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Année Universitaire 2021/2022

Licence I – Semestre II

INTRODUCTION AU DROIT EUROPÉEN

Cours de Mme Fabienne PÉRALDI-LENEUF, Professeur à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne


Travaux dirigés de M. Flavius BOAR, Docteur en droit, Université de Bucarest/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Séance n° 5 : Les institutions de l’Union européenne

DOCUMENTS FOURNIS

► Document n° 1 : Explications détaillées sur les institutions de l’Union européenne (année 2017),
Centre d’Information Europe Direct de Strasbourg, disponible au lien : www.strasbourg-europe.eu
► Document n° 2 : Institutions et autres organes de l’Union Européenne, extrait de la documentation
officielle, disponible au lien : www.europa.eu
► Document n° 3 : Traité sur l’Union européenne [extraits]
► Document n° 4 : Résolution du Parlement européen du 20 novembre 2013 sur la fixation des sièges des
institutions de l’Union européenne (2012/2308 (INI))

QUESTIONS DE RÉFLEXION

► Quels sont les changements apportés à l’architecture institutionnelle de l’Union Européenne par le Traité
de Lisbonne ?
► Envisagez-vous des changements dans l’architecture institutionnelle de l’Union Européenne ? Une
convergence vers une Europe fédérale, ou bien plutôt vers une Europe des nations souveraines ?
► Qui est-ce que représente l’Union Européenne dans les relations extérieures? Quel organe a la
compétence de négocier, signer et ratifier les traités internationaux pour le compte de l’Union Européenne ?
► Qui détient la fonction législative au niveau de l’Union Européenne ? Qui exerce l’initiative législative
par rapport aux différentes compétences règlementaires attribuées à l’Union Européenne ?
► Quel est le rôle de la Commission Européenne selon les Traités ? Quelle est la procédure de formation de
la Commission Européenne ? Est-ce que chaque Etat Membre doit recevoir pour son compte un poste de
commissaire européen ? Quel est le rôle des commissaires européens ? Les commissaires européens doivent-
ils représenter les intérêts de leur Etat d’origine ou de nationalité dans leur activité auprès de la Commission
Européenne ? Quels organes désignent les commissaires européens et qui est-ce que doit approuver leur
nomination ? Quel est le rôle actuel du Président de la Commission européenne ? Pourquoi dit-on de la
Commission Européenne qu’elle est la « gardienne des Traités » ?
► Comment sont désignées les personnes qui interviennent dans le Conseil de l’Union Européenne ?
Existe-t-il un président du Conseil ? Quel est le rôle actuel du Conseil ? Les membres du Conseil doivent-ils
représenter les intérêts de leur Etat d’origine ou de nationalité dans leurs activités spécifiques ?
► Comment sont désignées les personnes qui interviennent dans le Conseil Européen ? S’agit-il d’une
institution différente du Conseil de l’Europe ? S’agit-il d’une institution différente du Conseil de l’Union
Européenne ? Est-ce que chaque Etat Membre doit recevoir pour son compte un poste au niveau du Conseil
Européen ? Les membres de ce Conseil doivent-ils représenter les intérêts de leur Etat d’origine ou de
nationalité dans leurs activités spécifiques ? Les actes adoptés par ce Conseil sont-ils obligatoires dans
l’ordre juridique interne des Etats Membres ? Sont-ils obligatoires dans l’ordre juridique européen ? Depuis
quand cet organe est-il formellement consacré par les textes des Traités ? Cet organe exerce-t-il la fonction
législative au niveau de l’Union Européenne ? Quel est le rôle actuel du Conseil Européen ?
► Depuis quand est-ce que les parlementaires européens sont élus au suffrage universel direct? Les
parlementaires européens doivent-ils représenter les intérêts de leur Etat d’origine ou de nationalité dans
leurs activités spécifiques ? Un ressortissant roumain peut-il candidater au Parlement Européen pour le
compte d’un autre Etat Membre?
► Existe-t-il une séparation des pouvoirs de type classique dans le système institutionnel de l’Union
Européenne ?
► Pourquoi parle-t-on d’un « déficit démocratique » au niveau des procédures normatives de l’Union
Européenne ?
► En quoi se concrétisent les rôles du Comité des Régions et du Comité Economique et Social Européen ?
Les membres de ces comités doivent-ils représenter les intérêts de leur Etat d’origine ou de nationalité dans
leurs activités spécifiques ?
► Pourquoi la fixation des sièges des institutions de l’Union européenne a-t-elle posé tant de problèmes
au Parlement Européen ? Cette question est-elle actuellement résolue ? Les institutions de l’Union
Européenne devraient-elles toutes fonctionner dans le même endroit ou, au moins, dans la même ville ?

DEVOIR/DISSERTATION
► «Le Parlement européen est-il comparable aux parlements nationaux ?»
► Document n° 1 : Explications détaillées sur les institutions de l’Union
européenne (année 2017), Centre d’Information Europe Direct de Strasbourg,
disponible au lien : www.strasbourg-europe.eu

A. Présentation des institutions de l’Union européenne

Le système institutionnel de l'Union européenne (UE) est original et se distingue de


manière radicale des systèmes institutionnels de ses 28 pays membres. Il n'y a pas de président unique de
l’Union européenne, ni de premier ministre attitré, ni de gouvernement supranational. Chacune des
institutions européennes a son organisation propre et ses membres définis, et travaille selon un schéma bien
établi en collaboration avec les autres institutions de l'Union.

