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Année

Année universitaire
universitaire 2022-23
2021-2022

PREMIÈRE ANNÉE LICENCE DROIT

INTRODUCTION AU DROIT PUBLIC

Semestre 1

Cours de Monsieur le Professeur J. Viguier

Dossier n° 8: Les limites du contrôle de constitutionnalité

Travail à réaliser : Commentaire

Décision n° 62-20 DC du 6 novembre 1962, Loi relative à l’élection du Président de la


République au suffrage universel direct, adoptée par référendum du 28 octobre 1962.

Documents:

1. Décision n° 62-20 DC du 6 novembre 1962, Loi relative à l’élection du Président de


la République au suffrage universel direct, adoptée par référendum du 28 octobre 1962
2. Décision n° 71-44 DC du 16 juillet 1971, Loi complétant les dispositions des articles
5 et 7 de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association
3. Décision n° 74-54 DC du 15 janvier 1975, décision dite « IVG »
4. Décision n° 92-312 DC du 2 septembre 1992, Traité sur l’Union Européenne
5. Décision n° 92-313 DC du 23 septembre 1992, Loi autorisant la ratification du traité
sur l’Union Européenne
6. Décision n° 2003-469 DC du 16 mars 2003, Révision constitutionnelle relative à
l’organisation décentralisée de la République
7. Décision n° 2004-496 DC du 10 juin 2004, Loi pour la confiance dans l’économie
numérique
8. Décision n° 2006-543 DC du 30 novembre 2006, Loi relative au secteur de l’énergie
9. Décision n° 2010-5 QPC du 18 juin 2010, SNC KIMBERLY CLARK
10. Décision n° 2010-605 DC du 12 mai 2010, Loi relative à l’ouverture à la concurrence
et à la régulation des secteurs des jeux d’argent et de hasard en ligne
11. Décision n° 2013-314 QPC du 4 avril 2013, M. Jeremy F
Document n° 1 - Décision n° 62-20 DC du 6 novembre 1962, Loi relative à l’élection du
Président de la République au suffrage universel direct, adoptée par référendum du 28
octobre 1962

(...)

1. Considérant que la compétence du Conseil constitutionnel est strictement délimitée par la


Consti- tution ainsi que par les dispositions de la loi organique du 7 novembre 1958 sur le
Conseil constitutionnel prise pour l'application du titre VII de celle-ci ; que le Conseil ne saurait
donc être appelé à se prononcer sur d'autres cas que ceux qui sont limitativement prévus par
ces textes ;

2. Considérant que, si l'article 61 de la Constitution donne au Conseil constitutionnel mission


d'apprécier la conformité à la Constitution des lois organiques et des lois ordinaires qui,
respectivement, doivent ou peuvent être soumises à son examen, sans préciser si cette
compétence s'étend à l'ensemble des textes de caractère législatif, qu'ils aient été adoptés par le
peuple à la suite d'un référendum ou qu'ils aient été votés par le Parlement, ou si, au contraire,
elle est limitée seulement à cette dernière catégorie, il résulte de l'esprit de la Constitution qui
a fait du Conseil constitutionnel un organe régulateur de l'activité des pouvoirs publics que les
lois que la Constitution a entendu viser dans son article 61 sont uniquement les lois votées par
le Parlement et non point celles qui, adoptées par le Peuple à la suite d'un référendum,
constituent l'expression directe de la souveraineté nationale ;

Décide :
Article premier :
Le Conseil constitutionnel n'a pas compétence pour se prononcer sur la demande susvisée du
Président du Sénat.

Document n° 2 - Décision n° 71-44 DC du 16 juillet 1971, Loi complétant les dispositions


des articles 5 et 7 de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association

Le Conseil constitutionnel,

Saisi le 1er juillet 1971 par le Président du Sénat, conformément aux dispositions de l'article
61 de la Constitution, du texte de la loi, délibérée par l'Assemblée nationale et le Sénat et
adoptée par l'Assemblée nationale, complétant les dispositions des articles 5 et 7 de la loi du
1er juillet 1901 rel- ative au contrat d'association ;

Vu la Constitution et notamment son préambule ;

Vu l'ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel,


notamment le chapitre II du titre II de ladite ordonnance ;

Vu la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association, modifiée ;


