Vous êtes sur la page 1sur 4

PREMIER PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE 57

8. PREMIER PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE

8.1. Enoncé du principe


La possibilité de transformer du travail en chaleur est un fait connu de tous : freins qui chauffent ;
paliers qui grippent ; production du feu par les premiers hommes ; etc. Inversement, on peut
transformer de la chaleur en travail : moteurs thermiques etc.
Le principe de l’équivalence traduit le fait expérimental de l’existence d’une relation entre le travail et
la quantité de chaleur.
C’est Joule qui a mesuré le premier en 1842 l’équivalence travail – chaleur lors d’une expérience
connue sous le nom d’expérience de Joule.
Ce dispositif comporte un agitateur mû par la descente
d’une masse m. L’énergie mécanique est transmise au
fluide sous forme d’énergie cinétique, puis est transformée
en énergie thermique par le mécanisme du frottement
visqueux des particules fluides.
L’énergie travail fournie par l’extérieur au système est
donnée par la variation de l’énergie potentielle de la masse
mg +
W = m g (Z1 – Z2) n (8.1)
Z
Z1 – Z2 : hauteur de chute
n : nombre de chutes de la masse m
Au cours de l’expérience, on constate que l’eau s’échauffe, sa température avait augmenté comme si
+
elle avait reçu une quantité de chaleur Q . Si on laisse l’eau se refroidir et revenir à l’état initial, le
-
système cède de la quantité de chaleur Q . On dit que le système a subi une transformation fermée ou
un cycle. Et finalement
W+Q=0 (8.2)
Convention de notation :
− l’exposant + sur une grandeur indique que celle-ci est positive
− l’exposant – indique que la grandeur est négative mais elle est exprimée en valeur absolue
− sans exposant, les grandeurs sont exprimées en valeur algébrique.
La relation 8.2 peut s’écrire W = Q . Autrement, en valeur absolue, on a équivalence entre travail W et
chaleur Q.
Remarque : l’échauffement de l’eau dans l’expérience de Joule peut être obtenu par d’autres formes
d’énergie, l’agitateur est entrainé par un moteur électrique ou utilisation d’une résistance électrique.
L’équivalence se généralise ainsi à toutes les formes d’énergie.

Système électrique
moteur

Agitateur entrainé par un moteur Chauffage par une résistance électrique

Dans le cas général où n travaux et m quantités de chaleur sont échangés lors de la série de
transformations et que le système est revenu à l’état initial, l’expression 8.2 se généralise en

Laboratoire de Thermique Appliquée / ESP Antsiranana


PREMIER PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE 58
n m

∑ W +∑Q
i
i
k
k =0 (8.3)

Ces équations 8.2 et 8.3 expriment l’énoncé du premier principe de la thermodynamique ou


principe de l’équivalence. W i et Qk sont à exprimer en même unité.
« Lorsqu’un système subit une série de transformations qui le ramènent à un état initial, et au cours
desquelles il échange avec le milieu extérieur des travaux et des chaleurs, la somme algébrique des
travaux et des chaleurs échangés est nulle ».
Le principe de l’équivalence ne constitue qu’un cas particulier de la conservation de l’énergie et qui
exprime que : « dans un système isolé, c'est-à-dire n’échangeant avec le milieu extérieur ni chaleur ni
travail, la somme de toutes les énergies est constante ». Ici l’énergie peut être sous toutes les formes,
mécanique, thermique, électrique, chimique, etc.

8.2. Energie interne


8.2.1. Enoncé du Premier Principe de la thermodynamique
Soit un système qui passe d’un état initial 1 à un état final 2 en n’échangeant avec le milieu extérieur
que de la chaleur et du travail.
La transformation, effectuée par la voie (A) met en jeu une quantité de
2
(A) chaleur QA et un travail W A.
(C)
Effectuée par une autre voie (B), la transformation met en jeu QB et W B.
(B)
Considérons une transformation (C) qui ramène le système de l’état 2 à
1 l’état 1 en mettant en jeu QC et W C.

