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Apprentissage moteur et difficulté de la tâche | Jean-Pierre Famose
Chapitre 1. Tâche –
activité – performance
p. 17-39
Texte intégral
1. la tâche ;
2. l’activité du sujet ;
3. la performance.
Notion de tâche
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8 Ces différents éléments de la tâche posent des contraintes à celui qui doit
l’accomplir ; il lui faut les prendre en compte s’il veut y parvenir avec succès.
C’est la raison pour laquelle une analyse approfondie des composants de la
tâche motrice est un préalable indispensable à la compréhension de la
difficulté de celle-ci. Cette identification nous permettra ensuite d’analyser ce
qui peut différencier les tâches entre elles ou, au contraire, d’évaluer leurs
similarités. Pour y parvenir, nous serons amenés à distinguer des attributs ou
des caractéristiques plus spécifiques du but, des conditions
environnementales, etc.
9 L’analyse de la littérature scientifique nous permettra de suggérer des
attributs des tâches qui peuvent avoir un intérêt pour notre étude de la
difficulté et de sa manipulation dans le but de favoriser les apprentissages
moteurs. Nous serons conduits, ainsi, à passer en revue les systèmes de
classification des tâches motrices prenant la notion de but comme principe
de classification, puis différentes recherches classifiant les conditions
environnementales à prendre en compte par le pratiquant.
10 Cette analyse nous permettra d’isoler des dimensions qui fourniront les bases
pour la classification des tâches en fonction de leur niveau de difficulté. Nous
aurons par exemple des dimensions du type : incertitude spatiale, incertitude
temporelle, etc.
11 Une fois ces dimensions établies, notre objectif sera de fournir des
validations empiriques de l’utilité de cette approche des dimensions de la
tâche pour doser la difficulté. Ce travail sera réussi s’il est possible de mettre
en rapport une manipulation des caractéristiques des tâches, spécifiées de
façon précise, avec des progrès dans l’acquisition des habiletés motrices.
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15 Un but peut être bien ou mal défini. Un but bien défini (ou bien spécifié)
suppose une spécification claire d’un état, d’une condition, etc., qui doit être
atteint par le pratiquant. Cette notion de but bien ou mal défini renvoie à la
notion de contrainte ouverte ou fermée. Lorsque le but est bien défini, le
résultat obtenu se laisse décrire comme un phénomène de tout ou rien. Par
exemple, le sauteur en hauteur a franchi ou non la barre. Il n’y a pas
d’intermédiaire entre l’adéquation et l’erreur. Lorsque le but est mal défini,
une multiplicité de résultats peut être acceptée selon une échelle de qualité
relative. Par exemple, les comportements survenant après une prescription
générale comme on en rencontre souvent à l’école primaire : « Les enfants,
faites tout ce que vous voulez avec ce matériel ! » Ici, il y a une spécification
pauvre des buts et tout résultat obtenu est acceptable.
16 Dans un cas, on parle de contrainte fermée, dans l’autre de contrainte
ouverte. Une contrainte ouverte comporte un ou plusieurs paramètres dont
les valeurs ne sont pas spécifiées au moment où la tâche est assignée au sujet.
Demander à des enfants qui apprennent à skier de tracer avec leurs skis une
courbe de virage régulière sur la neige est une contrainte ouverte. En effet,
qu’est-ce qu’une courbe régulière ? De quelle grandeur et de quel rayon doit-
elle être ? Dans cette consigne, tous les paramètres de la courbe du virage ne
sont pas spécifiés. Par conséquent, un but mal défini de ce type peut être
atteint avec des résultats différents. Dans cet exemple, une contrainte fermée
consisterait, pour l’enseignant, à dessiner au préalable un traçage de couleur
sur la neige, concrétisant ainsi la courbe de virage régulière à réaliser, et à
demander aux sujets de la suivre sans s’en écarter. Le résultat, ici, se laisse
décrire en termes de tout ou rien.
B) Nature de l’effet à produire
17 Bien que la variété des tâches motrices à laquelle les pratiquants sont
confrontés puisse être infinie, il est tentant de construire des systèmes de
classification en utilisant le but de la tâche comme principe de classification.
18 Il existe plusieurs grandes catégories de but selon la nature de l’effet à
produire. Différents systèmes de classification ont été proposés. Citons, à
titre d’exemple, celui de Corraze (1987) : « On peut ainsi différencier, au plus
haut niveau d’abstraction, trois types d’actions par leur but :
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« buts environnementaux »
2. ceux qui consistent à organiser une configuration particulière de
mouvement afin de produire un effet émotionnel sur un public ou sur
des juges : ils seront appelés « buts de forme »
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26 L’effet global peut se limiter à l’un des effets que nous venons d’énumérer ou
en comprendre plusieurs.