Les institutions de l'Union européenne sont au nombre de sept : Le Conseil européen, Le Conseil de l'Union
européenne (ou "le Conseil"), La Commission européenne, Le Parlement européen, La Cour de Justice de
l’Union européenne, La Cour des Comptes européenne et La Banque centrale européenne (BCE). Ces
institutions de l’Union sont assistées de deux organes consultatifs :

Le Comité économique et social européen (CESE) : chargé de représenter les intérêts des différentes
catégories de la vie économique et sociale européenne (ex. employeurs, travailleurs, agriculteurs,
professions libérales etc.). Le CESE doit être consulté de manière obligatoire sur un grand nombre de sujets
(ex. questions sociales, santé publique, politique régionale, environnement...) et peut par ailleurs être
consulté librement par la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’Union
européenne pour avis. Il peut également émettre un avis de sa propre initiative. Cet organe est constitué de
353 membres issus des 28 Etats membres, en fonction du poids démographique de chaque Etat.

Le Comité des Régions : chargé de représenter les intérêts des collectivités régionales et locales des Etats
membres de l’Union européenne. Il est consulté de manière obligatoire dans certains domaines (ex.
éducation, culture, réseaux transeuropéens, etc.) et peut de même être consulté librement pour avis par la
Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne. Tout comme le CESE,
le Comité des Régions peut également lui-même prendre l’initiative d’émettre des avis dans les cas jugés
opportuns. Cet organe est constitué de 353 membres issus des 28 Etats membres, en fonction du poids
démographique de chaque Etat.

Le fait d'être ou de ne pas être une institution comporte (outre l'élément de prestige) surtout des effets
juridiques. Le cachet "institution" donne par exemple la faculté de saisir la Cour de Justice de l’Union
européenne en cas de manquement d'une autre institution aux obligations qui lui incombe. Ce sont
également les institutions et non les organes qui adoptent les actes légaux (règlements, directives, décisions,
recommandations et avis) nécessaires à l’exercice des compétences de l’Union européenne.

De ne pas figurer parmi les « institutions de l'Union européenne » ne veut cependant pas dire être sans
importance. La Banque européenne d'investissement (BEI) par exemple a pour mission de contribuer au
développement équilibré du marché intérieur de l’Union européenne. Elle finance (par des prêts et l’octroi
de garanties) des projets de développement dans les régions moins développées de l'Union européenne ou
encore des projets de création d’emplois et de modernisation ou de reconversion d'entreprises. Elle attribue
également des prêts à des pays tiers dans le cadre des politiques de coopération extérieure et de l’aide au
développement de l’Union européenne. La BEI, qui a son siège au Luxembourg, a déjà soutenu plusieurs
projets dans les Etats membres de l’Union comme par exemple la construction d’un centre médical
universitaire en Belgique, la construction d’une usine de bioéthanol en Pologne, l’extension du réseau TGV
en France etc. La suite sera consacrée à une étude plus approfondie des principales institutions de l'Union
européenne qui participent à l’élaboration de la législation européenne.

Le fonctionnement des principales institutions de l’Union européenne

Le Conseil européen
La décision de créer le Conseil européen date de 1974. Par son instauration, les chefs d'Etat et de
gouvernement ont voulu créer une instance de coopération intergouvernementale entre les pays membres de
la Communauté, notamment dans le domaine politique. L’Acte unique européen (AUE) consacrera
officiellement l’existence du Conseil européen sans toutefois définir concrètement son rôle, ni ses
compétences. Il faudra attendre l'entrée en vigueur du Traité de Maastricht en 1993 avant de trouver dans les
traités communautaires la définition du rôle du Conseil européen : il « donne à l’Union les impulsions
nécessaires à son développement et en définit les orientations politique générales » (Traité de Maastricht,
art. D).

Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne le 1er décembre 2009, le Conseil européen figure parmi les
institutions de l’Union européenne. Un président permanent (l'ancien premier ministre polonais, Donald
Tusk) est désormais à la tête de l’institution pour une durée de 2 ans et demi (renouvelable une fois)
l’objectif étant de donner une voix et un visage à l’Union européenne. Il est élu à la majorité qualifiée par les
membres du Conseil européen. Le président est chargé de présider et coordonner les travaux du Conseil
européen. Il est également chargé d’assurer la représentation extérieure de l’Union pour les matières relevant
de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), sans préjudice toutefois des attributions du Haut
représentant de l’Union pour les affaires étrangères (poste créé par le Traité de Lisbonne dans le but de
promouvoir l’action de l’Union européenne sur la scène internationale).

Le Conseil européen est composé des Chefs d’Etat ou de gouvernement des Etats membres de l’Union
européenne, le président du Conseil européen, Donald Tusk - depuis le 1er décembre 2014- et le président
de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker -depuis le 16 juillet 2014. Le Haut représentant de
l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (l’Italienne Federica Mogherini; depuis le 31
octobre 2014) participe également aux travaux du Conseil européen.

Le rôle du Conseil européen revêt d’une importance considérable pour le fonctionnement de l’Union
européenne. En effet, il revient bel et bien aux membres du Conseil européen de décider quelles seront les
principales occupations politiques futures de l'Union. C'est lors du Sommet de Madrid en 1995 par exemple
que les 15 Chefs d'Etat ou de gouvernement ont adopté définitivement le principe du passage à l'euro à partir
du premier janvier 1999 et c’est lors du Sommet européen de Bruxelles en juin 2007 que le Conseil
européen a pris la décision de relancer le processus institutionnel en veille depuis le NON des Français et
des Néerlandais au projet de Traite établissant une constitution pour l’Europe en 2005. Il n’est donc point
étonnant que le suivi médiatique lors des sommets européens soit particulièrement important. Les membres
du Conseil européen se réunissent au minimum deux fois par semestre mais le président du Conseil peut
convoquer des réunions extraordinaires si besoin. De manière générale, le Conseil européen se prononce par
consensus mais il peut également se prononcer par vote.

