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Support de cours

Pharmacologie Clinique et Spéciale 1


(Pharmacologie anti-infectieuse)

Par : Donatien GATSING, PhD,


Professeur
(Biochimie, Pharmacologie et Toxicologie).
Département de Biochimie, Faculté des Sciences,
Université de Dschang. B.P. 154 Dschang, CAMEROUN.
E-mail: gatsingd@yahoo.com

Objectifs du cours:
- Familiariser les étudiants avec une base pharmacologique rationnelle des médicaments utilisés
dans le traitement des maladies infectieuses ;
- Développer en l'étudiant des compétences lui permettant de mettre en place le déroulement d'un
traitement rationnel, appliqué aux maladies infectieuses.
- A la fin de cet enseignement, l’étudiant doit être capable de faire des choix judicieux de
médicaments pour le traitement des maladies infectieuses.

Sommaire :
Chapitre 1 : Médicaments antibactériens
Chapitre 2 : Médicaments antiviraux
Chapitre 3 : Médicaments antiparasitaires
Chapitre 4 : Médicaments antifongiques

Chapitre 1 : Médicaments antibactériens

I. Généralités sur les antibactériens

A. Définition des antibiotiques


- « Substances chimiques, produites par des micro-organismes et capables, à faible concentration,
d’inhiber la croissance d’autres micro-organismes ou même de les détruire » (Waksman, 1942)
- En bactériologie médicale: « un antibiotique est une substance chimique organique d’origine
naturelle ou synthétique inhibant ou tuant les bactéries pathogènes à faible concentration et
possédant une toxicité sélective »
- Antibiotique bactéricide et antibiotique bactériostatique.
- Différence d'avec les antiseptiques : Les antiseptiques ne sont pas des antibiotiques.
• Leur fonction est de tuer un maximum de germes (bactéries, champignons, virus),
• leur mode d'action n'est pas spécifique,
• ils ne s'utilisent que localement en application externe.
1
B. Notions générales sur l’activité des antibactériens
1) Mise en évidence de l'activité antibiotique
Deux techniques sont actuellement utilisées pour reconnaître l'activité antibiotique (in vitro) d'une
substance chimique :
- La technique de dilution en milieu liquide (ou en milieu solide) permet de rechercher la
concentration minimale inhibitrice (CMI) et la concentration minimale bactéricide (CMB).

DILUTION en milieu liquide :- une


gamme de concentrations d'antibiotique
à tester (par exemple 0,5 mg/l, 1, 2, 4, 8,
16) sur un germe. Après incubation à 37
°C pendant 18 heures, détermination de
la CMI (2 mg/l).

- La technique de diffusion sur gélose consiste à déposer des disques de papier imprégnés
d'antibiotiques sur une gélose ensemencée avec la bactérie à étudier.

La comparaison du diamètre aux


diamètres critiques publiés par le
CASFIVI (Comité de l‘Antibiogramme de la
Société Française de Microbiologie)
permet de répondre qualitativement si la
souche étudiée est sensible,
intermédiaire ou résistante.

- Technique E-test
* L'E-test est une technique de diffusion en milieu gélosé permettant de mesurer la concentration
minimale inhibitrice (CMI) d'un antibiotique, introduit dans les années 1990.
* Principe: Il s'agit d'une fine bandelette de plastique inerte et non poreux imprégnée sur sa face
inférieure par un gradient exponentiel et prédéfini
d'antibiotique séché et immobilisé. Dès que la bandelette
est appliquée à la surface de la gélose, il se produit un
transfert immédiat de l'antibiotique sur la gélose,
le gradient continu et exponentiel d'antibiotique est
alors crée directement le long de la bandelette.
Après incubation à 37 °C pendant 18 à 24 h on observe
une zone d'inhibition en forme d'ellipse répartie
symétriquement de chaque côté de la bandelette,
le point d'intersection entre la bandelette et l'extrémité
inférieure de la zone d'inhibition indique la CMI
de la souche. CMI = 0,75 mg/l
2
- Pouvoir antibactérien du sérum (Test in vivo) : Ce test, appelé test de Heilman, correspond à
l'étude du pouvoir bactériostatique et bactéricide du sérum, prélevé au moment du pic sérique du
ou des antibiotiques administrés.
• il consiste à diluer le sérum en progression géométrique de raison 2 et à déterminer la
plus grande dilution bactériostatique et la plus grande dilution bactéricide ne laissant pas
plus de 0,01% de survivants.
• Le moment du prélèvement par rapport au moment de l'administration du ou des
antibiotiques est capital: 15 minutes après si la voie est intraveineuse, 1 heure si la voie est
intramusculaire, 2 heures si la voie est orale.
• Une dilution d'au moins 1/8 en bactéricidie est considérée comme satisfaisante : mais les
résultats seront confrontés aux résultats cliniques.

2) Les paramètres d'activité d'un antibactérien


• Le spectre d'activité d'un antibiotique est la liste des espèces bactériennes sur lesquelles
un antibiotique agit. Le spectre est propre à chaque antibiotique, et peut varier dans le
temps suite à l'apparition de résistances bactériennes.
• La Concentration Minimale Inhibitrice (CMI)
• La CMI50 ; La CMI90
• La Concentration Minimale Bactéricide (CMB)
• La CMI et la CMB sont caractéristiques d'un antibiotique pour une souche donnée.
Quand le rapport CMB / CMI = 1, l'antibiotique est dit "bactéricide absolu"
Quand le rapport CMB / CMI ≤ 4, l'antibiotique est dit "bactéricide"
Quand le rapport CMB / CMI > 4, l'antibiotique est dit "bactériostatique"

• Le temps d'antibiotique utile est la durée pendant laquelle la concentration sérique d'un
antibiotique donné est supérieure à sa CMI pour un germe donné.
• Le Tmax est le temps qu'il faut attendre pour atteindre la Cmax.
• La Cmax est la concentration plasmatique maximale atteinte après l'administration de
l'antibiotique.
• La Demi-vie plasmatique d'un médicament (T1/2) est le temps nécessaire pour que la
concentration plasmatique maximale diminue de moitié. La connaissance de la T1/2
permet de prévoir la fréquence d'administration du médicament (nombre de prises
journalières) pour obtenir la concentration plasmatique souhaitée.

3) Choix de l'antibactérien à utiliser


- La plupart du temps, beaucoup d'infections sont traitées efficacement de façon probabiliste
(l'antibiothérapie avant la connaissance des résultats de l'antibiogramme).
3
- L'antibiothérapie probabiliste se base sur:
• le site infectieux et les principales espèces bactériennes pouvant être responsables ;
• les antécédents infectieux du patient et l'écologie du service si le patient est hospitalisé
• le spectre des antibiotiques (qui liste pour chaque antibiotique les espèces bactériennes
habituellement sensibles, modérément sensibles et résistantes).

- En médecine générale, on prescrit souvent des antibiotiques à spectre large sans recourir à
l'antibiogramme afin d'éviter les délais (2 à 4 jours) et les coûts de cette analyse.
- L'antibiogramme: Le choix de l'antibiotique peut être orienté par l'antibiogramme. Il s’agit d’un
outil validé par un biologiste médical qui permet au médecin de choisir le bon antibiotique, ou
l'association d'antibiotiques permettant de traiter efficacement un patient.

- Interprétation des résultats de l'antibiogramme


* Notions de concentration critique inférieure (c) et de concentration critique supérieure (C).
c : dose minimale d'antibiotique qu'un malade peut recevoir sans dangers et qui fait effet sur la
souche bactérienne. (Taux sanguin moyen obtenu aux posologies habituelles).
C : dose maximale d'antibiotique qu'un malade peut recevoir sans dangers et qui fait effet sur la
souche bactérienne. (Taux sanguin maximal obtenu aux posologies habituelles).

- Les abaques de lecture (Chaque antibactérien dispose d'un abaque qui présente le rapport entre
le diamètre d'inhibition et la concentration de l'antibiotique. L'abaque permet aussi de comparer
la CMI aux concentrations critiques et de conclure sur l'efficacité potentielle de l'antibiotique).

• bactérie sensible: CMI<CCI (Cet antibiotique peut être utilisé in vivo)


• bactérie de sensibilité intermédiaire : CCI<CMI<CCS (Considérer que la bactérie sera
résistante in vivo; ne pas utiliser cet antibiotique)
• bactérie résistante : CMI>CCS (la dose nécessaire pour tuer les bactéries est bien trop
élevée pour être supportée chez l'homme sans effets secondaires importants ; ne pas
utiliser cet antibiotique).

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C. Association d’antibactériens
L'utilisation d'une association d'antibactériens est justifiée dans quatre cas :
- élargir le spectre d'activité dans les cas d'infections à germes multiples ;
- traiter en urgence une infection grave non diagnostiquée;
- prévenir la sélection de mutants résistants lors des traitements de longue durée.
• Certains antibiotiques (ex.: l’acide fusidique, la fosfomycine) ont une fréquence de
mutation élevée et ne seront pas utilisés en monothérapie.
• Dans des infections profondes où les concentrations d’antibiotiques peuvent être
insuffisantes ou dans des infections où l’inoculum bactérien au site de l’infection est
important, il est recommandé d’utiliser des associations d’antibiotique pour limiter
l’émergence de mutants résistants à un seul traitement (ex. : traitement antituberculeux).
- obtention d'un effet synergique.

Il faut être prudent car parfois l’association d’antibiotiques est antagoniste.

- L’association de deux antibiotiques peut produire quatre effets principaux:


* Indifférence : l'activité d'un antibiotique n'a aucune influence sur l'activité de l'autre.
* Addition : l'effet de l'association est égal à la somme des effets produits par chacun des
antibiotiques pris isolément.
* Synergie : l'effet de l'association est supérieur à la somme des effets produits par chacun des
antibiotiques pris isolément.
* Antagonisme : l'effet de l'association est inférieur à la somme des effets produits par chacun des
antibiotiques pris isolément.

D. Résistance bactérienne aux antibiotiques


1) Types de résistances
On distingue :
-la résistance naturelle ou intrinsèque qui est déterminée par le génome de la bactérie (ADN).
C’est une caractéristique propre à une espèce bactérienne donnée, liée au «fond génétique » de
l'espèce. Elle est chromosomique.
-la résistance acquise conditionnée par différents mécanismes modifiant les structures
biochimiques qui pourront rendre la bactérie résistante à tel ou tel antibiotique alors qu’elle y
était naturellement sensible.
• Elle est propre à certaines souches.
• La résistance acquise peut être chromosomique ou extra-chromosomique (ayant pour
support les plasmides)

2) Mécanismes biochimiques de résistance


Trois catégories:
- défaut de pénétration de l'antibiotique dans la bactérie [Nature de l’antibiotique ou masse
moléculaire élevée; résistance des anaerobies aux aminosides; la perte d'une ou plusieurs
porines],
- inactivation ou excrétion de l'antibiotique par des systèmes enzymatiques bactériens
[Résistance aux béta-lactamines par l’action des béta-lactamases; résistance acquise par efflux
actif],
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- défaut d'affinité entre cible bactérienne et antibiotique [Les mycoplasmes, qui sont des
bactéries dépourvues de peptidoglycane, sont donc naturellement résistants aux béta-lactamines;
Résistance acquise aux quinolones par modification structurale de l'ADN gyrase, ou modification
de la topoisomérase IV (les cibles des quinolones)].

C. Mécanismes d’action des antibactériens


Enveloppe des Gram(-)
Les bactéries Gram négatif ont une structure qui s'organise en trois grandes parties : (de
l'extérieur vers l'intérieur)
- La membrane externe
- L'espace périplasmique et peptidoglycane
- La membrane cytoplasmique

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Enveloppe des Gram(+)
Les bactéries Gram positif ont une structure qui s'organise en trois grandes parties : (de l'extérieur
vers l'intérieur)
- La couche de peptidoglycane
- La zone pariétale interne
- La membrane cytoplasmique

Les cibles de l'action des antibactériens sont présentées sur la figure ci-dessous:

Figure : Cibles de l'action des antibactériens.


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II - Médicaments affectant la paroi bactérienne
L’inhibition de la synthèse de la paroi peut se faire à trois niveaux :
(i) Inhibition de la synthèse de précurseurs de la paroi : la fosfomycine ; la D-cyclosérine ;
(ii) Inhibition du transfert des précurseurs de la paroi sur un lipide porteur, permettant leur
transport à travers la membrane plasmique : la bacitracine ;
(iii) Inhibition de l'insertion des unités glycaniques, précurseurs de la paroi, et de la
transpeptidation : les bêta-lactamines, les glycopeptides.

