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Marc BALTUS
Edouard BOURS
Jacques MALHERBE
Thierry AFSCHRIFT
Jean-Pierre LAGAE
Thomas DELAHAYE
L'ENTREPRISE ET
LE CHOIX DE LA VOIE LA
MOINS IMPOSEE
EN DROIT FISCAL BELGE
par
J. KIRKPATRICK
A. - La fraude fiscale
Ainsi, dans une déclaration aux impöts sur les revenus, le contribua-
ble s'abstient volontairement de déclarer certaines recettes professionnel-
les, ou présente faussement comme charges professionnelles des dépenses
revêtant un caractère privé. Dans une déclaration aux droits de succession,
l'héritier omet volontairement certains biens. Dans une déclaration à la TVA,
l'assujetti omet.le produit de ventes sans facture. A la douane, l'automo-
biliste répond négativement - et faussement - à la question de savoir s'il
n'a rien à déclarer.
(!) La fraude fiscale comporte généralement une altération de la vérité, mais pas néces-
sairement: ainsi, l'article 341 ancien du Code des impöts sur les revenus (CIR) punissait «qui-
conque, dans l'intention d'éluder l'impöt, se sera abstenu de produire une déclaration qu'il
doit fournir». Ce cas de fraude fiscale, quine comporte pas d'altération de la vérité, est actuellement
compris dans la disposition plus générale de l'article 339 du Code (cité infra, 3).
10
(2) Sur la raison pour laquelle la fausse déclaration fiscale n'est pas considérée comme
un faux en écriture, voir mes «Réflexions sur la répression de la fraude fiscale en Belgique»,
n°s 6 et 8, dans Le droit économique et financier en 1985, Hommage à Robert Henrion, p. 345
et svtes.
(3) De Page, t. II, n° 618. - La théorie de la simulation peut être étendue à des actes
juridiques collectifs, tels que les décisions des assemblées générales d'actionnaires d'une société
anonyme: voir D. Garabedian, «Le régime fiscal du remboursement de capita!...», JDF, 1987,
p. 5 et svtes, spéc. n° 8 et les références.
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lei, la simulation atteint son point extrême: elle porte sur l'existence
même du contrat. L'acte apparent est fictif.
(4) Cass., 5 septembre 1961, Pas., 1962, !, 29 et note W.G.; Cass., 11 janvier 1966, Pas.,
!, 611.
(5bis) Comp. P.-E. Trousse, «La simulation en droit privé et Ie faux criminel», ROP,
1968-1969, p. 625 et svtes, et les références citées en note 21, p. 631.
12
Ainsi, en matière d'impöts sur les revenus, l'article 340 du Code (modifié
par la loi du 10 février 1981, puis par la loi du 4 août 1986), punit «d'un
emprisonnement d'un mois à cinq ans (alors que la «fraude ordinaire» est
punie par l'article 339 d'un emprisonnement de huit jours à deux ans) et
d'une amende de 10.000 à 500.000 F., ou d'une de ces peines seulement,
celui qui ... aura commis un faux en écritures publiques, de commerce ou
privées, ou qui aura fait usage d'un tel faux, en vue de commettre une des
infractions visées à l'article 339» (c'est-à-dire une infraction aux disposi-
tions de la loi fiscale «dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire»).
En effet, l' Administration n'est évidemment pas liée par les déclara-
tions fiscales des contribuables. Ainsi, aux termes de l'article 245 du Code
des impöts sur les revenus, l' Administration «prend pour base de l'impöt
les revenus et les autres éléments déclarés, à moins qu'elle ne les reconnais-
se inexacts».
L' Administration n'est pas davantage liée par les comptes annuels des
commerçants et des sociétés.
Quant aux actes simulés qu'on lui oppose, l' Administration, qui est
un tiers (6l, peut, conformément aux principes généraux de la simulation,
établir celle-ci par toutes voies de droit et asseoir l'impöt d'après la con-
vention réelle.
(6) Bien que cela ait été contesté, il en est ainsi même lorsque I' Administration agit en
vue de l'établissement de l'impöt: voir notamment Cass., 21 février 1974, Pas., I, 648; mon
examen de jurisprudence, «Les impöts sur les revenus et les sociétés» ( 1968-1982), Revue cri-
tique, 1984, p. 696, n° 16 et les références.
13
Le but de celui qui choisit une voie mains imposée est Ie même que Ie
but du fraudeur: l'un comme l'autre cherche à éviter ou à réduire une charge
fiscale.
Dans une conférence célèbre sur «la fraude fiscale», Ie Professeur Gothot
disait:
«Dans ce choix (de la voie la mains imposée), je ne vois rien d'autre que
la liberté laissée aux citoyens par la loi civile et par la Constitution de faire
tout ce qui n'est pas défendu. Et il n'est sûrement pas interdit d'éviter de
se placer dans les conditions d'exigibilité d'un impöt. Le désir d'échapper
à l'impöt est normal. On n'imagine même guère que Ie contribuable ait une
attitude différente. Que penserait-on de celui qui, poursuivant un but éco-
nomique quelconque, commencerait par se demander comment il doit s'y
prendre pout rendre exigible Ie plus gros impöt possible? N'est-il pas naturel
qu'il se pose la question inverse? Et en Ie faisant, ne se conduira-t-il pas
en bon père de famille, dans Ie sens latin du terme, c'est-à-dire comme un
homme diligent et soigneux ?» <7l
C'est pour exprimer que Ie choix de la voie la mains imposée est licite
que l'on parle de la liberté du choix de la voie la mains imposée.
(7) V. Gothot, «La fraude fiscale», dans Problèmes fiscaux d'aujourd'hui (1963), n° 2,
p. 87 et svtes, spécialement p. 91.
14
les actes accomplis par Ie contribuable ne sont pas simulés, ils sont oppo-
sables à !' Administration, en vertu du principe de droit civil selon lequel
les effets externes des conventions sont opposables aux tiers. <3l
Pour que cette règle soit applicable, il suffit que les deux sociétés soient
interdépendantes et que les avantages retirés par la société en perte soient
anormaux: du moment que ces conditions sont remplies, la règle s'appli-
que, «quand bien même les moyens ou procédés mis en reuvre n'auraient
revêtu aucun caractère juridiquement illicite ni été empreints de simu-
lation». <9>
12. - L' Administration accepte mal qu'on lui oppose avec succès des
opérations,même non simulées, qui n'ont d'autre but que de réduire la charge
fiscale.
(11) Si je Ie souligne, c' est que cette distinction est parfois méconnue: ainsi, dans un arti-
cle récent, un auteur fait appel au principe, «fraus omnia corrumpit» pour justifier que les
conventions simulées ne sont pas opposables au fisc (L. Huybrechts, «Is veinzing in fiscale
zaken een niet-werkzaam en overbodig begrip?» DAOR, 1986-1987, p. 397 et svtes, spéciale-
ment p. 401 et note 27).
plies dans Ie seul but d'éviter l'application d'un impöt qui aurait été dû si
!'on avait suivi la voie normale.
13. - Quoi qu'il en soit, en Belgique 04 >, cette théorie a été condam-
née de la manière la plus nette par Ie célèbre arrêt de la Cour de cassation
du 6 juin 1961 (en cause Brepols, Pas., I, 1082 et les notes), qui casse un
arrêt de la Cour d'appel de Bruxelles du 25 mars 1959 (RF, 1960, p. 213).
(13) C. Scailteur, «La fraude à la loi en droit fiscal», Rec. gén., 1959, p. 177 et svtes, spéc.
p. 188.
(14) Sur l'admission de Ia fraude à Ia Ioi oude restrictions analogues de Ia liberté du choix
de la voie la moins imposée dans d'autres pays, voir Th. Delahaye, Le choix de la voie la moins
imposée. Etude de droit fiscal comparé (Belgique, France, Pays-Bas, Royaume-Uni) (Bruylant,
1977).
19
suivant:
«Il n'y ani simulation prohibée à l'égard du fisc, ni, partant, fraude
fiscale, lorsque, en vue de bénéficier d'un régime fiscal plus favorable, les
parties, usant de la liberté des conventions, sans toutefois violer aucune obli-
gation légale, établissent des actes dont elles acceptent toutes les conséquences,
même si la forme qu'elles leur donnent n'est pas la plus normale».
Du moment que les parties établissent des actes dont elles acceptent
toutes les conséquences, il n'y a pas simulation, et partant pas de fraude
fiscale, même si Ie procédé utilisé a pour but de faire bénéficier d'un régi-
me fiscal plus favorable et n'est pas Ie plus normal. En procédant de la sorte,
les parties ne font qu'user de la liberté des conventions et ne violent aucu-
ne obligation légale.
(16) Sur !'arrêt du 7 décembre 1979, en cause INES, voir infra, n° 16; sur !'arrêt du 9
juin 1976 en cause Maison d' Art Dangotte (BC, 1978, p. 107; RPS, 1978, p. 209), voir mon
examen de jurisprudence précité, Revue critique, 1987, p. 319 à 322, n° 122 et les références.
- Voir aussi, sur la portée de la jurisprudence de la Cour en matière de simulation, l'étude
de M. Ie Procureur général Dumon citée à la note suivante, JDF, 1984, p. 5 et svtes, spéc. p.
27 et 28.
CHAPITRE III
b) Parce que l'impöt se fonde sur les réalités, les revenus visés par la
loi sont imposables, même s'ils résultent d'opérations illicites ou nulles 01 >.
( 16ter) Pas., I, 92, spécialement 98, col. 1. - Sur la portée de eet arrêt, voy. la conféren-
ce précitée de M. Ie Procureur général Dumon, JDF, 1984, p. 5 et svtes, spéc. p. 27.
(17) Cassation, 18 mars 1976, JDF, p. 262; Cassation, 21 mai 1982, Pas., I, 1106; comp.
mon étude «Le droit fiscal se fonde sur les réalités. - Réflexions sur quelques bons et mau-
vais usages d'un proverbe de droit», JPDF, 1969, p. 161 et suiv., spécialement n° 9 et références.
La Cour d'appel d' Anvers a accueilli cette thèse dans un arrêt du 2 mars
1978 (JDF, 1979, 344, arrêt rendu en cause d'une société INES, en matière
d'absorption d'une société par une société en perte, jugée «économique-
ment morte»): selon eet arrêt, si Ie contribuable peut choisir la solution fiscale
la plus avantageuse, il ne suffit pas que cette solution soit exprimée dans
des actes dont les parties ont accepté toutes les conséquences, mais il faut
avant tout que ces actes soient «une reproduction de la réalité» ou, end' autres
termes, qu'il «n'existe pas de discordance entre les constructions et formulations
juridiques et la réalité économico-commerciale».
Le pourvoi dirigé contre eet arrêt a été rejeté par un arrêt de la Cour
de cassation du 7 décembre 1979 (Pas., 1980, I, 446), mais eet arrêt n'a pas
de portée de principe et c'est à tort que M. Scailteur a cru pouvoir soutenir
que la Cour de cassation aurait, par eet arrêt, «formellement reconnu» «Ie
droit pour Ie juge du fond de décider ... que la combinaison juridique utili-
sée par les contribuables pour jouir d'un avantage fiscal est simulée lors-
qu'elle ne correspond pas à la réalité économique, tors même que ces
contribuables ont accepté, sans aucune réserve, toutes les conséquences civiles
des actes qu 'ils ont souscrits» (ZOJ.
(19) Pa5., 1958, I, 807, col. 1. - Pour Ie même motif, sauflorsque la loi en dispose autrement,
Ie fisc ne peut se prévaloir de l'article 1328 du Code civil, selon lequel «les actes sous seing
privé n'ont de date contre les tiers que du jour oû ils ont été enregistrés ... »: voir mon étude
précitée, JPDF, 1969, p. 161 et suiv., spécialement n° 18.
(20) C. Scailteur, «Le choix de la voie la moins imposée ... », dans Mélanges P. Sibille,
1981, p. 799 et suiv., spécialement p. 808).
23
En revanche, depuis !'arrêt INES, la Cour d'appel d' Anvers s'en est
tenue, dans des arrêts plus récents, au strict respect du choix de la voie la
moins imposée (voir Anvers, 4 décembre 1984, commenté infra, n ° 18; Anvers
16 septembre 1986, FJF, 1987, p. 79). La jurisprudence récente des Cours
d'appel de Mons et de Liège est également dans ce sens (23 J_
18. - La thèse selon laquelle Ie fisc pourrait ne pas tenir compte des
conventions du seul fait que celles-ci ne reflètent pas une réalité économi-
que me paraît avoir été condamnée, au moins implicitement, par un récent
arrêt de la Cour de cassation du 27 février 1987 (FJF, p. 120).
En 1975, une société avait vendu à une autre société, dépendant du même
groupe, deux bateaux, déjà entièrement amortis, pour les prix respectifs
de 10 millions et de 9 millions, et avait repris aussitöt les bateaux en loca-
tion. Le caractère normal des prix de ven te et des loyers n' était pas contesté.
(21) Bruxelles, 26 octobre 1982, JDF, 1983, p.311 (espèce dans Jaquelle, à mon avis, la
solution de ]'arrêt se justifiait par l'application de Ja théorie de la simulation: voir mon exa-
men dejurisprudence précité, Revuecritique, 1984, p. 733, n° 21); Bruxelles, 4 novembre 1986
(motifs), FJF, p. 123, Bruxelles, 31 mars 1987, FJF, p. 165, arrêt relatif à l'absorption d'une
société par une société en perte, actuellement déféré à la censure de la Cour de cassation. -
Comp. Bruxelles, 26 mai 1987, FJF, 87, p. 246 et la note (arrêt également déféré à la censure
de la Cour de cassation, dont un motif paraît admettre que Ie même acte pourrait être consi-
déré comme simulé en droit fiscal mais non en droit civil, ce qui me paraît une aberration).
(21bis) Voir réponse du Ministre des Finances à une question parlementaire, BC, 1985,
p. 2007 à 2009, qui reproduitla formule de !'arrêt de la Cour d'appel d' Anvers du 2 mars 1978,
sans citer celui-ci.
(22) Voir spécialement p. 573 à 580. - J'ai exprimé ailleurs mon désaccord sur cette con-
ception: JT, 1986, p. 292, spécialement n°s 9 et suivants.
(23) Mons, 5 février 1987, FJF, p. 81; Liège Ier avril 1987, JT, p. 647; Liège, 8 avril 1987,
FJF, p. 203.
24
(24) A mon avis, il n'était pas utile de relever, pour justifier Ie rejet du moyen, que la société
acquéreuse «a exploité les bateaux conformément à son objet social» et n'a dès lors «mécon-
nu aucune obligation légale». Même si l'objet statutaire de la société acquéreuse ne lui avait
pas permis d'acquérir les bateaux en vue de les louer, cette méconnaissance de la loi sur les
sociétés aurait été sans conséquence du point de vue fiscal (Cassation, 12 avril 1937, Pas., I,
106; Claeys Bouaert, Principes, n° 27). Si, dans son arrêt de principe du 6 juin 1961, la Cour
de cassation vise l'hypothèse ou «les parties, usant de la liberté des conventions, sans toute-
Jois violer aucune obligation légale, établissent des actes dont elles acceptent toutes les consé-
quences», il faut comprendre, ainsi que j'ai tenté de l'expliquer (supra, n° 13), qu'on ne viole
aucune obligation légale lorsqu' on établit des actes dont on accepte toutes les conséquences,
même si Ie procédé utilisé a pour but de procurer un régime fiscal plus favorable et n'est pas
Ie plus normal.
26
Pour prévenir ces réactions, certaines sociétés ont procédé comme suit:
au cours d'une même assemblée générale extraordinaire, les actionnaires
ont décidé, d'abord, de réduire Ie capita! par remboursement aux action-
naires conformément à l'article 72 de la loi sur les sociétés, et ensuite, de
reconstituer Ie capita! à son montant initia! par incorporation de bénéfices
réservés.
Je ne Ie pense pas.
Certes, la règle du précédent n' existe pas en Belgique, mais dans Ie cas
qui nous occupe, il semble bien s'être établi une règle prétorienne selon laquelle
une décision de réduction de capita! par remboursement aux actionnaires
n' est pas opposable à l' Administration lorsque Ie même acte constate la recons-
titution du capita! initia! par incorporation de réserves.
(27) Comparez, dans Ie même sens, V. Gothot, «La fraude fiscale», dans Problèmesfis-
cauxd'aujourd'hui (1963), n° 2, p. 87 et suiv., spécialement p. 91: «il faudrait blämer !'offi-
cier public qui, dans des hypothèses simples, par exemple de la donation d'usufruit (qui donne
lieu au droit proportionnel de donation) oude !'abandon d'usufruit (enregistré au droit fixe),
n'aurait pas attiré l'attention de son dient sur la possibilité d'éviter l'impöt. Son devoir abso-
lu de conseiller juridique lui impose d'agir ainsi.»
