Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
*********** ***********
UNIVERSITÉ DE YAOUNDE I UNIVERSITY OF YAOUNDE I
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE NATIONAL SCHOOL OFENGINEERING
POLYTECHNIQUE - CETIC AFRICAN CENTER OF EXCELLENCE
*********** ***********
BP : 337-Yaoundé (Cameroun) PO-BOX : 337-Yaoundé (Cameroun)
Tél./Fax (237) 222 22 13 20 Tél./Fax (237) 222 22 13 20
E-mail : rectorat@univ-yaounde1.cm E-mail : rectorat@univ-yaounde1.cm
http//:uy1.uninet.cm Website : http//:uy1.uninet.cm
Sous la direction du :
Pr. MONDJELI MWA NDJOKOU
Maître de Conférences - Agrégé des Facultés de Sciences Economiques - UYII
Et la codirection du :
Pr. ISSOFA MOYOUWOU
Maitre de Conférences - Université de Yaoundé I
KOUANTAN AKONO Johnson Godlove
FINANCEMENT INFORMEL ET
PERFORMANCES DES TPE ET PE AU
CAMEROUN
Directeur de mémoire :
Pr. MONDJELI MWA NDJOKOU
Maître de conférences, agrégé des sciences économiques
Université de Yaoundé II
Co-directeur :
Pr. ISSOFA MOYOUWOU
Maître de conférences
Université de Yaoundé I
z Sommaire z
Sommaire I
Déclaration sur l’honneur II
Dédicace III
Remerciements IV
Liste des figures V
Liste des tableaux VII
Liste des sigles et abréviations VIII
Résumé IX
Abstract X
INTRODUCTION GENERALE 1
Chapitre 1 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : LES ENSEIGNEMENTS DE LA LITTÉRATURE THEORIQUE
10
1.1Financement informel et performances des entreprises : un examen theorique
des concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2 Les déterminants des performances des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . 18
Chapitre 2 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : LES FONDEMENTS 25
2.1 Performances des entreprises : revue des debats sur le role de la finance informelle 25
2.2 Financement informel et performances des entreprises : un exposé des canaux
de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Chapitre 3 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : FAITS STYLISES ET STRATREGIE EMPIRIQUE 38
3.1 Financement informel et performances des TPE et PE au Cameroun : un examen
par les faits stylisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2 Méthodologie et technique d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Chapitre 4 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : UNE ANALYSE ECONOMETRIQUE 63
4.1 Financement informel et performances des entreprises au Cameroun : les résul-
tats économétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.2 Financement informel et performance des entreprises camerounaises : robus-
tesse des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
CONCLUSION GENERALE 90
Annexes 94
Références bibliographiques 97
Table des matières 111
Le présent mémoire est une œuvre originale du candidat et n’a été soumis nulle part ailleurs,
en partie ou en totalité, pour une autre évaluation académique. Les contributions externes ont
été dûment mentionnées et recensées en bibliographie.
z Dédicace z
z Remerciements z
3.1 Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- aide familiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.2 Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- crédit commercial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- tontine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.4 Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - aide familiale. 44
3.5 Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - crédit commercial 45
3.6 Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - tontine. . . . . 46
3.7 Test de différence des moyennes : nombre d’employés - aide familiale . . . . . 47
3.8 Test de différence des moyennes : nombre d’employés - crédit commercial . . . 48
3.9 Test de différence des moyennes : nombre d’employés - tontine . . . . . . . . . 49
3.10 Test de différence des moyennes : innovation - aide familiale . . . . . . . . . . 50
3.11 Test de différence des moyennes : innovation - crédit commercial . . . . . . . . 51
3.12 Test de différence des moyennes : innovation - tontine . . . . . . . . . . . . . . 52
z Résumé z
L’objectif de ce mémoire est d’évaluer les effets du financement informel sur les perfor-
mances économiques, sociales et la capacité d’innovation des entreprises camerounaises. Après
avoir sélectionné les bons déterminants des performances des entreprises, par l’approche bayé-
sienne des Moindres Carrés Moyens Pondérés (WALS), nous estimons les modèles retenus par
la méthode des MCO. Dans le souci d’examiner la robustesse de nos résultats, nous utilisons
une approche non paramétrique d’appariement des scores de propension (PSM). Les résultats
indiquent premièrement, que le financement informel sous toutes ses formes, n’a pas d’effets
sur les performances économiques des entreprises. Deuxièmement, le financement par la ton-
tine entraîne une réduction des performances sociales. Enfin, les entreprises qui se financent par
l’aide familiale ou par la tontine, sont plus à même d’innover. Conformément à ces résultats,
nous recommandons premièrement, une exploitation des avantages de la finance informelle,
afin de rendre plus aisé, l’accès au crédit par les TPE et PE. Deuxièmement, nous recomman-
dons le développement d’une plateforme numérique permettant de regrouper d’une part, les
fournisseurs des entreprises en termes de crédit et d’autre part, les entreprises ayant besoin de
financement, afin de permettre à celles-ci de bénéficier du crédit à un taux concurrentiel.
z Abstract z
The objective of this paper is to analyze the effects of informal financing on the socio-
economic performance and the innovation capacity of Cameroonian firms. We select the correct
determinants of firm performance using the Bayesian Weighted Average Least Squares (WALS)
approach and estimate the selected models using the OLS method. In order to examine the ro-
bustness of our results, we use a non-parametric Propensity Score Matching (PSM) approach.
Our findings indicate first, that informal financing has no effect on the economic performance of
firms. Second, financing through the tontine leads to a reduction in social performance. Finally,
firms that are financed by family assistance or tontines are more innovative. In accordance with
these results, we first suggest an exploitation of the advantages of informal finance (in terms of
speed and flexibility in the granting of credit), in order to facilitate access to credit by VSEs and
SMEs. Secondly, we suggest the development of a digital platform to gather on the one side, the
suppliers of companies in terms of credit and on the other side, the companies in need of funds,
in order to allow them to benefit from credit at a competitive rate.
z INTRODUCTION GENERALE z
Contexte et justification
Depuis quelques années, plusieurs travaux réaffirment l’importance de la finance dans la
croissance économique, via l’accroissement des performances des entreprises 1 (Ullah, 2019)[111].
Selon la Banque Mondiale (2016), entre 2013 et 2015, les entreprises camerounaises ont connu
une croissance annuelle réelle positive de leurs performances économiques, égale à 4%. Bien
que ces performances soient positives, le taux de croissance annuel a été inférieur à celui de
la période couverte par les précédentes enquêtes auprès des entreprises (2005-2008), où il était
de 9,1%. Plusieurs raisons justifient cela, selon le rapport de la Banque Mondiale (2016) sur
l’état des entreprises camerounaises. Il s’agit entre autres, de la corruption, des réglementations
douanières et commerciales, des contraintes d’accès à l’électricité, de l’instabilité politique, de
l’administration fiscale, des taux d’imposition et des difficultés grandissantes liées au système
financier camerounais.
Un système financier qui fonctionne en effet bien est essentiel au progrès technologique
et à la croissance économique d’un pays (Solow, 1957)[105], car il facilite le financement des
entreprises. A l’opposé, un système financier inadéquat constitue une entrave à la croissance
des entreprises (Degryse, 2016)[26]. Les travaux de Ullah (2019)[111] confortent cette idée en
montrant par exemple que l’augmentation du crédit accordé aux entreprises contribue à amélio-
rer les performances des entreprises et par conséquent à stimuler la croissance économique. Plus
précisément, lorsque les entreprises ont facilement accès au crédit, elles sont plus à même d’in-
nover et d’introduire de nouveaux produits ou services, de nouvelles méthodes de production,
de nouvelles pratiques d’organisation ou de gestion et de nouvelles méthodes de marketing.
Dans le même temps, l’accroissement des performances des entreprises induit la croissance
1. Le terme performance est multidimensionnel. Il désigne à la fois l’accomplissement d’un processus, d’une
tache avec les résultats qui en découlent et le succès que l’on peut y attribuer (Pesqueux, 2004)[95].
économique (Allen et al, 2019)[8], car l’amélioration des indicateurs de performance tels que
le chiffre d’affaires, la croissance de l’emploi, le taux de vente et la valeur ajoutée ont un effet
direct sur le Produit Intérieur Brut (Rozas, 2012)[97].
En dépit de ces externalités positives du système financier, les entreprises font face en gé-
néral à d’importantes difficultés d’accès au crédit, surtout venant des circuits formels. Les sta-
tistiques de la Banque Mondiale (2017) montrent que sur près de 60 000 entreprises dans cent
onze pays, 46,1% bénéficient du crédit bancaire, tandis que 53 ,9% sont confrontés à un refus
de crédit. Ces contraintes sont encore plus observées au fil du temps. Par exemple, l’enquête sur
les entreprises menée par la Banque Mondiale en 2019 montre que 73,6% des entreprises dans
le monde ont des contraintes d’accès au crédit bancaire. Entre 2017 et 2019, le pourcentage des
entreprises non éligibles au crédit bancaire dans le monde a augmenté de 19,4%. Les Pays Dé-
veloppés (PD) en demeurent moins épargnés. En 2019 par exemple, 59,1% des entreprises des
pays membres de l’Organisation de Coopérations et de Développements Economiques (OCDE)
n’étaient pas éligibles au crédit bancaire. Cette diminution croissante des entreprises ayant accès
au crédit bancaire est encore plus manifeste dans les Pays En Développement (PED), où le taux
de non accès au crédit est passé de 65,82% en 2017 à 84,4% en 2019, soit une augmentation de
18,57%.
Dans le cas des pays d’Afrique Subsaharienne (ASS), les contraintes de crédit sont encore
plus marquées. Selon la Banque Mondiale (2017), En ASS, 80,9% des entreprises sont soumises
à des contraintes de crédit. Au Cameroun particulièrement, la part des entreprises ayant accès au
crédit bancaire est passée de 30% en 2009 à 14% en 2016, ce qui pourrait expliquer le moindre
accroissement des performances des entreprises observé par la Banque Mondiale. En 2017,
seulement 15,8% des entreprises camerounaises se sont financées via le crédit bancaire. Ces
chiffres dissimulent néanmoins une importante disparité en ce qui concerne l’accès au crédit,
selon les différents types d’entreprises. En effet, en examinant le statut de contrainte de crédit
des entreprises en fonction de leur taille, une nette différence entre les Petites et Moyennes
Entreprises (PME) et les Grandes Entreprises (GE) est constatée. C’est surtout le cas des Très
Petites Entreprises 2 (TPE) et Petites Entreprises (PE), qui ont des contraintes de crédit plus
fortes que les GE et ce, quel que soit le continent (Sheng et al., 2014)[103]. Les statistiques
de la Banque Mondiale (2019) attestent que dans les PD, 24,9% des TPE sont soumises à des
contraintes de crédit alors que 10,4% des GE y font face. Cet écart est encore plus élevé dans les
2. Les TPE sont des entreprises ayant au plus 10 salariés (Ntolo, 2020)[87].
PED, où 70% des TPE n’ont pas accès au crédit bancaire, alors que 50% des GE sont soumises
aux contraintes de crédit. En ASS en particulier, près de 65% des TPE sont soumises à des
contraintes d’accès aux prêts bancaires, contre 45% des GE.
Selon le Fonds Monétaire International (FMI), les difficultés d’accès au crédit par les TPE
en ASS se justifient premièrement par une absence d’informations financières contrôlables de
bonne qualité sur les emprunteurs ; deuxièmement, par une défaillance de garanties suffisam-
ment disponibles pour les emprunteurs et opposables aux prêteurs et troisièmement, par l’ab-
sence de protection des droits des créanciers de manière adéquate, par un système judiciaire
efficace.
Pour faire face à ces contraintes de crédit, les TPE et PE ont recours aux sources de finance-
ment informelles 3 , car celles-ci sont flexibles et faciles d’accès (Tybout, 2000)[110]. Or, pour
Degryse (2016)[26], Fowowe (2017)[36] et Ullah (2019)[111], le recours au financement infor-
mel a tendance à réduire les performances de ces entreprises. Cela justifie leur faible taux de
survie et d’innovation, et leur faible chiffre d’affaire. De plus, la finance informelle est souvent
associée à des coûts élevés, ce qui entraîne l’évaporation de toute conséquence bénéfique pour
les entreprises (Mertzanis, 2019)[73].
Problématique
Malgré que les TPE se focalisent sur le financement informel de leurs activités, les effets
du financement informel sur les performances des entreprises sont ambigus. Dans la théorie,
la nature des effets du financement informel sur les performances des entreprises dépend du
type de financement choisi. Selon Allen (2019)[8], il existe d’une part le financement informel
constructif et d’autre part le financement informel illégal. Le financement informel construc-
tif est constitué des transactions qui tirent leur technologie d’information et d’exécution des
relations commerciales ou sociales. Il s’agit principalement des crédits commerciaux et des em-
prunts familiaux. Ce type de financement basé sur la confiance vise généralement à soutenir les
opérations commerciales et utilise les relations commerciales ou sociales pour réduire l’asymé-
trie d’information et pour faciliter la collecte, le recouvrement ou le recours. Le financement
informel constructif a l’avantage de réduire l’asymétrie d’information ; il peut combler le fossé
entre les prêteurs et les petites entreprises, et donc soutenir la croissance des entreprises.
3. Le financement informel désigne tout moyen de financement en dehors des circuits officiels. Il s’agit des
tontines, prêts sur gages, subventions familiales, crédits commerciaux etc. (Allen, 2019)[8].
Le financement informel illégal quant à lui est caractérisé par des transactions qui ne pré-
sentent aucun avantage supérieur en matière d’information, par exemple les usuriers. Ce type
de financement est souvent destiné à des activités spéculatives. Il est généralement soumis à
des taux d’intérêt ou à des frais extrêmement élevés, et fait appel à la violence plutôt qu’à
un recours juridique pour recouvrer les paiements ou renégocier en cas de délinquance, il est
par conséquent associé à une gestion moins aisée de l’entreprise, entrainant ainsi de mauvaises
performances.
D’un point de vue empirique, une divergence est également observée au niveau des résultats.
D’une part, des travaux affirment l’effet positif du financement informel sur les performances
des entreprises. Rozas et Al (2012)[97] examinent l’effet de la participation aux tontines en-
trepreneuriales sur la performance des entreprises au Cameroun en utilisant les données sur les
TPE. Les résultats suggèrent que les tontines ont un effet positif et significatif sur la croissance
de l’emploi et des ventes au sein de l’entreprise, l’accès à des ressources financières informelles
contribuerait à la survie et à la croissance des entreprises ayant des restrictions d’accès à des res-
sources bancaires. En effet, si les entreprises camerounaises peinent à obtenir des financements
bancaires, celles-ci ont un moyen de contourner cette limite tout en maintenant ou en accroissant
leur profit. Le reste de l’Afrique et du monde en général, en demeure moins épargné. En Inde
par exemple, au cours de la même année, en utilisant les informations des PME et des GE des
secteurs manufacturiers et des services, couvertes par la base de données Prowess au cours de la
période de la décennie 1996-2005, Qian et Al (2006)[7] obtiennent que le financement informel
constitue la forme la plus importante de financement externe des PME. Les entreprises ayant
accès à des financements bancaires ou de marché ne sont pas associées forcément à des taux de
croissance plus élevés, tandis qu’un financement informel en Inde entraîne une croissance des
performances de l’entreprise qui l’utilise.
Il en ressort ainsi que le financement informel est associé à une croissance de l’entreprise
et peut s’étendre au-delà de la phase initiale de l’entreprise (Sheng et Al, 2014)[103]. Ces ré-
sultats corroborent ceux de Beck (2015)[11] et Allen (2019)[8] qui attestent que l’utilisation
de la finance informelle dans le cas des TPE est associée à une croissance des performances.
Eniolaa et Al (2015) quant à eux, étudient la manière dont le crowdfunding peut servir de source
de financement et son effet sur les performances des PME au Nigeria. Les données sont issues
d’une étude réalisée par l’USAID, 2005 et comme avec les travaux empiriques précédents, les
résultats laissent croire que certaines méthodes de financement informel affectent positivement
les performances des PME. La promotion du développement des institutions financières infor-
melles permet donc de réduire et/ou éliminer les inefficacités observées dans les institutions
financières formelles.
D’autre part, le financement informel a un effett négatif sur les performances des entreprises.
Pour examiner l’association entre l’innovation des entreprises et la finance formelle par rapport
à la finance informelle, Ullah (2019)[111] utilise la base de données de l’enquête sur l’environ-
nement des entreprises et les performances des entreprises (BEEPS) de la Banque Européenne
pour la Reconstruction et le Développement (BERD) et de la Banque Mondiale concernant 5982
entreprises dans 30 pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale (ECA) de 2011 à 2014. Les ré-
sultats montrent que le financement provenant de sources informelles n’a pas d’effet significatif
sur l’innovation des entreprises car même les TPE et PE des PED qui ont largement recours
au financement de sources informelles ne tirent aucun avantage du recours au financement in-
formel en termes de croissance. En effet, les systèmes financiers des pays en développement
sont importants pour fournir aux entreprises innovantes les capitaux nécessaires provenant de
diverses sources formelles. Ainsi, utiliser une source informelle de financement ne contribue
pas à la croissance des entreprises.
Dans le même ordre d’idées, Fowowe (2017)[36] examine les effets de l’accès au finance-
ment formel sur la croissance des entreprises dans les pays africains, au détriment du finance-
ment informel. Les données utilisées sont issues des enquêtes sur les entreprises, fournies par la
Banque mondiale et couvrent plus de 130 000 entreprises dans 125 pays, dont le Cameroun, au
cours de la période 2006-2012 (Banque Mondiale 2012). Comme Ullah (2019)[111], il obtient
que plus les entreprises ont accès aux marchés financiers, plus leur croissance sera élevée, par
contre, se financer de manière informelle n’a pas d’avantage considérable sur les performances
d’une entreprise. Ceci dit, les entreprises ayant recours à la finance informelle connaîtront une
croissance plus faible, croissance due à une autre raison que la source de financement, ce qui
renforce encore la conclusion selon laquelle l’utilisation d’une source de financement infor-
melle n’a forcément pas un effet positif sur la performance des entreprises, car pouvant limiter
la croissance des GE et même des TPE et PE (Degryse, 2016)[26].
Cependant, les TPE et PE des les PED font face à d’énormes contraintes d’éligibilité au
financement formel en général et aux crédits bancaires en particulier. Selon la Banque Mondiale,
en 2019, 30% des TPE et PE présentes dans les PED accèdent aux crédits bancaires. En Afrique
Sub-Saharienne, 35% des TPE et PE bénéficient de l’octroi des crédits bancaires. Les raisons
de cette limitation de l’accès au crédit sont multiples. Le FMI 4 en identifie plusieurs . Il s’agit
entre-autre d’une concurrence assez faible entre les banques et de la présence de la banque
comme unique canal de financement formel.
Ce problème se pose avec acuité à l’égard des entreprises camerounaises et présente un inté-
rêt car , les TPE et PE camerounaises qui font face aux contraintes de crédit sont orientées vers
les sources informelles de financement. De plus, les travaux existants sur la relation financement
informel - performances des entreprises au Cameroun, se focalisent uniquement sur la tontine
comme mode de financement. Cependant, les travaux pionniers de Fowowe (2017)[36], Ullah
(2019)[111] et Allen (2019)[8] identifient d’autres modes de financement informel, auxquels les
TPE et PE des PED ont recours. Il s’agit entre autres du crédit commercial, des prêts entre amis
et de l’aide familiale. En outre, les travaux qui traitent de l’effet du financement informel sur les
performances des TPE et PE, s’attardent uniquement sur les performances économiques. Or, en
vue de maintenir, ou d’accroître leurs performances économiques, les entreprises doivent stabi-
liser ou accroître leur capacité d’innovation, ainsi que leurs performances sociales (Orlitzky et
al., 2003)[90].
