Vous êtes sur la page 1sur 14

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00.

© Institut français des relations internationales (IFRI)


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

ÉTATS-UNIS / CORÉE DU SUD, L'ALLIANCE MILITAIRE EN


QUESTION
Rémy Hémez

Institut français des relations internationales (IFRI) | « Politique étrangère »

2015/1 Printemps | pages 129 à 141


ISSN 0032-342X
ISBN 9782365673532
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2015-1-page-129.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour citer cet article :


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Rémy Hémez, « États-Unis / Corée du Sud, l'alliance militaire en question »,
Politique étrangère 2015/1 (Printemps), p. 129-141.
DOI 10.3917/pe.151.0129
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Institut français des relations internationales (IFRI).
© Institut français des relations internationales (IFRI). Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


politique étrangère 1:2015

REPÈRES
États-Unis / Corée du Sud,
l’alliance militaire en question
Par Rémy Hémez

Rémy Hémez est officier de l’armée de Terre et stagiaire de la 22e promotion de l’École de guerre.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
L’alliance née de la guerre de Corée échange une assurance de sécurité pour
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

Séoul contre un certain alignement avec Washington : elle est aujourd’hui l’une
des plus fortes qui existe dans le monde. Elle est pourtant traversée de ten-
sions, essentiellement liées à la difficile relation entre le Japon et la Corée du
Sud, et à l’équilibre que souhaite maintenir Séoul avec Pékin. Pour assurer sa
pérennité, cette alliance, même si elle n’est pas menacée à court terme, devra
s’adapter à un contexte régional neuf.

politique étrangère

« Notre voyage commun depuis la guerre de Corée a été dominé


par la t che sp cifique de r pondre aux menaces et aux provocations
du Nord et de d fendre la libert et la paix dans la p ninsule cor enne.
Aujourd’hui, […] nous sommes appelés à avancer vers un nouveau
voyage ; un voyage vers une Cor e en paix, heureuse et une.
Park Geun-hye, discours au Congrès, 8 mai 20131.

Au vu de l’excellent tat des relations entre la Cor e du Sud et les tats-


Unis depuis l’arrivée au pouvoir en 2008 de Lee Myung-bak, et de l’image
très favorable des Américains auprès des Coréens, l’analyste pressé pour-
rait penser l’alliance militaire entre les deux pays comme une vidence ou
un modèle – notamment si l’on se place du point de vue de la Corée du
Sud, qui para t en avoir cruellement besoin pour faire face la menace
que repr sente la Cor e du Nord pour sa survie m me. Au regard du
droit international, S oul et yongyang sont en effet toujours en guerre.
La présence continue de milliers de soldats américains sur le sol coréen
depuis , assortie d’un trait de d fense mutuelle dont on a f t les

1. Disponible sur : <http://english.yonhapnews.co.kr/national/2013/05/08/4/0301000000AEN201305080


10800315F.HTML>.

129
politique étrangère 1:2015

soixante ans l’ann e derni re, confirme cette premi re impression d’une
alliance qui serait faite pour durer et prosp rer.

Mais la longue exp rience qu’a la Cor e du Sud d’une vie entre g ants
devrait pousser examiner plus avant la relation qu’elle entretient avec les
tats-Unis. S oul n’est pas un alli docile. a Cor e du Sud a fait le choix
de l’alliance dans les années 1950 : le contrat échange un certain degré de
soumission de S oul envers Washington contre une assurance de s curit

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
et une perspective de d veloppement conomique. a Cor e du Sud tant
d sormais une puissance conomique de premier plan, et l’architecture de
sécurité de l’Asie du Nord-Est ayant profondément évolué, on peut s’in-
terroger sur cette relation et la durabilit des termes du contrat.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

Le meilleur ennemi du monde ?


Comme l’écrit Jean Béranger : « Un des meilleurs ciments d’une alliance
est la peur face un danger commun, une invasion qui remet en ques-
tion l’existence d’une nation ou le mode de vie de ses habitants2. ce
titre, la Corée du Nord ressemble donc à l’ennemi idéal, au mal absolu
de l’autre c t de la fronti re. C’est une dictature familiale, coup e du
monde et isol e diplomatiquement l’exception notable de ses rela-
tions avec la Chine. Elle viole massivement les droits de l’homme en
pratiquant contre sa propre population meurtres, esclavage, torture et
transferts forcés3. Elle dispose d’une arm e pl thorique d’environ un
million de militaires d’active. Son arsenal est, du moins en apparence,
puissant elle poss derait par exemple avions de combat4 et des
missiles balistiques d’une port e de kilom tres. Apr s trois
essais, dont le dernier en 2013 aurait réussi, son programme nucléaire
semble avanc , et yongyang disposerait de suffisamment de plutonium
pour construire quatre six engins. avid Albright affirme m me que le
pays pourrait miniaturiser ses t tes nucl aires sur les missiles Nodong5.
Surtout, yongyang a r guli rement des discours et des comporte-
ments agressifs, entretenant l’id e de menace : bombardement de l’ le de
Yeonpyeong en , tests de missiles balistiques en . Cet ennemi
presque parfait constitue la cl de l’alliance entre la Cor e du Sud et les
tats-Unis. Ce ciment particuli rement puissant n’interdit cependant pas
les divergences entre les deux alli s.