Vu la loi du 10 janvier 1936 relative aux groupes de combat et milices privées ;
1. Considérant que la loi déférée à l'examen du Conseil constitutionnel a été soumise au vote
des deux assemblées, dans le respect d'une des procédures prévues par la Constitution, au cours
de la session du Parlement ouverte le 2 avril 1971 ;

2. Considérant qu'au nombre des principes fondamentaux reconnus par les lois de la
République et solennellement réaffirmés par le préambule de la Constitution il y a lieu de
ranger le principe de la liberté d'association ; que ce principe est à la base des dispositions
générales de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association ; qu'en vertu de ce
principe les associations se constituent librement et peuvent être rendues publiques sous la
seule réserve du dépôt d'une déclaration préalable ; qu'ainsi, à l'exception des mesures
susceptibles d'être prises à l'égard de catégories particulières d'associations, la constitution
d'associations, alors même qu'elles paraîtraient entachées de nullité ou auraient un objet illicite,
ne peut être soumise pour sa validité à l'intervention préalable de l'autorité administrative ou
même de l'autorité judiciaire ;

3. Considérant que, si rien n'est changé en ce qui concerne la constitution même des
associations non déclarées, les dispositions de l'article 3 de la loi dont le texte est, avant sa
promulgation, soumis au Conseil constitutionnel pour examen de sa conformité à la
Constitution, ont pour objet d'instituer une procédure d'après laquelle l'acquisition de la
capacité juridique des associations déclarées pourra être subordonnée à un contrôle préalable
par l'autorité judiciaire de leur conformité à la loi ;

4. Considérant, dès lors, qu'il y a lieu de déclarer non conformes à la Constitution les
dispositions de l'article 3 de la loi soumise à l'examen du Conseil constitutionnel complétant
l'article 7 de la loi du 1er juillet 1901, ainsi, par voie de conséquence, que la disposition de la
dernière phrase de l'alinéa 2 de l'article 1er de la loi soumise au Conseil constitutionnel leur
faisant référence ;

5. Considérant qu'il ne résulte ni du texte dont il s'agit, tel qu'il a été rédigé et adopté, ni des
débats auxquels la discussion du projet de loi a donné lieu devant le Parlement, que les
dispositions précitées soient inséparables de l'ensemble du texte de la loi soumise au Conseil ;

6. Considérant, enfin, que les autres dispositions de ce texte ne sont contraires à aucune
disposition de la Constitution ;

Décide :
Article premier :

Sont déclarées non conformes à la Constitution les dispositions de l'article 3 de la loi soumise
à l'examen du Conseil constitutionnel complétant les dispositions de l'article 7 de la loi du 1er
juillet 1901 ainsi que les dispositions de l'article 1er de la loi soumise au Conseil leur faisant
référence.
Article 2 :

Les autres dispositions dudit texte de loi sont déclarées conformes à la Constitution.
Document n° 3 - Décision n° 74-54 DC du 15 janvier 1975, décision dite « IVG »

Vu la Constitution, et notamment son préambule ;

Vu l'ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel,


notamment le chapitre II du titre II de ladite ordonnance ;

1. Considérant que l'article 61 de la Constitution ne confère pas au Conseil constitutionnel un


pouvoir général d'appréciation et de décision identique à celui du Parlement, mais lui donne
seulement compétence pour se prononcer sur la conformité à la Constitution des lois déférées
à son examen ;

2. Considérant, en premier lieu, qu'aux termes de l'article 55 de la Constitution : « Les traités


ou ac- cords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité
supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par
l'autre partie. » ;

3. Considérant que, si ces dispositions confèrent aux traités, dans les conditions qu'elles
définissent, une autorité supérieure à celle des lois, elles ne prescrivent ni n'impliquent que le
respect de ce prin- cipe doive être assuré dans le cadre du contrôle de la conformité des lois à
la Constitution prévu à l'article 61 de celle-ci ;