Au regard des débats théoriques et empiriques, au vu des limites relevées de la littérature, la
question principale de recherche est la suivante : Quels sont les effets du financement informel
sur les performances des TPE et PE au Cameroun ?
De cette question centrale, découlent les questions subsidiaires suivantes :
• Quels sont les effets du financement informel sur les performances socio-économiques
des TPE et PE camerounaises ?
• Quels sont les effets du financement informel sur les performances des TPE et PE came-
rounaises en termes d’innovations ?
• Evaluer les effets du financement informel sur les performances socio-économiques des
TPE au Cameroun ;
4. Cf contexte.
• Evaluer les effets du financement informel sur les performances des TPE et PE camerou-
naises en termes d’innovations.
En vue d’atteindre cet objectif, nous formulons, au regard des tendances de la littérature et
des statistiques, l’hypothèse suivante : le financement informel détermine les performances
des TPE et PE au Cameroun. De manière plus précise,
• Le financement informel n’a pas d’effets sur les performances économiques, mais affecte
négativement les performances sociales des TPE et PE au Cameroun ;
Intérêt de l’étude
L’objectif de ce mémoire est d’évaluer l’effet du financement informel sur les performances
économiques, sociales et innovationnelles des TPE et PE camerounaises. Ce travail qui enrichit
la littérature, peut se justifier par le fait que le tissu économique camerounais est constitué à
98,5% des TPE et PE, 1,3% des Moyennes Entreprises et 0,2% des GE. De plus, 84,2% TPE
font face à des contraintes de crédit (Banque Mondiale, 2019), bien que contribuant à 35% au
PIB. Du fait de l’accès restreint aux financements formels, les TPE et PE se réorientent vers des
sources informelles de financement (Tybout, 2000)[110]. Or, la littérature recense une multitude
d’inconvénients liés à l’utilisation de la finance informelle. L’inconvénient majeur de la finance
informelle est lié aux taux d’intérêt jugés trop élevés et à la durée du prêt qui est très courte,
comparativement au secteur financier formel, octroyant des crédits à moyen et long terme et à
des taux d’intérêt accessibles. En outre, en finance informelle, la vitesse de recouvrement est
contraignante (Besley, 1996)[15]. Par crainte de voir les intérêts exigés multipliés, pour chaque
journée de retard, les emprunteurs sont contraints de contracter d’autres prêts pour couvrir le
premier emprunt. L’on se demande donc si la finance informelle favorise l’accroissement des
performances des TPE, dans le souci de pérenniser et améliorer leur contribution au PIB.
Deuxièmement, les entreprises camerounaises, pour contourner leurs difficultés d’accès au
crédit, peuvent recourir à différents modes de financement informel. Il s’agit entre autres des
tontines, des crédits commerciaux, des tontiniers ambulants, des prêts sur gage, de l’usure etc.
(Allen, 2019)[8]. Cependant, la littérature analyse uniquement les effets du financement par
tontine sur les performances des entreprises camerounaises.
Par ailleurs, les travaux existants tiennent uniquement compte, de l’effet du financement
informel sur les performances économiques des entreprises. Cependant, les performances so-
ciales 5 ne sont pas à négliger. En effet, la performance économique des entreprises est moins
pérenne et moins durable si les performances sociales et la capacité d’innovation sont négligées
(Orlitzky et al, 2003)[90]. La prise en compte de la dimension sociale des performances est
de ce fait, d’un intérêt capital. Ce mémoire est donc une tentative de solution aux principales
limites sus-évoquées.
Méthodologie de la recherche
Pour mener à bien notre étude, nous faisons le choix d’utiliser la base de données issue de
l’enquête sur les déterminants des performances des entreprises du Cameroun, menée par le
CEREG en 2012. Cette base de données nous permet d’avoir accès aux indicateurs nous per-
mettant de mesurer les performances économiques 6 , sociales 7 et la capacité d’innovation 8 des
TPE camerounaises. En conformité aux travaux pionniers tels que ceux de Fowowe (2017)[36],
Ullah (2019)[111] et Allen (2019)[8], nous utilisons, pour contrôler nos estimations, des va-
riables qui caractérisent l’environnement des affaires camerounais. Afin d’estimer les meilleurs
modèles et d’avoir des résultats viables, nous sélectionnons tout d’abord les déterminants exacts
des performances des entreprises. Pour ce faire, nous avons recours à la méthode bayésienne
des moindres carrés moyens pondérés, dite WALS. Nous utilisons ensuite les MCO pour es-
timer les modèles retenus. Afin d’examiner la robustesse de nos résultats, nous avons recours
à l’approche par appariement des scores de propension (PSM). Cette méthodologie, consiste
à apparier (par des algorithmes tels que les k-plus proches voisins, radius matching ou encore
kernel matching), chaque entreprise qui se finance de manière informelle avec une entreprise
"jumelle 9 " qui se finance de manière formelle, et à considérer la variable de résultat de celle-ci
comme le contrefactuel du résultat de l’entreprise qui se finance de manière informelle. Cet
estimateur par appariement présente l’avantage de réduire le biais de sélectivité, en ce sens
qu’il évite d’attribuer au financement informel ce qui relève de caractéristiques intrinsèques des
5. La performance sociale peut se définir comme la résultante positive ou négative des interactions des salariés
d’une organisation, dans l’atteinte des objectifs de celle-ci (Giorgi et al, 2017)[43]
6. Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
7. Nombre d’employés recrutés et nombre total d’employés
8. Introduction d’un nouveau produit, d’une nouvelle technique de production sur le marché, dépenses en
recherche et développement, etc.
9. C’est-à-dire ayant des caractéristiques économiques et institutionnelles proches
entreprises de notre échantillon. Dès lors, nous voyons intuitivement qu’une telle approche, au-
delà de prendre en considération le caractère endogène du financement informel, permet surtout
de réduire l’incertitude des résultats liée à la composition du groupe de contrôle. C’est principa-
lement pour cette raison que nous avons fait le choix de retenir cette méthodologie pour évaluer
les effets du financement informel sur les performances économiques, sociales et sur la capacité
d’innovation des TPE et PE camerounaises.
Organisation du travail
Afin d’atteindre nos objectifs, le présent mémoire est organisé autour de quatre (04) cha-
pitres. Le chapitre 1 est axé sur deux sections. La première est un examen théorique des concepts
de la relation financement informel et performances des TPE et la seconde quant à elle, est un
exposé des déterminants des performances des entreprises. Le chapitre 2, également reparti en
deux sections, nous fournit d’une part, une revue théorique et empirique des travaux portant
sur les effets du financement informel sur les performances des entreprises. D’autre part nous
faisons un exposé des canaux par lesquels transitent les effets du financement informel sur les
performances des entreprises. Au chapitre 3, nous présentons, dans la première section, une
analyse des faits stylisés, autour des effets du financement informel sur les performances des
TPE et PE. La seconde section est, quant à elle, une présentation de la base des données, des
variables sélectionnées, de la stratégie empirique et des différentes techniques statistiques et
économétriques auxquels nous avons recours. Enfin, le quatrième et dernier chapitre présente
les résultats issus de l’analyse des effets du financement informel sur les performances des TPE
et PE camerounaises.
? ? Chapitre Un ? ?
Introduction
Tout dirigeant d’entreprise, qu’elle soit petite, moyenne ou grande a pour objectif majeur,
d’accroitre les performances de sa structure. Théoriquement, cet argument s’inspire des thèses
néoclassiques qui mettent la rationalité au centre des décisions des agents économiques. En
conformité à cette vision, la performance des entreprises est devenue une problématique impor-
tante dans plusieurs analyses théoriques et empiriques. Dans ce contexte, un courant grandissant
dans la littérature théorique soutient que la structure de financement en l’occurrence du finance-
ment informel, occupe une place de choix dans l’explication des performances des entreprises.
En effet, le financement informel désigne généralement toutes les formes de transactions finan-
cières non soumises à une quelconque forme de régulation publique. Ces dernières années, ce
type de financement est de plus en plus à la mode compte tenu des contraintes que présente
le financement formel. Dans ce chapitre, l’objectif est de procéder à un examen théorique de
la relation entre le financement informel la performance des entreprises. Pour atteindre un tel
objectif, nous trouvons judicieux de structurer le chapitre de la manière suivante : la section I
procède une clarification des concepts tandis que la section II fait une analyse les déterminants
des performances des entreprises.
1.1.1.1. Définition
Selon Abdaimi (1989)[2], le financement informel est toute opération d’emprunt, de prêt,
ou de constitution d’épargne qui se déroule en dehors des circuits financiers officiels, peu im-
porte son importance et le domaine d’activité dans lequel elle se déroule. Dans le même ordre
d’idées, Allen et al. (2012)[7], pour plus de précision, posent que le financement informel, dé-
signe tout financement non interne à une entreprise, provenant des sources non bancaires et non
marchandes. Cette définition suscite l’idée selon laquelle, n’est financement informel que tout
moyen d’acquisition des fonds d’une entreprise, autre que les capitaux propres, les subventions
faites par l’Etat, les microfinances, les banques, les marchés financiers ou toute autre institution
formelle. Cette idée est confortée par Ayyagari et al. (2014)[9] qui précisent premièrement que
le financement informel consiste généralement en de petits prêts à court terme, non garantis. En
outre, si le champ d’activité du financement bancaire (ou formel en général) est potentiellement
non restreint, le financement informel quant à lui est limité aux zones rurales, aux contrats agri-
coles, aux ménages, aux Petites et Moyennes Entreprises (PME), aux Très Petites Entreprises,
voire aux entreprises familiales. Cette contrainte est due au fait que les montants obtenus des
sources de financement informelles sont le plus souvent limités, ce qui empêche aux grandes
entreprises d’en bénéficier, car étant dans l’impossibilité d’acquérir des fonds en quantité suffi-
sante (Allen et al. 2019)[8].
Les travaux de Allen et al. (2011)[7], Rozas (2012)[97], Degryse et al. (2016)[26], Allen
(2019)[8], établissent que les Associations Rotatives d’Epargne et Crédit (AREC) constituent
la principale source informelle d’acquisition des fonds. Pour ces auteurs, les AREC, encore
appelées tontines au Cameroun et en Afrique francophone, constituent l’une des formes d’or-
ganisation les plus populaires pour financer des projets dans les pays où l’accès au crédit est
restreint. En effet, Les AREC sont les modes de financement informel les plus usités dans les
Pays En Développement (PED) et dans certains Pays Développés (PD). Ces associations font
référence à un groupe de personnes qui se réunissent dans le but commun d’épargner un montant
défini, pour une période de temps déterminée, afin de récupérer leurs épargnes et d’emprunter
les ressources financières collectées à échéance. Les AREC sont vues dans la littérature comme
des instruments permettant entre autres de combler le vide dans certains PD et dans de nom-
breux PED où les facilités formelles d’épargne ou de crédit sont inaccessibles (Rozas et al.,
2012)[97]. Dans le même temps, les AREC offrent une base tangible pour atténuer le problème
de l’exclusion financière en aidant les consommateurs non bancarisés à épargner et à accéder
au crédit (Ademola et al., 2020)[4].
Selon le FMI, la participation aux AREC est avantageuse dans des pays tels que le Came-
roun. Premièrement, elle sert de mécanisme d’épargne. Les agents économiques ont la possi-
bilité ici d’épargner de manière efficace, car, non seulement, ils sont contraints à contribuer
régulièrement, mais aussi, ils ont une probabilité moindre de consommer leurs épargnes avant
échéance. Deuxièmement, les AREC donnent accès à un financement sans intérêt et très pra-
tique. Enfin, elles renforcent les liens sociaux et offrent aux personnes défavorisées une pos-
sibilité d’avoir accès à des fonds, afin de promouvoir l’entrepreneuriat. C’est particulièrement
le cas des personnes à très faibles revenus, qui n’ont pas accès au système bancaire officiel.
Comme tontines, en plus des AREC, les travaux de Kedir et al (2011)[51] identifient en outre
les Associations Non Rotatives d’Epargne et de Crédit (ANREC). Ici, les participants acceptent
d’épargner régulièrement sur une base contractuelle. L’épargne est utilisée pour consentir à ac-
corder des prêts à des membres ou à des non membres, soit avec intérêts, soit sans intérêts.
• Le Crédit Commercial
Outre les deux principaux modes de financement informel sus-évoqués, plusieurs autres mé-
thodes sont identifiées dans la littérature. Selon Allen et al. (2019)[8], il s’agit premièrement de
l’aide familiale. L’aide familiale est vue ici comme toute subvention provenant de la famille ou
d’un proche, permettant à un tiers de financer un projet. En outre, la littérature identifie les prêts
directs entre membres de la famille ou membres proches, les prêteurs sur gages et les petites
sociétés de prêts, comme des modes de financement informel. De plus, les gardes-monnaie per-
mettent aux jeunes entreprises de se financer leurs activités. Un garde-monnaie est une personne
de confiance à qui on remet son épargne afin qu’il la garde. Celle-ci peut conserver l’argent reçu,
le déposer à la banque, l’investir dans des affaires (les siennes ou celles d’un proche) ou encore
le prêter avec intérêt pourvu qu’elle le rembourse au moment demandé. Les garde-monnaie sont
le plus souvent des chefs religieux, des anciens fonctionnaires, des responsables du quartier, des
commerçants ayant réussi dans leurs affaires, etc. (Rozas, 2012)[97]. Il s’agit alors d’une ac-
tivité bancaire, avec ses risques (l’insolvabilité) et ses contraintes (la liquidité). De plus, les
tontiniers ou banquiers ambulants font également partie de la finance informelle. Ici, des verse-
ments sont également faits chez une personne de confiance, mais ceux-ci sont fait de manière
régulière et remboursés en totalité à une date connue à l’avance. C’est le tontinier qui se déplace
pour collecter chez les clients ou commerçants en fin de journée (Allen et al. 2005)[7]. Il est à
noter qu’une entreprise peut utiliser plusieurs modes de financement informel pour l’acquisition
de son capital (Allen, 2019)[8]. Le recours au financement informel par les entreprises des PD
et des PED, est généralement occasionné par les contraintes d’accès au crédit (Tybout, 2000
[110]). Bien que l’accès au financement informel soit aisé, celui-ci présente néanmoins des in-
convénients. La finance informelle, en effet, est souvent associée à des coûts élevés, ce qui est
susceptible d’entraîner la perte de toute conséquence bénéfique pour les entreprises (Mertzanis,
2019[73]). Au vu de cet inconvénient majeur, la littérature se questionne, sur les conséquences
des sources informelles de financement, sur les performances des entreprises.
1.1.2.1. Définition
Selon Hammami (2015)[46], la performance désigne de manière générale, le degré d’ac-
complissement des objectifs poursuivis, dans un cadre temporel bien défini et le succès qui en
découle. En d’autres termes, dans une entreprise, la performance mesure l’adéquation entre les
objectifs stratégiques initialement définis et les résultats effectivement atteints. Cette définition
qui met en avant les notions d’efficacité 10 , et d’efficience 11 , dissimule néanmoins l’aspect mul-
10. Car l’agent économique est dans une optique d’accomplissement de ses objectifs
11. Car l’agent économique essaye de minimiser le temps et les coûts d’accomplissement de ses objectifs
hormis les taxes sur dividendes et le résultat net qui peut être dans des cas sous forme de bé-
néfices ou de perte. Pour Allen et al. (2019)[8], l’on ne saurait se limiter à ces indicateurs pour
mesurer la performance économique des entreprises. En effet, la performance économique est
assez large. A cet effet, plusieurs indicateurs tels que le capital par employé, l’investissement
par employé et la productivité de l’emploi, doivent également être pris en compte.
des TIC favorise de ce fait la communication, la collaboration, la réduction des coûts dans
l’entreprise, une exécution efficiente des tâches de l’entreprise (Berdi, 2019[13]). D’après les
travaux de Ullah (2019)[111], les indicateurs des performances technologiques sont entre-autre
le pourcentage des employés maitrisant l’outil informatique, le pourcentage des tâches réalisées
à l’aide des TIC et le pourcentage du capital dépensé en recherche et développement technolo-
gique. La performance globale de l’entreprise dépend également de plusieurs facteurs aussi bien
liés à l’organisation qu’aux moyens humains, logistiques et au style de management (Abdel et
al., 2020[1]). En effet, la capacité du manager et de l’équipe dirigeante à atteindre les objectifs
fixés par l’entreprise dépend aussi de leur aptitude à pouvoir mobiliser l’ensemble des équipes
des ressources humaines d’une manière confiante et motivante autour de projets de l’entreprise
(Nguyen et al., 2017)[84]. La performance managériale est de ce fait toute aussi importante que
les autres types de performances.
court terme sur le total des actifs ont un effet négatif sur la performance de l’entreprise.
Deuxièmement, la concurrence est un déterminant non négligeable des performances des
entreprises (Ullah, 2019)[111]. En situation de concurrence, pour maintenir ou accroître leur
clientèle, les entreprises sont contraintes de maintenir ou d’accroître leurs performances, ou
encore plus simplement, d’innover. En effet, une concurrence plus vive peut se traduire par
une amélioration ponctuelle et continue de la productivité conjuguée du travail et du capital
(OCDE, 2002). Les améliorations ponctuelles de l’efficience découlent à la fois d’une meilleure
allocation des ressources et d’une utilisation plus rationnelle des facteurs de production dans une
situation où l’obligation de performance devient plus impérieuse.
En outre, d’après les travaux de Fowowe (2017)[36] et Ullah (2019)[111], les performances
d’une entreprise sont également fonctions du coût et de la source du financement. Pour se fi-
nancer, les entreprises ont recours aux canaux formels ou informels de financement (Allen,
2019[8]). L’accès au crédit par des canaux formels est le plus souvent conditionné par un cer-
tain nombre de garanties et des taux d’intérêts raisonnables. L’accès au crédit informel quant à
lui, n’exige pas de garantie et fait appel à des taux d’intérêts très élevés ou parfois nuls. Selon
Tybout (2000)[110], le fait qu’une entreprise se finance de manière formelle ou informelle a un
effet sur ses performances sont affectées ; cet effet est lié au coût du financement. De manière
précise, une augmentation du coût du financement participe à réduire les performances des en-
treprises considérées et plus précisément, leur capacité d’innovation. Une explication à cette
théorie repose sur le fait que, pour innover, les entreprises ont besoin d’investir dans les activi-
tés de recherche et développement. Si le coût du financement est élevé, les entreprises auront
du mal à entrer en possession du capital requis pour acheter de nouveaux facteurs de produc-
tion et/ou pour la mise en place de nouvelles techniques de production, par conséquent, elles
seront incapables d’innover (Fowowe, 2017)[36]. Ainsi, plus l’acquisition d’un financement est
couteuse, plus les performances sont susceptibles d’être réduites. Par ailleurs, les contraintes
d’accès au financement, affectent également les performances des entreprises. Les travaux de
Fowowe (2017)[36], indiquent qu’à mesure que les entreprises font face aux contraintes d’accès
au crédit, leurs performances sont réduites.
lement des facteurs institutionnels ainsi que des facteurs liés aux environnement des affaires qui
sont également reconnus comme jouant un rôle important.
à l’électricité se révèle donc comme un déterminant des performances des entreprises (Grimm,
2013[45]).
Par ailleurs, les coûts liés aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC),
affectent également les performances des entreprises. L’utilisation des TIC, engendre en réalité,
une réduction des coûts, des gains énormes en temps, en énergie, un traitement rapide et efficace
des dossiers, une amélioration des services rendus aux clients et aussi une réduction, voire la
suppression totale des erreurs. L’utilisation des TIC favorise de ce fait la communication, la col-
laboration, la réduction des coûts dans l’entreprise. Ceci entraine une hausse de la productivité
des employés et a des répercussions sur les performances de l’entreprise (Berdi, 2019[13]).
