvier 1999, participeront à l'euro (les interdiction de compter
pays in) et ceux qui resteront en dehors en euro (la fameuse règle
de l'Union économique et monétaire (les du ni-ni). Ces trente-six
pays out). La solution retenue passe par mois seront mis à profit
la mise en place d'un conseil de l'euro, pour fabriquer les mil-
dit « Euro 11 », structure informelle qui liards de billets et de
permettra aux pays membres d'Euroland pièces nécessaires
de se concerter seu ls, avec la par le conseil des gouverneurs, constitué quand l'euro arrivera
Commission, sur la gestion de la mon- du directoire de la BCE et des gouver- dans nos poches, nous serons déjà fami-
naie unique. Les out pourront toutefois neurs des banques centrales nationales - liarisés avec cette nouvelle monnaie.
dire que tel ou tel point de l'o rdre du le président du Conseil des ministres et Quant aux Ëtats, ils sont invités à ne pas
jour constitue « une question d'intérêt un membre de la Commission européen- relâcher les efforts accomplis pour rem-
commun » dont le traitement relève du ne pouvant y assister sans voix délibérati- plir les critères de Maastricht. Déjà la
Conseil des ministres de I'Ëconomie et ve . En revanche, la mise en application Commission européenne a distribué
des Finances des Quinze (ECOFIN). Cette de la politique décidée à Francfort sera quelques cartons jaunes aux Onze pour
crainte de la marginalisation exprimée du ressort de chacune des banques cen- les rappe ler à la discipline budgétaire
par les out montre bien le chemin par- trales nationales. prévue par le pacte de stabilité et de
couru. Comme le souligna it le ministre La principale mission qui lui a été confiée croissance adopté au Conseil européen
français Dominique Strauss-Kahn, par le traité de Maastricht sera de d'Amsterdam en juin 1997.
« l'euro va créer une proximité ; la com- « maintenir la stabilité des prix ». Pour CLAUDE ÜLIVIÉRI
munauté de travail va devenir plus étroi- garantir la va leur de l'euro, les banques
te entre les pays qui ont la même nationales transféreront une partie de (4) La valeur de l'euro devrait être proche du
monnaie. Chacun commence à se rendre cours actuel de l'écu en francs, soit environ
leurs réserves en or et en devises à la
6, 50 FF. La conversion sera calculée avec cinq
compte que l'euro va exister les pays BCE qui disposera d'une réserve de décimales - ce qui évidemment ne sera pas très
qui ont la même monnaie forment prati- 50 milliards d'euros. simple, tant que l'on n'aura pas pris l'habitude
quement sur le plan économique un L'euro est désormais sur les rails et tous de compter directement en euro. En revanche,
on n 'aura plus à se soucier des cours des
même pays ; c'est une découverte pour les professionnels, banquiers, industriels différentes monnaies en voyageant à l'intérieur
les out». et commerçants se préparent activement d'Euro/and.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


l'école de base. Le français n'est plus do-

SUÈDE • rénavant uniquement desti né aux élèves

• désireux de poursuivre leurs études au ly-


cée et perd ainsi, du moins en grande
partie, son image de langue réservée à
L'ENSEIGNEMENT DU une certaine élite . Il récolte à cette
époque les fruits de la démocratisation

F~NÇ~IS À L'HEURE
du système scolaire suédois jusqu'alors
élitiste. Avec le second plan d'enseigne-
ment pour l'école de base de 1969 (Lgr
69), le nombre de cours hebdomadaires

EUROPEENNE de français (comme d'allemand) est ré-


duit, passant de 13 à 11 sur l'ensemble
du stade supérieur de l'école de base . Ce
L'enseignement des langues-cultures étrangères occupe une place
de choix dans le système éducatif suédois, héritant par là une nombre sera préservé avec le troisième
plan d'enseignement de 1980, le Lgr 80,
longue tradition historique.
lequel vient d'être progressivement rem-
Avec le véritable vent de réformes qui placé par celui de 1994, le Lpo 94 (3) .
L 'EFFET SECONDE LANGUE
a soufflé sur l'école de base (grundsko- C'est le trop faible nombre d'élèves sor-
OBLIGATOIRE
/an) et sur l'enseignement secondaire tant du lycée ayant étudié une autre
au début des années 1990 (1 ), cet en- langue que l'anglais qui a conduit les
seignement s'est trouvé renforcé par L'année 1962 constitue une étape décisi-
diverses mesures : apprentissage de ve dans l'histoire de l'enseignement du (1) Voir Cabau 8., " Ven t de réformes sur le
l'anglais (ob ligatoire depuis 1962) pou- frança is en Suède : en effet, c'est la pre- système scolaire suédois " dans Revue
internationale d' Éducation, mars 1997, CIEP
vant commencer dès la première année mière fois au cours du xx• siècle qu'il oc- Sèvres.
de sco larité ; apprentissage désormais cupe au même titre que l'a llemand la (2) Cabau-Lampa B. (1998)," L'enseignement
des Langues-Cultures en Suède : un enjeu
obligatoire d'une seconde langue position de seconde langue enseignée, multidimensionnel », Presses universitaires du
étrangère (l'allemand, le français ou avec un nombre de cours hebdomadaires Septentrion, Lille.
l'espagnol), ou du moins d'une option égal (13) répartis sur les trois dernières (3) Utbildningsdepartementet (1994), Laroplan
for grundskolan (Plan d'enseignement pour
linguistique ; augmentation de 30 % années formant le stade supérieur de l'école de base), Stockholm.
du nombre d'heures accordé à l'ap-
prentissage d'une seconde langue : en-
fin, possibi l ité de commencer en
dernière année d'éco le de base l'ap-
prentissage d'une troisième langue
étrangère.
Évidemment la faible diffusion du sué-
dois à travers le monde a constitué le
motif principal de l'intérêt particul ier
accordé à l'enseignement des langues-
cultures : celui-ci représente le moyen
de soutenir les enjeux économiques et
commerciaux d' un « petit » pays large-
ment tributaire de ses exportations qui
veut se faire valoir sur la scène interna-
tionale (2).

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N ' 299


responsables suédois de l'éducation à dé- (rurales ou peu peuplées) où aucun élève
créter obligatoire l'apprentissage d'une se- P ouRQUOI CHOISIR n'apprend le français.
LE FRANÇAIS
conde langue : en effet, alors que, sur 100 La liste des facteurs entravant l'essor de
000 élèves du même âge, environ 60 000 l'apprentissage du français en Suède est
Venons-en à l'intérêt que portent les
choisissaient une option linguistique en 7' malheureusement longue : l'image du
élèves de l'école de base en 1997/98 à
année d'école de base, ces mêmes élèves français, à savoir celle d'une langue culti-
l'apprentissage du français par rapport à
n'étaient plus que 15 000 à la sortie du ly- vée ou savante à caractère élitiste par la
celui des deux autres langues en présen-
cée à avoir poursuivi jusqu'au bout l'ap- place qu'il occupait dans le système scolai-
ce, français et espagnol.
prentissage de leur « langue B » re avant la création de l'école de base ; le
(l'al lemand ou le français). Le taux élevé Alors que la popularité de l'allemand di-
fait que la France contribue à pérenniser
d'abandon s'expliquait par le fait que les minuait progressivement depuis 1994 et
l'image du français dans une perspective
élèves jugeaient nettement plus facile avoisinait les 33 % en 1996/97, l'année
essentiellement culturelle et artistique ;
d'obtenir une meilleure moyenne scolaire 1997/98 marque une massive reconquê-
une certaine méfiance de la part des
dans une matière autre que linguistique. Et te germanique du terrain puisqu'elle
Suédois envers les Français, due à l'existen-
cette moyenne joue un rôle prépondérant s'élève à plus de 41 % en 9' année, soit
ce de clichés et de méconnaissance sur la
pour entrer à l'université. un pourcentage jamais atteint aupara-
France et ses habitants ; une langue qui
Avec le Lpo 94 et le nouveau plan de vant. Le français, quant à lui, après une
serait par tradition réservée à un public en
cours pour les langues étrangères (4), le année catastrophique en 1993/94 où il
majeure partie féminin ; l'image d'une
nombre total de cours de seconde n'avait attiré que 10 % des élèves de
langue difficile, laquelle se trouve renfor-
langue étrangère a considérablement 9' année, reprend lentement du terrain
cée par l'instauration de l'espagnol au titre
augmenté : de 246 (de 45 minutes), il est avec 18,5 % en 1997/98. L'espagnol,
de langue B, lequel bénéficie, lui, de la ré-
passé à 320 (de 60 minutes). Cela équi- quant à lu i, est loin encore de constituer putation de langue facile ; l'assez faible
vaut au renforcement de l'emploi du le dangereux concurrent du français, enjeu économique que constitue l'appren-
temps suivi de 1962 à 1969, à savoir comme le pensaient de nombreux ensei- tissage du françai s pour les Suédois, par
13 1/ 2 heures de cours hebdomadaires gnants. Enfin, l'objectif visé consistant à rapport aux relations commerciales plus in-
(contre 11 selon le Lgr 80) sur trois ou augmenter le nombre d'apprenants de tenses entre la Suède et l'Allemagne,
quatre années d'apprentissage. C'est en seconde langue est atteint : en 1997/98, conjugué au fait que les Français utilisent
effet à chaque commune de décider le pourcentage d'élèves suivant des cours de plus en plus l'anglais dans le domaine
quand ce dernier doit commencer ; c'est de langue Ben 9' année s'élevait à 65 % des échanges commerciaux avec leurs par-
ainsi que de nombreux élèves se lancent contre seulement environ 50 % les an- tenaires scandinaves. Cependant, l'instau-
dans cet apprentissage dès leur sixième nées précédentes. Cela est certainement ration de l'apprentissage obligatoire d'une
année de scolarité, et non plus à partir dû au fait qu'à la rentrée 1997/98, le seconde langue étrangère pour tous les
de leur septième comme c'était le cas Lpo 94 qui a introduit l'apprentissage élèves de l'école de base, la possibilité de
jusqu' arors. obligatoire d'une seconde langue étran- commencer à suivre des cours d'une troi-
Une commune se trouve dans l'obligation gère devait être appliqué dans toutes les sième langue, l'entrée de la Suède dans
de mettre en place l'enseignement d'une écoles de base du pays sans exception. l'Union européenne en 1995 et enfin, le
seconde langue à deux conditions : il faut Si le français remporte nettement moins consensus politique sur l'importance à ac-
un minimum de cinq élèves désirant étu- de succès que l'allemand, c'est néanmoins corder à l'enseignement des langues-cul-
dier la langue en question et que ces lui qui perd le moins grand nombre d'ap- tures étrangères constituent autant de
mêmes élèves aient la possibilité de prenants au cours des années d'apprentis- facteurs qui permettent de ne pas être
poursuivre cet apprentissage au lycée. sage à l'école de base. De plus, en règle trop pessimistes quant à l'enseignement
Aux dires des différents acteurs de l'édu- générale, les filles sont deu x fois plus du français en Suède.
cation que j'ai pu rencontrer, les com- nombreuses, sinon plus, que les garçons à BÉATRICE (ABAU-LAMPA
munes suédoises profitent de leur liberté choisir le français comme option linguis-
(4) Utbildningsdepartementet (1994).
d'action pour faire disparaitre le français tique, ce qui n'est pas le cas dans le cadre
Kursplaner for grundskolan (Plans de cours
comme option lorsque la demande n'est de l'apprentissage de l'allemand où filles pour l'école de base), Stockholm, Fritzes.
pas importante, et cela au profit de l'es- et garçons sont assez équitablement re- (5) Ce tableau a été réalisé à partir des
statistiques publiées par Skolverket (Direction
pagnol qui bénéficie de la réputation de présentés. Par ailleurs sur le plan géogra- nationale des établissements scolaires) dans
« langue facile ». phique, il peut se trouver des communes Skolan 1 siffror (1998).