A. Les bêta-lactamines
1) Membres de la classe
- Les bêta-lactamines sont une classe très large d'antibiotique qui comprend les pénicillines, les
céphalosporines, les monobactames, les pénèmes (carbapénèmes) et les inhibiteurs des
β-lactamases, en bref, tout antibiotique qui contient un noyau β-lactame dans sa structure
moléculaire.
- Leur structure repose sur un cycle bêta-lactame qui est la partie efficace de la molécule, et il
existe plusieurs familles de composés, en fonction de la nature du cycle adjacent.

2) Mode d'action
- Les b-lactamines sont des inhibiteurs de la synthèse de la paroi bactérienne, et ont
généralement un effet bactéricide.
- Les cibles des bêta-lactamines sont des protéines présentes sur la face externe de la membrane
cytoplasmiques et dénommées PLP pour Protéines Liant la Pénicilline (ou PBP pour Penicillin
Binding Protein). Ces PLP sont en fait des enzymes, transpeptidases, transglycosylases et
carboxypeptidases, impliquées dans la synthèse du peptidoglycane. Les lactames se fixent très
facilement sur ces PLP parce qu'elles possèdent une analogie structurale avec un constituant du
peptidoglycane en formation qui est un substrat naturel de ces enzymes. Il s'agit du dipeptide D-alanyl-D-
alanine : D-ala-D-ala. Les lactames vont donc se fixer sur ces protéines enzymatiques, vont subir une
ouverture de cycle et bloquer le fonctionnement de ces enzymes. Elles agissent donc en substrat
« suicide ». Ce mécanisme va permettre de bloquer la synthèse du peptidoglycane.
- Dans un second temps, le peptidoglycane est alors dégradé sous l'action d'autolyses, ce qui
finalement entraine la lyse bactérienne et donc un effet bactéricide. Le nombre et la nature des PLP
varient selon les espèces bactériennes considérées. Et l'affinité des différentes PLP n'est pas la
même pour toute les molécules de lactame. L'effet d'un b-lactame sera donc fonction de la bactérie
considérée et de son affinité pour les PLP.
- Ce mode d’action explique que les bêta-lactamines ne sont actives que sur les bactéries en
croissance qui synthétisent du peptidoglycane.
- Pour atteindre les PLP, les bêta-lactamines doivent traverser la paroi. La diffusion de ces
molécules au travers de la paroi des bactéries à Gram positif est aisée, par contre, chez les
bactéries à Gram négatif, la membrane externe empêche la diffusion de nombreuses molécules.
- Les bêta-lactamines actives sur les bactéries à Gram négatif (pénicillines à large spectre et
céphalosporines) empruntent la voie des porines et leur passage est fonction de leur taille et de
leur charge, mais aussi d’autres facteurs, tel que la nature du lipopolysaccharide (LPS).

* Inhibiteurs des bêta-lactamases


- Aucune activité antimicrobienne.

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- Leur seul objet est d'empêcher l'inactivation des bêta-lactamines par les bêta-lactamases, et
donc, ils sont administrés simultanément à des antibiotiques bêta-lactamines.
acide clavulanique
tazobactam
Sulbactam
- Exemple d’antibiotique: Augmentin® = Amoxicilline + Acide clavulanique

3) Indications thérapeutiques
Pénicilline G :
- traitement de référence des angines aiguës à streptocoques (10 jours)
prévention des rhumatismes articulaires aiguës (RAA) (complication à
long terme des angines)
prophylaxie des infections à pneumocoques chez les splénectomisés

Pénicilline M (oxacilline, méticilline):


- En ville : infection aux staphylocoques (Staphylococcus aureus Méti-S)
A l’hôpital : souche résistante de staphylocoque dite Méti-R
Septicémie [Infection générale grave causée par la dissémination dans le sang de germes
pathogènes à partir d’un foyer primitif (abcès, anthrax, etc.)]
Infection osseuse et ostéo-articulaire.
- Monothérapie dans les infections cutanées.
- Association avec fosfomycine ou aminosides dans les formes graves.

Pénicilline A (ampicilline, amoxycilline) :


- idem que les pénicillines G mais, il y a une meilleure biodisponibilité et une meilleure activité sur
les pneumocoques.
Infection des voies respiratoires
Méningites à germes sensibles
Infection urinaire
etc.

Céphalosporines :
- infection respiratoire de gravitée modérée
- infection ORL (Oto-Rhino-Laryngologie)
- pyélonéphrites [infections bactériennes des voies urinaires hautes, touchant donc le bassinet
(pyélite) et le parenchyme rénal (néphrite)], infection pulmonaire en alternative, infection
abdominale et pelvienne
- aplasie médullaire [arrêt de production par la moelle osseuse des différentes lignées sanguines ;
cette dépression de la moelle osseuse résulte en anémie, neutropénie (infections) et
thrombopénie (saignements)]
etc.
4) Effets indésirables
Ce sont les antibiotiques les mieux tolérés de l'organisme mais on distingue principalement deux
tissus touchés par des effets toxiques :
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Effets indésirables touchant la moelle osseuse et le sang :
Via la pénicilline ou la céphalosporine, on peut retrouver :
- une anémie et une thrombopénie périphérique (une diminution des plaquettes déjà formées, par
destruction, séquestration, perte ou consommation) d'origine immuno-allergique;
- un trouble de l'hémostase (responsable de saignements) par diminution de l'agrégation
plaquettaire ou par diminution de la synthèse de prothrombine par déficit en vitamine K (lié à une
perturbation du microbiote intestinal).
Effets indésirables touchant la peau :
Les béta-lactamines peuvent provoquer une éruption maculo-papuleuse ou urticarienne (au
septième jour) associée éventuellement à des adénopathies (augmentation du volume des
ganglions du système lymphatique) et de la fièvre.
Ces complications d'origine allergique sont surtout observées avec les pénicillines (Ampicilline,
Amoxicilline) et croisées (dans 5% des cas) avec les céphalosporines.
Allergie / hypersensibilité
Réaction d'hypersensibilité qui peut aller d'un simple prurit (démangeaison au niveau de la peau
ou des muqueuses) jusqu'au choc anaphylactique.

B. Fosfomycine
- La fosfomycine est un antibiotique bactéricide produit par différentes espèces de Streptomyces
mais aussi par Pseudomonas syringae.
1) Mode d'action
- La fosfomycine agit par inhibition de la synthèse de la paroi bactérienne. En effet, la fosfomycine
bloque la formation d'acide N-acétylmuraminique, l'un des constituant essentiels du
peptidoglycane de la paroi bactérienne.
2) Indications
La fosfomycine est utilisée contre les infections nosocomiales, ostéo-articulaires, urinaires,
septicémie, endocardites, méningites.
- Synergie d’action avec aminosides et bêta-lactames.
3) Mécanisme de résistance
- Le mode d'action de la fosfomycine nécessite sa pénétration intracytoplasmique qui se fait par
un transport actif. L'absence ou l'inactivation (par mutation chromosomique) de ce système de
transport actif provoque une résistance à la fosfomycine.
4) Effets Indésirables
Peu toxique mais,
- Apport sodé en voie parentérale (Fosfomycine de sodium pour injection): oedèmes, troubles de
la vigilance, aggravé si insuffisance rénale ou cardiaque. Risque d’hypernatrémie.
- Hyperkaliurèse → risque d’hypokaliémie.
- Risque de troubles gastro-intestinaux
- Contre-indication : grossesse.

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C. Bacitracine
La bacitracine est un antibiotique polypeptidique, bactéricide, et est active principalement contre
les micro-organismes Gram+.

1) Mode d'action
- La bacitracine inhibe la synthèse de la paroi cellulaire bactérienne par inhibition du transfert des
précurseurs de la paroi sur un lipide porteur, permettant leur transport à travers la membrane
plasmique.

2) Indications - Spectre d'activité


- La bacitracine est active contre les micro-organismes Gram+.
- La bacitracine a été utilisée par voie orale pour traiter la colite à Clostridium difficile (bacille à
Gram positif anaérobie sporulé), mais elle est moins efficace et moins agréable au goût que la
vancomycine orale ou le métronidazole.
* Etant donné sa faible absorption, cet antibiotique est réservé à des cas extrêmes (lorsque les
bactéries sont résistantes à tous les autres antibiotiques).
- L’administration intramusculaire de bacitracine est indiquée chez le nourrisson dans le traitement de la
pneumonie ou de l’empyème causés par des souches de staphylocoques sensibles à cet agent.
- Sous forme de solution, la bacitracine peut être appliquée à l’aide de compresses ou instillée, 1 ou 2 fois
par jour, pour traiter les plaies infectées, les ulcères, la pyodermite ou d’autres infections cutanées
superficielles, de même que pour traiter les infections superficielles de l’œil causées par des
bactériessensibles à cet agent. Sous forme de solution, la bacitracine peut être instillée dans la cavité
nasale ou administrée par inhalation, en aérosol, pour traiter les infections des voies respiratoires
supérieures ou inférieures attribuables à des bactéries sensibles à cet agent. En présence d’infections
graves ou étendues, il faudra recourir, en plus du traitement topique par la bacitracine, à un traitement
antibiotique approprié.

3) Effets indésirables
- Néphrotoxicité : La bacitracine administrée par voie parentérale (intramusculaire) peut
provoquer une insuffisance rénale secondaire à une nécrose tubulaire ou glomérulaire. Son emploi
doit se limiter aux nourrissons atteints de pneumonie ou d’empyème staphylococciques causés
par des souches sensibles à la bacitracine. Cet agent ne doit être employé que lorsqu’il y a moyen
de recourir aux services immédiats d’un laboratoire et lorsque le patient peut être placé sous
surveillance constante. Il importe d’évaluer soigneusement la fonction rénale avant le traitement
par la bacitracine, puis quotidiennement au cours de celui-ci. Il faut éviter d’excéder la dose
quotidienne recommandée et voir à ce que les quantités de liquide bu et d’urine produite soient
maintenues afin d’éviter une toxicité rénale. Si une telle toxicité apparaît, le traitement doit être
interrompu. Il faut éviter l’administration concomitante d’autres médicaments néphrotoxiques, en
particulier la streptomycine, la kanamycine, la polymyxine B, la polymyxine E (colistine), la
néomycine et la viomycine. Sensibilité/résistance Émergence de bactéries résistantes Prescrire
Bacitracine, USP à un patient en l’absence d’infection bactérienne confirmée ou fortement
soupçonnée est peu susceptible de lui être profitable et accroît le risque d’apparition de souches
résistantes.

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- Effets indésirables possible de la bacitracine (collyre) utilisée dans le traitement local
antibactérien de l'oeil:
• Prurit des paupières.
• Gonflement des paupières.
• Erythème conjonctival.
• Réaction d'hypersensibilité cutanéoconjonctivale.
• Hypertension oculaire.
• Opacification du cristallin.
• Kératite superficielle.
• Retarde la cicatrisation d'ulcère scléral.

4) Contre-Indications
La bacitracine est contre-indiquée chez les personnes ayant des antécédents d’hypersensibilité ou
de réactions toxiques au médicament.

D. Vancomycine
La vancomycine est un antibiotique de la famille des glycopeptides.

1) Mode d’action
- elle est une inhibitrice de la synthèse du peptidoglycane de la paroi bactérienne.
- La vancomycine est bactéricide.
2) Spectre d’action
- La vancomycine exerce donc son action uniquement sur les Gram (+) (du fait de son poids élevé,
elle ne peut emprunter les porines de la membrane externe des Gram (-)).
- staphylocoques (Ex: Staphylococcus aureus), streptocoques, entérocoques.
- anaérobies stricts à Gram positifs : Ex: Clostridium (C. perfringens et C. difficile). La vancomycine
par voie orale est active dans le cas des colites pseudomembraneuses (inflammation très sévère
du côlon) à C. difficile.

3) Effets secondaires
- Les réactions anaphylactoïdes (ou pseudo-anaphylactique), induites par une histamino-
libération.
- Nausées et vomissements sont des effets indésirables possibles.
- La toxicité veineuse locale (endoveinite) est consécutive à l'administration par voie périphérique.
Elle incite à préférer une voie centrale (Ex. la veine cave).
- Risques d'ototoxicité et de néphrotoxicité.
- Les réactions d’hypersensibilité : éruption cutanée généralisée, fièvre.