2. J. Béranger, Dictionnaire d’art et d’histoire militaire, Paris, PUF, 1986, p. 26.


3. Rapport de la Commission d’enquête sur les droits de l’homme en République populaire démocratique
de Corée, Nations unies, 7 février 2014.
4. A. H. Cordesman, The Evolving Military Balance in the Korean Peninsula and Northeast Asia,
Washington, D.C., CSIS, 2013.
5. D. Albright, « North Korean Miniaturization », 38th North, 13 février 2013.

130
États-Unis / Corée du Sud, l’alliance militaire en question

REPÈRES
S oul et Washington n’ont pas forc ment une m me perception de la
menace que repr sente la Cor e du Nord. e tournant d cisif date certai-
nement de - , avec les grandes famines au Nord. Sur toutes les
télévisions sud-coréennes, dans tous les foyers, sont apparus des enfants
cor ens d charn s et squelettiques. ’ennemi de ans a tout coup pris
forme humaine, celle d’un peuple manipul par un r gime sordide. Ce
renversement des mentalités s’est poursuivi avec la
sunshine policy du pr sident im ae ung. e octobre Un différentiel

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
2007, une déclaration est signée à Pyongyang, entre les de perception
chefs d’ tat sud et nord-cor ens oh Moo-yun et im quant au Nord
Jong-il, pour le progrès (advancement) des relations
intercor ennes, de la paix et de la s curit . our les tats-Unis cependant,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

la Cor e du Nord demeure avant tout un tat dangereux car poss dant
des armes de destruction massive et, qui plus est, prolif rant. yongyang
aurait ainsi aid amas d velopper son programme de missiles balis-
tiques, en particulier pour les syst mes de propergol liquide . ace cette
menace, et au moment o S oul tentait un rapprochement avec le Nord,
Washington pr nait un engagement ferme.

En , apr s dix ans de tensions, ce diff rentiel de perception s’est


réduit avec la prise de fonction du très conservateur président Lee, beau-
coup plus attach l’alliance avec les tats-Unis que son pr d cesseur oh.
a coordination militaire s’est am lior e, notamment gr ce aux r unions
annuelles 2+2 mises en place depuis 2009, où se retrouvent les ministres
de la fense et des Affaires trang res des deux pays. Certes, pour S oul,
les questions li es l’unification de la p ninsule concurrencent toujours
celles des armes de destruction massive. Mais le tr s faible niveau de dia-
logue entre le Nord et le Sud a emp ch l’ mergence de contradictions
potentielles entre tats-Unis et Cor e du Sud7 : l’alliance se trouve ainsi
actuellement dans son meilleur tat depuis des d cennies. es deux pays
ont adopté une approche commune vis-à-vis du Nord : « la patience stra-
t gique . Il s’agit d’une politique d’endiguement qui veut laisser ouverte
la porte du dialogue avec le Nord, à la condition d’un engagement à la
d nucl arisation, mais vise aussi r pondre aux provocations ventuelles
par un renforcement des sanctions. En , le Counter Provocation Plan a
t adopt en vue d’am liorer la coordination entre S oul et Washington8.
Il faisait notamment suite aux critiques mises en particulier par l’oppo-
sition sur la r plique au bombardement de l’ le de Yeonpyeong par le

6. P. K. Kerr, Iran-North Korea-Syria Ballistic Missile and Nuclear Cooperation, Congressional Research
Service, 16 avril 2014.
7. M. Manyin, « US-South Korea Relations », Congressional Research Service, 12 février 2014, p. 2.
8. D.E. Sanger, « US Designs a Korea Response Proportional to the Provocation », New York Times,
7 avril 2013.