En outre, les coûts liés à l’accès à l’eau potable sont également d’une importance capitale.
En effet, d’après les travaux de Jabbour et al. (2015)[30], l’augmentation des contraintes d’accès
à l’eau potable entraine une augmentation de coûts supportés par l’entreprise. Pour les entre-
prises qui font face à des contraintes d’accès à l’eau potable, le fait de construire et d’entretenir
par exemple, une source autonome d’approvisionnement en eau, engendre d’énormes coûts. Ces
coûts supplémentaires limitent le capital investi et empêchent de ce fait à l’entreprise d’accroitre
ses performances, car le capital est un déterminant des performances (Edwards et al., 2004[64]).
Les coûts liés à la mise en place et à l’entretien de la source autonome d’approvisionnement en
eau, déterminent de ce fait, les performances des entreprises.
Conclusion
Accroitre les performances de leurs structures, a toujours été l’un des objectifs majeurs visés
par la plupart des dirigeants d’entreprises. L’idée est telle que ces performances jouent un rôle
important, non seulement pour la vie de l’entreprise mais également pour le fonctionnement de
l’activité économique globale. A défaut de proposer une solution magique pour booster lesdites
performances, la littérature théorique a mis en exergue un ensemble de déterminants, au rang
desquels le financement informel occupe une place de choix. Dans ce chapitre, il a donc été
question pour nous de procéder à un examen théorique de la relation qui existe entre le finan-
cement informel et les performances des entreprises. L’atteinte d’un tel objectif nous a amené
à subdiviser celui-ci en deux sections principales. Dans la première section, nous avons pro-
cédé à une clarification théorique des concepts tandis que dans la deuxième section, nous avons
présenté un ensemble de déterminants susceptibles d’affecter les performances des entreprises.
Au sortir de ce chapitre, nous retenons que les performances des entreprises sont susceptibles
d’être déterminées par plusieurs facteurs, parmi lesquels la source de financement.
? ? Chapitre Deux ? ?
Introduction
Le présent chapitre a pour objectif d’analyser théoriquement la relation qui lie le finance-
ment informel aux performances des entreprises. La motivation inhérente à un tel enjeu peut
se situer à plusieurs niveaux de l’analyse. En premier lieu, celle-ci facilite la compréhension
des différents canaux à travers lesquels transitent les effets du financement informel sur les
performances des entreprises. En second lieu, elle s’avère primordiale pour les analyses écono-
métriques que nous allons mener par la suite. A cet égard, nous trouvons judicieux d’articuler
le chapitre de la manière suivante. Dans la première section, notre démarche consiste dans un
premier temps, à inscrire la relation financement informel et performances des entreprises, dans
un encrage théorique et dans un second temps, de parcourir les évidences empiriques sur cette
relation. La deuxième section quant à elle, consiste à discuter des canaux de transmission par
lesquels transitent les effets du financement informel sur les performances des entreprises.
ments dans la littérature théorique. Les premières intuitions sur cette relation peuvent remonter
à North (1990)[86], qui, dans une perspective de l’économie institutionnelle, postule que les
institutions informelles se mettent en place lorsque les institutions formelles sont faibles. Deux
principaux courants sont issus du débat théorique portant sur les effets du financement en géné-
ral et du financement informel en particulier, sur les performances des entreprises. Le premier
insinue que le financement informel a des effets significatifs sur les performances des entre-
prises. Ces effets peuvent être positifs ou négatifs. Le second courant quant à lui, à travers la
thèse de neutralité de la structure de financement (Modigliani et Miller 1958[79]), stipule que
la source de financement n’a pas d’effets sur les performances des entreprises. Cette première
partie de la section 1 est construite sur ces éléments théoriques. Nous présentons dans un pre-
mier temps, les théories sous-tendant un effet significatif de la source de financement sur les
performances des entreprises. Nous présentons ensuite, la thèse de la neutralité de la structure
de financement, initiée par Modigliani et Miller (1958)[79].
Cette théorie suppose que la structure optimale est atteinte selon un arbitrage entre les
avantages et les inconvénients des différentes sources de financement. Modigliani et Miller
(1963)[77] prennent en considération la fiscalité, notamment la déductibilité des intérêts finan-
ciers sur le résultat imposable, et montrent que la valeur de la firme endettée est égale à la
valeur de la firme non endettée, augmentée de l’économie d’impôt réalisée grâce à l’endet-
tement. Ainsi, la déductibilité des intérêts inciterait les entreprises à recourir à l’endettement
plutôt qu’aux fonds propres, dont les rémunérations ne sont pas déductibles. Par conséquent, la
valeur d’une entreprise endettée est supérieure à celle d’une entreprise sans dette à la condition
que les économies d’impôt ne bénéficient qu’à l’entreprise et ne concernent pas les revenus des
particuliers (Miller, 1977[74]). En d’autres termes, une firme augmente sa valeur lorsqu’elle se
finance par la source d’endettement la plus avantageuse.
Relevons que d’après Sorelle et al. (2020)[106], une source d’endettement peut être avanta-
geuse, pour plusieurs raisons. La première raison est de pouvoir réaliser un investissement qu’il
est souvent très difficile de financer en fonds propre. En effet, le crédit, permet tout d’abord,
aux entrepreneurs de bénéficier des fonds nécessaires pour financer leurs activités. Le second
grand avantage du financement à crédit est de profiter d’un effet de levier, la rentabilité brute
de l’investissement est souvent supérieure au coût du crédit. Les entreprises qui se financent
de manière informelle tirent profit de ces avantages. Elles bénéficient en effet, du crédit à des
coûts de transaction faibles, car l’octroi du crédit ici, n’est pas conditionné par la présentation
de certains documents servant de garantie, comme lors d’une demande de crédit bancaire. De
plus, l’accès au crédit informel est aisé, car les taux d’intérêts pratiqués ici sont faibles, voire
nuls, entraînant ainsi une rentabilité brute de l’investissement, largement supérieure au coût du
crédit. Le financement informel est donc perçu comme un facteur d’accroissement de la valeur
de l’entreprise.
L’existence d’une structure financière optimale a été remise en question, notamment par
le développement de la théorie du financement hiérarchique. Contrairement à TOT, POT est
fondée sur l’asymétrie d’informations qui existe entre les acteurs internes (propriétaires, di-
rigeants) et les acteurs externes (bailleurs de fonds) à l’entreprise. La théorie du financement
hiérarchique récuse la détermination d’un taux d’endettement optimal (ratio cible), mais privilé-
gie l’existence d’une hiérarchie des sources de financement établie sur l’hypothèse d’asymétrie
d’informations. L’asymétrie d’informations détermine le choix du type de financement (formel
ou informel). En effet, le demandeur qui ne veut pas divulguer ses informations, est contraint
de recourir aux sources de financement informelles. De même, si le projet n’apporte pas suffi-
samment de garanties, la banque n’octroie pas le crédit, par manque d’informations fiables et
les demandeurs sont contraints de recourir au financement informel. Par ailleurs, les entreprises
qui fournissent des garanties et informations suffisantes sont plus à même de recourir au crédit
bancaire au détriment du financement informel. D’après Myers et Majluf (1984)[81], les diri-
geants d’entreprises ne doivent pas essayer de maintenir un niveau particulier d’endettement
(ratio cible optimal). Les choix de financement étant principalement déterminés par le niveau
d’asymétrie d’information, les dirigeants adoptent une politique financière qui vise à minimi-
ser les coûts associés à cette asymétrie. Ainsi, le dirigeant hiérarchise ses préférences selon
la séquence suivante : l’autofinancement, la dette non risquée, la dette risquée, l’augmentation
du capital (Myers et Majluf, 1984[81]). Le respect de cette hiérarchie a pour avantage d’éviter
la réduction des prix des actions de l’entreprise, de limiter la distribution des dividendes pour
augmenter l’autofinancement, de réduire le coût du capital en limitant le recours aux emprunts.
Les entreprises rentables disposent donc ainsi d’un financement interne plus abondant. Les
PME, qui souhaitent emprunter quand leurs besoins de financement dépassent leurs flux internes
de trésorerie, sont souvent confrontées dans leur relation de crédit à la sélection adverse et à des
coûts d’information. Ces coûts peuvent être nuls pour l’autofinancement mais sont élevés dans
le cas de l’émission de nouvelles actions, tandis que les coûts de la dette occupent une position
intermédiaire. Les dirigeants de PME visent à maximiser leur propre richesse tout en conservant
leur indépendance vis-à-vis des acteurs externes, c’est pourquoi les fonds internes font l’objet
de leur choix de financement prioritaire ; si les fonds internes sont insuffisants, ils préfèrent
recourir à la dette plutôt qu’à l’augmentation du capital car la dette permet de réduire le degré
de dépendance de l’entreprise à l’égard des autres apporteurs de capitaux, et ainsi de garder
le contrôle et le pouvoir de décision. POT a été argumentée au regard d’hypothèses relatives à
l’âge et à la profitabilité des entreprises : Berger et Udell (1998)[14] font valoir que les PME
recourent moins à l’endettement au fur et à mesure que leur cycle de vie les conduit de la
jeunesse à la maturité. Contrairement aux théories ci-haut présentées, d’autres auteurs comme
Modigliani et Miller (1958)[79], ont développé des théories qui préconisent que la structure de
financement n’a aucune répercussion sur les performances des entreprises.
2007)[41]. Le financement informel est donc un simple moyen d’acquisition des fonds pour les
entreprises, c’est aussi le cas des TPE et PE camerounaises.
accès aisé aux sources de financement formelles. En d’autres termes, les entreprises indiennes
ayant accès à des financements bancaires ou de marché ne sont pas associées forcément à des
taux de croissance plus élevés, tandis que celles qui font recours à des sources informelles de
financement le sont. Il en ressort ainsi que le financement informel est associé à une croissance
de l’entreprise et peut s’étendre au-delà de la phase initiale de l’entreprise.
De manière similaire, Sheng et al. (2014)[103], examinent l’effet des AREC chinoises sur
les performances des entreprises chinoises implantées au Brésil. A cet effet, les auteurs utilisent
des données primaires collectées au cours du second semestre 2011 auprès de 110 entreprises
chinoises établies dans le centre d’affaires de la ville de São Paulo. Outre les effets positifs des
tontines sur la croissance de l’emploi et sur la croissance des ventes au sein de l’entreprise, les
résultats montrent que ces AREC contribuent à améliorer la qualité des relations de l’entreprise
vis-à-vis des fournisseurs. De plus, lorsqu’une entreprise se finance par la tontine, cela améliore
les mécanismes de gouvernance et la performance de l’entreprise du point de vue du marché,
telle que présentée par Luo et al. (1999)[66] ou encore Yang et al. (2011)[119].
Pour apporter plus de précision à ces idées, Beck et al. (2015)[12], testent l’effet de cer-
taines sources de financement informelles telles que les tontines et le crédit commercial, sur
la performance des entreprises privées en Chine. Pour ce faire, ils utilisent des données issues
d’une enquête menée par les succursales provinciales de trois banques actionnaires cotées de
Chine en 2007. Les résultats montrent que les sources de financement informelles ont des effets
positifs sur les performances des entreprises chinoises. Néanmoins, ces effets sont fonctions du
mode de financement choisi et du secteur d’activité de l’entreprise. Par exemple, la tontine est
plus importante pour promouvoir la performance dans l’industrie manufacturière, tandis que le
crédit commercial est plus efficace dans l’industrie du commerce. De plus, pour les entreprises
non familiales, l’utilisation des sources informelles de financement entraine une croissance an-
nuelle du capital supérieure ou égale à 17%, ce qui se compare à un taux de croissance moyen
de 6% pour le cas des entreprises qui utilisent une source formelle de financement. Le finance-
ment informel est donc associé à une croissance plus rapide des entreprises avec des employés
non familiaux, contrairement au financement formel.
Dans la même optique, Allen et al. (2018)[8] mènent une étude sur les entreprises chinoises,
en utilisant un sondage couvrant 2400 entreprises de 18 villes représentatives d’un large éventail
de régions en Chine. A la différence de la littérature empirique existante, ces auteurs examinent
l’effet des sources de financement informelles basées sur la confiance, sur les performances
des entreprises. Il s’agit du crédit commercial, des petites sociétés de prêt, des prêteurs sur
gages ou sociétés de financement enregistrés, les prêts directs et informés. Les résultats attestent
que ces sources informelles de financement ont stimulé la croissance des entreprises. En effet,
les sources de financement informelles basées sur la confiance, exigent le plus souvent des
taux d’intérêt faibles ou nuls. De ce fait, les entreprises n’ont pas à rembourser des sommes
exorbitantes. Ceci permet aux entreprises d’investir dans l’acquisition de nouveaux facteurs
de travail, d’augmenter leur production et leur profit, tout en réinjectant leurs bénéfices sur le
chiffre d’affaires (Wu, 2016)[117].
Eniolaa et al. (2015)[32] quant à eux, ont étudié la manière dont le « crowdfunding 21 »
peut être une source de financement alternative, pour les entreprises nigérianes faisant face aux
difficultés d’accès au crédit bancaire. Ils ont examiné en outre, l’effet du « crowdfunding » sur
les performances des PME au Nigeria. Pour parvenir à leurs fins, ils ont utilisé les données
issues d’une étude réalisée par l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International
(USAID), en 2005. Les résultats obtenus confortent ceux des travaux empiriques précédents.
En effet, certaines méthodes de financement traditionnelles telles que le crowdfunding affectent
positivement les performances des PME, car elles améliorent le capital de l’entreprise, les re-
lations sociales entre l’entreprise et ses partenaires, ainsi que le taux de croissance de l’emploi
et l’aptitude du dirigeant à prendre des décisions optimales. Ils en déduisent que la promotion
du développement des institutions financières informelles permet de réduire et/ou éliminer les
inefficacités observées dans les institutions financières formelles.
Le financement informel est donc vu comme permettant aux entreprises d’accroître leurs
performances. Toutefois, la littérature empirique n’est pas unanime par rapport aux effets du
financement informel sur les performances entreprises. Plusieurs travaux pionniers identifient
les sources de financement informelles comme étant des freins à la croissance des entreprises.
en 2016, couvrant plus de 130 000 entreprises dans 125 pays, dont le Cameroun. Les résultats
obtenus par les auteurs attestent que, plus les entreprises ont accès aux marchés financiers, plus
leur croissance sera élevée. Par contre, se financer de manière informelle n’a pas d’avantage
considérable sur les performances d’une entreprise. Ceci dit, les entreprises ayant recours à la
finance informelle connaîtront une croissance plus faible. Ceci renforce encore la conclusion
selon laquelle l’utilisation d’une source de financement informelle n’a pas un effet positif sur
la performance des entreprises, car il limite leurs perspectives de croissance (Degryse et al.,
2016)[26].
Dans le même ordre d’idées, Ullah (2019)[111], a mené une étude comparative des effets
des sources de financement formelles et informelles sur les performances des entreprises en ma-
tière d’innovations, plus précisément, sur la capacité de l’entreprise à innover. Ils ont, à cet effet
utilisé la base de données de l’enquête sur l’Environnement des Affaires et les Performances
des Entreprises (BEEPS) menée par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Déve-
loppement (BERD) en partenariat avec la Banque mondiale, pour 5982 entreprises dans 30 pays
d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, entre 2011 et 2014. Suite à leurs estimations, les résultats
montrent que le financement provenant de sources informelles n’a pas d’effet significatif sur la
capacité d’innovation des entreprises pendant les premières années. Au fil du temps, l’effet de-
vient de plus en plus négatif, limitant ainsi la capacité de l’entreprise à introduire de nouveaux
produits, ou de nouvelles techniques de production. Ceci dit, même les petites entreprises des
pays en développement qui ont largement recours aux sources de financement informelles n’en
tirent aucun avantage en termes d’innovations.
Selon les travaux de Allen et al. (2019)[8] en Chine, ceci peut, en effet, se justifier par
le fait que certaines sources informelles de financement exigent des taux d’intérêt très élevés,
avoisinant parfois les 50%. Les entreprises endettées sont donc contraintes à utiliser quelques
fois une part importante ou totale de leurs bénéfices, uniquement pour rembourser leurs crédits.
Cette situation ne favorise pas l’accroissement du capital, des investissements pour l’optimisa-
tion des facteurs de production, encore moins des dépenses d’innovation, car l’entreprise est
uniquement focalisée sur l’emprunt à rembourser. En outre, les entreprises ayant recours à ces
sources informelles se retrouvent parfois dans une boucle où, du fait des taux d’intérêt très
élevés, s’endettent chaque fois pour rembourser le précédent emprunt, empêchant ainsi toute
croissance. Ces sources informelles de financement sont considérées comme clandestines. On
en recense entre autres, les usuriers, les prêteurs sur gages non enregistrés, les agences de prêt
et les courtiers en prêts. Les auteurs ont, in fine, montré que les systèmes financiers des pays en
développement sont importants pour fournir aux entreprises innovantes les capitaux nécessaires
provenant de diverses sources formelles. Ainsi, utiliser une source informelle de financement
ne contribue pas à la croissance des entreprises.
entreprises privées peuvent également obtenir des crédits commerciaux auprès de leurs fournis-
seurs. Or ceux-ci savent qu’ils sont incités à rembourser afin de maintenir leurs relations avec
les fournisseurs. Les fournisseurs sont disposés à offrir des crédits commerciaux parce qu’ils
ont des avantages sur les banques dans la sélection, le contrôle et l’exécution des contrats de
crédit (McMillan et Woodruff, 1999[72]). Par conséquent, ces types de financement alternatifs
sous la forme de contrats relationnels offrent un moyen de financement alternatif aux entreprises
privées des économies en développement qui ne disposent pas encore d’un système juridique
formel sur lequel s’appuyer.
Par ailleurs, d’autres auteurs soutiennent amplement que le financement alternatif ou in-
formel peut s’avérer préjudiciable pour les performances des entreprises. En effet, en absence
d’une réglementation adéquates des taux d’intérêt dans ces contrats de crédits, le financement
informel peut induire un effet boule de neige préjudiciable pour les performances des entre-
prises (Agénor et al., 1993[5]). En effet, l’effet boule de neige se réfère à une situation dans
laquelle la dette d’une firme augmente mécaniquement, du fait que le taux d’intérêt payé sur la
dette est plus élevé que le taux de croissance des ressources qui servent à rembourser. Allen et
al. (2019)[8] identifient ces sources informelles de financement comme étant clandestines. Ce
type de financement est souvent destiné à des activités spéculatives, impose des taux d’intérêt
ou des frais extrêmement élevés et recourt à la violence plutôt qu’à un recours juridique pour
recouvrer les paiements ou renégocier en cas de délinquance. Il s’agit entre autres des usuriers,
des prêteurs sur gages non enregistrés, des agences de prêt et des courtiers en prêts.
les coûts d’acquisition des ressources financières sont négligeables, l’employeur peut de ce fait
augmenter le salaire des employés, entrainant ainsi une hausse des indicateurs de performance
tels que la quantité annuelle produite, le taux annuel de croissance des ventes, voire le chiffre
d’affaires. Or les PME et les TPE, dans leur recherche de ressources financières formelles sont
soumises à de lourds coûts de transaction, dus aux documents comptables et garanties exigées.
Pour contourner ces difficultés rencontrées, celles-ci ont recours aux sources alternatives (infor-
melles) de financement, à des coûts de transaction relativement faibles, voire nuls, ce qui a un
effet positif sur leurs performances. Allen et al. (2019)[8] identifient ces sources informelles de
financement comme étant constructives 24 .