CHAPITRE V
On n'a pas retenu ici l'étude des procédés de récupération des pertes
fiscales d'une société, notamment par la voie de l'absorption, et ce pour
deux raisons: d'une part, ce sujet a été traité dans un précédent recyclage
de la Conférence du Jeune Barreau consacré à «l'entreprise en difficulté»;
d'autre part, la Cour d'appel de Bruxelles a rendu, Ie 31 mars 1987, un arrêt
relatif à l'absorption d'une société prospère par une société en perte et eet
arrêt est actuellement déféré à la censure de la Cour de cassation, de sorte
qu'il a paru préférable de ne pas revenir sur la question avant que cette procédure
ne soit terminée.
Dans les sociétés, il n'y a pas que les associés, il y a aussi Ie personnel:
un second ordre de sujets consistera à explorer ce que les sociétés peuvent
encore faire pour améliorer la condition matérielle de leurs dirigeants et des
membres de leur personnel sans charges fiscales démesurées.
Quels avantages fiscaux les résidents belges, d'une part, et les sociétés
belges, d'autre part, peuvent-elles retirer de la constitution de sociétés à
l' étranger ?
28. - Enfin, comme les voies mains imposées <lont il sera question
comportent généralement l'utilisation du régime fiscal des sociétés, il a paru
intéressant d'examiner l'incidence que pourrait avoir sur certaines des questions
traitées, s'il était adopté, Ie projet de réforme de l'imposition des sociétés
et Ie leurs associés qui a été proposé par un groupe de travail constitué au
sein du Conseil supérieur des Finances et qui a été repris dans les proposi-
tions de la Commission royale d'harmonisation et de simplification de la
fiscalité, mais qui n'a pas été retenu par Ie gouvernement démissionnaire.
Le 15 janvier 1988
LE TRANSFERT À UNE SOCIÉTÉ BELGE
D'ÉLÉMENTS DU PARTRIMOINE PRIVÉ:
par
J. KIRKPATRICK
Crésus estime être assez riche pour se payer Ie luxe de ne pas frauder.
( 1) Instaurée par des arrêtés de pouvoirs spéciaux illégaux (arrêtés n ° 55 du 16 juillet 1982
et n ° 125 du 30 décembre I 982), cette cotisation spéciale a été légalisée rétroactivement par
la loi du 28 décembre 1983 portant des dispositions fiscales et budgétaires (art. 60 et svts), puis
prorogée, la dernière fois, par la loi de crédits provisoires du 7 novembre 1987, jusqu'à l'exer-
cice d'imposition 1988 (revenus de 1987). Il faut rendre hommage à la sollicitude du législa-
teur à l'égard des contribuables auxquels il demande les plus lourds sacrifices: votée Ie 7 novembre
1987 et publiée au Moniteur du 17 novembre, la loi imposait à ceux-ci de faire, dès Ie Ier décembre
1987, un versement provisionnel égal à JO% de leur revenu de 1987, sous peine d'intérêts de retard.
38
du 28 décembre 1983.
Le taux de cette cotisation spéciale est progressif par tranches : il va
de 2711/o (sur la tranche de 1.100.000 F à 1.500.000 F) à 4711/o (sur la tran-
che de revenus excédant 3.000.000 F).
Supposons que Ie montant net des revenus mobiliers de Crésus dépas-
se 3.000.000 F par an: sur la tranche la plus élevée, il subit donc un impöt
de 60,25 0Jo< 2>, sans possibilité d'imputer Ie crédit d'impöt. En outre, les
mêmes revenus sont soumis à la cotisation ONEm déjà citée (supra, n° 3).
Jusqu'ici, Crésus n'a pas lieu de se réjouir.
5. - Toutefois, la cotisation spéciale n'est pas due par les contribua-
bles qui prennent et observent !'engagement:
1) d'affecter, avant la fin de la deuxième année qui suit l'année des revenus,
une somme au moins égale à la base de calcul de la cotisation spéciale à la
souscription et à la libération
- d'actions de sociétés belges,
- ou d'obligations émises après Ie 31 décembre 1983 par des sociétés bel-
ges «qui se livrent à une activité industrielle» ;
2) de conserver les titres ainsi libérés pendant au mains cinq ans ou,
en cas de cession dans les cinq ans de leur libération, de remployer Ie prix
de cession, dans les trois mais de la cession, par la souscription et la libéra-
tion de titres répondant aux mêmes spécifications <3>.
Si Crésus veut échapper à la cotisation spéciale, il lui suffit donc de
réinvestir l'excédent du montant net de ses revenus mobiliers par rapport
à 1.100.000 F en souscrivant à des augmentations de capita! dans Ie délai
légal. Cette obligation de remploi a certainement contribué au succès des
augmentations publiques de capita! des sociétés belges à la fin de 1986.
Toutefois, à la fin de 1987, Crésus et ses pareils ont été saisis d'angoisse:
la chute des cours a rendu impossibles les augmentations publiques de capita!
programmées pour la fin de cette année.
(2) Ce taux est Ie total de 25 Ofo (précompte mobilier) + 47 Ofo du solde de 75 Ofo.
(3) Loi du 28 décembre 1983, article 42, § 3. - Le texte ajoute, dans Ie langage approxi-
matif qui caractérise notre législateur fiscal, que Ie remploi prévu au 2° n'est pas requis «si
la cession résulte du décès du contribuable ou d'une circonstance de force majeure». Une trans-
mission par décès n'est évidemment pas une cession. L'on comprend d'ailleurs mal pourquoi
les successeurs du défunt ne sont pas tenus de l'obligation de remploi de leur auteur.
39
(4) Depuis que l'impöt des sociétés a été réduit à 43 "7o par la loi du 4 août 1986, Ie crédit
d'impöt applicable aux dividendes est de 50% du montant net encaissé (après déduction du
précompte mobilier) oude 37 ,5 "7o du montant brut (avant déduction du précompte mobilier)
(CIR, art. 135, modifié pour la dernière fois par la loi du 4 août 1986).
(5) Idéalement, il faudrait faire en sorte que la charge annuelle d'intérêt ne laisse subsis-
ter qu'un revenu mobilier net tel que la quotité de l'impöt des personnes physiques propor-
tionnellement afférente à ce montant net soit éliminée par l'imputation du crédit d'impöt.
Cette imputation n'est en effet permise qu'à concurrence de la quotité de l'impöt des person-
nes physiques qui est proportionnellement afférente aux revenus de capitaux et biens mobi-
liers (CIR, art. 197, § Ier, 2°) et Ie surplus du crédit d'impöt n'est pas restituable. En cette
hypothèse, Ie contribuable récupère d'autre part Ie précompte mobilier en l'imputant sur l'impöt
relatif à d'autres revenus (par exemple à des revenus professionnels) et en obtenant la restitu-
tion de l'excédent éventuel (CIR, art. 211, § 2).
40
Crésus craint que des gens comme lui n'aient rien à gagner à un nou-
veau gouvernement à participation socialiste.
8. - Dans ces conditions, existe-t-il une voie moins imposée dans laquelle
Crésus puisse s' engager sans risque?
de ses actions X moyennant un prix payable à terme. Cette vente par Ie principal
fondateur de la société est un quasi-apport, qui donnera également lieu à
un rapport de reviseur d'entreprises.
Les dividendes qu'une société beige retire d'une autre société sont déduc-
tibles de la base imposable, en principe, à concurrence de 95 % de leur montant
brut (avant déduction du précompte mobilier). Cette déduction est toute-
fois limitée à 90 % pour les sociétés financières définies à l' article 113 du
Code: en simplifiant quelque peu, je dirai qu' est une société financière au
sens de eet article la société qui possède des participations <lont la valeur
d'acquisition représente plus de la moitié des fonds propres.
(6) Sur l'application des articles 111 et 112 du Code au cas ou la société n'a que l'usufruit
d'une participation, voy. Cass., 17 avril 1986, Ann. Liège, p. 566 et la note J. Kirkpatrick.
42
té X - à moins que ce solde ne soit absorbé par des frais, tels que, par exemple,
des charges financières.
Si l'on suppose que Ie dividende brut produit par les actions X est de
6 OJo du prix de vente par action X, la paiement total du prix de la vente de
50% des actions prendra environ huit ans. L'encaissement d'un prix par
annuités ne constitue évidemment pas un revenu imposable.
10. - On peut hésiter sur Ie point de savoir s'il faut conseiller à Cré-
sus de stipuler un intérêt sur ce prix payable à terme.
Cette scission une fois réalisée, rien n'empêche Crésus, après un délai
raisonnable, de vendre, au fur et à mesure de ses besoins d'argent, ses actions
H 1 à la société H2.
- au taux de 21,5 OJo dans Ie cas contraire (CIR, art. 130), à moins que
Holding ne remploie, en ce cas, la totalité du prix de vente, dans Ie délai
légal de trois ans, par exemple en souscrivant des actions à !'occasion d'une
émission publique oude la création d'une société filiale, auquel cas la plus-value
est immunisée (CIR, art. 36).
Voici une société Y constituée par deux frères, Jean et Jacques Dupont,
qui prennent tous les deux une part active à la direction de la société.
17. - Second cas: Il se peut que la société Y n'ait pas un montant suf-
fisant de réserves taxées disponibles pour procéder à une distribution mas-
sive permettant à la société Holding de rembourser immédiatement !' emprunt.
Recevant ainsi ses propres titres, la société Y devra évidemment les annuler,
de sorte que l' augmentation nette du capita! sera nulle, si l' on ne prend pas
la précaution, que je recommande en pareil cas, de faire en sorte que Ie patri-
moine de la société Holding comporte également, à concurrence d'un fai-
ble pourcentage, quelque autre élément d'actif.
(7) RGF, 1985, p. 203. - Je renvoie à cette étude pour les calculs de l'économie fiscale
réalisée. L'auteur étudie Ie cas de l'acquisition de toutes les actions d'une société, mais Ie mécanisme
est Ie même dans l'exemple que j'ai choisi.
50
Le 15 janvier 1988
LE TRANSFERT À UNE SOCIÉTÉ BELGE
D'ÉLÉMENTS DU PATRIMOINE PRIVÉ (SUITE)
par
MarcBALTUS
Seront seules examinées ici les situations les plus fréquentes en écar-
tant des cas particuliers tels que ceux des immeubles pour lesquels Ie pré-
compte immobilier est libératoire, ou des immeubles acquis par une personne
physique dans un but spéculatif, ou des immeubles apportés à une société
«marchand de biens» ou à une société agricole, etc.
a. Revenus
Le revenu immobilier est ensuite soumis, cumulé avec les autres reve-
nus, à l'impöt des personnes physiques, selon les modalités suivantes.
Mais déduction
ble est le revenu cadastral, sans déduction de charges (sauf les intérêts), ni
d' abattement.
Le taux de l'impöt des sociétés varie entre 30 OJo (sur Ie premier mil-
lion) et 43 OJo (si Ie bénéfice atteint 16.600.000 F) (article 126 C.I.R.); il est
toujours de 43 OJo si la société distribue ses bénéfices pour un montant supérieur
à 13 OJo de son capita!.
Pour un particulier
7° C.I.R.).
La différence est moindre dans les cas ou, même pour une personne physi-
que, c'est Ie revenu réel qui est imposé (immeuble affecté par Ie locataire
à l'exercice d'une profession).
Une réserve doit être faite si la vente des actions dissimule en réalité
une vente de l'immeuble (voir ei-après la section consacrée aux droits d'enre-
gistrement).
Exemple
Hypothèse
C' est Ie cas aussi pour des immeubles tels que chäteaux, biens histori-
ques, etc., dont les frais d'entretien et de réparations sont fort élevés.
loyers 1.666.666
moins amortissement 480.000
- charges 500.000
- 980.000
bénéfice avant impöt 686.000
L'impöt des sociétés s'élèvera à
686.666 X 30% = 206.000
moins précompte immobilier imputable - 50.000
480.666
960.666
qu'elle pourra investir, par exemple en valeurs mobilières.
Les avantages des sociétés financières font l'objet d'un autre exposé.
En France, les abus, à eet égard, de ce que !'on a appelé les «sociétés-
villas» ont été tels que Ie législateur et l'administration ont vivement réagi
(voy. l'étude du professeur Cozian sur «La Chasse fiscale aux déficits fon-
ciers de complaisance» dans les Réflexions offertes à Paul Sibille, p. 355).
62
CHAPITRE II
Des décisions lui ont donné raison, notamment un arrêt de la Cour d'appel
de Gand du 26 mars 1965, publié avec une note de Monsieur Depret, qui
Ie critique, dans la Revue pratique des sociétés (1968, p. 161).
63
CHAPITRE III
DROITS DE SUCCESSION
Les dons manuels sont exempts de toute imposition, sauf s'ils sont cons-
tatés dans un acte présenté volontairement à l'enregistrement, ce qui n'est
pas obligatoire.
2. - Aucun autre impöt que Ie droit d'apport de 0,5 OJo, n'est dû sur
ces opérations pour autant que Ie donateur vive encore 3 ans.
CONCLUSION
par
Edouard BOURS
Le problème n' est pas neuf. Nombre d'indépendants ont depuis longtemps
déjà transféré leur entreprise à une société, souvent de caractère familial.
Ce nombre ne cesse de s'accroître mais Ie contexte dans lequel la question
se pose évolue constamment en raison de diverses innovations législatives
dont nous ne citerons que les plus importantes:
- la naissance d'un véritable droit comptable (loi du 17 juillet 1975,
arrêté du 8 octobre 1976 modifié notamment par celui du 12 septembre 1983)
- les très nombreuses modifications apportées aux lois sur les socié-
tés commerciales depuis une quinzaine d'années: notamment les lois du 6
mars 1973, du 4 août 1978, du 5 décembre 1984 qui ont modifié entre autres
les règles relatives à la nullité des sociétés, celles concernant Ie nombre d'associés
requis, celles qui ont introduit dans certains cas l'exigence de la rédaction
d'un plan financier ou encore l'intervention d'un reviseur chargé de faire
rapport sur les apports en nature et sur les quasi apports;
- l'apparition dans notre droit de la société d'une personne à respon-
sabilité limitée (loi du 14 juillet 1987);
- l'évolution en des sens divergents depuis la réforme fiscale de 1962
de l'impöt des personnes physiques d'une part et de l'impöt des sociétés d'autre
part;
- l'instauration du précompte mobilier libératoire (loi du 28 décem-
bre 1983).
CHAPITRE I
Avantages
3. - Perennité de l'entreprise.
Inconvénients
Section I - Généralités
Quelques notions essentielles doivent être rappelées avant que nous abor-
dions !'analyse des avantages et inconvénients d'ordre fiscal du transfert
à une société d'une entreprise individuelle.
1. - La loi du 22 novembre 1962, dont est issu notre Code des Impöts
sur les Revenus, a instauré quatre impöts:
l'impöt des personnes physiques, l'impöt des sociétés, l'impöt des person-
nes morales et celui des non résidents. Seuls les deux premiers retiendront
notre attention.
Dans l'état actuel des textes, deux éléments doivent être mis en évidence:
Il résulte de ces brèves considérations que Ie régime des plus values sur
patrimoine privé et celui des plus values portant sur des biens affectés à son
74
c)- Les taux de l'impöt des sociétés sont différents de ceux de l'I.P .P.
non seulement dans leur montant mais aussi dans leur structure.
Tandis que l'impöt des personnes physiques est fondamentalement un impöt
progressif, l'impöt des sociétés est essentiellement un impöt proportionnel
de 43 OJo actuellement, <lont Ie taux est toutefois dégressif en dessous d'un
certain montant de revenus.
Plus particulière est la situation des dividendes. Ils font partie intégrante
du bénéfice social et sont taxables dans Ie chef de la personne morale au
même titre que les bénéfices réservés. Cependant ils constituent aussi des
revenus mobiliers taxables dans Ie chef des personnes physiques actionnai-
res ou associées. Cette partie du bénéfice de la société est donc soumise à
une double taxation tempérée dans Ie cadre de la loi de 1962 par un régime
de crédit d'impöt et maintenant réduite plus substantiellement encore -
dans bon nombre de cas - par l'instauration du précompte mobilier libératoire.
75
Sous-section 1 - A vantages
1. - L'éclatement du revenu
Comme dit ci-dessus, aucune distinction n'est faite entre ces différents
éléments. La somme totale de 3,5 Millions est globalisée et subit à plein la
progressivité de l'impöt des personnes physiques.
***
Supposons maintenant que Ie même exploitant constitue une société
et que celle-ci réalise aussi un bénéfice net de 3,5 Millions qui reçoit l'affectation
suivante:
Dans l'état actuel des textes, base imposable dans Ie chef de !'associé:
1.900.000 Frs.
Depuis l'exercice 1987, les taux de l'IPP ont été légèrement réduits.
Suivant Ie plan arrêté par la loi de 1985, ces réductions devront s'accroître
annuellement jusqu'en 1990. Elles seraient plus substantielles si la réfor-
me fiscale préconisée par Ie Gouvernement MARTENS se réalisait mais il
est impossible de se prononcer actuellement à ce sujet.
