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Oxygénothérapie hyperbare.
Principes et indications
M. Borne, I. Vincenti-Rouquette, C. Saby, L. Raynaud, L. Brinquin

L’oxygénothérapie hyperbare (OHB) se définit comme l’administration d’oxygène à des fins


thérapeutiques sous une pression supérieure à la pression atmosphérique. Les effets thérapeutiques de
l’OHB résultent de deux mécanismes, d’une part, l’augmentation de la pression barométrique et d’autre
part, l’augmentation de la pression partielle en oxygène. Ces effets sont obtenus grâce à l’utilisation
d’une chambre hyperbare, communément appelée caisson. C’est une technique complexe, coûteuse, qui
nécessite un fort investissement humain et matériel. Elle comporte des risques et peut entraîner des
accidents biochimiques et biophysiques, en particulier barotraumatiques. Ses indications sont
régulièrement réévaluées dans le cadre de conférences de consensus. Celles qui ont été reconnues lors de
la dernière conférence de ce type qui s’est tenue à Lille en décembre 2004 sont rapportées dans ce texte.
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Mots clés : Caisson hyperbare ; Hyperbarie ; Oxygénothérapie hyperbare

Plan principes thérapeutiques, à l’origine également d’effets adverses.


Les références en matière d’indications de l’OHB sont d’une
¶ Introduction 1 part le consensus nord-américain de l’Undersea and Hyperbaric
Medical Society (UHMS) et d’autre part le consensus européen
¶ Historique 1
de l’European Committee of Hyperbaric Medecine (ECHM) de
¶ Bases physiques 2 2004. Les principales recommandations du consensus européen
Effet résultant de l’augmentation de la pression barométrique 2
sont rapportées dans ce texte. Le service médical attendu de
Effets résultant de l’élévation de la pression partielle en oxygène 2
l’OHB dans ses différentes indications a été analysé récemment
¶ Indications de l’OHB 3 en France par la Haute Autorité de Santé [1].
Indications de type I 3
Indications de type II 6
Indications de type III 7
¶ Réalisation pratique de l’OHB 7 ■ Historique
Équipement 7
L’aventure de l’hyperbarie débute en 1662 avec le Domici-
Préparation et surveillance d’un patient pour OHB 7
Tables thérapeutiques 7
lium d’Henshaw, première chambre hyperbare. Un siècle plus
tard en 1775, Priestley découvre l’oxygène et ouvre la porte à
¶ Limites et accidents de l’OHB 8
l’utilisation des gaz à des fins thérapeutiques.
Accidents biochimiques 8
La première approche scientifique de la médecine hyperbare
Accidents biophysiques 9
est apportée en 1878 par Paul Bert avec son ouvrage « La
Accidents dus au matériel 10
Pression Barométrique » dans lequel il décrit les effets bénéfiques
¶ Conclusion 10 et la toxicité de l’oxygène respiré sous de fortes pressions.
La première utilisation réellement médicale de l’OHB est celle
du chirurgien français Fontaine qui construit en 1879 une salle
d’opération mobile pressurisée afin d’améliorer les performances
■ Introduction et la sécurité de l’anesthésie au protoxyde d’azote [2].
La technique traverse les océans et c’est Orville J. Cunnin-
L’oxygénothérapie hyperbare (OHB) consiste à faire inhaler
gham, professeur d’anesthésie à l’université du Kansas qui en est
de l’oxygène à un patient après l’avoir placé à une pression
supérieure à la pression atmosphérique, dans une enceinte le principal défenseur. Ses succès thérapeutiques lui permettent
étanche, appelée caisson hyperbare. de faire construire un grand caisson de 88 pieds de long, puis à
L’inhalation d’oxygène en ambiance hyperbare entraîne une partir de 1928 de disposer de la plus grande chambre hyperbare
élévation considérable de la pression partielle de l’oxygène, et jamais construite, le Steel Ball Hospital de Cleveland, sphère
de ce fait une augmentation de l’oxygène dissous dans le d’acier de 64 pieds de diamètre [3].
plasma, selon la loi de Henry. L’hyperbarie moderne débute avec Churchill-Davidson,
L’hyperbarie permet en outre la compression des volumes en Boerema en chirurgie cardiaque et Brummelkamp dans le
cas d’aéroembolisme ou d’accident de décompression, selon la traitement de la gangrène gazeuse, respectivement en 1955,
loi de Boyle et Mariotte. Hyperoxie et hyperbarie sont les deux 1956 et 1961 [4-6].

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36-940-A-10 ¶ Oxygénothérapie hyperbare. Principes et indications

L’intérêt pour cette technique ne fléchit pas. Des auteurs tels Tableau 1.
que Barthélémy, Goulon, Mantz, Ohresser, Voisin, Wattel, Quantité d’oxygène dissous en fonction de la pression partielle en
Lareng et bien d’autres vont travailler à définir scientifiquement oxygène d’après Mathieu [12].
les indications de l’oxygénothérapie hyperbare [7]. FiO2 PAO2 mmHG HbO2 ml% O2 dissous ml%
Cette impulsion scientifique conduit à la réalisation de
conférences de consensus. Air 1 0,21 100 19,7 0,285
Ce texte s’inspire largement des recommandations de la 7e ONB 1 1 673 20,1 1,88
réunion qui a eu lieu en 2004 [8]. OHB 2 1 1433 20,1 3,8
OHB 3 1 2193 20,1 6,1