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N" 299


d'autres encore plus pauvres qu'avant. ».
Agnes, sa femme, fait réviser ses devoirs à

UN DIMANCHE Maci, leur fils. Agnes est graphiste. Dans


une des pièces de leur maison, elle a ins-
tallé un véritable studio de création infor-

À BUDAPEST matisé. Derrière un mur tapissé de livres,


un micro ordinateur gavé de logiciels a fi-
nalement trouvé sa place dans un petit
Gyula Baliko est professeur à l'école des Beaux Arts de Budapest. Il bureau . Agnes travail le sans relâche des
vit à Buda et travaille de l'autre côté du Danube, à Pest. De sa ville, mises en page de magazines, des projets
d'affiches. « Elle est aussi responsable du
il a la vision d'un homme de 58 ans qui a vécu l'insurrection de
département informatique de l'université.
1956. Il suit l'évolution actuelle de la Hongrie avec le détachement
Un travail à plein temps qui lui rapporte à
et l'humour qui caractérise souvent les habitants de la capitale. peine 7 000 francs par mois ». Gyu la ex-
Ballade dominicale dans Budapest avec Gyula. plique le choix de l'équipement informa-
tique à domicile : « En fait, nos deux
Il y a Buda et il y a Pest. Un étudiant se l'économie de marché. Certaines entre- salaires réunis ne nous permettent pas de
m'avait prévenu : « Tu verras, les gens ne prises se reconvertissent, rachetées par voyager en Europe. Alors, l'a rgent que
vivent pas de la même façon d'une rive à des investisseurs étrangers. D'autres han- nous économisons, nous le plaçons dans
l'autre du Danube. Le fleuve nous a sépa- gars se transforment en centres commer- cet outil de création. Beaucoup de mes
ré physiquement pendant très longtemps ciaux ou en lieux culturels. amis réagissent comme cela. Le but est
et les ponts, mêmes s'ils sont superbes, d'acquérir quelques biens matériels pour
n 'o nt pas reliés tous les esprits de C ERTAINS SONT RICHES, améliorer notre vie, c'est tout. Je manque
Budapest. Buda, c'est l'intellectuelle, Pest, D'AUTRES ENCORE PLUS PAUVRES de bonnes chaussures, ma vieille
l'industrieuse ». Alors, le visiteur, intrigué, Wolkswagen est en panne, mais au moins
tente de comprendre. Il se lance dans une A la lisière de ce quartier maintenant tran- je peux travailler. » Il y a quelques années,
ascension ardue pour découvrir la capitale quille, habite Gyula Baliko. Professeur au Gyula vivait dans un appartement d'une
hongroise. Sur la colline Gellért, promon- Beaux Arts de Budapest. « Je dors à Buda grande cité alors en vogue à l'est. Depuis
toire providentiel et plus haut vers la cita- et je travaille à Pest, de l'autre côté » , pré- Faculté des Beaux Arts à Pest où Gyula Baliko
delle. Le paysage devient panoramique : cise cet homme au regard direct. Le che- enseigne.
les collines de Buda se dessinent au loin. veu blanc, pas très grand, un gilet de
Buttes d'un vert pâle parsemé de blanc. reporter beige invariablement ajusté sur
Elles tranchent sur la grisaille de la ville, en les épaules, Gyula a 58 ans. Il avait tout
contrebas . Lorsqu'on replonge finalement juste 17 ans lorsque en 1956, les Russes
dans le cœur de la cité, les usines repren- sont entrés sans invitation dans la capitale
nent vite le pouvoir. Dans ce quartier de hongroise. Une réception qu'il n'est pas
Buda qui longe le Danube, au sud de la près d'oublier. C'est le premier dimanche
ville, les entrepôts mangent des boule- ensoleil lé de février. Gyula regarde sa ville.
vards très larges. Des cheminées, sym- « À l'Ouest, vous parlez toujours de la ré-
boles verticaux d'une puissance volution de 7989 qui a mis fin à notre pé-
industrielle passée, sont toujours plantées riode socialiste. Selon vous, elle aurait
là. Mais les témoins de brique ne crachent bouleversé notre quotidien. En fait, cela
plus aucun panache de fumée sur leurs n'a pas changé grand-chose ici, à part la
ouvriers fatigués. Les usines ont fermé les fermeture des usines. Les Hongrois expéri-
unes après les autres. Dans le même mentent le capitalisme avec plus ou moins ~
temps, la Hongrie a appris à grande vites- de bonheur Certains sont plus riches, ~

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N• 299


Sur le petit marché de la place de Moscou,
une très vieille dame vend de minuscules
bouquets de fleurs blanches éclatantes
sous ce soleil de février. De quoi améliorer
un peu sa maigre pension . Les personnes
âgées perçoivent des retraites calculées sur
leurs salaires d'avant 1989. Souvent cela
ne suffit pas pour vivre à Budapest. Alors
les vieux vendent de petites choses, des
vêtements, deux ou trois légumes sur le
trottoir. La pauvreté est présente un peu
partout dans Budapest. Le plus souvent,
elle côtoie l'homme affaire au téléphone
cellulaire collé à l'oreille ou la limousine
flambant neuve. Des preuves de la réussite
éclatante des mafias locales ou de ceux qui
Marx regarde passer les jeunes étudiants hongrois aux regards tournés vers l'Ouest.
ont rattrapé le train du capitalisme. Gyula
avance vers la gare de l'Ouest. La magni-
peu, il est propriétaire de son logement. l'art dans certains milieux. « Comme ces fique architecture métallique accueillera
« Même si mon statut d'artiste et de pro- tableaux de l'artiste Csaba Rékassy (1) d'ici peu un énième fast food. Le profes-
fesseur n'est pas très valorisant, j'ai quand qu 'un de mes amis a retrouvé par hasard seur n'a pas le temps de commenter l'im-
même la possibilité de voir mes amis dans une poubelle d'un grand hôtel de plantation du restaurant. Le tramway
sculpteurs et peintres. Je fais un travail qui Budapest. L'établissement vient d'être ra- orange et blanc vient glisser ses voitures
m'intéresse. Ce n'est pas si mal! » cheté et rénové par un étranger. Le patri- devant son nez et masquer la gare. Le pro-
moine artistique hongrois n'est fesseur s'engouffre à l'intérieur par les
visiblement pas sa priorité actuelle ... » portes accordéons. Avec un arc électrique
P ETIT MARCHÉ AVALÉ PAR
Du côté Buda, Gyula, sans ralentir le pas, bleuté, le tram démarre. Retour direct au
UNE GRANDE SURFACE avait déjà pointé du doigt le panneau pu- delà du Danube, vers Buda.
blicitaire d'un gros centre commercial en STÉPHANE HARTER
En cette fin de journée, après une longue construction. Tout proche de la place de
promenade sur les hauteurs de Buda et (1) Rékassy Csaba (1936-1989)
Moscou, ce futur temple de la consomma-
du côté du château, Gyula se rapproche tion a une enseigne française. Il creuse ses
du Danube. Le fleuve, large et noir le ras- Pest. Place des Héros hongrois.
fondations dans les entrailles d'un petit
sure : «Je connais Paris et j'aime la Seine. marché de quartier. A quelques mètres des
Mais ici, le Danube est impressionnant de chapelets de paprikas rouges pendus au
sérénité. Et puis, lorsque je regarde du dessus des étals, les pelleteuses remuent la
côté de Pest. je peux détailler chaque im- terre sans relâche. A l'ouverture, les rive-
meuble, l'ai souvent une histoire à racon- rains ne se leurrent pas sur l'avenir des pe-
ter sur eux. J'ai travaillé dans un cabinet tites baraques de bois . Les Hongrois
d'architectes à une époque. » expliquent souvent que l'investissement
Sourire affiché lorsque Gyula repère un était de toute façon nécessaire dans leur
café où il a organisé une fête en l'hon- pays surendetté. Reste que cet afflux d'ar-
neur de l'écrivain tchèque Hrabal. « C'est gent frais ne sera pas sans conséquence sur
un auteur remarquable, dommage qu 'il le quotidien des habitants de Budapest . La
soit si peu connu chez vous. » Pourtant, privatisation des entreprises publiques est
sur le pont Margit, pour rejoindre Pest en terminée. Les grands groupes étrangers qui
ce dimanche soir, le professeur de pein- ont investit ici développent maintenant
tures murales ne peut s'empêcher de pes- leurs stratégies d'expansion. La spécificité
ter contre le peu d'intérêt que représente hongroise n'est pas le souci actuel.
toutes les femmes françaises peu vent

Du LANGAGE
s'identifier aux modèles de femmes pré-
sentés dans ces revues ?

