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INTÉGRATION FINANCIÈRE ET
TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Rédigé par
MBEGDE EMMANUEL
Titulaire d’une licence en Monnaie, Banque, Finance
sous la supervision du :
Sous la direction du :
Introduction générale 1
i
AVERTISSEMENT
ii
DÉDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Mes amis notamment EWODO YVES LOIC, MBA’A STEEVE GABREL, LEHNA
ELSIE KABA, BESSALA NDZANA, ACHU AKIERE DORAH, MATHIAS, MASSODA
ANDRE, LAKETCHIEP LIONEL pour leur soutien moral, leur assistance financière et
intellectuelle au quotidien.
Une pensée particulière est gratifiée à toute la famille BEA, à la famille SILINGA et la
famille EBOT, à mon oncle MEGAPTCHE NICODEM, à ma tante MADELAINE et ma
cousine NATHALIE pour leur soutien de quelque nature que ce fut et pour leurs mots
d’encouragements. À ma très chaleureuse famille, particulièrement mes grandes sœurs
NDONGUEP NINA et MEGAPTCHE VIVIANE SERGINE, mon grand frère MATIP
GEDEON pour leurs encouragements, et surtout leur soutien moral et financier. M
MBEGDE EMMANUEL v
LISTE DES TABLEAUX
vi
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viii
LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
ix
RÉSUMÉ
L’objectif de cette étude est d’examiner l’effet de l’intégration financière sur la trans-
formation structurelle, appréciée ici par l’industrialisation et la complexité économique,
en Afrique subsaharienne. Partant d’un échantillon de 48 pays, observés sur la période de
1994-2021, nous estimons un modèle de panel dynamique par la Méthode des Moments
Généralisés en deux étapes comme méthode principale. Pour s’assurer de la consistance
de nos résultats, nous utilisons en robustesse les doubles moindres carrés. Les résultats
issus de cette analyse montrent globalement que l’intégration financière accélère la trans-
formation structurelle des pays d’Afrique subsaharienne. À la lumière de ces résultats,
nous suggérons aux autorités de promouvoir les politiques en faveur de l’ouverture finan-
cière tout en privilégiant le développement d’institutions capables d’assurer l’allocation
optimale du capital et de protéger la propriété intellectuelle des agents économiques.
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ABSTRACT
The aim of this study is to analyze the effect of financial integration on the structural
transformation of Sub-Saharan African economies over the period of 1994 to 2021. Using
a sample of 48 countries, we estimate a panel-data model using the two-step Generalized
Method of Moments. As a robustness check, we use the two-stage least squares method.
Overall, our results show that financial integration contributes significantly to the structu-
ral transformation of the Sub-Saharan economies. According to these results, we suggest
that the authorities further promote policies in favor of the opening of their financial
system to international finance while favoring the development of good institutions that
will be able to ensure the optimal allocation of capital and promote the protection of
intellectual property.
xi
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Contexte et justification
Le concept de la transformation structurelle a déjà fait couler beaucoup d’encre dans
la littérature économique, mais il demeure encore aujourd’hui d’actualité et fondamental
pour le développement des pays, ceci d’autant plus pour les pays en développement.
C’est à juste titre que l’Organisation des Nations Unies précise que le développement
économique des pays pauvres n’impliquera pas seulement la croissance du produit intérieur
brut, mais également la transformation de la structure de ces économies (ONU, 2013).
Il existe un consensus dans la littérature économique sur le développement selon lequel
le développement nécessite une transformation structurelle (McMillan et Headey, 2014).
Les pays qui parviennent à sortir de la pauvreté et à devenir riches sont ceux qui sont
capables de se diversifier et à sortir de la dépendance aux produits agricoles et primaires.
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la répartition sectorielle des emplois et du poids relatif des secteurs d’activité dans le
PIB. Autrement dit, il n’est pas possible pour un pays de passer du statut de pays en
développement à pays développé sans transformation structurelle.
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par rapport aux autres régions dans le monde. L’observation des faits révèle plutôt une
tendance à la désindustrialisation. Cette dernière n’est cependant pas liée au processus de
tertiarisation qui consiste en la réallocation de la main d’œuvre du secteur manufacturier
vers le secteur des services, mais est plutôt une désindustrialisation prématurée. Cette
situation est paradoxale car en effet, selon la BAfD (2018), la transformation structurelle
de l’Afrique ne se fera pas sans industrialisation. Par ailleurs, la complexité économique
a récemment suscité l’intérêt de la part de chercheurs et économistes. Hausmann et al.
(2014) soutiennent que la différence en matière de développement entre les pays s’explique
aujourd’hui par la complexité économique. Dès lors, il s’avère opportun de s’intéresser aux
facteurs pouvant stimuler l’industrialisation et la complexité en ASS.
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Face à ce retard observé, plusieurs études sur les facteurs de la transformation struc-
turelle ont été menées dans la littérature par différents auteurs ( Mensah et al., 2016
Mijiyawa, 2017 Sen, 2019 ; Feijo et al., 2019 ; Bustos et al., 2020, Fajgelbaum et Red-
ding, 2022 ; Alagidede et al., 2020). Il ressort que ces facteurs peuvent être regroupés en
plusieurs catégories, à savoir les facteurs socio-économiques, institutionnel, historique, dé-
mographique, géographiques et financiers. Cette étude s’intéresse aux facteurs financiers
de la transformation structurelle et en particulier à l’intégration financière. En effet, à
notre connaissance, le levier de l’intégration financière n’a pas reçu beaucoup d’attention
dans la littérature sur la transformation structurelle. La transformation structurelle est
un processus lourd qui requiert d’importantes ressources financières. Cependant, les pays
africains sont caractérisés par un système financier peu développé, incapable de mobili-
ser l’épargne nécessaire à la réalisation de son industrialisation. L’intégration financière
peut donc permettre aux pays africains à travers l’accumulation du capital de complé-
ter l’épargne intérieure, ce qui permet d’accroître les fonds disponibles et d’augmenter
ainsi l’investissement. C’est dans ce sens que la CNUCED (2022) affirme que « la trans-
formation industrielle exigera une augmentation considérable des ressources financières
disponibles pour le développement ainsi qu’un changement profond d’orientation, tant
au niveau international que dans la manière dont les pays en développement peuvent
exploiter les sources de financement à long terme aux niveaux national et régional ».
L’intégration financière est selon Leite et Sundararajan (1990) l’ouverture des marchés
financiers nationaux aux flux financiers internationaux. Pour Prasad et al. (2003), elle ren-
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voie au degré de connexion d’un pays à la sphère financière internationale. Stulz (2005) l’a
défini comme la libéralisation des échanges financiers. C’est un processus de renforcement
des interactions entre systèmes financiers nationaux intervenant tant au niveau global que
régional. En créant des espaces financiers plus vastes, elle améliore l’allocation régionale
et globale de l’épargne et du crédit en faveur des investissements les plus productifs. En
contribuant à la réduction des coûts de transactions financières et à l’accroissement de
l’offre de financement, elle constitue un facteur important du développement économique
(Guérineau et Jacolin, 2014).
Du point de vue géographique, l’on distingue deux types d’intégration financière : l’in-
tégration financière régionale (IFR) et l’intégration financière internationale (IFI). L’in-
tégration financière régionale se définit comme un processus d’interaction coordonnée des
institutions financières dans leur fonctionnement au niveau régional (De Brouwer, 1999).
Pour Baele et al. (2004) c’est donc un processus de renforcement des interactions entre
les marchés financiers nationaux au niveau régional conférant aux opérateurs les mêmes
droits, un accès similaire à l’ensemble des instruments et services financiers et un traite-
ment équitable et égal sur le marché. C’est un processus qui lie les nations sur la base
de leur proximité, pour une interaction économique et sociale (Kučerová, 2009). C’est
une dépendance économique croissante dans une zone géographique caractérisée par une
discipline macroéconomique et financière. Elle crée un environnement adéquat pour le dé-
veloppement des activités économiques et le développement financier dans la mesure où
elle permet une meilleure allocation des ressources, complète l’épargne interne, et permet
de remédier au problème de liquidité du marché financier et réduit les coûts de transaction.
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Selon McMillan et Rodrik (2011), les pays en développement, tous sans exception, sont
de plus en plus intégrés économiquement et financièrement depuis le début des années
1990. Cette intégration s’est accrue par le développement de nouvelles technologies de
l’information et de la communication. L’intégration financière est appréciée ici par la
mobilité des capitaux entre les pays et par l’intensité des restrictions appliquées aux flux
de capitaux dans un pays. Ainsi, entre 2007 et 2017, on observe une augmentation des flux
nets de capitaux entrants passant de 70 milliards à 113 milliards (FMI, 2018). Par ailleurs,
on note une augmentation des flux de capitaux non-officiels vers l’Afrique subsaharienne,
passant de 4 milliards de dollars dans les années 1990 à 60 milliards de dollars en 2017
(FMI, 2018). Les flux d’IDE et d’investissement de portefeuille ont aussi gonflé. Cette
évolution reste néanmoins faible relativement aux autres régions du monde et sujette à
de multiples fluctuations.
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Sur le plan empirique, certains trouvent une relation positive entre l’intégration finan-
cière et la transformation structurelle. Aizenman et Noy (2006) montrent par exemple
que l’intégration financière peut stimuler l’investissement dans le secteur à forte intensité
de capital tel que l’industrie manufacturière, ce qui contribue à la transformation structu-
relle des économies, entraînant la diversification. D’autres montrent que la transformation
structurelle peut elle-même contribuer à l’intégration financière en ce sens qu’elle entraîne
une augmentation de la demande de financement, en particulier pour les entreprises de
taille moyenne et celles qui cherchent à se développer à l’international (Kleinert et Toubal,
2010). Pour d’autres encore, l’intégration financière est un obstacle à la transformation
structurelle dans la mesure où elle est source d’instabilité financière et accroît le risque
de crise financière ( Demirgüç-Kunt et Detragiache, 1998 ; Ranciere et al., 2006).
Problématique
L’analyse du lien entre l’intégration financière et la transformation structurelle est
assez récente dans la littérature. Cette relation fait l’objet de débats et controverses dans
la littérature théorique et empirique.
Le principal fondement théorique utilisé pour cette analyse est la théorie de la libérali-
sation financière de McKinnon (1973) et Shaw (1973) bien que la relation entre la sphère
financière et la sphère réelle de l’économie remonte aux travaux de Schumpeter (1991) qui
évoquait déjà le rôle fondamental du secteur financier dans le développement des activités
économiques (Lo et Ramde, 2019) . La libéralisation financière promeut la concurrence via
l’entrée des banques étrangères, lesquelles permettent une amélioration de la qualité des
services financiers. Elle favorise l’entrée des capitaux, ce qui accroît l’offre de financement
disponible et permet de résorber les problèmes de liquidité dont souffrent les marchés
financiers des pays en développement. Par ailleurs, la libéralisation financière concourt
au développement du secteur financier. Cela contribue à la réduction de la contrainte
de financement des entreprises et donc encourage l’investissement. Cette facilité d’accès
aux ressources financières permet le développement de nouvelles activités. Elle promeut
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également les activités de R&D et l’innovation. La présence sur le marché national des
institutions financières étrangères s’accompagne de nouvelles techniques bancaires et de
gestion des risques, de nouveaux instruments et services financiers qui contribuent davan-
tage à améliorer l’intermédiation financière favorable à la croissance. En effet, une bonne
intermédiation financière permet l’allocation optimale du capital vers des projets viables,
rentables et productifs (Bumann et al. 2013). Ainsi, l’intégration financière améliore l’al-
location des ressources, favorise la diversification des ressources grâce à la diversification
du portefeuille, stimule la production (Rajan et Zingales, 1996).
Ces prédictions théoriques ont suscité une vaste littérature empirique avec des résultats
ambigus et controversés. En effet, certaines études montrent une relation positive entre
l’intégration financière et le développement économique. C’est le cas de Mensah et al.
