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Analyse linéaire “Roman”

Décomposition du texte en 4 mouvements :


1. L’insouciance de la jeunesse 2. Une nuit enivrante 3. La rencontre 4. Le retour à la réalité

Mv Citation Interprétation
I
er On n'est pas sé/rieux, quand on a dix-sept ans. *Pronom indéfini : première impression de confidence
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, autobiographique, puis suggère une expérience
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! universelle, ou une distance critique.
- On va sous les tilleuls verts de la promenade. *Diérèse : ironie critique
*Enlacement de la ville qui sature les sens
*Cadre spatio-temporel: favorable aux rencontres
amoureuses
*Tiret: rupture du poète avec la ville fuite vers la
Nature
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! *Ponctuation forte traduit l’enthousiasme de l’ado
L'air est parfois si doux qu'on ferme la paupière ; *champ lexical sensoriel : éveil des sens lors de son
Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, errance en pleine nature, perception différente.
A des parfums de vigne et des parfums de bière… *polyptote + “si” : insistent sur le plaisir, la joie et le
bien-être
*synesthésie: expérience immersive et
multidimensionnelle, les nouvelles sensations
fusionnent
Conclusion partielle : L’ennuie de la ville se dissout au détriment du bonheur apporté par le contact avec la nature.

II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon *Introduction de la description d’un tableau
D'azur sombre, encadré d'une petite branche, *rejet met en évidence une oxymore de registre
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond familier et romanesque : ironie implicite qui raille
ème
Avec de doux frissons, petite et toute blanche… l’aspect romanesque de l’aventure amoureuse qui sera
racontée
*caractère mignard attribué à cet amour
Nuit/de/ juin /! Dix/-sept /ans!-//On/se/lais/se/ *Accentuation du rythme : l’enthousiasme du poète et
gris/er. le début de l’ivresse (agitation).
La sève est du champagne et vous monte à la tête... *La quête d’un amour sensuel + baiser animé par une
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser PSR traduit son espérance, métaphore du coeur:
Qui palpite là, comme une petite bête… Accélération cardiaque, ivresse ? amour ?
*il est submergé par les émotions
Conclusion partielle : La Nature éveille chez le jeune homme le désir amoureux

II
Le cœur fou Robinsonne à travers les romans, *Reprise des battements du cœur par un néologisme
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, qui rappelle les vagabondes du jeune, aventures
Passe une demoiselle aux petits airs charmants, amoureuses (ref au titre)
I Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père... *La rencontre attardée par l’annonce du décor urbain
(c.c.) : la “clarté” contraste avec “l’ombre” met en
ème
valeur la fille
*Verbe antéposé : met l’accent sur l’entrée en scène de
la jeune fille et son mouvement,fugacité de la
rencontre
*critique anti-bourgeoise par une synecdoque, réduit à
son col
Et, comme elle vous trouve immensément naïf, *adverbe hyperbolique accentue la raillerie
Tout en faisant trotter ses petites bottines, *allitération en t : mime la rapidité de la fille, échappe
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... à la surveillance de son père montre son intérêt.
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines... *ce “petit” coup de foudre le laisse muet, (moquerie)
Conclusion partielle : Cliché d’un amour fugitif et éphémère ayant marqué l’esprit de l’adolescent.

IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. *deuxième personne + présent de la vérité générale:
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire. universalité, R convoque des clichés liés à la rencontre,
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. distance ironique
ème
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !... *répétition : moquerie du cliché
*relation éphémère, limité dans le temps
*Idéalisation de cet amour, la jeune fille devient sa
muse dont il s’inspire pour écrire des poèmes
*cliché de l’isolement de l’amoureux
*hyperbole : amour non réciproque supériorité de la
fille qui s’est joué de lui “immensément naïf”
- Ce soir-là,... - vous rentrez aux cafés éclatants, *mise en relief de l’événement par “...” qui traduisent
Vous demandez des bocks ou de la limonade... la forte émotion du poète, retour à la situation du
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans départ
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade. *reprise des éléments de la première strophe :
construction circulaire du poème, répétition ; il réclame
des boissons qu’il refusait
*anacoluthe : rupture dans la construction syntaxique
et renforce la surprise finale. Rimbaud ne semble pas
souffrir de la rupture et semble être prêt à se diriger
vers de nouvelles aventures.
Conclusion partielle : Le retour à la situation de départ met terme aux illusions amoureuses.

Introduction
Sylvain Tesson déclare à propos des textes d’Arthur Rimbaud : « Ses poèmes sont des projectiles. Cent cinquante
ans plus tard, ils nous atteignent encore ». Cahiers de Douai est un recueil de jeunesse. En 1870, Rimbaud a 16
ans. « L’homme aux semelles de vent » comme le surnommera Paul Verlaine plus tard, fugue à plusieurs
reprises. Durant ses vagabondages, il écrit 22 poèmes. Il les recopie à Douai alors qu’il s’est réfugié chez son
professeur de rhétorique : Georges Izambard. Poète du XIXe siècle, il écrit lors de l’essor du romantisme, du
parnasse et du symbolisme bien que ses écrits restent inclassables. En quête d'unité, son recueil traite différents
thèmes qui lui permettent d’exprimer son goût de l’aventure pendant une période marquée par la fugue, la
révolte et de nouveaux émois. Roman est une ode à la simplicité de la jeunesse et du lyrisme mais aussi une
recherche d’une poésie moderne. Ainsi dans ce poème, Rimbaud met en scène une rencontre amoureuse dans
un cadre qui favorise une exaltation des sentiments pour créer une synesthésie.

Problématique
La lecture du poème nous invitera à nous demander comment Rimbaud fait de ce poème un hymne à la
jeunesse ?

Conclusion
Roman raconte une aventure d'adolescent à portée universelle, où l’attrait de la Nature et l’ivresse des sens
conduisent à la recherche de l’amour. Rimbaud choisit de nous raconter cette aventure en faisant référence au
roman ainsi qu’à tout un imaginaire littéraire qui en font une véritable petite éducation sentimentale. Mais il
garde une certaine distance, riant des illusions romanesques des adolescents. Cette ironie naissante révèle que
l’expérience de l’amour a une dimension initiatique. Enfin, nous pouvons nous attarder un instant pour évoquer
l’impressionnisme qui dégage du tableau de la deuxième partie de cette étude qui présente des similitudes avec
l’un des tableaux de Vincent Van Gogh intitulé « le ciel étoilée ».

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