Y A-T-IL UN DISCOURS DE

DES FEMMES AU L'OPPRESSION AU FÉMININ ?

En fait, en parcourant ces revues, on peut

DISCOURS FÉMININ se demander en effet si, de nos jours,


l'oppression des femmes n'est pas deve-
nue une oppression par un discours au fé-
SUN HYO-SOOK minin : à l'origine, l' assujettissement
venait de l'homme, mais dans une certai-
Lorsqu'on parle du langage des femmes, dans l'esprit du public il ne mesure, il semblerait qu'aujourd'hui
s'agit le plus souvent d'un langage qui se définit par rapport à celui l'émancipation féminine en ait inventé
des hommes. Il est vrai que les dimensions historiques, une forme nouvelle . A cela, on peut
psychologiques et sociologiques liées à l'usage de la parole au constater qu'actuellement la dépendance
féminin contribuent à entretenir cette idée . N'oublions pas que le de la femme se résume à ce qu'il est aisé
pour quiconque de dégager dans les re-
langage des femmes a été, et est encore toujours, plus ou moins
vues féminines à gros tirage, et qui se for-
conditionné par l'univers des hommes.
malise selon deux grands types de
discours à fond commun : d'une part, un
A juste raison, tout au long de l'histoire, discours normatif sur le corps, d'autre part
les femmes françaises ont forgé leur un discours sur l'amour. Le discours sur le
propre identité, mais si aujourd 'hui cette corps est a priori, lié à la beauté, tandis
identité se bâtit toujours dans cette dialec- Que le discours sur l'amour ne s' identifie
tique homme/femme, c'est surtout à par- pas forcément aux sentiments que peu-
tir du regard que l'autre pose sur soi . Du vent éprouver les individus, mais obéit
moins, ce rapport est-il fortement présent souvent au principe de l'hédonisme. On
dans la presse fém inine à gros tirage et trouve généralement ce type de discours
dans le phénomène publicitaire puisqu'on dans des articles où les questions de
instruit les femmes principalement sur couple sont abordées sous forme de té-
l'objet de leur silhouette, de leur visage et moignages sans hypocrisie.
de la séduction. Et même, si les revues fé- Si ces revues révèlent une conscience col-
minines et les publicités véhiculent de ma- lective des femmes actuelles, souvent ce
nière plus ou moins implicite l'idée qu 'être sera également celle de leurs préoccupa-
bien dans sa tête, c'est d'abord être bien tions vestimentaire et cosmétique (sous-
dans son corps, on peut se demander si jacentes au discours sur la beauté et
ce discours que tiennent les femmes dans l'amour) véhiculées, entre autres, par les
ces revues n'énonce pas une vérité qui pages publicitaires . La question sportive
n'est construite qu 'à partir d'une concep- est parfois abordée, non pour le sport en
tion de la femme jeune et physiquement lui-même, mais pour ses vertus corpo-
bien faite ; serait-ce là l'ultime enjeu pour relles. Enfin, la question diététique occupe
une libération à laquelle les femmes se- elle aussi dans ces revues une place non
raient désormais liées ? Est-il sûr que négligeable.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE N' 299


D'une manière générale, on peut donc re- finir avec l'obsession de séduire » , de conditionnée et transformatrice. Dans les
connaitre dans cette presse, une certaine l'écrivain Noëlle Châtelet dont le propos propos de cet écrivain, qui représentent
condit ion de la femme moderne, ses dé- recueilli par la journaliste Élisabeth sans aucun doute ce que nombre de
sirs, ses aspirations aux formes de son Alexandre, tranche d'avec le contexte femmes françaises s'accordent à penser
émancipation économique et sociale ren- dans lequel à se trouve inséré. En fait cet aujourd'hui, cette activité est condition-
due possible par l'histoire. Mais la ques- écrivain refuse ni plus ni moins l 'idée née dans la mesure où, comme tout dis-
tion culturelle concernant le devenir de conformiste qui fait de la jeunesse un de- cours quel qu'il soit, le sien n'échappe pas
tout individu est rarement abordée . A voir et non un moment de la vie. à la pression sociale et culturelle. Mais
priori cette presse ne présente pas vrai- Les propos de Noëlle Châtelet ont ceci de c'est aussi une activité transformatrice dès
ment d'articles de fond d'un quelconque fort intéressant que nous avons en réalité lors qu'apparait un type de discours qui
devenir. Tout est à vivre au présent. On deux discours dont les termes s'opposent : vient contester cette forme d'oppression.
pourrait d'ailleurs reconnaitre dans cette les uns, par rapport au refus de vieillir Au fond, on reconnait bien là un langage
presse une condition féminine dans la- avec des mots tels que : soumettre, obli- qui est dans le droit-fil de tous les mouve-
quelle les femmes françaises semblent se gation, condamnée/régression, diminue, ments de libérations qui furent ceux des
rassembler sous cette seule revendication : empêche/fatiguant, épuisant, lassitude/se femmes. Caractéristique saillante, ce lan-
comment plaire et comment toujours plai- battre, lutte, violent/cruel, souffrir, souf- gage qui est en forme d'action, de révolu-
re. Serait-ce sur cette seule base réelle et france, torturée/obsession, angoisse, peur, tion, se propose aujourd'hui de récuser la
unitaire qu'elles peuvent dire nous au- terreur ; les autres, par rapport à l'accep- dictature de l'apparence ; c'est un langa-
jourd'hui ? tation de vieillir : sérénité, paix, tran- ge ultime de soi à soi comme la réalisation
quille, apaiser, douceur/liberté, délivrant, d'un souhait Rimbaldien : Quand sera bri-
libérée . sé l'infini servage de la femme, quand elle
D ISCOURS AU FÉMININ : Il y a dans ces deux listes un contraste vivra pour elle et par elle [. ..} elle sera
OBSTACLES ET VÉRITÉ frappant entre des mots qui expriment poète, elle aussi !
soit un monde tyrannique, soit au contrai-
Si les revues françaises féminines mettent re un monde libéré de cette loi du « de- SuN Hvo-SooK
toutes en avant le même type de discours, voir paraitre » pour ce qui touche à Université de Kyunghee
il nous faut tenir compte du fait qu 'il y a l'image du corps . Séoul, Corée du Sud
là, bien sûr, un principe qui doit servir les Dans les propos de Noëlle Châtelet, le
intérêts économiques des revues, tant il passage entre refus et acceptation se for-
est vrai que celles-ci ont des intérêts com- malise par les mots et les expressions sui-
muns avec les annonceurs publicitaires en vants : ras-le-bol, révolte intense/je ne
matière de produits cosmétiques, diété- veux pas, ne plus être considéré/je veux
tiques et vestimentaires. Par ailleurs, le devenir, j'avais envie, n'ayons pas peur. Références bibliographiques
principe économique d'un magazine ré- Compte tenu de cette dernière liste de Badine A., « Sexocentrisme et recherches
pond aussi à celui de la demande, dans la mots et face à l'usage obligé du corps linguistiques>>, in Parlers masculins, parlers
mesure où les articles que proposent ces (« soyez séduisante »), nous avons ici un féminins ? Neuchatel, Paris, Delachaux et
revues correspondent également à l'atten- langage au féminin qui concoure à faire Niestlé, 1983, pp. 35, 63.
te de lectrices potentielles qui les achè- Conein B. , « Voir la femme et acheter :
progresser une cause qui est celle de la
ethnographie des photographies publici-
tent. Et enfin, pour la publicité ce ne sont valorisation de l'être. Ce domaine, non taires >>, in Langage et société, no 69,
pas réellement les femmes qui s'expri- exclusivement féminin mais qui est au 1994, pp. 59, 79.
ment mais l'annonceur. centre des préoccupations d'une minorité Kerbrat Orecchioni C., L'imp licite, Paris,
Or, parfois nous trouvons aussi dans ces Armand Colin, 1986, p. 250.
de femmes françaises, s'inscrit de nos
Groult B., Ainsi soit-elle, Paris, Grasset,
revues un discours de la femme qu 'on in- jours dans une perspective véritablement 1975.
terroge ou qui signe des articles dans les- révolutionnaire. Leclerr A., Parole de femmes, Paris,
quels l' image de la femme fatale est De ce point de vue et pour reprendre Grasset, 1974.
quelque peu revue et corrigée. C'est ainsi l'idée énoncée par C. Kerbrat-Orecchioni Reboul 0., Langage et idéologie, Paris,
P.U.F., 1980.
que nous avons sélectionné dans Marie à propos de la sociologie du langage, on Yague llo M., Les mots et les femmes,
Claire (avril 1996, pp . 117-122) un article peut dire que le discours que tient Noëlle Paris, Payot, 1987.
particulièrement intéressant intitulé : « En Châtelet témoigne d'une activité à la fois

