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Université des Sciences de Techniques et

de Technologies de Bamako
(USTTB)
Faculté de médecine et d’odontostomatologie
(FMOS)

NEUROPHYSIOLOGIE

Notes de cours préparée par :

Bamodi SIMAGA,
MD – PhD, Physiologie
Enseignant chercheur
Maitre-assistant
USTTB / FMOS.

Année universitaire 2019 – 2020

Bamodi SIMAGA, MD – PhD, Physiologie, Enseignant chercheur, Maitre-assistant FMOS / USTTB.


Chapitre II
Synapse et neuromédiateurs

Introduction :

I. Organisation anatomo-fonctionnelle
A. Synapses électriques
B. Synapse chimique
1. Structure
2. Mécanismes de transmission synaptique
2.1. Synthèse et Stockage des neurotransmetteurs
2.2. Libération des neurotransmetteurs
2.3. Activation des récepteurs post-synaptiques
2.3.1. Récepteurs couplés aux canaux ioniques
2.3.2. Récepteurs couplés aux protéines G
2.4. Inactivation des neurotransmetteurs

C. Intégration synaptique
1. Sommation des potentiels post-synaptiques (PPS)
1.1. Sommation spatiale des PPS
1.2. Sommation temporelle des PPS
D. Inhibition synaptique

II. Neuropharmacologie des récepteurs


A. Analyse neuropharmacologique
B. Méthodes de liaison par utilisation de ligands

Bamodi SIMAGA, MD – PhD, Physiologie, Enseignant chercheur, Maitre-assistant FMOS / USTTB.


Introduction :
La synapse est une zone de jonction entre deux cellules excitables, c’est-à-dire entre les neurones ou
entre un neurone et son effecteur. La transmission synaptique est l’ensemble des processus de transfert
de l’information d’une cellule à une autre au moyen d’un messager nerveux ou d’une molécule
transmettrice. Une synapse quel que soit sa nature, comprend un élément pré-synaptique et un élément
post-synaptique, les deux séparés par un espace synaptique.
En fonction des mécanismes mis en jeu, on distingue la synapse électrique et les synapses chimiques.
La synapse chimique utilise des neuromédiateurs qui sont des substances informatives codant les
informations à transmettre. Il est synthétisé par la cellule nerveuse, l’élément présynaptique et déversé
dans la fente synaptique après stimulation de ce dernier.
La connaissance des mécanismes de la transmission synaptique permet de comprendre les processus de
contrôle des fonctions des organes par le système nerveux mais aussi les principes pour rétablir les
fonctions de certains organes désorganisées, par l’administration d’agonistes ou d’antagonistes des
neuromédiateurs impliqués.

I. Organisation anatomo-fonctionnelle :
A. Synapses électriques :
La synapse électrique est une zone de contact entre deux neurones dont la communication se fait au
moyen de l’influx nerveux. L’espace synaptique est dans ce cas étroit, de l’ordre de 3,5 nanomètres. Des
protéines transmembranaires, les canaux ioniques forment des connexions entre les deux cellules
nerveuses permettant le passage des ions et d’autres molécules du cytoplasme d’une cellule au
cytoplasme de l’autre cellule. On dit que les cellules sont couplées électroniquement. La synapse
électrique assure ainsi la transmission fidèle et très rapide de l’influx nerveux. Les synapses électriques
sont nombreuses chez l’embryon et rares chez l’adulte. Elles sont situées dans les structures nerveuses
où l’activité des neurones doit être hautement synchronisée.

Figure 1 : Structure d’une synapse électrique.

B. Synapse chimique :
La synapse chimique est constituée d’un élément présynaptique, d’une fente synaptique et d’un élément
post synaptique. La transmission du message au niveau de la synapse chimique est assurée par le
neurotransmetteur.

1. Structure :
L’élément présynaptique ou terminaison axonale est le lieu de stockage des vésicules synaptiques
contenant les neuromédiateurs et de libération de neuromédiateur. La membrane présynaptique, contient

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des zones de différenciation, au niveau desquelles les protéines ont l’aspect de pyramides. Au tour de
ces pyramides s’accumulent des vésicules de neuromédiateurs. L’ensemble pyramides et membrane
présynaptique forme la zone active ou zone de libération des molécules de neuromédiateurs.
L’espace synaptique contient une matrice de protéines extracellulaires fibreuses qui fait adhérer les
membranes présynaptique et postsynaptique.
L’élément postsynaptique ou membrane plasmique de la cellule musculaire ou glandulaire contient des
protéines différenciées, regroupées en une zone appelée densité synaptique. La membrane (élément)
postsynaptique contient les récepteurs des neuromédiateurs qui transforment le signal intercellulaire en
signal intracellulaire.

