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L’étude physiologique et la caractérisation des canaux ioniques repose en grande partie sur
leurs propriétés. Il existe de nombreux agents pharmacologiques, soit naturels soit de
synthèse, qui vont agir plus ou moins spécifiquement avec les canaux ioniques.
Ils constituent une famille avec peu de membres mais jouent un rôle physiologique majeur
et sont des cibles pharmacologiques importantes. Ces canaux sont constitués de 5 sous-unités,
on parle de structure pentamérique.
On voit ici une de ces sous-unités. Les récepteurs canaux sont qualifiés de ionotropes, une
majorité de ces récepteurs est impliquée dans la neuro-transmission, on en trouve au niveau
du réticulum endoplasmique.
Membrane à perméabilité cationique :
Le neuromédiateur se fixe sur les récepteurs et provoque l’ouverture des canaux, induisant
ainsi une dépolarisation post-synaptique. PPSE : potentiel post synaptique excitateur.
Si la dépolarisation est suffisante, il y a activation des canaux sodiques potentiels
dépendants et une génération de potentiel d’action sur la membrane post-synpatique.
Le neuromédiateur va ici se fixer sur les récepteurs particuliers et provoquer une entrée
d’ions chlorure, ce qui causer une hyperpolarisation de la membrane. PPSI : Potentiel post-
synaptique inhibiteur.
Caractéristique des récepteurs canaux : le temps écoulé entre la fixation de l’agoniste et la
réponse cellulaire est très bref (quelques ms).
Ils sont perméables aux cations monovalents (potassium, sodium) et divalents (calcium,
magnésium). On les appelle également médiateurs excitateurs des canaux car ils vont
entraîner la genèse d’une PPSE.
c) Pharmacologie
1- Inhibiteurs compétitifs
- curare
- toxines de venin de serpent : α-bungarotoxine
- phéncyclidine
- chlorpromazine
Les acides aminés excitateurs sont le glutamate et l’aspartate qui jouent un rôle de neuro-
médiateurs du système nerveux central, le glutamate est en effet le médiateur excitateur le
plus important du système nerveux central.
1) Récepteurs GABA
Le GABA est le principal inhibiteur du système nerveux central, il est présent dans 30%
des synapses du cerveau. Il active les récepteurs canaux GABAA et GABAC ainsi que les
récepteurs couplés aux protéines G GABAB.
2) Récepteurs de la glycine
Ils sont localisés dans la moelle épinière et le tronc cérébral, ils participent au contrôle de la
motricité. Ils sont composés de sous-unités α et β en pentamères. On trouve comme
agonistes :
- glycine, médiateur endogène inhibiteur
- taurine
- β-alamine
- strychnine (provoque convulsion)
CANAUX IONIQUES
I) Canaux sodiques
Le rôle principal est de générer des potentiels d’actions. INa+ est responsable du potentiel de
dépolarisation.
a) Structure
Ils sont composés d’une grosse sous unité α et de deux sous unités auxiliaires β1 et β2.
α est composé de quatre domaines homologues, chacun étant formé de 6 segments
transmembranaires dont le quatrième (S4) est enrichi en charges positives et joue le rôle de
détecteur de potentiel ou voltage sensor. La zone du canal associé à la zone de liaison des
domaines 3 et 4 correspond à la boule N-terminale qui bouche le canal et obstrue le pore en
fonction du potentiel, ce qui cause une inactivation du canal.
b) Pharmacologie
Elle bloque la majorité des canaux avec un KD de 10-9 M dans les neurones et de 10-6 M
dans le cœur. La TDX est fixée entre les segments 5 et 6 du domaine 1 (couche extra
cellulaire). Plus la concentration en TDX augmente, plus la cinétique de blocage est rapide.
2- Effets de la saxitoxine
On la trouve dans les dinoflagellés marins comme le Gonyaulax catenella. Elle induit un
blocage du canal et une réduction de l’excitabilité.
3- Effets de la batrachotoxine
Elle est extraite d’une grenouille colombienne. Son action modifie l’ensemble des
propriétés du canal : elle supprime l’inactivation, augmente la probabilité d’ouverture du
canal au repos et diminue la sélectivité. Il y a ainsi une dépolarisation et une diminution de
l’excitabilité.
Elles sont issues de la pyréthrine extraite de chrysanthème ou obtenues par synthèse (DDT
dichloro-phényl-chloréthane). Elles ralentissent l’inactivation et augmentent la probabilité
d’ouverture du canal au repos. Elles induisent ainsi une dépolarisation et une diminution de
l’excitabilité, ce qui provoque la mort de cellules nerveuses.
Ils ont un rôle dans le couplage excitation-contraction au niveau des cellules contractiles.
L’activation de ces canaux va permettre la contraction. On les trouve dans les membranes des
cellules musculaires squelettiques et surtout des cellules cardiaques et vasculaires.
a) Structure
Ils sont bloqués par les métaux de transition comme le Ni2+, le Co2+, le Cd2+ et le Zn2+, ou
par le lanthane de 10 à 100 mM.