1-(A)-2-(C)-1 est une transformation fermée et conformément à l’équation 8.3


QA + QC + W A + W C = 0 (8.4)
De même, 1-(B)-2-(C)-1 est aussi une transformation fermée et on a
QB + QC + W B + W C = 0 (8.5)
En faisant la différence membre à membre de 8.4 et 8.5
QA – QB + W A – W B = 0 ⇒
W A + QA = W B + QB (8.6)
(A) et (B) étant des transformations quelconques (réversible ou non), alors pour toute transformation
faisant passer le système d’un état 1 à un état 2, l’expression (W + Q)1-2 reste une constante qui ne
dépend que de l’état initial et de l’état final, mais non de la voie par laquelle s’effectue l’évolution.
Ce résultat est connu sous le nom de principe de l’état initial et de l’état final. La généralisation de
ce résultat constitue le Premier Principe de la thermodynamique qui s’énonce ainsi :
Lorsqu’un système évolue d’un état initial 1 à un état final 2, la somme algébrique des travaux et des
chaleurs reçus par le système ne dépend que de l’état initial et de l’état final, mais non de la manière
dont s’effectue la transformation.
Il existe donc une fonction ϕ des variables qui définissent le système, fonction ayant la valeur ϕ1 en 1
et ϕ2 en 2.
W 1-2 + Q1-2 = ϕ2 - ϕ1 (8.7)
D’une manière générale, la fonction énergétique ϕ comporte
− l’énergie cinétique, EC
− l’énergie potentielle, EP
− l’ensemble des autres énergies (E thermique, E chimique, E électrique etc.) appelé énergie
interne, U
W 1-2 + Q1-2 = (U2 – U1) + (EC2 – EC1) + (EP2 – EP1) (8.8)
U + EC + EP est appelée énergie interne totale.
Il est à noter que pour un système (masse donnée du corps), on ne peut connaître que la variation de
l’énergie interne par rapport à un état pris comme référence.

Laboratoire de Thermique Appliquée / ESP Antsiranana


PREMIER PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE 59
Dans la pratique, les variations de l’énergie cinétique et de l’énergie potentielle sont négligées et le
Premier Principe de la thermodynamique pour un système fermé s’exprime par :
U2 – U1 = W 1-2 + Q1-2 (8.9)

8.2.2. Forme différentielle du premier principe


Sous forme différentielle,
dU = δW + δQ
La fonction U, dont la variation au cours d’une transformation qui amène un système d’un état initial 1
à un état final 2 ne dépend que de l’état initial et de l’état final, est une fonction d’état. Il en résulte
que dU est une différentielle totale exacte, alors que δW et δQ n’en sont pas.

Notation :
2
Avec l’utilisation de dU, quand on intègre on a → ∫ dU = ∆U = U
1
2 − U1

2
Avec l’utilisation de δW, quand on intègre on a → ∫ δW = W
1
1− 2

2
Avec l’utilisation de δQ, quand on intègre on a → ∫ δQ = Q
1
1− 2

8.2.3. Application du Premier Principe à quelques cas particulier


− Transformation purement thermique : δW = 0, c'est-à-dire – P dV = 0, ⇒ V = Cste, la
transformation est une isochore :
dU = δQ ⇒ U2 – U1 = Qv, alors la quantité de chaleur échangée sert à augmenter son énergie interne.
a) On considère une transformation purement thermique faisant passer un système de l’état 1 à un
état 2 et mettant en jeu une quantité de chaleur Q1. On envisage le retour à l’état initial par une
transformation aussi purement thermique mettant en jeu une quantité de chaleur Q2. Comme le
système est revenu à l’état initial, Q 1 + Q 2 = 0 alors Q1 = − Q 2 . La quantité de chaleur fournie à un
système pour réaliser une transformation purement thermique est égale à la quantité de chaleur
qu’il cède pendant la transformation inverse.
b) On maintient deux corps solides ou liquides en contact dans une enceinte isolée, c’est le cas des
expériences dans des calorimètres. L’enceinte n’échange ni de travail ni de chaleur donc ∆U = 0
pour l’ensemble à l’intérieur, Q 1 + Q 2 = 0 alors Q1 = − Q 2 . La quantité de chaleur cédée par l’autre
est égale celle reçue par l’autre.
− Transformation purement mécanique : δQ = 0, la transformation est adiabatique : dU = δW ⇒ U2 –
U1 = W 1-2, le travail fourni sert à augmenter son énergie interne.
− Système isolé : le système n’échange ni de travail ni de chaleur U2 – U1 = 0 ⇒ U2 = U1, l’énergie
d’un système isolé reste constante.

8.2.4. Exemple de valeurs numériques


Une masse m = 10 kg tombant d’une hauteur z = 1 m, fournit un travail W = m g z ; W = 98,1 J.
L’énergie interne du système constitué par la masse m a diminué de 98,1 J pendant la chute.
Maintenant, on se propose de déterminer l’abaissement de la température de V = 1 litre d’eau si son
énergie interne diminue de 98,1 J
∆U 98,1
∆U = ρ eau V C eau ∆T ⇒ ∆T = ; ∆T = 3 − 3 = 0,023 ; ∆T = 0,023 °C
ρ eau V C eau 10 10 4180

Ce résultat étonne, il semble que la masse de 10 kg qui tombe de 1 m libère plus d’énergie que le 1
litre d’eau qui se refroidit de 0,023 °C. En fait, il s’agit ici de qualité d’énergie, le Premier Principe de la
thermodynamique donne l’équivalence des énergies mais ne renseigne rien de ses qualités. C’est
l’objet du Second Principe de la thermodynamique.

