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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland


*************** ***************
UNIVERSITÉ DE YAOUNDE II SOA UNIVERSITY OF YAOUNDE II SOA
FACULTE DES SCIENCES FACULTY OF ECONOMICS
ÉCONOMIQUES ET DE GESTION AND MANAGEMENT
B.P. : 1365-YAOUNDE CAMEROUN P.O.BOX : 1365-YAOUNDE CAMEROON
Département d’Economie Monetaire et Bancaire Department of Monetary Econmics and Banking

http//:www.univ-yde2.org http//:fseg.univ-yde2.org

MASTER RECHERCHE EN MACROÉCONOMIE MONÉTAIRE ET BANCAIRE

INTÉGRATION FINANCIÈRE ET
TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Mémoire soutenu publiquement en vue de l’obtention d’un master en


économie et gestion appliquée
Option : Macroéconomie monétaire et bancaire

Rédigé par
MBEGDE EMMANUEL
Titulaire d’une licence en Monnaie, Banque, Finance

sous la supervision du :

Pr. ONGO NKOA BRUNO EMMANUEL


Maître de conférences à l’Université de Yaoundé II-Soa

Sous la direction du :

Dr. SONG JACQUES


Chargé de cours à l’université de Dschang

Année académique 2022-2023


SOMMAIRE

Introduction générale 1

Première partie : Intégration Financière et industrialisation en


Afrique Subsaharienne 16
Chapitre 1. Intégration financière et industrialisation : les enseignements de la
littérature 17
Section 1. Intégration financière et industrialisation : un examen théorique de la litté-
rature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Section 2.Intégration financière et industrialisation : canaux de transmission et revue
empirique de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Chapitre 2. Investigation empirique des effets de l’intégration financière sur l’in-
dustrialisation 38
Section 1. Intégration financière et industrialisation : Faits stylisés . . . . . . . . . . . 39
Section 2. Modélisation économétrique de la relation entre l’intégration financière et
l’industrialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

Deuxième partie : Intégration Financière et complexité écono-


mique en Afrique Subsaharienne 61
Chapitre 3. Intégration financière et complexité économique : les enseignements
de la littérature 62
Section 1. Intégration financière et complexité économique : analyse conceptuelle et
ancrage théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Section 2. Intégration financière et complexité économique : Analyse des canaux de
transmission et littérature empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Chapitre 4. Analyse empirique des effets de l’intégration financière sur la com-
plexité économique 80
Section 1. Intégration financière et complexité économique : Faits stylisés . . . . . . . 82
Section 2. Modélisation économétrique de la relation entre l’intégration financière et la
complexité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Conclusion générale 102

i
AVERTISSEMENT

«L’Université de Yaoundé II-Soa n’entend donner aucune approbation ni improbation aux


opinions émises dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme propres à leur
auteur.»

ii
DÉDICACE

A mes parents, Mr et Mme MBEGDE

iii
REMERCIEMENTS

Ce travail est le résultat de la contribution de plusieurs personnes à qui je souhaite té-


moigner toute ma gratitude. À ce titre, j’adresse mes vifs remerciements à :

Mon Directeur de mémoire, le Professeur ONGO NKOA BRUNO EMMANUEL, qui,


malgré ses multiples occupations, a fait preuve de patience, de disponibilité, et surtout
a eu la gentillesse d’accepter d’encadrer ce travail. À travers ses conseils, et sa rigueur
scientifique, ses multiples réprimandes et ses encouragements, il a su me conduire jusqu’à
l’achèvement de ce travail.

Mon Co-directeur, le Docteur SONG JACQUES, pour sa disponibilité et son égard


envers mon travail, sa patience, ses judicieux conseils, qui ont su m’inspirer et canaliser
ma réflexion tout au long de cette fastidieuse expérience.

Toute l’équipe pédagogique de l’Université de Yaoundé II-Soa et particulièrement à


tous les encadreurs du programme Master Recherche Macroéconomie Monétaire et Ban-
caire (MMB), particulièrement le Professeur MONDJELI MWA NDJONKOU, Docteur
SOUMTANG BIME. Ils ont su nous aider et nous guider, à travers leurs multiples conseils
et séminaires, leurs exigences rudes, en vue d’améliorer la rédaction de nos mémoires.

Monsieur POSSI ERIC XAVIERIE à monsieur HERMAN et au DR. OKERE DO-


NALD pour leurs conseils et leur assistance intellectuelle, leur suivi de mon travail et
leurs différentes astuces qui m’ont outillé tout au long de ce travail.

iv
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Mes amis notamment EWODO YVES LOIC, MBA’A STEEVE GABREL, LEHNA
ELSIE KABA, BESSALA NDZANA, ACHU AKIERE DORAH, MATHIAS, MASSODA
ANDRE, LAKETCHIEP LIONEL pour leur soutien moral, leur assistance financière et
intellectuelle au quotidien.

Une pensée particulière est gratifiée à toute la famille BEA, à la famille SILINGA et la
famille EBOT, à mon oncle MEGAPTCHE NICODEM, à ma tante MADELAINE et ma
cousine NATHALIE pour leur soutien de quelque nature que ce fut et pour leurs mots
d’encouragements. À ma très chaleureuse famille, particulièrement mes grandes sœurs
NDONGUEP NINA et MEGAPTCHE VIVIANE SERGINE, mon grand frère MATIP
GEDEON pour leurs encouragements, et surtout leur soutien moral et financier. M

MBEGDE EMMANUEL v
LISTE DES TABLEAUX

1 effet de l’intégration financière sur l’industrialisation : principaux résultats 53


2 intégration financière et industrialisation : sensibilité aux indicateurs de la
bonne gouvernance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3 Intégration financière et industrialisation : Robustesse (DMC) . . . . . . . 57
4 Effet de l’intégration financière sur la complexité économique : Principaux
résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
5 Effet de l’intégration financière sur la complexité économique : mesure al-
ternative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
6 Effet de l’intégration financière sur la complexité économique : Robustesse 96
7 Analyse de la médiation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
8 Test d’endogeneite de Durbin-Wu-Hausman (variable dépendante : l’indus-
trialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
9 Test d’endogeneite de Durbin-Wu-Hausman (variable dépendante : la com-
plexité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
10 Test de multicolinéarité : variable dépendante l’industrialisation (VAM) . . 120
11 Test de multicolinéarité : variable dépendante la complexité économique
(ECI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
12 Test de d’Hétéroscédasticité : variable dépendante (VAM) . . . . . . . . . . 120
13 Test de d’Hétéroscédasticité : variable dépendante (ECI) . . . . . . . . . . 120
14 Matrice de corrélation première partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
15 Matrice de corrélation deuxième partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

vi
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

16 Statistique descriptive du chapitre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122


17 Statistique descriptive du chapitre 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
18 Effet de l’intégration financière sur l’industrialisation : Régression par les
MCO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
19 Mesures alternatives de l’industrialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
20 Effet de l’intégration financière sur la complexité économique . . . . . . . . 124
21 Mesure alternative de l’intégration financière . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
22 Liste des pays de l’échantillon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
23 Liste des variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

MBEGDE EMMANUEL vii


TABLE DES FIGURES

1 Evolution de l’intégration financière en ASS . . . . . . . . . . . . . . . . . 39


2 Évolution de l’industrialisation en ASS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3 Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en ASS . . . 42
4 Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique
Centrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
5 Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique
de l’Ouest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
6 Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique
de l’Est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
7 Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique
Australe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
8 Différence entre la vision traditionnelle et la nouvelle perspective de la
relation entre intégration financière et croissance économique . . . . . . . . 71
9 Évolution de l’indice de complexité économique . . . . . . . . . . . . . . . 83
10 Évolution de l’indicateur d’intégration financière . . . . . . . . . . . . . . . 84
11 Corrélation entre l’intégration financière et la complexité économique en ASS 85
12 Corrélation entre l’intégration financière et la complexité économique : ana-
lyse sous régionale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
13 Représentation de la médiation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

viii
LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS

ARDL Autoregressive Distributed Lag


AREAER Annual Report of Exchange Arrangements and Exchanges Restrictions
ASS Afrique Subsaharienne
BAfD Banque Africaine de Développement
BRICS Brazil Russia India China South Africa
CEA Commission Economique pour l’Afrique
CNUCED Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
DMC Doubles Moindres Carrés
FMI Fond Monétaire International
GMM Generalized Method of Moments
ICRG International Country Risk Guide
IDE Investissements Directs Etrangers
IFS International Financial Statistics
MCO Moindres Carrés Ordinaires
OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economique
OMC Organisation Mondiale du Commerce
ONU Organisation de Nations Unies
ONUDI Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel
PIB Produit Intérieur Brut
PWT Penn World Table
R&D Recherche et Développement
TIC Technologies de l’information et de la communication
UNDP United Nations Development Programme
WDI World Development indicators
WGI World Governance Indicators

ix
RÉSUMÉ

L’objectif de cette étude est d’examiner l’effet de l’intégration financière sur la trans-
formation structurelle, appréciée ici par l’industrialisation et la complexité économique,
en Afrique subsaharienne. Partant d’un échantillon de 48 pays, observés sur la période de
1994-2021, nous estimons un modèle de panel dynamique par la Méthode des Moments
Généralisés en deux étapes comme méthode principale. Pour s’assurer de la consistance
de nos résultats, nous utilisons en robustesse les doubles moindres carrés. Les résultats
issus de cette analyse montrent globalement que l’intégration financière accélère la trans-
formation structurelle des pays d’Afrique subsaharienne. À la lumière de ces résultats,
nous suggérons aux autorités de promouvoir les politiques en faveur de l’ouverture finan-
cière tout en privilégiant le développement d’institutions capables d’assurer l’allocation
optimale du capital et de protéger la propriété intellectuelle des agents économiques.

Mots clés : Transformation structurelle, Intégration financière, Méthode des mo-


ments généralisés.

x
ABSTRACT

The aim of this study is to analyze the effect of financial integration on the structural
transformation of Sub-Saharan African economies over the period of 1994 to 2021. Using
a sample of 48 countries, we estimate a panel-data model using the two-step Generalized
Method of Moments. As a robustness check, we use the two-stage least squares method.
Overall, our results show that financial integration contributes significantly to the structu-
ral transformation of the Sub-Saharan economies. According to these results, we suggest
that the authorities further promote policies in favor of the opening of their financial
system to international finance while favoring the development of good institutions that
will be able to ensure the optimal allocation of capital and promote the protection of
intellectual property.

Keywords : Structural transformation, Financial integration, generalized method


of moments .

xi
INTRODUCTION GÉNÉRALE

Contexte et justification
Le concept de la transformation structurelle a déjà fait couler beaucoup d’encre dans
la littérature économique, mais il demeure encore aujourd’hui d’actualité et fondamental
pour le développement des pays, ceci d’autant plus pour les pays en développement.
C’est à juste titre que l’Organisation des Nations Unies précise que le développement
économique des pays pauvres n’impliquera pas seulement la croissance du produit intérieur
brut, mais également la transformation de la structure de ces économies (ONU, 2013).
Il existe un consensus dans la littérature économique sur le développement selon lequel
le développement nécessite une transformation structurelle (McMillan et Headey, 2014).
Les pays qui parviennent à sortir de la pauvreté et à devenir riches sont ceux qui sont
capables de se diversifier et à sortir de la dépendance aux produits agricoles et primaires.

En effet, la transformation structurelle renvoie à la modernisation des activités écono-


miques. C’est un indicateur du développement économique, un prérequis à la croissance
économique durable, inclusive et à la réduction de la pauvreté (Puspitowati et Iskan-
dar, 2020). Ainsi, les pays pauvres qui souhaitent faire des avancées significatives sur le
chemin du développement, devraient avant toute chose modifier profondément la struc-
ture de leurs économies ( Kouty et Ongono, 2017 ; Mama et Ongono, 2019). C’est à ce
titre que De Brauw et al. (2014) affirment que le développement économique impose des
changements importants dans la structure des économies, notamment la modification de

1
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

la répartition sectorielle des emplois et du poids relatif des secteurs d’activité dans le
PIB. Autrement dit, il n’est pas possible pour un pays de passer du statut de pays en
développement à pays développé sans transformation structurelle.

Pour Lewis et al. (1954), la transformation structurelle se définit comme la réallocation


progressive et soutenue des ressources des secteurs d’activité les moins productifs vers les
secteurs les plus productifs. Dans son modèle à économie duale, il distingue deux secteurs,
l’un à faible productivité (secteur traditionnel ou agricole) et l’autre à forte productivité
(secteur moderne ou industriel). La transformation structurelle s’opère lorsque les res-
sources, notamment la main d’œuvre, se déplacent du premier secteur pour le second
(Klinger et Lederman, 2004).

La transformation structurelle fait également référence aux modifications de long terme


de la composition sectorielle et spatiale du système économique et aux changements des
institutions ou des infrastructures qui les portent (Organisation des Nations Unies pour
le Développement Industriel [UNIDO], 2009). Selon le CEA (2018), elle se définit comme
étant l’ensemble des changements dans la structure économique et sociale qui favorisent
un développement économique équitable et durable. Eu-égard à ces définitions, la trans-
formation structurelle est un concept multidimensionnel qui ne se limite pas uniquement
à sa seule dimension économique mais comprend également les dimensions sociale et ins-
titutionnelle (Avom et Nguekeng 1, 2020). Dans sa dimension économique, elle renvoie
à l’industrialisation, la complexité économique et la diversification. Le changement ou la
transformation institutionnelle renvoie à la stabilité institutionnelle, la qualité des institu-
tions, la gouvernance, l’éradication des conflits, la qualité des services publics, les droits de
propriétés et même les coûts de transaction ( Massil et al., 2016 ; Bertocchi et Guerzoni,
2012). La transformation sociale implique quant à elle les aspects tels que la pauvreté, la
santé, l’éducation, la démographie, les migrations ou la mobilité intersectorielle de la main
d’œuvre, la distribution équitable des revenus ( Castles, 2010 ; Carment et al., 2011).

Nous nous intéressons dans notre travail à la transformation économique, notamment


l’industrialisation et la complexité économique. En effet, l’Afrique en général et l’Afrique
subsaharienne (ASS) en particulier affiche un retard flagrant en matière d’industrialisation

MBEGDE EMMANUEL 2
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

par rapport aux autres régions dans le monde. L’observation des faits révèle plutôt une
tendance à la désindustrialisation. Cette dernière n’est cependant pas liée au processus de
tertiarisation qui consiste en la réallocation de la main d’œuvre du secteur manufacturier
vers le secteur des services, mais est plutôt une désindustrialisation prématurée. Cette
situation est paradoxale car en effet, selon la BAfD (2018), la transformation structurelle
de l’Afrique ne se fera pas sans industrialisation. Par ailleurs, la complexité économique
a récemment suscité l’intérêt de la part de chercheurs et économistes. Hausmann et al.
(2014) soutiennent que la différence en matière de développement entre les pays s’explique
aujourd’hui par la complexité économique. Dès lors, il s’avère opportun de s’intéresser aux
facteurs pouvant stimuler l’industrialisation et la complexité en ASS.

Malgré son importance, qu’il s’agisse de la complexité économique, de l’industrialisation


ou de la diversification, la transformation structurelle est encore faible dans les pays
en développement, particulièrement dans les pays d’Afrique Subsaharienne. Si elle est
encore d’actualité lors des débats autour du développement économique des pays d’Afrique
Subsaharienne, c’est parce que la plupart de ces pays sont caractérisés par des économies
fortement dépendantes des secteurs peu productifs. En effet, le tissu productif de ces
économies est foncièrement concentré autour du secteur primaire, faisant de lui le principal
employeur. À titre illustratif, la part de l’emploi dans le secteur industriel en 2017 est de
11,7% contre 69% dans l’agriculture (Banque Mondiale, 2018). Par ailleurs, les économies
de l’Afrique subsaharienne sont très peu diversifiées. Leur croissance est essentiellement
portée par l’exploitation des ressources naturelles, et fluctue en fonction de la volatilité
des prix mondiaux des matières premières. La structure économique de ces pays n’est
donc pas soutenable sur le long terme si un processus de diversification n’est pas entamé
(BAfD, 2022). L’ASS a bénéficié d’une croissance économique prospère lors des années
2000 grâce à l’essor des matières premières et à l’aide au développement déployée par
les pays riches. Néanmoins, la chute des cours des matières premières en 2014 a freiné
l’économie africaine dans sa trajectoire et a révélé les nombreuses faiblesses structurelles
qui entravent son développement.

Selon le rapport de la Banque Africaine de Développement (2022) sur « l’indice de


l’industrialisation en Afrique », L’ASS semble s’orienter, depuis plusieurs années, sur une

MBEGDE EMMANUEL 3
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

trajectoire de désindustrialisation dont l’issue est encore incertaine. En effet, la part de la


valeur ajoutée manufacturière (VAM) dans le PIB diminue depuis les années 1990. Elle est
passée de 18% du PIB en 1981 à 12% du PIB en 2020. Par ailleurs, la région a la plus faible
contribution à la VAM mondiale, soit moins de 2%. Ce rapport stipule également que 31
pays d’Afrique subsaharienne ont amélioré leur niveau d’industrialisation entre 2010 et
2021. Toutefois, le rythme d’industrialisation est encore lent pour répondre aux besoins
d’une population croissante (+2,5% en moyenne chaque année) et d’une jeunesse sans
emploi. Par ailleurs, cette progression est lente et inférieure au niveau d’industrialisation
observé dans les années 1970 et 1980.

Face à ce retard observé, plusieurs études sur les facteurs de la transformation struc-
turelle ont été menées dans la littérature par différents auteurs ( Mensah et al., 2016
Mijiyawa, 2017 Sen, 2019 ; Feijo et al., 2019 ; Bustos et al., 2020, Fajgelbaum et Red-
ding, 2022 ; Alagidede et al., 2020). Il ressort que ces facteurs peuvent être regroupés en
plusieurs catégories, à savoir les facteurs socio-économiques, institutionnel, historique, dé-
mographique, géographiques et financiers. Cette étude s’intéresse aux facteurs financiers
de la transformation structurelle et en particulier à l’intégration financière. En effet, à
notre connaissance, le levier de l’intégration financière n’a pas reçu beaucoup d’attention
dans la littérature sur la transformation structurelle. La transformation structurelle est
un processus lourd qui requiert d’importantes ressources financières. Cependant, les pays
africains sont caractérisés par un système financier peu développé, incapable de mobili-
ser l’épargne nécessaire à la réalisation de son industrialisation. L’intégration financière
peut donc permettre aux pays africains à travers l’accumulation du capital de complé-
ter l’épargne intérieure, ce qui permet d’accroître les fonds disponibles et d’augmenter
ainsi l’investissement. C’est dans ce sens que la CNUCED (2022) affirme que « la trans-
formation industrielle exigera une augmentation considérable des ressources financières
disponibles pour le développement ainsi qu’un changement profond d’orientation, tant
au niveau international que dans la manière dont les pays en développement peuvent
exploiter les sources de financement à long terme aux niveaux national et régional ».

L’intégration financière est selon Leite et Sundararajan (1990) l’ouverture des marchés
financiers nationaux aux flux financiers internationaux. Pour Prasad et al. (2003), elle ren-

MBEGDE EMMANUEL 4
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

voie au degré de connexion d’un pays à la sphère financière internationale. Stulz (2005) l’a
défini comme la libéralisation des échanges financiers. C’est un processus de renforcement
des interactions entre systèmes financiers nationaux intervenant tant au niveau global que
régional. En créant des espaces financiers plus vastes, elle améliore l’allocation régionale
et globale de l’épargne et du crédit en faveur des investissements les plus productifs. En
contribuant à la réduction des coûts de transactions financières et à l’accroissement de
l’offre de financement, elle constitue un facteur important du développement économique
(Guérineau et Jacolin, 2014).

Du point de vue géographique, l’on distingue deux types d’intégration financière : l’in-
tégration financière régionale (IFR) et l’intégration financière internationale (IFI). L’in-
tégration financière régionale se définit comme un processus d’interaction coordonnée des
institutions financières dans leur fonctionnement au niveau régional (De Brouwer, 1999).
Pour Baele et al. (2004) c’est donc un processus de renforcement des interactions entre
les marchés financiers nationaux au niveau régional conférant aux opérateurs les mêmes
droits, un accès similaire à l’ensemble des instruments et services financiers et un traite-
ment équitable et égal sur le marché. C’est un processus qui lie les nations sur la base
de leur proximité, pour une interaction économique et sociale (Kučerová, 2009). C’est
une dépendance économique croissante dans une zone géographique caractérisée par une
discipline macroéconomique et financière. Elle crée un environnement adéquat pour le dé-
veloppement des activités économiques et le développement financier dans la mesure où
elle permet une meilleure allocation des ressources, complète l’épargne interne, et permet
de remédier au problème de liquidité du marché financier et réduit les coûts de transaction.

L’intégration financière internationale est un processus par lequel les économies du


monde entier deviennent progressivement interconnectées et liées les unes aux autres,
conduisant à l’internalisation de la production, des flux de capitaux et des marchés ( To-
daro, 2003 Wilding, 1997). Cela se produit lorsqu’un pays ouvre ses institutions et son
marché financier aux acteurs étrangers et également lorsque les acteurs locaux peuvent
investir à l’étranger. Elle permet la libéralisation du compte financier qui entraîne le dé-
veloppement du système financier domestique en éliminant la répression financière. Par
ailleurs, grâce à la suppression des contrôles sur les mouvements de capitaux internatio-

MBEGDE EMMANUEL 5
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

naux, elle accroît la possibilité de diversifier le portefeuille.

Selon McMillan et Rodrik (2011), les pays en développement, tous sans exception, sont
de plus en plus intégrés économiquement et financièrement depuis le début des années
1990. Cette intégration s’est accrue par le développement de nouvelles technologies de
l’information et de la communication. L’intégration financière est appréciée ici par la
mobilité des capitaux entre les pays et par l’intensité des restrictions appliquées aux flux
de capitaux dans un pays. Ainsi, entre 2007 et 2017, on observe une augmentation des flux
nets de capitaux entrants passant de 70 milliards à 113 milliards (FMI, 2018). Par ailleurs,
on note une augmentation des flux de capitaux non-officiels vers l’Afrique subsaharienne,
passant de 4 milliards de dollars dans les années 1990 à 60 milliards de dollars en 2017
(FMI, 2018). Les flux d’IDE et d’investissement de portefeuille ont aussi gonflé. Cette
évolution reste néanmoins faible relativement aux autres régions du monde et sujette à
de multiples fluctuations.

L’analyse du lien entre l’intégration financière et la transformation structurelle est re-


lativement récente dans la littérature. Elle soulève la question du financement du déve-
loppement. En effet, l’intégration financière peut affecter positivement la transformation
structurelle dans la mesure où il a été largement démontré dans la littérature que, l’inté-
gration financière contribue au développement économique ( Bumann et al., 2013 ; Landry
et Thierry, 2017). L’on doit à Schumpeter (1935)l’idée selon laquelle le développement
économique n’est possible que si l’on finance de « nouvelles combinaisons productives
». En effet, selon lui, l’épargne préalable n’est pas suffisante pour le financement de ces
nouvelles combinaisons. Dans le cadre d’une économie fermée, il préconise la création
monétaire. En économie ouverte, le recours aux capitaux extérieurs apparaît comme une
source alternative de financement.

Par ailleurs, selon la théorie de l’allocation internationale du capital, les capitaux


migrent des pays développés vers les pays en développement où le rendement du capi-
tal est plus élevé afin d’avoir un meilleur retour sur investissement. Cela est possible
grâce à la mobilité internationale du capital. Ce sont Feldstein et Horioka qui sont à
l’origine de la confusion des expressions « intégration financière » et « mobilité du capital

MBEGDE EMMANUEL 6
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

» (Nivoix et Pépin, 2009). De ce fait, l’intégration financière permet la libre circulation


des capitaux. Cet afflux de capitaux vers les PED, par effet d’accumulation, augmente la
disponibilité du capital et le niveau d’épargne national, ce qui contribue à l’augmenta-
tion de l’investissement dans les secteurs productifs, innovants et dans la R&D. En fin de
compte, cela permet d’alimenter le processus de transformation structurelle qui, en soi,
est un processus lourd et coûteux.

En outre,McKinnon (1973) et Shaw (1973) considèrent que la répression financière est


la principale cause du sous-développement. Ils conseillent donc les PED de libéraliser leur
système financier. En effet, selon la théorie de la libéralisation financière, la déréglemen-
tation du crédit ainsi que le contrôle des taux d’intérêt, la privatisation des institutions
financières (libéralisation interne), la suppression des barrières à l’entrée des institutions
financières étrangères, l’ouverture des marchés nationaux aux flux financiers internatio-
naux, la suppression des contrôles des changes et la suppression des restrictions sur les
transactions financières étrangères (libéralisation externe) (Bumann et al., 2013) contri-
buent au développement du système financier et donc à l’augmentation de l’épargne ainsi
que de l’investissement.

Ainsi, l’intégration financière crée un environnement favorable au développement écono-


mique et donc à la transformation structurelle dans la mesure où cette dernière nécessite
des ressources financières importantes, particulièrement dans les pays en développement.
En effet, elle aide à compléter le niveau d’épargne interne parfois insuffisant. Elle permet
également d’améliorer l’allocation des ressources vers des investissements à rendement
élevé et accroît l’accès aux services financiers en réduisant la contrainte de financement
des entreprises grâce à la concurrence(Landry et Thierry, 2017).

L’intégration financière peut également occasionner l’entrée des banques étrangères et


donc l’introduction de nouveaux instruments et de nouvelles techniques financières entraî-
nant un changement au niveau institutionnel. En effet, selon la théorie du changement
institutionnel induit (Lin, 1989), le changement technologique peut influencer la structure
institutionnelle d’un pays et ainsi permettre d’une part de modifier l’efficacité relative dans
certains arrangements institutionnels et d’autre part de rendre d’autres arrangements non

MBEGDE EMMANUEL 7
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

opérationnels (Massil et al., 2016)

Sur le plan empirique, certains trouvent une relation positive entre l’intégration finan-
cière et la transformation structurelle. Aizenman et Noy (2006) montrent par exemple
que l’intégration financière peut stimuler l’investissement dans le secteur à forte intensité
de capital tel que l’industrie manufacturière, ce qui contribue à la transformation structu-
relle des économies, entraînant la diversification. D’autres montrent que la transformation
structurelle peut elle-même contribuer à l’intégration financière en ce sens qu’elle entraîne
une augmentation de la demande de financement, en particulier pour les entreprises de
taille moyenne et celles qui cherchent à se développer à l’international (Kleinert et Toubal,
2010). Pour d’autres encore, l’intégration financière est un obstacle à la transformation
structurelle dans la mesure où elle est source d’instabilité financière et accroît le risque
de crise financière ( Demirgüç-Kunt et Detragiache, 1998 ; Ranciere et al., 2006).

Problématique
L’analyse du lien entre l’intégration financière et la transformation structurelle est
assez récente dans la littérature. Cette relation fait l’objet de débats et controverses dans
la littérature théorique et empirique.