131
politique étrangère 1:2015

Nord le novembre , jug e timor e et tardive. Alors que les militaires


annon aient pouvoir r pondre toute attaque du Nord en quatre minutes,
la r plique en avait pris treize. Ce plan pr voit une r ponse gradu e mais
imm diate toute attaque, autorisant apr s consultation entre S oul et
Washington la frappe instantan e du point d’o est partie l’attaque. Ces
mesures de coordination sont néanmoins remises en cause par une menace
asym trique croissante. our tenter d’y parer, de nouveaux champs de
coop ration ont t ouverts, tel celui de la cyberguerre.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
Il reste que la Cor e du Sud ne se situe pas dans la m me tempora-
lit politique que les tats-Unis. S oul raisonne moyen et long termes,
pariant sur un changement d’attitude du Nord et r chissant la r uni-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

fication, tandis que Washington se concentre sur la menace imm diate des
armes de destruction massive. Apr s la reprise, encore timide, des discus-
sions entre S oul et yongyang, la Cor e du Sud pourrait tre tent e
de se d tacher de Washington afin de traiter en bilat ral avec yongyang.
En ce sens, S oul reprendrait les habitudes observ es du temps de la
sunshine policy9 . ’ quilibre r gional serait alors remis en question, et l’al-
liance militaire avec les tats-Unis serait n cessairement fragilis e par une
moindre confiance mutuelle.

Une alliance en mouvement


Une alliance est souvent présentée comme un organisme vivant cherchant
en permanence son quilibre. Celle qui existe entre S oul et Washington
tend devenir moins asym trique mesure que les forces sud-cor ennes
acqui rent une plus grande autonomie et que cette relation prend une
dimension plus globale.

Le premier facteur d’évolution est la variation des effectifs et des


moyens am ricains dans la p ninsule. usqu’aux ann es , on y compte
environ I. a doctrine Nixon de conduit, en , au retrait
de hommes et au d but de la cor anisation de la d fense de
la péninsule10. En mai , le pr sident Carter annonce le retrait de la
2 Infantry ivision (I ) mais ce ne sont au final que
nde
soldats qui
quittent le pays : les effectifs am ricains sont d sormais de hommes11.
En 1990, des moyens majeurs sont retirés par l’administration Bush : les
armes nucl aires tactiques. En , pour mieux s’accorder avec l’envi-
ronnement strat gique de l’apr s- septembre, la seconde administration

9. B. Courmont, « Rapprochement des deux Corées, quelles conséquences ? », JOL presse, 13 février
2014.
10. E.F. Vogel, The Park Chung Hee Era, Cambridge, MA, Harvard University Press, 2011, p. 422.
11. D. Oberdorffer, The Two Koreas, New York, NY, Basic Books, 2001, p. 84-108.

132
États-Unis / Corée du Sud, l’alliance militaire en question

REPÈRES
Bush annonce une Global Defense Posture Review ( ) pr voyant notam-
ment le retrait de soldats de la p ninsule l’horizon , pour
atteindre hommes. En , le secr taire la fense, obert ates,
g le les effectifs militaires (dont environ de l’US Army)12.
erni rement, l’annonce par Chuck agel d’un plan majeur de réduction
13

des forces arm es am ricaines l’US Army pourrait passer de


hommes a provoqu des inqui tudes en Cor e du Sud. Il semble
cependant que ce plan n’entra nera pas de r duction de troupes dans la

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
péninsule14. es experts cor ens craignent pourtant que Washington ne
puisse plus s’engager massivement en Cor e en cas de guerre.

’alliance a aussi t tr s anim e par la question, non encore tranch e,


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

de la relocalisation des troupes. En et apr s de longues discussions,


S oul et Washington se sont accord s pour les loigner de la Demilitarized
Zone ( M ) et de S oul, et les concentrer dans deux hubs plus au sud.
u c t sud-cor en, cette relocalisation fait cho la pression immobili re
croissante exerc e sur les vastes terrains occup s par des unit s am ri-
caines terrains autrefois situ s en p riph rie de S oul et d sormais au
c ur de la m galopole. u c t am ricain, on souhaitait s’ loigner de la
M afin de ne plus se trouver port e d’artillerie nord-cor enne15. Mais
des difficult s de r alisation des infrastructures, yongtaek en particulier,
repoussent sans cesse les d m nagements. ace aux craintes sud-cor ennes
de d sengagement, le commandement am ricain a finalement annonc fin
que des unit s am ricaines pourraient rester proximit de la M ,
pour conserver leur fonction de tripwire .

Chaque plan de r duction de troupes ou de relocalisation a pour effet


de r former l’alliance et de pousser la Cor e du Sud tre plus autonome.
la fin des ann es , le pr sident ark Chung-hee lan ait un pro-
gramme visant à créer une industrie d’armement ; et en 2003, suite à la
, le pr sident oh annon ait un plan ambitieux pour une politique
d’autod fense dans la d cennie suivante.