Figure 2 : Structure d’une synapse chimique.

2. Mécanismes de transmission synaptique :


La transmission synaptique chimique nécessite différentes opérations : la synthèse et le stockage des
neurotransmetteurs dans les vésicules ou granules de sécrétion, la libération des neurotransmetteurs en
réponse à une stimulation de l’élément présynaptique, la fixation du neurotransmetteur sur les récepteurs
post synaptiques, la réponse électrique ou biochimique de l’élément post-synaptique et l’élimination du
neurotransmetteur.

2.1. Synthèse et Stockage des neurotransmetteurs :


Il existe principalement trois types chimiques des neurotransmetteurs : les acides aminés, les amines et
les peptides. Le lieu de synthèse des neuromédiateurs dépend du type chimique. La synthèse des
neuromédiateurs, codée génétiquement commence par un précurseur protéinique.

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Tableau I : Principales familles de neurotransmetteurs :
Acides amines Amines Peptides
Acides gamma-aminobutyrique Acétylcholine (ACh) Cholécystokinine (CCK)
(GABA)
Glutamate (Glu) Dopamine (DA) Dynorphine
Glycine (Gly) Adrénaline Enképhalines (Enk)
Histamine N-acétylaspartyl-glutamate
(NAAG)
Noradrénaline (NA) Neuropeptide Y
Sérotonine (5-HT) Somatostatine
Substance P
Hormone thyréotrope
Polypeptide intestinal vasoactif
(VIP)

Les neurotransmetteurs de la famille des acides aminés et les amines sont formés à partir d'un
précurseur produit au niveau du ribosome. Le précurseur est une molécule qui contient une ou
plusieurs copies de neurotransmetteur. Une séquence de signal qui dirige la molécule dans la lumière
du réticulum endoplasmique rugueux où d'autres séquences programmées confèrent au précurseur
une activité biologique. Lors de son passage dans l'appareil de Golgi, le précurseur est transformé en
substance pro. La substance pro est ensuite stockée dans des vésicules de sécrétion où sont également
présentent les enzymes nécessaires à son clivage en substance active + fragment. Ces granules sont
transportés jusqu’à la terminaison axonique.

Figure 3 : Synthèse et stockage de neurotransmetteur.


Les principaux neuromédiateurs sont :
L’acétylcholine : est largement sécrété à travers le cerveau, au niveau des terminaisons nerveuses des
motoneurones issues de la corne antérieure de la moelle et au niveau des terminaisons nerveuses des
neurones préganglionnaires du système nerveux autonome, issues de la corne latérale de la substance
grise de la moelle épinière. Elle a un effet excitateur presque partout où elle est sécrétée mais inhibiteur
dans le système nerveux parasympathique comme l’illustre l’inhibition du cœur par le nerf
pneumogastrique,
La noradrénaline : est sécrétée par de nombreux neurones ayant leurs corps cellulaires dans les
formations réticulées du tronc cérébral et dans l’hypothalamus qui se prolongent dans de nombreuses
régions du cerveau. Elle est inhibitrice dans la plupart des cas, mais excitatrice dans certaines zones.

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L’adrénaline : est sécrétée par un nombre réduit de neurones, généralement dans les mêmes régions que
la noradrénaline,
La dopamine : est sécrétée par des neurones prenant naissance dans le locus niger et se projetant
essentiellement dans le striatum. Elle est généralement inhibitrice.
La glycine : est essentiellement secrétée au niveau de synapses situées dans la moelle. Elle est toujours
inhibitrice.

Figure 4 : Synthèse des catécholamines.

L’acide gama-amino-butyrique (GABA) : est produite par des terminaisons nerveuses au niveau de la
moelle, du cervelet, des noyaux gris centraux et de nombreuses autres régions. Il est toujours inhibiteur.
L’acide glutamique : est sécrété par des terminaisons synaptiques de plusieurs voies sensitives. Il est
toujours excitateur.