Le principal fondement théorique utilisé pour cette analyse est la théorie de la libérali-
sation financière de McKinnon (1973) et Shaw (1973) bien que la relation entre la sphère
financière et la sphère réelle de l’économie remonte aux travaux de Schumpeter (1991) qui
évoquait déjà le rôle fondamental du secteur financier dans le développement des activités
économiques (Lo et Ramde, 2019) . La libéralisation financière promeut la concurrence via
l’entrée des banques étrangères, lesquelles permettent une amélioration de la qualité des
services financiers. Elle favorise l’entrée des capitaux, ce qui accroît l’offre de financement
disponible et permet de résorber les problèmes de liquidité dont souffrent les marchés
financiers des pays en développement. Par ailleurs, la libéralisation financière concourt
au développement du secteur financier. Cela contribue à la réduction de la contrainte
de financement des entreprises et donc encourage l’investissement. Cette facilité d’accès
aux ressources financières permet le développement de nouvelles activités. Elle promeut

MBEGDE EMMANUEL 8
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

également les activités de R&D et l’innovation. La présence sur le marché national des
institutions financières étrangères s’accompagne de nouvelles techniques bancaires et de
gestion des risques, de nouveaux instruments et services financiers qui contribuent davan-
tage à améliorer l’intermédiation financière favorable à la croissance. En effet, une bonne
intermédiation financière permet l’allocation optimale du capital vers des projets viables,
rentables et productifs (Bumann et al. 2013). Ainsi, l’intégration financière améliore l’al-
location des ressources, favorise la diversification des ressources grâce à la diversification
du portefeuille, stimule la production (Rajan et Zingales, 1996).

Selon les néoinstitutionnalistes, cependant, la libéralisation financière affecte négative-


ment la croissance économique. En effet, trois arguments sont évoqués dans la littérature
à savoir l’existence d’asymétries d’informations (Stiglitz et Weiss, 1981), la faiblesse de
la structure réglementaire (Andersen et Tarp, 2003), la volatilité des flux de capitaux et
le risque élevé de crises (Bhagwati, 1998 ; Rodrik, 1998 ; Stiglitz et Ocampo, 2008). En
effet pour eux compte tenu de l’importance du système financier pour l’économie et du
risque élevé de contagion, il est nécessaire que ce dernier soit réprimé. Ainsi, l’intégration
financière est une entrave à la transformation structurelle, car la mobilité croissante des
capitaux et leur nature pro-cyclique est source d’instabilité macroéconomique, notamment
lorsque le système financier n’est pas développé Stiglitz et Ocampo, 2008. Par ailleurs, la
présence de banques étrangères peut entraîner la segmentation du marché financier do-
mestique par l’existence de deux types d’intermédiaires, ceux qui disposent d’un avantage
concurrentiel en termes d’information (banques locales) et ceux qui sont moins informés
(banques étrangères). Cette segmentation peut donc entraîner une réduction des fonds
prêtables (Dell’Ariccia et Marquez, 2004).

Ces prédictions théoriques ont suscité une vaste littérature empirique avec des résultats
ambigus et controversés. En effet, certaines études montrent une relation positive entre
l’intégration financière et le développement économique. C’est le cas de Mensah et al.
(2016) qui montrent dans leurs études que l’intégration financière a un effet positif sur
la transformation structurelle mesurée par la valeur ajoutée sectorielle. Ils trouvent que
l’ouverture financière à l’extérieur améliore l’intermédiation financière entre les agents
économiques et élimine les barrières à l’accès aux services financiers, ce qui permet de

MBEGDE EMMANUEL 9
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

booster l’investissement et donc l’industrialisation. En outre, Alagidede et al. (2020) exa-


minent l’effet de l’intégration financière et commerciale sur la transformation structurelle
en ASS. Ils trouvent que les deux variables ont un effet positif sur la transformation struc-
turelle, mais seule l’intégration financière a un résultat robuste. Par ailleurs, Ibrahim et
Vo (2020) trouvent qu’un niveau élevé d’intégration financière promeut la transformation
structurelle. Ils mesurent cette dernière par la valeur ajoutée sectorielle et trouvent que cet
effet est particulièrement significatif et robuste dans le secteur industriel. Dans le même
ordre d’idées, Mühlen et Escobar (2020) analysent la relation investissement direct étran-
ger et transformation structurelle au Mexique en utilisant un estimateur à effet fixe. Ils
trouvent que les IDE ont un effet positif sur la dynamique de transformation structurelle
au Mexique, mais seulement à long terme. Il montre également que cet effet dépend de
la nature des IDE et que seuls les IDE dans le secteur industriel ont un effet positif et
significatif.

D’autres travaux soulignent l’effet négatif de l’intégration financière sur le développent


économique à l’instar de Mougani (2012) qui montrent que l’intégration financière n’a
pas eu un impact positif sur le développement économique en Afrique car elle est source
de volatilité. Les résultats empiriques de certaines études sont inférieurs aux projections
théoriques. Pour Chouchane-Verdier* (2004) l’intégration financière a conduit à une forte
instabilité du marché du crédit et un faible développement financier. Par ailleurs, Mi-
jiyawa (2017) analyse les déterminants de la transformation structurelle en Afrique. Il
trouve un effet neutre entre la transformation structurelle et l’IDE. Dans le même ordre
d’idées,Mamba et al. (2020) examinent le lien entre les IDE et la transformation structu-
relle sur un échantillon de 08 pays d’Afrique de l’Ouest sur la période de 1990 à 2017. Ils
trouvent un effet neutre entre IDE et la valeur ajoutée des différents secteurs notamment
les secteurs agricole, industriel et des services.

Les faits font état de ce que la relation entre l’intégration financière et la transforma-
tion structurelle présente des configurations ambivalentes. D’une part, on a les pays dont
l’intégration financière et la transformation structurelle évoluent dans le même sens à
l’exemple du Bénin qui en 2001 présente un indice d’intégration financière de 2,3 (mesuré
par l’indice d’ouverture du compte capital de Chinn et Ito (2008)) et une valeur ajou-

MBEGDE EMMANUEL 10
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

tée manufacturière de 15%. D’autre part, on a des pays dont les niveaux d’intégration
financière et de transformation structurelle évoluent dans le sens inverse. C’est le cas du
Cameroun qui en 2001 a un indice de -1,2 d’ouverture financière avec une valeur ajoutée
manufacturière de 14%.

En considérant par exemple l’emploi dans le secteur industriel, nous observons que
certains pays ont un niveau élevé d’industrialisation, mais sont faiblement ouverts. C’est
le cas par exemple de l’Afrique du Sud qui présente un niveau moyen d’industrialisa-
tion de 25,55%, mais un degré d’ouverture de 0,15. A contrario, d’autres pays comme
l’Ouganda sont fortement ouverts financièrement (0,9), mais présentent un faible niveau
d’industrialisation (7,54%). Ce constat est le même lorsque l’on considère la complexité
économique dans les pays de notre échantillon. En effet, bien que l’Afrique du Sud soit le
pays présentant le plus haut niveau de complexité économique (0,15), il est moins ouvert
que le Gabon qui est fortement ouvert (0,9) mais présente un faible niveau de complexité
économique (-1,38).

Au regard de toutes ces controverses et contradictions, on est donc en droit de se poser


la question de savoir quel est l’effet de l’intégration financière sur la transforma-
tion structurelle en Afrique subsaharienne ?
Pour être plus précis dans la réponse à cette question, il est opportun de répondre aux
questions spécifiques suivantes :

• Quel est l’effet de l’intégration financière sur l’industrialisation en Afrique subsa-


harienne ?
• Quel est l’effet de l’intégration financière sur la complexité économique en Afrique
subsaharienne ?

Objectifs de recherche
L’objectif principal est d’examiner l’effet de l’intégration financière sur la transfor-
mation structurelle en Afrique subsaharienne. De façon plus spécifique, il s’agit :

MBEGDE EMMANUEL 11
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

• D’examiner l’effet de l’intégration financière sur l’industrialisation en Afrique sub-


saharienne ;
• D’examiner l’effet de l’intégration financière sur la complexité économique en Afrique
subsaharienne.

Hypothèses de recherche
Pour mener à bien cette étude, il est nécessaire de se fixer des hypothèses. De ce fait,
l’hypothèse principale de notre étude est que l’intégration financière améliore la transfor-
mation structurelle en Afrique subsaharienne. De façon spécifique :

• Hypothèse 1 : l’intégration financière accroit l’industrialisation en ASS ;


• Hypothèse 2 : l’intégration financière améliore la complexité économique en
ASS.

Intérêts de l’étude
Dans la littérature, il existe de nombreux travaux sur les déterminants de la transfor-
mation structurelle (le capital humain, la qualité des institutions, les transferts de fonds
des migrants, l’usage d’Internet, le développement financier, l’ouverture commerciale).
Cependant, à notre connaissance, peu de travaux ont analysé l’effet de l’intégration finan-
cière sur la transformation structurelle en considérant l’industrialisation et la complexité
économique. Notre apport est donc de combler ce gap dans la littérature. Par ailleurs,
nous faisons une analyse de la médiation afin de montrer par quel canal l’intégration
financière affecte la complexité économique.

En outre, cette étude contribue à la littérature sur le lien entre intégration financière et
transformation structurelle à travers l’échantillon étudié à savoir l’Afrique subsaharienne.
En effet, la plupart des études surtout en ce qui concerne la complexité économique sont
menées en Asie et en Afrique.

MBEGDE EMMANUEL 12
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Méthodologie de l’étude
L’objectif de notre travail est d’examiner l’effet de l’intégration financière sur la
transformation économique. Notre démarche méthodologique consiste à présenter d’une
part les faits stylisés de nos variables et d’autre de faire une analyse économétrique. Nous
utilisons une spécification en panel qui permet d’intégrer les dimensions individuelle et
temporelle, ce qui permet d’améliorer la qualité informationnelle.

Afin de vérifier nos hypothèses, nous adoptons comme technique d’estimation une mé-
thode à variable instrumentale afin de tenir compte du potentiel problème d’endogénéité
dont souffrirait notre modèle. Il existe deux principales techniques des variables instru-
mentales à savoir la Méthode des Moments Généralisées (MMG) et la méthode des doubles
moindres carrés (2sls). Nous optons pour la première comme technique de base et la se-
conde en robustesse.

Les données de notre étude sont de nature secondaire et proviennent des bases World
Development Indicator (WDI), International Financial Statistiques (IFS), external wealth
of nation mark-II database de Lane et Milesi-Ferretti (2007) actualisée en 2022, World
Governance Indicator (WGI). Notre étude est menée sur la période allant de 1994 à 2021
sur un échantillon de constitué de 48 pays d’ASS. Le choix de cette période est fonction
de la disponibilité des données notamment sur l’intégration financière. Par ailleurs, selon
McMillan et Rodrik (2011), les pays en développement, tous sans exception sont de plus
en plus intégrés financièrement depuis les années 1990. Notre variable dépendante est
la transformation économique mesurée dans ce travail par l’industrialisation et la com-
plexité économique relativement aux travaux de Avom et Nguekeng 1 (2020), Mijiyawa
(2017), Hidalgo et al. (2007). La variable indépendante d’intérêt est l’intégration finan-
cière mesurée par la somme des passifs et actifs étrangers sur la PIB (mesure de facto) et
l’indice de Chinn et Ito (2008), le Kaopen (mesure de jure). Les variables de contrôle de
notre étude sont le PIB réel, l’urbanisation, le capital humain, l’ouverture commerciale,
la gouvernance, le développement technologique, l’investissement en capital physique, le
développement financier.

MBEGDE EMMANUEL 13
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Plan de travail
Pour atteindre l’objectif fixé, nous optons pour un plan dynamique s’articulant en
deux parties. Il existe plusieurs indicateurs de la transformation de la structure d’une
économie : la complexité économique (Hidalgo et Hausmann, 2009) ; l’industrialisation
(Mijiyawa, 2017) et la diversification (Imbs et Wacziarg, 2003). Nous nous intéressons ici
à l’industrialisation et la complexité qui intègre les aspects diversification et sophistication
de la structure productive. Ainsi, le travail s’organise comme suite :
La première partie met en exergue l’effet de l’intégration financière sur l’industriali-
sation. Cette partie comprend deux chapitres dont la première traite de l’analyse théorique
entre les deux concepts et le second chapitre empirique analyse l’effet de l’intégration fi-
nancière sur l’industrialisation.

La deuxième partie s’attelle à analyser l’effet de l’intégration financière sur la com-


plexité économique. Elle comprend également deux chapitres dont le premier fait une ana-
lyse théorique et le second une analyse empirique de la relation entre ces deux concepts.

MBEGDE EMMANUEL 14
Première partie :
Intégration Financière et
industrialisation en Afrique
Subsaharienne

15
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Introduction de la première partie

La transformation économique est une dimension de la transformation structurelle. Elle


renvoie à la transition d’une économie traditionnelle caractérisée par une prépondérance
du secteur agricole à une économie moderne ou urbaine plus industrialisée, avec un secteur
des services développé. C’est une étape importante dans le processus de développement
d’un pays, voire non-facultative. En effet, l’histoire des pays développés nous montre
qu’aucun de ces pays n’en a fait acception. C’est à juste titre que et Monga (2012) affirment
qu’aucun pays n’est passé du statut de pays à faible revenu à pays à revenu élevé sans
transformation structurelle.

Malgré l’importance accordée à la transformation économique, les pays en dévelop-


pement et particulièrement les pays d’ASS accusent un retard en la matière. En effet,
le niveau d’industrialisation de ces pays est faible ; certains pays tendent même vers une
désindustrialisation. Les activités sont concentrées autour des matières premières, des
ressources naturelles et des produits primaires. Face à ce constat, plusieurs études sur
les déterminants de l’industrialisation ont été menées en ASS. Il en ressort que les fac-
teurs technologiques, institutionnels, socio-économiques géographiques et démographiques
sont des éléments déterminants pour l’industrialisation. A ces déterminants nous pouvons
ajouter les facteurs financiers notamment l’intégration financière. Dès lors, il est question
dans cette partie d’évaluer l’effet de l’intégration financière sur l’industrialisation. Dans
un premier temps, il s’agira d’examiner la relation théorique entre l’intégration financière
et l’industrialisation (chapitre1) et dans un second temps de mener une analyse empirique
de ladite relation en ASS (chapitre2).

MBEGDE EMMANUEL 16
CHAPITRE 1. INTÉGRATION FINANCIÈRE ET
INDUSTRIALISATION : LES ENSEIGNEMENTS DE LA
LITTÉRATURE

Introduction

La relation entre l’intégration financière et la transformation économique s’inscrit dans


la littérature qui traite du lien entre le secteur financier et le secteur réel de l’économie. Se-
lon la thèse du gradualisme de McKinnon et Pill (1997), pour que l’intégration financière
soit réussie et qu’elle ait les effets escomptés sur l’activité économique, elle doit remplir
un certain nombre de conditions et doit être précédée de l’intégration commerciale. Cela
sous-entend que pour que l’intégration financière puisse avoir l’effet escompté sur l’in-
dustrialisation, elle se doit d’obéir ou de respecter à un certain nombre de conditions.
Ce chapitre a pour objectif de présenter d’une part une analyse des concepts clés et de
passer en revue les théories pouvant expliquer la relation entre l’intégration financière et
l’industrialisation. D’autre part, elle met en évidence les mécanismes par lesquels l’inté-
gration financière affecte le processus d’industrialisation ainsi qu’un état de la littérature
empirique sur ladite relation.

17
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Section 1. Intégration financière et industrialisation :


un examen théorique de la littérature
La relation entre l’intégration financière et l’industrialisation est assez récente dans
la littérature et n’est pas encore suffisamment développée. L’industrialisation est un sujet
d’intérêt pour les économistes du développement car, elle est considérée comme l’élément
moteur de la transformation structurelle. C’est un facteur clé pour la croissance écono-
mique, la réduction de la pauvreté et la transition de pays à faible revenu pour celui à
revenu élevé Monga (2012). Plusieurs facteurs dans la littérature permettent d’expliquer
l’industrialisation. Ces facteurs peuvent être classés en facteurs économiques, sociaux,
financiers, institutionnels, et même historiques. Nous portons dans notre travail une at-
tention aux facteurs financiers notamment l’intégration financière. En effet, compte tenu
de l’agenda 2030 et 2063 pour le développement durable de l’Afrique, l’intégration qu’elle
soit commerciale, humaine ou financière, occupe une place importante pour la réalisation
de cet agenda. Par ailleurs, les pays africains ont besoin pour réaliser l’agenda 2063 et
assurer la transformation de leurs économies d’un niveau élevé de financement (UNDP,
2018).

Cette section a pour objectif de présenter de prime abord l’analyse des concepts in-
tégration financière et industrialisation ainsi que les théories explicatives du lien entre
ces deux concepts, en suite, de mettre en évidence les canaux de transmission existants
dans la littérature par lesquels l’intégration financière agit sur l’industrialisation tout en
présentant l’état de la littérature empirique.

1.1. Synthèse théorique de l’effet de l’intégration financière sur


l’industrialisation

Il s’agit dans cette partie de faire une analyse conceptuelle de nos différents concepts
à savoir l’industrialisation et l’intégration financière.

MBEGDE EMMANUEL 18
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

1.1.1. Analyse conceptuelle de l’industrialisation

La transformation économique renvoie au processus par lequel une économie évolue


d’une structure économique axée sur les activités agricoles à une structure axée sur les
activités manufacturières et les services. Ce processus peut également inclure des change-
ments dans les technologies de production, le niveau d’urbanisation et la répartition de
la population active. La transformation économique est un concept à caractère multidi-
mensionnel pouvant être appréhendé sous trois dimensions : la diversification (Noureen et
Mahmood, 2016), l’industrialisation (Mijiyawa, 2017) et la complexité économique (Hi-
dalgo et Hausmann, 2009 ; Antonietti et Franco, 2021).

L’industrialisation : C’est un facteur à travers lequel nous pouvons apprécier la trans-


formation économique. L’industrialisation est perçue dans la littérature comme l’augmen-
tation de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB ; c’est un processus qui implique
un changement dans la structure de l’économie (Chandra, 2003). Cette définition ne doit
cependant pas donner l’impression que c’est purement un processus économique. En effet
dans un sens plus large, l’industrialisation est un processus de transformation de la société
entière impliquant des changements économique, politique et culturel. C’est dans ce sens
que (Chandra, 2003) affirme que la croissance industrielle en soi n’est pas suffisante pour
l’industrialisation.

L’industrialisation apparaît dans la littérature comme une étape importante pour le dé-
veloppement économique et la transformation économique des pays. En effet selon Avom
et Nguekeng 1 (2020), l’industrialisation est un vecteur de la promotion et de l’accom-
plissement d’une transformation économique inclusive ; c’est un puissant moteur de la
croissance économique (Rodrik, 2018). Par ailleurs, Szirmai (2012) remarque que pour
qu’une économie expérimente un développement économique réussi, ce développement
doit être conduit par l’industrialisation. L’importance de l’industrialisation est donc as-
sez bien documentée dans la littérature. En effet, selon les modèles à économie dual (
Lewis et al., 1954 ; Jorgenson, 1961), il existe dans l’économie deux secteurs notamment
le secteur agricole (traditionnel) et le secteur industriel (moderne). Ces modèles mettent
de l’emphase sur le fait que le développement économique passe par le transfert des res-

MBEGDE EMMANUEL 19
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

sources du secteur agricole à faible productivité au secteur industriel à forte productivité.


Ainsi, l’industrialisation consiste en l’augmentation du poids du secteur industriel dans
l’économie au détriment du secteur agricole.

Malgré ses vertus pour la santé économique, l’Afrique et en particulier l’ASS semble
plutôt tendre vers la désindustrialisation alors que la BAfD (2018) affirme que « la trans-
formation structurelle de l’Afrique ne se fera pas sans industrialisation, considérée comme
le seul moyen pouvant garantir l’émergence économique du continent et favoriser la conver-
gence du niveau de vie vers celui des pays avancés. ». Outre l’industrialisation, la trans-
formation économique peut également s’appréhender par la diversification économique.

1.1.2. Analyse conceptuelle de l’intégration financière

L’intégration financière est devenue l’un des principaux outils de réforme pour la
plupart des économies en développement au début des années 1990 lorsqu’il est devenu
évident que l’absence d’un système financier suffisamment développé entravait la crois-
sance de ces pays (Ekpo et Chuku, 2017). Le processus de développement économique et
la transformation structurelle nécessitent un financement important. Pour se faire l’in-
tégration financière apparaît comme l’une des sources de financement des économies en
ce sens qu’elle entraîne l’afflux des capitaux internationaux et des institutions étrangères
grâce aux politiques d’ouverture financière.

L’intégration financière est un concept économique qui désigne l’ouverture et la conver-


gence des marchés financiers à travers les frontières. Elle consiste en la libéralisation et
l’unification des marchés financiers, en supprimant les restrictions liées aux mouvements
des capitaux et des entreprises étrangères. Du point de vue géographique, l’intégration
financière peut être régionale, c’est-à-dire un processus de renforcement des interactions
entre les marchés financiers nationaux au niveau régional conférant aux opérateurs les
mêmes droits, un accès similaire à l’ensemble des instruments et services financiers et
un traitement équitable et égale sur le marché (Baele et al., 2004), ou internationale ren-
voyant au processus par lequel les économies du monde entier deviennent progressivement
liés entre elles, conduisant à l’internalisation de la production, des flux de capitaux et des

MBEGDE EMMANUEL 20
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

marchés (Todaro et Smith, 2003).

Dans la littérature, les indicateurs de la globalisation financière peuvent être classés


en deux grandes catégories : les mesures de jure et les mesures de facto (Prasad et al.,
2003 ; Baele et al., 2004 ; Kose et al., 2009,Kose et al., 2006). Selon Quinn et al. (2011),
ces mesures ne convergent pas toujours.

Les mesures de jure : Elles rendent compte de l’intégration financière d’un pays
donné à travers l’étendue de sa libéralisation externe. Elles analysent les restrictions pra-
tiquées par le gouvernement sur la circulation des flux de capitaux ((Chinn et Ito, 2008)).
Ces restrictions peuvent prendre différentes formes : restrictions sur les quantités, les prix,
les flux entrant, les flux sortants, les titres financiers. Les indicateurs de jure de l’IF sont
des mesures binaires ou à échelle graduée à l’exemple de l’indice de Chinn et Ito (2008) et
Quinn (1997). Elles sont issues du rapport annuel sur les arrangements et les restrictions
d’échange du FMI (L’AREAER). En effet, le FMI est le seul organisme mondial qui cen-
tralise et diffuse ces informations. A l’intérieur de ces mesures, nous avons des mesures
de jure qui traduisent l’ensembles des restrictions officielles imposées uniquement sur les
comptes capital et courant qui ont été publiées sous forme de texte en 1950, disponibles
pour les résidents et les non-résidents, et celles qui sont issues du tableau de L’AREAER
qui résume les caractéristiques des régimes de change et les restrictions imposées sur le
capital uniquement aux résidents. Les limites de ces mesures ont poussé à la mise au
point des mesures de facto. En effet, ces mesures souffrent d’une carence information-
nelle. Les bases de données à partir desquelles ces mesures sont formés sont insuffisantes.
Par ailleurs, l’existence de lois et de politiques ne signifie pas toujours leur application.

Les mesures de facto : Les premières mesures de facto de l’intégration financière


renvoient aux indicateurs basés sur les décisions inter-temporelles des ménages et des
firmes. Feldstein et Horioka (1980) sont parmi les premiers chercheurs à avoir utilisé ces
mesures. Ce sont des mesures basées sur la quantité et qui traitent de la corrélation entre
l’épargne et l’investissement en référence à l’hypothèse de Feldstein et Horioka (1980) sur
la mobilité du capital. Selon cette hypothèse, si les marchés financiers sont intégrés, il
n’existe pas de corrélation entre l’épargne domestique et l’investissement des entreprises.

MBEGDE EMMANUEL 21
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Une forte corrélation indique cependant une forte segmentation des marchés. En effet,
selon cette approche, la forte corrélation signifie que l’investissement est financé par les
fonds intérieurs plutôt que l’épargne extérieure, à contrario, la faible corrélation implique
un recours intense aux capitaux étrangers pour financer ces projets.

Par la suite, nous avons les indicateurs basés sur le marché du crédit et le marché
obligataire. Ils renvoient aux mesures du risque, du prix et du rendement des actifs de
l’économie dans son ensemble (Ekpo et Chuku, 2017). Selon Quinn et Jacobson (1989),
la convergence du niveau des taux d’intérêt et des prix des actifs domestiques au niveau
des taux et des prix internationaux est un synonyme d’une forte intégration financière à
la sphère financière mondiale. Dans le cadre des mesures basées sur le prix, l’intégration
financière peut être analysée à l’aide de la condition de la parité. En effet, le différentiel
du taux d’intérêt est souvent utilisé comme une mesure de l’intégration des marchés du
crédit ou d’autres actifs. Ces mesures reflètent le différentiel de prix d’actifs similaires ou
le différentiel de rendement d’actifs semblables dans le monde ou dans une même région.
Elles reposent sur l’hypothèse que le différentiel de prix d’actifs similaires dans différents
endroits doit disparaître en raison de l’absence d’opportunités d’arbitrages (Quinn et al.,
2011).

Toujours dans les mesures de facto, nous avons également les mesures basées sur les
quantités qui visent à quantifier le montant des flux de capitaux entre les économies.
Elles permettent de mesurer le volume réel de flux de capitaux d’une économie (Padhan
et Prabheesh, 2021). Elles sont calculées à partir de la part des titres financiers domes-
tiques détenus par les étrangers à l’instar de l’indice de Lane et Milesi-Ferreti (2007)
qui représente le ratio du total des actifs et des passifs financiers étrangers, en IDE et
investissements de portefeuille, sur le PIB.

Lorsque l’objet de l’étude est lié au volet institutionnel de l’intégration financière, au-
trement dit lorsque l’étude s’intéresse aux restrictions appliquées par le gouvernement à
la sphère financière, il est recommandé de faire usage des mesures de jure, par contre,
lorsqu’il s’agit d’analyser les répercussions économiques de l’intégration financière, il est
souhaitable de recourir aux mesures de facto, comme l’indice de Lane et Milesi-Ferretti ,

MBEGDE EMMANUEL 22
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

car ils reflètent mieux le degré d’intégration financière dans la pratique (Kose et al., 2009).

1.2. Lien théorique entre l’intégration financière et l’industriali-


sation

Le lien entre l’intégration financière et l’industrialisation renvoie à la question du


financement au développement. Il s’agit en d’autres termes de la littérature mettant en lien
la finance et la croissance économique. Il revient donc dans cette sous-section de mobiliser
les théories pouvant expliquer la relation entre l’intégration financière et la transformation
structurelle appréhendée par l’industrialisation.

1.2.1. La théorie de la libéralisation financière de McKinnon et Shaw (1973))

Les travaux portant sur le lien théorique entre l’intégration financière et le déve-
loppement économique sont relativement récents et se sont imposés avec l’édification des
unions monétaires à la fin des années 1990 (Landry et Thierry, 2017). Le principal fonde-
ment théorique de la relation entre l’intégration financière et la transformation économique
est la Théorie de la libéralisation financière, développée par McKinnon et Shaw en 1973.
L’idée de base est que la libéralisation du système financier peut avoir un impact sur le
processus de développement économique par l’entremise du développement financier. De
façon spécifique, la libéralisation financière correspond aux politiques gouvernementales
qui concernent la déréglementation du crédit aussi bien que le contrôle des taux d’in-
térêts, la suppression des barrières à l’entrée des institutions étrangères, la suppression
des restrictions aux transactions financières et la privatisation des institutions financières
(Bumann et al., 2013).

En effet, selon ces auteurs, la répression du système financier est la cause de la mau-
vaise performance des investissements, de la faible expansion du secteur industriel et donc
du faible niveau de croissance économique dans les pays en développement. Ainsi donc,
la libéralisation financière favorise la transformation économique par le biais de l’indus-
trialisation. Cette dernière en est le moteur ( (Folarin, 2019)). De plus, cette théorie
soutient qu’il est préférable que le taux d’intérêt soit déterminé par le marché plutôt que
d’être fixé par le gouvernement du fait de son incapacité à fixer un taux d’intérêt optimal

MBEGDE EMMANUEL 23
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

d’équilibre sur le marché. Ces restrictions entravent l’efficacité et l’efficience de l’intermé-


diation financière, car elles sont associées au faible niveau d’épargne, au rationnement du
crédit et au faible niveau d’investissement, freinant ainsi le processus de transformation
économique.