Soulignons aussi que les taux d'IPP envisagés ei-dessous sont ceux appli-
cables à un célibataire. Nous avons par ailleurs tenu compte de 8 OJo d'addi-
tionnels communaux. (documentation: Memento fiscal, Story Sciencia, 87 /2)
Le taux maximum de l'impöt des sociétés est donc de 43 OJo. On notera que
les sociétés ne sont pas soumises aux additionnels communaux.
1)- du fait que les bénéfices réservés ne subissent qu'un taux réduit.
Cet élément est important pour les exploitants qui désirent pratiquer l'auto-
financement en vue de développer leur entreprise. La ponction fiscale étant
moins forte sur les bénéfices non distribués, l'entreprise atteindra plus rapi-
dement ses objectifs.
2) - du fait que les revenus distribués, après avoir subi l'impöt des
sociétés, ne supportent plus que le précompte mobilier libératoire.
Sans doute faut-il tenir compte ici de ce que, si les revenus distribués
représentent plus de 13 OJo du capital réellement libéré, le taux de l'impöt
des sociétés sera uniformément de 43 OJo. Si on tient compte d'un impöt des
sociétés de 43 OJo et d'un précompte libératoire de 25 OJo, la charge fiscale
sur le montant net distribué représente 57,25 OJo, taux qui est déjà dépassé
en matière d'impöt des personnes physiques pour la tranche comprise entre
1.500.000 Frs et 2.000.000 Frs de revenus tout au moins si on tient compte
des additionnels perçus dans la majorité des Communes.
79
a) - L' exploitant qui met son affaire en société doit normalement trouver
dans celle-ci un revenu lui permettant d'assurer sa subsistance par consé-
quent, en général, il percevra une rémunération.
b)- Les bénéfices d'une société ont normalement pour vocation d'être
distribués. Autant on comprend qu'une société constitue les réserves nécessaires
pour s'auto-financer ou pour assurer son expansion, autant il est absurde
d'accumuler des millions de réserves <lont la société n'a que faire. Un jour,
ces réserves devront être distribuées et elles subiront à ce moment l'impöt
de distribution ou éventuellement la cotisation de liquidation si la réparti-
tion des réserves se réalise après dissolution de la société (voir ei-après).
Ce qui est vrai toutefois, c'est que Ie recours à la formule société per-
met un certain étalement du revenu et, par conséquent, de la pression fiscale.
années. L'impöt sera donc établi au cours de l'année 1989 et exigible fin
1989. Mais si la cession est intervenue début 1988, Ie cédant aura déjà per-
çu à ce moment pratiquement 2 annuités du prix de cession et pourra aisé-
ment faire face au paiement de l'impöt. O)
L' Administration admet (Com. I.R. 21/60) que dans cette éventuali-
té l'impöt ne peut être perçu qu'au fur et à mesure de !'échéance des annui-
tés puisqu'au moment de la cession, Ie montant effectif du prix n'est pas connu.
b) - Il a donné lieu à des abus qui ont amené l' Administration à édic-
ter dans une circulaire qui n'a pas été publiée des règles d'évaluation aussi
rigides que discutables quant au prix maximum à admettre en cas de ces-
sion de clientèle.
(!) En réalité, si Ie prix est payable en 5 ans sans intérêt, la base imposable sera inférieure
à 6 Millions.
La plus value doit être déterminée en tenant compte de la valeur actuelle d'une créance paya-
ble en 5 annuités sans intérêt. Nous ne pouvons nous livrer à un calcul précis, tout dependant
du taux de capitalisation retenu et du mode de paiement: par annuités, semestrialités ou mensualités.
Supposons que la valeur actuelle d'une créance de 10 Millions payable en 5 annuités puisse,
compte tenu d'un taux d'excompte normal, être ramenée à 8.700.000 Frs. La plus value de
6 Millions que nous avions retenue serait automatiquement réduite à 4.700.000 Frs.
82
***
Nous n'avons envisagé jusqu'ici qu'un aspect du problème: la situa-
tion du cédant. Qu'en est-il du cessionnaire?
Les décaissements que celui-ci effectue constituent pour lui, non des
charges professionnelles mais la contre partie des investissements auxquels
il a procédé. Ces décaissements ne sont pas déductibles de ses revenus (cfr
article 22, 4 ° CIR). Mais, en revanche, Ie contribuable pourra procéder à
l'amortissement des biens corporels (matériel, mobilier, etc ... ) et incorpo-
rels dont il fait l'acquisition.
C'est dès lors avec un vif étonnement que nous avons pris connaissance
d'un arrêt de la Cour d' Appel de Mons du 5 février 1987 (FJF 87 /45) selon
lequel la cession par un dentiste de sa clientèle à une société dont il devient
Ie principal actionnaire n'autorise pas celle-ci à en amortir la valeur si elle
reste en défaut de prouver que Ie changement de régime juridique d'exploitation
du cabinet dentaire a entraîné une dépréciation de la valeur d'actif que repré-
sentent les patients, la cession n'ayant dans ce cas qu'une portée d'ordre
intérieur n'influençant en rien la valeur de la clientèle.
***
A. - La cession partielle
1° La vente
Un associé peut aussi céder aux mêmes personnes des parts nominati-
ves, sous réserve du respect des clauses statutaires relatives à leur transrnission.
Ces cessions peuvent entraîner une plus value. Sauf dans des cas excep-
tionnels et marginaux, celle-ci n'est pas taxable (plus value sur la fortune privée).
Notons d'autre part que la vente de titres de gré à gré n'entraîne aucu-
ne perception d'impöt indirect: ni droit d'enregistrement, ni TVA.
2 ° - La donation
B. - La cession totale
c)- Troisième possibilité: la cession des parts. Cette formule déjà envi-
sagée supra permet au cédant d'éviter toute taxation (sauf au cas ou la ces-
sion serait consentie à une société établie à l'étranger. Il s'agit d'un cas marginal
que nous n'examinerons pas ici). Cette formule aura donc normalement
les préférences de l'actionnaire ou de !'associé.
Le principal actionnaire ou associé qui décède laisse des parts à ses héritiers.
Ces parts seront évaluées en fonction de la valeur réelle de l' entreprise au
moment du décès.
Nous avons vu supra que la cession d'une partie des titres entre vifs
permet de remédier à eet inconvénient pour autant qu'elle ait lieu plus de
trois ans avant Ie décès et que sa date puisse être établie avec certitude.
Si cette opération fait apparaître une plus value, celle-ci est, comme
dit ci-dessus, taxable distinctement à 16,5 OJo.
A noter que pour les immeubles non bàtis, Ie forfait déductible est limité
à 10%.
***
91
certains assureurs.
En tout état de cause, elle ne peut pas être utilisée par les indépendants.
En revanche, si ceux-ci constituent une société dont ils deviennent admi-
nistrateurs ou gérants, ils pourront en bénéficier ... sous réserve des restrictions
formulées ci-dessus.
Sous-section 2 - lnconvénients
Dans les grandes lignes, Ie régime des plus values applicable aux sociétés
est Ie même que celui applicable aux personnes physiques (cfr article 96 CIR).
Les taux sont évidemment différents. Il existe cependant entre les régimes
applicables dans ce domaine aux deux types d'exploitation certaines diffé-
rences. Excluant volontairement un examen exhaustif de celles-ci, relevons
quelques éléments parmi les plus importants.
Les plus value réalisées sur ces biens sont taxables dans les deux cas,
sauf remploi du prix de réalisation. (cfr articles 35 et 36 CIR); mais, si l'entre-
prise est transformée en société, !'ancien exploitant peut décider de faire
rentrer dans son patrimoine privé les immeubles précédemment affectés à
son activité professionnelle et de les donner en location à la société. La plus
value qu'il réalisera éventuellement par la suite en vendant ses immeubles
ne sera pas taxable: c' est une plus value sur patrimoine privé. Elle serait
bien entendu imposable dans la même hypothèse si les immeubles avaient
été apportés à la société.
b)- Plus values sur immeubles non bàtis investis dans l'exploitation
Ces plus values sont totalement immunisées dans Ie chef des person-
nes physiques sauf:
- s'il s'agit de marchands de biens.
- si Ie terrain a été acquis dans les 8 ans de son acquisition : la plus value
est alors imposée au titre de revenus divers (article 67, 7° CIR).
Dans Ie chef des sociétés, les plus values sur immeubles non bàtis ne
sont pas immunisées.
Dans Ie chef des personnes physiques, elles sont taxables à 16,5 % lors-
qu'elles sont octroyées en compensation ou à !'occasion d'un acte suscep-
tible d'entraîner une réduction de l'activité ou des bénéfices de l'entreprise
(cfr articles 22, 6°, a), 30, al. 2, 2°, a) et 92, § 1, 2°, a)).
94
Dans le chef d'une société, les mêmes plus values sont taxables au taux
plein.
Dans le chef des personnes physiques, les plus values réalisées sur immeu-
bles, outillage et participations ou valeurs de portefeuille affectés à l'exer-
cice de l'activité professionnelle depuis plus de 5 ans avant la réalisation,
sont taxables distinctement à 16,5 %.
Dans le chef des sociétés, les mêmes plus values sont taxables à 21,5 % .
3. - Commissions secrètes
En vertu de l'article 132 CIR, il est perçu dans le chef des sociétés une
cotisation spéciale et complémentaire «en raison des charges et sommes non
justifiées incorporées à la base imposable en vertu des articles 47, § 1 et 101 ».
a) - Si une société réalise tous ses actifs sans être dissoute - ce qui
est possible par exemple si elle se reconvertit en société financière -, Ie régime
applicable sera celui des plus values réalisées en cours d'exploitation. Cet-
te formule est rarement utilisée car elle risque de s'avérer onéreuse, tout au
moins si la cession fait apparaître des plus values importantes.
Il existe sans doute certains moyens d'éviter eet écueil ou à tout Ie moins
d'en réduire !'impact. Il n'empêche que l'attention des constituants d'une
société doit être attirée sur ce point.
CHAPITRE III
FORME DE LA SOCIÉTÉ
Remarque préliminaire
- Sont identiques pour toutes les sociétés les règles relatives à la notion
de bénéfice, à celle de plus value, aux immunisations, aux frais généraux
(sous la réserve indiquée ei-après).
- Les taux sont les mêmes, qu'il s'agisse des taux de base ou des taux
réduits applicables à certaines opérations.
- Les règles relatives aux liquidations sont valables pour toutes les
sociétés quelle qu'en soit la forme.
1. - Conjoint aidant
Dans les sociétés de personnes, Ie gérant ou tout autre associé actif peut
attribuer une «rémunération» à son conjoint pour autant que celui-ci
- l'aide effectivement dans l'exercice de son activité professionnelle.
- n'ait pas bénéficié personnellement de revenus provenant d'une activi-
té professionnelle distincte.
Ceci permet:
- soit de bénéficier du décumul lorsque le revenu imposable n'excède pas
750.000 Frs.
- soit, dans le cas contraire, de bénéficier d'une réduction d'impöt équi-
valente à la tranche marginale de revenus de 56.000 Frs.
Une restriction doit cependant être apportée à cette règle en ce qui conceme
les administrateurs de sociétés par actions. Les rémunérations des admi-
nistrateurs non investis de fonctions réelles et permanentes sont soumises
à l'impöt des sociétés.
3. - Intérêts des prêts consentis par des associés à une société de personnes.
Ces intérêts sont assimilés à des revenus de capitaux investis. Ils sont
donc soumis à l'impöt des sociétés. En outre, leur attribution entraîne la
perception du précompte mobilier libératoire.
En revanche, dans les sociétés par actions, les intérêts des avances con-
senties à la société par un actionnaire - fut-il un administrateur - con-
servent fiscalement leur caractère de revenus de capitaux prêtés. Les intérêts
payés constituent des charges professionnelles pour la société. Ces intérêts
sont bien entendu soumis au précompte mobilier qui est, en principe, libé-
ratoire dans Ie chef du bénéficiaire.
Jusqu'en 1984, l' Administration admettait que les intérêts des emprunts
contractés par les associés actifs d'une société de personnes en vue de la sous-
cription oude l'achat de parts de cette société constituaient pour lui des charges
professionnelles.
Par circulaire du 13 février 1984 (BCD 1984, n° 627, page 836), l' Admi-
nistration a décidé qu' à partir del' exercice 1985, ces intérêts pourront être
déduits uniquement du revenu global dans les limites fixée par l' article 71 CIR.
Soulignons ici deux types de choix guidés par des considérations extra
fiscales.
a) - la société coopérative
Nous ne sommes pas certains que Ie regain d'intérêt pour celle-ci soit
toujours dicté par un véritable esprit coopératif ! Ce sont des considérations
beaucoup plus pragmatiques et parfois contestables qui motivent souvent
ce choix: faculté de constituer la société par acte sous seing privé (d'ou:
pas de frais d'acte notarié ... mais parfois de sérieux mécomptes !) ; capita!
variable (ce qui est intéressant); absence d'exigence d'un plan financier (d'ou
pas de frais d'intervention d'un expert comptable); pas d'exigence d'un rapport
101
d'un reviseur pour les apports et quasi apports en nature; pas de limita-
tion du droit devote: en principe, une part = une voix, sauf restriction sta-
tutaire.
***
DEUXIÈME PARTIE - LA SOCIÉTÉ D'UNE PERSONNE
CHAPITRE I
GÉNÉRALITÉS
ASPECT FISCAL
lei également nous serons brefs puisque, dans l'état actuel des choses,
les règles édictées par Ie Code des lmpöts sur les Revenus en matière de sociétés,
et plus spécialement de SPRL, sont automatiquement applicables à la SPRL U.
Mettons cependant nos auditeurs en garde contre une pratique qui reste
malgré tout dangereuse à tous égards: la constitution d'une société par une
personne qui «donne» une part à son comptable, à sa tante ou à sa grand'mère
et se considère ensuite comme Ie seul maître de !'affaire.
S'il est légitime par exemple qu'un père de famille constitue une société
avec ses enfants ou avec certains d'entre eux, encore convient-il que la par-
ticipation souscrite par ses associés, même si elle est minime, soit raison-
nable. Il faut penser aussi que, si les résultats Ie permettent, les associés ont
droit à une rémunération décente de leur investissement.
en nature à la société qu'il constitue. Ensuite, il pourra lui vendre son fonds
de commerce ou lui donner un immeuble en location.
Ceci pose des problèmes auxquels Ie législateur ne semble pas avoir songé.
Si l'apport n'est plus nécessairement un contrat depuis la modification de
l'article 1832 du Code Civil, la vente ou Ie bail restent des opérations con-
ventionnelles impliquant un accord de volonté.
Or, avec qui Ie vendeur ou Ie bailleur va-t-il traiter? Avec la société sans
doute ... mais la volonté de celle-ci ne peut être manifestée que par ses organes,
c'est-à-dire en l'espèce par Ie gérant qui sera normalement l'associé unique.
3. - L'assurance dirigeant
Nous avons fait état dans notre exposé relatif aux sociétés tradition-
nelles de l'assurance dirigeant, soulignant qu'elle est encore actuellement
la source de nombreux litiges d'ordre fiscal.
Nous avons souligné que cette opération comportait deux contrats dis-
tincts : celui par lequel la société garantit à son dirigeant un capital pension,
soit à son décès, soit au moment de la mise à la retraite; elle contracte par
ailleurs auprès d'une compagnie d'assurance un contrat sur la tête de son
dirigeant afin de pouvoir faire face aux obligations contractées envers celui-ci.
par
Jacques MALHERBE
* Nos remerciements vont à M. André Buelinckx, qui nous a communiqué ses intéressantes
réflexions en la matière, ainsi qu'à Me. Benoît Nibelle pour son aide dans la préparation de
cette étude.
CHAPITRE I
A. - Mandat d'administrateur
(1) En 1987, les cotisations étaient basées sur les revenus de 1984 et se montaient, par tri-
mestre, à:
trache de revenu inférieure à 1.288.059 F:
3,825% x 104%(15,912%l'an)
tranche de revenu de 1.288.059 F à 1.715.267 F:
2,6925% x 104% (11,2008% !'an).
114
En revanche, dès lors que le statut d'administrateur est choisi, que les
fonctions exercées soient de gestion journalière ou soient plus vastes, le régime
fiscal des rémunérations sera celui des «administrateurs ou autres person-
nes exerçant des mandats ou fonctions analogues soit près des sociétés par
actions, belges ou étrangères, soit près de toutes autres personnes morales
de droit beige ou étranger qui sont assimilées à des sociétés par actions pour
l'application de l'impöt des sociétés ou qui y seraient assimilées si elles avaient
en Belgique leur siège social, leur principal établissement ou leur siège de
direction ou d'administration»< 3>.
(2) Coppens et Bailleux, Droit fiscal, Les impöts sur les revenus, p. 343 et réf. citées.
(3) C.l.R., art. 20, 2°, b).