(2016) qui montrent dans leurs études que l’intégration financière a un effet positif sur
la transformation structurelle mesurée par la valeur ajoutée sectorielle. Ils trouvent que
l’ouverture financière à l’extérieur améliore l’intermédiation financière entre les agents
économiques et élimine les barrières à l’accès aux services financiers, ce qui permet de
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Les faits font état de ce que la relation entre l’intégration financière et la transforma-
tion structurelle présente des configurations ambivalentes. D’une part, on a les pays dont
l’intégration financière et la transformation structurelle évoluent dans le même sens à
l’exemple du Bénin qui en 2001 présente un indice d’intégration financière de 2,3 (mesuré
par l’indice d’ouverture du compte capital de Chinn et Ito (2008)) et une valeur ajou-
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tée manufacturière de 15%. D’autre part, on a des pays dont les niveaux d’intégration
financière et de transformation structurelle évoluent dans le sens inverse. C’est le cas du
Cameroun qui en 2001 a un indice de -1,2 d’ouverture financière avec une valeur ajoutée
manufacturière de 14%.
En considérant par exemple l’emploi dans le secteur industriel, nous observons que
certains pays ont un niveau élevé d’industrialisation, mais sont faiblement ouverts. C’est
le cas par exemple de l’Afrique du Sud qui présente un niveau moyen d’industrialisa-
tion de 25,55%, mais un degré d’ouverture de 0,15. A contrario, d’autres pays comme
l’Ouganda sont fortement ouverts financièrement (0,9), mais présentent un faible niveau
d’industrialisation (7,54%). Ce constat est le même lorsque l’on considère la complexité
économique dans les pays de notre échantillon. En effet, bien que l’Afrique du Sud soit le
pays présentant le plus haut niveau de complexité économique (0,15), il est moins ouvert
que le Gabon qui est fortement ouvert (0,9) mais présente un faible niveau de complexité
économique (-1,38).
Objectifs de recherche
L’objectif principal est d’examiner l’effet de l’intégration financière sur la transfor-
mation structurelle en Afrique subsaharienne. De façon plus spécifique, il s’agit :
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Hypothèses de recherche
Pour mener à bien cette étude, il est nécessaire de se fixer des hypothèses. De ce fait,
l’hypothèse principale de notre étude est que l’intégration financière améliore la transfor-
mation structurelle en Afrique subsaharienne. De façon spécifique :
Intérêts de l’étude
Dans la littérature, il existe de nombreux travaux sur les déterminants de la transfor-
mation structurelle (le capital humain, la qualité des institutions, les transferts de fonds
des migrants, l’usage d’Internet, le développement financier, l’ouverture commerciale).
Cependant, à notre connaissance, peu de travaux ont analysé l’effet de l’intégration finan-
cière sur la transformation structurelle en considérant l’industrialisation et la complexité
économique. Notre apport est donc de combler ce gap dans la littérature. Par ailleurs,
nous faisons une analyse de la médiation afin de montrer par quel canal l’intégration
financière affecte la complexité économique.
En outre, cette étude contribue à la littérature sur le lien entre intégration financière et
transformation structurelle à travers l’échantillon étudié à savoir l’Afrique subsaharienne.
En effet, la plupart des études surtout en ce qui concerne la complexité économique sont
menées en Asie et en Afrique.
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Méthodologie de l’étude
L’objectif de notre travail est d’examiner l’effet de l’intégration financière sur la
transformation économique. Notre démarche méthodologique consiste à présenter d’une
part les faits stylisés de nos variables et d’autre de faire une analyse économétrique. Nous
utilisons une spécification en panel qui permet d’intégrer les dimensions individuelle et
temporelle, ce qui permet d’améliorer la qualité informationnelle.
Afin de vérifier nos hypothèses, nous adoptons comme technique d’estimation une mé-
thode à variable instrumentale afin de tenir compte du potentiel problème d’endogénéité
dont souffrirait notre modèle. Il existe deux principales techniques des variables instru-
mentales à savoir la Méthode des Moments Généralisées (MMG) et la méthode des doubles
moindres carrés (2sls). Nous optons pour la première comme technique de base et la se-
conde en robustesse.
Les données de notre étude sont de nature secondaire et proviennent des bases World
Development Indicator (WDI), International Financial Statistiques (IFS), external wealth
of nation mark-II database de Lane et Milesi-Ferretti (2007) actualisée en 2022, World
Governance Indicator (WGI). Notre étude est menée sur la période allant de 1994 à 2021
sur un échantillon de constitué de 48 pays d’ASS. Le choix de cette période est fonction
de la disponibilité des données notamment sur l’intégration financière. Par ailleurs, selon
McMillan et Rodrik (2011), les pays en développement, tous sans exception sont de plus
en plus intégrés financièrement depuis les années 1990. Notre variable dépendante est
la transformation économique mesurée dans ce travail par l’industrialisation et la com-
plexité économique relativement aux travaux de Avom et Nguekeng 1 (2020), Mijiyawa
(2017), Hidalgo et al. (2007). La variable indépendante d’intérêt est l’intégration finan-
cière mesurée par la somme des passifs et actifs étrangers sur la PIB (mesure de facto) et
l’indice de Chinn et Ito (2008), le Kaopen (mesure de jure). Les variables de contrôle de
notre étude sont le PIB réel, l’urbanisation, le capital humain, l’ouverture commerciale,
la gouvernance, le développement technologique, l’investissement en capital physique, le
développement financier.
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Plan de travail
Pour atteindre l’objectif fixé, nous optons pour un plan dynamique s’articulant en
deux parties. Il existe plusieurs indicateurs de la transformation de la structure d’une
économie : la complexité économique (Hidalgo et Hausmann, 2009) ; l’industrialisation
(Mijiyawa, 2017) et la diversification (Imbs et Wacziarg, 2003). Nous nous intéressons ici
à l’industrialisation et la complexité qui intègre les aspects diversification et sophistication
de la structure productive. Ainsi, le travail s’organise comme suite :
La première partie met en exergue l’effet de l’intégration financière sur l’industriali-
sation. Cette partie comprend deux chapitres dont la première traite de l’analyse théorique
entre les deux concepts et le second chapitre empirique analyse l’effet de l’intégration fi-
nancière sur l’industrialisation.
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Première partie :
Intégration Financière et
industrialisation en Afrique
Subsaharienne
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CHAPITRE 1. INTÉGRATION FINANCIÈRE ET
INDUSTRIALISATION : LES ENSEIGNEMENTS DE LA
LITTÉRATURE
Introduction
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Cette section a pour objectif de présenter de prime abord l’analyse des concepts in-
tégration financière et industrialisation ainsi que les théories explicatives du lien entre
ces deux concepts, en suite, de mettre en évidence les canaux de transmission existants
dans la littérature par lesquels l’intégration financière agit sur l’industrialisation tout en
présentant l’état de la littérature empirique.
Il s’agit dans cette partie de faire une analyse conceptuelle de nos différents concepts
à savoir l’industrialisation et l’intégration financière.
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L’industrialisation apparaît dans la littérature comme une étape importante pour le dé-
veloppement économique et la transformation économique des pays. En effet selon Avom
et Nguekeng 1 (2020), l’industrialisation est un vecteur de la promotion et de l’accom-
plissement d’une transformation économique inclusive ; c’est un puissant moteur de la
croissance économique (Rodrik, 2018). Par ailleurs, Szirmai (2012) remarque que pour
qu’une économie expérimente un développement économique réussi, ce développement
doit être conduit par l’industrialisation. L’importance de l’industrialisation est donc as-
sez bien documentée dans la littérature. En effet, selon les modèles à économie dual (
Lewis et al., 1954 ; Jorgenson, 1961), il existe dans l’économie deux secteurs notamment
le secteur agricole (traditionnel) et le secteur industriel (moderne). Ces modèles mettent
de l’emphase sur le fait que le développement économique passe par le transfert des res-
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Malgré ses vertus pour la santé économique, l’Afrique et en particulier l’ASS semble
plutôt tendre vers la désindustrialisation alors que la BAfD (2018) affirme que « la trans-
formation structurelle de l’Afrique ne se fera pas sans industrialisation, considérée comme
le seul moyen pouvant garantir l’émergence économique du continent et favoriser la conver-
gence du niveau de vie vers celui des pays avancés. ». Outre l’industrialisation, la trans-
formation économique peut également s’appréhender par la diversification économique.
L’intégration financière est devenue l’un des principaux outils de réforme pour la
plupart des économies en développement au début des années 1990 lorsqu’il est devenu
évident que l’absence d’un système financier suffisamment développé entravait la crois-
sance de ces pays (Ekpo et Chuku, 2017). Le processus de développement économique et
la transformation structurelle nécessitent un financement important. Pour se faire l’in-
tégration financière apparaît comme l’une des sources de financement des économies en
ce sens qu’elle entraîne l’afflux des capitaux internationaux et des institutions étrangères
grâce aux politiques d’ouverture financière.
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Les mesures de jure : Elles rendent compte de l’intégration financière d’un pays
donné à travers l’étendue de sa libéralisation externe. Elles analysent les restrictions pra-
tiquées par le gouvernement sur la circulation des flux de capitaux ((Chinn et Ito, 2008)).
Ces restrictions peuvent prendre différentes formes : restrictions sur les quantités, les prix,
les flux entrant, les flux sortants, les titres financiers. Les indicateurs de jure de l’IF sont
des mesures binaires ou à échelle graduée à l’exemple de l’indice de Chinn et Ito (2008) et
Quinn (1997). Elles sont issues du rapport annuel sur les arrangements et les restrictions
d’échange du FMI (L’AREAER). En effet, le FMI est le seul organisme mondial qui cen-
tralise et diffuse ces informations. A l’intérieur de ces mesures, nous avons des mesures
de jure qui traduisent l’ensembles des restrictions officielles imposées uniquement sur les
comptes capital et courant qui ont été publiées sous forme de texte en 1950, disponibles
pour les résidents et les non-résidents, et celles qui sont issues du tableau de L’AREAER
qui résume les caractéristiques des régimes de change et les restrictions imposées sur le
capital uniquement aux résidents. Les limites de ces mesures ont poussé à la mise au
point des mesures de facto. En effet, ces mesures souffrent d’une carence information-
nelle. Les bases de données à partir desquelles ces mesures sont formés sont insuffisantes.
Par ailleurs, l’existence de lois et de politiques ne signifie pas toujours leur application.
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Une forte corrélation indique cependant une forte segmentation des marchés. En effet,
selon cette approche, la forte corrélation signifie que l’investissement est financé par les
fonds intérieurs plutôt que l’épargne extérieure, à contrario, la faible corrélation implique
un recours intense aux capitaux étrangers pour financer ces projets.
Par la suite, nous avons les indicateurs basés sur le marché du crédit et le marché
obligataire. Ils renvoient aux mesures du risque, du prix et du rendement des actifs de
l’économie dans son ensemble (Ekpo et Chuku, 2017). Selon Quinn et Jacobson (1989),
la convergence du niveau des taux d’intérêt et des prix des actifs domestiques au niveau
des taux et des prix internationaux est un synonyme d’une forte intégration financière à
la sphère financière mondiale. Dans le cadre des mesures basées sur le prix, l’intégration
financière peut être analysée à l’aide de la condition de la parité. En effet, le différentiel
du taux d’intérêt est souvent utilisé comme une mesure de l’intégration des marchés du
crédit ou d’autres actifs. Ces mesures reflètent le différentiel de prix d’actifs similaires ou
le différentiel de rendement d’actifs semblables dans le monde ou dans une même région.
Elles reposent sur l’hypothèse que le différentiel de prix d’actifs similaires dans différents
endroits doit disparaître en raison de l’absence d’opportunités d’arbitrages (Quinn et al.,
2011).
Toujours dans les mesures de facto, nous avons également les mesures basées sur les
quantités qui visent à quantifier le montant des flux de capitaux entre les économies.
Elles permettent de mesurer le volume réel de flux de capitaux d’une économie (Padhan
et Prabheesh, 2021). Elles sont calculées à partir de la part des titres financiers domes-
tiques détenus par les étrangers à l’instar de l’indice de Lane et Milesi-Ferreti (2007)
qui représente le ratio du total des actifs et des passifs financiers étrangers, en IDE et
investissements de portefeuille, sur le PIB.