L’effet de levier désigne l’utilisation de l’endettement pour augmenter la capacité d’inves-
tissement d’une entreprise, d’un organisme financier ou d’un particulier et l’effet de cette uti-
lisation sur la rentabilité des capitaux propres investis (Zyblock, 1997[121]). L’effet de levier
augmente la rentabilité des capitaux propres tant que le coût de l’endettement est inférieur
à l’augmentation des bénéfices obtenus grâce à l’endettement, dans le cas inverse, il devient
négatif. Allen (2019)[8] distingue deux types de financement informel, en fonction du coût du
crédit. Il s’agit d’une part du financement informel constructif. Ce type de financement informel
est constitué de tous les modes de financement basés sur la confiance, les relations familiales ou
amicales. Ici, les taux d’intérêts sont très faibles et parfois nuls. Il s’agit entre autres du crédit
commercial et de l’aide familiale. D’autre part Allen (2019)[8] identifie le financement infor-
mel clandestin. Ce type de financement informel est constitué de tous les modes de financement
caractérisés par des taux d’intérêts très élevés. Il s’agit entre autres de l’usure et des prêts sur
gages. Ainsi, selon que l’entreprise opte pour un financement informel constructif ou clandes-
tin, celle-ci supporte un coût de l’endettement qui est susceptible d’affecter la rentabilité des
capitaux propres, par le canal de l’effet levier.
conclusion
L’objet de ce chapitre était de fournir des preuves théoriques et empiriques à la relation qui
existe entre le financement informel et les performances des entreprises. Dans le souci de mener
à bien notre démonstration, nous avons trouvé opportun d’inscrire d’une part cette relation dans
un ancrage théorique, de présenter les canaux de transmission et aussi les différents effets qui
en résultent. Ce faisant, il en ressort que cette relation a été développée dans le cadre de nom-
breuses théories à l’instar de la théorie du compromis, la théorie du financement hiérarchique et
de la théorie de la neutralité de la structure de financement. Relativement aux canaux de trans-
mission, nous avons démontré à partir de nombreux travaux que le financement informel peut
affecter les performances des entreprises, directement ou de façon plus indirecte. Pour finir, il
est à mentionner qu’une vaste littérature empirique s’est investie autour des effets du finance-
ment informel sur les performances des entreprises. Cette littérature prend deux orientations
distinctes :la première montre que le financement informel est associé à un accroissement des
performances des entreprises, la deuxième trouve quant à elle un effet négatif.
? ? Chapitre Trois ? ?
Introduction
La relation entre financement informel et performances des entreprises est largement discu-
tée dans la littérature. Pour certains auteurs tels que Degryse (2016)[26], Fowowe (2017)[36] et
Ullah (2019)[111], le recours à certains modes de financement informel a tendance à réduire les
performances de ces entreprises. Cela justifie leur faible taux de survie et d’innovation, et leur
faible chiffre d’affaire. De plus, la finance informelle est souvent associée à des coûts élevés, ce
qui entraîne la perte de toute conséquence bénéfique pour les entreprises (Mertzanis, 2019)[73].
Pour d’autres tels que Rozas (2012)[97] et Allen et al. (2019)[8], le recours au financement
informel est susceptible d’accroître les performances des entreprises. Au vu de ces controverses
et dans l’objectif de vérifier qu’il existe une relation de cause à effets entre le financement in-
formel et les performances des TPE et PE camerounaises, le présent chapitre nous fournit une
analyse des faits stylisés autour de la relation entre le financement informel et les performances
des entreprises de notre échantillon. Ce chapitre s’articule autour de deux sections. La première
consiste en une analyse des faits stylisés sur les effets du financement informel sur les perfor-
mances des entreprises. L’objectif de la deuxième section est de présenter de façon succincte le
modèle économétrique, les variables, les sources de données et la technique sélectionnée pour
nos différentes estimations.
H0 : mean1 = mean2
H1 : mean1 <> mean2
Nous calculons ensuite la statistique t et sa p-value. Si la p-value est inférieure au seuil dé-
fini, alors, l’hypothèse H1 qui postule qu’il existe une différence significative entre les moyennes
des deux groupes, est acceptée. Si la p-value est supérieure au seuil défini, l’hypothèse H0 qui
postule qu’il n’y a pas de différence significative entre les moyennes des deux groupes, est
acceptée.
D’après le graphique 3.1 ci-dessous, construite à partir des moyennes des taux de crois-
sances de la valeur ajoutée des entreprises qui se financent (ou pas) par l’aide familiale, le taux
de croissance annuel de la valeur ajoutée et le financement par l’aide familiale semblent avoir
une corrélation nulle. Ceci signifie qu’à priori, le taux de croissance annuel de la valeur ajou-
tée, n’est pas le résultat du mode de financement formel ou informel (par l’aide familiale). En
d’autres termes, le fait pour une TPE ou PE camerounaise, de se financer par l’aide familiale,
pourrait ne pas avoir d’effets considérables sur sa valeur ajoutée. Dans le cas d’espèce, le taux de
croissance de la valeur ajoutée des entreprises de notre échantillon dépendrait par conséquent,
d’autres facteurs.
Figure 3.1 – Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par l’aide familiale.
Table 3.1 – Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- aide familiale.
Nous obtenons une p-value égale à 88,7%, largement supérieure aux seuils de 1%, 5% et
10%. Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les moyennes des deux groupes
sont égales, est acceptée. Ce test conforte l’hypothèse selon laquelle, le financement par l’aide
familiale n’a pas d’effets sur le taux de croissance de la valeur ajoutée. On s’attend de ce fait à
obtenir un effet non significatif, lors de nos estimations.
Le graphique 3.2 suivant nous révèle que le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
et le financement par le crédit commercial semblent ne pas être corrélés. De manière explicite,
ceci traduit qu’à priori, le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée, n’est pas influencé par
le financement par le crédit commercial.
Figure 3.2 – Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par le crédit commercial.
Table 3.2 – Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- crédit commercial.
La p-value obtenue vaut 56,3%. Elle est supérieure aux seuils de 1%, 5% et 10%, d’où
l’hypothèse nulle est acceptée. De manière précise, il semble ne pas avoir de relation de cause
à effet entre le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée et le financement par le crédit
commercial, car les moyennes des deux groupes sont égales.
De manière similaire aux précédents, le graphique 3.3 ci-dessous nous fournit des moyennes
sensiblement égales, ce qui traduit une probable absence de relation entre le taux de croissance
annuel de la valeur ajoutée et le financement par la tontine.
Figure 3.3 – Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par la tontine.
Table 3.3 – Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- tontine.
La p-value qui vaut 94,9%, induit une égalité statistique des moyennes des deux groupes.
Par conséquent, dans nos estimations, nous nous attendons à une relation non significative entre
le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée et le financement par la tontine.
recrutés, selon que l’entreprise se finance par la tontine ou pas. D’autre part, nous nous nous
intéressons aux moyennes portant sur le nombre total d’employés, en fonction du financement
informel. De manière générale, le financement par le nombre d’employés recrutés, semble être
le résultat du financement par le crédit commercial. Par ailleurs, le nombre total d’employés
semble être le résultat du financement par l’aide familiale. Ci-dessous, les différentes analyses
que nous effectuons.
Table 3.4 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - aide familiale.
Nous constatons que la p-value est largement supérieure aux seuils de 1%, 5% et 10%
(94,2%). Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les moyennes des deux
groupes sont égales, est acceptée. Ce test conforte l’hypothèse selon laquelle, le financement
par l’aide familiale n’a peut-être pas d’effets sur le nombre d’employés recrutés dans les entre-
prises de notre échantillon. Nous nous attendons de ce fait à obtenir un effet non significatif,
lors de nos estimations.
D’après le graphique 3.5 ci-dessous, le nombre d’employés recrutés, semble en réalité, être
le résultat du financement par le crédit commercial. Cela indique à priori que le niveau de
financement par le crédit commercial est donc associé au nombre d’employés recrutés dans une
entreprise. On s’attendrait ainsi à obtenir une corrélation positive ou négative, entre le nombre
d’employés recrutés par les entreprises de notre échantillon et le financement par tontine.
Figure 3.5 – Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement
par le crédit commercial
Table 3.5 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - crédit com-
mercial
La p-value qui vaut 9,9%, est donc significative au seuil de 10%. Par conséquent, il est
probable que le financement par le crédit commercial ait un effet sur le nombre d’employés
recrutés dans les TPE et PE camerounaises, à un seuil de 10%. De plus, la moyenne du premier
groupe est supérieure à celle du deuxième. Cela signifie que les entreprises qui ne se financent
pas par la tontine, sont plus à même de recruter des employés.
Le graphique 3.6 ci-dessous nous révèle que le nombre d’employés recrutés et le finance-
ment par la tontine semblent ne pas être corrélés. De manière explicite, ceci traduit que les
entreprises qui se financement par la tontine ne recrutent probablement pas leurs employés en
tenant compte de leur source de financement.
Figure 3.6 – Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement
par tontine.
Table 3.6 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - tontine.
La p-value est largement supérieure aux seuils de 1%, 5% et 10% (50,6%). Ce résultat
induit que l’hypothèse d’égalité des moyennes est acceptée. Ce test conforte ainsi l’hypothèse
selon laquelle, le financement par la tontine n’a peut-être pas d’effets sur le nombre d’employés
recrutés dans les entreprises de notre échantillon. Nous nous attendons de ce fait à obtenir un
effet non significatif, lors de nos estimations.
Le nombre d’employés semble être le résultat du financement par l’aide familiale. L’his-
togramme nous fournit, en effet, des nombres d’employés différents selon que l’entreprise se
finance par l’aide familiale ou pas. Cela indique que le niveau de financement par l’aide fa-
miliale est à priori, associé au nombre d’employés recrutés dans une entreprise. En d’autres
termes, le nombre d’employés dans les entreprises de notre échantillon, dépend du financement
par l’aide familiale. On s’attendrait ainsi à obtenir une corrélation positive ou négative, entre
le nombre total d’employés des entreprises de notre échantillon et le financement par l’aide
familiale.
Figure 3.7 – Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par
l’aide familiale
Table 3.7 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés - aide familiale
Nous constatons, en effet, que la p-value est significative à un seuil de 10%. Ceci traduit
l’idée selon laquelle la différence sur le nombre d’employés des entreprises qui se financent par
l’aide familiale et les autres, est non nulle. Par conséquent, le nombre d’employés au sein des
entreprises de notre échantillon, devrait dépendre du fait que celles-ci se financent par l’aide
familiale ou pas. Par ailleurs, la moyenne du deuxième groupe est supérieure à celle du pre-
mier. Ceci traduit le fait que les entreprises qui se financent par l’aide familiale, ont un nombre
d’employés plus élevé que celles qui ont recours à d’autres modes de financement.
Figure 3.8 – Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par
crédit commercial.
Table 3.8 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés - crédit commercial
Comme dans le cas précédent, la figure ci-dessous nous révèle que le nombre total d’em-
ployés et le financement par la tontine, semblent ne pas être corrélés. De manière explicite,
ceci traduit qu’à priori, le nombre d’employés dans une TPE ou PE camerounaise, n’est pas
influencé par le fait que celle-ci participe ou non à une tontine.
Figure 3.9 – Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par la
tontine.
A l’issu de ce test, nous remarquons que la p-value est supérieure aux seuils de 1%, 5%
et 10% (33,3%). Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les moyennes des
deux groupes sont égales, est acceptée. Ce test conforte ainsi l’hypothèse selon laquelle, les
entreprises de notre échantillon qui se financent par la tontine, recrutent des employés sans être
influencées par leur source de financement.
entre entreprises qui se financent par l’aide familiale et celles qui ne le font pas. En second lieu,
nous nous attardons aux entreprises qui se financent par le crédit commercial ou pas. Enfin,
nous examinons les moyennes de la capacité d’innovation, selon que l’entreprise se finance par
la tontine ou pas. D’après les statistiques, le financement par l’aide familiale et par la tontine,
semblent déterminer la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises. Ci-dessous, les
différentes analyses que nous effectuons.
L’histogramme suivant nous présente d’une part, la moyenne de la capacité d’innovation des
entreprises qui se financent par l’aide familiale et d’autre part, la moyenne de la capacité d’in-
novation de celles qui ne se financent par l’aide familiale. Pour la première classe d’entreprises,
cette moyenne vaut 0,38, tandis qu’elle est égale à -0,78, pour les autres entreprises. Ce large
écart traduit que les capacités d’innovation sont différentes, selon que l’entreprise se finance
par l’aide familiale ou pas. La capacité d’innovation semble par conséquent, être le résultat du
financement par la tontine.
Figure 3.10 – Capacité d’innovation des entreprises en fonction du financement par l’aide
familiale.
La significativité au seuil de 1%, de ce test, conforte l’idée selon laquelle, la capacité d’in-
novation des entreprises varie selon qu’elles se financent par l’aide familiale ou pas. Par consé-
quent l’on s’attendrait à accroitre ou réduire sa capacité d’innovation, en optant pour un finan-
cement par l’aide familiale. En outre, la moyenne du deuxième groupe est supérieure à celle du
premier. Cela signifie que les entreprises qui ont recours à l’aide familiale, sont plus à même
d’accroitre leur capacité d’innovation que celles qui se financent par d’autres sources.
La figure ci-dessous nous révèle que la différence entre la capacité d’innovation des entre-
prises qui se financent par le crédit commercial et la capacité d’innovation des entreprises qui
se financent pat d’autres moyens, est quasi nulle. De manière explicite, qu’une entreprise se
finance par le crédit commercial ou pas, son aptitude à innover semble rester inchangée.
A l’issu de ce test, nous remarquons que la p-value est largement supérieure aux seuils
de 1%, 5% et 10% (78,95%). Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les
moyennes des deux groupes sont égales, est acceptée. Ce test conforte ainsi l’hypothèse se-
lon laquelle, le financement par le crédit commercial n’a peut-être pas d’effets sur la capacité
d’innovation des entreprises de notre échantillon.
D’après le graphique 3.12 suivant, la capacité d’innovation semble être le résultat du finan-
cement par la tontine. L’histogramme nous fournit, en effet, des moyennes sur les capacités
d’innovation différentes, selon que l’entreprise se finance par la tontine ou pas. Cela indique
que le niveau de financement par la tontine est à priori, associé à la capacité d’innovation des
TPE et PE camerounaises. On s’attendrait ainsi à obtenir une corrélation positive ou négative,
entre l’indicateur d’innovation et cette source de financement informelle.
La p-value est significative à un seuil de 10%, l’hypothèse alternative est donc acceptée.
Celle-ci traduit l’idée selon laquelle la capacité d’innovation varie selon qu’on se finance par
la tontine ou pas. La moyenne du deuxième groupe étant supérieure à celle du premier, cela
signifie que les entreprises qui se financent par la tontine, sont plus à même d’accroitre leur
capacité d’innovation
Sur la base des faits stylisés, nous analysons empiriquement la relation entre financement
informel et performances des entreprises. Pour ce faire, nous présentons dans cette section,
le modèle utilisé pour nos estimations, les variables utilisées dans les analyses, ainsi que la
source des données. Nous nous inspirons des travaux de Fowowe (2017)[36], qui examinent
l’effet de l’accès au financement sur les performances des entreprises. En plus des performances
économiques étudiées via la croissance de l’emploi, nous introduisons les innovations et les
performances sociales. Nous proposons ainsi une analyse qui repose sur l’estimation du modèle
(3.2) suivant :
Y = X1 β1 + X2 β2 + ε (3.1)
Où Y est une variable dépendante. Les X j,( j=1,2) sont respectivement les variables d’intérêt
et de contrôle. Les β j sont des vecteurs de taille k j × 1 constitués des paramètres à estimer et
ε est le n × 1 vecteur aléatoire des termes d’erreurs gaussiens indépendants et identiquement
distribués ε ∼ N(0, σ2 ). Par hypothèse, k1 ≥ 1, k2 ≥ 0 ; k1 + k2 = k ≤ n + 1. De plus, on
suppose que la matrice X = (X1 ; X2 ) est de plein rang. Nous partitionnons X en X1 et X2 car,
X1 contient les variables explicatives que nous voulons intégrer pour des raisons théoriques
ou pour d’autres considérations sur le phénomène étudié. X2 est, quant à lui, constitué des
variables supplémentaires dont nous sommes incertains. β1 est le vecteur des paramètres focaux
ou d’intérêt, tandis que β2 est le vecteur des paramètres auxiliaires. Notre principal intérêt est
de ce fait, l’estimation des k1 paramètres de β1 .
capacité d’innovation des entreprises, ainsi que leurs performances économiques et sociales.
La spécification du vrai modèle est une difficulté majeure rencontrée lors des estimations
des déterminants des performances des entreprises. Cette difficulté due au caractère multidi-
mensionnel des performances se caractérise par un nombre potentiellement élevé des variables
susceptibles d’être incluses dans le vecteur X2 des variables de contrôle (Pesqueux, 2015)[95].
Afin que la technique d’estimation sélectionnée soit viable, nous proposons d’abord une esti-
mation économétrique nous permettant de sélectionner les bons modèles à estimer, au moyen
d’une technique bayésienne prenant en compte l’incertitude sur les « vrais » déterminants des
performances des entreprises. Après la sélection des variables pertinentes pour l’analyse des
effets du financement informel sur les performances des entreprises de notre échantillon et des
bons modèles, nous présentons la technique d’estimation utilisée. Nous partons du modèle de
régression linéaire formulé comme suit :
Y = X1 β1 + X2 β2 + ε (3.2)
Intuitivement, nous optons pour une approche économétrique asymptotique (ou classique)
pour les estimations des β j . De manière générale, les estimateurs utilisés ici sont obtenus en
minimisant (ou en maximisant) un critère. Il s’agit entre-autre de l’estimateur des Moindres
Carrés Ordinaires (qui minimise la somme des carrés des résidus), l’estimateur du Maximum de
Vraisemblance, les estimateurs par la Méthode des Moments et les inférences directes (Magnus
et al., 2000[69]). Par les propriétés des inverses des matrices partitionnées, on obtient à l’issu
d’une estimation par les MCO que les estimateurs sans restriction β̂1S R de β1 et β̂2S R de β2
(obtenus à l’issue d’une régression de Y sur X1 et X2 ) sont donnés par :
β̂1S R = β̂1R − Qβ̂2S R
(3.3)
β̂2S R = (X 0 MX2 )−1 (X2 MY)
2
Où β1R = (X1 X1 )−1 (X1 Y) Y est l’estimateur avec restriction, obtenu si on fait une régression
0
de Y sur X1 uniquement (β2 = 0), β1R = (X1 X1 )−1 (X1 )X2 est l’estimateur des MCO multivarié
0
En optant pour cette méthode, nous faisons face à une incertitude due au fait que, pour
améliorer la prédictibilité de de l’estimateur sans restriction β1S R de β1 , au sens de la minimi-
sation de la variance résiduelle 26 , différents sous-ensembles de régresseurs auxiliaires peuvent
être exclus de X2 (De Luca, 2011[28]). En effet, selon la théorie des Moindres Carrés, en ap-
pliquant une restriction sur les β2 (β2 = 0), on peut obtenir un estimateur de β1 soumis à un
biais de variables omises, mais plus précis que l’estimateur des MCO sans restriction de β1S R
de β1 . L’exclusion de certains sous-ensembles de régresseurs auxiliaires conduit à l’exclusion
d’un sous-ensemble de modèles. Or, la sélection du bon modèle n’est pas à négliger. La théo-
rie statistique standard n’est donc pas recommandée, puisque les propriétés de ces estimateurs
dépendent non seulement de la nature stochastique du modèle sélectionné, mais aussi de la ma-
nière dont le modèle a été choisi. Les problèmes associés à l’inférence après la sélection du
modèle ont été entre autres étudiés par les travaux de Magnus (1999[67], 2002[68]), Danilov
et Magnus (2004a, b[22]), Leeb et Potscher (2008)[60]. Toutes ces études concluent que le fait
d’ignorer l’incertitude associée à l’étape de sélection du modèle peut conduire à une inférence
gravement trompeuse.
