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La criminologie marxiste

Quelle est la théorie marxiste de la criminologie ?


Partie I : La théorie marxiste de la criminologie :
A- La Criminologie Marxiste
B- la nature et le contenu de cette théorie
Partie II : une explication du crime par les inégalités
(criminologie marxiste), le marxiste et sa relation avec la
politique :
1) La Criminologie Marxiste, une explication du crime par les inégalités :
2) la relation entre la criminologie marxiste et la politique :

Partie I : la théorie marxiste de la criminologie


A- La Criminologie Marxiste

Avant d’aborder le sujet de notre intervention, il nous parait indispensable de


donner un bref aperçu sur la criminologie marxiste qui est l'une des écoles de
criminologie. Il est parallèle au travail de l’école du fonctionnalisme structurel qui se
concentre sur ce qui produit la stabilité et la continuité dans la société mais,
contrairement aux fonctionnalistes, il adopte une philosophie politique prédéfinie.
Comme dans la criminologie des conflits, il se concentre sur les raisons pour
lesquelles les choses changent, identifie les forces de rupture dans les sociétés
industrialisées et décrit comment la société est divisée par le pouvoir, la richesse, le
prestige et les perceptions du monde. «La forme et le caractère du système
juridique dans les sociétés complexes peuvent être compris comme découlant des
conflits inhérents à la structure de ces sociétés stratifiées économiquement et
politiquement» (Chambliss, 1971, p3). Il s'intéresse aux relations causales entre la
société et le crime, c'est-à-dire pour établir une compréhension critique de la façon
dont l'environnement social immédiat et structurel engendre le crime et les
conditions criminogènes. Karl Marx a soutenu que la loi est le mécanisme par lequel
une classe sociale, généralement appelée « classe dirigeante », maintient toutes les
autres classes dans une position désavantagée. Ainsi, cette école utilise une lentille
marxiste à travers laquelle, entre autres pour considérer le processus de
criminalisation, et par laquelle expliquer pourquoi certains actes sont définis comme
déviants alors que d'autres ne le sont pas. Il s'intéresse donc à la criminalité
politique, à la criminalité d’État et à la criminalité d'entreprise d'Etat.

B– la nature et le contenu de cette théorie

S'il n'est pas difficile de trouver des présentations générales de ce qu'on appelle
maintenant le paradigme marxiste (ou marxien), il est plus malaisé de rendre
compte de la spécificité de cette approche en criminologie. Non seulement les
groupes de chercheurs sont-ils disséminés dans l'espace en poursuivant des projets
de recherches diversifiés, mais surtout cette approche marxiste a dû être élaborée à
partir d'indications très lacunaires de la part de Marx, qui n'a pas traité de façon
explicite des problèmes de la justice pénale. Or ce processus d'élaboration a subi
une évolution qui nous paraît problématique, puisqu'elle a été bien davantage
déterminée par une volonté de répondre à des objections que par
l'approfondissement des propriétés de son objet. On sait que le projet de constituer
une criminologie radicale s'est d'abord heurté à l'intransigeance de certains
défenseurs de l'orthodoxie marxiste, comme Mugford, Hirst et plusieurs autres.
Ceux-ci soutenaient qu'une élucidation marxiste de la déviance passait de façon
nécessaire par la dissolution de la criminologie, comme discipline autonome, au sein
d'une économie politique structurée par les positions du Capital de Marx. La
criminologie marxiste a toutefois évolué à l'inverse de ce qui était alors réclamé.
Bien loin, maintenant, de prétendre abolir la criminologie traditionnelle, l'économie
politique de la déviance s'affirme compatible avec elle et ne répugnerait pas à en
constituer le complément heuristique. Le marxisme fournit une base théorique
systématique sur laquelle interroger les arrangements structurels sociaux, et
l'hypothèse selon laquelle le pouvoir économique se traduit en pouvoir politique
explique en grande partie la déresponsabilisation générale de la majorité qui vit
dans l'État moderne et les limites du discours politique. Par conséquent, que ce soit
directement ou indirectement, il informe une grande partie de la recherche sur les
phénomènes sociaux non seulement en criminologie, mais aussi en sémiotique et
dans les autres disciplines qui explorent les relations structurelles de pouvoir, de
savoir, de sens et d'intérêts positionnels au sein de la société. De nombreux
criminologues conviennent que pour qu'une société fonctionne efficacement,
l'ordre social est nécessaire et que la conformité est induite par un processus de
socialisation.

Partie II : Partie II : une explication du crime par les inégalités


(criminologie marxiste), le marxiste et sa relation avec la politique :
1) La Criminologie Marxiste , une explication du crime par les inégalités :

Nous commencerons l’exploration de la vision marxiste du crime par une notule


écrite par Karl Marx en personne dans les années 1860

« Le philosophe produit des idées, le poète des poèmes, l’ecclésiastique des


sermons, Le professeur des traités… Le criminel produit des crimes. Si on regarde de
plus près les rapports qui existent entre cette dernière branche de production et la
société dans son ensemble, on reviendra de bien des préjugés. Le criminel ne
produit pas que des crimes : c’est lui qui produit le droit pénal, donc le Professeur
de droit pénal (…) Plus : le criminel produit tout l’appareil policier et judiciaire :
gendarmes, juges, bourreaux, jurés, etc.. (…) Le criminel crée une sensation qui
participe de la morale et du tragique, et ce faisant il fournit un « service » en
remuant les sentiments moraux et esthétiques du public. Il ne produit pas que des
traités de droit pénal (…) Le criminel brise la monotonie et la sécurité quotidienne
de la vie bourgeoise, la mettant ainsi à l’abri de la stagnation et suscitant cette
incessante tension et agitation sans laquelle l’aiguillon de la concurrence elle-même
s’émousserait. Il stimule ainsi les forces productives. Ainsi le criminel opère une de
ces « compensations » naturelles qui créent l’équilibre et suscitent une multitude de
métiers « utiles ». On peut démontrer par le détail l’influence qu’exerce le criminel
sur le développement de la force productive :

— Faute de voleurs, les serrures fussent-elles parvenues à leur stade actuel de


perfection ?