L’accord de st ate ic fle i ilit , signé au milieu des années 200017, repré-
sente une autre volution majeure r cente pour l’alliance. Il implique que

12. A. Rowland, « Gates: US Will Maintain Troops Level in South Korea », Stars and Stripes, 5 juin 2008.
13. Chuck Hagel a été secrétaire à la Défense jusque novembre 2014 (NDLR).
14. L. Kim, « Pentagon Vows not to Downsize US Forces in Korea », Yonhap News Agency, 26 février 2014.
15. C.H. Nam, « Relocating the US Forces in South Korea », Asian Survey, vol. 46, no 4, juillet-août 2006,
p. 615-631.
16. M.-J. Ser, « USFK May Keep Tripwire Function », Joogang Daily, 26 novembre 2013.
17. C.-K. Lee, « Strategic Flexibility of U.S. Forces in Korea », NAPSNet Policy Forum, 9 mars 2006, disponible
sur : <http://nautilus.org/napsnet/napsnet-policy-forum/strategic-flexibility-of-u-s-forces-in-korea-2>.

133
politique étrangère 1:2015

les forces am ricaines ne sont plus uniquement d di es la d fense de la


p ninsule et pourraient tre d ploy es ailleurs. Ce qui s’est d j traduit par
l’envoi de d tachements pour des exercices en Tha lande ou au apon. Selon
cet accord cependant, les forces américaines ne pourraient pas opérer depuis
la Cor e dans un con it avec d’autres nations. e plus, tout retour de forces
dans la péninsule coréenne après leur déploiement devrait faire l’objet d’un
accord entre les deux pays. S oul veut en effet viter d’ tre entra n contre
son gr dans une guerre. Ce concept ne va pas sans faire d bat en Cor e

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
du Sud : lorsqu’une unit am ricaine quitte la p ninsule pour une autre
mission, elle n’est pas remplacée et elle est donc perdue pour la défense du
pays. Souhait e par Washington qui ne veut plus voir ses forces fix es, la
st ate ic fle i ilit est aussi un pas vers une alliance à portée régionale, voire
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

globale, ce qui correspond aux vis es de S oul dans la mesure o elle pour-
rait y affirmer un v ritable statut de puissance r gionale18.

a transformation des structures de commandement est quant elle


toujours sujette discussions. En , apr s des ann es de tutelle am ri-
caine, S oul, par l’interm diaire du epublic of orea oint Chief of Staff
( CS), a retrouv le commandement de ses troupes en temps de paix.
e la fin de la guerre de Cor e , le United Nations Command (UNC),
puis de le Combined orces Command (C C), tat-major
conjoint américano-coréen commandé par un général d’armée américain,
avaient la responsabilit des arm es sud-cor ennes en toutes circonstances.
En temps de guerre, le C C prendrait aujourd’hui
La question du encore le commandement de l’ensemble des
commandement troupes. epuis plusieurs ann es d j , la question
des troupes du transfert de cette responsabilité à un état-major
cor en fait d bat. Un accord n goci sur demande
cor enne allant dans ce sens a t sign en . Il pr voit que le C C soit
dissous, et que le CS devienne responsable de l’ensemble des troupes
cor ennes, en p riode d’armistice comme en p riode de guerre. Un nouvel
tat-major, le orea Command ( C M), remplacerait celui des United
States orces in orea (US ). Il serait le commandement organique am -
ricain mais aussi un commandement opérationnel, agissant en appui du
CS en temps de guerre. a p riode de transition devait s’achever en
2012, mais la décision a été prise en 2010 de repousser cette date au
1er d cembre . Ces derniers mois, des voix se sont lev es pour que
cette transition soit nouveau prolong e. S oul, on avance que le pays
ne pourrait contrer une menace nucl aire et asym trique nord-cor enne de
plus en plus actuelle ; on craint aussi que ce transfert marque le d but du

18. A. Leveau, Géopolitique de la Corée du Sud, Paris, Argos, 2014.

134
États-Unis / Corée du Sud, l’alliance militaire en question

REPÈRES
d sengagement am ricain. Barack bama et ark eun-hye ont accept
en avril de reconsid rer le calendrier de la transition. En octobre ,
les deux pays ont finalement d cid de ne plus fixer d’ann e pour la tran-
sition mais de la faire dépendre d’un certain nombre de conditions comme
l’amélioration des capacités de commandement et de renseignement sud-
coréennes, mais aussi de l’évolution de la menace nord-coréenne19. Cette
mesure marque la volont am ricaine de rassurer S oul.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
este la question classique de toute alliance : le partage de ses co ts.
En 2012, les dépenses hors personnel liées à la présence militaire améri-
caine en Corée étaient estimées à 1,1 milliard de dollars sur un budget total
estimé à 10 milliards pour maintenir une présence américaine outre-mer,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

les dépenses de personnels étant, elles, évaluées à 2 milliards de dollars20.


epuis , la Cor e du Sud assume une partie de ces co ts par le Special
Measures Agreement (SMA). Sa ren gociation est sensible, les Am ricains
souhaitant toujours une participation plus importante de la Cor e. Un
nouvel accord a t trouv en janvier : S oul a accept de payer, de
, millions de dollars par an soit une augmentation de
, par rapport . es Am ricains ont, de leur c t , promis une plus
grande transparence sur l’utilisation de ces fonds.

oin d’ tre fig e, et en d pit de n gociations parfois difficiles, l’alliance


am ricano-cor enne volue sans cesse. e d s quilibre technologique et
op rationnel entre les deux arm es se r duit, au point que l’utilit du sou-
tien militaire des tats-Unis est remise en question, surtout compte tenu
du contexte conomique actuel.