Lorsque l’objet de l’étude est lié au volet institutionnel de l’intégration financière, au-
trement dit lorsque l’étude s’intéresse aux restrictions appliquées par le gouvernement à
la sphère financière, il est recommandé de faire usage des mesures de jure, par contre,
lorsqu’il s’agit d’analyser les répercussions économiques de l’intégration financière, il est
souhaitable de recourir aux mesures de facto, comme l’indice de Lane et Milesi-Ferretti ,
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car ils reflètent mieux le degré d’intégration financière dans la pratique (Kose et al., 2009).
Les travaux portant sur le lien théorique entre l’intégration financière et le déve-
loppement économique sont relativement récents et se sont imposés avec l’édification des
unions monétaires à la fin des années 1990 (Landry et Thierry, 2017). Le principal fonde-
ment théorique de la relation entre l’intégration financière et la transformation économique
est la Théorie de la libéralisation financière, développée par McKinnon et Shaw en 1973.
L’idée de base est que la libéralisation du système financier peut avoir un impact sur le
processus de développement économique par l’entremise du développement financier. De
façon spécifique, la libéralisation financière correspond aux politiques gouvernementales
qui concernent la déréglementation du crédit aussi bien que le contrôle des taux d’in-
térêts, la suppression des barrières à l’entrée des institutions étrangères, la suppression
des restrictions aux transactions financières et la privatisation des institutions financières
(Bumann et al., 2013).
En effet, selon ces auteurs, la répression du système financier est la cause de la mau-
vaise performance des investissements, de la faible expansion du secteur industriel et donc
du faible niveau de croissance économique dans les pays en développement. Ainsi donc,
la libéralisation financière favorise la transformation économique par le biais de l’indus-
trialisation. Cette dernière en est le moteur ( (Folarin, 2019)). De plus, cette théorie
soutient qu’il est préférable que le taux d’intérêt soit déterminé par le marché plutôt que
d’être fixé par le gouvernement du fait de son incapacité à fixer un taux d’intérêt optimal
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Par ailleurs, ils soulignent que la libéralisation du système financier est avantageuse
en ce sens qu’elle permet de compléter l’épargne domestique et l’investissement qui sont
insuffisants pour soutenir la transformation structurelle. Elle favorise l’entrée des flux de
capitaux étrangers tels que les investissements directs étrangers et les investissements de
portefeuille. Par ailleurs, elle permet une meilleure allocation de l’épargne et des ressources
vers des secteurs productifs, augmentant ainsi la croissance économique de long-terme, ce
qui favorise le processus de transformation de l’économie. La transformation économique
est un processus coûteux qui pose généralement un problème de financement, en particu-
lier dans les pays en développement. La libéralisation financière est donc pour plusieurs
auteurs un facteur important pour la transformation structurelle et particulièrement pour
la transformation économique ( Folarin, 2019 ;Alagidede et al., 2020). Elle est favorable à
l’expansion industrielle, au développement du commerce (exportations et importations)
et à la sophistication de l’économie grâce au transfert de technologies et de connaissances.
Plusieurs arguments sont exposés dans la littérature pour expliquer l’effet positif de la
libéralisation sur la transformation économique. Les flux d’investissement étrangers et de
portefeuille sont des sources importantes pour la croissance économique grâce à la création
d’emplois, la disponibilité de capitaux additionnels et le transfert des technologies, des
connaissances nouvelles et des techniques avancées qui sont favorables au développement
de l’industrie domestique en augmentant le niveau de productivité globale (Iwamoto et al.,
2012). En outre, l’entrée d’institutions financières étrangères induit une augmentation de
la concurrence, entraînant une augmentation des taux d’intérêts sur les dépôts. Ceci aug-
mente la quantité de ressources disponibles pour satisfaire l’investissement (Landry et
Thierry, 2017). En outre, la concurrence exerce une pression sur les marges bénéficiaires
des banques, en particulier sur les taux d’intérêts préteurs, ce qui permet de réduire
la contrainte de financement des entreprises, et favorise l’investissement (Gamra, 2009).
Dans le même ordre d’idées, la concurrence étrangère peut conduire à l’importation de
MBEGDE EMMANUEL 24
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
nouvelles techniques bancaires et de gestion des risques ainsi que de nouveaux instru-
ments et services financiers. Ce qui contribue en fin de compte à accroître l’efficacité de
l’intermédiation financière dans un pays, permettant de stimuler le rendement des inves-
tissements et, par conséquent, d’augmenter les taux de croissance économique (Bumann et
al., 2013). Il ressort donc que la libéralisation financière, traduite par l’entrée des capitaux
et la concurrence étrangère, permet une amélioration de l’intermédiation financière en ce
sens qu’elle permet de résoudre les problèmes de liquidité et d’allocation des ressources
dont souffrent les pays en développement, et d’améliorer la qualité des services financiers.
La contribution séminale de Rajan et Zingales dans cette théorie est de souligner qu’il
existe une hétérogénéité dans les différents secteurs industriels et que le développement
financier affecte différemment ces secteurs. En effet, les auteurs distinguent entre le secteur
industriel qui dépend fortement de la finance extérieure pour réaliser leurs investissements
et d’autres secteurs moins dépendants du financement externe, et plus enclins à utiliser
leurs ressources internes. L’un des secteurs pour produire fait face à des coûts élevés de
production et nécessite un financement extérieur tandis que l’autre secteur rencontre des
coûts moins élevés. Ainsi, un système financier intégré et développé est bénéfique pour le
MBEGDE EMMANUEL 25
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
plus rémunéré dans les pays en développement que dans les pays développés. En consé-
quence, il y a une réallocation du capital vers les pays en développement où le rendement
du capital est plus élevé sous l’hypothèse de parfaite mobilité du capital et de libérali-
sation financière. En effet, en situation d’ouverture financière, les flux de capitaux sont
plus importants qu’en autarcie financière. Compte tenu de l’afflux des capitaux étrangers,
l’épargne totale se formera de l’épargne domestique et de l’épargne extérieure, augmentant
ainsi le niveau de l’investissement. Ainsi donc, l’intégration financière affecte l’industria-
lisation en stimulant l’investissement. En effet, selon l’approche de Feldstein et Horioka
(1980), la faible corrélation entre l’épargne domestique et l’investissement est le reflet des
économies financièrement intégrées.
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
comme les principaux mécanismes de marché. Ainsi, ces auteurs considèrent l’ouverture
commerciale comme néfaste au développement des pays de la périphérie car, cela entraîne
une forte dépendance commerciale (Schwartzman, 1995) qui exacerbe le développement
industriel. Par ailleurs, l’afflux de capitaux étrangers dans les pays de la périphérie crée
une dépendance en matière d’investissement (Rubinson et al., 1978). Cette dépendance
aux investissements étrangers a un effet positif à court terme sur le développement de ces
pays et sur leur processus d’industrialisation.
Plusieurs auteurs ont adopté le modèle de croissance endogène dans le but d’analyser
le lien entre les IDE et la croissance économique. Ils montrent que les flux de capitaux
étrangers sont des sources de transfert de technologie des pays avancés vers les pays les
moins avancés et que ces transferts technologiques stimulent l’innovation dans les pays
receveurs afin d’être compétitif. En plus du transfert de technologies, ces flux permettent
également un transfert de connaissances, de compétence, de travailleurs qualifiés avec des
compétences managériales et organisationnelles, ce qui permet d’accroître le capital hu-
main et le niveau de productivité (Otieno et Aduda, 2022). Ainsi, les flux de capitaux
permettent d’améliorer et de diversifier le tissu productif d’une économie. De même, les
flux de capitaux étrangers produisent des externalités positives pour l’industrie locale.
Plusieurs effets permettent de mettre en évidence ces externalités. En effet, l’entrée des
firmes multinationales réduit le monopole des entreprises locales dans certains secteurs
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
de l’économie, ce qui améliore l’efficience allocative (effet compétition). Par ailleurs, les
entreprises domestiques peuvent copier de nouvelles techniques de production et des pra-
tiques managériales auprès de ces multinationales afin de booster leur productivité (effet
imitation). En outre, les entreprises domestiques peuvent bénéficier de la présence des
multinationales étrangères lorsque celles-ci demandent les inputs auprès des entreprises
locales ou, lorsqu’elles offrent à faible prix des biens intermédiaires aux entreprises lo-
cales. En effet, ces multinationales peuvent réaliser des économies d’échelle grâce à leurs
techniques de production efficientes, ce qui contribue à la réduction du prix (Gui-Diby et
Renard, 2015).
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Au cours des années quatre-vingt-dix, une extension de la littérature sur le lien entre
développement financier et la croissance économique s’est intéressée aux implications sur
le développent économique de l’intégration financière (Allegret** et Azzabi***, 2014).
Cette littérature montre que les effets positifs de l’entrée des capitaux ne résident pas
seulement dans leurs effets directs, mais aussi dans leurs effets induits. Selon Kose et al
(2009), ces effets induits encore appelés « collatéraux potentiels » portent notamment sur
le développement du système financier domestique, la qualité du cadre institutionnel et la
discipline macroéconomique. Nous pouvons ajouter le transfert technologique et le capital
humain.
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
La qualité des institutions est un important facteur dans la relation entre l’intégra-
tion financière et la transformation économique. En effet, le cadre institutionnel joue un
rôle déterminant dans la relation entre nos deux concepts et peut influencer le signe de
cette relation (Kose et al.,2009). La qualité de la gouvernance, le cadre légal, le niveau de
corruption et le degré de transparence dans la gouvernance peuvent affecter l’allocation
des ressources dans l’économie, quand bien-même l’ouverture financière rend disponibles
ces ressources. Par ailleurs, la qualité des institutions est une condition préalable au dé-
veloppement du secteur industriel et à la diversification économique (Mijiyawa, 2017). En
ce sens, nombre de travaux empiriques suggèrent que des institutions de bonnes quali-
tés améliorent les effets de l’intégration sur la croissance et que par contre l’intégration
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Le capital humain est une variable importante à prendre en compte dans la relation
entre les flux financiers étranger et transformation économique. Pour Borensztein et al.
(1998), le capital humain joue le rôle de catalyseur dans la relation entre IDE et déve-
loppement économique. Il montre que l’impact des IDE sur la croissance de long terme
dépend du niveau de développement du capital humain dans le pays récipiendaires. En
effet, l’amélioration de la qualité de la formation académique et professionnelle permet
une meilleure absorption des connaissances tacites insérées dans les nouvelles technologies
(Bruno et Campos, 2013). Par ailleurs, selon Landry et Thierry (2017), l’amélioration des
capacités cognitive et sanitaire des populations accroît l’impact de l’intégration financière
régionale sur la croissance économique. C’est le principal acteur responsable de la diffusion
des effets des IDE à toutes les industries. Il permet aux entreprises d’assimiler à exploiter
et de s’approprier des connaissances disponibles.
La littérature empirique sur la relation entre nos deux concepts est controversée, car
elle aboutit à des résultats contradictoires. Certains travaux aboutissent à un effet positif
de l’intégration financière sur la transformation économique à travers l’industrialisation.
D’autre trouvent un effet négatif.
Iwegbu et al. (2022) analysent l’effet de l’intégration financière régional sur le dévelop-
pement du secteur industriel sur un échantillon de 15 pays d’Afrique de l’ouest de 1996 à
2017. Ils aboutissent au résultat selon lequel une profonde intégration financière régionale
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
mesurée par l’indice de Ekpo et Chuku (2017) sur le différentiel de taux d’intérêt contri-
bue à la croissance du secteur industriel mesurée par la valeur ajoutée manufacturière.
Cependant, cet effet ne se vérifie que dans les pays ayant un cadre institutionnel de bonne
qualité et un système financier développé. Pour aboutir à ces résultats, les auteurs uti-
lisent comme technique d’estimation les effets fixes et la régression quantile. Par ailleurs,
sur un échantillon de 53 pays pour une période allant de 1989-2004,Liang et Lin (2022)
trouvent que l’intégration mesurée par la somme des actifs et passifs étrangers sur le PIB
(Milesi-Ferreti, 2007) est un facteur qui permet d’accroître les exportations industrielles
dans les pays industrialisés et de booster le développement industriel. En effet, les pays
financièrement intégrés bénéficient d’un avantage comparatif pour les industries qui dé-
pendent de la finance externe. Cet effet dépend néanmoins de la qualité des institutions
politiques et économiques.