4. Considérant, en effet, que les décisions prises en application de l'article 61 de la Constitution


revêtent un caractère absolu et définitif, ainsi qu'il résulte de l'article 62 qui fait obstacle à la
promulgation et à la mise en application de toute disposition déclarée inconstitutionnelle ; qu'au
con-traire, la supériorité des traités sur les lois, dont le principe est posé à l'article 55 précité,
présente un caractère à la fois relatif et contingent, tenant, d'une part, à ce qu'elle est limitée au
champ d'application du traité et, d'autre part, à ce qu'elle est subordonnée à une condition de
réciprocité dont la réalisation peut varier selon le comportement du ou des Etats signataires du
traité et le moment où doit s'apprécier le respect de cette condition ;

5. Considérant qu'une loi contraire à un traité ne serait pas, pour autant, contraire à la
Constitution ;

6. Considérant qu'ainsi le contrôle du respect du principe énoncé à l'article 55 de la Constitution


ne saurait s'exercer dans le cadre de l'examen prévu à l'article 61, en raison de la différence de
nature de ces deux contrôles ;

7. Considérant que, dans ces conditions, il n'appartient pas au Conseil constitutionnel, lorsqu'il
est saisi en application de l'article 61 de la Constitution, d'examiner la conformité d'une loi aux
stipula- tions d'un traité ou d'un accord international ;

8. Considérant, en second lieu, que la loi relative à l'interruption volontaire de la grossesse


respecte la liberté des personnes appelées à recourir ou à participer à une interruption de
grossesse, qu'il s'agisse d'une situation de détresse ou d'un motif thérapeutique ; que, dès lors,
elle ne porte pas atteinte au principe de liberté posé à l'article 2 de la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen ;
9. Considérant que la loi déférée au Conseil constitutionnel n'admet qu'il soit porté atteinte au
prin- cipe du respect de tout être humain dès le commencement de la vie, rappelé dans son
article 1er, qu'en cas de nécessité et selon les conditions et limitations qu'elle définit ;

10. Considérant qu'aucune des dérogations prévues par cette loi n'est, en l'état, contraire à l'un
des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ni ne méconnaît le principe
énoncé dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, selon lequel la nation garantit
à l'enfant la protection de la santé, non plus qu'aucune des autres dispositions ayant valeur
constitutionnelle édictées par le même texte ;

11. Considérant, en conséquence, que la loi relative à l'interruption volontaire de la grossesse


ne contredit pas les textes auxquels la Constitution du 4 octobre 1958 fait référence dans son
préambule non plus qu'aucun des articles de la Constitution ;

Décide :
Article premier :
Les dispositions de la loi relative à l'interruption volontaire de la grossesse, déférée au Conseil
constitutionnel, ne sont pas contraires à la Constitution.

Document n° 4 - Décision n° 92-312 DC du 2 septembre 1992, Traité sur l’Union


Européenne

2. Considérant qu'à la date du 11 mars 1992 le Président de la République a, sur le fondement


de l'article 54 de la Constitution, saisi le Conseil constitutionnel de la question de savoir si,
compte tenu des engagements souscrits par la France et des modalités de leur entrée en vigueur,
l'autorisation de ratifier le traité sur l'Union européenne devait être précédée d'une révision de
la Constitution ;

3. Considérant que le Conseil constitutionnel a, par une décision motivée rendue le 9 avril
1992, jugé que l'autorisation de ratifier en vertu d'une loi le traité sur l'Union européenne ne
pouvait intervenir qu'après révision de la Constitution ; (...)

19. Considérant que sous réserve, d'une part, des limitations touchant aux périodes au cours
desquelles une révision de la Constitution ne peut pas être engagée ou poursuivie, qui résultent
des articles 7, 16 et 89, alinéa 4, du texte constitutionnel et, d'autre part, du respect des
prescriptions du cinquième alinéa de l'article 89 en vertu desquelles "la forme républicaine du
gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision", le pouvoir constituant est souverain ; qu'il
lui est loisible d'abroger, de modifier ou de compléter des dispositions de valeur
constitutionnelle dans la forme qu'il estime appropriée ; qu'ainsi rien ne s'oppose à ce qu'il
introduise dans le texte de la Constitution des dispo- sitions nouvelles qui, dans le cas qu'elles
visent, dérogent à une règle ou à un principe de valeur constitutionnelle ; que cette dérogation
peut être aussi bien expresse qu'implicite ;