Par ailleurs, ils soulignent que la libéralisation du système financier est avantageuse
en ce sens qu’elle permet de compléter l’épargne domestique et l’investissement qui sont
insuffisants pour soutenir la transformation structurelle. Elle favorise l’entrée des flux de
capitaux étrangers tels que les investissements directs étrangers et les investissements de
portefeuille. Par ailleurs, elle permet une meilleure allocation de l’épargne et des ressources
vers des secteurs productifs, augmentant ainsi la croissance économique de long-terme, ce
qui favorise le processus de transformation de l’économie. La transformation économique
est un processus coûteux qui pose généralement un problème de financement, en particu-
lier dans les pays en développement. La libéralisation financière est donc pour plusieurs
auteurs un facteur important pour la transformation structurelle et particulièrement pour
la transformation économique ( Folarin, 2019 ;Alagidede et al., 2020). Elle est favorable à
l’expansion industrielle, au développement du commerce (exportations et importations)
et à la sophistication de l’économie grâce au transfert de technologies et de connaissances.

Plusieurs arguments sont exposés dans la littérature pour expliquer l’effet positif de la
libéralisation sur la transformation économique. Les flux d’investissement étrangers et de
portefeuille sont des sources importantes pour la croissance économique grâce à la création
d’emplois, la disponibilité de capitaux additionnels et le transfert des technologies, des
connaissances nouvelles et des techniques avancées qui sont favorables au développement
de l’industrie domestique en augmentant le niveau de productivité globale (Iwamoto et al.,
2012). En outre, l’entrée d’institutions financières étrangères induit une augmentation de
la concurrence, entraînant une augmentation des taux d’intérêts sur les dépôts. Ceci aug-
mente la quantité de ressources disponibles pour satisfaire l’investissement (Landry et
Thierry, 2017). En outre, la concurrence exerce une pression sur les marges bénéficiaires
des banques, en particulier sur les taux d’intérêts préteurs, ce qui permet de réduire
la contrainte de financement des entreprises, et favorise l’investissement (Gamra, 2009).
Dans le même ordre d’idées, la concurrence étrangère peut conduire à l’importation de

MBEGDE EMMANUEL 24
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

nouvelles techniques bancaires et de gestion des risques ainsi que de nouveaux instru-
ments et services financiers. Ce qui contribue en fin de compte à accroître l’efficacité de
l’intermédiation financière dans un pays, permettant de stimuler le rendement des inves-
tissements et, par conséquent, d’augmenter les taux de croissance économique (Bumann et
al., 2013). Il ressort donc que la libéralisation financière, traduite par l’entrée des capitaux
et la concurrence étrangère, permet une amélioration de l’intermédiation financière en ce
sens qu’elle permet de résoudre les problèmes de liquidité et d’allocation des ressources
dont souffrent les pays en développement, et d’améliorer la qualité des services financiers.

1.2.2. Théorie de l’avantage comparatif de Rajan et Zingales (1998)

La littérature existante a récemment suggéré que le développement financier est


une source potentielle d’avantage comparatif pour un pays. Kletzer et Bardhan (1987)
et Baldwin (1989)ont montré dans un modèle de Heckscher-Olin augmenté incorporant
le secteur financier que le développement financier est un avantage comparatif pour les
industries, notamment celles qui comptent sur le financement externe, suggérant ainsi que
le développement financier joue un important rôle pour le commerce international et le
développement du secteur industriel (Liang et Lin, 2022). L’intégration financière aussi
est un avantage comparatif pour le développement du secteur industriel car, elle améliore
l’accès au capital, permet l’allocation des ressources rares nécessaires au développement et
la diversification du risque, ce qui permet aux firmes d’investir dans les projets ayant un
niveau de risque et de rendement élevé conduisant à des activités économiques prospères
(Liang et Lin, 2022).

La contribution séminale de Rajan et Zingales dans cette théorie est de souligner qu’il
existe une hétérogénéité dans les différents secteurs industriels et que le développement
financier affecte différemment ces secteurs. En effet, les auteurs distinguent entre le secteur
industriel qui dépend fortement de la finance extérieure pour réaliser leurs investissements
et d’autres secteurs moins dépendants du financement externe, et plus enclins à utiliser
leurs ressources internes. L’un des secteurs pour produire fait face à des coûts élevés de
production et nécessite un financement extérieur tandis que l’autre secteur rencontre des
coûts moins élevés. Ainsi, un système financier intégré et développé est bénéfique pour le

MBEGDE EMMANUEL 25
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

premier secteur dans la mesure où il réduit la contrainte de financement des entreprises


qui ont besoin de finance externe et rend facile l’accès au crédit. Un secteur industriel
dans lequel les firmes sont dépendantes de la finance interne croit rapidement dans les
pays ayant un système financier libéralisé et développé (Kabango et Paloni, 2011).

Rajan et Zingales (1996) analysent également la relation entre le développement finan-


cier et le secteur industriel en faisant une différence entre la taille des entreprises (grandes
et petites entreprises). Les industries de petite taille croissent plus rapidement dans les
économies ayant un système financier développé (Kabango et Paloni, 2011). L’explication
est que le développement financier réduit les coûts de transaction qui sont particulièrement
plus élevés pour les petites entreprises. Ainsi, les petites industries sont celles qui bénéfi-
cient le plus d’un système financier développé et libéralisé car elles sont plus affectées par
les restrictions financières. Par ailleurs, la compétition bancaire issue de la libéralisation
financière rend le crédit plus disponible, en particulier pour les industries de petite taille
et pour les potentielles firmes entrantes qui sont dépendantes de la finance externe par
rapport à celles existantes. En effet, pour Rajan et Zingales, la croissance industrielle est
induite par l’entrée croissante de nouvelles firmes plutôt que par la croissance de celles
existantes.

1.2.3. Théorie de l’allocation internationale du capital

Selon le modèle néoclassique de la croissance, notamment le modèle de Solow et


Swan (1956), la différence de niveau de développement entre les pays développés et les
pays en développement est due au volume de capital accumulé. Il apparaît que dans les
économies en développement l’épargne domestique est faible et le système financier n’est
pas suffisamment développé. D’après la thèse de la convergence, les pays en développe-
ment évoluent rapidement jusqu’à rattraper le niveau des pays développés. Cette thèse
repose sur l’hypothèse de rendement décroissant des facteurs qui soutient que lorsqu’on
augmente la quantité utilisée d’un facteur au-delà d’un certain seuil, la production aug-
mente de moins en moins. En effet, le capital étant abondant dans les pays développés,
sa productivité marginale est faible, tandis qu’elle est plus élevée dans les pays en dé-
veloppement où le capital se fait rare. En d’autres termes, le capital supplémentaire est

MBEGDE EMMANUEL 26
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

plus rémunéré dans les pays en développement que dans les pays développés. En consé-
quence, il y a une réallocation du capital vers les pays en développement où le rendement
du capital est plus élevé sous l’hypothèse de parfaite mobilité du capital et de libérali-
sation financière. En effet, en situation d’ouverture financière, les flux de capitaux sont
plus importants qu’en autarcie financière. Compte tenu de l’afflux des capitaux étrangers,
l’épargne totale se formera de l’épargne domestique et de l’épargne extérieure, augmentant
ainsi le niveau de l’investissement. Ainsi donc, l’intégration financière affecte l’industria-
lisation en stimulant l’investissement. En effet, selon l’approche de Feldstein et Horioka
(1980), la faible corrélation entre l’épargne domestique et l’investissement est le reflet des
économies financièrement intégrées.

Ainsi, selon la théorie de l’allocation internationale du capital, le capital se déplace des


pays développés vers les pays en développement où le rendement du capital est plus élevé
afin d’avoir un meilleur retour sur investissement. De même, les pays en développement
qui reçoivent ces capitaux en bénéficient par effet d’accumulation car cela permet d’aug-
menter leur niveau d’épargne et ainsi de remédier au problème de liquidité. L’intégration
financière facilite cette mobilité du capital entre les économies et permet aux économies
en développement de financer leurs projets et le processus de transformation structurelle
de leurs économies.

1.2.4. Théorie de la dépendance

Selon la théorie de la dépendance, le monde est un système organisé autour de deux


groupes de pays à savoir les pays industrialisés « the core » et les pays en développement
« the periphery ». Cette théorie soutient qu’il existe une relation d’exploitation entre les
pays industrialisés et les pays en développement (Cardoso et Faletto, 1979) et que le mode
d’intégration d’un pays dans l’économie mondiale détermine son niveau de développement
(Kaya, 2010). Ici, l’essentiel de la production industrielle provient des pays développés.
Les pays en développement sont pour ces derniers des sources de matières premières et
des marchés vers lesquels acheminer leurs produits (Kaya, 2010). Durant la période post-
coloniale, l’équilibre de l’économie mondiale était assuré par les mécanismes de marché. À
cet effet, les théoriciens de la dépendance considèrent le commerce et les capitaux étrangers

MBEGDE EMMANUEL 27
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

comme les principaux mécanismes de marché. Ainsi, ces auteurs considèrent l’ouverture
commerciale comme néfaste au développement des pays de la périphérie car, cela entraîne
une forte dépendance commerciale (Schwartzman, 1995) qui exacerbe le développement
industriel. Par ailleurs, l’afflux de capitaux étrangers dans les pays de la périphérie crée
une dépendance en matière d’investissement (Rubinson et al., 1978). Cette dépendance
aux investissements étrangers a un effet positif à court terme sur le développement de ces
pays et sur leur processus d’industrialisation.

1.2.5. Flux financiers étrangers et industrialisation : L’apport des IDE

Selon le modèle de Paul Romer (1986), la croissance économique est principalement


due à l’accumulation des facteurs de production, notamment le capital et le travail, ainsi
que la technologie générée de façon endogène, ce qui permet une amélioration de la ca-
pacité productive d’une économie et donc à stimuler son niveau de croissance (Otieno
et Aduda, 2022). En effet, la croissance est tirée par l’innovation qui elle-même découle
des efforts de recherche et de développement, permettant ainsi d’augmenter le stock de
connaissances et de capacités productives existant et de créer de nouveaux processus de
production qui améliorent la production nationale. A long terme, cela cette accumulation
de capacités productives promeuvent le développement du secteur industriel.

Plusieurs auteurs ont adopté le modèle de croissance endogène dans le but d’analyser
le lien entre les IDE et la croissance économique. Ils montrent que les flux de capitaux
étrangers sont des sources de transfert de technologie des pays avancés vers les pays les
moins avancés et que ces transferts technologiques stimulent l’innovation dans les pays
receveurs afin d’être compétitif. En plus du transfert de technologies, ces flux permettent
également un transfert de connaissances, de compétence, de travailleurs qualifiés avec des
compétences managériales et organisationnelles, ce qui permet d’accroître le capital hu-
main et le niveau de productivité (Otieno et Aduda, 2022). Ainsi, les flux de capitaux
permettent d’améliorer et de diversifier le tissu productif d’une économie. De même, les
flux de capitaux étrangers produisent des externalités positives pour l’industrie locale.
Plusieurs effets permettent de mettre en évidence ces externalités. En effet, l’entrée des
firmes multinationales réduit le monopole des entreprises locales dans certains secteurs

MBEGDE EMMANUEL 28
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

de l’économie, ce qui améliore l’efficience allocative (effet compétition). Par ailleurs, les
entreprises domestiques peuvent copier de nouvelles techniques de production et des pra-
tiques managériales auprès de ces multinationales afin de booster leur productivité (effet
imitation). En outre, les entreprises domestiques peuvent bénéficier de la présence des
multinationales étrangères lorsque celles-ci demandent les inputs auprès des entreprises
locales ou, lorsqu’elles offrent à faible prix des biens intermédiaires aux entreprises lo-
cales. En effet, ces multinationales peuvent réaliser des économies d’échelle grâce à leurs
techniques de production efficientes, ce qui contribue à la réduction du prix (Gui-Diby et
Renard, 2015).

1.2.6. La théorie de la croissance endogène

Les modèles de croissance endogène proposent un cadre théorique propice à la mise


en évidence de l’influence du développement financier sur la croissance économique. En
effet, les tenants de ce courant partent du postulat qu’il existe des frictions sur les marchés
financiers qui justifient l’émergence d’intermédiaires financiers (Lo et Ramde, 2019). Ils
montrent que le développement financier, se traduisant par une minimisation de ces fric-
tions affecte la croissance économique par le biais de la diversification du risque, l’efficacité
de l’intermédiation et la réduction des problèmes informationnels (Levine, 1997. La réduc-
tion du coût de financement permet aux entreprises de financer leur croissance. En effet,
les imperfections informationnelles augmentent les coûts de l’intermédiation financière
et par conséquent engendrent des déséquilibres caractérisés par une faible industrialisa-
tion et des taux de croissance économique faibles (Bencivenga et Smith, 1998). De ce
fait, la transformation économique à travers de l’industrialisation peut être induite par
l’intégration financière. Cette dernière favorise le développement financier et accentue la
mobilisation de l’épargne qui sera redistribuée plus tard dans les secteurs industriels. Le-
vine (2005) Levine (2005) poursuit cette idée par des preuves empiriques présentant le
développement financier comme un élément indispensable à la croissance.

MBEGDE EMMANUEL 29
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Section 2.Intégration financière et industrialisation :


canaux de transmission et revue empirique de la litté-
rature
L’intégration financière peut affecter l’industrialisation par le biais de divers canaux
de transmission. Il est donc question dans un premier temps de présenter les différents
canaux de transmission par lesquels l’intégration financière agit sur l’industrialisation,
et dans un second temps de présenter les différents travaux empiriques qui mettent en
relation ces deux concepts.

2.1. Analyse des canaux de transmission

Au cours des années quatre-vingt-dix, une extension de la littérature sur le lien entre
développement financier et la croissance économique s’est intéressée aux implications sur
le développent économique de l’intégration financière (Allegret** et Azzabi***, 2014).
Cette littérature montre que les effets positifs de l’entrée des capitaux ne résident pas
seulement dans leurs effets directs, mais aussi dans leurs effets induits. Selon Kose et al
(2009), ces effets induits encore appelés « collatéraux potentiels » portent notamment sur
le développement du système financier domestique, la qualité du cadre institutionnel et la
discipline macroéconomique. Nous pouvons ajouter le transfert technologique et le capital
humain.

2.1.1. Le canal du développement du système financier

L’ouverture financière peut favoriser à la fois la croissance économique et le déve-


loppement financier. En effet, elle peut amplifier les effets de ce dernier sur le rythme
de l’activité économique (Kose et al., 2009). Cela sous-entend que l’effet de l’intégration
financière sur l’industrialisation peut transiter par le canal du développement financier et
que ce dernier améliore le signe cette relation.

Les économies en développement souffrent de la faiblesse de leur niveau d’épargne et de


capital. Ainsi, l’entrée de capitaux faisant suite au processus d’intégration financière en-

MBEGDE EMMANUEL 30
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

traîne un processus d’accumulation du capital et par là même la croissance. Par ailleurs,


au-delà de ce canal direct d’accumulation du capital, l’intégration financière améliore
l’efficacité de l’allocation des ressources productive, elle exerce un effet positif sur le dé-
veloppement financier à travers l’approfondissement du secteur bancaire et des marchés
boursiers intérieurs (Mishkin, 2009). En d’autres termes, elle améliore l’efficacité de l’inter-
médiation financière en éliminant la répression financière ; la suppression des restrictions
sur les mouvements internationaux des capitaux accroît la possibilité de diversification
des portefeuilles à la fois pour les investisseurs domestiques que pour les étrangers avec
des effets positifs sur la taille, la stabilité et la liquidité des marchés boursiers (Allegret**
et Azzabi***, 2014). De plus, l’ouverture financière améliore l’efficience du système finan-
cier en contribuant à l’élimination des institutions financières inefficaces, ce qui contribue
à réduire l’asymétrie d’information et à accroître la disponibilité du crédit. L’entrée des
banques étrangères peut également conduire à une amélioration de la qualité et de la dis-
ponibilité des services financiers fournis localement, et à accroître la liquidité au sein de
marchés. Ainsi donc, l’intégration financière affecte positivement la transformation éco-
nomique par le biais du développement financier grâce à la mobilisation et la réallocation
de l’épargne vers des secteurs plus productifs, généralement le secteur industriel, l’amélio-
ration de l’accès au crédit et la réduction de la contrainte de financement, ce qui accroît
le niveau d’investissement.

2.1.2. Le canal de la qualité des institutions

La qualité des institutions est un important facteur dans la relation entre l’intégra-
tion financière et la transformation économique. En effet, le cadre institutionnel joue un
rôle déterminant dans la relation entre nos deux concepts et peut influencer le signe de
cette relation (Kose et al.,2009). La qualité de la gouvernance, le cadre légal, le niveau de
corruption et le degré de transparence dans la gouvernance peuvent affecter l’allocation
des ressources dans l’économie, quand bien-même l’ouverture financière rend disponibles
ces ressources. Par ailleurs, la qualité des institutions est une condition préalable au dé-
veloppement du secteur industriel et à la diversification économique (Mijiyawa, 2017). En
ce sens, nombre de travaux empiriques suggèrent que des institutions de bonnes quali-
tés améliorent les effets de l’intégration sur la croissance et que par contre l’intégration

MBEGDE EMMANUEL 31
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

financière dans un cadre institutionnel de mauvaise qualité produit un effet contraire à


celui escompté. Notons également que l’ouverture à l’extérieur accroît la demande des
institutions de bonne qualité garantissant l’exécution des contrats et la protection des
droits de propriété, ce qui attire davantage les flux de capitaux étrangers favorables à la
transformation économique.

2.1.3. La discipline macroéconomique comme canal de transmission

L’intégration financière produit un résultat positif sur la croissance lorsqu’elle est


soutenue par des bonnes politiques macroéconomiques incluant les politiques monétaire,
fiscale et de change (Eichengreen, 2000). En effet de mauvaises politiques ou des politiques
incompatibles peuvent augmenter le risque de crise lié à l’ouverture du compte capital.
Par exemple, la combinaison d’un change fixe et de l’ouverture du compte capital est
selon Obstfeld et Rogoff (1995) la cause des crises de change. En outre, la gestion des
flux de capitaux entrants peut être difficile dans un contexte de politique fiscale pro-
cyclique (Kaminsky et al., 2004). Ainsi, l’ouverture financière conduit à une discipline
macroéconomique nécessaire pour le développement économique. Pour être plus explicite,
afin d’attirer les flux d’investissements étrangers, les pays en développement doivent éviter
des politiques économiques contre productives au profit des politiques efficaces, qu’elles
soient monétaires, fiscales ou de change.

2.1.4. Le canal du transfert technologique

La technologie est l’un des principaux facteurs de la croissance économique. Elle


contribue au développement des secteurs modernes de l’économie notamment le secteur
industriel et favorise la complexité ou la sophistication de la production (Haskel et al.,
2007). Le transfert technologique est donc un canal par lequel l’intégration financière
affecte la transformation économique. En effet, les flux financiers étrangers tels que les
IDE, entraînent un transfert de technologies et de connaissances des pays développés
vers les pays en développement. L’adoption de ces technologies et l’appropriation de ces
connaissances permettent à une économie de complexifier leurs produits, de développer
l’industrie et d’augmenter la productivité totale.

MBEGDE EMMANUEL 32
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

2.1.5. Canal du capital humain

Le capital humain est une variable importante à prendre en compte dans la relation
entre les flux financiers étranger et transformation économique. Pour Borensztein et al.
(1998), le capital humain joue le rôle de catalyseur dans la relation entre IDE et déve-
loppement économique. Il montre que l’impact des IDE sur la croissance de long terme
dépend du niveau de développement du capital humain dans le pays récipiendaires. En
effet, l’amélioration de la qualité de la formation académique et professionnelle permet
une meilleure absorption des connaissances tacites insérées dans les nouvelles technologies
(Bruno et Campos, 2013). Par ailleurs, selon Landry et Thierry (2017), l’amélioration des
capacités cognitive et sanitaire des populations accroît l’impact de l’intégration financière
régionale sur la croissance économique. C’est le principal acteur responsable de la diffusion
des effets des IDE à toutes les industries. Il permet aux entreprises d’assimiler à exploiter
et de s’approprier des connaissances disponibles.

2.2. Littérature empirique sur la relation entre intégration finan-


cière et l’industrialisation

La littérature empirique sur la relation entre nos deux concepts est controversée, car
elle aboutit à des résultats contradictoires. Certains travaux aboutissent à un effet positif
de l’intégration financière sur la transformation économique à travers l’industrialisation.
D’autre trouvent un effet négatif.

2.2.1. Effet positif de l’intégration financière sur l’industrialisation

L’intégration financière grâce à la mobilité du capital, les flux financiers étrangers et


la libre entrée des institutions financières étrangères peut affecter la transformation écono-
mique à travers l’industrialisation, la diversification et la sophistication des exportations.
Plusieurs travaux empiriques ont été menés afin de vérifier la nature de cette relation.

Iwegbu et al. (2022) analysent l’effet de l’intégration financière régional sur le dévelop-
pement du secteur industriel sur un échantillon de 15 pays d’Afrique de l’ouest de 1996 à
2017. Ils aboutissent au résultat selon lequel une profonde intégration financière régionale

MBEGDE EMMANUEL 33
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

mesurée par l’indice de Ekpo et Chuku (2017) sur le différentiel de taux d’intérêt contri-
bue à la croissance du secteur industriel mesurée par la valeur ajoutée manufacturière.
Cependant, cet effet ne se vérifie que dans les pays ayant un cadre institutionnel de bonne
qualité et un système financier développé. Pour aboutir à ces résultats, les auteurs uti-
lisent comme technique d’estimation les effets fixes et la régression quantile. Par ailleurs,
sur un échantillon de 53 pays pour une période allant de 1989-2004,Liang et Lin (2022)
trouvent que l’intégration mesurée par la somme des actifs et passifs étrangers sur le PIB
(Milesi-Ferreti, 2007) est un facteur qui permet d’accroître les exportations industrielles
dans les pays industrialisés et de booster le développement industriel. En effet, les pays
financièrement intégrés bénéficient d’un avantage comparatif pour les industries qui dé-
pendent de la finance externe. Cet effet dépend néanmoins de la qualité des institutions
politiques et économiques.

Ibrahim et Vo (2020) examinent l’effet de l’intégration commercial et financière sur la


transformation économique mesurée par la valeur ajoutée sectorielle sur un échantillon de
28 pays d’ASS de 1985-2015. Ils trouvent que l’intégration financière est bénéfique pour
les secteurs industriels agricole et des services. De même, Folarin (2019) en menant une
étude au Nigeria sur une période de 1981-2015 montre que la libéralisation financière a
eu un effet positif et significatif sur l’industrialisation du Nigeria. Pour cela, il mesure
l’industrialisation par la valeur ajoutée industrielle.

En outre, Ozsoy et al. (2021) analysent le lien entre les IDE et la sophistication des
exportations. Ils montrent que les IDE contribuent à la sophistication des exportations
grâce au transfert des technologies, des compétences et des connaissances. Ces travaux
utilisent comme mesure de la sophistication l’indice de Hausmann (2007). L’approche
méthodologique utilisée est celle des GMM pour une période de 2002-2015. De même,
Mühlen et Escobar (2020) montrent que les firmes multinationales peuvent stimuler la
réallocation du capital vers des secteurs à forte productivité et par conséquent contribuer
à la transformation économique. Certains travaux aboutissent cependant à des conclusions
divergentes. Ils montrent également que les IDE ont un effet positif à long terme, mais pas
à court terme, et que cet effet dépend de la destination de ces investissements. En effet,
les IDE dans le secteur industriel ont un effet positif sur la transformation structurelle

MBEGDE EMMANUEL 34
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

par rapport aux IDE dans l’agriculture et les services.

2.2.2. Effet neutre de l’intégration financière sur l’industrialisation

Dans une étude menée par Gui-Diby et Renard (2015) traitant l’effet des investis-
sements directs étrangers sur l’industrialisation dans un échantillon constitué de 49 pays
africains, ils aboutissent au résultat selon lequel les IDE n’ont pas un effet significatif sur
l’industrialisation dans ces pays. La méthodologie utilisée est celle des moindres carrés
généralisés réalisables sur une période allant de 1980 à 2009. Les raisons évoquées par les
auteurs pour lesquels les IDE n’ont aucune influence sur l’industrialisation sont l’absence
de lien entre les entreprises locales et les multinationales, et l’incapacité des gouvernements
à créer un cadre favorable permettant aux IDE de stimuler le secteur industriel.

Dans le même ordre d’idées, Mamba et al. (2020) examinent le lien entre les IDE et
la transformation structurelle sur un échantillon de 08 pays d’Afrique de l’Ouest sur la
période de 1990 à 2017. Ils trouvent un effet neutre entre IDE et la valeur ajoutée des
différents secteurs notamment les secteurs agricole, industriel et des services. Ils trouvent
cependant un effet positif et significatif entre les IDE et la production du secteur des
services.Megbowon et al. (2019) aboutissent également aux mêmes conclusions en étudiant
l’effet des IDE en provenance de la Chine sur l’industrialisation de 26 pays d’ASS. En effet,
ils trouvent un résultat positif mais pas significatif suggérant ainsi que, ces investissements
ne stimulent pas suffisamment l’industrie dans ces pays.

En outre,Feijo et al. (2019), dans une étude menée au Brésil sur la période de 1999
à 2015 aboutissent à une conclusion contraire aux prédictions théoriques. En effet, en
utilisant la méthode des moments généralisés, ils trouvent que la libéralisation financière
nuit au développement du secteur industriel au Brésil. L’explication à ce résultat est que,
la libéralisation financière entraîne une forte dépendance à l’épargne extérieure. Cette
dépendance expose les pays en développement qui sont financièrement intégrés aux chocs
extérieurs et à une forte instabilité à cause du caractère pro-cyclique des flux financiers.
Par ailleurs, cette dépendance incite les pays à maintenir un taux d’intérêt élevé et un
taux de change non-compétitif, ce qui limite le champ d’action des politiques macroécono-

MBEGDE EMMANUEL 35
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

miques. En fin de compte, cette dépendance à l’épargne extérieure freine le développement


du secteur industriel.

À l’issue de cette revue empirique, il ressort que les points de vue sur la relation in-
tégration financière-industrialisation sont divergents. Par ailleurs, parmi les travaux pré-
cédemment évoqués, aucun n’a pris en considération la dynamique de long terme dans
l’analyse du lien entre l’intégration financière et l’industrialisation. Une telle analyse serait
intéressante, car elle permettrait d’évaluer l’effet à long terme de l’intégration financière
sur l’industrialisation.

MBEGDE EMMANUEL 36
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Conclusion

Ce chapitre avait pour objectif de mener une analyse théorique de la relation qui existe
entre l’intégration financière et la transformation économique. Pour se faire, ce chapitre
s’est organisé en deux sections dont la première qui s’est consacrée à l’analyse concep-
tuelle et la présentation des théories explicatives du lien entre nos deux concepts, et la
deuxième section qui quant à elle nous a permis de comprendre les différents canaux par
lesquelles l’intégration financière stimule la transformation économique et de faire un état
de la littérature empirique sur cette relation. Il ressort que, l’intégration financière tout
comme l’industrialisation a reçu diverses appréhensions dans la littérature et que plusieurs
théories permettent de mettre en évidence le lien qui existe entre ces deux concepts. Sur le
plan empirique cependant, les résultats divergents obtenus dans les différents travaux nous
empêchent de prendre position sur la nature de la relation qui existe entre l’intégration
financière et l’industrialisation. Il devient donc intéressant de procéder à une vérification
empirique de cette relation en ASS.