En outre, Ozsoy et al. (2021) analysent le lien entre les IDE et la sophistication des
exportations. Ils montrent que les IDE contribuent à la sophistication des exportations
grâce au transfert des technologies, des compétences et des connaissances. Ces travaux
utilisent comme mesure de la sophistication l’indice de Hausmann (2007). L’approche
méthodologique utilisée est celle des GMM pour une période de 2002-2015. De même,
Mühlen et Escobar (2020) montrent que les firmes multinationales peuvent stimuler la
réallocation du capital vers des secteurs à forte productivité et par conséquent contribuer
à la transformation économique. Certains travaux aboutissent cependant à des conclusions
divergentes. Ils montrent également que les IDE ont un effet positif à long terme, mais pas
à court terme, et que cet effet dépend de la destination de ces investissements. En effet,
les IDE dans le secteur industriel ont un effet positif sur la transformation structurelle
MBEGDE EMMANUEL 34
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Dans une étude menée par Gui-Diby et Renard (2015) traitant l’effet des investis-
sements directs étrangers sur l’industrialisation dans un échantillon constitué de 49 pays
africains, ils aboutissent au résultat selon lequel les IDE n’ont pas un effet significatif sur
l’industrialisation dans ces pays. La méthodologie utilisée est celle des moindres carrés
généralisés réalisables sur une période allant de 1980 à 2009. Les raisons évoquées par les
auteurs pour lesquels les IDE n’ont aucune influence sur l’industrialisation sont l’absence
de lien entre les entreprises locales et les multinationales, et l’incapacité des gouvernements
à créer un cadre favorable permettant aux IDE de stimuler le secteur industriel.
Dans le même ordre d’idées, Mamba et al. (2020) examinent le lien entre les IDE et
la transformation structurelle sur un échantillon de 08 pays d’Afrique de l’Ouest sur la
période de 1990 à 2017. Ils trouvent un effet neutre entre IDE et la valeur ajoutée des
différents secteurs notamment les secteurs agricole, industriel et des services. Ils trouvent
cependant un effet positif et significatif entre les IDE et la production du secteur des
services.Megbowon et al. (2019) aboutissent également aux mêmes conclusions en étudiant
l’effet des IDE en provenance de la Chine sur l’industrialisation de 26 pays d’ASS. En effet,
ils trouvent un résultat positif mais pas significatif suggérant ainsi que, ces investissements
ne stimulent pas suffisamment l’industrie dans ces pays.
En outre,Feijo et al. (2019), dans une étude menée au Brésil sur la période de 1999
à 2015 aboutissent à une conclusion contraire aux prédictions théoriques. En effet, en
utilisant la méthode des moments généralisés, ils trouvent que la libéralisation financière
nuit au développement du secteur industriel au Brésil. L’explication à ce résultat est que,
la libéralisation financière entraîne une forte dépendance à l’épargne extérieure. Cette
dépendance expose les pays en développement qui sont financièrement intégrés aux chocs
extérieurs et à une forte instabilité à cause du caractère pro-cyclique des flux financiers.
Par ailleurs, cette dépendance incite les pays à maintenir un taux d’intérêt élevé et un
taux de change non-compétitif, ce qui limite le champ d’action des politiques macroécono-
MBEGDE EMMANUEL 35
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
À l’issue de cette revue empirique, il ressort que les points de vue sur la relation in-
tégration financière-industrialisation sont divergents. Par ailleurs, parmi les travaux pré-
cédemment évoqués, aucun n’a pris en considération la dynamique de long terme dans
l’analyse du lien entre l’intégration financière et l’industrialisation. Une telle analyse serait
intéressante, car elle permettrait d’évaluer l’effet à long terme de l’intégration financière
sur l’industrialisation.
MBEGDE EMMANUEL 36
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Conclusion
Ce chapitre avait pour objectif de mener une analyse théorique de la relation qui existe
entre l’intégration financière et la transformation économique. Pour se faire, ce chapitre
s’est organisé en deux sections dont la première qui s’est consacrée à l’analyse concep-
tuelle et la présentation des théories explicatives du lien entre nos deux concepts, et la
deuxième section qui quant à elle nous a permis de comprendre les différents canaux par
lesquelles l’intégration financière stimule la transformation économique et de faire un état
de la littérature empirique sur cette relation. Il ressort que, l’intégration financière tout
comme l’industrialisation a reçu diverses appréhensions dans la littérature et que plusieurs
théories permettent de mettre en évidence le lien qui existe entre ces deux concepts. Sur le
plan empirique cependant, les résultats divergents obtenus dans les différents travaux nous
empêchent de prendre position sur la nature de la relation qui existe entre l’intégration
financière et l’industrialisation. Il devient donc intéressant de procéder à une vérification
empirique de cette relation en ASS.
MBEGDE EMMANUEL 37
CHAPITRE 2. INVESTIGATION EMPIRIQUE DES EFFETS
DE L’INTÉGRATION FINANCIÈRE SUR
L’INDUSTRIALISATION
Introduction
Dans le précédent chapitre, nous avons présenté le cadre théorique de la relation in-
tégration financière-industrialisation. L’état de la littérature empirique met en exergue
le fait que l’effet de l’intégration financière sur l’industrialisation ne fait pas toujours
l’unanimité. Pour certains, la relation est positive, pour d’autres, elle est neutre, et pour
d’autres encore, cette relation n’est pas linéaire. Cette divergence de résultats pourrait
s’expliquer par le fait que les études sont menées dans différentes zones géographiques
étant donné que, la relation entre les deux concepts peut être influencée par les caracté-
ristiques spécifiques propres à chaque zone. En outre, cette divergence peut être dû aux
mesures différentes utilisées par les auteurs dans leurs travaux.
Dans le présent chapitre, nous effectuons une analyse empirique de lien intégration
financière- industrialisation. Pour ce faire, ce chapitre est structuré en deux sections.
La première section est consacrée à l’analyse des faits stylisés. Il s’agit ici de mettre en
évidence l’évolution des variables intégration financière et industrialisation dans l’échan-
tillon étudiée tout en montrant de façon factuelle la corrélation existante entre les deux
concepts. Dans la deuxième section, nous procédons à l’analyse économétrique de ladite
relation afin de valider ou d’invalider notre hypothèse.
38
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Ces dernières décennies sont marquées par un afflux important de capitaux étran-
gers en Afrique. Nous notons à titre illustratif l’augmentation du volume d’investissements
étrangers et de portefeuille à destination des pays africains en particulier en Afrique subsa-
harienne. En effet, selon le rapport de la CNUCED (2021) l’ASS établit un nouveau record
en matière d’investissement direct étrangers. Le graphique ci-dessous permet d’illustrer
cette évolution.
Source : Auteur
MBEGDE EMMANUEL 39
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
tion financière connaît une progression en ASS depuis 1994. Cela peut s’expliquer par
la vague de libéralisation financière en ASS à l’issue des premières réformes des années
1990 (Gelbard et al., 2014). Par ailleurs, l’accès au marché des capitaux s’est considéra-
blement développé ces dernières années pour l’ASS. Nous constatons également qu’entre
2008 et 2009 le niveau d’intégration financière internationale en ASS a connu une baisse
pouvant être expliquée par la crise financière ayant frappée le monde entre 2008 et 2009.
Par ailleurs, on observe également une légère baisse entre 2017 et 2019 pouvant s’expli-
quer par la crise de COVID-19 qui a affligé l’économie mondiale. Néanmoins, la tendance
générale qui se dégage de ce graphique est l’évolution à la hausse de l’intégration finan-
cière. Autrement dit, les pays d’ASS sont de plus en plus intégrés au marché financier
international.
Source : Auteur
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Entre 1994 et 2001, le niveau d’industrialisation est relativement élevé en ASS. En effet,
au lendemain des indépendances, les pays africains avaient fait de l’industrialisation une
priorité. Dans leur démarche, ils étaient accompagnés par la communauté internationale
dans les années 1980. Le continent a cependant cessé de progresser dans les années 1990
en matière d’industrialisation (Totouom, 2018). Ce niveau va progressivement diminuer
jusqu’en 2010 pour après reprendre son sentier de croissance jusqu’en 2021, mais à un
niveau moins élevé qu’entre 1994 et 2001. On distingue ainsi des périodes de forte baisse
et des phases haussières de la valeur ajoutée dans le secteur industriel en ASS. Cependant,
la tendance principale qui se dégage est la désindustrialisation.
La figure 3 ci-dessous montre clairement qu’il existe une relation positive entre l’in-
tégration financière et l’industrialisation. En effet, selon les graphiques ci-dessous, plus un
pays est financièrement intégré, plus son niveau d’industrialisation est élevé. La relation
est la même en considérant l’industrialisation d’une part comme la valeur ajoutée manu-
facturière et d’autre part la main d’œuvre dans le secteur industriel. Nous remarquons
cependant que cette relation n’est pas homogène. En effet, nous distinguons les pays ayant
un niveau élevé d’intégration financière et d’industrialisation tels que le Sénégal et l’île
Maurice, les pays ayant un niveau faible d’intégration, mais un niveau élevé d’industria-
lisation à l’instar de la Guinée équatoriale. Par ailleurs, nous distinguons également les
pays ayant un niveau faible d-intégration financière et d’industrialisation notamment la
Sierra Leone, le Soudan du Sud et les pays dont le niveau d’industrialisation est faible
bien qu’ils soient financièrement intégrés tel que le Liberia.
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Source : Auteur
Ce point a pour but de faire une analyse détaillée de la relation entre intégration
financière et industrialisation en considérant les différentes sous régions qui constituent
l’ASS.
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Source : Auteur
Source : Auteur
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Source : Auteur
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Cela signifie que les pays de l’Afrique Australe à l’exception du Zimbabwe sont faiblement
intégrés.
Source : Auteur
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2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
suivante :
IN D = f (IF, Z)(1)
MBEGDE EMMANUEL 46
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
L’intégration financière : l’intégration financière peut être soit régionale soit inter-
nationale (globalisation financière). Il existe plusieurs mesures de l’intégration financière.
Elles peuvent être de jure ou de facto. Nous optons dans notre étude pour la mesure
de facto de l’intégration notamment la somme des actifs et passifs étrangers sur le PIB
(Lane et Milesi-Ferreti, 2007) actualisé pour l’IFI et la différence entre le taux d’intérêt du
marché de crédit d’un pays et celui de la moyenne régionale (Ekpo et Chuku, 2017) pour
l’IFR. Plusieurs raisons justifient notre choix. En effet, les mesures de facto sont moins
enclines aux erreurs de mesure, elles intègrent l’impact réel des politiques de libéralisa-
tion et l’intensité du contrôle du capital (Padhan et Prabheesh, 2022) ; elles sont moins
susceptibles de souffrir d’endogénéité et reflètent l’intégration financière réelle d’un pays
(Furstenberg, 1998 ; Vo et Daly, 2007).
Il existe d’autres variables dans la littérature susceptible d’affecter l’industrialisation :
Le PIB : Selon Crivelli et al. (2012), le PIB réel favorise l’industrialisation. En ef-
fet, l’augmentation de la richesse nationale entraîne la transition de la main d’œuvre des
activités à faible rémunération vers des activités à forte rémunération. Il reflète aussi la dif-
férence entre les pays dans leur stade de développement. En effet, les pays les plus pauvres
se caractérisent par un niveau de productivité plus élevé dans le secteur manufacturier ce
qui favorise la convergence vers la frontière technologique (Rodrik, 2013).
Le capital physique : Il s’agit des investissements en capital physique tels que les
infrastructures de transport, les infrastructures énergétiques. Un niveau élevé d’investis-
sement favorise le processus d’industrialisation en stimulant la demande agrégée et en
boostant les capacités productives (Weiss et Clara, 2016). Il est mesuré ici par la forma-
tion brute du capital fixe.
