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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
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UNIVERSITÉ DE YAOUNDE I UNIVERSITY OF YAOUNDE I
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE NATIONAL SCHOOL OFENGINEERING
POLYTECHNIQUE - CETIC AFRICAN CENTER OF EXCELLENCE
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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TRES


PETITES ET PETITES ENTREPRISES AU CAMEROUN

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l’obtention du master en


Modélisation Mathématique appliquée à l’Economie et à la Finance

Option : Economie computationnelle


Par :
KOUANTAN AKONO JOHNSON GODLOVE
Titulaire d’une maitrise en Economie Computationnelle

Sous la direction du :
Pr. MONDJELI MWA NDJOKOU
Maître de Conférences - Agrégé des Facultés de Sciences Economiques - UYII

Et la codirection du :
Pr. ISSOFA MOYOUWOU
Maitre de Conférences - Université de Yaoundé I
KOUANTAN AKONO Johnson Godlove

FINANCEMENT INFORMEL ET
PERFORMANCES DES TPE ET PE AU
CAMEROUN

Directeur de mémoire :
Pr. MONDJELI MWA NDJOKOU
Maître de conférences, agrégé des sciences économiques
Université de Yaoundé II

Co-directeur :
Pr. ISSOFA MOYOUWOU
Maître de conférences
Université de Yaoundé I

Année académique 2019 - 2020


FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

z Sommaire z

Sommaire I
Déclaration sur l’honneur II
Dédicace III
Remerciements IV
Liste des figures V
Liste des tableaux VII
Liste des sigles et abréviations VIII
Résumé IX
Abstract X
INTRODUCTION GENERALE 1
Chapitre 1 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : LES ENSEIGNEMENTS DE LA LITTÉRATURE THEORIQUE
10
1.1Financement informel et performances des entreprises : un examen theorique
des concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2 Les déterminants des performances des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . 18
Chapitre 2 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : LES FONDEMENTS 25
2.1 Performances des entreprises : revue des debats sur le role de la finance informelle 25
2.2 Financement informel et performances des entreprises : un exposé des canaux
de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Chapitre 3 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : FAITS STYLISES ET STRATREGIE EMPIRIQUE 38
3.1 Financement informel et performances des TPE et PE au Cameroun : un examen
par les faits stylisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2 Méthodologie et technique d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Chapitre 4 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-
TREPRISES : UNE ANALYSE ECONOMETRIQUE 63
4.1 Financement informel et performances des entreprises au Cameroun : les résul-
tats économétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.2 Financement informel et performance des entreprises camerounaises : robus-
tesse des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
CONCLUSION GENERALE 90
Annexes 94
Références bibliographiques 97
Table des matières 111

i KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


MASTER II ENSPY / CETIC 2019-2020 c MMEF
FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

z Déclaration sur l’honneur z

Le présent mémoire est une œuvre originale du candidat et n’a été soumis nulle part ailleurs,
en partie ou en totalité, pour une autre évaluation académique. Les contributions externes ont
été dûment mentionnées et recensées en bibliographie.

ii KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


MASTER II ENSPY / CETIC 2019-2020 c MMEF
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z Dédicace z

A mes parents, Monsieur et Madame AKONO.

iii KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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z Remerciements z

La rédaction de ce mémoire de Master II a été possible grâce à la participation de plusieurs


personnes, envers qui je me dois d’exprimer toute ma gratitude.
J’exprime tout d’abord ma reconnaissance à l’endroit mon directeur de mémoire, le Pr.
MONDJELI MWA NDJOKOU, pour sa disponibilité, sa rigueur, son humilité, sa diligence,
et son attention. Ces qualités qui font de lui un encadreur remarquable, ont été indispensables
à la réalisation de ce travail. Je suis reconnaissant également, envers mon co-directeur, le Pr.
ISSOFA MOYOUWOU, car ses enseignements ont contribué à la réalisation de ce document.
Je tiens en second lieu à exprimer ma sincère gratitude à l’endroit du Dr. NOMO BEYALA
Clery, qui a su me tenir la main par ses conseils, ses orientations et sa grande disponibilté.
Mes remerciements vont également à l’endroit du Dr. TSOPMO Christian, du Dr. MBASSI
Christophe et du Dr. SOUMTANG BIME Valentine qui ont beaucoup contribué à la réalisation
de ce travail à travers leurs remarques et leurs orientations.
Je dois également ma gratitude à tous les membres du groupe de travail ECORESEARCH
dont les conseils et encouragements ne m’ont jamais manqué.
Je remercie également tout le corps enseignant du Centre d’Excellence africain en Techno-
logies de l’Information et de la Communication (CETIC). Je remercie tous mes camarades de
l’ENSP/CETIC, pour la solidarité, l’esprit d’équipe et surtout pour tout le soutien porté à mon
endroit.
J’exprime également ma reconnaissance envers tous mes camarades, amis et proches qui,
d’une façon ou d’une autre, ont influencé positivement ce travail. Je pense ainsi à ONDOUA
MOSHE Wilfreed, NZIFACK Denis, SALIM Vessah, OKERE ATANGA Donald.
Je remercie enfin mes parents ainsi que tous les membres de ma grande famille pour leur
soutien et encouragements tout au long de ce travail.

iv KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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z Table des figures z

3.1 Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du


financement par l’aide familiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.2 Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par le crédit commercial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par la tontine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.4 Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement par
l’aide familiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.5 Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement par
le crédit commercial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.6 Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement par
tontine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.7 Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par l’aide
familiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.8 Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par crédit
commercial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.9 Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par la
tontine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.10 Capacité d’innovation des entreprises en fonction du financement par l’aide fa-
miliale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.11 Capacité d’innovation des entreprises en fonction du financement par le crédit
commercial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.12 Capacité d’innovation des entreprises en fonction du financement par la tontine. 52

v KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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z Liste des tableaux z

3.1 Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- aide familiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.2 Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- crédit commercial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- tontine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.4 Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - aide familiale. 44
3.5 Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - crédit commercial 45
3.6 Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - tontine. . . . . 46
3.7 Test de différence des moyennes : nombre d’employés - aide familiale . . . . . 47
3.8 Test de différence des moyennes : nombre d’employés - crédit commercial . . . 48
3.9 Test de différence des moyennes : nombre d’employés - tontine . . . . . . . . . 49
3.10 Test de différence des moyennes : innovation - aide familiale . . . . . . . . . . 50
3.11 Test de différence des moyennes : innovation - crédit commercial . . . . . . . . 51
3.12 Test de différence des moyennes : innovation - tontine . . . . . . . . . . . . . . 52

4.1 Effets du financement informel sur le taux de croissance annuel de la valeur


ajoutée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4.2 Effets du financement informel sur le nombre d’employés recrutés . . . . . . . 69
4.3 Effets du financement informel sur le nombre total d’employés . . . . . . . . . 72
4.4 Effets du financement informel sur la capacité d’innovation . . . . . . . . . . . 77
4.5 Financement informel et taux de croissance annuel de la valeur ajoutée : résul-
tats robustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.6 Financement informel et nombre d’employés recrutés : résultats robustes . . . . 86
4.7 Financement informel et nombre total d’employés : résultats robustes . . . . . 87

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4.8 Financement informel et capacité d’innovation : résultats robustes . . . . . . . 88


4.9 Sélection des déterminants du taux de croissance annuel de la valeur ajoutée . . 94
4.10 Sélection des déterminants du nombre d’employés recrutés . . . . . . . . . . . 95
4.11 Sélection des déterminants du nombre total d’employés . . . . . . . . . . . . . 96
4.12 Sélection des déterminants de la capacité d’innovation . . . . . . . . . . . . . 97

vii KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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z Liste des sigles et abréviations z