(4) C.l.R., art. 51.
115
Exemple
Montant destiné aux tantièmes avant 1. Soc 100
I.Soc. - 43
Tantième attribué 57
C.l. 57 X 37,5 0Jo = 21,375
Base imposable pour !'administrateur 78,375
(5) C.I.R., art. 99.
(6) C.I.R., art. 98.
(7) Il existe une controverse quant à la définition des «fonctions spéciales». Certains les
identifient à des fonctions réelles et permanentes (Bruxelles, 5 mars 1985, F.J .F., 85/179). D'autres
y voient les attributions d'une troisième catégorie d'administrateurs (Bruxelles 29 mars 1976,
J .D.F. 1977, p. 214, obs. L. Simone!). A suivre cette dernière thèse, si, de deux administra-
teurs rémunérés, l'un exerce des fonctions réelles et permanentes et l'autre des fonctions spé-
ciales, la totalité des rémunérations du premier est déductible.
(8) C.I.R., art. 135, § 1, 2°.
(9) C.I.R., art. 27, § 1, 3°.
116
B. - Contrat d'entreprise
8. Celui qui fournit ses services dans Ie cadre d'un contrat d'entrepri-
se, ab initio ou à la suite de la résiliation d'un contrat de travail, réalise,
comme !'administrateur de société, une économie de cotisations de sécuri-
té sociale, non une économie fiscale. Il peut négocier avec son «dient» une
rémunération tenant compte de l'économie de cotisations sociales patro-
nales réalisée par celui-ci.
11. - L'indépendant peut déduire ses charges réelles ou les mêmes charges
forfaitaires qu'un travailleur salarié.
(13) Cfr p. ex. Cour Trav. Bruxelles, 10 décembre 1985, J.T.T., 1986, p. 378.
(14) N'en sont dispensées que certaines personnes fournissant des services à titre d'appoint
à des assujettis:
- les personnes salariées ou appointées à titre principal;
- les pensionnés;
- les personnes sans profession qui effectuent des travaux de secrétariat d'accueil ou autres
pendant quelques heures par jour;
- les étudiants (circulaire n° 19 du 22 janvier 1971). Si ces travaux sont exécutés pour des non
assujettis, la taxe est due.
15. - Une personne morale, si elle ne peut être gérante d'une société
privée à responsabilité limitée< 16>, peut en effet être administrateur d'une
société anonyme0 7l.
En effet, l'administration est d'avis que, même s'il n'est pas exclu qu'une
La TV Ane sera pas due dans les relations entre la société administra-
teur et la société administrée( 19>_ En revanche, si une société, quine peut être
gérant d'une société privée à responsabilité lirnitée, agissait en qualité d'associé
actif, la taxe serait due sur sa rémunération si elle se rapportait à des pres-
tations de services imposables à la TV A< 20>.
Sans doute, la nullité d'une société ne peut-elle être prononcée que par
une décision judiciaire, qui produira ses effets ex nunc< 21 >. L'administra-
tion pourrait néanmoins, si l'exploitation était en fait celle d'une personne
physique, considérer que les revenus sont recueillis directement par celle-ci.
20. - Une telle structure présentera tous les avantages de la forme socié-
taire par rapport à l'entreprise individuelle, décrits dans les études consa-
crées ici à ce sujet.
(25) Dilley, Belgium: Taxation of Foreign Source Employrnent Income: High Relief Potential
for the Itinerant Executive, Tax Management International Journal, 1981, p. 8; Using C.I.R.
Article 88 to Reduce the Belgian Taxes Payable by Itinerant Executives, in Réflexions offer-
tes à Paul Sibille, Bruxelles, 1981, p. 451; Liebman, Taxation of Employees Working Abroad
Belgium, Tax Management International Forum, 1982, n° 2, p. 3.
(26) Pour des comparaisons internationales cfr.p.ex. Deloitte, Haskins & Sells, Taxation
of International Executives, 1985; van der Beek et Bonte, (Ernst & Whinney), Taxes on Sala-
ries, Kluwer, Deventer, 1982. Il faudra tenir compte non seulement des impöts, mais encore
des charges sociales étrangères. Au sein de la C.E.E., Ie règlement 1408/71 évitera aux ressor-
tissants des Etats membres un double assujettissement: seul Ie régime de sécurité sociale de
l'Etat de résidence s'appliquera à celui qui est salarié en Belgique et à l'étranger (art. 14, 2),
b) (i)). En revanche, la sécurité sociale des salariés du pays d'accueil s'appliquerait à celui qui
serail indépendant en Belgique et salarié à l'étranger (art. 14 quater, § 1, b) et annexe VII du
règlement).
Les conventions bilatérales conclues par la Belgique en matière de sécurité sociale trouveront
également à s'appliquer (Cons. Willems, Les prélèvements sociaux, élément de la charge fis-
cale pesant sur les entreprises engagées dans des activités internationales, Belgique, Cah. dr.
fisc. intern., 1984, pp. 233-235; Van Houtte, Sociale zekerheid en internationaal privaatrecht,
in Raakvlakken tussen sociale zekerheid en administratief recht. .. , Bruxelles, 1979, p. 106).
Elles laisseront généralement subsister un double assujettissement en cas d'exercice habituel
d'une activité dans les deux Etats (B. Hanotiau, Les problèmes de sécurité sociale des travail-
leurs migrants, Bruxelles, 1973, p. 109).
(27) Cfr. exposé in Fiscaal compendium, pp. A 9/053 à /061.
124
(35) Sibille, Problèmes fiscaux posés par l'activité temporaire à l'étranger des employés
des entreprises à vocation internationale, Belgique, Cah. dr. fisc. intern. vol. LIX b, 1974,
p. Il/73, J.P.D.F., 1974, pp. 19-20.
(36) Defoort, Verkenning naar de grenzen van het toepassingsgebied van artikel 88 W.I.B.
inzake bezoldigingen, Fiskofoon, 1982, p. 102.
(37) Zondervan, Les impöts sur les revenus et l'extranéité, p. 214. Camp. Vanistendael,
Unilateral measures to prevent double taxation, Belgium, Cah. dr. fisc. intern., vol. LXVI
b, 1981, p. 217, insistant, à propos des revenus professionnels en général, sur la nécessité d'avoir
un établissement à l'étranger.
(38) C.I.R., art. 140, § 2, 4°.
(39) C.I.R., art. 141, 2°. En raison de la rédaction des textes, on ne peut considérer que
l'article 141 complète la définition des revenus produits ou recueillis en Belgique. Il constitue
uneexception à cette définition (Cass. 5 mars 1979, Pas., 1979, I, 790, J .D.F., p. 276; Hinne-
kens, De territorialiteit van de Belgische belastingen in het algemeen en op de inkomsten in
het bijzonder, pp. 107-109; Afschrift, Exemption vaut impöt, principe général de droit en matière
d'impöts sur les revenus?, J.D.F., 1980, pp. 69-70).
126
(40) Claeys Bouuaert, Les règles pour déterminer !'origine nationale ou étrangère des revenus
et des charges, Belgique, Cah. dr. fisc. intern. vol. LXV b, 1980, pp. 282-283.
(41) Zondervan, Les impöts sur les revenus et l'extranéité, p. 216; Cass., 15 septembre
1970, Pas., 1971, I, 37, J.T., 1970, p. 626, B.C. 1971, n° 489, p. 1618, à propos d'une plus-
value sur titres non imposée au Canada; Corn.1.R. 88/21; Coppens et Bailleux, op.cit., p. 270.
Pour M. Afschrift, cette interprétation est contraire à la loi. Le principe «exemption vaut impöt»
n'est en effet pas un principe général de droit. L'article 88 requiert l'imposition à l'étranger
(Exemption vaut irnpöt, principe général de droit en matière d'impöts sur les revenus?, J .D.F.,
1980, p. 79).
(42) Corn. !.R. 88/22.
(43) Circulaire n° Ci. RH. 241/256.219 du 8 février 1979, B.C., 1979, n° 572, p. 548.
Ces travailleurs peuvent exclure de leur rémunération imposable divers éléments (rembourse-
ment de frais médicaux, indemnité de logement, indemnité pour frais de voyage, indernnité
pour frais scolaires spéciaux des enfants). lis peuvent déduire, outre les charges profession-
nelles forfaitaires, un cornplérnent de 30 p.c., avec maximum de 450.000 F, pour les charges
spéciales occasionnées par l' activité exercée à l' étranger. Ce régime est réservé aux Belges. L' étran-
ger, habitant du Royaume, ne peut y prétendre que s'il exerce l'activité dans un pays <lont il
n'a pas la nationalité.
(44) Zondervan, Les impöts sur Ie revenu et l'extranéité, p. 202; Comp. Com.1.R. 44/430.
(45) Com. !.R. 44/419.1.
127
28. - Si Ie résident beige est citoyen d'un pays qui, comme les Etats-
Unis, taxe ses ressortissants sur base de la nationalité, la condition èl'imposition
à l'étranger sera toujours remplie. L'article 88 n'exige en effet pas que l'impo-
sition soit Ie fait de l'Etat étranger ou l'activité est exercée< 48 >.
29. - L'impöt à répartir entre revenu beige et revenu étranger est l'impöt
de base, réduit par l'application notamment des réductions pour charges
de familie. La répartition s'opère entre revenus nets imposables globale-
ment (immobiliers, mobiliers, professionneis<50> et, Ie cas échéant, divers),
avant déduction des dépenses et charges visées à l'article 71 du Code et des
au tres dépenses déductibles du total des revenus nets .<5 1>.
(46) Tiberghien, Manuel de Droit fiscal, 1987, p. 152; Cass., 28 mai 1968, Pas., 1968,
I, 1118, J.P.D.F., p. 242, obs. critiques Baltus.
(47) Baltus, obs. précitées, J.P.D.F., 1968, p. 245.
(48) Dilley, Taxation of Foreign Source Employment Income: High Relief Potential for
the Itinerant Executive, Tax Management International Journal, 1981, p. 12.
(49) Chypre perçoit un impöt au dixième du taux normal sur les rémunérations payées
par un employeur chypriote. Certains employeurs détachant du personnel au Moyen-Orient
l'ont engagé à l'intervention d'une société chypriote. Aux Pays-Bas, il en résultait une exemption
totale du revenu imposé à Chypre. Le fisc néerlandais à réagi en exigeant un lien effectif entre
l'impöt et!' activité y donnant lieu (Van Haaren, End of the «Cyprus route» for Dutch employees
assigned abroad, Strategy in international taxation, 1985, p. 122).
(50) Pour la répartition des charges professionnelles entre revenus belges et étrangers et
l'imputation de pertes éventuelles, cfr A.R.-1.R., art. 13 à 13 sexies.
(51) Cfr. par. ex. Cire. Ci. RH. 331/360.376 du 25 mars 1985, Notice relative au calcul
des cotisations à l'I.P.P. pour !'ex. d'imp. 1984, nos 121 à 124; Cours adm. !.P.P., nos 944à 947.
128
2. - Traités fiscaux
30. - Les traités conclus par la Belgique font en règle générale passer
les rémunérations d'origine étrangère du régime de l'imposition au taux réduit
à celui de l'exonération avec réserve de progressivité.
32. - Ace régime fait exception la règle «des 183 jours»<56 l. Si Ie titu-
laire du revenu séjourne(57 l dans Ie pays d'accueil pendant une période
n'excédant pas 183 jours<58> au cours de l'année fiscale considérée, s'il est
payé<59l par un employeur qui n'est pas un résident du pays d'accueil et si
la charge des rémunérations n'est pas supportée par un établissement sta-
bie de l'employeur dans Ie pays d'accueil, Ie revenu ne sera taxable que dans
l'Etat de la résidence.
Le but visé ici sera d'éviter l'application de cette exception dans les cas
ou Ie cumul de l'imposition étrangère sur Ie revenu étranger et de l'imposi-
tion beige sur Ie revenu beige (au taux qui se serait appliqué au revenu total)
est plus avantageux que l'imposition en Belgique du revenu total. La réduction
de moitié de l'impöt beige serait en tous cas exclue, Ie revenu n'étant pas
imposable à l'étranger.
33. - Les traités visent l'année civile, l'année fiscale ou la période impo-
sable. Dans certains pays, l'année fiscale ne coïncide pas avec l'année civi-
le: au Royaume-Uni et en Irlande, elle court du 6 avril au 5 avril de l'année
suivante. La durée de séjour doit être calculée entre ces deux dates<60>.
(57) Les conventions visent indifféremment la durée du «séjour» ou des «activités» du
bénéficiaire. Dans les deux cas, la durée est calculée en incluant les interruptions normales de
travail, telles que week-ends, jours fériés, congés (Com. Conv. 15/15).
(58) 182 selon la convention belgo-américaine.
(59) Sur la distinction entre paiement et prise en charge, cfr Himpler, lnterprétation de
l'article 15 de la Convention-modèle O.C.D.E. et de l'article 140, § 2, 4° C.l.R., R.G.F., 1979,
pp. 141-142.
Il faut considérer que Ie paiement implique, dans Ie langage des conventions, la prise en char-
ge (Defoort, Gevallen van niet-belasting voor niet-inwoners die in België een dienstbetrekking
uitoefenen, Fiskofoon, 1980, p. 44).
(60) Com. Conv. 15/15.
130
36. - Le résident beige qui exerce une activité salariée à l'étranger sera
dorre exonéré - avec réserve de progressivité - si son employeur est une
2. - Traités fiscaux
(68) C.I.R., art. 88, 2°. En application du règlement CEE 1408/71, la sécurité sociale beige
des indépendants sera seule applicable au ressortissant de la CEE, résidant en Belgique et exerçant
une activité d'indépendant dans plusieurs Etats membres (art. 14 bis, 2)).
La même solution résulterait, p. ex. de la Convention belgo-américaine sur la sécurité sociale
du 19 février 1982, approuvée par la loi du 3 mai 1984 (art. 5.3.).
En revanche, la cotisation de solidarité (A.R. n° 186 du 30 décembre 1982) oude modé-
ration (A.R. n° 289 du 31 mars 1984) des indépendants n'est, elle, due que sur les revenus pro-
fessionnels acquis en Belgique (Question parlementairen° 55 du 9.7.1986, Représ. Merckx
- Van Goey, Bull. Q. et R., Chambre, sess. 1985-1986, p. 3413, B.C., 1987, n° 658, p. 385).
Comme l'administration des contributions directes communique globalement à l'I.N.A.S.T.I.
!'ensemble des revenus d'indépendant, l'intéressé écrira au service C.S.S.B. de l'I.N.A.S.T.I.
en mentionnant les revenus professionnels acquis à l'étranger.
(69) Com. !.R. 88/8.
132
a. - Tantièmes
39. - Les tantièmes, au sens large, payés à un résident d'un Etat con-
tractant par une société résidente de l'autre Etat contractant, ne sont irnposables
que dans l'Etat de résidence de la société(7°>. Il n'y a pas lieu d'examiner si
l'activité de !'administrateur est exercée à l'étranger ou non, cette détermi-
nation étant souvent difficile< 71 >.
Mandataires
41. - D' autres conventions visent uniquement les membres d 'un conseil
d'administration( 75 l oude direction(76l et parfois ceux d'un organe analo-
gue à un conseil d'administration<77l.
43. - Le texte s'applique aussi aux fonctions exercées par des personnes
morales, dans la mesure ou Ie droit des sociétés de l'Etat du siège Ie per-
met. La convention belgo-américaine ne couvre que les personnes physiques.
Sociétés:
45. - D'autres traités ne couvrent que les sociétés par actions< 80l ou
les sociétés par actions et au tres sociétés de capitaux(81 l.
(74) Allemagne, Autriche, Brésil, Canada, Chine, Corée, Cöte d'Ivoire, Danemark, Espagne,
Finlande, Grèce, Hongrie, !talie, Luxembourg, Malte, Philippines, Pologne, Portugal, Rou-
manie, Thai1ande.
(75) Malaisie, Sri Lanka.
(76) Yougoslavie.
(77) Pakistan.
(78) Indonésie: «pengurus» ou «Kommissaris».
La convention belgo-pakistanaise s'étend aux rétributions reçues par un employé d'une société
occupant une fonction élevée de direction et qui exerce en fait des fonctions de nature analogue.
(79) Australie, Corée, Danemark, Etats-Unis, Finlande, Inde, Indonésie, Irlande, Israël,
Japon, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Royaume-Uni, Singapour, Sri Lanka, Suède,
Suisse, Tchécoslovaquie, Thailande, Yougoslavie.
(80) Brésil, Canada, Chine, Cöte d'Ivoire, Espagne, Grèce, Hongrie, !talie, Malte, Maroc,
Norvège, Philippines, Pologne, Roumanie, Tunisie.
(81) Allemagne, Autriche, Luxembourg.
134
(85) Convention-modèle de l'O.C.D.E., art. 15. Cfr supra A. Australie, Corée, Cöte d'Ivoire,
Etats-Unis, Finlande, Hongrie, Indonésie, Irlande, Israël, Japon, Malaisie, Malte Nouvelle-
Zélande, Philippines, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Singapour, Suède, Thai1ande, You-
goslavie.
