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LA FILIERE BIOMASSE : ETAT

DES LIEUX ET VALORISATION


ENERGETIQUE

Laboratoire de Recherche en Énergie Éolienne


Rapport LREE - 06
Mai 2009

Gonzague VUILLIER
CarFor division d’Audace Technologies (ATI), Université du Québec à Rimouski, 300 allée des
ursulines, Rimouski (Québec), Canada, G5L 8X3, Tél.: (418)-725-8650
gonzaguevuillier@yahoo.fr

Jean Louis CHAUMEL


Laboratoire de Recherche en Énergie Éolienne (LREE), Université du Québec à Rimouski, 300 allée des
ursulines, Rimouski (Québec), Canada, G5L 8X3, Tél.: (418)-725-8699
jean-louis_Chaumel@uqar.ca

Adrian ILINCA
Laboratoire de Recherche en Énergie Éolienne (LREE), Université du Québec à Rimouski, 300 allée des
ursulines, Rimouski (Québec), Canada, G5L 8X3, Tél.: (418)-723-1986#1460
adrian_ilinca@uqar.qc.ca
La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

SOMMAIRE

INTRODUCTION……………………………………………………………………………..4
1. PRESENTATION DU BOIS ENERGIE………………………………………..…………..6
1.1 Bois énergie dans le monde………………………………………………….……..6
1.2 Composition chimique du bois……………………………………………………..7
1.3 Propriétés du bois……………………………………………………………...…..8
1.31 Masse volumique……………………………………………..…….……..9
1.32 Pouvoir calorifique………………………………………………………..9
1.33 Capacité calorifique massique………………………………...…………10
1.34 Conductivité thermique……………………………………….…………10
2. VALORISATION ENERGETIQUE DU BOIS…………………………………...………10
2.1 La pyrolyse………………………………………………………………….…….10
2.11 Obtention du charbon de bois……………………………………………11
2.12 Application de la pyrolyse………………………………………….……11
2.2 La combustion………………………………………………………………...…..11
2.21 Application de la combustion……………………………………………12
2.3 La gazéification…………………………………………………………….……..12
2.31 Application de la gazéification…………………………..………………12
2.4 Récapitulatif de l’ensemble des procédés…………………………...……………13
3. EXEMPLE D’APPLICATION DU BOIS ENERGIE : LA TECHNOLOGIE
TORSPYD……………………………………………………………………………………14
3.1 Principe de fonctionnement et avantages…………………………………………14
3.2 Application de la technologie Torspyd……………………………………………15
3.3 Etude de rentabilité…………………………………………………………...…..15
4. PRESENTATION DU BIOGAZ…………………………………………………………..19
4.1 Source du biogaz……………………………………………………………...…..19
4.2 Les digesteurs……………………………………………………………………..19
4.3 Valorisation des biogaz………………………………………………….………..20
4.31 Production de chaleur……………………………………………………21
4.31 Production d’électricité………………………………………….………21
4.32 Production de carburants…………………………………...……………21
4.33 Injection du biogaz dans un réseau………………………………………21
5. EXEMPLE D’APPLICATION DU BIOGAZ : LA PETITE METHANISATION….……22
6. LA FILIERE DES BIOCARBURANTS………………………………………….....…….23
6.1 FIGURE 11 : Récapitulatif des procédés pour la fabrication des
biocarburants………………………………………………………………………....24
6.2 La filière des essences.............................................................................................25
6.21 Méthode de préparation……...…………………………………………..25
6.3 La filière du diesel………………………………………………………………...26
6.31 La transestérification ……………………………………………………26
6.32 Amidation des huiles et des acides gras ………………………………...27
6.4 Les filières à venir………………………………………………………………...28
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………..………………………………..29

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

LISTE DES FIGURES

FIGURE 1 : Stockage du CO2 dans le cycle de vie d’un arbre…………………………..……6


FIGURE 2 : Etat des lieux de la ressource bois dans le monde…………………………..……7
FIGURE 3 : Décomposition du bois……………………………………………………...……8
FIGURE 4 : Représentation schématique des isothermes d’absorptions du bois…………..…8
FIGURE 8 : Schéma simplifié de l’usine à procédé Torspyd………………………………....9
FIGURE 5 : Pouvoir calorifique en fonction du type d’arbre..…………………………….…13
FIGURE 6 : Récapitulatif de l’ensemble des procédés…………………...…………………..14
FIGURE 7 : Schéma de fonctionnement du principe Torspyd………………………….……14
FIGURE 9 : Méthodes d’épuration…………………………………………………...………20
FIGURE 10 : Schéma de l’unité de méthanisation……………………………………...……22
FIGURE 11 : Récapitulatif des procédés pour la fabrication des biocarburants…………..…24
FIGURE 12 : Schéma simplifié de la filière essence…………………………………………25

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

INTRODUCTION
La définition précise de la biomasse que l’on trouvera dans n’importe quel dictionnaire
scientifique se résume ainsi : la masse totale des êtres vivants en équilibre sur une surface
donnée du sol ou dans un volume d’eau océanique ou douce. En tant que combustible et pour
répondre aux critères de notre société, la définition utilisée de la biomasse est « la fraction
biodégradable des produits, déchets et résidus provenant de l'agriculture (y compris les
substances végétales et animales), de la sylviculture et de ses industries connexes, ainsi que la
fraction biodégradable des déchets industriels et municipaux » [COM 2005]. En bref, elle
représente les produits d’origine végétale non contaminés.