E) Effets physiques à produire et difficulté de la tâche
27 Cette analyse a distingué des types d’effet physique à produire. Elle n’a
cependant de signification que si elle permet de progresser dans la
compréhension du problème de la difficulté. Il est à présent possible
d’avancer qu’une tâche sera plus ou moins difficile à réaliser selon le degré de
spécification du but à atteindre. Les buts non explicites et mal définis par
celui qui commande l’exécution seront plus délicats à atteindre que des buts
concrets.
28 Une tâche comprenant plusieurs effets à atteindre, séquentiellement ou
simultanément, c’est-à-dire comprenant un but principal et des sous-buts
intermédiaires, sera plus ou moins difficile en fonction de leur nombre
(complexité) et de leur relation (organisation).
F) Tâches maximisantes et tâches optimisantes
29 Cette quantification de l’atteinte du but nous conduit, avec Steiner (1972), à
distinguer, toujours en fonction de la nature du but à atteindre, deux grandes
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catégories de tâches.
30 Quelquefois, le but à atteindre requiert d’agir le plus vite possible, le plus loin
possible, le plus fort possible. Ainsi, dans une course de 100 m, les
concurrents ont à parcourir la distance aussi rapidement que possible. La
vitesse maximale est le critère d’évaluation de la performance. Les tâches qui
mesurent le succès par un tel critère sont appelées tâches maximisantes.
31 Dans d’autres circonstances, le but à atteindre se traduit par un résultat
préférable, un résultat spécifique à obtenir. Par exemple, si l’on demande à
un sujet, comme c’est souvent le cas dans certains types de tests, d’exercer
sur une poignée une force donnée, par exemple 10 kg, la qualité de la
performance est fonction du degré de précision atteint. Si la tâche est
d’estimer le moment où un objet en déplacement arrivera à un endroit précis
de l’environnement, la performance se traduira par le degré de coïncidence
entre l’estimation et la valeur indiquée par l’appareil d’anticipation -
coïncidence. Ces tâches dont le succès dans l’atteinte du but est fonction de la
proximité du résultat avec un critère prédéterminé ou préféré sont appelées
tâches optimisantes.
G) Mesure de l’effet produit
32 Le but d’une tâche consistant à produire un effet, celui-ci peut être mesuré.
Par exemple, éloigner un objet du corps entraînera une mesure de distance
ou de précision plus ou moins grande. On parle alors de résultat ou de
performance (dans son sens large, qui ne fait pas référence à un exploit). Plus
le niveau de performance à réaliser est important, plus difficile sera la tâche.
Ces résultats ou performances, selon la nature de l’effet produit, peuvent être
exprimés en termes de vitesse (course de 100 m, passe rapide au rugby, etc.),
de précision (tir au fusil, drop au rugby, tir au hand-ball, etc.), de distance
(lancer de poids), de latence de la réponse, etc., que ces critères soient isolés
ou combinés (tableau 1).
Catégories Choix de la mesure Nature du but
Courir 100 m, 200 m
Vitesse Temps de réalisation (s, min, h) Faire 50 redressements assis
Exécuter un déplacement de la main
Nombre d’erreurs
Amplitude de l’erreur
Nombre de lancers francs réussis
- Erreur absolue
Distance de la flèche par rapport au centre
Précision - Erreur systématique Nombre
Durée d’équilibre sur une poutre, sur les skis
d’essais réussis
Durée de contact du stylet sur la cible rotative
Temps sur la cible
Temps d’équilibre
Hauteur franchie en saut en hauteur
Hauteur (cm, m)
Nombre de points marqués pendant une partie de
Amplitude de la Distance (m)
basket
réponse Poids
Nombre de mouvements d’attaque exécutés pendant
Nombre de réponses
un combat de judo
Temps de latence Temps de réaction Temps pour sortir des starting-blocks en sprint
Etc.
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Faire reconnaître :
une conformité au code de pointage : jambe tendue, etc. ;
la réalisation d’un degré de difficulté obligatoire. C’est la partie
« effet physique » ;
l’existence d’un style qui personnalise la composition ;
l’évocation d’un thème (objet, personnage, sentiments).