MBEGDE EMMANUEL 37
CHAPITRE 2. INVESTIGATION EMPIRIQUE DES EFFETS
DE L’INTÉGRATION FINANCIÈRE SUR
L’INDUSTRIALISATION

Introduction

Dans le précédent chapitre, nous avons présenté le cadre théorique de la relation in-
tégration financière-industrialisation. L’état de la littérature empirique met en exergue
le fait que l’effet de l’intégration financière sur l’industrialisation ne fait pas toujours
l’unanimité. Pour certains, la relation est positive, pour d’autres, elle est neutre, et pour
d’autres encore, cette relation n’est pas linéaire. Cette divergence de résultats pourrait
s’expliquer par le fait que les études sont menées dans différentes zones géographiques
étant donné que, la relation entre les deux concepts peut être influencée par les caracté-
ristiques spécifiques propres à chaque zone. En outre, cette divergence peut être dû aux
mesures différentes utilisées par les auteurs dans leurs travaux.

Dans le présent chapitre, nous effectuons une analyse empirique de lien intégration
financière- industrialisation. Pour ce faire, ce chapitre est structuré en deux sections.
La première section est consacrée à l’analyse des faits stylisés. Il s’agit ici de mettre en
évidence l’évolution des variables intégration financière et industrialisation dans l’échan-
tillon étudiée tout en montrant de façon factuelle la corrélation existante entre les deux
concepts. Dans la deuxième section, nous procédons à l’analyse économétrique de ladite
relation afin de valider ou d’invalider notre hypothèse.

38
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Section 1. Intégration financière et industrialisation :


Faits stylisés
Dans cette section, nous mettons en exergue l’évolution de l’industrialisation et de
l’intégration financière en ASS ainsi que l’analyse de la corrélation existante entre les deux
variables.

1.1.Évolution de l’industrialisation et de l’intégration financière

Il est question ici de faire un état de l’évolution de l’intégration financière et de


l’industrialisation en ASS sur la période d’étude notamment, de 1994 à 2021.

1.1.1. Intégration financière : Progression

Ces dernières décennies sont marquées par un afflux important de capitaux étran-
gers en Afrique. Nous notons à titre illustratif l’augmentation du volume d’investissements
étrangers et de portefeuille à destination des pays africains en particulier en Afrique subsa-
harienne. En effet, selon le rapport de la CNUCED (2021) l’ASS établit un nouveau record
en matière d’investissement direct étrangers. Le graphique ci-dessous permet d’illustrer
cette évolution.

Figure 1 – Evolution de l’intégration financière en ASS

Source : Auteur

L’observation du graphique ci-dessous permet de constater en effet que l’intégra-

MBEGDE EMMANUEL 39
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

tion financière connaît une progression en ASS depuis 1994. Cela peut s’expliquer par
la vague de libéralisation financière en ASS à l’issue des premières réformes des années
1990 (Gelbard et al., 2014). Par ailleurs, l’accès au marché des capitaux s’est considéra-
blement développé ces dernières années pour l’ASS. Nous constatons également qu’entre
2008 et 2009 le niveau d’intégration financière internationale en ASS a connu une baisse
pouvant être expliquée par la crise financière ayant frappée le monde entre 2008 et 2009.
Par ailleurs, on observe également une légère baisse entre 2017 et 2019 pouvant s’expli-
quer par la crise de COVID-19 qui a affligé l’économie mondiale. Néanmoins, la tendance
générale qui se dégage de ce graphique est l’évolution à la hausse de l’intégration finan-
cière. Autrement dit, les pays d’ASS sont de plus en plus intégrés au marché financier
international.

1.1.2. Industrialisation : Progression

L’Afrique subsaharienne accuse un retard en matière d’industrialisation. En effet,


malgré l’importance accordée à l’industrialisation pour le développement économique et
les efforts fournis, l’ASS reste la zone là moins industrialisée du monde. Le graphique
ci-dessous montre l’évolution de la valeur ajouté manufacturière dans cette sous-région
entre 1994 et 2021.

Figure 2 – Évolution de l’industrialisation en ASS

Source : Auteur

L’analyse du graphique montre que l’évolution de l’industrialisation en ASS n’est pas


stable ; elle est soumise à de multiples fluctuations. En effet, elle évolue en dents de scie.

MBEGDE EMMANUEL 40
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Entre 1994 et 2001, le niveau d’industrialisation est relativement élevé en ASS. En effet,
au lendemain des indépendances, les pays africains avaient fait de l’industrialisation une
priorité. Dans leur démarche, ils étaient accompagnés par la communauté internationale
dans les années 1980. Le continent a cependant cessé de progresser dans les années 1990
en matière d’industrialisation (Totouom, 2018). Ce niveau va progressivement diminuer
jusqu’en 2010 pour après reprendre son sentier de croissance jusqu’en 2021, mais à un
niveau moins élevé qu’entre 1994 et 2001. On distingue ainsi des périodes de forte baisse
et des phases haussières de la valeur ajoutée dans le secteur industriel en ASS. Cependant,
la tendance principale qui se dégage est la désindustrialisation.

De l’analyse ci-dessus, il ressort que l’intégration financière et l’industrialisation n’ont


pas toujours évolués dans le même sens en ASS. Il convient donc d’analyser la relation
qui existe entre les deux variables.

1.2. Analyse de la corrélation entre l’intégration financière et l’in-


dustrialisation en ASS

1.2.1. Corrélation entre intégration financière et industrialisation : Analyse


globale

La figure 3 ci-dessous montre clairement qu’il existe une relation positive entre l’in-
tégration financière et l’industrialisation. En effet, selon les graphiques ci-dessous, plus un
pays est financièrement intégré, plus son niveau d’industrialisation est élevé. La relation
est la même en considérant l’industrialisation d’une part comme la valeur ajoutée manu-
facturière et d’autre part la main d’œuvre dans le secteur industriel. Nous remarquons
cependant que cette relation n’est pas homogène. En effet, nous distinguons les pays ayant
un niveau élevé d’intégration financière et d’industrialisation tels que le Sénégal et l’île
Maurice, les pays ayant un niveau faible d’intégration, mais un niveau élevé d’industria-
lisation à l’instar de la Guinée équatoriale. Par ailleurs, nous distinguons également les
pays ayant un niveau faible d-intégration financière et d’industrialisation notamment la
Sierra Leone, le Soudan du Sud et les pays dont le niveau d’industrialisation est faible
bien qu’ils soient financièrement intégrés tel que le Liberia.

MBEGDE EMMANUEL 41
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Figure 3 – Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en ASS

Source : Auteur

1.2.2. Analyse sous régionale

Ce point a pour but de faire une analyse détaillée de la relation entre intégration
financière et industrialisation en considérant les différentes sous régions qui constituent
l’ASS.

• Intégration financière et industrialisation en Afrique Centrale

Le graphique ci-dessous nous renseigne sur la relation entre l’intégration financière


et l’industrialisation en Afrique centrale. Il ressort qu’en considérant uniquement l’Afrique
centrale, la relation entre les deux variables est négative. On observe que, les pays tels
que le Cameroun, le Congo démocratique et la Guinée équatoriale sont faiblement inté-
grés financièrement mais, présentent un niveau d’industrialisation plus important que le
Gabon et Sao tome principe qui sont plus ouverts. Cela peut s’expliquer par le fait que
l’intégration financière ainsi que le système financier sont faibles dans cette sous-région.

MBEGDE EMMANUEL 42
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Figure 4 – Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique


Centrale

Source : Auteur

• Intégration financière et industrialisation en Afrique de l’Ouest

La relation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique de l’Ouest


est positive. La tendance est en effet ascendante, suggérant que l’assouplissement des res-
trictions aux flux et institutions financières étrangères contribue à l’augmentation de la
valeur ajoutée dans le secteur manufacturier. Nous observons néanmoins que cette ten-
dance est tirée à la hausse par le Benin le Sénégal et le Burkina Faso.

Figure 5 – Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique de


l’Ouest

Source : Auteur

MBEGDE EMMANUEL 43
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

• Intégration financière et industrialisation en Afrique de l’Est

Figure 6 – Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique de


l’Est

Source : Auteur

L’observation de la Figure 6 permet d’aboutir à la même conclusion que précé-


demment à savoir que la corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en
Afrique de l’Est est de nature positive. L’ouverture financière permet d’accroître le poids
du secteur industriel dans l’économie. Nous remarquons que l’île Maurice se démarque
fortement en termes d’industrialisation et d’intégration financière. Le constat est le même
pour l’Ouganda. Par ailleurs, on constate également que le nuage de points est légèrement
dispersé autour de la tendance ce qui suggère que la répartition des pays n’est pas tout
à fait homogène. En effet, le Soudan du Sud est plus ouvert que le Burundi, mais est
cependant moins industrialisé.
• Intégration financière et industrialisation en Afrique Australe

À l’exception de l’Afrique Centrale, la relation entre l’intégration financière et l’in-


dustrialisation est positive dans toutes les autres régions. Le graphique 7 illustre cette
relation en Afrique Australe et permet de confirmer l’idée selon laquelle l’augmentation
du degré d’ouverture financière est associée à l’amélioration du niveau d’industrialisation.
La figure montre que le Zimbabwe se démarque fortement des autres pays. Nous consta-
tons que la plupart des pays de l’Afrique Australe sont regroupés au tour du point -1.

MBEGDE EMMANUEL 44
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Cela signifie que les pays de l’Afrique Australe à l’exception du Zimbabwe sont faiblement
intégrés.

Figure 7 – Corrélation entre l’intégration financière et l’industrialisation en Afrique


Australe

Source : Auteur

Section 2. Modélisation économétrique de la relation


entre l’intégration financière et l’industrialisation
Il est question dans cette section d’analyser l’effet de l’intégration financière sur
l’industrialisation en ASS. Pour ce faire, nous présentons en premier lieu le cadre métho-
dologique nécessaire pour l’analyse économétrique et en second lieu les résultats obtenus
lors des estimations suivis de leurs commentaires.

2.1. Spécification économétrique du modèle, présentation des va-


riables et de la technique d’estimation

2.1.1. Spécification économétrique du modèle

La relation entre l’intégration financière et l’industrialisation a été très peu dévelop-


pée dans la littérature. Une majeure partie des travaux empiriques met plutôt en évidence
le lien entre l’intégration financière et la croissance économique (Iwegbu et al., 2022).
Ainsi, nous nous proposons dans ce travail d’analyser l’effet de l’intégration financière
sur l’industrialisation. Notre modèle économétrique est exprimé sous la forme implicite

MBEGDE EMMANUEL 45
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

suivante :
IN D = f (IF, Z)(1)

IND correspond à la variable industrialisation, IF est l’intégration financière, notre


variable d’intérêt et Z est le vecteur des variables de contrôle. Il s’inspire du modèle
de Oludele (2019) qui analysent l’effet de la réforme financière sur le processus d’indus-
trialisation au Nigeria. Nous adaptons donc ce modèle à notre étude et la spécification
économique qui en résulte est la suivante :

IN Dit = β0 + β1 IN Dit−1 + β2 IFit + β3 Zit + µi + νt + εit (2)

IN Dit et IN Dit−1 représentent respectivement la variable industrialisation et sa va-


leur retardée. Cette dernière permet de capter la mémoire du processus d’industrialisation
(Avom, 2020). IFit représente la variable d’intérêt qui est l’intégration financière ; Zit est
le vecteur des variables de contrôle ; µi est l’effet spécifique fixe ou aléatoire du pays i, νt
renvoie à l’effet temporelle et εi t représente le terme d’erreur avec i = 1,2,3,. . . .N et t =
1,2,3,. . . ..T. β0 , β1 et β2 représentent les paramètres du modèle.

2.1.2. Présentation et justification des variables

Industrialisation : C’est un des aspects de la transformation structurelle. Elle ap-


paraît comme vecteur de la promotion et de l’accomplissement de la transformation éco-
nomique (Avom et Nguekeng 1, 2020). En effet, un consensus est établi dans la littérature
sur la place importante qu’occupe l’industrialisation dans le processus de développement
d’un pays. C’est dans cette même logique que la BAfD (2018) affirme que « la transfor-
mation structurelle de l’Afrique ne se fera pas sans industrialisation, considérée comme le
seul moyen pouvant garantir l’émergence économique du continent et favoriser la conver-
gence du niveau de vie vers celui des pays avancés ». L’industrialisation n’est donc pas
une étape facultative. Pour ce qui est de sa mesure, deux indicateurs peuvent être utilisés
à savoir la valeur ajoutée manufacturière en pourcentage du PIB et la part relative de
l’emploi dans le secteur industriel (Chandra, 2003 ; Échaudemaison, 1989 ; UNIDO, 2013).

MBEGDE EMMANUEL 46
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

L’intégration financière : l’intégration financière peut être soit régionale soit inter-
nationale (globalisation financière). Il existe plusieurs mesures de l’intégration financière.
Elles peuvent être de jure ou de facto. Nous optons dans notre étude pour la mesure
de facto de l’intégration notamment la somme des actifs et passifs étrangers sur le PIB
(Lane et Milesi-Ferreti, 2007) actualisé pour l’IFI et la différence entre le taux d’intérêt du
marché de crédit d’un pays et celui de la moyenne régionale (Ekpo et Chuku, 2017) pour
l’IFR. Plusieurs raisons justifient notre choix. En effet, les mesures de facto sont moins
enclines aux erreurs de mesure, elles intègrent l’impact réel des politiques de libéralisa-
tion et l’intensité du contrôle du capital (Padhan et Prabheesh, 2022) ; elles sont moins
susceptibles de souffrir d’endogénéité et reflètent l’intégration financière réelle d’un pays
(Furstenberg, 1998 ; Vo et Daly, 2007).
Il existe d’autres variables dans la littérature susceptible d’affecter l’industrialisation :

Le PIB : Selon Crivelli et al. (2012), le PIB réel favorise l’industrialisation. En ef-
fet, l’augmentation de la richesse nationale entraîne la transition de la main d’œuvre des
activités à faible rémunération vers des activités à forte rémunération. Il reflète aussi la dif-
férence entre les pays dans leur stade de développement. En effet, les pays les plus pauvres
se caractérisent par un niveau de productivité plus élevé dans le secteur manufacturier ce
qui favorise la convergence vers la frontière technologique (Rodrik, 2013).

Le capital physique : Il s’agit des investissements en capital physique tels que les
infrastructures de transport, les infrastructures énergétiques. Un niveau élevé d’investis-
sement favorise le processus d’industrialisation en stimulant la demande agrégée et en
boostant les capacités productives (Weiss et Clara, 2016). Il est mesuré ici par la forma-
tion brute du capital fixe.

Le capital humain : Le capital humain peut avoir une influence significative sur la
production dans la mesure où elle permet d’améliorer la productivité de la main d’œuvre.
Par ailleurs, elle permet une adaptation aux nouvelles technologies (Romer, 1986), ce qui
est favorable à l’industrialisation. Le choix de cette variable est inspiré des travaux de
Squicciarini et Voigtländer (2015). Elle est mesurée par le nombre d’années d’étude et le

MBEGDE EMMANUEL 47
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

rendement de l’éducation.

Le développement financier : Le lien entre le développement financier et la produc-


tion remonte aux travaux de Schumpeter. Les institutions financières de bonne qualité
encouragent l’innovation technologique en sélectionnant et en finançant les entrepreneurs
ayant une forte probabilité de réaliser des produits innovants. Par ailleurs, un système
financier développe est bénéfiques pour les entreprises notamment les industries qui dé-
pendent du financement externe (Rajan et Zingales, 1998). Le choix de cette variable est
inspiré des travaux de Shahbaz et al. (2018). Nous utilisons ici le crédit au secteur privé.

L’urbanisation : Selon Gollin et al. (2016) le développement des villes offre des nou-
velles opportunités d’activités. En outre, il entraîne également la destruction des activités
agricoles au profit des activités industrielles transformatrices.

La gouvernance : Le cadre institutionnel joue également un rôle important dans le


processus de développement d’un pays. Un cadre institutionnel de bonne qualité produit
un climat bénéfique pour les affaires dans le secteur privé (Xu, 2011). En effet, la présence
de bonnes institutions capable de garantir l’absence de corruption, la transparence et la
stabilité politique stimule l’esprit d’entrepreneuriat. Nous nous inspirons des travaux de
Xu (2011) et Avom et Nguekeng (2020). L’indice de gouvernance est composé de six
indicateurs à savoir la voix citoyenne et responsabilité, la stabilité politique et l’absence
de violence, l’efficacité des pouvoirs publics, la qualité de la réglementation, l’État de droit
et la contrôle de la corruption.

La stabilité macroéconomique : La stabilité macroéconomique est un élément im-


portant à prendre en considération pour la croissance économique. En effet, une faible
inflation ainsi qu’un faible déficit et une faible dette publique poussent les agents éco-
nomiques à adopter des comportements rationnels ; par la même occasion, l’accès aux
services financiers et au marché financier est moins difficile (Samouel et Aram, 2016). De
même, selon Rodrik (2008), un taux de change compétitif et stable entraîne la croissance
du secteur des biens échangeables et permet de protéger le secteur industriel domestique
en naissance. Le choix de ces variables s’inspire des travaux de (Mijiyawa 2017).

MBEGDE EMMANUEL 48
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

L’ouverture commerciale : A la liste des déterminants de l’industrialisation pré-


sentés dans la littérature, nous pouvons ajouter l’ouverture commerciale. En effet, selon
Mignamissi et Nguekeng (2022), parmi les déterminants de l’industrialisation, la priorité
doit être accordée à l’ouverture commerciale qui est l’une des clés du développement de
l’Afrique.

2.1.3. Présentation de la technique d’estimation

L’objectif de ce chapitre est d’analyser l’effet de l’intégration financière sur l’in-


dustrialisation. Nous avons recours pour cela à des données de panel qui intègrent la
dimension individuelle et temporelle. Pour une analyse de base, nos premières estima-
tions utilisent la méthode des Moindres Carrés Ordinaires. Au préalable, deux tests sont
effectués notamment le test de multicolinéarité et le test d’hétéroscédasticité.

Nous savons néanmoins que cette méthode pourrait souffrir d’un problème d’endogé-
néité des variables explicatives. Cette endogénéité peut être issue de trois sources. Les
erreurs de mesure des variables ; cette possibilité ne saurait être exclue dans les pays en
développement surtout en Afrique où les données statistiques sont rares. La seconde source
est l’omission des variables. En effet, l’industrialisation étant déterminée par plusieurs fac-
teurs, il est possible de ne pas avoir considéré toutes les variables pertinentes. Cela entraîne
une corrélation entre le terme d’erreur et les variables explicatives causant l’endogénéité
dans le modèle. La troisième source est la double causalité lorsque par exemple l’industria-
lisation est expliquée par l’intégration financière et simultanément, le niveau d’intégration
financière est expliqué par l’industrialisation. Par ailleurs, cette méthode ne convient pas
à notre modèle. En effet, la présence de la variable dépendante retardée d’une période
parmi les variables explicatives crée une potentielle corrélation entre le terme d’erreur et
cette variable. Pour matérialiser cette endogénéité, le test de Durbin-Wu-Hausman est
utilisé et les résultats dudit test sont contenus dans le tableau 8 en annexe. Les résultats
montrent que les variables IFI, Kaopen et KOFFiGI sont endogènes.
Pour résoudre ce problème d’endogénéité, plusieurs auteurs sans la littérature ont
recours aux techniques des variables instrumentales lesquels sont les Doubles Moindres
Carrés (DMC) ou Two Stage Least Square (2SLS) en anglais proposés par (Theil, 1953)

MBEGDE EMMANUEL 49
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

et l’estimateur de la Méthode des Moments Généralisés. Dans notre travail, nous optons
pour les GMM en tant que technique principale, notamment les GMM en système en
deux étapes (Blundell et Bond, 1998), et les 2SLS pour la robustesse. Selon Arellano et
Bond (1991), Blundell et Bond (1998), la Méthode des Moments Généralisés est considérée
comme la méthode la plus pertinente pour les régressions en panel dynamique avec risque
d’endogénéité. En effet, elle résout le biais d’endogénéité à la fois pour les variables expli-
catives et la variable d’intérêt en utilisant le retard des variables suspectées d’endogénéité
comme instrument. Deux tests sont associés aux GMM pour attester de sa consistance,
le test de sur identification de Hansen qui permet de vérifier la validité des instruments
utilisés dans la mesure où ils doivent être corrélés avec la variable instrumentée, et le test
d’autocorrélation sérielle d’Arellano et Bond (1991) qui vérifie la corrélation sérielle de
premier et de second ordre AR1 et AR2 des résidus.

2.2. Présentation et discussion des résultats, analyse de sensibilité


et robustesse

Après avoir présenté le cadre méthodologique qui sous-tend cette analyse dans la
précédente sous-section, il est question pour nous ici de présenter les résultats issus de
nos estimations tout en les interprétants, puis de faire une analyse de sensibilité et de
robustesse.

2.2.1. Présentation et discussion des principaux résultats

Les résultats de notre modèle par notre technique de base à savoir les GMM en
système sont recensés dans le tableau ci-dessus. Il met en exergue la relation entre l’in-
tégration financière (de jure et de facto) et l’industrialisation captée ici par la valeur
ajoutée manufacturière (VAM). Les résultats de base issus des MCO seront directement
commentés dans cette partie et les tableaux correspondants seront inscrits en annexe.

Les résultats des estimations des MCO (en annexe) et des GMM sont dans l’ensemble
satisfaisants tant sur le plan économétrique que sur le plan économique. Sur le plan écono-
métrique, les coefficients de l’intégration financière obtenus par les MCO sont statistique-
ment significatifs au seuil de 1% pour toutes les différentes mesures de l’intégration finan-

MBEGDE EMMANUEL 50
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

cière (le Kaopen, le KOF de la globalisation financière et l’IFI de Lane et Milesi-Ferreti)


montrant ainsi une relation positive entre l’intégration financière et l’industrialisation.

Dans le souci de prendre en considération l’endogénéité, les résultats des GMM sont
tout aussi intéressants. En effet, les tests de Hansen (1982) pour les différentes équations
sont tous non significatifs et supérieur au seuil de 10% ce qui indique que l’hypothèse nulle
de non corrélation des variables instrumentales avec les termes d’erreur est vérifiée ce qui
nous permet de valider nos instruments. En d’autres termes, les instruments sont valides
et l’estimateur des GMM et système est convergent. De même, le test d’autocorrélation
d’Arellano et Bond (1991) est vérifié. En effet le AR1 de toutes les équations est significatif
à 1% et le AR2 est non significatif et supérieur à 10%. Ce résultat traduit l’acceptation
de l’hypothèse nulle à savoir l’absence d’autocorrélation des erreurs de second ordre.

Nos résultats sont statistiquement significatifs à 1% (Kaopen, KOFFiGIdj), 5% (IFI,


KOFFiGI) et 10% (KOFFiGIdf) ; et présentent le signe attendu par la littérature, ce
qui nous permet de conforter notre hypothèse. En effet, ce résultat montre que l’aug-
mentation du degré d’intégration financière tant en terme de mesures politiques que de
flux réels d’actifs financiers étrangers améliore le niveau d’industrialisation dans les pays
d’ASS. Spécifiquement, ceteris paribus, lorsque le degré d’ouverture financière augmente
d’une unité en ASS, la valeur ajoutée manufacturière augmente de 0,2% (Colonne 1).
Pareillement, un accroissement des flux financiers étranger d’1% augmente le niveau d’in-
dustrialisation de 0,02% toutes choses restant égale par ailleurs.

Ce résultat conforte celui de plusieurs auteurs dans la littérature (Iwegbu et al., 2022 ;
Ibrahim et Vo, 2020 ; Alagidede et al., 2020 ; Ibrahim, 2020 ). En effet, économiquement,
ce résultat peut s’expliquer par le fait que l’intégration financière constitue une source
importante de financement pour les pays en développement. Ces derniers et tout par-
ticulièrement les d’Afrique se caractérisent par un système financier faible incapable de
mobiliser des fonds nécessaires au financement des activités industrielles. L’afflux de ca-
pitaux étrangers permet donc aux pays d’ASS d’accroître les fonds disponibles et ipso
facto, cela diminue le coût d’accès au crédit pour les entreprises.

MBEGDE EMMANUEL 51
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Par ailleurs, l’asymétrie d’information qui caractérise le système financier de ces pays
rend difficile le financement de nouvelles activités. En ce sens, les banques ne financent
que les activités déjà existantes. L’entrée des institutions étrangères entraîne l’entrée de
nouvelles technologies financières et stimule la concurrence. Ceci concourt à la réforme
du système financier et à l’amélioration des services et produits financiers, facilitant le
financement des entreprises qui dépendent fortement du financement externe et des nou-
velles entreprises. En outre, la politique d’ouverture financière renseigne les investisseurs
étrangers sur la qualité du climat des affaires. Ainsi, la suppression de restrictions aux
mouvements de capitaux attire davantage les IDE.

En ce qui concerne les variables de contrôle, nous distinguons celles qui sont significa-
tives et celles qui ne le sont pas. L’effet de l’urbanisation sur l’industrialisation est positif
bien que pas toujours significatif. En effet, le développement des villes entraîne le recul
des activités agricoles au profit des activités industrielles. L’agriculture intensive se déve-
loppe au détriment de l’agriculture extensive. La croissance économique exerce un effet
positif sur le développement industriel. En effet, l’augmentation du revenu est favorable à
l’essor des activités industrielles. Ces résultats sont conformes aux travaux de Iwegbu et
al. (2022) ; Ibrahim et Vo (2020) ; Ibrahim (2019) Concernant l’investissement, la forma-
tion brute du capital fixe a un effet négatif sur l’industrialisation. Ce résultat n’est pas
conforme à la littérature cependant, il n’est pas contre-intuitif. En effet, la majorité des
pays d’ASS présentent un faible niveau en termes d’infrastructures, ce qui ne favorise pas
le développement d’activités à forte productivité.

MBEGDE EMMANUEL 52
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Table 1 – effet de l’intégration financière sur l’industrialisation : principaux résultats

(1) (2) (3) (4) (5)


GMM-SYS
VARIABLES VAM
L.VAM 0.908*** 0.867*** 0.779*** 0.904*** 0.951***
(0.00907) (0.0322) (0.0823) (0.0991) (0.0395)
kaopen 0.213***
(0.0632)
IFI 0.0285**
(0.0115)
Globalisation (de facto) 0.0448*
(0.0236)
Globalisation (de jure) 0.0868***
(0.0276)
Globalisation (Globale) 0.0482**
(0.0230)
Dev.Fin -0.0262*** -0.0155 -0.174** -0.172* -0.000221
(0.00916) (0.0105) (0.0645) (0.0868) (0.00689)
FBCF 0.0123 0.0393* -0.0315 -0.192** 0.0305
(0.0151) (0.0203) (0.0736) (0.0778) (0.0285)
CapHum 0.283 -1.976 0.397 0.533 -1.179***
(0.495) (1.315) (1.756) (1.874) (0.402)
Ppty 0.648 -2.393* -1.162 1.337 -0.612
(0.528) (1.172) (3.855) (4.431) (0.737)
lnGDP_capita_cu 0.103 0.0883 0.181 2.391*** -0.391***
(0.159) (0.250) (0.519) (0.694) (0.0962)
Inflat_IPC 1.760*** -0.772 0.179 2.318** -2.107***
(0.177) (0.774) (0.619) (0.913) (0.566)
Ouv.Com 0.0245 -0.219*** -0.0553 0.0225 0.0890
(0.0286) (0.0719) (0.160) (0.227) (0.0543)
Pop.Urb -0.00218 0.0311 0.0892 -0.0748 0.0283*
(0.0951) (0.0429) (0.0923) (0.0653) (0.0143)
Countries Dummy Yes Yes Yes Yes Yes
Constant -0.786 4.693** -2.400 -22.94** 3.261*
(2.001) (2.180) (3.558) (8.847) (1.613)
Observations 507 522 513 513 513
Nombre de pays 29 30 29 29 29
Nombre de groupes 29 30 29 29 29
Instruments 28 27 26 26 26
AR(1) 0.00138 0.00126 0.00162 0.00428 0.00109
AR(2) 0.923 0.953 0.867 0.570 0.988
Hansen p-value 0.293 0.820 0.653 0.594 0.320
Ecart type robuste entre parenthèses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Source : Auteur

2.2.2. Sensibilité et analyse de la robustesse

2.2.2.1. Sensibilité

• Sensibilité aux indicateurs de la qualité des institutions

L’objectif de cette partie est d’évaluer la sensibilité de l’effet de l’intégration fi-


nancière sur l’industrialisation en considérant les différents indicateurs de la qualité des
institutions. Nous constatons que peu importe le type d’institution considéré, l’effet de

MBEGDE EMMANUEL 53
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

l’intégration financière conserve l’effet positif sur l’industrialisation. La qualité de la gou-


vernance amplifie l’effet de l’intégration financière sur l’industrialisation. Statistiquement,
les coefficients des variables pour lesquelles nous portons un intérêt sont positifs et signi-
ficatifs à 1%, 5% et 10%. Nous pouvons également constater que la prise en compte des
indicateurs de la bonne gouvernance augmente le coefficient de l’intégration financière.