Généralement, Ie traité précise que l'article visant les salariés est appliqué «comme s'il
s'agissait de rémunérations qu'un employé tire d'un emploi salarié et comme si l'employeur
était la société.
Le traité belgo-américain exclut des tantièmes les revenus qu'un mandataire perçoit en
raison de fonctions dirigeantes, mais les cite dans la disposition visant les salaires.
(86) Brésil, Canada, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Maroc, Portugal, Suisse, Tché-
coslovaquie, Tunisie.
La convention belgo-indienne prévoit expressément que Ie clause concernant les «tantiè-
mes» n'est pas applicable «aux rémunérations allouées pour l'exercice d'une activité journa-
lière de direction oude caractère technique», mais aucun texte spécifique ne vise ces rémunérations.
II n'y a pas non plus de clause dite «résiduelle» s'appliquant aux revenus quine sont pas expres-
sément mentionnés dans d'autres articles. Dès lors, chaque Etat conserve Ie droit d'imposer
ces revenus selon les dispositions de sa législation interne en appliquant, Ie cas échéant, les dis-
positions de Ia convention applicable aux revenus auxquels ils sont assimilés.
....
w
ANNEXE O'I
Exemple 1
Hypothèses:
b) rémunération répartie entre employeurs beige, français et américain au prorata de l'activité exercée dans chaque pays.
Belgique: 8 mois
France: 1 mois
Etats-Unis: 3 mois
a) b)
Rémunération brute 3.569.000 3.569.000
Sécurité sociale beige 430.780 323.090
Sécurité sociale US 63.797
Impöt beige 1.609.790 1.055.818
lmpöt US 170.863
lmpöt français 37.510
Revenu net 1.528.430 1.917.922
Exemple 2
Résident beige célibataire, exercice 1984 (1)
Revenus Net (2) Impöt de base Réductions
Revenus immobiliers 130.000 119.696 73.428
Revenus professionnels:
Traitements
beige 3.000.000 2.708.211 1.661.370
pays sans convention 1.000.000 902.738 553.791 276.896
pays avec convention 2.000.000 1.914.827 1.174.663 1.174.663
6.000.000
charges 75.000
5.925.000
Pensions
beige 250.000 228.541 140.200 2.118 (3)
exonérée par conv. 125.000 121.191 74.345 1.059 (3)
375.000 73.286
6.300.000
Assurance-vie - 45.000
6.385.000
Dépenses déductibles
intérêts 110.000
actions 40.000
cotisation ONEM 239.796
389.796
- 389.796
5.995.204 5.995.204 3.677.797 1.528.022
Résultat: la réduction totale pour revenus d'origine étrangère est de 1.528.022 F
(1) V. Notice relative au calcul des cotisations I.P.P. pour l'exercice 1984, p. 59 et 88.
(2) Après imputation proportionnelle des déductions, la cotisation ONEM n'étant pas imputée sur les revenus exonérés.
(3) Réductions pour pension.
-
w
--..1
LES ENTREPRISES À LA RECHERCHE DE VOIES
MOINS IMPOSÉES POUR LEURS DIRIGEANTS ET
LEUR PERSONNEL DE CADRE (seconde partie)
par
Thierry AFSCHRIFT
La perte de pouvoir d'achat des cadres résulte dès lors avant tout de
l'augmentation extrêmement sensible de la différence entre leur coût pour
l'entreprise et Ie revenu net qu'ils perçoivent, c'est-à-dire de l'augmenta-
tion très sensible des impöts et des cotisations de sécurité sociale.
Soit les fonds utilisés pour payer «en noirn les membres du personnel
proviennent eux-mêmes de recettes non déclarées, et dans ce cas la comp-
tabilité est nécessairement inexacte et les bilans faux, ce qui suppose la com-
mission de faux en écriture en vue d'éluder l'impöt <!).
Cette cotisation «est égale à la différence entre, d'une part les 67,5 centièmes
du triple de ses charges ou sommes et d'autres part, la quotité de l'impót des
sociétés... qui se rapporte proportionnellement au triple des dit es charges ou
sommes».
(4) soit essentiellement des dividendes visés à l'article 111 du Code des impöts sur les revenus.
(5) art. 60et suiv. de la loi du 28 décembre 1983; à ce sujet, voy. P. GLINEUR, L'arrêté
royal n° 55 est-il conforme à la loi d'habilitation et à la Constitution, J .T. 1983, 93.
143
Lorsque Ie recours à de tels procédés n'est pas possible, soit parce que
Ie cadre n'a aucune activité à l'étranger, soit parce que son activité à réelle-
ment et nécessairement Iieu sous un Iien de subordination, il faut bien se
résoudre à recourir à des moyens, aux conséquences souvent plus modes-
tes, quine comportent ni modification du statut d'employé de l'intéressé,
ni création d'un élément d'extranéité.
5. - Parmi les méthodes utilisées par les entreprises figure depuis Iong-
temps l'attribution d'avantages en nature, sous diverses formes. Nous exa-
minerons dans une première partie les conditions dans lesquelles, malgré
plusieurs modifications Iégislatives successives, il est encore possible d' obtenir
une certaine réduction de la charge fiscale en attribuant de tels avantages.
Dans une seconde partie, nous étudierons dans quelle mesure Ie même
objectif peut être atteint par l'attribution d'actions ou d'obligations à des
membres du personnel.
CHAPITRE I
A. - Principes applicables
a. - Conditions d'imposabilité
Cette règle générale a pour conséquence qu' en principe, tout ce qui cons-
titue la contrepartie du travail presté est imposable.
Il semble que Ie texte, modifié par la loi du 8 août 1980 ait entendu
étendre la taxation des avantages en nature de la manière la plus large pos-
sible. Il prévoit en effet que les rémunérations sont imposables «quels que
soient Ie débiteur, la qua/ification et les modalités de détermination et d'octroi».
Il n' est par conséquent, ni pour des paiements en ar gent, ni pour des avan-
tages en nature, possible d'éviter l'imposition, en faisant, par exemple, supporter
l' avantage par un dient, un fournisseur, ou encore une autre société du même
groupe que l' employeur.
Il est exact que le texte vise non seulement les traitements, indemnités
et avantages obtenus en raison de l'exercice de l'activité professionnelle,
mais également ceux attribués à l' occasion de celle-ci. C' est ce qui a amené
le Ministre des finances, au cours des travaux préparatoires de la loi du 8
août 1980, modifiant notamment l'article 26 du Code, à déclarer que, pour
que les avantages soient imposables, il suffit qu'ils «se rattachent à !'activi-
té professionnelle» (6l.
On a toutefois relevé à juste titre (7J qu'au cours des mêmes travaux
préparatoires, le Ministre des finances avait également déclaré que «pour
que les avantages obtenus par une contribuable constituent des revenus pro-
fessionnels imposables en principe, il faut - et il suffit - que ces avantages
proviennent de - trouvent leur source dans - l'exercice par celui qui les
obtient, de son activité professionnelle; qu 'ils se rattachent à cette activité;
qu 'ils en constituent un produit direct ou indirect, principal ou accessoire.
En d'autres termes, il doit y avoir un tien causa! - une relation de cause à
effet - entre l'exercice de l'activité professionnelle et l'obtention d'avanta-
ges, pour que ceux-ci constituent des revenus professionnels imposables en
principe dans Ie chef de celui qui les obtient» (Bl.
Dans la pratique, il faut bien reconnaître que dans la quasi totalité des
cas, cette preuve pourra être produite sans guère de difficulté. A notre avis,
(6) voy. rapport, Chambre, seetion 1979-1980, doe. 323, n° 47, p. 16.
seuls des avantages accordés à des travailleurs en raison d'une véritable intention
libérale de!' employeur, exempte de toute corrélation avec Ie travail presté
ou à prester, pourraient échapper à l'imposition. Il faut alors, en outre, admettre
que, dans Ie chef de l'employeur, un avantage accordé au travailleur dans
de telles conditions étroites, ne constitue pas une dépense supportée dans
Ie but d'acquérir oude conserver des revenus professionnels, et doit donc
être écarté des charges professionnelles.
Cette règle suppose par conséquent que c'est la valeur pour Ie bénéfi-
ciaire qui doit être prise en considération, c'est-à-dire Ie coût qu'il aurait
dû supporter pour obtenir un avantage similaire, et ce sans avoir égard au
prix payé par l'employeur pour lui attribuer eet avantage.
Selon les circonstances, il est en effet possible que l' employeur, par exem-
ple, en raison du secteur d'activité ou il exerce, pourra fournir un avanta-
ge à !'employé, à moindre coût que si celui-ci s'était adressé normalement
au marché. Ainsi, par exemple, si une agence de voyages offre un voyage
gratuit à un de ses employés, il est vraisemblable que Ie coût pour cette agence
sera moindre que Ie prix normal qu'aurait dû payer !'employé pour réali-
ser ce voyage sans l'assistance de son employeur.
S'il est vrai que «dans de nombreux cas, la valeur que Ie contribuable
accorde à un avantage de toute nature qu 'il accepte correspondra à la valeur
normale de eet avantage, c'est-à-dire au prix qu'il devrait payer, dans des
conditions normales de concurrence, pour obtenir eet avantage» <10>, il faut
également préciser que, comme l'évaluation de l'avantage doit se faire uni-
quement «dans Ie chef du bénéficiaire», pour répondre au prescrit de l'art.
32ter du Code, il convient d'apprécier cette valeur «enfonction de la per-
sonne qui en est Ie bénéficiaire et non d'une évaluation monétaire accordée
généralement par un bénéficiaire quelconque»01 >.
(10) AUTENNE et DE GROOTE, Mode d'évaluation des avantages de toute nature, in,
Des avantages en nature aux avantages de toute nature, p. 34.
Dans Ie cadre de eet exposé, il n' est évidemment pas possible de décri-
re en détail Ie mode d'évaluation de tous les avantages en nature pour les-
quels une évaluation forfaitaire est prévue, par l'article 9quater de l'arrêté
d'exécution du Code des impöts sur les revenus, introduit par l'arrêté royal
du 17 décembre 1980.
- pour les travailleurs disposant gratuitement d'une seule pièce, mise à leur
- par ailleurs, l'arrêté royal procède à une évaluation forfaitaire des avantages
en nature recueillis par le personnel domestique lui-même, et consistant
en la prise de repas, en le logement, Ie chauffage et l'éclairage, aux frais
de l'employeur;
- une évaluation forfaitaire est aussi prévue pour les repas sociaux four-
nis gratuitement aux membres du personnel d'une entreprise;
a. - Principes directeurs
Il ne faut dès lors pas s'étonner de constater que, d'une manière géné-
rale, les efforts du législateur, pour empêcher que des avantages en nature
<lont bénéficient certains membres du personnel échappent à l'impöt, ont
atteint leur buten restreignant très sérieusement les possibilités d' éviter l'impo-
sition des avantages en nature.
16. - Parmi les procédés d'utilisation des avantages en nature, les plus
couramment utilisés pour atténuer l'imposition, nous examinerons succes-
sivement les méthodes suivantes:
17. -Ainsi que nous l'avons rappelé, l'article 9 quater de l'arrêté royal
d'exécution du Code des impöts sur les revenus prévoit un certain nombre
d'avantages pour lesquels une évaluation forfaitaire s'impose tant à l'admi-
nistration qu'à l'employeur et !'employé.
Dans certains cas, l'évaluation prévue par ce texte est inférieure, par-
fois dans une mesure appréciable, au coût réel de l'avantage en question.
18. - En ce qui concerne les frais d'utilisation d'un véhicule mis gra-
tuitement à la disposition des membres du personnel par l' employeur, l' article
9 quater, 9 dispose que «l'avantage est égal au nombre de kilomètres par-
courus à desfins personnelles multiplié par l'avantage en francs par kilomè-
tre parcouru qui, compte tenu de la puissance imposable du véhicule en matière
de taxe de circulation, est indiqué» par un tableau.
Dans la pratique, il est souvent constaté que Ie coût réel d'un véhicule
par kilomètre excède celui prévu par ce tableau. Il en est notamment ainsi
pour des véhicules <lont Ie coût d'acquisition ou d'utilisation est élevé alors
que leur puissance fiscale ne !'est pas toujours dans la même mesure.
Cette fraction ne résulte pas du hasard; elle s' explique par Ie fait que
Ie revenu cadastral est égal à 60/lOOèmes de la valeur locative normale d'un
immeuble <15 >.
S'il faut convenir que Ie recours à des avantages pour lesquels Ie for-
fait est inférieur à la réalité se limite à des hypothèses bien précises, et revêt
donc un caractère marginal, il convient en revanche de souligner qu'il ne
présente guère de risques sérieux d'être contesté par l'administration: il s'agit
d'une application pure et simple de la règlementation fiscale, quine laisse
guère de place pour une appréciation, parfois subjective, en fait.
- soit d'avantages dont il n'est pas possibleen raison des modalités de leur
octroi, de déterminer Ie montant effectivement obtenu par chacun des béné-
ficiaires;
- soit d'avantages qui, bien que personnalisables, n 'ont pas Ie caractère d'une
véritable rémunération;
22. - Il n'en reste pas moins que Ie recours à l'octroi de tels avanta-
ges sociaux peut encore se révéler fiscalement intéressant, pour les raisons
suivantes.
24. - Dans certains cas, la non déductibilité des avantages sociaux comme
chages professionnelles est sans incidence pour l'employeur.
(16) pour une liste plus complète, non limitative des avantages sociaux immunisés, voy.
Comm. !.R. 41/43.
Il en est ainsi des employeurs quine sont pas imposés sur leurs bénéfi-
ces et qui n'ont dès lors de toutes manières pas à déduire de charges pro-
fessionnelles.
Tel est le cas, par exemple, de l'Etat, des provinces, des communes,
des Centres publics d'aide sociale ou encore de tous les contribuables sou-
mis à l'impöt des personnes morales, telle la plus grande partie des asso-
ciations sans but lucratif. Dans de tels cas, l' octroi de tels avantages sociaux
reste toujours intéressant, puisque le membre du personnel n'est pas taxé
tandis que l'employeur ne supporte aucune charge fiscale supplémentaire
de ce chef.
26. -Enfin, même pour une société qui réalise des bénéfices, l'octroi
d'avantages sociaux permet souvent d'atténuer la charge fiscale globale pesant
sur la société e les membres du personnel.
La loi du 4 août 1986 n'a dès lors rendu l'ooctroi d'avantages sociaux
désavantageux que lorsque, soit Ie bénéficiaire est soumis à une imposition
relativement faible, n'atteignant pas Ie taux marginal de 43 OJo, soit lorsque
l'employeur est une personne physique. Dans ce dernier cas, en effet,
l'employeur a en général des revenus plus importants que !'employé, et est
157
dès lors imposé plus lourdement que celui-ci, de sorte que, globalement,
il est préférable pour l'employeur d'accorder une augmentation de salaire,
déductible par lui sur une tranche de revenus plus lourdement taxée, que
d'accorder un avantage social immunisé dans Ie chef du travailleur.
27. - Tout comme les avantages pour lesquels l' évaluation forfaitai-
re est inférieure à la réalité, Ie recours à l'octroi d'avanntages sociaux don-
ne en principe lieu à peu de difficultés, la plupart des avantages de ce type
étant énumérés par Ie commentarie administratif.
En outre, Ie montant total de tels avantages n' est pas soumis à une limite.
En particulier, il n'est pas requis de plafonner la contrevaleur de ces avan-
tages à 2,5 OJo de la rémunération du personnel en bénéficiant. Cette limite,
qui n'a d'ailleurs jamais concerné que la déductibilité comme charges pro-
fessionnelles dans Ie chef de l'employeur< 19), a disparu du Code avec l'abro-
gation, par la loi du 4 août 1986, de l'article 45, 7°.
Cette question n' entre dans Ie cadre du présent exposé que dans la mesure
ou les procédés utilisés se situent très souvent à la limite - voire au-delà
- de l'octroi d'avantage en nature.
La difficulté réside dans Ie fait que la loi ne définit pas la notion d' «avan-
tages».
(20) Il convient toutefois de noter que, pour certaines dépenses présentant en principe
un caractère de charges professionnelles, l'administration considère qu'il s'agit néanrnoins d'avan-
tages en nature lorsque ces dépenses sont propres au travailleur. Ainsi, lorsque l'employeur
prend en charge les frais de déplacement du travailleur jusqu'au lieu de travail, ces frais qui,
s'ils étaient supportés par Ie travailleur, consisteraient pour lui en des charges professionnel-
les, n'incombent normalement pas à l'employeur. On considère dès lors qu'il y a là un avan-
tage en nature imposable, mais un montant identique peut être déduit à titre de charges
professionnelles. Ce système se révèle toutefois désavantageux pour Ie travailleur lorsqu'il déduit
des charges professionnelles forfaitaires, puisque, dans ce cas, il ne pourra compenser l'ajout
de l'avantage à son bénéfice imposable; voy. à ce sujet rapport, chambre 1979-1980, doe. 323,
n° 47, p. 28.
