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Le management et le marketing social dans le secteur non marchand

Book · October 2015

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1 author:

Joël Saucin
Haute École Galilée, Bruxelles et Université de Louvain, Louvain-la-Neuve et Mons
16 PUBLICATIONS 8 CITATIONS

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HAUTE ÉCOLE GALILÉE
IHECS
Institut des Hautes Études
des Communications Sociales
de Bruxelles

Management et marketing social


dans
le secteur non marchand

Pr Joël SAUCIN
Syllabus de 2e master
1re édition

Bruxelles
2015
2   MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  

À John et Jean-François

© Joël SAUCIN
21, rue de la Liberté
B — 6230 Pont-à-Celles

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous
pays sans l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit.

Imprimé en Belgique D/2015/CEICS, éditeur

2
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   3  

Plan du cours
Le présent ouvrage sert de syllabus au cours de Marketing social :
management public donné en deuxième Master animation socioculturelle et
éducation permanente à l'Institut des Hautes Études des Communications
Sociales de Bruxelles.

Objectifs

L'objectif de ce cours est d'amener l'étudiant à créer son organisation et à


pouvoir rédiger de manière professionnelle le « business plan » de celle-ci. Au
préalable, il s’agit d’apprendre à mieux se connaître et à mieux connaître ses
envies et ses compétences afin de concrétiser celles-ci au travers d’un projet.
Ensuite, quelques sources d’information et de documentation sont fournies pour
réaliser ce projet sous forme d’organisation. Enfin, le cours proprement dit
s'articule selon deux axes :
D'une part, l'acquisition des connaissances de base nécessaires à la
compréhension du management et de la gestion économicofinancière d’une
organisation. Cette approche théorique doit permettre à l'étudiant de maîtriser
un certain nombre de notions économiques, financières et juridiques ;
D'autre part, la mise en pratique des divers acquis par la création en équipe
d’une organisation et la rédaction d’un « business plan ».

Plan

Introduction.
De l’idée au projet en passant par une meilleure connaissance de soi.
Apprendre à mieux se connaître et à mieux connaître ses envies et ses
compétences. Mettre ses envies et compétences au service d’un projet.
Réaliser ce projet par la création d’une organisation.
Les sources d'information économiques, financières et juridiques. Les
sources orales. Les sources écrites. Les sources électroniques. Les sources
audiovisuelles. Ouvrages de référence et adresses utiles.
Secteur non marchand et microéconomie. Fondements d'économie
politique. La concurrence et la coopération.
Les modalités d'interventions étatiques dans les structures économiques.
Organismes publics. Subsides et subventions.
Droit commercial et fiscalité. Droit des sociétés. Régime juridique des
contrôles judiciaires des organisations. Impôt des sociétés. De quelques
notions de fiscalité. Les modalités du droit de la concurrence organisé par le
Traité de Rome.
Management. Les mécanismes d'influence dans les organisations. Structure
et dynamique des organisations. Les discours stratégiques. Marketing.

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4   MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  

Concepts et processus. La segmentation. Les différentes politiques


mercatiques. Les stratégies possibles. La notion de filière et ses implications
au niveau d’une organisation.
Éléments de comptabilité. Définitions et principes généraux. Le bilan. Le
compte de résultats. Considérations quant à la lecture des comptes. Lecture
de bilans et de comptes de résultats.
Éléments d'analyse financière. Flux et décisions financiers au sein des
organisations. Analyse du bilan. Analyse du compte de résultats. Analyse
financière externe : les ratios financiers.
Business plan et création d’une organisation.
Conclusion.

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   5  

De l’idée au projet

Projet et installation
Connais-toi toi-même ! (Socrate)
Aime ton prochain comme toi-même ! (Isaïe et Jésus)
Deviens qui tu es ! (Nietzsche)

Connais-toi toi-même !

Pour vivre pleinement sa vie, il faut d’abord apprendre à se connaître. Il faut


ensuite apprendre à s’aimer et à aimer l’autre (les deux sont complémentaires,
car les pailles que je perçois dans l’œil de mon voisin m’éclairent sur les poutres
qui sont dans mon œil et me rendent aveugle. Apprendre à connaître et aimer
mon alter ego, m’apprend ainsi à m’accepter et à m’aimer moi-même !) Enfin,
ce travail réalisé sur soi-même et dans mes relations à autrui, je peux enfin vivre
pleinement ma vie ! Me réaliser ! Bref, devenir qui je suis !
Pour créer et développer un projet, vous devez tout d’abord bien connaître
vos motivations, vos passions, vos potentialités, vos compétences, les
opportunités qui se présentent à vous. Ainsi, le projet mis en place sera une
véritable émanation de vous-même qui vous permettra pleinement de vous
épanouir.

À cette fin, vous devez vérifier un certain nombre de points, dont :

• Le projet et vous ;
• La cohérence entre votre personnalité et votre projet ;
• Votre disponibilité à l’égard de ce projet ;
• Vos atouts personnels par rapport à ce projet.

En fonction de ces divers éléments, vous allez pouvoir émettre une série
d’idées que vous pourrez ensuite partager avec d’autres étudiants. Finalement,
vous allez aboutir à un modus vivendi qui vous permettra d’y voir plus clair au
niveau de l’idée commune à envisager. Passez quelques heures en compagnie de
vos condisciples pour échanger vos idées et générer ainsi un projet commun qui
vous représente !

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6   MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  

L’idée

Afin de trouver finalement l’idée opportune, tirez également parti de votre


environnement, exploitez certaines techniques de créativité, recherchez
éventuellement un brevet, une licence ou une franchise, lisez les études et
magazines spécialisés et surtout protégez votre idée.

Description du projet (produit ou service)

Testez de manière intuitive l’opportunité des différents projets

En groupe, lors d’un brainstorming, vous allez pouvoir évaluer à la grosse


louche, grâce à vos intuitions respectives, les éléments suivants :

• Les différents produits ou services envisagés ;


• La modificabilité et l’adaptabilité des produits ou des services
envisagés ;
• Les compétences et les qualités requises ;
• L’originalité et le caractère novateur des produits ou services ;
• La temporalité des produits ou services (mode éphémère ou besoin
primaire) ;
• Les produits ou services similaires ;
• L’image des produits ou des services.

Toujours de manière intuitive, vous allez également évaluer certains aspects


juridiques et économiques :

• Les lois, règlements et normes juridiques en la matière ;


• L’accès à la profession ;
• Les coûts envisagés ;
• La publicité nécessaire ;
• La technologie envisagée ;
• L’état du marché abordé :
• Ce marché est-il ouvert ou saturé ?
• Ce marché est-il en régression ou en progression ?
• Ce marché est-il extensible ou non ?
• La clientèle potentielle et le public cible ;
• Comment joindre, conquérir et fidéliser cette clientèle ou ce public ?

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   7  

• L’existence éventuelle d’une concurrence :


• Quel type de concurrence ?
• Quelle est la situation géographique et temporelle de cette
concurrence ?
• Quelles sont les forces et les faiblesses de cette concurrence ?
• Quelles sont les politiques de produit, de prix et d’image de cette
concurrence ?
• La possibilité de coopérations et de complémentarités avec d’autres
organisations dans le domaine envisagé.

Enfin, vous aborderez rapidement les questions financières :

• La rentabilité sociale et la rentabilité financière espérées ;


• L’investissement de départ ;
• Les frais fixes ;
• Le budget publicitaire ;
• Le budget de recherche ;
• Les frais de fonctionnement et les charges d’exploitation ;
• Le chiffre d’affaires à réaliser ;
• La marge brute à dégager et la marge nette restante ;
• Les impôts et taxes ;
• La faisabilité ;
• L’information nécessaire ;
• Les moyens humains, matériels et financiers nécessaires ;
• Le délai nécessaire à la réalisation ;
• L’exposition du projet à un groupe-test ;
• L’étude de marché.

À la suite de ce remue-méninges, vous allez pouvoir décrire en une vingtaine


de lignes le projet envisagé. Cette description vous servira de base de départ
pour faire avancer concrètement votre projet.
Les chapitres suivants vous permettront d’affiner celui-ci et d’élaborer
finalement votre business plan.

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8   MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  

Les sources d’informations


économiques, financières et juridiques

Introduction

Les animateurs, médiateurs ou éducateurs sont avant tout des


communicateurs. Même s'ils maîtrisent relativement bien leur sujet, il s'avère
souvent nécessaire de recourir à l'une ou l'autre source d'information. Celles-ci
peuvent se présenter sous différentes formes :

• verbale ;
• électronique ;
• écrite ;
• audiovisuelle.

Spécialistes et experts

Les premières sources verbales sont liées aux contacts informels que vous
avez tissés durant votre existence. Elles relèvent de liens familiaux, ainsi que de
vos multiples réseaux sociaux tissés avec vos amis, vos connaissances et vos
condisciples. Ces réseaux se sont également informatisés par le biais de
plateformes telles que Facebook, Twitter ou Instagram.
Les autres sources verbales sont constituées de personnes qui, pour une
raison ou une autre, peuvent être considérées comme des spécialistes ou des
experts dans certains domaines particuliers.
Ces informateurs se trouvent liés le plus souvent à des institutions ou des
organismes. Pour les contacter, il suffit de s'adresser à ces organisations et de
nouer ensuite un réseau de relations.
Ainsi, en matière de subsides ou de subventions, il est bon d'entretenir des
liens privilégiés avec, d'une part, les décideurs publics et les membres de leurs
cabinets, et, d'autre part, avec les fonctionnaires et agents chargés de gérer les
dossiers.
Sans être exhaustif, rappelons que ces institutions ou organismes auxquels
sont liés ces divers spécialistes peuvent être :

dans le domaine politique,

* Les cabinets ministériels ;


* les administrations ;

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   9  

* les partis politiques ;


* les centres d'études ;

2. dans le domaine socioéconomique,

* Les organisations économiques internationales ;


* les départements universitaires ;
* les hautes écoles ;
* les centres d'études ;
* les bureaux de consultants ;
* les fédérations d'entreprises ;
* les chambres de commerce ;
* les entreprises ;
* les organismes syndicaux ;
* les lobbies ;

3. dans le domaine financier,

* Les organisations financières internationales ;


* les administrations ;
* la banque centrale ;
* la commission bancaire ;
* la centrale des bilans ;
* le Ducroire ;
* la bourse ;
* les agences de change ;
* les institutions financières ;
* les banques ;
* les assurances ;
* les holdings et sociétés de portefeuille ;

4. dans le domaine juridique,

* Les cours et tribunaux ;


* les notaires ;
* les reviseurs d'entreprises ;
* les conseils fiscaux (publics et privés) ;
* les cabinets d'avocats ou de juristes ;
* les organisations internationales.

Les sources électroniques

Internet

Un certain nombre de bases de données d’organismes internationaux,


d’agences (AFP, AP, Belga, EFE, LUSA, Reuter, Tass...) ou d’organes de
presse sont maintenant accessibles sur la toile. C’est le cas des quotidiens belges

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1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
Le Soir (http://www.lesoir.com), L’Écho (http://www.echonet.be), De Standaard
(http://www.vum.be/dshome.html) ou du Financieel Ekonomische Tijd
(http://www.tijd.be/), des journaux français Le Monde (http://www.lemonde.fr),
Le Monde diplomatique (http://www.monde-diplomatique.fr/md/index.html), Les
Échos (http://www.lesechos.fr), L’Expansion (http://www.expansion.tm.fr) ou
Libération (http://www.liberation.fr) et de la presse anglo-saxonne The
Economist (http://www.economist.com), The Wall Street Journal
(http://www.wsj.com) ou The Financial Times (http://www.ft.com). Retenons
également, parmi les organismes internationaux, la Banque mondiale
(http://www.worldbank.org), le Fonds monétaire international
(http://www.imf.org/external), la bibliothèque commune à ces deux organisations
(http://jolis.worldbankimflib.org/JL/jlhome.htm), l’UNESCO
(http://www.unesco.org), l’OCDE (http://www.oecd.org), le Bureau international
du travail (http://www.ilo.org), l’Organisation mondiale du commerce
(http://www.wto.org), le Programme des Nations unies pour le développement
(http://www.undp.org/undp/hdro) et la Commission européenne
(http://www.europa.eu.int).
Au plan national, les sites du gouvernement et des ministères fédéraux
s’avèrent très intéressants. Retenons entre autres http://belgium.fgov.be (site du
gouvernement) ; http://economie.fgov.be (site du Ministère des Affaires
économiques sur lequel figure le Vademecum de l’entreprise) ;
http://diplobel.fgov.be (site du Ministère belge des Affaires étrangères) ;
http://minfin.fgov.be (site du Ministère des Finances sur lequel figure entre
autres la fiscalité) ; http://treasury.fgov.be (Administration de la Trésorerie).

Le Vademecum de l’entreprise

Pour mener à bien la création d’une organisation, il existe une base de


données en ligne accessible via le Web. Il s’agit du Vademecum de l’entreprise
(http://economie.fgov.be/fr/modules/publications/general/vade-
mecum_de_l_entreprise.jsp ). Sur ce site, le Service public fédéral Économie,
P.M.E., classes moyennes et Énergie met à disposition des chefs d'entreprise et
des particuliers, un guide reprenant les principales formalités à accomplir lors
de l'exercice d'une activité économique. Ce qui suit vise à faire connaître aux
entreprises débutantes ou existantes respectivement les formalités à accomplir
lors de leur installation, le système fiscal, la législation sociale, le régime des
aides et les organismes qui les octroient. Il n'entre nullement dans les intentions
de ce service d'être exhaustif, de sorte que vous ne trouverez pas toujours la
réponse complète à vos questions. C'est la raison pour laquelle une attention
particulière a été accordée aux coordonnées des institutions publiques plus
compétentes en certaines matières. À cet effet, il faut souligner que les textes
légaux officiels et les instructions des services compétents ont la priorité en cas
de doute ou d'éventuelles imprécisions du texte. Néanmoins, ce site offre une
magnifique synthèse de multiples aspects dont :

1. Les formalités à accomplir pour l'exercice en Belgique d'une activité


artisanale, commerciale ou industrielle :

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1  

1.1. Constitution d'une entreprise individuelle ou d'une société


1.2. Enregistrement à la Banque-carrefour des Entreprises
1.3. Implantation d'une entreprise
1.4. Accès à la profession
1.5. Comptabilité et comptes annuels des entreprises
1.6. Réglementation de la production et de la distribution
1.7. Réglementation environnementale
1.8. Réglementation des transports
1.9. Propriété intellectuelle
1.10. Contingents et licences — Réglementation du commerce extérieur
1.11. Résumé des formalités à accomplir lors de l'installation comme
indépendant.

2. Les impôts

2.1 Impôts sur les revenus


2.2 Impôts de consommation
2.3 Impôts sur la circulation juridique des biens
2.4 Impôts autonomes

3. L’emploi et les lois sociales

3.1. Réglementation et relation du travail


3.2. Bien-être au travail
3.3. Sécurité sociale des travailleurs salariés et appointés
3.4. Statut social des travailleurs indépendants de leurs aidants
3.5. Formalités particulières aux étrangers
3.6. Reclassement social des handicapés
3.7. Emploi des langues.

4. Les mesures en faveur des entreprises

4.1. Introduction
4.2. Liste des mesures d’aides
4.3. Fiches
4.3.1. Mesures fiscales
4.3.2. Conseil
4.3.3. Starters
4.3.4. Élargissement
4.3.5. Investissements (Im)matériels
4.3.6. TIC
4.3.7. R&D et technologie d’innovation
4.3.8. Recrutement
4.3.9. Aide pour employés handicapés
4.3.10. Formation

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2  
4.3.11. Exportation
4.3.12. Reprise et transfert des entreprises
4.3.13. Économiser l’énergie
4.3.14. Investissements respectueux de l’environnement
4.3.15. Sécurité
4.3.16. Mesures d’aide spécifiques au secteur : agriculture
4.3.17. Mesures d’aide spécifiques au secteur : horeca
4.3.18. Mesures d’aide spécifiques au secteur : œuvres audiovisuelles
4.3.19. Mesures d’aide spécifiques au secteur : transport
4.3.20. Régions défavorisées
4.3.21. Sociétés en difficulté

Parmi les multiples rubriques, on retiendra tout particulièrement l’onglet


relatif à la création de son entreprise
http://economie.fgov.be/fr/entreprises/vie_entreprise/Creer/#.VhZFr_7ou1s .
Celui-ci est une mine d’or en ce domaine et propose diverses informations
abordant la manière de :

• Structurer votre projet d'entreprise


o Le statut social des travailleurs indépendants
o Choix du nom de l'entreprise
o Formes de sociétés
• Démarches à entreprendre pour créer votre entreprise
o Choisir un statut juridique : entreprise individuelle ou société ?
o Ouverture d'un compte à vue
o Acte constitutif d'une société
o Dépôt de l'acte constitutif d'une société au greffe du tribunal de
commerce
o Enregistrement de l'acte constitutif
o Démarches auprès d'un guichet d'entreprises
o Identification à la TVA
o Affiliation à une caisse d'assurances sociales
o Affiliation à une mutuelle
o Assurances
o Engagement de personnel
• Conditions d'accès à la profession
o Professions commerciales et artisanales
o Professions libérales et intellectuelles
o Port du titre professionnel
o Licences ou autorisations spécifiques
o Attestations UE
• Guichets d’entreprises agréés
o Recherche par guichet
o Recherche par commune

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3  
Les sources écrites

Les sources écrites peuvent être manuscrites ou imprimées. La majorité de


ces sources est actuellement imprimée et se trouve en librairie ou dans les
bibliothèques. D'autres informations font l'objet de communiqués de presse et
sont répercutées par le biais des agences de presse. Il reste aussi le cas de la
littérature grise, interne aux diverses organisations.

Les agences de presse et les journaux

Les agences de presse demeurent une des premières sources d'information


pour la plupart des quotidiens et magazines. Leurs informations sont diffusées
dans la plupart des centres de presse. Les agences les plus connues sont l'A.F.P.,
l'A.N.S.A., l'Associated Press, l'agence BELGA, l'agence REUTER, etc.
Les quotidiens et les magazines sont également des sources intéressantes qui
vous permettent de mieux connaître les multiples situations et problèmes
relevant du secteur non marchand lié à l’animation, à la coopération, au
développement, à la médiation, aux aspects socioculturels et à l’éducation
permanente.

Livres et revues

Les principales bibliothèques sont également liées à des organismes ou des


institutions. Il s'agit des mêmes organisations déjà citées plus haut. Nous
mettrons cependant en exergue celles relevant des universités (la bibliothèque
des sciences humaines à Louvain-la-Neuve, celle de l'institut Solvay à
Bruxelles...), des organisations professionnelles (F.E.B., F.G.T.B., C.S.C....), et
des administrations (Institut National des Statistiques., bibliothèque du
ministère des finances...).
À cet égard, la Belgique est quelque peu privilégiée, car les bibliothèques
relevant des institutions européennes se trouvent à Bruxelles.
La littérature grise

La littérature grise pose un problème plus complexe. Beaucoup


d'informations fort intéressantes se trouvent publiées de façon formelle, sans
être nécessairement diffusées à l'extérieur des organisations. Afin d'accéder à
ces informations, la Commission des Communautés européennes a mis sur pied
des bases de données regroupant ces diverses sources d'information. Cependant,
il demeure fort difficile d'accéder à ce type de documents, sauf s’ils figurent sur
le site même des organisations. Sinon, le plus simple est encore de s'adresser à
l'organisation éditrice (éventuellement, l'attaché de presse ou le public relation)
afin d'obtenir ces témoignages.

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Les sources audiovisuelles

L'information audiovisuelle est encore l'apanage des chaînes de télévision


(privées ou publiques). Leurs informations sont la plupart du temps fort
générales, mais peuvent néanmoins se révéler intéressantes, étant donné que de
plus en plus de chaînes créent ou couvrent très vite l'événement.
Là encore, la Belgique se révèle être un pays privilégié, grâce à ses
nombreux réseaux de câbles de distribution. Petit à petit, des chaînes
thématiques apparaissent dans le paysage audiovisuel. En ce domaine, la radio
demeure encore en première ligne.

En résumé

Outre l’aspect informationnel lié à ces diverses sources, celles-ci peuvent


également vous procurer un certain nombre de pistes ou d’idées en vue de
mieux concevoir votre projet.
Retenons surtout parmi toutes ces sources les sites web suivants :

— http://economie.fgov.be/fr/modules/publications/general/vade-
mecum_de_l_entreprise.jsp. Dans cette publication, le Service public
fédéral Économie, P.M.E., classes moyennes et Énergie met à
disposition un guide reprenant les principales formalités à accomplir
lors de l'exercice d'une activité économique.
— Le guide du créateur de impulse.brussels présente les informations
utiles sur la création d’entreprises. Il passe en revue les principales
phases de construction de votre projet.

À Bruxelles, les structures suivantes peuvent vous aider :

— www.ecosubsibru.be: le portail des aides en Région de Bruxelles-


Capitale. Vous y découvrirez aussi les institutions qui peuvent soutenir
financièrement votre projet d’entreprise à Bruxelles.
— impulse.brussels, pour tout conseil au sujet de la vie de votre entreprise.
e-mail : info@impulse.irisnet.be et le site web: www.impulse.irisnet.be.
Vous pouvez également développer votre projet d'entreprise en Région
de Bruxelles-Capitale avec l'aide du StarterKit en ligne de
impulse.brussels.
— BECI (Chambre de Commerce & Union des Entreprises de Bruxelles).
E-mail : info@beci.be et le site web : www.beci.be.
— Institut Professionnel des Comptables et des Fiscalistes agréés (IPCF)
pour tout conseil fiscal et comptable.
E-mail : info@bibf.be et le site web : www.ipcf.be.
— Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Administration de
l'Économie et de l'Emploi (AEE) pour toute question concernant la vie
de votre entreprise, la législation régionale, les demandes de subsides,

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5  
etc. E-mail : eco@mrbc.irisnet.be et le site web : www.werk-economie-
emploi.irisnet.be.

En Wallonie, il faut consulter les sites suivants :

— http://www.infos-entreprises.be/fr/creer-lentreprise-1
— http://www.wallonie.be/fr/formulaire/detail/1968. Pour soutenir la
création d'activités économiques sur son territoire, la Région wallonne
octroie des bourses de proactivité aux personnes ayant un projet de
création d'entreprise, de commerce ou d'activité à titre d'indépendant
basé sur une idée originale et réaliste.

Pour les démarches relatives à une ASBL, vous pouvez vous adresser à un
Guichet d'Entreprises.

— Vous trouverez également des informations sur la page "Formalités et


obligations" du site http://www.bruxelles.irisnet.be/travailler-et-
entreprendre/entreprendre-a-bruxelles/le-guide-de-
lentrepreneur/demarrer-votre-entreprise.

Pour les autres types de société, vous devez passer un acte notarié, avec des
frais de constitution couvrant les frais de publication au Moniteur et les
honoraires du notaire. Pour plus d'informations, n'hésitez pas à consulter le
site de la Fédération Royale du Notariat Belge.

Pour les multiples aides et subsides octroyés par les différents pouvoirs publics,
il existe également un guide pratique « Aides et subsides aux PME wallonnes et
bruxelloises » qui présente les aides et subsides les plus intéressants pour ne pas
passer à côté d'une quelconque opportunité. Ce guide pratique 2015 permet à
toute entreprise de cibler rapidement les aides principales qui lui sont
accessibles. Cette nouvelle édition reprend une série de changements au niveau
de la mesure « Premiers engagements » et des primes à l'investissement et fait le
point sur les primes qui ont disparu. Il présente aussi la multitude d'autorités
libres de déterminer des aides et subsides. Toutes ces aides sont en outre en
perpétuelle évolution. Résultat : de nombreux dirigeants de PME renoncent à
avoir recours aux aides et subsides en faveur des entreprises par
méconnaissance des possibilités et par crainte des démarches administratives.
Ce guide est votre fil conducteur pour répondre à tous ces soucis :

• il s’agit d’un livre didactique et facile d'utilisation ;


• plus ou moins 800 aides y sont dénombrées ;
• chaque aide est décrite sous la forme d'une fiche pratique reprenant :

o le contexte dans lequel la mesure s'applique ;


o le public cible ;
o les conditions ;
o les avantages ;
o la procédure à suivre ;

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o l'autorité compétente.

Vous disposerez ainsi de toutes les informations nécessaires et serez certain de


ne passer à côté d'aucune opportunité. (Aides et subsides aux PME wallonnes et
bruxelloises — Guide pratique 2015.
http://www.indicator.be/fr/publications/BK_detail.php?prodID=WASUENBK

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Le secteur non marchand et la


microéconomie

Secteur non marchand : définitions

L'expression « secteur non marchand » est généralement utilisée depuis une


trentaine d'années en France et en Belgique francophone pour désigner certains
producteurs, tant privés que publics, au sein de l'économie.
Les économistes distinguent le secteur non marchand par rapport au secteur
capitaliste et au secteur public. Quand ils parlent d´économie sociale, ils
désignent un champ d´activités qui ne recouvre cependant qu´en partie le
secteur non marchand.
Pour la Confédération des Entreprises non marchandes (CENM) le secteur
non marchand se compose au sens large de l'ensemble des producteurs :
• bénéficiant de ressources non marchandes (et en particulier de
financements publics),
• et poursuivant une finalité non lucrative.
Entendu au sens restreint, le secteur non marchand regroupe les producteurs
satisfaisant aux deux conditions précédentes, et qui, en plus (3) fournissent des
services relevant principalement de la santé, de l'action sociale, de l'éducation
ou de la culture. Au sens le plus général, le secteur non marchand se définit
donc comme l'ensemble des producteurs qui cherchent à financer leur
production autrement que par la vente et qui, en même temps, sont animés d'une
finalité non lucrative.
La définition de l´entreprise non marchande retenue par un arrêté royal du 14
février 2008, qui définit le champ de compétence de la commission paritaire
pour le secteur non marchand (CP 337), est la suivante : « Par organisation du
secteur non marchand, on entend toute organisation privée qui vise à fournir
des services à ses membres ou à la collectivité sans poursuivre de but de lucre
et dont le financement provient principalement de subsides, de dons, de
cotisations de membres ou du bénévolat ».

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Dans les faits, le secteur non marchand recouvre des activités et des
services qui vont du culturel à la santé, en passant par le social et
l´environnement. Ces activités sont souvent organisées sous la forme juridique
de l´association sans but lucratif. Les autres formes juridiques présentes dans le
secteur sont la coopérative, la fondation, la société à finalité sociale et la
mutualité.
Ces organisations dépendent souvent d’un pouvoir organisateur lié à l´un des
« piliers » issus des clivages qui traversent la société belge. Ainsi, les
organisations actives dans les secteurs médico-social et pédagogique ont une
appartenance qui reste encore souvent identifiable du point de vue des piliers.
Ces organisations sont représentées par des associations sectorielles
regroupées en associations interprofessionnelles pluralistes, en vue d´une
représentation au niveau des entités fédérées, ainsi qu’au Conseil national du
travail et au Conseil central de l’économie.
En Belgique, dans le système tripartite (syndicats, employeurs et
gouvernement) du non-marchand, les employeurs du secteur à profit social (non
marchand) sont représentés par quatre fédérations d'employeurs :

1. L’UNISOC (Union des Entreprises à Profit Social) au niveau fédéral


2. l'UNIPSO (Union des Entreprises à Profit Social) en Région wallonne
et en Communauté française
3. VERSO (Vereniging voor Sociaal Profit Ondernemingen) en Flandre
4. la CBENM (Confédération Bruxelloise des Entreprises Non-
Marchandes) en Région bruxelloise.

Le secteur non marchand a largement été pris en compte par les politiques
sociale et de l´emploi. Par exemple, il a été le réceptacle des emplois créés dans
le cadre des programmes de résorption du chômage. Il couvre de nombreuses
activités qui répondent à des besoins collectifs, que les pouvoirs publics
reconnaissent et décident de soutenir en les confiant à l´initiative privée. La
plupart du temps, les services du secteur non marchand sont financés à la fois
par une subsidiation des pouvoirs publics et par une participation financière des
usagers qui font appel à ces services. En effet, les biens et services fournis par
ce secteur sont gratuits ou à des prix économiquement peu significatifs. Si le
bénéficiaire (ou usager) ne les paye pas (ou pas à leur pleine valeur) au moment
de l'utilisation, ces services ne sont pas gratuits pour autant. Ils sont en général
payés par :

• la caisse publique (lorsque le prestataire est un service public) ou par


des subventions (lorsque le prestataire de service est privé et obtient un
financement public) ;
• une contribution forfaitaire, comme une cotisation, lorsque le
bénéficiaire adhère à une association ;
• la générosité publique : dons, legs, bénévolat...

18
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
9  
En pratique, nombre de producteurs combinent des ressources d'origine
marchande (ventes) et d'autres d'origine non marchande (subventions, dons…).
Par exemple, une association présente dans le champ de l'insertion
socioprofessionnelle et qui occupe des personnes défavorisées dans un
restaurant peut bénéficier d'une aide publique pour sa mission d'insertion, mais
elle peut également compter sur des recettes marchandes non négligeables
(vente de repas). Autrement dit, les ressources qu'elle perçoit sont mixtes.
L´emploi du secteur non marchand a bénéficié d´un soutien particulier du
gouvernement fédéral (diminution de cotisations de sécurité sociale dues par les
employeurs).
À la fin des années 1990, le secteur a été investi par un mouvement social
qui a contribué à lui donner son identité propre et qui a débouché sur un
ensemble d´« accords non marchands » conclus à partir de 2000 entre les
organisations syndicales et patronales et les gouvernements au niveau fédéral et
à celui des entités fédérées. (CRISP, www.vocabulairepolitique.be/secteur-non-
marchand/) (https://fr.wikipedia.org/wiki/Services_non_marchands) (MARÉE
& MERTENS 2002)

Secteur non marchand et analyse microéconomique

Fondements d'économie politique

L'économie politique est la science sociale qui étudie les comportements


humains devant les moyens rares sollicités pour des fins multiples. La science
économique s'intéresse, d'une part, aux opérations essentielles que sont la
production, la distribution et la consommation des biens, d'autre part, aux
institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations.
Les deux actes économiques fondamentaux sont la consommation et la
production. Au départ de cette première typologie du comportement, nous
trouvons deux types d'agents : les ménages et les entreprises.
Les ménages ont pour première fonction la consommation, tandis que les
organisations ou entreprises sont les agents dont la fonction est la production
de biens et de services. Elles rassemblent les moyens nécessaires à cette
production : elles engagent des travailleurs, se procurent des équipements,
achètent des matières premières ou des produits semi-finis, et acquièrent des
capitaux financiers.
Selon la même typologie, nous avons deux sortes de biens économiques : les
biens de consommation durables ou non durables et les biens de production.
Ces derniers se subdivisent en outputs (ce qui est produit) et inputs (ce qui sert
à produire).
Un bien est un output s'il est le résultat d'une production, quels que soient
son état (fini, demi-fini, brut...) et sa destination.

19
2 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
Un bien est un input s'il est utilisé pour en fabriquer d'autres, quels que
soient son état et son origine.
Une autre distinction est celle entre produits ou services et facteurs de
production. Les produits sont assimilés aux produits consommés et les facteurs
de production désignent les divers biens et services qui permettent la
production : les ressources naturelles, le travail et le capital.
Le problème économique fondamental est le problème de l'allocation des
ressources en fonction des possibilités de production. Il s'agit d'un problème de
choix tenant compte de la rareté des ressources. La procédure de décision par
laquelle une société résout ce problème caractérise un système économique. Il
existe deux grands types d'organisation économique : les économies de marché
et les économies de commandement.
Le système des économies de marché repose essentiellement sur l'initiative
individuelle. Consommateurs, producteurs et détenteurs de ressources décident
librement en fonction du marché, par le mécanisme de l'échange.
Les principales caractéristiques d'un tel système sont le droit à la propriété
individuelle, la liberté de contracter et d'échanger, la liberté du travail et la
liberté d'entreprendre. Le système se caractérise alors par la concurrence.
Le marché est une rencontre entre deux ou plusieurs agents économiques,
leur permettant de confronter leurs intentions. Chaque agent n'obtient ce qu'il
achète que moyennant une contrepartie acceptée par celui qui le fournit. La
contrepartie est généralement exprimée en monnaie, et le rapport entre la
somme de monnaie et la quantité du bien ou service échangé est appelé prix.
Il existe un marché distinct pour chaque bien ou service, mais l'analyse les
groupe en deux types principaux : les marchés des produits, et les marchés des
facteurs de production.
Les économies de commandement reposent sur l'autorité. Chaque agent se
voit dicter par une autorité coordinatrice quelles seront la forme et l'ampleur de
sa participation à l'activité économique. La compatibilité des décisions est
assurée par le plan, par le biais du mécanisme réglementaire.
Un plan est essentiellement un calcul comptable, faisant d'une part le bilan
des ressources disponibles, et fournissant d'autre part la liste des objectifs.
Les deux réponses types au problème de l'allocation des ressources ne sont
que des cas d'école. Dans la réalité, les deux systèmes s'interpénètrent pour
donner divers systèmes d'économie mixte.
Dans le cadre de ce cours, nous étudierons les principaux aspects du
fonctionnement d'une telle économie.

La concurrence parfaite

La loi de l’offre et de la demande

Une économie de marché se caractérise par la liberté avec laquelle les


demandes solvables des agents économiques rencontrent les offres en vue
d'effectuer des échanges. La loi de l'offre et de la demande est l'instrument
d'analyse de ces rencontres.

20
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   2
1  
La demande

La demande individuelle pour un bien est la quantité de ce bien qu'un


acheteur est prêt à acquérir au cours d'une période donnée. Cette quantité
demandée est fonction de variables dont le prix du bien, les prix des autres biens
(substituts, compléments), le revenu du consommateur, ses goûts (variables
importantes en marketing basées sur les motivations psychologiques, les
attitudes sociales ou culturelles, etc.), et des variables exogènes (telles que le
climat, la conjoncture...), dans le cadre d'un système de valeur (pour les
ménages) ou dans le cadre d'un état donné des sciences et des techniques (pour
les biens industriels).
La loi de la demande est la relation qui existe, pendant une période de
temps déterminée, entre les divers prix d'un bien et les diverses quantités de ce
bien que l'acheteur est prêt à acquérir, toute autre variable étant considérée
comme constante. Quatre caractéristiques de la courbe de la demande :

pour un prix donné, la courbe détermine la quantité demandée par unité de


temps ;
elle représente les quantités maxima que l'acheteur veut acquérir à divers
prix sur le marché ;
elle descend de gauche à droite : plus le prix est élevé, moindre est la
quantité demandée, et réciproquement ;
l'intersection de la courbe avec l'axe des abscisses indique la quantité
demandée lorsque le bien est gratuit.

Un accroissement de revenu provoque un déplacement de la courbe de


demande vers la droite. En cas de baisse du revenu, c'est vers la gauche que
s'effectue le déplacement. Une modification des autres facteurs influençant les
quantités demandées entraîne le même phénomène.
Un déplacement le long d'une courbe de demande représente les effets en
quantités d'une modification de prix du bien considéré ;
Un déplacement de la courbe elle-même traduit les effets quantitatifs
provoqués par toute autre modification de l'environnement du demandeur, à
l'exclusion du prix du bien.
L'élasticité d'une demande par rapport au prix est la variation relative de
demande induite par une variation relative de prix. L’élasticité est exprimée en
valeur absolue. Celle-ci peut varier de zéro à l'infini :

1° ε = 0 si le changement relatif du prix ne provoque aucun changement de


quantité demandée. La demande est parfaitement inélastique ;
2° 0 < ε < 1 lorsque le changement en pourcentage de la quantité demandée
est inférieur au changement en pourcentage du prix. La demande est
inélastique ;
3° ε = 1 quand le changement en pourcentage de la quantité demandée est
exactement égal au changement en pourcentage du prix ;
4° 1 < ε < ∞ si le changement en pourcentage de la quantité demandée est
supérieur au changement en pourcentage du prix. La demande est
élastique ;

21
2 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  
5° ε = ∞ lorsque le changement en pourcentage de la quantité demandée est
infini à la suite du changement en pourcentage du prix. La demande est
parfaitement élastique.

Divers facteurs influencent le degré d'élasticité de la demande d'un bien :

1° L’existence de substituts. Une hausse du prix provoque une importante


substitution. L'élasticité est dans ce cas élevée ;
2° L’importance relative du bien dans le budget du consommateur. La
demande d'un bien qui absorbe une large fraction de ce budget est plus
élastique que celle d'un bien moins important ;
3° Les multiples usages auxquels le bien peut être affecté. L'élasticité sera
également élevée.

En général, les demandes élastiques correspondent à des produits et services


qui ne sont pas de première nécessité (biens d'équipement, produits de luxe).
Une demande est inélastique dans trois cas :

1° Quand il y a entente, cartel ou monopole ;


2° Si les produits ou services sont de premières nécessités (produits
alimentaires, électricité...) ;
3° Quand il s'agit d'un produit industriel. Ce type de produit a une élasticité
faible. Cela signifie que le producteur, même en surcapacité, n'a pas
intérêt à diminuer ses prix, car ses ventes n'augmenteront guère. Il devra
attendre une période de meilleure conjoncture et éviter une guerre des
prix. Il veillera à constituer éventuellement une entente favorisée par
l'État ou la CEE (exemple : la sidérurgie aidée d'abord par des barèmes
minima, puis par des quotas de production. Ces derniers étaient plus
faciles à mettre en oeuvre et à contrôler. L'Autorité peut également
intervenir en aménageant des mécanismes de stabilisation (stockage
quand les prix sont trop bas, et vente quand les prix sont en hausse.
Exemple : la politique agricole commune).

En longue période, les produits industriels peuvent devenir élastiques grâce à


l'existence de produits de substitution.

La société de consommation est due à des demandes élastiques pour une


série importante de biens et services grâce aux économies d'échelle réalisées
au niveau de la production des biens. La demande est également sujette à la
segmentation des marchés et à la discrimination des prix.

L'offre

L'offre individuelle d'un bien représente la quantité de ce bien que son


producteur ou son détenteur est prêt à vendre, au cours d'une période
déterminée.
Cette quantité est fonction de nombreuses variables dont le prix du bien, les
prix des autres biens, les prix des facteurs de production utilisés, et les
conditions techniques de production.

22
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   2
3  
La courbe de l'offre monte de gauche à droite. L'intersection de la courbe avec
l'axe des ordonnées indique le prix minimum pour lequel la quantité offerte est
nulle.
La hausse du coût d'un facteur (travail) ou une aggravation des conditions
atmosphériques se traduisent par un déplacement vers la gauche (vers le haut)
de l'ensemble de la courbe d'offre. Le déplacement se serait effectué vers la
droite en cas de baisse du coût d'un facteur ou de la mise en place d'une
invention technique.
L'offre collective est constituée par la totalité des quantités alternatives du
bien que l'ensemble des vendeurs est prêt à fournir, en un temps donné, aux
divers prix possibles.
Les rendements d'échelle expriment l'ampleur avec laquelle l'output
s'accroît, lorsque tous les inputs sont accrus simultanément et dans la même
proportion. Ces rendements peuvent être constants, croissants ou décroissants.

L'équilibre du marché en concurrence parfaite

Un marché est l'ensemble des offres et des demandes d'un bien déterminé,
qui sont mises en contact à un moment donné pour engendrer un échange sur la
base d'un prix. Il se caractérise par le nombre d'acheteurs et de vendeurs en
présence, la nature du bien, le degré d'information, et la mobilité des vendeurs
et des acheteurs.
Le marché de concurrence parfaite se définit par l'atomicité de l'offre et de
la demande, l'homogénéité du produit, la transparence du marché, et la mobilité
parfaite.
Le marché est dit en équilibre quand la quantité totale que les producteurs
sont prêts à fournir est égale à la quantité totale que les demandeurs sont
désireux d'acquérir. Graphiquement, il s'agit du point de rencontre entre les
deux courbes.

L’équilibre général et l’optimum économique

Selon Alex Jacquemin et Henry Tulkens, il y a équilibre concurrentiel


général lorsque :

1° Les prix des produits et des facteurs sur leurs marchés respectifs sont tels
que pour chacun d'eux les quantités demandées sont égales aux quantités
offertes ;
2° Le choix des produits par chaque consommateur, aux prix en vigueur,
maximise sa satisfaction dans les limites de son revenu ;
3° Le choix des facteurs utilisés et de la quantité de produits à offrir par
chaque producteur, aux prix en vigueur, maximise son profit, compte tenu
des techniques de production dont il dispose ;
4° Le choix de chaque détenteur de facteurs, quant à la quantité qu'il met à
la disposition des producteurs aux prix en vigueur, maximise un revenu
dans les limites de ce dont il dispose." (JACQUEMIN & TULKENS
1970)

23
2 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  
Pour le sociologue V. Pareto, un état de l'économie est jugé préférable à un
autre si la satisfaction d'au moins un agent économique est plus grande dans le
premier état que dans le second, tandis que celle des autres agents reste
constante.
Le critère de Pareto conduit à classer l'ensemble des états concevables de
l'économie en deux catégories : ceux par rapport auxquels il existe des états
préférables, et les autres ; ces derniers sont appelés "états optimaux au sens de
Pareto". Le critère de Pareto concerne les satisfactions des consommateurs. La
réalisation de l'optimum ne se limite pas aux échanges de biens existants ; elle
implique aussi la production la plus abondante possible de ces biens.
En résumé, une économie est en situation optimale au sens de Pareto lorsque
le taux marginal de substitution entre toute paire de biens est identique pour
tous les consommateurs, et égal au taux marginal de transformation entre ces
biens. À l'équilibre, par l'intermédiaire des prix, le taux marginal de
transformation entre deux biens est égal au taux marginal de substitution entre
ceux-ci, commun à tous les consommateurs.

Réflexions

Qu’est-ce que le marché ou le mythe du marché autorégulateur

« D’abord “marched”, puis “marchié” ou “marcié”, “marché” a donné


“merci” et encore “Mercure”, entremetteur et dieu de l’éloquence1 : le marché
est affaire d’intermédiaire et de sophistes ! Hermès avait mal débuté, comme
voleur de génisses… Mais il maquilla son larcin. Débusqué par Apollon, Zeus
l’avertit qu’il aurait à respecter la propriété et en fit le messager aux pieds
légers établissant les contrats, favorisant le commerce, portant les messages et
veillant à la libre circulation des voyageurs. Il promit à Zeus de ne pas mentir,
mais “ne s’engagea pas à dire absolument toute la vérité.”2 Bref, le marché
commence avec l’opacité et le mensonge… » (MARIS 2003 :108-109)
Pour rappel, le marché de concurrence parfaite se définit par l'atomicité de
l'offre et de la demande, l'homogénéité du produit, la transparence du marché, et
la mobilité parfaite. Jean Gabszewicz ajoute qu’« Un marché en concurrence
parfaite est défini par quatre conditions dont la réalisation garantit ‘l’isolement
stratégique’ des agents qui y opèrent, c’est-à-dire une situation dans laquelle il
n’existe aucune interaction consciente entre les choix décidés par ceux-ci. »
(GABSZEWICZ 1994 : 3)

Reprenons les quatre conditions :

1° l'atomicité de l'offre et de la demande : c’est-à-dire que le nombre des


vendeurs et des acheteurs est très élevé et que le volume des échanges
individuels est négligeable par rapport au volume total ;
2° l'homogénéité du produit : les biens échangés sont homogènes. Il y a
autant de biens que de marchés. Les vendeurs sont indifférents à l’identité

1
Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, Paris.
2
Robert Graves, Les mythes grecs, p. 57.

24
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   2
5  
des acheteurs et inversement. Tout individu songe que si le prix d’un
produit augmente, on en vendra moins, et inversement. Le problème est
l’interdépendance du désir des hommes et pour chacun de toutes les
choses. Un marché n’est jamais isolé ;
3° la transparence du marché : les agents du marché disposent d’une
information parfaite sur les prix pratiqués. La cohabitation de prix
différents est impossible, sinon les acheteurs se précipiteraient sur les prix
les plus bas, obligeant les vendeurs à s’aligner. C’est la fameuse
hypothèse de la transparence (CAHUC 1998 : 5) « Ah ! “La
transparence !”, l’un des mythes les plus solidement ancrés dans les
esprits, pas seulement des économistes d’ailleurs, mais des menteurs en
général ! Tout savoir sur tout ! La bienheureuse et réconfortante absence
d’incertitude ! » (MARIS 2003 : 109) ;
4° la mobilité parfaite : il n’y a pas de barrière initiale sur le marché des
candidats à l’entrée (libre-échange), donc pas de collusions possibles.