Étant donné que l’incertitude liée au modèle sélectionné est limitée aux k2 variables de X2 ,
le nombre de modèles possibles à prendre en compte est égal à I = 2k2 . Le i-ème modèle Mi
(obtenu en incluant uniquement un sous-ensemble de régresseurs auxiliaires k2i , avec 0 ≤ k2i ≤
k2 ) de l’ensemble M des modèles est donné par Y = X1 β1 + X2i β2i + εi , (i = 1, 2, . . . , I). Où X2i
est une n × k2i matrice d’observations dans le sous-ensemble des k2i régresseurs auxiliaires, β2i
le sous-vecteur de paramètres correspondants et εi le nouveau vecteur des termes d’erreur après
exclusion des k2 − k2i régresseurs auxiliaires.
Dans la littérature, afin de contourner l’incertitude liée à la sélection du modèle approprié
en vue d’une bonne estimation, plusieurs travaux ont recours à des méthodes d’estimation bayé-
siennes. C’est entre-autre le cas des travaux de Sala-i-Martin et al. (2004)[99], Mirestean et al.
(2009)[75] et Owoundi (2016)[91] qui utilisent des approches bayésiennes (« BACE » 27 , «
LIBMA » 28 et WALS 29 respectivement) pour rechercher les déterminants de la croissance éco-
25. Ceci se démontre facilement en appliquant le théorème de Frisch-Waugh au modèle (3.2)
26. C’est la moyenne arithmétique des carrés des écarts entre prévisions du modèle et observations
27. Bayesian Averaging of Classical Estimates. Cette approche est l’une des plus répandue dans la littérature car
elle permet notamment d’estimer la distribution a posteriori des paramètres d’intérêt en introduisant un minimum
d’information a priori par l’usage des MCO.
28. Limited Information Bayesian Model Averaging.
29. Weighted Average Least Squares.
nomique. Dans le domaine de la santé, Todd et al. (2020)[107] développent des indicateurs des
déterminants sociaux de la santé avec des mesures d’incertitude en faisant une analyse bayé-
sienne de la variance. Pour la prise en compte de l’aspect multidimensionnel des performances
et pour une estimation du meilleur modèle possible, nous optons pour les techniques récentes
d’inférence bayésiennes.
Les techniques bayésiennes prennent en compte tous les modèles possibles, afin d’aboutir
à la meilleure des estimations possibles. En effet, on estime ici, les paramètres d’intérêt condi-
tionnels à chaque modèle de M premièrement, on calcule deuxièmement le paramètre d’intérêt
final comme moyenne pondérée des estimateurs conditionnels. Plus précisément, on détermine
d’abord les β̂1i et β̂2i conditionnels à chaque modèle Mi , on détermine ensuite β̂1 et β̂2 de la
manière suivante :
I
X
β̂1 = λi β̂1
i=1
et
I
X
β̂2 = λi β̂2
i=1
Où les pondérations λi reflètent la confiance au modèle Mi . Cette confiance est basée sur des
croyances préalables et des tests de diagnostic basés sur les données. Les λi satisfont les trois
conditions de régularité suivantes :
0 ≤ λi ≤ 1
λi = 1 (3.4)
P
λi = λi (M1 Y)
Il nous est possible d’utiliser plusieurs méthodes bayésiennes parmi lesquelles la méthode
classique de moyennes mobiles bayésiennes (BMA). Cependant, nous optons pour l’approche
WALS encore dite méthode des moindres carrés moyens pondérés, car elle est la méthode bayé-
sienne la moins coûteuse en termes de temps de calcul (Magnus et al., 2016[69]). Elle est avan-
tageuse sur le plan pratique. En effet, elle permet d’une part, de mieux prendre en compte l’igno-
rance du modélisateur quant à l’influence à priori des déterminants potentiels. D’autre part, elle
reconsidère le calcul de l’espace des modèles possibles en admettant que ce dernier s’accroît de
façon linéaire plutôt que de manière exponentielle, ce qui permet de réduire considérablement
le temps de calcul. En effet, si la sélection porte sur un groupe de n déterminants potentiels
par exemple, la méthode WALS implique que le temps de calcul nécessaire est de l’ordre de n,
pendant que le calcul par une approche BMA classique supposerait que ce temps correspond au
cardinal de l’ensemble des modèles possibles, c’est-à dire 2n (Owoundi, 2016[91]). En d’autres
termes, un calcul qui s’effectuerait en une seconde par la méthode WALS, prendrait plutôt 600
millions d’années par BMA.
Y = X1 β1 + X2 β2 + ε. (3.5)
Y est un n × 1 vecteur d’observations sur le résultat d’intérêt, c’est le vecteur des variables
dépendantes, X1 contient les variables explicatives que nous voulons intégrer pour des raisons
théoriques ou pour d’autres considérations sur le phénomène étudié. X2 est quant à lui, constitué
des variables supplémentaires dont nous sommes incertains (tel que décrit en (3.2)).
Étape 2 : Mise à échelle des régresseurs d’intérêt et des régresseurs auxiliaires.
On procède premièrement à une mise à échelle des régresseurs de X1 . Pour ce faire, on définit
une matrice Z1 = X1 ∆1 et une matrice γ1 = ∆−1
1 β1 , où ∆1 est une k1 ×k1 matrice dont les éléments
0
diagonaux sont positifs, de telle sorte que tous les éléments diagonaux de la matrice Z1 Z1 soient
Z1 = X1 ∆1
1. On note que la mise en échelle de X1 est sans danger. En effet, ce qui implique
γ1 = ∆−1 β1
1
que Z1 γ1 = X1 ∆1 ∆−1
1 1β = X β
1 1 .
De plus, In − Z1 (Z1 Z1 )−1 Z1 = In − X1 ∆1 (∆1 X1 X1 ∆1 )−1 ∆1 X1 = M1 . Aussi, β1 peut être obtenu à
0 0 0 0
partir de γ1 , car
β1 = ∆1 γ1 (3.6)
Cette procédure de mise à échelle a été introduite pour la première fois par Magnus et al.
(2011)[68]. Elle a pour but de stabiliser la matrice X1 , afin que les calculs des inverses et des
valeurs propres deviennent numériquement plus précis ; elle n’a aucun effet sur les estimations
WALS.
Par la suite, on effectue une mise à échelle des régresseurs auxiliaires X2 . On définit pour
cela une k2 × k2 matrice diagonale ∆2 ayant des éléments diagonaux positifs, de telle sorte
que tous les éléments diagonaux de ∆2 X2 M1 X2 ∆2 soient 1. La mise à échelle de X2 a deux
0
matrices
− 21
2
Z = X ∆
2 2 T V
Z2 y2 = X2 β2
telles que .
γ = V − 12 T 0 ∆−1 β
Z 0 M1 Z2 = V − 12 T 0 ∆2 X 0 M1 X2 ∆2 T V − 21 = Ik2
2 2
2 2 2
Soit la matrice de sélection S i définie par S i = (I(ri,0) ), (avec ri = k2 −k2i ), ou une permutation
des colonnes de celle-ci, de sorte que S i tienne compte des restrictions faites sur γ2 dans le
modèle Mi ; soit wi = Ik2 − S i S i une k2 × k2 matrice dont l’élément de la j − ième diagonale est
0
égal à 0 si γ2i j=0 par restriction et 1 sinon. Le principal avantage de ces transformations réside
dans le fait que l’estimateur sans restriction γ2S R de γ2 obtenu par une régression de Y sur Z1 et
Z2 est tel que γ̂2S R ∼ Nk2 (γ2 , σ2 Ik2 ). Ceci a plusieurs avantages et implications. Premièrement,
sous certaines conditions de régularité minimale sur les poids λi , l’estimateur WALS de β1 est
sous la forme
I
X
β̃1 = λi β̂1i = β̂1R − RW γ̂2 .
i=1
Où W = λi wi est une k2 × k2 matrice diagonale aléatoire. Ainsi, même s’il y a 2k2 modèles
PI
i=1
0 0
Vr (β̃1 ) = σ2 (X1 X1 )−1 + RVr (W γ̂2 )R
Ainsi, s’il est possible de trouver des éléments de la diagonale de W pour lesquels W γ̂2 est un
estimateur optimal de γ2 , alors le même estimateur nous permettra d’obtenir également l’esti-
mateur WALS optimal γ̂1 de β1 .
Étape 4 : Estimer γ2 et σ2 dans le modèle non restreint Étant donné que X1 β1 = Z1 γ1 et
que X2 β2 = Z2 γ2 l’équation (3.2) devient Y = Z1 γ1 + Z2 γ2 + ε (2) , où la matrice Z2 M1 Z2 est
0
construite de telle sorte qu’elle soit égale à la matrice identité Ik2 . On calcule premièrement
l’estimateur γ̂2S R de γ2 et l’estimateur S u2 de σ2 . Magnus et al. (2016)[69] démontrent que
γ̂2S R = Z20 M1 Y
0
Y M1 (In − Z2 Z2 )M1 Y .
0
Su =
2
n−k
On définit ensuite les entrées pour l’étape bayésienne en calculant le vecteur des t-ratios. Ce
vecteur est défini par √ 0
n − kZ2 M1 Y
x= q
0
Y 0 M1 (Ik2 − Z2 Z2 )M1 Y
De γ̂1 et γ̂2 , on en déduit respectivement β̃1 et β̃2 qui sont les estimateurs originaux obtenus par
la méthode WALS. Ils sont donnés par :
β̃1 = ∆1 γ̃1
.
β̃2 = ∆2 T V − 21 γ̃2
Où
= 2 0
+
−1 0
Var(γ̃ 1 ) S u (Z1 Z1 ) QVar(γ̃ 2 )Q
.
Var(γ̃2 ) = S u2
P
Cov(γ̃1 , γ̃2 ) = −QVar(γ̃2 )
Sont ainsi sélectionnés, les déterminants des performances des entreprises, par la méthode des
Moindres Carrés Moyens Pondérés (WALS). Une fois les déterminants sélectionnés, nous pou-
vons donc estimer les bons modèles, par la méthode des MCO.
CONCLUSION
En somme, ce chapitre avait deux principaux objectifs. Le premier était d’effectuer une ana-
lyse des faits stylisés autour de la relation entre financement informel et performances des TPE
et PE au Cameroun. Le second était de présenter le modèle, les variables et la technique utilisée
pour nos estimations. Nous retenons qu’en moyenne, les performances économiques des TPE et
PE camerounaises, sont indépendantes du mode de financement. En ce qui concerne les perfor-
mances sociales, le crédit commercial et la tontine semblent affecter respectivement, le nombre
d’employés recrutés et le nombre total d’employés. Par ailleurs, la capacité d’innovation des
entreprises de notre échantillon semble être le résultat du financement informel ou formel. En
ce qui concerne la section II, nous avons trouvé pertinent (à cause du caractère multidimension-
nel des performances et du grand nombre de variables de contrôle), de procéder premièrement à
la présentation de la technique bayésienne WALS, afin de sélectionner les variables pertinentes
à l’analyse des performances des entreprises et d’estimer les bons modèles. Nous avons par la
suite effectué un exposé sur la formulation de la méthode des MCO, principale technique d’es-
timation de nos résultats. Notre stratégie empirique étant dès lors exposée, il importe à présent
de procéder à l’analyse économétrique proprement dite.
? ? Chapitre Quatre ? ?
Introduction
Dans ce chapitre, il est question d’analyser la relation de cause à effet entre le financement
informel et les performances des entreprises d’un échantillon constitué essentiellement, de très
petites entreprises et de petites entreprises Camerounaises. Pour ce faire, la démarche consiste
dans un premier temps en la présentation des résultats issus de la sélection des déterminants des
performances économiques, sociales et innovationnelles des entreprises par la méthode WALS.
Par la suite, nous faisons un exposé sur les résultats de l’estimation finale des performances
des entreprises de notre échantillon par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO).
Dans un second temps, nous nous attelons à vérifier la sensibilité de nos résultats au moyen des
tests de robustesse recommandé par la littérature. Plus concrètement, nous décrivons d’abord la
technique utilisée pour les tests de robustesse, puis nous présentons les résultats obtenus.
Nous présentons dans cette section, les principaux résultats portant sur les effets du finan-
cement informel sur les performances économiques, sociales et sur la capacité d’innovation des
TPE et PE camerounaises. De manière plus précise, nous présentons premièrement les résultats
des effets du financement par l’aide familiale, le crédit commercial, la tontine et l’indice syn-
thétique de financement informel sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée. Deuxiè-
mement, nous faisons un exposé portant sur les effets des sources informelles de financement
précédemment élucidées, sur les indicateurs des performances sociales retenus (nombre d’em-
Nous présentons dans le tableau 4.1, les résultats portant sur l’effet du financement informel
sur les performances économiques des TPE et PE camerounaises. Nous examinons donc pre-
mièrement, l’effet du financement informel, vu de manière globale à travers l’indice synthétique
que nous avons construit, sur les performances économiques des TPE et PE camerounaises. Par
la suite, nous analysons tour à tour, les effets de chaque source de financement informel, prise en
particulier, sur les variables dépendantes . Plus précisément, nous évaluons successivement l’ef-
fet du financement par tontines, par crédit commercial et par aide familiale sur les indicateurs
de performances économiques sélectionnés. Nous avons choisi, en conformité avec Fowowe
(2017)[36], le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée entre les années 2011 et 2012,
comme indicateur des performances économiques des TPE et PE camerounaises.
Dans l’ensemble, le financement informel n’a pas d’effets sur le taux de croissance annuel
de la valeur ajoutée. En d’autres termes, le fait que certaines TPE et PE se financent de manière
informelle, n’a aucune répercussion sur leur taux de croissance annuel de la valeur ajoutée. L’ef-
fet est neutre pour tous les modes de financement informel considérés dans notre étude. Ceci dit,
qu’une TPE ou une PE se finance par le crédit commercial, l’aide familiale ou encore la tontine,
cela n’aura aucun effet sur sa valeur ajoutée. Ce résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il
corrobore l’issue de quelques études similaires notamment, celle de Degryse et al. (2016)[26].
Cet auteur s’intéresse principalement aux effets du financement par des sources informelles sur
certains indicateurs des performances économiques des entreprises, parmi lesquels le taux de
croissance annuel de la valeur ajoutée. A cet effet, ils montrent que l’utilisation d’une source
de financement informelle n’a pas un effet positif sur le taux de croissance annuel de la valeur
ajoutée des entreprises, car il limite leurs perspectives de croissance.
Le tableau ci-dessous résume les résultats des estimations :
d’acquisition des fonds pour les entreprises, c’est aussi le cas des TPE et PE camerounaises.
S’agissant des variables de contrôle, les résultats nous indiquent dans un premier temps que
les contraintes de transports participent à réduire le taux de croissance de la valeur ajoutée, pour
les entreprises qui se financent par le crédit commercial ou les tontines. En effet, les coefficients
qui y sont associés traduisent qu’une augmentation des contraintes de transports réduit le taux
de croissance de la valeur ajoutée des entreprises se finançant par le crédit commercial et les
tontines. Un tel résultat n’est pas nouveau car rejoint plusieurs conclusions dans la littérature
existante notamment celle de Fowowe (2017)[36], qui analyse l’effet des contraintes d’accès
au financement sur les performances économiques des entreprises. Il obtient à cet effet que les
entreprises qui se financent par des sources alternatives, réduisent leur taux de croissance de
la valeur ajoutée, à cause des contraintes de transport auxquelles elles font face. Une explica-
tion à ce résultat peut résider dans la TCT développée par R. Coase (1937)[20] et William-
son (1981)[114]. Conformément à cette théorie, nous pouvons comprendre que les différentes
contraintes de transport dans notre échantillon ont généré des coûts additionnels au financement
informel, qui à leur tour ont induit des effets pervers sur la croissance de la valeur ajoutée des
entreprises.
Nos résultats nous indiquent en outre que les contraintes administratives ont un effet positif
et significatif sur la valeur ajoutée des entreprises de notre échantillon durant la période d’étude
considérée et ce, quel que soit le mode de financement informel retenu. Ce résultat est contraire
à celui obtenu par Rozas (2012)[97] et Fowowe (2017)[36], qui obtiennent que lorsque les en-
treprises qui se financent de manière informelle font face aux contraintes administratives, elles
réduisent leurs performances économiques, Un tel résultat parait contre intuitif relativement à ce
qui existe dans la littérature. Cependant, il importe de mentionner que notre échantillon est prin-
cipalement composé des petites et de très petites entreprises. Par ailleurs, dans notre contexte,
les enquêtes menées par les différents organismes indiquent que ces catégories d’entreprises ne
sont pas toujours sujettes à la règlementation en vigueur. La raison en est que, du fait de leur
faible rentabilité, ces entreprises développent des stratégies qui leurs permettent d’isoler leurs
activités des contraintes administratives. De cette façon, elles accroissent leur valeur ajoutée en
finançant leurs activités par l’informel.
Dans le deuxième volet de cette section, nous présentons les résultats portant sur les ef-
fets du financement informel sur les performances sociales des TPE et PE camerounaises. En
conformité avec les travaux de Lapenu (2004)[57], Cho et al. (2013)[53], Fabio et al. (2017)[43]
et William et al. (2017)[113] et en fonction des données disponibles, nous choisissons comme
indicateurs des performances sociales, le nombre d’employés recrutés en 2012 et le nombre
total d’employés dans la TPE ou la PE. Nous examinons dans un premier temps, l’effet glo-
bal du financement informel sur le nombre d’employés recrutés en 2012 et sur le nombre total
d’employés. Par la suite, nous analysons tour à tour, les effets de chaque source de financement
informel, prise en particulier, sur les indicateurs de performances sociales indiqués.
Les résultats montrent, d’un point de vue global, que le financement informel, n’a aucun
effet sur le nombre d’employés permanemment recrutés. Ce résultat sous-entend, à priori, que
l’entreprise recrute ses employés sans être influencée par la provenance de ses fonds. Toutefois,
en s’intéressant particulièrement à chacune des méthodes informelles de financement, les résul-
tats obtenus montrent que, contrairement aux tontines et au financement par aide familiale qui
n’ont aucun effet, le coefficient associé au crédit commercial est négatif et significatif à un seuil.
L’obtention de ce résultat implique que les TPE et PE qui se financent par le crédit commercial
recrutent moins d’employés que celles qui se financent par d’autres canaux. Plus amplement
dit, le crédit commercial contribue à réduction de la capacité de recrutement des TPE et PE
camerounaises.
Le résultat portant sur les variables d’intérêt n’est pas nouveau car rejoint plusieurs conclu-
sions dans la littérature existante notamment celle de Ndouna et al. (2017)[83], qui analysent
les effets du financement informel sur certains indicateurs des performances sociales des en-
treprises, parmi lesquelles le nombre d’employés recrutés. Cet auteur montre que le nombre
d’employés recrutés dans une entreprise est fonction du coût du crédit. Ceci étant, les entre-
prises qui se financent par des canaux coûteux recrutent moins d’employés, à cause des coûts
liés à l’obtention du crédit. De ce fait, le résultat que nous obtenons, s’explique principalement
par l’argument selon lequel, parmi les modes de financement informels considérés dans notre
étude, le crédit commercial est le seul qui exige des taux d’intérêts (Allen, 2019)[8]. Certes les
taux exigés sont bas, mais notons ici que les entreprises de notre échantillon sont les TPE et PE.