LE FRANÇA IS DANS LE MONDE N" 299


- Ouvrages didactiques construction , la composi- scolaires à travailler avec
- Formation et profil des tion , l'évolution et la fonc- les médias, à les utiliser et
enseignants tion d'un tel patrimoine? les dédramatiser à travers

tes
Renseignements : des informations pratiques
• TOULOUSE Université de Rouen et des témoignages de
UFR Psychologie, sociologie, chefs d'établissement.
À la suite du colloque de
sciences de l'éducation Isabelle Bréda, 50 mots
Lille (Mots possibles et
Laboratoire des sciences de clés pour travailler avec les
mots existants, 28 et l'éducation
29 avril 1997), le Forum de médias, Clémi, Cndp, Crdp
Bld Siegfried- 76821 Mont région centre 65 F
27 octobre 1998 à l'audito- morphologie organise à Saint Aignan Cedex Contact Clémi :

G lloques rium de l'Alliance


Française, 101 bd Raspail ,
Paris. John Trim, du
Toulouse, Université Le
Mirail, les 29 et 30 avril
1999 une deuxième ren-
Tél : 02 3514 64 38
Mél:
pie'naire@epeire.univ-rouen.fr
Josiane Savino
391 bis rue Vaugirard
75015 Paris
• ASDIFLE Conseil de l'Europe, inter- contre ayant pour thème : Tèl : 01 53 68 71 00
viendra sur le thème du la Morphologie des dérivés
Les 22' Rencontres de
I'ASDIFLE auront lieu les 3,
" vantage level " ·
Contact : ASDIFLE :
évaluatifs.
Contacts : Nicole Sema & rotions M
él .-.@d,mLo•
~IX
4 et 5 septembre 1998 à Tél/Fax : 01 45 44 16 89 ERSS Maison de la recherche
Limoges à l'auditorium de Université de Toulouse-
la Bibliothèque • PORTUGAL Le Mirail ""'" I'M"ignomMt de 1•
Francophone Multimédia. 6 Allée Antonio Machado grammaire, compte rendu
Elles auront pour thème : Le colloque internationnal 31058 Toulouse Cedex de la journée du 20 no- • PRIX GEORGES
" Enseignement précoce de Sintra se déroulera les Tél: 0561 503683 vembre 1996 à l'université POMPIDOU
des langues, enseigne- 1er, 2 et 3 octobre 1998. Fax : 05 61 50 42 50 d'Artois à Arras. Textes re- Le 25 mars 1998, Monsieur
ment bilingue "· Chaque Après une conférence Mél : ser.na@cict.fr. cueillis et présentés par Georges Henri Soutou a
journée abordera un thème inaugurale de Marie- Guy Legrand. Édité par le reçu des mains de Madame
spécifique à travers des Hélène Clavéres intitulée : • RouEN centre de documentation Catherine Trautmann,
conférences et des tables " Enseignement des Le laboratoire des pédagogique du Nord- Ministre de la Culture et de
rondes : langues et littératures sciences de l'éducation Pas-de Calais et l'universi- la Communication, Porte-
jeudi 3 : le bilinguisme pré- étrangères au XI X' siècle "• CIVIIC organise un col- té d'Artois. Parole du gouvernement, le
coce les communications pré- loque les 23, 24 et 26 sep- prix Georges Pompidou
vendredi 4 : l'enseigne- vues seront réparties sous tembre 1998 à Rouen. Il pour son ouvrage L'Alliance
ment des langues aux en-
fants : quelle actualité
samedi 5 : l'enseignement
les intitulés suivants :
- Enseignement des
langues, littératures étran-
sera intitulé : " Les idées
pédagogiques : patrimoine
éducatif ? " Peut-on consi-
C edia incertaine, sur les relations
franco-allemandes de 1954
à 1996.
des langues aux enfants : gères et politique linguis- dérer que les idées péda- 50 mots clés pour travailler ( Fayard, 1996) La cérémo-
quelle formation pour les tique gogiques constituent un avec les médias, proposé nie s'est déroulée en pré-
enseignants en Europe. - Histoire de la méthodolo- patrimoine éducatif et par le CLEMI, veut encou- sence de Mme Pompidou
Le prochain lundi de gie du Français Langue peut-on prétendre rendre rager les équipes de direc- et de Alain Decaux, prési-
I'Asdifle aura lieu le mardi Étrangère plus intelligibles la tion des établissements dent du jury.

Rédacteur en c)lef COMITÉ DE RÉDACTION National de la Rec herche Pédagog ique, de l' Alliance França ise. de
JACQUES ~ECHEUR Gabri el Beis, Denis Bertrand, Henri Besse, Robert la Mission Laïque Française, de l' Alliance lsraélite Uni verselle. du
Ministère de l' Education nationale- ADE- FDM Bouchard,Gilles Breton , Daniel Coste, Franci s Co mit é Ca th olique des Amitiés Françai ses dan s le mond e, du
Rédactrice en chef a<!jointe Debyser, Jean-Marie Gautherot, Henri Halee, Comité Protestant de s Amitiés Françai ses à I' Étmnger, du Centre
FRANÇOIS~ PLO(..!UIN de Recherche et d' Étude pour la Diffusion du Français, des Cours
Ministère de l' Education nationale - ADE- FDM
Richard Lescure, Simonne Lieutaud , C laude Oliviéri,
d e Ci v ili sa ti o n Fra nça ise à la So rbonn e , d e la Fé dér a ti on
Roger Pilhion , Anne Rebérioux, André Reboullet,
R~dacteùr Intern ati onal e des professeurs de Français, de la Fédérati on des
SEBASTIEN LANGEVIN Jean-Pierre Voisin
professeurs de Français résidant à l' étnmger. du Secrétariat Général
Administration et relatiOI\~ commerciales REVUE PUBLIÉE de la Commission Française à I"U.N .E.S.C.O .. de l' Association des
ANNE-SOPIDE BALA Y AVEC LE CONCOURS Attachés lingui stiques, de l' ASDLFLE, 1" ANEFLE et 1" AREFLE.
Présentation graphique de l'Association pour la diffusion et l'enseignement
Valérie Le Roux 1 DOC'LINE du français dans le monde (ADE - FDM) LE FRANÇAIS DANS LE MONDE
Conception <Traphique SOUS LE PATRONAGE 58, rue Jean-Bieuzen 92178 VANVES CEDEX
Atelier JMI'i (Husson/Fitremann) du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l' Éd ucation Rédaction : (3 3) (0) 1 46 62 10 50- 10 52
Coordination Fabrication na ti o nal e , du mini s tè re d é lég ué à la Coo pé ra ti o n et a u Administration : (33) (0) 1 4 6 62 10 51
Guillaume Georges Développement. de la Direction générale des re lations culturelles, Té lécopie : (33) (0) 1 40 95 19 75
Directeur ~érant scientifiques et tec hniques, de l' Age nce de la Francophonie, du Courriel : fdmdiag@ hac hette-li vre .fr
Marc Momgeon Centre Internati onal d'Études Pédagog iques de Sèv res, de l' Institut Site we b: http://www.fdm .hachette-li vre.fr

LE FRA NÇAIS DAN S LE MO N D E N" 299


COURS PRATIQUES DE LANGUE ET CIVILISATION FRANÇAISES

A tous les niveau x, ces cours sont confiés à des professeurs spécialistes de l'enseignement du
français langue étrangère, de phonétique enseignée en laboratoires de langue.
Cycle de conférences et option "Français des Affaires" accessibles au niveau supérieur.

CALENDRIER

• Deux semestres : Hiver ( début octobre-fin janvier )


Printemps ( début février-fin mai )
Ils comprennent chacun 12 semaines de cours, 1 semaine d'examens, 2 semaines de vacances
( Noël ou Printemps ).

