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Chapitre IV : La filière bois énergie

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A) Objectifs
A la fin de ce chapitre, l’étudiant sera capable:
- de définir le bois énergie;
- de cerner les différents composants chimiques du bois ;
- d’énumérer les types de combustibles bois existants ;
- de valoriser énergétiquement le bois;
- et de lister les différentes applications du bois énergie et les
équipements utilisés
Pour mieux comprendre le cours, des travaux dirigés seront
organisés.

B) Contenu du cours et TD :
Le cours tourne autour de quatre points centraux tels que :
 la présentation de la filière bois énergie;
 les combustibles bois ;
 les techniques de valorisation énergétique du bois;
 les différents usagers, applications et équipements du
bois-énergie.
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B. DIEYE 1
I- Présentation de la filière bois énergie
Le terme de « filière bois énergie » désigne l’ensemble des modes
d’approvisionnement possible pour la production de chaleur et dans une moindre
mesure de l’électricité dans le cas de la cogénération. Il s’agit donc de l’utilisation
de bois de forêt, des rebuts de l’industrie forestière et du bois issu des déchets.

I-1-Définition du bois énergie

Le terme « bois énergie » désigne l’énergie produite à partir de la dégradation du


bois en chaleur lors de la combustion. Cette énergie est au départ celle du soleil,
transformée par les arbres lors de la photosynthèse. Elle est utilisée directement
pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité (par le biais de la
cogénération). Le bois énergie est un mode de chauffage ancestral qui connaît
depuis plusieurs années d’importantes évolutions technologiques : automatisation
de l’alimentation et du décendrage, régulation pour les chaudières et certains
poêles, amélioration des performances techniques et du rendement. Les produits
développés apportent un grand confort sur le plan thermique et sont de plus en
plus souples d’utilisation. Les niveaux de pollution ont été réduits de manière
importante par rapport aux anciens modèles, grâce notamment à l’automatisation
des chaudières et à la mise en place de nouveaux procédés. En plus de la
production de chaleur, le bois énergie peut être utilisé pour produire de
l’électricité en plus de la chaleur ; il s’agit de cogénération (production simultanée
de chaleur et d’électricité). Les projets de ce type qui tendent à se développer
aujourd’hui sont de taille industrielle. Enfin, le bois énergie est une énergie
renouvelable qui ne court pas de risque de pénurie à court ou à long terme, à la
différence des énergies fossiles par exemple. Attention cependant à ne pas faire
entrer en concurrence cette filière avec celles déjà existantes de valorisation
matière du bois (bois d’œuvre et d’industrie).

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I-2-Composition chimique du bois

Le bois est essentiellement constitué : de vaisseaux, conduisant la sève pour


nourrir les parties vivantes de l'arbre, et de fibres ligneuses, assurant sa résistance
mécanique. Le bois se compose principalement d’eau, de matière organique et de
substances minérales appelées cendre.

I-2-1- L’eau dans le bois

L’eau contenue dans le bois peut atteindre 50% de sa masse.

On distingue :

 l’eau de constitution des molécules ligneuses, liée chimiquement au bois,


 et l’eau d’imprégnation et de capillarité contenue dans les parois cellulaires
et les pores du bois. Cette eau est liée au bois par des processus physiques.

L’eau d’imprégnation et de capillarité peut être éliminée par séchage à l’air après
une période qui varie avec l’espèce et les conditions opératoires.

I-2-2- Composition élémentaire de bois

L‘analyse élémentaire du bois fait apparaître quatre éléments chimiques


principaux, notamment le carbone, l’hydrogène, l’oxygène et l’azote. Cependant,
le bois contient aussi des métaux à faibles quantités qui forment principalement
les cendres. Le tableau 1 récapitule la composition élémentaire moyenne des
feuillus et des résineux, donnée en pourcentage massique sur sec.

Tableau 1: Composition élémentaire du bois

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I-2-2- Les constituants organiques de bois

Les polymères constituant le bois sont principalement la cellulose, la lignine, les


hémicelluloses et les extractibles.

 La cellulose : La cellulose est la matière la plus répandue dans la nature.


Elle est présente dans les plantes, les algues, les bactéries et chez certain
animaux. La cellulose, qui constitue la paroi des cellules, elle représente 40
à 50% de sa masse totale. C'est un polymère de glucose (polysaccharide)
de formule générale (C6H10 O5) n.

Figure 1 : formule chimique de la cellulose

 Les hémicelluloses: Les hémicelluloses du bois comprennent


principalement les xylanes et les glucomannanes.
 les xylanes semblent les plus réactives et seraient très sensibles aux

réactions de déshydratation et de dégradation entre 200 et 260°C.