Malgré cette définition récente, la combustion du bois ou d’autres combustibles pour


se chauffer, s’éclairer ou cuire la nourriture est une pratique presque aussi ancienne que
l’Homme lui-même. L’innovation technologique dans ce domaine est elle aussi relativement
ancienne, la première utilisation commerciale de la pyrolyse – décomposition de la matière
organique par effet de chaleur et sans oxygène – remonte à l’année 1812 à Londres. Après cet
événement va suivre une réelle course aux inventions autour de la biomasse, comme en 1870
où les gazeifieurs inventés en France en 1840 sont couplés à des moteurs pour produire de
l’électricité ou bien encore en 1880 où Henry Ford alimente une des premières automobiles
avec de l’éthanol. Pour le chauffage, la cuisson et toute production de vapeur pour le transport
et l’industrie, la biomasse est omniprésente à cette époque. Mais en 1890, le charbon
commence à remplacer le bois pour la production de vapeur et vingt ans plus tard, il
commence à faire son apparition dans les maisons urbaines comme combustible de chauffage.
Le pétrole la remplacera par la suite comme carburant, puis la biomasse se fera dominer par
ses derniers concurrents, l’électricité et le gaz naturel. Ce n’est qu’à partir de 1970 que l’on
commence à s’intéresser de nouveau à la biomasse, principalement en Amérique du Nord.
Aujourd’hui l’accroissement des préoccupations environnementales et les changements de
politiques gouvernementales ont ramené la biomasse au cœur de la politique énergétique
[CEN].

Le contexte énergétique global, comme la ratification du protocole de Kyoto ou bien


encore les fluctuations économiquement dangereuses du prix du baril de pétrole, ont donc
favorisé l’émergence des énergies renouvelables. La plus grande fraction des énergies vertes
revient de loin à la biomasse. On peut même la mettre au rang des plus grandes énergies
primaires consommées dans le monde puisqu’elle représente 13 % des 7000 Mtep
consommées mondialement, derrière les 80 % consommé par des combustibles fossiles et
devant les 2 % pour l’hydraulique, la part des autres énergies renouvelables étant
considérablement plus faible comme moins de 1% pour l’énergie solaire. En revanche,
contrairement à d’autres secteurs, comme l’énergie éolienne, l’ensemble de la biomasse n’a
pas connu de grande croissance ces derniers temps [LEJ 2008].

La biomasse se détache des autres énergies renouvelables pour plusieurs raisons. En


effet, celle-ci est moins limitée par des contraintes liées à l’environnement que les autres
énergies vertes et elle possède surtout une disponibilité très importante. On peut citer pour
illustrer cette ressource le chiffre du potentiel annuel mondial en déchets de bois et en déchets
agricoles, qui représente 680 Mtep.

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Concernant le Canada, la ressource de la biomasse forestière, sans prendre en compte


la biomasse de terres forestières interdisant la production ou la récolte de matière ligneuse
telles que les parcs nationaux, est équivalente à 82 milliards de barils de pétrole [BON 1985].

Dans le fonctionnement de la biomasse, il est nécessaire de rappeler un grand


avantage, celui de posséder un bilan carbone nul. En effet, lors de son cycle de vie, la matière
organique aura stockée une quantité de CO2 sous l’effet de l’énergie solaire. C’est cette même
quantité qui sera rejeté par la suite lors de sa transformation en chaleur, électricité ou
carburant. Elle peut schématiquement se décomposer en trois grandes catégories qui sont le
bois, le biogaz et les biocarburants.

Pour le bois, il est très important au préalable de réaliser une bonne gestion et entretien
de la forêt ; ceci dans l’intérêt de maintenir des équilibres hydrologiques et climatiques,
réduire les incendies, améliorer le cadre de vie et les paysages et enfin et surtout, éviter
l’emploi sauvage du bois entraînant de lourds problèmes de déforestation [TRE 1991]. Les
trois moyens de valoriser cette énergie sont la pyrolyse, la combustion et la gazéification. Ces
trois méthodes possèdent des procédés connus et utilisés ainsi que de nombreux projets de
recherche en cours. Le résultat obtenu peut être de diverses formes comme de l’électricité, de
la chaleur, du charbon, de l’huile ou bien encore de l’éthanol.

Le biogaz est lui aussi une immense ressource d’énergie puisque le potentiel mondial
s’élève à environ 750 Mtep par année en plus des sous-produits agricoles d’une valeur de
1000 Mtep par année, soit un gisement équivalent à la consommation mondiale de gaz naturel
fossile. Il peut, lui aussi, être transformé sous différentes formes comme la chaleur,
l’électricité, la cogénération, les carburants ou bien encore l’injection dans le réseau de gaz
naturel [ETU 2009].