Bref, en analysant ces quatre conditions, nous pouvons affirmer que nous
sommes face à une chimère : le marché de concurrence parfaite n’existe pas en
dehors de l’imagination de quelques économistes…
Quant aux théories relatives à la réalité, c’est-à-dire à la concurrence
imparfaite, elles sont incapables d’expliquer le problème de la coordination des
décisions ou de répondre de façon satisfaisante à certaines interrogations,
comme la formation des prix, les effets des rendements croissants ou la façon
dont s’opère la coordination des décisions individuelles par la médiation des
prix (GABSZEWICZ 1994)

En conclusion, « l’économie, comme discours, n’a pas de sens. » (MARIS


2003 : 112)

Deux autres mythes : la concurrence et l’équilibre

Jean-Baptiste Say (1767-1832) est un protestant né à Lyon et qui écrit en


1803 un Traité d’économie politique dans lequel il propose une loi de
l’équilibre automatique : « L’offre crée sa propre demande. » S’il y a une offre,
il y aura nécessairement une demande et donc un équilibre. Par exemple, s’il y
a du travail, il y aura nécessairement des demandeurs d’emploi et donc un
équilibre. Malheureusement, comme le faisait remarquer J. M. Keynes, il y a
malgré tout du chômage, c’est donc que la loi de Say ne fonctionne pas !
(KEYNES 1936) Idem pour le crédit : si la loi de Say fonctionne, lorsque
j’emprunte, tôt ou tard je rembourserai… à moins que je n’aille grossir les rangs
des « surendettés permanents ». Enfin, malgré la rencontre entre l’offre et la
demande, un marché boursier s’avère sans équilibre. Une fois encore, le
libéralisme adapte la réalité au mythe : comme le mythe ne peut avoir tort, c’est
la réalité qui a tort !
En 1951, John Nash (prix Nobel 1994) ruine le concept de concurrence
(NASH 1951 : 289-295). Imaginez deux prisonniers enfermés et séparés l’un de
l’autre. L’un des deux a commis un crime, mais on ne sait pas lequel ? Le

25
2 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
directeur de la prison va les voir l’un après l’autre et fait à chacun la proposition
suivante : « tu avoues le crime et l’autre n’avoue pas. Dans ce cas, tu prends la
perpétuité et l’autre est libre. Ou bien tu n’avoues pas et l’autre n’avoue pas non
plus. Dans ce cas, vous en prenez tous les deux pour vingt ans. Ou bien vous
avouez tous les deux. Dans ce cas, vous écopez chacun de dix ans. Soit :

B A oui non
oui 20 20 0 30
non 30 0 10 10

En répondant de manière personnelle et égoïste (prolégomènes à la


concurrence), chacun des prisonniers en prend pour vingt ans. S’ils coopèrent
en répondant tous les deux coupables, ils en prennent pour dix ans. La meilleure
solution est la coopération et non la concurrence !

« Chaque joueur a intérêt à choisir la stratégie dominante, qui lui donne,


quels que soient les choix de l’autre, les gains les plus élevés. Seule une
coordination mettant en œuvre la coopération peut permettre d’éviter le
gaspillage. La micro-économie traditionnelle avait pour but de donner corps à
l’intuition selon laquelle le fonctionnement des marchés concurrentiels pouvait
être efficace. La théorie des jeux souligne au contraire l’importance des défauts
de coordination inhérents aux décisions décentralisées. » (CAHUC 1998 : 21)

Le dilemme du prisonnier ne remet pas en cause une des hypothèses de la


concurrence parfaite, qui est l’indépendance des décisions, la solitude absolue
des individus, leur autonomie et leur liberté totales. Néanmoins, chaque
décision de l’un anticipe les actions de l’autre. « Toute la théorie de la main
invisible est ruinée. La concurrence donne la mauvaise solution, alors que la
coopération, au contraire, donne la bonne solution. Le dilemme du prisonnier
est catastrophique pour la pensée libérale, pour la notion de marché
autorégulateur. […] C’est une idée clé de l’économie contemporaine :
l’anticipation rationnelle, qui débouche sur un mauvais équilibre. J’anticipe
que les autres vont être égoïstes. Et les autres pensent de même. On joue donc
tous égoïstes, et on perd tous. […] La concurrence conduit toujours à la
mauvaise solution. La concurrence est inefficace. » (MARIS 2003b : 119-121)
Exit Adam Smith, exit Walras et exit la concurrence ! Si les économistes
avaient étudié la psychologie, ils sauraient depuis longtemps que l’opposition,
la compétitivité et la concurrence sont des attitudes juvéniles ou régressives.
Seules la reconnaissance de l’autre et la coopération témoignent du stade adulte
(PIAGET 1964) (SAUCIN 2000 : 96). Si les économistes avaient étudié la
biologie, ils sauraient que « Le polymorphisme génétique diversifie les
aptitudes, varie les activités. Il recule les frontières de la niche écologique et
accroît le volume des ressources accessibles. En même temps, il diminue la
concurrence. » (RUFFIÉ 1982 : 11) Si tous les animaux étaient identiques, ils

26
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   2
7  
chercheraient la même nourriture et seraient concurrentiels au point d’en
mourir. Heureusement, le polymorphisme diminue cette concurrence. Une fois
encore, la concurrence s’avère inefficace… « Si la concurrence fonctionne
comme le veulent les libéraux, alors l’uniformité nous guette : disparition des
espèces, uniformité des comportements ; Coca-Cola partout et anglais
obligatoire. La disparition des langues, ces trésors tellement essentiels3, la
disparition des variétés de céréales, des races animales, nous conduisent à la
“planète uniforme” de Serge Latouche4, où tout se fond dans le gris de l’homme
moyen, du consommateur moyen, soumis au même régime alimentaire, à la
pensée unique et à la novlangue5 unique dotée d’un minimum de mots. La
concurrence tire vers le bas : si elle jouait vraiment entre les ouvriers français
et chinois, les Français seraient payés comme des Chinois et non l’inverse. Elle
est une pression perpétuelle à la baisse : baisse des coûts, baisse des salaires,
baisse de la qualité liée aux consommations de masse fournies dans les
supermarchés. La “malbouffe” s’applique autant aux tomates sous serre
qu’aux livres ou aux programmes de télé. » (MARIS 2003b : 130) Pour la
recherche de la qualité, un autre phénomène que la concurrence ou la
compétitivité est à l’œuvre : la coopération !

3
Lire Claude Hagège, Halte à la mort des langues ! Odile Jacob 2000.
4
« La planète uniforme », in le Monde diplomatique, février 2001.
5
Dans 1984, Orwell décrit la disparition des mots et des langues, et l’avènement d’une
« novlangue », ce langage obtenu par la destruction quotidienne de centaines de mots. Les
oxymores (« la guerre c’est la paix, la prison c’est la liberté ») traduisent l’entière soumission
de l’homme à la totalité qui le dépasse, incarnée par Big Brother. Celui-ci est une image de la
fourmilière, du « marché dont le talon de fer nous écrase » (DEBORD 1988)

27
2 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  

Le mythe de la transparence

Quand les économistes disent qu’il faut plus de transparence, ils pensent tout
simplement qu’il faut plus de concurrence. Mais dans les faits, l’économie
réelle n’aime ni la concurrence ni la transparence. Le chef d’entreprise est bien
obligé de créer de l’opacité et d’éviter la concurrence. Ainsi, il bénéficie de
brevets que d’autres n’ont pas, il capte des marchés, il dispose d’informations
connues des seuls initiés afin de gagner de l’argent. Enron ou Vivendi sont
autant d’exemples de ce principe de dissimulation. « Il s’agit d’utiliser une
réalité floue, toujours incertaine, à son profit. » (MARIS 2003b : 137) Si les
entreprises étaient en concurrence, elles ne feraient pas de profits. Leurs chiffres
d’affaires passeraient en coûts. Microsoft, Intel, les groupes pharmaceutiques ou
les banques d’affaires affichent d’énormes profits parce qu’ils organisent le
brouillard, l’opacité, la rareté et la non-concurrence.
Le paradoxe de Lipsey-Lancaster, ou l’absurdité d’une politique
économique libérale

John K. Arrow (Nobel 1972) démontre en 1951 un théorème dit


d’« impossibilité », qui dit qu’il n’est pas possible de construire un ordre social
des choix économiques au niveau d’une nation à partir des préférences
exprimées par les agents individuels, sauf si un dictateur impose sa vision des
choses (ARROW 1951). Si on ne peut utiliser les choix individuels pour
exprimer un choix collectif, c’est au politique de trancher.
En 1956, deux Anglais, Linpsey et Lancaster, découvrent un nouveau
paradoxe. Imaginons, disent-ils, qu’un marché parfait existe et qu’on veuille
aller vers lui. À la manière des commissaires européens, on libéralise, petit à
petit, les marchés, celui du travail, des capitaux, on supprime les monopoles et
on privatise les entreprises d’État. Le bon sens voudrait que plus on approche de
la concurrence, plus le système devient efficace. Eh bien, non ! « Le théorème
de Lipsey-Lancaster démontre que c’est faux : si l’on touche à un aspect
anticoncurrentiel d’une économie, quelque part, alors on se retrouve
automatiquement dans une situation pire que celle du départ. Autrement dit,
on ne peut aller pas à pas vers la concurrence, ou ce n’est pas la peine d’avoir
une politique des “petits pas”, à l’européenne. (…) Comme le théorème
d’impossibilité d’Arrow, le théorème du “second best” de Lipsey-Lancaster
démontre le primat absolu du politique sur l’économique. » (MARIS
2003 :123) La « libération progressive » est une utopie. Une pure volonté
idéologique, un rêve de bureaucrate. La politique de l’Union européenne est
stupide, car supprimer un à un les monopoles publics conduit à des situations
globalement pires. Exit la rationalisation des postes, des chemins de fer et des
télécommunications… En outre, le paradoxe de Lipsey-Lancaster corrobore le

28
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   2
9  
théorème de Grossman-Stiglitz (1980) qui affirme qu’un mécanisme de marché
ne peut jamais améliorer le fonctionnement du marché.
Finalement, les économistes libéraux ont dû admettre que la loi de Say, la loi
de l’équilibre inéluctable était de l’ordre du vœu pieux. Debreu, Sonnenschein6
et bien d’autres ont démontré que les marchés ne conduisaient à rien et qu’on ne
pouvait déduire des comportements normaux des demandeurs une loi de l’offre
et de la demande. Qu’un système de prix pouvait résulter de n’importe quel
comportement loufoque de la part des offreurs et des demandeurs. Exit la loi de
l’offre et de la demande, exit la convergence vers l’équilibre, exit l’équilibre et
exit l’harmonie par le marché (GUERRIEN 1996)

En résumé
Les économistes reconnaissent que :

1. le marché n’est pas efficace ;


2. le marché ne conduit pas à l’équilibre ou à l’harmonie ;
3. la loi de l’offre et de la demande n’a pas de sens et n’existe pas ;
4. ce n’est pas possible de fonder une politique économique sur le concept
libéral du marché.
En tous les cas, dans le secteur non marchand, il y a lieu de privilégier la
coopération et la complémentarité plutôt que la concurrence afin d’atteindre
l’efficience.

6
Le théorème de Sonnenschein date de 1973.

29
3 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  

Les modalités d’interventions dans les


structures économiques
Les écoles de pensée

Diverses écoles de pensée proposent une série de solutions pour assurer les
conditions d'existence d'une économie efficiente et en croissance :

1. L'école libérale (et néolibérale) soutient que l'État doit intervenir le


moins possible et se limiter à quelques activités, dont la justice et la
sécurité ;
2. L'école marxiste pense que l'État doit planifier les investissements et
gérer les outils de production dont il est propriétaire. Cela nécessite une
information parfaite et la recherche de l'intérêt général. Le risque
essentiel d'une telle politique trouve sa source dans le déviationnisme
(attitude de certains responsables qui s'écartent de la doctrine pour
satisfaire leurs visées personnelles. Exemple : la nomenklatura dans les
pays soviétiques) ;
3. L'école mixte. Le privé et le public gèrent ensemble les activités
économiques, dont celles des secteurs de base ;
4. L'école régulée. Certains secteurs doivent faire l'objet de contrôles dans
l'intérêt de la collectivité.

Depuis l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne, la


politique économique au sein de l’Union européenne est le fruit d’une coalition
entre le PPE, les socialistes et les libéraux. Les politiques communautaires
menées par le Conseil et la Commission sont un savant mélange entre les thèses
défendues par les écoles libérale (ou néolibérale), mixte et régulée. De même, la
Belgique a été dirigée depuis 1945 par des coalitions7 émanant de deux ou des
trois grandes familles (sociochrétienne8, socialiste9 et libérale10). Ainsi, du point
de vue fédéral, notre économie adhère aux écoles libérale, mixte et régulée.
Raison pour laquelle il existe chez nous et dans l’Union européenne une
économie concurrentielle avec néanmoins un secteur non marchand.

7
La coalition rouge-romaine ou amarante ( socialistes et sociaux-chrétiens), la coalition bleu-
romaine (libéraux et sociaux-chrétiens), la coalition violette (libéraux et socialistes) et la tripartite
(libéraux, socialistes et sociaux-chrétiens).
8
Les partis adhérant au PPE sont le CD&V, le CDH et le CSP.
9
Les partis socialistes sont le SPa, le PS et le SP.
10
Les partis libéraux sont l’Open VLD, le MR et le PFF.

30
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   3
1  
Types de situation de concurrence imparfaite

Il peut exister trois types de situation de concurrence imparfaite :

1. L'oligopole : il s'agit d'une situation dans laquelle il y a un petit nombre


de vendeurs capables de s'observer mutuellement. Ils peuvent réagir à
toute action menée par l'un de leurs concurrents au niveau des prix, des
produits, des capacités de production. Le produit peut être différencié ou
non. La caractéristique dominante est l'interdépendance reconnue des
décisions des entreprises. De ce type de situation se dégagent deux genres
principaux de comportements oligopolistiques :
• Le comportement coopératif : les cartels et les prix directeurs. Les
conditions du marché facilitent un accord entre toutes les entreprises
qui en font partie : celles-ci établissent en commun un prix qui assure
le maximum de profit pour l'ensemble de l'industrie. Le prix directeur
se développe dans le cas d'une collusion imparfaite. Une entreprise
dominante fixe un prix rémunérateur pour elle-même, tout en
permettant à ses concurrents de vendre autant qu'ils le désirent à ce
prix ;
• Le comportement concurrentiel : L'oligopoleur peut s'adapter ex
post à la politique de ses rivaux. C'est le cas du duopole. Il peut aussi
s'adapter ex ante, c'est-à-dire prendre ses décisions en fonction des
réactions anticipées de ses rivaux.
2. La concurrence monopolistique : c'est une situation intermédiaire entre
le marché parfait et l'oligopole. Il existe un grand nombre de vendeurs
pour un produit différencié ;
3. Le monopole est une situation dans laquelle il n'y a plus qu'un seul
vendeur du produit ou du service, sans substituts proches. C'est le cas
limite de la concentration. Le monopole réunit entre ses mains la totalité
de la production offerte sur le marché.

Pour qu'une situation de monopole puisse subsister, il faut qu'il y ait des
barrières à l'entrée dans la branche. Ces barrières peuvent résulter :

• Du fait que la structure des coûts liés à l'activité, mise en regard de la


taille du marché, ne laisse la place qu'à une seule firme pour des
conditions de production efficaces. Il s'agit d'un monopole naturel. Deux
entreprises sur un même marché ne pourraient survivre. C'est la
technologie qui explique et conditionne cette situation de monopole
(distribution d'électricité, de gaz, de postes et téléphones, de transports en
commun...) ;
• de l'interdiction faite par l'Autorité à toute firme potentielle d'exercer une
activité dans le domaine. Il s'agit d'un monopole institutionnel qui
s'accompagne souvent d'une gestion étatique (Loterie nationale) ;
• du fait que la firme établie dispose d'un savoir-faire ou d'une image de
marque tels qu'il soit impossible de la concurrencer. Il s'agit d'un
monopole de fait basé sur la compétence, la position dominante ou la
notoriété (IBM). Il est rare que ce type de monopole puisse subsister

31
3 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  
longtemps, car les problèmes de marketing et l'acquisition du savoir-faire
sont surmontables ;
• du fait qu'il faille consentir des investissements importants pour entrer
dans la branche. Il s'agit également d'un monopole de fait ;
• de la possession d'un brevet ou d'une licence d'exploitation. Ce type de
monopole dure le temps du brevet ou le temps nécessaire pour mettre au
point un produit de substitution (Solvay et Dupont de Nemours) ;
• d'un contrôle exercé par la firme sur les sources de matières ou facteurs
de production. Le monopole géographique de ce type s'appelle un
monopsone.

Un monopole est toujours vulnérable :

1. aux produits de substitution, surtout si les prix sont trop élevés ;


2. par la crainte de voir s'introduire des entrants potentiels ;
3. à cause de l'opinion publique.

Nécessités de préserver la libre concurrence

Les situations monopolistes s’avèrent économiquement les moins


efficaces./Il est pourtant vrai qu'un monopole peut contrôler son prix et réaliser
des superprofits. Les consommateurs en pâtissent d'autant plus que la demande
est inélastique. Dès lors, dans une économie « compétitive », la notion de
concurrence doit être préservée, car :

1. Son absence nuit à l'efficacité interne des entreprises. La concurrence


incite l'entreprise à améliorer la qualité de ses produits, les procédés de
fabrication, les méthodes de distribution, la recherche et le
développement, et l'innovation ;
2. elle est une pression sur les prix et les ramène, à long terme, au niveau du
coût marginal en développement dans le secteur. Elle engendre une
répartition optimale des ressources ;
3. son absence rend possibles des limitations de capacités de production
entraînant des prix de vente supérieurs aux coûts marginaux. Ceci
engendre une diminution importante des ressources ;
4. les distorsions dans l'allocation optimale des ressources créent des
distorsions dans la répartition des revenus : les détenteurs de capitaux
et les salariés du secteur concentré sont mieux rémunérés, au détriment
des autres acteurs économiques ;
5. son absence peut aussi avoir des conséquences dans le domaine de la
balance des paiements. Créant un retard technologique, le pays voit ses
exportations diminuer et ses importations augmenter.

Il est donc nécessaire que l'Autorité intervienne par le biais de contrôles.

32
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   3
3  
Les modalités du droit de la concurrence organisé
par le traité de Rome
Contrôle des opérations de concentration
Le règlement (CE) n° 139/2004 du Conseil du 20 janvier 2004 relatif au
contrôle des concentrations définit dans quelles conditions une concentration est
considérée comme étant de dimension communautaire. Ces opérations de
concentration de dimension européenne sont de la compétence exclusive de la
Commission européenne, sous réserve de la possibilité de renvoi devant
l'Autorité belge de la Concurrence sous certaines conditions.
Notifications
Les entreprises doivent notifier la concentration avant sa réalisation et après
la conclusion de l'accord ou du projet d’accord. Dans le cas d'une offre publique
d'achat ou d'échange notamment, les parties peuvent notifier un projet
lorsqu'elles ont annoncé publiquement leur intention de faire une telle offre (art.
IV.10, §1erCDE IV ).
En Belgique, les concentrations doivent être notifiées à l’Auditeur général,
en utilisant le formulaire annexé à l'arrêté royal relatif à la notification des
concentrations d'entreprises visée à l'article IV.10 CDE IV. Les entreprises ne
peuvent mettre en œuvre l'opération de concentration avant la décision
d'admissibilité du Collège de la Concurrence. Toutefois, le président peut, à tout
moment, à la demande des entreprises concernées, accorder, pour certains actes,
une dérogation à cette interdiction (art.IV.10, §§5 et 7 à 8 CDE IV ).
Pratiques restrictives de la concurrence

Les pratiques restrictives de concurrence susceptibles d'affecter le commerce


entre États membres doivent être analysées par les autorités nationales de
concurrence et les juridictions nationales au regard des articles 101 et 102 du
TFUE .

Sont considérées comme des pratiques restrictives de concurrence :

• tous les accords entre entreprises,


• toutes les décisions d’association d’entreprises,
• toutes pratiques concertées,

Qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser de


manière sensible la concurrence sur le marché concerné ou dans une partie
substantielle de celui-ci.
En droit belge, ces pratiques restrictives sont interdites par l’article IV.1, §1 du
Livre IV du Code de droit économique (CDE IV).
L’abus de position dominante d’une ou plusieurs entreprises sur le marché
belge concerné ou dans une partie substantielle de celui-ci est également

33
3 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  
considéré comme une pratique restrictive de concurrence, et donc interdit
(article IV.2 du CDE IV).
Les accords restrictifs qui enfreignent l’article IV.1, §1 du CDE IV ou l’article
101 §1 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) sont nuls
de plein droit (article IV.1, §2 du CDE IV ou l’article 101 §2 du TFUE).
Principes
• À l’instar du Règlement (CE) 1/2003, les règles de concurrence belges
ont introduit un système d’exception légale et ont supprimé le système
des notifications visant à obtenir une attestation négative ou une
exemption.
• Les pratiques restrictives sont interdites par les articles IV.1 et IV.2 du
CDE IV et par les articles 101 et 102 du TFUE .
• Toutefois, cette interdiction ne s’applique pas si les conditions de
l’article IV.1, §3 du CDE IV ou si les conditions de l’article 101 §3 du
TFUE sont rencontrées.
• Les accords restrictifs qui enfreignent l’article IV.1, §1 du CDE IV ou
l’article 101 §1 du TFUE sont nuls de plein droit (article IV.1, §2 du
CDE IV ou l’article 101 §2 du TFUE).
• Les abus de position dominante sont interdits.

Contrôles européens

Le traité de Rome comporte une série d'articles concernant la concurrence.


Tout d'abord un ensemble de règles applicables aux entreprises :

L'article 85. "Sont incompatibles avec le marché commun et interdits tous


accords entre entreprises, toutes décisions d'associations d'entreprises et toutes
pratiques concertées, qui sont susceptibles d'affecter le commerce entre États
membres et qui ont pour objet ou pour effet d'empêcher, de restreindre ou de
fausser le jeu de la concurrence à l'intérieur du marché commun, et notamment
ceux qui consistent à :
a) fixer de façon directe ou indirecte les prix d'achat ou de vente ou d'autres
conditions de transaction,
b) limiter ou contrôler la production, les débouchés, le développement
technique ou les investissements,
c) répartir les marchés ou les sources d'approvisionnement,
d) appliquer, à l'égard de partenaires commerciaux, des conditions inégales
à des prestations équivalentes en leur infligeant de ce fait un désavantage
dans la concurrence,
e) subordonner la conclusion de contrats à l'acceptation, par les
partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon
les usages commerciaux, n'ont pas de lien avec l'objet de ces contrats."
L'alinéa 3 prévoit, toutefois, que "les dispositions du paragraphe 1 peuvent
être déclarées inapplicables :
• à tout accord ou catégorie d'accords entre entreprises,
• à toute décision ou catégorie de décisions d'associations d'entreprises et
• à toute pratique concertée ou catégorie de pratiques concertées qui
contribuent à améliorer la production ou la distribution des produits ou à

34
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   3
5  
promouvoir le progrès technique ou économique, tout en réservant aux
utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte, et sans
a) imposer aux entreprises intéressées des restrictions qui ne sont pas
indispensables pour atteindre ces objectifs,
b) donner à des entreprises la possibilité, pour une partie substantielle
des produits en cause, d'éliminer la concurrence."

Décortiquons cet article. La pratique concertée suppose un concours de


consentements qui doit fausser la concurrence d'une façon sensible, affecter le
commerce entre les États membres, et exercer une influence dans le marché
commun. Les exemptions de l'application de cet article sont accordées, soit, cas
par cas si l'accord a été notifié et fait l'objet d'une attestation négative, soit, par
catégorie d'accords (exemples : les règlements d'exemption de catégories
d'accords en matière de distribution exclusive, de véhicules automobiles, de
licences de brevets, de R&D, et de spécialisation).
Il existe deux types de concertations : les concertations horizontales et les
concertations verticales.

Dans les concertations horizontales, il faut distinguer :

1° les ententes de fixation de prix et de répartition des marchés (cartels) ;


2° les entraves collectives aux importations et les interdictions d'exporter ;
3° les ententes nationales sur les remises ;
4° les clauses de non-concurrence.

Au niveau des concertations dans la distribution, il faut distinguer :

1° La distribution sélective. Celle-ci consiste à limiter le nombre de


revendeurs en fonction de critères ou d'exigences soumis à l'agrégation du
producteur. Divers secteurs connaissent ce genre de pratique : les secteurs
de l'automobile, de la photographie, de l'électroménager, de
l'informatique, ou pharmaceutique pour lesquels les conseils et services
après-vente sont importants ;
2° la distribution exclusive. Il s'agit d'un accord au terme duquel un
fabricant réserve l'exclusivité de ses ventes à un seul distributeur pour un
territoire donné. Ces accords sont autorisés (règlement d'exception par
catégories n° 1983/83). Par contre, la seule obligation réciproque qui
peut être prévue est celle pour laquelle le fournisseur s'engage à ne pas
produire ou vendre le produit dans la zone attribuée au distributeur
exclusif. Toute autre clause est illégale.

En fonction de l'article 85, aucun accord de distribution ne peut organiser ou


tendre à organiser directement ou indirectement une exclusivité dite "fermée",
c'est-à-dire visant à donner une protection territoriale absolue à un distributeur
ou à un groupe de distributeurs. En d'autres termes, les accords de distribution
ne peuvent organiser un cloisonnement des marchés. Tout distributeur sélectif
ou exclusif doit avoir le droit de vendre à un confrère dans une zone ou dans un
autre pays.

35
3 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
La Commission préserve ainsi les possibilités de courants d'importations
parallèles, de telle sorte qu'un cloisonnement absolu du marché ne puisse en
principe pas exister.
Toutes les exclusivités doivent être ouvertes, ce qui signifie que les
concessionnaires exclusifs, ainsi que tous distributeurs agréés, doivent être
autorisés à procéder à des ventes hors de leur territoire pour autant que ces
ventes aillent à des acheteurs finaux ou à d'autres distributeurs exclusifs ou
agréés.
Le même principe s'applique aux licences et droits d'obtention.
Notons que les importations parallèles se heurtent à des barrières non
juridiques résultant des difficultés administratives, des problèmes techniques
(voitures avec conduite à droite), délais de livraison très longs, refus de fournir
la garantie dans un pays donné pour un appareil qui n'a pas été acheté dans ce
pays. Pour ce dernier point, la Commission est intervenue et dorénavant la
garantie est accordée.

L'article 86 juge "incompatible avec le marché commun et interdit, dans la


mesure où le commerce entre États membres est susceptible d'en être affecté, le
fait pour une ou plusieurs entreprises d'exploiter de façon abusive une position
dominante sur le marché commun ou dans une partie substantielle de celui-ci.
Ces pratiques abusives peuvent notamment consister à :
a) imposer de façon directe ou indirecte des prix d'achat ou de vente ou
d'autres conditions de transaction non équitables ;
b) limiter la production, les débouchés ou le développement technique au
préjudice des consommateurs,
c) appliquer à l'égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à
des prestations équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage
dans la concurrence
d) subordonner la conclusion de contrats à l'acceptation, par les
partenaires, de prestations supplémentaires, qui, par leur nature ou selon
les usages commerciaux, n'ont pas de lien avec l'objet de ces contrats."

La situation dominante est une situation dans laquelle se trouve une


entreprise qui est en situation de se comporter sur le marché et d'imposer ses
volontés sans avoir à tenir compte d'une manière notable de concurrents, clients
ou fournisseurs (grâce à ses parts de marché, sa structure, sa technique, son
image de marque, sa gamme, son contrôle de la distribution, son importance par
rapport à ses concurrents).
L'abus de position dominante est une notion objective qui vise les
comportements d'une entreprise en position dominante qui sont de nature à
influencer la structure d'un marché où, à la suite précisément de la présence de
l'entreprise en question, le degré de concurrence est déjà affaibli et qui ont pour
effet de faire obstacle, par le recours à des moyens différents de ceux qui
gouvernent une compétition normale des produits ou services sur la base des
prestations des opérateurs économiques, au maintien du degré de concurrence
existant encore sur le marché ou au développement de cette concurrence.
Exemples : l'accroissement de la part de marché par le rachat d'une entreprise
existante, la politique abusive de prix, la discrimination de prix, le refus de
vendre, l'entrave à l'entrée d'un marché, les contraintes abusives imposées à des
acheteurs, les ventes liées, le contrôle des marchés d'approvisionnement, etc.

36
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   3
7  

Le traité de Rome comporte également une série d'articles limitant les


pratiques de dumping et les aides accordées par les États. Il s'agit des articles
91 à 94.
Si la Commission "constate des pratiques de dumping exercées à l'intérieur
du marché commun, elle adresse des recommandations à l'auteur ou aux
auteurs de ces pratiques en vue d'y mettre fin.
Au cas où les pratiques de dumping continuent, la Commission autorise
l'État membre lésé à prendre les mesures de protection dont elle définit les
conditions et modalités." (Article 91)
Sauf dérogation prévue par le traité, "sont incompatibles avec le marché
commun, dans la mesure où elles affectent les échanges entre États membres,
les aides accordées par les États ou au moyen de ressources d'État sous
quelque forme que ce soit, qui faussent ou qui menacent de fausser la
concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions."
(Article 92)
L'article 93 établit que "la Commission procède avec les États membres à
l'examen permanent des régimes d'aides existant dans ces États. Elle propose à
ceux-ci les mesures utiles exigées par le développement progressif ou le
fonctionnement du marché commun."
En fait, sont compatibles avec le marché commun :
1° les aides à caractère social octroyées aux consommateurs individuels ;
2° les aides destinées à remédier aux dommages causés par les calamités
naturelles ou par d'autres événements extraordinaires ;
3° les aides destinées à faciliter le développement de certaines activités ou de
certaines régions économiques ;
4° les aides destinées à promouvoir la réalisation d'un projet important
d'intérêt européen commun, ou à remédier à une perturbation grave de
l'économie d'un État membre ;
5° les autres catégories d'aides déterminées par décision du Conseil statuant
à la majorité qualifiée sur proposition de la Commission.

Enfin, le Traité de Rome envisage une série de dispositions fiscales (articles


95 à 99) dont :
l'article 95 : "Aucun État membre ne frappe directement ou indirectement
les produits des autres États membres d'impositions intérieures, de quelque
nature qu'elles soient, supérieures à celles qui frappent directement ou
indirectement les produits nationaux similaires..." ;
l'article 96 : "Les produits exportés vers le territoire d'un des États membres
ne peuvent bénéficier d'aucune ristourne d'impositions intérieures supérieure
aux impositions dont ils ont été frappés directement ou indirectement" ;
l'article 98 : "...des exonérations et des remboursements à l'exportation vers
les autres États membres ne peuvent être opérés, et des taxes de compensation à
l'importation en provenance des États membres ne peuvent être établies..." que
si elles sont approuvées par le Conseil.

Le Traité de Rome a été complété par une série de nouveaux traités dont
l'Acte unique (1987), le Traité de Maastricht (7/02/1992) et le Traité
d’Amsterdam (2/10/1997). Le droit supranational européen qui se dégage de ces
différents traités prédomine sur le droit national des États membres.

37
3 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  
Le libre-échange s’est généralisé au-delà des frontières de l’Union
européenne. Les accords et institutions économiques et financières
internationaux, comme l’OMC, le FMI ou l'OCDE, encouragent les divers
gouvernements à aller de l'avant dans la mondialisation des échanges et des
biens. Les accords signés depuis 1995 au sein de l’Organisation Mondiale du
Commerce et de l’OCDE renforcent considérablement le droit de la
concurrence.

38
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   3
9  

Économie sociale au sein de l’Union européenne11

L’économie sociale a occupé une place importante en Europe durant le


premier tiers du XXe siècle. Néanmoins, le modèle de croissance de l’Europe
occidentale de 1945 à 1975 a plutôt fait la part belle au secteur capitaliste privé
traditionnel et au secteur public. Ce modèle a constitué la pierre angulaire de
l’État-providence, qui a admis les défaillances du marché et déployé un arsenal
de politiques pour y remédier : la redistribution des revenus, l’allocation des
ressources et les politiques anticycliques. Le tout s’appuyait sur le modèle
keynésien, dans lequel les acteurs économiques et sociaux de premier plan
étaient les associations patronales et les syndicats, aux côtés des pouvoirs
publics (MONZON & CHAVES S.D. :
www.eesc.europa.eu/resources/docs/qe-30-12-790-fr-c.pdf).
La consolidation des systèmes d’économie mixte s’est accompagnée de
l’apparition d’un éventail diversifié de sociétés et d’organisations –
coopératives, mutuelles et associations – qui ont contribué à lutter contre des
problèmes sociaux, parmi lesquels le chômage cyclique, les déséquilibres
géographiques entre les régions et les relations de pouvoir biaisées entre les
entreprises de distribution et les consommateurs. Lorsque la crise a frappé les
systèmes d’État-providence et d’économie mixte durant le dernier quart du XXe
siècle, certains pays européens se sont davantage intéressés aux organisations de
l’économie sociale, sous la forme d’alternatives commerciales aux modèles des
secteurs capitaliste et public, tels que des coopératives et des mutuelles, ou
d’organisations non marchandes, telles qu’en majorité, des associations et des
fondations. Cet intérêt a pris sa source dans les difficultés dans lesquelles les
économies de marché se débattaient pour trouver des solutions satisfaisantes à
de graves problèmes tels que le chômage de longue durée, l’exclusion sociale, le
bien-être dans le monde rural et dans les quartiers urbains délabrés, la santé,
l’éducation, la qualité de vie des retraités ou encore la croissance durable. Ces
sujets représentent autant de besoins sociaux auxquels les acteurs capitalistes
privés et le secteur public ne pourvoient pas et auxquels l’autorégulation des
marchés ou les politiques macro-économiques classiques ne peuvent apporter
une solution simple. Au cours de ces dernières années, le secteur de l’économie
sociale (coopératives et mutuelles) a globalement enregistré une croissance
considérable, ainsi qu’en atteste le Manuel pour l’établissement des comptes
satellites des entreprises de l’économie sociale publié par la Commission
européenne (Barea et Monzón 2006).
Une croissance spectaculaire de l’économie sociale est observée au niveau
des organisations actives dans la production de biens sociaux, principalement
l’intégration sociale et professionnelle, les services sociaux et les soins de

11
Les notes qui suivent sont basées sur Le Rapport d’information élaboré pour le Comité
économique et social européen par le Centre international de recherches et d’information sur
l’économie publique, sociale et coopérative (CIRIEC) et rédigé par José Luis Monzón et Rafael
Chaves.

39
4 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
proximité. Dans nombre de leurs projets et activités, l’associationnisme et le
coopérativisme ont à nouveau trouvé un terrain d’entente et de coopération,
notamment dans le cas des entreprises sociales, dont beaucoup ont un statut de
coopératives, qui sont déjà reconnues juridiquement dans plusieurs pays
européens, dont l’Italie, le Portugal, la France, la Belgique, l’Espagne, la
Pologne, la Finlande et le Royaume-Uni (CECOP 2006).
En conclusion, l’économie sociale contribue efficacement depuis 1980 à
résoudre les nouvelles problématiques sociales, mais a également consolidé sa
position d’institution indispensable pour garantir la stabilité et la durabilité de la
croissance économique, redistribuer les revenus et les richesses sur un mode
plus équitable, adapter les prestations et les besoins, revaloriser l’activité
économique au service des nécessités de la société et corriger les déséquilibres
sur le marché du travail. Bref, approfondir et renforcer la démocratie
économique.
En 2010, l’économie sociale représentait au niveau des vingt-sept États
membres un total de 14.128.134 emplois rémunérés, dont 462.541 en Belgique,
soit respectivement 6,53 % et 10,30 % de l’emploi total de ces deux entités. Par
ailleurs, on constate que l’emploi rémunéré dans l’économie sociale en
Belgique a progressé de 65,42 % entre 2003 et 2010, alors que le taux de
progression pour la même période était au niveau de l’Union européenne de
26,79 % (MONZON & CHAVES S.D. : 52-54)
Par ailleurs, si on compare l’évolution de l’emploi dans le secteur associatif
et les coopératives au sein de l’Union européenne des quinze, on obtient :
Évolution de l’emploi rémunéré dans l’économie sociale en Europe
Pays Emplois Emplois Δ%
en 2002-2003 en 2009-2010
Coop. Assoc. Coop. Assoc. Coopératives Associations
Belgique 17 047 249 700 13 547 437 020 -20,53 % 75,02 %
UE 15 2946 302 6936 776 3874 765 8605 750 31,51 % 24,06 %
(MONZON & CHAVES S.D. : 54)
Aux 462.541 emplois rémunérés, il faut également ajouter le nombre de
bénévoles qui représente pour la Belgique 2.341994 personnes, soit 26 % de la
population adulte. Au total, 36,30 % de la population belge adulte travaille dans
l’économie sociale.

Coopératives et autres Mutuelles et autres Associations, fondations et


structures similaires structures similaires autres structures similaires
Total des coopératives Mutuelles Associations (hors éducation)
(2009 : 13 547 emplois (2005 : 11 974 emplois (2008 : 431 700 emplois
2 670 000 coopérateurs 26 entreprises) 17 794 structures)
166 entreprises) Fondations
(2005 : 5 320 emplois
667 structures)
13 547 emplois 11 974 emplois 437 020 emplois
166 entreprises 26 entreprises 18 461 structures
2 670 000 coopérateurs
Source : F. Fecher et al. (CIRIEC-Belgique)

40
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   4
1  

Les politiques de l'Union européenne relatives à


l’économie sociale

Durant ces trente dernières années, les différentes instances européennes ont
prêté beaucoup d’attention à l'économie sociale, avec toutefois des disparités
selon les institutions (PEZZINI 2012). En 1989, la communication de la
Commission au Conseil sur « Les entreprises de l'économie sociale et la
réalisation du marché européen sans frontières » proposait, d’une part, de doter
les coopératives, associations et mutuelles d'une base juridique sous forme de
statut, et de créer, d’autre part l'unité Économie sociale au sein de la direction
générale XXIII de la Commission européenne. Durant cette décennie, deux
institutions européennes, le Parlement et le Comité économique et social
européen (CESE), ont publié une succession de rapports, de propositions et de
résolutions mettant à l'honneur la valeur sociale apportée par l'économie sociale
(HYPSMAN 2003). Le Parlement a publié des rapports sur la contribution des
coopératives au développement régional, dont Avgerinos, Mihr et Trivelli,
tandis que la résolution proposée par Eyraud, Jospin et Vayssade (1984) invitait
le Conseil et la Commission à étudier la possibilité de créer une loi européenne
sur les associations. De son côté, le CESE a parrainé en 1986 une Conférence
européenne sur l'économie sociale, de conserve avec le Comité de coordination
des associations coopératives européennes (CCACE), et publié la première
étude européenne sur les coopératives, les mutuelles et les associations (voir
CESE 1986).
À partir de 1989, les progrès se sont enchaînés grâce à l'unité Économie sociale
de la direction générale XXIII dont le mandat était extrêmement ambitieux :

• lancer des initiatives destinées à renforcer le secteur des coopératives, des


mutuelles, des associations et des fondations ;
• développer une législation européenne sur les coopératives, les mutuelles et
les associations ;
• analyser le secteur ;
• veiller à la cohérence des politiques européennes concernant le secteur ;
• entretenir des liens avec les fédérations représentatives existantes ;
• nouer des relations avec les parties du secteur non organisées ;
• accroître la sensibilisation au secteur des coopératives, des mutuelles, des
associations et des fondations parmi les décideurs ;
• examiner les problèmes rencontrés par le secteur ;
• représenter la Commission auprès des autres institutions européennes dans
les affaires pertinentes.
En 2000, cette unité a été remaniée et ses responsabilités scindées entre deux
directions générales : la DG entreprises et industrie, au sein de laquelle a été
créée l'unité E3 « Artisanat, petites entreprises, coopératives et mutuelles », qui
met spécialement l'accent sur les « aspects marchands » des coopératives, des

41
4 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  
mutuelles, des associations et des fondations, et la DG Affaires sociales, qui est
compétente pour les associations et les fondations.
Aux côtés des unités précitées, deux autres institutions européennes travaillent
également dans le domaine de l'économie sociale :

• Le Comité économique et social européen (CESE), organe consultatif de


l'Union européenne, qui accueille des représentants de l'économie sociale.
• Le Parlement européen, au sein duquel un « intergroupe parlementaire de
l'économie sociale » a été créé en 1990. Cet intergroupe a approuvé en
2009 un rapport sur l'économie sociale, connu sous le nom de « rapport
Toia ».

En 2002, le Comité des régions a également adopté un avis sur « Les


partenariats entre les collectivités locales et régionales et les organisations de
l'économie sociale : contribution à l'emploi, au développement local et à la
cohésion sociale », dans lequel il appelait à la reconnaissance de l'économie
sociale dans la politique régionale.
Les objectifs auxquels l'économie sociale est associée sont essentiellement
l'emploi, les services à la collectivité et la cohésion sociale. Néanmoins, une
politique spécifiquement consacrée à l'économie sociale dans le budget
européen n'a jamais pu se concrétiser. L'économie sociale a pris place dans la
politique budgétaire de l'UE dans le cadre de la politique pour l'emploi et la
cohésion sociale, en particulier les budgets pluriannuels visant à promouvoir les
PME et l'emploi, comme l'initiative ADAPT, l'initiative EQUAL pour
l'insertion sociale et professionnelle et les programmes Action locale pour
l'emploi et Capital social local, mais aussi par le biais du Fonds social européen
(FSE), sous la forme de mesures de soutien à des initiatives locales (sous-
mesure 10 b), qui font expressément référence au rôle de l'économie sociale.
Ces références explicites font partie de la reconnaissance accordée à l'économie
sociale dans le cadre de la stratégie de Lisbonne pour l'emploi et le
développement local.
Le tableau suivant porte sur l'incidence de ces diverses politiques sur le
développement de l'économie sociale en Europe.

42
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   4
3  

Il faut également souligner le rôle primordial des gouvernements nationaux


dans la transposition de la politique de l'UE au sein des États membres.

La politique de la concurrence et l'économie sociale en Europe

La reconnaissance de l'économie sociale et la mise en oeuvre de politiques la


concernant au niveau de l'UE sont confrontées à trois difficultés directement
liées à la politique de la concurrence (VOSEC 2010). Ces difficultés sont :

• les obstacles érigés par les politiques antitrust, selon lesquelles les
activités coopératives sont assimilées à des « ententes », c'est-à-dire des
pratiques faussant la concurrence, qui doivent donc être interdites ;
• l'application de la politique de la concurrence dans le secteur des services
conformément à la directive Bolkenstein, qui fait la distinction entre les
services d'intérêt économique général, les services d'intérêt général qui ne
sont pas de nature économique et les services sociaux d'intérêt général.
Jusqu'à maintenant, les interprétations de ses règles ont gravement porté
préjudice aux entreprises et aux organisations sociales ;
• le traitement fiscal des coopératives, une question que certains tribunaux
ont considérée comme relevant des règles sur les aides d'État, bien que
cet élément ait récemment fait l'objet d'une clarification.

43
4 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  
L'économie sociale dans la stratégie Europe 2020

Au premier semestre 2010, la Commission européenne a lancé la stratégie


Europe 2020 visant à réaliser une reprise durable. Cette stratégie repose sur trois
priorités fondamentales : une croissance intelligente (créer une économie fondée
sur la connaissance et l'innovation), une croissance durable (promouvoir une
économie plus efficace dans l'utilisation des ressources, plus écologique et plus
compétitive) et une croissance inclusive (stimuler une économie à forte intensité
d'emploi assurant la cohésion économique, sociale et territoriale).
Cinq objectifs spécifiques ont été fixés à titre d'indicateurs de ces priorités :
augmenter le taux d'emploi de 69 % à 75 % ; investir 3 % du PIB dans la R&D ;
diminuer l'effet de serre, développer les énergies renouvelables et améliorer
l'efficacité énergétique ; réduire le taux de décrochage scolaire ; et réduire de
25 % le nombre de personnes vivant dans la pauvreté.
En matière de croissance intelligente, l'économie sociale contribue au
développement d'une économie basée sur la connaissance et l'innovation. Son
potentiel est manifeste dans toutes ses formes d'organisation et ses activités
économiques. Nombreux sont les exemples d'innovation organisationnelle ou
sociale dans les coopératives et les autres entreprises similaires des secteurs
industriel, agricole, des services ou financier. Dans ce dernier secteur, en
particulier, la banque éthique et les microcrédits ont proliféré et exercé une
influence sociale extrêmement positive.
En matière de croissance durable, les entreprises de l'économie sociale ont
des systèmes de valeurs qui se traduisent par la solidarité avec leur
environnement, absorbant les coûts sociaux et dégageant autour d'elles des
retombées positives. Dans le cas des coopératives, la solidarité s'exerce
également dans le temps. Ces fonds procurent aux générations futures une
richesse productive qui leur permet de suivre une trajectoire de croissance
durable. Pour ce qui est des objectifs d'emploi, les preuves empiriques montrent
que l'économie sociale contribue efficacement à lutter contre le chômage, la
précarité de l'emploi et l'exclusion sociale et professionnelle parmi les groupes
vulnérables.
Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, les
entreprises sociales ont énormément progressé à travers les vingt-huit États
membres. Elles font primer les droits de l'individu sur les droits du capital et
mettent en place un mécanisme assurant une redistribution équitable des
revenus et des richesses qu'elles produisent.
De toute évidence, l'économie sociale dans son ensemble contribue aux
priorités d'une croissance intelligente, durable et inclusive.