Assurer seule sa défense ?


our certains membres du Congr s, l’ quilibre actuel m ne au d part des
troupes am ricaines. Au-del de la probl matique budg taire, l’argument
avanc est que S oul serait d sormais capable d’assurer seule la dissuasion
du Nord.

a Cor e du Sud n’est plus le pays exsangue de . e miracle sur


la rivi re an en a fait une puissance conomique de premier ordre :
15e produit int rieur brut ( IB) mondial en avec milliards de
dollars , le pays est notamment leader dans le domaine des nouvelles
21

19. M. Ryan, « U.S., South Korea Abandon Timeline for Shifting Control of Military Forces in Wartime »,
Washington Post, 23 octobre 2014.
20. Inquiry into US Costs and Allied Contributions to Support the US Military Presence Overseas, US
Congress, Senate Committee on Armed Services,15 avril 2013, p. 18.
21. Source : FMI.

135
politique étrangère 1:2015

technologies, des syst mes d’information ou du num rique. Ses forces


arm es comptent aujourd’hui hommes. Un effort budg taire
constant, alli ans d’assistance am ricaine, a b ti l’une des meilleures
et des plus technologiques arm es au monde, en constante modernisa-
tion en t moignent les d cisions d’acqu rir F-35 pour remplacer les
vieillissants F-4 et F-5, et de construire trois destroyers Aegis supplémen-
taires. our la plupart des experts, S oul n’a aujourd’hui plus besoin de la
présence de forces américaines pour dissuader la Corée du Nord d’atta-

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
quer. yongyang a une arm e pl thorique, mais principalement quip e
de mat riels des ann es et . es Mig-21 constituent par exemple
sa plus importante otte de chasseurs, et les T-62 et T-80 l’essentiel de ses
chars de combat. premi re vue, l’effort budgétaire du Nord est impres-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

sionnant, avec des dépenses de défense représentant 20 à 25 % du bud-


get, soit environ 10 milliards de dollars ; mais cela ne permet pas de réelle
modernisation et reste tr s loin du budget de d fense du Sud qui a un IB
environ fois sup rieur. Une offensive du Nord visant la reconqu te
du Sud est d sormais pr sent e comme peu probable par les services de
renseignement am ricains. Un rapport r cent estime que yongyang
sait vraisemblablement qu’une tentative de r unifier la p ninsule par la
force chouerait et que toute offensive majeure contre le Sud provoquerait
une contre-attaque robuste et souligne les difficult s logistiques, un
quipement tr s d pass et un entra nement inadapt 22 des forces nord-
cor ennes pour mener ce genre d’op rations. Ces difficult s ont d’ailleurs
pouss yongyang privil gier ses capacit s asym triques23.

Un paradoxe de son alliance militaire avec les tats-Unis est que S oul a
pu limiter ses d penses militaires pour se concentrer sur le d veloppement.
Son budget de d fense, important pour un pays de sa taille, reste modeste
pour un tat directement menac : , milliards de
Quel budget militaire dollars en , soit , de son IB, avec une dimi-
pour Séoul ? nution de ses effectifs militaires d’ici à 202224. titre
de comparaison, la rance d pensait la m me ann e
, milliards de dollars, soit , de son IB25. Certains estiment que le
d ploiement militaire am ricain est contre-productif, limitant S oul dans
son effort financier et l’emp chant de combler les trous capacitaires
des armées sud-coréennes en matière de renseignement, de frappes de

22. M. Flynn, Annual Threat Assessment, Report Before the Senate Armed Services Committee, United
States Senate, 11 février 2014, p. 29.
23. Jane’s World Armies, n° 35, 2014, p. 366.
24. A. Rowland, « South Korea to Shrink Armed Forces by a Fifht in Next 8 Years », Stars and Stripes,
18 mars 2014. Les armées passeraient de 640 000 à 522 000 hommes.
25. Institut international de recherches pour la paix, SIPRI Yearbook 2013, Oxford, Oxford University
Press, 2013.