Elles sont la principale source de produits volatils (essentiellement
les furfurals et l’acétaldéhyde) et jouent un rôle important dans
l’initiation et la propagation des réactions de pyrolyse. La figure 2
illustre la structure chimique partielle des xylanes.

Figure 2 : la structure chimique des xylanes

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 Les glucomannanes: Les glucomannanes, qu’on trouve notamment

dans les bois, sont formées de galactose, de glucose et de mannose.


La figure 3 illustre la structure chimique partielle des
glucomannanes.

Figure 3 : la structure chimique des glucomannanes

 La lignine: La lignine est un polymère traditionnel dont les unités sont


trois alcools phénypropénoiques, qui sont l’alcool coumarylique, l’alcool
coniférylique et l’alcool synapilique. Sa polymérisation tridimensionnelle
offre pour le bois une bonne résistance mécanique. La figure 4 montre les
trois alcools phénoliques qui constituent la lignine.

Figure 4 : Les principaux alcools phénoliques qui constituent la lignine

 Les Extractibles : Les extractibles, sont les composés qui résistent contre
les insectes et offrent au bois une bonne résistance à la pourriture.

I-3-Propriétés énergétiques du bois

Le bois est un matériau qui brûle en présence d’oxygène et d’une source de


chaleur : c’est donc un combustible. Son pouvoir calorifique inférieur est
d’environ 4300 kcal/kg pour un bois sec ; ce qui n’est pas négligeable comparé à
d’autres combustibles (27600 kcal/kg pour le charbon et 10000 kcal/kg pour le

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pétrole). Le pouvoir calorifique de la lignine est légèrement supérieur à celui de
la cellulose ou des hémicelluloses. Ceci implique que les bois riches en lignines
ont un pouvoir calorifique légèrement supérieur aux bois pauvres en lignine.

I-4-Intéret de la filière

La production de chaleur par combustion du bois présente un certain nombre


d’avantages importants :

 la ressource d’énergie utilisée est renouvelable, aucune pénurie n’est à


craindre tant que l’exploitation forestière est réalisée de manière durable.
C’est pourquoi les prix sont moins sujets à des fluctuations ;
 le bois énergie a un bilan neutre vis-à-vis des gaz à effet de serre : on dit
qu’il a un bilan carbone nul. En effet, la quantité de dioxyde de carbone
(CO2) absorbée durant la croissance de l’arbre est environ la même que
celle qui est rejetée lors de la combustion du bois ; de plus, le bois mort
laissé sur place en forêt rejette lui aussi du CO2, même s’il n’est pas brûlé;
 dans le cas d’une substitution d’énergie thermique, la quantité de CO2
rejeté dans l’atmosphère est nettement diminuée, dans le cas d’une
substitution d’énergie électrique, le réseau électrique est soulagé.

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II- Les combustibles bois
Les combustibles bois existant diffèrent par leurs caractéristiques techniques
(taille, humidité, densité énergétique, …), par leurs procédés
d’extraction/fabrication, par leurs usages et leur coût. La connaissance des
avantages et inconvénients de chacun permet de sélectionner le produit adapté à
chaque projet.

II-1- Le bois bûche

Le bois bûche est le combustible bois historique et reste le plus utilisé. Son
procédé d’extraction très simple en fait le combustible le plus économique, mais
c’est également le moins dense en énergie et le moins pratique (encombrant,
manutention difficile et automatisation des foyers impossible). Il est de plus très
hétérogène, et réclame un temps de séchage long avant utilisation (plus de 6 mois).
Cependant, il est adapté à de nombreuses utilisations (chauffage, cuisson…).

Figure 5 : Bois bûche

II-2- Les plaquettes

Les plaquettes résultent du déchiquetage calibré de bois, qui peut avoir lieu
directement après son extraction. Le mode de stockage des plaquettes leur

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confère un temps de séchage plus rapide que les bûches (quelques mois). Le
combustible obtenu est semi-fluide, ce qui facilite stockage et manutention, et
permet l’automatisation des foyers. Le procédé de fabrication assez simple en
fait un combustible économique.

Figure 6 : Plaquettes de bois

II-3-Les granulés

Les granulés (ou pellets) sont des petits cylindres de sciure de bois très fortement
compressée. Le procédé de fabrication, inspiré de celui des aliments pour bétail,
est assez complexe, consomme beaucoup d’énergie et réclame un investissement
important. Le bois réduit en sciure est séché artificiellement, ce qui permet
d’obtenir le combustible en quelques jours. Les granulés sont assez chers mais
possèdent une haute densité énergétique et une granulométrie très régulière
conduisant à d’excellents rendements de combustion.