Nous distinguons en effet les institutions politiques (« political stability » ; « voice


accountability »), les institutions économiques (« governance effectivness » ; « regulation
quality »), et les instituions juridiques (« contole of corruption » ; « rule of law »). Le
cadre institutionnel est un élément déterminant à prendre en considération. En effet, la
disponibilité des ressources n’est pas une fin en soi. Il faut des institutions économiques qui
garantissent une meilleure allocation des ressources vers les secteurs les plus productifs,
et qui encouragent la concurrence sur le marché. Par ailleurs, l’instabilité politique et
les violences sont sources d’incertitude, ce qui décourage les investisseurs étrangers. De
même, l’intégration financière couplée à des institutions politiques de mauvaise qualité
peut entraîner la sortie massive des capitaux (Ndikumana, 2016) réduisant ainsi les fonds
disponibles et nécessaires à l’industrialisation. Les institutions juridiques de bonne qualité
garantissent la protection de la propriété privée et l’exécution des contrats. En effet, selon
(Asongu et Odhiambo, 2019), lorsque le risque d’expropriation est élevé, cela réduit les
IDE et entraîne la fuite des capitaux indispensable au processus d’industrialisation. Par
ailleurs, la protection de la propriété privée peut stimuler l’industrialisation en stimulant
la recherche et l’innovation.

MBEGDE EMMANUEL 54
MBEGDE EMMANUEL

2022-2023
Table 2 – intégration financière et industrialisation : sensibilité aux indicateurs de la bonne gouvernance

(1) (2) (3) (4) (5) (6)


GMM-SYS
VARIABLES VAM

L.VAM 0.846*** 0.840*** 0.870*** 0.923*** 0.848*** 0.879***


(0.0332) (0.0248) (0.0380) (0.0336) (0.0352) (0.0307)
kaopen 0.278* 0.366** 0.385*** 0.232* 0.316*** 0.350***
(0.141) (0.147) (0.0838) (0.124) (0.108) (0.0929)
Dev.Fin -0.0863*** -0.0619*** -0.0261** -0.0516*** -0.0543*** -0.0376**

INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS


(0.0264) (0.0164) (0.0116) (0.00868) (0.0124) (0.0159)
FBCF 0.0716 0.0259 0.111** 0.0270 0.0775 0.0447
(0.0635) (0.0285) (0.0505) (0.0308) (0.0570) (0.0310)
CapHum 1.692 0.875 0.494 0.185 0.536 -0.0290
(1.045) (0.595) (0.756) (0.466) (0.706) (0.510)
Ppty 4.517 2.003 3.059*** 2.357 3.769** 5.484***
(2.721) (1.979) (1.045) (1.436) (1.561) (1.978)
lnGDP_capita_cu 0.345 0.322 0.268 0.311 0.376 0.646
(0.507) (0.243) (0.408) (0.237) (0.417) (0.413)
Inflat_IPC 1.169*** 1.513*** 1.702*** 1.766*** 1.930*** 2.120***
(0.384) (0.339) (0.239) (0.285) (0.249) (0.304)
Ouv.Com -0.0741 0.0351 0.00803 -0.00260 0.0596 0.0533
(0.0854) (0.0556) (0.0594) (0.0714) (0.0716) (0.0749)
Pop.Urb 0.0546 0.00966 0.00837 0.0361 0.0259 0.00477
(0.0506) (0.0239) (0.0536) (0.0324) (0.0593) (0.0485)
gov_effect 3.282**
(1.306)
CC 2.085***
(0.600)
PS_AV 0.452**
(0.182)
Reg_qual 1.872**
(0.702)
rule_law 1.407***
(0.491)
voice_acc 0.989*
(0.510)
Constant -6.225 -2.944 -5.730 -4.003 -6.401* -8.738**
(5.356) (3.063) (3.687) (2.381) (3.661) (3.851)

Observations 437 442 442 442 442 442


Nombre de pays 29 29 29 29 29 29
Nombre de groupes 29 29 29 29 29 29
55

Instruments 28 27 27 27 27 27
AR(1) 0.0123 0.0119 0.0135 0.0115 0.0122 0.0133
AR(2) 0.618 0.676 0.604 0.645 0.653 0.791
Hansen p-value 0.619 0.627 0.912 0.741 0.811 0.649
Ecart type robuste entre parenthèses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Source : Auteur
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

2.2.2.2. Robustesse : Approche par les doubles moindre carrés

Dans l’optique de vérifier la consistance de nos résultats, nous effectuons une analyse
de la robustesse en utilisant une autre approche d’instrumentation, notamment les doubles
moindres carrés. Cette technique prend en compte trois tests : le test de sous-identification
de Kleibergen et Paap (2006) qui doit être significatif, le test deStock et Yogo (2005) qui
permet de mesurer la validité des instruments et le test deHansen (1982) et Sargan (1983)
qui caractérise la solidité d’un instrument.

Nous utilisons l’instrumentation interne en considérant les retards de la variable inté-


gration financière. L’instrument choisi doit être fortement corrélé à la variable suspectée
endogène, mais doit également conserver son orthogonalité avec le terme d’erreur, autre-
ment, il doit être non corrélé au terme d’erreur. Le tableau ci-dessous présente les résultats
de notre modèle à travers la méthode des 2sls. Les résultats obtenus sont concluants et
permettent donc de consolider les précédents résultats obtenus avec les GMM. Sur le plan
économétrique, l’ensemble des tests sont concluants. Les valeurs de la Stock-Yogo sont
significatives selon les valeurs standards, respectivement à 10%, 15%, 20% et 25%. Le test
de Hansen et Sargent qui vérifie la solidité des instruments est non significatif. Les deux
tests nous permettent de valider l’instrument.

En ce qui concerne les variables, la plupart des coefficients sont significatifs et conformes
à la littérature. Le signe des indicateurs de l’intégration financière est positif et significatif
à 1% et 10% respectivement pour le Kaopen de Chinn et Ito (2008), l’intégration finan-
cière de Milesi-Ferreti (2007) et le KOF global de l’intégration financière. Ainsi, lorsque le
volume d’actifs financiers étrangers augmente d’1% toute chose égale par ailleurs, la valeur
ajoutée dans le secteur industriel augmente de 0,03% (colonne 2). Par ailleurs, l’augmen-
tation du degré d’ouverture financière en ASS entraîne un accroissement du poids du
secteur manufacturier de l’ordre de 0,4%, toute chose égale par ailleurs (colonne 1). Ces
résultats sont conformes à ceux de Liang et Lin (2022) qui montrent que les pays qui sont
fortement intégrés au système financier international disposent d’un avantage comparatif
pour le développement du secteur industriel.

MBEGDE EMMANUEL 56
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Les variables de contrôle sont conformes à la littérature. En effet le capital humain,


l’urbanisation, le développement financier et le PIB par tête ont un effet positif sur l’in-
dustrialisation.

Table 3 – Intégration financière et industrialisation : Robustesse (DMC)

(1) (2) (3)


IV-2sls
VARIABLES VAM
kaopen 0.445***
(0.149)
IFI 0.0328*
(0.0194)
Globalisation (Globale) 0.0368*
(0.0195)
Dev.Fin 0.00885 -0.112*** 0.0195
(0.0107) (0.0264) (0.0122)
CapHum 1.241*** 4.696*** 0.745
(0.379) (1.091) (0.482)
lnGDP_capita_cu 0.311*** -3.604*** 0.178
(0.113) (0.465) (0.113)
FBCF -0.102*** 0.0286 -0.0874***
(0.0283) (0.0202) (0.0275)
Pop.Urb 0.0580*** 0.406*** 0.0750***
(0.0154) (0.0751) (0.0163)
Ppty -0.938 5.322*** -3.687***
(0.754) (0.979) (0.721)
Ouv.Com -0.226*** -0.280*** -0.0624
(0.0733) (0.0914) (0.0765)
Inflat_IPC 0.714 -1.956*** 0.906
(0.734) (0.641) (0.793)
Constant 6.485*** 19.88*** 5.109***
(1.832) (4.318) (1.976)
Country dummy No Yes Yes
Observations 495 510 501
R-squared 0.178 0.833 0.309
K-P 146.7 35.69 155.4
K-Pp-value 0.000 0.000 0.000
Hanen p-value 0.883 0.439 0.408
S-Y (10%) 19,93 19,93 19,93
Ecart type robuste entre parenthèses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Source : Auteur

MBEGDE EMMANUEL 57
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Conclusion

En résumé, il était question ici de faire une analyse empirique de la relation existante
entre l’intégration financière et l’industrialisation. Cette analyse s’est structurée en deux
parties. En premier lieu, nous avons présenté les faits stylisés des différentes variables. Il
s’agissait concrètement de présenter l’évolution de l’intégration financière et l’industriali-
sation en ASS et de mettre en évidence la corrélation existante entre les deux variables.
En second lieu, il était question d’effectuer une analyse économétrique de la relation entre
les deux variables. Nous retenons que la nature de la relation qui existe entre l’intégration
financière et l’industrialisation n’est pas homogène sur toutes les sous-régions qui consti-
tuent l’ASS. Par ailleurs, un fort degré d’intégration financière contribue à la croissance
du secteur industriel en ASS. Il est à noter que la qualité du cadre institutionnel contri-
bue davantage à cet effet en créant un climat favorable au développement des activités
économiques et en assainissant le climat des affaires. Les résultats issus des régressions
ainsi que les analyses de sensibilité et de robustesse ont permis de valider notre hypothèse
selon laquelle l’intégration financière a un effet positif sur l’industrialisation.

MBEGDE EMMANUEL 58
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Conclusion de la première partie


Somme toute, cette partie avait pour objectif d’analyser l’effet de l’intégration finan-
cière sur l’industrialisation des pays d’ASS. Pour y arriver, nous avons procédé en deux
chapitres. La première partie consistait à présenter le contour théorique autour de la re-
lation intégration financière-industrialisation. Le deuxième chapitre quant à lui consistait
à analyser empiriquement ladite relation afin de confirmer ou d’infirmer notre hypothèse.

De l’analyse théorique, il ressort que plusieurs théories permettent de mettre en évi-


dence le lien entre l’intégration financière et l’industrialisation, notamment la théorie de
la libéralisation financière de McKinnon et Shaw (1973), la théorie de l’avantage compa-
ratif de Rajan et Zingales (1998), la théorie de la dépendance de Raul Prébisch, la théorie
de la croissance endogène et la théorie de l’allocation internationale du capital. Concer-
nant la littérature, l’absence de consensus est la principale conclusion qui se dégage. Ainsi
l’analyse empirique au chapitre 2 consistait à examiner la nature de cette relation ASS.
Il ressort que l’intégration financière est un facteur motivant de l’industrialisation encore
plus dans un environnement institutionnel de bonne qualité.

MBEGDE EMMANUEL 59
Deuxième partie :
Intégration Financière et complexité
économique en Afrique
Subsaharienne

60
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Introduction de la deuxième partie

Le concept de complexité économique a récemment suscité l’intérêt des chercheurs.


En effet, depuis les travaux de Hidalgo et Hausmann (2009), plusieurs études sur les
déterminants de la complexité économique ont été menées ( Lapatinas, 2019 ; Nguyen et
Su, 2021 ; Saadi, 2020 ; Keneck-Massil et Nvuh-Njoya, 2021 ; Avom et al., 2021 ; Ndoya
et al, 2023). Elle renvoie à l’ensemble des connaissances acquises par une économie lui
conférant la capacité d’être compétitive vis-à-vis des autres pays.

La littérature sur la globalisation économique a déjà fait couler beaucoup d’encre dans
la science économique. Elle apparaît comme un important facteur dans le processus de
développement économique (Nguyen et Su, 2021). En effet, l’intégration économique ne
consiste pas seulement en la réduction des barrières, mais elle implique également la mo-
bilité accrue des facteurs de production, des technologies, des connaissances, information
et savoir-faire, ainsi que des personnes. Il serait donc intéressant d’évaluer sa contribution
au processus de complexité économique.

Nous évaluons donc dans cette partie l’effet de l’intégration financière sur la complexité
économique en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, cette partie s’organise en deux cha-
pitres. Le premier chapitre s’attelle à analyser théoriquement la relation qui existe entre
l’intégration financière et la complexité économique. Le deuxième chapitre quant à lui
évalue empiriquement l’effet de l’intégration financière sur le niveau de complexité écono-
mique en Afrique subsaharienne.

MBEGDE EMMANUEL 61
CHAPITRE 3. INTÉGRATION FINANCIÈRE ET
COMPLEXITÉ ÉCONOMIQUE : LES ENSEIGNEMENTS DE
LA LITTÉRATURE

Introduction

L’analyse des déterminants de la complexité économique est aujourd’hui un sujet d’ac-


tualité, en particulier pour les pays africains. En effet, pour ces derniers de parvenir au
développement, ils ont besoin d’accroître leurs capacités productives au même titre que les
pays développés et de sortir de cette dépendance aux ressources naturelles et aux produits
primaires qui leur rend vulnérables au moindre choc. Les pays africains et particulière-
ment les pays d’ASS doivent donc acquérir davantage de connaissance et de ressources
disponibles dans les pays développés afin de pouvoir diversifier et améliorer leur produc-
tion, d’où la nécessité de s’intégrer à l’économie mondiale. L’objectif de ce chapitre est
de présenter la littérature existante sur la relation Intégration financière-complexité éco-
nomique. Pour y arriver, il est structuré en deux sections, dont la première ; la première
section présente l’analyse conceptuelle et les déterminants de la complexité économique
tout en présentant les théories pouvant expliquer le lien entre nos deux concepts. La
deuxième section est consacrée à la présentation des canaux de transmission et de la
littérature existante sur la relation intégration financière-complexité économique.

62
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Section 1. Intégration financière et complexité écono-


mique : analyse conceptuelle et ancrage théorique

1.1. Intégration financière et complexité économique : Analyse


conceptuelle et présentation des déterminants

Dans cette sous-section, il est question de faire une analyse détaillée du concept de
complexité économique et par la suite de présenter ses déterminants.

1.1.1. Analyse conceptuelle de la complexité économique

L’idée de la complexité n’est pas récente dans la pensée économique (Nguyen et Su,
2021). Selon Marchionatti (2010), John Maynard Keynes s’est intéressé à la question de
complexité économique. La complexité réapparaît comme une tendance dans la littérature
économique en raison du développement d’une nouvelle approche, à savoir l’approche de
la complexité (Durlauf, 2005). L’introduction de l’indice de complexité économique (ECI)
par Hidalgo et Hausmann (2009), et de l’indice de complexité économique amélioré par
Tacchella et al. (2013) a suscité l’intérêt des économistes sur ce concept.

Nous devons à Adam Smith le principe selon lequel la division du travail est le secret de
la richesse des nations. L’interprétation moderne de cette idée est que l’importance de la
division du travail réside dans le fait qu’elle nous permet d’avoir accès à une quantité de
connaissances que personne ne pourrait disposer individuellement. Selon Hausmann et al.
(2014), le secret de la société moderne est qu’elle fonctionne comme un réseau à travers
lequel chaque membre a la capacité de se spécialiser et de partager sa connaissance avec
les autres, ce qui permet l’usage collectif d’un large volume de connaissances. En effet,
il existe deux types de connaissance, la connaissance explicite qui peut être facilement
transférable et la connaissance tacite qui est difficile à transférer, coûteuse et demande
un temps considérable ; elles ne peuvent donc pas être maîtrisées par un seul individu.
Ainsi, les individus se spécialisent, ce qui entraine une diversité de connaissances dans
la société. Pour faire usage de cette diversité, les individus forment des entreprises, des
organisations, lesquelles interagissent entre elles à travers le marché. La diversité d’en-

MBEGDE EMMANUEL 63
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

treprises et d’activités reflète le niveau de connaissance et de compétence dont dispose


une société. C’est la différence en termes de connaissances tacites qui explique les niveaux
différents de développement et de prospérité économique (Hidalgo et Hausmann, 2014).
Autrement dit, la différence en termes de développement observée entre les différents pays
est fonction de la complexité de la structure productive de chaque pays.

La complexité économique est l’ensemble de connaissances et de capacités productives


qui déterminent ce qu’une économie peut produire (Hidalgo et Hausmann, 2009). Ces
capacités productives sont importantes pour comprendre le processus de développement
économique. Selon Keneck-Massil et Nvuh-Njoya (2021) la complexité économique renvoie
à l’ensemble de connaissances, de savoirs et de technologies nécessaires depuis la phase de
fabrication d’un produit jusqu’à son exportation. Elle intègre deux critères à savoir la di-
versification et l’ubiquité. La diversification renvoie à la capacité de produire et d’exporter
une gamme variée de produits tandis que l’ubiquité traduit le niveau de sophistication de
la structure productive d’un pays matérialisé par ses exportations(Hidalgo et Hausmann,
2009). L’hypothèse ici est qu’un pays ne produit un bien que s’il dispose de la connaissance
et des technologies requises pour sa fabrication.

La diversification économique : La diversification est une composante non négligeable


du processus de développement économique. Elle permet à un pays de s’orienter vers une
structure de production et d’échange plus variée. C’est dans cette logique que McMillan et
Rodrik (2011) affirment que les pays qui arrivent à sortir de la pauvreté et à s’enrichir sont
ceux qui sont capables de se diversifier pour ne plus dépendre de l’agriculture et autres
produits traditionnels et primaires. En effet, une diversification économique insuffisante
se traduit fréquemment par une plus grande vulnérabilité face aux chocs extérieurs, qui
peuvent compromettre les perspectives de croissance économique à long terme (OMC,
2020). Yameogo et al. (2014) définissent la diversification comme la capacité d’un pays
à produire et à exporter une variété de produits qui nécessitent une certaine complexité
dans leur fabrication. Il ressort de cette définition que la diversification dont il est question
ici est la diversification de la production et des exportations.

MBEGDE EMMANUEL 64
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

La diversification de la production résulte du déplacement de la production entre les


secteurs et les entreprises. Elle reflète la dynamique de la transformation structurelle, car la
diversification réussie de la production implique une redistribution intra et intersectorielle
des ressources, des activités à faible productivité vers les activités à plus forte productivité.
La diversification des exportations quant à elle renvoie soit à l’amélioration de produits
déjà importés (diversification à la marge intensive), soit à l’exportation de nouveaux
produits (diversification à la marge extensive). La diversification de l’appareil productif
est très souvent mesurée par la diversification des exportations, en raison du lien entre
ces deux concepts et en raison d’une plus grande disponibilité des données au niveau
international.

Le processus de diversification peut sembler contradictoire avec le concept de spécialisa-


tion de la théorie de l’avantage comparatif. Cependant, les nouvelles formes du commerce
international telles que le commerce intra-branche, et la décomposition internationale du
système productif permettent de mieux intégrer la diversification et la spécialisation inter-
nationale. En effet, le fait que le nombre de facteurs de production exerce une contrainte
limitative sur le nombre de biens pour lesquels une économie peut se spécialiser implique
aussi que si un pays dispose d’un grand nombre de facteurs de production différenciés, il
pourra avoir une spécialisation diversifiée(Berthélemy*, 2005). La diversification est bé-
néfique pour un pays dans la mesure où une forte concentration autour des produits de
base, des matières premières ou des ressources naturelles, comme c’est le cas des pays
africains, l’expose à une instabilité macroéconomique liée par exemple à la volatilité des
prix des produits de base, à la détérioration des termes de l’échange ou encore aux chocs
sur l’offre ou la demande (CNUCED, 2022).

L’ubiquité : L’ubiquité traduit le niveau de sophistication de la structure productive


d’un pays matérialisé par ses exportations (Hidalgo et Hausmann, 2009). En d’autres
termes, l’ubiquité renvoie à l’exclusivité d’un produit. En effet, les produits diffèrent les
uns des autres en fonction de la quantité de connaissance et de capacité requise pour
leur production. Les biens simples comme les ressources naturelles demandent moins de
capacité que les biens dits complexes comme les robots, les avions qui nécessitent beaucoup
de connaissances. Cela sous-entend que la complexité d’un bien correspond à l’ensemble

MBEGDE EMMANUEL 65
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

de compétences et de connaissances requises pour sa fabrication et, plus un produit est


sophistiqué, plus il est exclusif car, peu de pays ont la capacité de le produire. Il s’agit donc
ici d’observer le nombre de pays qui ont la capacité de réaliser le même produit. Ainsi,
le degré de complexité économique d’un pays augmente lorsque le panier de produits
complexes d’un pays devient plus diversifié.

1.1.2. Les déterminants de la complexité économique

Eu égard à l’intérêt accordé à la complexité économique, plusieurs chercheurs se


sont intéressés aux facteurs pouvant l’influencer. Ces facteurs peuvent être d’ordre socio-
économique, institutionnel, financier, voire démographique et géographique.

1.1.2.1. Le Niveau de Revenu

L’augmentation du revenu par tête des agents économiques offre des opportunités
de diversification en ce sens qu’elle accroît le pouvoir d’achat des consommateurs et leur
permet d’avoir accès à un panier de biens diversifiés. Selon Imbs et Wacziarg (2003), il
existe une relation de U-inversée entre le produit intérieur brut par tête et la complexité
économique. L’accroissement du niveau de revenu par tête entraîne une diversification du
panier d’exportation d’un pays jusqu’à un certain point.

1.1.2.2. L’accumulation du capital humain

Le capital humain est un prérequis au développement technologique et au proces-


sus d’innovation. Selon Hausmann et Klinger et Lederman (2004), les connaissances, la
technologie et les compétences sont des inputs nécessaires à la production de produits
de qualité. La main d’œuvre qualifiée encourage la diversification du système productif,
surtout dans le secteur manufacturier et des services (Agosin et al., 2012). En effet, la
production de nouveaux produits nécessite la recherche et le développement ; pour cela,
une main d’œuvre qualifiée est cruciale dans l’exploration de nouvelles techniques de
production plus efficaces. Par ailleurs, le capital humain est considéré comme le princi-
pal déterminant de la capacité d’absorption d’un pays. Cette dernière renvoie au degré
d’assimilation ou d’intégration significative des apports de l’IDE à l’économie du pays

MBEGDE EMMANUEL 66
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

d’accueil.

Par ailleurs, le capital humain promeut l’innovation et l’adoption de nouvelles techno-


logies, lesquelles permettent d’améliorer la qualité et la valeur d’un produit. C’est à ce
titre que Agosin et al. (2012) déclarent que le niveau de sophistication des exportations
d’un pays est expliqué par le niveau élevé d’éducation. En effet, il met l’emphase sur
l’importance d’une main d’œuvre qualifiée pour le développement des produits diversifiés
et intensifs en connaissances.

1.1.2.3. La Qualité Des Institutions

Le cadre institutionnel est un déterminant important de la complexité économique à


prendre en considération. Un cadre institutionnel de bonne qualité renforce le système de
propriété intellectuelle, facilite les transactions et la normalisation de la concurrence de
marché, ce qui est bénéfique à la diversification. La protection de la propriété intellectuelle
encourage l’entrepreneuriat, l’innovation et la recherche et le développement. En effet,
selon la théorie du « self-discovery » de Hausmann et Rodrik (2003) les institutions
inclusives protègent la propriété privée et récompensent les entrepreneurs pionniers en
s’appropriant des externalités liées au coût de la recherche ; par ailleurs, elles encouragent
la concurrence ce qui stimule l’innovation.

En outre, les institutions de bonne qualité favorisent l’accumulation du capital et la


réallocation des ressources vers des activités productives (Vu, 2022). En effet, selon Bau-
molW (1990) les institutions de bonne qualité permettent l’allocation des ressources hu-
maines vers la production des produits sophistiqués en rémunérant les activités produc-
tives. Également, en rémunérant l’éducation et l’accumulation des connaissances, les ins-
titutions inclusives incitent à acquérir de meilleures compétences (Dias et Tebaldi, 2012).

1.1.2.4. La Population

La taille de la population est un déterminant de la complexité économique, notam-


ment de la diversification. Plus la population est grande, plus le marché est grand. Un
marché de grande taille implique un nombre élevé et diversifié de consommateurs et donc

MBEGDE EMMANUEL 67
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

une forte prédisposition à produire davantage de biens diversifiés afin de satisfaire les
préférences et les goûts des différents consommateurs sur le marché (Parteka et Tamberi,
2011). En outre, la croissance de la population d’un pays signifie une augmentation de
la force de travail qui peut être utilisée comme input dans la production des produits
diversifiés (Jetter et Ramírez Hassan, 2012).

1.1.2.5. Le Développement Financier

Plusieurs auteurs se sont intéressés au lien qui existe entre le développement et la


complexité économique (Ndoya et al., 2023 ; KARASOY, 2022 ;Nguyen et Su, 2021 ; Chu,
2020). Il ressort que le développement financier exerce un effet positif sur la complexité
économique. En effet, deux raisons sont principalement évoquées. Un système financier
développé pourvoit suffisamment de fonds aux entreprises et ce, à moindre coût. Ceci
permet aux entreprises de financer leurs activités de R&D et donc de rehausser la qualité
de leurs produits. En effet, selon (Fan et al.,2015), les entreprises qui font face à une
contrainte élevée de crédit ont tendance à produire des biens de faible qualité. Par ailleurs,
il permet aux nouvelles firmes qui n’ont pas suffisamment de fonds pour s’engager dans
des investissements innovants un accès facile au capital (Chu, 2020). Deuxièmement, un
système financier développé réduit l’asymétrie d’information et par ricochet permet une
meilleure évaluation du risque et une meilleure allocation de l’investissement vers des
projets innovants (Chu, 2020).

1.1.2.6. L’investissement

Théoriquement, l’augmentation de l’investissement domestique diminue la concen-


tration des exportations. L’investissement notamment dans le secteur privé est un facteur
important de la diversification des exportations en ce sens qu’il augmente le niveau de
productivité, spécialement dans les nouveaux secteurs d’activité (Elhiraika et al., 2014).
Un secteur privé prospère se caractérise par la recherche et le développement, l’innovation
et la capacité à prendre des risques en s’engageant dans des secteurs de l’économie encore
inexploités (Hausmann et Rodrik, 2003). Par ailleurs, l’investissement direct étranger peut
promouvoir la diversification des exportations d’un pays. En effet, en produisant des biens
et services à forte intensité technologique qui n’étaient auparavant pas produits dans le

MBEGDE EMMANUEL 68
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

pays, les firmes multinationales contribuent à la sophistication des produits dans le pays
d’accueil. Ces dernières en s’installant à l’étranger permettent un transfert de technolo-
gies, de connaissances acquises dans la recherche et développement, de savoir-faire et de
compétences managériales.