En ces jours où la demande énergétique ne fait que croitre notamment pour le transport
et en raison du contexte politique actuel, les biocarburants ou agrocarburants représentent un
grand potentiel. En effet, 4 % de la consommation d’essence dans le monde est issue de la
production d’éthanol. Mais la production de biocarburants croit d’une façon fulgurante, elle
s’est par exemple accrue de plus de 50 % durant l’année 2006 [REN 2007]. En revanche, c’est
la filière qui subit le plus grand nombre de critiques, comme par les affirmations du rôle
nourricier exclusif de l’agriculture ou les ravages causés par ces cultures dans les pays du sud.
Enfin, elle est critiquée aussi pour les limites environnementales d’un point de vue de son
bilan carbone. Il existe aujourd’hui plusieurs produits finis ainsi que plusieurs procédés,
comme le chauffage par biodiesel ou la filière ester comme substitut aux carburants de
transport [HER 2008].

De très nombreux sites et ouvrages utilisent aujourd’hui la biomasse comme énergie.


On peut citer comme exemple pour le Canada le RCIB, le Réseau Canadien d’Innovation dans
la Biomasse qui présente d’importantes unités de recherche et développement pour la
biomasse [WEL 2005]. On peut répertorier ainsi un grand nombre de laboratoires de
recherche sur la biomasse débouchant sur de nombreux projets partout dans le monde.

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1. PRESENTATION DU BOIS ENERGIE

Le bois énergie est un produit totalement naturel composé de carbone, d’hydrogène et


d’oxygène, la proportion chimique étant CH1.44O0.66. Comme précisé dans l’introduction dans
la définition générale de la biomasse, la production de CO2 engendré par sa valorisation
énergétique est égale à sa consommation au cours de son cycle de vie. D’un point de vue
quantitatif, 4 m3 de bois représentent environ 2.5 tonnes, soit une tep, soit une réduction de
2.5 tonnes de CO2. Ce phénomène est schématisé ci dessous. On réalisera donc en plantant
des arbres une réduction de la teneur en CO 2 de l’atmosphère et ceci d’autant plus que tout le
bois consommé n’est pas brulé [ENE 2004].

FIGURE 1 : Stockage du CO2 dans le cycle de vie d’un arbre

En termes d’impacts, il est relativement important de considérer la gestion et


l’entretien des forets pour les raisons précisées dans l’introduction. D’un point de vue sociétal,
le bois énergie représente une série d’activités représentant un grand nombre d’emplois ainsi
qu’une économie de marché relativement intéressante. On peut noter un besoin de main
d’œuvre dans cette filière dans la récolte, le débardage, le transport, le conditionnement, la
gestion, la conception des procédés et enfin la distribution. On associe grossièrement 2000 m3
de bois à un emploi [EUR 2008].

1.1 Le bois énergie dans le monde

Voici présentement un bref état des lieux de la ressource bois énergie dans le monde.
On peut noter que les forets des pays sous développés et en voie de développement ont des
grandes surfaces boisées mais celles-ci sont en très forte réduction. Il s’avère que seules les
forets européennes et des pays de l’est, principalement la Russie, connaissent un
accroissement.

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% variation en 10
Surface en Mha % surface totale
ans
Afrique 650 17 -7,5

Amérique du Nord 549 14 0,1

Amérique du Sud 886 26 -4

Asie / Océanie 746 19 -0,8

Europe 188 5 4,4

Pays de l'Est 851 22 0,1

3 3 3
Bois de feu en Mm Bois ronds en Mm Sciage en Mm

Afrique 464 70 8

Amérique du Nord 133 619 180

Amérique du Sud 168 131 30

Asie / Océanie 892 284 81

Europe 56 336 97

Pays de l'Est 40 76 19

FIGURE 2 : Etat des lieux de la ressource bois dans le monde

1.2 Composition chimique du bois

Le bois se décompose en masse par 50 % de carbone, 44 % d’oxygène, 6 %


d’hydrogène ainsi qu’un peu d’azote, ceci par une analyse organique élémentaire montrant
que les pourcentages de carbone, d’hydrogène et d’oxygène sont environ les mêmes pour tous
les bois. Ces chiffres ne différent pratiquement pas selon le type d’arbre, qu’importe la
morphologie ou l’espèce chimique en présence. Les constituants chimiques du bois sont en
général classés en deux groupes [GIR 2008] :

▪ Les substances macromoléculaires (celluloses, hémicelluloses, lignines)

▪ Les substances de faibles poids moléculaires (comme les substances minérales)

D’une manière plus complexe et détaillée, on peut caractériser le bois par différents groupes
résumés dans le schéma suivant.