Décide :
Article premier :
Le traité sur l'Union européenne, signé le 7 février 1992 à Maastricht, n'est pas contraire à la
Constitution.
Document n° 5 - Décision n° 92-313 DC du 23 septembre 1992, Loi autorisant la
ratification du traité sur l’Union Européenne

1. Considérant que la compétence du Conseil constitutionnel est strictement délimitée par la


Consti- tution ; qu'elle n'est susceptible d'être précisée et complétée par voie de loi organique
que dans le respect des principes posés par le texte constitutionnel ; que le Conseil
constitutionnel ne saurait être appelé à se prononcer au titre d'autres chefs de compétence que
ceux qui sont expressément prévus par la Constitution ou la loi organique ;

2. Considérant que l'article 61 de la Constitution donne au Conseil constitutionnel mission


d'apprécier la conformité à la Constitution des lois organiques et des lois ordinaires qui,
respectivement, doivent ou peuvent être soumises à son examen, sans préciser si cette
compétence s'étend à l'ensemble des textes de caractère législatif, qu'ils aient été adoptés par le
peuple à la suite d'un référendum ou qu'ils aient été votés par le Parlement, ou si, au contraire,
elle est limitée seulement à cette dernière catégorie ; que, toutefois, au regard de l'équilibre des
pouvoirs établi par la Constitution, les lois que celle-ci a entendu viser dans son article 61 sont
uniquement les lois votées par le Parlement et non point celles qui, adoptées par le Peuple
français à la suite d'un référendum contrôlé par le Conseil constitutionnel au titre de l'article
60, constituent l'expression directe de la souveraineté nationale ;

5. Considérant qu'il résulte de ce qui précède qu'aucune disposition de la Constitution, non plus
d'ailleurs que d'une loi organique prise sur son fondement, ne donne compétence au Conseil
constitutionnel pour se prononcer sur la demande susvisée concernant la loi adoptée par le
Peuple français par voie de référendum le 20 septembre 1992,

Décide :
Article premier :
Le Conseil constitutionnel n'a pas compétence pour se prononcer sur la demande susvisée.

Document n° 6 - Décision n° 2003-469 DC du 16 mars 2003, Révision constitutionnelle


rela-tive à l’organisation décentralisée de la République

1. Considérant que la compétence du Conseil constitutionnel est strictement délimitée par la


Consti- tution ; qu'elle n'est susceptible d'être précisée et complétée par voie de loi organique
que dans le respect des principes posés par le texte constitutionnel ; que le Conseil
constitutionnel ne saurait être appelé à se prononcer dans d'autres cas que ceux qui sont
expressément prévus par ces textes ;

2. Considérant que l'article 61 de la Constitution donne au Conseil constitutionnel mission


d'apprécier la conformité à la Constitution des lois organiques et, lorsqu'elles lui sont déférées
dans les conditions fixées par cet article, des lois ordinaires ; que le Conseil constitutionnel ne
tient ni de l'article 61, ni de l'article 89, ni d'aucune autre disposition de la Constitution le
pouvoir de statuer sur une révision constitutionnelle ;

3. Considérant qu'il résulte de ce qui précède que le Conseil constitutionnel n'a pas compétence
pour statuer sur la demande susvisée, par laquelle les sénateurs requérants lui défèrent, aux fins
d'appréciation de sa conformité à la Constitution, la révision de la Constitution relative à
l'organisation décentralisée de la République approuvée par le Congrès le 17 mars 2003,
Décide :
Article premier :
Le Conseil constitutionnel n'a pas compétence pour se prononcer sur la demande susvisée.

Document n°7 - Décision n° 2004-496 DC du 10 juin 2004, Loi pour la confiance dans
l’économie numérique

(...)
7. Considérant qu'aux termes de l'article 88-1 de la Constitution : " La République participe
aux Communautés européennes et à l'Union européenne, constituées d'Etats qui ont choisi
librement, en vertu des traités qui les ont instituées, d'exercer en commun certaines de leurs
compétences " ; qu'ainsi, la transposition en droit interne d'une directive communautaire résulte
d'une exigence constitutionnelle à laquelle il ne pourrait être fait obstacle qu'en raison d'une
disposition expresse contraire de la Constitution ; qu'en l'absence d'une telle disposition, il
n'appartient qu'au juge communautaire, saisi le cas échéant à titre préjudiciel, de contrôler le
respect par une directive communautaire tant des compétences définies par les traités que des
droits fondamentaux garantis par l'article 6 du Traité sur l'Union européenne ; (...)

