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Bayard

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Bayard. 1946-12-15.

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Nouvelle série s
N° 2 HEBDOMADAIRE : S francs 15 décembre 1946

RÉDACTION& ADMINISTRATION:BONNÉ PRESSE. 5 RUE BAYARD. PARIS. VIII'

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partent
pour leur
81 innocence!..! ronde
•nocturne
JEAN et PAUL
discutent..»
FRANCE
Je m’y attendais ! Les premiers échos
qui me parviennent disent que vous êtes
l7
contents et tout prêts à aimer passion- 1
nément votre Bayard. Vous le prouvez 7
en faisant des critiques judicieuses 1
sur lesquelles je reviendrai ici,
Mais, si certaines choses sont déjà discutées, deux %
/
pages ont déchaîné un enthousiasme sans réserve. Je vous
dis que je m’y attendais ! Eh oui, c’est Evasions. 1
/
Pourquoi? Oh ! il faut bien l’avouer, Evasions a plu
d’abord à cause des images en couleurs. Nous avons fait 1
/
appel à un grand artiste. Pour vous, M. Moritz a délaissé (
d’autres travaux plus importants et il est heureux V
d’apprendre le succès de ses dessins qui mettent le texte (
en valeur d’une façon étonnante. \
Ce texte, il vous a plu, lui aussi ? Vous aimez l’aven- (
Nuances! ture, et c’est une belle aventure qui vous est offerte. Vous )
Q uand je dis que c'est une
question de gants, je pense
aimez ce qui est vivant : conversations, détails pitto- (
resques, situations tragiques..., et vous verrez qu’Eva- )
à l’expression : « Prendre sions est de plus en plus palpitant d’intérêt. (
des gants c’est à - dire
agir ou parler», avec -ménage Mais il y a dans ces lignes, écrites par un prisonnier, )
quelque chose de plus qu’une belle aventure bien (
«
ments ».
réponse.
bien ! 10 sur 10 pour la
— Très Ecoute, petit gars le racontée. N’oubliez pas que cette aventure a été vécue )
grand secret pour vivre le plus : pos et qu’elle vous apprendra comment réagissent des Fran- (
sible en paix avec tout le monde,
c’est de ne pas heurter inutilement çais courageux devant le danger et devant l’humiliation. 1
les gens. Tour à tour, vous les verrez endurer les pires souf- (
— Pourquoi dis-tu : inutilement ? frances, chanter et blaguer quand ça va un peu mieux, 1
— etParce que c’est quelquefois
utile même nécessaire de bous se redresser fièrement devant l’adversaire et lutter jus-
(
culer les gens sans ménagements. qu’au bout afin de redevenir libres. Libres, non pour )
— Paul, tu me donnes des con
seils pernicieux .. retrouver une vie paisible en France, mais pour servir. (
— Sois sérieux, Jean, et réfléchis
un peu. Un voyou tente d’arracher à Comme Georges et Dédé, comme les héros de la guerre, )
une femme son sac à main. Elle ap de la captivité et de la Résistance, vous devez déjà Ç
pelle au secours. Un agent se préci
pite. Tu le vois en train de faire songer à servir la France. Pas de la même façon, mais, )
des politesses au voleur ? dans la paix comme dans la guerre, il y a toujours (
— Je pense qu’il va même le se moyen d’être généreux et, s’il le faut, héroïque. )
couer un petit peu fort...
— Bien sûr
bombardais
! Et le jour où tu
le chapeau de ton pro
Bravo, les Bayards ! Vous avez raison d’ouvrir tout
de suite votre journal pour vous
\
fesseur, sur son bureau, avec des
boulettes... jeter sur Evasions.
— Et j’ai mal visé ! C’est l’appel, en vous, de
— Tu luil’œil.
plein
en as lancé une en
notre chère France.
dans
— Qu’est-ce qu’on a rigolé !
— Peut-être, mais pas longtemps,
car tu m’as raconté qu’il est arrivé
droit sur toi. — Comme tu parles bien, Paul ! gens », ou bien : « Il faut toujours
— Avec un regard sans douceur. Tu me rappelles les bouquins les heurter les gens ». Encore une fois,
— Et il t’a collé pour le jeudi plus solennels et les plus ennuyeux. mon petit Jeannot, la vérité est
suivant, sans ménagements... Tu pas l’idiot, Jean. Je te plus...
— Ne faissérieux
n’aurais quand même pas voulu qu’il prends au en ce moment. — Nu-an-cée.
te déclarât gentiment : « Cher Mon Si ça dépasse tes capacités, allons
sieur Jean, je suis navré de cet faire une partie de ping-pong.
incident, mais, à mon grand regret, je blague, mais
— Non,Tu Paul, chic
je me vois contraint de sévir... » j’écoute. es. de m’aider à
Assez ! J’ai compris Chaque
— qu’il sortir un peu de mes gosseries...
fois y a un désordre et qu’on Tu disais donc que, parfois, même
remet les gens en place, ça les si on a le droit d’être un peu dur,
héurte u-ti-le-ment. il vaut mieux ménager les gens ?
— IlOhfaudrait encore nuancer. — Oui, rappelle-toi comment ta
— ! tes nuances ! Ce que tu mère a su gagner le cœur de sa
peux compliquer les choses avec tes femme de ménage aigrie par la vie.
nuances ! Si, au début, elle avait brusqué cette
— Le contraire de compliqué, c’est pauvre femme qui travaillait mal et
simple et aussi simpliste, c’est- parlait plus mal encore...
à-dire bête. Choisis. Il y aurait eu de la bagarre !
— Résultat
— C'est tout choisi. Vas-y pour — : on la renvoyait, plus
la nuance. aigrie encore. Tandis que mainte
— Même devant le désordre et le nant...
mal, il faut parfois ne pas heurter — Elle a rudement changé en
si, par la douceur et l’indulgence, mieux ! Seulement, tout ça, c’est
on peut ramener plus facilement à loin de notre histoire de gants !
la raison des gens qu’une trop tellement. Ce serait plus
— Pas évidemment,
stricte sévérité conduirait à faire simple, de te dire :
plus mal eneore. « Il ne faut jamais heurter les
2
Résumé du numéro précédent.
Bruno, fils d'un médecin mili
taire, est réfugié chez son grand-
père en Vendée. Le 10 mai 1940,
il se rend au collège, mais
bombardement oblige les élèves unà
rentrer chez eux. Bruno fait un
détour par l’hôpital où sa mère
est infirmière. Le coin n’a pas été
touché. La population déjà
le village ; le terrible exode quitte
com
mence.