COURS REGULIERS

e12 heures par semaine, tous niveaux avec phonétique obligatoire


• 6 heures par semaine, le soir (pas de débutants), programme allégé
e16 heures par semaine, langue, phonétique et initiation à la civilisation française
(niveau moyen seulement)
• 25 heures par semaine, 5 h. par jour :
· Cours préparatoire : pour débutants
· Cours préparatoire spécial : niveau moyen - Introduction à l'étude de la civilisation française
(pour étudiants ayant suivi le cours préparatoire au premier semestre)
• Cours pratiques intensifs : niveau moyen

SESSION SPECIALISEE

• Automne (début septembre - mi-décembre) 12 semaines de cours

POUR TOUS LES COURS


Directeur : Pierre BRUN EL
Professeur à la Sorbonne
• Test obligatoire pendant périodes d'inscription_
• Conférences de civilisation française_
INFORMATIONS • Cours complémentaires (sur demande): conversation,phonétique.
• Activités annexes : visites de musées, excursions_
Cours de Civilisation Française
de la Sorbonne
COURS D'ETE

Centre Expérimental d'étude
• Cours pratiques: ju in, juillet, août : 4, 6 et 8 semaines ; 12 h. par semaine, avec phonétique
de la Civilisation Française associé
obligatoire, le matin seulement.
à l'Université de Paris-Sorbonne
47, rue des Ecoles, 75005 Paris • Cours préparatoire : juillet, août : 4, 6 et 8 semaines ; 25 h. par semaine, pour les débutants.
Tél. : (1) 40.46.22. 11 - Postes 2664 à 2675 • Session intensive d'été: 11 semaines, 25 h. par semaine. Préparation progressive à l'année
Télécopie : (1) 40.46.32.29 universitaire , à tous les niveaux. Cours de langue et de civilisation.
• • Session intensive de septembre : 5 semaines, 25 h. par semaine. Préparation intensive à
Service d'accueil et d'aide au logement l'année universitaire. Cours de langue et initiation à la civilisation.
Tél. : (1) 46.33.81.13
L'inscription aux Cou rs d'Eté donne accès aux Conférences (après-midi) : Aspects de la France

SOCIETE DES AMIS DES UNIVERSITES DE contemporaine, Littérature, Histoire des Idées, Art et Esthétique, Histoire générale, Problèmes
PARIS économiques et sociaux.
Le Centre vous propose des Conférences de Civilisation française, des Séminaires spécialisés, • Corps enseignant : Professeurs
des Travaux dirigés, des cours de grammaire et de phonétique. Son calendrier est organisé en des universités de Paris.
semestres identiques aux semestres des Cours de Civilisation Française. •Inscription recommandée aux
étudiants des cours pratiques de niveau
COURS UNIVERSITAIRES DE L'ANNEE supérieur, comprise dans les
enseignements du Cours Universitaire,
MAGISTERE DE LANGUE ET DE CIVILISATION FRANÇAISES ou proposée en option indépendante.

• Cette préparation est réservée aux étudiants étrangers, et exige un séjour de 12 mois à Paris, SEMESTRE D'HIVER
du début septembre à mi-août de l'année suivante.
• Diplôme reçu, aux U.S.A., en équivalence du Master of Arts sous certaines conditions. • La France des origines à 1789
Programme sur demande. Histoire - Littérature (Moyen Age,
• Options spéciales : pédagogie, francophonie, économie, préparation au Diplôme de XVIème - XVIIIème siècles)
Français des Affaires de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (C.C.I.P.). Beaux-Arts - Musique.
• Conditions d'admission : équivalence de 2 années d'université française. Examen d'entrée. • La France moderne
Histoire des idées - Vie économique en
COURS ANUELS ET SEMESTRIELS France -Vie et pensée modernes : les
transformations culturelles.
• Ils préparent aux Diplômes d'étude de la Civilisation française, en section annuelle ou
semestrielle, et au Diplôme de Français des Affaires de la C.C.I.P. SEMESTRE DE PRINTEMPS
• Conditions d'admission : En section annuelle : niveau de la 2ème année
d'université française. • La France de 1789 à nos jours
En section semestrielle : équivalence dü baccalauréat français. Histoire- Littérature (XIXème- XXème
• Enseignement : siècles) Etudes stylistiques-
- Conférences, séminaires, travaux dirigés, Beaux- Arts - Musique.
options spéciales (voir Magistère) assurés par des professeurs des Universités de Paris. • La France moderne
- Travaux pratiques en groupes réduits. La culture française vue à travers sa
-Séminaires : philosophie - Vie économique et sociale
Hiver : 1)Littérature et mentalités sous l'Ancien Régime. des régions françaises - Vie et pensée
2)Technique du roman contèmporain. modernes : les bouleversements
Printemps : 1)Etude thématique de la littérature des XIXème et XXème siècles. structurels - Politique.
2)Histoire de la langue française.
Les 2 semestres : La Société française d'aujourd'hui : actualité socio-économique.

COURS UNIVERSITAIRE D'ETE


POUR ETUDIANTS ET PROFESSEURS
COURS UNIVERSITAIRE D'ETE

• Début juillet - mi-août : 6 semaines - 90 heures de cours, reconnus par les universités
étrangères et accrédités aux U.S.A. (équivalence du baccalauréat exigée).
• Séminaires par petits groupes.
• Programme spécial sur demande.

STAGES SPECIALISES (de 3 à 8 semaines)

• Ces stages portent sur des enseignements spécifiques : Pédagogie, Arts, Archéologie, EXAMENS
Art du spectacle, Journalisme, Psychologie sociale, Sociologie, Administration et
Gestion des entreprises, etc. Tous les cours sont sanctionnés par
• Programme sur demande pour groupe de 25 participants minimum. un examen.
La collection de référence en didactique
titres disponibles
Bulletin de commande. Cocher les titres souhaités.
0 Retour à la traduction par M.J. Capelle, F. Debyser, J-L. Goes<er ... 60F
D Littérature et enseignement par D. Bertrand. F. Ploquin .. 60F
D Nouvelles technologies et apprentissage des langues par M. Garrigues .. 70F
D ... Et la grammaire par S. Moirand. R. Porquier, R.Vi vès . ......................... .. 70F
D Acquisition et utilisation d ' une langue étrangère par D. Gaonac·h .. 86F
D Publics spécifiques et communication spécialisée J-C Beacco et D. Lehmann 86F
0 Vers le plurilinguisme par D. Coste et J. Hébrard . 86F
D Les auto-apprentissages par L. Porcher .... .. ........................... . 86F
D Des formation s enFLE par Simonne Lieutaud ....... ... ........................ 86F
D Evaluation et certification en langue étrangère par A. Monnerie, R. Lescure 86F
D Pour une pédagogie des échanges parc. Ali x et G. Bertrand ... 86F
D Médias : Faits et effets par Th ierry Lancien 86F
D Méthodes et méthodologies par J. Péc heur, G. Vigner .......... .......... . 86F
D La didactique au quotidien Actes du colloque ........... . 95F
D Cultures, culture par Louis Porcher ......... ................................ . 86F
D Discours : enjeux et perspectives par s. Mo irand .... 86F
D L'intercompréhension des langues Romanes parC. Blanche-Benveniste .. 86F
D Multimédia, réseaux et formation par P. Oudart .. 86F
D Histoire de l'enseignement et de la diffusion du français
par W. FrijhoiT et A. Reboullet ... .......................... ......... .......... . 86F

À PARAITRE
Stratégies dans l'apprentissage et l'usage des langues Consei l de l' Europe (juillet 1998)

~ --~------------------------------------------------- ~
Je règle .................... FF ( + 10 F de frais de port) par o chèque bancaire libellé à l'ordre du FRANÇAIS DANS LE MONDE
D virement bancaire/postal (photocopie du récépissé)
D mandat international (photocopie du récépissé)
Les numéros commandés seront expédiés à réception du règlement
Envoi de facture sur demande : o oui D non
Envoi à adresser à :

Destinataire .......... ...... ........... .............................. ..... ...... ........ ... ...... ... .......... ..... ... ........ ... ... .............. .. ... ............... ..... ........... .... ........ ..
Adresse ..... .... .. ... .. .... .. ... ... ... ... .... ........ ..... ..... .... ....... ... ... .... ...... ....... ..... .......... .. ...... ..... ....... .... .......... ............ .......... ..... ........ ... ...... ... .. ..
Code postal ..... .. ..................................... Ville ........ .. ........... ... .. ........... ....... .. .. .. .... Pays ........... .. ................................. .. .. ......... ...
( - ~ -~
~· et c:teL
présentent sur internet :

BONJOUR DE FRANCE !
Un nouvel outil interactif pour faciliter
votre apprentissage du français.
Conçu par le CIEL de BREST et l'école Hzurlingua de Nice. centres
spécialisés dans l'apprentissage du Français langue étrangère.

[http://www.bonjourdefrance.com]

AZURUNGUA
Rue du Gué Fleuri - B.P.35- 29480 LE RELECO-HERHUOK 25. Bd Raimbaldi - 06000 NICE
Tél. : +33 [0]2 98 30 57 57 - Fax: +33 [0]2 98 28 26 95 Tél. : +33 [0]4 93 62 0111 - Fax : +33 [0]4 93 62 22 56
;

1 coMpact-elise : «la nouvelle génération lranfalll»


18 chanteurs, 18 titre•
Pauline Ester: «Une fenêtre OUYelie»
Axel Bauer : «Eteins la lumière»
Vanessa Paradis : «Ardoise»
Stéphan Eicher : «Déjeuner en paix»
Jil Capian : «As-tu déjà oublié ?»
Niagara: «J'ai vu»
Francis Cabre! : «C'est écrit»
Guesch Patti : «Dominer»
Alain Bashung : «Osez Joséphine»
Etienne Daho : «Des attractions désastres»
Patricia Kaas : «Une dernière semaine à New York»
Danny Brillant : «Viens à Saint-Germain»
Fra~ Feldman : «Wally Boule Noire»
Réiane Peny : «Amour qui roule»
Frecleric:ks, Goldman & Jones: «Né en 17 à l.eidenstadt»
Nacash : «Elle imagine»
Les Négresses Vertes : «La France a ses dimanches»
Patrick Brvel : «Piaœ des grands hommes»

1 livret pédagogique
• un portrait de chaque chanteur
• le texte de la chanson
• une explication pédagogique
de chaque chanson

8 posters
·····~····································································~ ··
OFFII IXCIPfiONNIIII
Grâce au concours des artistes, à l'appui des maisons de production et des éditeurs de disques.
Profitez de l'offre exceptionnelle du FRANÇAIS DANS LE MONDE.
Je souhaite recevoir l'offre exceptionnelle chanson à l'adresse ci-dessous:
Destinataire ........ ....... ........ .. ......................................................................................................... .. ..................... ........... ... .
Rue et N ° .... ............. .......... .. ....................... ........................... ..... .............. .......... .... ...... ..... ............................................... ..
Ville et Code .... ...... .... .... .. ... ................. ..... ........... ..... .............. ... ............. ... ..... ..... .. ....... ............. .. ..... .. .... .. .. .... ... .. .... ....... .. .
Pays ... .... ............. ... ... .. ..... ................ ... .. ... ....... ..... .. ... ............... ............... ....... .......................... .. .... ......... .... ..................... .

et ;oins ma participation forfaitaire aux frais de fabrication d'un montant de J50,00 F + 20,00 F (frais de port)
à l'ordre du FRANÇAIS DANS LE MONDE:
0 en espèces 0 par chèque bancaire 0 par mandat international. Références : ..... ......................... .. ... .. ..... ..
ou photocopie du récépissé.
Diagonales
l: actualité de la francophonie
est dans Diagonales, la revue
de la francophonie linguistique,
culturelle et éducative
4 numéros par an
8 fiches pratiques
dans chaque numéro

Abonnement
+ Institution : 200 F
+ Individuel : 150 F

DIAGONALES, 58 rue Jean-Bieuzen, F-92178 VANVES CEDEX.