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FIGURE 3 : Décomposition du bois

La composition chimique est quand à elle répartie ainsi :

▪ 3 principaux polymères : ▫ hémicellulose – 10 à 30 %


▫ cellulose – 40 à 50 %
▫ lignine 23 à 33 % feuillus et 16 à 23 % résineux
▪ Éléments minéraux : Ca, K, Si et Mg
▪ Moins de 1 % d’azote

1.3 Propriétés du bois

Le bois est un matériau hygroscopique, c'est-à-dire une substance qui a tendance à


absorber l’humidité de l’air. Il existe néanmoins un équilibre pour une température fixée entre
l’eau en phase gazeuse et l’eau absorbée [ZOU]. Le rapport entre eau et bois est donc
caractérisé par deux facteurs :

▪ Humidité sur sec X1 = masse eau / masse de bois sec

▪ Humidité sur brut X2 = masse eau / (masse eau + masse bois sec)

On a ainsi schématiquement les isothermes d’absorptions suivantes :

FIGURE 4 : Représentation schématique des isothermes d’absorptions du bois

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L’humidité propre du bois, représentée par le facteur X 2, dépend principalement des


conditions de stockage du bois.

▪ Air libre : 0.12 < X2 < 0.24


▪ Bâtiment non chauffé : 0.15 < X2 < 0.18
▪ Bâtiment ventilé : 0.12 < X2 < 0.15
▪ Bâtiment ventilé et chauffé : 0.09 < X2 < 0.12

1.31 Masse volumique

▪ Masse volumique anhydre : ρ0 = ρs (1 – ε)


ρs : masse volumique de la matière ligneuse
ε : porosité du bois

La masse volumique anhydre est généralement comprise entre 200 kg.m-3 et 1300 kg.m-3.

▪ Masse volumique humide : ρx = ρs (1 – ε) / (1+ αv.X2)


αv : retrait volumique spécifique qui dépend de l’essence de l’arbre

1.32 Pouvoir calorifique

L’ordre de grandeur du pouvoir calorifique du bois sec est d’environ 20000 kJ/kg et
varie selon le type d’arbre. Il existe plusieurs formules pour calculer le pouvoir calorifique si
l’on connaît la composition chimique du bois, c'est-à-dire les fractions massiques en carbone,
hydrogène, oxygène et souffre (noté C, H, O et S) [HER 2008].

▪ PCS = 43730.C – 350.9


▪ PCS = 47500.C – 2380
▪ Formule de Vandralek : PCS = 35580.C + 113010.H + 10880.(S-O)

On peut nettement apercevoir que l’énergie libérée varie selon le type d’arbre à travers le
tableau suivant :

Arbre PCI en kJ/Kg Arbre PCI en kJ/Kg


Aune 17171 Mélèze 18715
Hêtre 17388 Erable 18600
Bouleau 18700 Chêne 17700
Cerisier 17850 Pin 18580
Marronnier 18840 Peuplier 17288
Douglas 19180 Epicea 17161
Orme 18500 Saule 17850
Sapin 17649

FIGURE 5 : Pouvoir calorifique en fonction du type d’arbre

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1.33 Capacité calorifique massique

▪ Bois anhydre Cρ0 = 0.131 + 0.003867 T (K)


en kJ/kg/K

▪ Bois humide Cρ2 = Cρ0.(1-X2) + X2. Cρe


en kJ/kg/K
Cρe : capacité calorifique de l’eau = 4.18 kJ/kg/K

1.34 Conductivité thermique

λ = (0.2 + 0.52.X1).(ρx / 1000) + 0.024


La conductivité thermique est généralement comprise entre 0.12 W/m/K et 0.23 W/m/K.

2. VALORISATION ENERGETIQUE DU BOIS

Pour valoriser le bois énergétiquement, il existe trois voies dites sèches et une voie
dite liquide. Les procédés de voies sèches présentés ci-dessous sont la pyrolyse, la combustion
et la gazéification. Enfin, on appelle liquéfaction la voie dite liquide valorisant le bois énergie.

2.1 La pyrolyse

La pyrolyse du bois est le procédé qui permet la transformation du bois en gaz


combustible, produits condensables (eau et goudrons) et du charbon de bois. Elle correspond à
la décomposition thermique du bois, sous vide ou en présence de gaz inerte [PYR]. On peut
observer les différentes étapes lors d’un traitement thermique en présence d’un gaz inerte ou à
pression réduite. Il existe quatre grandes étapes qui dépendent essentiellement de la
température utilisée.

Au départ, pour une température en dessous de 120°C, le bois est séché par
l’élimination de l’eau qu’il contient. Pour une température comprise entre 120°C et 250°C, le
bois se dégrade et les hémicelluloses se décomposent. On voit alors apparaître la formation
d’acides comme les acides formiques ou acétique et la formation d’alcools comme le
méthanol. Dans un troisième temps, pour des températures comprises entre 250°C et 500°C,
la cellulose et la lignine se décomposent. Il y a alors formation de produits légers (H2, CO,
CH4,…) et de produits lourds qu’on appellera goudrons. Au delà d’une température de 500°C,
ces mêmes goudrons se dégraderont et le charbon se formera.