Le Conseil de l’Union européenne (ou "le Conseil")

Le Conseil de l'Union européenne est l'une des instances décisionnelles principales de l'UE (organe
législatif). Conjointement avec le Parlement européen, il crée la législation européenne en adoptant les
propositions que lui soumet la Commission européenne. Il exerce également conjointement avec le
Parlement européen la fonction budgétaire.

Le Conseil de l’Union est l'organe représentant l’intérêt général des gouvernements des Etats membres de
l’Union européenne. Il réunit les ministres des 28 pays membres (un représentant par Etat). Les ministres ne
se réunissent pas de manière systématique, ni de manière régulière une fois par mois ou une fois par semaine
mais en fonction de la question inscrite à l'ordre du jour. Ainsi, s'il s'agit d'agriculture, ce sont les ministres
de l'agriculture qui vont se réunir, s'il s'agit des dossiers du transport, ce sont les ministres des transports etc.
Le Conseil de l’Union peut siéger en dix formations différentes allant de la formation « affaires étrangères »
à la formation « environnement » en passant par les formations « agriculture et pêche » et « affaires
économiques et financières ». Les 28 ministres du Conseil de l’Union se réunissent pour adopter la
législation européenne. Ils sont donc amenés à arrêter des actes juridiques (des règlements, des directives,
des décisions.) au niveau européen. Un Comité composé de représentants permanents des Etats membres (le
COREPER) prépare les travaux et les sessions du Conseil.
A l’heure actuelle, les décisions au sein du Conseil de l’Union sont prises :

• A la majorité simple : vote nécessitant l’accord de minimum 15 Etats membres. Le vote à la majorité
simple n'est utilisé que très rarement (notamment dans les domaines où aucune procédure particulière n'est
prévue par les traités).

• A la majorité qualifiée : vote nécessitant l'accord de 55% des membres du Conseil - soit au minimum 16
pays sur 28. De plus, Les États membres favorables doivent représenter au minimum 65% de la population
totale de l’U.E. (soit en 2014, environ 328,6 millions de personnes). La plupart des décisions sont prises à la
majorité qualifiée. Le Traité de Lisbonne dispose ouvertement dans son article 16 que « le Conseil statue à
la majorité qualifiée, sauf dans les cas où les traités en disposent autrement ». Si certains États membres se
trouvent en désaccord avec une proposition, ils peuvent bloquer cette proposition à la condition qu’une
minorité de blocage soit atteinte. Ainsi, il faut compter au minimum 4 États membres représentant plus de
35% de la population de l’UE. Jusqu’au 31 mars 2017, les États membres pouvaient demander l’application
de l’ancienne règle de majorité qualifiée. (Selon l’ancien système, chaque État disposait d’un nombre de
voix défini en fonction de la taille de la population de son État).

•A l'unanimité : Pour certains sujets dits "sensibles" comme la politique étrangère et de sécurité commune,
c'est toutefois le vote à l'unanimité qui est utilisé.

Le Conseil de l'Union européenne a son siège à Bruxelles. La présidence du Conseil est exercée, à tour de
rôle, par les pays membres de l'Union européenne pour une période de six mois. Depuis 2007, le Conseil a
décidé de l'instauration d'une présidence tripartite. Ainsi durant 18 mois, les 3 Etats-membres se succédant à
la présidence du Conseil doivent se doter d'un programme et d'objectifs communs.

La Commission européenne

La Commission européenne effectue un énorme travail pratique au niveau de l'UE. Elle est en quelque sorte
l'administration centrale de la Communauté. Ce sont en effet les quelques 30 000 fonctionnaires de la
Commission qui élaborent les propositions de lois européennes qui sont par la suite soumises au vote du
Conseil de l'Union et du Parlement européen - d'où leur étiquette "d'eurocrates" et/ou de "technocrates".

C'est la Commission européenne qui, dans un grand nombre de domaines, détient le monopole de l'initiative
au niveau communautaire. Elle joue un rôle essentiel dans la préparation puis dans l’exécution de la
politique européenne. Avant de soumettre une proposition de texte législatif, la Commission procède à des
entretiens préalables avec les gouvernements des Etats membres, les représentants de l'industrie, des
syndicats et/ou autres experts afin de prendre en compte leurs intérêts dans ses initiatives.

Parallèlement à ses occupations administratives et son pouvoir d'initiative, la Commission a également


d'autres tâches :

- Elle veille à l'application des traités et de la législation européenne ("gardienne des traités")

- Elle est chargée de l'exécution du budget annuel de l'UE

- Elle représente l'UE sur la scène internationale (sur instruction du Conseil de l'Union, notamment lors de
négociations d'accords commerciaux avec des pays tiers ou encore lors d'accords internationaux à
l’exception toutefois des domaines relevant de la politique étrangère et de sécurité commune)

A l'heure actuelle, le président de la Commission européenne est le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Il


succède au Portugais José Manuel Barroso qui était resté à la tête de l'institution de 2004 à 2014.

Le travail de la Commission européenne est accompli par un collège de 28 personnes, dits commissaires.
Chaque Etat membre dispose d’un seul commissaire dont le mandat est de cinq ans. Chaque commissaire
européen s'occupe de domaines bien spécifiques. Cela peut être la pêche, les transports ou encore la
politique régionale.