136
États-Unis / Corée du Sud, l’alliance militaire en question

REPÈRES
pr cision ou de ravitaillement en vol. lus que les forces am ricaines sur
place, ce qui compte pour la dissuasion envers le Nord, ce sont les forces
qui seraient d ploy es, en suppl ment de celles d j positionn es, en cas
d’intervention massive : les renforts ext rieurs viendraient alors plus que
doubler la puissance de combat des armées sud-coréennes . Peu de pays
ont cette possibilité d’atteindre rapidement une puissance de combat si
importante pour un co t si peu lev en p riode de paix. Bien entendu, le
fait que la Cor e du Sud soit sous le parapluie nucl aire am ricain,

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
comme l’a r affirm bama apr s l’essai nucl aire nord-cor en de
f vrier , participe grandement cette dissuasion.

Les forces armées américaines et sud-coréennes ont atteint un niveau


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

d’interop rabilit qui, hors forces de l’ rganisation du trait de l’Atlan-


tique nord ( TAN), n’existe nulle part ailleurs. a pr sence de troupes
am ricaines dans la p ninsule peut tre discut e mais elle constitue, pour
S oul, l’assurance ultime de l’implication am ricaine en cas de crise.

La Chine et l’architecture régionale de sécurité


e v ritable d s quilibre de l’alliance pourrait venir de l’ volution rapide
du rapport entre puissances en Asie orientale. Aujourd’hui, sa place d’alli
privil gi de Washington, renforc e par le pivot am ricain vers l’Asie27,
met S oul dans une position diplomatique inconfortable, en particulier
pour ses relations avec la Chine et le apon.

’alliance avec les tats-Unis impose la Cor e du Sud un difficile jeu


d’ quilibrisme avec kin. ors d’une visite S oul en d cembre , le
vice-président américain Joe Biden aurait dit à la présidente sud-coréenne
ark : Cela n’a jamais t un bon pari de jouer contre l’Am rique28 une
phrase qui a eu un grand impact en Cor e du Sud. Elle sous-entend en effet
que le pays doit choisir entre la Chine et les tats-Unis. Au plan culturel et
historique, l’alliance de ans entre S oul et Washington ne fait pas le poids
face aux changes plus que deux fois mill naires de la Cor e avec l’empire
du Milieu. e fait que les tats-Unis puissent d signer la Chine comme leur
principal adversaire strat gique moyen terme en mettant notamment
en avant la hausse constante du budget de défense chinois29 – et le discours
parfois agressif accompagnant ce constat g nent S oul, qui cherche d’abord

26. N.D. Levin, Do the Ties Still Bind? The U.S.-ROK Security Relationship After 9/11, Santa Monica, CA,
Rand, 2004, p.13.
27. S. Rice, « America’s Future in Asia », discours à l’université de Georgetown, 21 novembre 2013.
28. S.-K. Bae, « Translator’s Error or Another Biden’s Gaffe? », The Chosun Ilbo, 9 décembre 2013.
29. Selon The Military Balance 2013 publié par l’IISS, le budget de défense chinois a augmenté en moy-
enne de 15,6 % par an entre 2001 et 2012.

137
politique étrangère 1:2015

m nager kin. a Chine est devenue en le premier partenaire com-


mercial de la Cor e du Sud, devant les tats-Unis. En , les ux vers la
Chine repr sentaient , des exportations du pays, et les produits chinois
15,1 % de ses importations . e commerce vers la Chine est donc logique-
30

ment une priorit du gouvernement sud-cor en, qui a d’ailleurs annonc


qu’il chercherait d’abord aller vers un accord de libre- change avec kin
(dans le cadre du egional Comprehensive Economic artnership, CE ),
avant de rejoindre le Trans- acific artnership (T )31, zone de libre- change

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
en n gociation sous l’ gide am ricaine. a visite du pr sident i inping en
Cor e du Sud en juillet , apr s celle de ark en Chine en juin , est
un symbole fort de la bonne sant des relations entre les deux pays. a ren-
contre de 2013 fut l’occasion de diffuser un Joint Vision Statement qui pr voit
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

notamment le renforcement des m canismes de dialogue. ar ailleurs, les


positions de kin et de S oul sur la Cor e du Nord se rapprochent, kin
r affirmant son exigence d’une d nucl arisation de la p ninsule.