On estime la formation d’une masse de 0.3 kg de charbon pour environ 1 kg de bois


sec. On peut aussi noter que la pyrolyse est nettement plus rapide sous vide qu’en présence
d’un gaz inerte. Les procédés traditionnels de pyrolyse utilisent des températures de 300 à 600
°C et produisent du charbon de bois. Ce charbon de bois est intéressant par sa faible densité et
son pouvoir calorifique élevé, mais il ne contient que 30 à 50 % de l'énergie initiale du bois
car le reste est perdu dans des produits volatils lors de la carbonisation.

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Il existe deux paramètres fondamentaux qui modifient les proportions de gaz, de


goudrons et de charbons : ce sont la température et le temps d’atteinte (temps au bout duquel
on atteint la température désirée). Ce temps d’atteinte dépend de nombreux facteurs, des
consignes de l’utilisateur mais aussi du transport thermique ou autre, et donc ainsi du rapport
surface / volume [BLI 2005].

2.11 Obtention du charbon de bois

La fabrication du charbon comporte 5 étapes essentielles :

▪ Charge du four
▪ Séchage de la charge
▪ Carbonisation (en système ouvert ou fermé)
▪ Refroidissement de la charge
▪ Conditionnement de la charge

2.12 Application de la pyrolyse

Pour les basses températures, généralement en dessous de 260°C, on obtiendra du bois


torréfié. A haute température avec une montée en chaleur lente, on obtiendra du charbon de
bois. Celui-ci pourra être utilisé de plusieurs manières, comme combustible domestique,
comme réducteur métallurgique (absence de certaines impuretés métalliques) ou bien encore
comme charbon actif.

2.2 La combustion

La combustion est la manière de valoriser le bois la plus connue et la plus utilisée. Le


bois en présence d’oxygène et d’énergie, se combine à l’oxygène dans une réaction chimique
générant de la chaleur [COM].

Combustion totale par l’air : Bois + Air CO2 + H2O

Mais cette équation reste purement théorique puisqu’on retrouve toujours dans les
fumées de la matière imbrulée, du CO et du NOx (oxydation de l’azote de l’air ou de l’azote
du bois). On retrouve donc en pratique deux étapes pour la combustion. La première est une
pyrolyse du bois donnant des gaz et du charbon. La deuxième phase est la combustion de ces
gaz entrainant une flamme ainsi que la combustion du charbon.

C + 0.5O2 CO
CO + 0.5O2 CO2

On aura une production de CO à haute température et une formation de CO2 pour une
plus basse température. On comprend donc mieux la grande importance de la distribution de
l’air qui se fera au minimum par l’air primaire au niveau du foyer et par l’air secondaire au
niveau de la chambre.

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

On peut signaler aussi qu’en plus des fumées, la combustion entraine une formation de
cendres et de matières imbrulées qui seront recueillis au foyer ou dissipées par les fumées
[MEU 2004].

2.21 Application de la combustion

L’utilisation de la combustion est très rependue et son procédé débouche sur un grand
nombre d’applications concrètes. Elle peut entre autre permettre la production d’eau chaude,
la production de vapeur ou bien encore fonctionner dans une chaudière en cogénération.

2.3 La gazéification

Pour une définition simple de la gazéification, on peut la traduire par une réaction
d’oxydoréduction du bois à haute température favorisée par la présence de vapeur d’eau et /
ou de CO2 [BOU].

Elle se décompose en deux étapes bien distinctes. La première est la encore une
pyrolyse classique. C'est-à-dire un gaz avec un pouvoir calorifique moyen et l’obtention de
charbon de bois. Ensuite, il y a une oxydation du carbone par l’eau :

C + H2O CO + H2

En présence de CO2, l’équation devient alors :

C + CO2 2CO.

Le CO2 peut venir de la pyrolyse en elle même ou par une oxydation partielle en
introduisant un minimum d’oxygène pour bruler les gaz volatils et une partie des goudrons.
L’objectif étant, bien sur, d’obtenir un gaz propre démuni de tous goudrons ou autres matières
solides.

2.31 Application de la gazéification

La gazéification peut être utilisée de nombreuses manières. Elle peut produire de la


chaleur par l’intermédiaire d’un bruleur et d’une chaudière ou bien encore de l’électricité par
l’intermédiaire d’une turbine (on peut aussi rajouter un système de cogénération). Elle offre
aussi de grandes possibilités dans les technologies futures, comme le mélange diesel gaz pour
le fonctionnement des moteurs.

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

2.4 FIGURE 6 : récapitulatif de l’ensemble des procédés

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3. EXEMPLE D’APPLICATION DU BOIS ENERGIE : LA


TECHNOLOGIE TORSPYD
La biomasse, pour les raisons mentionnées dans l’introduction, entraîne un certains
nombre d’innovations relativement intéressantes d’un point de vue technologique et
économique. Le procédé présenté ici, du nom de Torspyd, est un procédé de fabrication de
charbon vert à partir de la biomasse [VALO].

3.1 Principe de fonctionnement et avantages

FIGURE 7 : Schéma de fonctionnement du principe Torspyd [VALO]

Ce système suit le principe classique de la


création de charbon de bois en ayant le grand
avantage de fonctionner en continu, c'est-à-dire
24 h / 24 h. On peut donc a partir de ce système
concevoir des unités ou des grandes usines
fonctionnant automatiquement et
continuellement.