Quelques exemples de Commissaires européens 2014-2019:

Education, culture, jeunesse et sport : Tibor Navracsics (Hongrie)

Energie : Maros Sefcovic (Slovaquie)

Marché intérieur, industrie, entreprenariat et PME : Elzbieta Bienkowska (Pologne)

Santé : Vytenis Andriukaitis (Lituanie)

Transports : Violeta Bulc (Slovénie)

Affaires économiques et monétaires, à la Fiscalité et à l'Union douanière : Pierre Moscovici (France)

Chaque commissaire s'occupe ainsi d'un (ou de plusieurs secteurs) bien particulier(s). La Commission en
tant que telle décide cependant collégialement (ou unanimement) sur chaque dossier. Les délibérations sont
acquises à la majorité de ses membres. La répartition des domaines d'occupation (qui se fait au moment de
l'installation des nouveaux commissaires) est assurée par le président de la Commission européenne. Les
commissaires se réunissent une fois par semaine à Bruxelles. Les réunions qui ont lieu pendant la semaine
de la session plénière du Parlement européen sont toutefois tenues à Strasbourg.

Les commissaires sont nommés d'un commun accord par les Etats membres après vote d'investiture du
Parlement européen. Ils sont complètement indépendants de leurs Etats membres. Les commissaires
représentent l'intérêt général de l’Union européenne uniquement et ils sont collectivement responsables
devant le Parlement européen (qui peut d'ailleurs censurer la Commission et contraindre les commissaires à
abandonner leur fonction). En mars 1999, la Commission a choisi de démissionner d'elle-même afin d’éviter
la motion de censure officielle du Parlement européen. Le collège de commissaires et le Haut représentant
de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (commissaire et vice-président de la
Commission) sont soumis à un vote d’approbation du Parlement européen.

En ce qui concerne le président de la Commission européenne, un nouveau mode d'élection a été introduit
par le traité de Lisbonne. Désormais, le Conseil européen statuant à la majorité qualifiée propose un candidat
à la fonction de président de la Commission au Parlement européen. Le choix du candidat doit refléter les
résultats des élections au Parlement européen. Celui-ci élit le candidat proposé à la majorité de ses membres.

Le siège de la Commission européenne se trouve à Bruxelles. Le personnel administratif de la Commission


européenne est toutefois réparti entre plusieurs lieux de travail dont principalement Bruxelles (environ 24
000 agents) et Luxembourg (où travaillent plus de 4000 agents). S'y ajoute encore les personnes chargées
des activités de recherche (au nom de la Commission) reparties entre les centres de recherche d'Ispra en
Italie, Geel en Belgique, Karlsruhe en Allemagne et Petten aux Pays-Bas.

Le Parlement européen

Le Parlement européen permet aux citoyens de l'Union européenne de participer directement à la politique
européenne. Les citoyens européens élisent leurs députés dans les circonscriptions nationales pour une
période de cinq ans. Les députés vont pendant cette même période représenter, au niveau européen, les
intérêts de leurs électeurs. Les dernières élections européennes ont eu lieu au mois de mai 2014.

Le Parlement européen est actuellement composé de 751 députés (élus au suffrage universel direct) venant
des 28 pays de l'Union européenne. Ces députés représentent les quelques 508 millions de citoyens de
l’Union européenne.
En effet, le nombre de députés venant d'un pays membre ne reflète pas vraiment sa réalité géographique, ni
sa population. Par exemple : tandis que le député luxembourgeois représentera quelques 82.000 habitants, le
député allemand assure lui la représentation d’environ 828.000 citoyens allemands !

Les parlementaires ne se regroupent pas par nationalité mais par affinité politique. A l'heure actuelle, le
Parlement compte sept groupes politiques ainsi que des députés non-inscrits (N-I) :

- Groupe du Parti populaire européen (PPE)

- Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen (S&D)

- Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE)

- Groupe des Verts/Alliance libre européenne Verts/ALE Conservateurs et Réformistes européens (CRE)

- Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL)

- Groupe Europe de la liberté et de la démocratie (ELD)

Pour voir la répartition des sièges des députés (par Etat membre et par groupe politique), rendez-vous sur le
site du Parlement européen. Le nombre minimal de députés requis pour former un groupe politique est de
25, élus dans au moins un quart des Etats membres de l’Union Européenne. Le groupe du Parti populaire
européen (Groupe PPE) et le groupe socialiste (S&D) ont le plus d'adhérents (219 et 191 députés
respectivement selon les chiffres du 05 février 2015). A l'instar des parlements nationaux, le Parlement
européen organise son travail à l'aide de plusieurs commissions parlementaires. Celles-ci peuvent être
permanentes, temporaires ou d'enquête. Les commissions permanentes sont au nombre de 20 traitant aussi
bien des questions budgétaires, agricoles, économiques, institutionnelles etc. Leur tâche est de préparer les
travaux des sessions plénières du Parlement. Elles élaborent notamment les rapports qui sont soumis au vote
de l'assemblée plénière. Enfin, le Parlement européen dispose d'un président, élu pour une période de deux
ans et demi. En juillet 2014, l'Allemand Martin Schulz a été réélu pour un deuxième mandat.

Depuis 1957, les pouvoirs du Parlement européen se sont progressivement renforcés et étendus. Le
Parlement occupe un rôle essentiel dans la gestion de l'Union européenne du fait qu'il participe directement à
l'élaboration des règlements et des directives européennes (en collaboration avec la Commission et le
Conseil de l'Union européenne). Le Parlement constitue avec le Conseil de l'Union l’autorité budgétaire de
l’Union européenne. C'est le Parlement qui arrête le budget définitif de l'Union européenne. Il a la faculté de
rejeter le budget en bloc (cela c'est déjà produit à plusieurs reprises). En effet, aucun texte ne peut voir le
jour sans la consultation préalable du Parlement européen qui doit être consulté sur l’ensemble des
propositions législatives communautaires. A l’heure actuelle, la procédure législative la plus utilisée au
niveau de l’Union européenne est la « procédure législative ordinaire » (anciennement procédure de
codécision) qui concerne désormais 85 domaines différents allant de la liberté de circulation des travailleurs
à la protection des consommateurs en passant par l’environnement, la non-discrimination en raison de la
nationalité et la lutte contre la fraude. Cette procédure donne au Parlement européen le pouvoir d’arrêter
conjointement des textes législatifs communautaires sur un strict pied d’égalité avec le Conseil de l’Union.

