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Le titre "roman" reprend l'étimologie du substantif, une narration d'aventures une étude de moeurs,

une analyse de sentiments ou de passions. Les romans sont souvent des fictions. Dans ce poème
Rimbaud fait tout une critique de ses aventures amoureuses d'adolescent encore bien naif.

La nature propice aux sentiments


On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans qui commence et termine le poème apparait comme la
raison de ses échecs amoureux. La diérèse sur sérieux traduit l'insistance sur cet âge ingrat et naif fait
d'illusions, de chimères et de maladresses. Le pronom "on" donne une universalité à sa pensée dans
laquelle tout lecteur peut se reconnaitre. Déjà dans "les réparties de Nina" on notait un décalage
entre l'homme lyrique (tout le poème) et la femme beaucoup plus prosaique (3 mots en répartie "et
mon bureau" ?) expliquant son échec amoureux. Ses illusions, son avatar féminin commencé par "les
réparties de Nina" prendront cruellement fin dans "mes petites amoureuses" "Ô mes petites
amoureuses, Que je vous hais !"..
L'année suivante en 1871, Rimbaud professera le plus grand mépris pour les élans lyriques des
romantiques, la rencontre amoureuse dans la nature. Rimbaud se moque de la description lyrique
des romantiques qui affectionnent les natures grandiose. Ici le cadre est banal fait de tilleuls, des
arbres très courants. Beaucoup de termes de ce poème se retrouvaient dans le précédent, sève,
champagne.

Un jeu de séduction
Comme dans les fêtes galantes de Verlaine, les adolescents se livrent au jeu de la séduction,
l'adolescente qui apparait n'est pas une beauté plastique, elle est d'abord métaphorisée
prosaiquement en "chiffon", elle a des petits airs charmants mais est affublée de diminutifs, elle est
petite, semble soumise à son père, inaccessible. Mais on peut se prendre et se laisser prendre au jeu
de la séduction, devenir amoureux sur un simple regard, un retournement. Le retournement devient
bouleversement car l'amour impose de s'engager à deux malgré les divergences. Lorsque la réalité
prend le pas sur le romanesque, sur l'imaginaire des sonnets amoureux et lorsqu'elle lui répond par
lettre notre auteur qui a peur de s'engager abandonne rapidement la partie et retourne avec ses
amis. "On n'est pas sérieux" traduit qu'on ne recherche pas à dix-sept ans l'amour pour toujours mais
quelque chose d'éphémère pour assouvir un désir. En outre on manque d'expérience, on a peur
d'être maladroit et de tout compromettre. Même si ce besoin amoureux correspond ici à un besoin
de changer d'air, des fréquentations masculines habituelles des cafés, notre auteur voulait
simplement connaître le plaisir de l'amour même fulgurant.

Une ironie constante


Les amours d'été d'adolescent sont souvent sans lendemain et chacun reprend sa vie près de ses
parents comme un nouveau cycle. Les robinsonnades, néologisme qui renvoie à Robinson Crusoe
constituent pour chaque adolescent un rêve d'aventures, favorisé par les mois d'inactivité scolaire de
l'été. Ce seront des souvenirs à raconter à la rentrée lorsque l'imaginaire prendra le relai. Rimbaud
égratigne les romantiques avec leur cadre grandiose, les lacs propices aux épanchements amoureux.
Ici tout est simple et agréable et l'amour se résume à un baiser, pas de descriptions pompeuses mais
seulement des points de suspension dans lesquels chacun peut imaginer la suite.

Conclusion
Dans ce poème Rimbaud évoque vers la fin de l'été, une aventure amoureuse en cours. Toutefois le
"vous" utilisé rend ce roman applicable à tout lecteur. Ce n'est donc pas un poème de la rencontre
unique, mais une sorte de "diagnostic" porté sur les rêves d'amour à 17 ans.

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