FIGURE 8 : Schéma simplifié de


l’usine à procédé Torspyd [VALO]

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3.2 Application de la technologie Torspyd

L’application la plus intéressante et la plus rentable du charbon vert issu du procédé


Torspyd est son utilisation dans une chaudière pour la production de chaleur. L’utilisation de
cette poudre présente des avantages considérables comme substitut de carburant au mazout. Il
suffit alors de pulvériser ce substitut dans la chaudière existante en le mélangeant au mazout.
Ce procédé requiert donc un nouveau bruleur bicombustible mais évite toutes modifications
de chaudière n’entrainant donc pas de lourds investissements. Cette modification s’adapte à
tous types de chaudières et garantit surtout l’alimentation en combustible comme alternative
au mazout. Ce charbon étant moins cher à capacité calorifique égal au mazout,
l’amortissement du système se fait réellement vite.

3.3 Etude de rentabilité

Afin de garantir cette rentabilité, nous allons modéliser via le logiciel RETScreen
l’application d’un tel système pour une chaudière classique [RET 4]. Les calculs ont été faits
ici pour une maison de retraite. Certains chiffres ont été arrondis ou modifiés pour garantir la
confidentialité du procédé.

La comparaison réalisée ici est celle du combustible mazout à 100 % (cas de


référence) contre l’utilisation du mazout à 66 % + charbon vert à 33% (cas proposé). Ceci est
le cas le plus défavorable car dans des bonnes conditions d’utilisation, le charbon vert peut
devenir 70 % du carburant primaire.

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

Le graphique des caractéristiques de la charge du cas de référence montre le profil de


la charge moyenne pour les systèmes de production d'électricité de chaleur et/ou de froid sur
une base mensuelle.

Le graphique de la page suivante, « Contribution des systèmes », est un histogramme


présentant un sommaire des performances du système modélisé. La barre verticale à gauche
de l'histogramme présente, en %, les contributions cumulées des capacités installées de
chaque installation par rapport à la charge de pointe du système. La hauteur de cette barre
peut dépasser 100 %, ce qui montre la marge de sécurité du système combinant les différentes
installations pour assurer la charge de pointe. Elle est dans ce cas précis surdimensionnée en
vue d’un futur agrandissement de la maison de retraite. La barre verticale à droite de
l'histogramme présente, en %, la contribution de l'énergie fournie par chacune des
installations par rapport à l'utilisation énergétique totale du système.

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4. PRESENTATION DU BIOGAZ

4.1 Source du biogaz

Le biogaz est un produit issu de la fermentation de la biomasse, des matières


organiques végétales ou animales, en l’absence d’oxygène. C’est lors de cette décomposition
organique, appelé aussi méthanisation, que se forme le biogaz. Il peut alors se produire
naturellement dans des décharges contenant des déchets organiques ou par le simple
mouvement d’un tas de fumier, ou bien d’une façon artificielle dans différents digesteurs. Le
biogaz est composé d’une grande partie de méthane (environ 60 %) et de gaz carbonique
(environ 40 %). Néanmoins, on retrouve des quantités variables d’eau H2O, de sulfure
d’hydrogène H2S, d’oxygène O2, de composées aromatiques, de métaux lourds ou bien encore
de composées organo-halogénés (Cl, F, …) [CRE 2006]. On peut préciser que certaines
molécules complexes présentes dans des déchets organiques ont du mal à se dégrader. Il sera
donc nécessaire parfois de réaliser une sélection des organismes à transformer pour une
fermentation anaérobie sous l’action des bactéries [VAL 2008].

4.2 Les digesteurs

On peut relever dans les technologies actuelles disponibles sur le marché plusieurs
sortes de digesteurs ou méthaniseurs, chacun avec leurs caractéristiques propres [BRU 2004].
On peut citer à titre d’exemples :

▪ Le méthaniseur infiniment mélangé


Brassage hydraulique – T = 35 °C – 30 à 40 jours
Récupération des déchets légers en surface – Décantation des déchets lourds

▪ Le méthaniseur à cellules fixées


Vitesse de fermentation proportionnelle à la masse des bactéries présentes
T = 55°C
Bactéries sur parois entrainant une augmentation de la surface de vie
Fermentation plus rapide en quelques heures (maximum de 2 jours)
Augmentation de méthane jusqu’à 80 %

▪ Lit de boues à flux ascendant ou lit fluidisé


▫ A flux ascendant
Auto floculation et sédimentation des granules
Les bactéries entrainent un flux ascendant et une sédimentation
▫ Fluidisé
Particules fixées sur un support mobile
Flux ascendant rapide et régulier de l’effluent

On distingue alors clairement trois plages de production de biogaz en fonction de la


température, définis par le domaine d’existence des bactéries :
▪ 10°C à 25°C : psychrophile
▪ 25°C à 45°C : mésophile
▪ 45°C à 60°C : thermophile

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

Les méthaniseurs mésophiles à 38°C sont les plus utilisés actuellement. Néanmoins,
on ne dispose pas aujourd’hui de beaucoup de connaissances dans l’utilisation par faible
température, qui suscite des voies très prometteuses [MET].