44
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   4
5  

Initiatives récentes de l'Union européenne concernant l'économie


sociale

En 2011, la gravité de la crise économique et la remise en question


croissante des institutions européennes ont incité la Commission à se mettre à la
recherche d'alternatives. Dans le sillage d'une nouvelle vague de revendications
sociales et institutionnelles, la Commission a été amenée à accorder une plus
grande attention à l'économie sociale dans ses politiques. L'application de la loi
sur les petites entreprises adoptée en 2008 (qui cite explicitement l'économie
sociale) a suscité un intérêt pour les entreprises sociales.
L'initiative relative aux PME (Small Business Act) et l'acte pour le marché
unique étaient essentiels à cet égard.
Le « Small Business Act » (SBA) pour l'Europe (COM(2011) 78 final)
évoque nommément l'« économie sociale » et promet que la Commission
adoptera, « d'ici la fin de l'année 2011, une initiative pour l'entrepreneuriat
social centrée sur les entreprises à finalité sociale ». À la suite du SBA, la
Commission a publié le 25 octobre 2011 une nouvelle communication au
Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social européen et au
Comité des régions intitulée « Initiative pour l'entrepreneuriat social en vue de
construire un écosystème pour promouvoir les entreprises sociales au coeur de
l'économie et de l'innovation sociales » (COM(2011) 682 final), et en même
temps, le Comité économique et social européen a publié le 26 octobre l'avis
« Entrepreneuriat social et l'entreprise sociale ». L'initiative pour
l'entrepreneuriat social répertorie onze actions clés :

1. Proposition pour un règlement pour des fonds d'entrepreneuriat social


européens (7.12.2011) ;
2. Microcrédit ;
3. Un instrument financier européen (6.10.2011) ;
4. Priorité d'investissement pour les entreprises sociales dans les fonds
structurels (6.10.2011) et cadre stratégique commun (14.03.2012) ;
5. Cartographie du secteur de l'entrepreneuriat social ; modèles
économiques, poids économique, régimes fiscaux, identifications des
meilleures pratiques ; (action 9 :) étude sur la situation des sociétés
mutuelles ;
6. Base de données des labels et certifications ;
7. Administrations nationales et régionales : promotion des apprentissages
mutuels et des aptitudes organisationnelles ;
8. Plateforme électronique d'échange de données pour les investisseurs
sociaux et les entrepreneurs ; accès aux programmes d'éducation et de
formation de l'UE ;
9. Simplification du règlement européen sur les coopératives, et un
règlement pour un statut pour une fondation européenne (8.2.2012) ;
10. Amélioration de l'élément de qualité dans la sélection des contrats dans
le contexte de la réforme des marchés publics ;

45
4 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
11. Simplification de la mise en oeuvre des règles d'aides d'État pour les
services sociaux et locaux.

Cinq autres actions sont également mentionnées dans l'IES :

1. Proposition de règlement sur les fonds européens de capital-risque ;


2. Des statistiques fiables sur les entreprises sociales ;
3. Communication sur la modernisation de la politique de l'UE en matière
d'aides d'État ;
4. Consultation publique sur le règlement général d'exemption par
catégories ;
5. PME – Consultation sur le plan d'actions « Entrepreneuriat 2020 ».

Entrepreneuriat social – économie sociale

La Commission a publié le 13 avril 2011 une nouvelle communication au


Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social européen et au
Comité des régions intitulée « L'Acte pour le marché unique. Douze leviers
pour stimuler la croissance et renforcer la confiance. "Ensemble pour une
nouvelle croissance" ». Le huitième de ces leviers est l'entrepreneuriat social,
assimilé à l'économie sociale, et il a pour objectif de « favoriser le
développement des entreprises ayant fait le choix, au-delà de la recherche
légitime d'un profit financier, de poursuivre également des objectifs d'intérêt
général, de développement social, éthique, ou environnemental ».
Il définit le plan d'action suivant :

« 1. Législation créant un cadre européen facilitant le développement des fonds


d'investissement solidaire.
2. Afin d'assurer que les règles soient égales pour tous, la Commission présentera une
proposition législative sur la transparence de l'information sociale et environnementale
fournie par les entreprises de tous les secteurs.
3. Pour remédier à ces difficultés [dans la croissance des fondations], la Commission
présentera une proposition de règlement établissant un statut de la fondation européenne.
4. Dans le cadre de la plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale, la
Commission soutiendra le développement de l'économie sociale en tant qu'instrument
d'inclusion active en proposant en 2011 une “Initiative pour l'entrepreneuriat social” et en
facilitant l'accès aux programmes financiers de l'Union utilisables dans ce domaine.
5. La Commission adoptera également en 2011 une communication sur la responsabilité
sociale des entreprises (RSE), concept plus englobant que l'entrepreneuriat social, qui
encourage toutes les entreprises à poursuivre des actions avec des fins sociales ou
environnementales dans leurs activités quotidiennes. »

46
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   4
7  

L’économie sociale : un secteur émergent dans une société plurielle

Aujourd’hui, le mouvement associatif des citoyens connaît une large


croissance, par la promotion d'entreprises solidaires tournées vers la production
et la distribution de biens sociaux. Il existe une collaboration de plus en plus
étroite entre associationnisme et coopératisme dans le développement de
nombreux projets et activités, comme dans le cas des entreprises sociales. La
capacité de ces initiatives à résoudre les nouveaux besoins sociaux qui sont
apparus au cours des dernières décennies a remis au premier plan l'importance
de l'économie sociale.
L'économie sociale a également renforcé sa position dans des secteurs
traditionnels tels que l'agriculture, le travail associatif, les services et la
consommation, ainsi que les activités financières et mutualistes. Elle acquiert
aussi une position d'institution nécessaire pour assurer la stabilité et la durabilité
de la croissance économique, la distribution plus équitable des revenus et des
richesses, l'ajustement entre les services et les besoins, la valorisation de
l'activité économique au service des besoins sociaux, la correction des
déséquilibres sur le marché du travail et l'approfondissement de la démocratie
économique.
La nouvelle économie sociale apparaît donc comme un secteur émergent de
plus en plus essentiel pour apporter une réponse adaptée aux nouveaux défis de
l'économie et de la société mondiales, lesquels seront à la base de l'intérêt
croissant pour le rôle que peut jouer la nouvelle économie sociale dans la
société du bien-être.

L'économie sociale et le dialogue social

L'économie sociale constitue un puissant acteur économique et social dont


les caractéristiques spécifiques n'entrent pas dans la dichotomie classique
employeurs-travailleurs et exigent qu'elle soit expressément reconnue comme
partenaire social.
Durant la deuxième moitié du XXe siècle, alors que les systèmes de
l'économie mixte étaient à leur zénith, les protagonistes des tables de
négociation où se concluaient les politiques publiques (notamment en matière
de revenus) étaient les pouvoirs publics, les organisations d'employeurs et les
syndicats. De nos jours, l'économie a gagné en pluralité, d'où la nécessité
d'assurer la participation directe au dialogue social de tous les secteurs
concernés, fédérations d'employeurs, syndicats, pouvoirs publics, mais aussi cet
autre grand ensemble d'acteurs socioéconomiques, d'entrepreneurs et
d'employeurs dont se compose la nouvelle économie sociale et qui joue un rôle
croissant dans les sociétés développées.

47
4 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  
À côté des tables de négociation collective de type classique, il faut proposer
des tables de dialogue social, qui sont plus conformes au nouveau contexte
économique du début de ce siècle et incluront les agents de l'économie sociale.

L'économie sociale et les politiques publiques

Récemment, le Parlement européen a reconnu que l'économie sociale était un


pilier de base et la clé de voûte du modèle social européen.
En conséquence, les États membres et la Commission européenne doivent
prendre davantage d'engagements concrets afin que l'économie sociale soit non
seulement un instrument efficace pour atteindre des objectifs particuliers en
matière de politique publique, conformément à l'intérêt général, mais aussi pour
faire en sorte qu'elle constitue un objectif en soi, à travers le coopératisme, le
mutualisme, l'associationnisme et les initiatives d'intérêt général promues par la
société civile, indispensable pour consolider une société développée et les
valeurs associées au modèle social européen. Sur ce point, les organisations
représentatives de l'économie sociale doivent jouer un rôle important en
déployant des initiatives et des propositions entre institutions de l'UE, partis
politiques, syndicats, universités et autres organisations représentatives de la
société civile.

Les initiatives pour l'entrepreneuriat social de la


Commission européenne depuis 2011
L'économie sociale par rapport à la crise économique et à la crise de
l'État-providence

Au cours de la période 2008-2012, l'économie sociale a montré une capacité


remarquable à faire face aux conséquences négatives de l'actuel cycle de
dépression et à apporter une contribution significative aux trois principales
priorités de la stratégie Europe 2020 : une croissance intelligente, durable et
inclusive.
En matière d'innovation, l'économie sociale est une pionnière du lancement
de nouveaux produits et initiatives qui luttent efficacement contre l'exclusion
sociale, tel que l'ont montré les entreprises sociales au travers de leurs
expériences dans de nombreux pays européens. Il convient également de
souligner la force des systèmes d'innovation ayant des liens étroits avec des
domaines particuliers qui se combinent et concilient des réponses efficaces aux
défis de la mondialisation avec un engagement en faveur du maintien de
l'emploi local (production à implantations multiples de Mondragón, chaînes
agroalimentaires coopératives, etc.).

48
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   4
9  
L'innovation organisationnelle et sociale des entreprises de l'économie
sociale est une des raisons fondamentales de leur grande résistance à la
suppression d'emplois et à l'insécurité.
Étant donné qu'elles disposent d'un modèle de gouvernance plus
participative et démocratique et que les travailleurs sont davantage engagés dans
la société en raison du partage de la propriété et des risques, les entreprises qui
sont autogérées par leurs travailleurs résistent mieux que d'autres à la crise
économique.
En matière de croissance inclusive et durable, le système de valeur de
l'économie sociale se traduit par la solidarité avec la communauté et
l'environnement, absorbant les coûts sociaux et dégageant autour d'elles des
retombées positives. Par exemple, les coopératives amassent des actifs
indivisibles et appliquent le principe des « portes ouvertes ». Au fil du temps,
cela crée un mécanisme de solidarité historique qui procure aux générations
ultérieures une richesse productive qui leur permet de suivre une trajectoire de
croissance durable et soutenue.

L'économie sociale, la nouvelle Europe élargie et le développement


d'un espace euro-méditerranéen intégré

L'UE accorde une grande importance à la réalisation d'un espace intégré


européen où les inégalités sociales et économiques qui existent entre l'ancienne
Union des Quinze et celle élargie aux douze nouveaux pays de l'Est et du Sud
de l'Europe s'estompent et disparaissent le plus rapidement possible, ces
disparités étant notamment à l'origine d'importants flux migratoires de l'Est vers
l'Ouest de l'UE. Au-delà du renforcement de la cohésion sociale au sein de l'UE,
un autre défi est d'encourager l'émergence d'un espace euro-méditerranéen
intégré, qui soit générateur d'une zone de prospérité et de stabilité. À cette fin, il
faut consolider des États démocratiques dans tous les pays riverains de la
Méditerranée et consolider le tissu productif promu depuis la société civile dans
les pays du Sud.
En raison du rythme élevé de croissance de la population que connaissent
ces pays, et d'autres raisons structurelles, leur croissance économique ne se
traduit pas par une augmentation du niveau de vie de la majorité de la
population. C'est pour cette raison que la région euroméditerranéenne et l'UE
sont devenues, tant pour le volume que pour l'intensité, l'une des principales
zones géographiques visées par les mouvements migratoires, encore grossis par
d'importants groupes de populations originaires d'Amérique latine, des pays
subsahariens et d'États du Sud-est asiatique.
En raison de leurs caractéristiques spécifiques, les acteurs de l'économie
sociale peuvent jouer un rôle important à la fois au niveau des processus
d'intégration de la population immigrée et du développement de flux
commerciaux au sein de l'UE, ainsi qu'entre elle-même et la rive sud de la
Méditerranée.

49
5 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
Système éducatif, recherche et réseaux, université et économie
sociale
Les systèmes éducatifs de l'UE sont appelés à jouer un rôle important pour
stimuler une culture d'entreprise, mais aussi pour démocratiser l'économie, via
des projets de formation qui encouragent les initiatives d'entreprise fondées sur
des valeurs caractéristiques de l'économie sociale. Inversement, le
développement de nouveaux produits et processus novateurs par les entreprises
de l'économie sociale requiert que ces dernières intensifient leur collaboration
avec les centres universitaires de génération et de transmission des
connaissances. Les réseaux de chercheurs et d'échange d'informations entre ces
derniers et les professionnels de l'économie sociale contribueront, comme ils
l'ont fait ces dernières années, à élargir les bases de connaissances spécifiques
dont elle dispose et à les diffuser à travers l'Europe.

Identité et valeurs de l'économie sociale

La nouvelle économie sociale apparaît au sein de l'UE comme un pôle


d'utilité sociale dans un système à l'économie plurielle, aux côtés d'un secteur
public et d'un secteur privé motivé par la recherche de profits. Le défi auquel est
confrontée l'économie sociale est de surmonter les risques de banalisation des
traits distinctifs qui lui confèrent une utilité sociale spécifique. Pour parer à ce
danger, les acteurs de l'économie sociale doivent approfondir les valeurs qui
constituent sa base commune de référence, utiliser tous les leviers sociaux et
culturels qui s'accordent à ces valeurs, pour affirmer leur profil institutionnel et
atteindre un effet multiplicateur de leur potentiel économique et social. Bien
plus qu'une conclusion en forme d'énumération, les défis et les tendances que
l'on vient de développer constituent une proposition ouverte au débat, un point
de départ et de réflexion pour cette nouvelle étape qu'entame l'Europe avec les
récents élargissements de l'UE.
Une nouvelle étape et une nouvelle économie sociale où très légitimement,
c'est aux acteurs mêmes de l'économie sociale qu'il incombera d'occuper tout le
devant de la scène et d'exercer une pleine responsabilité pour définir le profil
spécifique et les objectifs stratégiques qu'ils doivent adopter pour jouer un rôle
de premier plan dans la construction européenne.

Les aides financières et les subventions européennes touchent les domaines


suivants (http://ec.europa.eu/grants/beneficiaries_fr.htm#econ) :

• Affaires économiques et • Élargissement


financières • Emploi et politique sociale
• Agriculture et développement rural • Énergie
• Aide extérieure • Entreprises
• Aide Humanitaire • Environnement

50
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   5
1  
• Audiovisuel et médias • Liberté, sécurité et justice
• Commerce extérieur • Pêche
• Communication • Politique régionale
• Consommateurs • Recherche et innovation
• Culture • Relations extérieures
• Éducation, formation et jeunesse • Transports

De manière plus spécifique, les mesures prises en faveur des entreprises


peuvent être réparties comme suit :

1. Le financement des exportations ;


2. Les fonds structurels européens ;
3. Le fonds européen d’investissement ;
4. Les programmes européens en matière d’énergie ;
5. Les mesures européennes en vue d’encourager la coopération entre
entreprises ;
6. Le programme de recherche et de développement de l’Union
européenne ;
7. Le fonds des jeunes entrepreneurs.

Les types de contrôle en Belgique

La Belgique possède depuis de nombreuses années une économie mixte et


régulée, pour laquelle il existe divers contrôles :

1. Le contrôle de la qualité des produits (en vue de la protection des


consommateurs) ;
2. Le contrôle partiel des prix de vente. Les hausses de prix sont soumises au
ministère des Affaires économiques. Des prix minima sont imposés et il est
défendu de brader ceux-ci en dehors de certaines périodes (protection
pertinente contre les monopoles et les superprofits) ;
3. Les lois antitrusts afin de renforcer les conditions de concurrence (protège
les citoyens contre les ententes, les pratiques concertées, les abus de
puissance dominante) ;
4. Le contrôle d'agrégation et réglementation des conditions d'accès (en vue
de protéger les clients). Inconvénients de ce type de contrôle : création de
corporations et dépréciation de la qualité des services (exemple : les
notaires) ;
5. Le contrôle des investissements, soit par les fonctionnaires (école marxiste),
soit par la loi du marché (école néo-libérale), ou encore pour protéger les
secteurs stratégiques tels que l'électricité ou la sidérurgie (économie régulée).
Inconvénient d'une telle pratique : l'influence des groupes de pression qui
rendent obsolète la politique de contrôle ;
6. Le contrôle de l'actionnariat. Avantage : il est plus facile de contrôler une
activité dont l'État est actionnaire (monopole des jeux, monopole de
l'information, etc.). Inconvénients : détenir un monopole de l'information
ouvre la porte à tous les abus de la propagande (souvenez-vous du Dr

51
5 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  
Goebels sous le régime nazi). Pour les autres monopoles, l'État se révèle
souvent un mauvais gestionnaire. Divers secteurs appartiennent à l'État : la
Loterie nationale en Belgique, les entreprises de tabac et d'alcool en France
ou au Canada. La main-mise de l'État sur ces secteurs vise à protéger les
citoyens. À cet égard, il existe une certaine contradiction : d'une part, l'État
prélève une série d'impôts sur ce type de produits « nuisibles », d'autre part, il
subventionne les entreprises qui fabriquent ces produits.

Les interventions de l’État

En Belgique, l'intervention étatique poursuit deux buts avoués : renforcer la


concurrence et protéger le consommateur.
Renforcer la concurrence est un moyen d'assurer, par les lois du marché,
l'optimum et le développement économique. C'est-à-dire des prix de vente égaux
aux prix de revient (allocation optimale des ressources), une production aux
moindres coûts, une éclosion normale des innovations, et une adéquation de
l'offre et de la demande du point de vue qualitatif et quantitatif.
L'absence de concurrence nuit à l'efficacité des entreprises. Elle peut les
conduire à des retards techniques et à une limitation des innovations ou de la
production (cartels) entraînant des prix de vente supérieurs aux prix de revient
(distorsion dans l'allocation optimale des ressources et dans la répartition des
revenus). Ces superprofits peuvent engendrer un déséquilibre de la balance
commerciale (c’est à dire des importations supérieures aux exportations, cf. la
partie consacrée au commerce extérieur).
Pour les monopoles naturels (parfois non rentables), l'État peut être le seul
actionnaire afin de limiter les prix. L'État restreint aussi la concurrence pour
protéger des secteurs en crise afin de protéger l'emploi, les divers créanciers, les
outils de production, et l'actionnariat. C'est le cas des cinq secteurs nationaux
(Charbonnages, sidérurgie, construction navale, filatures, verre plat). L'État
protège également certains marchés sous la pression de secteurs ou
d'organisations patronales (assurances, notaires, pharmaciens, coiffeurs,
organismes de contrôle, etc.).
Protéger le consommateur contre la mauvaise qualité des produits, des
services ou des prix surfaits est également un but avoué de l'État. Il procède par
le contrôle des produits et services (agrégations, normes, conditions d'accès,
conditions de vente), le contrôle des prix pratiqués, et le contrôle de la
solvabilité d'un vendeur (banques et assurances). Sous ce but avoué, se cachent
souvent divers déviationnismes. Sous couvert de protéger le consommateur,
l'État instaure des barrières non tarifaires afin de protéger certains secteurs. Il
légaliste certains corporatismes (les coiffeurs et les notaires) qui se révèlent être
de véritables cartels engendrant des surcapacités de production (exemple : les
produits laitiers en Europe), des prix trop élevés (les assurances), des produits et
services médiocres (les notaires, les médecins), un manque d'innovation (les
communications).
L'État a également la possibilité, comme toute entreprise, de pratiquer une
politique de discrimination des prix en vue d'une redistribution des revenus.
Mener une politique de discrimination des prix, entre différents groupes
d'acheteurs, c'est vendre à ces groupes un même produit à des prix différents.

52
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   5
3  
Pour cela, le vendeur doit pouvoir cloisonner les marchés constitués par les
différents groupes en utilisant une des cinq méthodes suivantes :

1. Sur base de la qualité ou la nature de l'acheteur :


• discrimination entre entreprise et personne privée (vendre plus cher aux
entreprises la participation à un colloque. Exemple : la conférence
ESPRIT) ;
• appartenance à un groupe, à une association (exemple : les VIPO) ;
• possibilité qu'a l'acheteur de payer un prix plus élevé ou non (prix à la tête
du client) ;
• la fonction économique (les entreprises polluantes).
2. Sur base du produit lui-même (produits de luxe et produits standard,
premières et deuxièmes classes dans les trains, imprimés et lettres à la poste).
Souvent, le coût marginal est inférieur à la différence de prix.
3. Sur base du temps (selon les saisons, les mois, les jours, les heures, les tarifs
sont modifiés : exemples : les tarifs bihoraires pratiqués par les électriciens,
les tarifs téléphoniques de la RTT, les séances de 13 h dans les salles de
cinéma...).
4. Sur base géographique (lieu de la consommation : premiers rangs et loges à
l'Opéra National).
5. Sur base des quantités vendues (tarifs dégressifs pratiqués par la SNCB : les
abonnements).

Il n'y a discrimination au strict sens économique que si les écarts de prix sont
supérieurs aux écarts de prix de revient. Ces discriminations peuvent diminuer
les déficits engendrés par certains types d'activité. Au niveau du secteur public,
elles s'avèrent être un moyen de redistribution des revenus (exemples : les
étudiants boursiers, les places moins chères pour les chômeurs et les moins de
18 ans).

Aides, subsides12 et subventions


Économie sociale
Europe

Le secteur à profit social au cœur de l’enjeu européen

Dans une Union européenne régie essentiellement par des principes


économiques (libre concurrence, marché intérieur, etc.), en tant que prestataires
de services, les entreprises à profit social sont confrontées à plusieurs défis.
Parmi eux, les principaux sont liés à la libéralisation des services : la
transposition de la directive « Services », la législation sur les aides d’État, la
situation des services sociaux d’intérêt général, le statut juridique des entités

12
En droit belge, le mot “subside” est une somme versée à un particulier ou à un groupement à
titre d’aide, d’allocation, de subvention, ou en rémunération de services.

53
5 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  
non lucratives, etc. Dans le but d’aider les employeurs à réaliser leurs projets,
l’UNIPSO informe sur les politiques européennes ayant un impact pour les
entreprises à profit social et présente les programmes de subsides européens
auxquels les entreprises à profit social peuvent faire appel pour financer en
partie leurs activités.
Voir le site : http://www.unipso.be/spip.php?rubrique13

Belgique

D’un point de vue national, il existe plusieurs sites intéressants, dont


http://econosoc.be/?rub=services&page=aides . Celui-ci présente les aides et
subsides dont peuvent bénéficier les entreprises sociales selon les critères
suivants :

• les aides à l'emploi ;


• les appels à projets du secteur de l'économie sociale ;
• les subsides et aides financières en Région Wallonne ;
• le site portail des Fondations francophones ;
• vade-mecum pour constituer un dossier subsides ;
• et si vos proches finançaient votre projet.

Le site autravail.be vous présente un aperçu des avantages et primes à


l'emploi disponibles pour les entreprises. Que vous soyez travailleur ou
employeur, ce site vous informe des aides à l'emploi, aides à la formation et
aides économiques auxquels vous et votre entreprise pouvez prétendre. En
fonction du profil du travailleur (diplôme, âge, etc.) et de l'employeur (secteur
marchand, non marchand, etc.), le site vous fournira une liste des aides
financières, ainsi que les conditions d'octroi et les avantages, tant du point de
vue de l'employeur que de l'employé. Plus d'information sur www.autravail.be
Vous pouvez également visiter le site fédéral de l'économie sociale
www.socialeconomy.be. Le SPP Intégration Sociale lance régulièrement des
appels à projets spécifiques au secteur.
Finalement, vous pouvez également consulter le site www.aidesdirectes.be
qui est un site soutenu par l'Agence de Stimulation Économique (ASE). L'ASE
organise régulièrement plusieurs bourses :

• bourse de préactivité : pour réaliser l'analyse de faisabilité de votre projet de


création ;
• bourse innovation : pour développer au sein de votre entreprise une
démarche innovante ;
• bourse innovation développement durable : pour développer au sein de votre
entreprise une attitude innovante liée au développement durable ;

54
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   5
5  
• bourse Impulcera : pour réaliser l'analyse de faisabilité de votre projet de
création en économie sociale.

La base de données MIDAS reprend toutes les aides disponibles (plus de


250) en Wallonie, quel que soit le niveau de pouvoir (État fédéral, Région
wallonne, etc.) qui l’accorde et quel que soit l’objet de cette aide
(investissement, engagement de personnel, etc.). Cette base de données, mise en
place par le Service public de Wallonie, se caractérise par la structuration
systématique de l’information, ce qui permet :

• l’accès plus rapide à l’information qui vous intéresse ;


• la lecture plus simple et plus agréable ;
• la comparaison entre plusieurs aides grandement facilitée.

La base Midas est accessible à l'adresse : www.aides-entreprises.be

Il existe un réseau des fondations belges, qui rassemble l'ensemble des


fondations en Belgique. Il s'agit en réalité d'un outil de soutien et
d'harmonisation du fonctionnement des fondations. Plus d'information sur ce
réseau à cette adresse : http://www.reseaufondations.be

Il n'est pas toujours évident de s'y retrouver dans les démarches à effectuer
pour constituer un dossier de demande de subsides ou pour répondre à un appel
à projets. Comment présenter son projet ? Quels documents annexer ? Comment
présenter les justificatifs ? Econosoc vous facilite la vie grâce à son vade-
mecum pour la constitution de votre dossier. Son site est accessible à l’adresse
suivante : http://econosoc.be/

On entend de plus en plus parler de financement participatif, appelé


également crowdfunding. Ce concept consiste à faire appel à l'épargne
citoyenne pour financer votre projet. Parents, amis, collègues et citoyens
lambda peuvent soutenir votre projet, selon leurs moyens financiers. Depuis
quelques années, on voit apparaître de nombreuses plateformes online afin de
stimuler ce financement participatif. Quelques exemples :

• www.mymajorcompany.com
• www.kisskissbankbank.com
• www.takatac.com

Il existe également des organismes de crédit spécialisés ou traditionnels que


vous pouvez consulter sur http://www.wallonie.be/fr/demarche/theme-list/257 .
Ainsi, vous pouvez demander un prêt sans intérêt à une société de financement
alternatif, demander un crédit à taux réduit ou un crédit pont au Crédal,

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5 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
demander un préfinancement de subsides à la Banque Triodos ou demander un
crédit ou un préfinancement de subsides à un organisme de crédit traditionnel.

ASBL

À côté du secteur public, la majorité des organisations actives dans le secteur


à profit social sont constituées sous forme d’Associations Sans But Lucratif
(ASBL). Le droit des ASBL est régi par la loi du 27 juin 1921 sur les
associations sans but lucratif, les associations internationales sans but lucratif et
les fondations. Cette législation a subi une profonde réforme en 2002 (loi du 2
mai 2002). Avant d’entamer une quelconque démarche en matière d’aides ou de
subsides, il ne faut pas oublier de :

• Créer une ASBL et ouvrir un compte en banque ;


• Être préalablement inscrit à la Banque Carrefour des Entreprises ;
• Être agréé pour pouvoir demander un subside.

À cet égard, voir le site http://www.wallonie.be/fr/demarche/theme-list/257 .


Il existe aussi des outils pour vous guider dans la gestion de votre association.
Ceux-ci sont accessibles sur http://www.unipso.be/spip.php?rubrique14. Afin
de vous aider tout au long de la vie de votre ASBL, l’UNIPSO :

• Donne des informations sur l’application concrète de la législation


concernant les ASBL et les obligations qui en découlent. Elles concernent
notamment les statuts, les organes de l’ASBL, les obligations comptables et
fiscales, les formalités relatives à la publicité, la gouvernance.
• Réalise des outils et des modèles pratiques utiles pour la gestion des ASBL

Vous pouvez également consulter


http://pro.guidesocial.be/actualites/subsides-comment-financer-votre-
projet.html pour financer votre projet. Un projet ne se construit pas tout seul. En
période de crise, les financements sont parfois difficiles à obtenir. En soutenant
les initiatives qui répondent à leur appel à projets, les subventions externes
permettent un aide financière, une formation et/ou un encadrement spécialisé.
N’hésitez pas à faire un tour sur le site www.monasbl.be . Vous y trouverez des
centaines de fiches, idées, appels à projets et conseils personnalisés pour votre
ASBL.

Certains organismes viennent également en aide aux ASBL. C’est le cas de


CERA. Les domaines dans lesquels CERA investit sont l’inclusion sociale et la
lutte contre la pauvreté, l’art et la culture, l’agriculture, l’horticulture et le
développement durable, les services et soins à la collectivité, les initiatives

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   5
7  
locales pour l’enseignement et la jeunesse, l’entrepreneuriat coopératif,
coopérer en microfinance et microassurance avec le Sud via BRS. La Loterie
nationale subventionne également certains projets d’ASBL. Les bénéfices de la
Loterie nationale proviennent de la société. En subventionnant des projets
rencontrant l’intérêt de tous les joueurs, une grande partie de ces bénéfices
retournent à la société. Les subsides sont ainsi octroyés à un large éventail de
secteurs d’activités à vocation humanitaire, sociale, sportive, culturelle,
scientifique et favorisant le prestige national. L’engagement social d’AG
Insurance s’articule autour de deux axes principaux : l’aide à l’enfance et
l’adolescence défavorisées ; la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. La
société Belgacom Groupe soutient aussi les initiatives des ASBL et associations
répondant à leurs critères.
Enfin, de nombreuses dispositions légales (adoption, éthique, orientation
professionnelle, étrangers, famille, personnes âgées, handicapés, santé, jeunesse,
sourds, éducation permanente, enfance, maltraitance, non-marchand…) en
matière de subventions sont reprises sur le Guide des subsides élaboré avec le
soutien de la Région Wallonne.

Aides et subsides européens

Voir http://ec.europa.eu/grants/beneficiaries_fr.htm

Les aides et subventions octroyées par l'Union européenne portent sur les
matières suivantes :

Affaires économiques et financières Emploi et politique sociale


Agriculture et développement rural Énergie
Aide extérieure Entreprises
Aide Humanitaire Environnement
Audiovisuel et médias Liberté, sécurité et justice
Commerce extérieur Pêche
Communication Politique régionale
Consommateurs Recherche et innovation
Culture Relations extérieures
Éducation, formation et jeunesse Transports
Élargissement

La Commission européenne élabore chaque année un rapport portant sur


l'octroi des subventions financées directement au titre de la partie administrative
du budget, ainsi que sur les bénéficiaires de ces subventions. Le site
http://fr.welcomeurope.com/list-european-funds.html permet de retrouver tous
les programmes de subventions européennes de la nouvelle
programmation 2014-2020 mis à jour. La base de données Eurofunding

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5 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  
regroupe toutes les informations pratiques pour obtenir des subventions
européennes gérées directement par la Commission européenne. Toutes les
organisations professionnelles (secteur public, secteur associatif, secteur privé)
peuvent être éligibles aux programmes de financements européens, il y a des
conditions à remplir et elles sont exposées clairement pour chaque programme
de subvention. Un guide payant EUROFUNDING édition 2015 est également
disponible. Il reprend en 140 pages l’ensemble des subventions disponibles et
un grand nombre de conseils pratiques pour formaliser vos dossiers.

Aides et subsides en Belgique

Vous voulez contacter le SPF Finances ? Vous cherchez l'adresse de


l'administration wallonne du logement ? Ou le numéro de téléphone de la
Commune de Braine-l'Alleud ? Cette rubrique rassemble pour vous toutes les
adresses utiles, numéros de téléphone et heures d'ouverture des autorités
publiques, classés par thématique et par niveau de pouvoir. Vous y trouverez
aussi un répertoire de liens vers plus de 900 sites web officiels belges et
européens. Ceux-ci sont répertoriés par thèmes et par niveaux de pouvoir. Voir
le site : http://www.belgium.be/fr/adresses_et_sites/

Vous avez pris la décision de lancer votre entreprise. Vous préparez votre
plan financier. Il est de temps de savoir de quelle manière vous allez financer
votre capital. Différentes sources de financement sont envisageables. Ces
sources sont divisées en deux catégories : les fonds propres et les moyens
extérieurs. Les guichets entreprises pourront vous conseiller ou vous orienter
vers les partenaires les plus adéquats pour financer votre projet. Voir le site :
http://www.belgium.be/fr/economie/entreprise/financement/

Les aides accordées aux entreprises sont assez variées et dépendent


notamment du secteur d'activités envisagé :

▪ aides et conseils à la formation : études de faisabilité, conseils, actions de


formation, aide au tutorat ;
▪ aides à l'embauche ;
▪ aides à la recherche industrielle : projets de « recherche & développement » ;
▪ aides à la promotion du commerce extérieur ;
▪ aides en faveur des jeunes indépendants, etc.

Aides et subsides en Région bruxelloise

Le site : http://www.werk-economie-emploi.irisnet.be/web/aee/liens-utiles
vous dirige vers différents liens abordant divers sujets :

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   5
9  
Créer votre entreprise : démarches, Recherche et innovation
accompagnement et conseils Agroalimentaire
Financement Internationalisation
Implantation Formation
Urbanisme Recrutement — recherche d’emploi
Environnement et propreté Concertation socio-économique
Mobilité

Ainsi, pour créer et gérer votre entreprise, vous avez divers liens, dont :

• 1819 - Entreprendre à Bruxelles


• Guichets d'entreprises agréés
• Guichets d'économie locale
• Chambre de Commerce et Union des Entreprises de Bruxelles (BECI)
• La comptabilité belge

Pour le Financement, deux liens sont proposés :

• Finance.brussels (Société régionale d'Investissement de Bruxelles - SRIB)


• Fonds bruxellois de garantie

Pour l’implantation, vous avez les liens suivants :

• Citydev.brussels (Société de développement pour la Région de Bruxelles-


Capitale - SDRB)
• Brucenter.brussels (Réseaux des centres d'entreprises bruxellois)
• Atrium.brussels (Agence régionale du commerce)
• Incubateurs bruxellois
• Bruxelles espaces publics

Pour les permis d’urbanisme, vous pouvez consulter Urbanisme.brussels.


Pour l’environnement et la propreté, vous pouvez vous rendre sur :

• Propreté.brussels
• Bruxelles Environnement (Institut bruxellois pour la gestion de
l'environnement)

Pour la mobilité, le site renvoie à :

• Bruxelles Mobilité
• STIB.brussels
• Plan de déplacement

Pour la recherche et l’innovation, vous pouvez consulter l’Institut bruxellois


pour la recherche et l’innovation : Innoviris.brussels
Pour l’agroalimentaire, vous avez l’AFSCA (Agence Fédérale pour la

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6 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
Sécurité de la Chaîne Alimentaire)

En matière d’internationalisation, il existe :

• Bruxelles Invest & Export


• Invest in Brussels

Pour la formation, plusieurs liens sont proposés :

• Bruxelles Formation
• Regionale Dienst voor beroepsopleiding Brussel (VDAB)
• Syntra Brussel (Centre de formation néerlandophone pour entrepreneurs et
futurs entrepreneurs)
• Ichec Entreprises
• Solvay Entrepreneurs
• Espace Formation PME
• Ichec-Pme

Pour le recrutement ou la recherche d’emploi, il y a Actiris.brussels et pour


la concertation socio-économique, vous avez le Conseil Economique et Social
de la Région de Bruxelles-Capitale
. Concernant les initiatives en matière sociale, le pouvoir subventionneur est
la Commission communautaire française (Cocof). Les bénéficiaires des
subsides sont les associations de fait et les ASBL. Ces subsides portent sur
l’éducation, la santé et les aides aux personnes.
Tous les renseignements sont disponibles sur le site même de la Cocof :
http://www.cocof.be/ et à l’adresse suivante : Commission communautaire
française — Rue des Palais, 42 - 1030 Bruxelles - Tél. : 028008000 - Fax :
028008001.

Bénéficier de subsides venant de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Il est possible d’obtenir un subside de la Fédération Wallonie Bruxelles en


fonction des domaines de compétences de votre ASBL : éducation permanente,
culture, sport, jeunesse, audiovisuel… La visite du site de la Fédération
Wallonie-Bruxelles ou un appel au n° vert pourra vous aider à déterminer quel
est le service compétent à contacter : FW-B (La Fédération Wallonie-Bruxelles)
- tél. : 0800 20 000

Bénéficier de subsides venant de la Wallonie

Voir le site : http://www.wallonie.be

Il est également possible d’obtenir un subside de la Wallonie en fonction des

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   6
1  
domaines de compétences de votre ASBL : santé, tourisme, infrasports,
patrimoine...

Vous pouvez bénéficier de subsides pour mettre sur pied un projet dans le
cadre des initiatives lancées par les grandes villes, le Fonds Social européen, la
Wallonie, l'ONE ou d'autres organismes. Il s'agit en général de concours d'appel
à projets auxquels vous pouvez participer pour vous permettre de finance un
projet et des infrastructures. Les sites econosc.be et guidesocial.be listent la
plupart des projets et concours en cours. Zoom jeunes reprend sur son site web
toute l'actualité jeunesse et tous les appels à projets concernant ce secteur.
D’autres interlocuteurs sont également consultables :

• Ville de Liège, Namur, Charleroi, Bruxelles…


• FSE (Agence Fonds Social Européen) - tél. : 02 234 39 40
• La Wallonie - tél. : 0800 11 901
• ONE (Office de la Naissance et de l'Enfance) - tél. : 02 542 12 11
• Econosoc - Liste des concours
• Guide social - Actualités
• Ville de Liège - Liste appel à projets

Pour les pouvoirs locaux : http://www.wallonie.be/fr/outils/cadastre-des-


subsides . Ce cadastre en ligne va vous permettre de bénéficier au travers d’un
site web simple et ergonomique d’une vue exhaustive des subsides de la
Wallonie.
Pour l’organisation de concerts et de musiques, il existe aussi un site
spécifique : http://www.court-circuit.be/ressources/aides-subsides-et-
subventions/ . Afin de soutenir les artistes et les organisateurs dans la réalisation
de leurs idéaux, plusieurs organismes communautaires, régionaux et
provinciaux proposent des aides sous diverses formes. Les principaux
organismes vous permettant d’obtenir des aides sont le Programme Rock de la
Communauté française et Wallonie-Bruxelles Musiques (WBM).

Bénéficier de subsides venant de l'administration provinciale dans


laquelle mon ASBL réside

Des subsides sont généralement octroyés par les provinces en fonction du


projet que vous souhaitez mettre sur pied et des évolutions que vous souhaitez
apporter à votre infrastructure. Chaque Province dispose de subsides différents.
Vous devez prendre en compte la Province dans laquelle votre ASBL se situe :

• Province de Namur - Site web


• Province de Liège - Site web
• Province du Hainaut - Site web
• Province du Luxembourg - Site web
• Province du Brabant wallon - Site web

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6 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  

Bénéficier de sources de financement venant de la Commune dans


laquelle mon ASBL réside

En fonction des communes, il est possible d'obtenir des aides financières


pour développer votre activité autour de différents projets (sportifs, culturels,
sociaux...) ou pour des prêts de locaux ou de matériel concernant ces mêmes
projets. La demande doit être introduite auprès du Collège des Bourgmestre et
Échevins. Concernant le développement de l'infrastructure, vous ne pourrez
obtenir du financement de la commune que si votre infrastructure apporte une
plus value pour les habitants. Pour tout renseignement, vous devez vous
adresser à la commune dans laquelle votre ASBL se situe, ou encore au SPF
Economie, PME, Classes Moyennes et Energie - tél. : 0800 120 33 ou sur le
Portail Belgium.be - Communes - Informations

62
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   6
3  

Droit des sociétés, fiscalité et législation sociale

Choisissez votre forme juridique

Souhaitez vous entreprendre seul ou à plusieurs ? Désirez-vous limiter votre


responsabilité ou garder une position de salarié ? Avez-vous intérêt à payer
directement des impôts sur les personnes physiques ou à passer par l’impôt des
sociétés ? Envisagez-vous de revendre à terme votre entreprise ? Ces diverses
questions vous devez les poser à un notaire, à un spécialiste de la finance ou à
un avocat d’affaires afin d’examiner la forme la mieux adaptée à l’activité
envisagée. Il est également souhaitable de se renseigner auprès des Chambres
des Métiers et des Négoces afin de déterminer si l’activité projetée est régie par
des conditions d’exercice spécifiques. Choisir d’exercer son activité à titre
d’indépendant ou sous forme de société présente un certain nombre d’avantages
et d’inconvénients. Être indépendant offre comme avantages d’être son propre
maître. Vous êtes propriétaire de votre affaire. Vous prenez seul les décisions.
Vous disposez de la totalité du bénéfice. Les formalités administratives ainsi
que les coûts sont limités. La comptabilité est en général simplifiée. Par contre,
l’indépendant supporte l’entièreté des pertes. En cas de maladie, il est
complètement démuni et risque de se retrouver sans le sou. Enfin, l’indépendant
est assujetti à l’impôt des personnes physiques dont le taux est supérieur à celui
de l’impôt des sociétés.
Dans certaines formes de sociétés, le risque est limité aux fonds mis dans le
capital de la société. Sauf circonstances particulières, la faillite de la société ne
signifie pas la faillite des associés. La confiance des tiers est généralement plus
grande en raison des capitaux propres investis. Le bénéfice d’exploitation peut
être réparti entre l’entreprise et ses dirigeants actifs. Les pertes peuvent être
réparties sur plusieurs exercices. Le taux d’imposition des sociétés est moindre
que celui des personnes physiques. Néanmoins, les frais de constitution de la
société peuvent être importants. Le fonctionnement est généralement plus lourd
et plus complexe. Un capital minimum est exigé dans la plupart des sociétés. Il
y a perception d’un droit d’enregistrement au taux de 0,5 % sur les apports en
numéraire ou en nature. Les normes comptables sont très strictes.
En vue de rédiger vos statuts et d’entamer les démarches nécessaires en cette
matière. Il faudra tenir compte également des coûts de création d’une entreprise
individuelle : inscription, immatriculation, stage. Ces différents coûts varient
selon qu’il s’agit d’une ASBL, d’une coopérative, d’une entreprise
commerciale, d’une entreprise artisanale ou d’une profession libérale. Il faudra
bien entendu tenir compte des coûts de constitution de la société : l’apport en
numéraire, les frais de publication, l’immatriculation au registre du commerce,
etc.

63
6 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  

Constituez votre société

Diverses formalités vous attendent. En premier lieu, vous devez ouvrir, à


votre nom ou au nom de votre société, un compte auprès d’une banque ou d’un
organisme financier. Ce numéro de compte devra figurer sur tous les documents
par lesquels vous réclamez un paiement sous peine de ne pouvoir requérir des
intérêts de retard. Vous devez établir le siège social de votre société et fournir
un titre de jouissance privative. Il faudra également trouver un nom à votre
entreprise. Vous devrez établir et signer les statuts, les faire enregistrer et les
publier. L’exercice de toute activité commerciale requiert une immatriculation
au registre de commerce. Cette inscription se fait au Greffe du tribunal de
Commerce dans le ressort duquel se trouve l’établissement. Le numéro du
registre de commerce doit figurer sur toute correspondance et actes relatifs à
l’activité commerciale et être apparent sur l’immeuble concerné par le
commerce. Vous devrez acheter vos livres comptables. Si vous effectuez des
livraisons de biens ou des prestations de service, vous êtes assujetti à la TVA.
La déclaration de commencement d’activité donnant lieu à l’obtention d’un
numéro de TVA est à faire au bureau de Contrôle de la TVA. Si vous êtes
indépendant, vous devez également vous affilier à une Caisse d’assurances
sociales. Cette affiliation doit intervenir au plus tard 90 jours après le début de
l’activité. L’indépendant doit s’inscrire également auprès de la mutuelle de son
choix à laquelle il remettra les bons de cotisation reçus de sa Caisse
d’assurances sociales. Les cotisations obligatoires ne couvrent que les gros
risques (hospitalisations et opérations chirurgicales). Pour couvrir les petits
risques, l’indépendant doit verser une cotisation complémentaire. Le statut
social ainsi obtenu lui permet d’être couvert en matière de pension,
d’allocations familiales, d’assurance maladie et d’assurance contre l’incapacité
de travail. L’accès à une profession n’est pas toujours libre. Certaines
nécessitent de justifier de ses compétences techniques et de connaissances en
gestion. Vous pouvez suivre un cours de formation des classes moyennes afin
d’acquérir la connaissance requise de la profession ou de la fonction de gestion.
L’obtention de l’accès à la profession est préalable à l’inscription au registre de
commerce. Tout indépendant doit effectuer des versements anticipés d’impôts,
sous peine de majorations significatives. Pour ce faire, il doit contacter le
ministre des Finances, Administration des contributions directes, Versements
anticipés. L’indépendant de moins de trente-cinq ans qui s’installe pour la
première fois n’est pas tenu à cette obligation pendant les trois premières
années.
Lors de création d’une société, il y a lieu d’établir, devant un notaire, un acte
de constitution (statuts) reprenant les principales caractéristiques et modalités de
fonctionnement de la société. Il faut également présenter un plan financier
justifiant le montant du capital social et donnant une estimation des besoins et

64
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   6
5  
recettes prévues. Il faut aussi remettre au notaire d’une part, une attestation
bancaire certifiant le dépôt, sur un compte au nom de la société, des apports en
numéraire, d’autre part, le rapport établi par un réviseur d’entreprise concernant
les apports en nature et immeubles.
Toute transformation ou construction d’un bâtiment nécessite une demande
de permis de bâtir à l’administration communale accompagnée d’un dossier
complet. Tout établissement doit également introduire une demande de permis
d’exploiter auprès de l’autorité compétente. Choisir votre localisation ne sera
nullement innocent. Cela implique aussi de trouver vos premiers clients, de
recruter vos collaborateurs, dont un bon commercial et une excellente secrétaire.
Vous devrez mener à bien diverses démarches administratives auprès des
organismes suivants :

• Ministère des Classes moyennes


• Office régional de l’emploi
• Banque Nationale de Belgique
• Ministère des Affaires économiques
• Tribunal de commerce
• Registres du commerce et de l’artisanat
• Registre du commerce et actes de sociétés
• Moniteur belge
• Office national de sécurité sociale
• Institut national d’assurance maladie invalidité
• Institut national d’assurances pour travailleurs indépendants
• Administration centrale de la TVA

Vous devrez tenir compte également des incitations fiscales et financières en


vous renseignant auprès des organismes suivants :

• Ministère de la Région bruxelloise


• Ministère de la Région wallonne
• Office belge du commerce extérieur
• Ducroire
• Institut pour la recherche scientifique dans l’industrie et l’agriculture

Droit des sociétés

Il existe en Belgique différentes formes de sociétés réparties en deux


catégories : celles ayant une personnalité juridique et celles qui n'en disposent
pas.

