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DROIT SOCIAL 2

1- RÉSUMÉ DU COURS
Le cours se propose d’appréhender les règles qui gouvernent le contrat de travail ; de sa
conclusion à sa rupture. Ainsi, les règles relatives à l’embauche, au licenciement et aux autres
modes de rupture feront l’objet de la première partie, non sans avoir au préalable précisé les
conditions de qualification du contrat de travail. Dans une seconde partie, il s’agira d’étudier les
mécanismes qui gouvernent l’exécution du contrat, et les événements qui peuvent affecter cette
exécution.

Introduction  : Les éléments constitutifs du contrat de travail


Le Droit du Travail est un droit d’ordre public. Il s’impose aussi bien à l’employeur qu’au salarié. Et
la qualification « contrat de travail » est dite indisponible.
C’est ce qu’exprime l’arrêt La banne du 19 décembre 2000, selon lequel la qualification « contrat
de travail » ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties, ni de la dénomination qu’elles ont
donné à leur convention mais des conditions de fais dans lesquelles est exercé l’activité des
travailleurs.
A- Les critères de qualification
Le contrat de travail, d’un point de vue doctrinale, est une convention par laquelle une partie, le
salarié, s’engage à réaliser un travail pour une autre partie, l’employeur, sous la subordination de
laquelle il se place, moyennant une rémunération en contrepartie.
 Il faut donc un travail, un salaire et un élément de subordination.

Un travail : Est-ce que toute activité peut constituer un travail ?


A quelques exceptions, toute activité si elle est subordonnée peut constituer un travail.
Dans les arrêts « Ile de la tentation », la Cour de cassation considère que les prestations faites
par les acteurs sont des prestations de travail subordonné et que leur relation de travail est un
contrat de travail.
La question s’est aussi posé pour les sportifs, depuis longtemps, la Cour de cassation considère
que dès lors que le sportif exerçait son activité sous la subordination, ici d’une association, qu’il
avait en contrepartie une rémunération, il était dans une relation salarié et donc un contrat de
travail.
Certaines activités sont cependant exclues de ce que la Cour de cassation considère comme un
travail. Il s’agit des activités qui s’inscrivent dans un processus d’insertion. Par exemple, les
compagnons d’Emaus, des personnes incarcérés. Mais encore des activités exercées dans le
cadre de congrégations, de communauté religieuse ou culturelle. Les activités exercées pour le
compte et au bénéfice d’une congrégation exclue la qualification de contrat de travail.

Un salaire : Le travail bénévole n’est pas interdit. Mais celui-ci n’est jamais totalement dépendant
de celui pour lequel il travaille. Il ne tire pas de revenus de son activité.
A partir du moment où il y a une contrepartie à une activité subordonnée, quand cette contrepartie
sera suffisante pour permettre la qualification de contrat de travail ?
La contrepartie peut être versé en nature. L’exemple du contrat de travail avec une contrepartie au
pair.
La Cour de cassation admet que le versement à des bénévoles d’une somme forfaitaire qui
dépasse les frais réellement engagés conduit à considérer que ces personnes étaient des
salariés.

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Un élément de subordination : L’élément clé de la qualification de contrat de travail est la
subordination. La subordination juridique.
L’arrêt Bardou du 6 juillet 1931 pose la question de savoir à partir de quand une personne est
suffisamment dépendante d’une autre pour être considéré comme subordonné. La dépendance
peut-être purement économique.
La Cour de cassation considère dans cet arrêt, que la condition juridique d’un travailleur à l’égard
de la personne pour laquelle il travaille ne saurait être déterminé que par la faiblesse ou la
dépendance économique et ne peut résulter que du contrat conclu entre les parties, la qualité de
salarié implique nécessairement l’existence d’un lien de subordination juridique.

