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SP2018 Marine Noël

Milieux défavorisés 1
Examen : écrit de 60 min, partie QCM, questions ouvertes, vrai-faux

INTRODUCTION

DE QUOI PARLE-T-ON ?

MILIEUX DÉFAVORISÉS
 « Privé d’un avantage matériel ou moral auquel, par comparaison avec le niveau considéré normal, il
pouvait s’attendre. »  On a moins que ce qui serait normal
 Classes, catégories sociales défavorisées ; régions, nations défavorisées ; département défavorisé.
Synonymes : Pauvre, sous-développé
 Précarité/vulnérabilité  pauvreté ordinaire  misère/dénuement
o Précarité : il suffit d’un petit imprévu pour les faire plonger, mais sont juste au-dessus de la
limite de la pauvreté

MINIMUM VITAL – MINIMUM SOCIAL


On parle beaucoup de seuils, de limites.

Définition du CSIAS (Conférence Suisse des Institutions et de l’Action Sociale :

 « Le minimum social (contrairement au minimum vital) ne doit pas seulement permettre l’existence et
la survie … mais également donner la possibilité de participer à la vie active et sociale. » Car l’être
humain a besoin d’une vie communautaire pour vivre correctement  dépasse la simple survie
biologique

PAUVRETÉ ET ACTION SOCIALE


 Par le biais de charité, des droits humains, du travail social, l’idée est d’aider ceux et celles que le sort
accable.
 La pauvreté renvoit toujours à des manques, insuffisances de ressources  l’action a pour but de
compenser ces insuffisances.
 La pauvreté est également un cumul de désavantages  crée des situations complexes. Donner de
l’argent ne suffit pas (impact sur d’autres domaines : santé, relations sociales, formation, …) 
nécessite des compétences plurielles pour améliorer ces situations.

MILIEUX DÉFAVORISÉS, MILIEUX POPULAIRES


On voit souvent les pauvres comme la classe sociale la plus basse  amalgame : classe populaire ≠ défavorisé.
Le milieu populaire n’a pas forcément besoin d’être aidé.

Effet de domination : Le travail social a une fonction de contrôle social des pauvres  diffuser les modèles
culturels des classes dominantes au sein des milieux populaires.

MAIS tout de même respecter leur culture de base et travailler avec

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 Dialogue interculturel : prendre conscience de ses normes et valeurs pour pouvoir ajuster l’action à celles
des publics auxquels on s’adresse

AU-DELÀ DE LA PAUVRETÉ
Milieux défavorisés = pauvres, mais pas que

Mais la pauvreté n’est parfois que la conséquence d’autre chose : problèmes de santé, maladies psychiques,
toxicomanie, personnes sans statut légal (clandestins, sans-papiers)

  Manque d’autres ressources sociales

MÉLI-MÉLO DE MOTS
Ça dépend des disciplines, des époques, il y a plusieurs mots pour parler des mêmes choses.

Défavorisés, discriminés, désavantagés, exclus, précaires, vulnérable

 Regarder la réalité qui est décrite simplement par le mot

QUELQUES DÉFINITIONS

PAUVRETÉ

ONU, 1997 :
« La pauvreté a plusieurs visages et représente plus qu’un bas revenu. Elle renvoie à la mauvaise santé, à des
lacunes de connaissance et de communication, à l’incapacité d’exercer ses droits humains et politiques et au
manque de dignité, de confiance et de respect de soi. »

 Il faut qu’il y ait un problème de revenu, mais pas que : problèmes de santé, des lacunes de
connaissances, …  pas d’accès à la communication, à la formation, à l’incapacité d’exercer ses droits
 conséquence sur l’estime de soi, la confiance en soi : dimension très individuelle  façon dont la
pauvreté se vit

CHRISTIAN MARAZZI
« Pauvreté = exclusion insoutenable ».

Pour qu’il y ait pauvreté, il faut premièrement une quantité de ressources matérielles et de citoyenneté
excessivement inférieure à la moyenne, un manque tel que le partage des formes de vie communies et la
coopération dans les activités habituelles de la société analysée, soient compromises.

Mais, l’exclusion sociale ainsi définie devient insoutenable seulement lorsqu’elle comporte aussi une crise des
conditions bio-psychiques et morales de la survie d’une personne ou d’un groupe de population.

 Pas que matériel


 Par rapport à l’ampleur de la différence
 Exclusion sociale : Je ne peux plus partager un mode de vie habituel  je ne peux pas faire ce qui
serait normal de faire
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La pauvreté est donc le résultat de la séquence causale : ressources inférieures à la moyenne  exclusion
sociale  crise (psychique) de la survie morale et physique.

COMMISSION EUROPÉENNE, 1984


« Par pauvre on entend les personnes, familles ou groupes de personnes dont les ressources (matérielles,
culturelles et sociales) sont si limitées qu’elles sont exclues du niveau de vie minimal reconnu comme
acceptable dans l’Etat membre où elles vivent »

DIFFÉRENCIATION SELON LES SEUILS


 Pauvreté absolue se réfère à un seuil fixe (selon besoins)  ONU
 Pauvreté relative par rapport à la situation de la population moyenne  Marazzi
 Entre les 2 : seuil fixe, mais différent selon les Etats  Commission européenne

CONCEPTIONS SOCIOLOGIQUES
 Classes sociales : pauvres = classe inférieure
o Avec cette vision, la pauvreté est durable et héréditaire  déterminisme (je n’y peux rien)
 Cumul de désavantages : pauvreté = concentration d’éléments défavorables
o Etat permanent et héréditaire
o Entre les 2 : un peu de ma faute, un peu de malchance
 Individualisation : pauvreté = hasard de la vie
o J’en suis un peu responsable, la société ne doit pas forcément m’aider

QUELQUES RAPPELS DES CLASSIQUES

TOCQUEVILLE
2 idées fondamentales pour comprendre la complexité de la pauvreté

 Pauvreté relative : les besoins diffèrent selon la culture et la période historique


 Pauvreté subjective : être versus se sentir pauvre  rapport psychologique (ex : les africains qui n’ont
rien mais qui ne se sentent pas pauvre

MARX
 Pauvreté découle des rapports de forces sociaux, entre bourgeois et ouvriers. Pour faire un maximum
de profit, les patrons paient leurs ouvriers le moins possibles  domination

SIMMEL
 Pauvreté individuelle (je n’arrive pas à assouvir mes besoins individuels : religion, alcoolisme, … 
subjectif) est différente de la pauvreté sociale (le statut de pauvre reconnu  il y a assistance)
o Pauvreté cachée : ne demandent pas d’aide, car ils ont honte

DÉVELOPPEMENT HUMAIN/ONU
Amartya Sen a grandi en Inde et a vécu les grandes famines.

 Grandes famines ne sont pas dues au manque de nourriture, mais parce que les gens n’avaient pas les
moyens d’accéder à la nourriture
 La notion d’entitlement (statut qui fait que j’ai accès à qqchose ou non)

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 La notion de capability (liberté réelle)


o Possibilités objectives (il y a de la nourriture) + conditions de leur activation
(environnementales, sociales, etc.  je ne peux pas y avoir accès)
 Outils possibles pour l’empowerment des populations défavorisées

PAUVRETÉ OU EXCLUSION ?
La pauvreté n’est pas qu’un manque de ressources matérielles. Elle devient « exclusion sociale » selon le regard
que la société pose sur elle :

 Castel : désaffiliation sociale (rupture de lien social)


 Paugam : disqualification sociale (intériorisation d’une image négative  on intériorise qu’on a moins
de valeur que qqun d’autre  impact sur l’estime de soi)

HISTORIQUE

Prend des formes variables selon l’époque et le type de société

 Taille et complexité de la société


o Plus la société est petite, plus les pauvres sont bien intégrés.
o Dans une grande société, il y a plusieurs groupes de pauvres différents.
 Type d’économie : subsistance (besoins fondamentaux) vs. abondance (beaucoup de biens)
 Représentations sociales des inégalités et de la pauvreté  vécu de la pauvreté
 Réponses institutionnelles / traitement social des pauvres
o Quelles aides ou assurances on met en place pour ces personnes dans notre société ?