brèches colmatées, de replis straté


giques, de positions préparées
d’avance... Mais on sait que nos
HILAIRE GILBERT armées sont refoulées sur Dunkerque
et qu’une formidable poussée menace
de déborder nos défenses.
Exode. déplacements de nos troupes entra Les splendides limousines sont pas
sées les premières, avec leurs riches
vés.
occupants et les belles valises de
L eunlendemain, Bruno est réveillé par
baiser Ouvrant
— Et si la bataille se rapproche ?
— Eh bien, on avisera ; pour le
cuir fauve. Puis on a vu défiler les
: les yeux en moment, le mieux est que tu re cars surchargés, les vieilles autos
core lourds de sommeil, il jette tournes en classe ; il y a un bon abri poussiéreuses, les camionnettes, les
les bras autour du cou de sa mère, véhicules de tout genre, les bicy
ravi de cette visite matinale. au collège, tu y seras mieux qu’ici à
Mme Lambert a gardé son voile te morfondre. Mais surtout, ajoute clettes, les pauvres gens à pied avec
d’infirmière et son teint, si frais Mme Lambert en levant le doigt, pro les voitures d’enfants.
d’ordinaire, semble flétri et fané et mets-moi de ne pas flâner en route. On campe partout, sur le bord des
ses paupières sont gonflées. C’est — C’est promis, maman, tu peux routes, à l’entrée des villages, dans
dur, une journée entière de travail êtretranquille. les champs... Les magasins sont vides
épuisant, suivie d’une nuit de veille Un dernier baiser, et Mme Lam et le pain devient rare...
au chevet des blessés . bert va prendre un repos de très Cet exode en masse, qui rappelle
courte durée... celui des peuples de la Gaule lors
— Pauvre maman, tu es fatiguée !
Et ce n’est pas fini, Bruno, si — Pas de gambades, ce matin, mon de l’invasion des Huns, met grand-
tu —voyais ces pauvres gens ! il y en vieux Boy, je regrette, mais, tu vois, père en fureur. Il va et vient dans
a qui meurent avant d’avoir reçu je nie en classe au grand galop. son bureau, la veine du front gon-
tout secours. Bruno, ragaillardi par le courage liée :
— Y a-t-il eu beaucoup de tués ? de sa mère, se sent aujourd’hui en
— On ne peut savoir le chiffre pleine forme. C’est une belle journée — Ils sont fous, ils ne savent pas •
exact, il en reste sous les décombres. qui s’annonce du sol, monte une ce qui les attend et ils vont nous
Tu connais l’abbé Gouarin ? Figure- brume légère et; le soleil brille indif faire perdre la guerre.
toi qu’il a quitté le confessionnal férent aux douleurs humaines. Les Mme Lambert est de son avis, mais
quand le bombardement a commencé. oiseaux s’en donnent à cœur joie dans elle commence à éprouver de sé
Plantant là ses pénitentes, il a couru la verdure fraîche, perçant l’air de rieuses inquiétudes pour Bruno :
au plus pressé et a pu donner l'ab- leurs trilles aigus. — Je le voudrais près de ses sœurs,
solution à bien des malheureux avant Qu’ils
sont assommants, ces se dit-elle sans cesse, nous serons
qu’ils ne passent de ce monde dans —
Boches ! Bruno ; sans eux,
pense bientôt en pleine bataille.
l’éternité. 7 nous serions si tranquilles ! Grand-père a trois fils au front,
— Que va-t-on faire, maman ? On dont on est sans nouvelles. Pour se
reste ici ? rendre utile, il s’est fait inscrire à la
— Ton grand-père estime qu’il n’y Défense passive.
a pas lieu de s’affoler. Et les jours succèdent aux jours,
* —Les voisins sont partis hier. les mauvaises nouvelles aux mau — Quoi qu’il arrive, je ne partirai
vaises nouvelles. La radio parle de pas, a-t-il déclaré à sa belle-iille.
— Déjà ! Mais songe donc, Bruno,
que si la panique se propage, les Un soir, Bruno arrive tout
routes vont être encombrées et les essouflé :
— C’est fini, grand-père, le collège
est licencié...

Départ.
Plus de classe, plus de devoirs,
plus de sorties, c’est le désœuvre
ment complet, et la compagnie de
Boy ne suffit pas à occuper Bruno
déjà blasé sur le spectacle de la rue.
— Va au centre d’accueil, conseille
grand-père, on a besoin d’aide, là-
bas.
Heureux de cette diversion, Bruno
endosse son costume de Scout et
offre ses services tout de suite ac
ceptés. Le travail ne manque pas
pour toutes les bonnes volontés.
Il s’agit pour Bruno de grimper
sur les roues des charrettes et, par
dessus l’empilement des bagages, de
se jucher jusqu’aux bébés qu’il
attrape à pleins bras. Les mères n’ont
pas le droit de descendre, et on
passe les tout petits aux infirmières
Mme Lambert a gardé son voile d’infirmière... qui les changent en un clin d'œil et
mettent un peu de vaseline sur les de lui, il l embrasse au front et, le Hilaire.
joues tendres brûlées par le soleil regard planté droit dans ses yeux
implacable ; puis, après avoir donné clairs :
un biberon avidement englouti, on Panier sous le bras, traînant ses
— Tu es mon seul petit-Als,’Bruno; sabots trop grands, Hilaire marche
remonte le poupon qui passe de main toi, tu verras la fin de la guerre.
en tête. Derrière lui, frères et sœurs
en main, et la voiture repart pour Sois toujours digne de ceux qui
trottinent dans la poussière du che
faire place à une autre, l’arrêt de meurent en ce moment pour leur min.
chacune ne devant pas dépasser vingt pays. Ne recule jamais devant un de
minutes. Ils sont six, les petits Gruaut des
voir, sois un homme, Bruno... Va, et Grandes Rochettes, et c’est Hilaire
Après maintes et maintes esca que Dieu te protège
lades de ce genre, Bruno, fourbu,
! l’aîné. Il y a Lucien et Marcel, et les
Bouleversé, Bruno embrasse son filles, Adrienne, Raymonde et’ Alber-
regagne la maison. grand-père dont ces paroles, les der tine. Ça ne mange pas beaucoup de
viande, mais ça fait beaucoup de
sabots, de tabliers et de pain
à acheter. Aussi, les parts sont-elles
petites, et les sarraus bien rapiécés.
La mère Gruaut n’a pas eu la vie
facile ; placée toute jeune, elle a
épousé, à dix-sept ans, un garçon
de ferme tout juste riche, comme
elle, de ses deux bras.
On a emprunté pour prendre une
ferme et c’est un lourd fardeau sur
les épaules. Eteindre la dette est
l’idée fixe des Gruaut, et pour arri
ver à ce but, on fait des prodiges
d’économie.
Le père n’a pas été mobilisé à
cause des nombreux enfants, et la
vie continue dans le Bocage vendéen
comme s’il n’y avait pas la guerre.
On entend bien parler au bourg des
gars qui sont partis ; on gémit parce
que le travail s’accumule dans les
Bruno endosse son costume de Scout champs, mais tout ça on l’a déjà vu
et offre ses services tout de suite acceptés. lors del’autre guerre.
Ce qui préoccupe bien davantage
le père Gruaut, c’est Hilaire, dont il
nières qu’il entendra de lui, reste ne peut rien tirer. L’instituteur se
— Mange et repose-toi, petit Scout, plaint de lui et c’est vexant. Qu’il
tu as bien travaillé. ront à jamais gravées dans sa mé aille donc gagner son pain, le fils,
Dès le petit jour, Bruno est secoué moire.
par sa mère. Le camion est là, bien chargé et puisqu’il ne mord pas à l’étude !
Dès l’automne, on le placera.
— Lève-toi, Bruno, les Allemands bâché à l’arrière. Il faut quitter
approchent, je ne veux pas que tu maman. — Je ne peux pas continuer à
restes ici. nourrir un fainéant. On gardera Lu
— A bientôt, mon chéri ! cien, qui est docile, et Adrienne pour
— Maman, tu pars
avec nous, dis ? Joséphine se mouche bruyamment.
aider à la maison, mais cet Hilaire,
— Non, mon chéri, c’est impos Le camion s’éloigne. Bruno enfouit
sible, je dois rester à mon poste, et sa tête dans le poil frisé de Boy un paresseux, un sournois, un têtu,
puis, il y a grand-père. pour cacher ses larmes, et Mme Lam un bon à rien qu’il aille se faire
pendre ailleurs !...
— Il n’a qu’à partir lui
aussi. bert, le cœur serré, retourne vers la
maison. Hilaire a treize ans, et on lui en
— Il a soixante-quinze ans, Bruno. donnerait onze tant il est petit et
— Mais, maman, il sera bien avancé malingre. « Il a mangé trop de soupe
s’il est fusillé ou si la maison lui et pas assez de fricot. » Son cou est
tombe sur la tête. enfoncé dans les épaules et il baisse
— Bruno ! la tète quand on lui parle, comme
— Pardon, maman..., mais je ne s’il avait peur de regarder en face et
m’en irai pas sans toi. comme s’il craignait les coups. On
— Le marchand de bois va partir ne sait ce qu’il pense et ce qu’il ru
tout à l’heure, il veut bien te prendre mine dans son crâne trop plat, sous
jusqu’à Paris où tu retrouveras ton
grand-oncle qui te fera rejoindre tes ses sourcils trop épais.
sœurs en Vendée. Joséphine t’accom Il faut dire aussi qu’Hilaire n’a
pagnera... jamais été heureux, jamais choyé,
laisser. jamais complimenté. Ses parents sont
— Je ne veux pas te
— Bruno, il le faut. peu fiers de lui ; il est mal vu par
Inutile d’insister, Bruno bourre ses
l’instituteur qui le considère comme
poches de ses trésors les plus pré un cancre, peu recherché par ses
cieux : couteau, stylo, photos et cha camarades que rebute sa sauvagerie.
pelet. Il y a cependant de la ressource
Sa mère a déjà réuni l'indispen- en ce garçon disgracié. On le dit
sable linge de rechange qu’il case sournois, il est surtout renfermé,
dans son sac à dos. craintif. Il passe pour têtu, mais ii
Il partira en Scout, avec sa cape a de la volonté, de la suite dans les
et une couverture. idées. On le juge mou et paresseux,
— J'emmène Boy. mais s’il est lent à apprendre, il
— Tu vas le perdre. n’oublie pas ce qu’il a eu tant de
— J’attacherai sa laisse à mon poi mal à encaisser. Son apparence phy
gnet, maman. sique est trompeuse aussi, car