Déclencher une émotion, engager la subjectivité du public : le jeu
corporel veut provoquer l’imaginaire d’autrui. Émotion d’ordre
esthétique, mais aussi thème exprimé et risque pris.
36 Une distinction est faite entre ce qui revêt un caractère expressif et la qualité
« esthétique » dans les prestations. Le qualificatif d’esthétique s’applique
souvent à des prestations ou à des mouvements dans lesquels l’aspect formel
est dominant. « Tous les mouvements ont certes une forme —
spatiale et temporelle, statique ou dynamique, s’entend —, mais
ici la forme est produite et prise en compte pour elle-même,
indépendamment de son action sur le monde physique ou de sa
valeur sémiotique. La capacité de produire des formes (ou des
sons, des couleurs, des odeurs, etc.) qui n’ont d’autres fonctions
que d’être appréciées pour elles-mêmes (qui fondent la démarche
artistique) et la capacité d’apprécier les formes pour elles-mêmes
(qui fondent la perception esthétique), semblent être l’apanage
de l’espèce humaine, ou, dans le meilleur des cas et à dose
infinitésimale, d’un nombre très limité d’espèces supérieures »
(Serre, 1984).
37 Dans le domaine artistique, la forme du message joue un rôle déterminant.
En effet, si l’on considère les productions qui évoquent un thème, rares sont
celles qui se rapportent à un référent original nouveau. Le terme expressif est
réservé aux cas où sont évoqués un thème, une image et où une symbolique
apparaît. En GRS, par exemple, les mouvements présentent un caractère
analogique certain. Napias (1988) cite l’exemple d’une championne : « Ainsi,
dans l’enchaînement au cerceau réalisé par la gymnaste soviétique
Beloglazova au Championnat du monde de Strasbourg (1983), on peut
observer des attitudes du bassin, des jambes, de la tête et un choix musical
qui correspondent bien aux formes, aux mouvements, aux rythmes des
danses du « french cancan », thème de cette composition. » Images non
figuratives : ici intervient la stylisation, que l’on appelle aussi la
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Déclenchement de l’action
43 Le but à atteindre est une anticipation des modifications que l’on cherche à
produire dans les rapports du milieu avec l’individu. Et, en tant que tel, il est
organisateur de l’activité interne et du mouvement qui va être programmé
pour l’atteindre : « Cet effet terminal, nous pensons qu’il doit être en
quelque façon préalablement présent dans le système nerveux.
Toute généralisation serait sans doute abusive mais on voit mal
comment un déplacement musculaire pourrait atteindre un point
dans l’espace s’il n’était programmé au départ à le faire. Si un
mouvement peut atteindre un point de l’espace « au hasard », il
est impossible de l’admettre quand il s’agit de mouvement adapté
à tout un contexte moteur et perceptif.
44 Tout un ensemble de travaux a abouti, par des voies
convergentes, à ce même résultat… Tous ces processus
impliquent une organisation, une préparation, une
programmation de la réponse en fonction de l’effet à produire.
Une des raisons de mettre en place un mécanisme d’anticipation
se trouve dans l’exigence des mécanismes de contrôle » (Corraze,
1987).
Guidage de l’action
45 En tant que résultat à atteindre, le but constitue une référence à laquelle le
sujet peut comparer les résultats réels de l’activité qu’il va mettre en œuvre
pour l’atteindre. Le sujet peut ainsi « estimer la réussite ou bien l’échec, ou
bien encore l’écart séparant les résultats obtenus de ceux à obtenir »
(Chatillon, 1985). L’estimation faite de l’écart alimente, par régulation
rétroactive, les corrections à apporter à l’activité pour le réduire. Ces
corrections font progressivement coïncider le produit de l’activité avec la
référence disponible. Or, la manière dont est disponible cette référence va
jouer un grand rôle dans ce processus de guidage et, par la suite, dans
l’apprentissage moteur.
46 Le but peut être matériellement présent, c’est-à-dire inscrit dans le milieu.
Dans ce cas, l’évaluation de l’écart est possible par constatation ou
comparaison directe. Le but peut être mentalement représenté et, dans ce
cas, la possibilité de comparaison dépendra de la manière plus ou moins
claire dont il est présent dans l’esprit de celui qui doit réaliser la tâche. Mais,
concret ou représenté, il reste une référence à atteindre et à laquelle le sujet
peut comparer les résultats matériellement obtenus. Ce qui change, dans les
deux cas, c’est la facilité plus ou moins grande avec laquelle on peut
accomplir la tâche.