MOYEN-ÂGE AU TEMPS MODERNE


 Moyen-âge :
o Dieu a décidé que les nobles devaient être nobles et que les pauvres seraient pauvres  pas
de questionnement sur les causes de la pauvreté

 XIXème siècle : une triple révolution


o Industrielle : grandes industries se développent  pauvreté des ouvriers et paupérisme
o Sociopolitique : les droits de l’homme et du citoyen  pose la question de l’égalité des
conditions de vie
o Scientifique : développement des sciences humaines  on questionne la société et la place
de la pauvreté

XXÈME SIÈCLE – LA MISÈRE DISPARAÎT …


 Naissance de la protection sociale généralisées et développement économique (accident, maladie,
vieillesse)
o Mutuelles et assurances sociales
o Protection du minimum vital
o Elévation du niveau de vie
o Société d’abondance et de loisirs : biens matériels
o Forte confiance dans le progrès (économique, technologique, politique et social)

… MAIS PAS LA PAUVRETÉ


 30 glorieuses (1945-75) : le temps de l’illusion

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o Les pauvres qui restent : vieux et marginaux (alcooliques, simples d’esprit)  ils pouvaient
travailler, mais avec des tâches mal rémunérées
o Pourtant : nouvelles pauvretés urbaines (SDF)  hiver 56 (très rude) et création des
compagnons d’Emmaüs
 Fin du siècle : la machine à croissance se grippe
o 1980 : crise pétrolière, crise des banlieues, politiques néolibérales
 Abandon de la lutte contre le chômage, ça fait partie des dommages collatéraux de
l’économie
 En Suisse, on se demande si on a vraiment des pauvres
o 1990 : chômage structurel et nouvelles pauvretés  combien avons-nous de pauvres ?
 On ne redescend plus au-dessous des taux de chômage (taux-plancher = qui restent
peu importe l’offre)

XXÈME SIÈCLE – NOUVELLES PAUVRETÉS


 La fin du plein-emploi :
o Chômeurs de longue durée dans les régions dévastées par la désindustrialisation
o Socle de chômage incompressible : on ne peut rien y faire
o La galère (mot pour les jeunes) / économie de la débrouillardise (cumuler petits boulots, au
noir, …)

 Travailler n’offre plus la sécurité de vie


o Pauvreté laborieuse / working poors
 Un salaire ne suffit plus  retour des femmes sur le marché du travail
o Dérégularisation et désyndicalisation
 Lois qui protégeaient les employés réduites et perte de l’importance des syndicats
 Le travail devient moins protégé : on licencie plus facilement
o Emploi précaire (CDD, intérim, sous-traitance)
 Sous-traitance : moins bonnes conditions
o Transitions technologiques + économique = déqualification
 Les jeunes sont plus à l’aise avec la technologie, l’expérience n’est plus le seul
critère.
 Changement de type de management : avant, on essayait de produire les meilleurs
produits (faire bien)  dans les années 90, on privilégie le respect des délais, la
quantité, pas grave si la qualité est un peu moins bonne

 La crise des banlieues


o Des conditions de logement : vieux quartiers, maisons tombent en ruine
o De l’intégration et des perspectives d’avenir : sur le marché du travail, discrimination 
moins d’espérance  impact sur l’humeur, ne veulent plus s’intégrer parce que ça sert à rien

 Nouvelles fragilités familiales et relationnelles


o Hausse de la divortialité  un salaire ne suffit plus à faire vivre deux ménages (2
appartements, 2 abonnements téléphone, …)
o Allongement espérance de vie  on hérite à la retraite : moins de protection contre la
pauvreté
o Mobilité résidentielle : on est de plus en plus mobiles  perte des solidarités du milieu
originel, recréer un réseau social et les ressources liées à la connaissance de son lieu de vie
 On ne peut plus demander de l’argent à un ami qu’on n’a pas revu depuis 10 ans, on
ne connaît pas les institutions qui s’occupent de tel ou tel problème, on doit mettre
nos enfants en crèche parce qu’on ne connaît personne dans son quartier, …

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CH : L’ÉTUDE NATIONALE SUR LA PAUVRETÉ

Leu, Burri et Priester (1997), uni de Berne

 Entre 5.6 et 10.3% de pauvres en Suisse (400'000 à 700'000 personnes) selon seuil retenu
 Groupes à risque : Etrangers, Indépendants de petites entreprises, Hommes seuls, Femmes seules
mais divorcées, Personnes (femmes) élevant seules des enfants
Cette étude a été reprise par Caritas, les working poors (1998) :

 Le travail ne protège plus de la pauvreté : le contrat des 30 glorieuses est rompu


Causes de la pauvreté liées :

 Marché du travail, revenus pro


 Configurations familiales et formes de vie communes

DÉBUT DU 3 È M E MILLÉNAIRE

MÉTAMORPHOSES DU TRAVAIL :
 Flexibilité, nouveau management
 Secteurs en déclin + objectifs de rentabilité
 Souffrance au travail : burnout, harcèlement, mobbing

POLITIQUES NÉOLIBÉRALES SANS CONTRE-POUVOIRS :


 Protéger les riches (baisser impôt= pour alimenter la croissance)
 Responsabilité individuelle  état-providence ne doit pas tout couvrir. On doit être responsable de
sa propre vie. Prônent le moins d’intervention possible de l’Etat

PROTECTION SOCIALE EN CRISE


 Déphasage + critiques + difficulté à réformer
o Déphasage : les assurances ne sont plus en phase avec les parcours de vie actuels, elles sont
faites pour les parcours typiques…
o Sources de critiques : trop chères, n’en fait pas assez
o Difficultés objectives à la réformer, c’est délicat

DES PHÉNOMÈNES NOUVEAUX CHANGENT LA DONNE :


 Gagnants et perdants de la mondialisation
o Concurrence avec d’autres pays  insécurité
o Croissance des inégalités : les riches migrent dans les pays où ils paient moins d’impôts 
régulariser devient impossible

 Sociétés globalisées et migrations mondiales


o Structures sociales en évolution et dérégulations
o Valeurs différentes (religion, famille)  complique la prise en charge des vulnérables

 Mass-médias, internet et réseau sociaux


o Illusion de la réussite à portée de tous (réussir sans avoir de BAC)
o Le standard de vie des stars comme référence
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o Nouveaux métiers, nouvelles sources de revenu

LE PRÉCARIAT
 Individualisation, peu de solidarité  difficulté à mobiliser ces gens, ils ne révèlent pas leurs
problème  ça s’empire : carrière d’assisté
 Désormais à grande échelle, ne touche plus seulement les gens peu qualifiés.

NOUVELLES PAUVRETÉS

Pauvretés ordinaires

 Les bas salaires et les précaires


 Les exclus assistés sans perspectives
o Plus les compétences requises, durablement aux services sociaux
Le retour de la grande pauvreté

 Sdf et sans-abris (exclus non assistés)


 La mendicité
 Les personnes âgées ou malades isolées
 L’accès aux soins et au logement compliqués
 L’accès scientifique à ces populations : compliqué de les rencontrer, de les interroger, ne se livrent pas
facilement

RETOUR SUR LE PASSÉ

DU MOYEN-ÂGE AUX TEMPS MODERNES

MOYEN-ÂGE :
 Pauvre =
o Situation et non état
o Celui qui doit travailler pour qqun d’autre
o Objet de charité

 Riche =
o Celui qui possède des terres et qui subvient seul à ses besoins
o Donnent aumône pour accéder au Salut (paradis)
o Paie indulgences pour pardonner leurs péchés

 L’évêque :
o Responsable d’organiser la charité : la maison de l'Evêque devient celle des pauvres, il leur
donne vêtements et vivres
o De nombreuses institutions charitables sont développées en Europe faisant de l’Eglise le
principal acteur économique

 Assistance aux pauvres et hospices :


o Payée par l’aumône et les indulgences des riches
o Limitée à une population contrôlée (police, registre, matricules)
o Genève : depuis 1535

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DE L’ANCIEN RÉGIME À LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE


Pauvres=

 Travailleurs indigents : réfugiés, veuves/orphelins, chômeurs, invalides, mendiants, vieillards,


vagabonds
 Populations dangereuses : bandits, déserteurs, ex‐militaires, escrocs, tricheurs, proxénètes,
prostituées

EN 1634 À BESANÇON
L’Evêque J.P. Camus, Traité de la pauvreté évangélique

 La pauvreté, c’est ne pas subvenir à ses besoins autrement que par le travail. Privations de choses
nécessaires pour la vie humaine.

