Vous êtes sur la page 1sur 5

Dr DERBAK

Oxygénation hyperbare
Introduction

L'oxygénothérapie hyperbare (OHB) est l'utilisation médicale de l'oxygène à une


pression supérieure à celle de la pression atmosphérique.

C’est une thérapeutique très spécifique, irremplaçable dans certaines pathologies, et


fort utile dans d’autres, parfois en urgence.

Sa mise en œuvre nécessite des moyens techniques tout à fait particuliers, tant sur le
plan matériel que sur celui du personnel.

L’oxygénothérapie hyperbare (OHB) a débuté réellement dans les années 1950.

L’OHB, au début, était utilisée pour traiter les accidents de décompression, elle a aussi
démontré une grande efficacité pour traiter la gangrène gazeuse et l'intoxication par le
monoxyde de carbone

Des recherches plus récentes ont étudié son éventuelle efficacité sur d'autres maladies

Définition

L’oxygénothérapie hyperbare est une technique médicale qui consiste à administrer à


des patients de l’oxygène pur ou mélangé à des gaz vecteurs (hélium, azote, gaz
carbonique) à une pression partielle supérieure à la pression atmosphérique.

Elle permet : l’Hyperoxygénation tissulaire ; Réduction de volume des bulles de gaz


inerte ; elle permet aussi de réduire la prolifération de certaines bactéries qui ne se
développent que dans un milieu pauvre en oxygène (effet anti-infectieux)

Mecanismes d'action :
Les mécanismes physiologiques expliquant l'intérêt de l'oxygénothérapie hyperbare
reposent sur des lois physiques; il ya une Réversibilité physique des effets délétères grâce
à:

1/- la compression des volumes gazeux: à température constante, Toute augmentation


de pression se traduit par une réduction du volume apparent du gaz.

Exemple : une seringue remplie d'air. Quand on pousse le piston (embout bouché), la
pression P de l'air augmente et le volume V de l'air diminue. Intéressant, notamment lors
d‘embolies gazeuses, si on augmente la pression dans la chambre hyperbare le volume de la
bulle va diminuer et les signes cliniques vont régresser
Dr DERBAK

2/- L'élévation de la pression partielle d'oxygène favorise la dissolution de ce gaz dans


l'eau plasmatique :

Il va y avoir une augmentation de l'O2 dissout dans le sang et les tissus, y compris dans les
régions mal vascularisées. et favorise l’oxygénation des tissus lésés.

Exemple : seringue remplie d'eau + air. Quand on pousse sur le piston (embout bouché) la
pression P dans la seringue augmente et la quantité d'air dissoute dans l'eau va augmenter.
Si vous lâchez brusquement le piston vous pourrez voir l'eau devenir bulleuse un court
moment (le même mécanisme se produit lors d'un accident de décompression chez un
plongeur qui ne respecte pas les paliers de décompression).

Remarque : En normobarie normoxique: l'oxygène est principalement transporté sous


forme liée à l'hémoglobine. ( globules rouges)

En oxygène hyperbare, l'augmentation de la phase dissoute dans le plasma est directement


responsable de l'augmentation du contenu sanguin en oxygène.

-3/Diminution de la pression partielle d'azote Dénitrogénation

Lors de l'inhalation d'oxygène pur, la quantité d'azote dans l'air alvéolaire diminue
rapidement ; de même l'azote dissous dans les différents tissus de l'organisme est relargué
dans le sang (par un gradient de pression d'azote du sang vers l'air alvéolaire et des tissus de
l'organisme vers le sang. (Mis à profit dans le traitement des embolies gazeuses)

Effets de l'augmentation de l'apport tissulaire d'oxygène


1/ Les effets de l’augmentation de la pression barométrique entraînent :

a) une réduction du volume des amas gazeux : (cas des accidents de plongée, des embolies
gazeuses)

b) une augmentation de la pression partielle d’O2 dans l’organisme :

En respirant 100% d’O2 à 3 fois la pression atmosphérique, on augmente de plus de 20


fois la pression partielle en oxygène dans le sang et les tissus ce qui explique l’augmentation
d’oxygène sous forme dissoute.

2/ Les effets de L’association : augmentation de la pression partielle d’O2,


augmentation d’oxygène sous forme dissoute:

1- Augmentation du transport d’O2 dissout dans le plasma

2- Augmentation de diffusion d’O2 dans le tissus


Dr DERBAK

3- Effet bactériostatique et bactéricide : La multiplication des aérobies est inhibée dès 1,3
ATA ) avec une stimulation de l'activité des macrophages et amélioration du pouvoir
phagocytaire des polynucléaires. et amélioration des fonctions immunitaires

4- Effet vasoconstricteur

5- Effet métabolique et tissulaire : Synthèse rapide et accrue du collagène par le fibroblaste


et Prolifération des néo-vaisseaux à partir de la matrice de collagène synthétisée : action
cicatrisante de l’OHB

6- Effet sur la déformabilité érythrocytaire

Indications de l’Oxygénation hyperbare


Les principales indications de l'OHB sont représentées par : les accidents de décompression ;

Les embolies gazeuses, les intoxications au CO . Les indications retenues sont :

Conditions urgentes

 Intoxication au monoxyde de carbone


 Accident de décompression
 Embolie gazeuse artérielle cérébrale
 Surdité subite neurosensorielle idiopathique
 Greffe et lambeau chirurgical compromis
 Infections nécrosantes
 Gangrène gazeuse
 Ischémie périphérique traumatique aigue
 Perte sanguine exceptionnelle