Document n° 8 - Décision n° 2006-543 DC du 30 novembre 2006, Loi relative au secteur


de l’énergie

Vu la Constitution ;
Vu l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée, portant loi organique sur le
Conseil constitutionnel ;
Vu le traité instituant la Communauté européenne, notamment son article 86 ;
Vu la directive 2003/54/CE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2003 concernant
des règles communes pour le marché intérieur de l'électricité et abrogeant la directive
96/92/CE ;
Vu la directive 2003/55/CE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2003 concernant
des règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel et abrogeant la directive
96/30/CE ;

SUR L'ARTICLE 17 :

2. Considérant que l'article 17 de la loi déférée modifie l'article 66 de la loi du 13 juillet 2005
susvisée relatif aux tarifs réglementés de vente de l'électricité et y insère un article 66-1 ayant
le même objet pour le gaz naturel ; que le I des articles 66 et 66-1 rend ces tarifs applicables,
pour un site donné, aux consommateurs non domestiques si ceux-ci ou une autre personne n'ont
pas, sur ce site, fait usage de leur liberté de choisir un fournisseur d'énergie ; que le II de ces
mêmes articles rend les tarifs réglementés applicables aux consommateurs domestiques si
ceux-ci n'ont pas eux- mêmes exercé leur liberté de choix sur le site concerné ; que le III de ces
mêmes articles oblige notamment les opérateurs historiques qui fournissent, pour un site donné,
l'une des deux sources d'énergie à proposer aux consommateurs, à l'exception des plus
importants, une offre au tarif réglementé pour les deux sources d'énergie dans les conditions
prévues par le I et le II ; qu'en particulier, cette offre doit être faite aux consommateurs
domestiques pour l'alimentation de nou- veaux sites de consommation ; que l'ensemble de ces
obligations n'est pas limité dans le temps ;
3. Considérant que ces dispositions s'insèrent dans une loi ayant pour objet de transposer les
direc- tives du 26 juin 2003 susvisées concernant le marché intérieur de l'électricité ainsi que
celui du gaz naturel ;

4. Considérant qu'aux termes du premier alinéa de l'article 88-1 de la Constitution : « La


République participe aux Communautés européennes et à l'Union européenne, constituées
d'États qui ont choisi librement, en vertu des traités qui les ont instituées, d'exercer en commun
certaines de leurs compétences » ; qu'ainsi, la transposition en droit interne d'une directive
communautaire résulte d'une exigence constitutionnelle ; (...)

5. Considérant qu'il appartient par suite au Conseil constitutionnel, saisi dans les conditions
prévues par l'article 61 de la Constitution d'une loi ayant pour objet de transposer en droit
interne une di- rective communautaire, de veiller au respect de cette exigence ; que, toutefois,
le contrôle qu'il exerce à cet effet est soumis à une double limite ;

6. Considérant, en premier lieu, que la transposition d'une directive ne saurait aller à l'encontre
d'une règle ou d'un principe inhérent à l'identité constitutionnelle de la France, sauf à ce que le
constituant y ait consenti ;

7. Considérant, en second lieu, que, devant statuer avant la promulgation de la loi dans le délai
prévu par l'article 61 de la Constitution, le Conseil constitutionnel ne peut saisir la Cour de
justice des Communautés européennes de la question préjudicielle prévue par l'article 234 du
traité instituant la Communauté européenne ; qu'il ne saurait en conséquence déclarer non
conforme à l'article 88-1 de la Constitution qu'une disposition législative manifestement
incompatible avec la directive qu'elle a pour objet de transposer ; qu'en tout état de cause, il
revient aux autorités juridictionnelles nationales, le cas échéant, de saisir la Cour de justice des
Communautés européennes à titre préjudiciel ;

Document n°9 - Décision n°2010-5 QPC du 18 juin 2010, SNC KIMBERLY CLARK

(...)