ACP : Analyse en Composantes Principales


ANREC : Associations Non Rotatives d’Epargne et de Crédit
AREC : Associations Rotatives d’Epargne et Crédit
ASS : Afrique Sub-Saharienne
BEEPS : Business Environment and Enterprise Performance Survey
BERD : Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement
BMA : Bayesian Model Averaging
CEREG : Centre d’Etudes et de Recherche en Economie et Gestion
EBE : Excédent Brut d’Exploitation
ECA : Europe & Central Asia
FMI : Fonds Monétaire International
GE : Grande Entreprise
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
PD : Pays Développé
PE : Petite Entreprise
PED : Pays En Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PRDE : Plan Régional de Développement Economique
PSM : Propensity Score Matching
R&D : Recherche et Développement
TCT : Théorie des Coûts de Transaction
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication
TPE : Très Petites Entreprises
USAID : US Agency for International Development
WALS : Weighed-Average Least Squares

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z Résumé z

L’objectif de ce mémoire est d’évaluer les effets du financement informel sur les perfor-
mances économiques, sociales et la capacité d’innovation des entreprises camerounaises. Après
avoir sélectionné les bons déterminants des performances des entreprises, par l’approche bayé-
sienne des Moindres Carrés Moyens Pondérés (WALS), nous estimons les modèles retenus par
la méthode des MCO. Dans le souci d’examiner la robustesse de nos résultats, nous utilisons
une approche non paramétrique d’appariement des scores de propension (PSM). Les résultats
indiquent premièrement, que le financement informel sous toutes ses formes, n’a pas d’effets
sur les performances économiques des entreprises. Deuxièmement, le financement par la ton-
tine entraîne une réduction des performances sociales. Enfin, les entreprises qui se financent par
l’aide familiale ou par la tontine, sont plus à même d’innover. Conformément à ces résultats,
nous recommandons premièrement, une exploitation des avantages de la finance informelle,
afin de rendre plus aisé, l’accès au crédit par les TPE et PE. Deuxièmement, nous recomman-
dons le développement d’une plateforme numérique permettant de regrouper d’une part, les
fournisseurs des entreprises en termes de crédit et d’autre part, les entreprises ayant besoin de
financement, afin de permettre à celles-ci de bénéficier du crédit à un taux concurrentiel.

Mots-clés : Financement informel, performances économiques, performances sociales, ca-


pacité d’innovation, WALS, MCO, PSM.

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z Abstract z

The objective of this paper is to analyze the effects of informal financing on the socio-
economic performance and the innovation capacity of Cameroonian firms. We select the correct
determinants of firm performance using the Bayesian Weighted Average Least Squares (WALS)
approach and estimate the selected models using the OLS method. In order to examine the ro-
bustness of our results, we use a non-parametric Propensity Score Matching (PSM) approach.
Our findings indicate first, that informal financing has no effect on the economic performance of
firms. Second, financing through the tontine leads to a reduction in social performance. Finally,
firms that are financed by family assistance or tontines are more innovative. In accordance with
these results, we first suggest an exploitation of the advantages of informal finance (in terms of
speed and flexibility in the granting of credit), in order to facilitate access to credit by VSEs and
SMEs. Secondly, we suggest the development of a digital platform to gather on the one side, the
suppliers of companies in terms of credit and on the other side, the companies in need of funds,
in order to allow them to benefit from credit at a competitive rate.

Keywords : Informal financing, economic performance, social performance, innovative ca-


pacity, WALS, OLS, PSM.

x KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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z INTRODUCTION GENERALE z

Contexte et justification
Depuis quelques années, plusieurs travaux réaffirment l’importance de la finance dans la
croissance économique, via l’accroissement des performances des entreprises 1 (Ullah, 2019)[111].
Selon la Banque Mondiale (2016), entre 2013 et 2015, les entreprises camerounaises ont connu
une croissance annuelle réelle positive de leurs performances économiques, égale à 4%. Bien
que ces performances soient positives, le taux de croissance annuel a été inférieur à celui de
la période couverte par les précédentes enquêtes auprès des entreprises (2005-2008), où il était
de 9,1%. Plusieurs raisons justifient cela, selon le rapport de la Banque Mondiale (2016) sur
l’état des entreprises camerounaises. Il s’agit entre autres, de la corruption, des réglementations
douanières et commerciales, des contraintes d’accès à l’électricité, de l’instabilité politique, de
l’administration fiscale, des taux d’imposition et des difficultés grandissantes liées au système
financier camerounais.
Un système financier qui fonctionne en effet bien est essentiel au progrès technologique
et à la croissance économique d’un pays (Solow, 1957)[105], car il facilite le financement des
entreprises. A l’opposé, un système financier inadéquat constitue une entrave à la croissance
des entreprises (Degryse, 2016)[26]. Les travaux de Ullah (2019)[111] confortent cette idée en
montrant par exemple que l’augmentation du crédit accordé aux entreprises contribue à amélio-
rer les performances des entreprises et par conséquent à stimuler la croissance économique. Plus
précisément, lorsque les entreprises ont facilement accès au crédit, elles sont plus à même d’in-
nover et d’introduire de nouveaux produits ou services, de nouvelles méthodes de production,
de nouvelles pratiques d’organisation ou de gestion et de nouvelles méthodes de marketing.
Dans le même temps, l’accroissement des performances des entreprises induit la croissance
1. Le terme performance est multidimensionnel. Il désigne à la fois l’accomplissement d’un processus, d’une
tache avec les résultats qui en découlent et le succès que l’on peut y attribuer (Pesqueux, 2004)[95].

1 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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économique (Allen et al, 2019)[8], car l’amélioration des indicateurs de performance tels que
le chiffre d’affaires, la croissance de l’emploi, le taux de vente et la valeur ajoutée ont un effet
direct sur le Produit Intérieur Brut (Rozas, 2012)[97].
En dépit de ces externalités positives du système financier, les entreprises font face en gé-
néral à d’importantes difficultés d’accès au crédit, surtout venant des circuits formels. Les sta-
tistiques de la Banque Mondiale (2017) montrent que sur près de 60 000 entreprises dans cent
onze pays, 46,1% bénéficient du crédit bancaire, tandis que 53 ,9% sont confrontés à un refus
de crédit. Ces contraintes sont encore plus observées au fil du temps. Par exemple, l’enquête sur
les entreprises menée par la Banque Mondiale en 2019 montre que 73,6% des entreprises dans
le monde ont des contraintes d’accès au crédit bancaire. Entre 2017 et 2019, le pourcentage des
entreprises non éligibles au crédit bancaire dans le monde a augmenté de 19,4%. Les Pays Dé-
veloppés (PD) en demeurent moins épargnés. En 2019 par exemple, 59,1% des entreprises des
pays membres de l’Organisation de Coopérations et de Développements Economiques (OCDE)
n’étaient pas éligibles au crédit bancaire. Cette diminution croissante des entreprises ayant accès
au crédit bancaire est encore plus manifeste dans les Pays En Développement (PED), où le taux
de non accès au crédit est passé de 65,82% en 2017 à 84,4% en 2019, soit une augmentation de
18,57%.
Dans le cas des pays d’Afrique Subsaharienne (ASS), les contraintes de crédit sont encore
plus marquées. Selon la Banque Mondiale (2017), En ASS, 80,9% des entreprises sont soumises
à des contraintes de crédit. Au Cameroun particulièrement, la part des entreprises ayant accès au
crédit bancaire est passée de 30% en 2009 à 14% en 2016, ce qui pourrait expliquer le moindre
accroissement des performances des entreprises observé par la Banque Mondiale. En 2017,
seulement 15,8% des entreprises camerounaises se sont financées via le crédit bancaire. Ces
chiffres dissimulent néanmoins une importante disparité en ce qui concerne l’accès au crédit,
selon les différents types d’entreprises. En effet, en examinant le statut de contrainte de crédit
des entreprises en fonction de leur taille, une nette différence entre les Petites et Moyennes
Entreprises (PME) et les Grandes Entreprises (GE) est constatée. C’est surtout le cas des Très
Petites Entreprises 2 (TPE) et Petites Entreprises (PE), qui ont des contraintes de crédit plus
fortes que les GE et ce, quel que soit le continent (Sheng et al., 2014)[103]. Les statistiques
de la Banque Mondiale (2019) attestent que dans les PD, 24,9% des TPE sont soumises à des
contraintes de crédit alors que 10,4% des GE y font face. Cet écart est encore plus élevé dans les
2. Les TPE sont des entreprises ayant au plus 10 salariés (Ntolo, 2020)[87].