Du fait de leurs chiffres d’affaires relativement faibles, tout paiement d’intérêts contraint les
En ce qui concerne les variables de contrôle, nous obtenons dans un premier temps que,
les contraintes liées à la législation du travail favorisent une augmentation des recrutements au
sein des TPE et PE camerounaises, quel que soit le mode de financement informel. Ceci signifie
en effet, qu’à mesure que les TPE et PE qui se financent de manière informelle font face aux
contraintes dues à la législation du travail, elles recrutent d’avantage d’employés. Autrement
dit, le nombre d’employés recrutés dans les TPE et PE camerounaises est positivement corrélé
aux contraintes liées à la législation du travail. Ainsi, lorsque le gouvernement réglemente les
conditions de travail, cela rend les TPE et PE camerounaises plus à même de recruter. Ce résultat
diverge de l’issue des travaux de Fowowe (2017)[36] qui traduisent que les contraintes liées à
la législation du travail participent à réduire le taux de recrutement au sein de l’entreprise. Le
résultat que nous obtenons, se justifie néanmoins par le fait que lorsque les contraintes liées à
la législation du travail augmentent, cela traduit un encadrement plus propice des conditions de
travail des employés au sein des entreprises. Les employés deviennent ainsi plus productifs et
les entreprises recrutent davantage une main d’œuvre qualifiée pour essayer d’accroître leurs
profits (Emerson, 1988)[31].
Nos résultats nous indiquent par ailleurs, en conformité aux travaux de Degryse (2016)[26],
que le fait de disposer (ou pas) d’une source autonome d’approvisionnement en eau, a un effet
négatif significatif sur la capacité de recrutement des entreprises de notre échantillon durant la
période d’étude considérée et ce, quel que soit le mode de financement informel retenu. Ces
résultats sont, en effet, tous significatifs au seuil de 1% et suggèrent ce faisant que la capacité
de recrutement des entreprises de notre échantillon est négativement corrélée au fait de disposer
d’une source autonome d’approvisionnement en eau. De manière plus précise, les TPE et PE de
notre échantillon qui disposent d’une source autonome d’approvisionnement en eau, recrutent
moins d’employés que celles qui n’en disposent pas. Un tel résultat semble à priori, paradoxal.
Cependant, il est judicieux de préciser que notre échantillon est principalement composé des
petites et de très petites entreprises, disposant le plus souvent d’un chiffre d’affaires limité. Pour
ces entreprises, le fait de construire et d’entretenir une source autonome d’approvisionnement
en eau entrainent d’énormes coûts. Ces coûts supplémentaires limitent le capital destiné aux
salaires des employés et empêchent de ce fait à l’entreprise d’effectuer de nouveaux recrute-
ments (Edwards et al., 2004)[64]. Les coûts liés à la mise en place et à l’entretien de la source
autonome d’approvisionnement en eau, limitent donc la capacité de recrutement des TPE et PE
camerounaises.
En ce qui concerne les variables d’intérêt, les résultats nous fournissent que, de manière globale,
le financement informel, n’a aucun effet sur le nombre d’employés permanemment recrutés.
Néanmoins, lorsque nous nous intéressons à chacun des modes de financement informel, nous
obtenons que, contrairement au financement par tontine, qui n’a aucun effet sur le nombre total
d’employés, les TPE et PE qui se financement par le crédit commercial ont moins d’employés
que celles qui se financent par la tontine ou par l’aide familiale.
Par ailleurs, lorsque les TPE et PE se financent par l’aide familiale, elles connaissent un
accroissement du nombre d’employés par rapport à celles qui ne se financent pas par ce mode
informel. Ces résultats laissent croire que les effets du financement informel sur le nombre total
d’employés des TPE et PE, sont mitigés. En effet, la nature de l’effet du financement informel
sur le nombre d’employés des TPE et PE camerounaises, est fonction du mode de financement
choisi. Alors que le crédit commercial réduit le nombre d’employés, les entreprises qui se fi-
nancent par l’aide familiale connaissent un nombre d’employés plus élevé. Ce résultat n’est pas
nouveau dans la littérature, il corrobore l’issue de quelques études similaires notamment celles
de Selvam et al. (2016)[102], qui analysent les déterminants du nombre d’employés recrutés
dans les TPE et PE. A cet effet, ils obtiennent que le nombre d’employés, dépend de la pro-
priété publique, des bénéfices et de la concurrence. D’après ces auteurs, en partie, les bénéfices
dépendent quant à eux, du chiffre d’affaires et de la source de financement.
Les résultats portant sur les effets du financement informel sur le nombre total d’employés,
se justifient par le fait que le nombre d’employés d’une entreprise est fonction de son chiffre
d’affaires et de ce fait de sa source de financement. Nous rappelons que les entreprises de
notre échantillon se financent principalement de manière informelle. Notons par ailleurs que le
financement par crédit commercial exige quelques fois des taux d’intérêts (Allen et al., 2019)[8].
Les TPE et PE qui y ont recours sont plus préoccupées par le remboursement des intérêts, ce qui
limite leurs nombres d’employés, car limite les dépenses liées aux salaires. Le financement par
aide familiale quant à lui, n’est sujet à aucun taux d’intérêt. Les TPE et PE qui en bénéficient
sont de ce fait à même d’avoir un nombre d’employés élevé par rapport aux autres, celles-ci
n’ayant pas de pression liée au remboursement d’intérêts.
Les principaux résultats des estimations portant sur les effets du financement informel sur
le nombre total d’employés, sont présentés dans le tableau 4.3 ci-dessous :
S’agissant des variables de contrôle, les résultats montrent que le nombre total d’employés
des TPE et PE camerounaises est facteur de plusieurs variables. Premièrement, quelle que soit la
source informelle de financement, l’accès à l’eau, a une influence sur le nombre d’employés des
TPE et PE camerounaises. Les coefficients associés à ces variables, tous significatifs au seuil
de 10%, impliquent qu’à mesure que les contraintes d’accès à de l’eau potable augmentent, le
nombre d’employés dans TPE et PE camerounaises diminue. En d’autres termes, plus les TPE et
PE font face à des contraintes d’accès à de l’eau potable, moins elles ont des employés. Dans le
même temps, moins les TPE et PE font face à des contraintes d’accès à l’eau, plus elles ont des
employés. Ce résultat qui conforte les travaux de Jabbour et al. (2015)[30], peut principalement
s’expliquer par le fait que l’augmentation des contraintes d’accès à de l’eau potable entraine
une augmentation de coûts supportés par l’entreprise. Plus il est difficile d’avoir accès à l’eau,
plus l’entreprise dépense. Ceci limite le pourcentage du capital dédié aux salaires des employés,
entrainant ainsi un faible nombre d’employés au sein desdites entreprises.
En outre, en ce qui concerne les contraintes liées à l’administration et à la législation fiscale,
les coefficients sont tous significatifs au seuil de 5% et traduisent de ce fait que, peu importe le
mode de financement informel utilisé par les entreprises de notre échantillon, une augmentation
des contraintes administratives et fiscales entraine une réduction du nombre total d’employés.
Ce résultat implique de manière opposée que, plus les TPE et PE camerounaises font moins
face à des contraintes liées à l’administration et à la législation fiscale, plus leurs effectifs aug-
mentent. Ce résultat montre que le climat des affaires a un effet considérable sur les perfor-
mances sociales des TPE et PE camerounaises, car un accroissement du nombre d’employés
dans ces entreprises passe nécessairement par la réduction des contraintes liées à l’administra-
tion et à la législation fiscale. Un tel résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il conforte
entre autres, ceux obtenus par Stickney et al (1982)[108] et Fuest et al. (2018)[38]. Ces auteurs
montrent que le nombre d’employés dépend des bénéfices nets de l’entreprise. Ces bénéfices
nets, dépendent quant à eux au taux d’imposition. Ce résultat peut principalement s’expliquer
par le fait que l’augmentation des contraintes administratives et fiscales entraine une augmenta-
tion de coûts supportés par l’entreprise. Plus il faut, payer des coûts liés aux normes administra-
tives et à la fiscalité, moins le chiffre d’affaires croît, moins l’entreprise réalise des bénéfices et
moins l’entreprise est apte à payer les salaires aux employés (Fowowe, 2017)[36]. L’augmenta-
tion des contraintes administratives et fiscales entraine de ce fait, un faible nombre d’employés
au sein des entreprises, encore plus celles disposant d’un chiffre d’affaires relativement faible.
Dans le même temps, les résultats portant sur l’effet des contraintes liées à la sécurité et au
vandalisme sur le nombre total d’employés des TPE et PE qui se financent de manière infor-
melle, impliquent que le nombre total d’employés au sein des TPE et PE camerounaises, est
fonction négative des contraintes liées à la sécurité et au vandalisme. Plus amplement dit, à me-
sure que les TPE et PE qui se financent de manière informelle, font face à des contraintes liées à
la sécurité, le nombre total d’employés diminue. Par contre, celles qui ont moins de contraintes
ont un nombre plus élevé d’employés. Ce résultat est valide, selon que l’entreprise se finance
par crédit commercial, par aide familiale ou par la tontine. Il corrobore l’issue des études telles
que celle de Fowowe (2017)[36] et se justifie par le fait que l’augmentation des contraintes liées
à la sécurité et au vandalisme, entraine une augmentation de coûts supportés par l’entreprise. En
effet, à mesure que la situation sécuritaire est incertaine, les entreprises déboursent d’énormes
sommes d’argent pour réduire au mieux les risques de subir des actes de vandalisme. Ainsi,
plus il faut payer des coûts liés aux contraintes de sécurité et de vandalisme, moins le chiffre
d’affaires croît, et moins l’entreprise est apte à payer les salaires aux employés. Ceci entraine
de ce fait, un faible nombre d’employés au sein des entreprises qui font face à ces contraintes.
Contrairement aux résultats précédents, certaines variables de contrôle exercent un effet
positif sur le nombre total d’employés au sein des TPE et PE camerounaises. Premièrement,
s’agissant des contraintes liées à la législation du travail, les résultats de nos estimations nous
fournissent des coefficients tous significatifs au seuil de 5%. Un tel résultat entraine que les
contraintes liées à la législation du travail, favorisent un accroissement des performances so-
ciales des TPE et PE camerounaises, à travers l’augmentation du nombre total d’employés. Par
contre, moins les contraintes sont importantes, moins le nombre d’employés augmente. Ce ré-
sultat est valide pour tous les modes de financement informel et diverge de l’issue des travaux de
Fowowe (2017)[36] qui traduisent que les contraintes liées à la législation du travail participent
à réduire le nombre d’employés au sein de l’entreprise. Le résultat que nous obtenons, se justifie
néanmoins par le fait que lorsque les contraintes liées à la législation du travail augmentent, cela
traduit un encadrement plus propice des conditions de travail des employés au sein des entre-
prises. Les employés deviennent ainsi plus productifs et les entreprises en recrutent davantage
pour essayer d’accroître leur profit (Emerson, 1988)[31].
Il en est de même pour les contraintes d’accès à l’électricité. Les coefficients issus des es-
timations, tous positifs et significatifs à 10%, impliquent qu’à mesure que les entreprises de
notre échantillon font face aux contraintes d’accès à l’électricité, elles accroissent leurs effec-
tifs. Ceci se justifie par le fait que lorsque les entreprises font face à des coupures intempestives
d’électricité, celles-ci mettent de côté les facteurs de production nécessitant une source d’éner-
gie électrique pour fonctionner et ont tendance à recruter plus de main d’œuvre, afin de combler
le déficit engendré par l’arrêt des machines (Jabbour et al., 2015)[30].
Au final, les résultats nous montrent que pour les TPE et PE camerounaises qui se financent
de manière informelle, le fait qu’elles disposent ou pas, d’une source autonome d’approvision-
nement en eau, a un effet très significatif sur le nombre total d’employés. Les coefficients, tous
significatifs au seuil de 1%, traduisent ce faisant que, de manière globale, les TPE et PE qui dis-
pose d’une source autonome d’approvisionnement en eau, ont moins d’employés que celles qui
n’en disposent pas. En d’autres termes, lorsqu’une entreprise dispose d’une source autonome
d’approvisionnement en eau, elle connait une réduction de ses effectifs. Ce résultat conforte
l’issue de l’étude de Jabbour et al. (2015)[30]. Une explication à ce résultat peut résider dans
le fait que notre échantillon est principalement composé des TPE et PE. Celles-ci disposent le
plus souvent d’un chiffre d’affaires limité (Rozas, 2012)[97]. Pour ces entreprises, le fait de
construire une source autonome d’approvisionnement en eau, le fait d’entretenir celle-ci en-
trainent d’énormes coûts, limitent le capital réservé aux salaires des employés et réduisent par
conséquent, le nombre d’employés au sein de l’entreprise. Les coûts liés à la mise en place et
à l’entretien de la source autonome d’approvisionnement en eau, entrainent donc une réduction
du nombre d’employés au sein des TPE et PE camerounaises.
D’un point de vue global, les résultats que nous obtenons à l’issue de cette analyse sont
concluants. S’agissant des variables d’intérêt, les résultats montrent que les coefficients asso-
ciés à l’indice synthétique de financement informel et à l’aide familiale sont significatifs à un
seuil de 1%, tandis que celui de la tontine l’est au seuil de 10%. Ces résultats indiquent que
de manière générale 30 , le financement informel a un effet positif et très significatif sur la ca-
pacité d’innovation des TPE et PE camerounaises. Ceci dit, les entreprises qui se financent
de manière informelle sont plus à même d’introduire sur le marché, de nouveaux produits, de
30. A travers l’indice synthétique
Les résultats portant sur l’effet du financement informel sur la capacité des TPE et PE ca-
merounaises à innover, sont résumés dans le tableau 4.4 ci-dessous :
Table 4.4 – Effets du financement informel sur la capacité d’innovation
Capacité d’innovation
VARIABLES (1) (2) (3) (4)
Cadre politique -0.319*** -0.348*** -0.341*** -0.318***
(-3.69) (-4.00) (-4.02) (-3.69)
Accès financement 0.366*** 0.381*** 0.353*** 0.366***
(3.72) (3.86) (3.64) (3.71)
Coût financement -0.296*** -0.315*** -0.281*** -0.318***
(-3.11) (-3.29) (-2.99) (-3.34)
Sécurité 0.226** 0.232*** 0.262*** 0.246***
(2.53) (2.59) (2.98) (2.77)
Indices 0.337***
(2.97)
Crédit commercial -0.208
(-0.63)
Aide familiale 1.115***
(4.22)
Tontines 0.416*
(1.70)
Constant -0.166 0.244 -2.123*** -0.842
(-0.46) (0.34) (-3.68) (-1.60)
Observations 367 370 370 374
R2 0.115 0.094 0.134 0.099
F 9.35 7.53 11.31 8.10
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.
Nos résultats nous indiquent en outre que le coût du financement a un effet positif et signifi-
catif sur la capacité d’innovation des entreprises de notre échantillon durant la période d’étude
considérée et ce, quel que soit le mode de financement informel retenu. Ceci signifie qu’une
augmentation du coût du financement participe à réduire la capacité d’innovation des entre-
prises considérées dans notre échantillon. Plus précisément, plus les TPE et PE camerounaises
font face à un coût du financement élevé, moins elles sont en mesure d’innover. Dans le même
temps, moins les entreprises font face à d’énormes coûts du financement, plus elles innovent. Ce
résultat est valide pour toutes les sources informelles de financement, car tous les coefficients
sont négatifs et significatifs à 1%. Néanmoins, cette capacité d’innovation est de plus en plus
réduite selon que l’entreprise se finance respectivement par le crédit commercial, la tontine ou
l’aide familiale.
Ce résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il conforte les travaux de Ullah (2019)[111]
qui mènent une étude comparative sur l’effet du financement formel/informel sur la capacité
d’innovation des entreprises des PED. Une explication à ce résultat est due au fait que, pour
innover, les entreprises ont besoin d’investir dans les activités de recherche et développement.
Si le coût du financement est élevé, les entreprises auront du mal à entrer en possession du
capital requis pour acheter de nouveaux facteurs de production et/ou pour la mise en place de
nouvelles techniques de production, par conséquent, elles seront incapables d’innover (Fowowe,
2017)[36].
Par ailleurs, certaines contraintes dues à l’environnement des affaires au Cameroun ont un
effet positif sur la capacité des TPE et des PE à innover. Premièrement, les résultats portant sur
les effets des contraintes d’accès au financement, sur la capacité d’innovation, nous fournissent
conformément aux coefficients, que les contraintes d’accès au financement ont un effet positif
sur la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises, quel que soit le mode de financement.
De manière plus ample, nous obtenons que, plus les TPE et PE camerounaises font face à des
contraintes d’accès au financement, plus elles innovent. Ce résultat va à l’encontre de celui
obtenu par Fowowe (2017)[36], qui a examiné l’effet des contraintes d’accès au crédit sur la
capacité d’innovation des entreprises. Il a, en effet obtenu que les entreprises qui font face
aux contraintes d’accès au crédit innovent moins que les autres. Le résultat que nous obtenons,
semble, quant à lui paradoxal. Il peut cependant être expliqué par le fait que d’après le FMI, l’un
des rôles de la banque est de financer les activités innovantes. Dans un contexte où l’accès au
crédit bancaire est restreint, les entreprises sont obligées de recourir aux méthodes alternatives
de financement, afin de financer leurs activités de recherche et développement, d’innover et
d’être éligible au crédit bancaire. Les contraintes d’accès au financement sont de ce fait vues
comme un facteur stimulant de la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises.
Les résultats nous indiquent enfin que les contraintes de sécurité participent à accroitre la
capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises quel que soit le mode de financement in-
formel. De manière ample, ces résultats traduisent qu’à mesure que les entreprises de notre
échantillon font face aux contraintes de sécurité, elles sont plus à même d’innover. Ce résultat
contre-intuitif va à l’encontre de celui obtenu par Fowowe (2017)[36] et Ullah (2019)[111] qui
examinent l’effet du financement informel sur la capacité d’innovation des TPE et PE camerou-
naises. Toutefois, une explication à ce résultat est que, lorsque le taux d’insécurité augmente,
les entreprises développent des techniques pour réduire tous les risques courus. Elles renforcent
leur sécurité, rendent les clients plus confiants, et entrainent ainsi une innovation sociale 31 (Bou-
chard, 2006)[16].
temps, les entreprises plus innovantes ou les entreprises ayant des taux de croissance plus élevés
sont capables de lever des capitaux auprès des sources de financement formelles, tandis que les
entreprises moins innovantes ou à faible croissance sont obligées d’emprunter auprès de sources
informelles.
La présence des variables explicatives de financement informel telles que la tontine, le cré-
dit commercial et l’aide familiale, peut de ce fait créer un problème d’endogénéité et biaiser les
résultats des estimations. Afin de corriger ce problème d’endogénéité et de vérifier la robustesse
des résultats que nous avons obtenus, nous optons pour la méthode d’appariement par scores de
propension (PSM 32 ), initialement proposée par Rubin (1977)[98] et développée plus récem-
ment par Heckman et al. (1998)[47]. Cette approche qui a été utilisée par Allen (2019)[8], pour
corriger l’endogénéité dans les estimations des effets du financement informel, sur les perfor-
mances des entreprises chinoises, est ci-dessous présentée.
Y = X1 β1 + X2 β2 + · · · + Xk βk + ε (4.1)
Comme nous l’avons introduit ci-dessus, le principe de la méthode d’estimation par apparie-
ment consiste à apparier une entreprise qui se finance de manière informelle avec une entreprise
qui ne se finance pas de manière informelle, dont les caractéristiques observables sont compa-
rables. Nous considérons ensuite le résultat Y(0) de cette entreprise comme le contrefactuel de
l’entreprise qui lui est semblable, c’est-à-dire le résultat qui aurait été obtenu si l’entreprise avait
décidé de ne pas se financer de manière informelle. L’appariement se fait sur la base d’un score
de propension, défini comme la probabilité individuelle de se financer de manière informelle,
conditionnellement au vecteur X des covariables observées. L’estimateur par appariement est
alors égal à la moyenne des écarts entre les variables de résultat Y(1) et leur(s) contrefactuel(s)
respectif(s) Y(0).