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Figure 5 : Synthèse des catécholamines.
La substance P : est libérée par des fibres véhiculant la sensibilité douloureuse, au niveau de la
substance gélatineuse de la moelle. Son effet est généralement excitateur.
Les enképhalines et les endorphines : sont sécrétées dans la moelle, le tronc cérébral, le thalamus et
l’hypothalamus. Elles ont un effet excitateur sur un autre système qui inhibe la transmission des
sensations douloureuses.
La sérotonine : est sécrétée par les noyaux du raphé médian du tronc cérébral dont les fibres se
projettent à de nombreuses régions, en particulier les cornes postérieures de la moelle et l’hypothalamus.
La sérotonine a un effet inhibiteur sur les voies de la douleur dans la moelle et joue également un rôle
sur le contrôle de certains affects et du sommeil.

Figure 6 : Synthèse de la sérotonine.

2.2. Libération des neurotransmetteurs :


La propagation d’un potentiel d’action à la terminaison du neurone présynaptique dépolarise la
membrane plasmique. Cette dépolarisation ouvre les canaux calciques voltage dépendants au niveau des
zones actives et provoque l’entrée des ions calcium dans le cytoplasme. L’augmentation de la

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concentration calcique dans l’élément présynaptique provoque une migration des vésicules contenant
les neurotransmetteurs vers la membrane présynaptique et leurs fusions avec cette dernière pour former
une membrane unique appelée membrane de fusion. La lyse de la membrane de fusion par des enzymes
entraine la sécrétion des neurotransmetteurs par exocytose dans la fente synaptique.

Figure 7 : Libération du neurotransmetteur.

2.3. Activation des récepteurs post-synaptiques :


Chaque neurotransmetteur exerce son action au niveau post synaptique en se fixant sur des récepteurs
spécifiques. En général, deux neurotransmetteurs ne se fixent pas sur un même récepteur ; par contre, le
même neurotransmetteur peut se fixer sur plusieurs types de récepteurs. En réponse à la fixation du
neurotransmetteur, le récepteur change d’activité qui se traduit soit par l’excitation de l’élément post-
synaptique soit par son inhibition.
Le caractère excitateur ou inhibiteur d’un transmetteur dépend non seulement de la nature de ce
transmetteur, mais également du récepteur post synaptique. Le même élément post-synaptique peut être
excité par un ligand excitateur, mais inhibé par un autre, inhibiteur. Ainsi l’élément post-synaptique
contient à la fois un récepteur excitateur et un récepteur inhibiteur.
Certains transmetteurs provoquent une augmentation de fréquence de décharge des neurones, alors que
d’autres modifient la sensibilité du neurone à d’autres transmetteurs, ce sont les modulateurs.
La technique utilisée pour étudier les récepteurs est la méthode de liaison par radio-ligand (ou binding
en anglais). Le ligand d’un récepteur peut être un agoniste ou un antagoniste de la molécule naturelle.
Ces méthodes de liaison se sont avérées extrêmement utiles pour établir la cartographie de la distribution
anatomique des divers récepteurs des neurotransmetteurs dans le cerveau.
Au cours des dix dernières années, les nouvelles méthodes de l’analyse moléculaire servant à étudier les
molécules protéiques ont apporté plusieurs informations sur les récepteurs. Elles ont permis de
distinguer les protéines des récepteurs des neurotransmetteurs en deux familles : celle représentée par
les récepteurs canaux (récepteurs ionotropiques), et celle représentée par les récepteurs couplés aux
protéines G (récepteurs métabotropiques).

2.3.1. Récepteurs couplés aux canaux ioniques :


Les récepteurs couplés aux canaux ioniques sont impliqués dans la transmission rapide de l’information
synaptique. La fixation du neuromédiateur sur le récepteur provoque l’ouverture de canaux ioniques
ligand dépendants :

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 l’activation des canaux Na+ et Ca2+ entraine une dépolarisation de la membrane post-synaptique
et la naissance d’un potentiel post-synaptique excitateur (PPSE), la synapse est cependant
excitatrice.
 l’activation des canaux Cl- ou K+, entraine une hyperpolarisation de la membrane post-
synaptique ce qui donne naissance à un potentiel post-synaptique inhibiteur (PPSI) : la synapse
est alors inhibitrice.
Les PPSE et PPSI sont des potentiels locaux, non propagés, de longue durée par rapport au potentiel
d’action. Ils n’ont pas de période réfractaire donc ils sont sommables. Dans certains cas, cette sommation
permet d’atteindre le seuil d’activation de l’élément post-synaptique.