Mais on trouve principalement trois grandes classes de molécules utilisées en clinique dont
le site de fixation est au niveau du quatrième domaine de la sous-unité α : les
dihydropyridines et les benzothiazepines pour lesquelles ce site est extracellulaire et les
phénylalkylamines dont le site est intracellulaire. Leur efficacité peut varier en fonction de
l’état d’activation du canal, par exemple les dihydropyridines se fixent préférentiellement sur
les canaux inactivés.
On distingue également une autre classe, la classe use dépendance qui augmente
l’interaction entre la molécule et son site de fixation quand la fréquence de dépolarisation des
cellules augmente. Ce phénomène n’est observable que pour les phénylalkylamines et les
benzothiazepines.
Ils s’activent à des potentiels plus négatifs que ceux de type L. Ces canaux sont impliqués
dans la genèse d’action électrique répétitive. On les trouve dans certaines cellules cardiaques,
dans certains muscles lisses, au niveau des surrénales, ou dans certains types de neurones. Ils
sont bloqués par le mibéfradil et par la kurtoxine.
a) Type N
Ils sont localisés au niveau des terminaisons nerveuses et sont activés pour des valeurs
élevées de potentiel, ils jouent un rôle important dans la libération de neuro-transmetteurs. Ils
sont bloqués par l’omégaconotoxine extraite d’un coquillage et par le cadmium.
b) Type P et Q
Ils sont localisés dans les cellules de Purkinje (cervelet) et interviennent dans la libération
de neuro-transmetteurs. Ils sont insensibles à l’omégaconotoxine mais bloqués par le venin
oméga-ava de l’Agelonopus aperta (araignée).
c) Type R
Ils jouent un rôle dans les transmissions synaptiques et sont activés pour des potentiels
modérés, leur cinétique d’activation est rapide. Ils sont bloqués par le venin de Phoneutroa
nigriventer (oméga-PrTi 3-3)
III) Canaux potassiques
Ils jouent des rôles multiples dans la vie cellulaire et constituent la famille de canaux la
plus vaste et la plus hétérogène. Ils sont apparus très tôt au cours de l’évolution et sont
sensibles à un grand nombre d’agents pharmacologiques, parmi lesquels le Césium et le TEA.
Il s’agit de la première classe à être caractérisée sur le plan moléculaire. Les canaux Kv
potentiel dépendants sont constitués de 4 sous unités comprenant chacune 6 segments
transmembranaires et une seule pore entre les segments S5 et S6, le S4 étant le voltage sensor.
La sous-unité Kvβ cytoplasmique va s’ancrer au niveau N-terminal et le canal va s’activer
progressivement pendant la dépolarisation du potentiel d’action et va générer un courant
sortant repolarisant le potentiel d’action. Certains canaux de cette famille présentent une
inactivation spontanée de cinétique variable, on parle de canaux transitoires sortants. Cette
inactivation va se faire au niveau N-terminal : la structure chargée positivement va se fixer au
niveau cytoplasmique sur la partie reliant S4 et S5 et donc provoquer une inactivation de type
N. Lorsque les mouvements de charges dans la région du pore provoquent l’inactivation, on
parle d’inactivation C.
Ils sont présents seulement dans le système nerveux et sont à l’origine d’un courant M
impliqué dans l’excitabilité neuronale. Ses bloqueurs sont la linordipine et la XE991 qui
augmentent la libération de l’acétylcholine dans le cerveau et améliorent ainsi les
performances d’apprentissage et de mémorisation.
Leur conductance va de 250 à 300 pS, ce sont des canaux voltage dépendants. La
probabilité d’ouverture augmente avec la dépolarisation et avec l’augmentation du calcium
cytosomique. Ces canaux sont très présents dans les vaisseaux pour réguler le tonus vasculaire
et dans le système nerveux central au niveau pré-synaptique.
Ces canaux sont bloqués par la charybdotoxine et l’ibérotoxine extraites du venin de
scorpion. On trouve des activateurs sélectifs pour ces canaux comme le β-estradiol, utilisés
pour normaliser l’activité des cellules hyper-activées (épilepsie, asthme, hypertension).
Leur conductance va de 20 à 60 pS, ils sont pas ou peu sensibles au potentiel, sont inhibés
par la TRAM 34, l’halopéridol et la chlotrinazole et sont ouverts par l’1-éhyl-2-
benzimidozaline.
Ils sont constitués de quatre sous-unités α et de quatre sous-unités SUR. Leur conductance
évolue de 25 à 80 pS. Leur ouverture est indépendante du potentiel membranaire et du temps
mais dépend de l’état énergétique de la cellule. Ces canaux sont fermés pour des
concentrations en ATP élevées et activés pour quand la concentration en ATP diminue.
Ils participent à la relaxation des muscles lisses, à l’excitabilité des cellules musculaires
squelettiques et interviennent dans des processus pathologiques comme l’hypoxie ou
l’ischémie.
Leur pharmacologie est très importante. Parmi les inhibiteurs on trouve les sulphonylurées
hypoglycémiantes (glibenclamides, tolbutamine), et parmi les ouvreurs la classe des dérivés
du benzopyrane (cromakalin et leucromakalin) et celle des carbothiamides (aprikalim).