■ Bases physiques PATA : pression en ATA ; FiO2 : fraction inspirée d’oxygène ; PAO2 : pression
alvéolaire en oxygène ; ONB : oxygénothérapie normobare ; OHB :
oxygénothérapie hyperbare.
Les effets thérapeutiques de l’OHB résultent de l’augmenta-
tion de la pression barométrique et de la pression partielle en
oxygène [9].
L’augmentation considérable de la pression partielle artérielle
Effet résultant de l’augmentation en oxygène permet également la restitution de pressions
tissulaires en oxygène normales au sein de zones préalablement
de la pression barométrique hypoxiques [11].
À température constante, la pression et le volume d’un gaz
sont unis par la loi de Boyle et Mariotte : Effets circulatoires et rhéologiques
P × V = n × R × T = constante
où P est la pression du gaz, V le volume occupé par ce gaz, n L’élévation importante de la pression tissulaire en oxygène
le nombre de molécules de gaz, T la température absolue (en induit une vasoconstriction par action directe au niveau des
degrés Kelvin, K) et R la constante universelle des gaz vaisseaux, sans baisse de quantité d’O2 délivrée aux tissus. Cet
(J mol –1 kg –1 ). L’unité de pression employée en médecine effet vasoconstricteur, couplé à l’hyperoxygénation, a un effet
hyperbare est l’atmosphère absolue (ATA) par référence au vide bénéfique :
absolu. La pression atmosphérique au niveau de la mer est égale • il entraîne une diminution de la transsudation capillaire et
à 1 ATA = 1,013 bar = 760 mmHg = 101,3 kPa = 1 kg cm–2. prévient la formation d’œdème. L’œdème vasogénique se
L’augmentation de la pression est obtenue par injection dans le résorbe par réduction des pressions de l’interstitium. Cet effet
caisson d’un gaz, soit de l’air comprimé pour les caissons participe à l’amélioration de la délivrance de l’O2 aux tissus ;
multiplaces, soit de l’oxygène pour les monoplaces. Une • il dépend strictement du niveau de PO2 dans l’atmosphère
compression à 2 ATA, soit 1 ATA au-dessus de la pression à la périvasculaire et donc n’existe que dans les zones où une
surface de la mer, correspond à une profondeur de 10 mètres en hyperoxie apparaît. Il n’existe pas dans les zones restant
termes de plongée sous-marine. hypoxiques ou celles dont la PO2 se normalise après OHB. Il
Toute variation de pression entraîne une variation propor- permet une redistribution vasculaire des zones normalement
tionnelle de volume de gaz. La diminution de volume atteint vascularisées vers les zones hypoxiques.
50 % lorsque la pression s’élève de 1 à 2 ATA ; elle est moindre Enfin, l’OHB améliore les qualités rhéologiques du sang en
au-delà, pour devenir négligeable au-dessus de 5 ATA. Cet effet augmentant la déformabilité érythrocytaire de façon immédiate
est utilisé pour la réduction du volume des bulles gazeuses dans pendant la séance d’OHB, et de façon prolongée, après la
le traitement des embolies gazeuses (EG) et des accidents de séance [14].
décompression.
Inversement, à la remontée, la pression diminue et le volume Effets bactériostatiques et bactéricides
de gaz augmente (50 % de 2 ATA à 1 ATA). Cet effet explique
L’action bactériostatique et bactéricide de l’OHB [15] repose
la possibilité de barotraumatisme pulmonaire, ou encore la
sur la toxicité directe de l’oxygène, sur l’amélioration des
majoration d’un pneumothorax préexistant, lors de la phase de
moyens de défense de l’organisme et la potentialisation de
décompression.
certains antibiotiques.
L’oxygène moléculaire est relativement inerte, mais est
Effets résultant de l’élévation de la pression susceptible de réagir avec les molécules organiques conduisant
partielle en oxygène à la formation de radicaux libres (anion radical superoxyde,
peroxyde d’hydrogène).
Effet direct sur la dissolution de l’oxygène Les bactéries dépourvues de mécanisme de défense contre les
L’oxygène est transporté par le sang sous deux formes, radicaux libres sont sensibles à l’élévation de la pression
combinée à l’hémoglobine (oxyhémoglobine ou HbO 2 ) et partielle d’O 2 . Les effets bactériostatiques et bactéricides
dissoute dans le plasma. En air ambiant, en situation normoxi- reposent sur l’altération des fonctions métaboliques et sur la
que (FiO2 à 0,21), l’oxygénation tissulaire est essentiellement lésion des membranes cellulaires par peroxydation des lipides
assurée par l’oxygène transporté par l’hémoglobine (HbO2). La membranaires [16].
capacité de fixation totale de l’hémoglobine est de 1,34 ml Le pouvoir toxique de l’oxygène est différent selon le type de
d’oxygène par gramme d’hémoglobine. Le sang normal conte- bactérie. Certaines bactéries très sensibles sont détruites après
nant 15 g d’hémoglobine pour 100 ml de sang peut transporter une exposition très brève comme certaines bactéries commen-
à saturation complète 20,1 ml d’O2 combiné pour 100 ml de sales du tube digestif. Elles sont dites EOS (extremely oxygen
sang. La quantité d’oxygène dissous dans le sang artériel est en sensitive). L’intolérance à l’oxygène des bactéries anaérobies qui
revanche négligeable (0,285 ml pour 100 ml de sang). Cepen- ne peuvent vivre qu’à des concentrations en O2 inférieures à
dant son rôle est essentiel dans les échanges gazeux pulmonai- 2 % résulterait de l’absence ou de l’inefficacité de certaines
res et tissulaires ; c’est sous cette forme qu’il diffuse du sang vers enzymes telles que la superoxyde dismutase permettant la
les tissus. neutralisation des radicaux libres. Mais l’activité de l’OHB ne se
Selon la loi de Henry, la quantité d’O2 dissous dans le sang limite pas aux bactéries anaérobies, la croissance de certaines
est proportionnelle à sa pression partielle (PO2). Sous oxygène bactéries aérobies pouvant être inhibée lorsque la PO2 atteint
pur (FiO2 = 1), en situation normobare (pression à 1 ATA), la des valeurs élevées.
quantité d’O2 dissous est de 1,88 ml pour 100 ml de sang. Cette Les études in vitro ont montré un effet bactéricide sur les
quantité atteint 6,1 ml, en situation hyperbare à une pression espèces suivantes : Clostridium perfringens, Clostridium novyi,
de 3 ATA [10, 11] (Tableau 1). À cette pression, l’oxygène dissous Clostridium histolyticum, Clostridium tetani.
est suffisant pour assurer l’oxygénation tissulaire, même en De nombreuses autres espèces sont sensibles à l’OHB parce
l’absence d’hémoglobine [13]. que l’oxygène est nécessaire au bon déroulement de la

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phagocytose des bactéries. En effet, dès les premières étapes, Indications de type I
l’augmentation de la consommation d’oxygène par les phago-
cytes (burst oxydation) est importante. Pourtant si la PO 2 • Intoxication au monoxyde de carbone (CO) (niveau B).
tissulaire normale avoisine 50 mmHg, il n’en est pas de même • Accidents de décompression (niveau C).
au centre du foyer infectieux où il existe une baisse de la • Embolie gazeuse (niveau C).
perfusion locale et une augmentation de la consommation • Infections graves de tissus mous (niveau C).
d’oxygène. La PO2 tissulaire s’abaisse et passe en dessous d’une • Crush syndrome (niveau B).
pression nécessaire à l’efficacité des leucocytes. L’hypoxie locale • Prévention de l’ostéoradionécrose après extractions dentaires
ne permet plus la phagocytose. (niveau B).
In vitro, les leucocytes ont une majoration de leur pouvoir • Ostéoradionécrose de la mandibule (niveau B).
bactéricide de 40 % si la PO2 tissulaire passe de 40 à 150 mmHg • Cystite radique (niveau B).
sous OHB. Expérimentalement, chez le chien, la pression en Les quatre premières indications de type I nécessitent la
oxygène en dessous de laquelle le pouvoir bactéricide des réalisation de compressions en urgence. Elles rendent compte de
polynucléaires est altéré est de 30 à 40 mmHg. la nécessité pour certains services d’oxygénothérapie hyperbare
de fonctionner 24 heures sur 24 [18].
Effets sur les synthèses cellulaires
Dans un foyer infectieux ou une plaie, il existe un déséquili- Intoxication au monoxyde de carbone (CO)
bre entre les besoins en oxygène engendrés par les synthèses Le CO est un gaz inodore, incolore, insipide, non irritant
tissulaires et les apports diminués par la réduction de perfusion pour les voies respiratoires, inflammable et potentiellement
locale. L’hypoxie favorise une baisse de la multiplication détonant. Il est le produit de la combustion incomplète de
cellulaire des fibroblastes et réduit la synthèse de collagène. combustibles organiques (hydrocarbones). Compte tenu d’une
Dans l’os, les activités ostéoclastiques et ostéoblastiques sont densité très proche de l’air, il diffuse rapidement dans le milieu
également diminuées. L’OHB augmente la diffusion précapillaire
ambiant. Il est absorbé et éliminé par voie pulmonaire. Son
de l’O2 et rétablit une PO2 tissulaire satisfaisante dans ces zones
affinité pour l’hémoglobine est de 200 à 250 fois plus impor-
mal vascularisées. L’augmentation de la PO2 tissulaire améliore
tante que celle de l’oxygène. Il forme alors avec elle de la
l’activité de synthèse des fibroblastes, des ostéoblastes et des
carboxyhémoglobine (HbCO) incapable de transporter l’oxygène
cellules endothéliales facilitant ainsi les phénomènes de
vers les tissus, ce qui est responsable d’une hypoxie
réparation du tissu conjonctif et améliorant la cicatrisation des
tissulaire [19].
plaies et des fractures.
De plus, si du CO est fixé sur un des sites d’une molécule
Les séances d’OHB accélèrent les processus de néovascularisa-
d’hémoglobine, il rend cette molécule plus affine pour l’O2 et
tion. Toutefois l’hypoxie est un stimulus puissant nécessaire à la
prolifération vasculaire et à la synthèse des précurseurs du diminue sa capacité à libérer son oxygène aux tissus. Cet effet
collagène. C’est l’alternance d’hyperoxie pendant la séance explique le déplacement vers la gauche de la courbe de disso-
d’OHB et d’hypoxie entre les séances qui favoriserait l’augmen- ciation de l’hémoglobine lors de l’intoxication.
tation du nombre et du diamètre des néovaisseaux [17]. Les autres hémoprotéines (myoglobine, cytochrome-c-
Si l’OHB est bénéfique dans les processus de multiplication et oxydase) sont également concernées. L’atteinte de la myoglo-
de synthèse cellulaires, une hyperoxie trop importante peut bine, avec création de carboxymyoglobine non fonctionnelle,
avoir expérimentalement un rôle néfaste par la production de diminue également le transport d’oxygène aux cellules muscu-
radicaux libres. laires et myocardiques. L’atteinte de la cytochrome-c-oxydase
bloque la chaîne respiratoire mitochondriale. Un métabolisme
anaérobie se développe avec constitution d’une acidose
lactique [20].
■ Indications de l’OHB L’intoxication au CO représente la première cause de morta-
lité par intoxication dans le monde. En France, on recense
Elles ont été précisées et actualisées lors de la 7e conférence
5 000 à 8 000 intoxications par an dont 300 à 400 conduisent
européenne de consensus en médecine hyperbare qui s’est tenue
à un décès [21, 22].
à Lille en décembre 2004 [8].
Il s’agit avant tout en Europe d’intoxications domestiques
Le jury a classé ces indications selon trois types :
accidentelles avec un pic de fréquence en hiver par dysfonc-
• type I : indications fortement recommandées, ayant une
importance majeure pour l’évolution du patient ; tionnement d’appareils utilisant des combustibles organiques.
• type II : indications recommandées avec effet positif sur En Île-de-France, les convecteurs à charbon sont en cause dans
l’évolution ; 47 % des cas, les chauffe-eau à gaz dans 25 %, et les chauffages
• type III : indications optionnelles. d’appoint dans 10 %. L’incendie n’est responsable que de 3 %
Cette graduation a été élaborée grâce à six niveaux de des cas. Les gaz d’échappement des moteurs thermiques en
preuve : atmosphères confinées sont responsables d’intoxications
• niveau A : deux études concordantes de grande ampleur, professionnelles ou volontaires (suicide). Ces dernières sont la
randomisées en double aveugle sans ou avec un biais métho- principale cause d’intoxication au CO en Amérique du Nord.
dologique minime ; Le CO est responsable d’une intoxication particulièrement
• niveau B : études en double aveugle randomisées mais avec insidieuse, ce qui l’a fait surnommer par les auteurs anglo-
un biais ou étude d’effectif réduit ou étude isolée ; saxons le silent killer ou tueur silencieux.
• niveau C : consensus d’opinion d’experts ; Sa présentation clinique est polymorphe, variable d’un
• niveau D : études non contrôlées sans consensus d’opinion moment à un autre et d’un patient à l’autre. Du fait de la
d’experts ; grande variété des signes cliniques, cette intoxication est
• niveau E : pas d’évidence pour une action bénéfique ou biais souvent méconnue ou sous-estimée (30 % des cas).
méthodologique ou d’interprétation empêchant toute Les signes inauguraux sont souvent discrets et non spécifi-
conclusion ; ques (asthénie, nausées, céphalées) puis surviennent classique-
• niveau F : évidence à ne pas utiliser l’OHB. ment des troubles visuels, suivis d’une impotence musculaire
Aucune indication de type I ne satisfait au niveau de preuve évoluant vers un coma volontiers hypertonique, avec signes
A. d’irritation pyramidale. Tout coma de cause non évidente doit
On se rend compte ici que même si les arguments théoriques faire suspecter le CO.
sont solides, les études chez l’homme en double aveugle sont La symptomatologie est dominée par les signes neurologiques
peu nombreuses car il est difficile de simuler une compression mais aucun signe clinique n’est pathognomonique. Le diagnos-
en caisson. tic de présomption repose sur les circonstances de survenue, le