1688 EN ANGLETERRE
Un recensement dénombre : 30’000 vagabonds, bohémiens, mendiants et voleurs et 400’000 familles
constamment à la limite économique de la survie

1790 À PARIS
Le Comité de Mendicité de l’Assemblée constituante estime qu’une famille de deux adultes et trois enfants est
pauvre si elle dispose de moins de 435 livres Le Comité fixe ainsi un premier seuil officiel de pauvreté (critère
précis) pour un ménage  donne l’accès à l’aide sociale

XIX : LA QUESTION DU PAUPÉRISME


La pauvreté de l’ère industrielle, Triple Révolution

LA NAISSANCE D’UNE COMPRÉHENSION SCIENTIFIQUE DE LA PAUVRETÉ


 Des sociologues (approches qualitatives)  comprendre pourquoi, les relations  Tocqueville, Marx
et Simmel
 Et des économistes (approches quantitatives)  combien  Le Play, Booth

SOCIOLOGIE DE LA PAUVRETÉ
La pauvreté ne constitue plus actuellement un champ de la sociologie

Serges Paugam : « Ce qui est sociologiquement pertinent, ce n’est pas la pauvreté en tant que telle mais la
relation d’interdépendance entre la population qui est désignée socialement comme pauvre et la société dont
elle fait partie »

ALEXIS DE TOCQUEVILLE (1805-1859)


Mémoire sur le paupérisme (1835) : Première formulation de la question sociale que pose la pauvreté et son
évolution

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 Les besoins sont socialement et historiquement construits


 Il introduit : la pauvreté est à la fois relative (à chaque culture, pays) et subjective (être pauvre vs se
sentir pauvre)
 Besoins croissent avec développement économique  + de gens qui ne peuvent pas y subvenir 
paradoxe
o Donc développement économique = cause de la pauvreté
o Travail d’aide aux pauvres complexifié, finalement, qu’est-ce qu’on est d’accord de financer ?
 Pauvre = recourir à l’aide de l’assistance = assisté (rapport de dépendance + déclassement)
 La charité publique est à éviter – mais la charité privée ne suffit pas
o A éviter car perte du lien social entre donateur et receveur, risque de créer une classe oisive,
privation de l’exercice de leurs droits  rendre charité publique désagréable
 Dans les régions très développées bcp de gens à l’assistance sociale / dans les régions peu
développées peu de gens à l’assistance sociale
 Exode des populations rurales vers zones industrielles car espérance d’un meilleur niveau de vie
 L’assistance crée un rapport de dépendance négatif : on devient inférieur en faisant valoir son droit
 Propose une redistribution des terres

KARL MARX (1818-1883) ET F. ENGELS


« Le Capital » (1867) : basé sur l’enquête d’Engels sur les ouvriers d’usine  dénonce l’exploitation de la classe
ouvrière

 Pauvreté = conséquence des rapports de force déséquilibrés de la société capitaliste. La population


pauvre assure le fonctionnement du système capitaliste.
o Pour faire plus d’argent  accroître les horaires et diminuer les salaires
o Petite bourgeoisie (petits paysans, artisans) soutient les capitalistes
 Armée(s) industrielle(s) de réserve (flottante, latente, stagnante) : ouvriers prêts à aller travailler dans
les usines dans des conditions plus défavorables car pas de papiers, manque d’expérience, …
o Mobilisation (grève) difficile car la réserve remplace les grévistes…
 Lumpenprolétariat : une catégorie de pauvres : prostitués, criminels, veuves, assistés, invalides  ne
cherchent pas à travailler en usine, certains aptes au travail, d’autres non (Hôtel des invalides)
 Cycles économiques et théorie de la paupérisation : la classe ouvrière devient toujours de + en +
pauvre car obligés d’accepter mauvaises conditions de travail à cause de la concurrence (dumping
salarial)  cela ne peut changer qu’avec une révolution

LE NOMBRE DE PAUVRES AU XIX


 Contrairement à ce que pensaient Tocqueville et Marx, la pauvreté fluctue  augmente durant les
crises de production, et diminue durant les périodes de croissance
 La théorie de Marx voudrait que le revenu ouvrier diminue dans le temps. En réalité il s’élève avec le
développement économique (= Tocqueville).
o Amélioration technologique  besoin de personnel plus qualifié
o Développement syndicats ouvriers

GEORG SIMMEL (1858-1918)


« Les pauvres » (Der Arme, 1908)

La société = résultat des interactions entre les individus

 les actions réciproques existant entre les individus et les groupes


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 La société est constituée par un réseau de droits et d’obligations réciproques


o Ex : pauvreté  droit du pauvre à être aidé : ambigu car engendre honte et sentiment de
déclassement
o 3 formes de la relation droit-obligation : droit du donneur domine, droit du bénéficiaire
domine, forme intermédiaire (Etat obligé d’assister, mais pas de droit absolu du pauvre à être
aidé)

 Pauvreté individuelle versus pauvreté sociale


o Pauvreté individuelle
 Notion relative variant d’un individu à l’autre
  Minimum vital valable partout n’existe pas  pauvreté sociale n’existe pas
o Pauvreté sociale :
 Elle naît quand les pauvres acceptent l’aide  l’assistance précède la pauvreté
 Loi sur l’assistance publique
o Promulguée en 1895 en Allemagne
o L’assistance se distingue des législations d’assurances sociales souvent liées au statut de
salarié  il n’y a pas besoin d’avoir un salaire pour être aidé.
o L’assistance est personnelle et ne couvre que des besoins particuliers  Elle s’attache
davantage à satisfaire le donateur (défendre sa réputation) que le receveur. Elle assure la
protection et la défense de la société bien plus que celle de l’individu.
 Assistance individuelle a plus d’effet négatifs sur le pauvre que l’aide sociale
publique

VERS UNE COMPRÉHENSION EMPIRIQUE DE LA PAUVRETÉ

L’ÉTUDE DES FORMES DE PAUVRETÉ

Comment calculer le salaire min. pour que les ouvriers restent en vie et qu’ils restent productifs dans l’usine ?

Le salaire min sera rapidement converti en min vital. Pour ce faire, l’aide sociale reprendra ces théories :

ÉCOLE ANGLAISE : BOOTH


 Analyses multidimensionnelles : Revenu, travail, conditions de vie générales (situation nutritionnelle,
conditions de logement)
 Combinaison de différentes méthodes : Sondage et observation (écoles) + données administratives
(police, église, administration de district)
Résultats de Booth

1) Modèle de classe sociale : 8 catégories sociales


2) Utilisation de plusieurs seuils de pauvreté : « the poor », « the very poor » (ceux qui ne peuvent se
nourrir suffisamment)
3) Répartition spatiale de la pauvreté : Classement des rues et des quartiers de Londres
4) Les causes de l’appauvrissement : Condition de travail (rémunération insuffisante)

ROWNTREE
1899: Première enquête sur la pauvreté (York)

 Prise en considération de tous les ménages, amélioration méthodologie par rapport à Booth, va voir
sur le terrain
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 Deux degrés de pauvreté : primaire (peut pas couvrir besoins physiques fondamentaux) et secondaire
(peut couvrir besoins physiques fondamentaux mais pas besoins sociaux et culturels)
o Calcul du seuil de pauvreté primaire en regardant les menus de la semaine
 Six causes de pauvreté : valables encore aujourd’hui et sont à la base des systèmes de protection
sociale  AVS, AI, Assurances chômage, Assurance accident, …
o Cause principale : bas salaire
o Mort du salarié ou de la salariée
o Maladie ou âge du salarié, soutien de la famille
o Chômage
o Interruptions de travail, travail occasionnel
o Taille de la famille/nombre d’enfants

BOWLEY
 Introduit des techniques d’échantillonnage, ça évite de devoir aller vraiment toquer chez tout le
monde  amélioration des techniques
 On se base sur ce type d’enquête pour calculer combien donner aux pauvres pour qu’ils ne meurent
pas de faim
o Volet alimentaire développé à la suite de ces études : combien l’humain a besoin de calories
par jour (survie biologique ou vie en bonne santé)

L’ÉCOLE ANGLAISE ET AIDE SOCIALE


Années 50 : élévation du niveau de vie, minimum social remplace minimum vital, on cherche d’autres manières
de mesurer (ex : panier-type)

Actualisation des normes : difficulté  actualiser les normes parce que les caractéristiques de la population
changent, certains coûts ont augmenté, d’autres ont diminué (habillement)

LES LIMITES DE L’APPROCHE MONÉTAIRE


On ne prend pas en compte

 Les ressources non monétaires : autoproduction des agriculteurs, prestations non monétaires (les
proches qui gardent nos enfants gratuitement)
 Les dépenses extraordinaires : pensions alimentaires versées par les pères divorcés, dettes, coûts de
santé, remplacement des biens durables (voiture, frigo  cher à l’achat mais durent longtemps, il faut
avoir des économies)

L’APPROCHE DES « CONDITIONS DE VIE »


 Neurath, Weisser, Leu
 Définition : La marge de manœuvre offerte à un homme par les circonstances extérieures dans le but
de satisfaire durablement les intérêts qui déterminent le sens de sa vie  savoir ce qui est important
pour moi  pauvreté individuelle
 Points essentiels
o Multidimensionalité : multiplicité de caractéristiques liées les unes aux autres
o Les personnes touchées par la pauvreté sont considérées comme des sujets agissants
o Dimension subjective : Les besoins sont définis par les personnes touchées par la pauvreté
o Permet d’identifier les déficits qui ne pourront pas être compensé par des moyens
financiers (santé, estime de soi, droits humains)
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o Idée de cumul de désavantages : les préjudices se combinent et s’amplifient mutuellement