2 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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PED, où 70% des TPE n’ont pas accès au crédit bancaire, alors que 50% des GE sont soumises
aux contraintes de crédit. En ASS en particulier, près de 65% des TPE sont soumises à des
contraintes d’accès aux prêts bancaires, contre 45% des GE.
Selon le Fonds Monétaire International (FMI), les difficultés d’accès au crédit par les TPE
en ASS se justifient premièrement par une absence d’informations financières contrôlables de
bonne qualité sur les emprunteurs ; deuxièmement, par une défaillance de garanties suffisam-
ment disponibles pour les emprunteurs et opposables aux prêteurs et troisièmement, par l’ab-
sence de protection des droits des créanciers de manière adéquate, par un système judiciaire
efficace.
Pour faire face à ces contraintes de crédit, les TPE et PE ont recours aux sources de finance-
ment informelles 3 , car celles-ci sont flexibles et faciles d’accès (Tybout, 2000)[110]. Or, pour
Degryse (2016)[26], Fowowe (2017)[36] et Ullah (2019)[111], le recours au financement infor-
mel a tendance à réduire les performances de ces entreprises. Cela justifie leur faible taux de
survie et d’innovation, et leur faible chiffre d’affaire. De plus, la finance informelle est souvent
associée à des coûts élevés, ce qui entraîne l’évaporation de toute conséquence bénéfique pour
les entreprises (Mertzanis, 2019)[73].

Problématique
Malgré que les TPE se focalisent sur le financement informel de leurs activités, les effets
du financement informel sur les performances des entreprises sont ambigus. Dans la théorie,
la nature des effets du financement informel sur les performances des entreprises dépend du
type de financement choisi. Selon Allen (2019)[8], il existe d’une part le financement informel
constructif et d’autre part le financement informel illégal. Le financement informel construc-
tif est constitué des transactions qui tirent leur technologie d’information et d’exécution des
relations commerciales ou sociales. Il s’agit principalement des crédits commerciaux et des em-
prunts familiaux. Ce type de financement basé sur la confiance vise généralement à soutenir les
opérations commerciales et utilise les relations commerciales ou sociales pour réduire l’asymé-
trie d’information et pour faciliter la collecte, le recouvrement ou le recours. Le financement
informel constructif a l’avantage de réduire l’asymétrie d’information ; il peut combler le fossé
entre les prêteurs et les petites entreprises, et donc soutenir la croissance des entreprises.
3. Le financement informel désigne tout moyen de financement en dehors des circuits officiels. Il s’agit des
tontines, prêts sur gages, subventions familiales, crédits commerciaux etc. (Allen, 2019)[8].

3 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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Le financement informel illégal quant à lui est caractérisé par des transactions qui ne pré-
sentent aucun avantage supérieur en matière d’information, par exemple les usuriers. Ce type
de financement est souvent destiné à des activités spéculatives. Il est généralement soumis à
des taux d’intérêt ou à des frais extrêmement élevés, et fait appel à la violence plutôt qu’à
un recours juridique pour recouvrer les paiements ou renégocier en cas de délinquance, il est
par conséquent associé à une gestion moins aisée de l’entreprise, entrainant ainsi de mauvaises
performances.
D’un point de vue empirique, une divergence est également observée au niveau des résultats.
D’une part, des travaux affirment l’effet positif du financement informel sur les performances
des entreprises. Rozas et Al (2012)[97] examinent l’effet de la participation aux tontines en-
trepreneuriales sur la performance des entreprises au Cameroun en utilisant les données sur les
TPE. Les résultats suggèrent que les tontines ont un effet positif et significatif sur la croissance
de l’emploi et des ventes au sein de l’entreprise, l’accès à des ressources financières informelles
contribuerait à la survie et à la croissance des entreprises ayant des restrictions d’accès à des res-
sources bancaires. En effet, si les entreprises camerounaises peinent à obtenir des financements
bancaires, celles-ci ont un moyen de contourner cette limite tout en maintenant ou en accroissant
leur profit. Le reste de l’Afrique et du monde en général, en demeure moins épargné. En Inde
par exemple, au cours de la même année, en utilisant les informations des PME et des GE des
secteurs manufacturiers et des services, couvertes par la base de données Prowess au cours de la
période de la décennie 1996-2005, Qian et Al (2006)[7] obtiennent que le financement informel
constitue la forme la plus importante de financement externe des PME. Les entreprises ayant
accès à des financements bancaires ou de marché ne sont pas associées forcément à des taux de
croissance plus élevés, tandis qu’un financement informel en Inde entraîne une croissance des
performances de l’entreprise qui l’utilise.
Il en ressort ainsi que le financement informel est associé à une croissance de l’entreprise
et peut s’étendre au-delà de la phase initiale de l’entreprise (Sheng et Al, 2014)[103]. Ces ré-
sultats corroborent ceux de Beck (2015)[11] et Allen (2019)[8] qui attestent que l’utilisation
de la finance informelle dans le cas des TPE est associée à une croissance des performances.
Eniolaa et Al (2015) quant à eux, étudient la manière dont le crowdfunding peut servir de source
de financement et son effet sur les performances des PME au Nigeria. Les données sont issues
d’une étude réalisée par l’USAID, 2005 et comme avec les travaux empiriques précédents, les
résultats laissent croire que certaines méthodes de financement informel affectent positivement