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diagnostic de certitude sur le dosage de l’HbCO dans le sang pratiquée au plus près de l’intoxication, idéalement dans les
artériel. L’HbCO exprimée en pourcentage de l’hémoglobine 6 heures. Le transfert vers le centre hyperbare doit être effectué
totale est dosée en routine par spectrométrie. On parle d’intoxi- rapidement sous oxygène à fort débit depuis le lieu de l’intoxi-
cation quand le taux plasmatique d’HbCO est supérieur à 6 % cation. Le passage par un service d’accueil des urgences est
chez le non-fumeur, 10 % chez le fumeur. Encore faut-il inutile.
effectuer un prélèvement précoce, au mieux sur les lieux de
l’accident, car l’oxygène normobare inhalé avant l’arrivée à Accidents de décompression
l’hôpital fait baisser ce taux. En revanche, le taux d’HbCO ne
doit pas être considéré comme un facteur de gravité, des taux Ils se produisent chez les plongeurs professionnels ou lors de
très élevés peuvent en effet ne pas être associés à une sympto- la plongée de loisir. Ce sont des accidents purement biophysi-
matologie clinique alors que des taux modérés peuvent être ques dus à une sursaturation de l’organisme en gaz inerte
associés à des symptômes graves [23]. pendant la phase en pression. À la décompression ou remontée,
Cette intoxication comporte un double risque : un risque se produit la désaturation. Le gaz inerte, c’est-à-dire l’azote
vital immédiat et un risque de séquelles neurologiques dissous dans les tissus se libère sous forme gazeuse lorsque la
secondaires [24-26]. pression baisse. Si la remontée (baisse de pression) est trop
Le risque vital immédiat est lié : rapide, il se forme alors des bulles intratissulaires et intravascu-
• à l’intensité de l’ischémie cérébrale ; laires. Ces bulles peuvent être de très petit calibre, « microbul-
• à la survenue de manifestations cardiologiques : insuffisance les », et passer inaperçues ou au contraire être importantes et
coronarienne, collapsus ou troubles du rythme motivant la entraîner une ischémie dans des tissus sensibles (cerveau,
réalisation d’un électrocardiogramme ; cœur...) par obstruction vasculaire.
• à la survenue de manifestations respiratoires avec risque Les accidents sont classés en deux catégories :
d’œdème aigu du poumon à la fois cardiogénique et lésionnel • les accidents de type I : cutanés (puces et moutons), articulai-
à rechercher par la réalisation d’une radiographie pulmonaire. res et musculaires (bends), ou lymphatiques avec œdème
Les complications à long terme sont essentiellement neuro- parotidien ou pseudogynécomastie ;
psychiatriques regroupées sous le vocable de « syndrome • les accidents de type II : neurologiques avec possibilité
postintervallaire ». Chez 10 à 30 % des intoxiqués, on voit d’atteintes médullaires, cérébrales ou cochléovestibulaires, et
apparaître dans les semaines suivant l’intoxication un syndrome respiratoires, ces dernières sont connues sous le nom de
parkinsonien, une confusion mentale, une démence, des chokes. Ils se traduisent volontiers par une douleur rétroster-
troubles de la personnalité ou de l’humeur, des troubles nale avec gêne respiratoire progressive et toux.
mnésiques plus ou moins marqués [27]. La conduite à tenir a été codifiée en 1996 [30]. Les accidents
Le risque de survenue d’un syndrome postintervallaire paraît cutanés bénéficient d’une oxygénothérapie normobare. Les
plus important s’il existe des signes cérébelleux lors de la prise autres accidents sont pris en charge dans un service possédant
en charge. Dans les cas graves, le coma persiste. L’imagerie par une chambre hyperbare. La recompression doit être réalisée
tomodensitométrie mais surtout par imagerie par résonance dans un délai inférieur à 6 heures. Les accidents de décompres-
magnétique (IRM) met en évidence une lésion des noyaux gris sion de type I sont traités en utilisant des tables de compression
centraux. qui privilégient l’oxygène, sans dépasser 2,8 ATA. Les tables US
Le traitement immédiat débute par un volet symptomatique, Navy sont les plus utilisées. L’US Navy 5 pour les bends d’évo-
soustraction des victimes de l’ambiance toxique, aération des lution favorable, l’US Navy 6 pour les bends d’évolution lente.
locaux, mesures classiques de réanimation. L’oxygène est le Pour les accidents de type II, deux schémas thérapeutiques sont
traitement spécifique de référence reconnu depuis les travaux proposés. On utilise soit une table à 2,8 ATA pendant 5 heures
d’Haldane en 1895 [28]. (table de Workman et Goodman) ou l’US Navy 6 pour les
L’oxygène est pour cette intoxication un véritable antidote. Il accidents neurologiques vus tardivement au-delà de la 6e heure,
permet d’accélérer la dissociation de l’HbCO et de lutter contre soit des tables qui utilisent des pressions élevées de 4 à 6 ATA
l’anoxie tissulaire par augmentation de l’oxygène dissous. au maximum pendant une durée très prolongée de 6 heures
Les formes mineures doivent bénéficier d’oxygène au masque avec un mélange type Héliox afin d’éviter les incidents liés aux
à haute concentration et à fort débit durant 6 à 12 heures. fortes pressions partielles d’oxygène (tables GERS). Le choix de
Pour les formes plus graves, les indications de l’OHB ont été l’une ou l’autre dépend de l’expérience personnelle et des
réaffirmées lors de la conférence de consensus de 2004 à Lille ; disponibilités de l’équipe. Une réhydratation par cristalloïdes
l’OHB est recommandée dans l’intoxication au CO lorsqu’il (Ringer lactate ou sérum salé) est associée. Le transport vers le
existe un risque élevé de complications immédiates ou à long centre hyperbare est effectué sous oxygène normobare à 8 à
terme. 10 l min–1.
Le risque élevé est défini par : Certains auteurs préconisent l’administration d’aspirine à
• un état d’inconscience à l’arrivée à l’hôpital ou avant, c’est- dose antiagrégante plaquettaire pour éviter l’apparition de
à-dire pendant la prise en charge préhospitalière ; microagrégats autour de la bulle initiale.
• la présence de signes neurologiques, psychiatriques, cardia- Dans tous les cas la précocité de l’oxygénothérapie normo-
ques ou respiratoires ; bare, puis hyperbare, est primordiale car elle permet la limita-
• la femme enceinte du fait d’une plus grande affinité du CO tion des effets pathologiques et elle évite les lésions hypoxiques
pour l’hémoglobine fœtale et d’une élimination retardée par définitives.
le passage placentaire.
L’intérêt de l’OHB dans le but de diminuer l’incidence du Embolies gazeuses symptomatiques
syndrome postintervallaire a été réaffirmé par l’équipe de
Weaver en 2002 à l’issue d’une étude randomisée en double On désigne sous ce terme les manifestations ischémiques ou
aveugle de 152 intoxiqués. Dans cette étude, les séquelles neurologiques liées à la migration de gaz sous forme de bulles
cognitives à 6 semaines et 12 mois sont significativement moins dans le système intravasculaire, artériel ou veineux. Les élé-
fréquentes dans le groupe OHB que dans le groupe oxygénothé- ments de gravité sont le volume, la vitesse d’injection et la
rapie normobare [29]. nature du gaz ou l’existence d’un foramen ovale perméable qui
Aucune étude n’a permis de conclure à un protocole optimal permet le passage des bulles de la circulation veineuse vers la
en termes de durée de la séance et en niveau de pressurisation. circulation artérielle [31].
Les protocoles thérapeutiques sont variables d’un pays à Les causes les plus fréquentes sont d’origine iatrogène. Les
l’autre. En France, une seule séance de 90 à 120 minutes à actes thérapeutiques représentent un tiers des cas référencés.
2,5 ATA est le plus souvent proposée, suivie de 6 heures L’introduction accidentelle d’air par une plaie vasculaire est la
d’oxygénothérapie normobare à fort débit. Elle doit être deuxième cause d’EG.