— Faute de faux-monnayeurs, la fabrication des billets de banque ?

— Faute de fraudeurs, le microscope eût-il pénétré les sphères du commerce


ordinaire (voir Babbage) ?
En trouvant sans cesse de nouveaux moyens de s’attaquer à la propriété, le crime
fait naître sans cesse de nouveaux moyens de la défendre, de sorte qu’il donne à la
mécanisation une impulsion tout aussi productive que celle qui résulte des grèves.
En dehors du domaine du crime privé, le marché mondial serait-il né sans crime
nationaux ? Et les nations elles-mêmes ? Et depuis Adam, l’arbre du péché n’est-il
pas en même temps l’arbre de la science ? »

La lecture de cet extrait, nous pouvons tout de suite voir dans le courant marxiste
une volonté de normalisation du crime. Car pour les marxistes, la criminologie,
comme toutes les sciences humaines, doit œuvrer pour plus de justice sociale et se
positionner du coté des opprimés. Les sociétés capitalistes sont basées
fondamentalement sur des formes compétitives de l'interaction sociale et
économique et sur des inégalités substantielles dans l'attribution des ressources
sociales. Sans ces inégalités il serait difficile de motiver les travailleurs à entrer en
compétition pour améliorer leur revenu et leur statut par un travail aliénant. Par
conséquent, dans « Le Capital » (1867) , Karl Marx souligne que les relations de
production capitalistes créent une société particulièrement criminogène :
engendrant une criminalité de besoin et une criminalité d’exploitation et de profit
commise par la bourgeoisie.

De surcroit, le système législatif ne fournit pas toujours suffisamment de sécurité


économique et sociale pour tous les membres d’une société. Le marxisme est
effectivement imprégnée d’une perception de la Justice qui serait là pour servir et
renforcer les intérêts du patronat.

B – la relation entre la criminologie marxiste et la politique :

Soutenir que le capitalisme est responsable des crimes commis en société peut
paraitre saugrenu , compte tenu de l’universalité du phénomène criminel ayant
existé depuis la nuit des temps et non pas seulement depuis l’avènement de la
Révolution Industrielle (malgré certaines évolutions dans le temps et l’espace : la
démographie, l’urbanisation, le développement économique sont autant de facteurs
conditionnant la hausse de la criminalité).

Ainsi, bien que la question de la criminalité demeure une question de philosophie


politique suscitant toujours le débat, un idéaliste tel que Karl Marx estime pouvoir
faire disparaître la criminalité à condition d’anéantir l’ensemble des structures
capitalistes.

Nous soutiendrons qu’en rejetant la faute sur notre système économique et en


faisant du crime une conséquence inévitable du capitalisme, le risque est de
déresponsabiliser les criminels en justifiant leurs actes. Pire que cela, la pensée
marxiste tend à inciter la commission de certains crimes qui deviennent motivés par
la lutte de classes et l’insoumission des prolétaires au pouvoir bourgeois.

Dans une lignée également très socialiste, Emile Durkheim soutient quant à lui que
le crime est « nécessaire » et qu’il s’agirait d’un « phénomène de sociologie
normale ». Le sociologue français ajoute qu’accroitre la répression lorsque la
criminalité augmente est une grave erreur politique. Nous pouvons également voir
en cette vision une apologie du crime à bannir.

Quand on évalue le sujet de la criminologie marxiste, on se rend vite fait compte


que Marx et Engels n’ont pas analyser le crime de façon approfondie. Etant donné
que dans leur optique le crime et son contrôle sont des phénomènes super
structurels déterminés par l’infrastructure économique, Karl Marx et Friedrich
Engels n’ont pas livré de réflexion systématique et approfondie sur cette
thématique.

Dans un article de Dario Melossi paru en 1976 sur la question pénale dans Le
Capital , l’auteur y indiquait au passage une raison théorique fondamentale au
manque d’intérêt apparent du marxisme pour la question criminelle : le fait qu’en
prenant possession d’un nouveau domaine de réflexion, en l’occurrence la
criminologie, le marxisme le détruit en tant que tel en lui substituant ses propres
problèmes et concepts.

De plus, les politiques socialistes et les anarchistes aujourd’hui expliquent que la


logique même du capitalisme est un facteur de délinquance. On y trouve l'idée selon
laquelle le crime est un acte qui s'explique par le fait qu'on souhaite lutter contre le
système. Le crime est donc considéré comme le début d'une révolution, par un acte
individuel de révolte. Ce qui enlève toute responsabilité aux individus, plus
dangereux encore cette pensée vient même donner raison aux actes criminels sous
une cape de pseudo rébellion contre le pouvoir et les inégalités sociales.

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