L’effet moyen peut s’écrire comme suit :
P(X) = Pr (X1 = 1 | X)
Le score de propension est estimé à l’aide d’un modèle à choix qualitatif binaire (probit ou logit)
dans lequel est introduit l’ensemble des variables constituant théoriquement des déterminants
du recours au financement informel. La validité empirique de l’appariement par score de pro-
pension repose sur deux hypothèses fondamentales, dont les implications pratiques doivent être
prises en considération dans la conduite de notre étude. La première est l’hypothèse d’indépen-
dance conditionnelle. Elle suppose que, conditionnellement à un ensemble de caractéristiques
observables X qui ne sont pas affectées par le traitement (ici, le financement informel), les va-
riables de résultat Y(1) et Y(0) sont indépendantes de la variable de traitement X1 . L’hypothèse
a
(Y(1), Y(0)) X1 | X
Une fois le score de propension estimé, nous appliquons un algorithme d’appariement. Dans
notre étude, pour plus de précision dans les résultats, nous faisons le choix d’appliquer l’esti-
mateur des k-plus proches voisins, l’estimateur par la méthode du rayon et l’estimateur à noyau.
Dans l’estimateur du plus proche voisin (nearest–neighbour), l’individu du groupe de com-
paraison est choisi comme partenaire d’appariement pour un individu traité qui est le plus
proche en termes de score de propension. Dans notre cas, cela signifie que les entreprises qui se
financent de manière informelle seront appariées à celles qui se financent de manière formelle
et qui leur sont plus proches en termes de score de propension. Formellement, cet estimateur
s’écrit :
1 X X
∆ˆ NN = ωN0 (t, c)Y(0)
Y(1) −
NT X =1 X =1
1 0
1 si d(Pt , Pc ) = minc d(Pt , Pc )
Avec ωN0 =
0 si sinon
Où N1 (respectivement N0 ) est le nombre d’observations dans le groupe des entreprises qui
se financent de manière informelle (respectivement, groupe opposé), et ω( N0 )(t, c) est le poids
attribué à chacune des observations n’ayant pas recours au financement informel servant à la
construction du contrefactuel pour l’observation ayant recours au financement informel, en
fonction de la distance de Mahalanobis 37 (notée d) des scores de propension. d(pt , pc ) repré-
sente la distance entre les scores de propension d’une entreprise qui se finance de manière
informelle et d’une autre qui se finance de manière formelle.
L’estimateur par la méthode du rayon (radius matching) proposé par Dehejia et Wahba
(2002)[27] consiste à apparier chaque observation traitée avec un ensemble d’observations non
traitées comprises dans un rayon donné. Cet algorithme de matching permet à la fois de limiter
l’éloignement en termes de score de propension des observations appariées et, utilise davantage
d’informations pour la construction du contrefactuel, réduisant ainsi simultanément le biais et
la variance de l’estimateur. Suivant Lin et Ye (2009)[62], nous considérons ici deux rayons :
r = 0, 01 et r = 0, 03.
L’estimateur à noyau (kernel matching), proposé par Heckman et al. (1998)[47] consiste à
retenir pour la construction du contrefactuel l’ensemble des observations non traitées apparte-
nant au support commun, chaque observation non traitée étant pondérée de manière décrois-
sante selon sa distance à l’observation traitée considérée. En d’autres termes, une observation
non traitée dont le score de propension est relativement proche de l’observation traitée consi-
dérée participera plus à la construction du contrefactuel qu’une observation très éloignée. Les
pondérations sont déterminées par une fonction noyau K :
P − P
c t
K
h
ωN0 (t, c) =
P Pc − Pt
K
h
où h est un paramètre de lissage. Nous retrouvons à travers ce dernier l’arbitrage entre biais et
variance exposé ci-dessus, puisqu’un petit paramètre réduira le biais de l’estimateur, alors que
la variance sera d’autant plus grande que le paramètre de lissage est faible (voir, par exemple,
Silverman, 1986 ; Pagan et Ullah, 1999)[104].
Enfin, la dernière étape consiste à calculer l’écart-type permettant d’apprécier la signifi-
cativité statistique de l’effet moyen du traitement sur les traités. Lechner (2002)[59] propose
d’utiliser la technique du bootstrap. Cette dernière consiste à répliquer l’ensemble de la procé-
dure d’estimation (estimation des scores de propension, détermination du support commun, et
appariement) sur un échantillon tiré aléatoirement avec remise dans l’échantillon initial, et à dé-
37. Maesschalck et al. (2000)
Les résultats issus des tests de robustesse sur les effets du financement informel sur le
nombre d’employés recrutés, sont consignés dans le tableau 4.6 suivant :
Pour les entreprises de notre échantillon qui se financent au moyen des tontines et de l’aide
familiale, les résultats précédemment obtenus sont confortés. De manière précise ces estima-
tions attestent que, pour les entreprises de notre échantillon, se financer par le biais de l’aide
familiale, ou de la tontine, n’a aucun effet sur le nombre d’employés recrutés. En revanche,
s’agissant des entreprises qui se financent par le crédit commercial, l’estimateur PSM nous
fournit un résultat différent de celui obtenu par l’estimateur des MCO. Alors que les MCO
laissent croire que le financement par le crédit commercial réduit le nombre d’employés recru-
tés au sein des TPE et PE camerounaises, les résultats obtenus ici attestent que, tout comme
les autres modes de financement informel considérés dans cette étude, le crédit commercial
n’a aucun effet sur le nombre d’employés recrutés au sein des entreprises de notre échantillon.
La différence des résultats réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit
le biais de sélectivité. Le résultat ainsi obtenu se justifie par le fait que, d’après Sorelle et al.,
(2020)[106], les TPE et PE camerounaises qui ont recours au crédit commercial, entretiennent
des relations de confiance avec leurs fournisseurs. De ce fait, ces fournisseurs appliquent des
taux d’intérêts très faibles ou nuls aux entreprises. Celles-ci ne subissent donc pas de coûts liés
à la source de financement, susceptibles de réduire leur capacité de recrutement.
Les estimations nous fournissent ici, des résultats différents de ceux obtenus par MCO. A
la place des coefficients positifs et significatifs précédemment obtenus s’agissant des variables
’aide familiale’ et ’crédit commercial’, nous obtenons ici, des coefficients non significatifs. Ces
résultats laissent croire que, se financer par le crédit commercial et l’aide familiale, n’a aucun
effet sur le nombre total d’employés des TPE et PE camerounaises. En outre, contrairement
au coefficient négatif mais non significatif de la variable ’tontine’, observé dans les précédents
résultats, nous obtenons ici des coefficients négatifs et significatifs à 10%, associés à ladite
variable. De manière explicite, les résultats nous fournissent que le financement par la tontine
participe à réduire le nombre total d’employés au sein des entreprises de notre échantillon.
Cette différence réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit le biais de
sélectivité. De ce fait, elle fournit des résultats plus précis. Le résultat obtenu ici se justifie par le
fait que, d’après Fowowe (2017)[36], les petites entreprises qui ont recours au financement par
la tontine, subissent des coûts continuels, du fait des cotisations habituelles. De cette manière,
elles consacrent une grande partie de leur capital, au remboursement de leur emprunt, ce qui
réduit ainsi leur possibilité de payer des employés en grand nombre. D’où le nombre réduit
d’employés rencontrés dans les TPE et PE camerounaises. Le tableau 4.11 ci-dessous présente
les résultats robustes sur le nombre total d’employés.
Ils attestent de ce fait que seules les TPE et PE camerounaises qui se financent par l’aide fa-
miliale et la tontine sont à même d’innover. Se financer par le crédit commercial, par contre,
n’a aucun effet sur la capacité d’innovation des entreprises de notre échantillon. Les résultats
robustes, portant sur les effets du financement informel sur la capacité d’innovation des TPE et
PE camerounaises, sont consignés dans le tableau 4.8 suivant :
Conclusion
En guise de conclusion, l’objectif de ce chapitre était de procéder à un examen empirique sur
la relation entre le financement informel et les performances des TPE et PE camerounaises. Pour
atteindre cet objectif, nous avons trouvé pertinent de procéder premièrement à la sélection des
variables pertinentes à l’analyse des performances des entreprises, par la méthode bayésienne
WALS, afin d’estimer les bons modèles. Nous avons par la suite effectué nos estimations à
l’aide de la méthode des MCO. Pour vérifier la robustesse de nos résultats, nous avons fait le
choix de prendre en compte le biais de sélectivité et l’endogénéité qui existe entre le financement
informel et les indicateurs de performances. Nous avons, pour ce faire, procédé à des estimations
par la méthode d’appariement des scores de propension. Les résultats que nous trouvons nous
renseignent que le financement par l’aide familiale et la tontine, améliore significativement la
capacité d’innovation des entreprises de notre échantillon. Par ailleurs, les entreprises qui se
financent par le crédit commercial, sont moins à même de recruter de nouveaux employés.
En outre, le nombre total d’employés au sein des TPE et PE camerounaises, est négativement
corrélé au crédit commercial, mais positivement corrélé à l’aide familiale. En ce qui concerne
les performances économiques des entreprises de notre échantillon, nous avons trouvé qu’elles
ne sont pas corrélées au financement informel. En d’autres termes, le fait pour une entreprise, de
se financer de manière informelle, n’a aucun effet sur le taux de croissance annuel de sa valeur
ajoutée.
Ces résultats confortent l’issue de nombreux travaux existant et s’inscrivent en même temps
à l’encontre d’autres. Pour chuter, il est important de relever que les résultats portant sur les
performances économiques et la capacité d’innovation, sont robustes lorsque nous prenons en
compte l’endogénéité. En revanche, s’agissant du nombre d’employés recrutés, tout comme
les autres modes de financement informel considérés dans cette étude, les estimations PSM at-
testent que le crédit commercial n’a aucun effet sur le nombre d’employés recrutés au sein des
entreprises de notre échantillon. De même, pour le nombre total d’employés, contrairement au
coefficient négatif mais non significatif de la variable ’tontine’, observé dans les principaux ré-
sultats, nous obtenons en robustesse, des coefficients négatifs et significatifs à 10%, associés à
ladite variable. Explicitement, nous obtenons que le financement par la tontine réduit le nombre
total d’employés dans les entreprises de notre échantillon. Notons à titre explicatif, que la dif-
férence des résultats réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit le biais
de sélectivité.
z CONCLUSION GENERALE z
Les TPE et PE camerounaises font face à d’énormes contraintes d’accès au crédit. Pour
contourner cette difficulté, elles ont recours aux sources informelles de financement, qui peuvent
s’avérer préjudiciables. Compte tenu des controverses à la fois théoriques, empiriques et fac-
tuelles sur les effets du financement informel sur les performances des entreprises, ce mémoire
a eu pour objectif principal de faire une évaluation des effets du financement informel sur les
performances des TPE et PE au Cameroun. Cet objectif principal s’est décliné en trois sous
objectifs, entre autres, évaluer les effets du financement informel sur les performances écono-
miques, sociales et sur la capacité d’innovation des entreprises. Pour atteindre ces objectifs,
nous avons structuré ce mémoire en quatre (04) chapitres. Dans le premier, nous avons clarifié
les notions de financement informel et de performances des entreprises, en précisant les dif-
férents indicateurs utilisés pour mesurer ces concepts. Afin d’inscrire la relation financement
informel et performances des entreprises, dans un ancrage théorique, l’objectif du chapitre 2, a
été de présenter dans un premier temps, une revue des débats théoriques et empiriques autour
des effets du financement informel sur les performances des entreprises. Par la suite, il s’est
avéré judicieux de montrer les différents canaux par lesquels transitent les effets du financement
informel sur les performances des entreprises. Le chapitre trois, a consisté en une analyse des
faits stylisés autour des effets du financement informel sur les performances des entreprises,
suivie d’une présentation de la source des données, des variables et de la méthodologie. Le qua-
trième et dernier chapitre quant à lui, portait sur la présentation des principaux résultats et des
résultats robustes.
Plusieurs enseignements théoriques et empiriques ont été relevés dans ce travail. D’un point
de vue théorique, nous retenons deux principaux courants. Le premier, sous-tendu par la théorie
du compromis et la théorie du financement hiérarchique, affirme une relation significative entre
le financement informel et les performances des entreprises. Le second courant, qui relève quant
à lui, un effet non significatif du financement informel sur les performances des entreprises,
trouve son ancrage théorique dans la théorie de la neutralité de la structure de financement, ini-
tiée par Modigliani et Miller (1958)[79]. La relation directe entre le financement informel et les
performances des entreprises est également discutée dans la littérature empirique. Cette littéra-
ture s’articule autour de deux principaux axes. Le premier relève un effet positif et significatif
du financement informel sur les performances des entreprises, tandis que le second relève un
effet non significatif, voire négatif. En outre, le financement informel affecte les performances
des entreprises par des canaux directs et indirects. Les canaux directs regroupent entre autres,
le canal du taux d’intérêt, le canal des relations personnelles, le canal de l’effet de levier et le
canal des coûts de transaction. Les canaux indirects regroupent quant à eux, les institutions et
l’environnement des affaires.
Dans le but d’estimer les effets du financement informel sur les performances des entre-
prises, nous avons utilisé les Moindres Carrés Ordinaires, précédés d’une sélection des déter-
minants des performance, faite à l’aide d’une analyse bayésienne. Afin de vérifier la robustesse
de nos résultats, nous avons opté pour une approche non paramétrique, dite approche par ap-
pariement des scores de propension. Notre choix a été guidé par son avantage de prendre en
compte à la fois l’hétérogénéité et le biais de sélectivité. S’agissant des variables, nous avons
retenu l’aide familiale, le crédit commercial, la tontine et un indice synthétique des trois va-
riables, comme principales variables d’intérêt. Les données pour capter ces dernières nous ont
été fournies par la base de données construite par le CEREG (2014). Par ailleurs les variables
dépendantes étaient choisies en fonction de l’aspect des performances étudié. S’agissant des
performances économiques, nous avons retenu comme variable, le taux de croissance annuel
de la valeur ajoutée. Pour les performances sociales, nous avons utilisé le nombre d’employés
recrutés par l’entreprise et le nombre total des employés. Enfin, pour la capacité d’innovation,
nous avons construit un indice synthétique, tenant compte des variables comme l’introduction
d’un nouveau produit ou d’une nouvelle technique de production sur le marché, les dépenses
en RD, etc. Conformément la à littérature, nous avons retenu certaines variables de contrôle,
fournies par la même base de données.
Les analyses empiriques, nous ont conduit à trois principaux résultats. S’agissant des per-
formances économiques, l’estimateur des MCO nous indique que le financement informel n’a
pas d’effets significatifs sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des TPE et PE ca-
merounaises. De même ce résultat apparait robuste lorsqu’on prend en compte l’existence d’un
biais d’endogénéité entre le financement informel et le taux de croissance annuel de la valeur
ajoutée. Il est donc opportun de mentionner que ce résultat corrobore l’issue de quelques études
similaires notamment, celle de Degryse et al. (2016)[25] et infirme également d’autres résultats
comme celui trouvé par Rozas (2012)[97]. Par ailleurs ce résultat nous permet également de
valider notre première hypothèse.
En ce qui concerne les performances sociales, les résultats nous indiquent premièrement
que le financement par le crédit commercial participe à réduire le nombre d’employés recrutés,
tandis que les autres modes informels de financement n’ont aucun effet. Ce résultat va dans le
même sens que celui de Ndouna et al. (2017)[83]. La méthode étudiée en robustesse nous a
révélé que, comme pour les autres modes financement informel, le crédit commercial n’a aucun
effet sur le nombre d’employés recrutés. Ce résultat se justifie principalement par la correction
du biais d’endogénéité entre financement informel et performances sociales.
Deuxièmement, nous avons obtenu suite à nos estimations que le financement par aide fami-
liale participe à augmenter le nombre total d’employés, alors que le crédit commercial produit
l’effet opposé. Ce résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il corrobore l’issue de quelques
études similaires notamment celles de Selvam et al. (2016)[102]. Par ailleurs, les tests de robus-
tesse nous ont amené à conclure que seul le financement par la tontine affecte le nombre total
des employés d’une TPE ou PE camerounaise. L’effet négatif et significatif au seuil de 10%
obtenu, réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit le biais de sélectivité.
Ces résultats nous permettent de valider notre seconde hypothèse.
Enfin, s’agissant de la capacité d’innovation, l’estimateur des MCO nous indique que le
financement informel (par l’aide familiale et la tontine) a un effet positif et significatif sur la ca-
pacité d’innovation des TPE et PE camerounaises. Ce résultat apparait robuste lorsqu’on prend
en compte l’existence d’un biais d’endogénéité entre le financement informel et la capacité
d’innovation. Il est donc opportun de mentionner que ce résultat va dans le même sens que celui
trouvé par de nombreux auteurs à l’instar de Fowowe (2017)[36] et infirme également d’autres
résultats comme celui trouvé par Ullah (2019)[111]. Par ailleurs ce résultat nous permet égale-
ment de valider notre troisième hypothèse.
Conformément à ces résultats, nous formulons les recommandations suivantes. Première-
ment, les autorités de Politique Economique (PE) du Cameroun doivent exploiter les avantages
de la finance informelle, afin de rendre plus aisé, l’accès au crédit. Ces avantages sont entre
autres, la célérité dans l’octroi du crédit et la flexibilité du crédit. En effet, les autorités de PE
doivent mettre en place des mesures qui visent à simplifier les procédures de traitement des de-
mandes et d’octroi du crédit, afin de permettre aux TPE et PME d’en bénéficier, pour financer
leurs activités. De plus, les autorités de PE doivent adopter des mesures visant à rendre plus
flexibles les contrats de financement formel, afin de faciliter la négociation directe entre entre-
prises et fournisseurs de crédit et de rendre plus faciles et aisées, les méthodes de recouvrement.
La deuxième recommandation est de mettre sur pied une plateforme permettant de regrouper
d’une part, les fournisseurs des entreprises en termes de crédit (agents à capacité de financement
et acteurs du financement informel) et d’autre part, les TPE et PE ayant besoin de financement.
Cette plateforme va permettre aux TPE et PE de négocier de manière directe et formelle, les
conditions d’endettement avec les différents fournisseurs de crédit, afin de bénéficier du crédit
au taux d’intérêt le plus avantageux, car dans ce cas, le taux d’intérêt sera concurrentiel.
z ANNEXE z
Table 4.9 – Sélection des déterminants du taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
VARIABLES TAUX DE CROISSANCE ANUEL DE LA VALEUR AJOUTEE
(1) (2) (3) (4)
Législation du travail 0.040*
(1.17)
Administration 0.075* 0.054* 0.065* 0.056*
(1.87) (1.42) (1.70) (1.48)
Procédures 0.051* 0.035* 0.040* 0.036*
(1.47) (1.01) (1.06) (1.04)
Telecom -0.048* -0.055*
(-1.18) (-1.36)
Transport -0.063* -0.066* -0.066* -0.070*
(-1.58) (-1.78) (-1.67) (-1.89)
Approvisionnement eau -0.202* -0.180 -0.198* -0.192*
(-1.10) (-0.97) (-1.08) (-1.02)
Qualité eau -0.042* -0.040* -0.042* -0.043*
(-1.16) (-1.08) (-1.14) (-1.15)
Indice 0.010
(0.18)
Aide familiale 0.007
(0.05)
Tontines -0.012
(-0.09)
Crédit commercial 0.116
(0.63)
Constant 0.609* 0.571* 0.626* 0.399
(1.42) (1.14) (1.34) (0.71)
Observations 270 273 275 272
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.
z Bibliographie z
[1] Abdel-Tawwab, M., Abdulrahman, N. M., Baiz, A. I., Nader, P. J., & Al-Refaiee, I. H.. The
using of Chlorella pyrenoidosa and Daphnia magna as feed supplements for common carp,
Cyprinus carpio : growth performance, somatic indices, and hemato-biochemical biomar-
kers. Journal of Applied Aquaculture, 1-15.
