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Pour citer cet article : Kaminsky P, Lidove O, Stratégies thérapeutiques actuelles dans les maladies lysosomales, Presse Med

(2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.12.022.

Presse Med. 2014; //: /// en ligne sur / on line on


ß 2014 Elsevier Masson SAS www.em-consulte.com/revue/lpm
Tous droits réservés. www.sciencedirect.com

Mise au point
Stratégies thérapeutiques actuelles dans les
maladies lysosomales

[TD$FIRSNAME]Pierre[TD$FIRSNAME.] [TD$SURNAME]Kaminsky[TD$SURNAME.]1, [TD$FIRSNAME]Olivier[TD$FIRSNAME.] [TD$SURNAME]Lidove[2TD$SURNAME.]

1. CHU de Nancy, hôpitaux de Brabois, pôle des spécialités médicales,


département de médecine interne et immunologie clinique,
54511 Vandoeuvre-lès-Nancy cedex, France
2. Groupe Hospitalier Diaconesses-Croix Saint-Simon, service de médecine interne,
75012 Paris, France

Correspondance :
Pierre Kaminsky, CHU de Nancy, hôpitaux de Brabois, pôle des spécialités
médicales, service de médecine interne–maladies orphelines et systémiques,
Disponible sur internet le : rue du Morvan, 54511 Vandoeuvre-lès-Nancy cedex, France.
p.kaminsky@chu-nancy.fr, Kaminsky.pierre@wanadoo.fr

Key points Points essentiels

Current therapeutic strategies in lysosomal disorders Les maladies lysosomales (ML) constituent un groupe hétéro-
gène de désordres métaboliques génétiques. Le déficit enzy-
The lysosomal storage disorders (LSD) comprise a heteroge- matique résultant entraîne une accumulation de son substrat
neous group of inborn errors of metabolism. The resulting dans le lysosome.
enzymatic defect leads to accumulation of its substrate in Le tableau clinique est fonction des sites affectés par la
the lysosome. surcharge, et comporte une atteinte du système nerveux
Their clinical patterns reflect the site of substrate storage. central chez les enfants dans les phénotypes les plus sévères.
Central nervous system involvement is often present in the D’importants progrès dans la connaissance physiopathologique
younger patients affected by the most severe phenotypes. des ML ont permis des avancées thérapeutiques indéniables.
Substantial progress has been made in the pathophysiological L’approche thérapeutique dominante est l’enzymothérapie
knowledge, leading to new therapeutic options in LSD. substitutive (ETS), disponible actuellement pour six maladies :
Enzyme replacement therapy (ERT) is the dominant maladies de Gaucher, Fabry, Pompe et mucopolysaccharidoses
approach and is actually proposed in six LSD: Gaucher disease, (MPS) I (maladie de Hurler), II (maladie de Hunter) et VI
Fabry disease, Pompe disease and mucopolysaccharidoisis (maladie de Maroteaux-Lamy). Elle diminue la surcharge, et
(MPS) I (Hurler disease), II (Hunter disease) and VI (Maro- améliore parfois, limite la progression le plus souvent, de
teaux-Lamy disease). This treatment reduces lysosomal sto- l’atteinte viscérale et de ses conséquences cliniques. Mais
rage, and sometimes reduces, but most often limits the l’ETS ne franchit pas la barrière hémato-méningée, et est
progression of visceral involvement and of its clinical conse- inefficace sur les symptômes neurologiques.
quences. However, ERT does not cross the blood-brain barrier La transplantation de cellules souches hématopoïétiques
and is ineffective on neurological symptoms. reste l’option thérapeutique de choix dans la forme sévère
de MPS I et dans des cas sélectionnés d’autres MPS.

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http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.12.022
LPM-2469
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P Kaminsky, O Lidove

In the younger patients with MPS I (Hurler disease) and with De petites molécules sont également en cours de dévelop-
selected cases of other LSD, haematopoietic stem cell trans- pement, dans le but de franchir la barrière hémato-méningée :
plantation remains the optimal option. réducteurs ou dépléteurs de substrat, qui diminuent la quantité
Other strategies using small molecules are being explored in de substrat à catalyser par l’enzyme déficiente, ou molécules
order to cross the blood-brain barrier. This includes substrate chaperonnes permettant d’augmenter l’activité résiduelle de
reduction or depletion therapies, which decrease the amount l’enzyme déficiente. Ainsi, le miglustat, réducteur de substrat,
of substrate, and the use of pharmacological chaperones, est actuellement proposé dans la maladie de Niemann-Pick C et
which enhance the residual activity of the mutant enzyme. des essais cliniques sont en cours dans plusieurs ML avec des
Miglustat is the proposed substrate reduction therapy in Nie- réducteurs de substrat ou des molécules chaperonnes.
mann-Pick C disease and clinical trials are actually performed
in several LSD using other substrate reduction or chaperone
drugs.