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Les autres causes sont le plus souvent traumatiques, soit par En France, la classification anatomoclinique dite européenne
plaie thoracique, soit par pneumothorax ou pneumo- est adoptée, elle a l’avantage d’être claire et se base sur la
médiastin. profondeur de l’atteinte [32] :
La symptomatologie est dominée par deux types de manifes- • atteinte sous-cutanée : cellulites ou fasciites nécrosantes avec
tations : des signes neurologiques qui ont une sémiologie deux cas particuliers : maladie de Fournier en cas de localisa-
extrêmement variée, des signes cardiorespiratoires graves qui se tion au périnée [38] ou angine de Ludwig lors d’une localisa-
traduisent par une détresse respiratoire aiguë ou un tableau de tion sous-maxillaire ;
cœur pulmonaire aigu. Chez le patient sous anesthésie générale, • atteinte musculaire : myonécrose clostridiale ou non. Seule
le diagnostic peut être difficile et les procédures chirurgicales à cette pathologie peut bénéficier de l’appellation de « gangrène
risque doivent être clairement identifiées. La survenue d’efforts gazeuse ».
de toux inexpliqués mais surtout l’analyse des données du Les modalités d’administration de l’OHB sont également
monitorage permettent d’évoquer le diagnostic. Une chute controversées. Le protocole expérimental adopté par Hill reste
brutale du CO2 expiré sur l’enregistrement capnographique lors fréquemment proposé. La durée de la séance est de 90 minutes,
la pression de 2,5 ATA. Trois séances sont proposées le premier
d’une procédure à risque est fortement évocatrice d’EG. Lorsque
jour, deux les jours suivants avec des durées de traitement allant
le volume gazeux embolisé est important, à la chute du CO2
de 5 jours à 2 ou 3 semaines. En pratique, ce protocole s’avère
expiré s’associent une hypotension artérielle et une baisse de la
rapidement extrêmement lourd, souvent incompatible avec la
SpO2.
programmation opératoire. Il semble raisonnable d’effectuer une
Lorsque le risque peropératoire est très élevé comme lors séance par jour avant ou après le geste chirurgical en évaluant
d’actes de neurochirurgie en position assise, des moyens quotidiennement le rapport bénéfice/risque de la séance.
spécifiques de détection peuvent être associés au monitorage Le traitement par oxygénothérapie hyperbare s’intègre donc
classique, comme l’échocardiographie transœsophagienne, le comme un traitement adjuvant dans un traitement médicochi-
Doppler transcrânien ou l’électroencéphalogramme (EEG). En rurgical qui s’organise en trois volets :
postopératoire, l’EG se traduit volontiers par un retard de réveil • traitement chirurgical avec excision des tissus nécrosés,
ou un réveil non adapté. drainages, pansements quotidiens ;
Lors de la survenue d’une EG peropératoire, il faut avant tout • traitement médical avec réanimation et antibiothérapie
limiter le volume de l’embole. Le champ opératoire est inondé initialement probabiliste à forte dose pour assurer une
par du sérum physiologique et le mécanisme responsable de bactéricidie tissulaire (sont le plus souvent actifs : les imida-
l’embolie doit être rapidement identifié et traité. Il faut ensuite zolés, les b-lactamines avec inhibiteurs des b-lactamases et
prendre en charge les défaillances neurologiques et cardiologi- l’imipénème), secondairement adaptée aux résultats bactério-
ques en attendant la recompression. L’OHB doit être effectuée logiques des différents prélèvements ;
le plus rapidement possible avec des tables « longues » soit en • les séances d’OHB qui encadrent idéalement le geste
oxygène type US Navy, soit en pression type GERS comme pour chirurgical.
l’accident de décompression. Toutes ces tables permettent une
décompression lente avec plusieurs paliers intermédiaires afin Syndrome d’écrasement de membre ou crush
d’éviter le risque de réexpansion des bulles. syndrome
Le résultat clinique dépend de la précocité du traitement, Longtemps considéré comme une indication de type II après
avec 80 % de guérison sans séquelles si l’OHB a été appliquée les travaux expérimentaux de Strauss sur le chien [39, 40] et
rapidement, c’est-à-dire en moins de 6 heures. diverses expériences cliniques, le crush syndrome est devenu en
2004 une indication de type I en grande partie grâce à l’étude
Infections graves des parties molles à germes monocentrique randomisée en double aveugle effectuée en
anaérobies ou mixtes 1996 par Bouachour [41]. Le traitement par OHB était débuté
dans les 24 heures après l’accident. Cette étude portait sur
La classification française regroupe toutes ces infections sous 36 patients répartis en deux groupes de 18, un groupe OHB
le terme de « dermohypodermites nécrosantes ». Basée unique- recevant de l’oxygène pur à 2,5 ATA et un groupe placebo
ment sur la profondeur de l’atteinte, elle distingue cellulites, recevant de l’air à une pression de 1,1 ATA, durant 90 minutes
fasciites et myosites [32]. deux fois par jour pendant 6 jours. Les deux groupes étaient
Cette indication est l’une des plus controversées [33]. Elle est similaires en termes d’âge, de facteurs de risque, du nombre, du
basée sur un certain nombre d’études expérimentales, dont le type et de la localisation des lésions vasculaires, nerveuses ou
modèle est la myonécrose à Clostridium perfringens. Les premiers osseuses, ainsi que dans le délai de la prise en charge chirurgi-
travaux ont été publiés par Brummelkamp en 1961 [6] puis par cale. La cicatrisation a été obtenue chez 17 patients du groupe
Hill. En 1973, Demello a évalué l’efficacité respective de la OHB contre seulement 10 du groupe placebo. Après l’OHB, de
chirurgie, de l’antibiothérapie, de l’oxygénothérapie hyperbare nouvelles procédures chirurgicales ont été nécessaires chez un
et de l’association de ces différentes thérapeutiques sur un patient du groupe OHB contre six patients du groupe placebo.
modèle de gangrène gazeuse à Clostridium perfringens chez le Ces différences sont significatives. Durée d’hospitalisation et
chien. L’association des trois thérapeutiques donnait les nombre de pansements nécessaires n’étaient pas différents entre
meilleurs résultats avec un pourcentage de survie des animaux les deux groupes [42].
de 95 %. L’antibiothérapie seule ne permettait la survie que
dans 50 % cas. La totalité des animaux traités par l’association Lésions tissulaires postirradiation
chirurgie et OHB sans antibiothérapie mouraient [12, 34]. Cepen- Les lésions radio-induites ont une incidence comprise entre
dant, les infections graves des parties molles sont le plus 5 et 20 % et apparaissent entre 6 mois et 15 ans après l’irradia-
souvent polymicrobiennes, associant des germes aérobies et tion lorsque la dose totale d’irradiation dépasse 50 grays.
anaérobies, et s’éloignent donc du modèle expérimental [35]. Les effets pathologiques retardés des radiations ionisantes
Aucune étude clinique randomisée en double aveugle n’est à ce sont fréquents au niveau des tissus conjonctifs. Il existe à ce
jour disponible. Seules plusieurs séries, quelquefois contradic- niveau des lésions de l’endothélium, une endartérite oblitérante,
toires, ont été publiées [36] . Même si l’intérêt de l’OHB est la formation de thrombi intravasculaires et une réparation
souvent souligné, comme dans l’étude française de Goulon fibreuse atrophique.
rapportant 800 cas en 1980 ou plus récemment l’importante L’OHB est connue depuis une quarantaine d’années pour
mise à jour de Bakker en 2002 [37] , ces études manquent améliorer ces lésions radio-induites. De nombreuses études
d’homogénéité : absence de standardisation des traitements animales et humaines montrent que l’OHB induit une augmen-
antibiotiques et chirurgicaux, mais surtout terminologies tation de la néovascularisation et de la cellularité des tissus
variables pouvant prêter à confusion. irradiés. L’ostéoradionécrose (ORN) mandibulaire, la cystite