ANNÉES 1950-1960
Augmentation niveau de vie, sécurité de l’Etat-providence, + de formation, modèles familiaux diversifiés 
diversification des formes d’existence et des situations de vie

LES APPROCHES PAR LA CONSOMMATION


Elles apparaissent dans les années 1960 comme alternative aux approches basées sur le minimum vital 
Comment calculer ce qui est nécessaire pour une vie décente ? Et non plus minimum vital

 Panier CSIAS / panier de la ménagère

LA PRIVATION MATÉRIELLE
Townsend : Poverty in the United Kingdom (1979)

 Est pauvre celui qui ne dispose pas du niveau de vie minimum généralement accepté dans une
société
 Etude avec interrogation de 6000 personnes  Echelle pour mesurer la privation : 60 items
(biens/activités)  0 ou 1  score global de privation
 Critiques de l’approche de Townsend
o Standards définis par les chercheurs, arbitraire, pas de pondération, cause de l’absence
d’item pas prise en compte (choix ?)
 Amélioration du concept de privation : Townsend, Mac et Lansley, Halleröd
o Pondération en fonction de l’importance sociale dans la société en question, prise en compte
des manques uniquement si c’est pour cause de manque d’argent, …

L’EXCLUSION SOCIALE

En Europe, le terme d’exclusion se réfère en premier lieu aux chômeurs - en particulier aux jeunes chômeurs
et aux chômeurs de longue durée

 Quelques repères historiques : les mots changent, mais le concept décrit reste le même
o 1965 : première apparition en France (Klanfer)  Allemagne  USA
o 1974 : en France paraît livre de Lenoir  introduit le concept d’« exclusion sociale » dans les
débats
o 1980 : l’expression d’« exclusion sociale » devient en France un concept socio-politique
agrégé (RMI)
o 1990 : l’Union européenne commence à utiliser le concept d’exclusion à la place de celui de
pauvreté
 Elargissement conceptuel de la recherche sur la pauvreté : relations sociales entre les exclus et ceux
qui excluent, aspect dynamique de la pauvreté, la pauvreté est conçue comme étant fortement
discontinue
 La perspective de la sociologie française (Durkheim, Bourdieu): L’exclusion est comprise comme une
distinction symbolique (entre ceux qui font partie de la société et ceux qui n’en font pas partie) qui
produit des identités différentes

LOÏC WACQUANT

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Aux USA : durcissement des lois (état régalien avec polices et prisons) + suppression mesures d’aide pour
contrôler les populations en cours de précarisation  punir les pauvres : le nouveau gouvernement de
l’insécurité sociale

PRÉCARITÉ, VULNÉRABILITÉ

= ce qu’on obtient par la prière  échappe à notre contrôle  incertitude, instabilité

Le terme se répand en France dès la fin des années 70. Il est difficile à traduire dans d’autres langues car
renvoit aux recherches sociales françaises.

SOCIÉTÉ DU RISQUE

Ulrich Beck (1986) :

 En même temps qu’on a ouvert l’espace, on a cassé la solidarité  individualisation, on ne peut


compter que sur soi  + de liberté, mais de nouveaux risques (chômage, divorce)
o Nouvelles formes d’inégalités horizontales en fonction du sexe, de l’âge, de la nationalité, etc.

PRÉCARITÉ

Zone de vulnérabilité = juste en-dessus de la limite de la pauvreté  risque de pauvreté réel

Fin du plein-emploi (disponible pour tout le monde), fin de la confiance dans le progrès économique et social

AGNES PITROU
Vivre sans famille ? Les solidarités familiales dans le monde d’aujourd’hui / La vie précaire, des familles face à
leurs difficultés  recherches pour les caisses d’allocation familiale

Etudie les groupes sociaux qui ont un logement, un travail, mais qui sont dans la précarité

 Ex : famille de classe ouvrière, mais qui veulent adapter leurs E aux normes de l’extérieur (BAC, …)
3 parcours :

 Vivre de façon permanente dans des situations globalement défectueuses (logement, maladie,
handicap, ressource insuffisantes, travail harassant, épuisement, …)
 Problèmes qui reviennent régulièrement (E toujours malades, changements d’emploi, …)
 Familles qui rencontrent un problème (maladie, perte d’emploi, diminution des ressources, …) mais
qui retrouvent un équilibre  disparaissent
Plusieurs formes de précarité :

 Marché du travail : ni le mari, ni la femme n’ont de réelle qualification  salaire bas, travail pénible,
instable, peu de syndicats
 Ressources monétaires : salaire bas, irréguliers, fixé par employeur  aucune maîtrise des ressources
 Santé : grossesse, accouchement, dépression, maladies chroniques, accident travail, maladies non-
soignées  complications
 Logement : habitat bon marché, quartiers délabrés ou HLM
o 2 étapes : logement transitoire (trop petit, inconfortable en centre-ville  HLM normalisé) 
éloignement de leur famille
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 Intégration sociale et culturelle : faiblement reliées à leur env. social, sauf au travail et avec la famille,
pas de voiture, peu de loisirs, pas de vacances  peu de contact
C’est rarement un seul aspect qui pose problème : c’est le cumul des difficultés qui est catastrophique. Quel
élément est le déclencheur de la situation de précarité ?

 Moment-clé 1 : fondation du ménage et début de la vie conjugale


Souvent très tôt et pas toujours sur des affinités, mais pour fuir des obligations ou parce que la femme
tombe enceinte. Idéalisé par les femmes, réalité différente. Les hommes ont plus de loisirs. Peu de
mélange entre classes sociales.
 Moment-clé 2 : arrivé du 1er enfant
Perturbe l’équilibre, réduction durable du travail de la femme  baisse de revenu. Difficile de trouver
un nouvel équilibre. Fécondité incontrôlée, reproduction modèles parentaux.
 Moment-clé 3 : arrêt du travail de la mère
Accompagne naissance, mais peut aussi faire suite à une maladie, un licenciement, réorganisation des
conditions d’emploi. Comment compenser la baisse de ressource ? Comment trouver un nouvel
équilibre de vie ?
 Moment-clé 4 : naissance E handicapé ou malade
Nécessite surveillance continue, changement rythme familial, préoccupation constante. Oblige mère à
quitter son emploi et à négliger reste du ménage  conséquence difficile car couverture inexistante
ou médiocre par les mutuelles
 Moment-clé 5 : maladie ou accident du chef de famille
Grosse perte financière, demande aide immédiate, envisager reconversion (difficile avec leurs
moyens), idem si licenciement, chômage
 Moment-clé 6 : changement de logement
Budget pour le déménagement, achat nouveaux meubles, loyers souvent + hauts (marché),
restructuration des réseaux quotidiens (école, travail, commerces, médecin, + de temps et + coûteux
pour aller travailler…), éloignement de la famille  perte soutien familial
 Moment-clé 7a : équilibre précaire du couple
Divorces peu répandus, distance s’installe entre les conjoints : horaires différents, non-partage des
responsabilités familiales, indépendance de l’H pour ses loisirs  vie parallèle, couples peu solidaires,
on reste ensemble par nécessité (encore pire seul)
 Moment-clé 7b : rupture du couple
Générateur de tension, d’anxiété pour l’ensemble de la famille  insécurité permanente, propice à
l’agressivité, la violence entre parents ou envers enfants
Notion de vie précaire :

 On peut faire de petites interventions, mais aucune ne pourra vraiment sécuriser la situation 
difficile d’apporter un soutien
 Aspect global : toute la famille, tout le réseau  difficile à améliorer
 Souvent repliés sur eux-mêmes

1980-90 DE LA PRÉCARITÉ DES FAMILLES À LA PRÉCARITÉ DE L’EMPLOI


Schapper va reprendre le terme et l’appliquer au monde du travail

 Emplois précaire  peu de protection


 Parmi les gens qui travaillent, il y a de la pauvreté
Paugam La disqualification sociale, Le salarié de la précarité

14
SP2018 Marine Noël

 Autre que le chômage, la zone de l’intégration professionnelle précaire : CDD, intérim, stages  ne
touche plus seulement les classes peu formées, mais aussi une partie des classes moyennes
 Disqualification sociale : le vécu, l’identité personnelle et sociale, prendre conscience de l’infériorité de
son statut
o Fait une typologie : les marginaux, les assistés, les fragiles (NEW) : font régulièrement appel à
l’aide social, irrégularité du revenu

1990-2000 AU-DELÀ DE L’EMPLOI, LA PRÉCARITÉ GÉNÉRALISÉE


Précarisation vue de manière encore plus globale. Ne vient plus des familles, ni de l’emploi, mais de l’ensemble
de la société. C’est l’insécurité générale qui amène à la précarité. Les travailleurs à statut stables peuvent aussi
vivre la précarité.