Cet axe sino-cor en est pourtant bien loin de pouvoir tre compar celui
qui lie la Cor e du Sud et les tats-Unis, en particulier pour les questions
de s curit et de d fense. Mais la Chine p se sur l’alliance : pour chaque
d cision, S oul se pose la question de la position et de la r action pos-
sible de kin. Cette sensibilit particuli re s’exprime sp cialement dans
le choix sud-cor en de ne pas int grer le syst me antimissile am ricain32,
l’inverse du apon. e Korea Air and Missile Defense ( AM ), syst me
ind pendant mais utilisant essentiellement des quipements am ricains,
se concentre sur l’interception de missiles d’une portée de 500 à 1 000 kilo-
m tres menace la plus probable pour S oul. e d bat sur l’ largissement
de cette port e est actuellement vif en Cor e. imit e, celle-ci permet pour-
tant de ne pas froisser les Chinois en d ployant un syst me de d fense qui
pourrait sembler dirig contre eux. ’in uence chinoise a aussi t r v l e
par une certaine maladresse sud-coréenne à l’occasion de la création d’une
i e ense entification one (A I ) chinoise incluant des territoires dis-
put s avec le apon mais aussi avec la Cor e du Sud zone de km2
comprenant l’ le de Ieodo. Celle-ci s’est en quelque sorte d solidaris e du
apon et des tats-Unis dans cette affaire, utilisant des discussions bila-
t rales d j pr vues pour demander la Chine de redessiner son A I
afin d’en exclure les territoires sud-cor ens. a Cor e du Sud aurait t
dans une position d licate si la Chine avait accept , car S oul aurait ainsi
implicitement reconnu l’A I chinoise33. a Cor e du Sud a finalement

30. Source : OMC. Les États-Unis représentaient 10,7 % des exportations sud-coréennes.
31. J. Kwanwoo, « Seoul Eyes China Deal Before TPP », The Wall Street Journal, 13 janvier 2014.
32. E.-J. Park, « MD is Diplomatic Quandary for Seoul », Joongang Daily, 18 novembre 2013.
33. V. Cha, « Korea’s Mistake on China’s ADIZ Controversy », CSIS, 2 décembre 2013.

138
États-Unis / Corée du Sud, l’alliance militaire en question

REPÈRES
d cid de modifier sa propre A I 34 ; et Pékin a réagi modérément à cette
annonce, soulignant ainsi la volont chinoise de convergence avec S oul
et le fait que la Chine visait plus particuli rement le apon. Il y a deux
relations absolument nécessaires pour le futur de la Corée : l’alliance avec
les tats-Unis et la coop ration avec la Chine35 c’est bien l le dilemme
de S oul. Si la menace nord-cor enne venait diminuer, S oul pourrait se
r v ler tre plus proche de kin que de Washington.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
es relations tendues entre le apon et la Cor e du Sud sont aussi une
difficult majeure pour l’alliance avec les tats-Unis. ’histoire p se ici for-
tement : l’animosit entre les deux pays date du XVIe siècle et a culminé avec
les ann es d’occupation japonaise et ses crimes parmi lesquels le cas
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

embl matique des femmes de r confort . Une grande partie de l’identit


nationale de chacun se d finit en opposition l’autre. es disputes territo-
riales sont galement une source majeure de tension. a visite du remier
ministre nippon Shinzo Abe au sanctuaire Yasukuni en décembre 2013 a
renforc le sentiment antijaponais S oul et ruin tout espoir d’am liora-
tion des relations court terme. a Cor e du Sud et le apon sont tous deux
des alli s cl s des tats-Unis en Asie, les trois pays formant un triangle
de sécurité37 avec un c t quasi inexistant, celui reliant
Tokyo S oul. r, dans le cadre de son pivot vers Les tensions
l’Asie, pour am liorer l’efficacit de son architecture de Séoul/Tokyo
sécurité dans la région et faciliter notamment la gestion de
la mont e en puissance de la Chine et la menace nord-cor enne, Washington
souhaite ardemment un renforcement de la coop ration entre ses alli s.
Son objectif est de transformer son r seau traditionnel d’alliances de type
hub and spoke en une structure de s curit multilat rale plus souple. a
diplomatie de l’administration bama a ainsi d ploy des efforts
particuliers pour faire se rencontrer, après plus d’un an sans sommet, les
dirigeants nippons et sud-coréens lors d’une conférence sur la sécurité
nucl aire a aye en mars .

es tats-Unis veulent aussi accro tre le r le militaire du apon :


c’est le sens de l’accord de décembre 2013 pour une révision des bilate-
ral defense cooperation guidelines. a Cor e du Sud reste r ticente cette

34. H.-H. Shin, « Korea’s Air Defense Zone Expanded to Ieodo », The Korea Herald, 8 décembre 2013.
35. Y.-J. Choi (ambassadeur de Corée du Sud à Washington, 2012-2013), cité par S. Kim in « US and
Korea Commemorates Ties », Joongang Daily, 18 octobre 2013.
36. Le sanctuaire Yasukuni, créé en 1869, rend hommage aux âmes des victimes de guerre japonaises,
mais aussi de dirigeants nippons reconnus coupables de crimes de guerre après la Seconde Guerre
mondiale (NDLR).
37. V. Cha, Alignment Despite Antagonism: The United States-Korea-Japan Security Triangle, Redwood,
CA, Stanford University Press, 2000.