Dans ce travail, nous aborderons dans un premier temps les

L es maladies lysosomales constituent un groupe hétéro-


gène de désordres métaboliques héréditaires caractérisés par
différentes stratégies thérapeutiques plus ou moins éprouvées,
puis nous évoquerons les maladies lysosomales pour lesquelles
des résultats cliniques significatifs ont été obtenus par des
une accumulation de macromolécules dans le lysosome. Cette traitements spécifiques. Les traitements symptomatiques
surcharge est dans la très grande majorité des cas liée au déficit indispensables quelle que soit la maladie envisagée sont
de l’enzyme responsable du catabolisme de la molécule fonction des signes cliniques, des atteintes viscérales et des
stockée [1]. Plus rarement, le déficit affecte un cofacteur ou handicaps de chaque pathologie et ne seront pas traités.
le transport du métabolite hors du lysosome [1].
On dénombre actuellement plus de 50 maladies lysosomales, la Stratégies thérapeutiques
prévalence cumulée étant estimée à 1/8000. Leur mode de Schématiquement, l’abord thérapeutique peut se faire dans
transmission est autosomique récessif dans la plupart des cas, trois directions : fournir l’enzyme déficiente à l’organisme,
plus rarement lié à l’X. La surcharge provoque des tableaux réduire l’apport de substrat à l’enzyme déficiente ou augmen-
cliniques complexes caractérisés par des atteintes systémiques, ter son activité résiduelle. L’apport de l’enzyme peut s’effec-
mais le phénotype et la gravité sont très variables, fonction de tuer, outre par la thérapie génique qui reste encore au stade de
l’enzyme déficiente qui s’exprime différemment selon les sites l’expérimentation animale, par transplantation cellulaire et par
(organes et tissus), mais aussi de l’activité résiduelle de perfusion d’enzyme fabriquée par génie génétique.
l’enzyme. De manière générale, lorsque le déficit enzymatique
est sévère, la maladie se révèle chez le petit enfant et l’atteinte Transplantation cellulaire
du système nerveux central est fréquente [2]. Lorsque l’activité Le principe de la greffe de moelle osseuse est basé sur le fait
résiduelle est plus importante, la maladie peut être diagnos- que les cellules souches hématopoïétiques du donneur vont, en
tiquée beaucoup plus tardivement et sous une forme atténuée, se différenciant, fournir l’enzyme déficiente qui sera captée par
voire pauci symptomatique. les cellules déficientes du receveur. La transplantation de
La plupart des maladies lysosomales restent encore orphelines, cellules souches hématopoïétiques (TCSH) du sang de cordon
sans traitement spécifique, les thérapeutiques palliatives, néan- est préférée pour son efficacité et sa sécurité [3]. L’intérêt de la
moins indispensables, étant les seules ressources possibles. TCSH est d’être un traitement définitif. Surtout, elle permet de
Cependant, les importants progrès réalisés dans la connaissance traiter les maladies lysosomales compliquées de troubles neu-
des mécanismes biochimiques ont permis des avancées théra- rologiques [3,4]. En effet, les macrophages et les cellules
peutiques indéniables permettant de ralentir ou de stabiliser le microgliales dérivées des cellules souches du donneur
cours de la maladie et, dans les meilleurs cas, de corriger certains s’implantent dans le cerveau, corrigent la déficience enzyma-
symptômes. L’approche thérapeutique dominante est l’enzymo- tique des neurones et modulent les réactions immunologiques
thérapie substitutive (ETS), disponible actuellement pour six et inflammatoires locales [3].
maladies. Cependant, l’ETS ne franchit pas la barrière hémato- Si les procédures de la TCSH se sont considérablement amélio-
méningée, et est inefficace chez les malades atteints de symptô- rées, ce traitement garde néanmoins une morbi-mortalité non
mes neurologiques. De « petites molécules » ont ainsi été négligeable [5], ce qui en limite les indications. Ainsi, des
développées dans le but d’atteindre le système nerveux central complications surviennent chez plus de la moitié des patients
et d’interférer avec la voie métabolique déficiente. et la survie à trois ans est limitée à 3 patients sur 4 environ [3].
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Stratégies thérapeutiques actuelles dans les maladies lysosomales