Va vite embrasser ton grand- Hilaire est plus résistant que bien
père. des grands gaillards.
Dans la pénombre, Bruno voit le Qui sait si cette intelligence som
vieillard étendu sur sa chaise longue, nolente ne s’éveillerait pas si l’on
somnolent, blafard, les traits tirés, s’avisait de la cultiver ? Qui sait si
le nez pincé, cireux, presque pareil cette insensibilité apparente ne fon
à un mort. Longtemps, bien long drait pas comme neige au soleil, si
temps, Bruno sera hanté par cette un peu de tendresse et d’affection
vision, la dernière qu’il emportera... venait la réchauffer ?
Se sentant soudain observé, grand- Grand-père, attirant Bruno près de
père a sursauté ; attirant Bruno près lui, l’embrasse au front. (A suivre.) Paul FAUYERNAY.
“ag
a “r, ORTbien joué, mais crois- plutôt que nous perdions l’Espagne
Un frémissement parcourt l'assem-
! à Charles ne sera tenue. Dès qu’il
tu donc Charles assez aura passé les Pyrénées, il ne sera
S se
58 aIl naïf pour nous croire sur
parole ?
blée, mais bientôt, domptés
par le
regard impérieux de Blancandrin,
plus à craindre, et reconquérir l’Es
pagne sera un jeu pour ces hommes
demandera des otages, con tous se lèvent et jurent de donner
— Blancandrin,
tinue que rien n’arrête.
le regard dur. aussi leurs propres enfants en otages.
Nous 1es lui donnerons. Pas un ne songe à protester contre — Tu as raison, dit Marsile en
se levant, mon fils aussi servira
Tous maintenant sont redressés et la capitulation proposée par Blan d’otage ; il mourra, mais l’Espagne
le regardent avec effroi. candrin. Tous ont compris, tant chez restera musulmane !
— Oui, moi le premier, je lui eux la ruse est naturelle, qu’aucune Ne vous inquiétez pas pour vos
donnerai mon fils, et qu’il meure des promesses qui seront faites fils,— dit Blancandrin
en se tournant

vers ses compagnons, ces chrétiens cemment, l'empereur et ses barons tric-trac et aux échecs et que les plus
sont si bêtes et leur religion si lâche se reposent de leurs fatigues. Grand jeunes, sans souci de la chaleur,
qu’ils seront bien capables de ne pas et droit malgré sa barbe blanche (les s’exercent à l’escrime.
les tuer. païens lui donnent deux cents ans...) Soudain, Roland, dont l’œil et
Et de mépris, il crache à terre. Charles est assis sur
un fauteuil d’or l’oreillesont toujours aux aguets, se
massif, à l’ombre des pins et parle dresse, écoute, puis, mettant
sa main
• amicalement à ses pairs, Roland et au-dessus de ses yeux, scrute le loin
Olivier, tandis que ses barons, tain. Intrigués par cette mimique,
A Cordoue, ville du sud de l’Es étendus sur des tapis blancs, butin d’autres regardent sans rien voir.
pagne, dont Charles s’est emparé ré de la dernière bataille, jouent
au — Des cavaliers ! dit Roland.

Bientôt, en effet, on distingue un Bientôt après, le chef de la petite voie vous dire qu’il a étudié votre
nuage de poussière, et une dizaine troupe est introduit en présence de loi et la reconnaît pour la loi du
de cavaliers accourent à bride Charles. C'est Blancandrin,
que le salut. Aussi, a-t-il
conçu le désir de
abattue. roi Marsile envoie porter son mes faire chrétien
Ce se avec mille de ses
— sont des païens. sage. Il incline devant Charles sa guerriers. Il vous demande
en grâce
Tous ont bondi sur leurs pieds. haute taille et,
sur l’invitation de de lui faire donner le Baptême
en
Sans doute des messagers, l’empereur, commence
— : votre ville d’Aix, où il viendra vous
reprend Olivier. Salut, au nom du Dieu glo rejoindre dès que vous y serez, afin
Qu’on aille les

recevoir, rieux que nous devons tous adorer.
— de sceller votre amitié.
ordonne l’empgreur. Mon seigneur, le roi Marsile m’en
(A suivre.)
Texte adapté par Ph. de Beaufremont et illustré par J. Feucher de Brandois.
Veux-tu savoir comment se fa dehors sont désignées sous le nom
brique un film ? Oui. Alors, suis- d’extérieurs. Les autres, pour les
moi pour un petit voyage au pays quelles on emploie des moyens ar
où ils naissent. tificiels, sont réalisées dans des stu
Scénario et découpage. dios.
Avant d’être tourné, un film doit Le studio.
évidemment être écrit. L’histoire, C’est un mot bien petit pour ren
que les images raconteront, est ap fermer tout ce qu’il comporte. En
pelée scénario. C’est l’œuvre du scé effet, un studio est un véritable
nariste. Mais ce scénario n’est pas monde en miniature. Dans ses murs
utilisable tel quel. Il faut le trans sont photographiées les scènes que
former pour obtenir le découpage, tu verras plus tard à l’écran. A vrai génieur du son s’affaire autour de
c’est-à-dire un livre où le texte est dire, c’est une grande usine. la girafe, sorte de micro fixé au
divisé en scènes, avec une foule de Divers bâtiments entourent une bout d’une perche, et destiné à
détails nécessaires aux prises de vue immense cour, destinée à la cons transmettre le son (dialogues et mu
et de son : décors, musique, cos tructiondes décors. Il se dégage une sique) à la cabine d’enregistrement.
tumes, dialogues, truquages, effets impression étrange : où sommes- Ah ! la scène commence. Tout
photographiques, etc. Dans ce livre, nous ? Un immense building du type s’anime. Puis, un coup de sifflet du
on peut « lire » le film, car tout américain voisine avec un char metteur en scène donne à l'opéra-
ce que l’écran reproduira y est mant petit ranch mexicain (venu, leur le signal de couper. Il y a eu
mentionné. semble-t-il, directement d’outre-At- une erreur, il faut recommencer.

