La vessie urinaire est un réservoir d'urine musculaire extrapéritonéal
qui se trouve derrière la symphyse pubienne dans le bassin. Elle se développe en grande partie à partir du sinus urogénital, mais la région sensible du trigone se développe à partir du mésoderme du canal mésonéphrique. Elle reçoit l'urine des reins par les uretères et l'expulse par l'urètre. La partie de la vessie située immédiatement au- dessus de l'urètre est la plus fixe, et le fascia pelvien qui passe dans cette région de la vessie depuis l'arrière du corps du pubis (pubovésical) et depuis les côtés du rectum (rectovésical) contient quelques muscles lisses, en continuité avec le muscle de la vessie. Lorsque la vessie se remplit, elle s'élargit vers le haut, de sorte qu'elle se trouve en profondeur par rapport à la paroi abdominale antérieure, à l'extérieur du péritoine, ce qui a pour effet de décoller le péritoine de la paroi abdominale antérieure. Le chirurgien exploite ce fait lors d'une cystostomie sus-pubienne pour une rétention urinaire aiguë. La forme de la vessie se modifie considérablement lorsqu'elle est distendue. Lorsqu'elle est vide, elle se présente sous la forme d'un tétraèdre dont le sommet est situé en avant et qui comporte quatre surfaces triangulaires : postérieure (la base), supérieure et deux inféro-latérales. Le col se situe en dessous et en arrière, c'est-à-dire à la jonction de la base et de la face inféro-latérale. C'est la partie la plus inférieure de l'organe et l'endroit où se trouve l'ouverture interne de l'urètre. Immédiatement en dessous, chez l'homme, se trouve la prostate, qui fusionne avec le col, alors que chez la femme, elle repose directement sur le fascia pelvien qui entoure l'urètre court, la partie supérieure du vagin se trouvant derrière elle. En arrière de la prostate se trouve le tiers inférieur du rectum, séparé par le fascia de Denonvilliers, qui est la fusion vers le bas des feuillets antérieur et postérieur du péritoine réfléchissant le tiers moyen du rectum jusqu'à la surface supérieure de la vessie, créant une barrière fasciale entre le rectum, la prostate et l'urètre qui peut empêcher la propagation du cancer entre la prostate et le rectum. Le septum rectovaginal est la structure correspondante chez la femme. Tous deux constituent un guide utile pour la mobilisation antérieure du rectum lors de la proctectomie (Heald et Moran, 1998 ; Heald et al., 2004). L'apex de la vessie correspond à l'angle antérieur de la surface supérieure et est relié à un cordon fibreux (le ligament ombilical médian) qui remonte sur la ligne médiane à l'extérieur du péritoine jusqu'à l'ombilic. Il s'agit d'un vestige de l'urachus, un conduit qui relie l'allantoïne à la vessie en développement chez l'embryon. Il arrive que l'ouraque reste perméable, auquel cas l'urine peut être évacuée au niveau de l'ombilic chez le nouveau-né. La surface supérieure de la vessie est recouverte de péritoine et comporte généralement des spires de l'intestin grêle. Chez la femme, l'utérus se trouve sur cette surface. Les surfaces inféro-latérales sont séparées par l'espace rétropubien rempli de graisse (grotte de Retzius), qui est également le renfoncement antérieur de la fosse ischio-anale lié aux muscles inclinés du plancher pelvien (levator ani). La base de la vessie présente deux angles latéraux supérieurs (liés aux uretères) et un angle inférieur où commence l'urètre. L'uretère pénètre dans la vessie de manière oblique pour former un tunnel sous-muqueux, ce qui empêche le reflux de l'urine dans l'uretère. Chez l'homme, les canaux déférents se trouvent en position médiane par rapport aux uretères, puis en position médiane par rapport aux vésicules séminales. Derrière la base se trouve le rectum chez l'homme et le col de l'utérus et le vagin chez la femme (Sagar et Pemberton, 1997 ; Wein et al., 2016). À l'intérieur de la vessie, que l'on peut facilement inspecter à l'aide d'un cystoscope, la plupart de la sous-muqueuse et de la muqueuse n'adhèrent que faiblement au muscle sous-jacent et sont repliées (trabéculées) lorsque la vessie est vide, s'aplanissant lors de la distension de l'organe. Sur le trigone sensible, la zone triangulaire délimitée par les orifices urétéraux et le méat interne, la muqueuse est adhérente et reste lisse et rosée même lorsque la vessie est vide. Entre les uretères se trouve un repli surélevé de la muqueuse appelé crête inter-urétérale (2-5 cm), produit par une barre musculaire sous-jacente. La muqueuse est tapissée d'un épithélium transitionnel dépourvu de glandes, caoutchouteux, étanche, laxiste et extensible. Elle est soutenue par des verticilles de muscles lisses (détrusor) constitués de trois couches : longitudinale interne et externe, circulaire centrale. La couche musculaire est formée de faisceaux croisés et obliques qui ne peuvent être séparés en couches distinctes. Lorsque ces faisceaux subissent une hypertrophie en cas d'obstruction chronique (due à une hypertrophie de la prostate, par exemple), ils sont à l'origine de l'aspect trabéculé typique de la paroi vésicale, que l'on peut facilement observer à l'aide d'un cystoscope (Blandy, 1998). La composante circulaire de la couche musculaire se condense en sphincter urétral interne (involontaire, sous contrôle autonome) autour de l'orifice interne. Ce sphincter peut être détruit sans provoquer d'incontinence, à condition que le sphincter urétral externe (volontaire, sous contrôle somatique) dans l'espace périnéal profond reste intact, comme lors d'une prostatectomie (Blandy, 2009). Le muscle lisse longitudinal externe fusionne vers le bas avec le sphincter externe strié pour former un mécanisme urétral intrinsèque qui rejette l'urine à la fin de la miction. Le sang provient des branches vésicales supérieure et inférieure de l'artère iliaque interne. Les veines vésicales forment un plexus qui se draine dans la veine iliaque interne. Les lymphatiques s'écoulent le long des vaisseaux sanguins vésicaux vers les ganglions lymphatiques iliaques puis para-aortiques.