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Actuellement, la TCSH est essentiellement utilisée dans les devraient pas entraîner une perte d’efficacité du traitement
formes sévères des mucopolysaccharidoses (MPS) de type II [11]. Néanmoins, des anticorps neutralisants dirigés contre
(maladie de Hurler) et des cas sélectionnés de diverses mala- l’enzyme recombinante sont signalés, avec perte d’efficacité
dies lysosomales de phénotype sévère avec atteinte neurolo- [11]. Ce problème se rencontre en particulier chez certains
gique [3,4]. enfants sévèrement atteints d’une maladie de Pompe avec
mutation non-sens qui développent des titres élevés d’anti-
Enzymothérapie substitutive corps anti-alpha-glucosidase [12]. Des protocoles incluant la
La première enzymothérapie substitutive (ETS) fut utilisée en prescription d’une immunomodulation ou d’une immunosup-
1991 dans la maladie de Gaucher (MG). L’alglucérase était une pression sont à l’étude chez ces patients [3].
enzyme extraite du placenta et modifiée de façon à exposer Traitement par petites molécules
des radicaux mannoses permettant de cibler le lysosome [6].
Le traitement par miglustat dans la MG a ouvert la voie aux
Elle fut remplacée en 1996 par une enzyme recombinante
traitements par « petites molécules » [13]. La stratégie est soit
(imiglucérase, Genzyme Co) produite sur cellules ovariennes
de modifier le métabolisme de la substance accumulée, soit
de hamster chinois (CHO) [7]. Par la suite, des enzymothérapies
d’accroître l’activité résiduelle de l’enzyme mutée en modifiant
recombinantes ont été proposées dans cinq autres maladies
son trafic cellulaire. Les avantages des petites molécules sont
lysosomales : maladie de Fabry (MF), MPS de type I, II et VI, et
indéniables : possibilité d’un traitement par voie orale, fran-
glycogénose de type 2 (maladie de Pompe) [2]. D’autres
chissement possible de la barrière hémato-méningée, et
biotechnologies ont été développées, en particulier sur lignées
absence de production d’anticorps par exemple. Cependant,
cellulaires de fibroblastes humains ou de cellules de carotte. Sur
leur emploi impose une vigilance particulière du fait de la
un plan pratique, l’ETS consiste à administrer l’enzyme recom-
nécessité, dans des maladies chroniques comme les maladies
binante à rythme régulier (une fois tous les 7 jours ou tous les
lysosomales, d’une exposition sur très long terme [2]. En
14 jours) par voie veineuse sur une durée de une à quelques
particulier, ces médicaments pourraient perturber d’autres
heures en fonction de la molécule considérée, de la dose à
métabolismes du fait d’un effet non nécessairement spécifique
injecter et de la tolérance du patient.
ou entraîner des interactions avec d’autres médicaments
L’ETS est actuellement l’approche la plus performante pour
ingérés par le patient.
traiter les patients souffrant de maladies lysosomales [2].
À l’inverse de l’ETS ou de la TCSH, l’efficacité des petites
Cependant, certaines atteintes d’organe voient leur évolution
molécules dépend du type de mutation et/ou du degré d’acti-
seulement stabilisée ou ralentie. Cela pose le problème du délai
vité enzymatique résiduelle. Il est ainsi nécessaire de dépister
du diagnostic et de l’instauration trop tardive du traitement.
les patients porteurs de mutations particulières, qui seront
L’ETS ne peut probablement pas restaurer les capacités de
seuls candidats à l’action du médicament et potentiellement
régénération ou de réparation de certains tissus, et l’élimina-
répondeurs au traitement [2]. Les stratégies comportent plu-
tion de la surcharge dans un organe ne permet pas toujours la
sieurs options : réduction de substrat, déplétion de substrat, et
restauration de sa fonction [8]. Surtout, la principale limite de
molécules chaperonnes.
l’ETS est son incapacité à franchir la barrière hémato-méningée,
rendant réfractaires à ce traitement les troubles neurologiques Réduction de substrat
[2,9,10]. Des essais sont actuellement en cours pour évaluer Ce traitement consiste à réduire la synthèse du substrat de
l’efficacité d’injections intrathécales. D’autres approches l’enzyme déficiente ou de ses précurseurs. L’idée de cette
expérimentales tentent de modifier le transport de la protéine stratégie thérapeutique est que le traitement ralentisse suffi-
à travers la barrière hémato-méningée [2]. samment la production du substrat pour que l’enzyme défi-
L’injection d’enzyme recombinante entraîne fréquemment la ciente puisse assurer son catabolisme ainsi que celui du
production d’anticorps dirigés contre la protéine [2,3]. Ces substrat accumulé [14]. Deux classes d’inhibiteurs de la
anticorps sont le plus souvent des IgG, exceptionnellement synthèse des glycosphingolipides sont actuellement connues,
des IgE, et augmentent le risque d’effets indésirables. Cepen- ciblant la glucosyltransférase spécifique des céramides : ana-
dant, l’ETS est habituellement bien tolérée, les effets secon- logues des céramides d’une part, iminosucres N-alkylés,
daires les plus fréquents étant la fièvre, des frissons ou des d’autre part [15]. Le miglustat fait partie du second groupe.
éruptions cutanées, qui sont généralement jugulés en ralen- Il est capable de réduire la production de glycosylcéramide dans
tissant le rythme de perfusion et par l’administration préalable la MG, et celle du ganglioside GM2, impliqué dans les maladies
d’antihistaminique, d’antipyrétique ou de corticoïde. Cepen- de Tay Sachs, Sandhoff et Niemann-Pick C [2].
dant, des réactions anaphylactiques ou anaphylactoïdes ont été Malheureusement, les études cliniques n’ont pas confirmé ces
rapportées, rendant nécessaire d’initier le traitement en milieu données in vitro, à l’exception de la maladie de Niemann-Pick C
hospitalier et de l’y poursuivre pendant plusieurs mois. Ces [2] et de la MG. D’autres molécules sont à l’étude. Ainsi,
anticorps sont généralement non neutralisants, donc ne l’éliglustat est en cours de développement dans la MG. Le
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genistein est à l’étude dans les MPS [3]. Il réduit l’accumulation staturopondérale et retarde la progression vers l’insuffisance
de glycosaminoglycanes (GAG) dans les fibroblastes humains rénale [20]. Son administration en collyre aide à la dissolution
des MPS de type I, II, IIIA et IIIB et diminue l’excrétion urinaire des cristaux qui se développent chez les patients transplantés
de l’héparane sulfate dans un essai ouvert chez 10 patients MPS rénaux.
[16].
Translecture d’un codon stop
Molécules chaperonnes
Les mutations non-sens entraînent un arrêt prématuré de la
Une protéine mutée voit son architecture spatiale déformée, ce traduction de l’ARNt et produisent une protéine tronquée.
qui perturbe son transport intracellulaire et entraîne sa dégra- Certaines molécules, comme la gentamicine, sont connues
dation rapide. Les molécules chaperonnes en se liant à la pour cibler spécifiquement ces codons stop, et en modifiant
protéine mutée permettent un repliement de celle-ci dans le processus de lecture de l’ARNt, laissent se poursuivre sa
une conformation tridimensionnelle adéquate pour son ciblage traduction [21]. Ainsi, en culture cellulaire, la gentamicine est
dans la cellule [17]. Dans le cas des enzymes lysosomales capable de restaurer une activité significative de l’alpha-L-
mutées, cette correction spatiale permet leur stabilisation et iduronidase et de réduire l’accumulation de GAG. En clinique,
évite leur dégradation dans le réticulum endoplasmique en les des études sont en cours dans les phénotypes sévères de MPS
redirigeant vers le lysosome où elles pourront assurer leur 1 avec mutations non-sens Q70X et W402X [3]. Des molécules
fonction catabolique [17]. Ce type de stratégie thérapeutique potentiellement moins toxiques (NB54, PC124) sont également
n’est cependant possible que pour des mutations qui n’affec- étudiées [3].
tent profondément ni l’architecture de l’enzyme mutée ni son
activité résiduelle. Il est donc nécessaire de dépister les Actualités thérapeutiques
patients candidats, porteurs des mutations potentiellement
En France, dix médicaments ont obtenu l’autorisation de mise
accessibles à la molécule chaperonne [18]. Ainsi, le tartrate
sur le marché (AMM) dans sept maladies lysosomales différen-
d’isofagomine est une molécule chaperonne spécialement
tes (tableau I).
étudiée pour les patients porteurs d’une MG avec une mutation
N370S ou V394L [19]. Maladie de Gaucher
L’efficacité et la sécurité de ce type de traitement restent
Elle est due au déficit génétique en b-glucosidase. Son substrat,
cependant à démontrer. Les essais encourageants obtenus
le glucocérébroside, s’accumule dans les macrophages. De
sur les modèles animaux ou des cultures cellulaires ont
transmission autosomique récessive, on en distingue trois
montré une augmentation de l’activité de l’enzyme. Il reste
types. La MG de type 1, la plus fréquente, se caractérise par
à vérifier que le traitement est capable d’éliminer la surcharge
une atteinte osseuse infiltrative et destructrice et une hépa-
de substrat. Des essais chez l’homme ont été conduits pour le
tosplénomégalie qui entraîne par hypersplénisme une cyto-
tartrate d’isofagomine dans la MG et le migalastat dans la MF
pénie (essentiellement, anémie et thrombopénie). Les deux
[2]. Il est aussi possible que certaines molécules chaperonnes
autres phénotypes incluent une atteinte neurologique, sévère
puissent rendre plus stable l’enzyme recombinante perfusée et
dans le type 2 qui affecte le nourrisson et évolue rapidement
des essais de thérapeutique combinée ETS associée à une
vers le décès, et plus lentement progressive dans le type 3 qui
molécule chaperonne sont envisagés ou en cours dans la
comporte également les symptômes du type 1. Le diagnostic
maladie de Pompe et la MF [2]. Enfin, d’autres molécules
repose sur le dosage de la b-glucosidase dans les leucocytes.
sont actuellement à l’étude dans de nombreuses maladies
Dans les MG de type 1 et 3, le traitement de référence est l’ETS.
lysosomales, comme la deoxy-idro-nojirimycine ou la deoxy-
Globalement, l’avènement de l’ETS, avec plus de 20 ans de
galacto-nojirimycin, dans diverses maladies lysosomales [2].
recul, a transformé le pronostic et la qualité de vie des patients.
Déplétion de substrat Cependant, la MG de type 2 reste actuellement réfractaire à
Cette stratégie est utilisée dans la cystinose qui est l’une des tout traitement. Trois enzymes recombinantes différentes ont
rares maladies lysosomales liées au déficit d’une molécule de été successivement développées : l’imiglucérase (CerezymeW,
transport du substrat hors du lysosome. Le déficit en cystinosine Genzyme-Sanofi) produite sur cultures CHO, la vélaglucérase
entraîne dans le phénotype le plus sévère un syndrome de Toni (VprivW, Shire HGT) produite sur cultures de fibroblastes
Debré Fanconi, évoluant vers l’insuffisance rénale, une cata- humains, et la taliglucérase (UplysoW, Protalix/Pfizer) produite
racte, une hépatosplénomégalie, un diabète, une hypothyroï- sur cultures de cellules de carotte [7,22,23]. En France, seules
die, une myopathie et une atteinte cérébrale. L’administration les deux premières molécules ont obtenu leur autorisation de
orale de cystéamine permet de diminuer la surcharge en mise sur le marché (AMM). Elles sont administrées par voie
cystine, en déviant son métabolisme vers une forme conjuguée veineuse lente tous les 14 jours. Il n’existe aucune étude
de cystéine capable de quitter le lysosome par d’autres pro- comparant les résultats obtenus par les différentes molécules.
cessus de transport. Le traitement améliore la croissance L’enzymothérapie entraîne généralement une correction
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Stratégies thérapeutiques actuelles dans les maladies lysosomales