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6 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
Les sociétés sans personnalité juridique

Les sociétés sans personnalité juridique n'ont pas de responsabilité limitée.


Elles se présentent sous deux formes :
1. L’association de fait : L'Association de fait n'a pas de personnalité juridique
et est à déconseiller en cas de risques importants. L'Association de fait ne
peut toujours pas conclure des engagements et posséder des propriétés. Ce
sont par conséquent les membres qui conservent leurs droits et leurs
obligations individuels et qui se lient également personnellement. Le choix de
l'Association de fait est donc seulement justifié, lorsque l'on veut éviter un
maximum de frais et de formalités et lorsque le nombre de membres est très
limité. À partir de l'exercice d'imposition 1997, les dirigeants des associations
de fait sont tenus de mentionner dans leur déclaration fiscale tous les comptes
étrangers (de ces associations de fait) dont ils sont titulaires.
2. La société momentanée : elle est fondée sur un contrat conclu par plusieurs
entreprises en vue de l'accomplissement d'un but dont elles se partageront les
résultats (exemple : les sociétés momentanées dans les travaux publics).
Selon l'article 175 des lois coordonnées sur les sociétés commerciales,
l'association momentanée est celle qui a pour objet de traiter, sans raison
sociale, une ou plusieurs opérations de commerce déterminées. Les
associations momentanées ont lieu entre les associés, pour les objets, dans les
formes, avec les proportions d'intérêt et aux conditions convenues entre eux.
Ses caractéristiques principales sont :

• Absence de personnalité juridique,


• pas de formalité obligatoire (contrat écrit ou oral),
• relation directe et individuelle des associés avec les tiers,
• responsabilité solidaire des associés envers les tiers,
• pas de créanciers, ni de débiteurs propres,
• pas de raison sociale,
• pas de patrimoine propre,
• durée limitée,
pas de siège social.

L'absence de personnalité juridique a pour conséquence qu'il n'existe pas de


distinction entre le patrimoine de l'Association momentanée et celui des
associés. Il en résulte qu'en cas d'insolvabilité de l'Association momentanée,
les créanciers peuvent agir envers les associés. On rencontre principalement
les associations momentanées dans le secteur de la construction ;
3. La société en participation : elle peut être durable et avoir pour objet une
activité à long terme. Elle doit être occulte. Elle se caractérise par la présence
de deux types d'associé : les associés participants et les associés gérants. Ces
derniers gèrent la société en leur nom propre, tout en l'administrant en réalité
pour d'autres. Ils sont pleinement responsables d’un point de vue juridique.
L'associé participant ne peut pas intervenir dans le contrat. Les tiers ne
peuvent entamer une action qu'à l'égard des associés gérants (exemple :
l'O.P.A. lancée sur Contibel par GBL-Tractebel).

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   6
7  
Les sociétés avec personnalité juridique

Les sociétés avec personnalité juridique se présentent sous différentes


formes :
1. La société de personnes : la personnalité individuelle des associés est
l'élément déterminant. Trois types de société de personnes :
• L’association   sans   but   lucratif   (ASBL).   Une   association   entre  
plusieurs   personnes   est   établie   en   vue   de   l'exploitation   durable   et  
ostensible  moyennant  l'établissement  d'un  statut  au  moniteur.  Cette  
association  peut  conclure  des  contrats  avec  des  tiers.  Cette  forme  de  
société   est   obligée   de   réinvestir   tous   ses   bénéfices   dans   l’association.  
Les   personnes,   qui   en   raison   de   leurs   activités   communautaires,   sont  
appelées   à   avoir   régulièrement   des   contacts,   peuvent   décider   de  
donner   une   structure   à   ces   contacts.   Ils   peuvent   ainsi   créer   une  
association   sans   but   lucratif   (ASBL).   L’ASBL   possède   la   personnalité  
juridique   et   sa   constitution   ainsi   que   son   fonctionnement   sont   régis  
par   la   loi   du   27   juin   1921.   Les   statuts   de   cette   association   peuvent  
être   rédigés   par   acte   sous   seing   privé,   en   autant   d'exemplaires   qu'il   y  
a  de  fondateurs  ou  par  acte  authentique.  Les  statuts  de  l'Association,  
ainsi   que   la   liste   des   membres   du   premier   conseil   de   direction,  
doivent  être  envoyés,  pour  publication  au  Moniteur  belge.  Durant  le  
mois  qui  suit  la  publication  des  statuts,  la  liste  des  membres  doit  être  
déposée   au   greffe   du   tribunal   de   1re   instance   de   l'arrondissement  
judiciaire   où   l'ASBL   est   installée.   Étant   donné   que   l'ASBL   est   une  
société  disposant  de  la  personnalité  juridique,  elle  peut,  en  son  nom  
et   pour   son   propre   compte,   acquérir   des   propriétés,   recevoir   des  
donations,   engager   des   contrats,   être   responsable   et   avoir   des   dettes.  
Les   membres   de   l'ASBL   ne   sont   en   principe   pas   engagés   pour   leurs  
biens   privés.   L'Association   peut   aussi   engager   du   personnel  
rémunéré   et   être   reconnue   et   subventionnée   par   l'Autorité.   La  
dénomination  de  l'ASBL  est  constituée  par  un  mot  ou  un  ensemble  de  
mots   arbitrairement   choisis   par   les   fondateurs.   La   loi   prévoit   un  
nombre   minimum   de   trois   associés   et   ne   fixe   pas   de   maximum.   En  
raison   de   leur   nature   juridique,   les   ASBL   ne   sont   pas   soumises   à   la  
législation   comptable   actuelle.   La   plupart   des   statuts   des   ASBL  
prévoient  des  dispositions  pratiques  en  matière  de  comptes  annuels,  
qui   se   composent   essentiellement   du   bilan   et   du   compte   de   résultats.  
Les   ASBL   sont   soumises   à   l'impôt   des   sociétés   ou   à   l'impôt   des  
personnes  morales,  selon  qu'elles  se  livrent  ou  ne  se  livrent  pas  à  une  
exploitation   ou   à   des   opérations   de   caractère   lucratif,   mais   dans   les  
deux  cas,  il  faut  qu'elles  soient  dotées  de  la  personnalité  juridique  et  
qu'elles   aient   leur   domicile   fiscal   en   Belgique.   Au   cas   où   il   devrait  
s'avérer,  après  examen  fiscal,  que  l'ASBL  n'est  en  fait  qu'une  société  
commerciale   déguisée,   elle   sera   taxée   à   l'impôt   des   sociétés   et   elle  
devra  se  soumettre  aux  règles  comptables.  Depuis  le  1er  janvier  1993,  
les   ASBL   sont   assujetties   à   la   T.V.A.   bien   qu'en   général   elles   soient  

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6 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  
exemptées  du  régime  de  cette  taxe.  Il  suffit  donc,  et  indépendamment  
du  fait  du  statut  d'assujetti  exempté,  qu'une  ASBL  livre  des  biens  ou  
fournit   des   services   prévus   par   le   code,   même   si   le   but   recherché  
n'est  pas  le  profit,  qu'elle  soit  assujettie  à  la  T.V.A.  pour  ces  activités.  
C'est  ainsi  que  certaines  associations  sont  partiellement  assujetties  à  
la  T.V.A.  vu  le  fait  qu'elles  réalisent  des  activités  prévues  par  le  code  
(par   exemple,   une   association   hospitalière   qui   met   en   vente   des  
montures   de   lunettes   sera   normalement   assujettie   pour   cette  
activité).   D'autre   part,   l'assujettissement   à   la   T.V.A.   est   tout   à   fait  
indépendant   du   régime   fiscal   principal   de   l'ASBL.   C'est   ainsi   qu'une  
ASBL   peut   être   assujettie   à   la   T.V.A.   (et   être   immatriculée)   tout   en  
conservant   son   statut   fiscal   de   personne   morale   et   sans   être   imposée  
à  l'impôt  des  sociétés.  En  ce  qui  concerne  les  droits  d'enregistrement,  
les  ASBL  n'ont  en  fait  pas  d'autres  obligations  que  celles  relatives  aux  
autres   sociétés   de   personnes   ou   aux   particuliers.   Elles   bénéficient  
cependant  dans  certains  cas  d'un  tarif  réduit.  C'est  notamment  le  cas  
lors  de  donation  ou  d'apport  à  titre  gratuit  de  biens  entre  ASBL.  Les  
ASBL  paient  annuellement  une  taxe  sur  le  patrimoine  (ou  une  taxe  en  
compensation  des  droits  de  succession)  de  0,17  %  de  la  valeur  des  
biens   situés   en   Belgique   sans   déduction   de   charges.   Chaque   ASBL  
reçoit  en  principe  chaque  année,  dans  le  courant  du  mois  de  février,  
une   lettre   du   bureau   d’enregistrement   comportant   dans   sa   partie  
inférieure   une   bandelette.   Si   l’ASBL   n’a   pas   reçu   cette   lettre,   elle  
prendra   alors   le   soin   d’écrire   à   l’administration   avec   la   notification  
que  son  patrimoine  est  inférieur  à  25.000  euros  et  qu’elle  n’est  donc  
pas  assujettie  à  la  taxe.  
Si le patrimoine de l’ASBL est moins élevé que 25.000 euros, elle n’est
pas assujettie à la taxe et l’association peut remplir la bandelette au bas de
la lettre et la renvoyer au bureau d’enregistrement. Elle ne paiera aucun
impôt.
Si le patrimoine de l’ASBL est plus élevé que 25.000 euros, mais que
la taxe est plus basse que 125 euros, l’ASBL doit alors aller chercher un
formulaire au bureau d’enregistrement du lieu où son siège social est
installé. Elle peut alors rentrer une déclaration pour les trois années à
venir.
Si le patrimoine de l’ASBL change dans le courant de ces trois ans par
lequel la taxe augmente d’au moins 25 euros (c’est-à-dire que la taxe
s’élève à 150 euros), elle est tenue de mettre au courant l’administration
de cet état de fait.
Si l’ASBL dispose d’un patrimoine plus élevé que 25.000 euros et si la
taxe est plus élevée que 125 euros, l’ASBL est alors obligée de rentrer
une déclaration sur un formulaire adéquat.
De plus, il y a aussi des ASBL exerçant des activités qui sont exonérées
de la taxe. C’est par exemple le cas pour les fonds de retraite agréés pour
les indépendants. Les ASBL qui souhaitent se transformer en sociétés à
finalité sociale doivent respecter certaines formalités, semblables à celles

68
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   6
9  
applicables aux transformations de sociétés commerciales prévues dans la loi du
13 avril 1995.
Le Conseil d'administration doit établir un rapport justificatif auquel est
joint un état résumant la situation active et passive de l'association, ne
datant pas de plus de 3 mois. Un réviseur d'entreprises ou un expert-
comptable doit établir un rapport sur cet état. La transformation nécessite
un acte notarié. La décision doit être prise par l'assemblée à l'unanimité
des membres présents (la présence - en personne ou par représentation - de
2/3 des membres est nécessaire). L'actif net de l'ASBL, tel qu'il ressort de
l'état de la situation active et passive, doit entrer dans la composition du
capital de la société à finalité sociale ou être comptabilisé sur un compte
indisponible.
• La société en nom collectif. Un contrat entre plusieurs personnes est
établi en vue de l'exploitation durable et ostensible moyennant
l'établissement d'un statut au moniteur et d'un statut social sans limitation
de responsabilité. Cette société peut conclure des contrats avec des tiers.
Chaque associé répond solidairement de toutes les dettes ;
• La société en commandite simple. Deux types d'associés : les associés
commandités (gérants de l'affaire) et les associés commanditaires. Les
associés commandités sont seuls responsables.
2. La société de capitaux. Celle-ci se présente également sous trois formes :
• La société anonyme (SA). Il s'agit d'un groupement de personnes
physiques ou morales en vue d'une action ostensible. La constitution se
fait devant notaire avec un plan financier justifiant le capital social. Deux
caractéristiques : d'une part, limitation de responsabilité des actionnaires
au niveau de la mise uniquement, d'autre part, les droits sociaux sont
représentés par des titres négociables (actions nominatives ou au porteur).
Les associés sont au minimum deux. Le capital est minimum de
1.250.000 FB et doit être intégralement libéré. Les apports peuvent être en
espèce ou en nature (évalués dans ce cas par un réviseur d’entreprise). La
SA fonctionne avec une assemblée générale des actionnaires et un conseil
d’administration composé d’au moins trois personnes ;
• Les societas europaea. Des sociétés anonymes, constituées selon le droit
d'un État membre et ayant leur siège statutaire et leur administration
centrale dans la Communauté, peuvent constituer une société anonyme
européenne par fusion ou par création d'une société de portefeuille ou
d'une filiale commune si deux au moins ont leur administration centrale
dans des États membres différents. Il s'agit de sociétés dont le capital est
divisé en actions. Ces sociétés commerciales possèdent la personnalité
juridique. Les actionnaires ne répondent des obligations de la société qu'à
concurrence de leur apport ;
• La société en commandite par actions. Mêmes caractéristiques que la
société anonyme. Cependant, il existe deux catégories d'associés : les
commandités et les commanditaires. Seuls les commanditaires ont une
responsabilité limitée.
3. La société mixte. Trois types de société mixte :
• La   société   privée   à   responsabilité   limitée   (SPRL)   est  
généralement  considérée  comme  étant  la  forme  juridique  de  société  
la  mieux  appropriée  pour  une  petite  ou  moyenne  entreprise  :  
• pour la constituer, deux personnes suffisent, sauf dans le cas

69
7 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
particulier de la société privée à responsabilité limitée unipersonnelle
qui peut être constituée par un seul et unique associé ;
• la SPRL a une personnalité juridique propre qui est distincte de celle
des associés. Elle dispose également d'un patrimoine propre ;
• c’est une société privée : les associés ne peuvent vendre librement
leurs parts sociales à des tiers (sauf cas prévus par la loi) ;
• c'est une société à responsabilité limitée : les associés s’engagent
uniquement à concurrence de leur apport. En cas de faillite de la
société, les créanciers ne peuvent émettre aucune prétention sur le
patrimoine propre des associés. Il existe cependant des exceptions à ce
principe pour les fondateurs.
• Le capital social doit s’élever à 18.550 EUR au moins au moment de
la constitution de la société et être intégralement souscrit.
• Le capital libéré est le capital que les actionnaires libèrent
effectivement sur le compte de la SPRL ou la valeur des biens qu’ils
apportent effectivement. II faut donc un apport à la société, soit en
numéraire, soit en nature.
• En cas d’apport en numéraire, le montant est libéré sur un compte
bancaire particulier avant la passation de l’acte. La preuve de la
libération est apportée au notaire par la fourniture d’une attestation de
la banque.
• Les apports en nature sont des biens qui peuvent être évalués d’après
des critères économiques et exprimés en numéraire (terrains,
bâtiments, marques de commerce, etc.). Les biens doivent être
transférés effectivement à la société. Le réviseur d’entreprises et les
fondateurs établissent un rapport sur ces apports. Les fondateurs
peuvent préciser, dans leur rapport, les raisons pour lesquelles ils
s’écartent des conclusions du réviseur. Les deux rapports sont déposés
au greffe du tribunal de commerce.
• Sur l’ensemble du capital, un montant minimum de 6.200 EUR doit
être libéré (12.400 EUR pour une SPRLU). Chacune des parts
souscrites en numéraire doit être libérée d’un cinquième au moins au
moment de la constitution de la société. Les parts qui correspondent à
des apports en nature doivent être entièrement libérées lors de la
création de la société, ce qui signifie que les biens qui sont apportés en
nature doivent être immédiatement mis à la disposition de la SPRL.
• Les fondateurs d’une SPRL sont également tenus d’établir un plan
financier avant sa constitution. Ce plan comprend une estimation du
chiffre d’affaires, des bénéfices possibles, du capital nécessaire... II
s’agit d’une justification du capital social. Le notaire conservera le
plan financier avec l’acte de constitution de la société.
• La société privée à responsabilité limitée unipersonnelle (SPRLU).
Une seule personne crée une SPRL. Un montant minimum de
12.400 EUR doit être libéré lors de sa constitution.
• La société coopérative. Issue du mouvement coopératif, la société
coopérative est une société dont les membres travaillent à des objectifs

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   7
1  
communs et partagent des valeurs communes. À l'origine, il s'agit d'une
forme de société dont le mode de fonctionnement particulier s'écartait des
principes et des valeurs des sociétés commerciales par actions.
En Belgique, la société coopérative est une forme spécifique de société
commerciale, qui a pour caractéristique d'avoir un nombre d'associés et
un capital variables. Les sociétés coopératives sont régies par les
articles 350 et suivant du Code des sociétés.
En raison de la grande diversité des pratiques sociétales au sein même du
mouvement coopératif, le code des sociétés laisse une grande liberté
statutaire aux fondateurs des sociétés coopératives. Pour cette raison,
cette forme de société commerciale a connu une grande popularité, y
compris en dehors du mouvement coopératif.
Afin de distinguer les sociétés coopératives qui continuent à respecter les
valeurs coopératives des simples entreprises commerciales qui ont adopté
cette forme par pure convenance, le ministre ayant l'économie dans ses
attributions peut leur accorder un agrément. Les sociétés coopératives
agréées forment le socle institutionnel sur la base duquel le Conseil
national de la coopération est formé.
On distingue deux types de sociétés coopératives :

• Les  sociétés  coopératives  à  responsabilité  limitée  (SCRL),  


• les  sociétés  coopératives  à  responsabilité  illimitée  (SCRI).  

La procédure de constitution d'une société coopérative dépend


directement du type de société concernée.
Une SCRI peut être constituée par acte sous seing privé, pour lequel deux
originaux doivent être établis. Il n'existe pas de capital minimal
obligatoire pour la constitution une SCRI.
Toutefois, il est de la responsabilité des fondateurs de la société de doter
celle-ci de fonds suffisants pour exercer son activité.
Une SCRL doit être constituée par acte authentique (devant notaire). Les
statuts de ce type de société déterminent une « part fixe » au capital social
dont le montant ne peut être inférieur à 18.550 euros, qui doit être libéré à
la constitution à concurrence de 6.200 euros. Le capital social libéré est la
partie du capital que les associés doivent verser sur le compte en banque
de la société dès la création de celle-ci.
Une exception existe pour les SCRL à finalité sociale, qui peuvent être
constituées avec un capital minimal de 6.150 euros libéré à concurrence
2.500 euros (art. 665 du Code des Sociétés).
De plus, dans le cas de la SCRL, les apports en nature et les quasi-apports
doivent faire l'objet d'un rapport établi par un réviseur d'entreprises (art.
395 et 396 du Code des Sociétés).
Constituer une société coopérative nécessite trois fondateurs,
contrairement aux autres types de sociétés. Il s'agit d'une formalité
substantielle dont le non-respect peut entraîner la nullité de l'acte
constitutif.

71
7 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  
4. De nouvelles formes de sociétés ont vu le jour ces trente dernières
années, dont :
• Le Groupement européen d'intérêt économique (GEIE) et le
Groupement d'intérêt économique (GIE). Conformément au règlement
CEE n° 2137/85 du Consei1 du 25 juillet 1985, le concept de groupement
européen d'intérêt économique a été introduit au 1er juillet 1989 (voir loi
du 12 juillet 1989, M.B. du 22 août 1989). Cette nouvelle forme de
coopération économique est destinée à permettre à des sociétés,
entreprises et personnes physiques dont deux au moins ressortissent à des
droits d'États membres différents de leur offrir la chance de développer et
de faciliter leur activité économique. Parallèlement, une loi du 17 juillet
1989 a introduit en droit belge le Groupement d'intérêt économique
(Moniteur belge du 22 août 1989). Le GEIE et le GIE sont fiscalement
transparents : en matière d'imposition sur les revenus, ils sont considérés
comme n'ayant pas la personnalité juridique, de sorte que les résultats de
ces groupements économiques sont exclusivement imposables en tant que
profits ou avantages dans le chef des membres. Cela n'exclut pas que le
GEIE et le GIE conservent leur personnalité juridique pour
l'accomplissement de leurs autres obligations fiscales (rétention et
versement du précompte professionnel, établissement de fiches de
salaires...)
• La société à finalité sociale. Afin de répondre aux besoins de l'économie
sociale (le secteur d'activité des ateliers protégés, magasins du monde et
autres), la loi du 13 avril 1995 modifiant les L.C.S.C. a créé la société à
finalité sociale. Il ne s'agit pas d'une forme de société particulière, mais
simplement d'une spécificité que peuvent adopter tant les sociétés
commerciales que les sociétés civiles. Les sociétés civiles ou
commerciales peuvent se dénommer « société à finalité sociale »
lorsqu'elles ne sont pas vouées à l'enrichissement de leurs associés. De
plus, leurs statuts doivent comporter des mentions spécifiques :
• indiquer que les associés ne recherchent qu'un bénéfice patrimonial
limité ou aucun bénéfice patrimonial ;
• définir précisément la finalité sociale ;
• définir la politique d'affectation des profits conformément à la finalité
de la société ;
• limiter le droit de vote à 1/10 des voix attachées aux actions ou parts
représentées ;
• limiter l'avantage patrimonial direct des associés au taux d'intérêt fixé
par le Roi en exécution de la loi du 20 juillet 1955 portant institution
d'un Conseil national de la coopération, appliqué au montant
effectivement libéré des parts ou actions ;
• prévoir l'établissement d'un rapport annuel sur la manière dont la
société a veillé à réaliser le but social qu'elle s'est fixé ;
• prévoir les modalités permettant aux membres du personnel d'acquérir
la qualité d'associé au plus tard un an après leur engagement ;
• prévoir les modalités permettant qu'un membre du personnel qui cesse
d'être dans les liens d'un contrat de travail perde la qualité d'associé, au
plus tard un an après la fin du lien contractuel ;

72
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   7
3  
• stipuler qu'après apurement de tout le passif et remboursement de leur
mise aux associés, le surplus de liquidation recevra une affectation qui
se rapproche le plus possible du but social de la société.
• La société de management. La société de management est une société de
personne qui a été créée dans le but de renforcer l’efficacité de l'activité
professionnelle au sein d'une entreprise intégrée. La SPRL est la forme la
mieux appropriée pour une société de management dans la mesure où
celle-ci peut être exercée par une seule personne. Cette société a été
instaurée afin de pouvoir profiter des diminutions des charges de sécurité
sociale et des avantages fiscaux. Le calcul des cotisations de sécurité
sociale des indépendants, dans le cadre de la société de management, est
seulement d'application sur la partie du revenu qui est distribuée en tant
qu'indemnité à un associé actif. Dans la mesure où les revenus sont
réservés à l'intérieur de la société, aucune cotisation de sécurité sociale
n'est redevable. Les avantages fiscaux se situent principalement au niveau
de l'application de la diminution des tarifs en comparaison avec la
progressivité des tarifs dans l'impôt des personnes physiques et de
l'application des règles propres de détermination du revenu net imposable
d'une société à la suite de la déduction des charges.
Sachant que le taux d’imposition des revenus est largement supérieur à
l’impôt sur les sociétés, il est envisageable de créer ce type de société en
vue d’une optimisation fiscale…

Régime juridique des contrôles judiciaires des


entreprises

La responsabilité

Il existe deux types de responsabilité : la responsabilité pénale et la


responsabilité civile aquilienne, ou contractuelle.

La responsabilité pénale est liée au non-respect d'une règle légale auquel la


loi attache une peine.
La responsabilité civile sanctionne les fautes qui ont causé un dommage à
autrui. La sanction consiste en la réparation du préjudice subi par la victime.
Deux sortes de responsabilité civile :

1. La responsabilité aquilienne sanctionne tout fait ayant causé un dommage.


La réparation couvre l'intégralité du dommage. Les créanciers ne sont pas les
seuls tiers. Les actionnaires peuvent également mettre en cause la
responsabilité aquilienne des administrateurs. Ils doivent prouver qu'ils ont
subi un dommage distinct du préjudice subi par la société (exemple : un
actionnaire ayant souscrit une augmentation de capital sur base d'informations
fausses).
2. La responsabilité contractuelle découle de l'inexécution fautive d'un contrat.
La réparation est limitée au dommage prévisible à la conclusion du contrat.

73
7 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  
Quand il y a obligation de moyen (exemple : l'avocat), le créancier de
l'obligation doit prouver l'existence de l'obligation, l'inexécution, et la faute.
Quand il y a obligation de résultat, le créancier de l'obligation doit prouver
l'existence de l'obligation et le fait que le résultat n'est pas atteint. Si, dans ce
cas, le débiteur désire s'exonérer de sa responsabilité, il devra prouver soit
que le résultat est atteint soit l'impossibilité de force majeure. Il est possible
de s'exonérer de sa responsabilité civile par clause contractuelle.

Il existe aussi une série de cas de responsabilités particulières prévues par les
lois coordonnées sur les sociétés commerciales. Pour mémoire, il s'agit des cas
prévus par les articles 35 et 63ter des lois coordonnées.

74
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   7
5  

Le contrôle judiciaire par les cours et tribunaux de la gestion de


l’administration des sociétés commerciales

Les fonctions des organes sociaux d'une société sont réparties par les lois
coordonnées sur les sociétés commerciales. Ces organes sont au nombre de
quatre :

1° L’assemblée générale ;
2° Le conseil d'administration ;
3° Le collège des commissaires ;
4° Le délégué de la gestion journalière (ce n'est pas nécessairement un
administrateur délégué, bien que ce soit souvent le cas).

L'assemblée générale des actionnaires détient les pouvoirs les plus étendus
pour faire ou ratifier les actes qui intéressent la société. Elle a le droit d'apporter
des modifications aux statuts, mais sans pouvoir changer l'un des éléments
essentiels de la société. Elle statue annuellement sur les comptes sociaux et sur
la gestion exercée par le conseil d'administration. Elle approuve le bilan et les
comptes après avoir entendu le rapport du conseil d'administration. Elle donne
le quitus* de leur gestion aux administrateurs. Elle désigne les administrateurs
et les commissaires. Elle révoque le cas échéant ad nutum (immédiatement et
sans indemnité) les administrateurs. En matière de contrôle, nul ne peut prendre
part au vote pour un nombre de voix dépassant la cinquième partie du nombre
de voix attachées à l'ensemble des titres ou les deux cinquièmes du nombre des
voix attachées aux titres représentés.
Elle est compétente pour apporter des modifications aux statuts. Par
exemple, elle peut modifier le siège social, la dénomination de la société, le
capital social (dans les conditions prévues par la loi), l'objet social, et la forme
de la société. Ces modifications sont subordonnées à la réunion de certaines
majorités spéciales au sein de l'Assemblée.
Le contrôle judiciaire sur les décisions de l'assemblée générale a pour objet :

1° Le contrôle de la régularité formelle de l'AG, dont :


• la régularité des conditions de forme (convocation ou tenue de l'AG) ;
• les irrégularités de forme telles que le non-respect de l'agenda ou celui
du délai de convocation ;
2° Le contrôle sur l'objet même des décisions prises par l'AG ; les mobiles de
ces décisions ; les effets que ces décisions peuvent avoir. L'AG peut excéder
ses pouvoirs de deux façons : soit, elle empiète sur les pouvoirs d'un autre
organe social, soit, elle réalise un détournement de pouvoirs. Elle exerce ses
pouvoirs dans des conditions qui témoignent d'un abus de majorité (exemple :
en cas d'augmentation du capital, la suppression du droit de préférence des
actionnaires. Cette suppression doit être conforme à l'intérêt social).
Les tribunaux sanctionnent les diverses irrégularités par la nullité de la
décision. Dans le cas d'abus de majorité, si la nullité de la décision est
impossible, elle peut être remplacée ou complétée par une action en

* Le quitus est l'acte par lequel le responsable de la gestion d'une affaire est reconnu s'en être
acquitté de manière à être déchargé de toute responsabilité.

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7 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
responsabilité contre les membres de l'assemblée générale à la faveur desquels
la décision a été prise.
Le conseil d'administration a en charge la gestion de la société et le
pouvoir d'accomplir tous les actes utiles ou nécessaires à la réalisation de l'objet
social à l'exception de ceux que la loi réserve à l'AG.
Il représente la société à l'égard des tiers en justice, soit en demandant, soit
en défendant. Les statuts peuvent apporter des restrictions aux pouvoirs du
conseil d'administration qui, même publiées, ne sont pas opposables aux tiers.
Depuis 1973, il détient la totalité des pouvoirs résiduaires dans les sociétés
anonymes.
Le Collège des Commissaires contrôle les comptes sociaux qui donnent lieu
à un rapport préalable à l'assemblée générale annuelle d'approbation des
comptes et de quitus aux administrateurs.
Le délégué de la gestion journalière accomplit des actes de gestion
journalière qui n'entrent pas dans les fonctions réservées au conseil
d'administration. Ce sont des actes de gestion courante ou des actes dont
l'accomplissement immédiat se justifie par l'urgence.
Le juge de référés est le président du tribunal de commerce. C'est un
magistrat qui a le pouvoir de statuer sur les différends qui lui sont déférés ; ou
les situations qui sont portées à la connaissance par une personne intéressée
dans les cas dont il reconnaît l'urgence.
Il statue au provisoire, sans pouvoir porter préjudice au principal (c'est le
juge de fond qui doit trancher). Il fait ce qu'il veut et plus particulièrement dans
le droit des sociétés, en respectant le droit. Il aménage des situations provisoires
et exerce un pouvoir de police économique. Il peut apprécier en opportunité
dans les ordonnances les intérêts nationaux, de la région, de l'entreprise, des
fournisseurs, des travailleurs ou de la communauté. L'éventail des mesures est
large. Exemples :

• suspension de la tenue d'une AG ou d'un CA ;


• suspension des effets des délibérations adoptées par un CA ou une AG ;
• interdiction de voter avec des titres dont la propriété serait contestée ;
• placement de titres sous séquestre ;
• nomination de vérificateurs des comptes sociaux ;
• recomposition d'un CA complet et provisoire, etc.

Régime de la négociabilité des actions/titres

Trois catégories de titres : les actions, les parts bénéficiaires, et les


obligations.
Les actions sont des titres émis en rémunération d'un apport pris en
considération pour la détermination du montant du capital social. Elles sont
représentatives du capital social.
Il existe diverses espèces d'actions. Selon leur forme, il y a les actions au
porteur (qui consiste en une feuille de papier dans laquelle sont incorporés tous
les droits sociaux de l'actionnaire) et les actions nominatives (qui se
matérialisent dans une inscription au registre « des actions nominatives » tenu
au siège social).
Il y a également les actions avec ou sans valeur nominale selon que la
quote-part est ou non mentionnée sur le titre.

76
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7  
Nous avons aussi les actions ordinaires, qui incorporent tous les droits
sociaux (droit aux dividendes, droit de prendre part et de voter aux assemblées
générales, droit de participer au partage en cas de liquidation, droit de souscrire
aux augmentations de capital, droit à l'égalité de traitement, droit à la libre
négociabilité des titres), et les actions privilégiées qui attribuent, en vertu des
statuts de la société, des droits supplémentaires dont des droits patrimoniaux
(droits de recevoir en priorité le paiement d'un dividende et une quote-part en
cas de liquidation) et extrapatrimoniaux (droit d'avoir un minimum de
représentants au conseil d'administration).
Les parts bénéficiaires sont des titres émis par la société en rémunération
d'un apport ou d'un service qui ne peut être pris en considération pour la
composition du capital social. Elles incorporent des droits sociaux librement
déterminés par les statuts à l'exclusion des droits à une quote-part dans le
remboursement du capital social en cas de mise en faillite.
Aux parts bénéficiaires sont assimilées les actions de jouissances qui sont
des titres émis par la société à l'occasion d'une opération dite d'amortissement
du capital social. À l'aide de ses réserves disponibles, la société peut rembourser
des actionnaires pour le montant de leur apport.
En principe, les actions sont librement cessibles. Il existe cependant une
série de restrictions légales, statutaires ou contractuelles à la libre négociabilité
des titres.

Impôt des sociétés

Sont soumis à l'impôt, les sociétés, associations, établissements ou


organismes quelconques qui possèdent la personnalité juridique, ont leur siège
social ou leur siège d’administration en Belgique et se livrent à une exploitation
ou à des opérations de caractère lucratif. La loi mentionne certaines exceptions
explicites telles que les intercommunales. En principe, les associations sans but
lucratif ne sont pas soumises à l'impôt des sociétés. Néanmoins, une ASBL est
imposable si l'association poursuit effectivement un but lucratif. En outre, la loi
distingue les sociétés de personnes des sociétés de capitaux.

L’impôt des sociétés

Pour les sociétés, la période imposable est l'exercice comptable et la liaison


entre période imposable et exercice d'imposition se fait sur base de la date de
clôture du bilan. En régime de croisière, les sociétés sont redevables d'impôt à
trois stades :

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7 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  
1. À la source

• Les précomptes immobiliers, sur le revenu cadastral, depuis l’exercice


d’imposition 1994, ne sont plus imputables sur l’impôt des sociétés, mais
constituent une dépense déductible.
• Les précomptes mobiliers, sur intérêts, dividendes et redevances qu'elles
recueillent sont imputables et restituables. Ils sont non déductibles en tant
que charges.

2. Sur le bénéfice

Le bénéfice fiscal est différent du bénéfice comptable. Celui-ci constitue le


point de départ du calcul du revenu imposable, mais de nombreux
redressements sont à opérer parce que :

* Certains bénéfices sont exonérés (réserves exonérées, dividendes


immunisés),
* des charges qui ont grevé le résultat comptable ne sont pas fiscalement
déductibles (les « Dépenses non admises »),
* les amortissements fiscaux13 ne correspondent pas aux amortissements
comptables,
* des éléments de l'actif ont été sous-évalués et des éléments du passif
surévalués.
À cette première série de différences s’ajoute une série de déductions
spécifiquement fiscales. Ces redressements et déductions sont regroupés en six
opérations :

* la sommation des trois éléments constitutifs du bénéfice fiscal : réserves14,


dépenses non admises15 et bénéfices distribués16 ;

13
Seuls les amortissements linéaires ou dégressifs sont admis fiscalement. En outre, une annuité
d’amortissement dégressif ne peut en aucun cas excéder 40% de la valeur d’investissement ou
de revient. Enfin, l’amortissement dégressif ne peut s’appliquer aux immobilisations
incorporelles, aux véhicules automobiles et aux immobilisations dont l’usage est cédé au profit
d’un tiers.
14
Aux réserves apparentes (réserves légale, disponible, indisponible, statutaire, provisions pour
risques et charges, report à nouveau...) sont ajoutées les réserves occultes (sous-estimations
d’actif dont les amortissements comptabilisés en excédent de ceux admis fiscalement et
surestimations de passif dont les dettes fictives. Les réserves exonérées (la quotité exonérée des
plus-values, les provisions pour risques et charges nettement précisés et les réductions de
valeurs actées sur les créances commerciales dont il y a perte certaine et liquide) sont ensuite
isolées pour déterminer le montant des réserves imposables.
15
Les dépenses non admises constituent des charges comptables dont la déduction n’est pas
autorisée dans le calcul du bénéfice imposable, ainsi que certaines reprises d’exonérations
accordées antérieurement. Il s’agit des impôts non déductibles (impôt des sociétés, contribution
complémentaire de crise, versements anticipés, précomptes imputables, intérêts de retard,
amendes et frais de poursuite), des amendes, pénalités et confiscations de toute nature, des
intérêts exagérés qui dépassent un montant correspondant au taux d’intérêt pratiqué sur le
marché, des avantages anormaux ou bénévoles consentis à des entreprises établies à l’étranger
avec lesquelles la sociétés à des liens, des avantages sociaux exonérés d’impôt dans le chef des

78
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9  
* la ventilation des bénéfices selon qu’ils sont d’origine belge (taxables au
taux plein) ou étrangère (exonérés ou bénéficiant d’une réduction de
l’impôt selon qu’il y a ou non une convention avec le pays tiers) ;
* la prise en compte des éléments non imposables17 ;
* la déduction pour « revenus définitivement taxés » (R.D.T.)18 et des
revenus mobiliers exonérés19 ;
* la déduction des pertes antérieures sans limitation de temps ;
* la déduction pour investissement20.

Le bénéfice net ainsi déterminé est imposable globalement.

3. Précomptes sur les revenus qu'elles paient

• Précompte mobilier : sur intérêts, dividendes et redevances. Du point de


vue de la déductibilité, même régime que le revenu payé. Déductibilité
applicable pour les intérêts et redevances, mais pas pour les dividendes.
• Précompte professionnel : sur rémunérations. Du point de vue de
déductibilité, normalement déductible, sauf les tantièmes.

bénéficiaires, des libéralités, des reprises d’exonération pour personnel supplémentaire affecté à
la recherche scientifique, de certaines charges professionnelles (les dépenses et charges qui
dépassent de manière déraisonnable les besoins professionnels, 25% de la quotité
professionnelle des frais de voiture, les frais vestimentaires et 50% des frais de restaurant, de
réception et de cadeaux d’affaire), les réductions de valeur sur participations, de certaines
pensions et cotisations pour pensions lorsque les prestations qu’elles génèrent excèdent 80% de
la dernière rémunération brute d’une carrière normale, des intérêts d’emprunts, à concurrence
de déductions pour Revenus définitivement Taxés octroyées en raison d’actions ou de parts que
la société n’a pas détenues depuis au moins un an sans interruption au moment de leur cession.
16
Les dividendes distribués sont compris dans la base imposable. Les intérêts des avances faites
aux sociétés par les administrateurs et leurs conjoints ou leurs enfants mineurs peuvent être
assimilés à des dividendes.
17
Sont ici déduites l’exonération de 440.000 F accordée par unité supplémentaire de personne
affectée à la recherche scientifique en Belgique et les libéralités pourvu que la déduction
n’excède ni 5% du résultat de la 1re opération, ni 20.000.000 F.
18
Les dividendes et les sommes obtenues à l’occasion du partage de l’avoir social d’une société
ou du rachat par une société de ses propres actions. Pour pouvoir bénéficier de la déduction des
R.D.T., la société doit être assujettie à l’impôt des sociétés ou, si elle est étrangère, à un impôt
analogue.
19
Les revenus d’actions privilégiées de la SNCB et ceux de fonds publics émis avant 1962 en
exemption de tous impôts.
20
La déduction pour investissement est « désactivée » pour les immobilisations acquises ou
constituées à partir du 27 mars 1992. Elle reste en vigueur pour les investissements « R-D »,
« économie d’énergie », les brevets, les petites et moyennes entreprises et dans sa forme
« déduction étalée ».

79
8 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
De quelques notions de fiscalité

Un apport est un acte consistant à transférer la propriété d'un bien à une


société en échange d'actions émises par cette société à l'occasion de cette
cession. Ce terme désigne également le bien apporté.
Les avantages sociaux consistent en certains avantages rémunératoires
consentis au personnel, non imposables dans le chef des bénéficiaires, mais non
déductibles dans le chef de l'employeur.
La base imposable est le montant auquel on applique le taux d'impôt.
Le crédit d'impôt est une imputation sur l'impôt accordée aux bénéficiaires
de certains revenus qui n'ont pas été déduits pour le calcul du bénéfice de la
société qui les paie et qui ont donc déjà subi cet impôt. Le crédit d'impôt,
comme le précompte mobilier, est compris dans la base imposable de la société
qui peut l'imputer.
La déduction est un retranchement d'un montant d'un revenu pour arriver à
la base imposable.
L'imputation est un retranchement d'un montant de l'impôt. L'imputation
est préférable à la déduction. Prenons, par exemple, une somme de 100 EUR.
Si je déduis cette somme d'un montant de 1000 EUR, ma base imposable sera
de 900 EUR. L'impôt à verser sera égal à 351 EUR (39 % de 900 EUR) et il me
restera finalement 549 EUR (900 EUR - 351 EUR). Si, par contre, je paie
390 EUR d'impôt (39 % des 1000 EUR) dont je peux imputer une somme de
100 EUR, il me restera en définitive 610 EUR plus 100 EUR, soit 710 EUR. La
somme de 710 EUR est effectivement supérieure à 549 EUR.
La dissolution d'une société est la mise de cette société en liquidation. La
dissolution n'entraîne pas l'arrêt de l'activité sociale et ne fait pas disparaître la
société. Une société en liquidation est gérée par des liquidateurs, dont la
mission est de réaliser les actifs et de payer les passifs, puis de répartir ce qui
reste entre les actionnaires. Lorsque ces opérations sont accomplies, la société
prononce la clôture de sa liquidation. Elle cesse alors d'exister.
La dissolution sans partage est le cas dans lequel une société X acquiert
toutes les actions d'une société Y, comparaît devant notaire pour dire qu'elle met
la société Y en liquidation, qu'elle s'approprie tous ses actifs, prend en charge
tous les passifs, et déclare que ces transferts de passifs et d'actifs emportent la
clôture de la liquidation de la société Y.
La scission est le cas où une société X se met en liquidation et fait l'apport
de l'intégralité de ses actifs à deux sociétés Y et Z. Celles-ci reprennent,
chacune pour partie, l'intégralité des passifs de X, augmentent leur capital à
concurrence de la différence entre la valeur des actifs reçus et des passifs repris,
remettent au liquidateur de X les actions qu'elles émettent en représentation de
cette augmentation de capital afin que ce liquidateur puisse les distribuer aux
actionnaires de cette société X qui, n'ayant plus ni actif ni passif, clôture sa
liquidation.
La fusion est un amalgame de deux ou plusieurs sociétés. Elle peut
s'effectuer de deux manières : par absorption (la société X absorbe la société Y
qui se met en liquidation) ou par la création d'une nouvelle société (les
sociétés X et Y se mettent en liquidation et font toutes deux apport de leurs
actifs à la nouvelle société Z).

80
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   8
1  
La filiale, par rapport à une société X, est une société Y dont la société X
détient une part prépondérante du capital, et que la société X contrôle. Une
société belge peut avoir des filiales en Belgique ou à l'étranger. Elle peut être
aussi une filiale d'une société étrangère.
La succursale est un établissement d'une société située à un endroit différent
du siège d'exploitation principal. Une société belge peut avoir des succursales à
l'étranger. Une société étrangère peut avoir une succursale en Belgique. La
différence entre la filiale et la succursale est que la première possède une
personnalité juridique distincte, tandis que la seconde non.
La plus-value est la différence entre la valeur exprimée ou réalisée et la
valeur comptable d'un élément d'actif. Deux types de plus-value :

1° réalisée : obtenue par cession du bien sur lequel elle porte ;


2° exprimée : inscrite dans la comptabilité sans réalisation du bien sur lequel
elle porte.

Les précomptes sont des avances à valoir imputables sur l'impôt. Il existe
plusieurs précomptes :

1° Le précompte mobilier : généralement retenu par le débiteur des revenus


mobiliers et payé par lui au trésor ;
2° Le précompte professionnel : généralement retenu par le débiteur de certains
revenus professionnels (salaires, jetons de présence...) et payés par lui au
trésor ;
3° Le précompte immobilier : payé au trésor par le propriétaire de l'immeuble
sur le revenu cadastral.

Ces avances sont imputables (sauf pour le précompte immobilier pour lequel
elles sont déductibles) sur l'impôt des sociétés ou des personnes physiques et
sont comprises dans la base imposable.

La QFIE est la quotité forfaitaire d'impôt étranger, qui s'applique


uniquement aux revenus mobiliers d'origine étrangère. Une retenue similaire au
précompte mobilier peut être perçue à l'étranger. Pour tenir compte de cette
retenue, la loi belge permet l'imputation sur l'impôt du bénéficiaire des revenus
d'une somme forfaitaire. La QFIE n'est pas comprise dans la base imposable.
La provision est une écriture pratiquée pour tenir compte d'un risque ou
d'une charge futurs et incertains (exemple : les réparations).
La réduction de valeur est une écriture comptable pratiquée pour exprimer
une différence négative entre la valeur comptable et la valeur vénale d'un
élément d'actif.
Les revenus mobiliers sont multiples. Il s'agit des intérêts (revenus de
prêts), des dividendes (revenus d'actions), de redevances (loyers de biens
meubles, corporels ou incorporels tels que les brevets).
La valeur comptable est la valeur exprimée dans les livres. Pour les
éléments amortissables, il s'agit de la valeur d'acquisition moins les
amortissements.