Boltanski et Chiapelle Le nouvel esprit du capitalisme

 Un marché qui offre plein de bonnes conditions et un marché du travail qui est celui de tous les
risques. Intégrés et précaires constituent 2 classes
Bourdieu

 Précarité comme mode de domination vise à contraindre les travailleurs à la soumission et à


l’acceptation de l’exploitation  nouvel arme = insécurité du travail

DISCUSSION VIDÉO

Lien entre les personnes pauvres et les professionnels :

 Rencontrer des personnes qui sont payées pour me voir


 Difficultés dans la parentalité
 Statut de pouvoir sous-entendu par la relation d’aide
 Stigmatisation
 Poverty studies  rien sur nous sans nous
 Sentiment d’injustice
 Perte d’estime de soi, de singularité, de confiance en soi
 Pitié
 Responsables de leur situation
 Pauvreté = bonne santé du système (capitalisme)
 Tabou/silence autour des inégalités sociales
 Reproduction sociale de la pauvreté
 Normes de la « bonne parentalité »
 On ne les écoute pas
 « tomber » dans les filets de l’assistance  peur

QUE POURRAIT-ON FAIRE ? - PIÈGES


 Réfléchir avec et non pas pour la personne
 Ne pas voir ce qu’on impose parce qu’on le fait pour le bien de la personne
 Amener ses savoirs au bon moment
 Trouver une bonne distance
o Ne pas se mettre à la place de l’autre
o Mais s’impliquer quand même
 Psychologisation
15
SP2018 Marine Noël

 Ne pas mettre la personne au centre, la mettre avec nous, autour de la table.

HISTORIQUEMENT ET PAR DÉFINITION

Mais ‘populaire’ renvoie aussi à des manières d’être et de vivre spécifiques, à des goûts et dégoûts spécifiques,
à des normes et valeurs spécifiques => ‘culture populaire’

Faire partie des gens qui gagnent peu ne signifie pas forcément vivre mal/ malheureux.

DÉFINITION CLASSES POPULAIRES

Groupes de population qui sont moins dotés en différents capitaux (Bourdieu) :

 Economique (argent, bijoux), culturel (formation, livres), social (réseau social, avoir des contacts),
symbolique (maîtrise des codes et normes des classes supérieures)

RAPPORT DE DOMINATION

La domination culturelle (Bourdieu) se présente sous 2 formes :

 Survalorisation de leur propre culture, souvent présentée comme ‘naturelle’/évidente,


incontestablement la meilleure et la plus évoluée
 Dénigrement des cultures populaires, présentées comme basiques, incultes, naïves, ringardes, etc
Ex : les professions intellectuelles vs manuelles

AMBIVALENCE DES MILIEUX POPULAIRES

Les milieux populaires perçoivent le poids et l’injustice de la domination culturelle. Ils peuvent aussi mettre à
l’écart la culture dominante. Plus ou moins d’adhésion ou de rejet par rapport à la culture dominante.

FACE À L’ÉCOLE
Un des domaines où l’ambivalence est particulièrement forte

 D’un côté, fierté des milieux populaires de transmettre une histoire familiale, une tradition de métier
 De l’autre, la volonté de permettre à ses enfants une progression sociale qui les fasse accéder à une
vie plus confortable – et de suivre le modèle qui valorise les études longues (et intellectuelles)
Vision de la formation comme un des remèdes à la pauvreté

Christophe Delay (2012) a fait une étude à Genève :

 3 attitudes :
o Familles autochtones avec E qui réussissent : envie secrète que l’E fasse le même métier que
nous, même si un autre métier paierait mieux
o Familles autochtones avec E en échec scolaire : envie que l’E atteigne le CFC
o Familles immigrées : envie que l’E fasse des études, pas d’ambivalence
 Ils n’ont pas d’identité car leurs diplômes ne sont pas reconnus  recherche avant
tout d’une vie meilleure
Autres rapports de domination : les administrations avec leur jargon, accès à la justice (coût, jargon,
compréhension et capacité à se faire assister), le jargon du médecin
16
SP2018 Marine Noël

SOLIDARITÉS POPULAIRES
 Solidarité dans le lieu de vie (quartier, immeuble)  liens de proximité
 Solidarité professionnelle, surtout si on a peur de loisirs
 Solidarité de classes : largement disparues aujourd’hui

DISPARITION DES MILIEUX POPULAIRES

Parler de classes est devenu ‘has been’ Tout le monde se réclame de la classe moyenne. Populaire’ ne s’utilise
plus guère que pour la variété et les émissions de télé

REPRODUCTION SOCIALE

Les familles transmettent ce qu’elles ont : pauvreté/richesse, leurs capitaux, normes, goûts/dégoûts, styles de
vie, préférences en matière d’études ou de professions

Certains enfants partent du mauvais pied dans la vie : manque de capitaux, stigmatisation, discrimination,
sentiment d’infériorité

 Risque de performances scolaires réduites car les parents ne peuvent pas les aider (pas de temps, ne
pas savoir, mauvaise maîtrise de la langue, du système scolaire)
 E fréquentent peu les autres E de milieux différents (accueil extra-familial/scolaire)
 Pas d’argent pour des livres ou d’autres supports, pour des cours d’appui

MANQUE À LA STIGMATISATION
 Mauvaise alimentation : obésité, mauvaise santé  remarques, moquerie des camarades
 Manque d’hygiène, de ménage (argent, temps)  remarques des camarades
 Manque de stimulation  retard cognitif  remarques des camarades
Sentiment d’infériorité + blocage biologie des processus de réflexion

DISCRIMINATION
 Notes et appréciations des enseignants influencés par leur vision des parents, de l’origine de l’E
 Les bonnes performances sont moins reconnues. Les lacunes des riches sont davantage pardonnées.
 Les E pauvres redoublent +, sont + souvent orienté vers des cursus moins qualifiants, risquent + de
décrocher

EFFET D’ASCENSEUR

Les classes populaires sont mieux formées aujourd’hui, mais les autres classes aussi. Donc pas de rattrapage
des classes populaires. Un CFC reste une bonne formation, mais c’est désormais un minimum alors qu’avant
c’était mieux vu.

IMPACT À LONG TERME DE LA FORMATION


 CFC : favorise l’entrée sur le marché du travail, ils sont moins au chômage que ceux qui font de
longues études. Mais s’ils tombent au chômage après 50 ans, c’est plus difficile. Les salaires évoluent
peu. Peu de possibilité de progression professionnelle.
 Longues études : Chômage important en début de carrière – mais plus après Bonne progression
professionnelle et salariale

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SP2018 Marine Noël

 Pas de qualification : facteur de pauvreté très grand, la pauvreté est plus intense et dure plus
longtemps. Bas salaire, peu de progression professionnelle, travail précaire (sur appel, CDD), peu
d’épargne ou d’assurance donc moins résistants aux accidents de la vie, + impact sur la santé : frais de
santé, incapacité de travail, faible protection sociale

HOMOGAMIE ET HOMOSOCIABILITÉ

Le fait de se marier, de rester ensemble avec d’autres gens de milieux populaires.

La mobilité sociale et intergénérationnelle reste limitée en Suisse même s’il y a des exceptions. Le cas spécial
des enfants de migrants : ils réussissent mieux.

QUI CELA CONCERTNE-T-IL ?

2 TYPES D’INÉGALITÉ

Inégalités verticales :

 Classes sociales et stratification sociale


Inégalités horizontales :

 Caractéristiques individuelles : Nationalité, âge / génération (cohorte), sexe, situation familiale et


professionnelle, région, etc.
 On peut être favorisé dans un domaine de vie et défavorisé dans un autre  Inconsistance statutaire

STATISTIQUES

En Suisse :

 < 10% de pauvreté


 Les + touchés sont les + de 65 ans puis les 0-17 ans
 Femmes + touchées que les hommes
 Pays hors de l’Europe + touchés
 Avec seulement 1 diplôme de l’école obligatoire
 Personnes seules + ménage homoparental
 Moins exposés : + de 65 sans enfant, ou couple avec 1 E
 Ménage où personne ne travaille
 Les indépendants sont + à risque que les salariés

LES GROUPES « À RISQUE »


 Nationalité étrangère
 Bas niveau de formation
 Mères (pères) élevant seules des enfants ; Personnes seules / divorcées; Familles (nombreuses)
 Enfants/jeunes + retraités (surtout s’ils vivent seuls)
 Régions fortement peuplées (villes) ; Tessin et Suisse romande + touchés
 Ménages avec une faible activité professionnelle, petits indépendants, branches à bas salaires,
saisonniers, temps partiel annuel, CDD