4 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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les performances des PME. La promotion du développement des institutions financières infor-
melles permet donc de réduire et/ou éliminer les inefficacités observées dans les institutions
financières formelles.
D’autre part, le financement informel a un effett négatif sur les performances des entreprises.
Pour examiner l’association entre l’innovation des entreprises et la finance formelle par rapport
à la finance informelle, Ullah (2019)[111] utilise la base de données de l’enquête sur l’environ-
nement des entreprises et les performances des entreprises (BEEPS) de la Banque Européenne
pour la Reconstruction et le Développement (BERD) et de la Banque Mondiale concernant 5982
entreprises dans 30 pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale (ECA) de 2011 à 2014. Les ré-
sultats montrent que le financement provenant de sources informelles n’a pas d’effet significatif
sur l’innovation des entreprises car même les TPE et PE des PED qui ont largement recours
au financement de sources informelles ne tirent aucun avantage du recours au financement in-
formel en termes de croissance. En effet, les systèmes financiers des pays en développement
sont importants pour fournir aux entreprises innovantes les capitaux nécessaires provenant de
diverses sources formelles. Ainsi, utiliser une source informelle de financement ne contribue
pas à la croissance des entreprises.
Dans le même ordre d’idées, Fowowe (2017)[36] examine les effets de l’accès au finance-
ment formel sur la croissance des entreprises dans les pays africains, au détriment du finance-
ment informel. Les données utilisées sont issues des enquêtes sur les entreprises, fournies par la
Banque mondiale et couvrent plus de 130 000 entreprises dans 125 pays, dont le Cameroun, au
cours de la période 2006-2012 (Banque Mondiale 2012). Comme Ullah (2019)[111], il obtient
que plus les entreprises ont accès aux marchés financiers, plus leur croissance sera élevée, par
contre, se financer de manière informelle n’a pas d’avantage considérable sur les performances
d’une entreprise. Ceci dit, les entreprises ayant recours à la finance informelle connaîtront une
croissance plus faible, croissance due à une autre raison que la source de financement, ce qui
renforce encore la conclusion selon laquelle l’utilisation d’une source de financement infor-
melle n’a forcément pas un effet positif sur la performance des entreprises, car pouvant limiter
la croissance des GE et même des TPE et PE (Degryse, 2016)[26].
Cependant, les TPE et PE des les PED font face à d’énormes contraintes d’éligibilité au
financement formel en général et aux crédits bancaires en particulier. Selon la Banque Mondiale,
en 2019, 30% des TPE et PE présentes dans les PED accèdent aux crédits bancaires. En Afrique
Sub-Saharienne, 35% des TPE et PE bénéficient de l’octroi des crédits bancaires. Les raisons

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de cette limitation de l’accès au crédit sont multiples. Le FMI 4 en identifie plusieurs . Il s’agit
entre-autre d’une concurrence assez faible entre les banques et de la présence de la banque
comme unique canal de financement formel.
Ce problème se pose avec acuité à l’égard des entreprises camerounaises et présente un inté-
rêt car , les TPE et PE camerounaises qui font face aux contraintes de crédit sont orientées vers
les sources informelles de financement. De plus, les travaux existants sur la relation financement
informel - performances des entreprises au Cameroun, se focalisent uniquement sur la tontine
comme mode de financement. Cependant, les travaux pionniers de Fowowe (2017)[36], Ullah
(2019)[111] et Allen (2019)[8] identifient d’autres modes de financement informel, auxquels les
TPE et PE des PED ont recours. Il s’agit entre autres du crédit commercial, des prêts entre amis
et de l’aide familiale. En outre, les travaux qui traitent de l’effet du financement informel sur les
performances des TPE et PE, s’attardent uniquement sur les performances économiques. Or, en
vue de maintenir, ou d’accroître leurs performances économiques, les entreprises doivent stabi-
liser ou accroître leur capacité d’innovation, ainsi que leurs performances sociales (Orlitzky et
al., 2003)[90].
Au regard des débats théoriques et empiriques, au vu des limites relevées de la littérature, la
question principale de recherche est la suivante : Quels sont les effets du financement informel
sur les performances des TPE et PE au Cameroun ?
De cette question centrale, découlent les questions subsidiaires suivantes :

• Quels sont les effets du financement informel sur les performances socio-économiques
des TPE et PE camerounaises ?

• Quels sont les effets du financement informel sur les performances des TPE et PE came-
rounaises en termes d’innovations ?

Objectifs et hypothèses de recherche


Globalement, cette étude a pour objectif, d’évaluer les effets du financement informel sur
les performances des TPE et PE au Cameroun. Spécifiquement, celle-ci vise à :

• Evaluer les effets du financement informel sur les performances socio-économiques des
TPE au Cameroun ;
4. Cf contexte.

6 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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• Evaluer les effets du financement informel sur les performances des TPE et PE camerou-
naises en termes d’innovations.

En vue d’atteindre cet objectif, nous formulons, au regard des tendances de la littérature et
des statistiques, l’hypothèse suivante : le financement informel détermine les performances
des TPE et PE au Cameroun. De manière plus précise,

• Le financement informel n’a pas d’effets sur les performances économiques, mais affecte
négativement les performances sociales des TPE et PE au Cameroun ;

• Le financement informel a un effet positif sur la capacité d’innovation des TPE et PE au


Cameroun.

Intérêt de l’étude
L’objectif de ce mémoire est d’évaluer l’effet du financement informel sur les performances
économiques, sociales et innovationnelles des TPE et PE camerounaises. Ce travail qui enrichit
la littérature, peut se justifier par le fait que le tissu économique camerounais est constitué à
98,5% des TPE et PE, 1,3% des Moyennes Entreprises et 0,2% des GE. De plus, 84,2% TPE
font face à des contraintes de crédit (Banque Mondiale, 2019), bien que contribuant à 35% au
PIB. Du fait de l’accès restreint aux financements formels, les TPE et PE se réorientent vers des
sources informelles de financement (Tybout, 2000)[110]. Or, la littérature recense une multitude
d’inconvénients liés à l’utilisation de la finance informelle. L’inconvénient majeur de la finance
informelle est lié aux taux d’intérêt jugés trop élevés et à la durée du prêt qui est très courte,
comparativement au secteur financier formel, octroyant des crédits à moyen et long terme et à
des taux d’intérêt accessibles. En outre, en finance informelle, la vitesse de recouvrement est
contraignante (Besley, 1996)[15]. Par crainte de voir les intérêts exigés multipliés, pour chaque
journée de retard, les emprunteurs sont contraints de contracter d’autres prêts pour couvrir le
premier emprunt. L’on se demande donc si la finance informelle favorise l’accroissement des
performances des TPE, dans le souci de pérenniser et améliorer leur contribution au PIB.
Deuxièmement, les entreprises camerounaises, pour contourner leurs difficultés d’accès au
crédit, peuvent recourir à différents modes de financement informel. Il s’agit entre autres des
tontines, des crédits commerciaux, des tontiniers ambulants, des prêts sur gage, de l’usure etc.
(Allen, 2019)[8]. Cependant, la littérature analyse uniquement les effets du financement par
tontine sur les performances des entreprises camerounaises.

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Par ailleurs, les travaux existants tiennent uniquement compte, de l’effet du financement
informel sur les performances économiques des entreprises. Cependant, les performances so-
ciales 5 ne sont pas à négliger. En effet, la performance économique des entreprises est moins
pérenne et moins durable si les performances sociales et la capacité d’innovation sont négligées
(Orlitzky et al, 2003)[90]. La prise en compte de la dimension sociale des performances est
de ce fait, d’un intérêt capital. Ce mémoire est donc une tentative de solution aux principales
limites sus-évoquées.