81
8 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  
Emploi et lois sociales

Réglementation et relations du travail

Depuis le 1er janvier 1999, la durée du travail est au maximum de 39 heures


par semaine pour les travailleurs à plein temps. La loi du 17 février 1997
relative au travail de nuit maintient le principe de l’interdiction du travail de
nuit entre 20 h et 6 h. Des dérogations sont toutefois prévues. Il est interdit de
faire travailler des mineurs d’âge de moins de 15 ans. Des dérogations
individuelles peuvent être admises pour la participation des enfants aux activités
culturelles, scientifiques, éducatives ou artistiques.
Les travaux souterrains dans les mines et les carrières sont interdits aux
travailleuses. Elles ne peuvent pas être occupées à des travaux de terrassement,
de fouille et d’excavation du sol, ni à des travaux manuels effectués dans des
caissons à air comprimé. Les travailleuses ont droit à un congé de maternité de
quinze semaines réparti en un congé prénatal de sept semaines et un repos
d’accouchement obligatoire de huit semaines. Le congé de maternité est
prolongé de deux semaines en cas de naissance multiple. Une fois informé de
l’état de grossesse, l’employeur qui occupe une travailleuse enceinte ne peut
mettre fin unilatéralement à la relation de travail jusqu’à l’expiration d’un délai
d’un mois prenant cours à la fin du congé postnatal.
La loi du 6 décembre 1996 a officialisé le travail à domicile. Le travail du
dimanche et durant les jours fériés légaux reste interdit, même si cette
interdiction connaît nombre d’exceptions. Le jour de repos hebdomadaire est
d’office le dimanche, sauf dérogations accordées par le collège des bourgmestre
et échevins de la commune.
Par contrat de travail, il faut entendre un contrat par lequel un travailleur
s’engage à exécuter une tâche déterminée pour un salaire convenu sous
l’autorité de son employeur. Les contrats de travail des ouvriers, employés,
représentants de commerce et domestiques sont visés par la loi du 3 juillet 1978.
Les bases de rémunération des prestations fournies sont déterminées par
l’accord entre l’employeur et le travailleur, ainsi que par l’usage. En pratique,
les rémunérations sont fixées au niveau de la branche d’activité par voie de
conventions collectives de travail.
Les relations entre employeurs et travailleurs sont soumises à certaines
conditions légales et réglementaires et entrent dans les attributions des
institutions suivantes :
• Le conseil d’entreprise (organe portant organisation de l’économie composé du
chef d’entreprise et de ses délégués, ainsi que des délégués du personnel élus
lors des élections sociales) ;
• Le Comité pour la prévention et la protection au travail (organe portant
prévention et protection au travail composé du chef d’entreprise et de ses
délégués, ainsi que des délégués du personnel élus lors des élections sociales. Il
met en place un service interne et externe pour la prévention et la protection) ;
• La délégation syndicale (institution représentative du personnel syndiqué de
l’entreprise) ;

82
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   8
3  
• La commission paritaire (dans chaque secteur d’activité économique, comité
composé d’un nombre égal de représentants des chefs d’entreprise et des
travailleurs) ;
• Le Conseil national du Travail (conseil composé d’un président et de membres
représentant en nombre égal les organisations patronales et syndicales).
Les tribunaux du travail règlent les conflits individuels. Les conflits
collectifs peuvent être réglés par la voie de la conciliation au niveau de
l’entreprise, de la région, ou sur le plan national.
Sécurité sociale et secrétariats sociaux

Le régime de sécurité sociale accorde aux travailleurs les avantages


suivants :

• Assurance chômage – temps partiel ;


• Chômage temporaire pour causes économiques ;
• Chômage temporaire pour cause d’intempéries ;
• Allocations familiales ;
• Assurance maladie – invalidité ;
• Assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles ;
• Vacances annuelles ;
• Prépensions conventionnelles et prépensions à mi-temps ;
• Pensions de retraite et de survie ;
• Interruption de la carrière professionnelle ;
• Congé parental, congé pour soins palliatifs, congé pour maladie grave
d’un proche ;
• Congé – éducation.

Divers avantages sociaux sont ainsi financés par des cotisations payées tant
par les employeurs que par les travailleurs. Dans le régime général, l’employeur
doit verser trimestriellement à l’Office National de Sécurité sociale (O.N.S.S.)
un montant de cotisations calculées en pourcentage de la rémunération brute
due aux travailleurs.
Les secrétariats sociaux sont des organismes qui agissent au nom et pour
compte des employeurs. Ils remplissent les formalités imposées à ces derniers,
notamment par la législation sur la sécurité sociale, en raison de l'occupation de
personnel. Ces secrétariats sont créés par des personnes privées et des
organisations d'employeurs sous forme d'ASBL. S'ils remplissent certaines
conditions, ils peuvent être agréés par le ministre des Affaires sociales. Cette
agréation leur octroie certains avantages et leur impose également certaines
obligations.
Les secrétariats sociaux agréés sont contrôlés par l'O.N.S.S. Néanmoins, ils
ne sont aucunement des mandataires de l’O.N.S.S., mais doivent respecter les
instructions données par ce dernier.
Un secrétariat social agréé est le mandataire des employeurs affiliés auprès
de lui. Comme preuve de ce mandat, l'employeur signe une procuration au
profit de l'O.N.S.S.. D’une part, le secrétariat social doit respecter les
instructions qui lui sont données par son mandataire (employeur), d’autre part, il
doit veiller à ce que ces instructions correspondent aux dispositions légales et
réglementaires.

83
8 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  
Seul l'employeur reste responsable des sanctions civiles et pénales infligées
en cas de non-respect de ses obligations vis-à-vis de la législation sociale.
Chaque année, le Moniteur belge publie la liste des secrétariats sociaux
agréés. Les employeurs peuvent obtenir une copie de cette liste auprès de la
direction « inspection » de l'O.N.S.S.

Statut social des travailleurs indépendants

Un travailleur indépendant est toute personne physique exerçant en Belgique


une activité professionnelle en vertu de laquelle, elle n’est pas liée par un
contrat de travail ou un statut.
Le travailleur indépendant est tenu à :
• S’affilier à une caisse d’assurances sociales pour travailleurs
indépendants dans les 90 jours du début de son activité. Cette obligation
incombe également à tous les mandataires (administrateurs et gérants) ;
• Payer à cette caisse des cotisations destinées aux différents secteurs du
statut social (prestations familiales, soins de santé, invalidité et pension). Ces
cotisations sont payables par quart trimestriel.
L’indépendant est seulement assuré pour les gros risques (hospitalisation,
accouchement, traitement des maladies graves, interventions chirurgicales
importantes…)

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   8
5  

Management et stratégie

Les mécanismes d’influence dans les organisations

Autorité, leadership et pouvoir

L'autorité est un droit formel et légitime de commander une personne ou un


groupe. Cela implique une hiérarchie institutionnelle (impersonnelle, statutaire,
de haut en bas), l'acceptation du rôle (conditionnement social, valeurs
communes), l'acceptation de la personne (théorie de l'acceptation).
Le leadership est l'émanation et le reflet du groupe. Pour émerger, le leader
doit se comporter conformément aux normes, valeurs et règles du groupe. Il doit
être susceptible d'aider le groupe dans l'accomplissement d'une tâche ou sur le
plan socioaffectif. Le leadership dépend à la fois du groupe, de la personnalité
du leader et de la situation.
Le pouvoir est la capacité d'influence de A sur B, liée au contrôle par A
d'une ressource importante pour B. La liberté des acteurs dépend de
l'importance des enjeux, de la multiplicité des enjeux, et de la multiplicité des
choix possibles d'un des acteurs. Les sources du pouvoir sont les règles
(possibilité associée à l'autorité d'édicter la règle, de récompenser, de
sanctionner, de promouvoir, d'appliquer ou non la règle, de la contourner),
l'expertise, le contrôle de la communication et de l'information, le contrôle des
relations avec l'environnement.
Il existe deux visions différentes du travail qui engendrent deux styles
différents de management. Soit, le manager considère que l'homme déteste
travailler. Il lui paraît dès lors nécessaire de contrôler et d'exercer une autorité.
Il estime que l'individu ne peut travailler de manière autonome, qu'il fuit les
responsabilités, qu'il n'a pas d'ambitions et cherche la sécurité. Soit, le manager
considère que le travail est aussi naturel à l'homme que le jeu. Il estime que
l'homme peut poursuivre des objectifs de manière autonome et qu'il s'engagera
en fonction des récompenses. Il considère que l'individu, placé dans des
conditions appropriées, apprend à accepter et à rechercher les responsabilités.
Quelle que soit l'optique choisie, celle-ci se trouve renforcée par la pratique. Les
individus adoptent des comportements conformes aux présupposés.
La théorie de l'acceptation considère que la source de l'autorité se trouve
chez le subordonné. Tant que celui-ci n'accepte pas l'autorité du supérieur, il n'y
a pas d'autorité réelle. L'autorité formelle dispose d'une variété de systèmes de
sanctions qui sont autant de sources de pouvoir renforçant son autorité formelle.
La zone d'acceptation est la limite à partir de laquelle les subordonnés sont prêts

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8 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
à accepter l'autorité du supérieur. Un subordonné peut accepter le principe d'une
autorité de rôle et rejeter l'autorité d'un individu donné qui tenterait d'exercer ce
rôle.
Le statut est la position sociale d'un individu donné dans un groupe donné.
La révolte est le moment où une structure craque et où surgissent les forces
créatrices porteuses d'une structure interne.

Organisation et styles de commandement

L'organisation est un ensemble structuré d'individus, accomplissant un


certain nombre de tâches en vue de la réalisation d'un objectif propre à
l'ensemble. Elle remplit deux fonctions essentielles : d'une part, la division des
tâches - l'objectif est scindé en un grand nombre d'objectifs simples constituant
la tâche assignée à chaque individu - d'autre part, la coordination et le contrôle
des tâches, afin que l'organisation atteigne son objectif de manière efficace et
efficiente.
Dans ce cadre, la hiérarchie des buts est la suite allant du but global, assigné
à l'ensemble du groupe, aux buts partiels assignés aux divisions, aux services et
aux individus. La hiérarchie des fonctions est l'ensemble des responsabilités de
plus en plus partielles associées à la hiérarchie des buts. Plus la fonction est
élevée dans la hiérarchie, plus elle comporte une proportion importante
d'activités de coordination et de contrôle, et moins elle comporte d'activités
directement opérationnelles.
L'efficacité mesure le degré auquel l'organisation atteint ses buts.
L'efficience mesure le degré auquel l'organisation y parvient en y consacrant un
minimum de ressources.
Il existe deux grands types de commandement : l'autoritaire et le
démocratique.

1° Le commandement autoritaire : le chef dicte les directives, les procédés et


les stades de réalisation successifs ; il détermine la division du travail et la
composition des sous-groupes ; il participe à l'activité du groupe à titre de
démonstration ; il distribue les éloges et les critiques de manière individuelle.
2° Le commandement démocratique : le chef laisse toutes les décisions au
groupe ; il expose la perspective générale des activités ; il encourage les
délibérations et donne des conseils techniques ; il apprécie le travail au niveau
du groupe et non de l'individu ; il est un animateur et un conseiller.

Selon les buts fixés, le dirigeant d'une société optera pour l'un ou l'autre
style. Dans le cadre d'une situation très favorable ou en période de crise, le style
de commandement sera davantage directif ; dans les situations intermédiaires, il
sera non directif.
Il s'ajoute à cette première dichotomie un second clivage : le commandement
est centralisé ou décentralisé.

1° Le commandement centralisé : la centralisation porte sur la structure des


décisions et des communications.
2° Le commandement décentralisé : la responsabilité est partagée.

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   8
7  

Si la résolution du problème réclame une action coordonnée, le


commandement sera centralisé, si le problème exige des réactions immédiates
aux informations provenant d'un environnement changeant, le commandement
sera décentralisé.
L'organisation structure et délimite l'exercice du pouvoir entre les membres.
Elle définit les conditions de négociation. Elle constitue un cadre des contraintes
qui s'impose à tous les participants. Elle met dans les mains de certains des
atouts propres qui peuvent peser lourd lors des négociations.

Structure et dynamique des organisations

Le taylorisme et le fordisme

Frédéric Taylor et Max Weber ont développé chacun une théorie de


l'organisation lors de la révolution industrielle du XIXe siècle.
Sur le plan financier, c'est l'époque de la naissance du capitalisme industriel.
La culture dominante est le protestantisme, c'est-à-dire que le profit est
considéré comme une vertu. D'un point de vue scientifique, le positivisme
scientifique triomphe au niveau des sciences et de la philosophie. Le
corporatisme ouvrier est encore très développé. Le savoir manuel est
transmissible par le biais des corporations et la hiérarchie respecte ce primat de
l'expertise. L'ouvrier domine son savoir et en est responsable. Il possède un
pouvoir important par rapport aux délégués du patron.
Taylor, fils d'avocat, est obligé d'accepter un emploi d'ouvrier dans une
entreprise. Il est amené à tirer des leçons de son expérience.
Le taylorisme est une organisation scientifique du travail qui permet de
remplacer les gestes de l'ouvrier par une décomposition des mouvements.
Ainsi, Frédéric Taylor déplace le savoir prolétarien dans les mains de
l'ingénieur afin que ce dernier puisse contrôler l'ouvrier. L'hyperspécialisation et
la perte du savoir-faire entraînent un manque d'intérêt pour le travail bien fait.
Ce dernier est remplacé dans le coeur de l'ouvrier par l'appât du gain.
Le plus fervent partisan du taylorisme est Henry Ford qui mettra en pratique
la plupart de ces théories au sein de ses usines, donnant ainsi naissance au
fordisme.

Elton Mayo et l’effet Hawthorne

Dans les années vingt, un bouleversement se produit dans les relations de


travail. Elton Mayo, appelé par la Western Electric, expérimente de nouvelles
théories dans les ateliers d'Hawthorne. Il modifie les conditions de travail d'un
groupe expérimental, tandis qu'il conserve les anciennes conditions au sein d'un
groupe témoin. Il change l'éclairage, la climatisation et améliore l'ergonomie
des instruments de travail. Il s'aperçoit d'une nette amélioration de la
productivité au sein du groupe expérimental par rapport au groupe témoin.
Cependant, au fur et à mesure des expériences, le groupe témoin connaît

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8 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  
également des sauts de productivité, dus au fait que les ouvrières sentent qu'on
s'intéresse à elles. Cet effet sera appelé plus tard l'effet Hawthorne.
En conclusion, Elton Mayo met l'accent sur le rôle joué par la vie de groupe
et la motivation des travailleurs. Le travail peut être motivant si l'on tient
compte de la participation active des employés et de leurs conditions de travail.
Les résultats d'Elton Mayo ne sont pris en ligne de compte qu'à partir des
années soixante.

La théorie des motivations de Maslow

Selon Maslow, les besoins des travailleurs s'organisent selon une hiérarchie
allant des besoins physiologiques, en passant par les besoins économiques et
sociaux, pour aboutir aux besoins de reconnaissance et d'ego
(selfactualisation : mettre en oeuvre ses propres talents). La recherche de
satisfaction des besoins supérieurs demande préalablement la satisfaction des
besoins inférieurs. Il existe cependant des effets de niveau : pour satisfaire des
besoins supérieurs, certaines personnes acceptent de connaître un seuil
minimum de satisfaction des besoins inférieurs.

Les facteurs de motivation et de satisfaction de Herzberg

Herzberg postule deux catégories : le degré de satisfaction et celui de


motivation. Chaque degré possède divers facteurs. Le degré de satisfaction
dépend des relations, des conditions de travail, et des rémunérations ; le degré
de motivation dépend de l'accomplissement, du contenu, de la responsabilité,
de l'avancement personnel, et de la reconnaissance. Les facteurs de motivation
sont donc différents des facteurs de satisfaction. De cette distinction, Herzberg
tire comme conclusion qu'il faut enrichir les tâches en supprimant un certain
nombre de niveaux hiérarchiques et de contrôles.

La théorie de la contingence d’Henry Mintzberg

Pour Henry Mintzberg, il n'existe pas de bonnes conditions. Chaque


situation connaît sa propre solution. Partant de la définition et du
fonctionnement des organisations, il développe une des théories les plus
achevées en matière de gestion des ressources humaines.

Le fonctionnement des organisations

Selon Mintzberg, la structure des organisations est constituée de


l'ensemble des moyens employés pour diviser le travail en tâches distinctes, et
ensuite assurer la nécessaire coordination entre ces tâches.
Du point de vue de la coordination, il relève cinq mécanismes :

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   8
9  
1° L’ajustement mutuel : la coordination est assurée par simple communication
directe entre les agents ;
2° La supervision directe : la coordination est assurée par une personne
responsable du travail de plusieurs agents ;
3° La standardisation des procédés : la coordination est assurée par la parfaite
programmation des contenus du travail ;
4° La standardisation des résultats : la coordination est assurée par la
définition exacte des résultats à atteindre pour chaque phase ;
5° La standardisation des qualifications : la coordination est assurée par la
spécification des qualifications et des formations requises.

Pour lui, les cinq parties de base d'une organisation sont :

1° Le centre opérationnel, composé des opérateurs : quatre tâches lui sont


dévolues : se procurer les matières nécessaires pour la production des biens et
services ; produire les biens et services ; distribuer ces biens et services ;
assurer le stockage et la maintenance ;
2° Le sommet hiérarchique, composé du conseil d'administration, des
représentants des syndicats, et des actionnaires : il assure essentiellement trois
tâches : la supervision directe (contrôle, allocation des ressources, traitement
des perturbations, information), la relation avec l'environnement et la gestion
des conditions à la frontière de l'organisation, la définition de la stratégie
(interprétation de l'environnement et développement d'actions cohérentes
pour y faire face) ;
3° La ligne hiérarchique unit le sommet au centre opérationnel. Elle exerce les
mêmes tâches que celles du sommet hiérarchique, mais l'encadrement est
structuré, les solutions sont prédéterminées, et l'autonomie restreinte ;
4° La technostructure est constituée des analystes du travail, du contrôle, de la
planification, et des qualifications, du personnel chargé du recrutement et de
la formation. Ses tâches consistent à établir la standardisation des procédés,
des résultats, et des qualifications. Elle recrute et forme également le
personnel en tenant compte de la culture d'entreprise et en fonction des
standards établis ;
5° Le support logistique est composé des fonctionnels et des services
spécialisés (juridiques et autres) qui viennent en support du travail principal.

Divers flux traversent une organisation. Ceux-ci peuvent se subdiviser de la


manière suivante :

1° Les flux d'autorité. Ils sont décrits par l'organigramme qui indique les
différents postes existants et précise la manière dont ils sont groupés en
unités ;
2° les flux d'information, dont :
2.1. Les flux régulés : il s'agit des flux de travail opérationnel qui
traversent le centre opérationnel ; des flux régulés de contrôle, dont
les flux descendants (ordres et instructions) et les flux ascendants
(informations sur les performances) ; des flux d'informations
fonctionnelles entre les opérationnels et les fonctionnels ;
2.2. Les communications informelles qui servent de mécanismes
d'ajustement mutuel ;

89
9 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
0  
2.3. Les systèmes de constellation de travaux qui sont des coteries
d'individus travaillant temporairement ensemble ;
3° Les flux de matériel.
4° les flux de processus de décisions, subdivisés en :
4.1. Flux de décisions programmées et routinières (appartiennent
également aux flux régulés) ;
4.2. Flux de décisions ad hoc, dont les décisions managériales
(coordinations et décisions d'exception) et les décisions stratégiques
(décisions d'exception ayant un impact important sur l'organisation).

Les paramètres de conception de l'organisation

D'après Mintzberg, il existe plusieurs paramètres de conception de


l'organisation qui influencent la division du travail et les mécanismes de
coordination. Ils affectent aussi les flux d'autorité, d'information, de matériel, et
de processus de décision.
La conception des postes de travail

Il s'agit de la conception des flux régulés du centre opérationnel.

Spécialisation du travail

Spécialisation horizontale : partage du travail en opérations élémentaires.


Application du taylorisme ;
Spécialisation verticale : partage du travail entre réalisation et
administration ;
Élargissement vertical et horizontal des tâches : afin de motiver
davantage l'ouvrier, celui-ci exécute plusieurs tâches élémentaires et acquiert un
certain contrôle sur son travail.

Formalisation du comportement (standardisation des procédés, des résultats


et flux régulés)

Structure bureaucratique : standardisation maximale des procédés, c'est-à-


dire que les procédés de production sont entièrement déterminés. Aucune liberté
d'action n'est laissée à l'opérateur ;
Structure organique : standardisation des résultats, c'est-à-dire que les
objectifs à atteindre sont déterminés, tandis que le choix des moyens est laissé à
l'appréciation des opérateurs.

Formation et socialisation (standardisation des qualifications et gestion de la


culture d'entreprise)

Formation : processus par lequel sont enseignées les connaissances et les


aptitudes ;

90
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1  
Socialisation : processus par lequel sont apprises les normes de
l'organisation.

La conception de la superstructure

Comment regrouper les postes en unités et quelles tailles ont ces unités ?
Cette conception touche aux flux d'autorité.

Regroupement en unités

Il existe une supervision commune entre les postes et les unités. Chaque
unité connaît un budget, un espace, et un équipement communs. Il existe une
mesure unique de performance pour l'ensemble de l'unité. La coordination au
sein de l'unité est assurée par des communications informelles et un ajustement
mutuel. Les bases de regroupement d'une unité peuvent être envisagées selon le
marché (par produits, par clientèle, ou par zone géographique), ou selon les
fonctions (par spécialités, par processus de travail ou en fonction du moment).
Les critères de regroupement sont l'interdépendance des flux de travail ou
processus, l'interdépendance liée à la spécialisation, l'interdépendance d'échelle
(taille suffisante en vue de l'efficacité), et l'interdépendance sociale (relations
sociales).

• Les structures par fonctions mettent l'accent sur les interdépendances de


processus et les économies d'échelle au détriment des flux du travail. Elles
encouragent la spécialisation, la coordination par le biais de la hiérarchie, et la
formalisation. Ces structures sont davantage bureaucratiques.
• Les structures par marchés perçoivent mieux les objectifs à atteindre. La
performance est plus facile à mesurer et les ajustements internes sont plus aisés.
Ce type de structure est plus flexible (créer ou supprimer une unité est plus
facile), mais ne convient guère aux gens hyperspécialisés qui aiment travailler
avec des pairs.

La taille des unités

Quatre facteurs permettent d'accroître la taille des unités : la standardisation,


la similarité entre les tâches accomplies au sein d'une unité, le besoin
d'autonomie et de réalisation personnelle, et le besoin de réduire la distorsion
des informations. Quatre facteurs permettent de diminuer la taille des unités : le
besoin de supervision directe, le besoin d'ajustement mutuel, le volume de
travail incombant aux supérieurs, et le besoin des avis et conseils du supérieur.

La conception des liens latéraux

Il s'agit des mécanismes de liaison entre les éléments de la structure.

91
9 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2  
Les systèmes de planification et de contrôle

Ces systèmes spécifient les résultats à atteindre et mesurent s'ils ont été
atteints. Ils sont de trois types :

• Le contrôle des performances, quand les unités sont regroupées sur base des
marchés ;
• La planification de l'action, quand les unités sont regroupées sur base des
fonctions ;
• La formalisation du comportement, quand les unités sont également
regroupées sur base des fonctions.

Les mécanismes de liaison

Il existe cinq types de mécanismes de liaison :

• Les postes de liaison : ils coordonnent en court-circuitant la hiérarchie ;


• Les task forces : il s'agit de groupes temporaires surajoutés à la structure
pour une mission déterminée ;
• Les comités permanents : ce sont des task forces permanentes réunies pour
traiter de sujets d'intérêts communs ;
• Les cadres intégrateurs : ce sont des postes de liaison pourvus d'une autorité
formelle ;
• Les structures matricielles : ce sont des structures au sein desquelles il
existe un chef par produit et un chef par fonction. Dans certains cas, il existe
également un chef par zone géographique. Tout opérateur dépend donc de
deux ou trois chefs différents.

La conception du système de prise de décisions

Le choix entre la centralisation et la décentralisation dépend d'abord du


processus liant le problème, l'information, le conseil, le choix, l'autorisation, et
l'exécution, ensuite du type de décision à prendre (marketing et production sont
souvent décentralisés, services financiers et juridiques sont plutôt centralisés),
enfin des flux d'information (l'information au niveau de la production remonte
plus facilement la hiérarchie qu'au niveau de la recherche et du développement).
La centralisation

Le pouvoir de décision est concentré en un seul point de l'organisation.


Toute information nécessaire pour prendre la décision existe en ce point.

La décentralisation

Le pouvoir de décision est amené où l'information existe et est maîtrisable en


quantité et en qualité. Ce système permet de répondre rapidement aux

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   9
3  
conditions locales et est un moyen de motivation. Deux types de
décentralisation :

• La décentralisation verticale, qui s'accompagne d'une divisionnalisation


(regroupement par marchés) et d'un contrôle des performances. Si les opérateurs
sont des experts, la décentralisation verticale devient inévitable. C'est le cas
pour les organisations universitaires ;
• La décentralisation horizontale, dont le pouvoir est transféré vers l'extérieur
de la ligne hiérarchique, soit vers les analystes des standardisations, soit vers les
experts.

Les facteurs de contingence

Le choix de certains des neuf paramètres permet de structurer l'organisation


et ce choix dépend de quatre groupes de facteurs de contingence qui sont :

• l'âge et la taille de l'organisation ;


• le système technique utilisé au centre opérationnel ;
• l'environnement ;
• ses relations de pouvoir.

Mintzberg tire deux hypothèses de base sur l'efficacité structurelle :

1° Hypothèse de congruence : l'efficacité de l'organisation résulte de


l'adéquation entre situations et structure ;
2° Hypothèse de configuration : pour qu'une structure soit efficace, il faut qu'il
y ait une cohérence interne entre les paramètres de conception.

Les configurations structurelles

Selon l'élément de base dominant, nous avons une configuration structurelle


bien spécifique :

• Le sommet stratégique pousse à la centralisation. Lorsqu'il est l'élément


dominant de l'organisation, nous obtenons une structure simple (exemple :
les P.M.E.) ;
• La technostructure pousse à la standardisation. Si elle est l'élément dominant
de l'organisation, nous avons une bureaucratie mécaniste (exemple : les
industries sidérurgiques) ;
• Les opérateurs poussent au professionnalisme et à la centralisation
horizontale et verticale. S'ils détiennent le pouvoir au sein de l'organisation,
nous avons une bureaucratie professionnelle (exemple : l'université) ;
• Les cadres poussent à la balkanisation de la structure et cherchent leur
autonomie par une décentralisation verticale et la division en unités de
marché. Si les cadres détiennent le pouvoir, nous avons affaire à une
structure divisionnalisée (exemple : la plupart des sociétés du secteur
tertiaire) ;

93
9 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4  
• Les fonctionnels poussent à la collaboration. Si ceux-ci détiennent le pouvoir,
nous avons une adhocratie (exemple : le bureau McKinsey).

Évolution et révolution comme développement des organisations

Selon Larry Greiner, les problèmes d'une organisation sont souvent liés à
des décisions prises dans le passé. Malheureusement, la plupart des managers
oublient de regarder et de rechercher la source de leurs ennuis du point de vue
historique.
Larry Greiner estime que toute organisation est sujette à deux états
successifs et permanents :

1. L’évolution, qu'il utilise pour décrire des périodes prolongées de croissance


durant lesquelles aucun problème ne survient quant aux pratiques
organisationnelles ;
2. La révolution, qui sert à décrire les périodes de remous dans la vie de
l'organisation.

Pour Larry Greiner, les forces clés du développement sont :


1° L’âge de l'organisation ;
2° La taille de l'organisation ;
3° Les étapes d'évolution ;
4° Les étapes de révolution ;
5° Le taux de développement de l'industrie.

Attardons-nous un instant à ces cinq clés.


L'âge de l'organisation implique que les problèmes de gestion sont
enracinés dans le temps. Or, les pratiques managériales changent au fil du
temps. Trop souvent, une entreprise conserve le mode de gestion tel qu'il avait
été défini lors de sa naissance.
La taille de l'organisation est une force très importante. Au plus grand est
le nombre de salariés, au plus grand est le volume des ventes, et au plus
l'entreprise rencontre des problèmes. Les problèmes et solutions d'une
compagnie varient avec, d'une part, le nombre de salariés et, d'autre part, avec le
volume des ventes. Dès lors, une organisation qui grandit en taille ne peut
conserver les mêmes méthodes managériales. Des problèmes de coordination et
de communication apparaissent, les niveaux au sein de la hiérarchie se
multiplient, et les travaux deviennent plus relationnels.
Les étapes d'évolution sont des périodes calmes où seuls de modestes
ajustements semblent nécessaires pour maintenir la croissance selon un même
modèle managérial.
Les étapes de révolution sont des périodes de crise qui remettent en cause
les pratiques managériales employées par l'entreprise. La tâche des responsables
est de trouver de nouvelles méthodes d'organisation qui serviront de bases pour
la période suivante d'évolution. Ces nouvelles pratiques portent en elles les
germes des problèmes à venir qui réclameront à leur tour d'autres solutions.
Le taux de croissance de l'industrie (ou du secteur) est la vitesse à laquelle
une organisation franchit les phases d'évolution et de révolution. Il est

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   9
5  
étroitement lié au marché de cette industrie. Plus le marché devient pauvre, plus
la révolution semble sévère et difficile à résoudre.
Ces diverses forces entraînent l'entreprise dans un continuum où chaque
phase est à la fois la solution apportée aux problèmes de la phase précédente et
la cause des problèmes à venir.
Larry Greiner a élaboré ainsi toute une grille de lecture qui se présente
comme suit :
Phase un - développement par la créativité : le centre de gestion a pour
principale préoccupation de produire et de vendre. La structure
organisationnelle est informelle. Le style de management est animé d'un certain
esprit d'entreprise et d'une dose importante d'individualisme. Le système de
contrôle se fait au vu des résultats obtenus au niveau du marché. Les
motivations managériales sont dues au fait que le gestionnaire est également le
propriétaire de l'entreprise.
La révolution est due à une crise du leadership. Si les activités créatrices
sont nécessaires à la mise en route d'une compagnie, elles portent en elles le
germe d'un énorme problème. Au moment où la compagnie se développe, le
fondateur ne peut plus faire face aux divers problèmes de production et de
gestion du personnel. Il est accablé par des responsabilités managériales trop
lourdes. Il ne peut pas tout connaître, ni être partout à la fois. Ce créateur
d'entreprise doit faire appel à quelqu'un qui possède le savoir nécessaire pour
gérer efficacement l'entreprise. Un gestionnaire qui est capable de résoudre les
problèmes d'extension et qui peut introduire de nouvelles techniques d'affaires.
Ceci implique que le fondateur s'efface devant ce gestionnaire. Beaucoup de
sociétés tombent en faillite par le simple fait que le fondateur désire s'accrocher
à tout prix aux rênes du pouvoir.
Phase deux - développement par direction : première réponse à la crise : la
centralisation. Le centre de gestion a pour principale préoccupation l'efficacité
des opérations. La structure organisationnelle est centralisée et fonctionnelle. Le
style de management est directif. Le système de contrôle s'établit sur des
normes, des standards, et des centres de coût. Les motivations managériales
trouvent leurs sources dans l'augmentation des salaires d'après les mérites de
chacun.
La seconde révolution est issue d'une crise d'autonomie. Si les nouvelles
techniques de direction canalisent l'énergie des employés de manière plus
efficace, elles deviennent à la longue non appropriées pour contrôler une
organisation plus large, plus diverse, et plus complexe. Les employés de bas
niveau se trouvent limités par une hiérarchie encombrante et centralisée. Ils
connaissent mieux le marché et sont souvent déchirés entre suivre les
procédures ou prendre des initiatives appropriées. Ils réclament donc plus
d'autonomie afin de mieux répondre aux besoins du marché. La solution est
donc la délégation de pouvoirs. Il faut pour cela que les hauts responsables
acceptent de partager leurs responsabilités. Ce qui n'est pas toujours évident.
Nombre d'entreprises connaissent de sérieux problèmes durant cette période de
crise.
Phase trois - développement par délégation : nous assistons à une certaine
décentralisation au sein de l'entreprise. Le centre de gestion vise à l'expansion
du marché. La structure organisationnelle est décentralisée en diverses zones
géographiques. Le style de management est la délégation des pouvoirs. Le

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9 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6  
système de contrôle se fonde sur les rapports et les centres de profit. Les
motivations managériales trouvent leur source dans les bonus individuels.
La troisième révolution est due à une crise de contrôle. Les hauts
gestionnaires sentent qu'ils ne maîtrisent plus l'ensemble des opérations. Les
gestionnaires autonomes des unités préfèrent courir leur chance, sans plus se
préoccuper d'un minimum de coordination. La liberté engendre des habitudes
paroissiales. Le haut État-major tâche d'abord de revenir à une gestion
centralisée telle qu'elle était pratiquée lors de la phase deux. Il comprend assez
vite son erreur et recourt alors à de nouvelles techniques de coordination.
Phase quatre - développement par coordination : à la suite de la crise de
contrôle, nous assistons à une nouvelle centralisation. Le centre de gestion vise
la consolidation de l'organisation. La structure organisationnelle se développe
autour d'un État-major et de divers groupes de produits. Le style de
management peut être qualifié de « chien de garde ». Le système de contrôle
s'établit selon des centres, des plans et des investissements. Les motivations
managériales s'établissent autour des participations et des actions.
La quatrième révolution est due à une crise du fonctionnalisme. Un manque
de confiance s'installe entre les unités et l'État-major. La prolifération des
systèmes et programmes commence à excéder les membres du personnel. Les
responsables d'unités éprouvent un certain ressentiment à l'égard de la direction
qui n'est guère familiarisée aux conditions locales. Les gens du staff se
plaignent quant à eux du manque de coopération des gestionnaires d'unité. Les
deux groupes critiquent le système bureaucratique qui se développe. Les
procédures prennent le pas sur la résolution des problèmes et l'innovation se
tarit. La phase cinq est en route...
Phase cinq - développement par collaboration : nous assistons de nouveau
à une décentralisation des pouvoirs. Le centre de gestion à pour principales
préoccupations la résolution des problèmes et l'adaptation aux diverses
innovations. La structure organisationnelle est une matrice des équipes. Le style
de management est la participation. Le système de contrôle vise à la bonne
coordination des buts mutuels. Les motivations managériales trouvent leurs
sources dans les bonus octroyés aux équipes.
Comme le note Nadine Lemaître, les entreprises vieillissent parce qu'elles
développent des modalités standardisées pour traiter l'incertitude. Cet
accroissement de leur formalisme tend à faire de ces organisations des systèmes
fermés qui cessent d'intégrer l'information nouvelle, non prévue par les canaux
standards. Elle risque finalement de devenir un système figé et mort. Il incombe
au dirigeant d'entreprise de maintenir le système ouvert à l'incertain, au bruit, à
l'erreur. Cette instabilité est source de vie. Elle est une garantie du maintien de
la capacité d'adaptation de l'organisation. Le dirigeant doit également opérer une
sélection, qui consiste à orienter les ressources de l'entreprise vers les
innovations qui assureront sa survie et simultanément son changement et son
adaptation à un environnement variable. Il s'agit là d'une condition essentielle
de la capacité de l'organisation à survivre dans l'univers complexe et incertain
que nous connaissons aujourd'hui. (LEMAITRE 1989 : 363-375)

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   9
7  
La culture d’entreprise

La culture est un système de significations publiquement et collectivement


acceptées, opérationnel au sein d'un groupe donné, à un moment donné. Ce
système fournit aux individus une interprétation de leur situation. Cette
définition se fonde sur une série de constatations :

1° C'est un ensemble des représentations qui nous permet de sérier les


informations pertinentes.
2° L'ensemble des valeurs et des normes introduit en chacun des ordres de
préférence.
3° Il n'y a pas de rationalité universelle, mais il existe des processus rationnels
qui se construisent sur des représentations et des valeurs variables de culture à
culture : la rationalité est limitée et sélective.
4° Cette rationalité limitée résulte d'un apprentissage par résolution de
problèmes : raisonnement par analogie.
5° Des groupes vivant des conditions similaires développent des répertoires
communs de solutions : culture de groupe.
6° Les procédures d'intégration sont de type structurel : organigramme, système
de contrôle, sélection, rémunération, promotion du personnel...
7° La culture organisationnelle s'insère dans une ou plusieurs cultures
« sociétales » et différentes sous-cultures coexistent au sein même d'une
organisation.

Les diverses fonctions de la culture peuvent donc se résumer comme suit :

1° La culture fournit une interprétation de la réalité.


2° La culture met l'acteur en mesure d'agir. Elle lui offre une interprétation
simplifiée de la réalité par le biais de mythes (modèles d'actions) et de héros
(modèles de comportements déterminés).
3° La culture assume le maintien et la reproduction de l'ordre social par le biais
du code culturel (normes), des rôles, et des statuts.
4° La culture est un facteur d'identification par le biais, d'une part, d'un système
de représentation qui génère un accord sur les problèmes à traiter, et, d'autre
part, d'un système de valeurs qui génère un accord sur les objectifs à atteindre
et sur les moyens d'action admissibles (exemples : l'individualisme, la
spécialisation, la motivation, la compétition interne).

La culture d'entreprise consiste donc à savoir utiliser les valeurs de la


société globale comme leviers pour les normes que le gestionnaire souhaite
implanter dans son organisation en formulant ces normes dans les termes de
l'éthique dominante. À cette fin, il dispose d'une série de moyens, dont :

1° La sélection du personnel conforme à la philosophie de l'entreprise ;


2° La formation (une part importante de celle-ci a pour objectif l'apprentissage
des valeurs) ;
3° Le système de contrôle (système de sanction des résultats et de renforcement
des performances) ;
4° La gestion symbolique (langages, rites, mythes, héros).

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9 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
8  
• Le langage impose aux individus leurs catégories conceptuelles et leurs
schèmes de pensées. Parler, c'est agir, c'est modeler la réalité en la forçant
à entrer dans les catégories offertes par notre langage.
• Les rites sont des pratiques réglées de caractère sacré ou symbolique. Ce
sont des pratiques obéissant à certaines règles et procédures formelles ou
informelles et empruntes d'un symbolisme de référence ou d'un
symbolisme de condensation. Il existe trois sortes de rites : les rites
intégrateurs (initiations, passages, baptêmes, fêtes symbolisant la
communauté, la cohésion, l'appartenance...), les rites différenciateurs (la
hiérarchie, les différents départements...), les rites marquant les frontières
de l'organisation, telles que les cérémonies de dégradation ou
d'humiliation, les processus d'exclusion...
• Les mythes, légendes, métaphores et histoires sont des moyens de
communiquer et de stabiliser un système de représentations et de valeurs
au sein d'une organisation ou d'un groupe social. Ce sont les mythes
« rationalisateurs » qui légitiment un certain type de comportement, les
mythes de valorisation qui introduisent des catégories et des valeurs, les
mythes d'identification ou de distanciation qui mettent en scène des
personnages et introduisent des oppositions, et les mythes de dualité qui
expriment les tensions entre la réalité des organisations et les valeurs de
ses employés.
• Les héros sont les personnages des mythes. Vu leur personnalité, leurs
actes, leurs attitudes, ils sont entrés dans la légende de l'entreprise.

Les discours stratégiques

Références historiques (MARTINET 1988 : 49-59)

Le Ve siècle avant Jésus-Christ est le préambule à une série de discours


stratégiques dont les plus importants sont l'oeuvre de Xenophon, Économique,
et celle de Sun Tzu, L'Art de la guerre, qui jettent les bases de la gestion et de la
polémologie.
Le XIXe siècle subit l'influence de Walras (théories de l'équilibre général),
de Pareto (l'optimum social) et de von Clausewitz (De la guerre).
La firme est considérée à cette époque comme une unité technique invitée à
apporter une réponse optimale à trois questions :

• le type de production de biens réputés indifférenciables ;


• la combinaison des facteurs de production ;
• le niveau de la production.

La gestion se réduit au calcul économique du continu et à une comptabilité


de constat.
Lors de la première moitié du XXe siècle, l'entrepreneur et le risque, qui
n'avaient trouvé grâce qu'aux yeux de Say, font leur entrée avec Schumpeter et

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9  
Knight. La micro-économie s'ouvre aux comportements stratégiques avec la
concurrence monopolistique imparfaite (Chamberlain et Robinson).
Rencontrant la théorie des jeux de Morgenstern et von Neumann, la
conceptualisation de l'oligopole allait s'intéresser aux aspects stratégiques avec
Shubik.
Fayol, de son côté, avait posé les cinq impératifs de la fonction de direction :
prévoir, organiser, coordonner, commander et contrôler.
Enfin, en 1938, Chester Barnard pose, dans son ouvrage The Function of the
Executive, la problématique de la stratégie :

« Ce qui importe pour l'efficacité de l'organisation, c'est, du point de vue externe, la pertinence
des buts par rapport à la situation environnante totale et du point de vue interne, l'équilibre entre
la communication des membres de l'organisation entre eux, leur volonté de contribuer à l'action
et l'existence d'un but commun. »

Émergence de la planification stratégique

De 1954 à 1962, le propos se fait plus technique : Staudt, Kline, Ewing,


Payne, Ansoff, Young, Gilmore et Brandenburg posent les bases de la
planification et de ses étapes méthodologiques :

• choix des domaines d'activité et des objectifs ;


• formulation des stratégies concurrentielles ;
• programmation des opérations nécessaires à la mise en oeuvre ;
• réévaluation du plan.
La décennie suivante, avec entre autres le Stanford Research Institute,
s'intéresse davantage à la formalisation des processus, d'inspiration cybernétique
ou systémique.
Aux États-Unis et en France, le courant planificateur reçoit un accueil
favorable avec la mise en place dans le secteur public du PPBS (Planning -
Programming - Budgeting - System) et de la RCB (Rationalisation des choix
budgétaires).
De son côté, H. Igor Ansoff édite son célèbre ouvrage Corporate Strategy
dont on retiendra plusieurs apports :

• la distinction des décisions en trois catégories ;


• la mise en évidence du système d'objectifs politiques et stratégiques ;
• l'explication des profils d'aptitude et des effets de synergie ;
• la conceptualisation de la notion de stratégie.

La stratégie y est clairement définie comme « une règle pour prendre des
décisions » nécessitant la réunion de quatre éléments fondamentaux :

• le champ d'activité produit X marchés ;


• le vecteur de croissance qui indique les directions dans lesquelles la firme se
propose d'agir ;
• l'avantage compétitif sur lequel la firme cherche à asseoir sa position ;
• la synergie qui mesure l'aptitude de l'entreprise à s'engager dans une
manoeuvre stratégique.

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0  
L’analyse du positionnement stratégique

En 1965, le Boston Consulting Group élabore sa théorie de la compétitivité


basée sur une conception très stricte de la stratégie, une méthodologie d'analyse
et des règles de manoeuvres :

« Dans un milieu concurrentiel, l'entreprise compétitive est celle qui a les coûts les plus bas »
et qui a « su apprendre, investir et innover mieux, plus ou moins vite que ses concurrents. »
(BOSTON CONSULTING GROUP 1980)

La compétitivité s'inscrit ainsi dans une mécanique « volume prix profits »,


l'objectif à long terme étant la maximalisation du flux net de liquidités.
La stratégie consiste donc à allouer les ressources afin d'obtenir un avantage
concurrentiel durable permettant la domination du segment ; à défaut, le
dégagement est prescrit.
Deux niveaux stratégiques apparaissent :

• le segment, où la firme doit maintenir sa dominance, investir, rentabiliser ;


• le portefeuille global d'activités dont la composition doit assurer, sur une
longue période, un flux net de liquidités en croissance.

La méthodologie préconisée par le B.C.G. consiste à découper l'entreprise en


segments stratégiques indépendants, à apprécier la position relative de la firme
sur chacun d'eux selon les dimensions taux de croissance et part de marché
relative, et à adopter l'une des manoeuvres stratégiques citées ci-dessus. Elle
souffre d'une utilisation aveugle, d'une universalité apparente et d'un
déterminisme implicite du modèle.
Michael Porter, renouant avec la démarche de la Harvard Business School,
assigne à la stratégie l'objectif d'assurer à l'entreprise une position stratégique
défendable sur une longue période. D'où la nécessité d'une analyse fine du
contexte industriel où se situe l'entreprise. Porter invite l'entreprise à choisir
fermement l'une des trois stratégies génériques : la domination (volume et coûts
restreints), la différenciation, la focalisation sur une niche. Il montre comment
l'outil, d'apparence universelle, est susceptible de s'adapter à la contingence de
différents types d'environnements sectoriels : industries dispersées, naissantes,
mûres, en déclin, mondiales. Il remet également au goût du jour la chaîne de
valeur qui décompose la firme en ses diverses activités de conception, de
production, de commercialisation et de distribution (PORTER 1982).