Le siège du Parlement se trouve à Strasbourg où se tiennent toutes les sessions plénières de l'institution ainsi
que la session budgétaire. Des sessions additionnelles se tiennent à Bruxelles tandis que le secrétariat
général du Parlement se trouve au Luxembourg !

La Cour de Justice de l’Union européenne

La Cour de Justice de l'Union européenne veille au respect du droit européen. Ses principales tâches sont
celles d'interpréter et d'assurer l'application du droit communautaire. Elle a son siège au Luxembourg. Il est
important de ne pas confondre la Cour de Justice de l’Union européenne avec la Cour européenne des Droits
de l'Homme, installée à Strasbourg, chargée du respect des droits de l'Homme, ni avec la Cour internationale
de Justice, organe judiciaire des Nations Unies siégeant à La Haye.

La Cour de Justice de l’Union européenne se compose de 28 juges (un juge par Etat membre) ainsi que de
neuf avocats généraux. Les juges sont choisis parmi des personnalités offrant toute garantie d'indépendance
et de compétence notoire. Ils sont nommés pour six ans (renouvelables) d'un commun accord par l'ensemble
des Etats membres. Tout comme les juges, les avocats généraux sont désignés d’un commun accord par les
gouvernements des pays membres pour un mandat de six ans (renouvelable). Ils doivent satisfaire les mêmes
critères d'indépendance et de formation que les juges. Les avocats généraux assistent la Cour dans sa
mission en présentant publiquement et en toute indépendance, leurs conclusions sur les affaires soumises à
la Cour.

La Cour peut être saisie par toute partie : institution communautaire, Etat membre, personne physique ou
morale à l'occasion d'un litige mettent en cause un acte ou une institution communautaire. Le particulier a
donc la possibilité de saisir la Cour de Justice à l'occasion d'un litige mettant en cause un acte ou une
institution au niveau de l'UE.

Les principales formes de recours sont :

- Le recours en manquement (en cas de non-respect par les Etats membres des obligations introduites par le
droit communautaire)

- Le recours en annulation (en cas de non-légalité des actes communautaires)

- Le recours en carence (en cas d'inaction illégale des institutions communautaires)

Pour alléger la charge du travail de la Cour, un Tribunal de première instance (constitué de 28 membres)
dont la tâche est notamment de traiter des recours introduits par les personnes physiques et morales contre
les décisions des institutions communautaires, a été mis en place en 1989. Il s'occupe notamment de :

- Litiges entre les institutions de l’Union et leurs agents et fonctionnaires

- Affaires de concurrence (concentrations d'entreprises, dumping etc.)

- La Cour de Justice de l’Union européenne est souvent sollicitée et les recours sont faits dans toutes les
matières. Les arrêts les plus connus concernent toutefois le marché intérieur, comme cela était le cas pour
l'arrêt " Cassis de Dijon " de 1979 concernant le principe de la confiance mutuelle. Dans cet arrêt, la Cour a
statué que tout produit légalement fabriqué dans un Etat membre doit être admis sur le marché de tout Etat
membre. Ainsi, cet arrêt a posé le principe de la libre circulation des produits dès lors que ceux-ci satisfont
aux exigences essentielles en matière de santé publique et de sécurité. C'est effectivement ce même arrêt qui
a ouvert la voie au grand marché intérieur.

La Cour des Comptes européenne

La Cour des Comptes européenne est responsable du contrôle du budget communautaire. Elle assure la
bonne gestion financière de l'Union européenne. Il revient ainsi à la Cour des Comptes de contrôler la
légalité et la régularité de toutes les recettes et les dépenses de la Communauté.

Pour organiser ses activités de contrôle, la Cour des Comptes dispose de quelques 250 contrôleurs. Ils
effectuent des visites d’inspection auprès des institutions de l’Union, auprès des Etats membres de l’Union
et auprès des organisations bénéficiant de ou gérant des fonds de l’Union européenne. Dans les Etats
membres, le contrôle s'effectue en étroite collaboration avec les institutions de contrôle nationales.
La Cour des Comptes européenne ne possède toutefois aucun pouvoir juridique propre. D’éventuels constats
d’irrégularités ou de fraude sont rapportés aux organes communautaires compétents (notamment l’OLAF,
l'Office Européen de lutte anti-fraude).

Chaque année, la Cour des Comptes européenne établit un rapport financier qui est publié dans le Journal
Officiel de l’Union européenne. Ce rapport constitue un moyen efficace de pression sur les institutions et les
organes administratifs pour que ceux-ci assurent une bonne gestion des fonds. Tout au long de l'année, la
Cour des Comptes est en outre amenée à présenter des observations ou à rendre des avis. Elle doit
obligatoirement être consultée avant l'adoption de textes relatifs à la réglementation financière et aux
ressources propres au niveau communautaire et elle est invitée à rendre un avis sur toute disposition
législative (nouvelle ou actualisée), ayant une incidence financière sur le fonctionnement de l'Union
européenne.

La Cour des Comptes européenne est installée au Luxembourg et se compose de 28 membres (un par Etat
membre), qui sont nommés pour une période de six ans par le Conseil de l'Union (statuant à la majorité
qualifiée) après consultation du Parlement européen, sur la base des propositions faites par les États
membres. Les membres proposés par les États doivent obligatoirement appartenir, dans leur pays respectif, à
un organisme de contrôle externe ou posséder une qualification particulière pour cette fonction.

