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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
PÉDIATRIE
Puberté normale
et pathologique
I-3-38
Dr Stéphane AUVIN
Chef de Clinique
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I-3-38
Puberté normale
et pathologique
Objectifs :
– Expliquer les étapes du développement pubertaire normal,
physique et psychologique.
– Dépister une avance ou un retard pubertaire.
LA PUBERTÉ NORMALE
A/ Description
La puberté correspond à une période de transformation physique et psychique. Elle dure à peu
près quatre ans. La séquence de modification est identique pour chaque sexe. On peut faire une
évaluation de l’étape de développement pubertaire à l’aide des stades de Tanner.
Fille :
Début vers 11 ans en moyenne, dure deux ans
La chronologie des modifications est :
– Accélération de la vitesse de croissance, pic de croissance vers 12 ans.
– Développement des seins et de la pilosité pubienne et axillaire.
– Modification des organes génitaux externes (développement des petites lèvres, modification
de la muqueuse vaginale).
– Augmentation du volume utérin.
– Puis ménarche (en général deux ans après les premiers signes pubertaires).
Garçon :
Début vers 13 ans en moyenne, dure trois ans
La chronologie des modifications est :
– Modification staturale, pic de croissance vers 14 ans.
– Augmentation du volume testiculaire.
– Développement de la verge et du scrotum. Pilosité pubienne.
– Développement de la masse musculaire.
N.B. : Une discrète intumescence mammaire (gynécomastie) uni- ou bilatérale est fréquente.
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B/ Évaluation clinique
● L’évaluation clinique est réalisée grâce à la courbe de croissance, la courbe de la vitesse de
croissance et les stades de Tanner (cf. tableau).
● La taille testiculaire est un moyen indirect pour en évaluer le volume. On peut utiliser la for-
mule de CANTUS : Volume = (π /6) 3 l 3 l2.
● On peut également mesurer le volume grâce à l’orchidomètre de Prader.
● On considère une étape comme prépubère quand le volume testiculaire est inférieur à 3 ml.
Le début de la puberté correspond à un volume testiculaire supérieur à 4 ml.
C/ Évaluation paraclinique
1. Chez les deux sexes
● L’âge osseux. On établit l’âge osseux à l’aide d’une radiographie de main et de poignet gauche
de face. À l’aide de l’atlas de Greulich et Pyle, on détermine l’âge osseux en comparant le cli-
ché aux références de celui-ci. L’apparition du sésamoïde du pouce est souvent contemporai-
ne du démarrage pubertaire.
● Le dosage du taux basal des gonadotrophines : LH et FSH.
● Surtout le dosage des gonadotrophines après stimulation par la LH-RH.
Fille Garçon
Estradiol Testostérone
Déhydroépiandrostérone Inhibine B
Inhibine A et B
Échographie pelvienne :
taille utérus, endomètre
taille ovaires
(volume, échostructure)
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3. Les résultats
Avant et au début de la puberté : le pic de FSH est supérieur au pic de LH.
Pendant et après la puberté : le pic de LH est supérieur au pic de FSH.
PUBERTÉ PRÉCOCE
A/ Définition
Début de puberté avant 8 ans chez la fille ; avant 10 ans chez le garçon.
B/ Interrogatoire
● Antécédents familiaux : âge du début de puberté des parents et de la fratrie.
● Antécédents de tumeur surrénalienne, testiculaire ou ovarienne ; et traitement de celle-ci.
● Courbes staturo-pondérales : recherche d’un pic de croissance précoce.
C/ Examen clinique
● Stade de Tanner, aspect des organes génitaux externes (aspect muqueux vulvo-vaginale
d’imprégnation œstrogénique chez la fille).
● Dysmorphie.
● Anomalies à l’examen neurologique ou ophtalmologique.
● Taches pigmentaires cutanées (neurofibromatose de Recklinghausen, syndrome de
MacCune-Albright).
● Chez le garçon, la taille testiculaire est importante car elle permet de dire s’il s’agit d’une
puberté précoce plutôt centrale ou périphérique. En effet, si les testicules mesurent plus de
2 cm sur 3 cm (Vol > 4 ml), cela indique l’origine centrale.
D/ Examen paraclinique
● Âge osseux : recherche d’une avance de maturation.
Dosage FSH et LH basal et sous stimulation par la LH-RH :
– chez le garçon : dosage de la testostérone ;
– chez la fille : dosage de l’estradiol et échographie pelvienne : elle permet d’écarter un kyste
ovarien, une tumeur surrénalienne ou ovarienne.
● Si cause centrale : IRM cérébrale (puberté précoce centrale idiopathique dans 80 % des cas
chez la fille et 20 % chez le garçon).
● Si pseudo-puberté précoce : test au synactène, marqueurs tumoraux (alpha-fœto-protéine,
ß-HCG…).
● Échographie ou tomodensitométrie abdominale selon l’orientation étiologique.
E/ Étiologie
Dans ce cas, on distingue deux cadres diagnostiques selon l’origine :
– puberté précoce vraie : origine centrale ;
– pseudo-puberté précoce : origine périphérique.
Les pseudo-pubertés précoces sont une cause plus rare d’avance pubertaire.