Conditions chroniques

 Radionécrose des tissus mous (ex. cystite radique, colite radique)


 Ostéoradionécrose (ORN)
 Prévention d’ORN
 Ostéomyélite chronique réfractaire
 Plaie avec guérison compromise

CONTRE- INDICATIONS DE l’ Oxygénation hyperbare


ABSOLUES : * Pneumothorax non drainé /*Crise d’angor/*OAP lésionnel

RELATIVES : Maladie pulmonaire obstructive chronique ; Antécédents de


pneumothorax spontané ; Otites, sinusites ;Epilepsie ;Etat hémodynamique instable ;
HTA non contrôlée
Dr DERBAK

LES COMPLICATIONS de l’ Oxygénation hyperbare


. 1- Pneumotoxicité de l’oxygène Le risque est nul en oxygénothérapie hyperbare si les
deux conditions nécessaires conjuguées ne sont pas réunies

* durée d’exposition trop longue / Pression partielle en oxygène trop élevée

2- Neurotoxicité centrale de l’oxygène : En oxygénothérapie hyperbare il peut se


produire une crise hyperoxique qui se traduit par une crise de type épileptiforme / Le
risque est réel en OHB si la Po2 >2,8 et si la durée est sup à 30 mn (d’où la nécessité d’un
accompagnant des patients a l’intérieur du caisson)

3- Barotraumatismes : Ce sont des accidents mécaniques dus à la pression, ils


surviennent lors des variations de pression surtout en début de la décompression et en fin
de la décompression.

Cet effet peut entrainer des complications : ORL, pulmonaires, cérébrales, digestives
(exemple : sinus, oreille moyenne, rupture de plombage dentaire…..)

4- Accidents de décompression : Ils peuvent arriver également au personnel soignant


même s’ils restent exceptionnels.

5- Incendie Pression et élévation du taux d’O2

6. Toxicité oculaire: myopies réversibles ou non réversibles(durée inhabituelle);


Quelques modifications du champ visuel ont été rapportées

PREVENTION : Par la surveillance du taux d’oxygène dans la chambre hyperbare

. Par le contrôle strict des éléments déclenchants (briquets, pansements, vêtement nylon
générant de l’électricité statique, produits alcoolisés……..)

COMMENT SE DEROULENT LES SEANCES ?

L’Oxygénation hyperbare s’intègre dans une stratégie thérapeutique globale et peut


être associée à des traitements médicaux et/ou des interventions chirurgicales.

L'équipement nécessaire consiste en une chambre de pression (ou caisson), qui peut
être constituée de parois rigides ou flexibles, et un moyen de distribution d'oxygène à
100%. Les séances sont collectives, placées sous surveillance et accompagnement
infirmiers spécialisés en hyperbarie dans la chambre. Chaque séance dure moins de
deux heures. Elle se décompose en trois parties(*) : compression (15’), oxygénation
(60’), décompression (15’). Les patients sont assis, ils peuvent rester sur leur fauteuil
roulant, ou peuvent être traités allongés sur le brancard.
Le nombre de séances et leur périodicité dépendent du traitement et de l’évolution de
votre maladie
Dr DERBAK

Surveillance lors d’une séance


-Éducation, information du patient : déroulement de la séance (protocole choisi), règles
de sécurité… ; manœuvre de Vasalva (tympan à préserver)

-Accompagnement du patient pendant la séance si besoin (première séance,


claustrophobie, intubé-ventilé, enfants…) ;

-Prise en charge du patient suivant son état de santé (respirateur, scope, P02
transcutanée, drainage, perfusion…) ;

-Prise des constantes, respirateur, douleur, conscience (risque de convulsions) ;

-Fraction d'02 dans la chambre hyperbare ;

Formation à l’utilisation du caisson


L’infirmier diplômé d’Etat doit être titulaire du Certificat d'Aptitude à l'Hyperbarie , qui
sanctionne une formation de deux semaines en institut national de plongée professionnelle.

Il faut avoir une condition physique irréprochable. Un suivi médical spécifique est mis en
place : bilan d’aptitude initiale (EEG, radiographies des grosses articulations, consultation
ORL) et visites annuelles. Les infirmiers candidats : un examen médical draconien avant
d’aller en formation pour apprendre les spécificités de ces prises en charge.

Rôles : L’infirmier hyperbariste : rôles distribués à l’extérieur et l’intérieur du


caisson: avant, pendant et après une séance d’oxygénothérapie hyperbare.

- la surveillance clinique et psychologique des patients : paramètres hémodynamiques,


apaisement de l’angoisse par rapport à la taille du caisson, le bruit, les différences de
températures à la compression et à la décompression.

- Il explique le risque de barotraumatisme du tympan et les gestes de prévention à


effectuer en phase de compression du caisson.

- Il peut accompagner les patients pour leurs premières séances, surveiller la survenue
d’une crise épileptique. Il reste dans le caisson pendant toute la séance pour les patients
admis en urgence ou présentant du matériel spécifique, notamment s’ils sont perfusés,
sondés, intubés, ventilés…

Les contraintes physiques étant les même que pour la plongée sous-marine, il ne peut
pas effectuer plus de deux accompagnements par vingt-quatre heures, sauf urgence et
sur autorisation du médecin responsable de l’unité de soins.

Vous aimerez peut-être aussi