Ceux qui produisent lantique). A droite, des ouvriers re
produisent la devanture d’un grand Chaque scène est ainsi reprise plu
sieurs fois jusqu’à la perfection. La
Cette préparation étant terminée, magasin parisien l’on confon
deux personnages vont s’occuper de drait facilement que la vraie. Au vie de star n’est pas toujours très
la réalisation : le producteur et le fond, avec rose.
splendide cargo en contre
metteur en scène. Le premier assume plaquéun semble voguer en pleine Les sunlights.
la responsabilité financière de la mer; ; pourtant, nous sommes bien Pour obtenir des images claires à
production : ce qui est très lourd, à terre. l’écran, on est obligé d’augmenter
car un film coûte plusieurs mil Regarde : ici, ce sont les labora la lumière du jour à l’aide de celle
lions. Le second se charge de tout toires du studio; là, les chambres que diffusent d’énormes projecteurs,
le reste et commande l’équipe en noires où l’on développe les films; appelés sunlights (soleil artificiel).
tière de ceux qui participeront de derrière ce mur, le magasin aux ac Ils sont la terreur des acteurs, car
près ou de loin au film. Il étudie cessoires, où s’entassent des uni leur éclat brutal fatigue terriblement
soigneusement le scénario, le corrige formes, des costumes de toutes les la vue et cause une souffrance d’au_
au besoin. Avec le producteur, il époques, des bricoles dont on peut tant plus pénible que cette lumière
choisit les vedettes, avec l’opérateur avoir besoin pour telle ou telle éblouissante s’accompagne d’un
il règle les opérations de prises de scène. grand dégagement de chaleur. L’at
vues. Il veille aux jeux d’éclairage Mais pénétrons dans le ranch pour mosphère des plateaux est donc
et surveille l’interprétation des ac voir ce qui s’y passe. lourde et le travail fatigant.
teurs. Bref, c’est le grand manitou.
Silence, on tourne! Le montage
Les décors et les extérieurs Nous voici près d’une porte capi et la synchronisation.
Pour donner aux spectateurs l’im tonnée où un écriteau lumineux Toutes les scènes qui se déroulent
pression qu’ils assistent véritable impose le silence : on tourne. dans un même décor sont tournées
ment à une scène vécue, il faut Entrons : nous voici sur le plateau, à la file. Aussi, quand le film est
avoir recours aux décors. Mais, c’est-à-dire la salle où se joue la fini, faut-il remettre tout en ordre.
tandis que le théâtre permet l’uti scène que l’on est en train de filmer. Des spécialistes vérifient les images,
lisation de quelques toiles seule Le metteur en scène donne ses der coupent des fragments de la bande
ment pour créer l’ambiance, le nières instructions aux acteurs. Les de film, recollent les deux bouts et
cinéma, lui, exige beaucoup plus. figurants, ou personnages de second intercalent parfois quelques mètres
Il faut parfois reconstruire complè plan, qui représentent ici la foule d’une bande meilleure. De ce tra
tement une ville, une maison, un (car on tourne une scène de « ba vail minutieux dépend pour une
intérieur. Souvent même, il faut re garre... »), sont là qui attendent. bonne part la qualité de la pro
courir au décor naturel : montagne, L’opérateur est prêt avec sa ca duction. C’est le montage.
mer, etc. Les scènes tournées au méra. Les lumières s’allument. L’in Mais le film obtenu est muet. Il
faut le faire parler. C’est alors la
synchronisation, qui consiste à col
ler contre la bande photographique
une bande sonore, car le son a été
enregistré séparément. Le tout est
de bien faire coïncider les deux
rouleaux. Le travail est difficile, car
un film dont la projection dure
une heure -et demie mesure 2 500
mètres et contient 130 000 photos.
Le générique.
Le film est achevé. Mais il faut
le présenter au public. Pour cela on
photographie une présentation, ap
pelée générique. Ce sont les pre
mières images que tu vois passer
sur l’écran avant que commence
vraiment le film, et qui énumèrent
le titre, les noms du producteur,
des vedettes, du metteur en scène,
etc.
Et maintenant, avant d'affronter
le public, la bande sonore qui a
demandé des mois de travail assidu
va être projetée, en privé, devant
quelques spécialistes. Tout va bien :
la bande peut partir dans sa boîte
ronde, offrir ses images aux écrans
On tourne une scène. du monde entier.
A droite, l’opérateur ; au centre, l’ingénieur du son qui manie la girafe. Pierre Rigotard.
Beau, ^iutcuhd^

* deux ou sur trois) que c’est dimanche,


le jour où l’on regarde le ciel bleu, le jour
où calmement, largement, on respire un
Ci tu ouvres la ra- air frais et léger. L’air des renouveaux. Car
Y dio le dimanche à chaque dimanche, avec les habits neufs et
10 heures, pour avoir les habits de fête, il faut essayer de se re
la Messe des malades, brusquement la faire une âme neuve et une âme de fête,
chanson des cloches, joyeuse et Cloches des beaux dimanches, chantez
grave à
la fois, envahit toute la pièce. Ça fort, dès le matin, pour changer l’air et
y est ! changer les cœurs.
C est bien dimanche.
Car un air de dimanche, c’est d’abord Chantez ! On va vivre plus détendu et
plus joyeux aujourd’hui.
un air de cloches. Elles ont beau être très
différentes : bourdon de ville, paisible et Chantez ! On va se redresser, car on
puissant, ou cloche campagnarde, plus était vraiment trop courbé sur le livre, la
pressée et rieuse, toutes vous chantent la terre ou l’établi.
même chanson :
Chantez ! Car, à force de se préoccuper Après quelques
des choses d’ici-bas on risquerait de ne minutes de réflexion,
— C’est dimanche, vous entendez bien, plus penser au ciel. il alla de-ci de-là
dimanche ! Défense de garder cet air sou Chantez ! Pendant toute la semaine on chuchoter quelques
cieux, agité ou fatigué. Fièvre, lassitude, tellement écouté les rumeurs du monde, mots à chacun des
c’est tout comme, ça vous a un air de se
a
qu’en ce matin de dimanche, sans vous,
autres ouvriers. Le
maine. Moi, je vous dis (sur une note, sur
travail ralentit; puis,
on oublierait peut-être d’écouter Dieu. au bout d’une heure,
quand le camion
paraissait redressé,
il retomba à grand fracas et les ouvriers levèrent
les bras, découragés. Il faudrait attendre à demain.
Mais enfin, hurla le policier, vous ne savez
—travailler
pas ou vous le faites exprès ! Comment
allons-nous rentrer, ce soir, à Valence ?
Et tout se passa comme l’avait prévu l’ouvrier.
Pressés de rentrer, les policiers commandèrent au
chauffeur d’aller traverser le Rhône plus loin,
à La Voulte, et ils firent descendre les deux pri
sonniers pour les emmener à pied. Il était
presque nuit déjà. En faisant mine d’aider les
policiers à passer entre le camion et le frêle
parapet de la passerelle provisoire, les ouvriers
cherchaient à disjoindre le groupe. Ils pensaient
que si les prisonniers étaient de bons nageurs,
ils sauteraient dans le Rhône et auraient ainsi
quelque chance d’échapper. Malheureusement les
policiers surveillaient étroitement l’homme qui,
menottes aux mains, paraissait d’ailleurs trop
affaibli par les coups pour tenter une évasion de
ce genre. Ils faisaient moins attention à l’enfant
qui avait l’air, lui aussi, d’être
2. L'héroïque plongeon. à bout de forces. Tout à coup,
E nfin, allons-nous passer, oui ou non ? pendant que le policier enjam
bait la roue du camion ren
— Vous voyez bien, Monsieur, qu’il faut versé, son jeune prisonnier,
dégager le pont et n’est pas commode !
Furieux, l’homme dece la Gestapo regarda une encore de l’autre côté de la
fois de plus l’étroit passage obstrué par un camion roue, s’affaissa. Surpris, l’Al
qui s’y était mal engagé. lemand vit un ouvrier relever
le garçon, et il se prépara à
— Mais enfin, on ne doit pas passer sur ce pont
avec un camion trop large. Pourquoi faites-vous repasser cette fameuse roue,
toujours ce qui est défendu, vous, les Français ? décidément bien gênante. Mais,
d’une brusque détente, le pri
— Vous ne voyez pas que c’était du ravitail
lement sonnier se redressa, fit sem
? Ils ont besoin de manger, les Français !
Ça va, travaillez et dépêchez-vous ! blant de bousculer l’ouvrier
— qui, comprenant la manœuvre,
L’ouvrier eut de la peine à se contenir, mais,
de l’auto, soldat allemand était descendu, la tomba lourdement sur l’homme
mitrailletteunau poing et l’air menaçant. Tout en de la Gestapo. Debout sur la
se remettant silencieusement au travail avec passerelle, l’enfant hésita une
ses seconde au-dessus de l’eau
compagnons, le jeune Français, intrigué, essaya
de regarder à l’intérieur de l’auto allemande. Il noire. Puis, dans un style ma
y vit, entassés, un deuxième soldat allemand et gnifique, il plongea.
un policier qui, revolver au poing, surveillaient (A suivre.') André Divajeu.
un prisonnier à la figure ensanglantée.
— Pour être gardé comme cela, à vue, dans
une auto, ça doit être un dur. Tiens ! mais ce
n’est pas tout, il y a aussi un gosse. Pauvre
petit ! Ah ! les brutes ! Ils ont dû les cueillir tous
deux dans un maquis de l’Ardèche. C’est peut-
être le papa et son fils. Ils ont l’air bien arrangés
tous les deux. Si on pouvait les sauver.
EVASIONS par Georges Paillard