Par ailleurs, Hidalgo et al. (2007) construisent un modèle dans lequel ils montrent que la
production d’un bien requiert un ensemble de capacités ou de facteurs non-échangeables.
En effet, selon la théorie des capabilités, un pays ne peut produire que les biens dont il
dispose de ressources ou de facteurs nécessaires à sa fabrication. Ainsi, la production d’un
pays est-elle déterminée par l’ensemble de capacités ou de facteurs dont il dispose. Pour
diversifier sa production, un pays doit accumuler et développer différentes ressources ou
facteurs de production disponibles à l’étranger. L’investissement direct étranger apparaît
donc comme un instrument permettant à un pays de diversifier son appareil productif
grâce au transfert de techniques et technologies disponibles à l’étranger.

1.1.2.7. L’usage d’Internet Plusieurs auteurs ont analysé la relation entre l’accès à
Internet et la complexité économique (Lapatinas, 2019 ; Gnangnon, 2022 ; Atasoy, 2021 ;
Ha, 2022). Selon eux, un meilleur accès à Internet accroît le niveau de diversification et
de sophistication d’une économie à travers l’investissement direct étranger et l’innovation.
En effet, le développement des technologies de l’information attire les IDE (Oumbé et al.,
2023). Cette idée repose sur l’hypothèse de Hitt (1999) qui stipule que le développement
des TIC réduit le coût de l’information et donc facilite la communication entre une com-
pagnie et ses filiales à l’étranger, améliore le marketing informationnel, ce qui davantage
accroît les flux d’IDE. Par ailleurs, le développement des TIC favorise l’accumulation du
capital humain. Une explication possible est que les TIC facilitent la recherche, la diffusion
et l’accès aux connaissances par le biais des librairies en ligne, des ordinateurs (Oumbé
et al., 2023). C’est donc dire que les TIC facilitent le transfert des technologies en faisant
du monde un village planétaire.

MBEGDE EMMANUEL 69
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

1.2. Intégration financière et complexité économique : Ancrage


théorique

La question des déterminants du développement économique continue encore au-


jourd’hui d’animer les débats entre les chercheurs (Ndoya et al., 2023). D’une part, nous
avons les déterminants traditionnels tels que le capital physique, le capital humain, la tech-
nologie et d’autre part, nous avons d’autres facteurs comme la qualité des institutions,
les facteurs historiques et financiers. Le lien entre l’intégration financière et la complexité
économique s’inscrit dans le courant de la littérature qui traite de la relation entre déve-
loppement financier et développement économique. Il revient donc dans cette sous-section
de mobiliser les théories pouvant expliquer la relation entre l’intégration financière et la
complexité économique.

1.2.1. Les modèles de Kletzer, Bardhan (1987) et Baldwin (1989)

L’intégration financière peut avoir un effet sur la complexité économique par l’en-
tremise du développement financier. Cette relation trouve ses racines dans les modèles
développés par Kletzer et Bardhan en 1987 et Baldwin en 1989. Ces auteurs développent
des modèles théoriques dans lesquels l’avantage comparatif d’un pays dépend du niveau
de développement des institutions financières. Il convient de mettre en exergue de prime
à bord le lien entre l’intégration financière et le développement du système financier et
par la suite de mettre en évidence le lien entre le développement financier et la complexité
économique.

( Kose et al., 2009 ; Kose et al., 2011 ), développent ce qu’ils considèrent comme la
nouvelle perspective de la relation entre l’intégration financière et le développement éco-
nomique dans les pays émergents. Cette approche se démarque de la vision traditionnelle.
En effet, ils montrent que les bénéfices réels de l’intégration financière ne résident pas
seulement dans l’accroissement du volume des capitaux entrants ou dans les opportunités
de diversification qu’elle offre, mais, bien plus dans ce que l’afflux de capitaux engendre
comme réformes et innovations (Beji et Oueslati, 2013). Kose et al.(2011) mettent en
évidence ce qu’ils appellent « avantages collatéraux », c’est-à-dire les avantages indirects

MBEGDE EMMANUEL 70
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

issus de l’intégration financière internationale, à savoir les réformes macroéconomiques,


financières ainsi que l’amélioration de l’infrastructure institutionnelle. Le schéma suivant
illustre bien la différence entre l’approche traditionnelle et la nouvelle approche.

Figure 8 – Différence entre la vision traditionnelle et la nouvelle perspective de la relation


entre intégration financière et croissance économique

Source : Kose et al. (2009)

Par ailleurs, Mishkin (2009), Bumann et al. (2013), Landry et Thierry (2017) montrent
que l’intégration financière internationale, tout comme l’intégration financière régionale,
contribue au développement financier grâce à l’amélioration de l’accès au capital à moindre
coût et l’entrée des institutions financières étrangères qui favorisent les réformes dans
le système financier, ce qui améliore son fonctionnement. Ainsi donc, deux hypothèses
découlent des modèles de Kletzer et Kletzer et Bardhan (1987) et Baldwin (1989). Pre-
mièrement, un système financier développé permet de mobiliser l’épargne, de réduire les
coûts de transaction et de contrôle. Il facilite également la diversification du risque, l’ac-
quisition d’information sur les projets, ce qui permet d’orienter les investissements vers
des projets qui sont productifs. En ce sens, les politiques de réforme du système financier
facilitent le financement des entreprises, ce qui stimule la production des biens complexes
et sophistiqués (Ebireri, 2014 ; Ndoya et al., 2023). Deuxièmement, le développement fi-
nancier réduit la contrainte de liquidité des entreprises et accroît le niveau d’exportation
d’un pays. En effet, le développement financier permet à un pays de rendre son panier

MBEGDE EMMANUEL 71
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

d’exportation plus diversifié (Ndoya et al., 2023) car la R&D, et l’innovation demandent
l’allocation d’une part importante de fonds dont les entreprises ne disposent pas néces-
sairement. Si le financement est orienté vers des secteurs d’activités pour lesquels le pays
est déjà compétitif, la diversification du panier d’exportation sera entravée.

1.2.2. Théorie de la firme multinationale

Une firme multinationale est une entreprise à base nationale, qui possède au moins
une filiale à l’étranger et qui produit ou commercialise hors de son territoire d’origine grâce
à ses filiales. Plus précisément, une firme est dite multinationale lorsqu’elle réalise un IDE,
c’est-à-dire une participation significative dans le capital d’une entreprise étrangère, lui
donnant un certain contrôle sur les décisions de cette firme (Lemoine et al., 2016). L’IDE
est l’instrument par lequel les multinationales mettent en œuvre leur stratégie interna-
tionale. C’est un phénomène qui participe fortement à la mondialisation de l’économie
avec l’intensification des flux financiers et les transferts technologiques (Lemoine et al.,
2016). Selon le paradigme électique ou OLI de Dunning, trois forces déterminent l’exis-
tence d’une firme multinationale : les avantages spécifiques d’une firme (Ownership), les
avantages spécifiques des pays (Location) et les avantages de l’internationalisation (In-
ternationalization advantage). À partir de ce paradigme, Dunning met en évidence une
théorie, la théorie d’« IDP » (Investment Development Path) qui présente les stades de
développement par lesquels les pays doivent passer pour se rendre attrayants.

La première étape est la pré-industrialisation. Le pays ne reçoit ni ne fait aucun IDE


parce qu’il n’a pas d’avantages susceptibles d’attirer des investissements étrangers. De
même, aucune firme nationale ne dispose d’avantages spécifiques qui lui permettent de
s’exporter et de surpasser les coûts occasionnés par le marché. À ce niveau, le seul acteur
capable de procéder aux changements nécessaires est l’État qui doit mettre sur pied un
cadre institutionnel favorable pour le développement des firmes, des infrastructures de
transport et de communication, des infrastructures sociale et commerciale, et encourager
le développement de la main d’œuvre. Ceci aura pour corollaire l’augmentation des IDE
et le développement des avantages nationaux (L). Le développement des avantages natio-
naux va attirer davantage d’IDE et ainsi, les avantages spécifiques des firmes nationales

MBEGDE EMMANUEL 72
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

(O) à savoir le niveau de développement technologique, le savoir-faire, les innovations,


les économies de taille continueront de croître : c’est la deuxième étape. Ici, les firmes
nationales acquièrent du savoir-faire et des nouvelles technologies, leur permettant ainsi
de sophistiquer et de diversifier leur production. À la troisième phase, le pays atteint un
certain niveau de maturité, il est désormais capable de générer ses propres avantages et
donc les avantages spécifiques de ces firmes nationales. Dans cette phase, le pays tente de
développer de nouvelles technologies ou de les acquérir.

À la quatrième phase, le pays est capable d’investir à l’étranger. En effet, les firmes
nationales ont la possibilité d’accroître leurs avantages spécifiques, ce qui leur permet de
recourir à la multinationalisation.

1.2.3. Transferts de fonds des migrants et complexité économique : le rôle de


l’intégration financière

L’entrepreneuriat contribue à la prospérité et à la croissance économique tant dans


les pays en développement que dans les pays développés. Cette activité conduit au dé-
veloppement de nouveaux produits, de nouveaux procédés et de nouvelles techniques
d’organisation. Par ailleurs, elle contribue à la création de nouveaux marchés (Venkatara-
man, 2000). Selon la « self-discovery theory » de Hausmann et Rodrik (2003), chaque pays
dispose d’un ensemble unique de contraintes qui limitent sa croissance et son développe-
ment. L’identification et la résolution de ces contraintes sont essentielles pour promouvoir
le développement. Ils soulignent le rôle joué par les entrepreneurs dans ce processus. La
diversification qui renvoie à la production de nouveaux produits est le résultat d’activités
d’entrepreneuriat ; le nombre de biens qu’une économie produit et exporte est influencé
par le nombre d’entrepreneurs engagés dans le processus de « self-discovery » dans le
secteur moderne de l’économie (Saadi, 2020). Le rôle de l’intégration financière est qu’elle
constitue une source de financement importante pour cette activité de « self-discovery ».
En effet, Hausmann et Rodrik (2003) soulignent le fait que ce processus de découverte est
coûteux et incertain et donc il exige suffisamment de fonds et un cadre institutionnel qui
encourage la protection de la propriété privée.

MBEGDE EMMANUEL 73
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

En outre, Saadi (2020) analyse le lien entre transfert de fonds des migrants et com-
plexité économique. Il trouve que ces transferts de fonds, en particulier ceux avec un
objectif d’investissement, encouragent la complexité du panier d’exportation d’un pays à
travers l’entrepreneuriat. Selon la théorie économique de la famille, les transferts de fonds
ne sont pas toujours motivés par l’altruisme des migrants envers leur famille. Certains
transferts sont motivés par l’intérêt personnel dans l’intention d’effectuer des investisse-
ments et de réaliser des affaires. Ces transferts servent donc à financer l’investissement
et l’entrepreneuriat (Saadi, 2020). L’intégration financière permet de réduire les coûts de
transaction associés aux transferts de fonds des migrants, ce qui peut augmenter le volume
de ces transferts (Beine et al., 2012).

Section 2. Intégration financière et complexité écono-


mique : Analyse des canaux de transmission et litté-
rature empirique

2.1. Les canaux de transmission

L’effet de l’intégration financière sur la complexité économique peut être direct ou


transiter par certains canaux de transmission. Conformément aux travaux de Kose et al.
(2009), l’intégration financière peut avoir un effet direct sur la croissance par l’accumu-
lation et l’allocation efficiente des ressources, ou un effet indirect à travers l’amélioration
de la productivité globale des facteurs de production via le développement financier et
institutionnel.

2.1.1. La qualité des institutions comme canal de transmission

Comme mentionné plus haut, la qualité des institutions est un élément important
à prendre en considération dans la relation entre intégration financière et complexité
économique. En effet, de bonnes institutions contribuent à une meilleure allocation des
ressources humaines et financières vers des activités productives (Vu, 2022). En garan-
tissant la protection de la propriété privée, en encourageant la concurrence de marché et

MBEGDE EMMANUEL 74
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

en assurant l’exécution des contrats, les institutions de bonne qualité promeuvent l’entre-
preneuriat, l’innovation, et attirent les investisseurs étrangers. Par ailleurs, de nombreux
travaux aboutissent au résultat selon lequel l’ouverture à l’extérieur augmente la demande
des institutions de bonne qualité (Alzer et Dadasov, 2013). Par ailleurs, l’ouverture finan-
cière est souvent perçue par les investisseurs comme un signal renseignant sur la discipline
macroéconomique. De même, pour attirer les flux financiers, les pays en développement
doivent s’engager dans les politiques économiques efficaces qui permettent d’améliorer le
climat des affaires et la qualité de leurs institutions.

Eu égard à ce qui précède, l’effet de l’intégration financière sur la complexité économique


se trouve bonifié par la présence d’institutions de bonne qualité.

2.1.2. Le Développement financier comme canal de transmission

La littérature sur la relation intégration financière-développement financier est assez


documentée et aboutit au résultat selon lequel l’intégration concourt au développement
financier. L’entrée des institutions financières étrangères permet de diversifier l’offre de
financement, l’épargne totale se forme de l’épargne nationale augmentée de l’épargne
étrangère, ce qui augmente les fonds disponibles pour l’économie. Dans le même sillage,
les institutions financières nationales ont un accès plus facile aux places financières in-
ternationales qui offrent de meilleurs placements, ce qui leur permet de diversifier leur
portefeuille.

Récemment, avec l’attention particulière portée au concept de complexité économique,


plusieurs travaux de se sont intéressés au lien existant entre le développement financier
et la complexité économique (Nguyen et Su, 2021 ; KARASOY, 2022 ; Ndoya, 2023). En
effet, la sophistication d’une économie nécessite la présence d’industries à forte inten-
sité technologique, ou ayant un niveau élevé de technologie. Pour exister, ces industries
requièrent un volume de financement important. Ainsi, un système financier développé
permet l’allocation des ressources et le développement de l’innovation.

MBEGDE EMMANUEL 75
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

2.1.3. Le canal de la Recherche et du Développement

Le processus de complexification d’une économie demande l’accumulation d’une


quantité importante de connaissances, de technologies et de savoir-faire qui contribue-
ront au développement de nouveaux produits sophistiqués et diversifiés. La recherche
et le développement est une activité dont la résultante est l’accumulation de nouvelles
connaissances, de nouveaux produits et de nouveaux procédés, lesquels génèrent des ex-
ternalités positives pour la société en général et pour les entreprises en particulier. Cette
activité est stimulée par la protection de la propriété privée. En effet, la garantie de la
propriété privée incite les entreprises à s’engager dans la R&D sachant qu’elles pourront
tirer un profit (supérieur au coût) des résultats de la recherche et de leur exploitation par
d’autres entreprises. Par ailleurs, la R&D est une activité qui nécessite un financement,
surtout pour les entreprises qui recourent au financement externe. Selon les travaux de
Milani et Neumann (2018), l’intégration financière internationale est un important canal
de financement des activités de recherche et de développement. La capacité de se finan-
cer à l’extérieur permet de réduire la contrainte de crédit des firmes, ce qui favorise la
R&D. En effet, l’accès au marché financier international offre de nombreuses options de
financement (Milani et Neumann, 2018). Ainsi, l’intégration financière sur la complexité
économique via la recherche et le développement.

2.2. Littérature empirique sur la relation intégration financière


et complexité économique

Peu de travaux dans la littérature économique se sont intéressés au lien existant


entre l’intégration financière et la complexité économique (Yu et Qayyum, 2023 ; Nguyen
et Su, 2021). Il ressort néanmoins des travaux existants que, la relation entre les deux
concepts ne fait pas toujours l’unanimité. Pour certains, il existe une relation positive
entre l’intégration financière et la complexité économique. Pour d’autres, cette relation
est négative et pour d’autres encore, elle est neutre.

MBEGDE EMMANUEL 76
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

2.2.1. Intégration financière, complexité économique : Une relation positive

Des études empiriques fournissent des preuves quant à la relation positive entre
l’intégration financière et la complexité économique.

Yu et Qayyum (2023) examinent la relation qui existe entre l’intégration financière et la


complexité économique sur un échantillon de 120 pays en développement pour une période
allant de 1996 à 2016. En utilisant la méthode des Moindres Carrés Généralisés, ils abou-
tissent à la conclusion selon laquelle l’intégration financière, à la fois mesurée par l’indice
de jure et l’indice de facto de l’intégration financière, augmente le niveau de complexité
économique d’un pays. Par ailleurs, ce résultat reste inchangé selon qu’ils considèrent les
pays à revenu élevé, les pays à revenu moyen et les pays à faible revenu. Ils trouvent néan-
moins que cet effet est plus significatif dans les pays à revenu moyen et à faible revenu. En
outre, Yu et Qayyum (2023) distinguent trois types d’industrie : les industries spécialisées
dans le secteur des ressources naturelles, les industries à faible intensité technologique, les
industries ayant un niveau moyen de technologie et les industries à forte intensité techno-
logique. Dans cette perspective, ils trouvent que l’intégration financière accroît le niveau
de complexité économique en considérant les trois premières industries. Cependant, les
industries à forte intensité sont faiblement affectées par l’intégration financière.

Par ailleurs, Milani et Neumann (2018) étudient sur un échantillon de 22 pays de


l’OCDE entre 1995 et 2009 l’effet de l’intégration financière internationale mesurée par
le flux d’IDE et d’investissement de portefeuille sur l’activité de recherche et développe-
ment des industries. Ils aboutissent à la conclusion selon laquelle l’ouverture financière
améliore le niveau de complexité économique d’un pays en stimulant l’activité de R&D
des entreprises qui dépendent fortement de la finance externe. Ce résultat se confirme en
prenant comme mesure alternative de l’intégration financière l’indice KAOPEN de Chinn
et Ito (2008). En outre, les travaux de Khan et al. (2020) analysent l’effet des IDE sur
la complexité économique en Chine sur une période de 1985 à 2017. En utilisant un mo-
dèle ARDL, ils aboutissent à la conclusion selon laquelle l’investissement direct étranger
est le principal facteur explicatif de la complexité économique en Chine. En effet, grâce
aux externalités positives créées par le transfert des technologies, les IDE concourent à la

MBEGDE EMMANUEL 77
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

sophistication de la production nippone.

L’effet positif de l’intégration financière a également été mis en avant parAntonietti


et Franco (2021). En effet, ils ont mené une étude sur la relation causale entre investis-
sement direct étranger et complexité économique dans 117 pays en développement sur
une période de 22 ans, allant de 1995 à 2016. Ils trouvent que l’accumulation de stock
d’IDE contribue à accroître significativement la complexité économique. C’est dans cet
ordre d’idées queOzsoy et al. (2021) montrent que plus un pays est globalisé, plus il est
enclin à produire et à exporter des produits sophistiqués. Sur un échantillon de 113 pays,
ils montrent que les IDE accroissent le niveau de sophistication et de diversification des
exportations d’un pays.

2.2.2. Intégration financière, complexité économique : Une relation négative

Un autre pan de la littérature empirique trouve que l’intégration financière a un


effet négatif sur la complexité économique.

Nguyen et Su (2021) analysent l’effet de l’intégration économique sur la complexité éco-


nomique sur un panel de 40 pays en développement sur une période de 15 ans (2002-2017).
Son analyse est basée sur la méthode des Moindres Carrés Généralisés en système en deux
étapes. Ils trouvent que pendant que l’ouverture commerciale stimule la complexité éco-
nomique, l’intégration financière mesurée par les flux entrants d’IDE affecte négativement
la complexité économique. Par ailleurs, en prenant en compte le canal du capital humain
et l’usage d’Internet dans l’analyse, ils trouvent que l’effet de l’ouverture au commerce
sur la complexité se trouve amplifié par compte, l’effet de l’intégration financière est non
significatif.

En outre, certains travaux trouvent plutôt une relation neutre entre l’intégration finan-
cière et la complexité économique. Dans une étude menée sur un panel de 06 pays (les
BRICS) de 1990 à 2010, Li (2019) parvient à l’évidence selon laquelle les flux sortants
d’IDE accroissent le niveau de sophistication des exportations de ces pays. Cependant, ils
trouvent que les flux entrants n’ont aucun effet sur la qualité des exportations. L’explica-
tion est que ces flux entrants d’IDE sont concentrés dans les industries à forte intensité

MBEGDE EMMANUEL 78
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

de main d’œuvre ayant moins d’exigences technologiques. En conséquence, ces flux ne


contribuent pas à la sophistication du panier d’exportation des BRICS. De même, Wang
et Wei (2010) arrivent à la même conclusion. Ils constatent que les IDE ne sont pour
rien dans la sophistication des exportations chinoises. Ils trouvent que cette augmenta-
tion est principalement et uniquement due au capital humain et aux politiques visant à
promouvoir l’infrastructure industrielle.

MBEGDE EMMANUEL 79
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Conclusion

Au demeurant, le présent chapitre avait pour objectif de présenter les contours de la


littérature sur la relation entre l’intégration financière et la complexité économique. Il s’est
organisé en deux sections visant à montrer l’une comme l’autre la littérature théorique et
empirique sur ladite relation. Il en ressort que le concept de complexité économique a ré-
cemment suscité l’intérêt des chercheurs bien qu’il ne soit pas considéré comme un concept
nouveau. Par ailleurs, l’analyse théorique nous permet de voir que plusieurs cadres théo-
riques permettent d’expliquer cette relation. Sur le plan empirique, l’effet de l’intégration
financière sur la complexité économique peut être direct, mais peut également transiter
par différents canaux de transmission, notamment la qualité des institutions, la D&D et
le développement financier. Les conclusions empiriques concernant l’effet de l’intégration
financière sur la complexité sont controversées, bien qu’à notre connaissance peu de tra-
vaux s’y soient intéressés. Il est donc de ce fait opportun d’analyser empiriquement l’effet
de l’intégration sur la complexité économique en ASS.

MBEGDE EMMANUEL 80
CHAPITRE 4. ANALYSE EMPIRIQUE DES EFFETS DE
L’INTÉGRATION FINANCIÈRE SUR LA COMPLEXITÉ
ÉCONOMIQUE

Introduction

Comme nous l’avons mentionné plus haut, la complexité économique est un sujet
qui encore aujourd’hui suscite l’attention de la part des chercheurs. À cet effet, plusieurs
travaux sur les déterminants de la complexité économique ont été menés jusqu’ici. Ce-
pendant, bien que peu de travaux se soient intéressés à la relation intégration financière-
complexité économique, les auteurs ne s’accordent pas sur la nature de cette relation. En
effet, certains considèrent que l’intégration financière est un facteur stimulant de la com-
plexité économique, tandis que pour d’autres, cette relation est négative, et pour d’autres
encore, elle est neutre. Partant de ce constat, l’objectif de ce chapitre est d’évaluer l’effet
de l’intégration financière sur la complexité économique en ASS. Pour cela, ce chapitre
se subdivise en deux sections. La première section consiste à présenter les faits stylisés
des différents indicateurs en ASS. Dans la deuxième section, nous procédons à l’analyse
économétrique de cette relation.

81
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Section 1. Intégration financière et complexité écono-


mique : Faits stylisés
Dans cette section, nous présentons l’évolution des indicateurs de la complexité
économique et de l’intégration financière en ASS. Par la suite, nous présentons d’une
part la relation qui existe entre l’intégration financière et la complexité économique en
Afrique subsaharienne de façon globale, et d’autre part dans les différentes sous-régions
qui constituent l’Afrique subsaharienne.

1.1. Évolution des indicateurs de l’intégration financière et de la


complexité économique en ASS

Comme mentionné plus haut, nous présentons ici l’évolution de l’indicateur de com-
plexité économique et de l’intégration financière en Afrique subsaharienne sur la période
de 1994 à 2021.

1.1.1. Évolution de l’indicateur de la complexité économique

Les pays Africains sont très peu diversifiés. Les activités sont pour la plupart concen-
trées autour des ressources naturelles, des matières premières et des produits primaires
très peu sophistiqués. L’Afrique subsaharienne n’est pas exempte de ce constat ainsi que
l’illustre le graphique ci-dessus.

MBEGDE EMMANUEL 82
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Figure 9 – Évolution de l’indice de complexité économique

Source : Auteur

À l’observation de la figure ci-dessus, nous constatons que l’indice de complexité


économique est instable dans le temps. En effet, son évolution est marquée par de mul-
tiples fluctuations. Entre 1994 et 2009, nous notons une évolution à la hausse du niveau
de complexité économique en ASS. Cependant, de 2009 à 2021, cet indice va progressi-
vement décroître jusqu’à devenir inférieur à son niveau de 1994. En d’autres termes, le
niveau de complexité économique a progressivement diminué depuis 2009 jusqu’en 2021.
Cette décroissance va s’intensifier entre 2019 et 2020 pouvant s’expliquer par la crise de
la COVID-19 survenue à cette période. Par ailleurs, malgré les différentes fluctuations
observées sur cette figure, la complexité des économies africaines est relativement faible.
En effet, cet indicateur ne fluctue que dans des valeurs faibles et négatives.

1.1.2. Évolution de l’indicateur de l’intégration financière

À l’issue des premières réformes des années 1990, la majorité des économies d’Afrique
subsaharienne a entrepris des programmes de libéralisation financière, sous l’égide des
institutions internationales. L’observation de la figure ci-dessous nous permet d’apprécier
l’évolution de l’indice du Kaopen en ASS. Cet indice permet de mesurer le niveau de
restrictions appliqué aux flux entrants et sortants de capitaux dans un pays. Le constat
est que son évolution est plutôt stable dans le temps et exhibe une tendance ascendante.
En effet, depuis 1996, on observe une évolution à la hausse de l’ouverture en ASS. Cela
pourrait signifier que les économies subsahariennes sont de plus en plus ouvertes financiè-

MBEGDE EMMANUEL 83
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

rement. Autrement dit, on assiste depuis 1996 à un relâchement des restrictions appliquées
aux flux de capitaux franchissant les frontières des économies subsahariennes. En effet,
selon McMillan et Rodrik (2009), les pays en développement, tous sans exception, sont de
plus en plus intégrés économiquement et financièrement depuis le début des années 1990.

Figure 10 – Évolution de l’indicateur d’intégration financière

Source : Auteur

1.2. Analyse de la corrélation entre l’intégration financière et la


complexité économique en ASS

1.2.1. Corrélation entre intégration financière et industrialisation : Analyse


globale

La figure 11 nous permet d’établir la relation qui existe entre l’intégration financière
et la complexité économique. Nous mesurons ici l’intégration financière par l’indice Kao-
pen de Chinn et Ito (2008). Cet indice permet de mesurer l’ouverture du compte capital
et l’indice d’intégration financière internationale de Milesi-Ferretti.

Globalement, la relation entre l’intégration financière et la complexité économique est


positive. L’assouplissement du contrôle ou la réduction des barrières à l’entrée des capi-
taux étrangers augmente le niveau de complexité économique des pays d’ASS. De même,
l’augmentation du flux ou du volume d’actifs étrangers permet d’améliorer le niveau de
complexité économique. En s’intéressant de près au deuxième graphique, lorsque l’on s’ap-

MBEGDE EMMANUEL 84
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

proche de zéro (0), on constate que, à l’exception de l’île Maurice, la plupart des pays
sont regroupés et situés en dessous de la pente. Cela implique que le flux de capitaux
étrangers vers l’ASS est encore faible.

L’effet de l’intégration financière sur la complexité économique n’est pas homogène sur
tout l’échantillon. Nous avons à titre illustratif les pays ayant un faible niveau d’intégra-
tion financière, et un niveau élevé de complexité économique comme l’Afrique du Sud,
et d’autres ayant tout comme l’Afrique du Sud un faible niveau d’intégration financière,
mais également un faible niveau de complexité économique à l’instar du Nigeria.