47 Ainsi l’activité du sujet et le mouvement qui en résulte se règlent sur le but
préalablement inscrit dans le système nerveux. La relation moyen - fin ou le
plan d’action qui accomplira le but particulier constitue ce qui doit être
appris. Les processus permettant la mise en place de cette relation ne
peuvent pas être compris sans la compréhension du but à atteindre.
Conditions qui accompagnent la réalisation du but
A) Conditions environnementales de nature bio-informationnelle
48 Ces conditions sont liées à la variabilité de l’environnement. Elles sont tout
d’abord constituées par les sources d’informations extérieures que le
pratiquant doit nécessairement prendre en considération pour que le but
puisse être atteint. Observons un pratiquant confronté à une tâche de
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réception de service au volley-ball. Son but est de diriger le ballon dans une
certaine direction et à une certaine hauteur afin de permettre la construction
d’une attaque. Par rapport à ce but invariant, les conditions
environnementales peuvent être diverses : le service est « flottant » et le
ballon peut suivre une trajectoire très aléatoire ; le service est « smashé » et
le ballon va très vite. Le serveur adverse, dans sa tentative pour compliquer la
tâche du receveur, peut ainsi intervenir sur les caractéristiques objectives :
frapper un ballon rapide dont la trajectoire est prédictible, envoyer un ballon
peu rapide mais présentant une grande incertitude. Quelle que soit la forme
prise par la trajectoire, elle fait partie des conditions environnementales qui
gouvernent en partie le mouvement du receveur.
49 Les conditions environnementales de type bio-informationnel sont tout
d’abord en relation avec la configuration spatiale et temporelle du monde
extérieur. Lorsque cette configuration varie, le mouvement doit s’adapter.
C’est dans ce sens que Higgins (1977) a introduit la notion d’environnement
compris comme étant un continuum de contraintes spatiales et temporelles,
le long duquel la prévisibilité des événements varie de la certitude à
l’incertitude. Ce continuum va d’un environnement ayant un haut degré de
prévisibilité (certitude environnementale) à un environnement ayant peu de
prévisibilité (incertitude environnementale). Les environnements avec un
haut degré de prévisibilité sont spatialement et temporellement certains : les
mouvements doivent alors rencontrer uniquement les caractéristiques
spatiales de ces conditions environnementales (taper une balle de golf). À
l’autre extrême du continuum, l’environnement est spatialement et
temporellement incertain et, ainsi, le degré de prévisibilité des conditions
spatiales et temporelles est décroissant. Ces fluctuations de l’environnement
vont contraindre l’individu à résoudre l’incertitude liée à cette source de
variation. C’est la raison pour laquelle nous qualifions de bio-
informationnelles ces conditions environnementales.
50 Gentile (1972a), Higgins (1977) et Arnold (1985) les nomment « conditions
régulatrices » car elles agissent comme des contraintes. Gentile donne
comme exemple le mouvement d’un joueur de football américain qui tente
une interception. Ce mouvement est contrôlé par les caractéristiques
spatiales et temporelles de la balle : « Une fois que le joueur a établi le but
« interception », il n’est plus libre de choisir ou de décider quand et où il doit
se déplacer. Au contraire, la balle et la configuration de sa trajectoire
déterminent l’organisation de la configuration motrice qui sera efficace. »
Nous verrons que de nombreux systèmes de classification des tâches
motrices utiliseront, comme principe de classification, ces conditions
environnementales de type bio-informationnel. Soulignons, enfin, que
l’incertitude environnementale n’est pas uniquement spatiale ou temporelle.
Elle peut être aussi événementielle ou liée au rapport signal - bruit dans
l’environnement. Ces points seront développés ultérieurement.
B) Conditions environnementales de nature biomécanique
51 Les conditions biomécaniques sont en relation avec l’aptitude de l’organisme
à prendre en compte, au cours de son activité, des forces extérieures telles
que la gravité, la masse, l’inertie. Les lois de la physique dictent certaines
propriétés dont le pratiquant doit nécessairement tenir compte pour que ses
mouvements atteignent le but. Les lois de l’aérodynamique et de
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Notion d’activité
65 L’activité fait référence à ce que met en jeu le sujet pour satisfaire aux
exigences de la tâche. Afin de réaliser la tâche, c’est-à-dire atteindre un but
donné dans des conditions déterminées (réception d’un service en
manchette), l’activité motrice du sujet va être à la fois de nature interne et
externe.