---------------------------------------------------------------------------------------------------------------~--
BON PouR uN sPÉciMEN oE Diagonales
Destinataire ...... ..... .. .... ........ ....... ..... .... ......... .. .. .. .... ........ .. ...... .... .. .. .. ... .. ................. ......... .... .... ...... .. .... .. .... .. ... ...... ................................. .

Adresse ............... ... .................. ....................... ................ ... ... .... ..... .... ..... .... ... ........ ... .... .... .... .. ..... ............. ..... .. ..... ....... ........ ........... ...... .

Code Postal ......... .. ...... .. ......... Ville .................... ............ .... ...... ... ...... ........... ... ..... Pays ..... ....... .... .. ... ... .. ........ ....... ......... .... ..... ...... .. .
CE RÉSEAU DES LIBRAIRES
• AFRIQUE DU SUD ARABELLA SUPREME HEADQUATERS LIBRAIRIE FRANÇAISE LIBRERIA GENERAL S.A. LIBRAIRIE HAREL
Versandbuchhandlung Gmbh ALLIED Paseo de Gracia, 91 C 1 FA 50035575 Il Rue Saint-Jacques
1 ss
5 Wimmerstrasse Powers Europe 08008 Barcelona 22 Avenida De La lndependencia 38000 Grenoble
Po Box 41095 50004 Zaragoza
81927 Munchen BP Il
Craighall Johannesburg 2 LIBRERIA CAMARA
7010 Shape
MAXHUEBER 6 Euskalduna LIBROSY SUSCRIPCIONES LIBRAIRIE DIDIER
MAST PUBLICATIONS BOEKHANDEL NV
Universitats Buchhandlung 48008 Bilbao Po Box 142 6 Rue Gambetta
PoBox901 Amalienstrabe 77/79 Fuenclara 2
28 A lndustriepark Noord BP 268
Parklands 21 21 80799 Munchen LIBRERIA CAMARA SL 50080 Zaragoza
9100 Sint Niklaas 54005 Nancy Cedex
Euskalduna 6
. ALLEMAGNE LIBRAIRIE FRANÇAISE
. BRÉSIL 48008 Bilbao PONS REVISTAS CPEDERF
BEHRENDT HERMANN Schetlingstrasse 3 PO BOX 648 Libraire Exportateur
80799 München AGENCIA VAN DAMME LIBRERIA RUIZ MOROTE 37 Po Fernando El Catolico
BOOKSELLER 14 Rue de Vert-Pré
LTDA 2 C Cruz 50006 Zaragoza
Po Box 273 DOKUMENTE VERLAG 58000 Nevers
Van Damme Livraria 1300 1 Ciudad Real
10004 Berlin cp 1037
Postfach 13 40
LIBRERIA ANDALUZA • ÉTATS-UNIS CDT
LANGE & SPRINGER 7603 Offenburg Rua Guajajaras SOS Cde N 237 Ag Bele
Apdo Postal 40 18 EBSCO
Service des Périodiques BUCHHANDLUNG Belo Horizonte 30000 2 Boulevard Bernabo
Romero 12 Po Box 1943
Otto Suhr Allee 26/28 OELBERMANN GMBH 130 15 Marseille
• cANADA 14080 Cordoba Birmingham Al 35201
10585 Berlin Worinser Str 12 DIFFUSION LITTERAIRE
6 7200 Speyer FAXON SMS CANADA DIAZ DE SANTOS SA HARRY-YOUNG SCIENTIFIQUE
ANDENBUCH LIBRERIA CIENTIFICO PUBLICATIONS INC
ROMANISCHE Po Box 2382 AGENCE PRESSE REVUES PERIO-
ALBERT MUELLER GMBH London N6a 5a7 TECNICA Po Box 5006
Buchhandlung Thomas Rubens DIQUES
Buchhandlung Calle L..agasca 95 Buena Park Ca 90621 Il Rue Molière
20 21 Knesebeckstrasse Epplestr 19 C
10623 Berlin Charlottenburg 70597 Stuttgart
• cHYPRE 28006 Madrid
SCHOENHOF 'S FOREIGN 1300 1 Marseille
APOSTROPHES LIBRAIRIE FRANÇAISE BOOKS INC DAWSON FRANCE
BUCHHANDLUNG CL KUNST UND WISSEN Librairie Book.shop Duque de Sesto, 5 76A Mt Auburn Street Villebon-sur-Yvette
KRUGER GMBH Erich Bieber Gmbh Po Box 3271 Madrid Cambridge MA 02138 Rue de La Prairie
Westenhellweg 9 Postfach 10 28 44 131 Gladstone St
44137 Dortmund LIBRERIA DELSA WESTERN CONTINENTAL 91 121 Palaiseau Cedex
70000 Stuttgart 10 Limassol
Serrano 80 BOOKS INC ALLIANCE FRANÇAISE
BUCCHHANDLUNG CL OTTO HARRASSOWITZ LIBRAIRIE FRANÇAISE 28006 Madri d 62S East 70th Avenue 5 DE PARIS
KRUGER BUCCHANDLUNG APOSTROPHES Denver CO 80229 Sce du livre des Abonnements
Krugerhaus Antiquariat Po Box 2929 Immeuble Kermia LIBRERIA INTERNACIO·
9 Westenhllweg CONTINENTAL BOOKS 101 Boulevard Raspail
5 Taunusstrasse 131 Gladstone NALDEROMO
46000 Dortmund 1 FRENCH BOOK GUILD 75270 Paris Cedex 06
650 19 Wiesbaden BP 3271 48 Duque De Sesto
STERN VERLAG JANSSEN Limassol 28009 Madrid 9 8000 Cooper Avenue - Bldg 20 AUX AMATEURS
ETCO . ARGENTINE LA BOITE A LIRE MIESSNER LIBREROS
Glendale NY 1 1385 DE LIVRES
Po Box 10 10 53 OFICINA DEL LIBRO LA CITE FRENCH BOOKS Service Abonnement
Librairie Papeterie Française 8 Tamaya Y Baus
FRANC ES 62 Avenue de Suffren
4000 1 Dusseldorf 8 E Rue Prevezas Nicosie 136 28004 Madrid 2306 Westwood Bd
342 Talcahuano BP 5462 75015 Paris
EX LI BRIS BUCHH Los Angeles CA 90064
Buenos Aires Nicosie MUNDI PRENSA BRENTANO$
Subscription Agency LIBROS SA FRENCH & EUROPEAN
Ferdinand Dirichs Weg 28 37 Avenue de L'Opéra
• AUSTRALIE • coLOMBIE Castello 37 PUBLICATIONS
60000 Frankfurt 71 75002 Paris
COLLINS BOOKSELLERS 2800 1 Madrid Rockefeller Center Promenade
LIBERIA FRANCESA
MINERVA GMBH 610 Sth Avenue CEL F
Subscription Dpt 1st Floor CRR Ba n•63-45 SGELS.A.
SBP New York Ny 10020-2497 9 Rue de Toul
128 Exhibition Street Apartado aero 7445 Z 1Apdo De Correos 85
37 Morgensternstrabe 75012 Paris
3000 Melbourne Santa Fe de Bogota 29 Avda Valdelaparra GESSLER PUBLISHING
60000 Frankfurt Main 70 28100 Alcobendas COMPANY CONTINENTAL BOOKS
CIS PUBLISHERS
PRESSEVERTRIEBS Head Office
• cROATIE Madrid 55 West 13th Street CIO Service Crie
GESELLSCHAFT ALGORITAM LTD New York Ny 10011 9 Villa Pierre Ginier
245 Cardigan Street LIBRERIA CERVANTES
Books & Periodical Dept 75018 Paris
Sce des Abts Étrangers 3053 Victoria 3/9 Dr Casai READMORE
Po Box 101 821 Gajeva 12 Po. Box 23 33001 Oviedo EDITIONS ESKA
22 Cortlandt Street
60000 Frankfurt 1 • AUTRICHE 10000 Zagreb
LIBRERIAS OJANGUREN New York 3194 Ny 10007 Il 05/24
PEPPMULLER BUCHH BATEAU LIVRE 27 Rue Dunois
Franzosische Buchhandlung
. DANEMARK Julio Rojo Fernandez IDEAL FOREIGN BOOKS 75013 Paris
Barfuesserstrasse 1 1 Plaza De Riego 1 Y 3
Liechtensteinstrasse 37 G M 1 BS 132-10 Hi1tside Avenue
34000 Goettingen 33003 Oviedo FRANCE- PUBLICATIONS
1090Wien 33 Klostergade New York Ny 11418
THALIA BUCHER 112 Rue Réaumur
8000 Aarhus C LIBRERIA CERVANTES
LIBRAIRIE KOSMOS DAWSON COMPANY 75002 Paris
Hermannstrasse 18 ~ Jesus Sanchez Ruiperez
Osterreichische Staatsdruckerei HARCK & GJELLERUP Turner
20095 Hambourg 1 1 1/ 13 Azafranal 1005 W Pines Road LEVANT DISTRIBUTORS
I6Wollzeile G E C Gad Norreport
WALTER G MUHLAU 31 /33 Fiolstraede
37001 Salamanca Oregon Il 61061 LIBAN
IOIOWien 1
Bookseller Subscription Agent 1171 Copenhague K LIBRERIA CANARIAS Fac Lettre Ill
Ml NERVA EUROPEAN BOOK 88 Avenue Victor Hugo
1 16 H olt enauer Strasse 18 C General Sanjurjo
Wissenschaftliche Buchhandlung RHODOS INTERNA· COMPANY INC 75116 Paris
24100 Kiel 38006 Santa Cruz De
Po Box 88 TIONAL SUBSCRIPT 925 Larkin ST
TRANSLIBRIS GMBH Tenerife LIBRAIRIE AURELIEN
Sachsenplatt 4/6 Strandgate 36 San Francisco CA 941 09
International Booksellers
Po Box 27 G4 47 1201 Wien 140 1 Copenhage LIBRERIA CARTOLERIA
. FRANCE 13 Place de Rungis
50783 Koeln CANALE
MUNKSGAARD 75650 Paris Cedex 13
BUCHLADEN HOFFSTADT • BELGIQUE SUBSCRIPTION SCE 14 Piazza Garibaldi A LA PAGE
LIBRAIRIE UNIVERSITAIRE 19038 Sarzana Librairie Universitaire LIBRAIRIE BOUSSAC
KOBLENZ Postboks 2148
ALPHA 32 Rue Ronchaux Service Abonnement
Postfach 831o 35 Norre Sogade LIBRERIA
140 Rue De Termonde 25000 Besançon 46 Rue de Babylone
56008 Koblenz 10 16 Kobenhavn K MONTPARNASSE
1080 Bruxellles 75007 Paris
F DELBANCO INTERNA- LIBRAIRIE FRANÇAISE 3 Don Remondo LAVOISIER
PARTNER PRESS 41004 Sevilla ABONNEMENTS LIBRAIRIE EXPOUATaUR
TIONAL BOOKS Badstuestraede 4/6
1 1 Rue Ch Parentestraat 14 Rue Provigny 10 Avenue Félix F au~·
Journals Postfach 1447 KObenhaven 1209 LIBRERIA CANO 75015 Paris
3 Bessemerstrabe 1070 Brussel 94236 Cachan Cedex
Menendez Y Pelayo 5 Y 7
21304 Luneburg OFFICE INTERNATIONAL . ESPAGNE 460 10 Valencia FLAMMARION 2 LIBRAIRIE JEANTOUZOT
CHWEITZER DES PERIODIQUES DIAZ DE SANTOS SA 17 Rue De La Liberté 38 Rue Salnt-S'f!c•
LIBRERIA VIRIDIANA
SORTIMENT 14 Kouterveld Calle Balmes 417/419 BP 1070 75278 Parla adu
Teresa Caude Vega