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Tableau I
Traitements médicamenteux ayant obtenu une AMM en France dans les maladies lysosomales

Maladie Enzyme déficiente Traitement disponible Effets positifs constatés


Gaucher b-glucosidase Imiglucérase (ETS) Correction de l’anémie et de la thrombopénie
Vélaglucérase (ETS) Diminution de volume de la rate et du foie
Miglustat (RS) Augmentation de la densité minérale osseuse
Pas d’effet sur les troubles neurologiques

Fabry a-galactosidase A Agalsidase-alpha (ETS) Diminution des douleurs neuropathiques


Agalsidase-bêta (ETS) Réduction de l’hypertrophie cardiaque
Préservation de la fonction rénale

Mucopolysaccharidoses : a-L-iduronidase Laronidase (ETS) Diminution de l’organomégalie


I : Hurler ; Hurler-Scheie Iduronate-2-sulfatase Idursulfase (ETS) Augmentation des amplitudes articulaires
II : Hunter Arylsulfatase B Galsulfase (ETS) Amélioration de la fonction respiratoire
III : Maroteaux-Lamy

Glycogénose type 2 a-glucosidase maltase a-alglucosidase Diminution de l’hypertrophie cardiaque


(chez l’enfant : maladie acide) (ETS) (chez l’enfant)
de Pompe) Amélioration de la fonction pulmonaire
Stabilisation de la force musculaire (chez
l’adulte)

Niemann-Pick C Protéines NPC1 (NPC2) Miglustat (RS) Stabilisation ou ralentissement de l’atteinte


neurologique

ETS enzymothérapie substitutive (voie intraveineuse) ; RS réduction de substrat (voie orale).