Contestations et succès japonais

À la suite de la crise de 1973, la planification stratégique subit de


nombreuses critiques. L'urgence commande d'abandonner les stratégies
d'expansion au profit de la rationalisation et du redressement. L'usage
inconsidéré de la quantification par les diplômés de MBA (Management
Business Administration) met en péril les avantages acquis par les entreprises
américaines, alors que des challengers venus d'Asie (Japon, Taiwan, Singapour

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et Corée) remportent de francs succès. Les stratèges prennent conscience de la
contingence de leurs concepts et de la vision technocratique de la planification.
Articulée autour de l'observation du management japonais et retrouvant la
dimension humaine, les structures, la culture et les valeurs, une nouvelle vague
de stratégie déferle sur le monde occidental (OUCHI 1983 et 1985) (PASCALE
1984) (SAUCIN 1987). Ces diverses méthodologies font la part belle à trois
catégories essentielles de la stratégie : le champ de bataille, la règle du jeu, le
stratège :

• Le champ concurrentiel est assimilé au champ de bataille. Le spectre de la


concurrence pure et parfaite reste un référentiel implicite ;
• les mécanismes concurrentiels, assimilés aux règles du jeu, se déroulent dans
un univers de liberté totale ;
• le directeur, stratège omniscient, est doté d'une capacité de leadership et de
mobilisation des hommes lui permettant d'imposer sa vision.

Le caractère normatif de la plupart de ces modèles ne rencontre que


partiellement la réalité des entreprises qui s'avère beaucoup plus subtile. La
compétition existe, mais ne saurait se limiter à un jeu à somme nulle. Elle n'est
pas la guerre absolue de Clausewitz. Au contraire, les stratégies efficaces
essaient d'éviter le conflit. Elles procèdent par segmentation, utilisation de
barrières à l'entrée, ententes, différenciation, image de marque. Elles cherchent
avant tout à limiter la concurrence, voire la supprimer.
Au niveau des acteurs, il s'agit davantage d'un mélange de luttes et de
coopérations plus que de concurrence pure. La psychologie et la négociation y
ont leur place. La liberté du stratège et ses capacités cognitives sont liées à son
environnement. C'est pour ces diverses raisons que l'analogie avec le jeu de go
semble plus appropriée que celle avec le jeu d'échecs.
Au-delà des effets de mode, il n'est pas interdit de déceler dans la littérature
des années quatre-vingt une idéologie du progrès et la foi en la maîtrise de
l'univers par la science et la technique. Cette pensée managériale accueille
difficilement l'ambiguïté des situations engendrées par la nouveauté, la
complexité et la contradiction.

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2  
Le management stratégique

Certains auteurs, tels que H. Igor Ansoff, ne se sont pas laissés tenter par le
chant des sirènes asiatiques et ont élaboré un cadre conceptuel et
méthodologique soucieux d'apporter des réponses adéquates aux nouveaux
problèmes stratégiques. Ils ont pris en compte la complexité et la turbulence
accrues de l'environnement et ont essayé de dépasser les limites et les lacunes
de la planification stratégique en réconciliant les approches techniciennes et
comportementale et en réarticulant la stratégie et le management.
Le management stratégique retient la triade structures-représentations-
comportements comme modèle de l'organisation et s'établit sur quatre
postulats :

• finalité économique ;
• réalisme politique ;
• contingence ;
• cohérence.

Cette vision donne au management stratégique la capacité de formuler les


configurations spécifiques compatibles avec chaque culture, mode de
gouvernement et type de structure. Elle retrouve l'identité de l'entreprise et les
relations « stratégie-structure », « entreprise-environnement ». Elle récuse tout à
la fois la coopération pure et le conflit total pour retenir la relation « lutte-
coopération ». Elle peut ainsi concevoir l'environnement, c'est-à-dire le voir et
lui assigner un contenu.

En ce sens, les modèles, matrices ou stratégies génériques de Porter sont


des formes fondées sur la compréhension et désireuses d'articuler des
théories locales. Elles permettent de classer et hiérarchiser les événements
puis de choisir les procédés les plus efficaces. Elles esquissent le cadre des
actions et laissent au praticien le soin de combler les blancs. Ce sont des
méthodes de pensée heuristique, normative et pédagogique. Heuristique,
car la forme construite n'est pas une modalité concrète, mais peut
l'engendrer ; normative, car l'architecture des formes repose sur un jeu de
principes stratégiques (cohérence, économie...) ; pédagogique, car elle a
comme but d'accroître la capacité stratégique des acteurs.

En résumé
Le choix du management

Vous devrez développer un certain type d’organisation. Tenir compte de la


division des tâches, de la coordination et du contrôle des tâches :

• ajustement mutuel
• supervision directe

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• standardisation des procédés 3  
• standardisation des résultats
• standardisation des qualifications

Vous devrez choisir entre les différents types de commandement :

• Autoritaire
• Démocratique
• Centralisé
• Décentralisé

Il faudra prendre en compte les divers facteurs de motivation et de


satisfaction. Bref, adopter l’une des configurations structurelles suivantes :

• structure simple
• bureaucratie mécaniste
• bureaucratie professionnelle
• structure divisionnalisée
• adhocratie

Votre développement

Vous devrez tenir compte des évolutions et révolutions comme


développement de votre organisation :
• développement par la créativité
• crise du leadership
• développement par direction
• crise d’autonomie
• développement par délégation
• crise de contrôle
• développement par coordination
• crise du fonctionnalisme
• développement par collaboration

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4  

Marketing

Concepts et processus

Définition

Le marketing est un ensemble d'actions destiné à saisir le besoin de la


clientèle et à concevoir un produit vendable en fonction de la technologie
existante. Il s'agit de cerner les besoins et de réaliser un produit qui correspond à
ces besoins.
L'être humain n'a pas toujours un comportement rationnel. Dans ses choix de
consommation, sa manière d'agir ne correspond pas systématiquement à la
logique d'un ingénieur. Celui-ci a beau réaliser des produits très rationnels, s'ils
ne rencontrent pas la demande du client, ils ne seront pas achetés. Le marketing
doit comprendre et rencontrer les besoins des acheteurs. Il doit connaître les
applications du produit jusqu'au client final. Il doit rencontrer ses exigences de
qualité et, finalement, trouver les arguments valables pour vendre sa
marchandise. Il étudie donc à fond les besoins pour les satisfaire.
Après la Seconde Guerre mondiale, le marketing a dominé le problème de la
production. Ainsi, la majorité des entreprises en Belgique souffrent d'un
manque de marketing. Les Belges sont d'excellents ingénieurs, mais de
médiocres concepteurs marketing. Par exemple, les ACEC ont réalisé une série
de produits géniaux, mais invendables. Alors qu'au début de ce siècle,
l'entreprise carolorégienne avait un chiffre d'affaires plus important que son
concurrent néerlandais Phillips, celui-ci, en l'espace d'un demi-siècle, a connu
un accroissement de ses ventes inversement proportionnel à celui des ACEC.
Deux facteurs expliquent cette différence : primo, un sens plus développé du
marketing chez nos voisins bataves ; secundo, le fait que Phillips se soit
contenté de produire uniquement des biens de consommation sans jamais se
disperser dans la production des biens d'équipement. Vendre un gros système
informatique implique une démarche totalement différente de celle requise pour
placer un ordinateur personnel.
Une entreprise ne peut réaliser à la fois un produit industriel et un
produit de consommation. Il s'agit de deux secteurs ayant des modes de

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0
comportement, des mentalités et des paramètres totalement différents. 5  
L'industriel est un être rationnel dans ses achats, il est avant tout un
technicien. Le consommateur est quant à lui irrationnel dans sa demande.

La politique marketing

Diverses actions sont requises pour mener à bien une politique marketing :

1° Concevoir un produit à long terme (corporate planning). Cette démarche


implique d'observer, de suivre la recherche et le développement, de s'équiper
de services de veille technologique et commerciale capables d'observer en
permanence l'environnement et d'appréhender tous changements susceptibles
d'impliquer l'entreprise. La veille technologique est l'une des clés du succès
des entreprises japonaises.
2° Adapter constamment son produit aux besoins du consommateur
(product planning). Une écoute constante de la clientèle et une connaissance
de ses habitudes de consommation sont nécessaires. Des enquêtes de marché
permettent de mieux connaître les desiderata des clients.
3° Prospecter la clientèle et réaliser la vente (sell manager et service
commercial). Il s'agit de dynamiser la force de vente et de soutenir celle-ci
par la publicité.
4° Communiquer. Connaître sa cible (l'acheteur potentiel), savoir lui adresser
son message, et rédiger celui-ci de manière adéquate. La publicité, les
relations publiques, le direct mailing (actions directes aux points de vente)
sont des formes de communication ayant chacune leurs spécificités. La
publicité doit tenir compte des avantages et inconvénients de chacun des
médias (radio, télévision, presse, affichage, cinéma...). Il faut distinguer la
publicité de consommation, qui possède une valeur informative quasi nulle
(exemples : la publicité des lessives en poudre ou celle des bières), de la
publicité pour les produits industriels, qui est souvent remplie de
renseignements. Les catalogues et la présence sur les foires ont également peu
de contenu informatif lorsqu'il s'agit de produits de consommation. Les
relations publiques doivent, quant à elles, informer l'environnement de
l'entreprise (le monde politique, les entrepreneurs, la presse, les
actionnaires...).
5° Distribuer les marchandises. Cette fonction joue également un grand rôle
dans le succès d'un produit (exemple : dans les zones habitées des pays
industrialisés, il ne faut pas faire plus de 500 m pour trouver un distributeur
de Coca-Cola).
6° Administrer les ventes et s'occuper du service après-vente. IBM peut
vendre ses produits deux fois plus chers que ses concurrents, car il assure un
excellent service après-vente.

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0
6  
Le processus d’achat

D'un point de vue marketing, l'entreprise existe avant tout en fonction de son
consommateur. Dans cette perspective, il est utile de connaître le processus
d'achat d'un client.

Le consommateur éprouve certaines exigences et attitudes. Il ressent une


série de besoins (felt need). Il s'agit donc de savoir quels besoins il désire
satisfaire en priorité et de voir à quels besoins répond le produit. La voiture,
par exemple, est-elle un moyen de transport ou le signe d'un certain statut
social ? Identifier les besoins satisfaits par le produit, évaluer ses
caractéristiques objectives, connaître son image dans le public, et améliorer
cette image sont les premières préoccupations de tout service marketing
(corporate image). À cette fin, il faut établir les caractéristiques socio-
économiques du public cible (revenus, niveau d'instruction, âge, taille de la
famille, religion) et ses motivations psychologiques (santé, jeunesse,
propension à consommer, extraverti ou introverti, moderne ou traditionnel,
gastronome ou non, attaché aux apparences...).
Il ressent ensuite une certaine prédisposition. Celle-ci est sujette aux
caractéristiques objectives des produits et aux images de marque. Ce sont
des évocations plus ou moins conscientes portant sur les produits (exemple :
les jeans), les marques (ex. : Lewis, Benetton), les hommes (tels que Einstein
ou Kennedy), les groupes (dont les yuppies ou les fonctionnaires), les sociétés
(IBM, Miele), les institutions (la CEE, le ministère des Finances), les pays (la
Suisse ou l'Allemagne). Le responsable marketing essaiera de positionner
l'image de son produit et l'image idéale offerte par la publicité.
Le consommateur est sujet à un processus d'information qui renforce son
attitude, sa prédisposition. Plus le bien est coûteux, plus il est engageant d'un
point de vue social et psychologique, plus le processus d'information est
important. À cet égard, il existe trois sortes de produits :

• les produits de tous les jours (convenience goods) ;


• les produits tels que la mode ou l'électroménager (shopping goods) ;
• les biens spécifiques tels que la hi-fi (speciality goods).

Divers facteurs jouent un rôle prépondérant dans ce processus :

• L'entourage (les enfants, les amis, les collègues) qui informe les familiers
de l'expérience de ses achats. Cela nécessite donc de posséder un excellent
produit ;
• Les conseillers (ingénieurs-conseils, courtiers d'assurance, les
journalistes, les vedettes) qui donnent leur point de vue. Le responsable
marketing peut utiliser la technique de la vente douce (soft selling) par le
biais de commissions, de voyages ou de dîner pour influencer ces
conseillers ;
• Les revendeurs ou intermédiaires qui offrent un assortiment de produits,
leur respectabilité, leurs conseils, et un service après-vente. Pour les
motiver, il est également possible d'utiliser la technique de la vente douce,
par le biais de commissions, de primes, de crédit. Deux autres techniques :

106
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0
7  
l'assistance aux vendeurs (le push) ou influencer le client pour qu'il
tire la demande (le pull) ;
• Les prescripteurs (médecins, architectes...) sont les clients réels, sans être
les véritables consommateurs. À leur égard, le service marketing procède
également par le biais de la vente douce : ordinateur personnel offert au
généraliste par un laboratoire d'analyse, invitation à une conférence dans
un pays exotique...

4. Ayant subi ce processus d'information, le consommateur connaît une


prédisposition active.
5. Il s'engage à accomplir l'acte d'achat. Deux facteurs interviennent à ce
moment :

• les marketing pressures : rabais, promotions, primes octroyées au moment


de l'achat ;
• la présence au point de vente : si le bien n'est pas en stock, l'acheteur peut
changer de marque ou de magasin. Diverses possibilités sont offertes au
service marketing : maximaliser les points de vente, augmenter l'intensité
de la prédisposition par le biais de la publicité, posséder des concessions
de vente, ou encore utiliser le franchising.

6. L'achat ou non-achat de la marque. Technique du feed-back : l'acheteur


satisfait voit sa prédisposition renforcée pour l'achat suivant. Cette fidélité à
l'achat se révèle importante : exemple, la fierté d'accoler des petits lapins à
l'arrière de son véhicule. Le service marketing peut jouer aussi sur le goût du
changement du consommateur (brand switching). Diverses composantes
agissent avec plus ou moins d'efficacité selon le produit, le contexte
psychologique et social dans lequel se déroule l'achat, et les caractéristiques
psychologiques de l'acheteur considéré.

La segmentation

Définition

En marketing, il n'est pas possible de s'adresser à l'ensemble du marché. Il


faut penser en catégories de consommateur : c'est-à-dire segmenter le marché.
Le marché est donc constitué de segments dont les acheteurs ont leurs
caractéristiques propres (système de préférence, revenu) et possèdent une loi de
demande qui leur est spécifique.
La population est constituée de segments ayant des exigences propres
nécessitant une formule de produit et une politique de marketing
spécialement adaptées. Ceci implique qu'un produit ou une marque se vend
seulement à certains sous-groupes de la population, et qu'il existe une diversité
de produits s'offrant aux choix des consommateurs. Ce dernier aspect crée un
morcellement de fait des marchés.

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0
8   Le service marketing doit isoler les segments de marché qui l'intéresse,
concevoir les divers éléments de son marketing-mix, dont une politique de
produit tenant compte des segments.
La segmentation de marché est l'opération qui fait correspondre avec
précision les produits et les autres éléments du marketing-mix d'une entreprise
aux besoins d'un ou plusieurs segments identifiables d'un marché hétérogène.
Pour segmenter sa population d'acheteurs, il faut que l'entreprise puisse les
identifier sur base de variables mesurables. Il faut également que le nombre
de ces acheteurs soit suffisamment important pour justifier une spécificité
dans le produit et dans l'action de marketing. Chaque segment doit être
accessible de façon sélective grâce aux actions de communication de
l'entreprise. La communication devient ainsi plus spécifique, plus efficace, et
moins coûteuse.

Les divers segments

La population peut être subdivisée en trois catégories :

• les acheteurs de la marque X, appartenant au segment ;


• les acheteurs potentiels de la marque X, appartenant au segment, mais qui
n’ont pas encore acheté cette marque ;
• les non-consommateurs absolus du produit, n'appartenant pas au segment,
parmi lesquels il existe cependant quelques exceptions.

Ce qui est vrai pour la marque X l'est également pour ses concurrents. La
marque X et ses concurrents représentent un produit ou un concept de produit.
Le segment de non-utilisateurs évolue et engendre de plus en plus
d'exceptions (exemple type : les femmes qui fument de plus en plus le cigare).
Il convient, pour le service marketing de la marque X, de connaître les
raisons pour lesquelles les acheteurs potentiels n'achètent pas son produit
(ignorance, inertie, ou simple résistance psychologique), et pallier le problème
en les informant sur le produit, en les faisant agir grâce à une publicité
répétitive, et en utilisant des arguments thématiques adéquats.
Par rapport à une segmentation « idéale » du marché, pour laquelle chacune
des catégories est totalement cloisonnée, le vendeur s'attaquera au segment
constitué des acheteurs et acheteurs potentiels, en négligeant les non-
consommateurs et les éventuelles exceptions. Il essaiera de conquérir les
acheteurs potentiels en déplaçant la consommation des marques concurrentes
vers sa propre marque.
Par rapport à une segmentation imparfaite du marché, l'entreprise devra se
concentrer davantage sur le segment présentant la plus grande fraction
d'acheteurs, subsidiairement sur les segments secondaires. Quant aux segments
des non-acheteurs absolus, elle pourra les négliger ou les attaquer avec une
autre formule du produit. Dans le cadre d'un marketing différentié, elle
concevra une seconde marque mieux adaptée aux segments secondaires, cette
marque pouvant acquérir des parts de marché au détriment de la première. Ce
phénomène de « cannibalisation » est d'autant plus fort que cette nouvelle
marque est mieux adaptée au segment que la précédente.

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0
L'intérêt pour une entreprise de mener une politique de segmentation est9  
triple :

1. elle peut mieux identifier les potentialités du marché pour sa gamme de


produits, car il peut mettre en évidence la concurrence s'exerçant dans chaque
segment et le degré de satisfaction des besoins de chaque segment par les
marques en présence ;
2. elle peut mieux adapter sa gamme de produits à la demande ;
3. elle peut répartir son effort de marketing de façon optimale entre les
différents segments sur base de la sensibilité des divers segments aux
multiples actions de marketing.

Les segments peuvent être définis en considérant les variables


géographiques, socio-économiques, psychologiques, ainsi que les variables
directement en rapport avec le comportement propre au produit étudié. Les
études de marché révèlent les variables importantes.
Prenons, par exemple, les produits Findus. Le responsable marketing peut
sérier son marché en quatre segments :

1° Le segment A, constitué des cordons-bleus au tempérament conservateur ;


2° Le segment B, constitué des personnes non-gastronomes au tempérament
conservateur ;
3° Le segment C, constitué des cordons bleus aux idées modernes ;
4° Le segment D, constitué des non-cordons-bleus aux idées modernes.

Il mettra en oeuvre des moyens et arguments publicitaires pour augmenter la


part de marché du segment D (segment le plus important) et pour conquérir les
segments de réceptivité moyenne (B et C). Il ne s'occupera pas du segment A
dont les membres ne seront jamais des consommateurs des produits Findus. Il
ne se mêlera pas non plus de ce qu'ils pensent ou disent de ses produits lorsqu'il
entamera une étude de marché. Seul ce que pensent les indécis a une réelle
importance.

Les politiques mercatiques

L'entreprise peut adopter vis-à-vis des segments mis en évidence différentes


politiques mercatiques :

1. Le marketing indifférencié. L'entreprise met sur le marché un seul produit et


cherche à s'adresser à l'ensemble du marché à l'aide d'une seule politique de
marketing. Au niveau de la production, elle conçoit un produit convenant au
plus grand nombre, ce qui implique une standardisation des produits et une
production de masse. La gamme des produits est fort étendue et les coûts de
production sont restreints. Sur ce genre de marché, la concurrence est élevée
et les rentabilités sont faibles.
2. En matière de marketing indifférencié, il existe une stratégie visant la
diversité. La gamme des produits est fort large et ceux-ci s'adressent à un
segment général très étendu.

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3.0   Le marketing différencié. Il s'agit d'une politique consistant à opérer dans
les différents segments du marché en adaptant le produit et la politique de
marketing aux besoins spécifiques du segment. Les avantages sont les
suivants :

• Dans chaque segment, le produit est exactement adapté à la clientèle. Cela


permet d'accroître le prix et favorise la fidélité à la marque ;
• le marché est mieux couvert dans son ensemble. L'entreprise possède une
plus grande part du marché ;
• chaque segment est mieux suivi sur le plan des évolutions de la demande
et du point de vue de la concurrence. Ceci diminue les aléas par rapport à
une politique indifférenciée qui peut difficilement contrecarrer une
concurrence spécialisée.

Les inconvénients sont d'ordre financier : cette politique est plus coûteuse, du
fait que l'ensemble des facteurs (production, administration, stockage,
distribution, publicité) est plus cher. Les économies d'échelle sont moins
grandes qu'au niveau d'un marketing indifférencié.

4. Le marketing concentré correspond à une politique concentrée sur un ou


plusieurs segments en s'y spécialisant. Les avantages sont multiples :

• la politique est adaptée aux ressources limitées de l'entreprise ;


• la spécialisation confère une position solide sur les segments choisis
(exemple : Rolls-Royce) ;
• cette démarche assure une haute rentabilité.

Les inconvénients sont liés à la vulnérabilité de l'entreprise face à l'évolution


de l'offre et de la demande dans le segment choisi. Cette évolution dépend
d'une série de paramètres sur lesquels l'entreprise n'a guère de prise et exerce
très peu de pouvoirs.

Stratégies

Le choix d'une stratégie dépend de cinq facteurs :

1. les ressources de l'entreprise (si elles sont limitées, l'entreprise optera pour
un marketing concentré) ;
2. le degré de différenciation du produit (si le produit est peu
« différenciable » [sel, sucre, lessive], l'entreprise adoptera un marketing
indifférencié, inversement, elle choisira un marketing différencié pour les
automobiles, les appareils photographiques...) ;
3. le degré de développement du marché (le cycle du produit joue un rôle
important : à la naissance du produit : marketing indifférencié ; au stade de
saturation : marketing différencié) ;
4. le degré d'homogénéité de la clientèle (si elle est homogène dans ses
besoins, la société choisira un marketing indifférencié, sinon l'inverse) ;
5. les politiques adoptées par la concurrence (par rapport à une concurrence
pratiquant un marketing indifférencié, il est intéressant d'adopter une

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1
1  
politique différenciée ; vis-à-vis d'une concurrence pratiquant un marketing
différencié, il vaut mieux afficher la même politique).

Depuis les années quatre-vingt, certaines limites à la segmentation sont


apparues : d'une part, au niveau de la demande, un segment de consommateurs
de plus en plus important est devenu sensible au prix et à la qualité réelle des
produits. Ce sont les « costs conscious », fervents lecteurs de magazines tels
que Test Achats. D'autre part, au niveau de l'offre, les entreprises se
préoccupent davantage de rentabilité et de restauration de marges bénéficiaires
(diminution des coûts). Elles cherchent à éliminer certains produits de la gamme
et à abandonner les segments les moins rentables. Elles regroupent certains
marchés en remodelant leurs produits grâce à une plus grande polyvalence de
leurs produits, tout en tenant compte des costs conscious (exemple : les
produits blancs).

La notion de filière et ses implications en matière de


commerce extérieur et de politique industrielle

Définition

Une filière se définit par une succession d'opérations distinctes, de passages


obligés et orientés vers l'utilisation d'une ressource, d'un produit donné, ou la
satisfaction d'une demande.
À cette succession d'opérations est sous-jacente une suite d'actions posées
par des acteurs correspondants à des segments. Les rapports entre les acteurs
sont régis par un ensemble de relations techniques, financières, commerciales et
sociales.

Types de filière

Deux types de filière :

• la filière produit : il s'agit de partir d'un produit et de suivre son périple de


l'amont vers l'aval ;
• la filière demande finale : il faut partir d'une demande finale et en dégager
les segments qui concourent à sa satisfaction depuis l'aval.

Cette dernière filière est plus opérationnelle que l'autre et apparaît comme
une méthode d'analyse de la politique des acteurs.

La dominance

L'imperfection des marchés confère à certains acteurs un pouvoir sur les


autres. L'étude et l'identification de segments dominants dans une filière

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1
2  
présentent un intérêt certain pour l'entreprise afin d'établir sa stratégie.
Cette dominance est définie par :

1. Le contrôle du marché final. Il s'agit de la capacité d'orienter l'utilisateur


final vers des exigences qui correspondent aux capacités de celui qui exerce
le contrôle ;
2. la localisation du pouvoir de domination. Celle-ci se déplace de l'amont
vers l'aval parallèlement au degré de développement du marché final ;
3. la dynamique de la dominance. Elle est basée sur le cycle de vie du produit
final, soit :

• Une phase de développement constituée de recherches et de


développements. L'amont domine ;
• une phase de diffusion. Le produit s'ouvre à la consommation de masse.
Le centre domine ;
• une phase de maturité. Le produit est totalement banalisé. La distribution
domine.

La dominance étant dynamique, les acteurs opèrent des choix stratégiques


pour s'y adapter ou pour la manipuler à leur avantage. Ainsi, ils auront tout
intérêt à adopter une stratégie de communication et de développement à l'égard
de tous les segments, tout en organisant des actions stratégiques visant à se
placer constamment sur les niveaux dominants.

Filières et politiques industrielles

Au niveau des politiques industrielles, la plupart des stratégies d'entreprise,


qui n'altèrent pas le bien-être social, devront être acceptées et encouragées par
les pouvoirs publics, car elles engendrent les effets escomptés par ces derniers.
L'État intervient par le biais de ses politiques structurelles afin de restructurer
les secteurs en fonction des filières.
Le commerce international se réalisant sur des marchés en concurrence
imparfaite, la hiérarchie des activités au sein d'une filière, selon les rapports de
dominance et de dépendance, se retrouve au niveau du système productif
mondial.
L'autonomie nationale nécessite que le pays ait un certain pouvoir de
négociation au sein de ces marchés. Cette autonomie se verra renforcée si le
pays détient la maîtrise de quelques activités dominantes qui lui confèrent ce
pouvoir de négociation.
Le principe d'une stratégie en filière consiste à orienter les efforts industriels
autour des pôles de compétitivité. Le choix des activités à développer doit se
faire sur base de la concurrence internationale, des disponibilités en facteurs de
production, et de l'exploitation des relations entre les segments d'une filière.
Une stratégie nationale couplée au concept de filière permet d'appréhender
les activités dominantes qu'il faut contrôler. En fonction de ces points de repère,
les efforts des pouvoirs publics viseront à développer la spécialisation au sein
de ces activités, tout en préservant la cohérence de l'appareil productif.
Pour guider le choix des pouvoirs publics, il suffit de classer les filières en
fonction de la phase actuelle de chaque cycle de produits afin de porter les

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1
3  
efforts sur les segments dominants pour lesquels le pays est le mieux doté en
facteurs de production. Dans ce contexte, les industries naissantes seront
protégées par l'État afin qu'elles puissent se développer, les filiales étrangères
procurant les finances nécessaires au développement de nouveaux axes.
La réussite d'une politique industrielle basée sur la notion de filière dépend
de l'attitude des groupes industriels et des entrepreneurs privés à son égard. Il
est nécessaire, dans l'élaboration d'une telle politique, d'intégrer la stratégie des
entreprises et les principes de leur politique.
Des contradictions peuvent apparaître. D'une part, si la rentabilité au niveau
national réclame un contrôle de l'aval, tandis que la cohérence du système
productif nécessite un contrôle de l'amont pour réduire les importations
réclamées par l'aval. D'autre part, si les entreprises multinationales en quête
d'une plus grande rentabilité préfèrent déménager leurs activités, sans tenir
compte de l'autonomie nationale.

En résumé

Pour aborder les problèmes liés au marketing, vous devez concevoir le


produit ou le service en fonction des besoins à satisfaire :

• produit ou service de consommation


• produit ou service industriel

Il vous faudra mener à bien diverses actions :

• corporate planning
• product planning
• sell manager et service commercial
• publicité, relations publiques et direct mailing
• distribution
• administration des ventes
• service après-vente

Vous devrez segmenter votre marché et tenir compte des différentes


politiques mercatiques :

• marketing indifférencié ;
• marketing différencié ;
• marketing concentré.

Le choix entre ces différentes politiques engendre également un choix entre


différentes stratégies. Celles-ci dépendent des ressources de l’entreprise, du
degré de différenciation du produit, du degré de développement du marché, du

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4  
degré d’homogénéité de la clientèle et des politiques adoptées par la
concurrence. Vous tiendrez compte également du cycle du produit et des
filières :

• Filière produit,
• filière de la demande finale.

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1
5  

Éléments de comptabilité

Définition et principes généraux

Définition

La comptabilité est un outil statistique ayant pour objectif de fournir des


informations structurées à des utilisateurs qui doivent pouvoir en tirer des
éléments significatifs en vue de prendre des décisions judicieuses et exercer un
contrôle efficace.
Cet outil statistique a pour objet de collecter et classer toutes les
informations concernant l'activité de la société et ayant une incidence financière
en vue de les présenter sous la forme d'une information structurée appelée
Comptes annuels.
De nombreuses personnes externes à la société, dont les actionnaires actuels
et futurs, les particuliers, les sociétés, les fonds communs de placement, les
organismes de crédit, les organismes de contrôle économique ou encore le
ministère des Finances, désirent connaître la situation financière de telle ou telle
société.
En vertu des lois coordonnées sur les sociétés commerciales, les sociétés
anonymes, SPRL, et sociétés coopératives doivent déposer chaque année leurs
comptes annuels au greffe du tribunal de commerce.
Il est donc essentiel que le gestionnaire ait une bonne compréhension de la
pratique et de la théorie comptables afin d'employer les renseignements obtenus
aussi efficacement que possible et d'éviter ainsi de commettre des erreurs de
jugement coûteuses dues à une mauvaise interprétation. N'étant pas
nécessairement un maître en ce domaine, le gestionnaire pourra toujours
consulter des spécialistes qui lui fourniront des avis pertinents et fiables. Il
devra, malgré tout, comprendre ce que ces personnes lui raconteront. C'est dans
cette perspective que nous abordons le présent chapitre, ainsi que le suivant.

Principes généraux

Dans le choix de sa méthode comptable, la société doit respecter certains


principes de base :

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1
1° 6  
Principe de l'entité comptable. Généralement, l'entité comptable coïncide avec
une entité juridique bien définie, mais il peut être aussi intéressant d'avoir une
vue d'ensemble d'un groupe de sociétés ayant décidé d'unir leurs efforts. Les
bilans individuels ne pouvant mettre en valeur le résultat de cette entité
économique, il faudra dresser le bilan consolidé. Celui-ci a pour objet d'intégrer
la situation financière de sociétés qui exercent leurs activités sous un contrôle
financier ou décisionnel commun ;
2° Principe de continuité et de périodicité (en anglais, le principe de going
concern). Le principe de périodicité implique que les états comptables doivent
être établis à intervalles réguliers tout au long de la vie de l'entité. Ces états
périodiques permettent de déterminer les résultats de la gestion passée et de
prévoir les résultats des opérations futures à partir des résultats passés. Les
comptes annuels couvrent une période définie de douze mois, et présentent la
situation financière de la société à une date donnée qui clôture la période
déterminée. Cette période s'appelle exercice comptable. Le principe de
continuité est à la base de divers choix :

• choix de la méthode d'évaluation des stocks (ex. : le choix de LIFO [« last


in, first out »] ou du FIFO [« first in, first out »] a une incidence directe sur le
résultat et la valeur des stocks*) ;
• choix quant à la valeur des immobilisations et à la méthode
d'amortissement utilisée - linéaire ou régressive - qui a également une
incidence sur le résultat ;
• choix concernant les plus-values (faut-il les prendre en compte dans le
calcul des résultats ou faut-il les intégrer aux capitaux propres ?) ;
• choix concernant les provisions (faut-il constituer ou non des provisions
pour dépréciations d'éléments d'actif et des provisions pour risques et
charges ?) ;
• choix portant sur les comptes de régularisation (comment faut-il répartir
des charges ou des produits qui s'étalent sur deux exercices comptables ?) ;

3° Principe de la stabilité de l'unité monétaire (en anglais, money


measurement). Les comptes annuels sont établis dans une devise bien précise.
La tendance inflationniste de l’économie dérégulée a amené de nombreux
économistes à contester la validité du postulat de la stabilité monétaire. Se pose
alors le problème des comptes annuels en période d'inflation et de la mise en
place de règles d'évaluation particulières telles que « la valeur de
remplacement », notion importante introduite par l'A.R. du 8 octobre 1976.
Cette matière est abordée dans la littérature sous le vocable de comptabilité
d'inflation ;
4° Principe de prudence. Selon le principe de prudence, entre deux possibilités, le
comptable doit choisir celle qui présente la situation financière ou les résultats
d'exploitation sous l'aspect le moins favorable. Ce principe s'applique aux
décisions concernant les diverses possibilités d'évaluation, de classement, ou du

* Dans la méthode FIFO, le comptable considère que les articles sont sortis du stock dans l'ordre
dans lequel ils sont entrés. Dans la méthode LIFO, il inscrit que les derniers entrés sont les
premiers sortis. En période d'inflation, la méthode LIFO augmente le prix de revient de la
production, réduit la valeur du stock, diminue aussi le bénéfice imposable et fait contrepoids à
l'érosion monétaire.

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1
7  
moment choisi pour la prise en compte des produits et des charges. C'est en
vertu de ce principe que seuls des profits acquis seront comptabilisés alors que
les pertes probables seront prises en charge ;
5° Principe de la permanence des méthodes (en anglais, la cohérence et
l'uniformité des méthodes sont exprimées par consistency). Cette règle implique
que les mêmes procédures et les mêmes règles d'évaluation soient utilisées d'un
exercice à l'autre afin de rendre comparables les comptes annuels successifs. Si
en vertu du principe de prudence, un changement des règles d'évaluation
s'impose à la société, elle pourra rompre la règle de la permanence des
méthodes en informant les utilisateurs au moyen d'une annexe spéciale aux
comptes annuels ;
6° Principe de la sincérité. Un état comptable doit révéler tous les faits
indispensables pour ne pas induire en erreur. Les états financiers sont complétés
d'annexes qui expliquent ou révèlent une information qui n'est pas
immédiatement accessible dans le corps du document ;
7° Principe de fidélité. Le principe de l'image fidèle signifie que la personne qui
prend connaissance des états financiers d'une entité doit pouvoir se fier à la
description donnée de ses valeurs actives et passives, de ses charges et produits
ainsi que de ses droits et engagements.

Pour s'assurer que le principe de fidélité est respecté, les membres de


l’assemblée générale analyseront d'abord les commentaires rédigés par le
réviseur d'entreprise. Ils étudieront ensuite les annexes afin de connaître les
éventuelles modifications apportées dans les méthodes d'évaluation. Enfin, ils
pourront comparer les comptes annuels de plusieurs exercices comptables et
étudier les rubriques ayant fait l'objet de modifications quant aux méthodes
d'évaluation. Ce n'est qu'ensuite qu'ils pourront s'atteler à une véritable analyse
financière.

Obligations en matière comptable

Les dispositions légales que doivent observer les entreprises en ce qui


concerne leur comptabilité et leurs comptes annuels sont fixées par le
Chapitre 2, Titre 3, Livre III du Code de droit économique et par la loi du 7 mai
1999 relative au Code des sociétés.
Le Chapitre 2, Titre 3, Livre III du Code de droit économique (publié au
Moniteur belge le 29 mars 2013) s’applique en principe à toutes les sociétés.
Pour l’application de ce Code, sont considérées comme « entreprises » :

▪ les personnes physiques commerçantes ;


▪ les sociétés commerciales (SA, SPRL, Société coopérative, etc.) et les
sociétés ayant adopté la forme juridique d’une société commerciale (cf. les
sociétés civiles ayant adopté la forme juridique d’une société commerciale et
certaines sociétés publiques, comme la Société nationale d’investissement,
etc.) ;
▪ les organismes publics qui exercent une mission statutaire à caractère
commercial, financier ou industriel ;

117
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1
8  
▪ d’autres organismes, dotés ou non d’une personnalité juridique propre, qui
exercent, avec ou sans but de lucre, une activité à caractère commercial,
financier ou industriel, auxquels les dispositions du chapitre Ier de la loi sont,
par catégories d’organismes, rendues applicables par arrêté royal.

En ce qui concerne les personnes physiques qui n'ont pas leur domicile en
Belgique, les entreprises de droit étranger ainsi que les groupements européens
d'intérêt économique ayant leur siège à l'étranger, la loi est uniquement
applicable à leurs succursales et sièges d'opérations établis en Belgique, étant
entendu que l'ensemble de leurs succursales et sièges d'opérations dans le pays
est considéré comme une entreprise.

Code de droit économique – comptabilité des entreprises

Art. III.82. Toute entreprise tient une comptabilité appropriée à la nature et à


l'étendue de ses activités en se conformant aux dispositions légales particulières
qui les concernent.
Art. III.83. La comptabilité des personnes morales doit couvrir l'ensemble de
leurs opérations, de leurs avoirs, et droits de toute nature, de leurs dettes, de
leurs obligations et de leurs engagements de toute nature. La comptabilité des
commerçants, personnes physiques, couvre ces mêmes éléments lorsque ceux-ci
relèvent de leur activité commerciale ; elle mentionne de manière distincte les
moyens propres affectés à cette activité commerciale.
Si une entreprise poursuit des activités économiques distinctes, un système de
comptes distinct sera introduit pour chacune de ces activités.
Lorsque l'activité d'une entreprise comporte, au titre de gérant ou d'associé, des
opérations menées en association commerciale momentanée ou en participation,
sa comptabilité est adaptée de manière à lui conférer le caractère complet défini
à l'alinéa 1er, à la fois sous l'angle des rapports avec les tiers, d'une part, et des
comptes que les associés et, le cas échéant, le gérant, ont à se rendre, d'autre
part.
Art. III.84. Toute comptabilité est tenue selon un système de livres et de
comptes et conformément aux règles usuelles de la comptabilité en partie
double.
Les opérations sont inscrites sans retard, de manière fidèle et complète et par
ordre de dates, soit dans un livre journal unique soit dans un journal auxiliaire
unique ou subdivisé en journaux spécialisés. Elles sont méthodiquement
inscrites ou transposées dans les comptes qu'elles concernent.
Pour les entreprises qui, conformément à l'article 21bis, alinéa 1er, de l'arrêté
royal n° 1 du 29 décembre 1992 relatif aux mesures tendant à assurer le
paiement de la taxe sur la valeur ajoutée, disposent d'un système de caisse
enregistreuse, le journal auxiliaire des ventes tel que visé au deuxième alinéa, et
le troisième journal visé à l'article III.85, premier alinéa, 3°, sont remplacés par

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1
9  
le système de caisse enregistreuse visé à l'article 1er de l'arrêté royal du 30
décembre 2009 fixant la définition et les conditions auxquelles doit répondre un
système de caisse enregistreuse dans le secteur horeca21.
Les mouvements totaux enregistrés au cours de la période dans le journal
auxiliaire unique ou dans les journaux spécialisés font, mensuellement au
moins, l'objet d'une écriture récapitulative dans un livre central. Cette écriture
est trimestrielle au moins, pour les entreprises visées à l'article III.85 qui
tiennent leur comptabilité selon les prescriptions des articles III.83 et III.84.
L'écriture récapitulative visée à l'alinéa précédent comporte soit le montant total
des mouvements enregistrés dans l'ensemble de ces journaux auxiliaires,
ventilés selon les comptes généraux ou les rubriques de synthèse prévus au plan
comptable de l'entreprise que ces mouvements ont concernés soit, lorsque la
technique comptable adoptée par l'entreprise comporte l'inscription simultanée
des données dans les journaux auxiliaires et dans les comptes concernés, le total
des mouvements enregistrés dans chacun de ces journaux auxiliaires.
Les comptes ouverts sont définis dans un plan comptable approprié à l'activité
de l'entreprise. Ce plan comptable est tenu en permanence tant au siège de
l'entreprise qu'aux sièges des services comptables importants de l'entreprise, à la
disposition de ceux qui sont concernés par lui.
Le Roi détermine la teneur et la présentation d'un plan comptable minimum
normalisé. Il définit le contenu et le mode de fonctionnement des comptes repris
au plan normalisé.
Art. III.85. Les commerçants, personnes physiques ou sociétés en nom collectif
ou en commandite simple dont le chiffre d'affaires du dernier exercice, à
l'exclusion de la taxe sur la valeur ajoutée, n'excède pas un montant fixé par le
Roi, ont la faculté de ne pas tenir leur comptabilité selon les prescriptions des
articles III.83 et III.84, à condition qu'ils tiennent sans retard, de manière fidèle
et complète et par ordre de dates, au moins trois journaux, réglés de manière à
suivre en détail :
1° dans le premier, les mouvements des disponibilités en espèces ou en
compte, avec émargement de l'objet des opérations et mention spéciale des
prélèvements de fonds autres que pour les besoins de leur commerce, ainsi que
les soldes journaliers en espèce ;
2° dans le deuxième, les achats et les importations effectués et les prestations
reçues, émargés du montant, du mode et de la date des paiements qui s'y
rapportent ;
3° dans le troisième, les ventes, les exportations et les prestations fournies,
émargées du montant, du mode et de la date des encaissements qui s'y
rapportent ainsi que les prélèvements en nature autres que pour les besoins de
leur commerce.
Les prélèvements autres que pour les besoins du commerce, visés à l'alinéa 1er,
21
Le secteur horeca correspond en Belgique au secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des
cafés.

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2
0  
1° et 3°, peuvent faire l'objet de mentions journalières globales.
Le montant, le mode et la date des paiements et des encaissements ne doivent
pas être inscrits dans les journaux visés à l'alinéa 1er, 2° et 3°, s'ils sont soit
inscrits sur les factures reçues de fournisseurs ou sur le double des factures
adressées aux clients, soit portés sur des relevés complets tenus en forme de
comptes de fournisseurs ou de comptes de clients.
Art. III.86. Toute écriture s'appuie sur une pièce justificative datée et porte un
indice de référence à celle-ci.
Les ventes et prestations au détail pour lesquelles l'établissement d'une facture
n'est pas requis peuvent faire l'objet d'inscriptions journalières globales.
Le Roi détermine les conditions auxquelles doivent répondre les pièces
justificatives des inscriptions journalières globales visées à l'alinéa 2.
Les pièces justificatives doivent être conservées, en original ou en copie, durant
sept ans et être classées méthodiquement. Ce délai est réduit à trois ans pour les
pièces qui ne sont pas appelées à faire preuve à l'égard de tiers.
Art. III.87. § 1er. Les journaux et livres comptables sont cotés ; ils forment,
chacun dans sa fonction, une série continue ; ils sont identifiés par la
spécification de cette fonction, par leur place dans cette série et par le nom, la
raison sociale ou la dénomination particulière de l'entreprise.
§ 2. Les livres et journaux sont tenus de manière à garantir leur continuité
matérielle ainsi que la régularité et l'irréversibilité des écritures.
Le Roi fixe les règles selon lesquelles ces livres et journaux sont tenus et
conservés. Il peut remplacer ou permettre de remplacer, aux conditions qu'il
détermine, le dispositif prévu à l'article III.84, alinéas 3 et 4, par d'autres
garantissant la continuité matérielle des journaux et livres ainsi que la régularité
et l'irréversibilité des écritures.
Art. III.88. Les livres sont tenus par ordre de dates, sans blancs ni lacunes. En
cas de rectification, l'écriture primitive doit rester lisible.
Les entreprises sont tenues de conserver leurs livres pendant sept ans à partir
du premier janvier de l'année qui suit leur clôture.
Art. III.89. § 1er. Toute entreprise procède, une fois l'an au moins, avec bonne
foi et prudence, aux opérations de relevé, de vérification, d'examen et
d'évaluation nécessaires pour établir à la date choisie un inventaire complet de
ses avoirs et droits de toute nature, de ses dettes, obligations et engagements de
toute nature relatifs à son activité et des moyens propres qui y sont affectés. Les
pièces de l'inventaire sont transcrites dans un livre. Les pièces dont le volume
rend la transcription difficile sont résumées dans le livre auquel elles sont
annexées.
§ 2. L'inventaire est ordonné de la même manière que le plan comptable de
l'entreprise.
Le Roi peut prescrire des critères d'évaluation d'inventaire.
Ce paragraphe n'est pas applicable aux entreprises visées à l'article III.85.
Art. III.90. § 1er. Les comptes sont, après mise en concordance avec les
données de l'inventaire, synthétisés dans un état descriptif constituant les

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2
comptes annuels. 1  
§ 2. Les entreprises qui ne sont pas soumises au Code des sociétés et à ses
arrêtés d'exécution sont néanmoins tenues de s'y conformer en ce qui concerne
la forme, le contenu, le contrôle et le dépôt des comptes annuels et du rapport de
gestion.
Le contenu et l'étendue de leurs obligations sont déterminés sur la base des
critères relatifs au personnel occupé, au chiffre d'affaires annuel et au total du
bilan prévus pour les entreprises soumises au Code des sociétés.
Les comptes annuels des services publics visés à l'article I.5, 1°, c, sont déposés
dans les sept mois de la date de clôture de l'exercice, même si la procédure de
contrôle et d'approbation à laquelle les comptes annuels sont le cas échéant
soumis, n'est pas encore terminée. Dans ce cas, il est explicitement signalé que
la procédure en cause n'est pas encore terminée.
Ce paragraphe ne s'applique pas :
1. aux commerçants et personnes physiques visés à l'article III.85 ;
2. aux entreprises visées à l'article I.5, 1°, d), auxquelles le présent chapitre 2
n'est pas déclaré applicable ;
3. aux entreprises visées à l'article III.95, § 1er ;
4. aux entreprises d'assurances et de réassurances ;
5. aux succursales et sièges d'opération établis en Belgique par des entreprises
étrangères non soumises au Code des sociétés, lorsque ces succursales et
sièges d'opération n'ont pas de produits propres liés à la vente de biens ou à
la prestation de services à des tiers ou à des biens livrés ou à des services
prestés à l'entreprise étrangère dont ils relèvent, et dont les charges de
fonctionnement sont supportées entièrement par cette dernière ;
6. aux commerçants et personnes physiques, en ce qui concerne le dépôt des
comptes annuels et du rapport de gestion.
Art. III.91. § 1er. Les organismes publics de droit belge qui exercent une
mission statutaire à caractère commercial, financier ou industriel, à l'exception
des entreprises visées à l'article III.95, § 1er, sont tenus de se conformer au
Code des sociétés et à ses arrêtés d'exécution en ce qui concerne la forme, le
contenu, le contrôle et le dépôt des comptes annuels consolidés et du rapport de
gestion consolidé.
Le contenu et l'étendue de leurs obligations sont déterminés sur la base des
critères relatifs au personnel occupé, au chiffre d'affaires annuel et au total du
bilan prévus pour les entreprises soumises au Code des sociétés.
Le Roi peut étendre le champ d'application de l'alinéa 2 à d'autres entreprises
que celles visées à l'article I.5, 1°.
§ 2. Le Roi peut adapter et compléter les règles qu'Il a arrêtées en vertu des
articles III.84, alinéa 6, et III.89, § 2, III.90 et III.91, § 1er, ou prévoir
l'exemption de tout ou partie de ces règles selon la taille des entreprises, les
branches d'activités ou les secteurs économiques.
Art. III.92. Les arrêtés royaux pris en exécution du présent chapitre sont
délibérés en Conseil des ministres.