4.3 Valorisation des biogaz

Il existe plusieurs voies envisageables pour valoriser énergétiquement les biogaz tel
que la chaleur, l’électricité et/ou la cogénération, les carburants ou bien encore l’injection
dans le réseau gaz. On considéra donc l’importance du lieu de l’implantation du site. Le
biogaz ne pouvant s’utiliser sous sa forme primaire, voici les différentes méthodes d’épuration
selon l’utilisation souhaitée :

FIGURE 9 :
Méthodes d’épuration

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique
4.31 Production de chaleur

La combustion du biogaz engendre de la chaleur qui peut être utilisée pour la


production d’eau chaude ou de vapeur à moyenne et haute pression. Elle est utilisée dans de
nombreux domaines comme l’alimentation d’un four métallurgique ou le chauffage d’une
piscine. Sur les stations d’épuration, une partie du biogaz produit est en général utilisée pour
maintenir la température de fermentation du digesteur au niveau nécessaire, représentant ainsi
environ 20 % de la production pour une température avoisinant les 38 °C. Pour la combustion
proprement dite, des bruleurs spéciaux adaptés seront nécessaires.

D’un point de vue économique, le procédé est rentable à partir d’un débit de 100 m3/h.
On estime le temps de retour sur l’investissement, pour une chaudière classique de
consommation de 500 m3/h, à moins de 1 an. Néanmoins, cette rentabilité peut varier selon la
distance de la source du biogaz [POI 2008].

4.31 Production d’électricité

Le biogaz peut effectivement alimenter un moteur à gaz ou une turbine produisant


ainsi de l’électricité. Elle peut être compilée par la suite avec un système de cogénération
produisant ainsi de la chaleur en plus. Cette même chaleur peut ensuite être utilisée pour le
chauffage des digesteurs ou d’autres usages comme le séchage du foin ou la simple
alimentation d’un chauffage domestique.

Un débit de 400m3/h est nécessaire afin d’atteindre le seuil de rentabilité de la


production d’électricité. Il est pour ce procédé grandement utile d’augmenter au maximum la
puissance installée. Par exemple, entre un moteur à gaz 500 kW et 1000KW, le temps de
retour sur l’investissement est respectivement de 6 ans et 4.5 ans. Il sera donc nécessaire de
réaliser de bonnes études au préalable pour le dimensionnement d’installations de nouvelles
machines.

4.32 Production de carburants

Bien que parfaitement utilisé dans certains pays comme la Suède, le biogaz comme
carburant ne connaît pas une forte croissance. Néanmoins, il permet aujourd’hui
l’alimentation de plusieurs types de véhicules comme certains transports en commun. Son
grand avantage est à la fois économique et environnemental [DEV 2006].

En comparatif aux carburants classiques, le carburant issu du biogaz est réellement


compétitif. Mais de nombreux facteurs modifient la croissance de son utilisation, comme les
tendances politiques actuelles ou la fiscalisation qui lui est associée. Pour des données
concrètes, on peut noter que 1 m3 de biogaz représente environ 1 L de diesel et que la
production de 50 m3/h correspond a la consommation de 8 bus ou de 32 voitures.

4.33 Injection du biogaz dans un réseau

Il est nécessaire d’effectuer une très bonne gestion du réseau pour réaliser ce procédé.
Il possède un grand inconvénient qui est celui d’un très lourd investissement. La rentabilité est
ici rendue possible avec un débit au minimum de 1000 m3/h.

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

5. EXEMPLE D’APPLICATION DU BIOGAZ : LA PETITE


METHANISATION

La méthanisation à partir d’un tas de fumier ou d’autres résidus organiques venant de


la ferme est une technologie connue et relativement simple. On peut donc mettre en place, à
partir d’une fosse le plus souvent déjà existante, une récupération des gaz issus des déchets
organiques.

On réalisera donc un habillage d’une fosse à fumier par un simple dôme en plastique,
assurant ainsi une certaine étanchéité. Il suffira ensuite d’un simple récupérateur pour extraire
les gaz qui s’évaporeront naturellement de la matière organique sous une certaine température
de fermentation.

Voici à titre d’exemple le schéma de fonctionnement d’un système développé par la


société CarFor, division d’Audace Technologies Inc. :

FIGURE 10 : Schéma de l’unité de méthanisation

Cette technologie démontre un grand intérêt pour les pays en voie de développement
ou sous développés car il s agit d’un procédé très simple, requérant du matériel très commun
et peu couteux.

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

6. LA FILIERE DES BIOCARBURANTS

Les biocarburants sont une source d’énergie aux multiples avantages. En effet,
l’utilisation de ceux-ci dans les transports est relativement facile. En plus des bienfaits sur
l’environnement, les biocarburants peuvent permettre une certaine indépendance énergétique,
quasi inexistante aujourd’hui. On peut aussi noter que d’un point de vue économique, ils
garantissent la création d’un grand nombre d’emplois. Cette énergie est disponible
aujourd’hui, renouvelable et biodégradable. Pour son impact sur l’air, on considère qu’un litre
de bioéthanol remplaçant un litre d’essence engendre une diminution de 75 % des gaz à effet
de serre. Enfin, par des procédés connus et maitrisés, on peut produire des biocarburants à
partir de nos déchets. Cette source énergétique démontre donc un grand potentiel pour
demain.