rapide de l’asthénie et des paramètres hématologiques (de aux patients ayant une MG de type 1 légère ou modérée pour
l’anémie en 6 à 12 mois environ, de la thrombopénie en 1 à lesquels l’ETS ne convient pas.
2 ans) [24,25]. Le volume de la rate et du foie diminue Très récemment, des résultats encourageants ont été obtenus
significativement après 1 à 2 ans de traitement. L’efficacité avec l’éliglustat. L’étude de phase 2 portant sur 20 patients
de l’ETS sur les lésions osseuses est plus mitigée [26] : les avec MG de type 1, traités pendant 2 ans, a montré une
douleurs osseuses diminuent assez rapidement, améliorant amélioration significative des paramètres hématologiques,
ainsi la qualité de vie, la densité minérale osseuse augmente des volumes spléniques et hépatiques, de la densité minérale
avec l’imiglucérase et la vélaglucérase, mais des traitements osseuse et de l’infiltration médullaire mesurée par IRM, au prix
prolongés sont nécessaires pour observer des résultats signi- d’une tolérance satisfaisante [30].
ficatifs sur la trame osseuse, et le risque d’ostéonécrose asep- Sur un plan pratique, l’indication de traiter repose sur un avis
tique persiste même si son incidence diminue [24]. Dans la MG d’expert. Le traitement par ETS est schématiquement indiqué
de type 3, l’imiglucérase est efficace sur les signes systémi- s’il existe des troubles hématologiques significatifs, une orga-
ques, mais l’impact sur les troubles neurologiques reste faible nomégalie importante ou des lésions osseuses.
avec, au mieux, une stabilisation de ceux-ci chez les patients les
plus âgés [27]. Maladie de Fabry
La mise à disposition du miglustat (ZavescaW, Actelion) avait Elle est due au déficit génétique en alpha-galactosidase A qui
laissé espérer une efficacité sur les troubles neurologiques, du conduit à l’accumulation de son substrat, le globotriaosylcéra-
fait de son passage de la barrière hémato-méningée. Malheu- mide (Gb3), dans les vaisseaux, le coeur et le tissu nerveux. C’est
reusement, une étude randomisée portant sur 30 patients une maladie de transmission liée à l’X, et si la quasi-totalité des
atteints de MG de type 3 n’a pas montré d’amélioration hommes hémizygotes développe des signes cliniques de la
significative [9]. Dans la MG de type 1, le miglustat est efficace maladie, il en est de même de la majorité des femmes hétéro-
sur les signes systémiques [13], mais son action est plus lente zygotes. Les patients développent dès l’enfance une neuropathie
et moins robuste que l’ETS [28]. Chez les patients ayant des petites fibres, avec sensation de brûlures des extrémités ou
bénéficié au préalable d’une ETS, le miglustat paraît maintenir acroparesthésies, des troubles digestifs, des troubles de la suda-
les résultats obtenus, même si une dégradation a été constatée tion, une intolérance à la chaleur et à l’effort, signes auxquels
chez certains patients [29]. En France, ce traitement est réservé s’ajoutent des dépôts cornéens (cornée verticillée) ainsi que des
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lésions cutanées (angiokératomes et télangiectasies). À partir de l’ETS est en mesure de prévenir la survenue des troubles du
la troisième décennie peuvent apparaître les complications rythme cardiaque et des accidents vasculaires cérébraux.
graves de la MF, marquées par une atteinte cochléovestibulaire, Bien que l’agalsidase-bêta soit plus immunogène que l’agalsi-
une glomérulopathie évoluant progressivement vers l’insuffi- dase-alpha, les deux enzymes recombinantes sont globale-
sance rénale, une cardiopathie hypertrophique se compliquant ment bien tolérées. Par ailleurs, il n’existe pas actuellement
de troubles du rythme ou de la conduction, et des accidents de traitement alternatif par petites molécules. Les espoirs
vasculaires cérébraux. Le diagnostic biologique repose chez fondés sur le migalastat dans son étude de phase II [34]
l’homme sur le dosage de l’alpha-galactosidase leucocytaire, n’ont pas été confirmés par l’étude de phase III.
chez la femme sur la biologie moléculaire. Sur un plan pratique, l’indication de traiter est du domaine
On dispose actuellement en Europe de deux ETS dans la MF : d’une décision d’expert. Si un relatif consensus existe pour
l’agalsidase-bêta (FabrazymeW, Genzyme-Sanofi), produite traiter les hommes ayant une mutation du gène GLA dès la fin
sur cultures CHO et prescrite à 1 mg/kg/14 jours [31], et de l’adolescence, la décision de traiter plus tôt les hommes
l’agalsidase-alpha (ReplagalW, Shire HGT), produite sur fibro- asymptomatiques et celle de traiter les femmes indemnes
blastes humains et prescrite à 0,2 mg/kg/14 jours [32]. Les d’atteintes viscérales est encore débattue [33]. Un essai
stratégies des études pivots ayant conduit aux AMM ont été récent, documenté par des biopsies rénales réalisées avant
différentes pour les 2 médicaments, en termes de critères et après 5 ans de traitement par ETS, a montré une clairance
d’inclusion et d’objectifs à atteindre. L’étude concernant totale du Gb3 rénale chez les patients les plus jeunes, plaidant
l’agalsidase-bêta avait pour critère principal de jugement la ainsi pour un traitement précoce [35].
clairance du Gb3 de l’endothélium microcirculatoire [31].
Mucopolysaccharidoses
Randomisée en double insu, elle a comparé 29 patients
(dont deux femmes) traités par agalsidase-bêta 1 mg/kg/ Les MPS constituent un groupe de maladies caractérisées par
14 jours à 29 patients sous placebo : 20 des 29 patients ont vu l’accumulation de GAG, macromolécules formées de chaînes
disparaître les dépôts de Gb3 de l’endothélium microvascu- non ramifiées de disaccharides sulfatés attachées à une pro-
laire au niveau rénal, cutané et cardiaque. En parallèle, était téine centrale [3]. Les produits accumulés peuvent être le
notée une diminution du Gb3 plasmatique [31]. Concernant dermatane sulfate (constituant du tissu conjonctif), l’héparane
l’agalsidase-alpha, les critères de jugement étaient essentiel- sulfate (membranes cellulaires), le kératane sulfate et le
lement cliniques : l’étude en double insu contre placebo a chondroïtine sulfate (cornée, cartilage). Onze déficits enzyma-
comparé 16 hommes traités par agalsidase-alpha 0,2 mg/kg/ tiques différents, affectant la dégradation des GAG, sont res-
14 jours à 12 hommes sous placebo pendant 24 semaines [32]. ponsables de 7 maladies différentes (MPS I, II, III, IV, VI, VII et IX)
Il était noté, chez les patients traités par l’enzyme recombi- [36]. L’expression de toutes ces maladies est polyviscérale. Le
nante, une diminution significative des douleurs neuropathi- diagnostic repose sur le dosage des GAG urinaires, quantitatif
ques, une stabilisation de la clairance à la créatinine (augmentation de la concentration) et qualitatif (profil des
(+ 2,1 mL/min chez les patients traités contre –16,1 mL/ dérivés sulfatés), puis sur le dosage enzymatique [36]. La
min dans le groupe placebo), une diminution de l’épaisseur stratégie thérapeutique spécifique repose sur l’ETS et/ou la
mésangiale glomérulaire et une amélioration de la fonction TCSH [3].
cardiaque. Le taux plasmatique de Gb3 était réduit de 50 % Mucopolysaccharidose de type I (maladie de Hurler)
[32]. Ces différents rationnels dans les deux études pivot ainsi La MPS de type I est liée au déficit en a-L-iduronidase, abou-
que les différences de posologie entre les deux molécules ont tissant à une accumulation d’héparane sulfate. Sa transmission
entraîné des débats passionnés sur l’éventuelle supériorité est autosomique récessive. En fonction du type de mutation du
d’un médicament par rapport à l’autre. En fait, on ne dispose gène IDUA et de l’activité résiduelle de l’enzyme, la maladie
d’aucune étude méthodologiquement robuste comparant s’exprime sous 3 phénotypes différant par leur sévérité. La
l’efficacité des deux enzymothérapies aux doses recomman- maladie de Hurler est la forme la plus sévère. Après une
dées par l’AMM [33]. naissance normale apparaissent, vers l’âge de 6 mois, hernies
En pratique, agalsidase-alpha et agalsidase-bêta réduisent les ombilicale ou inguinale, dysmorphie faciale avec hirsutisme,
acroparesthésies, l’intolérance à l’effort et les troubles diges- dysostose multiple, encombrement rhinopharyngé et infec-
tifs, et améliorent la qualité de vie [33]. Concernant les compli- tions respiratoires, retard de croissance avec petite taille finale,
cations graves, l’ETS diminue l’hypertrophie cardiaque, et apnées du sommeil, puis une insuffisance respiratoire, une
maintient la fonction rénale à condition que la filtration glomé- valvulopathie et une cardiomyopathie, des opacités cornéen-
rulaire ne soit pas trop altérée (clairance > 60 mL/min) [33]. nes et une surdité mixte. Des raideurs et rétractions articulaires
Dans les cas d’insuffisance rénale plus sévère, l’ETS semble s’installent : raideur des épaules, flessum des coudes et des
augmenter le délai de survenue de l’insuffisance rénale ter- genoux, mains en griffe. Une hydrocéphalie peut être constatée
minale. Cependant, il n’existe aucun argument pour penser que dès l’âge de deux ans. Sur un plan cognitif, vont survenir une
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Pour citer cet article : Kaminsky P, Lidove O, Stratégies thérapeutiques actuelles dans les maladies lysosomales, Presse Med
(2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.12.022.