QUESTIONS D’INTERSECTIONNALITÉ

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SP2018 Marine Noël

Accumulation de plusieurs facteurs de risques  change le vécu de la pauvreté, bcp de nuances 


compréhension des situations complexes

LES CAUSES DE LA PAUVRETÉ


 Origine sociale
 Inégalité sur le marché du travail
o Travail irrégulier, bas salaires, manque de qualification, chômage, exigences accrues
(rentabilité, productivité), sous-emploi
 Système de protection sociale qui ne protège pas comme il le devrait
o Maladie longue durée, chômage longue durée, vieillesse et financement des homes
 Configurations familiales et communautaires
o Familles monoparentales, divorces, personnes âgées, isolées, mobilité géographique (perte
des soutiens familiaux et communautaires traditionnels, perte de repères)
 Santé
o Maladie chronique, handicap, tout n’est pas couvert, moins de gain, moins employabilité,
conséquences psychiques de la maladie, très faible reconnaissance des maladies
professionnelles
 Caractéristiques individuelles
o Rapport au travail et à la société (refuser le système, valeurs), manque de volonté pour
s’intégrer dans la vie professionnelle, manque de volonté pour acquérir une qualification

PERSISTANCE DES INÉGALITÉS VERTICALES ET INFLUENCES HORITONTALES

Rarement un état permanent Mais plutôt un état épisodique, plus ou moins récurrent. Lié aux changements :
Transitions biographiques (entrée dans la vie active, mise en couple, naissance des enfants, retraite, etc.) et
événements de vie critiques (divorce, chômage, échec professionnel, etc.).

Des fois, c’est difficile de distinguer les causes des conséquences de la pauvreté. Il faudrait plutôt la voir
comme un système où les éléments sont interreliés. Il n’y a pas forcément 1 élément déclencheur.

DYNAMIQUE DE LA PAUVRETÉ DANS LE TEMPS

La pauvreté peut se transmettre  reproduction sociale. Elle tend à se concentrer sur des réseaux de
socialisation pauvres (fermée sur elle-même).

SORTIR DE LA PAUVRETÉ

Difficulté à le faire dépend de la durée des carences en ressources économiques, du moment où celle-ci
survient dans la vie de l’individu, respectivement dans celle de la famille, et du contexte sociohistorique dans
lequel elle a lieu

En Suisse, la pauvreté est généralement de courte durée (1% durablement). Mais beaucoup de personnes y
sont confrontées au moins 1x dans leur vie, ou de manière récurrente.

QU’ENVISAGE-T-ON ?

Il y a une garantie de la Constitution qui dit qu’on a tous le droit de vivre en dehors de la pauvreté.

Grâce
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SP2018 Marine Noël

 Au système de protection : assurances sociales (automatique) et aides sociales publiques (sur


demande, il faut prouver qu’on est pauvre  dévalorisation. Ex : bourse, avances de pensions
alimentaires, subsides pour caisses maladie)
 Aux mesures de prévention : soutien à la formation, à l’emploi, habitat
 Soutien aux organismes de terrain : Caritas, ATD Quart-monde, CSP
Il y a plein de gens qui n’entrent juste pas dans les catégories… mais malgré tout une bonne efficacité. L’AVS
permet d’enlever la moitié du taux de pauvreté en Suisse. On passe de 30.7% à 16%. Si on rajoute les bourses,
les prestations complémentaires, on a plus que 7.5% de pauvreté.

Les gens ne touchent pas toujours les aides qu’ils devraient.

RÉPONSES INSTITUTIONNELLES

XXe siècle: aussi des mesures de coercition

 Enfants placés (yéniches + pauvres), Stérilisations forcées, Filles-mères emprisonnées, Arrestation


pour vagabondage (<5fr en poche), Prison pour dettes
Retour en arrière culturel :

 Mesures de surveillance votées par le parlement, Interdiction de la mendicité


Eglises, ONG, fondations

 Caritas, CSP : conseils, aident à payer des petites factures inattendues


 Aide alimentaire (carton du cœur), soutien scolaire, accueil d’urgence, refuges, prosenectute,
juventute, infirmis, …

RÉPONSES DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

Autres actions indirectes ou plus ponctuelles : Permanence sociale (avocat, notaire, impôts), vacances REKA,
associations d’immigrés, clubs loisirs

Actions individuelles : Mouvement d’aide spontanés, entraide familiale, bénévolat et dons

VERS UNE POLITIQUE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

Aide sociale suisse teintée par le fédéralisme (fédération, canton et commune). Il y a une coordination
interinstitutionnelle. Il y a donc des commissions cantonales, fédérales, organismes supra-institutionnels, …

XIXe: idée dominante d’une responsabilité individuelle de la pauvreté + mise à l’écart

 Pauvre = faible et paresseux – Etat n’intervient pas


 ‘Asiles’ pour vieux, femmes et orphelins
Début XXe

 Premières assurances sociales obligatoires (OFAS créé en 1913, CNA après la guerre)
 Conflits sociaux, grande récession: l’Etat ne peut plus ignorer les causes structurelles = aide aux
chômeurs (cantons/communes) + soutien à l’économie (Confédération)
Fin XXe

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SP2018 Marine Noël

 Extension des assurances sociales fédérales (AVS : 1947, puis AI, PC, AC, PP)  système des 3 piliers
 Pauvreté devient marginale  désinvestissement de l’aide sociale (pensée comme mesure transitoire
pour des cas particuliers)
 Réorientation de tous les acteurs vers une aide désormais plus personnalisée et moins axée sur le
contrôle => aide ‘sur mesure’ via professionnels
1990s et Début XXIe

 Retour de la pauvreté sur la scène nationale


 Mise en place de statistiques de la pauvreté et de l’aide sociale  rapports sociaux
 Changements sociaux (chômage, nouvelles migrations, modèles familiaux)
 Hausse des dépenses sociales (assurances, aide, éducation, santé, transferts privé-public (tâches
autrefois prises en charge par le privé, sont prises par l’état))
2003, première conférence nationale :

 Souligne le besoin de cohérence et de coordination des dispositifs existants, Relève les lacunes de
connaissance
Deuxième conférence devait avoir lieu en 2007

 Reportée  Aboutit à la ‘Stratégie globale de la Suisse en matière de lutte contre la pauvreté’ (2010)
Mars 2010 : Publication du rapport

Novembre 2010: nouvelle Conférence nationale sur la pauvreté

 Présentation de la Stratégie à un large public + Discussion du développement et de la mise en œuvre


des priorités fixées dans la Stratégie
 Les cantons, villes et communes signent une déclaration qui promet
o D’encourager l’intégration dans le marché du travail,
o D’améliorer l’égalité des chances dans le domaine de la formation et
o De soutenir, par des prestations complémentaires pour familles, les familles qui ne
parviennent pas, en dépit d’une activité lucrative, à couvrir leurs besoins de base.
 Ils s’engagent à dresser tous les deux ans un bilan de l’effet des travaux
Novembre 2012: Table-ronde

 Représentants des cantons, des communes, des villes, des partenaires sociaux, des ONG et des
personnes touchées par la pauvreté
 Conclusions : Il faut renforcer les efforts en matière de prévention et de lutte contre la pauvreté +
Coordination des mesures relevant de plusieurs domaines pol. par la Confédération
 2013: travaux en vue d’un nouveau programme 

PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ 2014-2018 (5 ANS)


Programme suisse

 Vise à : Augmenter les chances de formation des personnes en situation précaire + Soutenir leur
intégration sociale et professionnelle + Améliorer les conditions de logement, l’accès aux
informations des personnes concernées, et la situation des familles + Evaluer les mesures prises pour
prévenir et combattre la pauvreté

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SP2018 Marine Noël

 9 thèmes d’action : Encouragement précoce Encouragement précoce dans les communes Choix et
débuts professionnels Formation de rattrapage Intégration sociale et professionnelle Logement
Informations pour les personnes concernées Pauvreté des familles Dettes
 3 types d’actions : Etudes, Soutien de projets, Manifestations, Rencontres régulières
 Objectifs
o Etre ambitieux et pragmatique.
o 1) renforcer la collaboration et la coordination entre les acteurs, 2) promouvoir un débat
fondé sur le thème de la pauvreté en Suisse, 3) assurer un meilleur accès à l’information aux
personnes concernées par la pauvreté et aux organisations qui les représentent, 4)
expérimenter de nouvelles approches et les diffuser auprès des acteurs, 5) élargir le champ
de connaissances des acteurs
 Organisation : Groupe de pilotage, 9 membres : siège 2-3 fois par an pour orienter le programme et
prendre les décisions nécessaires, Groupe d’accompagnement : Veille sur la mise en œuvre du
programme et formule des recommandations pour les adaptations nécessaires, Groupes de projet
 Avril 2018 :
o Résultats du programme + Evaluation du programme
o Recommandations Cadre national nécessaire pour assurer la cohérence et l’efficacité des
actions menées Confédération doit continuer à jouer un rôle actif Élaboration et mise à
disposition de travaux de référence + promotion des échanges et de la collaboration entre les
acteurs  un nouveau plan va être mis en place (2020).
 Critiques : il y a un écart entre les intentions et le travail fait concrètement. De plus, d’autres décisions
politiques prises à d’autres niveaux viennent en contradiction avec ce qui est dit dans le programme.