P endant les pénibles journées d'attente, nous essayons de lampe électrique, sont plus difficiles à se procurer. Il faut aussi
retrouver les forces physiques qui seront nécessaires au des « bleus » de travail pour passer plus aisément inaperçus. La
cours de l'évasion. Nous travaillons le moins possible. Aux question est résolue, mais il y a un garde-magasin allemand qui
heures libres, Dédé dort et moi je me baigne dans la Baltique n’a pas dû retrouver son compte par la suite...
ou je m'étends au soleil. Nous voici prêts. Reste à choisir la date du départ et à trouver
Peu à peu nos projets prennent forme. Nous réussissons à nous le moyen de maquiller l'appel quotidien du kommando. Car nous
rendre parfois à la ville voisine. Le passage du bac s’avère pos savons que, sitôt une évasion signalée dans la région, la gare de
sible et nous faisons la connaissance du personnel chargé de le Warnemünde est alertée et gare alors à l'inspection des wagons !
manœuvrer. Puis, dans un kommando de Warnemünde, nous lions Il fallait bien mettre les camarades du kommando dans la confi
conversation avec un prisonnier français très intéressant : il tra dence. La plupart étant eux-mêmes des évadés retour de Rawa-
vaille à l’embarcadère du ferry-boat. Par lui, nous apprenons Ruska, nous avons tout leur appui. Et voici ce que nous décidons.
à connaître les opérations douanières. Détail intéressant : les Nous quitterons le travail l’après-midi, et nous gagnerons la cam
gabelous allemands ne se font pas toujours acompagner par des pagne aux environs de Warnemünde jusqu’à la nuit. Le soir, nos
chiens. Ce même Français nous indique l’endroit favorable pour camarades se chargeront de tromper la vigilance du gardien.
trouver un wagon en partance vers la Suède et nous signale les C’est le mois de juillet. Le temps est splendide, quoique le vent
points dangereux à éviter : parmi ceux-ci, un marais très pro du Nord souffle parfois très frais ; je ne garderai pas un mauvais
fond qui borde les voies de la gare de marchandisessur toute leur souvenir de cette côte plate, de cette longue plage serrée entre la
longueur. Nous commençons à emmagasinerles biscuits, le cho mer et la forêt. Mais l’espoir d’être libre dans quelques jours peut-
colat et le sucre de nos colis. Quelques outils utiles, pinces et être me fait vite oublier le charme de la côte balte.

La date est fixée : le mardi 6 juillet, l'aventure véritable com Retour rapide à la baraque, douche et soupe avalée en vitesse.
mencera. Nous revêtons nos uniformes sous lesquels nous avons enfilé les
Le lundi arrive. Dans la soirée, nous faisons un saut à Warne « bleus » : le cas échéant, un simple changement nous transfor
münde, afin d’aller aux renseignements, et nous apprenons que la mera en ouvriers revenant du travail.
douane allemande est en état d’alerte, la visite des wagons a été Nous emportons biscuits, chocolat, sucre, cinq litres d’eau —
faite minutieusement avec les chiens. Il faut attendre. Le jeudi, deux bidons de deux litres et un bidon d’un litre, — un mouchoir,
la situation est redevenue favorable. Nous partirons samedi. une paire de chaussettes et un rasoir. A 3 heures, départ. Les
Et le jour du 10 juillet se lève. Le temps est couvert. Tant mieux. adieux aux camarades sont rapides, car la sentinelle pourrait se
La nouvelle lune aidant, il fera sombre comme dans un four. Le douter de quelque chose devant des effusions trop grandes. D'un
matin, nous travaillons peu. A midi, nous nous préparons pas nonchalant,nous gagnons le quai du tramway qui nous emmè
à rejoindre notre baraque quand un ordre arrive : un wagon de nera au bac ; le cœur cogne furieusement, mais il faut que les
charbon de 20 tonnes est en gare, il faut le décharger sans Allemands rencontrés nous croient partis en promenade, en pai
attendre. Six prisonniers sont désignés, dont moi. C'est la guigne. sibles prisonniers de guerre ayant trimé dur toute la semaine.
Le départ du kommando est fixé à 3 heures. Mais s’esquiver de la Ces derniers temps, nous les avons habitués à ce genre de prome
corvée ne ferait qu'éveiller les soupçons des Allemands. L’équipe nade qu’ils tolèrent. Deux camarades nous accompagnent, portant
désignée reprend le chemin du travail. Les camarades compréhen les deux musettes bourrées à en crever.
sifs accélèrent la cadence habituelle. Les lourdes pelles volent, la à souffler violemment, des nuages sombres
t Le ventbascommence
dans le ciel. Le trajet en tramway puis le passage
poussière noire se colle à nos visages et à nos torses ruisselants. courent
Qu'importe ! Une heure après le wagon est vide. du bac se font sans encombre. Mais à partir de là, lo parcours
Dédé et moi, prisonniers de guerre dans
un Stalag du Mecklembourg, avons réussi à nous faire muter
dans un kommando pour réaliser notre projet d’évasion. Mais la région est bien gardée. L'Allemand
veille, car l'espionnage anglais est actif. Aussi l'aventure s'annonce-t-elle difficile.

difficile commente. Nous devons traverser la ville avant de Enfin nous sortons de la ville et voici la grande route nationale,
enfoncer dans la campagne. Or, les contrôles en ville sont nous
fré sillonnée d'autos, de camions. C'est là que nous risquons
quents. On arrête les prisonniers en promenade et on leur de ren
contrer les postes de la Flak si dangereux pour nous. A quelques
demande leurs ausweiss '(permis de circuler). Première catas kilomètres, des baraques en construction. C'est samedi, pas d’ou
trophe dans la rue principale, au milieu d'une foule dense. J'ai vriers. Nous pourrons attendre la nuit ici, à condition
emporté une paire de sandales fort utiles pour circuler de n’être
sans bruit pas vus. Par malheur, en parvenant à notre refuge, nous remar
dans la gare et, faute de place dans ma musette, je les ai ficelées
à mes mollets, sous mon pantalon. Je sens soudainement
quons un homme qui nous observe sans discrétion. Aplatis dans
ces mau
dites savates qui glissent. Sous l'œil ébahi des promeneurs, je dois une tranchée, nous attendons. Rien ! Fausse alerte J
Quelques instants plus tard, je suis repéré par
les détacher complètement et les enfouir dans ma poche... un autre passant
Dans un coin retiré du vieux quartier du port, au moment où je pénètre dans une baraque achevée. Rien encore.
nos deux cama Quelle chance ! Ce sont probablement des Allemands
rades nous remettent les musettes dont ils s'étaient chargés. Une tiennent guère à fréquenter la police. Nous réussissons àquinous ne
rapide poignée de main, un « bonne chance chuchoté et nous glisser dans un sous-sol où une chaudière de chauffage central est
«
nous retrouvons seuls. Le cœur un peu lourd, nous -continuons en construction.
notre promenade, prenant un air dégagé alors que les musettes Et l’attente commence, interminable... Plusieurs fois, des pas, tout
pèsent lourdement aux épaules. Mais il faut rester calme, proches, nous maintiennent immobiles, la respiration courte.
ne pas
obéir au désir forcené de hâter le pas. Des Allemands rencontrés Ah !
ces minutes d’angoisse ! On entend les coups furieux d'un cœur
nous regardent longuement. Du calme, de là désinvolture, du affolé, la sueur coule froide sur les flancs, les doigts
naturel ! Facile à dire mais plus difficile à réaliser. se crispent
jusqu’à la douleur sur le plus proche objet. Puis, le calme revient.