Stratégies thérapeutiques actuelles dans les maladies lysosomales

Mise au point
régression des acquisitions et un retard psychomoteur. À Mucopolysaccharidose de type II (maladie de Hunter)
l’opposé, la maladie de Scheie est une forme atténuée, diag- La MPS de type II est due au déficit en iduronate-2-sulfatase,
nostiquée chez l’adulte, se limitant à des opacités cornéennes, entraînant une accumulation viscérale de GAG dans les organes
des rétractions articulaires avec syndrome canalaire, parfois (héparane sulfate et dermatane sulfate). Sa transmission est
une valvulopathie et une taille presque normale. Enfin, on liée à l’X, les femmes hétérozygotes étant asymptomatiques.
décrit un phénotype intermédiaire dit Hurler-Scheie avec intel- Les formes sévères (les plus fréquentes) se caractérisent par
ligence normale. Un épaississement de la dure mère peut une régression psychomotrice précoce. Chez un enfant normal à
conduire à une compression médullaire, surtout cervicale. la naissance, apparaissent progressivement hernies ombilicales
La laronidase (AldurazymeW ; Genzyme Co et BioMarin), dis- ou inguinales, limitation des amplitudes articulaires et syndro-
ponible depuis 2003, a été la première ETS autorisée pour le mes canalaires, dysostose multiple, petite taille, dysmorphie
traitement d’une MPS [37]. Elle se perfuse à la dose de 100 U/ faciale avec macroglossie et traits épais, surdité, hépatoméga-
kg chaque semaine (mais une dose double injectée tous les lie, splénomégalie, cardiomyopathie et troubles respiratoires
14 jours est aussi réalisable) [3]. Les essais cliniques ont inclus mixtes, troubles du comportement et dégradation psychomo-
des patients MPS de tout phénotype, âgés de 10 mois à 43 ans, trice aboutissant à une déficience intellectuelle. Le décès sur-
sans troubles cognitifs [3,38]. Étaient notées une diminution de vient généralement avant 20 ans par complications cardio-
l’excrétion urinaire des GAG, une amélioration du test de respiratoires. Les formes atténuées sont caractérisées par
marche à 6 minutes et de la capacité vitale, et une réduction l’absence de troubles cognitifs, un syndrome dysmorphique
du volume hépatique. Une stabilisation ou une amélioration et des dysostoses moins marqués avec une survie prolongée.
des amplitudes articulaires, une diminution de la masse myo- Une ETS, l’idursulfase (ElapraseW, Shire HGT), est disponible
cardique et des apnées du sommeil avec une amélioration depuis 2006. Elle est administrée à la dose de 0,5 mg/kg
globale de la qualité de vie étaient également observées pour chaque semaine. Les essais cliniques ont inclus des patients
la plupart des patients [38]. Des études ultérieures ont montré âgés de 5 à 53 ans, sans déficit cognitif. Ils ont montré une
l’intérêt de traiter tôt les patients avant la survenue de symptô- amélioration de la marche, une diminution des volumes hépa-
mes significatifs, améliorant ainsi le pronostic musculosque- tiques et spléniques, une amélioration de la capacité vitale et
lettique et cardiaque et la survenue d’anomalies encéphaliques une réduction des GAG urinaires [41]. Dans ces essais, environ
à l’IRM [2,3]. Le traitement globalement bien toléré est cepen- la moitié des patients ont eu des effets secondaires, mais à
dant immunogène (plus de 90 % des patients développent des l’exception de quelques rares réactions anaphylactiques, le
anticorps anti-laronidase) et la moitié a au moins un effet traitement était généralement bien supporté [41]. Cependant,
secondaire [3]. Quelques réactions anaphylactiques ont été dans les formes sévères de MPS II, les lésions encéphaliques
rapportées. progressaient malgré l’ETS, et il est globalement accepté que
Malheureusement, l’ETS est inefficace sur les troubles neuro- l’ETS est inefficace sur les troubles neurologiques [5].
logiques. Ainsi, la TCSH reste le traitement recommandé pour Les résultats de la TCSH dans la maladie de Hunter ne reposent
les phénotypes sévères de maladie de Hurler âgés de moins de que sur quelques publications de faible effectif et sont moins
2 ans et avec un quotient de développement supérieur à 70 % favorables que dans la MPS I [3,39]. Une amélioration de
[39]. La TCSH peut prolonger de manière significative la survie l’organomégalie, de l’obstruction bronchique, de la dysmor-
des MPS I au-delà de 20 ans (contre environ 7 ans chez les phie, de l’audition, voire de l’atteinte cardiaque a certes été
patients non traités) [40]. Surtout, la TCSH est efficace sur les observée [3,10]. Mais la détérioration neurologique est inéluc-
troubles cognitifs : en effet, les patients greffés n’ont pas de table dans les formes les plus précoces (et donc les plus
déclin neurocognitif majeur même si chez la plupart des sévères) de MPS II [3]. La TCSH peut être néanmoins envisagée
patients persistent des difficultés d’apprentissage et quelques lorsque le diagnostic a été fait suffisamment tôt avant la
troubles neurologiques [3]. Plus la greffe est précoce et meil- survenue de troubles neurologiques importants [10]. Dans
leur est le pronostic neurologique [39]. Par ailleurs, la greffe les phénotypes moins sévères, où l’évolution neurologique
diminue l’organomégalie, les apnées du sommeil, l’obstruction est peu prévisible, le bénéfice potentiel de la TCSH ne semble
bronchique et améliore l’audition et l’amplitude articulaire des pas l’emporter sur les risques immédiats et à long terme de
mains. Les troubles musculosquelettiques continuent cepen- cette procédure, d’autant que l’alternative de l’ETS présente
dant de progresser entraînant un retard de croissance. Il en est moins de risques [3,10].
de même pour les valvulopathies cardiaques.
Afin d’améliorer le pronostic fonctionnel des phénotypes Mucopolysaccharidose de type VI (maladie de Maroteaux-
sévères de MPS I, une stratégie consistant à combiner ETS et Lamy)
TCSH est en cours d’évaluation. Le principe est une ETS admi- La MPS de type VI est due au déficit en arylsulfatase B
nistrée au moins 6 semaines avant la greffe et jusqu’à la greffe entraînant une accumulation de dermatane sulfate. La trans-
établie [3,39]. mission est autosomique récessive. La maladie peut apparaître
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P Kaminsky, O Lidove