Méthodologie de la recherche
Pour mener à bien notre étude, nous faisons le choix d’utiliser la base de données issue de
l’enquête sur les déterminants des performances des entreprises du Cameroun, menée par le
CEREG en 2012. Cette base de données nous permet d’avoir accès aux indicateurs nous per-
mettant de mesurer les performances économiques 6 , sociales 7 et la capacité d’innovation 8 des
TPE camerounaises. En conformité aux travaux pionniers tels que ceux de Fowowe (2017)[36],
Ullah (2019)[111] et Allen (2019)[8], nous utilisons, pour contrôler nos estimations, des va-
riables qui caractérisent l’environnement des affaires camerounais. Afin d’estimer les meilleurs
modèles et d’avoir des résultats viables, nous sélectionnons tout d’abord les déterminants exacts
des performances des entreprises. Pour ce faire, nous avons recours à la méthode bayésienne
des moindres carrés moyens pondérés, dite WALS. Nous utilisons ensuite les MCO pour es-
timer les modèles retenus. Afin d’examiner la robustesse de nos résultats, nous avons recours
à l’approche par appariement des scores de propension (PSM). Cette méthodologie, consiste
à apparier (par des algorithmes tels que les k-plus proches voisins, radius matching ou encore
kernel matching), chaque entreprise qui se finance de manière informelle avec une entreprise
"jumelle 9 " qui se finance de manière formelle, et à considérer la variable de résultat de celle-ci
comme le contrefactuel du résultat de l’entreprise qui se finance de manière informelle. Cet
estimateur par appariement présente l’avantage de réduire le biais de sélectivité, en ce sens
qu’il évite d’attribuer au financement informel ce qui relève de caractéristiques intrinsèques des
5. La performance sociale peut se définir comme la résultante positive ou négative des interactions des salariés
d’une organisation, dans l’atteinte des objectifs de celle-ci (Giorgi et al, 2017)[43]
6. Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
7. Nombre d’employés recrutés et nombre total d’employés
8. Introduction d’un nouveau produit, d’une nouvelle technique de production sur le marché, dépenses en
recherche et développement, etc.
9. C’est-à-dire ayant des caractéristiques économiques et institutionnelles proches

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entreprises de notre échantillon. Dès lors, nous voyons intuitivement qu’une telle approche, au-
delà de prendre en considération le caractère endogène du financement informel, permet surtout
de réduire l’incertitude des résultats liée à la composition du groupe de contrôle. C’est principa-
lement pour cette raison que nous avons fait le choix de retenir cette méthodologie pour évaluer
les effets du financement informel sur les performances économiques, sociales et sur la capacité
d’innovation des TPE et PE camerounaises.

Organisation du travail
Afin d’atteindre nos objectifs, le présent mémoire est organisé autour de quatre (04) cha-
pitres. Le chapitre 1 est axé sur deux sections. La première est un examen théorique des concepts
de la relation financement informel et performances des TPE et la seconde quant à elle, est un
exposé des déterminants des performances des entreprises. Le chapitre 2, également reparti en
deux sections, nous fournit d’une part, une revue théorique et empirique des travaux portant
sur les effets du financement informel sur les performances des entreprises. D’autre part nous
faisons un exposé des canaux par lesquels transitent les effets du financement informel sur les
performances des entreprises. Au chapitre 3, nous présentons, dans la première section, une
analyse des faits stylisés, autour des effets du financement informel sur les performances des
TPE et PE. La seconde section est, quant à elle, une présentation de la base des données, des
variables sélectionnées, de la stratégie empirique et des différentes techniques statistiques et
économétriques auxquels nous avons recours. Enfin, le quatrième et dernier chapitre présente
les résultats issus de l’analyse des effets du financement informel sur les performances des TPE
et PE camerounaises.

9 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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? ? Chapitre Un ? ?

FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES


ENTREPRISES : LES ENSEIGNEMENTS DE LA
LITTÉRATURE THEORIQUE

Introduction
Tout dirigeant d’entreprise, qu’elle soit petite, moyenne ou grande a pour objectif majeur,
d’accroitre les performances de sa structure. Théoriquement, cet argument s’inspire des thèses
néoclassiques qui mettent la rationalité au centre des décisions des agents économiques. En
conformité à cette vision, la performance des entreprises est devenue une problématique impor-
tante dans plusieurs analyses théoriques et empiriques. Dans ce contexte, un courant grandissant
dans la littérature théorique soutient que la structure de financement en l’occurrence du finance-
ment informel, occupe une place de choix dans l’explication des performances des entreprises.
En effet, le financement informel désigne généralement toutes les formes de transactions finan-
cières non soumises à une quelconque forme de régulation publique. Ces dernières années, ce
type de financement est de plus en plus à la mode compte tenu des contraintes que présente
le financement formel. Dans ce chapitre, l’objectif est de procéder à un examen théorique de
la relation entre le financement informel la performance des entreprises. Pour atteindre un tel
objectif, nous trouvons judicieux de structurer le chapitre de la manière suivante : la section I
procède une clarification des concepts tandis que la section II fait une analyse les déterminants
des performances des entreprises.

10 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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1.1 Financement informel et performances des entreprises :


un examen theorique des concepts
Tout comme le financement informel, la performance d’une entreprise est une notion ambi-
guë et dont la définition et la mesure ne font pas l’unanimité dans la littérature. Pour pallier à
cette difficulté conceptuelle, nous nous proposons dans cette section de procéder à un examen
théorique des concepts de financement informel et de performance des entreprises. Ce faisant,
l’organisation de ladite section est la suivante : dans un premier temps nous présentons les dif-
férentes perceptions du financement informel ainsi que ses différents éléments de mesure. Par
la suite, nous examinons les différentes notions des performances économiques, sociales, inno-
vationnelles, en les définissant tout en présentant les indicateurs permettant de les quantifier.

1.1.1. Financement informel : definition, typologie et mesures

1.1.1.1. Définition
Selon Abdaimi (1989)[2], le financement informel est toute opération d’emprunt, de prêt,
ou de constitution d’épargne qui se déroule en dehors des circuits financiers officiels, peu im-
porte son importance et le domaine d’activité dans lequel elle se déroule. Dans le même ordre
d’idées, Allen et al. (2012)[7], pour plus de précision, posent que le financement informel, dé-
signe tout financement non interne à une entreprise, provenant des sources non bancaires et non
marchandes. Cette définition suscite l’idée selon laquelle, n’est financement informel que tout
moyen d’acquisition des fonds d’une entreprise, autre que les capitaux propres, les subventions
faites par l’Etat, les microfinances, les banques, les marchés financiers ou toute autre institution
formelle. Cette idée est confortée par Ayyagari et al. (2014)[9] qui précisent premièrement que
le financement informel consiste généralement en de petits prêts à court terme, non garantis. En
outre, si le champ d’activité du financement bancaire (ou formel en général) est potentiellement
non restreint, le financement informel quant à lui est limité aux zones rurales, aux contrats agri-
coles, aux ménages, aux Petites et Moyennes Entreprises (PME), aux Très Petites Entreprises,
voire aux entreprises familiales. Cette contrainte est due au fait que les montants obtenus des
sources de financement informelles sont le plus souvent limités, ce qui empêche aux grandes
entreprises d’en bénéficier, car étant dans l’impossibilité d’acquérir des fonds en quantité suffi-
sante (Allen et al. 2019)[8].

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1.1.1.2. Typologie et éléments de mesure


Dans les études empiriques, le financement informel est mesuré par la part du capital de
l’entreprise, obtenu à partir de divers modes de financement informel. La littérature identifie
plusieurs modes de financement informel.