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2
2  
Les arrêtés pris en exécution de l'article III.84, alinéa 6, de l'article III.89, § 2 et
des articles III.90 et III.91 sont pris sur avis du Conseil Central de l'Économie.
Les arrêtés pris en exécution de l'article I.5, 1° ; et les arrêtés qui les modifient
sont pris sur avis des organisations représentatives des entreprises concernées.
Art. III.93. Le Roi crée une Commission des Normes Comptables ; celle-ci a
pour mission :
1° de donner tout avis au Gouvernement et au Parlement à la demande de
ceux-ci ou d'initiative ;
2° de développer la doctrine comptable et de formuler les principes d'une
comptabilité régulière, par la voie d'avis ou de recommandations.
Les frais de fonctionnement de la Commission des normes comptables sont
supportés par les entreprises visées à l'article I.5, 1°, tenues de publier leur
compte annuel ou leur compte consolidé par dépôt à la Banque Nationale de
Belgique. Le Roi fixe le montant de cette contribution qui ne peut être supérieur
à 3,72 euros indexé selon les mêmes règles que celles fixées pour l'indexation
des traitements et salaires de la fonction publique. Celle-ci est perçue par la
Banque Nationale de Belgique en même temps que les frais de publicité des
comptes annuels ou consolidés et versée par elle à la Commission.
Art. III.94. Le ministre ou son délégué peut autoriser, dans des cas spéciaux et
moyennant l'avis motivé de la Commission des Normes Comptables visée à
l'article III.93, des dérogations aux règles arrêtées en vertu des articles III.84,
alinéa 6, III.89, § 2, III.90 et III.91. Ce pouvoir est exercé dans les mêmes
formes par le ministre qui a les Classes moyennes dans ses attributions ou son
délégué en ce qui concerne les sociétés et autres entreprises qui peuvent être
déclarées petites au sens où ce terme est entendu dans le Code des sociétés. La
Commission des Normes Comptables est informée de la décision du ministre ou
de son délégué.
Art. III.95. § 1er. L'article III.85, les articles III.90 à III.94, ainsi que les arrêtés
pris en exécution de l'article III.84, alinéa 6, et de l'article III.89, § 2, ne sont pas
applicables à la Banque Nationale de Belgique, à la Caisse des Dépôts et
Consignations, aux établissements de crédit assujettis à la loi du 22 mars 1993
relative au statut et au contrôle des établissements de crédit, ainsi qu'aux
entreprises d'investissement soumises à la loi du 6 avril 1995 relative aux
marchés secondaires, au statut des entreprises d'investissement et à leur
contrôle, aux intermédiaires et conseillers en placements.
§ 2. L'article III.85 et l'article III.90, § 2, alinéa 2, ne sont pas applicables aux
entreprises d'assurance, de prêt hypothécaire et de capitalisation.
Les articles III.84, alinéa 6, III.89, § 2, III.90, § 2, alinéa 1er, III.91, § 2 et
III.94, ne sont pas applicables aux entreprises d'assurances agréées par le Roi en
application de la législation relative au contrôle des entreprises d'assurances.

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2
Dossier d’entreprise 3  

La Centrale des Bilans de la Banque Nationale de Belgique a créé un dossier


d'entreprise dont l'objet est de fournir à une firme d'une manière succincte des
informations économiques et financières sur plusieurs exercices. Ce type
d'information fournit à l'entreprise concernée une vue plus claire sur sa situation
financière, en établissant notamment une comparaison entre ses chiffres et ceux
des entreprises de la même branche d'activité. Ce service est uniquement destiné
aux entreprises qui déposent des comptes standardisés selon le schéma simplifié
ou complet. Le dossier d'entreprise peut être obtenu au siège de la Banque
Nationale de Belgique où l'entreprise dépose son compte annuel.

Comptabilité des ASBL


Sources :
http://justice.belgium.be/fr/binaries/LE%20NOUVEAU%20REGIME%20COMPTABLE%20DE
S%20PETITES%20ASSOCIATIONS_tcm421-142542.pdf
http://www.associatiffinancier.be/COMPTA/La%20nouvelle%20compta%20des%20petites%20a
sbl.pdf

En matière comptable, il faut distinguer trois types d’ASBL :


• Les petites associations ;
• Les grandes associations ;
• Les très grandes associations.

Les petites associations

La petite association est celle qui, à la date de clôture de l’exercice social,


n’atteint aucun ou qu'un seul des trois critères suivants :

▪ Cinq travailleurs, en moyenne annuelle, exprimés en équivalents temps


plein. Les travailleurs bénévoles, les travailleurs intérimaires et le personnel
mis à disposition de l’association n’entrent pas en ligne de compte dans le
présent calcul.
▪ 250.000 EUR pour le total des recettes autres qu’exceptionnelles, à
l'exclusion de la T.V.A.
▪ 1.000.000 EUR pour le total du bilan.

La durée normale de l'exercice est de douze mois. Le début est choisi


librement et ne doit pas coïncider avec l'année calendrier. Beaucoup
d'associations choisissent néanmoins de faire correspondre l'exercice à l'année
calendrier en raison de l'obligation de suivre celle-ci en matière d'impôts des
personnes morales. Si l'exercice ne correspond pas à douze mois, on effectuera
alors un calcul au pro rata pour le critère des recettes (250.000 EUR).

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1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2
4   Le terme « recettes » est le total des recettes enregistré à l’état des recettes et
dépenses déduction faite des recettes exceptionnelles. Il s'agit donc de toutes les
recettes découlant des activités normales de l'association. Quelques exemples :
versements des membres, versements effectués par les occupants d'un foyer de
jeunes, recettes d'une représentation théâtrale, intérêts perçus des placements en
banque... Les recettes provenant de la vente de mobilier à l'occasion d'une
rénovation ou les recettes perçues lors de l'obtention d'un prêt, legs ne sont pas
donc visées.
Pour le montant du total du bilan, on s'appuie sur l'état du patrimoine qui
doit être dressé annuellement lors de l'inventaire, c'est-à-dire le total de la
colonne « avoirs ». Ces avoirs peuvent être valorisés soit à leur valeur actuelle,
soit à leur valeur historique. Il relève d'ailleurs de la responsabilité des
administrateurs de fixer clairement les règles d'évaluation donnant lieu à
l'établissement de l'état du patrimoine. Ces règles d'évaluation ne peuvent pas
être établies dans le but d'éviter d'atteindre le montant limite de 1.000.000 EUR.
Lors de la création d'une association, le Conseil d'administration fera une
évaluation prudente des recettes espérées, du bilan total et des travailleurs. Ces
données se retrouvent normalement dans le budget. Sur base de cette évaluation,
il détermine si l’association correspond ou pas aux critères des petites
associations.
La « petite » association peut opter volontairement pour le système de
comptabilité de la « grande » association et tenir une comptabilité complète. Si
le Conseil d'administration choisit ce système, il doit le suivre au moins durant
trois ans et en faire également mention dans l’annexe.

Les grandes associations

La grande association est celle qui atteint au moins deux des trois des
critères énumérés ci-dessous :

• Cinq travailleurs, en moyenne annuelle, exprimés en équivalents temps


plein. Les bénévoles, le personnel intérimaire et le personnel mis à la
disposition de l'association n'entrent pas en ligne de compte pour
l'établissement de ce critère.
• 250.000 EUR de recettes autres qu’exceptionnelles, à l'exclusion de la
T.V.A.
• 1.000.000 EUR de total du bilan.

Ces « grandes » associations doivent tenir une comptabilité complète et


déposer leurs comptes annuels à la Banque Nationale de Belgique selon le
schéma abrégé pour associations. Le système de la comptabilité complète est
défini dans une brochure consacrée aux obligations des grandes et très grandes
associations. Cette brochure est disponible sur le site du Ministère de la Justice
(www.just.fgov.be).

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
2
5  
Les très grandes associations

La très grande association est celle qui soit dépasse cent travailleurs, en
moyenne annuelle, exprimés en équivalents temps plein, soit atteint au moins
deux des trois critères suivants :

• plus   de   cinquante   travailleurs,   en   moyenne   annuelle,   exprimés   en  


équivalents  temps  plein  ;  
• plus   de   6.250.000  EUR   pour   le   total   des   recettes   autres  
qu’exceptionnelles,  à  l'exclusion  de  la  T.V.A.  ;  
• plus  de  3.125.000  EUR  pour  le  total  du  bilan.  

Du point de vue de la comptabilité, ces « très grandes » associations doivent


tenir une comptabilité complète et déposer leurs comptes annuels à la Banque
Nationale de Belgique selon le « schéma complet pour associations ». Elles
doivent, en outre, nommer obligatoirement un commissaire. Celui-ci est désigné
parmi les membres de l'Institut des Réviseurs d'Entreprises et est responsable du
contrôle de la situation financière, des comptes annuels et de la conformité à la
loi et aux statuts ainsi que des opérations effectuées en vertu des comptes
annuels.

En marge des dispositions précédentes concernant la comptabilité, nous


voulons insister sur le fait que, quelle que soit la taille de l’association, elle peut
être soumise à l'établissement et à la tenue d’autres documents comptables. Par
exemple : pour rencontrer les exigences de la législation sur la T.V.A., elle sera
dans l’obligation de tenir des journaux supplémentaires autres que ceux prévus
dans la comptabilité (par exemple, le journal des achats et des ventes).

Par la loi du 2 mai 2002, les associations doivent établir les comptes annuels
de l’exercice social écoulé ainsi qu'un budget pour l’exercice suivant.
Chaque année et au plus tard six mois après la date de clôture de l’exercice
social, les comptes annuels et le budget sont présentés pour approbation à
l’assemblée générale (ASBL) ou à l’organe général de direction (AISBL).

Comptes annuels des petites associations

Les comptes annuels des « petites » associations sont constitués des


documents suivants :

• un état des dépenses et des recettes,


• une annexe reprenant :

o d’une part, des informations obligatoires définies dans l’arrêté royal du

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1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2
6   26 juin 2003 ;
o d’autre part, un état du patrimoine selon un schéma minimum fixé par
l’arrêté royal du 26 juin 2003.

Ces documents forment un tout et constituent les comptes annuels de


l’association. Les comptes annuels sont formulés en EUR, sans décimales et
doivent être établis avec prudence, sincérité, bonne foi et clarté.
La législation relative à la comptabilité n'a pas prévu de schéma obligatoire
pour le budget des associations. Mais pour pouvoir établir un comparatif clair,
cohérent et compréhensible entre les comptes annuels et le budget, il est
souhaitable que le schéma du budget soit calqué sur celui des comptes annuels.
Les membres peuvent consulter, au siège de l’association, le registre des
membres, les procès-verbaux et les décisions de l’assemblée générale et du
conseil d’administration ainsi que tous les documents comptables de
l’association. À cette fin, ils adressent une demande écrite au Conseil
d’administration avec lequel ils conviendront d’une date et heure de
consultation des documents et pièces. Ceux-ci ne pourront être déplacés.
Les comptes annuels de la « petite » association doivent être repris dans le
dossier tenu au greffe du tribunal de commerce (ASBL) ou au Ministère de la
Justice (AISBL). Il n’existe pas d’obligation de dépôt des comptes annuels des
« petites » associations auprès de la Banque Nationale de Belgique. La
consultation des comptes annuels doit s'effectuer auprès du greffe du tribunal de
commerce (ASBL) ou au Ministère de la Justice (AISBL).
Les « petites » associations doivent tenir une comptabilité simplifiée qui
porte au minimum sur les mouvements des disponibilités en espèces et sur les
comptes à vue. Cela signifie la tenue d’une comptabilité de caisse. Celle-ci
comprend toutes les opérations suivantes :

• les  dépenses  et  recettes  en  espèces  ;    


• les   mouvements   effectués   sur   les   comptes   à   vue   comparables   à   des  
mouvements  de  caisse  ;    
• à   l’exclusion   des   comptes   à   terme   que   nous   retrouverons   dans  
l’inventaire  en  fin  d’exercice.    

Les mouvements de caisse et ceux effectués sur les comptes à vue sont
inscrits sans retard, de manière fidèle, complète et dans l'ordre chronologique
dans un livre comptable unique. Tous les mouvements autres que ceux visés ci-
dessus ne doivent pas être enregistrés dans ce livre comptable. Actuellement, ce
livre est coté, paginé de manière inaltérable et identifié par la dénomination de
l’association. Avant sa première utilisation et ensuite chaque année, ce livre
comptable unique est signé par la ou les personnes qui représentent l’association
à l’égard des tiers. Le livre original doit être conservé pendant dix ans à partir
er
du 1 janvier qui suit l'année de clôture.
Toutes les opérations et les mouvements ainsi visés doivent être enregistrés
sans retard, c'est-à-dire sans délai dès que le paiement est exécuté ou reçu.
Toutes les opérations sont traduites dans le livre unique de manière prudente,

126
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2
7  
sincère et de bonne foi. Ceci signifie que toute écriture doit s’appuyer sur une
pièce justificative datée (interne ou externe), à laquelle elle se réfère. Ainsi, en
cas de don manuel en espèces, il faudra établir une pièce justificative interne.
Les pièces justificatives originales ou leur copie doivent être classées
méthodiquement et conservées durant dix ans. Ce délai est réduit à trois ans
pour les pièces qui ne sont pas destinées à être opposées aux tiers. Il est à
remarquer qu’aucune compensation entre recettes et dépenses n’est permise.
Les diverses opérations et mouvements doivent être inscrits
chronologiquement.
Les opérations doivent être inscrites dans le livre unique sans blanc, ni
omissions. Cette manière de procéder permet de garantir une continuité
matérielle ainsi qu'une régularité et une irréversibilité des écritures comptables.
En cas de rectification, l’écriture primitive doit rester visible. Le collage de
documents informatiques est toujours possible à condition de garantir la
continuité matérielle et la force probante de la comptabilité. À cette fin, les
administrateurs signeront le listing informatique et le livre sur lequel ce listing
est collé.
Ce modèle de livre unique est un modèle minimum. Il peut être développé et
adapté à la nature et à l’étendue des activités de la petite association.
Néanmoins, dans certaines circonstances, par exemple lorsque l’association doit
fournir à une autorité subsidiante des informations relatives à des projets
particuliers ou à des activités spécifiques, il lui sera utile de mettre en place un
système d’enregistrement analytique permettant de dégager les dépenses et les
recettes y afférentes.
L’état comptable doit indiquer systématiquement pour l’exercice clôturé la
nature et le montant des dépenses et des recettes de l’association.
Par recettes, on entend les encaissements en espèces et les encaissements sur
des comptes à vue. Par dépenses, on entend les décaissements en espèces et les
décaissements via des comptes à vue.
Au moins une fois par an, l'association dresse l'inventaire des avoirs, des
créances, des dettes, des droits et des obligations de toute nature. Les relevés,
les vérifications, les examens et les évaluations nécessaires sont effectués avec
prudence, sincérité et bonne foi. À cette fin, l'association établit une liste
complète de tous les avoirs physiques tels que les terrains, les bâtiments, les
installations, les machines, le matériel et les stocks. En outre, elle examine aussi
toutes les créances, les liquidités et les dettes, et fait de même avec les droits et
les engagements. Une fois cette liste établie, elle évalue les avoirs physiques en
tenant compte de l'usure éventuelle. L'association examine également le niveau
de recouvrabilité des créances et les montants qui devront être payés.
Cet inventaire doit être établi au moins une fois par exercice, à une date
choisie librement et qui correspond la plupart du temps à la fin de l'exercice.
C'est à cette date qu'il faut établir l'état du patrimoine sur base de l'inventaire.
Comme le total des avoirs constitue le critère déterminant pour savoir si on
reste ou non une « petite » association, l'établissement de cet inventaire est
nécessaire. L'inventaire doit être rapporté d'une façon concise dans « L'état du
patrimoine » qui constitue une partie de l’annexe.

127
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
2
8  
Schéma minimum normalisé de l’état du patrimoine

Ce schéma contient deux parties :


• Avoirs et dettes
• Droits et engagements

L’état du patrimoine résulte directement de l’inventaire, et non de la


comptabilité. Il doit indiquer, à la date de clôture de l’exercice, la nature et le
montant de l’ensemble des avoirs et des dettes de l’association.

Avoirs Dettes
Immeubles (terrains…) Dettes financières
• Appartenant   à   l’association   en  
pleine  propriété  
• autres  
Machines Dettes à l’égard des fournisseurs
• Appartenant   à   l’association   en  
pleine  propriété  
• autres  
Mobilier et matériel roulant Dettes à l’égard des membres
• Appartenant   à   l’association   en  
pleine  propriété  
• autres  
Stocks Dettes fiscales, salariales et sociales
Créances
Placement de trésorerie
Liquidités
Autres actifs Autres dettes
Droits Engagements
Hypothèques et promesses
Promesses de subsides d’hypothèques
Promesses de dons Garanties données
Autres droits Autres engagements
Annexes
Résumé des règles d’évaluation
Modification des règles d’évaluation
Informations complémentaires
Droits et engagements qui ne sont pas susceptibles d’être quantifiés

LISTE DES SITES INTERNET UTILES


Banque Nationale de Belgique : http://www.bnb.be/
Centrale des bilans : http://www.centraledesbilans.be
Commission des Normes Comptables : http://www.cnc-cbn.be
Fisconet : http://fisconet.fgov.be

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2
Fondation Roi Baudouin : http://www.kbs-frb.be 9  
Institut des Experts comptables et des Conseils fiscaux : http://www.iec-iab.be
Institut des Réviseurs d’Entreprises : http://www.ibr-ire.be
Institut Professionnel des Comptables et Fiscalistes agréés : http://www.ipcf.be/
Ministère de la Justice : http://www.just.fgov.be/
Moniteur belge : http://www.ejustice.just.fgov.be

Le bilan

Définition

Le bilan se présente sous la forme d'un double tableau détaillant, d'une part,
les sources de capitaux d'une entreprise (le PASSIF) et, d'autre part, leur
utilisation (l'ACTIF).

ACTIF PASSIF

Utilisation Sources
de capitaux de capitaux

Au départ, l'organisation ne peut utiliser plus de capitaux qu'elle n'en a à sa


disposition. Les utilisations de capitaux égalent donc les sources. Cet équilibre
entre l'ACTIF et le PASSIF se vérifiera de manière permanente. Il constitue la
formule fondamentale de la comptabilité.
Dans ce cadre, le bénéfice sera considéré comme une source de capitaux et il
apparaîtra au passif du bilan, tandis qu'une perte sera considérée comme une
utilisation de capitaux et apparaîtra à l'actif du bilan.
L'actif (ou utilisation de capitaux) comporte l'ensemble des biens et droits
dont l'organisation est propriétaire. Ses biens sont constitués d'immeubles, de
machines, de marchandises, de liquidités ; ses droits comportent les créances sur
les clients ou les tiers.
Le passif (ou sources de capitaux) se compose des capitaux propres (apport
des propriétaires et résultat bénéficiaire réservé) et des capitaux étrangers
(dettes vis-à-vis des tiers, dont les banques, les fournisseurs et l'État).
La situation nette (la richesse réelle de l'organisation) est donc égale à la
différence entre, d'une part, l'ensemble des biens et droits dont la société est
propriétaire et, d'autre part, les capitaux étrangers dont elle dispose (l'ensemble
de ses dettes).

SITUATION NETTE = ACTIF - DETTES


Les principaux éléments constitutifs du bilan

Les principales rubriques que l'on peut trouver dans un bilan sont les
suivantes :

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1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
3
0  
ACTIF PASSIF

Actifs immobilisés Capitaux propres


20. Frais d'établissement 10. Capital
A. Capital souscrit
B. Capital non appelé
21. Immobilisations incorporelles 11. Primes d'émission
22-27. Immobilisations corporelles 12. Plus-values de réévaluation
A. Terrains et constructions 13. Réserves
B. Installations, machines et outillage A. Réserve légale
C. Mobilier et matériel roulant B. Réserves indisponibles
D. Location-financement et droits similaires C. Réserves immunisées
E. Autres immobilisations corporelles D. Réserves disponibles
F. Immobilisations en cours
et acomptes versés
28. Immobilisations financières 14. Bénéfice reporté
A. Entreprises liées Perte reportée (-)
1. Participations 15. Subsides en capital
2. Créances
B. Autres entreprises avec lesquelles il existe Provisions pour risques et charges
un lien de participation
1. Participations 16. Provisions pour risques et charges
2. Créances A. Pensions et obligations similaires
C. Autres immobilisations financières B. Charges fiscales
1. Actions et parts C. Grosses réparations et gros entretien
2. Créances et cautionnements en numéraire D. Autres risques et charges

Actifs circulants Dettes


29. Créances à plus d'un an 17. Dettes à plus d'un an
A. Créances commerciales A. Dettes financières
B. Autres créances 1. Emprunts
Subordonnées 2. Emprunts obligataires non subordonnés
30-37 Stocks et commandes en cours 3. Dettes de location-financement et
d'exécution assimilées
A. Stocks 4. Établissements de crédit
1. Approvisionnements 5. Autres emprunts
2. En-cours de fabrication B. Dettes commerciales
3. Produits finis 1. Fournisseurs
4. Marchandises 2. Effets à payer
5. Immeubles destinés à la vente C. Acomptes reçus sur commande
B. Commandes en cours d'exécution D. Autres dettes

130
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
3
40-41 Créances à un an au plus 42-48 Dettes à un an au plus 1  
40-41 Créances à un an
A. Créances commerciales A. Dettes à plus d'un an échéant dans l'année
B. Autres créances B. Dettes financières
50-53 Placements de trésorerie 1. Établissements de crédit
A. Actions propres 2. Autres emprunts
B. Autres placements C. Dettes commerciales
1. Fournisseurs
54-57 Valeurs disponibles 2. Effets à payer
D. Acomptes reçus sur commande
E. Dettes fiscales, salariales et sociales
1. Impôts
2. Rémunérations et charges sociales
F. Autres dettes

490-491 Comptes de régularisation 492-493 Comptes de régularisation

Total de l'actif Total du passif

Les chiffres indiqués correspondent à ceux prévus dans le plan comptable


minimum normalisé.
L'arrêté royal du 8/10/1976, modifié par l'arrêté royal du 12/09/1983, relatif
aux comptes annuels des entreprises, prévoit une présentation normalisée du
bilan pour les entreprises qui répondent à l'un des trois critères suivants :

• 50 personnes occupées ;
• chiffres d'affaires de 80 millions ;
• total du bilan de 40 millions.

Le bilan étant un rapport annuel, il n'est pas utile d'y mentionner tous les
mouvements des comptes. Seuls apparaissent les soldes des comptes à la clôture
de l'exercice.
Les postes figurant à l'actif sont classés selon leur degré de liquidité, tandis
que ceux du passif sont classés selon leur degré d'exigibilité.
Au niveau de l'actif, nous avons deux grandes catégories : d'une part, les
actifs immobilisés, d'autre part, les actifs circulants.
Les actifs immobilisés regroupent les frais d'établissement (ce sont les
frais relatifs à la constitution ou au développement de la société), les
immobilisations incorporelles (brevets, licences, frais de recherche et de
développement), les immobilisations corporelles (terrains et constructions,
installations, machines et outillage, mobilier et matériel roulant, location-
financement ou biens acquis en leasing, etc.), les immobilisations financières
(ce sont des placements à long terme sous forme de titres ou créances sur
d'autres entreprises. Les immobilisations financières différent des placements de
trésorerie par l'intention de permanence de l'investissement et sont ventilées
selon l'étroitesse du lien avec l’entreprise dans laquelle la société a investi :
entreprises liées [participation directe ou indirecte égale à la moitié au moins du
capital ou pouvoir d'exercer une influence décisive sur la désignation de la
moitié au moins des dirigeants], entreprises avec lesquelles il existe un lien de

131
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
3
2  
participation directe ou indirecte d'un dixième au moins du capital ou pouvoir
d'exercer une influence sur la société, autres sociétés.)
Les actifs circulants se décomposent en actifs réalisables (stocks,
commandes en cours d'exécution et clients) et en actifs disponibles (encaisse et
placements de trésorerie qui sont davantage liquides). Viennent s'y ajouter
également les comptes de régularisation. Ce sont certains produits et certaines
charges qui se trouvent à cheval sur deux exercices. C'est-à-dire que
l'encaissement ou le paiement se fait pendant l'exercice qui vient de se clôturer,
mais l'opération se rapporte au moins partiellement à l'exercice suivant, ou
inversement le mouvement de fonds se fait pendant l'exercice suivant, mais
l'opération est totalement ou partiellement imputable à l'exercice clôturé.
Le passif se répartit en trois grandes catégories : d'abord, les capitaux
propres, ensuite, les provisions pour risques et charges, enfin, les dettes.
Les capitaux propres comprennent le capital, ventilé en capital souscrit et
capital non appelé (montant que les actionnaires n'ont pas encore versé, mais
qu'ils seront tenus de payer sur appel de la société), primes d'émission
(différence entre les nouvelles et les anciennes actions émises), plus-values de
réévaluation (d'un immeuble, d'un terrain...), réserves, ventilées en réserve
légale (fixée par la loi, elle est limitée à 10 % du capital), réserves indisponibles
(en vertu des statuts de la société), réserves immunisées (immunisées d'impôts
sur le résultat, sous certaines conditions) et réserves disponibles (seules les
réserves disponibles peuvent être distribuées aux actionnaires), la perte ou le
bénéfice reporté (partie du bénéfice qui n'est ni distribuée ni affectée à des
réserves), subsides en capital (aides accordées par les pouvoirs publics).
Les provisions pour risques et charges sont ventilées en pensions et
obligations similaires, charges fiscales, grosses réparations et entretiens, et
autres risques et charges. On constitue une provision pour faire face à une
charge imputable à l'exercice, mais dont le montant et/ou la date de paiement
sont incertains.
Les dettes se répartissent en dettes à long et à court terme.
Les dettes à long terme sont celles à plus d'un an. Elles sont ventilées en
dettes financières, dont les emprunts subordonnés (qui ne viennent pas en
premier rang en cas de cessation de paiement de la société et ne seront donc
remboursés que s'il reste de l'argent après le remboursement des autres
créanciers), les emprunts obligataires non subordonnés, les dettes de location-
financement et assimilées, les établissements de crédit, et les autres emprunts,
dettes commerciales, dont les fournisseurs et les effets à payer), acomptes
reçus sur commande, et autres dettes.
Les dettes à un an au plus sont ventilées en dettes à plus d'un an échéant
dans l'année, dettes financières, dettes commerciales, acomptes reçus sur
commande, dettes fiscales, salariales et sociales (impôts, rémunérations et
charges sociales), autres dettes.
Enfin figurent dans les dettes les comptes de régularisation du passif (voir
la même rubrique à l'actif).

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
3
3  
Le compte de résultats

Définition

Au fur et à mesure de l'activité de l'organisation, les éléments influençant les


résultats sont imputés aux comptes de :

1. charges par nature (6)


2. produits par nature (7)
3. impôts (67)

En fin d'exercice comptable, l'organisation établit son compte de résultats en


un tableau qui détaille :

• les résultats d'exploitation ;


• les résultats financiers ;
• les résultats exceptionnels ;
• les impôts et taxes.

En calculant la différence entre le total des charges et le total des produits, on


détermine le résultat d'exploitation.
Ce résultat se révélera être un profit si le total des produits est supérieur au
total des charges ; dans le cas contraire, il y aura une perte d'exploitation.
Le résultat d'exploitation (profit ou perte) exprime bien le résultat de
l'activité qui constitue l'objet social de l'organisation.
On procède de la même manière pour dégager les autres résultats (résultats
financiers et résultats exceptionnels) qui résultent d'événements qui n'ont rien à
voir avec l'exploitation proprement dite.
Le compte de résultats permet de calculer également le résultat de l'exercice
et d'en décider l'affectation.
Les comptes de résultat permettent aux actionnaires ou coopérateurs de
savoir quel résultat a été atteint et dans une certaine mesure comment il l'a été.
C'est pour cette raison que les mouvements du compte sont regroupés en quatre
catégories et que chacune de celles-ci est en outre ventilée en résultats négatifs
(les charges) et positifs (les produits). Ce qui est donc publié est la somme des
mouvements du compte pendant tout l'exercice, ainsi que l'affectation des
résultats.

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1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
3
4   CHARGES PRODUITS

Résultats d'exploitation

Coût des ventes et des prestations Ventes et prestations


60. Approvisionnements et marchandises 70. Chiffre d'affaires
61. Services et biens divers
71 Variation des stocks et des commandes en
62. Rémunérations, charges sociales et cours d'exécution
pensions 72. Production immobilisée
63. Amortissements, réductions de valeur et
provisions pour risques et charges
64. Autres charges d'exploitation 74. Autres produits d'exploitation

Résultats financiers

65. Charges financières 75. Produits financiers

Résultats exceptionnels

66. Charges exceptionnelles 76. Produits exceptionnels

Impôts sur le résultat

67. Impôts sur le résultat 77. Régularisations d'impôts et reprises de


provisions fiscales

Résultat de l'exercice

Bénéfice de l'exercice Perte de l'exercice

Transfert aux réserves immunisées

68. Transfert aux réserves immunisées 78. Prélèvements sur les réserves immunisées

Résultat de l'exercice à affecter

Bénéfice de l'exercice à affecter Perte de l'exercice à affecter

Affectations et prélèvements

69. Affectations et prélèvements 79. Affectations et prélèvements.

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MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
3
5  

Considérations quant à la lecture des comptes

Comparaison des bilans

De quelques difficultés...

Comme nous l'avons vu, les livres s'avèrent souvent une mine
d'informations. Ils ne sont pas pourtant exhaustifs et diverses raisons rendent
difficile la comparaison de bilans :

1° Les acquisitions, les fusions ou le démantèlement de sociétés rendent très


difficiles les comparaisons d'une année à l'autre. Le gestionnaire ne dispose pas
toujours de l'information nécessaire pour restructurer les comptes en fonction
des changements subis ;
2° La fiscalité est mouvante et fort complexe. Divers incitants fiscaux modifient
d'une année à l'autre les résultats d'une société. Ce facteur modifie quelque peu
les résultats et oblige à comparer des bénéfices avant impôt et non après ;
3° Malgré des mesures d'harmonisation au sein des pays membres de l’Union
européenne, les normes comptables varient d'un pays à l'autre et peuvent aussi
changer au sein d'un même pays. Il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver ;
4° Au sein même d'une société, la politique comptable peut se modifier. Ainsi, les
règles d'amortissement, l'adoption du FIFO ou du LIFO peuvent varier au fil des
années. Quand on veut comparer des bilans d'une année à l'autre, il est utile
d'ajuster ceux-ci pour corriger ces distorsions. C'est souvent plus facile à dire
qu'à faire ;
5° Toute entreprise tend à lisser ses résultats en fonction des pertes ou des
bénéfices réalisés afin de stabiliser les cours et les dividendes. Il peut être
également intéressant de corriger ces distorsions, faut-il encore posséder les
informations nécessaires pour redresser les écritures ;
6° Le souci d'informer le coopérateur ou l'actionnaire et celui de ne pas renseigner
la concurrence sont toujours en conflit. Le gestionnaire peut se trouver devant
des bilans fort discrets, sans notes explicatives, l'obligeant à « mener sa petite
enquête » ;
7° À cause de l'inflation, les montants inscrits dans les livres comptables (appelés
aussi « comptabilité au coût historique ») perdent progressivement de leur
signification. Pour pallier cette perte d'information, il existe des techniques
permettant d'actualiser les montants. Il s'agit de la comptabilité d'inflation et
de la comptabilité à coût de remplacement. Certaines sociétés publient ce
type de comptabilité, mais cela demeure relativement rare ;
8° Il est parfois utile de connaître les mouvements en fonction des tâches et des
divisions au sein de la société. Il s'agit alors de se référer à la comptabilité
analytique de la société, plutôt qu'aux comptes traditionnels. Malheureusement,
la comptabilité analytique n'est pas légalement obligatoire et n'est donc pas
toujours disponible.

135
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
3
6  
De la démarche à suivre...

Pour mieux comprendre le contenu des livres, il est utile de se référer aux
divers éléments comptables présents dans les rapports annuels. Ainsi, afin de
mieux appréhender leurs contenus, il est bon de suivre la démarche suivante :

Lire le rapport du réviseur d'entreprise

Afin de rendre compte aux actionnaires de la bonne tenue des comptes, les
réviseurs d'entreprises vérifient les systèmes de contrôle interne, procèdent
par sondage au contrôle des chiffres et examinent si les sociétés ont respecté les
politiques et règles comptables qu'elles se sont imposées.
Dans son rapport, le réviseur peut approuver un bilan sans restriction ou
émettre des réserves. Il peut également souligner les changements de politique
comptable et indiquer de quel montant le bénéfice en a été modifié.
Avant d'examiner un bilan, il est toujours utile de lire le rapport.

Lire le bilan et le compte de résultats

Partir des comptes consolidés dont les données sont classées et


standardisées. Ensuite, développer des chiffres comparables dans le temps et
entre sociétés en tenant compte des diverses remarques suggérées ci-dessus.
Éventuellement, exprimer les montants comptables sous forme de pourcentages
(en fonction du total ou du chiffre d'affaires). Cette méthode permet de voir tout
de suite les postes qui ont varié proportionnellement plus que d'autres. Il reste
alors à se demander pourquoi. On peut également calculer des ratios pour
évaluer certaines caractéristiques de la société*.

Parcourir les annexes qui accompagnent les comptes

Les comptes sont accompagnés d'annexes dans lesquelles figurent des


explications quant aux méthodes d'évaluation et aux changements
éventuellement survenus en la matière. Il est toujours intéressant de parcourir
ces notes pleines de renseignements utiles.

Lire le tableau de financement

Le tableau de financement indique de quelles sommes d'argent la société a


disposé pendant l'exercice, comment elle s'est financée et l'usage qu'elle a fait
de ses ressources. Il met en regard les ressources et leur emploi. Rappelons que
les ressources de la société sont :

* cf. la partie suivante consacrée à l'analyse financière.

136
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
3
7  
1° Son cash flow (soit, ses bénéfices augmentés des amortissements et de toute
charge qui ne correspond pas à une sortie d'argent) ;
2° Les augmentations de capital ;
3° Ses dettes à long terme.

Les trois emplois sont quant à eux :

1° L’augmentation du besoin de fonds de roulement (soit par l'augmentation des


actifs réalisables ou par la diminution des dettes à court terme, soit par
l'augmentation de la trésorerie) ;
2° Les investissements (pour moderniser ou remplacer du matériel usé ou pour
augmenter le matériel) ;
3° La distribution de dividendes aux actionnaires.

Il existe différentes présentations du tableau de financement. En voici un


exemple simplifié :

Bénéfice de l'exercice
+ Amortissements, réduction de valeur, etc.
_______________________________________________
= Cash-flow
- Augmentation du besoin de fonds de roulement
_______________________________________________
= Montant affectable à des emplois de structure
+ Financement de structure, dont l'augmentation
de capital et l'augmentation des dettes à long
terme
- Investissements
- Bénéfice distribué
_______________________________________________
= Augmentation de l'encaisse et des placements
de trésorerie

La publication d'un tel tableau est obligatoire aux USA ("statement of fund flow" ou "statement
of changes in financial position") et se retrouve facilement dans la présentation du bilan en
Grande-Bretagne. Malheureusement, en Belgique, le législateur n'a pas jugé utile de l'imposer et
peu de sociétés le produisent.

Lire le reste du rapport, notamment la revue des activités

Certaines informations intéressantes figurent parfois dans l'allocution du


président, la revue des activités ou au sein du rapport social.
Lire les analyses financières et consulter les articles de presse pour
actualiser les données et connaître les derniers développements
Il est utile aussi de consulter des spécialistes ou experts en la matière et
d'avoir ses entrées au sein du groupe étudié.

137
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
3
8  

Éléments d’analyse financière

Flux et décisions financières au sein des


organisations

Il existe au sein d'une organisation quatre types de décisions financières :

• se financer de la manière la plus adéquate possible ;


• investir, c’est-à-dire établir une analyse de l'affectation des moyens
disponibles ;
• exploiter les ressources disponibles en vue d'en dégager la rentabilité
maximale ;
• distribuer, c’est-à-dire affecter les résultats de l'organisation.

Pour chacune de ces décisions, il existe une série de problèmes de choix :

• Se financer : choix entre le financement par fonds propres,


l'autofinancement, les capitaux extérieurs, l'augmentation de capital, le
financement par dettes à long ou à court terme (crédit, emprunt...). Il faut
peser les avantages et les inconvénients de ces différentes formes de
financement, savoir également dans quelles proportions elles doivent être
utilisées, etc.
• Investir : choix entre les différents investissements possibles. Comment
investir de manière rentable, en s'assurant que les revenus générés couvrent
leurs coûts ?
• Exploiter : s'assurer que les investissements choisis procurent la rentabilité
maximale, gérer de manière efficiente les créances, les dettes et les valeurs
disponibles.
• Distribuer : déterminer le montant des dividendes versés aux actionnaires et
la part mise en réserve.

D'autres problèmes sont liés au temps et à l'incertitude. Ils découlent du


décalage dans le temps entre les recettes et les dépenses, d'une part, et du risque
résultant de toute décision, d'autre part.
Si l'objectif de l’organisation est la maximalisation du profit. Dans ce cas, il
y a profit lorsque les recettes sont supérieures aux dépenses. Cet objectif
engendre également les questions suivantes :

138
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3
9  
• Comment mesurer les recettes et les dépenses ?
• Quelle est la valeur d'un projet d'investissement ?
• Des dividendes élevés contribuent-ils à augmenter la valeur des actions ?

Pour permettre la rencontre entre les diverses offres et demandes dans le


domaine financier, il existe un marché des capitaux qui est constitué de
l'ensemble des institutions et des mécanismes dont l'objet est d'acheter ou de
vendre des actifs financiers. Un actif financier est un engagement d'une unité
économique vis-à-vis d'une autre entité économique. Il existe deux grandes
catégories d'actifs : les titres représentatifs d'une dette (dont les obligations) et
les titres de propriété (dont les actions).
Le marché primaire est celui utilisé par les entreprises et les États pour
l'émission d'actifs financiers nouveaux.
Le marché secondaire (dont la bourse) s'occupe des actifs financiers
existants.
Les intermédiaires financiers jouent un double rôle :

• ils facilitent le placement des titres émis en les distribuant ;


• ils modifient les caractéristiques des titres en émettant des titres d'une espèce
et en investissant dans des titres d'autres espèces.

Comme toute décision financière doit tenir compte du temps et de


l'incertitude, il existe deux concepts fort importants : la capitalisation et
l'actualisation.
Sachant que la valeur des devises monétaires varie au fil du temps à cause,
entre autres, de l'inflation des prix, il est possible d'estimer la valeur d'un franc
de demain par rapport à un franc d'aujourd'hui. Il suffit, si le taux d'intérêt est
connu, de multiplier le franc de demain par le facteur de capitalisation 1 + i.
Supposons que le taux d'intérêt i soit égal à 10 %, un euro d'aujourd'hui
équivaut à un euro de l'année prochaine multiplié par (1 + 0,1), soit 1,1 euro
futur. Le raisonnement inverse est également plausible. Pour connaître la valeur
d'un euro de demain, il suffit de multiplier un euro d'aujourd'hui par le facteur
d'actualisation, soit 1/1+i.
La valeur actuelle nette (VAN) d'un investissement est la différence entre le
coût de cet investissement et la valeur actuelle des revenus futurs qui en
résultent. Si X est égal à ce que rapporte l'investissement I au temps t=1 et si le
taux d'intérêt est égal à i, alors :

VAN = X/1+i - I

Si l'investissement s'étale sur plusieurs années, chaque rendement est


multiplié par le facteur d'actualisation élevé à une puissance égale au nombre
d'années, soit :

VAN = X / (1+i)n - I
n étant égal au nombre d'années relatives au rendement X et i étant le taux d'intérêt moyen

si VAN > 0, l'investissement peut être réalisé.

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1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4
0   Ce raisonnement peut être appliqué pour décider si une société vaut la peine
d'être créée ou non. La valeur d'une société (V) est égale à la somme du cours
de ses actions (A) augmenté de l'ensemble de ses dettes (D), soit :

V=A+D

Le montant global des actions est égal à ce que rapporte l'investissement (I)
en temps t=1, divisé par le facteur d'actualisation, le tout diminué du montant
global des dettes, soit :

À = X/1+i - D

L'investissement initial est égal aux fonds propres (FP) augmentés du


montant des dettes (D), soit :

I = FP + D

La société vaut la peine d'être créée si A>FP, c’est-à-dire si :

(X/1+i) - D > I - D, soit (X/1-i) - I > 0, ou encore VAN > 0.

Pour choisir entre plusieurs investissements possibles, il suffit d'appliquer le


même raisonnement pour chacun de ceux-ci et de comparer les valeurs actuelles
nettes des divers capitaux humains afin de voir celui qui possède la plus haute
valeur actuelle.

Analyse financière externe : les ratios

Le traitement des données comptables dépend, avant tout, des questions


auxquelles le gestionnaire souhaite répondre. La méthode des ratios consiste à
comparer dans le temps et dans l'espace un certain nombre de rapports
caractéristiques de la situation, du potentiel, de l'activité ou du rendement,
d'après les données des comptes annuels. Elle aborde trois types de questions :

1° La société est-elle rentable ?


2° La société dégage-t-elle suffisamment de liquidités ?
3° La société est-elle solvable ?

Les ratios sont des rapports entre deux grandeurs, dont on attribue une
signification particulière à certaines valeurs. Les ratios financiers mettent en
évidence les caractéristiques économiques et financières de la société.
Il convient de comparer les ratios de la société à ceux de son secteur et
d'en étudier l'évolution au cours du temps. Les principaux ratios concernent
la rentabilité, la liquidité et la structure financière de la société. Ils sont calculés
sur base des données comptables. Cela ne signifie nullement que ces données
donnent toute l'information souhaitée.

140
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
4
Analyse de la rentabilité 1  

La rentabilité est l'aptitude à donner un bénéfice suffisant. Elle est la


première condition de santé financière de la société.
Une mesure de rentabilité consiste à établir le rapport entre un résultat et une
base de référence. Deux types de base de référence sont utilisés : le produit de
l'exercice et les capitaux investis.

La rentabilité commerciale

La rentabilité commerciale indique ce que gagne la société par franc de


chiffre d'affaires. Elle donne une comparaison entre le produit de la société et
ses coûts.
Deux mesures peuvent en être données :
• la marge brute sur vente qui est égale au rapport du résultat
d'exploitation avant amortissements et provisions (ou excédent brut
d'exploitation - EBE) et du chiffre d'affaires (CA).
Rcom = EBE/CA
• la marge nette sur ventes qui exprime le rapport du résultat
d'exploitation (après amortissements et provisions) et du chiffre
d'affaires.
Rcom = Résultat net/CA

Le premier ratio, basé sur un résultat avant déduction des charges financières
et impôts, n'est pas affecté par la politique de financement de la société ce qui le
rend plus comparable avec les ratios d'autres sociétés du même secteur. Le
second ratio tient compte des charges non décaissées.