On respire un bon coup, on ose un geste, le cœur calme, on A cent mètres, des locomotives vont et viennent, soufflant et heur
reprend doucement une position plus confortable. Maisseles jambes tant brutalement les wagons. La tempête déchaînée complète ce
restent tremblantes. concert sauvage. Mais voici un léger bruit qui résonne à nos
La nuit tombe. Nous en profitons pour changer de vêtements et oreilles plus violemment que tout le vacarme environnant. On
pour manger un peu. La montre de Dédé annonce enfin minuit. marche sur le petit pont ! Affolés, nous nous aplatissons. A moins
C’est l’heure fixée. Nous voulons rejoindre la gare en parcourant d’un mètre de nous, un homme passe...
en sens inverse le chemin de l’après-midi. Nous abandonnons notre Il ne nous voit pas. C’est probablement un cheminot allant
cave. Dehors, c’est la nuit noire, et le vent souffle en tempête. prendre sa faction à un poste d’aiguillage. Pendant quelques
Exactementce qu'il nous faut. A travers champs d'abord, puis sur minutes, le cœur bat la chamade. Puis nous osons relever la tête.
la route, nous marchons rapidement. Parfois des pas résonnent
près de nous. Sans doute des Boches revenant du cinéma. Pour — Ah ben ! s’exclame Dédé, résumant sa frousse.
Nous avons eu chaud ! Dans l’obscurité, je reçois de mon copain
donner le change, je chantonne des airs allemands. Nous appro une grande tape satisfaite. Quelques instants plus tard, le trafic
chons de la gare, dont nous distinguons les lumières. Mais nous ralentit, puis les lumières s’éteignent. La dernière étape, la plus
entendons aussi le bruit du trafic qui doit cesser à 1 heure du dangereuse, commence. De nouveau, nous sommes sur la route.
matin. Nous sommes donc en avance. Nous quittons la route pour Nous atteignons les premières maisons. Dédé n’y voyant goutte, je
nous réfugier dans les champs avoisinants. Un petit pont de bois, suis chargé de trouver le passage qui nous mènera aux voies de
résonne sous nos pas hésitants. Il enjambe probablementla rivière garage, en traversant les blocs d'immeubles, puis le fameux
née des marais proches. Inutile d’aller plus loin, il fait si sombre marais.
que nous serons tout à fait en sécurité, étendus là sur la berge. ‘ (A suivre,)
LES PONCET, explorateurs de 13 et 15 ans,
aux sources du Nil (suite)

V AUDEY, lui, avait de plus hautes ambitions.


Il voulait non seulement reconnaître les
régions du Haut-Nil, mais encore mettre les
neveux allaient, eux, se lancer dans le désert, un
désert de 400 kilomètres.
Et les aventures commencèrent...
£ immenses richesses de ces contrées, fermées A Korosko même, Ambroise sauva de la dent
jusque-là au reste du monde, au service de la d’un crocodile un négrillon. Le père de l'impru-
civilisation. Et cela, il le voulait faire honnê dent, le propre chef du village, ne crut mieux
tement, sans molester les indigènes, sans détrôner faire, pour l’en remercier, que de le lui donner :
les rois locaux, sans rechercher dans la traite des — Tu as sauvé sa vie, lui dit-il, sa vie t’appar
noirs de honteuses ressources. Il pensait — et il tient. Garde-le. Je te le donne. Il sera ton servi
le prouva — que l’on pouvait subvenir aux frais teur et ton esclave. Tu seras son maître et son
des expéditions comme la sienne rien que par le père.
trafic de l’ivoire, soit en achetant honnêtement les Et comme Ambroise hésitait :
précieuses défenses, soit en organisant soi-même — Hé quoi ! s’écria son oncle, on te fait un
des chasses à l’éléphant. cadeau et tu ne dis pas merci ?
— Un chrétien ne doit pas avoir d’esclaves,
murmura Ambroise.
— Un chrétien peut accepter la charge d’élever
La dahabieh offrait sa voile jaune à la brise du un enfant qu’on lui confie et dont il sauvera l’âme
Nord. Elle glissait lentement sur le fleuve. Tous comme il a sauvé le corps...
les temples, tous les palais, tous les vestiges évo Mayom — c’était le nom du petit nègre
plus tomber — eût
cateurs de la millénaire civilisation égyptienne pu mal ; Ambroise le fit élever chez
défilaient sous les yeux des voyageurs : Memphis, les Pères et, plus tard, l’adopta ; il ne quitta
Thèbes aux cent portes, Louqsor et ses colonnades, jamais la famille Poncet.
Mœris, Hermontis, Esneh, Talmis, Dandour, Ibinn, Cela, c’était l’aventure aimable. Jules connut
les immenses cavernes d’Ipsanboul... l’àventure tragique. A la dernière halte dans le
Enfin, au bout de six semaines de navigation, désert, le camp fut levé en hâte au milieu de Ja
on arriva à Korosko, extrême limite du « chemin nuit en raison de l’approche d’une tempête, devant
qui marche ». Là, il fallait abandonner l’embar laquelle il fallait fuir à tout prix si l’on voulait
cation, qui attendrait la crue du fleuve pour éviter la mort. Dans le désordre du départ préci
remonter jusqu’à Karthoum. Vaudey et ses pité, Jules, assoupi sous l’effet d’une légère insola
tion, fut oublié. Le matin, il se réveille, seul, dans
l’oasis où l’on avait fait halte. Il n’a rien vu,
rien entendu. L’ouragan a passé à quelques cen
taines de mètres de là. Il a la tête en feu, le corps
tremblant de fièvre. Surpris, haletant, et vite affolé,
il se rend compte de son horrible situation. Que
faire ? Que devenir ?
Dans un effort suprême et instinctif, il se labour»
la poitrine et les poignets de la pointe de son cou
teau. Cette saignée le sauve. Il a la force de s»
défendre contre un python de Seba, grand serpent
jaune et vert de quatre mètres de longeur, qui,
après avoir étouffé son cheval, le menace de sa
terrible étreinte...
Quelques heures plus tard, un serviteur de son
oncle, parti à sa recherche, le retrouve inanimé
sur le sable brûlant, le prend en croupe et le
ramène. Ce fut une des très rares fois de sa vie
où Alexandre Vaudey manifesta son émotion.
Quand il revit cet enfant de 14 ans, qui venait
d’échapper à un si grand danger, il eut une courte
défaillance avant de l’attirer dans ses bras :
... tous les vestiges évocateurs — Mon pauvre petit, comme tu as dû avoir
de la civilisation égyptienne... peur !
Les quais étaient pleins d’animation. Les noirs
paraissaient calmes, tous occupés aux chargements
ou aux distributions de verroteries. On chantait.
On s’interpellait joyeusement.
Cependant, là-bas, venant du Sud, une voile était
apparue. Vaudey avait dit :
— Cette barque nous portera malheur...
C’était celle d’un de ses associés provisoires,
un négociant turc, qui revenait de Louglouglou,
où il était allé tenir un marché d’ivoire pour leur
compte commun.
Que se passa-t-il exactement ? On ne l’a jamais
su. Y eut-il traîtrise ? négligence ? maladresse ?
Toujours est-il que, de la barque, partirent sou
dain quelques coups de feu à blanc en guise de
salut au village, suivant la coutume ; mais, sur
la berge, un enfant nègre s’affaissa, ensanglanté,
atteint par une balle qui n’eût pas dû se trouver
dans l’un des fusils. Le père de cet enfant, dans
un instinctif mouvement de réaction, transperça
de sa lance un domestique de Vaudey.
Et c’est la bagarre, qui, en quelques minutes,
se transforme en bataille ! Vaudey se précipite.
Il veut à tout prix éviter l’effusion de sang.
Ambroise est impuissant à le retenir, et il le voit
sous ses yeux disparaître dans le fleuve !... A peine
près du rivage, Vaudey, en effet, a été assailli par
Après avoir étouffé son cheval, un groupe de noirs hurlants, au milieu duquel il
le grand python le menace de sa terrible étreinte. a succombé presque aussitôt...
Ambroise témoigne alors d’un courage et d’une
décision rares chez un garçon de 19 ans. Son pre
— Oh ! pas tant que ça, mon oncle, dit Jules. mier’ soin est de faire éloigner les barques du
J’étais bien sûr qu’on viendrait me chercher. bord pour les mettre en sûreté au milieu du
— Comment ? fleuve. Il roule ensuite un baril de poudre et s’em
— Au dernier moment, je me suis souvenu qu’il pare d’une mèche. Enfin, il réunit ses hommes
y a là-bas, en Savoie, une bonne Mère, qui est et leur crie :
l’étoile de ceux qui se perdent dans les neiges,
et j’ai fait un vœu à la Vierge de Bonne-Nou — Mon oncle, absent ou mort, je suis ici le
chef et j’entends être obéi. Si les barques ne sont
velle... pas défendues jusqu’aux extrêmes limites, si je
En plein désert de Korosko, Jules Poncet avait surprends la moindre défaillance, je fais tout
tendu les mains vers la Vierge secourable qui avait sauter !...
entendu ses premières prières d’enfant. Mais tout Il prend la direction du combat, seul blanc avec
cela n’était rien. Une épreuve bien plus terrible son équipe d’indigènes, devant quatre ou cinq
attendait les deux jeunes gens. mille sauvages déchaînés, et parvient, après six
jours de mortelles angoisses, à sauver ses cargai
sons et à prendre la descente du fleuve pour
Après un long séjour à Karthoum, ils étaient à retourner à Karthoum.
Gondokoro depuis quelques jours. En cet après- (A suivre.} Pierre LESCHERAINES.
midi du 5 avril 1854, Vaudey et Ambroise devaient
s’embarquer pour un grand voyage d’exploration.
Jules était venu déjà jusqu’à Gondokoro recon
naître les lieux, mais, pour l’instant, il se repo
sait des fatigues que lui avait causées cette pre
mière expédition.