La subordination juridique : Elle est définie dans un arrêt du 13 novembre 1996 « Société
Général », « le lien de subordination est caractérisé par l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un
employeur qui a le pouvoir de donner les ordres et les directives, d’en contrôler l’exécution et d’en
sanctionner les manquements. Le travail au sein d’un service organisé constitue un indice du lien
de subordination. »
Il existe des assimilations ou des exclusions légales à cette qualification de contrat de travail. Ces
premières concernent certains travailleurs, que l’on trouve dans les statuts spéciaux. Par exemple,
les VRP (voyageurs, représentants et placiers). Le Code du travail assimile les VRP qu’ils soient
multi carte ou uni-cartes à des travailleurs salariés. Il en est de même si les conditions sont
réunies pour les journalistes professionnels (L7112-1 et suivants). Il en va de même pour les
mannequins (L7180-1 et suivants). Ainsi que pour les travailleurs à domicile, qui sont des
personnes où le lieu de travail est le domicile (L7412-1 et suivants).
Il existe aussi d’autres assimilations partielles ou totale pour les gérants de succursale de
commerce alimentaire.
Il y a aussi des hypothèses d’application sélective du droit du travail comme pour les salariés de
maison (L7221-1 et suivants).
Ainsi, il y a des exclusions légales avec l’article L8221-6 qui pose une présomption de non salariat
à l’égard des personnes qui sont pour l’activité en question, qui ont déclaré leur société.

B- La preuve de l’existence d’un contrat de travail


Principe : Il incombe à celui qui prétend qu’un contrat est un contrat de travail d’établir la preuve
de ces affirmations. Donc, au demandeur.
La preuve de cette subordination se fait selon la méthode du faisceau d’indices. Donc, la
cumulation de ces indices va permettre au juge du Conseil du Prud’homme de dire ou non s’il y a
qualification du contrat de travail.
Ces indices sont les suivants :
 L’inclusion dans un service organisé : ce n’est plus un synonyme de subordination, mais
un indice
 Le travailleur doit être traité comme un salarié, non pas comme un égal ou rapport
commercial 
 Le présumé salarié ne doit pas avoir d’entraide professionnelle voire familiale
 Le lieu de travail : est ce qu’il est imposé ou non, même s’il n’est pas fixe (périmètre)
 Les horaires de travail
 La fourniture d’une prestation personnelle et exclusive : il n’y a pas de sous salariés et que
l’activité est exercée par la personne en tant de tel et non pas un groupe
 La fourniture du matériel, de l’outillage : si elle est fournie par le salarié
 La forme de rémunération : déterminant lorsque celle-ci est forfaitaire et notamment au
temps, alors il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’un contrat de travail. Les autres formes

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de rémunération qui existent dans les contrats de travail sont possible aussi qui sont de la
rémunération à la tâche, à la pièce.
L’article L8221-6 pose qu’une présomption simple et l’existence d’un contrat de travail peut être
établi lorsque le donneur d’ordres place la/les travailleurs dans une situation de subordination.

C- Les travailleurs des plateformes


La question de la qualification de la relation de travail des travailleurs « indépendants » avec les
plateformes de mise en relation par voie électronique se pose depuis que ce type d’activité existe.
Elle ne se pose pas qu’en droit français. Et la Cour de justice de l’UE avait dès les années 2010
considéré que ces services était lié à un service de transport et qu’il fallait les assimilés aux
salariés.
En 2016, la loi créée les articles L7341-1 et suivants du Code du travail qui prévoit une
responsabilité sociale des plateformes sans se prononcer sur la nature de la relation de travail qui
unit ses personnes à la plateforme.
Le premier arrêt de la Chambre sociale de la Cour de cassation qui qualifie les travailleurs en
question de salarié est celui du 23 novembre 2018, dans cet arrêt la présomption d’absence de
salariat est renversé à l’analyse de la situation factuelle du travailleur. La Cour de cassation
reprend les éléments qui vont essentiellement caractériser la subordination.
En 2019, la loi d’orientation des modalités incite les entreprises en question, à prévoir une charte
excluant par principe la subordination des travailleurs, qui a déclaré institutionnellement par le
Conseil constitutionnel en 2019 car des acteurs juridiques privés qui sont organisateurs ne
peuvent pas créer des accords contra legem.
L’ordonnance de 2021 prévoit un dispositif de dialogue social dans le secteur sans référence à
une exclusion d’un lien de subordination. Donc, la qualification de la relation de travail de ces
travailleurs relève exclusivement aujourd’hui en France de la juridiction. La Cour de cassation
dans un arrêt du 4 mars 2020 qualifié de contrat de travail la relation de travail entre Uber et un
travailleur. Et dans un arrêt du 13 avril 2022, elle exclut au contraire la qualification contrat de
travail d’un chauffeur de la société Voxtur avec la plateforme en question.

 Donc, les travailleurs de plateforme en droit français, sont présumé, en principe, de


travailleurs indépendants au vu qu’ils sont auto-entrepreneurs mais en cas de contestation
si les éléments de la subordination existe ils peuvent être qualifié de salariés.

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