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Figure 7 : Granulés de bois

II-4-Les briquettes

De même que les granulés, les briquettes résultent de la compression de sciure de


bois, mais sous forme de bûchettes de quelques centimètres de diamètre et
quelques dizaines de centimètres de long. Procédé de fabrication et investissement
sont similaires à ceux des granulés, à l’exception de la granuleuse remplacée par
une presse à briquettes. Les briquettes permettent difficilement l’automatisation
des foyers ou la manutention mécanique, mais elles constituent une solution de
substitution aux équipements automatiques encombrants et chers.

Figure 8 : Briquettes de bois

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III-Valorisation énergétique du bois

Pour valoriser le bois énergétiquement, il existe quatre procédés de voies. Les


procédés de voies présentés ci-dessous sont la pyrolyse, la combustion,
gazéification et la liquéfaction.

III-1-La pyrolyse du bois

La pyrolyse du bois est le procédé qui permet la transformation du bois en gaz


combustible, produits condensables (eau et goudrons) et du charbon de bois. Elle
correspond à la décomposition thermique du bois, sous vide ou en présence de
gaz inerte. On peut observer les différentes étapes lors d’un traitement thermique
en présence d’un gaz inerte ou à pression réduite. Il existe quatre grandes étapes
qui dépendent essentiellement de la température utilisée (voir figure 9):

 au départ, pour une température en dessous de 120°C, le bois est séché par
l’élimination de l’eau qu’il contient.
 Pour une température comprise entre 120°C et 250°C, le bois se dégrade
et les hémicelluloses se décomposent. On voit alors apparaître la formation
d’acides comme les acides formiques ou acétique et la formation d’alcools
comme le méthanol.
 dans un troisième temps, pour des températures comprises entre 250°C et
500°C, la cellulose et la lignine se décomposent. Il y a alors formation de
produits légers (H2, CO, CH4,…) et de produits lourds qu’on appellera
goudrons.
 au-delà d’une température de 500°C, ces mêmes goudrons se dégraderont
et le charbon se formera. On estime la formation d’une masse de 0.3kg de
charbon pour environ 1 kg de bois sec.

On peut aussi noter que la pyrolyse est nettement plus rapide sous vide qu’en
présence d’un gaz inerte. Il existe deux paramètres fondamentaux qui

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modifient les proportions de gaz, de goudrons et de charbons : ce sont la
température et le temps d’atteinte (temps au bout duquel on atteint la
température désirée). Ce temps d’atteinte dépend de nombreux facteurs, des
consignes de l’utilisateur mais aussi du transport thermique ou autre, et donc
ainsi du rapport surface / volume.

Figure 9 : Schéma de la pyrolyse du bois

III-1-1-Obtention du charbon de bois

La fabrication du charbon comporte 5 étapes essentielles :

 Charge du four
 Séchage de la charge
 Carbonisation (en système ouvert ou fermé)
 Refroidissement de la charge
 Conditionnement de la charge

III-1-2-Application de la pyrolyse

Pour les basses températures, généralement en dessous de 260°C, on obtiendra du


bois torréfié. A haute température avec une montée en chaleur lente, on obtiendra
du charbon de bois. Celui-ci pourra être utilisé de plusieurs manières, comme

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combustible domestique, comme réducteur métallurgique (absence de certaines
impuretés métalliques) ou bien encore comme charbon actif.

III-2- La combustion du bois

La combustion est la manière de valoriser le bois la plus connue et la plus utilisée.


Le bois en présence d’oxygène et d’énergie, se combine à l’oxygène dans une
réaction chimique générant de la chaleur.

Mais cette équation reste purement théorique puisqu’on retrouve toujours dans les
fumées de la matière imbrulée, du CO et du NOx (oxydation de l’azote de l’air ou
de l’azote du bois). On retrouve donc en pratique deux étapes pour la combustion.
La première est une pyrolyse du bois donnant des gaz et du charbon. La deuxième
phase est la combustion de ces gaz entrainant une flamme ainsi que la combustion
du charbon.

On aura une production de CO à haute température et une formation de CO2 pour


une plus basse température.

On peut signaler aussi qu’en plus des fumées, la combustion entraine une
formation de cendres et de matières imbrulées qui seront recueillis au foyer ou
dissipées par les fumées.