Il existe deux grandes filières de production de biocarburants aujourd’hui : la filière


éthanol et la filière des huiles végétales. La filière éthanol comprend l’éthanol lui-même ainsi
que l’ETBE (Ethyl Tertio Butyl Ether) est destinée aux véhicules à essence. La filière des
huiles végétales ou plus précisément les esters méthyliques d’huiles végétales (EMHV) est
quand à elle destinée aux véhicules diesel [DEV 2006].

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

6.1 FIGURE 11 : Récapitulatif des procédés pour la fabrication des biocarburants

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

6.2 La filière des essences

L’éthanol est le biocarburant le plus produit au monde et son usage est largement le
plus répondu. L’éthanol est extrait à partir de deux principaux types de culture : les plantes
sucrières et les plantes amylacées. En revanche, la méthode reste la même pour ces deux
variétés de plantes : il y a une première étape de fermentation qui transforme les sucres en
éthanol et ensuite une étape de distillation qui sépare l’alcool de l’eau. Il peut être utilisé pur
ou sous une forme d’éther, l’ETBE. Cette forme particulière est rendue par la transformation
de l’éthanol par voie de réaction chimique avec l’isobutène. L’ETBE représente en masse
50% d’éthanol. On peut noter que l’usage de l’éthanol pur nécessite des adaptations
particulières pour les véhicules.

6.21 Méthode de préparation

La première étape est de rendre la matière dans un état de polymérisation, obtenu par
un ou plusieurs traitements, notamment l’hydrolyse. Une fois cet état atteint, le but sera de
transformer la chaine de polymère complexe en sucre simple fermentescible.

SUCRE ALCOOL CO2 + ETBE

FIGURE 12 : Schéma simplifié de la filière essence

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

On obtiendra ainsi plusieurs types de biocarburants avec des caractéristiques propres à


chacun :

▪ Ethanol hydraté
▫ Moteurs seulement légèrement modifiés
▫ Problèmes de fonctionnement à froid et de corrosion (eau)

▪ Ethanol anhydre + diesel


▫ Jusqu’à 15%, moteurs sans modifications mais ajout d’un solubilisant

▪ Ethanol anhydre + essence


▫ Performances dépendent du pourcentage d’éthanol (jusqu’à 85%)
▫ Problèmes de volatilité et formation de bouchons de vapeur par temps très
chaud (ou haute altitude)

▪ ETBE
▫ Idéal pour les raffineries

6.3 La filière du diesel

Le biodiesel est un substitut au carburant diesel qui dérive de l’huile et du gras végétal
ou animal. Il existe deux méthodes d’obtention : les esters méthyliques d’huile végétale
(EMHV) transformés par transestérification avec du méthanol et le biodiesel amide
transformé par amidation des huiles et acides gras [HIS 2006].

6.31 La transestérification

Ce procédé est connu et maitrisé depuis longtemps, notamment dans l’industrie du savon.

▪ Equation générale

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▪ Méthode de préparation

■ Mélange d’huile et de méthanol

■ Augmentation de la température jusqu’à 60°C


Agitation de la solution

■ Ajout de catalyseur (sodium methoxide)


Régulation de la température

■ Neutralisation HCl
Arrêt agitation
Refroidissement

■ Décantation
Evaporation du méthanol en surplus

■ Biodiesel + glycérine hydrate + NaCl + méthanol

6.32 Amidation des huiles et des acides gras

▪ Equation générale

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▪ Méthode de préparation

■ Mélange huile, diéthylamine, Na dissout et méthanol anhydre

■ Température à 175 °C
Autoclave fermé et agité
Durée de 48 heures

■ Arrêt
Evaporation du méthanol

■ Distillation sous faible pression

6.4 Les filières à venir

De nombreux biocarburants sont encore au stade d’étude ou de test et de grandes


innovations sont encore à venir. On peut signaler à titre d’exemple l’une d’entre elle
particulièrement prometteuse : l’esterol. Ce biocarburant est un mélange de biodiesel et de
bioéthanol pour les moteurs diesel. Il possède de nombreux avantages sur ses concurrents
comme une meilleure densité énergétique que l’éthanol, un prix compétitif, une réduction des
gaz à effet de serre ainsi qu’aucune modification des moteurs [HIS 2006].

Les biocarburants connaissent donc un grand avenir potentiel malgré les difficultés
qu’ils rencontrent aujourd’hui. En effet, ils restent encore soumis aux aides gouvernementales
et connaissent des difficultés d’implantation. Néanmoins, certains pays comme le Brésil ou le
Suède ont parfaitement développé cette technologie, prouvant ainsi sa grande efficacité.

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La filière biomasse : état des lieux et valorisation énergétique

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