Figure 11 – Corrélation entre l’intégration financière et la complexité économique en


ASS

Source : Auteur

1.2.2. Analyse sous régionale

L’analyse précédente a montré que de façon globale, la relation entre l’intégration


financière et la complexité économique est positive en ASS. Il est question ici d’analyser
cette relation en considérant de façon individuelle les sous-régions qui constituent l’ASS.
La figure ci-dessous met en évidence la corrélation existante entre l’intégration financière
et la complexité économique dans les différentes sous-régions de l’ASS. Le nuage de points
rouge représente l’Afrique Centrale, le nuage de points bleu représente l’Afrique de l’Ouest,
le nuage de points verts représente l’Afrique de l’Est et le nuage noir représente l’Afrique
Australe. À l’exception de l’Afrique Australe, nous constatons que la corrélation entre
l’intégration financière et la complexité économique est positive. Ce graphique permet de

MBEGDE EMMANUEL 85
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

confirmer l’idée selon laquelle l’augmentation du degré d’ouverture financière permet d’ac-
croître la complexité des économies de l’ASS. En Afrique Australe, cependant, cet effet
n’est pas homogène pour tous les pays. On observe que certains pays comme l’Afrique du
Sud et le Mozambique ont un même degré d’ouverture financière, mais un niveau différent
en termes de complexité économique. Nous observons également que le nuage de point est
dispersé autour de la moyenne.

Figure 12 – Corrélation entre l’intégration financière et la complexité économique :


analyse sous régionale

Source : Auteur

MBEGDE EMMANUEL 86
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Section 2. Modélisation économétrique de la relation


entre l’intégration financière et la complexité écono-
mique
L’objectif de cette section est d’analyser empiriquement l’effet de l’intégration finan-
cière sur la complexité économique en ASS. Pour cela, nous procédons en deux étapes.
Premièrement, nous présentons le cadre méthodologique qui nous permet de mener cette
analyse économétrique et deuxièmement, nous présentons les résultats obtenus suivis de
leur interprétation.

2.1. Spécification économétrique du modèle, présentation des va-


riables et de la technique d’estimation

2.1.1. Spécification économétrique du modèle

Afin d’évaluer l’effet de l’intégration financière sur la complexité économique, nous


optons pour un modèle en panel car, celui-ci possède un avantage en termes d’information ;
il permet de prendre en compte les caractéristiques inobservables propres aux individus
et/ou aux périodes étudiées. Notre étude s’appuie sur les modèles de Lapatinas (2019) et
Nguyen et al. (2020). La spécification économétrique est la suivante :

ECIit = β0 + β1 ECIit−1 β2 IFit + µi + νt + εit (1)

Où l’indice i et t représentent respectivement le pays et l’année, ECIit et ECIit−1


représentent la complexité économique et sa valeur retardée d’une période. IFit Représente
la variable intégration financière qui est notre variable d’intérêt, Zi t est le vecteur des
variables de contrôle ; µt est l’effet spécifique fixe ou aléatoire du pays i , νt renvoie à
l’effet temporelle et εit représente le terme d’erreur.

MBEGDE EMMANUEL 87
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

2.1.2. Présentation et justification des variables

Nous distinguons dans notre modèle la variable dépendante, la variable d’intérêt et


les variables de contrôle.

• La variable dépendante
La variable dépendante de notre modèle est la complexité économique. Selon Hidalgo et
al. (2007), la transformation structurelle peut également être appréhendée par la com-
plexité économique. Cette dernière est mesurée par l’Indice de complexité économique
(ECI) construit par Hidalgo et Hausmann (2009). Cet indice provient de la base « Obser-
vatory Economic Complexity » (OEC). En outre, nous utilisons comme autre mesure de
la complexité économique l’indice Economic Fitness.

• La variable d’intérêt
La variable d’intérêt ici est l’intégration financière. Elle renvoie au degré de connexion
d’un pays avec la sphère financière internationale (Prasad et al., 2003). Autrement dit,
elle renseigne sur la mobilité des capitaux et actifs financiers d’un pays à un autre et sur
l’intensité des restrictions appliquées par un pays aux mouvements d’entrée et de sortie
des flux financiers. Pour cela, deux indicateurs sont utilisés pour mesurer l’intégration
financière : l’indice Kaopen de Chinn et Ito (2008). Il mesure les restrictions appliquées
sur le taux de change, le compte courant et le compte des opérations financières liées à
l’exportation. Plus sa valeur est élevée, plus le degré d’ouverture financière est important.
En outre, nous utilisons aussi l’indice d’intégration financière international de Lane et
Milesi-Ferretti (2007) qui représente le ratio du total des actifs et passifs étrangers sur le
PIB.

• Les variables de contrôle


Le choix des variables de contrôle est inspiré des différents travaux traitant des détermi-
nants de la complexité économique. Nous avons entre autres, le capital humain (Hausmann
et Klinger, 2006 ; Agosin et al., 2012), la qualité des institutions (Hausmann et al., 2003 ;
Vu, 2020), le développement financier (Ndoya et al., 2023 ; Nguyen et Su, 2021), l’usage

MBEGDE EMMANUEL 88
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

d’internet (Lapatinas, 2019), les ressources naturelles (Ajide, 2022 ; Ndoya et al., 2023),
l’investissement textcolorblue(Elhiraika et Mbate, 2014 ; Khan et Khan, 2020), les fac-
teurs géographiques tels que la taille et la densité de la population (Saadi, 2020 ; Nguyen
et al., 2020). Le tableau de description des variables en Annexe permet une présentation
détaillée des variables utilisées.

2.1.3. Présentation de la technique d’estimation

Afin d’évaluer l’effet de l’intégration financière sur la complexité économique, nous


avons recours aux données en panel. Ces données tiennent compte à la fois de la dimension
temporelle et individuelle. De ce fait, elles disposent d’un avantage informationnel. Dans
un premier temps, les estimations sont faites par la méthode des Moindres Carrés Ordi-
naires. Pour tenir compte du problème d’endogénéité, nous optons pour une technique à
variables instrumentales qui permet de corriger l’endogénéité dont souffrent les modèles
macroéconomiques la plupart du temps. Selon Baum (2008), les variables instrumentales
permettent de corriger le problème d’endogénéité dans la mesure où elles sont corrélées à
la variable explicative sans toutefois être corrélées au terme d’erreur.

Selon Baltagi, Demetriades et Law (2009), il existe un biais d’endogénéité inhérent à


l’analyse des effets de l’intégration financière sur des agrégats macroéconomiques, notam-
ment lorsqu’il s’agit des mesures de jure de l’intégration financière. Ils expliquent que
les choix politiques en matière de libéralisation financière externe sont souvent fortement
corrélés avec les agrégats macroéconomiques sur la base desquels ils sont effectués. En
conséquence, il pourrait exister un problème d’endogénéité dans la relation intégration
financière et complexité économique.

L’endogénéité peut être due à la causalité inverse. En effet, Sadeghi et al. (2020) ont
montré que la complexité économique est l’un des principaux facteurs d’attractivité des
IDE. Le niveau de complexité économique peut donc aussi expliquer le niveau d’intégra-
tion financière d’un pays. Pour tester cette endogénéité, le test de Durbin-Wu-Husman est
utilisé et les résultats dudit test sont contenus dans le tableau 9 en annexe. Les résultats
montrent que les variables IFI et Kaopen sont endogènes. En outre, d’autres variables

MBEGDE EMMANUEL 89
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

explicatives telles que l’investissement (FBCF) et le revenu (GDP) sont suspectés d’en-
dogénéité. L’utilisation des techniques à variables instrumentales est donc une nécessité.

Parmi les méthodes à variables instrumentales listées dans la littérature, nous optons
pour les GMM en système de Blundell and Bond (1998) en tant que technique principale.
Elle permet de résoudre le problème de faiblesse des instruments et d’autres problèmes
tels que l’hétérogénéité inobservée, l’erreur de mesure des variables et les variables omises
(Arellano et al., 2017). Les tests qui lui sont associés sont le test de sur identification
de Hansen qui permet de vérifier la validité des instruments utilisés dans la mesure où
ils doivent être corrélés avec la variable instrumentée, et le test d’autocorrélation sérielle
d’Arellano et Bond (1991) qui vérifie la corrélation sérielle de premier et de second ordre
AR1 et AR2 des résidus.

2.2. Présentation et discussion des résultats, analyse de la sensibi-


lité et de la robustesse, présentation des canaux de transmission

Dans cette sous-section, nous procédons à la présentation des principaux résultats


d’une part et d’autre part à l’analyse de la robustesse et de la sensibilité desdits résultats.

2.2.1. Présentation et discussion des principaux résultats

Le tableau 4 met en évidence les principaux résultats issus de l’estimation de notre


modèle par la Méthode des Moments Généralisés. Ces résultats mettent en exergue l’effet
de l’intégration financière (de jure et de facto) sur la complexité économique mesurée par
l’indice de complexité économique (ECI). Les résultats obtenus à l’issue des estimations
sont dans l’ensemble concluants.

Sur le plan économétrique, les coefficients de l’intégration financière sont positifs (conformes
aux attentes) et statistiquement significatifs au seuil de 10% pour le Kaopen et 5% pour
l’indice d’intégration financière international. À la lumière de ces résultats, l’intégration
financière permet d’améliorer le niveau de complexité des économies d’ASS. Par ailleurs,
les tests associés à la méthode des GMM sont tous validés, notamment le test de Hansen
et le test d’autocorrélation.

MBEGDE EMMANUEL 90
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Sur le plan économique, les résultats obtenus sont statistiquement significatifs et cor-
respondent à la littérature, aussi bien pour les variables de contrôle que pour la variable
d’intérêt. En effet, une augmentation du degré d’ouverture financière d’1% entraîne une
amélioration du niveau de complexité économique des économies subsahariennes de l’ordre
de 0,08%, ceteris paribus (colonne 1). De même, toutes choses restant égale par ailleurs,
une augmentation du volume des capitaux étrangers de 1% améliore de 0,09% le niveau
de complexité économique en ASS (colonne 2).

Ce résultat est semblable au résultat de Yu et Qayyum (2021). En effet, l’ouverture


financière permet d’accélérer le processus de transfert des technologies et des capacités
productives disponibles à l’étranger en facilitant et en attirant davantage d’investisse-
ment étrangers. Les investisseurs étrangers perçoivent dans les politiques d’ouverture un
signal sur la qualité du climat des affaires. L’acquisition de nouvelles connaissances ou
de nouvelles technologies peut aussi se faire par la R&D et l’entrepreneuriat. L’intégra-
tion financière accroît la disponibilité des fonds et pallie le problème de liquidité, ce qui
facilite le financement de la R&D et de l’entrepreneuriat. En effet, les entreprises, les
start-up ont besoin pour se lancer dans la R&D de financement externe. Cependant, le
capital et l’épargne domestique sont souvent insuffisants dans les PED, ce qui augmente
la contrainte d’accès au crédit. L’intégration permet de combler ce gap en complétant
l’épargne intérieure. Par ailleurs, les nouvelles activités telles que les start-up sont dif-
ficilement financées dans les pays d’ASS du fait de l’asymétrie d’information. L’IF en
contribuant au développement financier permet une amélioration de la qualité des ser-
vices financiers et donc un meilleur suivi et évaluation des projets afin de financer les
bonnes entreprises aussi bien nouvelles qu’anciennes.

Les variables de contrôle présentent un signe conforme à la littérature. En effet, nous


constatons que la dépendance aux ressources naturelles exacerbe la complexité écono-
mique, de même que le risque élevé d’expropriation (Iprof). Le développement financier,
le revenu et la population, bien que n’étant pas significatifs, présentent le signe attendu
par la littérature. Les résultats sont semblables à ceux de Yu et Qayyum (2021).

MBEGDE EMMANUEL 91
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Table 4 – Effet de l’intégration financière sur la complexité économique : Principaux


résultats

(1) (2)
SYS-GMM
VARIABLES ECI ECI
L.ECI 0.446* 0.642***
(0.214) (0.131)
kaopen 0.0810*
(0.0457)
IFI 0.0941**
(0.0435)
Dev.Fin 0.00265 0.00131
(0.00399) (0.00474)
FBCF 0.0153 -0.0136
(0.0199) (0.0118)
CapHum -0.0619 0.197*
(0.215) (0.103)
Iprof -0.00230 -0.0278
(0.0300) (0.0283)
lnGDP_capita_cu 0.0272 0.0899
(0.0816) (0.0674)
Popgrowth 0.0179 -0.116
(0.127) (0.192)
ResNat -0.0212* -0.0242**
(0.0109) (0.00884)
Internet -0.00806** -0.0114**
(0.00353) (0.00456)
Constant -0.845 -0.776*
(0.617) (0.402)
Observations 367 373
Nombre de pays 19 19
Nombre de groupes 19 19
Instruments 17 17
AR(1) 0.0198 0.0106
AR(2) 0.810 0.846 Écart type robuste entre parenthèses
Hansen p-value 0.419 0.215 *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Source : Auteur

MBEGDE EMMANUEL 92
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

2.2.2. Sensibilité et robustesse

Afin d’examiner la sensibilité et la robustesse de nos résultats, nous utilisons une


mesure alternative de la complexité économique et une autre méthode d’estimation res-
pectivement pour la sensibilité et l’analyse de la robustesse.

2.2.1.1. Sensibilité

L’analyse de la sensibilité consiste à évaluer l’effet de l’intégration financière sur la


complexité économique en utilisant un autre indicateur de la complexité économique. Il
s’agit en d’autres mots de s’assurer que la nature de cette relation reste inchangée en
considérant d’autres indicateurs de la complexité économique. Ainsi, nous évaluons l’effet
de l’intégration financière sur la complexité économique mesurée par l’indice « Economic
Fitness » provenant de la base de données WDI. Il mesure la capacité d’un pays à produire
des biens diversifiés et sophistiqués ; il capte le niveau de compétitivité d’un pays.

Les résultats obtenus restent positifs et significatifs au seuil de 5%. Les coefficients
associés à l’intégration financière restent positifs et significatifs. Ainsi peut-on conclure
que quel que soit l’indicateur de complexité économique, l’effet de l’intégration financière
reste inchangé, ce qui nous permet de valider notre hypothèse.

MBEGDE EMMANUEL 93
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Table 5 – Effet de l’intégration financière sur la complexité économique : mesure alter-


native

(1) (2)

SYS-GMM

VARIABLES EcoFitness EcoFitness

L.EcoFitness 0.664*** 0.786***


(0.177) (0.0409)
kaopen 0.0229**
(0.00996)
Globalisation (globale) 0.000202**
(9.60e-05)
Dev.Fi 0.000929 -0.000223**
(0.00162) (8.77e-05)
FBCF 0.000784 -0.000333*
(0.00523) (0.000162)
CapHum 0.0144 -0.00777**
(0.0433) (0.00339)
Iprof -0.0366 0.00206
(0.0236) (0.00121)
lnGDP_capita_cu 0.00223 -0.00229***
(0.00686) (0.000475)
Popgrowth 0.123*** 0.000796
(0.0367) (0.00106)
ResNat 0.000259 -7.14e-05
(0.00369) (0.000237)
Internet -0.00751** -6.85e-06
(0.00275) (7.31e-05)
Constant -0.0805 0.0352***
(0.171) (0.00667)

Observations 279 233


Nombre de pays 17 22
Nombre de groupes 17 22
Instruments 15 20
AR(1) 0.0221 0.308
AR(2) 0.569 0.445 Ecart type robuste entre parenthèses
Hansen p-value 0.837 0.127 *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

Source : Auteur

2.2.1.2. Analyse de la robustesse

Afin de s’assurer de la robustesse de nos résultats, nous avons recours à une autre
approche d’instrumentation en utilisant les Doubles Moindres Carrés (DMC). Comme les

MBEGDE EMMANUEL 94
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

GMM, cette méthode permet de tenir compte du biais d’endogénéité. Trois tests sont
complémentaires à cette méthode. Le test de sous-identification de Kleibergen et Paap
(2006) qui doit être significatif, le test de Stock et Yogo (2005) qui permet de mesurer la
validité des instruments et le test de Hansen (1982) et Sargent (1983) qui caractérise la
solidité d’un instrument.

Deux formes d’instrumentation sont appliquées, l’instrumentation interne qui consiste


à considérer comme instrument le retard des indicateurs de l’intégration financière confor-
mément aux travaux de Selvarajan et Ab-Rahim (2019), et l’instrumentation externe donc
le choix a été guidé par la littérature. Les deux instruments choisis sont la qualité de la
bureaucratie ("Bureaucracy quality") et la loi et l’ordre ("Law and order") et l’ordre (Wei,
2006t ;Vo et Daly, 2007 ; Selvarajan et Ab-Rahim 2019t). En effet, selon La porta et al.
(1998) et Furstenberg (1998), la structure financière externe d’un pays et le processus d’in-
tégration à la sphère financière internationale peuvent être expliqués par l’origine légale
et la qualité des règles et lois appliquées.

Le tableau ci-dessous présente les résultats des régressions issus de notre modèle. Les
résultats obtenus sont conformes aux précédents résultats obtenus avec la méthode des
Moments Généralisés. Le signe des coefficients est positif et significatif aussi bien pour le
Kaopen (indice de jure) que pour l’indice d’intégration financière international (indice de
facto). Sur le plan statistique, l’ensemble des tests est concluant. Les valeurs de la Stock-
Yogo sont significatives selon les valeurs standards respectivement à 10% 15% 20% et 25%.
Le test de Hansen et Sargent qui vérifie la solidité des instruments est non significatif. Les
deux tests nous permettent de valider l’instrument. Par ailleurs, le test de Kleibergen et
Paap (2006) est non significatif pour toutes les régressions, ce qui nous permet de confirmer
l’hypothèse d’absence de corrélation entre les variables endogènes et les instruments.

Les résultats obtenus sont conformes à la littérature économique, aussi bien pour la
variable d’intérêt que pour les variables de contrôle. En effet, l’intégration financière en
termes de politique et en termes d’actifs étrangers détenus contribue de façon significative
à l’amélioration du niveau de complexité économique. Ainsi, un accroissement du degré
d’ouverture financière de jure de 1% en ASS entraîne une augmentation du niveau de

MBEGDE EMMANUEL 95
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

complexité économique de 0,10%, toute chose égale par ailleurs (colonne 1). De même,
toute chose égale par ailleurs, une hausse de 1% de la valeur rapportée au PIB des stocks
d’actifs et passifs étrangers contribue de 0,09% à l’augmentation du niveau de complexité
économique en ASS (colonne 2).

Table 6 – Effet de l’intégration financière sur la complexité économique : Robustesse

(1) (2) (3) (4)


IV-2sls
Instrument interne Instrument externe
VARIABLES ECI ECI ECI ECI
kaopen 0.104*** 0.236**
(0.0214) (0.107)
IFI 0.0921** 0.443***
(0.0464) (0.169)
Popgrowth 0.188*** 0.128*** 0.0673 -0.0370
(0.0415) (0.0449) (0.0665) (0.0674)
ResNat -0.0194*** -0.0134*** 0.00847* -0.0212***
(0.00284) (0.00331) (0.00443) (0.00612)
Internet -0.00334 -0.00148 0.00254 -0.0155***
(0.00241) (0.00241) (0.00207) (0.00306)
CapHum -0.0242 0.0656 -0.0390 0.740***
(0.0413) (0.0461) (0.197) (0.156)
Dev.Fin 0.0159*** 0.0198*** 0.00177 0.0114***
(0.00449) (0.00465) (0.00318) (0.00440)
FBCF -0.000482 -0.00820** 0.00658 -0.0152***
(0.00397) (0.00391) (0.00514) (0.00471)
Ppty -0.422*** -0.476*** -0.538*** -0.0918
(0.0806) (0.0787) (0.190) (0.119)
lnGDP_capita_cu -0.0538*** -0.0526***
(0.0136) (0.0139)
Constant -0.710*** -0.814*** -1.014*** -2.207***
(0.195) (0.207) (0.318) (0.305)
Countries dummy No No Yes Yes
Observations 282 282 296 296
R-squared 0.418 0.368 0.656 0.384
KP 98.23 36.39 15.90 14.46
KPp-value 0.000 0.000 0.000 0.000
Hansen p-value 0.804 0.0856 0.131 0.228
S-Y (10%) 19,93 19,93 19,93 19,93
S-Y (15%) 11,59 11,59 11,59 11,59
S-Y (20%) 8,75 8,75 8,75 8,75
Ecart type robuste entre parenthèses
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

MBEGDE EMMANUEL 96
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

2.2.3. Analyse des canaux de transmission

Il est question dans cette sous-section de faire une analyse de la médiation. Pour
ce faire, nous nous inspirons des travaux de Ndoya et al. (2022). Les médiateurs sont le
développement financier et la qualité des institutions. La qualité des institutions ici renvoie
aux limites imposées à la propriété privée. Cette mesure est tirée de la Base de données
V-Dem. Dans la première étape, nous estimons l’effet de l’intégration financière sur les
différents canaux de transmission (Modèle 1). La seconde étape consiste à estimer l’effet
de l’intégration financière sur la complexité économique en contrôlant avec les différents
médiateurs (Modèle 2). Les résultats sont reportés dans le tableau 7. Les colonnes (1a)
et (2a) représentent les résultats de la première étape, et les colonnes (1b) et (2b) les
résultats de la seconde étape. La dernière colonne quant à elle met en évidence le résultat
de base.
Figure 13 – Représentation de la médiation

Source : Auteur

Globalement, les résultats suggèrent que : (i) l’intégration financière affecte signifi-
cativement les deux médiateurs au seuil de 1% et 5% respectivement pour la qualité des
institutions et le développement financier (colonnes 1a et 2a). (ii) les deux canaux ont
un effet significatif sur la complexité économique (colonnes 2a et 2b), (iii) L’intégration
financière affecte positivement la complexité économique. Par ailleurs, le coefficient estimé

MBEGDE EMMANUEL 97
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

de l’intégration financière sur la complexité économique diminue lorsqu’un canal est inclus
dans le modèle (colonne 1b et 2b). Le tableau 7 contient plusieurs tests qui permettent de
vérifier si l’effet indirect de l’intégration financière sur la complexité économique à travers
le développement financier et la qualité des institutions est statistiquement différent de
zéro. La statistique du test de Sobel est estimée à 0,018 et 0,036 pour la qualité des insti-
tutions et le développement financier respectivement. La P-value est de 1% pour la qualité
des institutions et 5% pour le développement financier. Cela suggère que l’hypothèse nulle
d’absence de médiation est rejetée. Les résultats sont similaires en considérant d’autres
tests (Delta et Monte Carlo).

Eu égard à ce qui précède, nous pouvons conclure que l’effet de médiation du déve-
loppement financier est d’environ 55% de l’effet total de l’intégration financière sur la
complexité économique. Autrement dit, le développement financier contribue à hauteur
de 55% dans la relation directe entre l’intégration financière et la complexité économique.
De même, bien que l’effet direct de l’intégration financière sur la complexité économique
soit de 0,089, l’effet indirect via la qualité des institutions est de 0,018 soit une contribution
de 21%.

MBEGDE EMMANUEL 98
MBEGDE EMMANUEL

2022-2023
Table 7 – Analyse de la médiation
(i) Médiateur : Institutions (ii) Médiateur : Développement financier (iii)Regréssion de base

(1a) (1b) (2a) (2b) (3


VARIABLES Ppty ECI VARIABLES Dev.Fin ECI ECI

kaopen -0.028*** 0.071*** kaopen 1.529** 0.029 0.0752***


(0.010) (0.019) (0.701) (0.030) (0.0133)
Ppty -0.650*** Dev.Fin 0.024***
(0.097) (0.006)
Variables de contrôle Yes Yes Variables de contrôle Yes Yes Yes
Constant 0.353*** -1.228*** Constant 15.448*** -1.383***
(0.016) (0.214) (0.943) (0.373)
Boostrap replication 300 300 Boostrap replication 300 300
Observations 287 287 Observations 212 212 383

INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS


Médiation par la qualité des institutions Médiation par le développement financier

Coeff Ecart type p-value Coeff Ecart type p-value

Tests de médiation Tests de médiation


Delta 0,018 0.006 0.003 Delta 0,036 0.014 0.011
Sobel 0,018 0.007 0.007 Sobel 0,036 0.019 0.053
Monte Carlo 0,018 0.007 0.008 Monte Carlo 0,036 0.020 0.058
Effet de composition Effet de composition
Effet indirect 0.018 Effet indirect 0.036
Effet direct 0.071 Effet direct 0.029
% de la médiation de l’effet total 21% % de la médiation de l’effet total 55%
Source : Auteur
99
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Conclusion

Le présent chapitre avait pour objectif d’évaluer empiriquement le lien entre l’inté-
gration financière et la complexité économique en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, il
s’est organisé en deux sections. La première section présentait les faits stylisés permettant
d’entrevoir l’évolution des variables et la nature de leur relation. Il ressort que, bien que
les pays d’ASS aient progressé ces dernières années, il reste encore un important manque
à gagner pour ces pays en matière d’intégration financière. De même, le niveau de com-
plexité économique est encore faible et ces dernières années a tendance à évoluer à la
baisse. Il est également à noter que globalement, la corrélation existante entre l’intégra-
tion financière et la complexité économique en ASS est positive. Les résultats issus des
estimations économétriques par la méthode des MMG ainsi que les analyses de sensibilité,
de robustesse et de médiation ont permis de confirmer le sens de cette corrélation et ipso
facto de valider notre hypothèse.

MBEGDE EMMANUEL 100


2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Conclusion de la deuxième partie

Au demeurant, l’objet de cette partie était d’examiner l’effet de l’intégration finan-


cière sur la complexité économique en Afrique subsaharienne. Pour y parvenir, nous avons
procédé en deux étapes. La première étape (chapitre 3) a consisté à présenter les contours
de la littérature théorique sur la relation intégration financière et complexité économique.
Dans la deuxième étape (chapitre 4), nous avons adopté une démarche empirique afin
d’investiguer sur la nature de la relation qui existe entre l’intégration financière et la
complexité économique en Afrique subsaharienne.

L’analyse théorique a consisté à présenter le concept de complexité économique ainsi que


ses différents déterminants afin d’en avoir une meilleure connaissance. Elle a également
fait le point sur les théories permettant d’expliquer l’effet de l’intégration financière sur
la complexité économique. Il s’agit entre autres de la théorie de la firme multinationale,
le modèle de Kletzer et Bardhan (1987) et Baldwin (1989), la « self-discovery theory »
de Hausmann et Rodrik (2003). L’analyse théorique s’est terminée par une littérature
empirique qui a mis en lumière les points de vue divergents des économistes sur l’effet de
l’IF sur la complexité économique.

Le chapitre empirique de ce travail a consisté à analyser l’effet de l’intégration finan-


cière sur la complexité économique en Afrique subsaharienne sur la période de 1994 à
2021. Cette analyse s’est faite d’une part en présentant la corrélation qui existe entre les
deux variables à l’aide d’un graphique. D’autre part, nous avons procédé à une analyse
économétrique dont les résultats nous ont permis de conclure que l’intégration financière
promeut la complexité économique dans les économies subsahariennes.

MBEGDE EMMANUEL 101


CONCLUSION GÉNÉRALE

L’objectif de cette étude était d’analyser l’effet de l’intégration financière sur la


transformation structurelle en Afrique subsaharienne. Dans cette optique, nous avons or-
ganisé notre travail en deux parties, lesquelles correspondent aux différentes dimensions de
la transformation structurelle, notamment l’industrialisation et la complexité économique.