Le capital humain : Le capital humain peut avoir une influence significative sur la
production dans la mesure où elle permet d’améliorer la productivité de la main d’œuvre.
Par ailleurs, elle permet une adaptation aux nouvelles technologies (Romer, 1986), ce qui
est favorable à l’industrialisation. Le choix de cette variable est inspiré des travaux de
Squicciarini et Voigtländer (2015). Elle est mesurée par le nombre d’années d’étude et le
MBEGDE EMMANUEL 47
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
rendement de l’éducation.
L’urbanisation : Selon Gollin et al. (2016) le développement des villes offre des nou-
velles opportunités d’activités. En outre, il entraîne également la destruction des activités
agricoles au profit des activités industrielles transformatrices.
MBEGDE EMMANUEL 48
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Nous savons néanmoins que cette méthode pourrait souffrir d’un problème d’endogé-
néité des variables explicatives. Cette endogénéité peut être issue de trois sources. Les
erreurs de mesure des variables ; cette possibilité ne saurait être exclue dans les pays en
développement surtout en Afrique où les données statistiques sont rares. La seconde source
est l’omission des variables. En effet, l’industrialisation étant déterminée par plusieurs fac-
teurs, il est possible de ne pas avoir considéré toutes les variables pertinentes. Cela entraîne
une corrélation entre le terme d’erreur et les variables explicatives causant l’endogénéité
dans le modèle. La troisième source est la double causalité lorsque par exemple l’industria-
lisation est expliquée par l’intégration financière et simultanément, le niveau d’intégration
financière est expliqué par l’industrialisation. Par ailleurs, cette méthode ne convient pas
à notre modèle. En effet, la présence de la variable dépendante retardée d’une période
parmi les variables explicatives crée une potentielle corrélation entre le terme d’erreur et
cette variable. Pour matérialiser cette endogénéité, le test de Durbin-Wu-Hausman est
utilisé et les résultats dudit test sont contenus dans le tableau 8 en annexe. Les résultats
montrent que les variables IFI, Kaopen et KOFFiGI sont endogènes.
Pour résoudre ce problème d’endogénéité, plusieurs auteurs sans la littérature ont
recours aux techniques des variables instrumentales lesquels sont les Doubles Moindres
Carrés (DMC) ou Two Stage Least Square (2SLS) en anglais proposés par (Theil, 1953)
MBEGDE EMMANUEL 49
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
et l’estimateur de la Méthode des Moments Généralisés. Dans notre travail, nous optons
pour les GMM en tant que technique principale, notamment les GMM en système en
deux étapes (Blundell et Bond, 1998), et les 2SLS pour la robustesse. Selon Arellano et
Bond (1991), Blundell et Bond (1998), la Méthode des Moments Généralisés est considérée
comme la méthode la plus pertinente pour les régressions en panel dynamique avec risque
d’endogénéité. En effet, elle résout le biais d’endogénéité à la fois pour les variables expli-
catives et la variable d’intérêt en utilisant le retard des variables suspectées d’endogénéité
comme instrument. Deux tests sont associés aux GMM pour attester de sa consistance,
le test de sur identification de Hansen qui permet de vérifier la validité des instruments
utilisés dans la mesure où ils doivent être corrélés avec la variable instrumentée, et le test
d’autocorrélation sérielle d’Arellano et Bond (1991) qui vérifie la corrélation sérielle de
premier et de second ordre AR1 et AR2 des résidus.
Après avoir présenté le cadre méthodologique qui sous-tend cette analyse dans la
précédente sous-section, il est question pour nous ici de présenter les résultats issus de
nos estimations tout en les interprétants, puis de faire une analyse de sensibilité et de
robustesse.
Les résultats de notre modèle par notre technique de base à savoir les GMM en
système sont recensés dans le tableau ci-dessus. Il met en exergue la relation entre l’in-
tégration financière (de jure et de facto) et l’industrialisation captée ici par la valeur
ajoutée manufacturière (VAM). Les résultats de base issus des MCO seront directement
commentés dans cette partie et les tableaux correspondants seront inscrits en annexe.
Les résultats des estimations des MCO (en annexe) et des GMM sont dans l’ensemble
satisfaisants tant sur le plan économétrique que sur le plan économique. Sur le plan écono-
métrique, les coefficients de l’intégration financière obtenus par les MCO sont statistique-
ment significatifs au seuil de 1% pour toutes les différentes mesures de l’intégration finan-
MBEGDE EMMANUEL 50
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Dans le souci de prendre en considération l’endogénéité, les résultats des GMM sont
tout aussi intéressants. En effet, les tests de Hansen (1982) pour les différentes équations
sont tous non significatifs et supérieur au seuil de 10% ce qui indique que l’hypothèse nulle
de non corrélation des variables instrumentales avec les termes d’erreur est vérifiée ce qui
nous permet de valider nos instruments. En d’autres termes, les instruments sont valides
et l’estimateur des GMM et système est convergent. De même, le test d’autocorrélation
d’Arellano et Bond (1991) est vérifié. En effet le AR1 de toutes les équations est significatif
à 1% et le AR2 est non significatif et supérieur à 10%. Ce résultat traduit l’acceptation
de l’hypothèse nulle à savoir l’absence d’autocorrélation des erreurs de second ordre.
Ce résultat conforte celui de plusieurs auteurs dans la littérature (Iwegbu et al., 2022 ;
Ibrahim et Vo, 2020 ; Alagidede et al., 2020 ; Ibrahim, 2020 ). En effet, économiquement,
ce résultat peut s’expliquer par le fait que l’intégration financière constitue une source
importante de financement pour les pays en développement. Ces derniers et tout par-
ticulièrement les d’Afrique se caractérisent par un système financier faible incapable de
mobiliser des fonds nécessaires au financement des activités industrielles. L’afflux de ca-
pitaux étrangers permet donc aux pays d’ASS d’accroître les fonds disponibles et ipso
facto, cela diminue le coût d’accès au crédit pour les entreprises.
MBEGDE EMMANUEL 51
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Par ailleurs, l’asymétrie d’information qui caractérise le système financier de ces pays
rend difficile le financement de nouvelles activités. En ce sens, les banques ne financent
que les activités déjà existantes. L’entrée des institutions étrangères entraîne l’entrée de
nouvelles technologies financières et stimule la concurrence. Ceci concourt à la réforme
du système financier et à l’amélioration des services et produits financiers, facilitant le
financement des entreprises qui dépendent fortement du financement externe et des nou-
velles entreprises. En outre, la politique d’ouverture financière renseigne les investisseurs
étrangers sur la qualité du climat des affaires. Ainsi, la suppression de restrictions aux
mouvements de capitaux attire davantage les IDE.
En ce qui concerne les variables de contrôle, nous distinguons celles qui sont significa-
tives et celles qui ne le sont pas. L’effet de l’urbanisation sur l’industrialisation est positif
bien que pas toujours significatif. En effet, le développement des villes entraîne le recul
des activités agricoles au profit des activités industrielles. L’agriculture intensive se déve-
loppe au détriment de l’agriculture extensive. La croissance économique exerce un effet
positif sur le développement industriel. En effet, l’augmentation du revenu est favorable à
l’essor des activités industrielles. Ces résultats sont conformes aux travaux de Iwegbu et
al. (2022) ; Ibrahim et Vo (2020) ; Ibrahim (2019) Concernant l’investissement, la forma-
tion brute du capital fixe a un effet négatif sur l’industrialisation. Ce résultat n’est pas
conforme à la littérature cependant, il n’est pas contre-intuitif. En effet, la majorité des
pays d’ASS présentent un faible niveau en termes d’infrastructures, ce qui ne favorise pas
le développement d’activités à forte productivité.
MBEGDE EMMANUEL 52
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
2.2.2.1. Sensibilité
MBEGDE EMMANUEL 53
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 54
MBEGDE EMMANUEL
2022-2023
Table 2 – intégration financière et industrialisation : sensibilité aux indicateurs de la bonne gouvernance
Instruments 28 27 27 27 27 27
AR(1) 0.0123 0.0119 0.0135 0.0115 0.0122 0.0133
AR(2) 0.618 0.676 0.604 0.645 0.653 0.791
Hansen p-value 0.619 0.627 0.912 0.741 0.811 0.649
Ecart type robuste entre parenthèses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Source : Auteur
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Dans l’optique de vérifier la consistance de nos résultats, nous effectuons une analyse
de la robustesse en utilisant une autre approche d’instrumentation, notamment les doubles
moindres carrés. Cette technique prend en compte trois tests : le test de sous-identification
de Kleibergen et Paap (2006) qui doit être significatif, le test deStock et Yogo (2005) qui
permet de mesurer la validité des instruments et le test deHansen (1982) et Sargan (1983)
qui caractérise la solidité d’un instrument.
En ce qui concerne les variables, la plupart des coefficients sont significatifs et conformes
à la littérature. Le signe des indicateurs de l’intégration financière est positif et significatif
à 1% et 10% respectivement pour le Kaopen de Chinn et Ito (2008), l’intégration finan-
cière de Milesi-Ferreti (2007) et le KOF global de l’intégration financière. Ainsi, lorsque le
volume d’actifs financiers étrangers augmente d’1% toute chose égale par ailleurs, la valeur
ajoutée dans le secteur industriel augmente de 0,03% (colonne 2). Par ailleurs, l’augmen-
tation du degré d’ouverture financière en ASS entraîne un accroissement du poids du
secteur manufacturier de l’ordre de 0,4%, toute chose égale par ailleurs (colonne 1). Ces
résultats sont conformes à ceux de Liang et Lin (2022) qui montrent que les pays qui sont
fortement intégrés au système financier international disposent d’un avantage comparatif
pour le développement du secteur industriel.
MBEGDE EMMANUEL 56
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 57
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Conclusion
En résumé, il était question ici de faire une analyse empirique de la relation existante
entre l’intégration financière et l’industrialisation. Cette analyse s’est structurée en deux
parties. En premier lieu, nous avons présenté les faits stylisés des différentes variables. Il
s’agissait concrètement de présenter l’évolution de l’intégration financière et l’industriali-
sation en ASS et de mettre en évidence la corrélation existante entre les deux variables.
En second lieu, il était question d’effectuer une analyse économétrique de la relation entre
les deux variables. Nous retenons que la nature de la relation qui existe entre l’intégration
financière et l’industrialisation n’est pas homogène sur toutes les sous-régions qui consti-
tuent l’ASS. Par ailleurs, un fort degré d’intégration financière contribue à la croissance
du secteur industriel en ASS. Il est à noter que la qualité du cadre institutionnel contri-
bue davantage à cet effet en créant un climat favorable au développement des activités
économiques et en assainissant le climat des affaires. Les résultats issus des régressions
ainsi que les analyses de sensibilité et de robustesse ont permis de valider notre hypothèse
selon laquelle l’intégration financière a un effet positif sur l’industrialisation.
MBEGDE EMMANUEL 58
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 59
Deuxième partie :
Intégration Financière et complexité
économique en Afrique
Subsaharienne
60
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
La littérature sur la globalisation économique a déjà fait couler beaucoup d’encre dans
la science économique. Elle apparaît comme un important facteur dans le processus de
développement économique (Nguyen et Su, 2021). En effet, l’intégration économique ne
consiste pas seulement en la réduction des barrières, mais elle implique également la mo-
bilité accrue des facteurs de production, des technologies, des connaissances, information
et savoir-faire, ainsi que des personnes. Il serait donc intéressant d’évaluer sa contribution
au processus de complexité économique.
Nous évaluons donc dans cette partie l’effet de l’intégration financière sur la complexité
économique en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, cette partie s’organise en deux cha-
pitres. Le premier chapitre s’attelle à analyser théoriquement la relation qui existe entre
l’intégration financière et la complexité économique. Le deuxième chapitre quant à lui
évalue empiriquement l’effet de l’intégration financière sur le niveau de complexité écono-
mique en Afrique subsaharienne.
