Vous êtes sur la page 1sur 4

BTS Tertiaires

Session 2023

Épreuve : Économie-Droit
Partie Droit

Durée de l’épreuve : 4 heures

PROPOSITION DE CORRIGÉ

1
Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans
autorisation.
Partie juridique

I- Les avantages et inconvénients comparés des statuts


d’autoentrepreneurs et de salariés.

Les époux Filibaire souhaitent mettre en place une activité de réparation de vélos
à domicile et se demandent quelle pourrait-être la relation juridique entre les
techniciens assurant ses réparations et eux. Deux solutions s’offrent à eux : avoir
recours à des autoentrepreneurs ou à des salariés.

L’autoentrepreneur est, comme son nom l’indique, un entrepreneur. Comme


tout entrepreneur, il assume la recherche des clients pour lesquels il travaille, il
organise son travail, assume les coûts éventuels (outillage par exemple), facture
ses prestations à son ou ses clients. Les différences avec un entrepreneur classique
est qu’il cotise au régime de sécurité sociale des travailleurs indépendants, ce qui
assure un certain niveau de protection sociale.

Du point de vue des époux Filibaire, avoir recours à des autoentrepreneurs est
intéressant en ce que ceux-ci cotisent eux-mêmes à l’organisme de sécurité
sociale, ce qui veut dire qu’ils n’auront pas à s’en occuper. Les autoentrepreneurs
qu’ils utiliseraient factureraient leurs prestations, ce qui est finalement un gain de
temps et l’assurance pour eux d’une gestion administrative minimale. De même,
les autoentrepreneurs fourniraient eux-mêmes l’outillage nécessaire.

Le salarié quant à lui bénéficie d’un contrat de travail qui installe un lien de
subordination entre son employeur et lui. Ce contrat de travail obéit à un certain
formalisme, il doit normalement être à durée indéterminée (même si le recours
aux CDD est possible à condition de le justifier), et donne lieu à l’établissement
d’une paye régulière ainsi qu’un règlement par l’employeur des cotisations
sociales. C’est l’employeur qui organise le travail mais qui aussi fournit le travail.
Cela veut dire que, quel que soit le niveau de travail, le nombre réel de clients,
l’employeur règle les paies et les cotisations, et fournit l’outillage.

Dans une entreprise qui démarre et qui ne connaît pas réellement le nombre des
clients qu’elle pourra avoir, payer chaque mois les mêmes salaires, quel que soit
le nombre des clients et la réalité des rentrées financières peut apparaître comme
une trop forte contrainte. Le choix de relations salariées pourra sembler d’emblée
trop lourde. Toutefois, le choix consistant à opter pour la mise en place d’une
plate-forme de réparation de vélos qui se contenterait de mettre en relations des
clients éventuels et des autoentrepreneurs n’est pas sans inconvénients. En effet,
2
Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans
autorisation.
dans ce cas, l’entreprise des époux Filibaire n’organisant pas le travail ne peut pas
contraindre tel ou tel autoentrepreneur de faire ce qu’il aurait décidé de ne pas
faire. Ainsi, le risque pour les époux Filibaire serait de ne pas pouvoir comme ils
le voudraient répondre correctement aux demandes des clients puisqu’ils
n’auraient pas d’autorité hiérarchique sur les autoentrepreneurs. Seul le statut de
salariés des techniciens qu’ils emploieraient leur permettrait de les contrôler.

Par ailleurs, il faut noter l’évolution récente de la jurisprudence visible dans la


décision de la Cour de Cassation du 4 mars 2020 (doc 1) : dès lors que le juge
constate que, en dépit du statut de la personne concernée, il existe de fait un lien
de subordination entre la plateforme et des soit-disant autoentrepreneur, il n’hésite
pas à requalifier le contrat d’autoentrepreneur en contrat de travail, ce qui entraîne
un rappel de salaires et de cotisations non négligeables.
Néanmoins, la petitesse de la structure envisagée, le fait que les époux Filibaire
ne peuvent pas savoir à l’avance si leur activité va être un succès ou pas, militent
pour qu’ils choisissent l’autoentreprenariat pour les techniciens et de monter une
plateforme de mise en relations entre les éventuels clients et eux – au moins dans
un premier temps.

2- Comment régler le contentieux naissant entre le propriétaire


M. Antunes et les époux Filibaire ?

Les époux Filibaire constatent que M. Antunes, propriétaire d’un local qu’ils ont
visité et qu’ils ne souhaitent pas prendre, envisage contre eux un recours en
justice.
En effet, les époux Filibaire sont entrés avec M. Antunes dans une phase de
négociations pré-contractuelles dont le document 2 indique que la rupture abusive
est interdite. Dans le cas d’une rupture abusive de négociations, la personne à
l’origine de cette rupture peut être condamnée à réparer le dommage qu’elle a
créé, ce qui s’explique par son caractère abusif.

Aussi, il convient de déterminer si la rupture de négociations est abusive dans le


cas présent. La réponse est clairement négative. Une rupture abusive n’est
caractérisée que si déjà un certain nombre d’actes d’engagements ont été pris qui
pouvaient légitimement faire penser que le contrat principal aboutirait. Ce n’est
pas le cas ici. Comme dans tout contrat, la liberté contractuelle prime, nul ne peut
être contraint de passer un contrat qu’il ne voudrait pas passer. Les époux Filibaire
sont parfaitement libres de ne pas conclure ce contrat de location et ce n’est pas
une simple visite du lieu suivi d’un refus qui permet de caractériser le caractère
abusif de la rupture.

3
Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans
autorisation.
3- La SARL SOS vélo 45 doit-elle rembourser le deuxième vélo
détruit ?

Un vélo électrifié par la SARL SOS vélo 45 a été incendié du fait du défaut de la
batterie électrique qui y a été installée. Un second vélo est détruit dans l’incendie,
la SARL SOS vélo 45 doit-elle le rembourser ?

D’une manière générale, on doit rembourser tous les dommages à l’origine


duquel on se trouve, qu’on ait commis une faute ou qu’on ait à la direction et le
contrôle de l’objet cause du dommage (art. 1240 et 1242 du Code civil). Donc, a
priori, la SARL doit rembourser le premier vélo puisque c’est son action,
l’installation d’une batterie électrique qui prend feu, qui est à l’origine du
dommage.

Pour le deuxième vélo, la SARL pourrait estimer qu’elle n’est finalement pas
responsable du caractère défectueux de la batterie qu’elle s’est contentée de
monter, et qu’il faudrait que le client active la responsabilité du fabriquant de
batterie puisque le code civil, indique, dans son article 1245 (document 3) que « le
producteur est responsable du défaut causé par son produit », ce qui semble
confirmé par l’art. 1245-5 qui définit le producteur d’un produit comme son
« fabriquant ».

Toutefois, les alinéas suivants du même article assimilent le producteur à celui qui
« à titre professionnel » assure la « distribution » de ce produit. C’est
incontestablement le cas ici. La SARL SOS Vélo 45 doit être assimilée à un
producteur qui a distribué un produit défectueux. Ce produit ayant causé un
dommage, l’entièreté des dommages causés doivent être réparés par son
producteur au sens de l’art 1245-5, ici la SARL SOS Vélo. Cette SARL pourra
ensuite se retourner contre le fabriquant de batterie qui lui a vendu un article
défectueux au sens de l’art 1245-3, puisque le fabriquant de batterie est pour elle
le producteur du produit défectueux.

En attendant, la SARL doit rembourser le second vélo à son client.

4
Propriété exclusive de Studyrama. Toute reproduction ou diffusion interdite sans
autorisation.

Vous aimerez peut-être aussi