(A)

(B)

Figure 8 : Mécanismes d’ouvertures d’un canal ligand dépendant.


(A) Conformation fermée,
(B) Conformation ouverte.

2.3.2. Récepteurs couplés aux protéines G :


La fixation du neurotransmetteur sur le récepteur provoque l’activation des protéines G qui vont ensuite
stimuler des protéines effectrices à la face interne de la membrane plasmique. Ces protéines effectrices
peuvent être des canaux ioniques enchâssés dans la membrane post-synaptique ou des enzymes assurant
la synthèse des seconds-messagers qui diffusent plus loin le message post-synaptique. Les récepteurs
couplés aux protéines G jouent un rôle important dans le contrôle métabolique de certaines fonctions :
ce sont des récepteurs métabotropiques.

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Figure 9 : Activation d’un canal ligand dépendant couplé au protéine G.

2.4. Inactivation des neurotransmetteurs :


Après avoir agit sur les récepteurs, les neurotransmetteurs doivent être éliminés de l’espace synaptique
par trois mécanismes complémentaires :
 la diffusion hors de la synapse,
 la recapture par l’élément présynaptique,
 la destruction du neurotransmetteur par une enzyme qui lui est spécifique.

B. Intégration synaptique :
Elle consiste à la réception de plusieurs messages au niveau d’une synapse suivie de l’élaboration d’une
réponse simple. La plupart des neurones du système nerveux central ont la capacité de recevoir
simultanément des milliers d’informations synaptiques. Ces informations sont intégrées et le neurone
post-synaptique élabore un signal simple, le potentiel d’action.
L’intégration synaptique est basée sur les processus de sommation des potentiels post synaptiques
excitateurs (PPSE) et des potentiels post synaptiques inhibiteurs (PPSI) et de l’inhibition synaptique.

1. Sommation des potentiels post-synaptiques (PPS) :


Dans les conditions physiologiques, pour déclencher un potentiel d’action sur un neurone post-
synaptique, il faut avoir la sommation de plusieurs potentiels post synaptique excitateur. L’amplitude
d’un potentiel post synaptique excitateur est de l’ordre de 0,5 millivolts alors qu’il faut une variation de
potentiel d’environ 25 millivolts pour atteindre le seuil d’excitation d’un neurone).
Deux types de sommation sont généralement considérés : la sommation spatiale et la sommation
temporelle.

1.1. Sommation spatiale des PPS :


C’est l’addition des PPS générés simultanément au niveau de différentes synapses situées sur un même
axone ou un même soma. Elle implique la convergence de plusieurs fibres vers un même neurone. Elle
peut engendrer l’occlusion d’une ou de plusieurs réponses neuronales.

1.2. Sommation temporelle des PPS :


Représente l’addition des PPS successifs au niveau de la même synapse lorsque les PPS se succèdent
rapidement (5 à 15 msec les uns des autres).

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C. Inhibition synaptique :
Quand deux synapses, l’une excitatrice, l’autre inhibitrice existent au niveau d’un même axone, leur
mise en jeu simultanée peut provoquer l’inhibition du neurone post-synaptique. La synapse inhibitrice
hyperpolarise la membrane et empêche la propagation du courant dépolarisant.

III. Neuropharmacologie des récepteurs :


Trois approches se sont montrées particulièrement intéressantes :
 l’analyse neuropharmacologique de la transmission synaptique,
 les méthodes de liaison de ligands marqués spécifiques et,
 plus récemment, l’analyse moléculaire des protéines constituant les récepteurs.