► Document n° 2 : Institutions et autres organes de l’Union Européenne, extrait de la documentation


officielle, disponible au lien : www.europa.eu

L'UE possède également un ensemble d'institutions et d'organes interinstitutionnels qui


remplissent des missions spécialisées:

- la Banque centrale européenne est responsable de la politique monétaire européenne;

- le service européen pour l’action extérieure (SEAE) assiste le haut représentant de l'Union pour les affaires
étrangères et la politique de sécurité. Cette fonction, actuellement occupée par Federica Mogherini, consiste
à présider le Conseil des affaires étrangères, diriger la politique étrangère et de sécurité commune et assurer
la cohérence et la coordination de l'action extérieure de l'UE.

- le Comité économique et social européen représente la société civile, les employeurs et les salariés;

- le Comité des régions représente les autorités régionales et locales;

- la Banque européenne d’investissement finance les projets d'investissement européens et aide les PME par
l'intermédiaire du Fonds européen d'investissement;

- le Médiateur européen enquête sur les plaintes pour mauvaise administration déposées contre des
institutions ou organes de l'Union européenne;

- le Contrôleur européen de la protection des données est chargé de protéger les données à caractère
personnel et la vie privée des citoyens;

- l’Office des publications publie des informations sur l'UE;

- l’Office européen de sélection du personnel recrute le personnel des institutions et autres organes de l'UE;

- l’École européenne d’administration offre des formations au personnel des institutions européennes dans
des domaines spécifiques;

- une série d’agences spécialisées et d’organismes décentralisés remplissent des tâches techniques,
scientifiques et de gestion.
► Document n° 3 : Traité sur l’Union européenne [extraits]

Article 13

L'Union dispose d'un cadre institutionnel visant à promouvoir ses valeurs, poursuivre ses objectifs, servir
ses intérêts, ceux de ses citoyens, et ceux des États membres, ainsi qu'à assurer la cohérence, l'efficacité et la
continuité de ses politiques et de ses actions.

Les institutions de l'Union sont le Parlement européen, le Conseil européen, le Conseil, la Commission
européenne (ci-après dénommée «Commission»), la Cour de justice de l'Union européenne, la Banque
centrale européenne, la Cour des comptes.

Chaque institution agit dans les limites des attributions qui lui sont conférées dans les traités, conformément
aux procédures, conditions et fins prévues par ceux-ci. Les institutions pratiquent entre elles une coopération
loyale.

Les dispositions relatives à la Banque centrale européenne et à la Cour des comptes, ainsi que des
dispositions détaillées sur les autres institutions, figurent dans le traité sur le fonctionnement de l'Union
européenne.

Le Parlement européen, le Conseil et la Commission sont assistés d'un Comité économique et social et d'un
Comité des régions exerçant des fonctions consultatives.

Article 15

Le Conseil européen donne à l'Union les impulsions nécessaires à son développement et en définit les
orientations et les priorités politiques générales. Il n'exerce pas de fonction législative.

Le Conseil européen est composé des chefs d'État ou de gouvernement des États membres, ainsi que de son
président et du président de la Commission. Le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la
politique de sécurité participe à ses travaux.

Le Conseil européen se réunit deux fois par semestre sur convocation de son président. Lorsque l'ordre du
jour l'exige, les membres du Conseil européen peuvent décider d'être assistés chacun par un ministre et, en
ce qui concerne le président de la Commission, par un membre de la Commission. Lorsque la situation
l'exige, le président convoque une réunion extraordinaire du Conseil européen.

Le Conseil européen se prononce par consensus, sauf dans les cas où les traités en disposent autrement.

Le Conseil européen élit son président à la majorité qualifiée pour une durée de deux ans et demi,
renouvelable une fois. En cas d'empêchement ou de faute grave, le Conseil européen peut mettre fin à son
mandat selon la même procédure.

Le président du Conseil européen préside et anime les travaux du Conseil européen, assure la préparation et
la continuité des travaux du Conseil européen en coopération avec le président de la Commission, et sur la
base des travaux du Conseil des affaires générales, œuvre pour faciliter la cohésion et le consensus au sein
du Conseil européen, présente au Parlement européen un rapport à la suite de chacune des réunions du
Conseil européen.

Le président du Conseil européen assure, à son niveau et en sa qualité, la représentation extérieure de


l'Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune, sans préjudice des
attributions du haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Le président du Conseil européen ne peut pas exercer de mandat national.


► Document n° 4 : Résolution du Parlement européen du 20 novembre 2013 sur la fixation des sièges des
institutions de l’Union européenne (2012/2308 (INI))

Le Parlement européen,

Vu les articles 232 et 341 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne


(traité FUE),

Vu le protocole n° 6, annexé aux traités, sur la fixation des sièges des institutions et de certains organes,
organismes et services de l'Union européenne,

Vu les articles 10, 14 et 48 du traité sur l'Union européenne (traité UE),

Vu sa position sur ces questions, exprimée en particulier dans sa recommandation du 21 juin 1958, dans sa
résolution du 7 juillet 1981 adoptant le rapport Zagari et dans ses recommandations à l'intention de la
conférence intergouvernementale du 13 avril 2000, ainsi que ses résolutions qui accompagnent cette
position, à savoir sa résolution du 8 juin 2011 intitulée "Investir dans l'avenir: un nouveau cadre financier
pluriannuel (CFP) pour une Europe compétitive, durable et inclusive" , sa décision du 10 mai 2012
concernant la décharge sur l'exécution du budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2010,
section I — Parlement européen , sa résolution du 16 février 2012 sur les orientations relatives à la
procédure budgétaire 2013, section I — Parlement européen, section II — Conseil, section IV — Cour de
justice, section V — Cour des comptes, section VI — Comité économique et social européen, section VII —
Comité des régions, section VIII — Médiateur européen, section IX — Contrôleur européen de la protection
des données, section X —Service européen pour l'action extérieure , sa résolution du 29 mars 2012 sur l'état
prévisionnel des recettes et des dépenses du Parlement européen pour l'exercice 2013 et sa résolution du 4
juillet 2012 sur le mandat pour le trilogue sur le projet de budget 2013 ,