Lenbachplaa 1 1831 Deigem 08022 Barcelona 21 025 Dijon Cedex LIBRARY SBRVIC:I
32 C Pizarro
80000 Munchen 2 SCIENTIFIC &TECHNICAL LIBRERIA HERDER 46004 Valencia HEXALIVRE ASSOCIATION
BOOKC C Balmes 26 ZAE St-Apollinaire 461\uo $ Btb~l
LIBRERIA CENTRAL BAJO
140 Rue De Termonde 08007 Barcelona 8 Rue de Bastogne 75007 l'aria
40 Corona De Aragon BP 532
1080 Bruxelles 50009 Zaragoza 21014 Dijon Cedex
MTS DIFFUSION • HONG KONG LICOSA EXPO LINGUA ITALIA . MAROC • RÉPUBLIQUE
14 Rue de Prony libreria Commissionaria S PA Via P. Micca 22
THE WORLD BOOK LIBRAIRIE FARAIRRE DE CORÉE
75809 Paris C edex 17 1/ 1 Via Duca Di Calabria I0122Tor ino
COMPANY 43 Rue Foucault
OFFILIB
50 125 Firenze Sede KUMITRADING CO LTD
Po Box 201 LAZZARETTI EDITORE Casablanca Cpo Box 3553
48 Rue Gay.Lussac 68 Rua Dos Mercadores BOZZI E F LLI Via Paotini 15
LIBRAIRIE Séoul 100 635
75240 Paris Ced ex 05 Macau Via Hong Kong Ufficio Abbonamenti 10138Torino
2 Piazza Della Meridiana INTERNATIONALE
KYOBO BOOK CENTRE
SERVICE LIVRES CONTINENTAL BOOKS LIBRERIE Periodical Subscription Sees
16124 Genova COLTD
DptAbu LTD INTERNAZIONALI BP 302
CENFOR P 0 Box 1658
7 Rue de Calais 4f Duke Of Wellington House 14 Via Andrea Doria Rabat Kwangwhamun
BP 290 14 Wellington Street Centra l International Books 10123Torino Séoul llO
75009 Paris 18 E Via Monte Zovetto
SOCIETA EDITRICE
. NORVÈGE
UNI PRESSE • HONGRIE 16145 Genova
INTERNAZIONALE JUUL MOLLERA.S SEOUL G OTRADING CO
LIBRAIRIE LE PONT LIBRERIA INTERNAZION Academie Booksellers LTD
13 Rue Beaubourg Direzione Editiorale
Fô u l 7 Dl STEFANO Po Box SOS Journal Subscription Agent
75003 Paris 176 Corso Regina Margherita
10 1 1 Budapest I l Nedre Slottsgate C P 0 Box 3328
Via R Ceccardi 40 10152 Torino
LIBRAIRIE GEORGES 1050 Sentrum Oslo Séoul 100 633
16121 Genova
489 Cours de La Libération . INDE EDIZIONI LINT TRIESTE SERIALS ROOM SEOUL
33400 Talence ALLIED PUBLISHERS
CARTOLIBRERIA Ml NERVA S.R.L • PAYS-BAS NAT UN IV LIB
Carlo Bresadola Valnea Climich A HOUTSCHILD
CID PRIVATE LTD 57 Via Barraca San 56 1 Shillim Dong Kwanak Gu
30 Via Di Romagna Internai Academie Booksellers
2 Che Pigeonnier La Cepière Wholesale Subscription Agency De 48022 Lugo Ravenna 34134 Trie ste Séoul
311 00 Toulouse 750 8 6 Mount Road Po Box 30716
EDIZIONI LINTTRIESTE 2500 Gs The Hague Y DTRADINGYOIDO
600 002 Madras LIBRERIA RINASCITA
SPES SRL Po Box 1161
ALLIED PUBLISHERS 32 Corso Porta Borsari BOEKHANDEL
Dept Agence Internat Abonnements V le Orties 54 A Séoul 150 611
SUBSC AGENCY 37121 Ve rona BROEKHUIS
BP 22 20139 Milano
41354 Vineuil C e dex Sun Plaza li E MASTER ITALIA SPA Postbus 141 • RÉPUBLIQUE
19 Gn Chetty Road HOEPLI ULRICO Centre Uffici Palladio 7550 Hengelo Ac
• GRANDE-BRETAGNE Madras 600 006 Casa Editrice libraria Spa 19 A Via Albere DE COTE D'IVOIRE
SWETS & ZEITLINGER B V
GALLOWAY PORTER LTD SVia Hoepli 37138 Ve rona UNIVERSELLE PRESSE
CENTRAL NEWSAGENCY Po Box 830
20121 Milano SERVICE
30 Sydney Street LTD 2 160 Lisse Sz
Cambri dge CB2 3HS 4 E 4 Jhandewalan Extn IL LIBRO • JAPON 22 BP
DAISAN SHOBO TIJDSCHRIFTCENTRALE Abi djan 22
EUROPEAN New Delhi 1 10055 Ubreria lntemazionale S A S
PUBLISHERS WIJCKBV
1 1 Via Ozanam
SCHOOLBOOKS LIMITED
. ISRA~L 20 129 Mi lano 106 Yarai Cho International Subscription Sce • SUISSE
Subscriptions Department Postbus 84 BUCHHANDLUNG WIRZ
LIBRAIRIE DU FOYER Chinjuku Ku Tokyo 162
The Runnings LIBRERIA DEL 6200 Maastricht AG
Che ltenham GL51 9PQ Lavi Robert CONVEGNO FRANCE TOSHO
BOEKHANDEL Graben 32
Dizengoff Center 35 Via Lomellina 1·12-9 Nishi Shinjuku
WM DAWSON ET SONS BP 111352 GIANOTTEN B V 5001 Aarau
20 133 Mi lano Shinjuku Ku
LTD TeiAviv Subscription Department LIBRAIRIE LIBROMANIA
Tokyo 160
Journal Subscription Service LIBRERIA LEDI 59 Beneluxlaan
TELDAN 14 Falkenplatz
Cannon House International Bookseller KINOKUNIYA COMPANY 5042 Tilburg Wk BP 7111
Folkestone Ken t CTI9 5EE Po Box 18094 P Dateo 6 LTD
TeiAviv 61180 VAN PIEREWRISTERS 3001 Berne
GRANT & CUTLER LTD 20 129 Mi lano Journal Dpt
Miss Mako Tsukada Po Box 2720 DYNAPRESSE MARKETING
55157 Great Marlborough Street . ITALIE LIBRERIA MODERNA SAS Po Box 55 3500 Utrecht S.A .
London W 1V 2AY Del Prof C Scarabello Chitose
LIBRERIA DANTE VAN PIEREWRISTERS Sce Abonnements Mathilda Asloun
5Via Roma Tokyo 156 38 Avenue Vi bert
NORDIC SUBSC. Di Cesarino Fissore Et C Sne LIBRARY SCE
CONSULTANTS LTD Via Dante 102 35043 Monse lice Padova 1227 Carouge GE
PACIFIC BOOK INC Po Box 2720
16 Rosevine Road 151 00 Ale ssandri a LA LIVRAIRIE SRL Morikawa Bldg 3500 Utrecht GS EDIGROUP
London SW20 8RB Librairie Francaise 7-4 ldabashi 1 Chome Case Postale 393
LA LIBRAIRIE
W H EVERETT AND SON VALDOTAINE
Via Crispi 86 Chiyoda Ku . PORTUGAL 1225 Che ne Bourg
80 121 Napoli Tokyo 102 DISTRIBUIDORA
LTD 28 Rue De Tillier PAYOTSA
8 Hurlingham Business Park li lOO Aoste EUGANEA EDITORIALE HACHETTE JAPON BERTRAND
Service Des Abonnements
Sulivan Road COMUNICAZION PRENTICE HALL JAPAN Aptdo 60037
EDIZIONI ESTERE Case Postale 32 12
London SW6 JOU 82Via Roma 4 A Rua Terras Dos Val es
292 Corso A De Gasperi Nishi Shinjuku
27010 Amadora Codex 1002 Lausann e
BLACKWELL'S 35122 Padova Kf bldg 602
70125 Bari DALGS.A .
B-14-24 Nishi Shinjuku LIVRARIA MINHO
Po Box 40 LIBRERIA MESSAGGERO Po Box 199
Hythe Bridge Street LIBRERIA BOLIGNINA SRL Shinjuku-ku Tokyo 160 Ferreira Et Salgado Lda
Dl S.ANTONIO 7 Place De La Gare
O x ford OXI 2EU 32 A Via Matteotti Largo Da Senhora A Branca 66
15 Via Cesarotti USACO CORPORATION 1260 Nyon
40 129 Bologna 47000 Braga
35123 Padova T sutsumi Bldg
. GRÈCE LIBRERIA PAVONIANA 13-12 Shimbashi 1 BUCHHOLZ LDA
BUCHHANDLUNG
MISSORINI ET C SAS Chome STAEHELI
BIBLIOS SERVICE 5 Via Collegio Di Spagna 4 Rua Duque De Palmela
Libreria Commissionaria Minato Ku Subscription Department
7 Akarnanias Str 40 123 Bologn a Po Box 326 0 1296 L i sboa Codex
Tokyo 105 Po Box
Athens 1 1526 RUGGERO RICCI LIBRI Via Abbeveratoia 63 B CENTRALIVROS 8021 Zurich
LEADER BOOKS CO HVia Bentini 43 100 Parm a • LIBAN 10 Traversa De Sant Ana KURT STAHELI ET CO
17 Panagi Kiriakou Street 40 128 Bologna LIBRERIA DEL PONTE LIBRAIRIE ANTOINE 1900 Lisboa
Buschhandlung
Athens 11521 RESOLA LIBRI 27 Via Ponte Vecchio Ach r afie h-Beyrouth FIGUEIREDO LA JULIO DE Postfact
LIBRAIRIE FRANÇAISE 39 B Corso Garibladi 27100 Pavia Sin El Fi l-B eyrouth lmport E Representacao De Livres 8021 Zurich
Sina 60 25122 Brescia LIBRERIA FILOSOFI MESSAGERIES 5 Rua Antonio Pereira Carrilho ROMANICA LIBRAIRI E
106 72 Athèn es COSENTINO GIUSEPPE BOOKS HOP 1000 Lisboa SARL
DU MOYEN -ORIENT
LIBRAIRIE B GIANNICOS EREDI 18/20 Via Filosofi Rue Nahr Ibrahim LIVRARIA ESCOLAR Buchhandlung Gmbh
ET CIE Agenzia Ubreria 061 00 Pe rugia Beyrouth Safi EDITORA 24 Schifflande
Sce Des Abonnements 16 Via ls Mirrionis CELDES SRL 80 A Rua Da Escola Politecnico 8001 Zurich
5 Rue Kiafas 09123 Cagliari 24 Via Tanaro • LUXEMBOURG 1200 Li sboa
1 B Rue Zoodochou Pighis
DIAFRAMMA S R L 00198 Roma LIBRAIRIE DIDERICH LIVRARIA FERIN L.DA
• vENEZUELA
Athens 10678 BP 70 LIBRAIRIE LA FRANCE
46 Via Provinciale Sud D EASRL 70 Rua Nova Do Almada
LIBRAIRIE KAUFFMANN 40050 Castello D A r gile Bo 400 10 Esch Sur Alzette Centro Commercial Chacaito
International Bookseller 1200 Lisboa
9 Mavrokordatou Socano local 114
LIBRERIA CANOVA 28Via Lima MESSAGERIES PAUL MONSIEUR CUVIER Apartado postal 50444
Athens 106 78 00198 Roma KRAUS
7 Corso Mazzini PATRICK A-1050 Caracas
LIBRAIRIE MOLHO 31015 Coneglaino Il Rue Christophe Plantin Rua Antonio Nobre N 4 Cave
LA NUOVA ITALIA
10 RueT smiski BP 2022 0 1500 L isboa
LA LIBRAIRIE FRANCAISE BIBLIOGRAFICA 23390 Luxem bou rg
The ssalonike 54624 Po Box 183
DE FLORENCE ASA PAPELARIA
1 R Piazza Ognissanti Via E Codignola
Apartado 263
50 123 Firenze 500 18 Sca ndicci Fi 40040 Porto Codex