159
En pratique, on peut même dire que ces dépenses seront d'autant plus
contestables qu'elles sont souhaitées par les membres du personnel, puis-
qu'elles apparaîtront alors comme ayant davantage pour but de les avan-
tager que de poursuivre un véritable objectif d'ordre professionnel. Il convient
de rappeler à ce sujet que Ie risque, en cas de rejet de telles dépenses des
charges professionnelles, est appréciable pour l'employeur, lorsqu'il s'agit
d'une société, puisque l'avantage n'aura dans ce cas pas été mentionné sur
les fiches requises par l'article 47 du Code, ce qui entraînera l'application
de la cotisation spéciale sur les commissions secrètes (21 >.
32. - Dans de nombreux pays, des sociétés ont tenté, parfois avec succès,
d'attribuer un avantage non imposable ou imposable dans des conditions
relativement avantageuses, à des membres de leur personnel et essentielle-
ment à des membres de leur direction, en leur remettant, ou en leur réser-
vant la possibilité d'obtenir à des conditions de faveur des options sur des
actions de la société elle-même ou d'une autre société de leur groupe <22i.
(22) pour un exposé succinct du régime des «stocks options» aux Etat-Unis, en Grande-
Bretagne, en France, aux Pays-Bas et en Suisse, voy. J .-F. L YCOPS, Des stocks options
aux options sur actions, un coup d'épée dans !'eau?, RGF 1985, p. 37.
36. - A notre avis, il n'y avait dès lors guère de sens, pour le législa-
teur, d'exonérer, sous certaines conditions, la différence entre la valeur de
l'action lors de l'exercice de l'option et cette même valeur lors de l'attribu-
tion de celle-ci.
h) - l'option doit être levée un an au plus töt et six ans au plus tard
à compter de la date de la convention, qui, elle, doit être conclue entre 1985
et 1990.
i) - l' option doit être levée par Ie travailleur lui-même; elle est donc
incessible et intransmissible. En outre, il faut que Ie travailleur soit toujours
au service de la même société, ou de la filiale de celui-ci, ou de la société
<lont les titres font l'objet de l'option, au moment de la levée de celle-ci;
j)- après la levée de l'option, les titres doivent être déposés à la Ban-
que Nationale, pour compte de la Caisse des dépöts et consignations, et leur
restitution est interdite pendant deux ans à partir de la date de ce dépöt.
nel, les obligations de cette seconde tranche pouvant être acquises dans
de meilleure condition;
Ainsi, par exemple, si les obligations sont émises pour un prix de sous-
cription plus bas que cel ui que Ie marché accepterait de payer, la différen-
ce entre ce dernier prix et Ie prix de souscription effectif représente un avantage
en nature imposable dans Ie chef du travailleur.
167
L' employeur peut en effet prévoir, pour ces titres un ensemble de con-
ditions différentes de celles qui seraient normalement proposées au public.
Parmi ces différentes conditions, certaines peuvent être plus favorables, tandis
que d'autres sont, en tout cas théoriquement, plus défavorables.
Ainsi, par exemple, l'employeur pourrait prévoir que les titres attri-
bués aux membres du personnel seraient toujours nominatifs, ou qu'ils seraient
incessibles pendant une certaine durée, ou encore que les obligations ou des
warrants ne pourraient être convertis ou échangés que contre des actions
elles-mêmes incessibles pendant une certaine période.
Conclusion
Dans d'autres cas, les procédés utilisés pour choisir la voie la moins
imposée dépendent d'éléments de fait dont l'appréciation se révèle souvent
aléatoire. Le recours à de tels procédés, en raison de cette insécurité juridi-
que, n'est pas sans danger, plus encore pour l'employeur que pour Ie travailleur.
par
Jean-Pierre LAGAE
Dans une première partie, Ie présent rapport tend à exposer d'une manière
pratique les mécanismes mis en ceuvre et leurs conséquences en droit fiscal
beige. Vu la grande diversité des législations étrangères, il est exclu d' explorer
toutes les possibilités offertes par l'utilisation de sociétés à l'étranger. Le
(1) Sous réserve de controverses quant à la qualification d'entité juridique distincte de
quelques entités étrangères, tel Ie partnership.
(2) Cass., 6 juin 1961 (S.A. Brepols c. Etat beige), Pas., 1961, 1, 1082; cf. deuxième cha-
pitre du présent rapport, infra, 197 et sq.
174
Enfin, dans une troisième partie, l'utilisation des mécanismes et les écueils
à éviter sont illustrés dans deux cas spécifiques, à savoir la société étrangè-
re de services et la société étrangère de placements mobiliers.
* * *
CHAPITRE I
1. - Généralités
Il peut être utile de souligner que, par l'utilisation d'une société étran-
gère, on se place dans un contexte international suite à l'introduction d'un
élément d'extranéité. Ce nouveau contexte restreint les avantages liés à l'uti-
lisation de la société étrangère dans certains cas. Ainsi, Ie transfert d'une
entreprise individuelle située en Belgique ou d'un patrimoine immobilier
de familie situé en Belgique à une société étrangère ne sera, dans de nom-
breux cas, pas justifié ou rentable d'un point de vue fiscal.
(3) Les avantages de la création et de l'utilisation d'une société beige sont analysés dans
d'autres rapports présentés lors de ce recyclage. Parmi ces avantages, !'on peut mentionner
les suivants: l'éclatement du revenu entre deux contribuables et, par conséquent, la réduction
de la progressivité de l'impöt des personnes physiques, l'étalement des bénéfices, la réalisa-
tion de plus-values taxables à taux réduit ou non-taxables, l'amortissement par la société sur
une base réévaluée, la transformation des revenus, etc.
(4) La transformation ou requalification des revenus n'est pas un avantage propre à l'utilisation
d'une société étrangère. L'utilisation d'une société étrangère permet toutefois de donner à eet
avantage une toute autre dimension, qui justifie !'analyse de eet avantage.
(5) Cf. cas d'application étudiés dans Ie troisième chapitre du présent rapport. Infra, 225
et sq.
176
(i) L 'entité étrangère doit constituer une entité distincte de ses fondateurs
ou de ses membres belges.
(ii) La société étrangère doit, de préférence, être établie dans un pays oû.
tout ou partie de ses revenus bénéficie d'une imposition faible, ou même
d'une exonération d'impöt (7)_
Cependant, la société étrangère peut aussi bien être établie dans un pays
(6) Cf. SPRUYT, A., «Base companies»: fiscaaljuridische analyse, Bruxelles, Bruylant,
1986, nos 69-85, p. 95-114.
(7) Contra SPRUYT, A., o.c., nos 51-56, p. 69-76. Remarquons que eet auteur ne retient
pas l'établissement de la société dans un pays à faible imposition comme un élément détermi-
nant de la définition d'une «base company». Toutefois, dans l'hypothèse ou l'objectif pour-
suivi est l'atténuation de la charge fiscale par une planification fiscale internationale, l'importance
de cette condition ne pourrait être niée.
(8) O.C.D.E., L'évasion et la fraude fiscales internationales, Rapport du Comité des Affaires
Fiscales de l'O.C.D.E., Paris, Publications de l'O.C.D.E., 1987, n° 13, p. 22; Commentaire
du Code des impöts sur les revenus (ei-après «Com.I.R.»), n° 24/19 et n° 44/67.3.
177
(iii) La société étrangère doit être contrölée par des intérêts belges qui y dis-
posent d'une influence prépondérante afin de pouvoir déterminer l'affec-
tation des revenus recueillis par la société étrangère.
Il n'est toutefois pas requis que la société étrangère soit contrölée par
des intérêts belges lorsque la politique d'affectation des revenus de la
société étrangère correspond à l'objectif poursuivi par Ie contribua-
ble actionnaire beige (11 >.
(9) Tel est, par exemple, Ie cas pour les dividendes reçus par une société par actions éta-
blie aux Pays-Bas. La législation fiscale des Pays-Bas ne connaît pas de régime spécifique pour
les sociétés holdings. Cependant, les dividendes reçus par une société par actions néerlandaise
sont exclus du bénéfice imposable de la société à condition que:
- la société néerlandaise détienne au moins 5 % des actions des sociétés qui distribuent les
dividendes;
- la participation ait été détenue par la société néerlandaise sans interruption depuis Ie début
de l'exercice ;
- les sociétés qui distribuent les dividendes soient soumises à un régime normal d'imposition
à l'étranger ;
- les participations ne soient pas détenues par la société néerlandaise uniquement comme des
placements.
1. Transferts àe revenus
- Le résident beige transfère des liquidités à une société étrangère qui prend
en charge la gestion et Ie placement de ces fonds, par exemple en accor-
dant des prêts, soit au contribuable beige, soit à des sociétés affiliées.
Ceci a pour conséquence que les revenus produits par les liquidités ainsi
placées seront recueillis, non pas par Ie résident beige, mais par la socié-
té étrangère.
Exemple n° 1
(i) Une société beige est titulaire d'un brevet d'invention, qui est, d'une part,
utilisé par la société beige pour la production en Belgique et, d'autre part,
concédé par licences à différentes sociétés étrangères. La société beige
perçoit des redevances pour la concession du brevet.
(ii) La société beige fait apport du brevet d'invention à une société suis-
se bénéficiant d'une exonération d'impöts cantonnaux et commu-
Belgique:
bénéfice brut 75
redevances dues (20)
autres charges professionnelles (50)
bénéfice avant impöt 5
impöt des sociétés (43 %) (2, 15)
bénéfice après impöt 2,85
Suisse:
redevances reçues de pays, autres que la Belgique 25
redevance d'origine beige 06 l 20
bénéfice avant impöt 45
impöt fédéral (9,8%) (4,41)
impöt cantonal (0)
bénéfice après impöt 40,59
Les redevances sont soumises en Suisse à un impöt de 9,8 OJo, alors qu' en
Belgique elles seraient soumises à l 'impöt des sociétés au taux de 43 OJo.
En outre, en payant une redevance à la société suisse, la société beige
diminue ses revenus imposables.
S., Business operations in Switzerland, in Foreign Income Portfolios, Tax Management Ine.
(ed.),A-27.
( 16) En vertu de l'article 12 § 1 de la convent ion de double imposition conclue entre la
Belgique et la Suisse, les redevances d'origine beige ne sont pas soumises au précompte mobi-
lier beige.
(17) Notons toutefois qu'un tel procédé risque de tomber sous l'application des articles
24, 46 et 250 C.l.R. et des dispositions spécifiques de la convention belgo-suisse relatives à
l'usage «abusif» de cette convention. Cf. deuxième chapitre du présent rapport, infra, 197 et sq.
181
- soit d'un manque à gagner accepté par Ie contribuable beige qui ne réclame
aucune rémunération ou une rémunération inférieure à la rémunération
normale pour des produits vendus ou des prestations fournies à la société
étrangère, c.-à-d. que Ie contribuable se prive délibérément d'un profit
qui aurait dû normalement lui revenir;
Exemple n° 2:
(22) Guides to European taxation, The taxation of companies in Europe, o.c., n° 606,
p. 139; BIANCHI, S., o.c., A-28.
183
Belgique:
frais de production 100
marge bénéficiaire 10
prix de vente 110
bénéfice avant impöt 10
impöt des sociétés (43 OJo) (4,3)
bénéfice après impöt 5,7
Suisse:
frais d'achat 110
marge bénéficiaire 40
prix de revente 150
bénéfice avant impöt 40
impöt fédéral (9,8 OJo) (3,92)
impöt cantonal (0)
bénéfice après impöt 36,08
En constituant une société étrangère, la société belge a dorre pu transfé-
rér une partie de son bénéfice vers la Suisse 011 ce type de revenus béné-
ficie d'un régime fiscal favorable. Le bénéfice total après impöts est plus
élevé (5,7 + 36,08 = 41,78) que dans l'hypothèse 011 la totalité du bénéfice
commercial est réalisée par la société productrice belge elle-même (28,5).
2. Transferts de dépenses
L'entreprise belge qui encourt des dépenses doit, dans certains cas, faire
face à des obligations fiscales qu'elle estime trop onéreuses, sinon intolé-
rables. Parmi ces obligations fiscales, il convient de mentionner tout parti-
culièrement les retenues à la source et la non-déductibilité de certaines dépenses.
a. Retenues à la source
Sauf disposition contraire soit dans la législation interne, soit dans les
conventions de double imposition, l'entreprise Beige qui verse des intérêts
ou des redevances (produits de la concession de biens mobiliers) à un non-
résident, est tenue de retenir un précompte mobilier de 25 OJo ml_
(23) Articles 164 à 174 C.l.R. Les principales exceptions prévues par la législation inter-
ne sont formulées par les articles 169 à 170 C.l.R. et 87 à 97ter del' Arrêté Royal d'exécution
du Code des impöts sur les revenus (ei-après «A.1.R.»). Il convient de mentionner également
l'exonération du précompte mobilier accordée aux intérêts et redevances payés par une socié-
té établie dans une zone d' emploi ou par un centre de coordination agréé conformément à l' Arrêté
Royal n ° 187 du 30 décembre 1982 (Article 29 de la loi du 11 avril 1983 portant des disposi-
tions fiscales et budgétaires (M.B., 16 avril 1983), tel que modifié en dernier lieu par l'article
43 de la loi du 4 août 1986 portant des dispositions fiscales (M.B., 20 août 1986)).
184
1. Report de l'imposition
Un résident beige n'est passible de l'impöt beige que sur les revenus
qu'il a réalisés ou recueillis, ou qu'il est censé avoir réalisés ou recueillis.
Les trois derniers procédés ne seront guère utilisés par les sociétés bel-
ges, qui opteront de préférence pour la distribution des revenus accumulés
sous forme de dividendes qui bénéficient de Ia déduction de «revenus défi-
nitivement taxés», analysée ei-après <3sJ.
(32) Article 67 1° C.l.R. (plus-values réalisées dans Ie cadre de la gestion normale du patrimoine
privé).
(33) Article 137 C.I.R. a contrario.
(34) Article 130 juncto article 93 § 1 2° a) C.l.R.; article 36 juncto article 105 C.l.R.; Com.
!.R., n° 19/4 2°.
(35) Article 19 2° C.l.R.
(36) Article 137 C.I.R. a contrario
(37) Article 130 juncto article 93 § 1 2° a) C.I.R.; article 36 juncto article 105 C.l.R.; Com.
!.R., n° 19/4 2°.
(38) Infra, 240
188
1. Principe
Par conséquent, Ie contribuable peut faire transiter les revenus, qui nor-
malement devraient lui être directement attribués, par une société étrangè-
re dont la fonction essentielle est de «transformer» ou de «requalifier» les
revenus, c.-à-d. de modifier la qualification juridique et fiscale de ces revenus.
Dans la mesure ou Ie régime fiscal des revenus «requalifiés» ou «transfor-
més» est plus favorable, Ie transit et la requalification des revenus peuvent
entraîner un avantage fiscal, principalement si la société étrangère est sou-
mise à une imposition faible.
2. Modalités
Les revenus recueillis par une société sont, en droit fiscal beige ainsi
(39) lnfra, 225 et sq.
(40) Article 6 C.l.R.
(41) Cf., entre autres, article 20 C.l.R.
189
Exemple n° 3:
Exemple n° 4:
Un des procédés les plus fréquemment utilisés par les sociétés belges
consiste à transformer des intérêts, redevances ou bénéfices d'exploitation,
qui reviennent normalement directement à une société beige, en dividen-
des distribués par une société étrangère. En choisissant une société étran-
gère intermédiaire, qui n'est soumise qu'à un niveau d'imposition faible,
l'avantage fiscal pour la société bénéficiaire beige trouve essentiellement
son origine dans le régime de la déduction des revenus définitivement taxés.
(i) Une société holding beige reçoit des intérêts sur emprunt versés par une
société établie aux Pays-Bas:
Le transit par une société étrangère établie dans un pays tiers peut être
utile et avantageux dans les situations suivantes:
- Ie contribuable beige reçoit des revenus ayant leur source dans un pays
avec lequel la Belgique n'a pas conclu de convention de double imposi-
(50) Notons toutefois que l'application d'un tel procédé risque d'entrer en ligne pour l'appli-
cation de l'article 250 C.I.R. Infra, 215 et sq.
(51) O.C.D.E., Projet de Convention de double imposition concernant le revenu et la
fortune, Rapport du Comité des Affaires Fiscales de l'O.C.D.E., Paris, Publications de
l'O.C.D.E., 1963.
(52) O.C.D.E., Modèle de Convention de double imposition concernant le revenu et la
fortune, Rapport du Comité des Affaires Fiscales de l'O.C.D.E., Paris, Publications de
l'O.C.D.E., 1977.