MBEGDE EMMANUEL 61
CHAPITRE 3. INTÉGRATION FINANCIÈRE ET
COMPLEXITÉ ÉCONOMIQUE : LES ENSEIGNEMENTS DE
LA LITTÉRATURE
Introduction
62
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Dans cette sous-section, il est question de faire une analyse détaillée du concept de
complexité économique et par la suite de présenter ses déterminants.
L’idée de la complexité n’est pas récente dans la pensée économique (Nguyen et Su,
2021). Selon Marchionatti (2010), John Maynard Keynes s’est intéressé à la question de
complexité économique. La complexité réapparaît comme une tendance dans la littérature
économique en raison du développement d’une nouvelle approche, à savoir l’approche de
la complexité (Durlauf, 2005). L’introduction de l’indice de complexité économique (ECI)
par Hidalgo et Hausmann (2009), et de l’indice de complexité économique amélioré par
Tacchella et al. (2013) a suscité l’intérêt des économistes sur ce concept.
Nous devons à Adam Smith le principe selon lequel la division du travail est le secret de
la richesse des nations. L’interprétation moderne de cette idée est que l’importance de la
division du travail réside dans le fait qu’elle nous permet d’avoir accès à une quantité de
connaissances que personne ne pourrait disposer individuellement. Selon Hausmann et al.
(2014), le secret de la société moderne est qu’elle fonctionne comme un réseau à travers
lequel chaque membre a la capacité de se spécialiser et de partager sa connaissance avec
les autres, ce qui permet l’usage collectif d’un large volume de connaissances. En effet,
il existe deux types de connaissance, la connaissance explicite qui peut être facilement
transférable et la connaissance tacite qui est difficile à transférer, coûteuse et demande
un temps considérable ; elles ne peuvent donc pas être maîtrisées par un seul individu.
Ainsi, les individus se spécialisent, ce qui entraine une diversité de connaissances dans
la société. Pour faire usage de cette diversité, les individus forment des entreprises, des
organisations, lesquelles interagissent entre elles à travers le marché. La diversité d’en-
MBEGDE EMMANUEL 63
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 64
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 65
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
L’augmentation du revenu par tête des agents économiques offre des opportunités
de diversification en ce sens qu’elle accroît le pouvoir d’achat des consommateurs et leur
permet d’avoir accès à un panier de biens diversifiés. Selon Imbs et Wacziarg (2003), il
existe une relation de U-inversée entre le produit intérieur brut par tête et la complexité
économique. L’accroissement du niveau de revenu par tête entraîne une diversification du
panier d’exportation d’un pays jusqu’à un certain point.
MBEGDE EMMANUEL 66
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
d’accueil.
1.1.2.4. La Population
MBEGDE EMMANUEL 67
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
une forte prédisposition à produire davantage de biens diversifiés afin de satisfaire les
préférences et les goûts des différents consommateurs sur le marché (Parteka et Tamberi,
2011). En outre, la croissance de la population d’un pays signifie une augmentation de
la force de travail qui peut être utilisée comme input dans la production des produits
diversifiés (Jetter et Ramírez Hassan, 2012).
1.1.2.6. L’investissement
MBEGDE EMMANUEL 68
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
pays, les firmes multinationales contribuent à la sophistication des produits dans le pays
d’accueil. Ces dernières en s’installant à l’étranger permettent un transfert de technolo-
gies, de connaissances acquises dans la recherche et développement, de savoir-faire et de
compétences managériales.
Par ailleurs, Hidalgo et al. (2007) construisent un modèle dans lequel ils montrent que la
production d’un bien requiert un ensemble de capacités ou de facteurs non-échangeables.
En effet, selon la théorie des capabilités, un pays ne peut produire que les biens dont il
dispose de ressources ou de facteurs nécessaires à sa fabrication. Ainsi, la production d’un
pays est-elle déterminée par l’ensemble de capacités ou de facteurs dont il dispose. Pour
diversifier sa production, un pays doit accumuler et développer différentes ressources ou
facteurs de production disponibles à l’étranger. L’investissement direct étranger apparaît
donc comme un instrument permettant à un pays de diversifier son appareil productif
grâce au transfert de techniques et technologies disponibles à l’étranger.
1.1.2.7. L’usage d’Internet Plusieurs auteurs ont analysé la relation entre l’accès à
Internet et la complexité économique (Lapatinas, 2019 ; Gnangnon, 2022 ; Atasoy, 2021 ;
Ha, 2022). Selon eux, un meilleur accès à Internet accroît le niveau de diversification et
de sophistication d’une économie à travers l’investissement direct étranger et l’innovation.
En effet, le développement des technologies de l’information attire les IDE (Oumbé et al.,
2023). Cette idée repose sur l’hypothèse de Hitt (1999) qui stipule que le développement
des TIC réduit le coût de l’information et donc facilite la communication entre une com-
pagnie et ses filiales à l’étranger, améliore le marketing informationnel, ce qui davantage
accroît les flux d’IDE. Par ailleurs, le développement des TIC favorise l’accumulation du
capital humain. Une explication possible est que les TIC facilitent la recherche, la diffusion
et l’accès aux connaissances par le biais des librairies en ligne, des ordinateurs (Oumbé
et al., 2023). C’est donc dire que les TIC facilitent le transfert des technologies en faisant
du monde un village planétaire.
MBEGDE EMMANUEL 69
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
L’intégration financière peut avoir un effet sur la complexité économique par l’en-
tremise du développement financier. Cette relation trouve ses racines dans les modèles
développés par Kletzer et Bardhan en 1987 et Baldwin en 1989. Ces auteurs développent
des modèles théoriques dans lesquels l’avantage comparatif d’un pays dépend du niveau
de développement des institutions financières. Il convient de mettre en exergue de prime
à bord le lien entre l’intégration financière et le développement du système financier et
par la suite de mettre en évidence le lien entre le développement financier et la complexité
économique.
( Kose et al., 2009 ; Kose et al., 2011 ), développent ce qu’ils considèrent comme la
nouvelle perspective de la relation entre l’intégration financière et le développement éco-
nomique dans les pays émergents. Cette approche se démarque de la vision traditionnelle.
En effet, ils montrent que les bénéfices réels de l’intégration financière ne résident pas
seulement dans l’accroissement du volume des capitaux entrants ou dans les opportunités
de diversification qu’elle offre, mais, bien plus dans ce que l’afflux de capitaux engendre
comme réformes et innovations (Beji et Oueslati, 2013). Kose et al.(2011) mettent en
évidence ce qu’ils appellent « avantages collatéraux », c’est-à-dire les avantages indirects
MBEGDE EMMANUEL 70
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Par ailleurs, Mishkin (2009), Bumann et al. (2013), Landry et Thierry (2017) montrent
que l’intégration financière internationale, tout comme l’intégration financière régionale,
contribue au développement financier grâce à l’amélioration de l’accès au capital à moindre
coût et l’entrée des institutions financières étrangères qui favorisent les réformes dans
le système financier, ce qui améliore son fonctionnement. Ainsi donc, deux hypothèses
découlent des modèles de Kletzer et Kletzer et Bardhan (1987) et Baldwin (1989). Pre-
mièrement, un système financier développé permet de mobiliser l’épargne, de réduire les
coûts de transaction et de contrôle. Il facilite également la diversification du risque, l’ac-
quisition d’information sur les projets, ce qui permet d’orienter les investissements vers
des projets qui sont productifs. En ce sens, les politiques de réforme du système financier
facilitent le financement des entreprises, ce qui stimule la production des biens complexes
et sophistiqués (Ebireri, 2014 ; Ndoya et al., 2023). Deuxièmement, le développement fi-
nancier réduit la contrainte de liquidité des entreprises et accroît le niveau d’exportation
d’un pays. En effet, le développement financier permet à un pays de rendre son panier
MBEGDE EMMANUEL 71
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
d’exportation plus diversifié (Ndoya et al., 2023) car la R&D, et l’innovation demandent
l’allocation d’une part importante de fonds dont les entreprises ne disposent pas néces-
sairement. Si le financement est orienté vers des secteurs d’activités pour lesquels le pays
est déjà compétitif, la diversification du panier d’exportation sera entravée.
Une firme multinationale est une entreprise à base nationale, qui possède au moins
une filiale à l’étranger et qui produit ou commercialise hors de son territoire d’origine grâce
à ses filiales. Plus précisément, une firme est dite multinationale lorsqu’elle réalise un IDE,
c’est-à-dire une participation significative dans le capital d’une entreprise étrangère, lui
donnant un certain contrôle sur les décisions de cette firme (Lemoine et al., 2016). L’IDE
est l’instrument par lequel les multinationales mettent en œuvre leur stratégie interna-
tionale. C’est un phénomène qui participe fortement à la mondialisation de l’économie
avec l’intensification des flux financiers et les transferts technologiques (Lemoine et al.,
2016). Selon le paradigme électique ou OLI de Dunning, trois forces déterminent l’exis-
tence d’une firme multinationale : les avantages spécifiques d’une firme (Ownership), les
avantages spécifiques des pays (Location) et les avantages de l’internationalisation (In-
ternationalization advantage). À partir de ce paradigme, Dunning met en évidence une
théorie, la théorie d’« IDP » (Investment Development Path) qui présente les stades de
développement par lesquels les pays doivent passer pour se rendre attrayants.
MBEGDE EMMANUEL 72
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
À la quatrième phase, le pays est capable d’investir à l’étranger. En effet, les firmes
nationales ont la possibilité d’accroître leurs avantages spécifiques, ce qui leur permet de
recourir à la multinationalisation.
MBEGDE EMMANUEL 73
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
En outre, Saadi (2020) analyse le lien entre transfert de fonds des migrants et com-
plexité économique. Il trouve que ces transferts de fonds, en particulier ceux avec un
objectif d’investissement, encouragent la complexité du panier d’exportation d’un pays à
travers l’entrepreneuriat. Selon la théorie économique de la famille, les transferts de fonds
ne sont pas toujours motivés par l’altruisme des migrants envers leur famille. Certains
transferts sont motivés par l’intérêt personnel dans l’intention d’effectuer des investisse-
ments et de réaliser des affaires. Ces transferts servent donc à financer l’investissement
et l’entrepreneuriat (Saadi, 2020). L’intégration financière permet de réduire les coûts de
transaction associés aux transferts de fonds des migrants, ce qui peut augmenter le volume
de ces transferts (Beine et al., 2012).
Comme mentionné plus haut, la qualité des institutions est un élément important
à prendre en considération dans la relation entre intégration financière et complexité
économique. En effet, de bonnes institutions contribuent à une meilleure allocation des
ressources humaines et financières vers des activités productives (Vu, 2022). En garan-
tissant la protection de la propriété privée, en encourageant la concurrence de marché et
MBEGDE EMMANUEL 74
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
en assurant l’exécution des contrats, les institutions de bonne qualité promeuvent l’entre-
preneuriat, l’innovation, et attirent les investisseurs étrangers. Par ailleurs, de nombreux
travaux aboutissent au résultat selon lequel l’ouverture à l’extérieur augmente la demande
des institutions de bonne qualité (Alzer et Dadasov, 2013). Par ailleurs, l’ouverture finan-
cière est souvent perçue par les investisseurs comme un signal renseignant sur la discipline
macroéconomique. De même, pour attirer les flux financiers, les pays en développement
doivent s’engager dans les politiques économiques efficaces qui permettent d’améliorer le
climat des affaires et la qualité de leurs institutions.
MBEGDE EMMANUEL 75
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 76
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Des études empiriques fournissent des preuves quant à la relation positive entre
l’intégration financière et la complexité économique.