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III - Médicaments affectant le métabolisme de l’ADN bactérien

A. Quinolones et fluoroquinolones
- Les quinolones et fluoroquinolones forment une large classe d'antibactériens de synthèse qui
comprend les dérivés de l'acide nalidixique découvert en 1962.
- L'apparition sur le marché dans les années 1980 de la norfloxacine, ofloxacine, ciprofloxacine,
péfloxacine et loméfloxacine a permis aux fluoroquinolones de devenir des antibiotiques de
référence pour de nombreuses infections, comme les pyélonéphrites aiguës ou les prostatites.
1) Mode d'action
Les quinolones ciblent l'ADN gyrase et la topoisomérase II et IV, empêchant la réplication de l'ADN
bactérien. Ceci aboutit à la mort cellulaire programmée (apoptose).
- Des 4 générations de quinolones, seules la ciprofloxacine et la lévofloxacine sont autorisées
sans restriction d’usage.

2) Indications
Quelques indications de la ciprofloxacine et de la lévofloxacine pour les patients adultes.
Ciprofloxacine
- Urétrite gonococcique chez l'homme.
- Infections urinaires basses et hautes compliquées ou non.
- Infections intestinales.
- Infections ostéo-articulaires.
- Sinusites chroniques.
- Certains cas d’otites malignes ou chroniques.
- Certaines infections sévères à bacilles Gram négatif ou à staphylocoques sensibles.
- Maladie du charbon (curatif ou prophylactique post-exposition).
Lévofloxacine
- Sinusites aiguës.
- Exacerbations aiguës des bronchites chroniques.
- Pneumonies communautaires.
- Prostatites.
- Pyélonéphrites aiguës.
- Infections biliaires.
- Infections intestinales.
- Maladie du charbon (curatif ou prophylactique post-exposition).
3) Spectre d'activité
La lévofloxacine possède un spectre élargi en Gram positif et en anaérobies, tandis que la
ciprofloxacine est bien établie en Gram négatif.

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4) Contre-indications
Les fluoroquinolones sont contre-indiquées dans les cas suivants:
- Enfant ou adolescent en croissance (risque d'atteinte des cartilages).
- Femme enceinte ou allaitante (risques de malformation).
- Athlète en période d’entrainement ou de compétition (risque accru de tendinite et de rupture
de tendon).
- Insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale grave.
- Epilepsie : risque de déclenchement des convulsions ou d’abaissement du seuil épileptogène.
- Déficit en G6PD : risque de réaction hémolytique.

B. Métronidazole
Le métronidazole est un antibiotique et antiparasitaire appartenant aux nitro-imidazolés.

1) Mode d’action et indications


- Le métronidazole est un antibiotique bactéricide. Il pénètre dans les parois cellulaires bactériennes,
destructure l'ADN et inhibe la synthèse de l'ADN dans certains microorganismes.
Il est utilisé pour le traitement des infections liées à des bactéries anaérobies ainsi qu'à des
protozoaires.
- Les nitro-imidazolés ont un mode d’action particulier, qu’ils sont les seuls à posséder. La molécule nitro-
imidazolée, pénètre par simple diffusion dans la bactérie, subit une réduction intracellulaire, se trouve
ainsi activée et fabrique des produits cytotoxiques qui entraînent la mort de la bactérie ou du protozoaire.
Seuls les germes anaérobies, quelques rares espèces microaérophiles (hélicobacter pilori, campilobacter et
gardnerella) et certains protozoaires possèdent cette capacité de réduction des nitro-imidazolés
(transformation de la molécule par perte de son groupement nitro).
2) Indications - Spectre d'activité
- Il est efficace contre: Clostridium difficile, Helicobacter pylori, Giardia lamblia, Entamoeba
histolytica, Trichomonas vaginalis.
- Le métronidazole est utilisé dans le traitement de colites pseudo-membraneuses (inflammation
très sévère du côlon, due à une infection à Clostridium difficile).
3) Caractéristiques pharmacocinétiques
Le métronidazole est presque entièrement résorbé par voie digestive. Sa demi-vie plasmatique est
d’environ 8 heures et il est excrété en grande partie dans les urines, à la fois inchangé et sous forme de
métabolites.

4) Effets secondaires
- L'usage à longue durée et à forte dose du métronidazole peut entraîner des neuropathies
périphériques (troubles sensitifs).
- Grossesse : Le métronidazole pourrait produire des effets tératogènes et mutagènes.
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Le métronidazole ne doit pas être utilisé pour traiter la trichomonase en début de grossesse. Pour obtenir
une amélioration des symptômes, on le remplacera par le clotrimazole, en ovules à 100 mg, pendant 7
jours consécutifs. L’allaitement doit être interrompu pendant le traitement et 24 heures au-delà car le
métronidazole est excrété dans le lait.
5) Interactions
Le métronidazole potentialise l'action des anti-vitamines K et donc augmente le risque
hémorragique.
La consommation d’alcool peut déclencher des douleurs abdominales, des vomissements, des bouffées
vasomotrices et des céphalées.

IV - Médicaments affectant la synthèse protéique bactérienne


Différentes classes d'antibiotiques agissent en interférant avec la synthèse protéique bactérienne.
Les ribosomes procaryotes présentent un coefficient de sédimentation de 70S (50S pour la sous-
unité lourde et 30S pour la sous-unité légère).
- Inhibiteurs de la sous-unité 50S : macrolides, lincosamides, streptogramines, phénicolés,
oxazolidinones.
- Inhibiteurs de la sous-unité 30S : tétracyclines, aminoglycosides.
- Substances qui empêchent la fixation des amino-acyl-ARNt, en se fixant au facteur EF-G
d'élongation de la traduction: l'acide fusidique.
- Inhibiteurs compétitifs de l'enzyme isoleucyl tRNA synthétase: La mupirocine.

A. Les macrolides
1) Membres de la classe
- Les premiers antibiotiques macrolides ont été extraits d'une bactérie Streptomyces erythreus en
1950 aux Phillipines, ce qui a donné naissance à l'érythromycine toujours utilisée aujourd'hui.

-Membres de ce groupe :
Il existe plusieurs types de macrolides. On les classe en divers générations:
1ère génération: érythromycine A, spiramycine;
2e génération: josamycine, medicamycine ;
3e génération: érythromycine, azithromycine, clarithromycine,
roxithromycine
On emploie également l'ansamycine, l'oléandomycine, la carbomycine et la tylocine.
En raison de la présence d'une et parfois de deux amines, les macrolides sont des molécules
basiques.

2) Mode d'action
- Les macrolides (antibiotiques bactériostatiques) altèrent la synthèse des protéines bactériennes
en se fixant à la sous-unité 50 S des ribosomes bactériens.
3) Indications cliniques
- Infections oto-rhino-laryngologiques et stomatologiques
- Les angines
- Les infections pulmonaires
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- Les infections cutanées
- Infections génitales
- Macrolides et sida
La clarithromycine est l'antibiotique le plus actif sur le Mycobacterium avium, le principal agent
responsable des diarrhées chroniques dans l'infection à VIH. Malheureusement, l'apparition des
résistances nécessite une association à l'éthambutol ou la rifabutine.
- Macrolides et ulcères duodénaux
Les macrolides sont aussi efficaces dans le traitement des ulcères duodénaux (provoqués par
Helicobacter pylori).

4) Effets indésirables
Les macrolides sont responsables de quelques effets indésirables rares. Ils peuvent en effet
provoquer des allergies, des nausées, des vomissements, des diarrhées, des douleurs
abdominales. Parfois, l'érythromycine et la troléandomycine sont aussi toxiques pour le foie, font
augmenter le taux des transaminases et, exceptionnellement, sont la cause d'une hépatite
cholestatique (qui arrête toute sécrétion biliaire). Les formes injectables comportent également
un risque de toxicité cardiaque se traduisant par un bloc auriculoventriculaire, des extrasystoles,
une torsade de pointes (brève tachycardie ventriculaire).
Il est déconseillé de les associer à de nombreux autres médicaments tels que la carbamazépine, la
ciclosporine, les pilules contraceptives (ils peuvent alors favoriser l'apparition d'un ictère), le
disopyramide, la théophylline et ses dérivés, le triazolam (cette association serait à l'origine de
somnolence) et la warfarine.

B. Les aminosides ou aminoglycosides


1) Membres de la classe
* Les premiers aminosides découverts l'ont été en tant que molécules naturelles, produites par
des souches de Streptomyces (streptomycine, néomycine, kanamycine, tobramycine) ou
d'Actinomyces (gentamicine, sisomicine).

* On notera que :
- les antibiotiques dérivés de la bactérie Streptomyces voient leur nom s'écrire avec un "y" : -
mycine.
- les antibiotiques provenant d'Actinomyces s'écrivent avec un "i" : -micine.

* Ces composés naturels ont servi de base pour l'élaboration de produits semi-synthétiques
(amikacine, isépamicine, nétilmicine), développés afin d'obtenir des molécules insensibles à
l'inactivation par les bactéries devenues résistantes aux aminoglycosides naturels. Ces composés
se sont aussi avérés moins toxiques que les composés de base.

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2) Mode d'action
- Les aminoglycosides sont des antibiotiques qui inhibent la synthèse protéique, suite à leur
fixation sur la sous-unité 30S du ribosome bactérien.
- Antibiotiques à large spectre (à l’exception des bactéries anaérobies, des streptocoques et des
entérocoques) et généralement bactéricides.
- Le franchissement de la membrane externe se fait par les porines et le franchissement de la
membrane cytoplasmique est un phénomène actif nécessitant un système transporteur
d’électrons et de l’oxygène comme accepteur final.
- L’effet bactéricide des aminosides semble, en grande partie, être lié aux modifications
structurales de la membrane cytoplasmique.

3) Spectre d'activité
- Les aminoglycosides sont surtout actifs sur les Gram (-), y compris les entérobactéries et
Pseudomonas aeruginosa.
- Les aminoglycosides présentent aussi une activité vis-à-vis des Gram (+), principalement
Staphylococcus.
- De plus, depuis quelques années on assiste à un regain assez généralisé de la sensibilité des
souches de MRSA (Methicillin-resistant Staphylococcus aureus) aux aminoglycosides.
- La coadministration d’une ß-lactame assure une activité synergique sur Streptococcus, en
améliorant la pénétration de l’aminoglycoside à travers la paroi bactérienne.
- Enfin, les aminoglycosides présentent une activité in vitro vis-à-vis des mycobactéries (la
streptomycine a été un des premiers antibiotiques antituberculeux).

4) Indications thérapeutiques
- Les aminosides sont des antibiotiques à large spectre, fortement et rapidement
bactéricides qui relèvent quasi exclusivement d’un usage hospitalier.
- Les aminoglycosides sont utilisés principalement dans le traitement des infections sévères à
bacilles Gram (-) et à staphylocoques, notamment lors des septicémies, endocardites, y compris
chez les patients immunodéprimés.
Ils sont aussi utilisés :
- En monothérapie : dans les pyélonéphrites du sujet jeune quand les bêta-lactamines sont
contre-indiquées (traitement limité à 8 jours, avec relais par une fluoroquinolone) et dans la
gonococcie (spectinomycine) ;
- En association avec une bêta-lactamine ou une fluoroquinolone dans les infections sévères
à germes sensibles, notamment rénales, urinaires, génitales, respiratoires, ostéo-articulaires,
cutanées, endocardiques, septicémiques. La sévérité des infections traitées par les
aminoglycosides et le fait que la posologie des aminoglycosides est limitée par leur toxicité impose
l’association avec un autre antibiotique.
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5) Effets indésirables et Contre-indications
- Les aminoglycosides sont toxiques chez les cellules eucaryotes. Le principal mécanisme de cette
toxicité est le blocage des ribosomes mitochondriaux qui sont également sensibles à l'action de
ces composés. La faible perméabilité mitochondriale limite cet effet.
- Chez l'homme, il existe toutefois une toxicité avérée au niveau des oreilles (ototoxique) et des
reins (néphrotoxique) qui nécessite une surveillance lors de l'administration par voie générale.
L'ototoxicité peut être de deux ordres, soit réversible (atteinte de l'équilibre), soit irréversible
(surdité). Elle est dose-dépendante, mais chez certains sujets prédisposés, elle peut survenir dès la
première dose.
- Aggravation des troubles de la conduction neuromusculaire.
- En raison de leurs effets toxiques (néphrotoxicité et ototoxicité), les aminoglycosides doivent
être évités pendant la grossesse.

C. Les Phénicolés
1) Membres de la classe
- Deux molécules seulement sont utilisées en clinique : le chloramphénicol, réservé à l'usage
topique en raison de sa toxicité, et le thiamphénicol.