193
tion, alors que le pays tiers a conclu une telle convention avec la Belgique;
Notons enfin que la société étrangère par laquelle les revenus transi-
tent peut, en outre, lors de la redistribution de ces revenus, «requalifier»
ces revenus et ainsi maximaliser l'économie fiscale pour le contribuable belge.
Par ailleurs, en faisant transiter des revenus ayant leur origine dans
un pays à faible imposition par un pays à forte imposition, mais disposant
d'un réseau de conventions favorables, les autorités fiscales belges ignore-
ront !'origine réelle de ces revenus, ce qui empêchera l'application de cer-
taines mesures «anti-fraude».
Exemple n ° 5 :
(i) Une société belge détient des participations majoritaires (99 % ) dans des
filiales établies en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Suisse et en Autriche.
société beige
A B C D E
dividende brut 100 100 100 100 100
retenue à la source étrangère (15) (15) (15) (10) (15)
dividende net 85 85 85 90 85
total 430
imposable (5 OJo) 21,5
impöt des sociétés (43 OJo) (9,24)
bénéfice net 420,76
(ii) La société beige constitue une société holding aux Pays-Bas, qui béné-
fice de la «deelnemingsvrijstelling» <53 > en ce qui concerne les dividen-
des reçus de ses filiales étrangères. Ensuite, les bénéfices de la société
néerlandaise sont redistribués à l'actionnaire beige sous forme de dividendes.
A B C D E
dividende brut 100 100 100 100 100
retenue à la source étrangère (15) (5) 0 0 (10)
dividende net reçu par Ie
holding néerlandais 85 95 100 100 90
total 470
imposable aux Pays-Bas 0
dividende 470
impöt à la source aux Pays-Bas
(5 OJo )(54) (23,5)
dividende reçu par l'actionnaire
beige 446,5
imposable (5 OJo) 22,32
impöt des sociétés (43 OJo) (9,6)
bénéfice net 436,9
(i) des retenues à la source moins élevées, prévues par les conventions con-
clues par les Pays-Bas, par rapport à celles prévues dans les conventions
conclues par la Belgique avec les mêmes pays (Espagne: 5 OJo au lieu de
15 OJo ; Italie: 0 OJo au lieu de 15 OJo ; Suisse: 0 OJo au lieu de 10 OJo ; Autri-
che: 10 OJo au lieu de 15 OJo);
1. - Aperçu général
A. - Théorie de Ia simulation
Il peut, toutefois, être utile de noter que !'analyse qui suit est basée sur
Ie principe de la licéité du choix de la voie la moins imposée tel qu'il a été
reconnu par la Cour de cassation dans !'arrêt Brepols:
«Il n'y ani simulation prohibée à l'égard du fisc, ni partant fraude fiscale,
lorsque en vue de bénéficier d'un régime fiscal plus favorable, les parties,
usant de la liberté des conventions, sans toutefois violer aucune obligation
légale, établissent des actes dont elles acceptent toutes les conséquences, même
si Ia forme qu'elles leur donnent n'est pas la plus normale.»< 56 l
«Toutefois, les impöts directs doivent être établis sur base de la réalité éco-
nomique; dès lors, même si Ie contribuable peut effectivement choisir la
voie fiscale la plus favorable, il ne suffit pas d'établir la réalité juridique
des actes dressés, mais il faut au surplus examiner si la construction juridi-
que mise en place traduit, elle aussi, la réalité économique et commerciale
quine peut cependant consister entièrement en une série d'actes dont Ie seul
but serait de bénéficier d'avantages fiscaux, ou d'éluder l'impöt.» <5sJ
En vertu de l' article 196 des lois coordonnées sur les sociétés commer-
ciales, «les sociétés anonymes et les autres associations commerciales (... )
ayant leur siège en pays étranger peuvent faire leurs opérations et ester en
justice en Belgique». Par conséquent, la reconnaissance inconditionnelle
en Belgique de l 'existence de toute société étrangère est considérée comme
acquise en droit positif beige.
Cette reconnaissance de la société étrangère a pour effet que la société étrangère
peut jouir de - et exercer - tous les droits qui lui sont conférés par la «lex
societatis», c.-à-d. la loi du pays oû. est situé Ie siège de la société <59J_
Dès lors, par application des dispositions du droit des sociétés et d'une
certaine jurisprudence fiscale (doctrine «Brepols» ), la société étrangère cons-
tituée et utilisée uniquement en vue d'éviter l'impöt beige doit être recon-
nue en Belgique aux fins de l'application des impöts belges sur les revenus
. La personnalité juridique et Ie patrimoine distinct de la société étrangère
devront être respectés, à condition toutefois que la «lex societatis» octroie
de tels privilèges aux personnes morales ayant leur siège sur son territoire.
- Ie société étrangère est fictive du fait que la société ne répond pas aux
conditions imposées par la «lex societatis» lors de sa création ou durant
son fonctionnement ;
(60) Cf. à ce sujet AFSCHRIFT, Th., «La constitution d'une personne morale de droit
étranger dans l'unique but d'éluder l'impöt beige», in Mélanges offerts à R. Van der Elst, Bruxelles,
Nemesis, 1986, p. 27-42; HINNEKENS, L., «La société relais et la société boîte aux lettres
en droit fiscal beige», R.G.F., 1983, 81-94 (sp. 85-91).
(61) Il convient de mentionner que l'administration fiscale a, au cours des dernières années,
conclu en de nombreux cas au caractère fictif de la société beige. Ces cas concernent principa-
lement les sociétés patrimoniales, les sociétés de moyens et les sociétés professionnelles. Cf.
à ce sujet VANISTENDAEL, Fr., «Waarheid en leugen omtrent de rechtspersoonlijkheid van
de vennootschap in het belastingrecht», in Liber Amicorum Jan Ronse, Gent, Story-Scientia,
1986, 357-378; GEENS, K., «Simulatie, doorbraak, de fiscus en de eenpersoons-B.V.B.A.»,
Leuvense Vennootschapsdagen 2 en 9 oktober 1986, 1-16.
La grande majorité des études consacrées au problème de la non-reconnaissance de l'existen-
ce juridique séparée de la société aux fins de la perception des impöts sur les revenus, ne con-
cement que les sociétés belges. Les arguments et conclusions développés dans ces études ne
sont pas nécessairement applicables aux sociétés étrangères. En effet, l'existence et la validité
d'une société beige sont régies par la législation beige relative aux sociétés commerciales. Par
contre, l'existence et la validité d'une société étrangère sont régies par la loi étrangère, c.-à-d.
la «lex societatis».
201
Pour refuser de reconnai"tre une société dont Ie siège réel se situe à l'étran-
ger, l'administration fiscale beige doit démontrer que Ie contribuable bel-
ge n'a pas respecté les conditions et formalités de constitution prévues par
la «lex societatis». Elle ne pourrait pas, à cette fin, invoquer la méconnais-
sance des conditions constitutives prévues par la législation et la jurispru-
dence belges.
dique sont assujetties à l'impot beige des sociétés si elles ont en Belgique
leur siège social, leur principal établissement ou leur siège de direction ou
d' administration <66 l.
Tant pour l'application du droit fiscal que pour celle du droit des socié-
tés <67 l ou du droit international privé beige (68 l, il n'est tenu compte que du
siège social «réel» lorsque Ie siège statutaire n'est qu'apparent.
Afin d'éviter que Ie siège social étranger ne soit considéré comme étant
fictif, il est impératif que l'administration de la société et la direction de
ses activités soient établies au siège à l'étranger. Il est donc essentie! que les
réunions de l'assemblée des actionnaires ou associés et du conseil d'admi-
nistration oude gérance aient lieu à l'étranger, que les décisions y soient
prises et que la comptabilité, les livres et documents sociaux y soient tenus.
(67) VAN RYN, J ., Principes de droit commercial, Tome I, Bruxelles, Bruylant, 1954,
n° 374, p. 264; RONSE, J., NELISSEN GRADE, J.M., VAN HULLE, K., LIEVENS, J.
et LAGA, H., «Overzicht van rechtspraak (1978-1985). Vennootschappen», T.P.R., 1986,
n° 51, p. 907-908.
(68) ERAUW, J., o.c., 257.
(69) Com. I.R., n° 94/7.
(70) Com. I.R., n° 94/6.
203
cas, Ie contribuable agirait en tant que gérant de fait et exercerait cette activité
en Belgique. Dès lors, la société serait considérée comme ayant son siège
réel en Belgique, Ie siège étranger étant fictif (71 l.
Il n'est peut-être pas exclu que cette théorie puisse être appliquée lors-
que la société étrangère distribue à ses actionnaires les revenus qu'elle recueille,
notamment lorsque Ie but poursuivi est la transformation des revenus ou
l'utilisation du réseau de conventions de double imposition du pays étranger.
C'est d'ailleurs en quelque sorte sur la théorie du prête-nom que sont basées
certaines mesures prises contre l'usage abusif des conventions de double
imposition<74l.
La société étrangère sera donc imposée sur les revenus mobiliers et immo-
biliers de source beige <77 l. En ce qui concerne les bénéfices produits et
recueillis en Belgique, elle Ie sera, sauf dérogation, uniquement en raison
de ceux produits à l'intervention d'établissements belges r7sJ_ Toutefois, si
la société a son siège dans un pays avec lequel la Belgique a signé une con-
vention de double imposition, la société étrangère ne sera imposable en Belgique
que si elle y a un établissement stabJer 79l.
(76) Cf. BOLUS, Cl. et LAGAE, J.P., «L'établissement et la perception des impöts à
charge des non-résidents», Cahiers de Droit Fiscal International, Vol. LXXX, 1985, 275-298;
J.D.F., 1985, 321-347.
(77) Article 140 §2 1° et 2° et article 141 1° C.l.R.
(78) Article 140 §2 3° C.l.R.
(79) Article 7 de la convention-modèle O.C.D.E.
205
L'article 140 § 3 C.I.R. stipule que sont considérés comme des établis-
sements belges, même en !'absence de toute représentation capable d'engager
l'entreprise étrangère, les sièges de direction effective, succursales, fabri-
ques, usines, ateliers, agences, magasins, bureaux, laboratoires, comptoirs
d'achat oude vente, dépöts ainsi que toutes installations fixes de caractère
productif.
2. Application
Ce risque est, en de nombreux cas, plus important que les risques que
présente l'application de la théorie de la simulation.
Il n'est pas possible d'imaginer tous les cas dans lesquels une société
étrangère, créée en vue d'éviter l'impöt beige, pourrait être réputée avoir
un établissement en Belgique. Il est toutefois utile d'attirer l'attention sur
deux situations qui peuvent se rencontrer fréquemment:
a. Siège de direction
Un siège de direction est constitutif d'un établissement.
(84) VANDEBERGH, H., «Overzicht van rechtspraak inkomstenbelastingen (1980-1981)»,
Fiskofoon, 1984, 32; HINNEKENS, L., o.c., n° 97, p. 131-132 et arrêts y cités qui adoptent
une interprétation «économique» de la notion «productivité». Contra: ZONDERVAN, R.,
o.c., n° 104, p. 111.
(85) Com.I.R., n° 140/17 et sq.
(86) Com.l.R., n° 140/19.
207
b. Siège d'exploitation
(87) Commentaire des Conventions de double imposition, (ei-après «Com. Conv.»), nos
5/202 et 16/23.
208
L'article 24 C.I.R., dont l'alinéa premier a été introduit dans notre légis-
lation fiscale en 1938 (HSJ, a pour objectif principal de faire échec aux pro-
cédés d'évasion oude planification fiscales internationales mettant en cause
soit des sociétés étrangères et apparentées, soit des sociétés de relais établies
dans des «pays refuges». L'article 24 C.I.R. vise certaines formes de transfert
«indirect» de revenus à l'étranger.
2. Conditions d'application
(1) Les avantages sont consentis par une «entreprise» établie en Belgique.
(88) Article 27 §2 7° des lois coordonnées, inséré par l'article 5 § 1 de la loi du 28 juillet
1938 (M.B., 2 août 1938).
(89) «Actori incumbit probatio»; Com.l.R., n° 24/16; CLAEYS BOÜÜAERT, 1., «Enkele
bemerkingen nopens bewijsproblemen in verband met inkomstenbelastingen», in Liber Amicorum
J. Van Houtte, Bruxelles, Elsevier, 1975, p. 149-177 (sp. n° 19, p. 170).
209
Un avantage est censé être «bénévole» quand il est accordé sans qu'il
ne constitue l'exécution d'une obligation ou quand il est accordé sans
contrepartie. Un avantage est considéré comme «anormal» quand l'avan-
tage n'aurait pas été consenti par des entreprises indépendantes, compte
tenu des usages commerciaux en vigueur et de la situation économi-
que (9IJ_
Les cas dans lesquels des avantages anormaux ou bénévoles sant accordés
sant nombreux et variés (92 i.
(III) Le bénéficiaire des avantages concernés doit être établi à l'étranger (93 >_
- soit des circonstances de fait, tels Ie fait que l'une des entreprises
ne peut fonctionner normalement que gräce aux avances consenties
par l'autre, la coopération technique ou commerciale étroite entre les
deux entreprises, l'existence d'un contrat de vente exclusive qui influence
considérablement l'activité commerciale du concessionnaire, etc.;
- soit d'un régime de taxation de leurs revenus tel que la charge fis-
cale à laquelle seraient soumises en Belgique les sommes qui leur sont
payées, se trouve, de par l'interposition de la société étrangère, rem-
placée par une imposition étrangère considérablement inférieure.
(94) Cass., 2 mai 1962 (S.C.A.R.L. Compagnie d' Afrique pour !'industrie et la finance
c. Etat beige), Pas., 1962, I, 968-972.
(95) Cf. à ce propos la jurisprudence citée par LAGAE, J.P., l.c., 198-199.
(96) Com.l.R., n° 24/5.
211
Notons que cette dernière condition ne doit pas être remplie lorsqu'un
avantage est consenti à une entreprise établie dans un «pays refuge».
Il peut être utile de rappeler que l'article 24 C.I.R. n'est pas applica-
ble lorsque Ie contribuable beige n'est pas une entreprise commerciale, indus-
trielle ou agricole. Cet élément peut être important en cas d'utilisation d'une
société étrangère de services.
L'alinéa Ier est également applicable quand les sommes y visées sont payées
à une personne ou une entreprise qui, en vertu des dispositions de la légis-
lation du pays ou elle est établie, y est soumise, du chef des revenus del' espèce,
à un régime de taxation notablement plus avantageux que celui auquel ces
revenus sont soumis en Belgique.»
belges vers des sociétés holdings ou des sociétés établies dans des «pays refuges»
sous la couverture de paiements de certaines sommes rémunérant des pres-
tations de ces sociétés étrangères.
2. Conditions d'application
Les dispositions de l'article 46 C.l.R. ne dérogent point aux exigences
générales de l'article 44 C.l.R., relatif à la déductibilité des dépenses pro-
fessionnelles; eet article impose quelques conditions additionnelles pour l'admis-
sion en charges professionnelles de certains paiements effectués par un
contribuable beige à une société étrangère ou à des personnes établies à
l' étranger O 12 l :
(1) L'article 46 C.l.R. est applicable aux paiements effectués par tout con-
tribuable beige tendant à déduire ces sommes de ses revenus profes-
sionnels imposables.
(Il) Les paiements doivent être effectués au titre d' «intérêts», de «rede-
vances» ou de «rémunérations de prestations ou de services».
(lil) Ces sommes doivent être payées par Ie contribuable
- soit à une société holding étrangère qui, dans Ie pays ou elle est établie,
est soumise à un régime fiscal exorbitant du droit fiscal commun de
ce pays.
- soit à des personnes ou entreprises étrangères qui sont soumises à
un régime de taxation sur les revenus perçus notablement plus avan-
tageux que celui auquel les mêmes revenus seraient soumis en Belgique.
Les personnes et entreprises établies dans un «pays refuge» sont les
mêmes que celles qui sont visées par l'article 24 alinéa 2 C.I.R. o 13 l_
En ce qui concerne les holdings, l'article 46 C.I.R. ne donne aucune
définition du terme «société holding étrangère». Selon l'administra-
tion, la préférence devrait être donnée à une conception économique
et financière du terme «holding» plutöt qu'à une conception juridi-
que (ll 4J_ Par conséquent, sont visées par l'article 46 C.I.R., tant les
«sociétés de portefeuille» que les «sociétés de contröle», les «sociétés
(112) CLAEYS BOÜÜAERT, l., o.c., n° 20, p. 171; LAGAE, J.P., l.c., 205-206; VAN
CROMBRUGGE, S., «Veinzingsvermoeden, aftrekbaarheidsvoorwaarden en bewijslast in
artikel 46 van het Wetboek der Inkomstenbelastingen», Fiskofoon, 1984, 151.
(113) Supra, 210-211.
(114) Com.l.R., n° 44/63.