MBEGDE EMMANUEL 77
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
En outre, certains travaux trouvent plutôt une relation neutre entre l’intégration finan-
cière et la complexité économique. Dans une étude menée sur un panel de 06 pays (les
BRICS) de 1990 à 2010, Li (2019) parvient à l’évidence selon laquelle les flux sortants
d’IDE accroissent le niveau de sophistication des exportations de ces pays. Cependant, ils
trouvent que les flux entrants n’ont aucun effet sur la qualité des exportations. L’explica-
tion est que ces flux entrants d’IDE sont concentrés dans les industries à forte intensité
MBEGDE EMMANUEL 78
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 79
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Conclusion
MBEGDE EMMANUEL 80
CHAPITRE 4. ANALYSE EMPIRIQUE DES EFFETS DE
L’INTÉGRATION FINANCIÈRE SUR LA COMPLEXITÉ
ÉCONOMIQUE
Introduction
Comme nous l’avons mentionné plus haut, la complexité économique est un sujet
qui encore aujourd’hui suscite l’attention de la part des chercheurs. À cet effet, plusieurs
travaux sur les déterminants de la complexité économique ont été menés jusqu’ici. Ce-
pendant, bien que peu de travaux se soient intéressés à la relation intégration financière-
complexité économique, les auteurs ne s’accordent pas sur la nature de cette relation. En
effet, certains considèrent que l’intégration financière est un facteur stimulant de la com-
plexité économique, tandis que pour d’autres, cette relation est négative, et pour d’autres
encore, elle est neutre. Partant de ce constat, l’objectif de ce chapitre est d’évaluer l’effet
de l’intégration financière sur la complexité économique en ASS. Pour cela, ce chapitre
se subdivise en deux sections. La première section consiste à présenter les faits stylisés
des différents indicateurs en ASS. Dans la deuxième section, nous procédons à l’analyse
économétrique de cette relation.
81
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Comme mentionné plus haut, nous présentons ici l’évolution de l’indicateur de com-
plexité économique et de l’intégration financière en Afrique subsaharienne sur la période
de 1994 à 2021.
Les pays Africains sont très peu diversifiés. Les activités sont pour la plupart concen-
trées autour des ressources naturelles, des matières premières et des produits primaires
très peu sophistiqués. L’Afrique subsaharienne n’est pas exempte de ce constat ainsi que
l’illustre le graphique ci-dessus.
MBEGDE EMMANUEL 82
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Source : Auteur
À l’issue des premières réformes des années 1990, la majorité des économies d’Afrique
subsaharienne a entrepris des programmes de libéralisation financière, sous l’égide des
institutions internationales. L’observation de la figure ci-dessous nous permet d’apprécier
l’évolution de l’indice du Kaopen en ASS. Cet indice permet de mesurer le niveau de
restrictions appliqué aux flux entrants et sortants de capitaux dans un pays. Le constat
est que son évolution est plutôt stable dans le temps et exhibe une tendance ascendante.
En effet, depuis 1996, on observe une évolution à la hausse de l’ouverture en ASS. Cela
pourrait signifier que les économies subsahariennes sont de plus en plus ouvertes financiè-
MBEGDE EMMANUEL 83
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
rement. Autrement dit, on assiste depuis 1996 à un relâchement des restrictions appliquées
aux flux de capitaux franchissant les frontières des économies subsahariennes. En effet,
selon McMillan et Rodrik (2009), les pays en développement, tous sans exception, sont de
plus en plus intégrés économiquement et financièrement depuis le début des années 1990.
Source : Auteur
La figure 11 nous permet d’établir la relation qui existe entre l’intégration financière
et la complexité économique. Nous mesurons ici l’intégration financière par l’indice Kao-
pen de Chinn et Ito (2008). Cet indice permet de mesurer l’ouverture du compte capital
et l’indice d’intégration financière internationale de Milesi-Ferretti.
MBEGDE EMMANUEL 84
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
proche de zéro (0), on constate que, à l’exception de l’île Maurice, la plupart des pays
sont regroupés et situés en dessous de la pente. Cela implique que le flux de capitaux
étrangers vers l’ASS est encore faible.
L’effet de l’intégration financière sur la complexité économique n’est pas homogène sur
tout l’échantillon. Nous avons à titre illustratif les pays ayant un faible niveau d’intégra-
tion financière, et un niveau élevé de complexité économique comme l’Afrique du Sud,
et d’autres ayant tout comme l’Afrique du Sud un faible niveau d’intégration financière,
mais également un faible niveau de complexité économique à l’instar du Nigeria.
Source : Auteur
MBEGDE EMMANUEL 85
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
confirmer l’idée selon laquelle l’augmentation du degré d’ouverture financière permet d’ac-
croître la complexité des économies de l’ASS. En Afrique Australe, cependant, cet effet
n’est pas homogène pour tous les pays. On observe que certains pays comme l’Afrique du
Sud et le Mozambique ont un même degré d’ouverture financière, mais un niveau différent
en termes de complexité économique. Nous observons également que le nuage de point est
dispersé autour de la moyenne.
Source : Auteur
MBEGDE EMMANUEL 86
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
MBEGDE EMMANUEL 87
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
• La variable dépendante
La variable dépendante de notre modèle est la complexité économique. Selon Hidalgo et
al. (2007), la transformation structurelle peut également être appréhendée par la com-
plexité économique. Cette dernière est mesurée par l’Indice de complexité économique
(ECI) construit par Hidalgo et Hausmann (2009). Cet indice provient de la base « Obser-
vatory Economic Complexity » (OEC). En outre, nous utilisons comme autre mesure de
la complexité économique l’indice Economic Fitness.
• La variable d’intérêt
La variable d’intérêt ici est l’intégration financière. Elle renvoie au degré de connexion
d’un pays avec la sphère financière internationale (Prasad et al., 2003). Autrement dit,
elle renseigne sur la mobilité des capitaux et actifs financiers d’un pays à un autre et sur
l’intensité des restrictions appliquées par un pays aux mouvements d’entrée et de sortie
des flux financiers. Pour cela, deux indicateurs sont utilisés pour mesurer l’intégration
financière : l’indice Kaopen de Chinn et Ito (2008). Il mesure les restrictions appliquées
sur le taux de change, le compte courant et le compte des opérations financières liées à
l’exportation. Plus sa valeur est élevée, plus le degré d’ouverture financière est important.
En outre, nous utilisons aussi l’indice d’intégration financière international de Lane et
Milesi-Ferretti (2007) qui représente le ratio du total des actifs et passifs étrangers sur le
PIB.
MBEGDE EMMANUEL 88
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
d’internet (Lapatinas, 2019), les ressources naturelles (Ajide, 2022 ; Ndoya et al., 2023),
l’investissement textcolorblue(Elhiraika et Mbate, 2014 ; Khan et Khan, 2020), les fac-
teurs géographiques tels que la taille et la densité de la population (Saadi, 2020 ; Nguyen
et al., 2020). Le tableau de description des variables en Annexe permet une présentation
détaillée des variables utilisées.
L’endogénéité peut être due à la causalité inverse. En effet, Sadeghi et al. (2020) ont
montré que la complexité économique est l’un des principaux facteurs d’attractivité des
IDE. Le niveau de complexité économique peut donc aussi expliquer le niveau d’intégra-
tion financière d’un pays. Pour tester cette endogénéité, le test de Durbin-Wu-Husman est
utilisé et les résultats dudit test sont contenus dans le tableau 9 en annexe. Les résultats
montrent que les variables IFI et Kaopen sont endogènes. En outre, d’autres variables
MBEGDE EMMANUEL 89
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
explicatives telles que l’investissement (FBCF) et le revenu (GDP) sont suspectés d’en-
dogénéité. L’utilisation des techniques à variables instrumentales est donc une nécessité.
Parmi les méthodes à variables instrumentales listées dans la littérature, nous optons
pour les GMM en système de Blundell and Bond (1998) en tant que technique principale.
Elle permet de résoudre le problème de faiblesse des instruments et d’autres problèmes
tels que l’hétérogénéité inobservée, l’erreur de mesure des variables et les variables omises
(Arellano et al., 2017). Les tests qui lui sont associés sont le test de sur identification
de Hansen qui permet de vérifier la validité des instruments utilisés dans la mesure où
ils doivent être corrélés avec la variable instrumentée, et le test d’autocorrélation sérielle
d’Arellano et Bond (1991) qui vérifie la corrélation sérielle de premier et de second ordre
AR1 et AR2 des résidus.
Sur le plan économétrique, les coefficients de l’intégration financière sont positifs (conformes
aux attentes) et statistiquement significatifs au seuil de 10% pour le Kaopen et 5% pour
l’indice d’intégration financière international. À la lumière de ces résultats, l’intégration
financière permet d’améliorer le niveau de complexité des économies d’ASS. Par ailleurs,
les tests associés à la méthode des GMM sont tous validés, notamment le test de Hansen
et le test d’autocorrélation.
MBEGDE EMMANUEL 90
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Sur le plan économique, les résultats obtenus sont statistiquement significatifs et cor-
respondent à la littérature, aussi bien pour les variables de contrôle que pour la variable
d’intérêt. En effet, une augmentation du degré d’ouverture financière d’1% entraîne une
amélioration du niveau de complexité économique des économies subsahariennes de l’ordre
de 0,08%, ceteris paribus (colonne 1). De même, toutes choses restant égale par ailleurs,
une augmentation du volume des capitaux étrangers de 1% améliore de 0,09% le niveau
de complexité économique en ASS (colonne 2).
MBEGDE EMMANUEL 91
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
(1) (2)
SYS-GMM
VARIABLES ECI ECI
L.ECI 0.446* 0.642***
(0.214) (0.131)
kaopen 0.0810*
(0.0457)
IFI 0.0941**
(0.0435)
Dev.Fin 0.00265 0.00131
(0.00399) (0.00474)
FBCF 0.0153 -0.0136
(0.0199) (0.0118)
CapHum -0.0619 0.197*
(0.215) (0.103)
Iprof -0.00230 -0.0278
(0.0300) (0.0283)
lnGDP_capita_cu 0.0272 0.0899
(0.0816) (0.0674)
Popgrowth 0.0179 -0.116
(0.127) (0.192)
ResNat -0.0212* -0.0242**
(0.0109) (0.00884)
Internet -0.00806** -0.0114**
(0.00353) (0.00456)
Constant -0.845 -0.776*
(0.617) (0.402)
Observations 367 373
Nombre de pays 19 19
Nombre de groupes 19 19
Instruments 17 17
AR(1) 0.0198 0.0106
AR(2) 0.810 0.846 Écart type robuste entre parenthèses
Hansen p-value 0.419 0.215 *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Source : Auteur
MBEGDE EMMANUEL 92
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
2.2.1.1. Sensibilité
Les résultats obtenus restent positifs et significatifs au seuil de 5%. Les coefficients
associés à l’intégration financière restent positifs et significatifs. Ainsi peut-on conclure
que quel que soit l’indicateur de complexité économique, l’effet de l’intégration financière
reste inchangé, ce qui nous permet de valider notre hypothèse.
MBEGDE EMMANUEL 93
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
(1) (2)
SYS-GMM
Source : Auteur
Afin de s’assurer de la robustesse de nos résultats, nous avons recours à une autre
approche d’instrumentation en utilisant les Doubles Moindres Carrés (DMC). Comme les
MBEGDE EMMANUEL 94
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
GMM, cette méthode permet de tenir compte du biais d’endogénéité. Trois tests sont
complémentaires à cette méthode. Le test de sous-identification de Kleibergen et Paap
(2006) qui doit être significatif, le test de Stock et Yogo (2005) qui permet de mesurer la
validité des instruments et le test de Hansen (1982) et Sargent (1983) qui caractérise la
solidité d’un instrument.
Le tableau ci-dessous présente les résultats des régressions issus de notre modèle. Les
résultats obtenus sont conformes aux précédents résultats obtenus avec la méthode des
Moments Généralisés. Le signe des coefficients est positif et significatif aussi bien pour le
Kaopen (indice de jure) que pour l’indice d’intégration financière international (indice de
facto). Sur le plan statistique, l’ensemble des tests est concluant. Les valeurs de la Stock-
Yogo sont significatives selon les valeurs standards respectivement à 10% 15% 20% et 25%.
Le test de Hansen et Sargent qui vérifie la solidité des instruments est non significatif. Les
deux tests nous permettent de valider l’instrument. Par ailleurs, le test de Kleibergen et
Paap (2006) est non significatif pour toutes les régressions, ce qui nous permet de confirmer
l’hypothèse d’absence de corrélation entre les variables endogènes et les instruments.