La première partie s’est attelée à analyser l’effet de l’intégration financière sur l’in-
dustrialisation en Afrique subsaharienne. Cette analyse a été menée sur deux chapitres.
Le chapitre premier a présenté l’ensemble des développements théoriques qui entourent
la relation intégration financière-industrialisation. Nous avons en premier temps fait une
analyse des concepts d’intégration financière et d’industrialisation tout en présentant les
théories explicatives du lien entre les deux concepts (La théorie de la libéralisation finan-
cière de McKinnon (1973) et Shaw (1973), la théorie de l’avantage comparatif de Rajan et
Zingales (1996), La Théorie de la dépendance, la théorie de l’allocation internationale du
capital, la théorie de la croissance endogène). Dans un second temps, nous avons présenté
les canaux de transmission par lesquels l’intégration financière peut agir indirectement
sur l’industrialisation, et la littérature empirique existante sur le sujet. L’incapacité de
prendre position sur la nature de la relation entre l’intégration financière et l’industriali-
sation à la suite de cette littérature nous a poussés à mener une analyse empirique sur la
nature de cette relation en ASS. C’est donc dans ce contexte que s’est inscrit le deuxième
chapitre, dont l’objectif était d’analyser empiriquement l’effet de l’intégration financière
sur l’industrialisation en ASS sur la période de 1994 à 2021. Pour cela, nous avons a priori

102
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

présenté les faits stylisés et par la suite l’analyse économétrique à travers la Méthode des
Moments Généralisés. Les résultats obtenus nous ont permis de valider notre hypothèse,
à savoir que l’intégration financière stimule l’industrialisation en ASS. Ces résultats sont
robustes en changeant la technique d’estimation.

La deuxième partie avait pour objectif de déterminer l’effet de l’intégration financière


sur la complexité économique en Afrique subsaharienne entre 1994 et 2021. De même que
la première partie, cette partie est structurée en deux chapitres, à savoir le chapitre 3 et
le chapitre 4.
Pour ce qui est du chapitre 3, nous avons tour à tour présenté la littérature théorique sur la
relation entre l’intégration financière et la complexité économique, ainsi que la littérature
empirique. La littérature théorique a consisté à faire une analyse du concept complexité
économique d’une part et d’autre part à présenter les théories explicatives de la relation
entre intégration financière et complexité économique. La littérature empirique nous a
montré que bien que peu d’études aient analysé l’effet de l’intégration financière sur la
complexité économique, la littérature sur le sujet ne fait pas l’unanimité. C’est dans cette
optique que le Chapitre 4 s’est consacré à évaluer empiriquement l’effet de l’intégration
financière sur la complexité économique en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, nous
avons d’abord présenté les faits stylisés en montrant l’évolution de nos deux variables
sur la période d’étude et en présentant la corrélation entre ceux-ci par des graphiques.
Par la suite, nous avons fait une analyse économétrique avec pour technique d’estimation
les MMG et enfin, nous avons procédé à une analyse de la médiation. Il ressort que
l’intégration financière améliore le niveau de complexité des économies subsahariennes.
Ce résultat reste robuste au changement de technique d’estimation et au changement
de mesure des variables d’intérêt. Par ailleurs, l’analyse de la médiation montre que le
développement financier et la qualité des institutions contribuent significativement à l’effet
de l’intégration financière sur la complexité économique.

Au vu des résultats obtenus, plusieurs recommandations de politiques économiques


sont formulées à l’endroit des décideurs et des autorités des pays de l’Afrique subsaha-
rienne. Ces recommandations sont entre autres que les autorités de politiques économiques
doivent davantage encourager les politiques en faveur de l’ouverture financière en vue d’at-

MBEGDE EMMANUEL 103


2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

tirer les capitaux étrangers qui permettront de combler le niveau d’épargne intérieur des
pays d’ASS. Par ailleurs, l’intégration financière n’est pas une fin en soi. De ce fait, les
régulateurs devraient mettre sur pied de bonnes institutions capables d’assurer efficace-
ment l’allocation du capital disponible en s’opposant aux activités de recherche de rente
et de dissipation des ressources par des groupes d’intérêt qui cherchent un accès privilégié
aux capitaux étrangers et aux ressources disponibles à leur seul avantage. De plus, afin
d’attirer davantage d’investissement étranger, et de limiter la fuite des capitaux facilitée
par l’ouverture financière, les autorités doivent encourager la protection de la propriété
privée. Le dernier point concerne l’amélioration des services financiers, en facilitant l’accès
au crédit pour les entreprises du secteur privé.

Ce travail comporte quelques limites que d’éventuelles futures recherches pourraient


intégrer dans leur analyse. Premièrement, nous avons considéré un seul aspect de l’in-
tégration financière, à savoir l’intégration financière internationale. D’autres recherches
pourraient donc considérer l’aspect régional à travers les marchés communs. Deuxième-
ment, nous n’avons pas considéré la dynamique de long terme de la relation entre nos
deux variables.

MBEGDE EMMANUEL 104


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MBEGDE EMMANUEL 118


ANNEXES

• Test d’endogeneite chapitre 2 et 4 :

Table 8 – Test d’endogeneite de Durbin-Wu-Hausman (variable dépendante : l’indus-


trialisation

Var. indépendante Kaopen IFI KOFFiGI


[9.03369] [32.0712] [10.5348]
Wu-Hausman F test (0.0027) (0.0000) (0.0012)
[8.77222] [31.005] [10.229]
Durbin-Wu-Hausman chi-sq test (0.0031) (0.0000) (0.0014)

[.] Statistique du test, (.) p-value

Table 9 – Test d’endogeneite de Durbin-Wu-Hausman (variable dépendante : la com-


plexité économique

Var. indépendante Kaopen IFI KOFFiGI


[11.3899] [17.5532] [8.17821]
Wu-Hausman F test (0.008) (0.0000) (0.0044)
[11.2565] [17.2119] [8.11924]
Durbin-Wu-Hausman chi-sq test (0.008) (0.0000) (0.0044)

[.] Statistique du test, (.) p-value

119
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Table 10 – Test de multicolinéarité : variable dépendante l’industrialisation (VAM)

Variable d’intérêt ka_open IFI KOFFiGI


VIF max 1.37 1.11 1.72
VIF moyen 1.32 1.24 1.49

Table 11 – Test de multicolinéarité : variable dépendante la complexité économique


(ECI)

Variable d’intérêt ka_open IFI KOFFiGI


VIF max 1.13 1.15 1.03
VIF moyen 1.45 1.19 1.14

Table 12 – Test de d’Hétéroscédasticité : variable dépendante (VAM)

Variable d’intérêt ka_open IFI KOFFiGI


chi2(1) 12.21 52.59 9.39
Prob > chi2 0.0005 0.0000 0.0022
H0 : Constant variance

Table 13 – Test de d’Hétéroscédasticité : variable dépendante (ECI)

Variable d’intérêt ka_open IFI KOFFiGI


chi2(1) 10.82 8.48 8.55
Prob > chi2 0.0010 0.0036 0.0034
H0 : Constant variance

MBEGDE EMMANUEL 120


MBEGDE EMMANUEL

2022-2023
Table 14 – Matrice de corrélation première partie
VAM ka_open IFI DCP_sector FBCF hc Inf_ipc100 lnGDP_cu OC_10 urban_pop
VAM 1.0000
ka_open 0.2142 1.0000
IFI 0.0851 0.2021 1.0000
DCP_sector 0.0665 0.2256 0.6634 1.0000
FBCF -0.1378 -0.0373 -0.0176 0.1278 1.0000
hc 0.0684 -0.1333 0.1562 0.2128 0.1117 1.0000
Inflat_I 100 0.0232 -0.0778 -0.0295 -0.1123 -0.1112 -0.0574 1.0000
lnGDP_capi u 0.2349 0.2252 0.0103 -0.0673 0.0286 0.1181 -0.2028 1.0000
OC_10 -0.1619 -0.0301 0.1789 0.2628 0.3396 0.1886 -0.0933 0.0019 1.0000

INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS


urban_pop_r 0.1462 0.1526 0.0255 0.1585 0.2756 -0.1302 -0.0672 0.2766 0.1722 1.0000

Table 15 – Matrice de corrélation deuxième partie


ECI kaopen IFI DCP_sector lnGDP_cu FBCF Nat_res Popgro h Internet Ppty GGFC
ECI 1.0000
kaopen 0.1782 1.0000
IFI -0.2216 -0.2279 1.0000
DCP_sector 0.6576 -0.0446 -0.3404 1.0000
lnGDP_capi u -0.2535 0.0540 0.2291 -0.1666 1.0000
FBCF -0.2037 -0.1774 0.3243 -0.1316 0.2668 1.0000
Natresource -0.3930 -0.0228 0.2502 -0.2842 0.2247 0.3480 1.0000
Popgrowth -0.4219 -0.0756 0.4074 -0.5769 0.2716 0.1889 0.3509 1.0000
Internet 0.2327 0.1221 -0.0845 0.3943 0.1118 0.0253 -0.1581 -0.1571 1.0000
Ppty 0.2259 0.0157 0.2167 0.3591 0.0939 0.0026 -0.1518 -0.0905 0.1004 1.0000
GGFC 0.5140 0.1028 0.1791 0.3382 -0.1348 0.0832 -0.1667 -0.2679 0.1533 0.3963 1.0000
121
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Table 16 – Statistique descriptive du chapitre 2


Variable Obs Mean Std. dev. Min Max

VAM 1,142 10.5793 5.744591 .2326077 35.21546


ka_open 1,24 .3151929 .30355 0 1
IFI 1,344 2.089611 7.27684 0 99.88623
DCP_sector 1,112 18.34708 21.44794 0 142.4221
FBCF 1,112 21.02846 9.378205 -2.424358 93.54746
hc 988 1.691005 .4534869 .2822255 2.938816
Inflat_IPC_100 1,161 .4043044 7.136297 -.0961615 237.7313
lnGDP_capi_u 1,282 11.43018 2.498547 -2.988334 16.26987
OC_10 1,133 6.68043 3.354463 .0756876 22.50231
urban_pop_r 1,344 38.21041 16.16732 7.014 90.423

Table 17 – Statistique descriptive du chapitre 4

Variable Obs Mean Std. dev. Min Max


REER 476 105.8479 37.70522 49.2009 511.0492
ECI 497 -1.076434 .5206809 -2.79136 .303549
kaopen 1,24 -.5913566 1.286337 -1.927032 2.310613
IFI 1,344 2.089611 7.27684 0 99.88623
DCP_sector 1,112 18.34708 21.44794 0 142.4221
lnGDP_capi u 1,282 11.43018 2.498547 -2.988334 16.26987
FBCF 1,112 21.02846 9.378205 -2.424358 93.54746
Natresource 1,278 11.66751 11.40669 .0023598 88.59235
Popgrowth 1,344 2.483071 1.359032 -16.88063 16.6255
Internet 1,281 9.522341 15.11808 0 81.59307
Ppty 1,321 .4289084 .3036488 .016 .961
GGFC 1,101 14.9353 7.365696 .9112346 62.13341

• Résultats des MCO deuxième partie

MBEGDE EMMANUEL 122


2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Table 18 – Effet de l’intégration financière sur l’industrialisation : Régression par les


MCO

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)


MCO
VARIABLES VAM
IFI 0.0214*** 0.0362*** 0.0296*** 0.0399*** 0.0431** 0.0382* 0.0383*
(0.00672) (0.00700) (0.00709) (0.00760) (0.0212) (0.0209) (0.0220)
OC_10 -0.107* -0.132** -0.375*** -0.385*** -0.436*** -0.358***
(0.0601) (0.0564) (0.0631) (0.0646) (0.0646) (0.0757)
lnGDP_capita_cu 0.517*** 0.382*** 0.371*** 0.421*** 0.311***
(0.0591) (0.0817) (0.0844) (0.0897) (0.119)
hc 1.294*** 1.150*** 1.531*** 1.442***
(0.463) (0.391) (0.390) (0.419)
v2xcl_prpty 0.243 -0.355 -0.536
(0.618) (0.624) (0.701)
Inflat_IPC100 0.181 -0.260
(0.496) (0.528)
FBCF -0.0622***
(0.0236)
Constant 10.53*** 10.72*** 4.931*** 6.085*** 6.386*** 5.725*** 8.349***
(0.175) (0.445) (0.836) (1.233) (1.207) (1.306) (1.722)
Observations 1,142 967 967 742 736 699 602
R-squared 0.001 0.008 0.067 0.094 0.090 0.121 0.117
r2 0.000853 0.00825 0.0672 0.0942 0.0897 0.121 0.117
Ecart type robuste entre parenthèses
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

Table 19 – Mesures alternatives de l’industrialisation


(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9)

Mco Robuste

VARIABLES indust_labor

kaopen 0.776*** 0.670*** 0.668*** 0.722*** 0.606*** 0.677*** 0.683*** 1.019*** 0.763***
(0.167) (0.149) (0.167) (0.168) (0.166) (0.174) (0.174) (0.205) (0.232)
DCP_sector 0.163*** 0.157*** 0.228*** 0.224*** 0.234*** 0.231*** 0.222*** 0.196***
(0.00801) (0.00760) (0.0172) (0.0168) (0.0166) (0.0158) (0.0177) (0.0175)
FBCF 0.165*** 0.151*** 0.162*** 0.156*** 0.163*** 0.144*** 0.0802***
(0.0239) (0.0307) (0.0312) (0.0319) (0.0317) (0.0339) (0.0269)
hc -1.505*** -1.496*** -1.851*** -1.860*** -1.748*** -0.444
(0.472) (0.467) (0.486) (0.509) (0.502) (0.495)
Ppty -3.060*** -2.525*** -3.107*** -2.405*** -4.421***
(0.648) (0.672) (0.655) (0.678) (0.715)
Inflat_IPC100 0.00809*** -0.00717 -0.0115 -0.0432***
(0.00199) (0.00794) (0.00888) (0.00782)
lnGDP_capita_cu -0.289** -0.345** -0.938***
(0.140) (0.162) (0.150)
OC_10 0.0157 -0.0740
(0.138) (0.110)
urban_pop_r 0.170***
(0.0207)
Constant 12.58*** 9.761*** 6.408*** 7.557*** 8.426*** 8.890*** 12.55*** 13.88*** 15.29***
(0.230) (0.237) (0.501) (0.995) (0.951) (0.973) (2.421) (2.740) (2.362)
Observations 1,168 1,011 890 714 709 658 658 572 572
R-squared 0.022 0.281 0.320 0.348 0.364 0.383 0.388 0.402 0.503
r2 0.0217 0.281 0.320 0.348 0.364 0.383 0.388 0.402 0.503

MBEGDE EMMANUEL 123


MBEGDE EMMANUEL

2022-2023
Table 20 – Effet de l’intégration financière sur la complexité économique

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9)


MCO Robuste
VARIABLES ECI
kaopen 0.0845*** 0.0869*** 0.0902*** 0.0855*** 0.0886*** 0.0908*** 0.0944*** 0.0951*** 0.0752***
(0.0159) (0.0137) (0.0127) (0.0127) (0.0123) (0.0124) (0.0128) (0.0131) (0.0133)
DCP_sector 0.0135*** 0.0130*** 0.0129*** 0.0120*** 0.0126*** 0.0131*** 0.0134*** 0.0126***
(0.000515) (0.000497) (0.000500) (0.000473) (0.000649) (0.000684) (0.000828) (0.000763)
lnGDP_capita_cu -0.0304*** -0.0297*** -0.0267*** -0.0283*** -0.0265*** -0.0257*** -0.0130*
(0.00609) (0.00736) (0.00700) (0.00715) (0.00701) (0.00713) (0.00710)

INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS


FBCF -0.00269 0.000931 0.000875 0.00118 0.00126 -0.00306
(0.00240) (0.00226) (0.00229) (0.00233) (0.00234) (0.00214)
Natresource -0.00928*** -0.00976*** -0.0101*** -0.0103*** -0.00943***
(0.00157) (0.00163) (0.00163) (0.00170) (0.00158)
Popgrowth 0.0456 0.0503 0.0546 0.0931***
(0.0358) (0.0360) (0.0374) (0.0352)
Internet -0.00310** -0.00326** -0.00420***
(0.00154) (0.00156) (0.00146)
Ppty -0.0415 -0.247***
(0.0585) (0.0650)
GGFC 0.0356***
(0.00397)
Constant -1.020*** -1.280*** -0.918*** -0.867*** -0.848*** -0.950*** -0.975*** -0.979*** -1.520***
(0.0214) (0.0218) (0.0759) (0.0861) (0.0816) (0.111) (0.111) (0.112) (0.128)
Observations 497 418 418 403 403 403 402 402 383
R-squared 0.038 0.476 0.500 0.504 0.535 0.537 0.539 0.539 0.626
r2 0.0381 0.476 0.500 0.504 0.535 0.537 0.539 0.539 0.626
Ecart type robuste entre parenthèses
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
124
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

Table 21 – Mesure alternative de l’intégration financière


(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8)

MCO Robuste

VARIABLES ECI

IFI 0.127*** 0.128*** 0.119*** 0.112*** 0.0987*** 0.109* 0.106*** 0.0846**


(0.0301) (0.0302) (0.0264) (0.0265) (0.0299) (0.0567) (0.0376) (0.0425)
Popgrowth -0.0239 -0.0235 -0.0330 -0.0334 0.00123 0.000865 0.0889**
(0.0305) (0.0270) (0.0271) (0.0304) (0.0515) (0.0384) (0.0427)
Natresource -0.00900*** -0.00799*** -0.0105*** -0.00456 -0.00480 -0.0134***
(0.00197) (0.00203) (0.00248) (0.00424) (0.00402) (0.00329)
Internet 0.00350*** 0.00299 0.00245 0.00260 -0.00174
(0.00130) (0.00224) (0.00230) (0.00272) (0.00244)
hc 0.287** 0.168 0.156 0.109**
(0.116) (0.110) (0.140) (0.0466)
DCP_sector 0.000711 0.000378 0.0199***
(0.00238) (0.00281) (0.00462)
FBCF 0.00122 -0.00784**
(0.00274) (0.00373)
Ppty -0.401***
(0.0798)
lnGDP_capita_cu -0.0438***
(0.0129)
Countries dummy Yes Yes Yes Yes Yes Yes Yes Yes
Constant -1.819*** -1.738*** -1.493*** -1.497*** -1.755*** -1.609*** -1.611*** -0.916***
(0.0716) (0.126) (0.125) (0.125) (0.192) (0.238) (0.266) (0.202)
Observations 497 497 497 495 375 306 306 306
R-squared 0.748 0.749 0.804 0.807 0.766 0.728 0.728 0.369
r2 0.748 0.749 0.804 0.807 0.766 0.728 0.728 0.369

Ecart type robuste entre parenthèses


*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

Table 22 – Liste des pays de l’échantillon

Angola Congo, Dem, Rep, Guinea Mozambique South Africa


Benin Congo, Rep, Guinea-Bissau Namibia South Sudan
Botswana Cote d’Ivoire Kenya Niger Sudan
Burkina Faso Equatorial Guinea Lesotho Nigeria Tanzania
Burundi Eritrea Liberia Rwanda Togo
Cabo Verde Eswatini Madagascar Sao Tome and Principe Uganda
Cameroon Ethiopia Malawi Senegal Zambia
Central African Republic Gabon Mali Seychelles Zimbabwe
Chad Gambia, The Mauritania Sierra Leone
Comoros Ghana Mauritius Somalia

MBEGDE EMMANUEL 125


MBEGDE EMMANUEL

2022-2023
Table 23 – Liste des variables
Variables Notation Définitions Source

Kaopen Indice du degré d’ouverture financière (une forte valeur traduit un degré Chin et Ito (2008)
élevé d’ouverture finanvière)
Intégration financière IFI Somme des actifs et passifs étrangers sur le PIB Lane et Milesi-Ferreti (2007)
KOFFiGIdj Kof de la globalisation financière de jure Indice de la globalisation
KOFFiGIdf Kof de la globalisation financière de facto Indice de la globalisation
VAM Valeur ajoutéé du secteur manufacturié en %PIB WDI
Industrialisation
Indust_labor part de l’emploi dans le secteur industriel WDI
Développement financier DCP_sector Crédit accordé au secteur privé WDI
FinancialInstitutionsIndex indicateur de développement des institutions financières GFD
Investissement FBCF formation brute du capital fixe WDI
OC Somme des exportations et importations sur le PIB WDI
Ouverture commerciale KOFTrGIdf Kof de la globalisation commerciale de facto Indice de la globalisation

INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS


KOFTrGI Kof global de la globalisation commerciale Indice de la globalisation
Inflation Inflat_IPC infaltion mesurée par l’indice des prix à la consommation WDI
Capital humain hc Nombre d’année d’étude et rendement de l’éducation PWT9
Croissance économique lnGDP_capita_cu PIB par habitant ou par tete WDI
Urbanisation urban_pop_r population urbaine en pourcentage de la population totale WDI
Ppty Limites à la propriété privée V-Dem
Qualité des institutions
Iprof risque d’investissement résultant de toutes formes d’expropriation ICRG
Régime politique Policy2 Mesure du régime politique dont l’echelle varie de +10 (fortement démocra- Policy 5
tique) à -10 (fortement autocratique)
CC contrôle de corruption WGI
gov_effect Efficacité des pouvoirs publics WGI
PS_AV Stabilité politique et Absence de violence WGI
Gouvernance
Reg_qual Qualité de la régulation WGI
rule_law Etat de droit WGI
voice_acc Voix citoyenne et responsabilité WGI
ECI Indice de complexité économique OEC
Economic complexity
EcoFitness Indice du diversification et de sophistication des produits WDI
Population Popgrowth taux de croissance annuelle de la population WDI
Ressources naturelles Natresource WDI
Usage d’internet Internet pourcentage des individus utilisant internet sur la population totale WDI
Dépenses du gouvernement GGFC Dépenses gouvernementales en matière de consommation WDI
126
TABLE DES MATIÈRES

Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii
Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
Dédicace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Liste des tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii
Table des figures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ix
Liste des acronymes et abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . x
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xi
Abstract . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xii

Introduction générale 1

Première partie : Intégration Financière et industrialisation en


Afrique Subsaharienne 16

Chapitre 1. Intégration financière et industrialisation : les enseignements


de la littérature 17
Section 1. Intégration financière et industrialisation : un examen théorique de la
littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.1. Synthèse théorique de l’effet de l’intégration financière sur l’industria-
lisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.1.1. Analyse conceptuelle de l’industrialisation . . . . . . . . . . . 19

127
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

1.1.2. Analyse conceptuelle de l’intégration financière . . . . . . . . 20


1.2. Lien théorique entre l’intégration financière et l’industrialisation . . . . 23
1.2.1. La théorie de la libéralisation financière de McKinnon et Shaw
(1973)) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.2.2. Théorie de l’avantage comparatif de Rajan et Zingales (1998) 25
1.2.3. Théorie de l’allocation internationale du capital . . . . . . . . 26
1.2.4. Théorie de la dépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.2.5. Flux financiers étrangers et industrialisation : L’apport des
IDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.2.6. La théorie de la croissance endogène . . . . . . . . . . . . . . 29
Section 2.Intégration financière et industrialisation : canaux de transmission et
revue empirique de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.1. Analyse des canaux de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.1.1. Le canal du développement du système financier . . . . . . . 30
2.1.2. Le canal de la qualité des institutions . . . . . . . . . . . . . 31
2.1.3. La discipline macroéconomique comme canal de transmission 32
2.1.4. Le canal du transfert technologique . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.1.5. Canal du capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.2. Littérature empirique sur la relation entre intégration financière et
l’industrialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.2.1. Effet positif de l’intégration financière sur l’industrialisation . 33
2.2.2. Effet neutre de l’intégration financière sur l’industrialisation . 35

Chapitre 2. Investigation empirique des effets de l’intégration financière


sur l’industrialisation 38
Section 1. Intégration financière et industrialisation : Faits stylisés . . . . . . . 39
1.1.Évolution de l’industrialisation et de l’intégration financière . . . . . . . 39
1.1.1. Intégration financière : Progression . . . . . . . . . . . . . . 39
1.1.2. Industrialisation : Progression . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.2. Analyse de la corrélation entre l’intégration financière et l’industriali-
sation en ASS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

MBEGDE EMMANUEL 128


2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

1.2.1. Corrélation entre intégration financière et industrialisation :


Analyse globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
1.2.2. Analyse sous régionale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Section 2. Modélisation économétrique de la relation entre l’intégration financière
et l’industrialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.1. Spécification économétrique du modèle, présentation des variables et
de la technique d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.1.1. Spécification économétrique du modèle . . . . . . . . . . . . . 45
2.1.2. Présentation et justification des variables . . . . . . . . . . . 46
2.1.3. Présentation de la technique d’estimation . . . . . . . . . . . 49
2.2. Présentation et discussion des résultats, analyse de sensibilité et ro-
bustesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.2.1. Présentation et discussion des principaux résultats . . . . . . 50
2.2.2. Sensibilité et analyse de la robustesse . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.2.2.1. Sensibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.2.2.2. Robustesse : Approche par les doubles moindre carrés . . . 56

Deuxième partie : Intégration Financière et complexité écono-


mique en Afrique Subsaharienne 61

Chapitre 3. Intégration financière et complexité économique : les enseigne-


ments de la littérature 62
Section 1. Intégration financière et complexité économique : analyse conceptuelle
et ancrage théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
1.1. Intégration financière et complexité économique : Analyse conceptuelle
et présentation des déterminants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
1.1.1. Analyse conceptuelle de la complexité économique . . . . . . 63
1.1.2. Les déterminants de la complexité économique . . . . . . . . . . . . 66
1.1.2.1. Le Niveau de Revenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
1.1.2.2. L’accumulation du capital humain . . . . . . . . . . . . . . 66
1.1.2.3. La Qualité Des Institutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

MBEGDE EMMANUEL 129


2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

1.1.2.4. La Population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
1.1.2.5. Le Développement Financier . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.1.2.6. L’investissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.2. Intégration financière et complexité économique : Ancrage théorique . 70
1.2.1. Les modèles de Kletzer, Bardhan (1987) et Baldwin (1989) . . 70
1.2.2. Théorie de la firme multinationale . . . . . . . . . . . . . . . 72
1.2.3. Transferts de fonds des migrants et complexité économique :
le rôle de l’intégration financière . . . . . . . . . . . . . . 73
Section 2. Intégration financière et complexité économique : Analyse des canaux
de transmission et littérature empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.1. Les canaux de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.1.1. La qualité des institutions comme canal de transmission . . . 74
2.1.2. Le Développement financier comme canal de transmission . . 75
2.1.3. Le canal de la Recherche et du Développement . . . . . . . . 76
2.2. Littérature empirique sur la relation intégration financière et com-
plexité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2.2.1. Intégration financière, complexité économique : Une relation
positive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
2.2.2. Intégration financière, complexité économique : Une relation
négative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

Chapitre 4. Analyse empirique des effets de l’intégration financière sur la


complexité économique 80
Section 1. Intégration financière et complexité économique : Faits stylisés . . . . 82
1.1. Évolution des indicateurs de l’intégration financière et de la complexité
économique en ASS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
1.1.1. Évolution de l’indicateur de la complexité économique . . . . 82
1.1.2. Évolution de l’indicateur de l’intégration financière . . . . . . 83
1.2. Analyse de la corrélation entre l’intégration financière et la complexité
économique en ASS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

MBEGDE EMMANUEL 130


2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS

1.2.1. Corrélation entre intégration financière et industrialisation :


Analyse globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
1.2.2. Analyse sous régionale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Section 2. Modélisation économétrique de la relation entre l’intégration financière
et la complexité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
2.1. Spécification économétrique du modèle, présentation des variables et
de la technique d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
2.1.1. Spécification économétrique du modèle . . . . . . . . . . . . 87
2.1.2. Présentation et justification des variables . . . . . . . . . . . 88
2.1.3. Présentation de la technique d’estimation . . . . . . . . . . . 89
2.2. Présentation et discussion des résultats, analyse de la sensibilité et de
la robustesse, présentation des canaux de transmission . . . . . . . 90
2.2.1. Présentation et discussion des principaux résultats . . . . . . 90
2.2.2. Sensibilité et robustesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
2.2.3. Analyse des canaux de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

Conclusion générale 102


Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

MBEGDE EMMANUEL 131

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