Anesthésie-Réanimation 5
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36-940-A-10 ¶ Oxygénothérapie hyperbare. Principes et indications

radique [43], la prévention de l’ORN mandibulaire après extrac- Le malade est hospitalisé dans une unité permettant des soins
tion dentaire chez les patients irradiés paraissent être les locaux répétés, en sachant que le risque évolutif est
meilleures indications. La 5 e conférence de consensus de l’amputation.
Lisbonne en 2001, les publications de Coulthard et Denton Certains utilisent l’OHB en association à la chirurgie, en
dans The Cochrane Library en 2002, le rapport en 2003 du préopératoire à titre antalgique et anti-infectieux, en postopéra-
comité d’oxygénothérapie de l’UHMS ont conduit le jury de la toire pour améliorer l’oxygénation locale [57].
7e conférence de consensus de Lille en 2004 à placer ces trois L’indication de l’OHB dans le traitement des lésions du pied
indications en recommandations de type I [44-46]. chez le diabétique a fait l’objet de la 4e conférence de consensus
Pour l’ostéoradionécrose mandibulaire, Marx retrouve dans en médecine hyperbare en décembre 1998 à Londres [58, 59]. De
une étude portant sur 268 patients un succès dans 100 % des façon synthétique, il a été conclu que les patients candidats à
cas lorsque l’OHB est associée à l’antibiothérapie, aux soins l’OHB sont ceux présentant des signes d’ischémie critique sans
locaux et la réalisation d’une séquestrectomie partielle [47, 48]. traitement chirurgical envisageable en dehors d’une amputation.
Pour la cystite radique, l’analyse de la littérature effectuée par Cependant, les pieds diabétiques ne vont pas tous tirer bénéfice
Feldmeier concernant 136 patients montre que l’OHB est de l’OHB et une évaluation de la pression transcutanée en
associée à une diminution des symptômes (hématurie, douleur, oxygène (PtcO2) est nécessaire. Lorsque la PtcO2 est supérieure
infection urinaire récidivante) et la cystectomie totale est évitée à 20 mmHg en air ambiant, il n’y a pas d’ischémie critique et il
dans 82,4 % des cas [49]. Enfin, l’indication de prévention de
n’est pas nécessaire d’utiliser l’OHB. En revanche, s’il existe une
l’ORN mandibulaire après extraction dentaire s’appuie sur de
ischémie critique, il est utile d’effectuer une mesure à 2,5 ATA
nombreuses publications de cas et sur une étude prospective
sous une FiO2 de 100 %. Chez le diabétique présentant l’asso-
randomisée [50].
ciation d’une micro-, d’une macro-angiopathie et souvent d’une
Les indications intéressant les lésions tissulaires postirradia-
neuropathie, trois évolutions sont possibles :
tion nécessitent un nombre de séances important. Ces séances
• si la PtcO2 devient supérieure à 400 mmHg, le traitement par
sont effectuées à 2,5 ATA pendant 60 minutes en O2 pur. Pour
la prévention de l’ORN mandibulaire après extraction dentaire, OHB est efficace et une cicatrisation, voire une guérison est
10 séances sont effectuées avant et après le geste. possible ;
Les autres lésions radio-induites ne répondent qu’à des • si la PtcO2 est inférieure à 200 mmHg à 2,5 ATA, le traite-
indications de type II ou III [49]. ment par OHB est souvent voué à l’échec ;
• dans le cas où la PtcO2 est comprise entre 200 et 400 mmHg,
Indications de type II un essai d’OHB peut être effectué si le patient ne présente pas
de contre-indication.
• Lésions du pied diabétique.
Les séances durent 60 minutes à 2,5 ATA en oxygène pur et
• Surdité brusque.
doivent être répétées. Le nombre de séances nécessaire est
• Greffes et lambeaux à vascularisation compromise.
important, souvent supérieur à 30.
• Ostéoradionécrose (autres os).
D’un point de vue économique, il semble que l’usage de
• Entérite radique.
• Lésions radiques des tissus mous. l’OHB puisse être intéressant. Une étude randomisée est propo-
• Traitement préventif avant chirurgie ou implant en zone sée pour évaluer les résultats et analyser le rapport coût/
irradiée. efficacité de l’OHB dans les lésions du pied diabétique.
• Ulcère cutané ischémique. Dans les autres cas d’ischémie chronique des membres
• Ostéomyélite chronique réfractaire. inférieurs, il s’agit surtout d’une artériopathie de type angiopa-
• Neuroblastome de stade IV. thie et le traitement par OHB suit les mêmes principes. Cepen-
La prise en charge de ces indications s’effectue de façon dant, chez ces patients non diabétiques le traitement peut être
programmée. Ces différentes indications ont un niveau C de envisagé dès l’obtention d’une PtcO2 de 200 mmHg à 2,5 ATA
preuve, à l’exception du pied diabétique pour lequel un niveau en oxygène pur avec des résultats satisfaisants.
B a été retenu. L’OHB est donc actuellement un des traitements de l’isché-
Les lésions du pied diabétique et les surdités brusques sont de mie critique des membres inférieurs en association avec les
loin les indications les plus fréquentes. thérapeutiques habituelles surtout quand aucun geste chirurgi-
cal n’est possible et que le patient ne s’améliore pas ou
Lésions du pied diabétique s’aggrave malgré un traitement médical bien conduit.
L’artériopathie athéromateuse des membres inférieurs, avec
ou sans ischémie critique, est une pathologie pour laquelle il est Surdités brusques
licite d’escompter un effet bénéfique de l’OHB. La prise en
charge thérapeutique de l’artériopathie comprend un traitement L’OHB augmente la pression partielle d’oxygène locale en
médical par vasodilatateurs, des médicaments anti-ischémiques améliorant la viscosité sanguine et l’élasticité des globules
et antioxydants et un traitement par association de techniques rouges circulant à l’intérieur des microvaisseaux de l’oreille
radiochirurgicales de désobstruction ou de revascu- interne. Cependant, cette indication fait toujours l’objet de
larisation [51-54]. controverses [60].
Cette pathologie concerne 1 % des hommes de plus de La revue de la littérature par Lamm et al. retrouve un effet
55 ans. La baisse du débit sanguin total entraîne une diminu- bénéfique de l’OHB, après échec de la corticothérapie et des
tion de la perfusion de la microcirculation avec diminution de vasodilatateurs, si elle est administrée dans les 3 mois après la
la perfusion capillaire et ischémie par hypoxie tissulaire. Par ses survenue du déficit [61]. Dans cette revue, aucune différence
effets physiologiques l’OHB permet d’améliorer la vascularisa- n’est malheureusement faite en fonction de la cause de la
tion locale, de lutter contre l’infection et améliore la réparation surdité. Les études randomisées en double aveugle effectuées à
tissulaire. ce sujet ne sont toujours pas disponibles.
Quand et comment utiliser l’OHB dans cette indication ?
Greffes et lambeaux à vascularisation compromise
Il s’agit toujours d’une prise en charge multidisciplinaire :
médicochirurgicale et radiologique [55, 56] . L’évaluation de Cette indication n’a d’intérêt que si l’OHB est commencée
l’ischémie doit comporter : avant la 48e heure d’ischémie et si elle produit un bénéfice réel
• une étape d’évaluation de l’état circulatoire, par méthodes de variation de pression transcutanée d’oxygène (58 mmHg est
non invasives ou invasives ; la valeur-seuil permettant d’espérer un succès).
• un avis chirurgical afin d’évaluer la possibilité d’un geste Les séances s’effectuent à 2,5 ATA pendant 90 minutes en
de revascularisation, de désobstruction ou de pontage, oxygène pur à raison de deux séances par jour pendant 7 jours.
ou la possibilité d’angioplastie par technique radio- Il n’existe pas d’intérêt à poursuivre les séances au-delà
interventionnelle ou encore de thrombolyse. de 20 [62].