[3] Abbadi, S. M., & Abu-Rub, N. (2012). The effect of capital structure on the performance of
palestinian financial institutions. British Journal of Economics, Finance and Management
Sciences, 3(2), 92-101.
[4] Adeyinka, A. J., Odi, N., Ebenehi, O. E., Ademola, O. G., & James, S. O.. Implications
of Financial Intermediation on the Performance of Microfinance Banks in Nigeria : 2000-
2016.
[5] Agénor, P. R., Haque, N. U., & Montiel, P. J. (1993). Macroeconomic effects of anticipated
devaluations with informal financial markets. Journal of Development Economics, 42(1),
133-153.
[6] Ahlstrom, D., & Bruton, G. D. (2006). Venture capital in emerging economies : Networks
and institutional change. Entrepreneurship theory and practice, 30(2), 299-320.
[7] Allen, F., Chakrabarti, R., De, S., & Qian, M. (2012). Financing firms in India. Journal of
financial intermediation, 21(3), 409-445.
[8] Allen, F., Qian, M. et Xie, J. (2019). Understanding informal financing. Journal of Finan-
cial Intermediation , 39 , 19-33.
[9] Ayyagari, M., Demirgüç-Kunt, A., & Maksimovic, V. (2010). Formal versus informal fi-
nance : Evidence from China. The Review of Financial Studies, 23(8), 3048-3097.
[10] Ayyagari, M., Demirgüç-Kunt, A., & Maksimovic, V. (2014). Bribe payments and inno-
vation in developing countries : Are innovating firms disproportionately affected ?. Journal
of Financial and Quantitative Analysis, 49(1), 51-75.
[11] Beck, T., Lu, L., & Yang, R. (2015). Finance and growth for microenterprises : evidence
from rural China. World Development, 67, 38-56.
[12] Beck, T., Senbet, L., & Simbanegavi, W. (2015). Financial inclusion and innovation in
Africa : An overview. Journal of African Economies, 24(suppl_1), i3-i11.
[13] BERDI, A., & SEBBAR, A. (2019). Etude des impacts organisationnels engendrés par
l’utilisation des Technologies de l’Information et de la communication.-Cas des banques
marocaines. Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit, 3(2).
[14] Berger, A. N., & Udell, G. F. (1998). The economics of small business finance : The roles
of private equity and debt markets in the financial growth cycle. Journal of banking &
finance, 22(6-8), 613-673.
[15] Besley, T., & Levenson, A. R. (1996). The role of informal finance in household capital
accumulation : evidence from Taiwan. The Economic Journal, 106(434), 39-59.
[17] Bukari, C., & Anaman, E. A. A. (2020). Corruption and firm innovation : a grease or
sand in the wheels of commerce ? Evidence from lower-middle and upper-middle income
economies. Eurasian Business Review, 1-36.
[18] Caliendo, M., Fossen, F., & Kritikos, A. (2010). The impact of risk attitudes on entrepre-
neurial survival. Journal of Economic Behavior & Organization, 76(1), 45-63.
[19] Castro, N., Toledo, M., & Amador, G. (2019). An experimental investigation of the per-
formance and emissions of a hydrogen-diesel dual fuel compression ignition internal com-
bustion engine. Applied Thermal Engineering, 156, 660-667.
[20] Coase, R. H. (1991). The nature of the firm (1937). The Nature of the Firm. Origins,
Evolution, and Development. New York, Oxford, 18, 33.
[21] Cueto, B., & Mato, J. (2006). An analysis of self-employment subsidies with duration
models. Applied Economics, 38(1), 23-32.
[22] Danilov, D., & Magnus, J. R. (2004). Forecast accuracy after pretesting with an applica-
tion to the stock market. Journal of Forecasting, 23(4), 251-274.
[23] Danilov, D., & Magnus, J. R. (2004). On the harm that ignoring pretesting can cause.
Journal of Econometrics, 122(1), 27-46.
[24] Dasuki, A. I. (2016). The effect of capital structure on financial performance. In Confe-
rence Proceedings DOKBAT (p. 96).
[25] Degryse, H., Lu, L., & Ongena, S. (2016). Informal or formal financing ? Evidence on the
co funding of Chinese firms. Journal of Financial Intermediation, 27, 31-50.
[26] Degryse, H., Lu, L., & Ongena, S. (2016). Informal or formal financing ? Evidence on the
co-funding of Chinese firms. Journal of Financial Intermediation, 27, 31-50.
[27] Dehejia, R. H., & Wahba, S. (2002). Propensity score-matching methods for nonexperi-
mental causal studies. Review of Economics and statistics, 84(1), 151-161.
[28] De Luca, G., & Magnus, J. R. (2011). Bayesian model averaging and weighted-average
least squares : Equivariance, stability, and numerical issues. The Stata Journal, 11(4), 518-
544.
[29] De Maesschalck, R., Jouan-Rimbaud, D., & Massart, D. L. (2000). The mahalanobis dis-
tance. Chemometrics and intelligent laboratory systems, 50(1), 1-18.
[30] De Sousa Jabbour, A. B. L., de Oliveira Frascareli, F. C., & Jabbour, C. J. C. (2015). Green
supply chain management and firms ? performance : Understanding potential relationships
and the role of green sourcing and some other green practices. Resources, Conservation
and Recycling, 104, 366-374.
[31] Emerson, M. (1988). Regulation or deregulation of the labour market : Policy regimes
for the recruitment and dismissal of employees in the industrialised countries. European
Economic Review, 32(4), 775-817.
[32] Eniola, A. A., Entebang, H., & Sakariyau, O. B. (2015). Small and medium scale busi-
ness performance in Nigeria : Challenges faced from an intellectual capital perspective.
International Journal of Research Studies in Management, 4(1), 59-71.
[33] Estrin, S., & Prevezer, M. (2011). The role of informal institutions in corporate gover-
nance : Brazil, Russia, India, and China compared. Asia Pacific journal of management,
28(1), 41-67.
[34] Fairlie, R. W., & Robb, A. M. (2009). Gender differences in business performance : evi-
dence from the Characteristics of Business Owners survey. Small Business Economics,
33(4), 375-395.
[35] Florin, J., Lubatkin, M., & Schulze, W. (2003). A social capital model of high-growth
ventures. Academy of Management Journal, 46(3), 374-384.
[36] Fowowe, B. (2017). Access to finance and firm performance : Evidence from African
countries. Review of development finance, 7(1), 6-17.
[37] Francoz, D., & Bonneau, J. (1995). Le profil du créateur influence la survie de l’entreprise.
[38] Fuest, C., Peichl, A., & Siegloch, S. (2018). Do higher corporate taxes reduce wages ?
Micro evidence from Germany. American Economic Review, 108(2), 393-418.
[39] Kafouros, M., Love, J. H., Ganotakis, P., & Konara, P. (2020). Experience in R&D col-
laborations, innovative performance and the moderating effect of different dimensions of
absorptive capacity. Technological Forecasting and Social Change, 150, 119757.
[40] García ?Teruel, P. J., & Martínez ?Solano, P. (2007). Effects of working capital manage-
ment on SME profitability. International Journal of managerial finance.
[41] García ?Teruel, P. J., & Martínez ?Solano, P. (2007). Effects of working capital manage-
ment on SME profitability. International Journal of managerial finance.
[42] Gicheva, D., & Link, A. N. (2013). Leveraging entrepreneurship through private invest-
ments : does gender matter ?. Small Business Economics, 40(2), 199-210.
[43] Giorgi, G., Shoss, M., & Di Fabio, A. (2017). From organizational welfare to business
success : higher performance in healthy organizational environments. Frontiers in psycho-
logy, 8, 720.
[44] Colombo, M. G., Grilli, L., & Murtinu, S. (2011). R&D subsidies and the performance of
high-tech start-ups. Economics Letters, 112(1), 97-99.
[45] Grimm, M., Hartwig, R., & Lay, J. (2013). Electricity access and the performance of
micro and small enterprises : evidence from West Africa. The European journal of deve-
lopment research, 25(5), 815-829.
[47] Heckman, J. J., Ichimura, H., & Todd, P. (1998). Matching as an econometric evaluation
estimator. The review of economic studies, 65(2), 261-294.
[50] Kohtamäki, M., Kautonen, T., & Kraus, S. (2010). Strategic planning and small business
performance : an examination of the mediating role of exploration and exploitation beha-
viours. The International Journal of Entrepreneurship and Innovation, 11(3), 221-229.
[51] Kedir, A. M., & Ibrahim, G. (2011). ROSCAs in Urban Ethiopia : are the characteristics
of the institutions more important than those of members ?. Journal of development studies,
47(7), 998-1016.
[52] Kijkasiwat, P., Wellalage, N. H., & Locke, S. (2021). The impact of symbiotic relations
on the performance of micro, small and medium enterprises in a small-town context : The
perspective of risk and return. Research in International Business and Finance, 56, 101388.
[53] Kim, H., Lee, J. T., Lee, D. C., Oschatz, M., Cho, W. I., Kaskel, S., & Yushin, G. (2013).
Enhancing performance of Li’S cells using a Li’Al alloy anode coating. Electrochemistry
communications, 36, 38-41.
[54] Kreps, T. J. (1962). Measurement of the social performance of business. The Annals of
the American Academy of Political and Social Science, 343(1), 20-31.
[56] Lapenu, C., Konini, Z., & Razakaharivelo, C. (2009). Évaluation de la performance so-
ciale : les enjeux d’une finance responsable. Revue Tiers Monde, (1), 37-54.
[57] Lapenu, C., Zeller, M., Greely, M., Chao-Béroff, R., & Verhagen, K. (2004). Perfor-
mances sociales : Une raison d’être des institutions de microfinance et pourtant encore
peu mesurées. Quelques pistes. Mondes en développement, (2), 51-68.
[59] Lechner, M. (2002). Program heterogeneity and propensity score matching : An applica-
tion to the evaluation of active labor market policies. Review of Economics and Statistics,
84(2), 205-220.
[60] Leeb, H., & Pötscher, B. M. (2008). Can one estimate the unconditional distribution of
post-model-selection estimators ?. Econometric Theory, 338-376.
[62] Lin, S., & Ye, H. (2009). Does inflation targeting make a difference in developing coun-
tries ?. Journal of Development economics, 89(1), 118-123.
[63] Lorrain, J., & Laferté, S. (2006). Support needs of the young entrepreneur. Journal of
Small Business & Entrepreneurship, 19(1), 37-48.
[64] Love, P. E., Irani, Z., & Edwards, D. J. (2004). Industry-centric benchmarking of in-
formation technology benefits, costs and risks for small-to-medium sized enterprises in
construction. Automation in construction, 13(4), 507-524.
[65] Lucotte, Y. (2012). Adoption of inflation targeting and tax revenue performance in emer-
ging market economies : An empirical investigation. Economic Systems, 36(4), 609-628.
[66] Luo, Y., & Peng, M. W. (1999). Learning to compete in a transition economy : Experience,
environment, and performance. Journal of international business studies, 30(2), 269-295.
[67] Magnus, J. R., & Durbin, J. (1999). Estimation of regression coefficients of interest when
other regression coefficients are of no interest. Econometrica, 67(3), 639-643.
[68] Magnus, J. R. (2002). Estimation of the mean of a univariate normal distribution with
known variance. The Econometrics Journal, 5(1), 225-236.
[69] Magnus, J. R., & De Luca, G. (2016). Weighted ?average least squares (WALS) : a survey.
Journal of Economic Surveys, 30(1), 117-148.
[70] Maliranta, M., & Nurmi, S. (2019). Business owners, employees, and firm performance.
Small Business Economics, 52(1), 111-129.
[71] Marvel, M. R., & Lumpkin, G. T. (2007). Technology entrepreneurs’ human capital and
its effects on innovation radicalness. Entrepreneurship Theory and Practice, 31(6), 807-
828.
[72] McMillan, J., & Woodruff, C. (1999). Interfirm relationships and informal credit in Viet-
nam. The Quarterly Journal of Economics, 114(4), 1285-1320.
[73] Mertzanis, C. (2019). Family ties, institutions and financing constraints in developing
countries. Journal of Banking & Finance, 108, 105650.
[74] Miller, M. H. (1977). Debt and taxes. the Journal of Finance, 32(2), 261-275.
[75] Mirestean, A., & Tsangarides, C. G. (2009). Growth determinants revisited (Vol. 9). Wa-
shington, DC : International Monetary Fund.
[76] Mirza, S. A., & Javed, A. (2013). Determinants of financial performance of a firm : Case
of Pakistani stock market. Journal of economics and International Finance, 5(2), 43-52.
[77] Modigliani, F., & Miller, M. H. (1963). Corporate income taxes and the cost of capital : a
correction. The American economic review, 53(3), 433-443.
[78] Moati, P. (2000). Comment évaluer les performances d’un secteur d’activité ?. Cahier de
recherche NC148.
[79] Modigliani, F., & Miller, M. H. (1958). The cost of capital, corporation finance and the
theory of investment. The American economic review, 48(3), 261-297.
[80] Muñoz-Bullón, F., Sanchez-Bueno, M. J.,& Vos-Saz, A. (2017). The influence of sports
participation on academic performance among students in higher education. Sport Mana-
gement Review, 20(4), 365-378.
[81] Myers, S. C., & Majluf, N. S. (1984). Corporate financing and investment decisions when
firms have information that investors do not have. Journal of financial economics, 13(2),
187-221.
[82] Nakayama, K., & Silverman, G. H. (1986). Serial and parallel processing of visual feature
conjunctions. Nature, 320(6059), 264-265.
[84] Nguyen, H. T., Nguyen, T. T., Dang, X. L. P., & Nguyen, H. M. (2019). Informal finan-
cing choice in SMEs : do the types of formal credit constraints matter ?. Journal of Small
Business & Entrepreneurship, 1-20.
[85] Nickell, S., Nicolitsas, D., & Dryden, N. (1997). What makes firms perform well ?. Euro-
pean economic review, 41(3-5), 783-796.
[86] North, D. C. (1990). Institutions, institutional change and economic performance. Cam-
bridge university press.
[88] Ojong, N. (2019). Informal borrowing sources and uses : insights from the North West
Region, Cameroon. Third World Quarterly, 40(9), 1730-1749.
[89] Onaolapo, A. A., & Kajola, S. O. (2010). Capital structure and firm performance :
evidence from Nigeria. European Journal of Economics, Finance and Administrative
Sciences, 25(1), 70-82.
[90] Orlitzky, M., Schmidt, F. L., & Rynes, S. L. (2003). Corporate social and financial per-
formance : A meta-analysis. Organization studies, 24(3), 403-441.
[91] Owoundi, F. (2016). Do exchange rate misalignments really affect economic growth ? The
case of Sub-Saharan African countries. International Economics, 145, 92-110.
[92] Pagan, A., & Ullah, A. (1999). Nonparametric econometrics. Cambridge university press.
[93] Papadaki, E., & Chami, B. (2002). Les facteurs déterminants de la croissance des micro-
entreprises au Canada. document de travail, direction générale de la Politique de la petite
entreprise, Industrie Canada, 17.
[94] Peng, M. W. (2002). Towards an institution-based view of business strategy. Asia Pacific
Journal of Management, 19(2), 251-267.
[96] Rosenbaum, P. R., & Rubin, D. B. (1983). The central role of the propensity score in
observational studies for causal effects. Biometrika, 70(1), 41-55.
[97] Rozas, S. T., & Gauthier, B. (2012). Les tontines favorisent-elles la performance des en-
treprises au Cameroun ?. Revue d’économie du développement, 20(1), 5-39.
[98] Rubin, D. B. (1977). Assignment to treatment group on the basis of a covariate. Journal
of educational Statistics, 2(1), 1-26.
[99] Sala-i-Martin, X., Doppelhofer, G., & Miller, R. I. (2004). Determinants of long-term
growth : A Bayesian averaging of classical estimates (BACE) approach. American econo-
mic review, 813-835.
[100] Sami, P., Rahnavard, F., & Tabar, A. A. (2019). The effect of political and business ties
on firm performance. Management Research Review.
[101] Scase, R. (2003). Employment relations in small firms. Industrial relations : Theory and
practice, 1, 470.
[102] Selvam, M., Gayathri, J., Vasanth, V., Lingaraja, K., & Marxiaoli, S. (2016). Determi-
nants of firm performance : A Subjective Model. Int’l J. Soc. Sci. Stud., 4, 90.
[104] Silverman, B. W. (1986). Density estimation for statistics and data analysis (Vol. 26).
CRC press.
[105] Solow, R. M. (1957). Technical change and the aggregate production function. The re-
view of Economics and Statistics, 39(3), 312-320.
[106] Sorelle, E. J., Mamoudou, H., & Robert, W. (2020). Analyse Theorique De Linfluence
Du Financement Sur La Perennité Des Tres Petits Entreprise. Global Journal of Manage-
ment And Business Research.
[107] Stallard, N., Todd, S., Ryan, E. G., & Gates, S. (2020). Comparison of Bayesian and
frequentist group-sequential clinical trial designs. BMC medical research methodology,
20(1), 1-14.
[108] Stickney, C. P., & McGee, V. E. (1982). Effective corporate tax rates the effect of size,
capital intensity, leverage, and other factors. Journal of accounting and public policy, 1(2),
125-152.
[109] Su, Z., Xie, E., & Li, Y. (2011). Entrepreneurial orientation and firm performance in new
ventures and established firms. Journal of Small Business Management, 49(4), 558-577.
[110] Tybout, JR (2000). Entreprises manufacturières dans les pays en développement : dans
quelle mesure font-elles et pourquoi ?. Journal de la littérature économique , 38 (1), 11-44.
[111] Ullah, B. (2019). Firm innovation in transition economies : The role of formal versus
informal finance. Journal of Multinational Financial Management, 50, 58-75.
[112] Wamba, L. D., & Hikkerova, L. (2014). L’entrepreneur : un input non négligeable pour
la pérennité de son entreprise. Gestion 2000, 31(4), 111-131.
[113] William, R., & Stillwell, A. S. (2017). Use of fragility curves to evaluate the performance
of green roofs. Journal of Sustainable Water in the Built Environment, 3(4), 04017010.
[114] Williamson, O. E. (1981). The economics of organization : The transaction cost ap-
proach. American journal of sociology, 87(3), 548-577.
[116] Wu, W., Firth, M., & Rui, O. M. (2014). Trust and the provision of trade credit. Journal
of Banking & Finance, 39, 146-159.
[117] Wu, J., Si, S., & Wu, X. (2016). Entrepreneurial finance and innovation : Informal debt
as an empirical case. Strategic Entrepreneurship Journal, 10(3), 257-273.
[118] Xia, C., Zhang, X., Cao, C., & Xu, N. (2019). Independent director connectedness in
China : An examination of the trade credit financing hypothesis. International Review of
Economics & Finance, 63, 209-225.
[119] Yang, M. G. M., Hong, P., & Modi, S. B. (2011). Impact of lean manufacturing and en-
vironmental management on business performance : An empirical study of manufacturing
firms. International Journal of Production Economics, 129(2), 251-261.
[120] Yiu, D. W., Su, J., & Xu, Y. (2013). Alternative financing and private firm performance.
Asia Pacific Journal of Management, 30(3), 829-852.
[121] Zyblock, M., & Lin, Z. (1997). Trickling Down or Fizzling Out ? Economic Perfor-
mance, Transfers, Inequality and Low Income. Economic Performance, Transfers, Inequa-
lity and Low Income (December 10, 1997). Statistics Canada, (110).
Sommaire I
Dédicace III
Remerciements IV
Résumé IX
Abstract X
INTRODUCTION GENERALE 1
3.2.1 Analyse des effets du financement informel sur les performances des
entreprises : stratégie empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.2 Financement informel et performances des entreprises : les variables . . 54
3.2.3 Financement informel et performances des entreprises : description des
techniques d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
CONCLUSION GENERALE 90
Annexes 94
Références bibliographiques 97