2) Mode d'action
- Les phénicolés sont des antibiotiques essentiellement bactériostatiques par inhibition de la
synthèse protéique bactérienne.
- Les phénicolés se fixent préférentiellement sur le site A au niveau de la sous-unité 50S des
ribosomes bactériens.

3) Indications thérapeutiques
Les phénicolés sont des médicaments de choix dans les infections suivantes :
- Fièvre typhoïde et autres salmonelloses graves
- Méningite
- Infection grave provoquée par Bacteroides fragilis
Rickettsiose non sensible à la tétracycline ou lorsque celle-ci ne peut pas être utilisée.
- Infections broncho-pulmonaires
- Infections hépato-biliaires.

4) Effets indésirables et Contre-indications


Le chloramphénicol et le thiamphénicol partagent les mêmes effets secondaires, auxquels
s’ajoutent ceux liés à la voie métabolique de chacun.
- Quelques symptômes neuropsychiques ont été observés : céphalées, confusion, délire,
neuropathie optique dose-dépendante.
- Le principal risque des phénicolés est hématologique avec altération de l’hématopoïèse
médullaire. Deux types d’accidents sont possibles, de gravité différente. Le phénomène le moins
rare est une hypoplasie médullaire (développement insuffisant; une anomalie de production de
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cellules par la moelle osseuse) par altération de la synthèse protéique intra-mitochondriale dans
les cellules souches. Bien plus rare, la survenue d’une aplasie médullaire (une hypoplasie globale
de la moelle associée à une leucopénie et à une thrombopénie) irréversible au cours d’un
traitement par chloramphénicol (et non du thiamphénicol) est imprévisible.
- Une anémie hémolytique est possible chez les patients déficients en G6PD.
- Les données pharmacocinétiques montrent un index thérapeutique étroit chez l’enfant âgé de
moins de trois mois, même à posologie réduite. Son administration est donc proscrite chez tout
nouveau-né ou nourrisson âgé de moins de trois mois, et chez toute femme en fin de grossesse ou
allaitant un nourrisson car elle provoque rapidement un syndrome gris chez l’enfant.

D. Les tétracyclines
1) Membres de la classe
- Les tétracyclines sont des antibiotiques isolés de souches de Streptomyces, et aujourd'hui
obtenus par hémisynthèse.
- Les tétracyclines doivent leur nom à leur structure tétracyclique commune, sur laquelle viennent
se greffer des substituants.

Les tétracyclines présentent un caractère amphipathique :


- le tétracycle est hydrophobe,
- certains substituants sont hydrophiles.

2) Mode d'action
Les tétracyclines sont des antibiotiques bactériostatiques qui inhibent la synthèse protéique en
empêchant la liaison de l'aminoacyl-ARNt à la sous unité 30 S du ribosome bactérien.

3) Indications - spectre d'activité


- Les tétracyclines sont des antibiotiques à très large spectre (bactéries GRAM+ et GRAM-),
actifs contre les aérobies et anaérobies, les mycoplasmes, les chlamydies, les rickettsies et
certains protozoaires.
- Néanmoins, leur usage est aujourd'hui limité par l'émergence de résistances. Résistances
développées chez de nombreuses bactéries aérobies et anaérobies.

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- Les tétracyclines (en particulier la doxycycline) ont également, une activité antipaludique à la fois
préventive et curative, de mécanisme mal connu.

4) Effets indésirables et Contre-indications


- Les tétracyclines sont des antibiotiques relativement peu toxiques. Elles peuvent provoquer des
vomissements et de la diarrhée lors d'administration orale ou des lésions tissulaires à l'endroit
d'injection, surtout avec les formes à action longue. De plus, ces formes «long acting» peuvent
contenir de la pyrrolidone, parfois à l'origine de réactions anaphylactiques.
- La capacité des tétracyclines à fixer le calcium est responsable de dépôts au niveau des os et des
dents en croissance, donnant à celles-ci une coloration jaune. Des troubles cardio-vasculaires et de
l’hypocalcémie ont été décrits.
- L’administration intraveineuse augmente les risques de toxicité. A fortes doses, elles induisent
également une dégénérescence rénale et hépatique.
- Des lésions du myocarde auraient été rapportées suite à l’usage de doxycycline chez le veau.
- Les tétracyclines sont contre-indiquées chez la femme enceinte ou allaitant et chez l'enfant de
moins de 8 ans (risque de coloration brune définitive des dents).

E. Lincosamides
1) Membres de la classe
Les lincosamides sont représentés à l'heure actuelle par la lincomycine et la clindamycine.

2) Mécanisme d'action
- Les lincosamides sont des inhibiteurs de la synthèse protéique qui se lient à la sous-unité 50S
des ribosomes bactériens.

3) Indications - spectre d’activité - résistances


- Ces deux substances (la lincomycine et la clindamycine) sont surtout actives contre les bactéries
GRAM+ aérobies et anaérobies et les mycoplasmes, mais de nombreuses bactéries GRAM- y sont
naturellement résistantes. Elles se lient mal aux ribosomes des GRAM-, à l'exception des Neisseria
et des Haemophilus. Des résistances acquises sont aussi signalées.
- La lincomycine peut être utilisée pour le traitement des infections à Gram (+) de l'os, de la peau
et des tissus mous.
- La clindamycine, plus active sur les anaérobies, est préférée pour traiter les abcès. Il faudra
cependant lui associer un antibiotique actif sur les GRAM- si l'on redoute la présence de ce type de
germe. La clindamycine peut aussi être utilisée comme alternative aux ß-lactames chez les
patients allergiques. Elle agit également contre les toxoplasmes.

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- Les lincosamides restent intéressantes à utiliser dans le traitement des infections situées dans
des territoires difficilement accessibles sur le plan cinétique (abcès, prostatite, arthrite,
ostéomyélite, pyodermites...) et provoquées par des bactéries GRAM+, notamment anaérobies.
L'absorption intestinale de la clindamycine est plus effective que celle de la lincomycine. Les
préparations orales de clindamycine présentent une biodisponibilité plus élevée que la
lincomycine.

4) Effets indésirables
Le principal effet toxique des lincosamides est la propension à induire une diarrhée sévère, parfois
mortelle, chez l'homme et les herbivores. D’autres effets toxiques incluent un blocage
neuromusculaire avec paralysie post-anesthésique, une dépression cardiaque après injection IV
trop rapide, des allergies et une dégénérescence hépatique modérée.

5) Interactions
En raison de leur site de fixation commun sur les ribosomes, les lincosamides antagonisent l'action
des phénicolés et des macrolides. L’absorption de la lincomycine est réduite par l’administration
de kaolin. L’administration simultanée avec des inhibiteurs neuromusculaires doit être envisagée
avec prudence.

F. Les synergistines (ou streptogramines)


1) Membres de la classe
Ces composés sont regroupés en deux grandes classes :
- le groupe A (ou M) : ce sont des lactones macrocycliques; exemples : pristinamycines II et
virginiamycines M.
- le groupe B (ou S) : ce sont des hexadepsipeptides cycliques; exemples : pristinamycines I et
virginiamycines S.
La modification chimiques de ces composés de base a permis l'élaboration de composés d'hémi-
synthèse solubles dans l'eau, tels la quinupristine du groupe A et la dalfopristine appartenant au
groupe B.
2) Mode d'action des synergistines
- Une synergistine du groupe A associée à une synergistine du groupe B agissent de manière
synergique, ce qui a donné le nom générique.
- Les synergistines (inhibiteurs de la synthèse protéique) agissent sur la sous-unité 50 S du
ribosome bactérien et interfèrent avec l’utilisation de l'ARN.
- Les synergistines sont des antibiotiques bactéricides.

3) Indications
- Les infections staphylococciques (sauf dans les méninges; car l’antibiotique ne diffuse pas dans
les méninges), les infections cutanées, les infections ostéo-articulaires et pleuro-pulmonaires
- Les infections génitales à chlamydiae

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- Les synergistines sont une alternative aux bêta-lactamines, en cas d’allergie aux pénicillines, dans
les infections broncho-pulmonaires et ORL (angines, sinusites, …).
4) Les effets indésirables
- Des troubles digestifs dose dépendants : diarrhées, nausées, vomissements.
- Des réactions allergiques, toutefois très rares, à type d’urticaire (une réaction inflammatoire de
la peau).

G. Acide fusidique
- L'acide fusidique est un antibiotique bactériostatique souvent utilisé dans les crèmes et collyres,
mais aussi en administration systémique sous forme de comprimés ou d'injections.
1) Mode d’action
L'acide fusidique interfère avec la synthèse protéique bactérienne. Cette substance empêche la
fixation des amino-acyl-ARNt, en se fixant au facteur EF-G d'élongation de la traduction.
2) Indications
- Elles sont limitées aux infections dues aux staphylocoques et streptocoques, notamment dans
leurs localisations cutanées, osseuses et articulaires.
3) Interactions
- L'acide fusidique avec ciclosporine : risque d'augmentation des concentrations sanguines de
ciclosporine et de la créatininémie.
- L'administration simultanée de l'acide fusidique par voie systémique et d'inhibiteurs de
protéases HIV comme le ritonavir ou le saquinavir entraîne une augmentation des concentrations
plasmatique des deux produits qui peut entraîner une hépatotoxicité.
- L'acide fusidique, en cas d'administration systémique en association avec des anticoagulants
oraux comme les dérivés de la coumarine, peut augmenter les concentrations plasmatiques de ces
produits, augmentant ainsi leur effet anticoagulant.
4) Effets Indésirables
- Possibilité d'intolérance digestive (douleurs épigastriques, vomissements, diarrhées).
- Possibilité de réactions allergiques avec éruption cutanée (exceptionnelle).
- Possibilité (rare) de survenue d'ictères chez les sujets prédisposés, lors des traitements de longue
durée, à forte posologie.
- Atteintes hématologiques : des cas d'anémie et de thrombopénie parfois sévères ont été
rapportés. D'exceptionnelles anémies sidéroblastiques (qui proviennent d'une insuffisance en
hème de l'hémoglobine) réversibles à l'arrêt de l'acide fusidique ont été observées.

V - Médicaments affectant le métabolisme bactérien

1) Les sulphonamides, sulfamides ou sulfamidés


Une famille chimique de médicaments à large spectre d'action. Il existe plusieurs catégories de
sulfamides, dont les indications diffèrent : les antibiotiques, antidiabétiques, diurétiques.

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- Les sulfamides (ou sulphonamides) (ex.: sulfaméthoxazole) sont des molécules
bactériostatiques totalement de synthèse. Aujourd'hui, ils sont souvent combinés aux 2,4-
diaminopyridines (ex.: triméthoprime), autres molécules bactériostatiques, afin d'augmenter leur
activité et réduire le risque d'émergence de souches résistantes (sulfaméthoxazole +
triméthoprime = cotrimoxazole = Bactrim®). Il est à noter que l'association sulfamide-
diaminopyridine est bactéricide.
- Les sulfamides peuvent être classifiés en fonction de leur demi-vie plasmatique :

* demie-vie courte (< 10 heures) : sulfisomide, sulfafurazol, sulfadimidine, sulfacarbamide


* demie-vie moyenne (10 - 20 heures) : sulfaméthoxazole, sulfaphénazol, sulfadiazine, sulfamoxole
* demie-vie longue (> 20 heures) : sulfadiméthoxine, sulfapérazine, sulfamérazine
* demie-vie ultralongue (> 100 heures) : sulfadoxine.
2) Les 2,4-diaminopyridines (ex.: triméthoprime): ce sont à l'origine, des composés
antiparasitaires, dont les dérivés où les substituants du cycle diaminopyridine ont été modifiés. De
par leur structure voisine de celle de l'acide dihydrofolique (dihydrofolate), ce sont des inhibiteurs
compétitifs de la dihydrofolate réductase. Le triméthoprime est une 2,4-diaminopyridine bien
connue.
- Classification des diaminopyridines en fonction de leur temps de demie-vie plasmatiques :

* demie-vie moyenne : triméthoprime


* demie-vie ultralongue : pyriméthamine.
3) Mode d'action :
Sulfamidés (sulfaméthoxazole) et diaminopyridines (triméthoprime) agissent au niveau d'étapes
successives de la synthèse de l'acide tétrahydrofolique (ou acide folinique) (ils inhibent la synthèse
de l'acide tétrahydrofolique). L'acide tétrahydrofolique est un cofacteur de la synthèse ultérieure
des bases puriques et pyrimidiques.
- La sélectivité d'action des sulfamidés provient du fait que les bactéries doivent synthétiser leur
acide folique par cette voie métabolique, alors que les eucaryotes assimilent directement l'acide
folique apporté par l'alimentation.
La synthèse de l'acide tétrahydrofolique s'opère de la façon suivante :

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- les sulfamides, en tant qu'analogues de l'acide para-aminobenzoïque par leur groupe
sulfanilamide, inhibent la synthèse d'acide dihydroptéroïque en inhibant de manière compétitive
la dihydroptéroate synthétase.
- les 2,4-diaminopyridines, en tant qu'analogues de l'acide dihydrofolique, inhibent
spécifiquement la dihydrofolate réductase bactérienne.