dès la naissance et progresser rapidement avec une dysplasie Autres mucopolysaccharidoses


squelettique caractéristique, faite d’une petite taille, d’une Les tentatives de traitement par TCSH dans les autres MPS
dysostose multiple sévère et d’une arthropathie restent parcellaires et leurs résultats mitigés [3,5]. La plupart
dégénérative ; le décès survenant avant la 3e décennie. Des des études n’ont rapporté que des résultats au mieux partiels
formes plus lentement progressives sont décrites, avec un sur le déficit intellectuel. Ceci est probablement lié au fait qu’au
début plus tardif et une dysostose multiple modérée. Les autres contraire de la maladie de Hurler où le diagnostic peut être fait
manifestations cliniques peuvent associer valvulopathie, sinu- très tôt, les autres MPS ne sont souvent diagnostiqués qu’après
site, otite moyenne, surdité, apnées du sommeil, syndrome l’âge de 2 ans, alors que l’atteinte neurologique est déjà
pulmonaire obstructif et restrictif, organomégalie, opacification installée et irréversible. Cela est particulièrement vrai pour la
cornéenne, syndrome du canal carpien, et hernies inguinale MPS III (maladie de Sanfilippo), où l’atteinte viscérale est
ou ombilicale. Sur un plan neurologique, il n’y a généralement modeste comparativement aux troubles cognitifs. Pour la
pas de troubles cognitifs, mais une compression médullaire, MPS IV (maladie de Morquio) où le développement intellectuel
une hydrocéphalie, et une atrophie optique avec cécité sont est généralement normal, ou pour les formes atténuées des
possibles. autres MPS, les effets bénéfiques viscéraux potentiels d’une
Une ETS, la galsulfase (NaglazymeW, Biomarin), est disponible TSCH sont à contrebalancer avec la morbi-mortalité élevée de la
depuis 2006 en Europe et se perfuse à la dose de 1 mg/kg procédure [3].
chaque semaine. Le profil de tolérance est acceptable. Un
anticorps anti-galsulfase se développe chez presque tous les Glycogénose de type II
patients, 50 % d’entre eux ont un effet secondaire et 16 % des La glycogénose de type 2 est due au déficit en a-glucosidase ou
réactions récurrentes à chaque réinjection. Le traitement en maltase acide, entraînant une accumulation de glycogène dans
milieu hospitalier est donc préféré en raison de ces risques le muscle squelettique et le myocarde. Sa transmission est
[42]. Les essais cliniques ont montré une amélioration signi- autosomique récessive. Cliniquement, elle se caractérise par
ficative du test de marche de 6 minutes, de la montée d’esca- une myopathie associée chez l’enfant à une cardiomyopathie.
lier, de la croissance et de la fonction respiratoire [43]. Un On distingue ainsi la forme infantile et la forme de l’adulte. La
traitement précoce permettrait une réduction de la scoliose, forme infantile ou maladie de Pompe débute avant 3 mois par
des valvulopathies et de la dysmorphie, et de meilleures une hypotonie majeure, des difficultés de succion et de déglu-
amplitudes articulaires. Des suivis à long terme ont montré tition et une cardiomyopathie hypertrophique puis une hépa-
une amélioration de l’endurance et de la marche, et un effet tomégalie. Elle aboutit au décès avant l’âge de 2 ans. La forme
positif sur la croissance et la puberté [44]. La fonction respi- adulte est caractérisée par une myopathie des ceintures avec
ratoire était stabilisée chez tous les patients inclus dans les fréquemment une atteinte précoce de la musculature respira-
protocoles initiaux [43]. En revanche, l’enzyme recombinante toire qui peut parfois révéler la maladie, une atteinte de la
ne traverse pas la barrière hémato-méningée et sa diffusion musculature lisse (troubles gastro-intestinaux, anévrysmes
est limitée dans la cornée et les articulations en raison de leur artériels particulièrement basilaires) et rarement une cardio-
faible vascularisation, d’où son inefficacité relative dans les myopathie. On décrit aussi une forme intermédiaire dite juvé-
formes les plus sévères ou les plus évoluées. Le traitement doit nile survenant chez l’enfant ou l’adolescent [47].
être le plus précoce possible : ainsi dans une étude portant sur Une enzymothérapie recombinante, l’alpha-alglucosidase
deux enfants d’une même fratrie où le traitement a été initié à (MyozymeW, Genzyme Co), est disponible depuis 2006 et se
8 semaines de vie chez le premier et à 3,8 ans chez le second, perfuse à la dose de 20 mg/kg toutes les deux semaines. Dans
aucune scoliose, limitation articulaire, maladie cardiaque ou la forme infantile, l’essai pivot portant sur 18 patients traités
dysmorphie faciale n’ont été notées chez le plus jeune, tandis versus placebo a montré une réduction de la mortalité de 99 %
que le plus âgé voyait ses atteintes viscérales simplement et du risque de ventilation assistée de 88 %, au prix d’une
stabilisées [45]. Opacification cornéenne et déformations tolérance acceptable [48]. Une deuxième étude confirmait ces
squelettiques ont cependant progressé chez les deux enfants résultats et montrait en outre une réduction de la masse
[45]. cardiaque chez tous les patients et une amélioration motrice
Dans une série collective de 45 patients avec MPS VI, traités par chez 62 %, mais les trois quarts des patients dépendaient d’un
TCSH entre 1982 et 2007, la survie à un an était de 66 % et la fauteuil en fin de suivi [49]. Les quelques études ultérieures ont
fréquence des réactions greffon contre hôte de 33 % [46]. fourni des résultats mitigés. Ainsi, parmi les 20 patients traités
Compte tenu de cette morbi-mortalité importante, l’ETS est au Royaume Uni, 35 % des enfants étaient décédés à un âge
préférée sauf cas sélectionnés, mais des études à long terme moyen de 11 ans, et 30 % étaient dépendants d’une ventilation
comparant patients traités par TCSH et ETS seront nécessaires assistée [50]. Les raisons de cet échec relatif tiennent peut-être
pour une évaluation des indications respectives de ces deux à un diagnostic trop tardif [51], plaidant pour un dépistage
traitements [3,39]. néonatal, et aussi à la survenue de titres élevés d’anticorps
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Stratégies thérapeutiques actuelles dans les maladies lysosomales