• Les Associations Rotatives d’Epargne et de Crédit ( AREC ou tontines)

Les travaux de Allen et al. (2011)[7], Rozas (2012)[97], Degryse et al. (2016)[26], Allen
(2019)[8], établissent que les Associations Rotatives d’Epargne et Crédit (AREC) constituent
la principale source informelle d’acquisition des fonds. Pour ces auteurs, les AREC, encore
appelées tontines au Cameroun et en Afrique francophone, constituent l’une des formes d’or-
ganisation les plus populaires pour financer des projets dans les pays où l’accès au crédit est
restreint. En effet, Les AREC sont les modes de financement informel les plus usités dans les
Pays En Développement (PED) et dans certains Pays Développés (PD). Ces associations font
référence à un groupe de personnes qui se réunissent dans le but commun d’épargner un montant
défini, pour une période de temps déterminée, afin de récupérer leurs épargnes et d’emprunter
les ressources financières collectées à échéance. Les AREC sont vues dans la littérature comme
des instruments permettant entre autres de combler le vide dans certains PD et dans de nom-
breux PED où les facilités formelles d’épargne ou de crédit sont inaccessibles (Rozas et al.,
2012)[97]. Dans le même temps, les AREC offrent une base tangible pour atténuer le problème
de l’exclusion financière en aidant les consommateurs non bancarisés à épargner et à accéder
au crédit (Ademola et al., 2020)[4].
Selon le FMI, la participation aux AREC est avantageuse dans des pays tels que le Came-
roun. Premièrement, elle sert de mécanisme d’épargne. Les agents économiques ont la possi-
bilité ici d’épargner de manière efficace, car, non seulement, ils sont contraints à contribuer
régulièrement, mais aussi, ils ont une probabilité moindre de consommer leurs épargnes avant
échéance. Deuxièmement, les AREC donnent accès à un financement sans intérêt et très pra-
tique. Enfin, elles renforcent les liens sociaux et offrent aux personnes défavorisées une pos-
sibilité d’avoir accès à des fonds, afin de promouvoir l’entrepreneuriat. C’est particulièrement
le cas des personnes à très faibles revenus, qui n’ont pas accès au système bancaire officiel.
Comme tontines, en plus des AREC, les travaux de Kedir et al (2011)[51] identifient en outre
les Associations Non Rotatives d’Epargne et de Crédit (ANREC). Ici, les participants acceptent
d’épargner régulièrement sur une base contractuelle. L’épargne est utilisée pour consentir à ac-
corder des prêts à des membres ou à des non membres, soit avec intérêts, soit sans intérêts.

12 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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• Le Crédit Commercial

A la différence des précédents travaux, Wu et al. (2014)[116], Zhang et al. (2019)[118] et


Nguyen (2019)[84] affirment plutôt que le crédit commercial est le principal mode de finan-
cement informel utilisé par les entreprises. Bien que généralement plus formalisé que d’autres
types de financement informels, le crédit commercial, peut également être considéré comme
une forme de financement informel car il n’est pas modulable (Degryse et al. 2016)[26]. Lors-
qu’un crédit commercial est accordé, les fournisseurs livrent les marchandises aux clients et
ces derniers ne paient pas immédiatement, mais promettent de payer plus tard. Cette promesse
représente un crédit, ou un contrat de financement implicite. Dans ce contrat, les financiers qui
sont les fournisseurs, assument le risque que les financés ou clients ne paient pas à l’avenir. En
général, il n’y a pas de garantie derrière la transaction et aucune garantie de tiers ou d’intermé-
diaires financiers, le crédit commercial est donc principalement basé sur la confiance (Zhang et
al., 2019)[118].
Selon le FMI, le choix pour une entreprise de recourir au crédit commercial, est dû à plu-
sieurs facteurs. Les nouvelles entreprises ont souvent des difficultés à obtenir du financement
des prêteurs formels, par manque de garanties suffisantes pour satisfaire les normes strictes en-
tourant les prêts des banques et des grandes institutions financières. Nombre de ces entreprises
ont de ce fait recours au crédit commercial, recevant ainsi des produits ou des services en retour
d’une promesse de payer le fournisseur dans un délai établi, plutôt que d’approcher une banque
pour obtenir un prêt. Le crédit commercial est généralement offert sans intérêts, pourvu que
le client paie son solde à temps. Utilisé de manière fructueuse, le crédit commercial peut en
effet, aider les entreprises à se lancer et à commencer à établir leur crédibilité. Dans le même
temps, la plupart des fournisseurs veulent bâtir de nouvelles relations d’affaires qui vont entraî-
ner d’autres achats, et non profiter des intérêts, raison pour laquelle les crédits commerciaux
leur sont bénéfiques. Les travaux de Wu et al. (2014)[116], Zhang et al. (2019)[118] et Nguyen
(2019)[84] établissent que le crédit commercial est mesuré par le compte de dettes sur les ventes
de l’entreprise.

• Aide familiale et autres modes de financement informel

Outre les deux principaux modes de financement informel sus-évoqués, plusieurs autres mé-
thodes sont identifiées dans la littérature. Selon Allen et al. (2019)[8], il s’agit premièrement de
l’aide familiale. L’aide familiale est vue ici comme toute subvention provenant de la famille ou
d’un proche, permettant à un tiers de financer un projet. En outre, la littérature identifie les prêts

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directs entre membres de la famille ou membres proches, les prêteurs sur gages et les petites
sociétés de prêts, comme des modes de financement informel. De plus, les gardes-monnaie per-
mettent aux jeunes entreprises de se financer leurs activités. Un garde-monnaie est une personne
de confiance à qui on remet son épargne afin qu’il la garde. Celle-ci peut conserver l’argent reçu,
le déposer à la banque, l’investir dans des affaires (les siennes ou celles d’un proche) ou encore
le prêter avec intérêt pourvu qu’elle le rembourse au moment demandé. Les garde-monnaie sont
le plus souvent des chefs religieux, des anciens fonctionnaires, des responsables du quartier, des
commerçants ayant réussi dans leurs affaires, etc. (Rozas, 2012)[97]. Il s’agit alors d’une ac-
tivité bancaire, avec ses risques (l’insolvabilité) et ses contraintes (la liquidité). De plus, les
tontiniers ou banquiers ambulants font également partie de la finance informelle. Ici, des verse-
ments sont également faits chez une personne de confiance, mais ceux-ci sont fait de manière
régulière et remboursés en totalité à une date connue à l’avance. C’est le tontinier qui se déplace
pour collecter chez les clients ou commerçants en fin de journée (Allen et al. 2005)[7]. Il est à
noter qu’une entreprise peut utiliser plusieurs modes de financement informel pour l’acquisition
de son capital (Allen, 2019)[8]. Le recours au financement informel par les entreprises des PD
et des PED, est généralement occasionné par les contraintes d’accès au crédit (Tybout, 2000
[110]). Bien que l’accès au financement informel soit aisé, celui-ci présente néanmoins des in-
convénients. La finance informelle, en effet, est souvent associée à des coûts élevés, ce qui est
susceptible d’entraîner la perte de toute conséquence bénéfique pour les entreprises (Mertzanis,
2019[73]). Au vu de cet inconvénient majeur, la littérature se questionne, sur les conséquences
des sources informelles de financement, sur les performances des entreprises.

1.1.2. Performances des entreprises : definition, typologie et


mesures

1.1.2.1. Définition
Selon Hammami (2015)[46], la performance désigne de manière générale, le degré d’ac-
complissement des objectifs poursuivis, dans un cadre temporel bien défini et le succès qui en
découle. En d’autres termes, dans une entreprise, la performance mesure l’adéquation entre les
objectifs stratégiques initialement définis et les résultats effectivement atteints. Cette définition
qui met en avant les notions d’efficacité 10 , et d’efficience 11 , dissimule néanmoins l’aspect mul-
10. Car l’agent économique est dans une optique d’accomplissement de ses objectifs
11. Car l’agent économique essaye de minimiser le temps et les coûts d’accomplissement de ses objectifs

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tidimensionnel de la performance. Pour Nickel et al. (1997)[85], Pesqueux (2004)[95], et Issor


(2017)[48] entre autres, le terme performance peut être considéré comme un attracteur dans
sa capacité à absorber plusieurs domaines. En effet, la performance est tout d’abord polysé-
mique, elle devrait de ce fait être abordée selon un domaine bien défini (Lebas et al., 1995)[58].
De même, les indicateurs de la performance varient d’un domaine à un autre (Abdel et al.,
2020)[1]. La littérature identifie plusieurs dimensions de la performance.