LES GRANDS PROGRAMMES INTERNATIONAUX

La lutte contre la pauvreté se passe partout dans le monde.

L’ONU et les grands organismes internationaux :

 Programmes de lutte contre la faim, promotion de L’éducation, La santé (vaccins), Les droits civiques
et les libertés fondamentales, Les grands programmes pour le développement
Au niveau européen

 L’Union européenne et le Conseil de l’Europe

LE DÉVELOPPEMENT AU CŒUR DE L’ACTION DE L’ONU

Jusque dans les années 1990 Pays en voie de développement, Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement), Approche macro (on pense qu’en agissant sur le pays dans son ensemble on arrivera à agir
sur la pauvreté individuelle), Aussi dans les indicateurs mis en place (HDI et HPI = Human Developpment
Index et Human poverty Index)

Le premier grand programme 

OBJECTIFS DU MILLÉNIUM POUR LE DÉVELOPPEMENT (OMD)


Déclencheur de nombreux programmes

 2000-2015
 But : délivrer nos semblables de la misère, phénomène abjecte et déshumanisant
 8 objectifs donnant lieu à un large éventail de mesures pratiques
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SP2018 Marine Noël

 Placer les personnes et leurs besoins immédiats au premier plan

3 DIMENSIONS
Le développement économique ne suffit pas. Il faut tenir compte de 3 dimensions : économie, environnement,
question sociale. Il faut toujours se développer sur ces 3 axes. Encore accepté aujourd’hui.

LES OBJECTIFS :
1. Éliminer extrême pauvreté et faim
2. Assurer éducation primaire pour tous
3. Promouvoir égalité des sexes et autonomisation des femmes
4. Réduire mortalité infantile
5. Améliorer santé maternelle
6. Combattre VIH/SIDA, paludisme, autres maladies
7. Préserver environnement
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
On n’est pas très loin du programme de la Suisse…

BILAN
+ 1 mia de personnes sorties de l’extrême pauvreté, jamais eu autant de filles dans les écoles, partenariats
nouveaux et innovants, effets positifs des objectifs ambitieux, cependant les inégalités persistent, les + pauvres
sont laissés de côté  besoin de prolonger le mouvement !

AGENDA 2030 : LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD)


Nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 (15 ans à venir)

 But visé: mobilisation de tous les pays pour mettre fin à toutes les formes de pauvreté, combattre les
inégalités et s’attaquer aux changements climatiques (sécheresse), en veillant à ne laisser personne
de côté
 S’appuie sur le succès des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et vise à aller plus
loin pour mettre fin à toutes les formes de pauvreté
17 Objectifs de développement durable :

Pas de pauvreté, faim « zéro », bonne santé et bien-être, éducation de qualité, égalité entre les sexes, eau
propre et assainissement, énergie propre et d’un coût abordable, travail décent et croissance économique,
industrie innovation et infrastructure, inégalités réduites, villes et communautés durables, consommation et
production responsables, mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques, vie aquatique, vie
terrestre, paix justice et institutions efficaces, partenariats pour la réalisation des objectifs.

 Uniques  ils sont un appel à l’action par tous les pays – pauvres, riches ou au revenu moyen
 But: éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous
 Chaque objectif a des cibles spécifiques à atteindre dans les 15 prochaines années. Pour que les
objectifs soient atteints, chacun doit faire sa part : les gouvernements, le secteur privé, la société
civile et les personnes comme vous
 Accord mondial sur le changement climatique Paris 2015

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SP2018 Marine Noël

La Suisse s’est engagée à suivre les stratégies pour les années 2016-2019. 18 projets sont soutenus. Cet
engagement est porté par l’ARE.

L’UNION EUROPÉENNE
 Une action à deux niveaux : Macro (soutien aux Etats-membres pauvres) et Micro (soutien aux
individus pauvres)
 Les grands programmes communautaires 2010: Année européenne de lutte contre la pauvreté et
l’exclusion sociale
 Les indicateurs de Laeken permettent de mesurer et monitorer la pauvreté dans les Etats-membres:
la statistique pour guider l’action politique. Revenu, chômage, santé, etc.

LES ONG INTERNATIONALES

Jouent un rôle indispensable, elles sont intégrées au dispositif global. Si elles ne sont pas là, les programmes ne
peuvent pas fonctionner. Rôle de garde-fou, de critique, de stimulation et de complémentarité, ….

Critiques : manque de constance (on se montre que quand les caméras sont là), quand les ONG sont là, ils ont
les moyens et font grimper les prix du marché où ils vont.

INTERVENTION SOCIALE

DISTINCTIONS

Deux grandes options

 Prévenir ou guérir (action en amont ou en aval)


 Donner un poisson ou apprendre à pêcher (rendre l’autre dépendant ou autonome)
Avec des nuances

 Soigner ≠ guérir
 Apprendre: transmettre son savoir ≠ faire émerger une intelligence propre (apprendre à apprendre)

PAUVRETÉ RECONNUE – PAUVRETÉ CACHÉE

Pauvreté reconnue : ont accès aux aides sociales, aux prestations complémentaires, aux services caritatifs

Pauvreté cachée

 Refus du droit : trop pauvre ou pas assez (trop pauvres, on pense que ce n’est pas possible de vivre
avec si peu, ils doivent nous mentir)
 Méconnaissance des droits
 Résignation, restriction des aspirations (on n’y pense pas, on se serre la ceinture, inconscient)
 Honte, éviter une exclusion plus forte (résignation consciente)
 difficile à prendre en charge

AVEC QUI?
 Institutions  outils et cadres d’intervention officiels
o Pièges: normativité (les lois sont fait d’après les normes de la culture et de l’époque) +
limites des cadres (critères à remplir) + électoralisme (on répond aux besoins de la
population qui peuvent voter pour nous)

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SP2018 Marine Noël

 ONG et autres associations de bonnes volonté => projets


o Pièges: manque de suivi (les personnes à l’origine de ces ONG changent, déménagent, sont –
motivées  arrêt de l’aide) + normativité
 Les milieux défavorisés pour eux-mêmes => action collective
o Pièges: individualisme (ne va pas pour les gens qui n’ont pas envie d’avoir à faire avec des
voisins, collègue, …) + manque de cohérence

PRÉVENIR LA PAUVRETÉ

Auprès des enfants qui grandissent dans la pauvreté

 Encouragement précoce, AEMO, Soutien aux parents, Placements à visée éducative (en institution ou
en famille d’accueil)
Piège: caractère normatif de ces interventions

AEMO
Un courant déjà ancien avec des institutionnalisations variables selon les pays. En Suisse, depuis 1971.

 Mesure proposée par les autorités de protection de l’enfance en cas de difficultés éducationnelles,
pour protéger le développement de l’enfant  bcp de familles monoparentales
 En France, il s’agit d’une mesure judiciaire de protection de l’enfant en danger. La famille ne peut pas
s’y opposer
 Résoudre des difficultés éducatives, d’ordre personnel, familiales, sociales, scolaires ou
professionnelles
 But: provoquer le changement
 Intervention à domicile d'un travailleur social pour mieux comprendre l’env de l’E et tenir compte de
l’ensemble de la situation dans son quotiden => proximité et intensité + condition importante : obtenir
l’adhésion de la famille
 Concerne plutôt des enfants en âge scolaire jusqu’à la majorité
 Identifier les besoins et problèmes mais aussi les ressources et compétences de la famille
 De fait, l’action concerne souvent la relation parents-enfant et vise à (r)établir un fonctionnement
acceptable pour la famille ET pour la société (services officiels, école)
 Ne cible pas les milieux pauvres en général mais les milieux défavorisés du point de vue des
compétences éducationnelles
 Bases de l’intervention
o Base théorique: analyse systémique éducative
o Outils: observation, entretien et partage d’activités quotidiennes
o Autres démarches basées sur les acquis de la formation: mise en lien avec l’entourage,
médiation, orientation vers des réseaux professionnels, accompagnement dans des
démarches administratives, élaboration de projets (scolaires, professionnels, culturels, etc.),
rappel des normes légales et sociales

PRÉVENTION EN MATIÈRE DE SANTÉ


Second grand volet en matière de prévention de la pauvreté

 Garantir l’accès aux soins (financièrement mais aussi pratiquement : moyens pour y aller, transports
publics, langue, relation soignant-soigné / domination médicale)