Les résultats obtenus sont conformes à la littérature économique, aussi bien pour la
variable d’intérêt que pour les variables de contrôle. En effet, l’intégration financière en
termes de politique et en termes d’actifs étrangers détenus contribue de façon significative
à l’amélioration du niveau de complexité économique. Ainsi, un accroissement du degré
d’ouverture financière de jure de 1% en ASS entraîne une augmentation du niveau de
MBEGDE EMMANUEL 95
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
complexité économique de 0,10%, toute chose égale par ailleurs (colonne 1). De même,
toute chose égale par ailleurs, une hausse de 1% de la valeur rapportée au PIB des stocks
d’actifs et passifs étrangers contribue de 0,09% à l’augmentation du niveau de complexité
économique en ASS (colonne 2).
MBEGDE EMMANUEL 96
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
Il est question dans cette sous-section de faire une analyse de la médiation. Pour
ce faire, nous nous inspirons des travaux de Ndoya et al. (2022). Les médiateurs sont le
développement financier et la qualité des institutions. La qualité des institutions ici renvoie
aux limites imposées à la propriété privée. Cette mesure est tirée de la Base de données
V-Dem. Dans la première étape, nous estimons l’effet de l’intégration financière sur les
différents canaux de transmission (Modèle 1). La seconde étape consiste à estimer l’effet
de l’intégration financière sur la complexité économique en contrôlant avec les différents
médiateurs (Modèle 2). Les résultats sont reportés dans le tableau 7. Les colonnes (1a)
et (2a) représentent les résultats de la première étape, et les colonnes (1b) et (2b) les
résultats de la seconde étape. La dernière colonne quant à elle met en évidence le résultat
de base.
Figure 13 – Représentation de la médiation
Source : Auteur
Globalement, les résultats suggèrent que : (i) l’intégration financière affecte signifi-
cativement les deux médiateurs au seuil de 1% et 5% respectivement pour la qualité des
institutions et le développement financier (colonnes 1a et 2a). (ii) les deux canaux ont
un effet significatif sur la complexité économique (colonnes 2a et 2b), (iii) L’intégration
financière affecte positivement la complexité économique. Par ailleurs, le coefficient estimé
MBEGDE EMMANUEL 97
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
de l’intégration financière sur la complexité économique diminue lorsqu’un canal est inclus
dans le modèle (colonne 1b et 2b). Le tableau 7 contient plusieurs tests qui permettent de
vérifier si l’effet indirect de l’intégration financière sur la complexité économique à travers
le développement financier et la qualité des institutions est statistiquement différent de
zéro. La statistique du test de Sobel est estimée à 0,018 et 0,036 pour la qualité des insti-
tutions et le développement financier respectivement. La P-value est de 1% pour la qualité
des institutions et 5% pour le développement financier. Cela suggère que l’hypothèse nulle
d’absence de médiation est rejetée. Les résultats sont similaires en considérant d’autres
tests (Delta et Monte Carlo).
Eu égard à ce qui précède, nous pouvons conclure que l’effet de médiation du déve-
loppement financier est d’environ 55% de l’effet total de l’intégration financière sur la
complexité économique. Autrement dit, le développement financier contribue à hauteur
de 55% dans la relation directe entre l’intégration financière et la complexité économique.
De même, bien que l’effet direct de l’intégration financière sur la complexité économique
soit de 0,089, l’effet indirect via la qualité des institutions est de 0,018 soit une contribution
de 21%.
MBEGDE EMMANUEL 98
MBEGDE EMMANUEL
2022-2023
Table 7 – Analyse de la médiation
(i) Médiateur : Institutions (ii) Médiateur : Développement financier (iii)Regréssion de base
Conclusion
Le présent chapitre avait pour objectif d’évaluer empiriquement le lien entre l’inté-
gration financière et la complexité économique en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, il
s’est organisé en deux sections. La première section présentait les faits stylisés permettant
d’entrevoir l’évolution des variables et la nature de leur relation. Il ressort que, bien que
les pays d’ASS aient progressé ces dernières années, il reste encore un important manque
à gagner pour ces pays en matière d’intégration financière. De même, le niveau de com-
plexité économique est encore faible et ces dernières années a tendance à évoluer à la
baisse. Il est également à noter que globalement, la corrélation existante entre l’intégra-
tion financière et la complexité économique en ASS est positive. Les résultats issus des
estimations économétriques par la méthode des MMG ainsi que les analyses de sensibilité,
de robustesse et de médiation ont permis de confirmer le sens de cette corrélation et ipso
facto de valider notre hypothèse.
La première partie s’est attelée à analyser l’effet de l’intégration financière sur l’in-
dustrialisation en Afrique subsaharienne. Cette analyse a été menée sur deux chapitres.
Le chapitre premier a présenté l’ensemble des développements théoriques qui entourent
la relation intégration financière-industrialisation. Nous avons en premier temps fait une
analyse des concepts d’intégration financière et d’industrialisation tout en présentant les
théories explicatives du lien entre les deux concepts (La théorie de la libéralisation finan-
cière de McKinnon (1973) et Shaw (1973), la théorie de l’avantage comparatif de Rajan et
Zingales (1996), La Théorie de la dépendance, la théorie de l’allocation internationale du
capital, la théorie de la croissance endogène). Dans un second temps, nous avons présenté
les canaux de transmission par lesquels l’intégration financière peut agir indirectement
sur l’industrialisation, et la littérature empirique existante sur le sujet. L’incapacité de
prendre position sur la nature de la relation entre l’intégration financière et l’industriali-
sation à la suite de cette littérature nous a poussés à mener une analyse empirique sur la
nature de cette relation en ASS. C’est donc dans ce contexte que s’est inscrit le deuxième
chapitre, dont l’objectif était d’analyser empiriquement l’effet de l’intégration financière
sur l’industrialisation en ASS sur la période de 1994 à 2021. Pour cela, nous avons a priori
102
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
présenté les faits stylisés et par la suite l’analyse économétrique à travers la Méthode des
Moments Généralisés. Les résultats obtenus nous ont permis de valider notre hypothèse,
à savoir que l’intégration financière stimule l’industrialisation en ASS. Ces résultats sont
robustes en changeant la technique d’estimation.
tirer les capitaux étrangers qui permettront de combler le niveau d’épargne intérieur des
pays d’ASS. Par ailleurs, l’intégration financière n’est pas une fin en soi. De ce fait, les
régulateurs devraient mettre sur pied de bonnes institutions capables d’assurer efficace-
ment l’allocation du capital disponible en s’opposant aux activités de recherche de rente
et de dissipation des ressources par des groupes d’intérêt qui cherchent un accès privilégié
aux capitaux étrangers et aux ressources disponibles à leur seul avantage. De plus, afin
d’attirer davantage d’investissement étranger, et de limiter la fuite des capitaux facilitée
par l’ouverture financière, les autorités doivent encourager la protection de la propriété
privée. Le dernier point concerne l’amélioration des services financiers, en facilitant l’accès
au crédit pour les entreprises du secteur privé.
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119
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
2022-2023
Table 14 – Matrice de corrélation première partie
VAM ka_open IFI DCP_sector FBCF hc Inf_ipc100 lnGDP_cu OC_10 urban_pop
VAM 1.0000
ka_open 0.2142 1.0000
IFI 0.0851 0.2021 1.0000
DCP_sector 0.0665 0.2256 0.6634 1.0000
FBCF -0.1378 -0.0373 -0.0176 0.1278 1.0000
hc 0.0684 -0.1333 0.1562 0.2128 0.1117 1.0000
Inflat_I 100 0.0232 -0.0778 -0.0295 -0.1123 -0.1112 -0.0574 1.0000
lnGDP_capi u 0.2349 0.2252 0.0103 -0.0673 0.0286 0.1181 -0.2028 1.0000
OC_10 -0.1619 -0.0301 0.1789 0.2628 0.3396 0.1886 -0.0933 0.0019 1.0000
Mco Robuste
VARIABLES indust_labor
kaopen 0.776*** 0.670*** 0.668*** 0.722*** 0.606*** 0.677*** 0.683*** 1.019*** 0.763***
(0.167) (0.149) (0.167) (0.168) (0.166) (0.174) (0.174) (0.205) (0.232)
DCP_sector 0.163*** 0.157*** 0.228*** 0.224*** 0.234*** 0.231*** 0.222*** 0.196***
(0.00801) (0.00760) (0.0172) (0.0168) (0.0166) (0.0158) (0.0177) (0.0175)
FBCF 0.165*** 0.151*** 0.162*** 0.156*** 0.163*** 0.144*** 0.0802***
(0.0239) (0.0307) (0.0312) (0.0319) (0.0317) (0.0339) (0.0269)
hc -1.505*** -1.496*** -1.851*** -1.860*** -1.748*** -0.444
(0.472) (0.467) (0.486) (0.509) (0.502) (0.495)
Ppty -3.060*** -2.525*** -3.107*** -2.405*** -4.421***
(0.648) (0.672) (0.655) (0.678) (0.715)
Inflat_IPC100 0.00809*** -0.00717 -0.0115 -0.0432***
(0.00199) (0.00794) (0.00888) (0.00782)
lnGDP_capita_cu -0.289** -0.345** -0.938***
(0.140) (0.162) (0.150)
OC_10 0.0157 -0.0740
(0.138) (0.110)
urban_pop_r 0.170***
(0.0207)
Constant 12.58*** 9.761*** 6.408*** 7.557*** 8.426*** 8.890*** 12.55*** 13.88*** 15.29***
(0.230) (0.237) (0.501) (0.995) (0.951) (0.973) (2.421) (2.740) (2.362)
Observations 1,168 1,011 890 714 709 658 658 572 572
R-squared 0.022 0.281 0.320 0.348 0.364 0.383 0.388 0.402 0.503
r2 0.0217 0.281 0.320 0.348 0.364 0.383 0.388 0.402 0.503
2022-2023
Table 20 – Effet de l’intégration financière sur la complexité économique
MCO Robuste
VARIABLES ECI
2022-2023
Table 23 – Liste des variables
Variables Notation Définitions Source
Kaopen Indice du degré d’ouverture financière (une forte valeur traduit un degré Chin et Ito (2008)
élevé d’ouverture finanvière)
Intégration financière IFI Somme des actifs et passifs étrangers sur le PIB Lane et Milesi-Ferreti (2007)
KOFFiGIdj Kof de la globalisation financière de jure Indice de la globalisation
KOFFiGIdf Kof de la globalisation financière de facto Indice de la globalisation
VAM Valeur ajoutéé du secteur manufacturié en %PIB WDI
Industrialisation
Indust_labor part de l’emploi dans le secteur industriel WDI
Développement financier DCP_sector Crédit accordé au secteur privé WDI
FinancialInstitutionsIndex indicateur de développement des institutions financières GFD
Investissement FBCF formation brute du capital fixe WDI
OC Somme des exportations et importations sur le PIB WDI
Ouverture commerciale KOFTrGIdf Kof de la globalisation commerciale de facto Indice de la globalisation
Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii
Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
Dédicace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Liste des tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii
Table des figures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ix
Liste des acronymes et abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . x
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xi
Abstract . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xii
Introduction générale 1
127
2022-2023 INTÉGRATION FINANCIÈRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN ASS
1.1.2.4. La Population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
1.1.2.5. Le Développement Financier . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.1.2.6. L’investissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.2. Intégration financière et complexité économique : Ancrage théorique . 70
1.2.1. Les modèles de Kletzer, Bardhan (1987) et Baldwin (1989) . . 70
1.2.2. Théorie de la firme multinationale . . . . . . . . . . . . . . . 72
1.2.3. Transferts de fonds des migrants et complexité économique :
le rôle de l’intégration financière . . . . . . . . . . . . . . 73
Section 2. Intégration financière et complexité économique : Analyse des canaux
de transmission et littérature empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.1. Les canaux de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.1.1. La qualité des institutions comme canal de transmission . . . 74
2.1.2. Le Développement financier comme canal de transmission . . 75
2.1.3. Le canal de la Recherche et du Développement . . . . . . . . 76
2.2. Littérature empirique sur la relation intégration financière et com-
plexité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2.2.1. Intégration financière, complexité économique : Une relation
positive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
2.2.2. Intégration financière, complexité économique : Une relation
négative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78