1.1.2.2. Typologie et éléments de mesure


• Les performances économiques : définitions et éléments de mesure

Dans la poursuite de leurs objectifs de croissance et d’expansion, les entreprises cherchent


préalablement, à améliorer leurs performances économiques (Lankoski, 2008)[55]. Ceci se jus-
tifie par le fait que, d’après la théorie néoclassique du consommateur 12 , l’objectif principal
de l’entreprise est d’accroître son profit, tout en minimisant ses coûts de production. En effet,
la performance économique de l’entreprise tient à sa capacité à assurer un niveau satisfaisant
d’accroissement net de la valeur (Lebas et al., 1995)[58]. Elle dépend de ce fait, aussi bien de
l’activité commerciale exercée par l’entreprise que de la production.
Empiriquement, plusieurs indicateurs permettent de mesurer la performance économique.
Des travaux tels que ceux de Su et al. (2011)[109] et Rozas et al. (2012)[97], pour évaluer la
performance économique des entreprises camerounaises et chinoises, utilisent trois indicateurs.
Il s’agit premièrement de la production totale. Elle est calculée à partir de la production vendue,
augmentée de la production stockée et de la production immobilisée. Elle permet de calculer le
taux de croissance des ventes. Dans un deuxième temps, la marge commerciale est considérée
comme un indicateur. Calculée à partir des flux globaux de l’activité, elle est la différence entre
le chiffre d’affaires et le coût d’achat des marchandises vendues. Le troisième indicateur est la
valeur ajoutée par unité de capital. Représentant la valeur économique créée par l’entreprise,
cet indicateur s’obtient à partir de la production et en déduction des achats réalisée auprès des
autres entreprises.
Aux précédents indicateurs, les travaux de Eniolaa et al. (2015)[32] et Beck et al. (2015)[12],
dans le cadre d’une analyse de la performance économique des entreprises nigérianes et bré-
siliennes, en ajoutent deux autres. Il s’agit de l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE), qui re-
présente la marche effective après déduction de l’ensemble des charges directes et indirectes
12. Développée et soutenue à la fin du 19e siècle, par Léon Walras et Stanley Jevons

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hormis les taxes sur dividendes et le résultat net qui peut être dans des cas sous forme de bé-
néfices ou de perte. Pour Allen et al. (2019)[8], l’on ne saurait se limiter à ces indicateurs pour
mesurer la performance économique des entreprises. En effet, la performance économique est
assez large. A cet effet, plusieurs indicateurs tels que le capital par employé, l’investissement
par employé et la productivité de l’emploi, doivent également être pris en compte.

• Les performances sociales : définitions et éléments de mesure

Outre les performances économiques, la littérature s’intéresse aux performances sociales 13


des entreprises. D’après Fabio et al. (2017)[43], la performance sociale désigne le niveau quan-
titatif et qualitatif des résultats obtenus par une entreprise en matière de climat social, comme
le bien-être au travail des différentes catégories de salariés et le comportement des dirigeants et
des cadres à l’égard de leurs subordonnés. Elle vise à évaluer le ratio moyens/résultats des poli-
tiques sociales mises en œuvre, ainsi que l’effet de ces politiques sur la performance globale de
l’entreprise. L’amélioration des performances sociales d’une entreprise a plusieurs implications
positives sur l’entreprise (Cho et al., 2013)[53]. Comme principales implications, les travaux de
Fabio et al. (2017)[43] identifient une amélioration des résultats économiques 14 , une amélio-
ration de la réputation d’entreprise 15 , une amélioration organisationnelle 16 et une amélioration
du niveau de compétence des collaborateurs.
L’évaluation des performances sociales d’une entreprise comporte par nature une part im-
portante de subjectivité, tant au niveau du ressenti des dirigeants que de celui des autres em-
ployés (Lapenu, 2004)[57]. Elle n’en est pas moins possible via un certain nombre d’indicateurs,
objectivement quantifiables, dont l’analyse combinée offre un support tangible sur lequel pour-
ront s’ancrer et s’articuler des données qualitatives plus volatiles (William et al., 2017)[113].
Les travaux empiriques tels que ceux de Lapenu (2004)[57], Cho et al. (2013)[53], Fabio et al.
(2017)[43] et William et al. (2017)[113], mettent en exergue un ensemble d’indicateurs de la
performance sociale, regroupés en quatre classes.
La première classe concerne l’emploi. L’emploi est mesuré d’abord par les effectifs 17 , les
13. La performance sociale peut se définir comme la résultante positive ou négative des interactions des salariés
d’une organisation, dans l’atteinte des objectifs de celle-ci (Kreps, 1962[54])
14. Productivité et compétitivité
15. Image de marque externe, marque employeur, etc.
16. Travail d’équipe, rapports hiérarchiques, etc.
17. L’effectif total, le nombre de contrats à durée déterminée, la répartition par âge et par sexe.

16 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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embauches, le taux de départ ou de démission du personnel 18 et l’absentéisme 19 . La deuxième


classe concerne la rémunération. Elle est constituée par deux principaux indicateurs. Tout d’abord,
le montant des rémunérations 20 , ensuite, la hiérarchie des rémunérations qui mesure l’écart
entre les rémunérations les plus basses et les plus élevées de l’organisation. La troisième classe
d’indicateurs porte sur la santé et la sécurité du travail. En effet, une main d’œuvre en santé et
en sécurité est plus performante (Kreps, 1962[54]). Deux principaux indicateurs sont recensés
ici. Il s’agit d’abord du taux de fréquence. Il rapporte le nombre d’accidents du travail don-
nant lieu à un arrêt de travail au nombre d’heures travaillées. Le second indicateur est le taux
de gravité des incapacités temporaires. Il rapporte le nombre de journées d’arrêt du travail,
au nombre d’heures travaillées. La dernière classe d’indicateurs est la formation. En effet, un
personnel qualifié est plus susceptible d’accroître les performances sociales d’une entreprise
(Wood, 2010)[115]. Dans cette classe, la littérature identifie trois principaux indicateurs que
sont le pourcentage de la masse salariale consacrée à la formation, le nombre d’heures de for-
mation et le pourcentage de salariés ayant bénéficié d’une formation.

• La capacité d’innovation : définition et éléments de mesure

En plus des performances économiques et sociales, la littérature s’attarde sur l’importance


des performances en termes de capacité d’innovation. Selon Ullah (2019)[111], une entreprise
peut s’affirmer comme étant performante, si elle innove.
Cette capacité d’innovation se mesure dans les travaux empiriques tels que ceux de fowowe
(2017)[36], Ullah(2019)[111] et Wellalage et al. (2019)[52], par la mise sur pied par l’entre-
prise d’un nouveau produit, d’une nouvelle production, d’une nouvelle technique de production,
d’une nouvelle politique de marketing et le montant injecté dans les activités de Recherche et
Développement (R&D).
Finalement, l’analyse des performances des entreprises peut être faite sur les plans techno-
logique et managérial. A l’ère de la digitalisation des services, l’utilisation des Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC), est importante pour la croissance de l’entreprise
(Abdel et al., 2020[1]). En effet, les TIC engendrent une réduction des coûts, des gains énormes
en temps, en énergie, un traitement rapide et efficace des dossiers, une amélioration des services
rendus aux clients et aussi une réduction, voire la suppression totale des erreurs. L’utilisation
18. Un taux de rotation du personnel important signifie que les personnels ne restent pas durablement dans
l’organisation. Ce turnover important peut s’expliquer par de mauvaises conditions de travail ou par la possibilité
pour les salariés de trouver facilement un poste plus intéressant dans une autre organisation.
19. Capté par le nombre de journées d’absence
20. Il rend compte par exemple de la rémunération mensuelle moyenne