4) Spectre d'activité
Les sulfamides et les diaminopyridines sont actifs sur:
- coques Gram (+): la plupart
- coques Gram (-): la plupart
- bacilles Gram (+): actifs sur Listeria
- bacilles Gram (-): sensibilité variable
- parasites: actifs sur Toxoplasma gondii

5) Indications
* Le triméthoprime seul et le cotrimoxazole sont indiqués dans le traitement :
- d'infection urinaire (Rufol®, Bactrim®)
- d'infection méningée à nocardia (Adiazine®)
- d'infection génitale à Chlamydia, Haemophilus et gonocoques particulières (Bactrim®)
Le cotrimoxazole peut être également utilisé dans le traitement de certaines infections d'origine
entérique.
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* Enfin, les associations sulfamidés-diaminopyridines sont parfois employées comme
antiparasitaires dans le traitement:
- de pneumocystose à Pneumocystis (pneumonies à Pneumocystis carinii) (Carinii®, Bactrim®)
- de toxoplasmose sévère (Adiazine® + Malocide®)

6) Caractéristiques pharmacocinétiques
- Les sulfamides et diaminopyridines sont bien absorbés par voie orale.
- Ils sont éliminés par voie rénale, ce qui justifie leur utilisation dans le traitement des infections
urinaires. Une partie préalablement métabolisée dans le foie.
- Certains sulfamides ne franchissent pas la barrière intestinale.

7) Effets indésirables
Les effets indésirables des sulfamides sont :
Les troubles digestifs : déséquilibre de la flore intestinale
Hypersensibilité : érythème, réaction bulbeuse qui est une réaction peu fréquente mais, très
dangereuse (mortelle)
Trouble hématologique : chez des patients particuliers qui ont un déficit en enzyme glucose-6-
phosphate déshydrogénase (G6PDH) (enzyme du cycle des pentoses phosphates; déficit en
NADPH), on peut avoir des cas d'anémies hémolytiques aigues. (i.e. les sulfamides peuvent
peroxyder les lipides membranaires, en absence du glutathion réduit (GSH)).
Troubles rénaux et hépatiques.

8) Interactions et Contre-indications
- Il y a une interaction entre les sulfamides et le méthotrexate qui a pour conséquence une
augmentation de la toxicité hématologique.
- Les sulfamides sont déconseillés avec le phénitoïne (une molécule antiépileptique) (risque de
surdosage en sulfamide).
Les sulfamides sont contre indiqués :
chez les prématurés et les nouveaux nés ;
en cas d'hypersensibilité ;
en cas de déficit en glucose-6-phosphate-déshydrogénase (G6PDH) (anémie hémolytique en cas
de déficit en G6PDH) ;
en cas de grossesse et d'allaitement ;
en cas d'insuffisances rénale et hépatique sévères.

9) Intérêt actuel des sulfamides


L’intérêt thérapeutique des sulfamides a été relancé par l’adjonction d’une substance renforçant
leur activité :
- le sulfaméthoxazole a été associé au triméthoprime (Bactrim®) et a trouvé un regain d’intérêt
chez le patient atteint du sida dans le traitement des infections à Pneumocystis carinii et dans le
traitement de la toxoplasmose cérébrale.
- la sulfadoxine a été associée à la pyriméthamine dans le traitement du paludisme et de la
toxoplasmose (Fansidar®). (sulfadoxine + pyriméthamine = Fansidar®).
Actuellement, l’utilisation de ces produits est plus antiparasitaire qu’antibactérienne.
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VI - Médicaments affectant la membrane cytoplasmique
bactérienne
Les polymyxines :
- Les polymyxines A, B, C, D, E, F, K, M, P, S et T sont des antibiotiques polypeptidiques cycliques
qui ont été isolées de Bacillus polymyxa, à partir de 1947.
- De nos jours, seules la polymyxine B et la polymyxine E (ou colistine) sont utilisées en
thérapeutique.

1) Mode d'action
- La polymyxine B et la colistine altèrent la membrane plasmique bactérienne en s'y incorporant
et en y formant des pores à l'origine d'échanges anormaux. Elles agissent comme des détergents
cationiques : grâce à leur caractère amphipathique, elles pénètrent dans la cellule bactérienne et
s'insèrent parmi les phospholipides de la membrane, perturbant ainsi la perméabilité
membranaire.

2) Indications - Spectre d'activité


- La colistine (polymyxine E) et la polymyxine B sont actifs envers de nombreuses bactériens
Gram (-) (Bordetella, Enterobacter, Escherichia coli, Klebsiella, Pasteurella, Pseudomonas
aeruginosa, Salmonella, Shigella, Vibrio). Elles ne sont pas actives contre les micro-organismes
Gram+ et Proteus sp.
- La polymyxine B est présente dans plusieurs préparations à utilisation cutanéo-muqueuse.
- La colistine est utilisée dans le traitement de certaines diarrhées aiguës, notamment chez le
nourrisson. Elle est aussi utilisée dans le traitement des infections pulmonaires chroniques dues à
Pseudomonas aeruginosa.

* Etant donné leur faible absorption, les possibles complications d'ordre neurologique et leur
néphrotoxicité, ces antibiotiques (polymyxine B et colistine) sont réservés à des cas extrêmes
(lorsque les bactéries sont résistantes à tous les autres antibiotiques) et à l'usage topique.

3) Effets indésirables
- Les polymyxines sont néphrotoxiques.
- Des paresthésies (sensations de fourmillement et de picotements) péribuccales et des membres,
un prurit généralisé, des vertiges, des troubles de l’élocution, une faiblesse musculaire, et des
difficultés respiratoires dues à un blocage neuromusculaire ont été rapportées avec la colistine par
voie parentérale, en particulier chez le patient présentant une insuffisance rénale.
- Il faut éviter la coadministration d’autres médicaments qui bloquent la transmission
neuromusculaire ou sont néphrotoxiques (p. ex. aminosides ou médicaments de type curare
(médicaments anesthésiques administrés dans le cadre d’anesthésies générales)).

26
VII - Médicaments utilisés contre la tuberculose
1) La tuberculose est une infection bactérienne qui a la particularité d'être chronique et
nécrosante.
- Elle est transmissible et non immunisante, provoquée par un germe du genre Mycobacterium.
- Il en existe différentes espèces :
• Mycobacterium tuberculosis (ou Bacille de Koch; BK) (Principal agent de la tuberculose)
• Mycobacterium africanosis
• Mycobacterium avium complexe (MAC)

2) Schémas thérapeutiques préconisés


Tableau : Schémas thérapeutiques recommandés pour la tuberculosea

Traitements de 6 mois
Médicament Phase 1:2 mois Phase 2:4 mois
Isoniazide 5 mg/kg par jour 5 mg/kg par jour
Rifampicine 10 mg/kg par jour 10 mg/kg par jour
Pyrazinamide 30 mg/kg par jour
Complétés, en cas de résistance à l'un de ces médicaments, par
Streptomycine 15 mg/kg par jour
ou
Ethambutol 25 mg/kg par jourb
OU
Isoniazide 15 mg/kg 3 fois par semaine 15 mg/kg 3 fois par semaine
Rifampicine 10 mg/kg 3 fois par semaine 10 mg/kg 3 fois par semaine
Pyrazinamide 50 mg/kg 3 fois par semaine 50 mg/kg 3 fois par semaine
Accompagnés de
Streptomycine 15 mg/kg 3 fois par semaine 15 mg/kg 3 fois par semaine
ou
Ethambutol 40 mg/kg 3 fois par semainec 40 mg/kg 3 fois par semainec
Traitements de 8 mois
Médicament Phase 1:2 mois Phase 2:6 mois
Isoniazide 5 mg/kg par jour 5 mg/kg par jour
Rifampicine 10 mg/kg par jour
Pyrazinamide 30 mg/kg par jour
Thioacétazone 2,5 mg/kg par jour
Accompagnés de
Streptomycine 15 mg/kg par jour
ou
Ethambutol 25 mg/kg par jourb
a
Sauf indication contraire, les doses mentionnées conviennent aux adultes comme aux enfants
b
15 mg/kg chez l'enfant
c
Ne convient pas chez l'enfant

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Traitements de 12 moisa
Médicament Phase 1:2 mois Phase 2:10 mois
Isoniazide 5 mg/kg par jour 5 mg/kg par jour
Streptomycine 15 mg/kg par jour
Accompagnés de
Thioacétazone 2,5 mg/kg par jour 2,5 mg/kg par jour
ou
Ethambutol 25 mg/kg par jourb 15 mg/kg par jour
OU
Isoniazide 5 mg/kg par jour 15 mg/kg 2 fois par semaine
Streptomycine 15 mg/kg par jour 15 mg/kg 2 fois par semaine
Thioacétazone 2,5 mg/kg par jour
a
Sauf indication contraire les doses mentionnées conviennent aux adultes comme aux enfants
b
15 mg/kg chez l'enfant.

A. Isoniazide
1) Propriétés
• L’isoniazide (INH), hydrazide de l’acide isonicotinique, est un médicament antituberculeux
majeur bactéricide, actif sur le complexe tuberculosis (M. tuberculosis, M. bovis, M. africanum). Il
est bactéricide sur bacilles intra- et extra-cellulaires.
• Spectre étroit : complexe tuberculeux + M. kansasii.
• Résorption digestive, bonne diffusion tissulaire (LCR, os), catabolisme hépatique et élimination
urinaire.
• Demi-vie de 1 à 6 heures.
• Taux sériques efficaces : 1 à 2 µg/ml à la 3ème heure. Aux doses thérapeutiques habituelles, le
taux plasmatique obtenu (après administration per os) est 40 à 60 fois supérieur à la concentration
minimale inhibitrice (CMI).
2) Mécanisme d'action
- Les dernières études montrent que l'isoniazide est in vitro et in vivo une source de monoxyde
d'azote, dont la présence en excès contribue alors directement à son action antimycobactérienne.
- Inhibe la synthèse de l'acide mycolique (constituant de la paroi mycobactérienne).
- L'isoniazide est une prodrogue qui, pour être efficace, nécessite d'être activé par la catalase
peroxydase (enzyme) de M. tuberculosis (mtCP).
3) Effets secondaires
Troubles neurologiques et psychiques en cas de doses trop élevées ou de carence nutritionnelle.
Hépatites.

B. Rifampicine
1) Indications et Propriétés
- Antituberculeux majeur, bactéricide à diffusion intra- et extracellulaire, c'est aussi un
antibiotique actif sur la lèpre, la brucellose et prévenant les méningites à méningocoque.

28
- En association avec d’autres antituberculeux pour le traitement des infections à M. kansasii, M.
malmoense, M. xenopi et, chez les hôtes immunocompétents, pour celui des infections dues au
complexe M. avium-intracellulare.
- Antibiotique semi-synthétique dérivé de la rifamycine, liposoluble.
2) Pharmacodynamie
- inhibe la synthèse des acides nucléiques chez un large éventail de germes pathogènes;
inhibition de l’ARN polymérase.
- bactéricide sur bacilles intra- et extra-cellulaires et sur bacilles persistants
- lipophile = pénétration intracellulaire
- spectre large : CG+, BG-
3) Pharmacocinétique
- biodisponibilité orale : Administrée par voie orale, elle est rapidement absorbée et diffusée
dans les tissus et les liquides organiques; en cas d'inflammation méningée elle pénètre en quantité
importante dans le liquide céphalorachidien.
- sa demi-vie d'élimination est de 2 à 3 heures.
- métabolisme hépatique
- excrétion biliaire
- bonne diffusion (poumons, os, LCR)
- La rifampicine est en grande partie recyclée dans la circulation entéro-hépatique.
4) Interactions médicamenteuses
- La rifampicine est un inducteur des enzymes hépatiques métabolisant les médicaments suivants:
les corticoïdes, les contraceptifs stéroidiens, les hypoglycémiants et les anticoagulants oraux, la
phénytoïne, la cimétidine, la quinidine, la ciclosporine et les glucosides digitaliques.
5) Effets indésirables
Une intolérance digestive grave oblige parfois à interrompre le traitement. Les autres effets
indésirables (rash cutané, fièvre, syndrome grippal et thrombopénie) se produisent surtout
lorsque l'administration est intermittente.
On a également rapporté des cas d'oligurie, de dyspnée et d'anémie hémolytique passagères. Ces
réactions disparaissent lorsque l'on passe à une administration quotidienne.