6 Anesthésie-Réanimation

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Oxygénothérapie hyperbare. Principes et indications ¶ 36-940-A-10

Indications de type III être nécessaires pour l’accompagnant qui respire de l’air, selon
la durée et le niveau de pression de la séance.
Ce sont des indications optionnelles.
Ces indications sont nombreuses. Parmi elles, on retrouve Préparation et surveillance d’un patient
l’encéphalopathie postanoxique [63-65]. Les effets de l’OHB après pour OHB
pendaison manquée ont été évalués. Mathieu et al. ont rapporté
en 1988 une étude concernant 170 patients dont 142 ont guéri La prise en charge d’un patient pour OHB comporte une
sans séquelles. L’OHB agirait comme antiœdémateux cérébral. consultation médicale préalable, dont le but est de valider
Pour ces auteurs, la pendaison entraîne une anoxie cérébrale l’indication thérapeutique et de rechercher une contre-
sévère dont l’évolution semble pouvoir être favorable si l’OHB indication à l’OHB. Les contre-indications absolues sont le
est instituée rapidement (dans les 3 premières heures) [66]. Le pneumothorax non drainé, l’angor instable ou l’infarctus du
rythme préconisé des séances est de trois pendant les 24 pre- myocarde à la phase aiguë, l’asthme aigu. D’autres contre-
mières heures puis deux les 24 heures suivantes, soit au total indications sont relatives : emphysème pulmonaire, comitialité,
cinq séances de 90 minutes. affections ORL telles que sinusites, otites et rhinites chroniques,
claustrophobie. Elles sont confrontées au bénéfice attendu de
l’OHB [68].
La mise en condition d’un patient de réanimation comporte
■ Réalisation pratique de l’OHB des mesures spécifiques. Cette mise en condition peut être
abordée sous forme de check-list [69, 70] :
• poursuite de la surveillance électrocardioscopique, de la prise
Équipement de la pression artérielle non invasive et mise en place d’une
L’OHB est délivrée dans une chambre hyperbare thérapeuti- mesure de la pression transcutanée en oxygène et en CO2 ;
que, qui est une enceinte pressurisée capable d’accueillir une ou • gonflage du ballonnet de la sonde d’intubation ou de tra-
plusieurs personnes (Fig. 1). Il existe deux sortes de chambres : chéotomie à l’eau ;
• les chambres monoplaces, à compartiment unique, pour un • mise en sécurité des lignes de perfusion (perméabilité,
seul patient. Elles n’autorisent pas l’accès direct au patient contrôle des raccords afin d’éviter toute prise d’air) ;
pendant le traitement. Leur mise en pression est faite le plus • sonde nasogastrique en aspiration ou à la poche ;
souvent à l’oxygène pur ; • retrait des packs de drainage et flacons de drainage en matière
• les chambres multiplaces, à deux compartiments ou plus, plastique rigide qui peuvent être endommagés par la pression,
permettant l’accès de personnel accompagnant, et la prise en remplacement par des poches à urines stériles ;
charge de patients de réanimation. Leur mise en pression est • interposition d’une valve de Heimlich sur les tuyaux de
faite à l’air, fourni par des compresseurs. drainage thoracique afin de permettre une dépression
Des règles de bonne pratique ont été établies en 2004 au manuelle ;
niveau européen. Elles concernent la sécurité des patients et du • pousse-seringues classiques remplacés par des pousse-
personnel, l’organisation d’un centre de médecine hyperbare, la seringues électriques « hyperbariques ».
formation du personnel, les procédures standards et La surveillance du patient pendant la séance est réalisée par
d’urgence [67]. le personnel accompagnant, présent dans l’enceinte, et l’opéra-
teur de caisson qui assure la mise en œuvre en toute sécurité de
La séance hyperbare est le temps d’exposition à une pression
la séance hyperbare, en conformité avec les procédures définies
augmentée au-dessus de la pression atmosphérique. Elle com-
par le médecin hyperbare. Des hublots permettent une sur-
porte trois phases :
veillance visuelle. Il existe enfin une écoute sonore permanente
• une phase de compression : la vitesse de compression est
au moyen d’interphones, autorisant une communication
adaptée à la tolérance des patients et du personnel accompa-
verbale rapide. En cours de séance, un personnel peut accéder
gnant : habituellement 0,1 ATA/min ;
rapidement à la chambre par l’intermédiaire d’un sas. Un code
• une phase de palier, à un niveau de pression défini dans le
européen de bonne pratique pour l’OHB a été élaboré en
protocole de traitement. La durée de cette phase est variable,
2004 [67].
60 à 90 minutes en moyenne. Pendant cette phase, le patient
respire de l’oxygène pur.
• une phase de décompression : la vitesse de décompression est
Tables thérapeutiques
lente, de l’ordre de 0,1 ATA/min. Elle doit respecter les Elles sont établies en prenant en compte à la fois la pression
mêmes règles qu’en plongée sous-marine. Des paliers peuvent et les fortes pressions partielles d’oxygène. La table de compres-
sion la plus utilisée est la compression à 2,5 ATA pendant
60 minutes avec une phase de compression de 15 minutes et
une phase de décompression de même durée.
L’attitude diffère lorsqu’il s’agit de traiter une embolie gazeuse
ou un accident de décompression. Il existe alors deux stratégies :
• la méthode nord-américaine (tables US Navy) qui privilégie
l’oxygène pur respiré à une pression maximale tolérable de
2,8 ATA aux dépens de la profondeur de compression qui
demeure faible (18 mètres). Ces tables utilisent l’effet de
dénitrogénation pour diminuer le volume de la bulle. Elles
sont au nombre de deux (tables US Navy 5 et 6) et adaptées
à l’évolution clinique du patient lors de la phase en pression
(Tableau 2, Fig. 2 et 3) ;
• la méthode française (table GERS) qui choisit une compres-
sion à une pression plus importante, 4 ATA (soit 30 mètres)
en général. À cette pression, le volume de la bulle est réduit
au quart de ce qu’il est en surface. Cette pression est un
compromis entre le risque de narcose pour l’accompagnateur
et l’obtention d’un profil de décompression qui n’aggrave pas
l’accidenté. L’accidenté respire successivement des mélanges
suroxygénés à teneur croissante en oxygène (40 % puis 60 %)
puis de l’oxygène pur au-dessus de 18 mètres. Il existe trois
tables GERS : A, B, C de durée croissante (6 heures, 8,5 heu-
Figure 1. Chambre hyperbare multiplace.
res, 17 heures) (Tableau 3, Figure 4).