Dans le cas des formes à révélation tardive d’hyperplasie congénitale des surrénales, il faut
savoir que le métabolite sécrété est responsable d’une virilisation. Chez le garçon, il s’agira
d’une pseudo-puberté précoce isosexuelle ; mais chez la fille, le tableau clinique sera celui
d’une pseudo-puberté précoce hétérosexuelle, c’est-à-dire avec une virilisation.
Syndrome de MacCune-Albright
Ce syndrome associe cliniquement : taches cutanées pigmentées, dysplasie fibreuse des os et
troubles endocriniens, notamment avec puberté précoce.
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Testotoxicose
Il s’agit d’une maladie de transmission auto-somique dominante caractérisée par une hyper-
plasie des cellules de Leydig secondaire à une mutation activatrice du gène du récepteur de
LH.
Situations frontières
Elles posent le problème de la distinction entre la variante de la norme et le pathologique.
Puberté précoce
Fille avant 8 ans - Garçon avant 10 ans
FSH ; LH
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2. Puberté avancée
Définition : début de puberté entre 8 et 10 ans chez la fille ; entre 10 et 12 ans chez le garçon.
Le plus souvent : il ne s’agit pas d’une puberté avancée pathologique. On retrouve à l’interro-
gatoire des pubertés avancées dans la famille.
En cas de développement accéléré de la puberté, il faudra rechercher une étiologie.
RETARD PUBERTAIRE
A/ Définition
● Absence de signe de puberté à 13 ans chez la fille, à 14 ans chez le garçon.
● En pratique, le motif initial de consultation est souvent un retard statural secondaire à l’ab-
sence de poussée de croissance pubertaire.
● Mais le retard pubertaire peut aussi être isolé sans retard de croissance.
B/ Interrogatoire
● Antécédents familiaux de retard pubertaire.
● Antécédents de cryptorchidie, d’atteintes testiculaires ou ovariennes.
● Antécédents de maladie génétique connue : Turner, Klinefelter.
● Maladies chroniques connues, anorexie mentale.
Retard pubertaire
Fille après 13 ans - Garçon après 14 ans
Examen clinique
FSH ; LH
Test de simulation au LH-RH
Retard pubertaire simple Retard pubertaire d’origine hormonale Souvent évoqué dès
l’examen clinique
Antécédents familiaux • Central : hypotalamo-hypophysaire
Gonadotrophines basses Gonadotrophines basses Retard pubertaire
Augmentation sous LH-RH Absence de réponse à la LH-RH au cours d’une
maladie chronique :
• Périphériques : testicules ; ovaires
Gonadotrophines élevées retard maturatif
Gonadotrophines basses
C/ L’examen clinique
● Stade de Tanner.
● Courbes de croissance staturo-pondérale.
● Dysmorphie, anosmie.
● État nutritionnel.
● Signes de maladies chroniques et de son éventuel retentissement.
D/ Exploration paraclinique
Les éléments permettant une première orientation sont :
– L’analyse des âges osseux, statural et chronologique.
– Le dosage de la LH et de la FSH ainsi que leurs réponses à la stimulation par le LH-RH.
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Chez le garçon :
un test à l’HCG peut être réalisé pour évaluer la fonctionnalité des testicules.
Selon l’étiologie envisagée, on pourra réaliser : un caryotype, une IRM cérébrale, une écho-
graphie abdominale.
E/ Orientation étiologique
Si le taux de gonadotrophines est bas, il peut s’agir d’un retard pubertaire simple ou d’un retard
pubertaire d’origine haute. En cas d’élévation du taux des gonadotrophines, il s’agit d’un retard
pubertaire d’origine basse (cf. tableau ci-dessous).
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3. Syndrome de Kallman
Ce syndrome associe un déficit en gonadotrophines et une anosmie. Il s’agit d’un trouble de
migration de cellules neuroectodermiques durant la vie embryonnaire. Il en résulte une absen-
ce des neurones olfactifs et des cellules sécrétant le LH-RH.
4. Syndrome de Turner
Il s’agit d’une anomalie d’un chromosome X (le plus souvent d’une absence d’un chromosome
X : 45 X, 0). Sur le plan clinique, il existe une petite taille et une dysgénésie gonadique.
Plusieurs facteurs expliqueraient la petite taille : réduction de sécrétion de GH, anomalie des
cartilages de croissance et anomalie chromosomique. La dysgénésie gonadique est responsable
de l’absence de développement pubertaire (80 %) et de stérilité. Par ailleurs, il existe d’autres
signes cliniques et malformations viscérales pouvant s’associer avec ce syndrome. Les varia-
tions phénotypiques peuvent être importantes. En effet, il existe des syndromes de Turner ne
s’exprimant que par le retard pubertaire.
5. Syndrome de Klinefelter
Il s’agit d’une anomalie chromosomique avec un chromosome X en plus : 47 XXY. Il s’agit
d’une association chez un garçon d’une gynécomastie, d’une absence de spermatogenèse et
d’une augmentation de la FSH. Les autres signes cliniques sont inconstants : grande taille, car-
diopathie (CIV ou tétralogie de Fallot), retard mental, cryptorchidie, dysmorphie faciale. ■
POINTS FORTS
Puberté normale Puis 2 grands groupes étiologiques :
Début moyen : 11 ans chez la fille ; 13 ans chez – puberté précoce vraie : origine centrale
le garçon – pseudo-puberté précoce : origine périphérique
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