C. Pyrazinamide
1) Indications et Propriétés
• Antituberculeux majeur bactéricide, surtout sur les bacilles (BK ou M. tuberculosis)
intracellulaires.
• Bonne diffusion tissulaire, en particulier dans les ganglions, et LCR.
• Résorption digestive.
• Métabolisme hépatique.
• Elimination urinaire.
• Demi-vie : 10 heures.
2) Mécanisme d’action: Perturbation du transport membranaire et de l’énergétique de M.
tuberculosis par l'acide pyrazinoïque.
3) Effets indésirables
- Les réactions d'hypersensibilité (une légère rougeur de la peau) sont rares.
- L'hépatotoxicité sévère est rare.
29
- Une certaine hyperuricémie due à l'inhibition de la sécrétion tubulaire rénale.
- Parfois des cas de goutte nécessitant un traitement par l'allopurinol.
- Des arthralgies, notamment de l'épaule, sont fréquentes.
• La prescription d'un traitement avec administration intermittente de pyrazinamide peut réduire
l'hyperuricémie et l'arthralgie.

D. Ethambutol
1) Indications et Propriétés
• Antituberculeux bactériostatique sur bacilles extracellulaires.
Actif sur complexe M. tuberculosis et M. avium.
• C'est un constituant facultatif dans la quadrithérapie antituberculeuse.
• Excellente diffusion tissulaire et intracellulaire avec stockage érythrocytaire.
• Résorption digestive rapide, élimination rapide par les urines (80%) et
les fèces.
• Pas de passage dans le lait maternel.
• Bonne diffusion tissulaire (os, LCR).
• Elimination rénale => adapter posologies en cas d’insuffisance rénale
• Demi-vie : 4 heures.
2) Mode d’action
- Inhibe la synthèse de l’arabinogalactane et du lipoarabinomannane = composants de la paroi
bactérienne.
- Favorise la pénétration des autres antituberculeux.
3) Contre-indications de l’éthambutol
• Névrite optique préexistante, quelle qu'en soit l'étiologie.
• Inaptitude à signaler d'éventuels troubles visuels (par exemple, enfants trop jeunes).
• Clairance de la créatinine inférieure à 50 ml/minute.

4) Effets indésirables
- Une névrite optique liée à la dose peut facilement entraîner une baisse de l'acuité visuelle et une
dyschromatopsie. Risque de cécité si le traitement n'est pas interrompu immédiatement.
- Des signes de névrite périphérique apparaissent parfois dans les jambes.

E. Streptomycine
1) Indications et Propriétés
• Antibiotique de la famille des aminosides.
• C'est un constituant facultatif, en remplacement de l'éthambutol, dans la quadrithérapie
antituberculeuse.
• Usage restreint en raison de son inactivité sur les germes intracellulaires.
• Résorption digestive faible imposant l'injection musculaire.
• Bonne diffusion humorale, pulmonaire, rénale, et biliaire, mais mauvaise dans les autres tissus
et le LCR.
• Elimination urinaire.
• Demi-vie : 2 à 3 h.
30
• Passage transplacentaire et passage modéré dans le lait maternel.
2) Mode d’action
Les aminoglycosides sont des antibiotiques qui inhibent la synthèse protéique, suite à leur fixation
sur la sous-unité 30S du ribosome bactérien.
Bactéricide sur bacilles extracellulaires uniquement.
3) Contre-indications
La streptomycine ne doit pas être utilisée pendant la grossesse. Elle franchit la barrière placentaire
et risque d'entraîner des lésions du nerf auditif et une néphrotoxicité chez le fœtus.
4) Effets indésirables
- Les injections sont douloureuses et des abcès stériles peuvent se former aux points d'injection.
- En cas de céphalées, de vomissements, de vertiges et d'acouphènes, diminuer les doses.
- En cas de chute de la diurèse, d'albuminurie ou de présence de cylindres dans les urines, la
posologie sera immédiatement diminuée de moitié.
5) Interactions médicamenteuses
- Ne pas administrer d'autres médicaments ototoxiques ou néphrotoxiques en même temps que
la streptomycine, e.g. les aminosides, les céphalosporines, la vancomycine, …
- La streptomycine peut potentialiser l'effet des inhibiteurs neuromusculaires administrés lors
d'une anesthésie.

F. Thioacétazone
1) Indications
- Thioacétazone a une activité bactériostatique contre Mycobacterium tuberculosis et l'agent
pathogène de la lèpre.
- Toutefois, en raison de la toxicité relativement élevé son utilisation est limitée: généralement
prescrit en association avec d'autres médicaments antituberculeux.
2) Mode d’action
Thioacetazone inhibe la synthèse des acides mycoliques (des cires présentes dans la paroi des
bactéries de la famille des Mycobacteriaceae).
3) Effets indésirables
- Sa mauvaise tolérance cutanée et hématologique a déjà été rapportée.
- La thioacétazone provoque fréquemment des nausées, des vomissements et de la diarrhée.
- De rares cas de dermatite exfoliatrice mortelle et d'insuffisance hépatique aiguë ont été
signalés.
- Des cas d'agranulocytose, de thrombopénie et d'anémie aplasique rapportés.

31
Chapitre 2 : Médicaments antiviraux

A. Antirétroviraux
Un antirétroviral (ARV) est une classe de médicaments utilisés pour le traitement des infections
liées aux rétrovirus.

1) Les antirétroviraux actuellement utilisés


La liste comprend également les molécules en cours d'essais cliniques, notées en italique. La DCI
(nom commun) de la molécule est inscrite en premier, suivie du nom commercial entre
parenthèses, sauf pour les formes combinées.

a) Inhibiteurs de la transcriptase inverse


La transcriptase inverse ou rétrotranscriptase est une enzyme utilisée par les rétrovirus et les
rétrotransposons qui transcrivent l'information génétique des virus ou rétrotransposons de l'ARN
en ADN, qui peut s'intégrer dans le génome de l'hôte. Cette transcription inverse ou
rétrotranscription permet comme son nom l'indique de transcrire à l'envers c’est-à-dire d'obtenir
de l'ADN à partir d'ARN.
Puisque le VIH utilise la transcriptase inverse, en plus d'intégrases, pour infecter l'ADN de l'être
humain avec de l'ADN viral, les inhibiteurs de transcriptase inverse sont utilisés dans le but de
stopper cette infection.
- Inhibiteurs nucléosidiques (INTI)
EX.:
zidovudine (Retrovir, ZDV), molécule également connue sous le nom AZT
lamivudine (Epivir, 3TC)
Formes combinées
EX.:
Combivir (zidovudine + lamivudine)
Trizivir (abacavir + zidovudine + lamivudine)
- Inhibiteurs non nucléosidiques (INNTI)
efavirenz (Sustiva, EFV), également connue sous le nom Stocrin
nevirapine (Viramune, NVP)
- Analogues nucléotidiques
tenofovir (Viread, TDF)
fosalvudine
- Associations de molécules
EX.:
Truvada (tenofovir + emtricitabine)
Atripla (efavirenz + tenofovir + emtricitabine)

b) Inhibiteurs de la protéase
EX.:
amprenavir (Agenerase, APV)
tipranavir (Aptivus, TPV)
Kaletra (lopinavir + ritonavir, LPV/r), association également connue sous le nom Aluvia.
La protéase du VIH est une enzyme du virus. Elle possède un rôle central dans le cycle viral, en
réalisant le clivage protéolytique de différents précurseurs peptidiques. Cette action permet la
32
production à la fois de protéines structurelles et fonctionnelles, nécessaire et indispensable à la
formation de nouveaux virus.
Les inhibiteurs de la protéase du VIH sont tous des peptidomimétiques. Ils se fixent sur le site actif
de la protéase virale, et l’empêchent de catalyser le clivage des précurseurs polypeptidiques du
virus en protéines de structure définitive. La maturation protéique étant altérée, les particules
virales (virions) nouvellement formés sont immatures, inactifs et non infectieux. Le cycle de
réplication virale est donc ainsi interrompu.

c) Inhibiteurs de l'intégrase
raltégravir (Isentress, RGV)
elvitégravir (EVG/r)
MK-2048.
L'intégrase est une enzyme produite par les rétrovirus qui, comme son nom l'indique, permet l'intégration
de leur matériel génétique converti en ADN à l'intérieur du génome de la cellule hôte, processus
indispensable à la réplication virale.

d) Inhibiteurs de fusion et d'entrée


- Inhibiteurs de la fusion
enfuvirtide (Fuzeon, ENF), également connue sous le nom T-20
- Inhitibiteurs d'entrée (CCR5)
maraviroc (Celsentri), également connue sous le nom Selzentry
vicriviroc
TNX-355
Le récepteur à C-C chimiokine de type 5 (CCR5), aussi connu sous le nom de CD195, est une protéine
de la surface des leucocytes impliquée dans l'immunité : il agit comme un récepteur de chimiokines.
Son gène est le CCR5 situé sur le chromosome 3 humain. Il appartient à la famille des récepteurs
aux chémokines CC. Plusieurs formes du virus VIH utilisent ce récepteur pour entrer dans les
cellules hôtes.
Le récepteur CCR5 est retrouvé à la surface de plusieurs types de cellules, en particulier sur les
lymphocytes, les monocytes, les tissus lymphoïdes. Ils sont retrouvés également sur les neurones,
les astrocytes et sur les cellules gliales dans le système nerveux central. Ils sont également situées
sur les cellules endothéliales, les cellules musculaires lisses et les fibroblastes.

Une nouvelle approche thérapeutique antirétrovirale consiste à cibler le récepteur de chimiokines


CCR5. Trois antagonistes du CCR5 ont atteint les phases IIb et III de développement clinique :
aplaviroc, vicriviroc et maraviroc. Le développement de l’aplaviroc a été interrompu pour
hépatotoxicité. L’addition de vicriviroc ou de maraviroc à un traitement optimisé chez des patients
en échec thérapeutique a été démontrée comme permettant d’améliorer la réponse
antirétrovirale.

e) Inhibiteurs de maturation
Ces molécules agissent en fait sur la formation des protéines qui forment l’enveloppe interne du
génome viral, le core, en empêchant leur correcte constitution.
bevirimat (BVM)

2) VIH
- Le virus qui a stimulé la recherche et le développement des nouvelles classes d'antirétroviraux
est le VIH (virus de l'immunodéficience humaine), responsable de la pandémie (propagation mondiale
33
de la maladie) du SIDA (syndrome d'immunodéficience acquise). L'infection au VIH atteint le système
immunitaire, c'est-à-dire les défenses naturelles du corps contre la maladie. Les différentes classes
d'agents antirétroviraux agissent en perturbant différentes étapes du cycle de réplication du VIH.
Cela a pour effet de diminuer le nombre de virions présents dans l'organisme, mesuré par la
"charge virale". Le traitement se traduit, ensuite, par une augmentation du taux de lymphocytes
T4, cellule parasitée par le VIH.
- L'association de divers (typiquement trois, éventuellement quatre) agents antirétroviraux est
appelée trithérapie.

B. Antigrippaux
1) Amantadine et rimantadine
- L'amantadine et la rimantadine réduisent l'extension de l'infection grippale en inhibant la
fixation du virus à la cellule cible par modification de l'hémaglutinine et en inhibant la sortie des
acide nucléique hors de la capside (uncoating) dans la cellule cible.
- L'amantadine (MANTADIX* Gélules) est utilisée dans le traitement de la grippe de type A, à titre
préventif et curatif en début de maladie.
- La rimantadine n'est plus commercialisée.

2) Inhibiteurs de la neuraminidase
- La neuraminidase est une enzyme, présente à la surface des virus A et B de la grippe, qui
détache des glycoconjugués les résidus acide N-acétyl neuraminique, également appelé acide
sialique. Cette hydrolyse est une étape nécessaire à la diffusion de l'infection virale par libération
des particules virales à partir de la surface des cellules infectées en direction de nouvelles cellules-
cibles.
- Les deux inhibiteurs de la neuraminidase les plus connus sont le zanamivir (RELENZA*) et
l'oseltamivir (TAMIFLU*), analogues de l'acide sialique.