Laboratoire de Thermique Appliquée / ESP Antsiranana


PREMIER PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE 60
8.3. Exercices : Premier principe de la thermodynamique (Série n° 8)
Ex. 8.1 : Expérience de HIRN. Deux blocs A et B, l’un en pierre, l’autre en fer sont suspendus par des
cordes à une charpente fixe.
On place contre A un morceau de plomb C dont la
température initiale est de 15 °C.
Le bloc B est maintenu à 2 m de sa position la plus basse
et est abandonné sans vitesse initiale. Il vient écraser C.
Sous l’effet du choc, ce dernier tombe et est immergé dans
A C B un calorimètre de température initiale 15 °C et de valeur en
eau 500 g. On constate aussitôt que le centre de gravité de
B est remonté de 10 cm et celui de A de 1,4 cm. La
température de l’eau du calorimètre s’élève jusqu’à 18 °C.
Vérifier de cette expérience le principe de l’équivalence. On
donne mA = 940 kg ; mB = 350 kg ; mC = 360 g ; Cpb =
0,131 kJ/kg K

Ex. 8.2 : On dispose d’une chute d’eau d’une hauteur 180 m.


1/ Déterminer la vitesse de l’eau à la base de cette chute si l’eau n’est pas freinée au cours de sa
descente.
2/ En réalité la vitesse en bas est de 50 m/s. Déterminer l’échauffement de l’eau si l’on considère
que les forces de frottement sont seules responsables du ralentissement de l’eau et que les 3/4
de ces frottements sont absorbés par l’eau, le reste étant absorbé par l’air et les parois.
3/ Quelle serait la puissance recueillie sur l’arbre d’une turbine si le débit de l’eau est de 100 l/s et le
rendement global de l’installation de 0,7 ?
4/ Quelle serait l’élévation de la température de l’eau si la totalité de l’énergie était transformée en
chaleur ?

Ex. 8.3 : Une sphère de plomb tombe d’une hauteur h = 30 m sur un plan rigide. L’énergie cinétique
de la sphère est transformée en chaleur dont les 3/4 sont absorbés par la sphère et 1/4 est dissipé.
Calculer l’accroissement de la température de la sphère. Cpb = 0,131 kJ/kg K.

Ex. 8.4 : Un frein hydraulique doit absorber la puissance d’un moteur de 2500 kW. Quel doit être le
débit d’eau de refroidissement pour qu’elle ne s’échauffe pas plus de 40 °C ?

Ex. 8.5 : Un tube cylindrique en verre de diamètre 3 cm, de hauteur 1,10 m, est fermé à ses deux
extrémités et contient une masse de 1 kg de mercure. Le tube étant vertical, on le retourne 50 fois
bout pour bout et on constate que la température du mercure s’est élevée de ∆T = 3,5 °C.
Vérifier le principe de l’équivalence par cette expérience. On négligera la capacité calorifique du verre
par rapport à celle du mercure. ρHg = 13 600kg/m ; CHg = 0,138 kJ/kg K.
3

Trouver une explication à l’écart constaté.

Ex. 8.6 : Afin d’étudier l’évolution de l’énergie au cours du rebond d’un ballon on réalise le système
suivant. Un ensemble cylindre piston contient un gaz parfait. Le piston est solidaire d’une bielle fixe,
elle-même reliée à un support. On laisse tomber le système d’une hauteur de 2 m. Il rebondit jusqu’à
1,5 m de hauteur.
1/ La transformation subie par ce système est-elle réversible ?
2/ Analyser les différentes formes que prend l’énergie au cours de cette opération.
3/ Déterminer la température du gaz au moment du choc, juste avant le rebond. On suppose qu’il n’y
a pas d’échange de chaleur entre le gaz et le milieu extérieur.
4/ On répète 10 fois cette opération. Quelle est la température finale du gaz en supposant qu’il
absorbe la moitié de l’énergie dégradée en chaleur.

A l’état initial, P1 = 1,1 bar ; V1 = 5 l ; T1 = 300 K ; γ = 1,4. Masse du cylindre piston mcp = 4kg

Laboratoire de Thermique Appliquée / ESP Antsiranana

Vous aimerez peut-être aussi