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SP2018 Marine Noël

 Développer les savoirs et les savoirs-faire propres à se maintenir en bonne santé (notamment: critères
de bonne alimentation) => grandes campagnes d’information
 Programmes de vaccination
 Santé et sécurité au travail

LES APPROCHES BASÉES SUR LA CAPACITÉ D’ACTION DES MILIEUX DÉFAVORISÉS

Intervention sociale par le haut

 Nos spécialistes hautement formés vont venir vous aider à résoudre vos problèmes (et vous apprendre
à pêcher comme nous le faisons/voulons). Pas de vrai démarche émancipatrice.
Ou action/mobilisation par la base

 Nous pouvons apprendre à pêcher par nous-mêmes, avec les techniques à notre disposition et que
nous maîtrisons et développons par nous-mêmes
Principes de base des approches émancipatrices (=libère de la tutelle)

 Action collective, ancrée dans le milieu, les spécialistes sont là pour initier et entretenir le processus
(donner l’impulsion, suivre, relancer quand il faut), mais surtout pas pour dire comment faire 
accompagnants, animateurs mais pas professeurs

ACTIONS COMMUNAUTAIRE, PARTICIPATIVE, ÉMANCIPATRICE


 Participative = faire ensemble, participer aux décisions qui nous concernent
 Communautaire = améliorer la vie dans la communauté
 Émancipatrice = donner les outils pour changer le système

ACTION COMMUNAUTAIRE
Historiquement

 Se développe en Europe dans la mouvance post-68  moyens souples et non institutionnels


permettant aux personnes concernées d’être actrices de changement
 Progressivement remplacée par des interventions plus institutionnalisées
Ensemble de pratiques sociales allant de l’organisation de collectivités locales à l’économie sociale et solidaire
 autre but que de simplement faire de l’argent, réflexion différente sur l’économie

Suppose en particulier La participation des individus La recherche de solution tenant compte des
caractéristiques et des ressources du milieu dans lequel ils évoluent => décentralisation et travail collectif

S’inscrit dans un mouvement de la société civile visant la promotion de la qualité de vie et de la défense des
droits des citoyens (US)

 Actions de formes diverses: Animation sociale Développement communautaire Action sociale Action
populaire Intervention sociale
Se veut démocratique : on se met ensemble, on prend des décisions en commun, Vise principalement
l’intérêt général, Revendique Autonomie décisionnelle (en particulier vis-à-vis de l’Etat) Financement non-
orienté vers le profit

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Rôle des intervenants sociaux : Mobiliser les énergies => donner l’impulsion, donner envie, favoriser les
échanges, réunir, aider à clarifier les besoins, les souhaits, les lignes du projet Médiation avec les autorités, les
savants, les administration et autres services officiels (rôle de ‘traducteurs’ entre des milieux qui parlent des
langues différentes) Pilotage du projet (aider à garder la ligne ou à le faire évoluer quand c’est nécessaire ou
souhaité)

Le rôle des femmes au niveau local

 Presque partout sur la planète, les femmes jouent un rôle essentiel au niveau local. Elles vivent sur
place. Elles connaissent donc bien leur environnement, les gens, les lieux, les ressources naturelles ou
sociales Elles ont souvent un rôle central dans la gestion des relations de proximité (famille et
voisinage) Elles assument la plus grande part de l’éducation des enfants et les soins aux plus faibles
 Par contre, elles sont souvent limitées par des rôles sociaux qui les maintiennent au second rang Elles
manquent donc souvent de confiance en elles et de légitimité pour agir Elles ne sont souvent pas
éduquées et leurs savoirs ne sont pas valorisés – elles-mêmes n’en sont souvent pas conscientes Ce
sont donc des piliers de premier ordre pour l’action mais elles ont besoin d’être confortées dans ce
rôle  notion d’empowerment
Empowerment

 Littéralement: rendre puissant-e / donner du pouvoir, agir par soi-même, prendre son destin en main

L’ÉDUCATION POPULAIRE
 S’inscrit dans un mouvement général d’accès des pauvres et des ouvriers au savoir et donc à
l’éducation et aux livres Au-delà de l’instruction obligatoire, pas que les savoirs académiques qui
comptent. Donner aux opprimés les moyens de comprendre leur situation et donc de la changer
 Objectifs
o Promouvoir, en dehors des structures traditionnelles d'enseignement et des systèmes
éducatifs institutionnels, une éducation visant l'amélioration du système social Reconnaît à
chacun-e la volonté et la capacité de progresser et de se développer, à tous les âges de la
vie. reconnaît aussi la culture dite populaire (ouvrière, paysanne, de banlieue, etc.)
 Ex : université populaire
A l’origine, n’avait pas forcément le progrès social comme objectif, volonté de transformation sociale par
l’éducation et l’accès à la culture Mais déjà l’action collective au centre.

Forte marginalisation des acteurs historiques dès les années 80. Crise de l’emploi => ambitions culturelles et
émancipatrices ont été reléguées au second plan + jugées bien puériles pour lutter contre les nouveaux défis
sociaux créés par cette crise de l’emploi

THÉÂTRE COMME SUPPORT DE CHANGEMENT SOCIAL


Depuis très longtemps, le théâtre a été utilisé pour dénoncer toutes formes d’injustices et d’oppressions.
Force évocatrice du théâtre + anonymat du masque

Faire passer des messages y compris parmi les populations non lettrées ou parlant d’autres langues. Amener la
grande culture aux classes populaires Critique sociale / théâtre politique => stimuler la révolte contre
l’injustice et la volonté de changer le monde.

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Du théâtre politique au théâtre d’intervention sociale Changer la vie des gens plutôt que changer le système
(même si dans les faits, les deux sont assez indissociables…) Augusto Boal, Brésil, 1960’

Boal et le Théâtre de l’opprimé

Nouvelle forme de théâtre : le spectateur peut intervenir. Jeune chimiste, Boal crée le Théâtre Arena de São
Paulo en 1956 (il a 25 ans) Théâtre classique + théâtre populaire, de rue et contestataire => y développe le
personnage du spect-acteur Ce théâtre social est jugé subversif après les coups d’Etat de 1964 et 1968 En
1971, il publie ‘le théâtre de l’opprimé’, est arrêté et s’exile en France. Il repart en Amérique latine où il
continue à expérimenter diverses formes de théâtre participatif et éducatif

Théâtre Forum

Développé années 60, Boal dans les favelas de Sao Paulo, théâtre participatif qui vise à conscientiser et à
informer des populations qui subissent diverses formes d’oppression S’utilise beaucoup auprès de
populations non alphabétisées dans des pays peu développés Mais aussi en usage dans les pays développés
pour soulever des problèmes de société

Principe général : Des comédiens créent une fable de 15-20mn sur un thème illustrant des situations
d’oppression ou la réalité sociale, économique ou sanitaire du public visé => scénettes de la vie quotidienne =>
très concrètes et ordinaires On peut cibler toutes sortes d’oppressions: sociales, religieuses, de genre, etc. Ils
s’inspirent de discussions et de personnages rencontrés lors de précédentes expériences La chute est souvent
catastrophique. Ensuite, on va sur les lieux d’intérêts du quartier : 1ère représentation sans interruption, 2ème
représentation où le meneur de jeu invite le public à intervenir (comment on pourrait faire autrement ?)

Obj : prise de conscience de l’oppression, dire qu’on peut changer, conscientisation, appel à la mobilisation,
initier un changement social

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SP2018 Marine Noël

Questions :

 Ne pas se fier aux nombres de dias pour savoir si c’est important ou pas
 Il y a des bases à connaître, mais il y a aussi beaucoup de compléments pour illustrer, éveiller notre
curiosité…
o Comprendre le phénomène de pauvreté, leur origine, les populations confrontées
o Mesures historiques et actuelles pour lutter contre la pauvreté (et de considérer les pauvres),
en particulier les mesures en vigueur en Suisse car c’est là qu’on va agir
o Outils dont on pourra se servir dans notre futur

 A savoir :

o Concepts généraux sur les différents types de pauvreté (absolue, relative, ind, sociale,
objective, subjective)
o Les différences entre pauvreté, exclusion et précarité dans leurs causes et leurs effets
 Précarité : situation un peu meilleure mais confrontés aux risques de se retrouver en
situation de pauvreté
o Les groupes concernés par la pauvreté (vert. + hor.)
 Inégalités verticales : les gens en bas de l’échelle  pauvres = classe sociale la plus
basse, ce n’est pas parce qu’on est dans la classe la plus basse qu’on est pauvre
 Inégalités horizontales : sexe, personnes âgées, divorce, etc. La pauvreté ne se
matérialise de la même façon pour tous.
o Les programmes actuels de lutte contre la pauvreté
 ONU, Confédération, savoir en gros ce qu’ils prônent
o Les outils pratiques d’intervention auprès des milieux défavorisés et les pièges à éviter

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