— Si vous ne voulez pas vous battre jusqu’au bout, je fais tout sauter !
documentaire

1. — Né le 27 décembre 1822, à Dole, dans le Jura, 2. De douloureuses épreuves assombrissent la


Pasteur fut un rude travailleur. Successivement bache vie du— savant. En 1859, sa fille aînée meurt de la
lier ès lettres, puis bachelier ès sciences, il entra à typhoïde. En 1865, une longue maladie lui enlève sa
21 ans à l’Ecole normale. En 1846, il sort troisième petite Camille. Peu après, c’est son père, puis sa petite
au concours de l’agrégation. Aux côtés de son profes Cécile. Malgré sa grande sensibilité, Pasteur ne se
seur Balard, il commence les travaux qui doivent laisse pas abattre et sa foi inébranlable l’aide
aboutir à d'étonnantes découvertes et soutient une à reprendre courageusement ses recherches scienti
thèse qui lui confère le titre de docteur ès sciences fiques. Il poursuit ses études sur la théorie de la
physiques et chimiques. A Strasbourg, où il se marie, génération spontanée, mais il se heurte à de violentes
il poursuit ses recherches et, en 1853, une séance attaques du monde savant. Cependant, devant ses
presque entière de l’Académie des sciences est con arguments, les adversaires s’avouent vaincus. Sa
sacrée à ses œuvres. L’année suivante, il est nommé renommée s’étend. Il est reçu à l’Académie des sciences
professeur à l’Académie des sciences de Lille, dont il en 1862, puis nommé maître de conférences à la Sor
devient le doyen. C’est là qu’il fait sa première décou bonne. On lui construit un laboratoire où il vient
verte sur la fermentation des betteraves. , " à bout d’une épidémie qui décime nos vers à soie.

3. — Un fléau, le charbon, ravage depuis de longues 4. — Pasteur, en 1831, a vu les souffrances épou
années le cheptel français. Pasteur, en quelques mois, vantables que cause la rage. Depuis quatre ans déjà, il
appliquant à la question ses méthodes de travail, cherche à en percer le mystère. Il découvre un vaccin
trouve la cause de la maladie et met au point un préventif pour les chiens, mais n’a encore jamais
vaccin préventif. A Pouilly-le-Fort, il fait une démons osé l’essayer sur l'homme. Il songe alors à faire un
tration éclatante de sa découverte : sur 50 moutons essai sur lui quand, un jour, il voit arriver à son
il en vaccine 25 et inocule à tous le microbe du laboratoire le petit Alsacien Joseph Meister qu’un
charbon. Les moutons vaccinés restent en bonne santé, chien enragé a mordu quatorze fois. L’état de l’enfant
les 25 autres meurent. Le succès est incontestable et est désespéré. Pasteur se résoud à lui faire une injec
confirme toutes les doctrines pastoriennes. tion du vaccin. Après dix jours de traitement, la
Pasteur se rend alors au Congrès médical inter malade est sauvé. La rage est vaincue. Grâce à la
national qui se tient à Londres, où il est l’objet découverte de Pasteur, chaque jour de nouvelles vic
d’acclamations frénétiques. Et, le 8 décembre 1881, il times sont arrachées à la mort. Les résultats sont
est reçu à l’Académie française à la place de Littré. inespérés : un mort seulement sur 350 malades soi
Son discours de réception est resté célèbre. gnés. La création d’un Institut Pasteur est décidée.

5. — L’Institut Pasteur est inauguré le 14 novembre 6. Le 16 juillet 1904, un monument de marbre


1888. De jeunes savants y travaillent sous la direc blanc,—œuvre de Falguière, est inauguré à Paris, place
tion du maître, s’imprégnant de son esprit et de sa de Breteuil et, dans la plupart des villes de France,
bonté. Leurs noms deviendront célèbres : Boux, des rues portent le nom du eélèbre savant. Les Ins
Nicolle, Sergent... Le 27 décembre 1892, dans le grand tituts Pasteur, connus dans le monde entier, conti
amphithéâtre de la Sorbonne, on fête le 70e anniver nuent l’entreprise commencée par ce magnifique Fran
saire de Pasteur qui fait son entrée dans la salle au çais, dont la vie fut tout imprégnée d’une foi admi
bras du président de la République. Un village rable et d’un besoin constant de faire le bien. Ses
d'Algérie prend le nom de l’éminent savant. découvertes ont révolutionné la médecine. Avant lui,
Infatigable, Pasteur ne cesse un instant son travail, être « opéré » équivalait dans 60 pour 100 des cas
soulageant la misère et visitant les enfants malades. à mourir. Pasteur est certainement l’homme dont les
Mais un jour de 1895, alors qu’il s’apprête à partir travaux ont été le plus critiqués. Mais il ne s’est
pour sa visite quotidienne, il est pris d’une violente jamais découragé, restant fidèle à l’idéal qu’il a fière
crise d’urémie. Sa famille et ses élèves viennent se ment affirmé.
relayer à son chevet. Chaque jour, il reçoit les secours « Heureux celui qui porte en soi un idéal de beauté
.

de la religion. Le 13 juin, il demande à être ramené et qui lui obéit : idéal de l’arf, de la science, de la
à Villeneuve-l'Etang, où il fit ses recherches sur la patrie et de l’Evangile. Ce sont les sources vives des
rage. Et, le 28 septembre, il expire, épuisé, serrant grandes pensées et des grandes actions. »
d’une main le crucifix et de l’autre la main de sa
femme. P. Rigotard.
Pasteur 184
Volonté-Travail-Succès
« La volonté ouvre la porte
aux carrières brillantes et heu
Persévérance reuses, le travail les franchit
« Du plus loin qu'il me souvienne de ma vie et, une fois arrivé au terme
d'homme, je ne crois pas avoir abordé jamais du voyage, le succès vient
un étudiant sans lui dire : Travaille et persévère. » couronner l'œuvre. »

Être utile
« Il faut se dépêcher d’être utile, il ne faut pas s'arrêter aux choses acquises. »

« Dieu veuille que par les plus persévérants travaux j'apporte une petite pierre à l'édifice
si mal assuré de nos connaissances sur les profonds mystères de la vie et de la mort. »

Hommage des grands hommes et des grandes choses.


aux parents Regarder en haut, apprendre au delà, cher
cher à s'élever toujours, voilà ce que tu
« Oh ! mon père m'as enseigné. Je te vois encore, après ta
et ma mère ! oh ! journée de labeur, lisant le soir quelques
mes chers disparus ! récits de bataille d'un de ces livres d'his
qui avez si modeste toire contemporaine
ment vécu dans qui te rappelaient
cette petite maison, l'époque glorieuse
c'est à vous que je dont tu avais été
dois tout! Tes témoin. En m'appre
enthousiasmes, ma nant à lire, tu avais
vaillante mère, tu les le souci de m'ap
as fait passer en prendre la grandeur
moi. Si j'ai toujours de la France.
associé la grandeur Soyez bénis l'un
de la science à la et l'autre, mes chers
(grandeur de la patrie, c'est que j'étais parents, pour ce que
imprégné des sentiments que tu m'avais ins vous avez été, et
¬
pirés. Et toi, mon cher père, dont la vie fut laissez-moi vous re
aussi rude que ton rude métier, tu m'as porter l'hommage
montré ce que peut faire la patience dans les fait aujourd'hui à
longs efforts. C'est à toi que je dois la téna cette maison. »
cité dans le travail quotidien ; non seulement (Discours prononcé à
tu avais les qualités persévérantes qui font l ’inauguration de la
plaque commémorative
les vies utiles, mais tu avais aussi l'admiration placée sur la maison où
Pasteur est né, à Dole.)