Vu les questions écrites E-000181-2007, E-006174-2009, E-006258-2009, E-002934-2012, E- 002935-2012,


E-004134-2012 et E-004135-2012 à la Commission et au Conseil,

Vu les rapports du secrétaire général de septembre 2002 et d'août 2013 sur le coût du maintien de trois lieux
de travail,

Vu le rapport sur le budget du Parlement pour 2012 élaboré par le groupe de travail mixte du Bureau et de la
commission des budgets,

Vu ses rapports d'activité pour les périodes 1993-1999, 1999-2004, 2004-2009 et 2009-2011,

Vu la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), en particulier les affaires C-


230/81, C-345/95 et les affaires jointes C-237/11 et C-238/11,

Vu la pétition n° 630/2006 de la campagne en faveur d'un siège unique, qui a été soutenue par plus d'un
million de citoyens de l'Union,

Vu le vote en séance plénière du 23 octobre 2012, à l'occasion duquel une majorité de députés (78 %) ont
invité les États membres à revoir leur position quant au maintien du siège officiel du Parlement à Strasbourg,

Vu l'article 5, paragraphe 3, l'article 29, l'article 41, l'article 48, l'article 74 bis, l'article 201 et l'article 202,
paragraphe 4, de son règlement,

Vu le rapport de la commission des affaires constitutionnelles et les avis de la commission des budgets et de
la commission des pétitions (A7-0350/2013),

Considérant que l'article 341 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne établit que les sièges des
institutions de l'Union sont fixés du commun accord des gouvernements des États membres;
Considérant que la décision des États membres figure au protocole n° 6 annexé aux traités, qui fixe le siège
de la Commission, du Conseil — dont les réunions se tiennent à Luxembourg en avril, en juin et en octobre
—, du Comité économique et social et du Comité des régions à Bruxelles, le siège de la Cour de justice de
l'Union européenne, de la Cour des comptes et de la Banque européenne d'investissement à Luxembourg, le
siège de la Banque centrale européenne à Francfort et le siège de l'Office européen de police à La Haye;

Considérant que la décision des États membres sur ces sièges est le fruit d'un accord plus vaste qui tient
compte de l'évolution historique de l'Union européenne et de ses institutions ainsi que de considérations liées
à la dispersion géographique;

Considérant que le Parlement européen, seule institution qui soit directement élue par les citoyens européens
et responsable devant eux, joue un rôle unique et distinct et que ce rôle a connu les plus grands changements
par rapport aux autres institutions, le présent rapport sera principalement consacré à la question du siège et
des modalités de travail du Parlement;

Considérant que le protocole n° 6 annexé aux traités dispose que le Parlement a son siège à Strasbourg, où se
tiennent les douze périodes de session plénière mensuelles, y compris la session budgétaire, que les périodes
de session plénière additionnelles se tiennent à Bruxelles, que les commissions du Parlement siègent à
Bruxelles et que le secrétariat général du Parlement et ses services restent installés à Luxembourg;

Considérant que les articles 10 et 14 du traité UE disposent que le fonctionnement de l'Union est fondé sur la
démocratie représentative et que les citoyens sont directement représentés, au niveau de l'Union, au
Parlement européen, qui exerce la fonction législative conjointement avec le Conseil;

Considérant que l'article 232 du traité FUE dispose que le Parlement peut arrêter son règlement intérieur, en
vertu duquel il peut fixer la durée des sessions plénières conformément aux traités et à la jurisprudence de la
Cour de justice européenne;

Considérant que la CJUE a jugé que la fixation des sièges ne saurait nuire au bon fonctionnement du
Parlement européen; qu'elle a reconnu les inconvénients et les coûts liés à la pluralité des lieux de travail,
mais que toute modification du siège ou des lieux de travail nécessiterait de modifier les traités, et donc
d'obtenir le consentement des États membres;

Considérant que le Parlement européen a changé radicalement, passant d'une assemblée consultative de 78
membres détachés, qui, pour des raisons pratiques principalement, partageait ses locaux avec l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe à Strasbourg, à un parlement à part entière, qui compte 766 députés
élus au suffrage direct et qui est aujourd'hui colégislateur sur un pied d'égalité avec le Conseil;

Considérant que la croissance de la capacité législative s'illustre dans la hausse du nombre de procédures de
codécision (à présent procédures législatives ordinaires), qui est passé de 165 lors de la législature 1993-
1999 à 454 en 2004-2009 et à un nombre encore plus élevé lors de la législature actuelle;

Considérant que la multiplication du nombre de réunions interinstitutionnelles, de 16 000 à environ 40 000


entre 2009 et 2013 (soit une hausse de 150 %), témoigne également de l'évolution du rôle du Parlement
européen, de même que les négociations constantes et les trilogues avec la Commission, le Conseil et les
États membres, qui font désormais partie intégrante de la procédure législative et qui ont permis d'augmenter
considérablement le nombre d'accords en première lecture, dont la proportion est passée de 28 % pendant la
période 1999-2004 à 72 % pendant la période 2004-2009;