2. Considérant que, selon la société requérante, les dispositions du troisième alinéa du 1 de


l'article 273, qui renvoient à un décret en Conseil d'État le soin de fixer les délais dans lesquels
doivent être opérées les déductions de taxe sur la valeur ajoutée, porteraient atteinte au droit
énoncé à l'article 14 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et dont
disposent « tous les citoyens » de « constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et d'en
déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée » ; que ces dispositions
méconnaîtraient également le droit de propriété proclamé à son article 17 ; qu'elles seraient,
par suite, entachées d'incompétence négative ;

3. Considérant qu'aux termes du premier alinéa de l'article 61-1 de la Constitution : « Lorsque,


à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu qu'une disposition
législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit, le Conseil
constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d'État ou de la Cour de
cassation qui se prononce dans un délai déterminé » ; que la méconnaissance par le législateur
de sa propre compétence ne peut être invoquée à l'appui d'une question prioritaire de
constitutionnalité que dans le cas où est affecté un droit ou une liberté que la Constitution
garantit ;

4. Considérant, d'une part, qu'aux termes de l'article 34 de la Constitution : « La loi fixe les
règles concernant... l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes
natures... Les lois de finances déterminent les ressources et les charges de l'État dans les
conditions et sous les réserves prévues par une loi organique... » ; que les dispositions de
l'article 14 de la Déclaration de 1789 sont mises en oeuvre par l'article 34 de la Constitution et
n'instituent pas un droit ou une liberté qui puisse être invoqué, à l'occasion d'une instance
devant une juridiction, à l'appui d'une question prioritaire de constitutionnalité sur le fondement
de l'article 61-1 de la Constitution ; (...)

Document n° 10 - Décision n° 2010-605 DC du 12 mai 2010, Loi relative à l’ouverture à


la concurrence et à la régulation des secteurs des jeux d’argent et de hasard en ligne

(...)
- Quant à la supériorité des engagements internationaux et européens sur les lois :

10. Considérant, d'une part, qu'aux termes de l'article 55 de la Constitution : « Les traités ou
accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre partie »
; que, si ces dispo- sitions confèrent aux traités, dans les conditions qu'elles définissent, une
autorité supérieure à celle des lois, elles ne prescrivent ni n'impliquent que le respect de ce
principe doive être assuré dans le cadre du contrôle de la conformité des lois à la Constitution
;

11. Considérant, d'autre part, que, pour mettre en œuvre le droit reconnu par l'article 61-1 de la
Con- stitution à tout justiciable de voir examiner, à sa demande, le moyen tiré de ce qu'une dis-
position législative méconnaît les droits et libertés que la Constitution garantit, le cinquième
alinéa de l'article 23-2 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée et le deuxième alinéa de
son article 23-5 précisent l'articulation entre le contrôle de conformité des lois à la Constitution,
qui incombe au Conseil constitutionnel, et le contrôle de leur compatibilité avec les
engagements internationaux ou européens de la France, qui incombe aux juridictions
administratives et judiciaires ; qu'ainsi, le moyen tiré du défaut de compatibilité d'une
disposition législative aux en-gagements internationaux et européens de la France ne saurait
être regardé comme un grief d'inconstitutionnalité ;

12. Considérant que l'examen d'un tel grief, fondé sur les traités ou le droit de l'Union
européenne, relève de la compétence des juridictions administratives et judiciaires ;

13. Considérant, en premier lieu, que l'autorité qui s'attache aux décisions du Conseil
constitutionnel en vertu de l'article 62 de la Constitution ne limite pas la compétence des
juridictions administratives et judiciaires pour faire prévaloir ces engagements sur une
disposition législative incompatible avec eux, même lorsque cette dernière a été déclarée
conforme à la Consti-tution ;

14. Considérant, en deuxième lieu, qu'il ressort des termes mêmes de l'article 23-3 de
l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée que le juge qui transmet une question prioritaire de
constitutionnalité, dont la durée d'examen est strictement encadrée, peut, d'une part, statuer
sans attendre la décision relative à la question prioritaire de constitutionnalité si la loi ou le
règlement prévoit qu'il statue dans un délai déterminé ou en urgence et, d'autre part, prendre
toutes les mesures provisoires ou conservatoires nécessaires ; qu'il peut ainsi suspendre
immédiatement tout éventuel effet de la loi incompatible avec le droit de l'Union, assurer la
préservation des droits que les justiciables tiennent des engagements internationaux et
européens de la France et garantir la pleine efficacité de la décision juridictionnelle à intervenir
; que l'article 61-1 de la Constitution pas plus que les articles