Anesthésie-Réanimation 7
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Tableau 2.
Les tables US Navy.
Profondeur Table USN 5 Table USN 6 Mélanges respirés
en mètres (m) Amélioration des symptômes après 10 minutes à 18 m Absence d’amélioration après 10 minutes à 18 m
Durée en minutes Temps total en minutes Durée en minutes Temps total en minutes
18 20 20 20 20 O2 pur
5 25 5 25 Air
20 45 20 45 O2 pur
5 50 Air
20 70 O2 pur
5 75 Air
18 à 9 30 75 30 105 O2 pur
9 5 80 15 120 Air
20 100 60 180 O2 pur
5 105 15 195 Air
60 255 O2 pur
9 à surface 30 135 30 285 O2 pur

Tableau 3.
Temps Les tables GERS.
75 135 en minutes
Profondeur Durée en minutes Mélanges
en mètres respirés
3 L'accompagnant respire
Table A Table B Table C
de l'O2 pur
lors de la remontée 30 30 min 30 min 30 min 40 %
30
6 de 9 mètres à la surface 27 (facultatif) 30 min 30 min 30 min 40 %
24 30 min 30 min 60 min 40 %
5 20 5
9 21 30 min 30 min 60 min 60 %
18 30 min 30 min 60 min 60 %
12 15 30 min 60 min 120 min 25 min en O2 pur
5 min en air
30 12 30 min 60 min 120 min 25 min en O2 pur
15
5 min en air
Air 9 30 min 60 min 360 min 25 min en O2 pur
18 20 5 20 O2 pur 5 min en air
6 30 min 60 min 60 min 25 min en O2 pur
Profondeur 5 min en air
en mètres 3 30 min 60 min 60 min 25 min en O2 pur
Figure 2. Table US Navy 5. 5 min en air
Durée totale 360 min 510 min 1020 min
avec durées
des variations
Temps de pression
285 en minutes

Les tables GERS donneraient de meilleurs résultats dans le


3
traitement des accidents de décompression avec signes neurolo-
30 giques périphériques ou centraux vus avant la 12 e heure,
6
idéalement avant la 3e heure. En pratique, on commence par la
15 60 15 60 table courte, le passage à une table longue se décide au palier
9
de 15 ou 9 mètres en fonction de la persistance ou non de la
symptomatologie.
12 L'accompagnant respire
de l'O2 pur,
30
15 10 minutes après l'arrivée au palier
de 9 mètres et jusqu'à la surface ■ Limites et accidents de l’OHB
18 Air
20 5 20 5 20 5 L’OHB est une technique lourde et coûteuse, nécessitant un
O2 pur
fort investissement humain et matériel. Elle comporte des
risques, à la fois pour les patients et les accompagnants, ce qui
impose des règles de sécurité strictes [71].
Profondeur
Les complications sont de plusieurs types : biochimiques, liées
en mètres
à la dissolution des gaz dans l’organisme, biophysiques liées aux
Figure 3. Table US Navy 6. variations de pression (barotraumatismes), enfin complications
dues au matériel [72, 73].

Les tables US Navy sont utilisées dans les formes ostéoarticu-


laires, dans les accidents médullaires de gravité modérée, après
Accidents biochimiques
une plongée à moins de 40 mètres et dans les accidents Ils proviennent de l’augmentation de la pression partielle des
cochléovestibulaires. gaz inhalés : oxygène et azote présents dans l’air du caisson.

8 Anesthésie-Réanimation

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Temps
en minutes
360
0
30 6
3

30 6
6

30 6
9

30 6
12

30 6
15

30 6
18

30 6
21

30 6
24
30 6
27 O2 pur pendant 25 minutes
puis air pendant 5 minutes
30 6
30 O2 60 %

O2 40 %

Profondeur
en mètres
Figure 4. Table GERS A.

Toxicité de l’oxygène cristallin par les compressions et décompressions répétées, plus


qu’à une véritable toxicité de l’O2 [68].
Elle est connue depuis les travaux de Paul Bert [74].
Trois organes en sont les cibles principales : le cerveau, le Toxicité de l’azote
poumon et l’œil. Le mécanisme de cette toxicité est attribué à Elle pourrait concerner l’accompagnant qui respire de l’air. En
l’apparition de radicaux libres. fait, elle ne s’observe que pour des compressions dépassant
Toxicité neurologique (effet Paul Bert) 5 ATA, ce qui est exceptionnel en médecine hyperbare. Il s’agit
de perturbations neurologiques et comportementales, décrites
Elle se traduit par la survenue brutale d’une crise convulsive
sous le nom de narcose à l’azote.
de type tonicoclonique (lorsque la pression partielle en oxygène
est supérieure à 1,6 bar). Sa fréquence est de 1,3 pour
10 000 séances [73].
Accidents biophysiques
Elle peut être précédée de prodromes à type de malaises, de Il s’agit d’une part des accidents de décompression, dus à
fasciculations du visage, de rétrécissement du champ visuel. l’azote, et d’autre part des accidents barotraumatiques.
L’évolution de cette crise est toujours favorable [75]. Elle cède
spontanément à l’arrêt de l’oxygène (retrait du masque lors
Accidents de décompression
d’une séance d’OHB) et peut être prévenue par une alternance Ils concernent essentiellement le personnel accompagnant,
de périodes sous oxygène et sous air. En pratique, le patient qui respire de l’air au cours de la séance, étant ainsi exposé au
reçoit de l’oxygène pur par l’intermédiaire d’un masque facial risque de bullage d’azote en phase de décompression. Les
ou d’une sonde d’intubation en alternance avec de l’air pendant accidents aigus sont exceptionnels en caisson, grâce au respect
une durée de 5 minutes toutes les 25 minutes. des procédures de sécurité et en particulier des tables de
Une prévention par benzodiazépines peut être effectuée chez décompression [76, 77].
les patients ayant déjà fait une crise hyperoxique et devant
absolument bénéficier d’une séance d’OHB. Des valeurs à ne pas
Accident barotraumatiques
dépasser ont été proposées pour augmenter la sécurité. Il semble Ils sont les plus fréquents, habituellement bénins (barotrau-
qu’au-delà de 2,7 ATA, le risque soit majoré pour une séance de matismes ORL, lors de la phase de compression), rarement
90 minutes. graves (surpression pulmonaire ou majoration d’un pneumo-
thorax lors de la phase de décompression).
Toxicité pulmonaire (effet Lorrain Smith) Les barotraumatismes des oreilles résultent de difficultés
L’oxygène à de fortes pressions entraîne une irritation de d’équilibration des pressions par la trompe d’Eustache dont la
l’arbre trachéobronchique, voire un véritable œdème pulmo- perméabilité est altérée. L’otite barotraumatique se manifeste
naire lésionnel pouvant évoluer en fibrose associée à une baisse par une douleur, plus ou moins vive, une sensation d’oreille
de compliance et de capacité vitale. bouchée. À l’examen, les lésions tympaniques vont de la simple
Cependant, les symptômes ne s’observent qu’après 8 à congestion jusqu’à l’hémotympan, voire la déchirure tympani-
10 heures d’exposition à des pressions importantes, circonstan- que avec otorragie. La prévention passe par l’évaluation ORL
ces rarement retrouvées dans les protocoles d’hyperbarie préalable, la réalisation des manœuvres d’équipression (Valsalva)
pratiqués. et l’adaptation de la vitesse de compression aux patients et au
personnel accompagnant.
Toxicité ophtalmologique L’équipression tympanique des patients intubés ne pose en
Les traitements prolongés par OHB peuvent être à l’origine de général pas de problème en raison de l’état de relaxation des
myopie qui serait due à une modification de la courbure du muscles lisses de la trompe d’Eustache [72].