Considérant que la structure du calendrier du Parlement européen (fixée lors du sommet d'Édimbourg en
1992) est antérieure à toutes les évolutions de son rôle découlant de l'adoption des traités de Maastricht,
d'Amsterdam, de Nice et de Lisbonne;
Considérant que le Conseil et le Conseil européen ont déjà concentré leurs activités à Bruxelles, où se
tiennent aujourd'hui exclusivement les réunions du Conseil européen, qui avaient auparavant lieu dans le
pays assumant la présidence tournante;

Considérant que la distance géographique entre les sièges officiels des organes colégislateurs (435
kilomètres) isole le Parlement européen non seulement du Conseil et de la Commission, mais également des
autres parties prenantes, telles que les ONG, les organisations de la société civile, les représentations des
États membres, ainsi que de l'une des communautés journalistiques internationales les plus nombreuses au
monde;

Considérant que le surcoût engendré par la dispersion géographique du Parlement européen serait compris,
selon les estimations, entre 156 et 204 millions d'euros, soit environ 10 % du budget annuel du Parlement,
tandis que les répercussions environnementales sont également considérables, les émissions supplémentaires
de CO2 liées aux déplacements entre les trois lieux de travail se situant selon les estimations entre 11 000 et
19 000 tonnes;

Considérant que les modalités de travail actuelles du Parlement européen imposent également des coûts et
des déplacements supplémentaires aux autres institutions de l'Union européenne, et notamment à la
Commission et au Conseil, aux représentations des États membres, aux journalistes et aux représentants de
la société civile;

Considérant que 78 % de l'ensemble des missions du personnel statutaire du Parlement (en moyenne 3 172
par mois) résultent directement de sa dispersion géographique; considérant que si les bâtiments du Parlement
européen à Strasbourg ne sont actuellement utilisés que 42 jours par an (et restent inutilisés pendant 89 % du
temps), ils doivent être chauffés, occupés et entretenus pendant toute l'année;

Considérant que les dépenses résultant de la dispersion géographique du Parlement constituent un domaine
important d'économies potentielles, en particulier dans le climat économique actuel;

Considérant que, depuis qu'il a proposé, en 1958, d'être situé à proximité du Conseil et de la Commission, le
Parlement n'a cessé d'exprimer le vœu, par le biais de nombreux rapports, déclarations et prises de position,
que soient établies des modalités de travail plus pratiques et efficaces;

Considérant que les citoyens de l'Union — dont plus d'un million ont soutenu une pétition en faveur d'un
siège unique — n'ont cessé d'exprimer leur mécontentement face aux dispositions actuelles;

Considérant que les dispositions relatives à l'autonomie organisationnelle interne du Parlement font partie
des questions qui relèvent éminemment du régime parlementaire;

Considérant qu'outre les questions abordées ici, d'autres questions essentielles ayant trait directement à la
position du Parlement européen et à sa fonction au sein de la structure institutionnelle de l'Union européenne
n'ont toujours pas reçu de réponse convaincante; considérant que ces questions sans réponse concernent le
droit électoral, les règles applicables à une zone d'accès interdit, l'immunité parlementaire et des éléments
relatifs au statut des députés; considérant que les réponses à ces questions relèvent soit de l'autonomie
organisationnelle du Parlement, au titre d'une compétence décisionnelle générale, soit, à tout le moins, de la
procédure législative ordinaire au titre de la codécision;

Estime qu'il y a lieu de reconnaître au Parlement européen, en tant qu'unique organe de représentation
directe des citoyens européens, la prérogative de déterminer ses propres modalités de travail, y compris le
droit de décider où et quand il se réunit;

Approuve le principe selon lequel le Parlement européen serait plus efficace, plus rationnel au niveau des
coûts et plus respectueux de l'environnement s'il siégeait en un seul lieu; observe que la perpétuation de la
migration mensuelle entre Bruxelles et Strasbourg est devenue un symbole négatif pour la majorité des
citoyens européens, qui ternit la réputation de l'Union, en particulier à une époque où la crise financière a
entraîné des coupes importantes et douloureuses dans les dépenses des États membres;

Estime qu'il est parfaitement légitime pour le Parlement d'ouvrir un débat sur son droit à déterminer ses
propres modalités de fonctionnement, y compris le droit de décider où et quand il se réunit;

S'engage dès lors à lancer une procédure de révision ordinaire des traités au titre de l'article 48 du traité sur
l'Union européenne afin de proposer de modifier l'article 341 du traité FUE et le protocole n° 6 de sorte que
le Parlement puisse décider de la fixation de son siège et de son organisation interne;

Décide de ne faire aucune recommandation quant aux sièges des autres institutions de l'Union;

Souligne que les incidences financières et économiques d'une modification du siège ou des lieux de travail
du Parlement européen doivent être chiffrées et qu'une compensation raisonnable doit être trouvée afin de
garantir la poursuite de l'utilisation des bâtiments actuels du Parlement;

Reconnaît que toute décision future du Parlement sur ses modalités de travail nécessitera de consacrer
suffisamment de temps aux discussions et à la réflexion, et devra prévoir une transition sans heurts;

Demande que la Cour des comptes ou un autre organisme indépendant réalise une analyse complète des
économies potentielles pour le budget européen si le Parlement n'avait qu'un seul siège; demande que cette
analyse inclue les aspects budgétaires et les coûts accessoires, tels que les économies découlant de moindres
pertes de temps de travail et d'une plus grande efficacité;

Demande au Bureau de commander auprès de l'Eurobaromètre ou d'un service de sondage professionnel


similaire la réalisation, pour le 1er janvier 2014, d'une enquête sur l'avis des citoyens européens concernant
le maintien des trois lieux de travail du Parlement, avec des références spécifiques aux coûts de cette
organisation du point de vue financier, environnemental et de l'efficacité;

Charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et au Conseil


européen, ainsi qu'aux chefs d'État et de gouvernement et aux parlements des États membres.

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