23 1 et suivants de l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée ne font obstacle à ce que le juge


saisi d'un litige dans lequel est invoquée l'incompatibilité d'une loi avec le droit de l'Union
européenne fasse, à tout moment, ce qui est nécessaire pour empêcher que des dispositions
législatives qui feraient obstacle à la pleine efficacité des normes de l'Union soient appliquées
dans ce litige ;

15. Considérant, en dernier lieu, que l'article 61-1 de la Constitution et les articles 23-1 et
suivants de l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée ne privent pas davantage les juridictions
administratives et judiciaires, y compris lorsqu'elles transmettent une question prioritaire de
constitutionnalité, de la faculté ou, lorsque leurs décisions ne sont pas susceptibles d'un recours
juridictionnel de droit interne, de l'obligation de saisir la Cour de justice de l'Union européenne
d'une question préjudicielle en application de l'article 267 du traité sur le fonctionnement de
l'Union européenne ;

16. Considérant que, dans ces conditions, il n'appartient pas au Conseil constitutionnel, saisi
en ap- plication de l'article 61 ou de l'article 61-1 de la Constitution, d'examiner la compatibilité
d'une loi avec les engagements internationaux et européens de la France ; qu'ainsi, nonobstant
la mention dans la Constitution du traité signé à Lisbonne le 13 décembre 2007, il ne lui revient
pas de contrôler la compatibilité d'une loi avec les stipulations de ce traité ; que, par suite, la
demande tendant à contrôler la compatibilité de la loi déférée avec les engagements
internationaux et européens de la France, en particulier avec le droit de l'Union européenne,
doit être écartée ;

Document n° 11 - Décision n° 2013-314 QPC du 4 avril 2013, M. Jeremy F

M. Jeremy F. [Absence de recours en cas d'extension des effets du mandat d'arrêt


européen - question préjudicielle à la Cour de justice de l'Union européenne]
Le Conseil constitutionnel a été saisi le 27 février 2013 par la Cour de cassation (chambre
criminelle, arrêt n° 1087 du 19 février 2013), dans les conditions prévues à l'article 61-1 de la
Con- stitution, d'une question prioritaire de constitutionnalité posée par M. Jeremy F., relative
à la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit du quatrième alinéa de l'article
695-46 du code de procédure pénale.

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL,

Vu la Constitution ;
Vu l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée portant loi organique sur le
Conseil constitutionnel ;
Vu le traité sur l'Union européenne ;
Vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne et notamment son protocole n° 3 sur
le statut de la Cour de justice de l'Union européenne ;
(...)
1. Considérant que la décision-cadre du 13 juin 2002 susvisée a institué le mandat d'arrêt
européen afin de simplifier et d'accélérer l'arrestation et la remise entre les États de l'Union
européenne des personnes recherchées pour l'exercice de poursuites pénales ou pour l'exécution
d'une peine ou d'une mesure de sûreté privatives de liberté ; que l'article 17 de la loi du 9 mars
2004 susvisée a inséré, dans le code de procédure pénale, les articles 695-11 à 695-51 relatifs
au mandat d'arrêt européen ;

2. Considérant que l'article 695-46 du code de procédure pénale fixe les règles de la procédure
concernant les décisions prises par les autorités judiciaires françaises postérieurement à la
remise aux autorités d'un autre État membre de l'Union européenne d'une personne arrêtée en
France en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis par ces autorités ; que, dans leur rédaction
résultant de la loi du 12 mai 2009 susvisée, les deux premiers alinéas de l'article 695-46 confient
à la chambre de l'instruction la compétence pour statuer sur toute demande émanant des
autorités compétentes de l'État membre qui a émis le mandat d'arrêt européen en vue de
consentir soit à des poursuites ou à la mise à exécution d'une peine ou d'une mesure de sûreté
privatives de liberté prononcées pour d'autres infractions que celles ayant motivé la remise et
commises antérieurement à celles-ci, soit à la remise de la personne recherchée à un autre État
membre en vue de l'exercice de poursuite ou de l'exécution d'une peine ou d'une mesure de
sûreté privatives de liberté pour un fait quelconque antérieur à la remise et différent de
l'infraction qui a motivé cette mesure ; qu'aux termes du quatrième alinéa de l'article 695-46
du code de procédure pénale : « La chambre de l'instruction statue sans recours après s'être
assurée que la demande comporte aussi les renseignements prévus à l'article 695-13 et avoir,
le cas échéant, obtenu des garanties au regard des dispositions de l'article 695-32, dans le délai
de trente jours à compter de la réception de la demande » ;