139
politique étrangère 1:2015

remilitarisation et toute alliance formelle avec le apon, qui serait


in vitablement interpr t e par kin comme dirig e contre elle. En outre,
pour S oul, le apon peut constituer un obstacle la r unification, Tokyo
favorisant le statu quo. Ainsi, pour Scott Snyder : moins que ark et
Abe puissent adopter une politique gagnant-gagnant pour aborder
les sujets qui divisent les deux pays, tous les paris sont ouverts ; la relation
risqu e entre la Cor e du Sud et le apon restera le talon d’Achille du r a-
lignement américain38. Ce mouvement de rejet du apon, coupl une

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
baisse de la menace nord-cor enne, pourrait loigner la Cor e du Sud des
tats-Unis, la rapprocher de la Chine et acc l rer le r armement du apon.
Comme l’ crivait bigniew Brzezinski : a Cor e du Sud, enfin, est un
pivot g opolitique en Extr me- rient. u fait de ses liens troits avec les
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

tats-Unis, elle sert de bouclier contre le apon, dissuadant ce dernier de


constituer une puissance militaire autonome39.

a probl matique, pour S oul, est claire : comment gagner en in uence


en Asie orientale sans s’ali ner l’alliance avec les tats-Unis et l’amiti
chinoise, tout en vitant de choquer le apon Un casse-t te qui ne semble
pouvoir tre totalement r solu que si la r conciliation avec le Nord pro-
gresse. Il est certes difficile de pr voir l’avenir de l’ordre r gional en Asie
du Nord-Est. Mais d’ici , il sera d termin par l’ quilibre de puis-
sance entre la Chine et les tats-Unis. a Cor e du Sud pourra-t-elle rester
sans choisir entre ces deux puissances

***

’alliance militaire entre S oul et Washington a connu une p riode trou-


bl e entre et . Mais la Cor e du Sud est toujours rest e un des
alli s les plus fid les des tats-Unis. e d ploiement en Irak ( - )
d’un maximum de soldats sud-cor ens (pour un total cumul de
hommes), ainsi que d’un petit contingent en Afghanistan de
, en atteste. Cette alliance reste actuellement un atout irrempla able
pour la s curit de la p ninsule, afin que cette derni re ne redevienne
pas l’objet de l’app tit des grandes puissances. Elle dispose de la plupart
des éléments susceptibles de la faire durer : une menace commune, une
confiance mutuelle, des valeurs politiques et conomiques semblables, une
histoire partag e. e plus, la Cor e du Sud se d finit par son antagonisme
avec le Nord, et un changement fondamental de stratégie – comme un ren-
versement d’alliance ne pourrait s’op rer qu’apr s la r unification, ou
du moins la normalisation, des relations avec yongyang. Une clarification
des objectifs chinois serait aussi n cessaire.

38. S. Snyder, « Biden’s Bet on a South Korea Squeezed on All Sides », CFR, 12 décembre 2013.
39. Z. Brzezinski, Le Grand Échiquier, Paris, Fayard, 1997, p.76.

140
États-Unis / Corée du Sud, l’alliance militaire en question

REPÈRES
our durer, l’alliance a cependant besoin d’un double r quilibrage
entre les tats-Unis et la Cor e du Sud, mais aussi du lien trilat ral entre
Tokyo, S oul et Washington. C’est crucial pour que S oul puisse asseoir
sa position de puissance r gionale. a premi re tape de ce r quilibrage
pourrait tre une modification des termes de l’alliance dans la direction
d’un partenariat strat gique global une alliance militaire plus quilibr e
qui ne serait plus centr e sur la seule s curit de la p ninsule. Une des cl s
pour la Cor e du Sud est ici une r forme profonde de ses arm es, pr vue

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)
dans les plans et qui pr voient de nombreuses restruc-
turations et une r duction des effectifs. Elle seule peut lui permettre de
disposer de forces de projection l’autorisant s’engager pleinement aux
c t s des tats-Unis.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Paris 7 - - 81.194.35.225 - 22/09/2016 16h00. © Institut français des relations internationales (IFRI)

La création d’une organisation régionale de sécurité en Asie du Nord-


Est est de l’int r t de la Cor e du Sud. Cette structure semble bien loin
aujourd’hui, l’heure o l’Asie se polarise autour de la politique chinoise,
mais un renforcement des dialogues bilat raux pourrait constituer un pre-
mier pas. Il reste qu’il manque l’alliance S oul Washington une vision
partag e du futur. uel sera son r le si vient le moment de la r unifica-
tion uel sera son r le dans la p riode qui suivra e futur de l’alliance
d pend largement de la fa on dont les deux pays remplaceront la moti-
vation originelle de leur association – la menace nord-coréenne – par la
volont de faire face ensemble aux risques qui p sent aujourd’hui sur leurs
int r ts et leurs valeurs.

Mots clés
Corée du Sud
États-Unis
Chine
Japon

141

Vous aimerez peut-être aussi