C. Antiviraux utilisés dans les hépatites virales


- Les traitements antiviraux utilisés dans les hépatites virales reposent sur deux grands principes :
l’immunomodulation (interférons) et l’inhibition de la réplication virale (analogue nucléotidique
ou nucléosidique).
- Il existe deux sous types d’interféron (IFN) alpha : IFN-alpha 2a et IFN-alpha 2b.
* L'interféron
- C'est une substance fabriquée par l'organisme à l'état naturel, et dont le rôle est de transmettre
à d'autres cellules une résistance contre des infections virales. Il "interfère" donc en transmettant
un message aux autres cellules.
- L'interféron est une substance découverte en 1957 ! Elle est fabriquée par les globules blancs.
Son rôle n'est pas de détruire les virus , mais d'entraîner une réaction de défense de toutes les
cellules de l'organisme chargée de l'immunité.
- En thérapeutique, on utilise des interférons synthétiques fabriqués en grande quantité par génie
génétique et qui sont en tout point similaires aux interférons naturels.

1) Hépatite B
- Concernant l’hépatite B, le traitement de première ligne repose sur l’interféron trois fois par
semaine.

34
- Inhibiteurs de l’ADN-polymérase du virus de l’hépatite B, VHB
Le virus de l’hépatite B, VHB, est un virus à ADN. Sa polymérase fonctionne comme ADN
dépendante à partir de la matrice d’ADN (complétant l’ADN viral partiellement bicaténaire en ADN
bicaténaire) et comme ARN dépendante à partir de la matrice ARN, c’est-à-dire une transcriptase
inverse, ce qui explique que certains inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH puissent inhiber
la replication du VHB.
Les inhibiteurs de la polymérase du VHB sont l’adéfovir disoproxil, la lamivudine, l’entécavir,
ténofovir et la telbivudine.
Le ténofovir, analogue nucléosidique monophosphate, c’est un nucléotide, qui agit après
transformation en dérivé diphosphate.
L’entecavir est un analogue structural de la guanosine nucléoside. Il s’est révélé très actif contre le
virus de l’hépatite B, VHB.

Adéfovir HEPSERA* Cp

Lamivudine ZEFFIX* Cp

Entécavir BARACLUDE* Cp

Ténofovir VIREAD* Cp

Telbivudine SEBIVO* Cp

* Vidarabine
- La vidarabine est un analogue structural de l'adénosine, le ribose étant remplacé par son
isomère arabinose. Après phosphorylation, la vidarabine inhibe partiellement la DNA polymérase
virale, ce qui inhibe la réplication du virus.
- La vidarabine gel (VIRA MP* Gel) pour application locale est prescrite pour accélérer la
cicatrisation des lésions herpétiques génitales.
- La vidarabine injectable (VIRA MP* Inj) est utilisée dans le traitement de l'hépatite chronique
active virale B.

2) Hépatite C
- Seule l’hépatite C chronique active est traitée par des médicaments spécifiques.
- En début d’hépatite, à la phase aiguë, repos, arrêt de certains médicaments (contraceptifs oraux
par exemple), arrêt de toute boisson alcoolisée sont les seules mesures à prendre.
- En cas d’hépatique chronique active documentée (c’est-à-dire prouvée par des examens
biologiques et ou biopsie), le traitement repose sur la prise d’interférons : interféron alpha 2a ou
alpha 2b. Un antiviral est aussi associé à l’interféron alpha 2b : la ribavirine.
Cette bithérapie n’est néanmoins pas la panacée puisqu’elle est inefficace chez 50% des patients.

35
* Les antiviraux à action directe (AAD)
- Les antiviraux à action directe (AAD) de première génération sont une relativement nouvelle approche
thérapeutique (Dès 2012) aux coûts élevés pour le traitement de l'hépatite C chronique, et des résultats
préliminaires ont montré que les AAD (télaprévir, bocéprévir) semblent éradiquer le virus de l'hépatite C
contenu dans le sang (on parle alors de réponse virologique soutenue) beaucoup plus fréquemment.
Cependant, ces agents sont responsables d'effets indésirables graves.

Le bocéprévir et le télaprévir sont deux antiviraux à action directe indiqués, l’un d’eux en
association avec la bithérapie (interféron pégylé/ribavirine), dans le traitement de l’hépatite
C chronique due au virus de l’hépatite C (VHC) de génotype 1.
Mécanisme d'action : Le télaprévir et le bocéprévir sont des antiviraux pour usage systémique,
inhibiteurs de la protéase NS (Non Structural) 3 du virus de l’hépatite C (VHC). Ils se lient de
manière covalente mais réversible à la sérine (Ser139) du site actif de la protéase NS3 par
l'intermédiaire d'un groupement fonctionnel (alpha)-kétoamide afin d'inhiber la réplication
virale dans les cellules hôtes infectées par le VHC.

- Les antiviraux à action directe (AAD) de deuxième génération, arrivés fin 2013, ont
bouleversé la thérapeutique avec des taux de guérison de l’infection supérieurs à 90% selon
les études cliniques, associés à de meilleurs profils de tolérance par rapport aux anciens
traitements. Il s’agit du sofosbuvir, suivie en 2014 de l’arrivée de trois nouveaux antiviraux à
action directe (AAD) indiqués en association avec le sofosbuvir : le siméprévir, le
daclatasvir, puis le lédipasvir (en association fixe uniquement) (Ledispasvir + Sofosbuvir =
HARVONI®).

Approuvé en décembre 2014 par la FDA (Food and Drug Administration), VIEKIRA PAK® est
indiqué pour le traitement du génotype 1a du VHC avec de la ribavirine ou du génotype 1b
sans ribavirine. Le dasabuvir existe en association fixe. Lorsqu'ils sont combinés ensemble, le
dasabuvir, l'ombitasvir, le paritaprévir et le ritonavir en tant que produit combiné VIEKIRA
PAK® ont démontré une RVS (réponse virologique soutenue) de 100% pour le génotype 1b et
de 89% ou 95% pour le génotype 1a après 12 semaines ou 24 semaines de traitement, y
compris la ribavirine.

Tableau : Les antiviraux à action directe (AAD) de deuxième génération.

Principe(s) actif(s) Nom commercial

Sofosbuvir SOVALDI* Cp 400 mg

Siméprevir OLYSIO* Cp

Daclatasvir DAKLINZA* Cp

Ledispasvir + Sofosbuvir HARVONI* Cp

Ombitasvir + Paritaprevir + Ritonavir VIEKIRAX* Cp

Ombitasvir + Paritaprevir + Ritonavir + Dasabuvir VIEKIRA PAK* Cp

36
Mécanisme d'action : Les antiviraux à action directe (AAD) de deuxième génération sont des
inhibiteurs de l’ARN polymérase du virus de l’hépatite C, VHC.
L'ARN polymérase du VHC ou protéine NS5B est une protéine non structurelle du virus de
l'hépatite C. C'est une ARN polymérase ARN dépendante qui permet la réplication du virus.

- Le sofosbuvir est un inhibiteur de l’ARN polymérase ARN dépendante NS5B, replicase assurant
la copie de l’ARN du virus de l’hépatite C. Le sofosbuvir est une prodrogue qui dans l’organisme
est convertie en un analogue de l’uridine triphosphate qui incorporé dans l’ARN viral perturbe son
fonctionnement. Il est indiqué dans le traitement de l’hépatite C chronique. Il apporte un progrès
remarquable mais est très coûteux.

En 2017, deux AAD supplémentaires ont été commercialisés, Zepatier® (elbasvir/grazoprévir ;


pour les génotypes 1, 3 et 4) et Epclusa® (sofosbuvir/velpatasvir ; pour les génotypes 1 à 6, i.e. tous
les génotypes).

37
Chapitre 3 : Médicaments antiparasitaires
I. Antipaludiques
Les principaux antipaludiques actuels peuvent être classés selon leur mode d’action en deux
catégories :

1) Les schizonticides électifs


Ce groupe comprend les dérivés quinoléiques et les dérivés de l’artémisinine.

a) Les dérivés quinoléiques : ce sont les amino-4-quinoléines (chloroquine, amodiaquine) et les


amino-alcools (quinine, méfloquine, halofantrine, luméfantrine). Ces molécules interfèrent avec
l’utilisation de l’hémoglobine dans la vacuole nutritive en inhibant la formation de l’hémozoïne
(pigment malarique, dont la formation caractérise la présence de Plasmodium).
b) Les dérivés de l’artémisinine (artésunate, artéméther, dihydroartémisinine) : cette nouvelle
classe d’antipaludiques de type peroxyde interfère aussi avec l’utilisation de l’hémoglobine, par
libération de radicaux libres, toxiques pour le parasite. Les dérivés de l’artémisinine ont une action
gamétocytocide, qui réduit la transmission et limite les risques de voir émerger des résistances.

2) Les inhibiteurs des acides nucléiques ou antimétabolites


Ils bloquent la division du noyau de l’hématozoaire. Ce groupe comprend les antifolates, les
naphtoquinones et les antibiotiques.
a) Les antifolates : les antifoliques (sulfamides, dont la sulfadoxine ; sulfones), et
les antifoliniques (proguanil, pyriméthamine). Ils agissent au niveau de la voie de synthèse des
folates, qui sont essentiels à la biosynthèse des acides nucléiques. Les antifoliques inhibent la
dihydroptéroate synthétase (DHPS) qui produit l’acide folique, et les antifoliniques inhibent la
dihydrofolate réductase (DHFR) qui produit l’acide folinique.
b) Les naphtoquinones : l’atovaquone est un inhibiteur puissant des fonctions mitochondriales en
bloquant la chaîne de transfert d’électrons au niveau de son enzyme-clè, la dihydroorotate
deshydrogénase (DHOdase). Elle a peu d’impact thérapeutique lorsqu’elle est utilisée seule. En
combinaison avec un antimétabolite (proguanil), on observe une intéressante synergie d’action
grâce à une inhibition séquentielle de la synthèse des pyrimidines.
c) Les antibiotiques : les tétracyclines (doxycycline), les macrolides (érythromycine,
azythromycine, clindamycine) peuvent inhiber la synthèse protéique par inhibition de certaines
fonctions de l’apicoplaste.

3) Les associations d’antipaludiques


- Les nouveaux antimalariques sont tous associés, en bithérapie au moins, et se démarquent de la
plus ancienne des associations : la sulfadoxine-pyriméthamine [SP] (FANSIDAR®) capable de
sélectionner rapidement des mutants résistants.
- Certaines sont fixes : l’atovaquone-proguanil (MALARONE®), l’arthéméter-luméfantrine
(COARTEM®, RIAMET®), chlorproguanil-dapsone (LAPDAP®), dihydroartémisinine-phosphate de
pipéraquine (MALACUR®).
- d’autres libres, associant toujours un dérivé de l’artémisinine vu la rapidité d’action, l’impact sur
la transmission et l’absence de chimiorésistance de P. falciparum : artésunate-méfloquine,
artésunate-amodiaquine, artésunate-SP.

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- En prophylaxie, les associations chloroquine-proguanil (SAVARINE®) et atovaquone-proguanil
(MALARONE®) sont recommandées dans les zones de chloroquino-résistance.

II. Antiamibiens
Il existe trois types de médicaments contre l'amibiase:

1) Les amœbicides diffusibles (amœbicides tissulaires)


Ces médicaments de la série des 5 nitro-imidazolés passent dans la circulation et diffusent dans les
tissus pour traiter les formes invasives de l'amibiase (amibiases à localisation tissulaire). Ils sont
peu actifs sur les formes de la lumière colique (ou lumière intestinale).
Il s’agit de l’Ornidazole (TIBÉRAL® , ORNIDAZOLE®), Secnidazole (SECNOL®) et Tinidazole
(FASIGYNE®).

2) Les amœbicides de contact


Ces médicaments ne diffusent pas dans les tissus et agissent uniquement sur les formes de la
lumière intestinale. Il s’agit de l’INTETRIX® (Tiliquinol, tilbroquinol) ; Diloxanide® (Furoate de
diloxanide).

3) Les amœbicides mixtes


- Ils agissent à ces 2 niveaux (intestinal et tissulaire) à la fois. Il s’agit du métronidazole (FLAGYL®).
- Le métronidazole (FLAGYL®) s’est révélé amœbicide mixte (à la fois diffusible et de contact). Il
est utilisé per os aux doses quotidiennes de 2 g pendant 10 jours dans l’amibiase intestinale et
surtout hépatique.
- Sa toxicité est faible. La consommation d’alcool doit être proscrite car il potentialise les effets de
l’alcool.
- Les contre-indications sont la grossesse, l’allaitement et les vomissements importants.