La rentabilité économique

La rentabilité économique (« return on investment » - ROI) détermine ce


que gagne la société par ses activités courantes compte tenu des capitaux
investis, mais sans tenir compte de la structure financière.
Elle est donnée par le ratio :

Réco = ROI = Excédent brut total/Actif

L'Excédent brut total (EBT) étant calculé avant amortissement, provisions


et réductions de valeur, la rentabilité économique se base sur le cash flow
potentiel de l'entreprise.
Pour une société dont les produits financiers et exceptionnels sont nuls
(c'est-à-dire telle que EBE = EBT) :

Réco = (EBE/CA) X (CA/Actif)

141
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4
2   Le premier rapport correspond à la rentabilité commerciale, le second à la
rotation des actifs, c'est-à-dire au chiffre d'affaires réalisé par franc investi dans
la société. On a donc :

Réco = Rcom X Rotation des actifs

Une même rentabilité économique peut être obtenue soit par une rentabilité
commerciale faible couplée à une rotation élevée des actifs (par exemple la
grande distribution), soit par une rentabilité commerciale plus élevée et une
rotation faible des actifs (le commerce de luxe, entre autres). Dans la pratique,
cela se traduit par deux politiques commerciales opposées :

1° Une politique de prix bas avec une faible marge, mais un chiffre d'affaires
très important (ex. : :) Candy) ;
2° Une politique de qualité à forte marge accompagnée d'une faible rotation des
investissements (ex. : Miele).

La rentabilité financière

La rentabilité financière ("return on equity" - ROE) est la rentabilité


réalisée par les actionnaires de la société. Elle est donnée par le ratio :

Rfin = ROE = Bénéfice/Fonds propres

Le bénéfice est affecté par les amortissements, provisions et réductions de


valeurs. Il est dès lors préférable d'utiliser le ratio :

Rfin = Marge brute d'autofinancement/Fonds propres


La relation entre la rentabilité économique et la rentabilité financière dépend
de l'endettement de la société. Prenons une représentation schématique du bilan,
soit :

Actif = Fonds propres + dettes

Et supposons qu'il n'y a pas d'amortissements, de provisions ou de réductions de


valeurs. La marge brute d'amortissement sera dès lors égale au bénéfice. Le
résultat total (Restot) sera égal à la somme des résultats d'exploitation, des
produits financiers et du résultat exceptionnel. Le bénéfice sera donc donné par
la relation :

BENE = Restot - iD - (Restot - iD)xT


= Restot x (1-T) + i(1-T)D

BENE = bénéfice ; Restot = Résultat total; i = taux d'intérêt moyen de la dette; D = total des
dettes donnant lieu au paiement d'intérêts; T = taux d'imposition des bénéfices; FP = fonds
propres

La rentabilité financière peut donc s'écrire :

142
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4
Rfin = BENE/FP 3  
= (BENE/Actif) x (Actif/FP)
= (Restot x [1-T]/Actif) x (1+D/FP) - i x (1-T) x D/FP
= Réco x (1-T) x (1+D/FP) + i x(1-T) x D/FP

Posons R*éco = rentabilité économique après impôts


= Réco x (1-T)

On obtient ainsi, en regroupant les termes :

Rfin = R*éco + (R*éco - i[1-T]) x D/FP

Cette relation reflète l'effet de levier comptable que joue le coefficient


d'endettement de la société dans la détermination de la rentabilité financière. Si
la rentabilité économique est supérieure au coût de la dette, la différence (R*éco
- i[1-T]) est positive et la rentabilité des fonds propres de la société endettée est
supérieure à celle d'une même société non endettée ; le gain réalisé sera d'autant
plus important que le coefficient d'endettement est élevé. Si, par contre, la
rentabilité économique est inférieure au taux d'intérêt, la situation inverse se
produira. La différence (R*éco - i[1-T]) sera négative et les actionnaires de la
société endettée réaliseront une rentabilité moindre qu'en l'absence de dettes.

Analyse de la liquidité

La liquidité de la société est définie comme la capacité de faire face à ses


engagements à court terme. Elle est mesurée par le ratio de liquidité général
(« current ratio ») qui compare l'ensemble des actifs circulants (stocks +
réalisable + disponible) à l'ensemble des dettes à court terme (dettes à court
terme d'exploitation + dettes à court terme bancaires) :

Ratio de liquidité général = Actifs circulants/Dettes à court terme

Les stocks étant un actif circulant peu liquide, un second ratio de liquidité,
l'acid test, est également utilisé. Il compare le réalisable et le disponible aux
dettes à court terme.

Acid test = (Réalisable + Disponible)/Dettes à court terme

La société sera considérée dans une situation satisfaisante si les deux ratios
ont une valeur supérieure à l'unité. Concrètement, cela signifie que les actifs à
court terme sont supérieurs aux dettes à court terme.
Un ratio de liquidité supérieur à l'unité est synonyme d'un fonds de
roulement positif. La liquidité de la société doit donc s'appréhender par un
examen de la différence entre le fonds de roulement net et le besoin de
financement à court terme.
Le besoin de financement à court terme dépend du délai d'écoulement des
stocks, de la marge commerciale, du délai moyen de recouvrement des créances
commerciales, et du délai moyen de paiement des dettes commerciales.

143
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
4
4   Dès lors, l'évolution du besoin de financement à court terme peut être
mesurée par les divers ratios de rotation, soit :

Le délai d'écoulement du stock ou nombre de jours des stocks


= (Stocks/Prix de revient des ventes) x 365

La rotation des stocks


= Prix de revient des ventes/Stocks

Le nombre de jours de crédit clients


= (client/chiffre d'affaires) x 365

Le nombre de jours de crédit fournisseurs


= (Fournisseurs/Achat) x 365

Analyse de la solvabilité

La solvabilité de la société est mesurée par le degré d'endettement de la


société et par sa capacité à faire face aux engagements résultant des dettes
contractées. Le degré d'endettement de la société peut être mesuré par le
coefficient d'endettement :

Coefficient d'endettement = Dettes/Fonds propres


Les dettes comprennent les dettes à moyen et long terme
et les dettes à court terme bancaires.

Pour mesurer la capacité de la société de payer les intérêts de ses dettes, il


suffit d'analyser la couverture des charges financières :

Couverture des charges financières


= Excédent brut total/charges

Pour savoir en combien d'années la société peut rembourser l'ensemble de


ses dettes si elle consacre la totalité de sa marge brute d'autofinancement au
remboursement, il existe également un ratio :

Couverture des dettes par le cash flow


= Dettes/MBA

L’interprétation des ratios

L'interprétation des ratios varie avec le temps et le secteur d'activité de la


société. Trois usages des ratios peuvent être envisagés : la comparaison à des
normes absolues qui indiquerait si un ratio est ou non satisfaisant, la
comparaison avec les ratios d'autres sociétés comparables et l'analyse de
l'évolution des ratios de la société sur plusieurs périodes.

144
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
4
5  
Le ratio de liquidité générale (current ratio) est généralement considéré
comme devant être supérieur à l'unité, une valeur de deux étant considérée
comme satisfaisante. Il existe cependant des secteurs, dont la distribution, qui
illustrent le caractère relatif de cette norme. Dans la même logique, l'acid test
devrait également être supérieur à l'unité.
En ce qui concerne la solvabilité, le coefficient d'endettement devrait être
inférieur à l'unité ; une valeur comprise entre 1/3 et 2/3 est souvent jugée
satisfaisante. Il faut toutefois noter que l'endettement de la société peut avoir des
effets bénéfiques si la rentabilité des capitaux investis est supérieure au taux
d'intérêt. De toute manière, une évaluation de marché sera préférable si la
société est cotée. Dans tous les cas, l'utilisation des ratios doit être
considérée comme l'étape préliminaire d'une analyse financière. Elle
s'accompagne, dans la pratique, d'une étude des flux de fonds dans la société
(analyse interne des flux financiers) qui dépasse le cadre de ce cours.

En résumé
Cherchez et trouvez des sous

Le capital propre : comptez sur vous et sur vos associés. Amenez 20 à 30 %


minimum du capital à investir.
Les aides des pouvoirs publics sont multiples et font l’objet à eux seul d’un
chapitre. Il s’agit des aides à l’installation, des prêts subordonnés chômeur, des
interventions dans les charges salariales, des primes à l’engagement, des aides à
la formation, des primes à l’investissement, des aides fiscales, des aides à la
Consultance, des aides spécifiques, des incitants à l’innovation et à la
Recherche & Développement, des aides à l’exportation et de l’intervention du
Fonds européen de Développement régional.
Au niveau des emprunts, comptez sur votre banquier : apportez-lui un projet
rentable solidement construit et mettez-le en concurrence avec d’autres
banquiers et prestataires de services financiers. Demandez une ligne d’escompte
sur traite ou un découvert. Renégociez de nouvelles conditions lors du premier
bilan et dégagez-vous de la caution d’origine.
Les commandes :
• Ayez un portefeuille de commandes bien fourni.
• Pensez au paiement d’avance et à l’acompte.
• Pensez au paiement rapide.
Les factures :
• Ne vous précipitez pas pour payer trop rapidement.
Tout à un prix :
• Votre expérience ;
• Votre temps ;
• Le service rendu.

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4
6  
Comment faire démarrer une entreprise

La méthode du moindre investissement financier

Déposez votre capital social et demandez à votre banquier de le libérer au


plus vite. En même temps, déposez le nom de votre société et utilisez-le comme
marque.

La méthode du moindre risque financier

Empruntez dans la mesure du possible sans caution. Achetez si possible


après avoir vendu. Refusez de stocker. Facturez des acomptes. Salariez-vous au
départ un minimum pour éviter trop de charges sociales.

L’assurance méthodique

Assurez les locaux et le matériel. Pensez à l’ONSS et à l’assurance chômage,


à l’INAMI et à l’assurance maladie.

Les aides à l’investissement

Pensez aux différentes aides possibles. En Belgique, il existe un prêt spécial


octroyé à tout chômeur complet indemnisé qui désire s’installer comme
indépendant. Le prêt s’élève actuellement à un maximum de 700.000 FB par
chômeur et est limité à une durée variant de cinq à dix ans maximum. Le
chômeur doit garantir un apport propre égal à la moitié du prêt sollicité. Il existe
également une prime à l’investissement pour toute entreprise n’occupant pas
plus de deux cent cinquante personnes et dont le chiffre d’affaires ne dépasse
pas 845.834.000 FB. Il faut néanmoins noter que certains secteurs d’activités
tels que l’immobilier, l’enseignement, la santé, les sports, les loisirs, la culture
et le commerce de détail sont exclus du bénéfice de la prime.

Anticipez sa « viabilité » financière


• Compte  de  résultats  prévisionnels  ;  
• Plan  de  financement  ;  
• Plan  de  trésorerie.  

146
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4
Compte de résultats prévisionnels 7  

Compte de résultats prévisionnels


Ventes ou chiffre d’affaires Année 1 Année 2 Année 3
Achats de matières premières et marchandises
Sous-traitance
Achats de fournitures :
• Energie
• Eau
• petits équipements
• fourniture d’entretien
• fournitures administratives
• divers
Services extérieurs :
• crédit-bail
• loyer et charges locatives
• assurances
• entretien des locaux
• entretien du matériel
• documentation
• petits équipements
Autres services extérieurs :
• honoraires
• frais d’actes et de contentieux
• P.T.T., timbres, téléphone
• Publicité
• frais de transport sur achats
• frais de transport sur ventes
• emballages et conditionnements
• voyages et déplacements
• divers
Taxe professionnelle
Autres impôts et taxes
Frais de personnel :
• salaires et appointements
• charges sociales sur salaires et appointements
• commissions versées à des intermédiaires
• charges sociales sur commissions
Amortissement
Charges financières
Résultat avant impôt sur les sociétés

Le plan de financement

Plan de financement prévisionnel sur 3 ans


année 1 année 2 année 3
Besoins
Frais d’établissement :

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4
8  • frais d’étude et de préparation du projet
• frais de constitution
Investissements :
• terrain
• construction
• installation
• matériel
• autres
Besoin en fonds de roulement :
• constitution
• accroissement
Remboursement d’emprunt
Total des besoins
Ressources
Capitaux propres :
• capital
• comptes courants
• autofinancement net
• subventions et aides
Capitaux empruntés :
• à long terme
• à court terme
Total des ressources
Écart annuel
Écart cumulé

Le plan de trésorerie

1er 2e 3e ... 18e TOTAL


mois mois mois mois
Ventes ou chiffres d’affaires (1)
Achats de matières premières et
marchandises
Sous-traitance
Achats de fournitures :
• énergie
• eau
• petits équipements
• fourniture d’entretien
• fournitures administratives
• divers
Services extérieurs :
• crédit-bail
• loyer et charges locatives
• assurances
• entretien des locaux
• entretien du matériel
• documentation
• petits équipements

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4
Autres services extérieurs : 9  
• honoraires
• frais d’actes et de contentieux
• P.T.T., timbres, téléphone
• Publicité
• frais de transport sur achats
• frais de transport sur ventes
• emballages et conditionnements
• voyages et déplacements
• divers
Taxe professionnelle
Autres impôts et taxes
Frais de personnel :
• salaires et appointements
• charges sociales sur salaires et
appointements
• commissions versées à des
intermédiaires
• charges sociales sur commissions
Charges financières
Total des décaissements (2)
(A) Solde mensuel de trésorerie
(1-2)
Solde mensuel cumulé
Capital et comptes courants associés
(3)
Emprunts (4)
Remboursement d’emprunt (5)
Investissements (6)
(B) Total des autres entrées/sorties
(3+4-5-6)
(A) + (B) Solde mensuel global
cumulé

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5
0  
Construire votre projet
Préalables
re
1 étape – le projet et vous
Vos motivations et vos passions
Vos potentialités et vos compétences
Vos relations
Cohérence entre votre personnalité et votre projet
Vos atouts personnels par rapport à ce projet
Vos qualités vis-à-vis de ce projet
e
2 étape - dégagez plusieurs idées
Tirez parti de votre environnement et des informations
Documentez-vous ! (voir sources d’information)
Lisez les études et magazines spécialisés
Exploitez certaines techniques de créativité
Recherchez éventuellement un brevet, une licence ou une franchise
3e étape – le partage des idées en groupe
Brainstorming : testez l’opérationnalité de vos avant-projets
Le projet et les membres du groupe
Les potentialités et les compétences réunies
Complémentarité et qualités mises en commun
Les opportunités
Les relations et les réseaux sociaux mis en commun
La cohérence entre chacune des personnalités et le projet
La disponibilité de chacun à l’égard de ce projet
Les qualités requises pour mener à bien ce projet
Les associations ou coopérations envisageables
Le produit ou le service envisagé
Les différents produits ou services envisagés
La transformation et l’adaptabilité du produit ou du service envisagé
L’originalité et le caractère novateur du produit ou du service
La temporalité du produit ou du service (mode éphémère ou besoin primaire)
L’image du produit ou du service
Les coûts envisagés
La publicité nécessaire
La technologie envisagée
Les lois, règlements et normes juridiques
Le marché
Marché ouvert ou saturé ?
Marché en régression ou en développement ?
Marché extensible ou non ?
La clientèle potentielle, le segment et le public visé
Comment joindre, conquérir et fidéliser cette clientèle ou ce public cible ?

150
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5
Coopération et concurrence
1  
Coopérations possibles avec d’autres associations ou organisations
Complémentarités envisagées
Situation géographique et temporelle de la concurrence
Forces et faiblesses de la concurrence
Politiques de produit, de prix et d’image de la concurrence
Produit ou service similaires
La rentabilité
L’investissement de départ
Les frais fixes
Le budget publicitaire
Le budget de recherche
Les frais de fonctionnement et les charges d’exploitation
Le chiffre d’affaires à réaliser
La marge brute à dégager et la marge nette restante
Les impôts et taxes
La faisabilité
L’information nécessaire
Moyens humains, matériels et financiers nécessaires
Délai nécessaire à la réalisation
Exposition du projet à un groupe-test
Étude de marché

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5
2  
Le business plan
2. Rédiger votre projet en vingt lignes en tenant compte des éléments précédents
3. Choisissez votre forme juridique
Questions relatives au choix :
Entreprendre seul ou à plusieurs ?
Limiter votre responsabilité ?
Garder une position de salarié ?
Payer directement des impôts sur les personnes physiques ou passer par l’impôt des sociétés ?
Revendre à terme votre entreprise ?
Calcul des coûts de création d’une entreprise individuelle (Inscription, immatriculation, stage) :
Entreprise commerciale
Entreprise artisanale
Profession libérale
Calcul des coûts de constitution d’une société (Apport en numéraire, frais de publication,
immatriculation au registre du commerce, etc.) :
ASBL
SPRL
SPRLU
SA
Coopérative
Fiscalité et exonération d’impôt sur le bénéfice
4. Constituez votre société
Les formalités :
Établir le siège social de votre société et fournir un titre de jouissance privative
Trouver un nom à votre entreprise
Établir et signer les statuts
Faire enregistrer et publier vos statuts
Acheter vos livres comptables
Demandes d’immatriculation, d’enregistrement, etc.
Choisir votre localisation
Trouver vos premiers clients
Recruter vos collaborateurs
5. Votre développement et le management
Évolutions et révolutions comme développement de votre organisation (Larry GREINER)
Organisation (Henry MINTZBERG)
Développement par collaboration
Division des tâches
Coordination et contrôle des tâches :
Ajustement mutuel
Supervision directe
Standardisation des procédés
Standardisation des résultats
Standardisation des qualifications
Types de commandement :
Autoritaire
Démocratique
Centralisé
Décentralisé
Facteurs de motivation et de satisfaction
Les configurations structurelles :
structure simple
bureaucratie mécaniste
bureaucratie professionnelle
structure divisionnalisée
adhocratie

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5
6. Marketing 3  
Conception du produit ou du service en fonction des besoins à satisfaire :
produit ou service de consommation
produit ou service industriels
Politique mercatique :
marketing indifférencié
marketing différencié
marketing concentré
Actions :
corporate planning
product planning
sell manager et service commercial
publicité, relations publiques et direct mailing
distribution
administration des ventes
service après-vente
Stratégies :
ressources de l’entreprise
degré de différenciation du produit
degré de développement du marché
degré d’homogénéité de la clientèle

Segmentation et filières :
Segment ou créneau
filière produit
filière de la demande finale
7. Anticipez sa « viabilité » financière
Compte de résultats prévisionnels
Le plan de financement prévisionnel
Le plan de trésorerie prévisionnel
8. Cherchez et trouvez des sous
Les commandes
Ayez un portefeuille de commandes bien fourni.
Pensez au paiement d’avance et à l’acompte.
Pensez au paiement rapide.
Le capital propre
Comptez sur vous et sur vos associés : amenez 20 à 30 % minimum du capital à investir

Les factures
Ne vous précipitez pas pour payer trop rapidement.
Les emprunts
Comptez sur votre banquier : apportez-lui un projet rentable solidement construit et mettez-le en
concurrence avec d’autres banquiers et prestataires de services financiers.
Demandez une ligne d’escompte sur traite ou un découvert.
Renégociez de nouvelles conditions lors du premier bilan et dégagez-vous de la caution d’origine.
Tout à un prix
Votre expérience
Votre temps
Le service rendu
9. Comment faire démarrer une entreprise sans risque ou presque
La méthode du moindre investissement financier
Déposez votre capital social et demandez à votre banquier de le libérer au plus vite.
Déposez le nom de votre société et utilisez-le comme marque.
Empruntez dans la mesure du possible sans caution.
Achetez si possible après avoir vendu.

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5
4  
Refusez de stocker.
Facturez des acomptes.
Salariez-vous au départ un minimum pour éviter trop de charges sociales.
L’assurance méthodique
Assurez les locaux et le matériel
ONSS et assurance chômage
INAMI et assurance maladie
Les aides
Les aides à l’emploi
Les aides à l’investissement
Les incitants fiscaux, sociaux et financiers
10. Documentation et adresses à chercher pour les démarches administratives
Institutions publiques
Ministère des Classes moyennes
Office régional de l’emploi
Banque Nationale de Belgique
Ministère des Affaires économiques
Tribunal de commerce
Registres du commerce et de l’artisanat
Registre du commerce et actes de sociétés
Moniteur belge
Office national de sécurité sociale
Institut national d’assurance maladie invalidité
Institut national d’assurances pour travailleurs indépendants
Administration centrale de la TVA
Adresses à chercher pour les incitations fiscales et financières
Ministère de la Région bruxelloise
Ministère de la Région wallonne
Office belge du commerce extérieur
Ducroire
Institut pour la recherche scientifique dans l’industrie et l’agriculture
Autres adresses et documents

154
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
5
5  
Conclusion

« (...) où est ton trésor, là sera ton coeur (...)


Nul ne peut servir deux maîtres ; ou bien il faut haïr l’un et aimer l’autre, ou bien se
vouer à l’un et faire fi de l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (La
Richesse) » (Matthieu, 6, 21-24)

Fruit du viol de Maïa (l’apparence) par Zeus, Hermès est tout à la fois le
propre fils du roi de l’Olympe et le petit fils du Titan Atlas qui porte tout le
poids du monde. À l’origine, Hermès représente l’esprit de fécondité. Il est le
protecteur des troupeaux et le responsable de la prospérité des cultivateurs. « Le
soleil (la pensée) en est le père, la lune (le sentiment) en est la mère, le vent
(l’intuition) l’a porté dans son ventre, la terre (la sensation) est sa nourrice. »
Ainsi, Hermès associe harmonieusement les quatre fonctions psychiques.

« Intermédiaire, prestidigitateur, comédien ou tricheur, il symbolise l’ingéniosité, l’habileté, la


transmission, la communication, les échanges ; tout ce qui est mobile, insaisissable ou fuyant. »
(JULIEN 1989 : 299)

Cette image archétypique, liée au Soi, représente également la volonté


transcendante de la conscience. « C’est la Force forte de toute force, car elle
vaincra toute chose subtile et pénétrera toute chose solide. » Dieu du vent, à
cause de sa rapidité, il devient le messager de Zeus. Par son éloquence, il assure
des relations pacifiques et harmonieuses. Il compose l’alphabet avec l’aide des
Trois Parques. Il devient ainsi le père de l’écriture et de l’argent, le dieu de la
communication et du commerce.
Fils de Maïa, il accouche les esprits des pensées qu’ils contiennent sans le
savoir. Les Thries du Parnasse lui enseignent l’art de prédire l’avenir. Dieu du
mystère et des révélations sous le nom d’Hermès Trismégiste, il est également
le dieu des arts hermétiques et herméneutiques. Sa doctrine suppose des
correspondances intimes et mystérieuses entre toutes les parties de l’univers
visible et invisible (« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est
en haut est comme ce qui est en bas pour faire des miracles d’une seule
chose ») ou les parties du psychisme conscient et inconscient (« Il monte de la
Terre au Ciel et derechef, il descend en terre et il reçoit la force des choses
supérieures et inférieures. »). Il veille jalousement sur les activités des
alchimistes, des interprètes et des psychanalystes. La cornue dans laquelle le
mercure subit la transmutation, symbole de la transfiguration de l’homme par
l’esprit, reste hermétiquement close, car ce changement psychique a besoin
d’intimité.
Maître des chemins, Hermès veille également sur les marchés, les carrefours
et les routes. Il est le guide des voyageurs, le conducteur des âmes et le
protecteur des marchands et des voleurs. Son nom romain, Mercure, vient
probablement de l’expression mercari qui signifie faire du commerce. À la fois
subtil et astucieux, il symbolise alors l’intellect au service de l’esprit. Il est le

155
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
5
6  
messager des dieux « comme l’intellect est l’intermédiaire entre l’esprit de
l’homme et son affectivité » (DIEL 1966 : 47). La planète Mercure reste
toujours à proximité immédiate du soleil. Le « Moi » transcendant n’est guère
éloigné du « Soi ». Paul Diel souligne néanmoins que « l’intellect demeure,
comparé à l’esprit, un moyen partiel et imparfait d’élévation ».
La fugacité de Mercure est équivoque. Sa mobilité représente un être
incertain. En alchimie, le mercure est le métal qui symbolise la materia prima
que l’on doit travailler afin de la sublimer. Comme le disait Merleau-Ponty, « la
subjectivité transcendantale est intersubjective. » Certes, la volonté
transcendante dispose des quatre fonctions psychiques, mais elle demeure au
préalable une matière indifférenciée qu’il faut équilibrer. Psychiquement, elle a
trop souvent tendance à privilégier l’une ou l’autre de ses fonctions au détriment
des autres.
À chaque civilisation, à chaque époque, ses choix et sa fonction dominante.
Si aujourd’hui Hermès - Mercure préside aux destinées de notre monde
économicofinancier, c’est en ayant délaissé la fonction sentiment. En effet,
notre société a parié sur un matérialisme à tout crin. Les technocrates, avocats
d’affaires et ingénieurs commerciaux président à nos destinées. La fonction
pensée domine. Elle s’exprime de nos jours sous la forme d’une pensée unique.
Celle-ci est la traduction, en termes idéologiques à prétention universelle, des
intérêts d’un ensemble de forces économiques. Elle a été formulée et définie dès
1944, à l’occasion des accords de Bretton Woods. Ses sources principales sont
les grandes institutions économiques et monétaires. Le premier principe de la
pensée unique est la primauté de l’économique sur le politique.
Les concepts-clés sont le marché, la concurrence, la compétitivité, le libre-
échange, la mondialisation, la division internationale du travail, la monnaie
forte, la déréglementation, la privatisation et la libéralisation. Trois mots
d’ordre : moins d’État, un arbitrage constant en faveur des revenus du capital au
détriment de ceux du travail et une indifférence à l’égard du coût écologique
(RAMONET 1995 : 1). Les maîtres mots de la pensée unique sont donc
économie, finance, rentabilité, rationalisation, informatisation, automatisation,
robotisation, etc. Ces mots ne laissent guère de place à la fonction sentiment.
Son écriture est avant tout monétaire. L’argent est une écriture comptable née
en même temps que l’écriture. Cette écriture monétaire égalise toutes les
valeurs. Elle permet d’échanger des pommes et des poires, mais aussi des armes
et des âmes. Le grand schizophrène monétaire (DELEUZE & GUATTARI
1975) étale ses chiffres en Bourse sur les mercuriales22. Comme le soulignent
Deleuze et Guattari, l’argent est un grand schizophrène. Le sacré a fait place au
mercantile, la coopération à la compétition. Sanctuaire du monde économique,
l’Occident s'est voué corps et âme au matérialisme.
L’économie n’est plus un moyen au service des hommes, mais les hommes
deviennent de plus en plus des « marchandises » au service de l’économie. Au-
delà de la vente d’organes, l’économie tend à robotiser l’homme lui-même.
Après tout, Robota désigne en tchèque le « travail forcé ». Aujourd’hui, le
travailleur est totalement conditionné. Quel que soit son statut dans la
hiérarchie, il n’utilise plus son libre arbitre. Soumis à sa persona, il est réduit à
l’état d’automate. Il se métamorphose radicalement en coût du travail ou en

22
Mercuriale: tableau officiel hebdomadaire portant les prix courants des denrées
vendues sur un marché public ; le cours officiel de ces denrées.

156
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5
7  
ressource humaine. Il devient un consommateur, une unité de production ou se
transforme en expertise. De là ce lien étroit entre capitalisme et schizophrénie
qui figure en sous-titre de L’Anti-Oedipe de Deleuze et Guattari. L’homme,
dépendant de l’argent, épouse le caractère schizophrène de celui-ci. Il perd toute
identité et troque son être pour l’avoir (FROMM 1978). L’angoisse et le stress
accompagnent cette métamorphose. On ne peut effectivement servir deux
maîtres. Mammon est devenu un dieu impitoyable et jaloux...
Considérer l’économie comme un moyen et non une fin signifie ne plus être
assujetti ou aliéné à ses préceptes. S’il n’est soumis au chant des sirènes, le
gestionnaire devrait avoir à cœur d’affirmer le prima de l’homme sur la
« rationalité économique ». Cela implique que l’économie fonctionne sur base
d’un équilibre entre les quatre fonctions psychiques sans qu’aucune d’entre elles
soit refoulée. Bref, que l’économie puisse à nouveau fonctionner sous les
auspices d’Hermès et non de Mammon. C’est pourquoi dans le management
public, le gestionnaire devra toujours prendre en compte l’équilibre des quatre
fonctions pour jauger la valeur des actions menées en ce domaine.

157
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
5
8  

Sources et références bibliographiques

Source principale
SPF Economie
S.D. Le Vademecum de l’entreprise, Bruxelles,
http://economie.fgov.be/fr/modules/publications/general/vade-mecum_de_l_entreprise.jsp

Secteur non marchand et la microéconomie


CRISP
S.D. www.vocabulairepolitique.be/secteur-non-marchand/, consulté le 8 octobre 2015.
MARÉE, M. & MERTENS, S.
2002 Contours et statistiques du non-marchand en Belgique, Liège, les éditions de
l’Université de Liège.
WIKIPEDIA
S.D. https://fr.wikipedia.org/wiki/Services_non_marchands, consulté le 8 octobre 2015.

Droit commercial et fiscalité


ABSIL, Adrien
S.D. Notions de droit des sociétés, droit de la faillite, de la liquidation et de la continuité des
entreprises,
http://www.ipcf.be/uploads/documents/20140426_SEM_2_DROIT_SOCIETES.pdf
PORTAIL DU DROIT BELGE
http://www.droitbelge.be/droit_societes.asp
http://www.droitbelge.be/codes.asp

Management et stratégie
BOSTON CONSULTING GROUP
1980 Les mécanismes fondamentaux de la compétitivité, Paris, éd. Hommes et Techniques.
LEMAITRE, Nadine
1989 « Le cycle de vie des entreprises : mythe ou réalité ? » in Reflet et perspectives de la vie
économique, Bruxelles, Tome XXVIII.
MARTINET, Alain-Charles
1988 janvier-février « Les discours sur la stratégie d'entreprise » in Revue française de Gestion,
n° 67, Paris.
MINTZBERG, Henry
s.d. Structure et dynamique des organisations, Paris, éd. des Organisations
OUCHI, W.
1983 Théorie Z, Paris, InterEditions.
1985 M. Un nouvel esprit d'entreprise, Paris, InterEditions.

158
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
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PASCALE, R.T. 9  
1984 Le management est-il un art japonais ? Paris, éd. des Organisations.
PORTER, M.E.
1982 Choix stratégiques et concurrence, Paris, Economica.
SAUCIN, Joël
1987 « Jeu de go et management japonais » in Aperçu économique trimestriel, n °4, Bruxelles,
Ministère des Affaires économiques de Belgique, pp. 117-136.
SICARD, Claude
1987 Pratique de la stratégie d'entreprise. Concepts opérationnels et procédures de succès,
Paris, Éditions Hommes et Techniques.

Marketing
BLANCHE, Bernard C. & POTTER, Stephen & PREEL, Bernard
1989 « Un marketing Triadien pour gagner dans la décennie 90. » in Revue française du
marketing, n° 124, pp. 1-156.
CAMUS, Bruno
1988 Audit marketing, Paris, Les Éditions d'Organisation, Collection Audit.
DUBOIS, Pierre-Louis & JOLIBERT, Alain
1989 Le Marketing. Fondements et pratique, Paris, Economica, Gestion. Politique générale
finance et marketing.
KOTLER, Philip & FAHEY, Liam & JATUSRIPITAK, Somkid
1987 La concurrence totale. Les leçons du marketing stratégique japonais, Paris, Les Éditions
d'Organisation, Collection Adetem Marketing Demain.
LAMBIN, Jean-Jacques
1990 La recherche marketing. Analyser, mesurer, prévoir, Paris-Auckland-Bogota, McGraw-
Hill.
1989 Le marketing stratégique. Fondements, méthodes et applications. 2e édition, Paris-
Auckland-Bogota, McGraw-Hill.
MILLIER, Paul
1989 Le marketing des produits « high-tech ». Outils d'analyse, Paris, Les Éditions
d'Organisation.
PIESTRAK, Daniel
1987 Les sept clés du marketing stratégique. Le combat concurrentiel, Paris, Les Éditions
d'Organisation.
POINTET, Marc
1990 Marketing. 1. Méthodologie. 2. Études de cas, Paris, Eyrolles.
RETZLER, Kathryn
1989 La bible du marketing direct, Paris, Top Editions.
VRIES HASSEL, Christian
1990 Le Marketing industriel européen, Paris, Les Éditions d'Organisation.

Comptabilité
COEURNELLE, Étienne
1990 Lire un bilan ce n'est pas tellement difficile, Bruxelles, L'Écho.

159
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6
0  
Analyse financière
DEMAIN, Dominique
1989 La bourse et les valeurs. Du papier qui travaille. 11e édition revue et augmentée,
Bruxelles, Écho de la Bourse.
DUPLAT, Claude-Annie
1987 La bourse et les clubs d'investissement, Paris, éditions d'Organisation.
ÉCHO DE LA BOURSE, l'
1989 Lire sa cote, en tirer le maximum, Bruxelles, Editions de l'Écho de la Bourse.
FARBER, André
1989 Éléments d'analyse financière. 1re édition 1988/1989, Bruxelles, Presses Universitaires de
Bruxelles.
1976 Théorie financière. 1re édition 1975/1976, Bruxelles, Presses Universitaires de Bruxelles.
SIAENS, Alain
1988 Monnaie et finance, 2e édition, Bruxelles, De Boeck-Wesmael, Ouvertures économiques.
Balises.
SOLNIK, Bruno
1988 Gestion financière, 3e édition, Paris, Éd. Fernand NATHAN, Collection Connaître &
Pratiquer la Gestion.

Créer et développer un projet


COUROUBLE, Jeanne
1991 Créez et développez votre entreprise, Alleur, Marabout, coll. « Marabout service »
n° 1832.
FOREM & MINISTÈRE DE LA RÉGION WALLONNE
1995 Créer son entreprise. S’installer comme indépendant, Jambes, Ministère de la Région
wallonne.

Conclusions
DELEUZE, Gilles et GUATTARI, Félix
1975 L’Anti-Œdipe. Capitalisme et schizophrénie, Paris, Les éditions de Minuit, coll.
« Critique ».
DIEL, Paul
1966 Le symbolisme dans la mythologie grecque, Paris, Payot.
FROMM, Erich
1978 Avoir ou Être ?, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Réponses ».
JULIEN, Nadia
1989 Le dictionnaire marabout des symboles, Alleur, Marabout.
RAMONET, Ignacio
1995 « La pensée unique » in Le Monde diplomatique, Paris, janvier 1995.

Annexes disponibles sur Internet et sur La plate-forme Cleo


Aides et subsides en régions wallonne et bruxelloise.pdf
Economie sociale dans l'Union européenne.pdf
Guide_subventions_europeennes_FR.pdf
La Nouvelle Compta des petites asbl.pdf
Le Nouveau Régime comptable des petites associations_tcm421-142542.pdf
Société privée à responsabilité limitée
Union européenne et secteur non-marchand.pdf

160
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
6
1  

Table des matières


 

PLAN  DU  COURS   3  


OBJECTIFS   3  
PLAN   3  

DE  L’IDEE  AU  PROJET   5  


PROJET  ET  INSTALLATION   5  
CONNAIS-­‐TOI  TOI-­‐MEME  !   5  
L’IDEE   6  
DESCRIPTION  DU  PROJET   6  

LES  SOURCES  D’INFORMATIONS  ECONOMIQUES,  FINANCIERES  ET  


JURIDIQUES   8  
INTRODUCTION   8  
SPECIALISTES  ET  EXPERTS   8  
LES  SOURCES  ELECTRONIQUES   9  
INTERNET   9  
LE  VADEMECUM  DE  L’ENTREPRISE   10  
•   STRUCTURER  VOTRE  PROJET  D'ENTREPRISE   12  
•   DEMARCHES  A  ENTREPRENDRE  POUR  CREER  VOTRE  ENTREPRISE   12  
•   CONDITIONS  D'ACCES  A  LA  PROFESSION   12  
•   GUICHETS  D’ENTREPRISES  AGREES   12  
LES  SOURCES  ECRITES   13  
LES  AGENCES  DE  PRESSE  ET  LES  JOURNAUX   13  
LIVRES  ET  REVUES   13  
LA  LITTERATURE  GRISE   13  
LES  SOURCES  AUDIOVISUELLES   14  
EN  RESUME   14  

LE  SECTEUR  NON  MARCHAND  ET  LA  MICROECONOMIE   17  


SECTEUR  NON  MARCHAND  :  DEFINITIONS   17  

161
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6
2  
SECTEUR  NON  MARCHAND  ET  ANALYSE  MICROECONOMIQUE   19  
FONDEMENTS  D'ECONOMIE  POLITIQUE   19  
LA  CONCURRENCE  PARFAITE   20  
L'EQUILIBRE  DU  MARCHE  EN  CONCURRENCE  PARFAITE   23  
L’EQUILIBRE  GENERAL  ET  L’OPTIMUM  ECONOMIQUE   23  
REFLEXIONS   24  
EN  RESUME   29  

LES  MODALITES  D’INTERVENTIONS  DANS  LES  STRUCTURES  


ECONOMIQUES   30  
LES  ECOLES  DE  PENSEE   30  
TYPES  DE  SITUATION  DE  CONCURRENCE  IMPARFAITE   31  
NECESSITES  DE  PRESERVER  LA  LIBRE  CONCURRENCE   32  
LES  MODALITES  DU  DROIT  DE  LA  CONCURRENCE  ORGANISE    
PAR  LE  TRAITE  DE  ROME   33  
CONTROLE  DES  OPERATIONS  DE  CONCENTRATION   33  
PRATIQUES  RESTRICTIVES  DE  LA  CONCURRENCE   33  
ÉCONOMIE  SOCIALE  AU  SEIN  DE  L’UNION  EUROPEENNE   39  
LES  POLITIQUES  DE  L'UNION  EUROPÉENNE  RELATIVES  À  L’ÉCONOMIE  SOCIALE   41  
L'ÉCONOMIE  SOCIALE  DANS  LA  STRATÉGIE  EUROPE  2020   44  
INITIATIVES  RÉCENTES  DE  L'UNION  EUROPÉENNE    
CONCERNANT  L'ÉCONOMIE  SOCIALE   45  
L’ÉCONOMIE  SOCIALE  :  UN  SECTEUR  ÉMERGENT  DANS  UNE  SOCIÉTÉ  PLURIELLE   47  
L'ÉCONOMIE  SOCIALE  ET  LE  DIALOGUE  SOCIAL   47  
L'ÉCONOMIE  SOCIALE  ET  LES  POLITIQUES  PUBLIQUES   48  
LES  INITIATIVES  POUR  L'ENTREPRENEURIAT  SOCIAL  DE  LA  COMMISSION  
EUROPÉENNE  DEPUIS  2011   48  
L'ÉCONOMIE  SOCIALE  PAR  RAPPORT  À  LA  CRISE  ÉCONOMIQUE  ET  À  LA  CRISE  DE  
L'ÉTAT-­‐PROVIDENCE   48  
L'ECONOMIE  SOCIALE,  LA  NOUVELLE  EUROPE  ELARGIE  ET  LE  DEVELOPPEMENT  D'UN  
ESPACE  EURO-­‐MEDITERRANEEN  INTEGRE   49  
SYSTÈME  ÉDUCATIF,  RECHERCHE  ET  RÉSEAUX,  UNIVERSITÉ  ET  ÉCONOMIE  SOCIALE   50  
IDENTITÉ  ET  VALEURS  DE  L'ÉCONOMIE  SOCIALE   50  
LES  TYPES  DE  CONTROLE  EN  BELGIQUE   51  
LES  INTERVENTIONS  DE  L’ÉTAT   52  
AIDES,  SUBSIDES  ET  SUBVENTIONS   53  
ÉCONOMIE  SOCIALE   53  
ASBL   56  
DROIT  DES  SOCIETES,  FISCALITE  ET  LEGISLATION  SOCIALE   63  
CHOISISSEZ  VOTRE  FORME  JURIDIQUE   63  
CONSTITUEZ  VOTRE  SOCIETE   64  
DROIT  DES  SOCIETES   65  

162
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
6
LES  SOCIETES  SANS  PERSONNALITE  JURIDIQUE   3    
66
LES  SOCIETES  AVEC  PERSONNALITE  JURIDIQUE   67  
REGIME  JURIDIQUE  DES  CONTROLES  JUDICIAIRES  DES  ENTREPRISES   73  
LA  RESPONSABILITE   73  
LE  CONTROLE  JUDICIAIRE  PAR  LES  COURS  ET  TRIBUNAUX  DE  LA  GESTION  DE  
L’ADMINISTRATION  DES  SOCIETES  COMMERCIALES   75  
IMPOT  DES  SOCIETES   77  
L’IMPOT  DES  SOCIETES   77  
DE  QUELQUES  NOTIONS  DE  FISCALITE   80  
EMPLOI  ET  LOIS  SOCIALES   82  
REGLEMENTATION  ET  RELATIONS  DU  TRAVAIL   82  
SECURITE  SOCIALE  ET  SECRETARIATS  SOCIAUX   83  
STATUT  SOCIAL  DES  TRAVAILLEURS  INDEPENDANTS   84  

MANAGEMENT  ET  STRATEGIE   85  


LES  MECANISMES  D’INFLUENCE  DANS  LES  ORGANISATIONS   85  
AUTORITE,  LEADERSHIP  ET  POUVOIR   85  
ORGANISATION  ET  STYLES  DE  COMMANDEMENT   86  
STRUCTURE  ET  DYNAMIQUE  DES  ORGANISATIONS   87  
LE  TAYLORISME  ET  LE  FORDISME   87  
ELTON  MAYO  ET  L’EFFET  HAWTHORNE   87  
LA  THEORIE  DES  MOTIVATIONS  DE  MASLOW   88  
LES  FACTEURS  DE  MOTIVATION  ET  DE  SATISFACTION  DE  HERZBERG   88  
LA  THEORIE  DE  LA  CONTINGENCE  D’HENRY  MINTZBERG   88  
ÉVOLUTION  ET  REVOLUTION  COMME  DEVELOPPEMENT  DES  ORGANISATIONS   94  
LA  CULTURE  D’ENTREPRISE   97  
LES  DISCOURS  STRATEGIQUES   98  
REFERENCES  HISTORIQUES   98  
ÉMERGENCE  DE  LA  PLANIFICATION  STRATEGIQUE   99  
L’ANALYSE  DU  POSITIONNEMENT  STRATEGIQUE   100  
CONTESTATIONS  ET  SUCCES  JAPONAIS   100  
LE  MANAGEMENT  STRATEGIQUE   102  
EN  RESUME   102  

MARKETING   104  
CONCEPTS  ET  PROCESSUS   104  
DEFINITION   104  
LA  POLITIQUE  MARKETING   105  
LE  PROCESSUS  D’ACHAT   106  
LA  SEGMENTATION   107  
DEFINITION   107  
LES  DIVERS  SEGMENTS   108  

163
1 MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL  
6
4  
LES  POLITIQUES  MERCATIQUES   109  
STRATEGIES   110  
LA  NOTION  DE  FILIERE  ET  SES  IMPLICATIONS  EN  MATIERE  DE  COMMERCE  
EXTERIEUR  ET  DE  POLITIQUE  INDUSTRIELLE   111  
DEFINITION   111  
FILIERES  ET  POLITIQUES  INDUSTRIELLES   112  
EN  RESUME   113  

ELEMENTS  DE  COMPTABILITE   115  


DEFINITION  ET  PRINCIPES  GENERAUX   115  
DEFINITION   115  
PRINCIPES  GENERAUX   115  
OBLIGATIONS  EN  MATIERE  COMPTABLE   117  
CODE  DE  DROIT  ECONOMIQUE  –  COMPTABILITE  DES  ENTREPRISES   118  
COMPTABILITE  DES  ASBL   123  
TROIS TYPES D’ASBL   123  
LES  PETITES  ASSOCIATIONS   123  
LES  GRANDES  ASSOCIATIONS   124  
LES  TRES  GRANDES  ASSOCIATIONS   125  
LISTE  DES  SITES  INTERNET  UTILES   128  
LE  BILAN   129  
DEFINITION   129  
LES  PRINCIPAUX  ELEMENTS  CONSTITUTIFS  DU  BILAN   129  
LE  COMPTE  DE  RESULTATS   133  
DEFINITION   133  
CONSIDERATIONS  QUANT  A  LA  LECTURE  DES  COMPTES   135  
COMPARAISON  DES  BILANS   135  

ELEMENTS  D’ANALYSE  FINANCIERE   138  


FLUX  ET  DECISIONS  FINANCIERES  AU  SEIN  DES  ORGANISATIONS   138  
ANALYSE  FINANCIERE  EXTERNE  :  LES  RATIOS   140  
ANALYSE  DE  LA  RENTABILITE   141  
ANALYSE  DE  LA  LIQUIDITE   143  
ANALYSE  DE  LA  SOLVABILITE   144  
L’INTERPRETATION  DES  RATIOS   144  
EN  RESUME   145  
ANTICIPEZ  SA  «  VIABILITE  »  FINANCIERE   146  
LE  PLAN  DE  FINANCEMENT   147  
LE  PLAN  DE  TRESORERIE   148  

CONSTRUIRE  VOTRE  PROJET   150  


PREALABLES   150  

164
MANAGEMENT  ET  MARKETING  SOCIAL   1
6
2E  ETAPE  -­‐  DEGAGEZ  PLUSIEURS  IDEES   150 5    
LE  PROJET  ET  LES  MEMBRES  DU  GROUPE   150  
LE  BUSINESS  PLAN   152  

CONCLUSION   155  

SOURCES  ET  REFERENCES  BIBLIOGRAPHIQUES   158  


TABLE  DES  MATIERES   161  

165

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