214
Toutefois, l'article 46 C.I.R. impose que la société holding soit établie dans
un pays étranger ou elle bénéficie d'un régime fiscal «exorbitant du régime
commun» de ce pays. Doivent être considérées comme soumises à un régi-
me fiscal exorbitant du droit commun, les sociétés holdings dont les reve-
nus ne sont pas taxés ou ne subissent qu'une imposition dérisoire par rapport
au régime normal de taxation prévu pour la généralité des contribuable dans
ce pays (iisJ. Notons que l'article 46 C.I.R. ne requiert nullement que la
société holding ou la société établie dans un «pays refuge» se trouve sous
des liens d'interdépendance avec Ie contribuable beige.
- les dépenses répondent à des opérations réelles et sincères, c.-à-d. les paie-
ments en question rémunèrent des prestations réellement effectuées par
la société étrangère et justifiées par une nécessité industrielle, commer-
ciale ou financière du contribuable beige O 18l; et
- les dépenses ne dépassent pas les limites normales, c.-à-d. leur montant
peut être considéré comme «normal» compte tenu des prestations pour
lesquelles la rémunération est versée (ii 9J («at arm's length condition»).
Si seule une partie du paiement est anormale, cette partie seule doit être
rejetée ozoJ.
(120) Cass., 27 septembre 1966 (Etat beige c. S.A. Et. Robert Hottat), Pas., 1%7, I, 121-122,
J.P.D.F., 1967, 23; LAGAE, J.P., l.c., 207-208; contra: Com.l.R., n° 44/71.
216
L'alinéa Ier est également applicable quand !'acte y visé a été conclu
avec une personne ou une entreprise qui, en vertu des dispositions de la légis-
lation du pays oû. elle est établie, y est soumise, du chef des revenus pro-
duits par les biens et droits aliénés, à un régime de taxation notablement
plus avantageux que celui auquel les revenus de l'espèce sont soumis en Bel-
gique.»
L' article 250 C. I .R. tend à mettre l' administration fiscale beige en mes ure
de contrecarrer la planification fiscale internationale qui peut consister dans
la cession par un contribuable beige de biens générateurs de revenus à une
société étrangère. Après la cession, les revenus ne seront plus imposables
dans le chef du cédant beige, tandis qu'à l'étranger ils ne seront passibles
dans Ie chef de la société étrangère que d'un impöt dérisoire.
L' article 250 C.I. R. fut inséré dans la législation fiscale en même temps
que l'article 46 C.I.R. Ceci explique la complémentarité des deux dispositions.
2. Conditions d'application
(1) Seuls les actes de vente, de cession ou d'apport, c.-à-d. les actes entraînant
un transfert de la propriété, sont visés. Il est indifférent que les ces-
sions soient effectuées à titre gratuit ou à titre onéreux.
(II) Seul Ie transfert de biens énumérés par la loi est visé, c.-à-d. les actions,
obligations, créances ou autres titres constitutifs d'emprunts, brevets
d'inventions, procédés de fabrication, marques de fabrique oude com-
merce ou tous autres droits analogues. Le transfert de propriétés immo-
bilières ne tombe pas sous l'application de l'article 250 C.I.R.
- dans sa version originale (122l, l'article 250 C.I.R. visait les seules
(121) Cass., 18 décembre 1962 (Dauge c. Etat beige), Pas., 1963, I, 489-490.
(122) Loi du 23 février 1954 (M.B., 6 mars 1954).
217
- la Cour d'appel de Liège précise que l'article 250 C.I.R. n'est pas
applicable aux apports en espèces <123 l< 124l.
(III) Le cessionnaire des biens doit être soit une société holding qui est éta-
blie à l'étranger et y soumise à un régime fiscal exorbitant du droit com-
mun, soit une personne ou entreprise établie dans un «pays refuge».
- soit il a reçu pour l' opération une contrevaleur réelle qui produit un montant
(123) Liège, 30 mai 1974, J.D.F., 1974, 154.
(124) Dans Ie même sens, Hof te Den Haag, eerste Kamer, 3 juin 1985, annoté par MAL-
HERBE, J., Fiscale Koerier, n° 87/261; TIBERGHIEN, A., o.c., n° 17.227, p. 356-357.
(125) Supra, 213-214.
(126) Cass., 18 décembre 1962, l.c., note 121
218
A. - Aperçu général
Ainsi que mentionné ei-avant 029 >, Ie contribuable beige peut, en éta-
blissant une société à l'étranger, avoir pour objectif l'utilisation du réseau
de conventions de double imposition du pays du siège de la société qui est
plus favorable que Ie réseau beige de conventions.
CAS D'APPLICATION
INTRODUCTION
Le but de cette troisième partie est d'analyser plus en détail et plus con-
crètement- et ce à titre d'exemple - tant les avantages que les risques afférents
à l'utilisation de deux catégories de sociétés étrangères: la société de servi-
ces et la société de placements mobiliers 0 46 l.
1. - Sociétés de services
Les services ainsi rendus par la société étrangère sont souvent des ser-
vices de type intellectuel (par exemple, des services de consultants, de ges-
tion de sociétés, de comptabilité).
(146) Pour l'utilisation de sociétés étrangères («base companies») par des sociétés mul-
tinationales, cf., entre au tres, SPRUYT, A., o.c., et doctrine citée; O.C.D.E., L'évasion
et la fraude fiscales internationales, o.c., nos 24-38, p. 25-28, nos 1-17, p. 66-69 et nos
4-8, p. 98-101.
226
Une telle société rend des services du type de ceux auparavant fournis
personnellement par les indépendants en exécution d'un contrat de servi-
ces conclu par cette société étrangère avec des clients belges ou étrangers.
Un sort particulier doit être réservé aux sociétés constituées par des artistes
ou sportifs en raison du fait que les conventions préventives de la double
imposition leur réservent un traitement particulier qui a une influence sur
Ie choix de l'établissement d'une société à l'étranger.
L'idée est qu'un ou plusieurs artistes ou sportifs belges créent une société
de droit étranger. Ces artistes ou sportifs continuent à fournir leurs servi-
ces comme auparavant, à cette différence près qu'ils ne fournissent plus leurs
services comme des indépendants travaillant pour leur propre compte, mais
bien comme des employés ou comme des associés, gérants ou administra-
teurs de la société étrangère. La société étrangère s'engage par contrat envers
les organisateurs d'événements sportifs ou culturels et perçoit, en son pro-
pre nom et pour son propre compte, les émoluments et cachets relatifs aux
prestations de services fournies par les artistes ou sportifs concernés.
1. Jmposition faible
soit dans Ie pays du siège de la société, soit dans Ie ou les pays ou les reve-
nus ont été réalisés. En général, la préférence est donnée à une société ayant
son siège dans un pays connaissant une fiscalité modérée, sinon faible.
3. lmposition différée
sition du pays du siège de la société dont les dispositions pourraient être plus
favorables, sur certains points, que celles des conventions conclues par la
Belgique. De même, Ie réseau de conventions conclues par !edit pays pour-
rait être plus étendu que celui de la Belgique.
(147) Cf. MICHAUX, E., «An analysis of the notion 'fixed base' and its relation to the
not ion 'permanent establishment' in the OECD model». Intertax, 1987 /3, 68-74, (sp. 70-71).
229
Le contribuable beige qui a constitué une société à!' étranger sera, pour
autant qu'il n'ait pas émigré entretemps, imposable en Belgique sur les revenus
distribués par la société étrangère ou sur les plus-values qu'il réalise.
Par ailleurs, l'actionnaire peut préférer céder ses actions dans la société
étrangère et réaliser une plus-value.
b. Absence de convention
(155) Les conventions conclues par la Belgique sant fort différentes l'une de l'autre quant
à la portée de cette exception. Certaines prévoient, par exemple, que l'activité journalière doit
avoir été exercée dans un établissement de la société étrangère en dehors du pays du principal
établissement; d'autres ne contiennent pas cette référence à un établissement stable.
(156) lnfra, 232 -233.
(157) Il convient de souligner que les diverses conventions conclues par la Belgique con-
tiennent des dispositions différentes en ce qui concerne Ie type de sociétés auxquelles l 'article
16 de chaque convention s'applique (sociétés par actions, sociétés anonymes, tous types de sociétés).
(158) Clause de réserve de progressivité (Article 23 de la convention-modèle O.C.D.E.
et article 87 quater C.I.R.)
(159) Article 88 2° C.I.R.
232
Dès lors, Ie résident de la Belgique sera imposé, Ie cas échéant, à l' étranger,
mais exempté en Belgique, sur les rémunérations d'associé actif qui lui sont
allouées par la société étrangère, à moins que ces rémunérations lui soient
allouées en raison d'une activité exercée dans un établissement stable en Belgique
de la société étrangère. La réserve de progressivité demeure toutefois d'appli-
cation.
b. Absence de convention
L'associé actif beige sera également imposé en Belgique sur les rému-
nérations qui lui sont attribuées. Toutefois, la partie de l'impöt des personnes
physiques afférente aux rémunérations d'origine étrangère (c.-à-d. celles
quine sont pas allouées en raison d'une activité exercée dans un établisse-
ment beige de la société) est réduite de moitié lorsque les rémunérations ont
été imposées à l'étranger et imputées sur les résultats d'un établissement
étranger <161 l.
4. Rémunérations d'employés
b. Absence de convention
b. Absence de convention
b. Absence de convention
En !'absence de convention préventive de la double imposition, les plus-
values réalisées sur les titres de la société étrangère pourraient être impo-
sées dans Ie pays du siège de la société. Elles sont en outre imposables en
Belgique entre les mains de l'actionnaire cédant (résident de la Belgique,
par hypothèse) selon les distinctions vues ci-dessus en ce qui concerne les
plus-values réalisées sur des titres d'une société dont Ie domicile fiscal est
établi dans un pays à convention. La partie de l'impöt correspondant aux
plus-values d'origine étrangère imposées à l'étranger est réduite de
moitié 0711 •
Par ailleurs, dans la mesure ou des paiements sont effectués par des
entreprises belges à la société étrangère de services, il convient de tenir compte
d'un risque d'application des articles 24 et 46 du C.I.R.
237
2. - Sociétés de placements
A. - Sociétés visées
Sont visées les sociétés qui placent les fonds qui leur ont été apportés,
en valeurs mobilières (actions, obligations ou autres titres de créances).
Ces sociétés peuvent avoir une politique soit de répartition, soit de mise
en réserve (capitalisation) des bénéfices.
B. - Avantages recherchés
1. lmposition f aible
3. lmposition différée
Le régime fiscal des actionnaires dont Ie dornicile fiscal est situé en Belgique
diffère selon que l'actionnaire est une personne physique, une société ou
une personne morale soumise à l'I.P.M.
1. Distribution de dividendes
b. Actionnaire société
Aucun précompte mobilier n'est dû sur les dividendes versés par une
société étrangère à une société établie en Belgique <178 l.
Dans ce cas, les dividendes d'origine étrangère, qu'ils aient ou non été
soumis effectivement à un impöt sur les revenus dans Ie chef de la socié-
té étrangère, sont traités comme des revenus définitivement taxés et déduits
en conséquence de la base imposable à l'impöt beige des sociétés à con-
Les dividendes recueillis par une personne morale assujettie à l'I.P .M.
sont soumis au précompte mobilier de 25 % . Le précompte, s'il n' a pas été
retenu par un intermédiaire en Belgique, est dû par la personne morale elle-
même 082 J.
b. Actionnaire société
Les personnes morales soumises à l'I.P .M. ne sont pas imposables sur
les plus-values sur titres qu'elles réalisent.
F. - Conclusion - Application
- les personnes physiques et les personnes morales soumises à l'l.P .M. (par
exemple, les fonds de pension créés sous la forme d' A.S.B.L.) donne-
ront la préférence à des distributions de revenus sous forme de plus-value.
Dans un tel cas, l'imposition des revenus capitalisés (correspondant aux
plus-values) par la société de placements se limitera en fait à la retenue
à la source, pour autant qu'il y ait dividendes encaissés par la société de
placements ;
- des titres sans attribution de dividendes pour lesquels les bénéfices sont
réservés, répondant aux préoccupations des personnes physiques belges
et des personnes morales soumises à l'I.P .M. (tels les fonds de pension)
qui bénéficient de la non-imposition des plus-values réalisées sur parti-
cipations.
L'INCIDENCE SUR LE CHOIX DE LA VOIE LA MOINS IMPOSÉE
DES PROJETS DE REFORME DE L'IMPOSITION DES SOCIÉTÉS
ET DE LEURS ASSOCIÉS
par
Thomas DELAHA YE
Cela signifie aussi que les charges supportées pour acquérir de tels revenus
ne pourront plus être déduites de ces revenus.
(2) Art. 135 CIR tel que modifié par la loi du 4 août 1986.
248
On se référera notamment à eet égard aux taux réduits prévus par les
articles 126, 127 et 128 du CIR ou aux bénéfices provenant d'accroissement
d'avoirs (art. 130 CIR) ou encore à la déduction pour investissement qui
permet de réduire la base imposable.
A l'heure actuelle Ie crédit d'impöt est d'autant plus élevé que Ie taux
d'impöt des sociétés effectivement acquitté est réduit.
les premiers, dans Ie système actuel sont des revenus d'actions oude
parts de capitaux investis, pour autant qu'ils se rapportent à des participa-
tions permanentes et, les seconds des revenus exonérés et/ou des plus values
réalisées à ('occasion du partage total ou partiel de l'avoir social.
Dans Ie système du CIR ils ont déjà subi l'impöt des sociétés et la rete-
nue de précompte et sont donc déductibles de la base imposable de la société
qui les recueille (à concurrence de 95 ou 90% en ce qui concerne les R.D.T.
selon qu'il s'agit d'une société purement financière - holding - ou non)
et ce afin d'éviter la double imposition.
249
Dans Ie système du Groupe de travail, quel que soit l'impöt des socié-
tés effectivement dû par les sociétés en raison de leurs bénéfices distribués,
Ie prélèvement global valant précompte pour les bénéficiaires serait toujours
identique (impöt des sociétés + retenue compensatoire + précompte mobilier).
(3) Voir les tabl.eaux repris dans Ie Ier rapport du Groupe de Tra,ail (pages 75 à 77) et
second rapport (p. I 3 et svts).
1. - Proposition gouvernementale
1. - Proposition gouvernementale
Cette charge devra être comparée au taux de l'I.P.P. pour savoir si elle
est avantageuse ou non.
Dans la majorité des cas, cependant, cette option sera plus onéreuse.
Il faut ajouter que la non globalisation peut entraîner pour les contri-
buables actionnaires <lont les charges d'intérêt pour acquérir notamment
ces revenus sont importantes, une taxation nettement moins favorable qu'à
l'heure actuelle.
Dans Ie système retenu par Ie Groupe de travail combiné avec celui proposé
par la Commission Royale, l'avantage qu'il y aurait à constituer une société
de manière à obtenir une rémunération sous forme de rémunération de capitaux,
254
Dans l'hypothèse oû les charges faites pour acquérir des revenus mobiliers
et immobiliers restent déductibles des revenus mobiliers et immobiliers, une
substantielle éconornie d'impöt pourrait être réalisée par Ie fait que les revenus
globalisés sont singulièrement réduits alors que le crédit d'impöt à 100 OJo,
la retenue compensatoire et Ie précompte sont entièrement imputables et
remboursables.
On peut même <lire que!' éconornie d'irnpöt sera, en ce cas, plus importante
qu'elle ne !'est à l'heure actuelle en cas de globalisation des revenus.
1. - Le projet Gouvernemental
2. - Groupe de Travail
(5) Voir !'analyse que fait Ie Groupe de Travail à ce sujet dans son second rapport (p.
19 et svts).
TABLE DES MATIERES
A. - La fraude fiscale 9
B. - Le choix de la voie la moins imposée 13
C. - Les réactions législatives contre Ie choix de la voie la moins
imposée 14
Limitation du sujet 54
a. Revenus 55
- pour une personne physique
- pour une société
Conclusion 65
Introduction 69
Première partie - La société classique 71
Avantages
261
Inconvénients
Section I - Généralités 73
Sous-section 1 - Avantages 75
1. L'éclatement du revenu 75
2. La comparaison des taux IPP et ISoc. 77
3. L'étalement des bénéfices 79
4. La cession du fonds de commerce 80
5. La cession des parts 84
A. La cession partielle 85
1° La vente
2 ° La donation
B. La cession totale 86
1° La cession entre vifs
2 ° La cession à cause de mort
Sous-section 2 - Inconvénients 92
Remarque préliminaire 97
1. Conjoint aidant 98
2. Administrateurs de sociétés par action - Gérants
de sociétés de personnes 98
3. Intérêts des prêts consentis par des associés à une
société de personnes 99
4. Ristournes accordées par les sociétés coopératives 99
5. Emprunts contractés par un associé pour l'acquisi-
tion de parts 99
6. L'option des sociétés de personnes 99
lntroduction 141
CONCLUSION 168
INTRODUCTION 173
1. - Généralités 17 5
Introduction 225
lntroduction 246