L’utilisation de la combustion est très rependue et son procédé débouche sur un


grand nombre d’applications concrètes. Elle peut entre autre permettre la
production d’eau chaude, la production de vapeur ou bien encore fonctionner dans
une chaudière en cogénération.

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III-3-La gazéification du bois
Pour une définition simple de la gazéification, on peut la traduire par une réaction
d’oxydoréduction du bois à haute température favorisée par la présence de vapeur
d’eau et / ou de CO2. Elle se décompose en deux étapes bien distinctes. La
première est là encore une pyrolyse classique. C'est-à-dire un gaz avec un pouvoir
calorifique moyen et l’obtention de charbon de bois. Ensuite, il y a une oxydation
du carbone par l’eau :

En présence de CO2, l’équation devient alors :

Le CO2 peut venir de la pyrolyse en elle-même ou par une oxydation partielle en


introduisant un minimum d’oxygène pour bruler les gaz volatils et une partie des
goudrons.
L’objectif étant, bien sûr, d’obtenir un gaz propre démuni de tous goudrons ou
autres matières solides.

La gazéification peut être utilisée de nombreuses manières. Elle peut produire de


la chaleur par l’intermédiaire d’un bruleur et d’une chaudière ou bien encore de
l’électricité par l’intermédiaire d’une turbine (on peut aussi rajouter un système
de cogénération). Elle offre aussi de grandes possibilités dans les technologies
futures, comme le mélange diesel gaz pour le fonctionnement des moteurs.

III-4-La Liquéfaction du bois


Le but de ce procédé est de transformer directement le bois solide en combustible
liquide en utilisant un gaz réducteur qui peut être l'hydrogène, l'oxyde de carbone
ou un mélange des deux. Ces gaz seraient évidemment produits dans une étape
précédente de gazéification d'une partie du bois.

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Les procédés de liquéfaction directe ou réduction ne sont pour le moment étudiés
qu'au stade du laboratoire. Une seule tentative au niveau pilote aux U .S .A. a
donné des résultats non concluants. Néanmoins, ces procédés devraient être
intéressants car ils permettraient l'obtention d'une huile à haut pouvoir calorifique
(fuel synthétique), pouvant être également une source de produits chimiques
aromatiques.

Le principe du procédé peut se schématiser ainsi :

Trois types de réactions sont actuellement proposés pour convertir le bois en huile
:

 Hydrogénation catalytique sous pression dans un solvant hydrogéné :


Le catalyseur est du nickel de Raney ou des sels de nickel et la pression
initiale d'hydrogène est de l'ordre de 70 bars. Le solvant est un mélange
eau/éthanol.
Les produits de la réaction sont de l'huile, composée de phénols substitués,
provenant de la lignine et du gaz (CH4 + CO2) provenant de la cellulose.
 Liquéfaction en solution alcaline organique
Le bois est traité en suspension dans un mélange de solvants organiques
lourds, qui peut être l'huile obtenue et recyclée, et d'eau, sous pression d'un
mélange de CO et d'H2. L'huile est composée de phénols et de produits
carbonylés.
 Liquéfaction en solution alcaline aqueuse

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Après préhydrolyse à 180 °C avec 5 % d'acide sulfurique, le bois est
liquéfié sous pression initiale 70 bars de CO à 300 °C, en présence de
catalyseurs (Na2CO3, K2CO3, FeCl3 et HI).

IV-Usagers, applications et équipements du bois-énergie


Le bois-énergie peut être utilisé pour de nombreuses applications énergétiques
modernes grâce à une grande diversité de technologies répondant aux besoins
spécifiques des trois types d’utilisateurs :

 Les particuliers pour un usage domestique ;

 Les entreprises artisanales, industrielles ou agricoles ;

 Les collectivités territoriales.

Le bois-énergie peut être utilisé à l’échelle domestique ou collective pour le


chauffage, la cuisson et la production d’eau chaude sanitaire.

Les applications industrielles sont multiples : cuisson industrielle, traitement et


séchage du bois, froid par machine à absorption, nettoyage à sec, évaporation et
séchage dans l’industrie agro-alimentaire, torréfaction… Enfin, certaines
technologies du bois permettent de produire de l’électricité (centrales thermiques,
cogénération).

Les équipements de chauffage existant sont : les cheminées et foyers ouverts, les
inserts et foyers fermés, les poêles et les chaudières.

Pour la cuisson il existe des cuisinières et des barbecues modernes.

Enfin, des microcogénérateurs à bois à usage domestique sont en cours de


développement, qui permettent de produire de façon décentralisée l’énergie
électrique et thermique d’un seul bâtiment.

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