III. Trichomonacides
- Un trichomonacide est un agent toxique pour les trichomonas.
- Le traitement trichomanocide est basée sur la famille des nitro-imidazolés: métronidazole ;
nimorazole ; ornidazole ; ténonitrozole.
- Les boissons alcoolisées sont à éviter lors de la prise de médicament à cause de l’effet
« antabuse » (qui se manifeste par la survenue de bouffées vasomotrices du visage (flushs) avec
accélération du rythme cardiaque, céphalée (pulsatile), nausée, vomissement, ....).
- Les Trichomonoacides favorisent l’apparition de candidose, en cas de traitement prolongé, dès
lors un traitement fongicide préventif par voie vaginale, sera nécessaire, à la fin de la cure.
Il y a trois types de traitement:
- Traitement minutes: Ces traitements sont à renouveler dans 10 à 20 jours, si l’examen de
contrôle est positif.
- Traitement long: Ce type est à privilégier dans les formes avec signes urinaires associés, en cas
de rechutes, et chez l’homme afin d’éviter les infestations prostatiques qui nécessitent déjà un
traitement plus long (20 jours en moyenne).
- Traitement de la femme enceinte: L’absorption par la muqueuse vaginale pour le métronidazole
et l’ornidazole est de l’ordre de 6-8% maximum de la dose introduite.

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On évite le traitement oral pendant le premier trimestre.
Le traitement se limite donc à la voie vaginale : ovules de FLAGYL® pendant dix jours.

IV. Anthelminthiques
1) Définition et classification
- Un anthelminthique est un médicament antiparasitaire.
- Ce mot désigne en réalité les antiparasitaires ciblant les nématodes , cestodes, filaires et
trématodes susceptible de parasiter les réseaux sanguin et lymphatique, des tissus conjonctifs ou
des organes creux (cavités urogénitales, poumons, …), ainsi que tous les parasites intestinaux de
type vers [oxyures, ascaris (Ascaris lumbricoides chez l'Homme), ankylostome, anguillule et ténia
en particulier].
- Les anthelminthiques sont classés dans les vermifuges (ou vermicides). Ce sont des pesticides et
des biocides au sens des directives européennes concernant ces produits. Ils doivent aussi
répondre aux réglementations concernant les médicaments humains.

2) Exemples d'anthelmintiques syntétisés


• Abamectine – contre les vers intestinaux les plus communs, mais inefficace contre les
cestodes qui sont plutôt traités au Praziquantel en conjonction avec l'abamectine
• Diethylcarbamazine – utilisé contre des filaires tels que Wuchereria bancrofti, Brugia
malayi, Brugia timori, eosinophilie pulmonaire tropicale, loiasise
• Mébendazole – utilisé contre les nématodes (traitement des ankylostomoses et
oxyuroses)
• Niclosamide – utilisé contre les cestodes. Le niclosamide est un anthelminthique agissant
en inhibant la fixation du glucose par le ténia. Il est actif sur Tænia saginata (ténia du
boeuf), Tænia solium (ténia du porc), Diphyllobotrium latum (ténia du poisson),
Hymenolepis nana (ténia nain).
• Ivermectine – utilisé contre les vers intestinaux les plus communs (mais pas contre les
cestodes). L'ivermectine est un médicament utilisé pour traiter des parasitoses, comme la gale. Le
médicament utilisé pour le traitement de l'onchocercose est l'ivermectine (nom de marque
Mectizan®).
• Thiabendazole – utilisé contre plusieurs vers intestinaux
• Pyrantel pamoate – utilisé contre la plupart des nématodes
• Praziquantel – contre les nématodes et quelques trématodes
• Triclabendazole – contre des trématodes.
• Benzimidazoles (albendazole, flubendazole, astémizole)– utilisé contre la plupart des
parasites intestinaux
• Fenbendazole – utilisé contre certains parasites gastro-intestinaux
• Dérivés d'Aminoacétonitrile (ou Monepantel) utilisé contre divers helminthes gastro-
intestinaux, notamment quand ils sont devenus résistants à d'autres médicaments.
• Pipérazine – est également utilisée dans le traitement de certaines parasitoses.

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Chapitre 4 : Médicaments antifongiques
I. Les différents types d’antifongiques
Les antifongiques sont aux champignons ce que les antibactériens sont aux bactéries. Ils sont donc
utilisés pour lutter contre les infections locales ou profondes à champignons microscopiques.
Ce sont des substances qui détruisent les champignons (fongicides) ou qui du moins en limitent le
développement (fongistatiques).

A. Les antifongiques externes


Appliqués localement sur la peau.
- Les antiseptiques à base d'iode (fongistatiques).
- Les antifongiques locaux sont de divers types : les "imidazolés" (éconazole, isoconazole,
miconasole, tinidazole...), les anticandidosiques (la fungizone), les antidermatophytes (Sporilline,
mycodécyl), le sulfure de selenium.

B. Les antifongiques généraux


- Ils sont réservés aux mycoses profondes.
- Ils sont sous forme de comprimés ou de formes injectable.
- Il s'agit de l'amphotéricine B, la flucytosine, la fluconazole, l'itraconazole, la kétoconazole, la
terbinafine.
- Certains comme l'amphotéricine B, sont efficaces mais toxiques et provoquent lors de leur
injection intraveineuse de la fièvre, des vomissements et un malaise. Le rein peut être atteint
également.

II. Mode d’action des antifongiques


- A la différence des antibactériens qui agissent en différents points des bactéries, les
antifongiques agissent principalement au niveau de la membrane cellulaire des champignons:
Soit ils interagissent avec l’ergostérol déjà présent dans la membrane, soit ils inhibent la synthèse
de l’ergostérol. L’ergostérol est un constituant essentiel de la membrane des champignons.
- Certains, cependant, inhibent plutôt la synthèse de la paroi fongique, la synthèse des protéines
fongiques ou la formation du fuseau mitotique fongique.

A. Interaction avec l'ergostérol présent dans la membrane (Les polyènes)


- Les polyènes sont des macrolides.
- Les deux principales substances de ce groupe sont l'amphotéricine B et la nystatine.
- Ces substances interagissent avec l'ergostérol présent dans la membrane des levures et des
champignons sensibles pour former des pores, canaux perméables aux cations comme le
potassium qui sort du cytoplasme.
- Les polyènes agissent sur tous les microorganismes dont la membrane est riche en ergostérol,
comme Candida, Cryptococcus neoformans, Blastomyces, Histoplasma capsulatum et Aspergillus.

B. Inhibiteurs de la synthèse d'ergostérol


La synthèse de l'ergostérol est rappelée ci-dessous.
- Les inhibiteurs agissent soit au niveau de la transformation du squalène en squalène époxide
sous l'influence de la squalène époxydase, soit au niveau de la transformation du lanostérol en 14-

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déméthyl lanostérol sous l'influence de la C14 déméthylase, soit, en aval, au niveau d'une D14-
réductase et d'une D7-D8-isomérase.

- Inhibiteurs de la squalène époxidase (Les allylamines)


Les inhibiteurs de la squalène époxidase utilisés sont la terbinafine et la naftifine, classées parmi
les antifongiques du groupe des allylamines.
La terbinafine est utilisée par voie orale pour traiter les dermatophytoses et les candidoses
cutanées qui n'ont pas cédé aux traitements locaux. Elle existe aussi en présentation crème. La
naftifine a été utilisée comme topique en dermatologie.
- Inhibiteurs de la 14-déméthylase (Les azolés)
Les inhibiteurs de la 14-déméthylase qui dérivent de l'imidazole ou du triazole sont classés comme
antifongiques azolés.
Les antifongiques azolés sont le kétoconazole, miconazole et clotrimazole, dérivés imidazolés, et le
fluconazole, l'itraconazole, le voriconazole, et le posaconazole, dérivés triazolés.
Ils sont indiqués dans le traitement des infections à Candida, Aspergillus, Blastomyces,
Histoplasma, Coccidioides, Trichophyton, Cryptococcus neoformans, notamment. Donc ils sont
couramment utilisés dans le traitement des mycoses chez l'humain ou l'animal, telles que les candidoses,
les dermatophytoses et le muguet buccal. Ils sont également utilisés contre le pied d'athlète et les tinea
cruris.

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- Inhibiteur des dernières étapes de la synthèse d'ergostérol
L'amorolfine, un dérivé de la morpholine, inhibe deux enzymes
(D14-réductase et D7-D8-isomérase) intervenant dans la transformation du zymostérol en
ergostérol.
Elle est utilisée contre les dermatophytes (Trichophyton), les levures (Candida albicans), et
diverses moisissures.

C. Inhibiteur de la synthèse de la paroi fongique

* Echinocandines
Les échinocandines sont devenues en 2013 une famille majeure de l’arsenal thérapeutique
antifongique. Elles représentent une famille d’antifongiques très récents, administrables par voie
intraveineuse, agissant par inhibition de la β(1,3)-D-glucane synthase, empêchant la formation du
β(1,3)-D-glucane, constituant de la paroi de nombreux champignons filamenteux et de levures, et
induction d’une instabilité osmotique et de la lyse de la cellule.
Trois échinocandines semi-synthétiques sont à ce jour commercialisées : la caspofungine, la
micafungine et l’anidulafungine.
In vitro et in vivo, les échinocandines sont rapidement fongicides contre la plupart des levures
d’intérêt médica (eg. Candida spp) et fongistatiques contre Aspergillus spp. Chez Aspergillus
(champignons filamenteux) le complexe β(1,3)-D-glucane synthase est situé à l’apex des hyphes en
croissance, ce qui explique l’activité fongistatique des échinocandines.
Elles ont un spectre large mais sont inactives sur Cryptococcus sp. et les Mucorales (un ordre de
champignons généralement saprophytes appartenant à la sous-division des Mucoromycotina).
Elles possèdent un effet « anti-biofilm » qui leur confère un intérêt particulier dans le traitement
des infections à Candida sp. sur matériel étranger notamment sur cathéter. (Un biofilm est une
communauté multicellulaire plus ou moins complexe, souvent symbiotique, de micro-organismes, adhérant
entre eux et à une surface, et marquée par la sécrétion d'une matrice adhésive et protectrice.).
Leur efficacité a été démontrée chez l’adulte et également en pédiatrie, y compris chez les
nouveau-nés et les prématurés. Leur tolérance est excellente (car la cible est exclusivement
fungique et les cellules humaines ne contiennent pas de β(1,3)-D-glucane), leurs interactions
médicamenteuses sont peu importantes et limitées, facilitant l’utilisation de ces molécules chez
des patients fragiles et polymédicamentés.
La caspofungine et la micafungine, deux médicaments de cette classe, sont utilisés pour le
traitement des mycoses graves (mycoses profondes).

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D. Inhibiteur de la synthèse des protéines fongiques

* [La 5-Fluorocytosine (5-FC)]


- Mode d'action: La 5-FC est un antimétabolite de la cytosine. Elle est convertie en 5-fluoro-uridine
triphosphate qui est incorporée à l'ARN à la place de l'uridine, ce qui bloque ainsi la synthèse des
protéines indispensables à la vie cellulaire fongique.
- Spectre: in vivo aux doses thérapeutiques l'action est fongistatique. Les champignons sensibles:
levuriformes (Candida, Torulopsis, Cryptococcus), certains filamenteux (Aspergillus, Cladosporium
trichoïdes, Phialophora pedrosoï, P. verrucosa, Cladosporium carionii).

E. Inhibiteurs de MITOSE (poison du fuseau mitotique)

* Griséofulvine
Propriétés et Indications
- La griséofulvine est produite par Pénicillium griséofulvum.
- Activité fongistatique (in vivo), le spectre étant strictement limité aux dermatophytes,
Microsporum, Epidermophyton, Trichophyton.
- Indiquée dans le traitement des dermatophyties des cheveux, des ongles et de la peau.
- Demi-vie d'environ un jour. Mais elle se fixe à la kératine et y persiste pendant longtemps, ce qui
explique son action au niveau de la peau et des phanères. Elle atteint des concentrations élevées
dans les dermatophytes qui la captent activement.
- Effet inducteur enzymatique (e.g. peut diminuer l'activité des estroprogestatifs).
Mode d'action
La griséofulvine empêche la formation du fuseau mitotique fongique. Elle inhibe la polymérisation
des microtubules intra-cellulaires des dermatophytes produisant un blocage en métaphase.
Effets indésirables
- On peut signaler des leucopénies, des céphalées et des troubles neurosensoriels.
- Elle peut aussi entraîner un effet de type antabuse en cas de prise d'alcool.

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