Anesthésie-Réanimation 9
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36-940-A-10 ¶ Oxygénothérapie hyperbare. Principes et indications

Les barotraumatismes des sinus et des dents sont identiques niveaux de preuve clairement définis. Des normes de fonction-
à ceux observés chez les plongeurs dans les mêmes conditions nement ont également été édictées pour assurer une sécurité
de pression. optimale de l’OHB, dont les risques doivent être mis en balance
Les barotraumatismes pulmonaires sont les plus graves. La avec le bénéfice attendu pour le patient.
surpression avec décompression à glotte fermée peut entraîner
un état de choc ou une détresse respiratoire par pneumothorax.
Cet accident est exceptionnel en médecine hyperbare car la
vitesse de remontée est généralement limitée à 1 mètre par
minute. “ Points essentiels
Les pneumothorax non drainés ou mal drainés peuvent
devenir compressifs lors de la remontée. La détection par L’OHB se définit comme l’administration d’oxygène à des
radiographie thoracique avant toute compression en urgence et fins thérapeutiques sous une pression supérieure à la
le drainage systématique de tout épanchement gazeux de la pression atmosphérique.
plèvre est la règle. Le risque d’EG existe après surpression L’OHB comporte des risques et peut entraîner des
pulmonaire mais il faut toujours éliminer une EG iatrogène due accidents, en particulier barotraumatiques. Son utilisation
à une perfusion intraveineuse.
doit être soumise à une discussion bénéfices/risques.
Les barotraumatismes digestifs sont rarement constatés en
dehors des patients n’ayant pas repris leur transit après une
Les indications de l’OHB ont été précisées et actualisées
chirurgie digestive et ne portant pas de sonde gastrique. Lors lors de la 7e Conférence européenne de consensus en
d’une séance d’OHB, la sonde gastrique ne doit jamais être médecine hyperbare qui s’est tenue à Lille en décembre
clampée ; elle est placée en déclive sur une poche ou mieux en 2004. Il existe trois types d’indications. Celles de type I
aspiration douce. sont des indications fortement recommandées, ayant une
L’opérateur de caisson joue un rôle primordial dans la importance majeure pour l’évolution du patient.
prévention des accidents barotraumatiques. Il gère une mise en Les patients victimes d’une intoxication au CO avec risque
pression progressive avec une vitesse de compression recom- élevé de complications immédiates ou à long terme, d’un
mandée de 1 mètre par minute, à l’écoute des patients et de accident de décompression ou d’une embolie gazeuse
l’accompagnant. Celui-ci fait pratiquer aux malades les manœu-
symptomatique doivent être orientés dans les plus brefs
vres d’équilibrage tympanique, type Valsalva. Le moment le plus
critique est la mise en pression puis le passage de 1 à 2 ATA.
délais vers un centre hyperbare. Le passage préalable dans
À la remontée, la décompression doit être très lente, inter- un service d’accueil d’urgence ou toute autre structure de
rompue au moindre incident. L’anomalie doit être systémati- soins retarde la prise en charge thérapeutique.
quement analysée par le chef des opérations hyperbares. Une Les contre-indications absolues à l’OHB sont le
remontée d’urgence sans analyse de l’incident doit être évitée. pneumothorax non drainé, l’angor instable ou l’infarctus
du myocarde à la phase aiguë, l’asthme aigu. Emphysème
Accidents dus au matériel pulmonaire, comitialité, sinusites, otites, rhinites
chroniques et claustrophobie sont des contre-indications
L’incendie est l’accident le plus redouté car ses conséquences relatives à confronter avec le bénéfice attendu.
sont dramatiques [78]. Le risque d’ignition de matériels inflam-
mables est augmenté dans le caisson, d’autant plus que la .

concentration d’oxygène s’élève. La prévention est essentielle ;


elle est réalisée par l’éviction de toute substance inflammable ou ■ Références
matériel à risque, et le maintien d’une concentration en
oxygène inférieure à 25 %. Les chambres hyperbares sont [1] Oxygénothérapie hyperbare. Rapport de la Haute Autorité de Santé du
équipées d’un système de ventilation permettant un apport d’air 31 janvier 2007. 106p. Service des évaluations des actes de santé. Dis-
frais et de systèmes d’extraction des gaz expirés par déverseurs ponible sur le site internet : www.has-sante.fr.
rejetant les gaz à l’extérieur. Elles comportent des moyens [2] Fry DE. The story of hyperbaric oxygen continues. Am J Surg 2005;
d’extinction. Une procédure d’urgence est établie et affichée. 189:467-8.
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Le risque d’EG iatrogène, chez le patient perfusé, doit être
d’actualisation de la société française d’anesthésie réanimation. Paris:
prévenu par des mesures simples : utilisation exclusive de
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poches souples de perfusion, vérification des raccords sur les [4] Churchill-Davidson I, Sanger C, Thomlinson R. High-pressure oxygen
lignes de perfusion, en particulier des robinets à voies multiples, and radiotherapy. Lancet 1955;1:1091-5.
surveillance continue en cours de séance en particulier lors des [5] Boerema I, Huiskes JW, Kroll JA, Kroon B, Lokin E, Meyne NG. High
périodes de variations de pression. atmospheric pressure as an aid to cardiac surgery. Arch Chir Neerl 1956;
Le risque d’hypercapnie existe lorsque les systèmes d’évacua- 8:193-211.
tion des gaz sont défectueux : dysfonctionnement de valves [6] Brummelkamp WH, Hoogendijk JL, Boerema I. Treatment of
respiratoires ou de déverseurs. La prévention est réalisée par un anaerobic infections (clostridial myositis) by drenching the tissues with
contrôle du bon fonctionnement des masques avant chaque oxygen under high atmospheric pressure. Surgery 1961;49:299-302.
séance, et les opérations régulières de maintenance. [7] Wattel F. Historique de la médecine hyperbare. In: Wattel F, Mathieu D,
Le risque de contamination de la chambre hyperbare par des editors. Traité de médecine hyperbare. Lonrai: Ellipses; 2002. p. 13-25.
gaz polluants (CO, solvant) est possible, si les compresseurs [8] Mathieu D. 7e conférence européenne de consensus sur la médecine
alimentant la chambre sont dans une zone polluée. Les com- hyperbare. Lille 3-4 décembre 2004. Paris: Édition des Actes; 2004
presseurs doivent être placés dans un site protégé de toute (323p).
pollution. La qualité de l’air fourni par les compresseurs est celle [9] Vincenti-Rouquette I, Borne M, Bargues L, Brinquin L.
de l’air médical, régulièrement contrôlée. Oxygénothérapie hyperbare en 1999. Principes, indications et limites.
Med Armees 1999;27:347-53.
[10] Hodges ANH, Delaney JS, Lecomte JM, Lacroix VJ, Montgomery DL.
■ Conclusion
Effect of hyperbaric oxygen on oxygen uptake and measurements in the
blood and tissues in a normobaric environment. Br J Sports Med 2003;
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L’OHB est une thérapeutique ancienne, utilisée dans des [11] Mathieu D. Effet de l’oxygénothérapie hyperbare sur le transport de
indications très diverses. Des travaux expérimentaux et cliniques l’oxygène et l’oxygénation tissulaire. In: Wattel F, Mathieu D, editors.
ont permis, au cours des 15 dernières années, de mieux com- Traité de médecine hyperbare. Lonrai: Ellipses; 2002. p. 50-62.
prendre les mécanismes d’action et d’apporter des bases scien- [12] Mathieu D. Place de l’oxygénothérapie hyperbare dans le traitement
tifiques à des indications mieux reconnues. Des conférences de des fasciites nécrosantes. Conférence de consensus. Ann Dermatol
consensus ont ainsi publié des recommandations basées sur des Venereol 2001;128:411-8.

10 Anesthésie-Réanimation

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Oxygénothérapie hyperbare. Principes et indications ¶ 36-940-A-10

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Anesthésie-Réanimation 11
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M. Borne (borne.marc@wanadoo.fr).
Département d’anesthésie-réanimation, Hôpital d’instruction des Armées du Val-de-Grâce, 74, boulevard Port-Royal, 75230 Paris cedex 05, France.
I. Vincenti-Rouquette.
Service d’anesthésie-réanimation, Hôpital d’instruction des Armées Bégin, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France.
C. Saby.
L. Raynaud.
L. Brinquin.
Département d’anesthésie-réanimation, Hôpital d’instruction des Armées du Val-de-Grâce, 74, boulevard Port-Royal, 75230 Paris cedex 05, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Borne M., Vincenti-Rouquette I., Saby C., Raynaud L., Brinquin L. Oxygénothérapie hyperbare. Principes
et indications. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Anesthésie-Réanimation, 36-940-A-10, 2009.

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

12 Anesthésie-Réanimation

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