A. Analyse neuropharmacologique :
Cette approche a apporté des connaissances considérables sur les sous-types de récepteurs, et a permis
d’établir des classifications de ces récepteurs.
Il est possible d’agir sur les mécanismes de la transmission de l’influx en utilisant des agents
pharmacologiques et des toxines spécifiques qui peut faciliter ou inhiber la transmission synaptique. Les
récepteurs peuvent être inhiber par des antagonistes des neuromédiateurs ou par des antagonistes des
récepteurs, en se fixant sur les récepteurs et en bloquant leur fonctionnement normal.
On peut aussi inhiber la libération des neurotransmetteurs. Il est possible d’activer les récepteurs post-
synaptiques par des agonistes des neurotransmetteurs ou bloquer la destruction des neurotransmetteurs.
En plus de ces différentes méthodes d’études des molécules transmettrices, des récepteurs et des
interactions ligand-récepteurs, il est démontré qu’il existe plusieurs sous types de récepteurs répondant
différemment à différentes drogues. La nicotine, dérivée du tabac, est l’agoniste d’un sous type de
récepteur d’acétylcholine. La muscarine, tirée d’un champignon vénéneux est un agoniste d’un autre
sous-type de récepteurs cholinergiques. Ainsi les effets de ces deux molécules ont permis de distinguer
deux sous-types de récepteurs de l’acétylcholine. Ces agonistes ont donné leur nom à ces sous-types de
récepteurs : les récepteurs nicotiniques dans le muscle strié squelettique, et les récepteurs muscariniques
dans le muscle strié cardiaque. Il existe aussi des antagonistes sélectifs qui agissent au niveau de ces
deux sous-types de récepteurs cholinergiques. Le curare bloque les effets de l’acétylcholine au niveau
des récepteurs nicotinique en provoquant la paralysie et l’atropine, tirée de la belladone, est un
antagoniste de l’acétylcholine au niveau des récepteurs muscariniques.

Tableau II : Pharmacologie de la transmission cholinergique.


Agonistes de Antagonistes Inhibition Inhibiteurs de Blocage des
l’Acétylcholine de Libération l’Acétylcholine canaux
L’Acétylcholine Acétylcholine estérase ioniques
Nicotine et Carbachol au Curare,
niveau des muscles Cobratoxine au Substances Inhibiteurs des
striés squelettiques niveau M.S.S. Toxine organophosphorées canaux ioniques
(M.S.S) botulinique
Muscarine au niveau du Atropine au
système nerveux niveau du
végétatif, muscle système
cardiaque nerveux
végétatif et cœur

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Divers agents pharmacologiques ont aussi été utilisés pour distinguer les sous-types de récepteurs
associés au glutamate (tableau III). Trois sous-types de ces récepteurs peuvent être cités : les récepteurs
AMPA, les récepteurs NMDA, et les récepteurs kainate, d’après le nom des agonistes chimiques
utilisés :
 AMPA pour α – amino – 3 – hydroxy – 5 – méthyl – 4 - isoxazole propionate, et
 NMDA pour N – méthyl – D - aspartate.
Les trois sous-types de récepteurs sont activés par le glutamate, mais l’AMPA agit seulement au niveau
des récepteurs AMPA et NMDA seulement au niveau des récepteurs NMDA, etc.
Des analyses pharmacologiques similaires ont permis de distinguer deux sous type de récepteurs
adrénergiques : le récepteur alpha (α) adrénergique et le récepteur β adrénergique, et deux sous-types de
récepteurs GABA : le récepteur GABAA et le récepteur GABAB. Le même schéma s’applique à tous
les autres neurotransmetteurs, et certaines molécules se sont montrées très utiles pour établir des sous-
classes de récepteurs. De plus, l’analyse pharmacologique constitue un outil inestimable pour
reconnaître la contribution des systèmes de neurotransmetteurs aux fonctions du cerveau.

Tableau III : Neuropharmacologie de quelques sous-types de récepteurs

Neurotransmetteur Sous-type de récepteur Agoniste Antagoniste


Acétylcholine (ACh) Récepteur Nicotinique Nicotine Curare
Récepteur Muscarinique Muscarine Atropine
Noradrénaline Récepteur α Phényléphrine Phénoxybenzamine
Récepteur β Isoprotérénol Propranolol
Glutamate AMPA AMPA CNQX
NMDA NMDA AP5
GABA GABAA Muscimol Bicuculline
GABAB Baclofen Phaclofen