Mise au point
anti-alglucosidase neutralisants, particulièrement chez les 12 ans était, dans la même étude, traitée par miglustat. Après
patients aux phénotypes les plus sévères, conduisant à des un an de traitement étaient notés une amélioration des mou-
traitements immunomodulateurs lourds et pas toujours effica- vements oculomoteurs, de l’audition et un ralentissement de la
ces [3]. détérioration motrice [58]. L’extension de l’étude ouverte
Pour les formes juvénile et adulte, une étude a comparé précédente confirmait qu’après deux ans de traitement, le
90 patients âgés de plus de 8 ans, randomisés en un bras miglustat stabilisait la progression neurologique chez les
traité par alpha-alglucosidase 20 mg/kg/14 jours et un bras enfants au prix d’une tolérance satisfaisante [59]. Une troi-
par placebo pendant 78 semaines [52]. Aucun patient ne sième étude collective de 66 patients a confirmé la stabilisation
dépendait d’un fauteuil ou d’une ventilation invasive. Les de l’atteinte neurologique (basée sur l’étude de la vélocité des
patients traités augmentaient significativement leur test de mouvements saccadés oculaires horizontaux, la marche, la
marche de 6 minutes et leur capacité vitale. Des études ouver- cognition et la déglutition) chez 72 % des patients [60]. Les
tes regroupant au total plus de 200 patients ont confirmé résultats sont d’autant meilleurs que le traitement est débuté
l’amélioration ou la stabilisation de la force musculaire ou du tôt [57].
test de marche, et la préservation, voire une légère améliora-
tion de la capacité vitale et des paramètres ventilatoires en cas
de ventilation assistée ainsi que de la survie [53,54]. Conclusion
Ainsi, des recommandations ont été émises pour la prise en Depuis le début des années 1990 et l’avènement du premier
charge des formes tardives : les patients asymptomatiques traitement réellement efficace dans une maladie lysoso-
doivent être surveillés, traités à l’apparition des signes clini- male, des progrès considérables ont été réalisés dans la
ques, et réévalués après un an d’ETS [55]. Toutefois, jugeant le compréhension physiopathogénique des maladies et des
bénéfice du traitement faible comparativement à son coût, les mécanismes biochimiques qui les sous-tendent. Ces progrès
autorités suisses ont décidé de suspendre son remboursement intéressent très probablement un champ beaucoup plus
[56]. vaste que les maladies lysosomales. Il faut cependant recon-
Maladie de Niemann-Pick C naître que malgré les succès obtenus par la TCSH, l’ETS et
maintenant certaines petites molécules, peu de maladies
La maladie de Niemann-Pick C type est caractérisée par une
lysosomales sont actuellement concernées par ces traite-
anomalie du transport du cholestérol (LDL) aboutissant à une
ments et les résultats restent partiels dans la majorité des
accumulation de cholestérol non estérifié. Son mode de trans-
cas, surtout lors de l’atteinte du système nerveux central, qui
mission est autosomique récessif. L’expression phénotypique
reste le principal enjeu. De surcroît, ces traitements sont
est de sévérité variable et associe organomégalie et atteinte
extrêmement onéreux, ce qui justifie que leurs indications et
neurologique progressive. Dans un peu moins de la moitié des
le suivi des patients soient réservés à des médecins et des
cas, l’enfant naît avec une hépatosplénomégalie et un ictère
centres spécialisés. Des études longitudinales explorant
cholestatique [57]. La symptomatologie neurologique apparaît
l’efficacité à long terme, la tolérance, et l’innocuité de ces
secondairement et l’âge de début et l’évolution des signes
traitements (particulièrement celles des petites molécules)
cliniques vont déterminer la sévérité de la maladie. Dans la
sont par ailleurs indispensables. Des développements sont
forme la plus sévère, l’atteinte neurologique débute avant
nécessaires pour les maladies d’expression neurologique,
2 ans par un retard du développement moteur avec hypotonie
incluant des stratégies de dépistage précoce ou néonatal
puis atteinte pyramidale. Mais dans la majorité des cas, les
pour permettre de traiter certains patients avant même
signes neurologiques surviennent entre 3 et 15 ans, marqués
l’apparition d’une détérioration neurologique et d’améliorer
par une ophtalmoplégie supranucléaire, fréquemment par une
peut être ainsi leur pronostic.
ataxie cérébelleuse, une dysarthrie, une dystonie, une comi-
Si de réels progrès thérapeutiques ont été obtenus, de nom-
tialité et plus rarement par une cataplexie [57]. Une démence
breux points restent encore à préciser : identification des
progressive débute entre 3 et 15 ans dans deux tiers des cas
patients à traiter, objectifs, choix, et date d’initiation du trai-
(formes infantiles tardives et juvéniles) mais parfois beaucoup
tement, posologie optimale, identification de marqueurs bio-
plus tardivement dans les formes adultes dominées par des
logiques pour le suivi, place des traitements adjuvants
troubles psychiatriques. L’évolution est aussi marquée par la
et alternatifs, et critères d’arrêt en cas d’inefficacité du traite-
survenue de troubles de la déglutition.
ment.
Le miglustat (ZavescaW, Actelion) a obtenu l’extension de son
AMM en 2009 pour la maladie de Niemann-Pick C. Le premier
essai thérapeutique a inclus 20 patients âgés de plus de 12 ans Déclaration d’intérêts : Pierre Kaminsky : Sanofi Genzyme, Shire, Actelion
(billets d’avion et collaborations scientifiques) ; Olivier Lidove : Sanofi
traités par miglustat et comparés à 9 patients non traités [58]. Genzyme, Shire (billets d’avion et collaborations scientifiques).
Une cohorte additionnelle de 12 enfants âgés de moins de
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(2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.12.022.

P Kaminsky, O Lidove

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Pour citer cet article : Kaminsky P, Lidove O, Stratégies thérapeutiques actuelles dans les maladies lysosomales, Presse Med
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