Interne
66 c’est-à-dire que différentes opérations cognitives sont sollicitées : comparer,
se rappeler, séparer, combiner, analyser, etc. Ces opérations sont considérées
comme des propriétés inhérentes au fonctionnement du système nerveux qui
vont permettre au sujet :
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Externe
73 c’est-à-dire l’activité manifeste, le mouvement que le sujet exécute en
fonction des activités internes qui l’ont précédé. Elle représente la
manifestation observable de l’habileté. Mais comme le fait remarquer Leplat
(1988) : « Le passage d’une activité observée à l’habileté sous-
jacente n’est jamais simple et constitue en lui-même un
problème. Elle souligne aussi le caractère hypothétique de
l’habileté : on n’observe pas une habileté, mais ses
manifestations. »
74 On doit donc considérer que toutes les habiletés motrices sont perceptivo-
motrices ou plutôt psychomotrices. Pourquoi ces préfixes « perceptivo » ou
« psycho » ? Tout simplement parce que la mise en œuvre d’une habileté
motrice implique plus qu’une simple activité musculaire. L’activité
musculaire représente le comportement externe observable.
Mécanismes Processus cognitifs Fonctions et objectifs
1. Mémoire Reçoit...... conserve brièvement.
sensorielle Transmet…… l’information vers la MCT pour établir un contact mnésique ou
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directement vers le mécanisme perceptif.
Conçoit l’existence du signal, anticipe, filtre, analyse les
Détecte, met en éveil,
caractéristiques, associe (les indications présentes et
2. Mécanisme sélectionne attentivement,
l’information enregistrée), établit la signification de l’
perceptif reconnaît ……
information.
Transmet......
vers la MTC pour l’action.
conserve l’information pour un usage immédiat et la prise de
Décrit et traite décision.
l’information…… retrouve l’information pour la MLT pour analyse, prise de
Compare décision et attributions suivant le feedback.
temporairement…… organise (segmente), rend disponible plus d’espace fonctionnel,
3. Mémoire à
Transforme …… donne un sens additionnel.
court terme
Apprécie la situation …… formule les performances et ses objectifs espérés, établit l’état,
(MCT)
choisit des programmes dans émotionnel, transmet les programmes au générateur de
la MLT, planifie l’exécution du mouvement, détermine les paramètres (emplacement, vitesse,
programme, transmet direction, coordination, amplitude, force, effort) dans lesquels le
l’information. programme doit opérer, transfère l’information à la MLT pour
établir l’apprentissage.
4. Mémoire à
Rend l’information disponible pour un usage futur, établit la
long terme Enregistre l’information……
pertinence, assiste l’anticipation, les attentes et la perception.
(MLT)
Amorce le programme ……
5. Générateur choisit les muscles appropriés pour agir à l’intérieur des
pour le comportement
de paramètres de réponse, éveille le centre sensoriel du cerveau,
moteur, amorce la décharge
mouvement anticipe le mouvement.
corolaire.
Exécutent une performance observable, fournissent une
information pour un usage futur (comparaison, reconnaissance)
en la rendant disponible à la MLT, fournissent une information
Reçoivent l’ordre ……
6. Effecteurs aux organes périphériques pour assister la régulation du
activent les sources feedback
comportement en cours, pour l’adapter aux demandes de la
situation, fournissent une information pour influencer les états
d’attitude et d’éveil.
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Notion de performance
84 Dans la littérature anglo-saxonne, le mot performance signifie soit
l’activité du sujet sur la tâche (performance of a task), soit le produit de cette
activité (level of performance). C’est ce second sens que nous retenons ici.
85 La performance, dans le sens restreint où nous l’utilisons, correspond donc
au résultat obtenu à la suite de la mise en œuvre de l’activité. Ce résultat est
comparé au but de la tâche c’est-à-dire au résultat désiré. Il peut être exprimé
en termes d’échec ou de réussite, ou bien sous forme de score.
La tâche prescrite
87 Conformément à la définition proposée par Leplat et Hoc (1983), la tâche
prescrite est donc la tâche conçue par celui qui en commande l’exécution.
Cela suppose bien évidemment que ce dernier soit une personne autre que
l’exécutant lui-même. La notion de tâche prescrite correspond aussi à la
notion de tâche assignée de Hackman (1969).