B. Méthodes de liaison par utilisation de ligands :


L’identification des systèmes neuronaux commence par la caractérisation des neurotransmetteurs
correspondants. Cependant, en découvrant que de nombreuses molécules interagissent sélectivement
avec les récepteurs, les chercheurs ont réalisé qu’ils pouvaient en premier lieu utiliser ces composés
pour caractériser aussi les récepteurs, avant même que le neurotransmetteur soit identifié. Dans ces
procédés, les termes suivants ont été utilisés :
1. Ligand : désigne les molécules qui interagissent avec la protéine réceptrice de manière
spécifique, non-covalente et réversible, jouant un rôle de transmission du signal.
2. Récepteur : est une protéine membranaire qui en réponse à la fixation d'un ligand change de
conformation et active une cascade de réactions intracellulaires. Les récepteurs sont
généralement de deux types : ionotropique et métabotropique.
3. Sélectivité : pour qu’une molécule ait une utilité thérapeutique, il faut que son action soit ciblée
et limitée à un mécanisme biologique précis : on parle d’effet spécifique. Souvent une molécule
n’a pas de spécificité absolue pour un mécanisme biologique. Son activité peut s’étendre à
différents récepteurs mais avec des affinités plus élevées pour un récepteur donné que pour les
autres. On parlera de molécule sélective pour tel ou tel récepteur.
4. Affinité : est la plus grande force intermoléculaire entre le ligand et le récepteur. Une liaison de
haute affinité suppose qu’une concentration relativement basse d’un ligand suffit pour activer un
site de liaison et déclenche la réponse physiologique.

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5. Réversibilité : le ligand se fixe sur son récepteur, puis après un certain temps, l’interaction cesse
et le ligand se défixe du récepteur.
6. Agoniste : un ligand qui se fixe sur son récepteur, en modifie sa fonction et déclenche une
réponse s’appelle l’agoniste de ce récepteur. On distingue :
6.1. Agoniste partiel : un agoniste partiel pour un récepteur a un effet maximal inférieur à celui
d’un agoniste entier. Il a une double potentialité d’agoniste et d’antagoniste. Lorsque le
médiateur endogène est absent ou présent en quantité très faible au niveau du récepteur,
l’agoniste partiel va se lier au récepteur et exercer son effet d’agoniste partiel. Lorsque le
médiateur endogène (a la qualité d’agoniste entier) est en concentration plus élevée ou bien
lorsqu’un agoniste entier est aussi présent, la substance considérée va être en compétition avec
le médiateur endogène ou l’agoniste entier. Si la substance considérée a une affinité suffisante
pour déplacer le médiateur endogène ou l’agoniste entier, l’agoniste partiel va agir en tant
qu’antagoniste.
6.2. Agoniste inverse ou antagoniste négatif : un agoniste inverse se lie au récepteur et s’oppose
aux effets de l’agoniste et en plus provoque une réponse cellulaire propre du récepteur. Ce
concept est récent, vérifié pour certains ligands des récepteurs de type GABA-A et pour certains
récepteurs couplés aux protéines G. L’agoniste inverse stabilise le récepteur dans une
conformation différente de sa conformation constitutive. L’agoniste inverse ou antagoniste
négatif s’oppose aux effets de l’agoniste et induit une réponse propre du récepteur alors que
l’antagoniste s’oppose aux effets de l’agoniste sans provoquer d’effet propre.
Exemple : les β-carbolines sont des agonistes inverses du site de liaison des benzodiazépines
(BZD) des récepteurs GABA-A : elles se lient au site de liaison des benzodiazépines et diminuent
l’ouverture du canal chlore induite par le GABA. Les β-carbolines sont anxiogènes,
convulsivantes, augmentent le tonus musculaire, elles n’ont pas d’intérêt thérapeutique.
7. Antagoniste : un ligand qui se lient à un récepteur mais échoue à activer une réponse est appelé
l’antagoniste de ce récepteur. Il existe deux types d’antagonistes :
 les antagonistes compétitifs sont des molécules qui se lient sur le même site que le médiateur
endogène et
 les antagonistes non compétitifs, sont des molécules qui se lient à un autre site du récepteur.
7.1. Antagoniste compétitif : lorsque l’antagoniste partage le même site de récepteur que
l’agoniste, ils entrent en compétition pour le même site d’action. Cependant en présence de
l’antagoniste, il est nécessaire d’augmenter la dose de l’agoniste pour obtenir la même réponse
qu’en son absence. L’effet maximal est toujours obtenu mais avec une concentration d’agoniste
plus élevée.
7.2. Antagonistes non compétitifs : l’antagoniste se lie au niveau du récepteur sur un site distinct
du site de liaison de l’agoniste (site allostérique) et entraîne des modifications
conformationnelles du récepteur avec diminution de l’affinité du récepteur pour son agoniste ;
fixation de l’antagoniste sur le récepteur est pratiquement irréversible. Dans ce cas on observe
une diminution de l’efficacité de l’agoniste : l’antagonisme est insurmontable.

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