3. Considérant que, selon le requérant, en excluant tout recours contre la décision de la chambre
de l'instruction autorisant, après la remise d'une personne à un État membre de l'Union
européenne en application d'un mandat d'arrêt européen, l'extension des effets de ce mandat à
d'autres infractions, les dispositions du quatrième alinéa de l'article 695-46 précité portent
atteinte au principe d'égalité devant la justice et au droit à un recours juridictionnel effectif ;

(...)

7. Considérant que, pour juger de la conformité du quatrième alinéa de l'article 695-46 du code
de procédure pénale aux droits et libertés que garantit la Constitution, il appartient au Conseil
constitutionnel de déterminer si la disposition de ce texte qui prévoit que la chambre de
l'instruction « statue sans recours dans le délai de trente jours. . . À compter de la réception de
la demande » découle nécessairement de l'obligation faite à l'autorité judiciaire de l'État
membre par le paragraphe 4 de l'article 27 et le c) du paragraphe 3 de l'article 28 de la décision-
cadre de prendre sa décision au plus tard trente jours après la réception de la demande ; qu'au
regard des termes précités

de la décision-cadre, une appréciation sur la possibilité de prévoir un recours contre la décision


de la juridiction initialement saisie au-delà du délai de trente jours et suspendant l'exécution de
cette décision exige qu'il soit préalablement statué sur l'interprétation de l'acte en cause ; que,
conformément à l'article 267 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, la Cour
de justice de l'Union européenne est seule compétente pour se prononcer à titre préjudiciel sur
une telle question ; que, par suite, il y a lieu de la lui renvoyer et de surseoir à statuer sur la
question prioritaire de constitutionnalité posée par M. F. ;
8. Considérant que, compte tenu du délai de trois mois dans lequel le Conseil constitutionnel
est tenu, en application de l'article 23-10 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée,
d'examiner la question prioritaire de constitutionnalité, de l'objet de la question préjudicielle
posée relative à l'espace de liberté, de sécurité et de justice, et de la privation de liberté dont le
requérant fait l'objet dans la procédure à l'origine de la présente question prioritaire de
constitutionnalité, il y a lieu de demander la mise en œuvre de la procédure d'urgence prévue
par l'article 23 bis du protocole n° 3 au traité sur le fonctionnement de l'Union européenne sur
le statut de la Cour de justice de l'Union européenne,

DECIDE:

Article 1er.- Il y a lieu de demander à la Cour de justice de l'Union européenne de statuer à titre
préjudiciel sur la question suivante :

Les articles 27 et 28 de la décision-cadre n° 2002/584/JAI du Conseil, du 13 juin 2002, relative


au mandat d'arrêt européen et aux procédures de remise entre États membres, doivent-ils être
interprétés en ce sens qu'ils s'opposent à ce que les États membres prévoient un recours
suspendant l'exécution de la décision de l'autorité judiciaire qui statue, dans un délai de trente
jours à compter de la réception de la demande, soit afin de donner son consentement pour
qu'une personne soit poursuivie, condamnée ou détenue en vue de l'exécution d'une peine ou
d'une mesure de sûreté privatives de liberté, pour une infraction commise avant sa remise en
exécution d'un mandat d'arrêt européen, autre que celle qui a motivé sa remise, soit pour la
remise d'une personne à un État membre autre que l'État membre d'exécution, en vertu d'un
mandat d'arrêt européen émis pour une infraction commise avant sa remise ?

Article 2.- Il est demandé à la Cour de justice de l'Union européenne de statuer selon la
procédure d'urgence.

Article 3.- Il est sursis à statuer sur la question prioritaire de constitutionnalité posée par M.
Jeremy F.

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