l.JOUS CEUR f=AISOWS COlJf=IAlJCE, CO~lPTrEb SUR EW)(]


4 cassettes vidéo par an
4 livrets pédagogiques
d'accompagnement.
845FF

Des reportages sur la vie quotidienne, culturelle, sociale


0 des chansons 0 des publicités
0 des extraits d'un nouveau film.
Un rythme adapté aux besoins de la classe.

Un livret d'accompagnement.
40 pages
0 les transcriptions
0 le lexique
0 les démarches pédagogiques pour la classe.

Je m'abonne à VIDÉO CLASSE, Standard NTSC a PAL a Secam a


Je règle 845 FF à !"ordre du FRANÇAIS DANS LE MONDE (frais d'envoi inclus).
0 par chèque bancaire 0 par virement postal (CCP La Source 3165679W)
0 par virement bancaire: BNP 30004/00892100021350392121 ·SI avenue Kléber· F-75 116 Paris France
0 par mandat international. Références : ............................................................................................................... .
ou photocopie du récépissé
0 par carte bancaire (Visa. Eurocard. Mastercard)
No (un numéro par case) 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Pays ....................................................................................... Date d'expiration ............................................................ Signature

25/1436/2
Dépôt légal 09 - 1998 - Édition n•o1 · Collection n•o1
Imprimé en France· SAGIM 77181 COURTRY· Tél. 01 .64.72.40.85
NOUVEAUTÉ

I:E ROBERT BENJAMIN


Le Robert Benjamin est un dictionnaire
destiné aux élèves du cycle des apprentissages fondamentaux
,_, (maternelle, CP, 1re et 2e années du primaire)
'7
~ .. :
.::i
ll...i
>..., T
C'est le premi er vrai d icti o nnaire des 6-8 ans qui fac ilite l' apprentissage de
l ' éc ri ~ure et de la lecture; avec de vraies définit ions sim p les et c laires, des
exe mp les v ivants se référan t à. la v ie de l' enfa nt. Il propose une no menclature
,,
• i de 6 000 mots représe ntant 8 000 sens. To us les m ots ut ili sés da ns les
définit ions et les exempl es fo nt l' obje d 'un article da ns le Robert Benjamin.

• De vraies définitions compréhensibles par


l'enfant: claires et simples, les définitions du
Robert Benjamin sont accompagnées d'exemples 1

.1.. •
vivants se référant à la vie quotidienne et à
!\
l'univers de l'enfant.
'
~ • De nombreuses illustrations et planches
.. thématiques en couleurs :elles aident à la
.
~
compréhension des mots, de leurs différents sens et
~
enrichissent le vocabulaire de l'enfant par
..
·-r··· ~ domaine .
""......T.. ~
• Un format maniable et pratique pour de jeunes
........
)'

~ enfants : le Robert Benjamin a un poids limité et


~ entre facilement dans le cartable.

EEROBERT
DI CTI ON N A IRE S LE ROBERT - Serv ice Expo rt - 27, ru e de la G lac ière, 75640 PAR IS CEDE X 13
~~:=-~ri: T~ l. : 33 (OJ 1 4 5 87 43 20, Télécopi e : 33 (OJ1 45 87 32 33
MÉTHODE DE FRANÇAIS

CLE
INTERNATIONAL

C.P. 57432 SAGIM- 77181 COURTRY


ISSN 0015-9395 25/1436/2

Vous aimerez peut-être aussi