88 La tâche prescrite préexiste à l’activité qu’elle vise à orienter et à déterminer
de façon plus ou moins complète. Comme le font remarquer Leplat et Hoc
(1983), beaucoup de tâches de la vie quotidienne appartiennent à cette
notion de tâche prescrite : les consignes des tests ou des expériences de
psychologie, les modes d’emploi, les recettes de cuisine, les instructions
d’utilisation, etc. Dans le domaine particulier de l’éducation physique et
sportive, nous définissons la tâche prescrite comme tout ce qui est imposé au
pratiquant par une personne extérieure.
89 Dans notre analyse de la difficulté, la notion de tâche prescrite sera associée à
celle de difficulté objective. En effet, le dosage de la difficulté que recherche
l’éducateur physique ne peut se faire qu’en manipulant la tâche prescrite ou
bien, comme nous l’analyserons plus loin, les facteurs de contexte. Il
parviendra à ce dosage de la tâche prescrite en manipulant les
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La tâche redéfinie
90 La tâche exécutée par le pratiquant n’est pas forcément celle qui lui a été
prescrite. Cela, bien sûr, parce que les tâches assignées aux pratiquants sont
généralement redéfinies par eux en fonction de leurs besoins, de leur valeur
et de leur but, avant même que l’activité ne commence (figure 4). « Un
grand nombre de comportements humains se présentent sous
forme de tâches que l’homme ne s’assigne pas spontanément à
lui-même, mais qui lui sont proposées ou imposées par d’autres.
Dans la mesure où le sujet n’assume pas ces tâches comme des
buts qu’il s’assigne à lui-même, l’activité et son résultat lui
resteront plus ou moins étrangers. Ils ne donneront pas lieu à
une expérience de réussite et d’échec. Mais, souvent, le sujet
assume la tâche et s’engage à l’exécuter à la demande et selon les
instructions d’autrui. Le plus souvent, un but, un projet
personnel s’ajouteront donc à l’activité imposée » (Nuttin, 1961).
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acquièrent sur le terrain et qui n’est pas transmise par les consignes (figure
5).
94 Lorsqu’un pratiquant accomplit une tâche motrice, son comportement
moteur ne dépend pas seulement de la tâche prescrite objective mais aussi
d’un ensemble de facteurs, de nature cognitive, intercalés entre l’énoncé de la
tâche prescrite et sa réalisation effective. Ces facteurs constituent un
processus spécifique par lequel la tâche est perçue, comprise et située par
l’individu et le groupe. Nous appelons « processus de redéfinition », selon
l’expression empruntée à Hackman, ce procédé où les informations sur la
tâche en provenance d’une instance extérieure sont perçues et traitées par
celui qui va la réaliser en fonction de ses propres cognitions, besoins,
motivations et expériences antérieures. Pour Hackman, cette transformation
de la tâche prescrite en tâche privée de l’exécutant (nous l’appelons tâche
redéfinie) peut être conçue comme une activité cognitive interne qui se
produit entre le moment où l’exécutant perçoit les consignes de la tâche
prescrite et celui où il commence à la réaliser. La figure 4 illustre la
succession temporelle de ces événements. Les tâches prescrites et redéfinies
occupent des positions différentes dans la réalisation de la performance
motrice.
95 Leplat et Hoc (1983) ont émis des idées similaires. Ils soulignent, par
exemple, qu’« apparaît la nécessité de distinguer, à côté de la tâche
prescrite, qui définit ce qu’on attend du sujet, une autre tâche
correspondant à ce qu’il cherche à faire effectivement ». Ils font aussi
remarquer que l’on trouve cette distinction sous des appellations diverses :
tâche formelle / tâche informelle, tâche prescrite / tâche effective, tâche pour
l’expert / tâche réelle pour l’observateur.
La tâche autogénérée
100 La tâche peut ainsi être imposée de l’extérieur par une instance quelconque :
le maître, les parents, le règlement, le code sportif, etc. Cependant, elle peut
parfois puiser son origine chez le pratiquant lui-même : « Une tâche peut
être assignée à une personne ou à un groupe par un agent extérieur ou peut
être autogénérée » (Hackman, 1969). Si un enfant décide de lui-même de
grimper sur un portique, il s’agit d’une tâche autogénérée. Le principe est le
même que pour la tâche prescrite : on fixe à quelqu’un ou on se fixe à soi-
même un objectif, des conditions qui accompagnent la réalisation de ce but,
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31/01/2024 20:47 Apprentissage moteur et difficulté de la tâche - Chapitre 1. Tâche – activité – performance - INSEP-Éditions
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31/01/2024 20:47 Apprentissage moteur et difficulté de la tâche - Chapitre 1. Tâche – activité – performance - INSEP-Éditions
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