Patrie
« Lorsqu'un enfant du village demandera l'origine de ce nom, je souhaiterais que l’institu
teur lui apprît simplement que c'est le nom d'un Français qui beaucoup aimé la France et
a
qu'en la servant de son mieux il a pu contribuer au bien de l'humanité. La pensée
que mon
nom pourra éveiller un jour dans l'âme d'un enfant le premier sentiment patriotique me
fait battre le cœur. » (Pasteur apprend qu’un village algérien portera son nom.)
Planche 2
TOURELLE ET ARMEMENT
N ous avons déjà construit le corps du char (voir notre
précédent numéro). Passons à la tourelle (fig. 6). Voilà
les surprises qui commencent et le voile du mystère
qui se soulève. Le. canon est le tuyau d'une pipe ; le tou-
relleau (sorte de bosse recouvrant la tourelle) et le contre
poids (à l'arrière) sont obtenus à l'aide de deux fourneaux
" de pipes (fig. 6).
Les côtés a et d sont identiques. Les côtés b et c sont
chacun percés d'un trou très caractéristique (fig. 6).
Le couvercle « • » est fixé sur la tourelle par deux char
nières (fig. 7). Il est indispensable pour maintenir la pipe
du tourelleau. Pour cela, le percer d'un trou (légèrement
décalé par rapport au centre du couvercle) adapté à la forme
du fourneau.
Fig. 8 : le montage s'effectue sur un bâti formé de lon
gerons (voir précédent numéro, fig. 3). Coller ou clouer les
côtés a, b, c, d. La tourelle est terminée (fig. 9). Fixons-Ia
sur le corps du char i l'aide d'un collier (fig. 10) dont le
périmètre supérieur sera légèrement plus petit que le péri
mètre inférieur. Quelques pointes (fig. 11), un coup de râpe,
ou mieux, de papier de verre, le montage de la tourelle sur
le corps du char est fini (fig. 12).
Remarque : sauf fig. 7 et 8, les dimensions sont à repro
duire à l'échelle choisie, sans tenir compte de la perspective.
Pour l’équipe technique :
TROC et BOCADO,
les ingénieux.
on se quitte. Obtenu. — 8. Faire cuire
au four ou à la broche. Au diapason.
— 9. Une pensée, image ou représen
tation d’une chose dans l’esprit.
AC 1
Allonge en tirant, tire en allongeant.
LE PAUVRE ! — 10. Petite négation. Songerie, médi
JE, tation.
Maman escargot se promène avec Verticalement : 1. Lutte entre deux
Bébé escargot. Tout à coup, Bébé concurrents, deux équipes ou deux
escargot aperçoit une limace : « Oh ! sociétés concurrentes. Première pousse
maman, regarde, un sinistré ! » d’une graine, ou fibre ténue de textile.
CHARADE — 2. Mauvaise herbe, qui croît vite.
Mon un, simple conjonction, Petit poème divisé en strophes.

Marque la preuve, la raison. Séjour des élus. Temps précis où
3.
Dans toute proposition. un événement a eu lieu. 4. Petit
Mon deux est la plante textile rongeur nuisible. Consacrer une église
Que l’on rouit, puis que l’on file, au culte divin. 5. Enlève. Joindre
Pour en faire un tissu fragile. étroitement. — 6. Instrument de
musique à cordes et à clavier. Ini
Mon tout est minuscule chien, tiales abréviatives sur l’enveloppe de
Guère encombrant, on le sait bien, certaines lettres. Instrument de
Mais bruyant, criard, ô combien l jardinage. Religion, acte religieux.
MOTS CROISES 8. Indéfini. Brin menu. Elément.
9. Petit chemin bordé d’arbres.
Horizontalement : 1. Instrument qui montré sa joie ouvertement, — 10. Une
ENIGME augmente l’intensité du son. — 2. Na- personne, par opposition à une chose.
vigation aérienne, qui a pris une Pièce d’artifice.
Siège en forme de tabouret.
Capitonné, bas et très large,
Qui prend une personne en charge
grande extension. 3. Pièce de bois
longue et étroite, —portée sur quatre
pieds. Préfixa de réunion. 4. Durillon
423156% 8940
Aisément, et c’est ce qui plaît. à la main du travailleur. Fruit à pé
Un mot, une onomatopée, pins. — 5. Interjection. Air ou mor
Formant une interjection, ' ceau ne s’exécutant pas seul. Per 2
Figurant exclamation : sonnel. — 6. Lieu de délices. A la 3
Des mains, une chose échappée. porte. — 7. Terme de civilité quand

Le
creche mystérieux
document
2 des 8
contes Rikapantera 9
3 (Voir le numéro
30

jeux précédent.)
Beaucoup n’ont rien trouvé... et Toto ne as
encore vous révéler tout le secret. Il faudra encore
chercher, mais cette fois voilà un précieux renseigne
Tout ce qu'il ment : le mystérieux document ne peut être déchiffré
qu’avec TROIS crayons de couleur. (Pas n’importe quelle
faut pour couleur 1). Allez-y, les garçons astucieux, et à la
semaine prochaine...
passer une
belle fête de
Noël. Le vertigineux voyage de Toto
• meux
Du travail pour les mains avec les fa
dans le passé
bricolages de Troc et Bocado.
•• Du rire avec le grand comique Brada. Quel est ce petit
homme avec son
De la musique et de la ferveur avec les
chants et les récits.
inséparable petit
chapeau ? Et cet
Retenez vite chez votre marchand autre avec son col
empesé, ses magni
de fiques broderies, ses
larges épaulettes et,
Noël au loin, cette ombre
sinistre avec son
couperet ? Quel est
ce siècle ?
ABONNEMENTS, un an, 230 frs, six mois, 120 frs.
En cas de changement de prix, l’abonnement Dans le numéro
sera servi jusqu’à concurrence des sommes précédent, Toto a
avancées. traversé le xixe siè-
Rédaction-administration : Maison de la Bonne Presse, cle : premiers che-
5, rue Bayard, Paris-VIIK C. c. p. Paris 1668. mins de fer, la
montgolfière,
Imprimerie Maison de la Bonne Presse, 5, rue Bayard, Paris-8°. — Le directeur : René Berteaux.
GOUPELLON
T/
CEST VRAIMENT UNE CHANCE
PROVIDENTIELLE NOUS SOR-
TONS PAR, UNE AUTRE
/
r 2
2 BOUCHE ,ET DE PLUS
2 NOUS SOMMES PRES
D’ORLY A
VOUS SAVEZ
PILOTER?
AEROOROME
DORLY

450 > ge
EU..EUH.
oui, ET JE SAIS V
VOUS? TRÈS BIEN
PILOTER...
BAILLEUR!
MJ
VOUS
LEZ (c
VOIRY

C EST SPLENDIDE C CEST A DIRE QUE JE


COMME ACROBATIE NE SAIS PLUS TRÈS
BIEN COMMENT
L’ON PILOTE (1

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