17 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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des TIC favorise de ce fait la communication, la collaboration, la réduction des coûts dans
l’entreprise, une exécution efficiente des tâches de l’entreprise (Berdi, 2019[13]). D’après les
travaux de Ullah (2019)[111], les indicateurs des performances technologiques sont entre-autre
le pourcentage des employés maitrisant l’outil informatique, le pourcentage des tâches réalisées
à l’aide des TIC et le pourcentage du capital dépensé en recherche et développement technolo-
gique. La performance globale de l’entreprise dépend également de plusieurs facteurs aussi bien
liés à l’organisation qu’aux moyens humains, logistiques et au style de management (Abdel et
al., 2020[1]). En effet, la capacité du manager et de l’équipe dirigeante à atteindre les objectifs
fixés par l’entreprise dépend aussi de leur aptitude à pouvoir mobiliser l’ensemble des équipes
des ressources humaines d’une manière confiante et motivante autour de projets de l’entreprise
(Nguyen et al., 2017)[84]. La performance managériale est de ce fait toute aussi importante que
les autres types de performances.

1.2 Les déterminants des performances des entreprises


La littérature sur les déterminants des performances des entreprises est relativement abon-
dante et se concentre sur deux courants principaux. Le premier est basé principalement sur une
tradition économique, soulignant l’importance des facteurs socioéconomiques dans la détermi-
nation des performances des entreprises. Quant au deuxième, les paradigmes comportemental
et sociologique, considèrent les facteurs organisationnels et leur adaptation à l’environnement
des affaires comme les principaux déterminants des performances des entreprises. Relevons par
ailleurs que la position concurrentielle, ainsi que les facteurs internes à une entreprise, sont
susceptibles de déterminer ses performances.

1.2.1. Les déterminants socioeconomiques


A côté du financement informel, nombreux facteurs sociaux économiques sont reconnus
dans la littérature comme jouant un rôle important dans l’explication des performances des
entreprises. Pour une compréhension plus ample desdites performances, nous passons en revue
dans le cadre de cette sous-section ces différents facteurs socioéconomiques. A cet effet, nous
présentons dans un premier temps les acteurs économiques et dans un second temps les facteurs
sociaux.

18 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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1.2.1.1. Les déterminants sociaux


Plusieurs travaux dans la littérature, tels que ceux de Moati et al., (2000)[78] ou encore
Munoz-Bullon et Cueto, (2011)[80], mettent en avant le profil du dirigeant et les performances
des entreprises. En France, les études de Bonneau et Francoz (1995)[37], à partir de données
issues de l’enquête SINE (Système d’Information sur les Nouvelles Entreprises) de l’INSEE,
font apparaitre que le profil du créateur semble jouer un rôle très important pour expliquer les
chances de survie ou de pérennité d’une entreprise, ou les risques de mortalité. De manière
précise, les travaux de Lorrain et Laferte[63] au Québec (2006), ou encore de Kautonen et al.
(2010)[50] en Finlande, établissent premièrement, que l’âge du dirigeant a un effet sur les per-
formances de l’entreprise. Deuxièmement, l’étude réalisée par Papadaki et Chami (2002)[93]
sur un échantillon de 1 337 micro-entreprises canadiennes, fait ressortir une forte influence du
niveau d’études de l’entrepreneur, sur les performances des entreprises. Par ailleurs, la déter-
mination de l’entrepreneur et sa capacité à nouer des relations de partenariat ont plutôt une
incidence favorable sur les performances des entreprises.
Au niveau du genre, plusieurs recherches en entrepreneuriat ont mis en évidence des dif-
férences notables entre les hommes et les femmes. Les femmes entrepreneurs auraient no-
tamment plus de difficulté à accéder aux financements au moment de la création (Gicheva et
Link, 2013[42]), et un taux de survie plus faible à celui des hommes (Munoz-Bullon et Cueto,
2011[80]). Ce résultat peut être également expliqué par un accès plus difficile à des fonds ex-
ternes, ce qui incite les femmes à se lancer dans des activités moins capitalistiques (Caliendo
et Kritikos, 2010[18]). Enfin, les jeunes entreprises dirigées par des femmes semblent aussi
plus vulnérables en raison d’un capital humain et d’un engagement plus faible (Fairlie et Robb,
2009[34]), ainsi que leur moindre capacité à remédier à la détresse économique de leur entre-
prise (Cueto et Mato, 2006[21]).
En ce qui concerne le niveau d’études et les compétences des entrepreneurs (managériale,
technique et commerciale), leur effet est généralement légèrement positif sur la pérennité de
l’entreprise (Ganotakis, 2020[39]). Mais la littérature en entrepreneuriat s’est surtout intéres-
sée aux entreprises innovantes. Pour ce type de firme, Marvel et Lumpkin (2007)[71] montrent
que plus le niveau d’éducation est élevé plus les chances de survie sont fortes. Ils remarquent
cependant, tout comme Grilli (2011)[44], que les connaissances en gestion, marketing ou res-
sources humaines portent atteinte à l’effet positif lié aux connaissances techniques provenant
d’une formation universitaire

19 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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En outre, les entrepreneurs investissent fortement pour l’acquisition de la main d’œuvre


(Issor, 2017[48]). En effet, une main d’œuvre suffisamment formée entraine une hausse de la
productivité de l’emploi qui est un indicateur de performance. Par conséquent, la qualité de la
main d’œuvre a un effet sur les performances des entreprises (Maliranta, 2019[70]). De ce fait,
les coûts liés à la qualité des employés et le coût total du travail (salaires, traitements, primes,
etc.) sont des déterminants des performances des entreprises.

1.2.1.2. Les déterminants économiques


Premièrement, la structure du capital est un facteur important qui détermine la performance
d’une entreprise. La structure du capital fait référence au ratio de financement par la dette et par
les capitaux propres (Dasuki, 2016[24]). Il devrait y avoir une structure du capital appropriée
qui génère le profit maximum pour l’organisation, car un financement par capitaux propres
trop faible augmente le contrôle des propriétaires dans une large mesure (Abu-Rub, 2012[3]).
Dasuki (2016)[24] a examiné l’effet de la structure du capital sur la performance financière
de 180 entreprises manufacturières cotées à la Borsa Stock Exchange Istanbul Turquie sur la
période de 2004 à 2013. Il a étudié deux variables dépendantes, le ROA et le ROE, et a conclu
que la dette à long terme et la dette totale ont des effets négatifs significatifs sur la performance
financière mesurée par le ROA, tandis que ces ratios sont statistiquement non significatifs sur la
performance financière mesurée par le ROE.
Onaolapo et Kajola (2010)[89] ont examiné l’effet de la structure du capital sur la perfor-
mance financière de l’entreprise en utilisant un échantillon de trente entreprises non financières
cotées à la Bourse du Nigéria pendant la période de sept ans, de 2001 à 2007. Ils ont trouvé
un résultat qui a montré que la structure du capital d’une entreprise, remplacée par le ratio
d’endettement, avait un effet négatif significatif sur la performance financière. Il a eu un effet
négatif significatif sur les mesures financières de l’entreprise, à savoir le rendement des actifs et
le rendement des capitaux propres (Onaolapo & Kajola, 2010)[89]. Mirza et al. (2013)[76] ont
examiné les déterminants de la performance financière en utilisant la gouvernance d’entreprise,
la structure de propriété, la structure du capital, les indicateurs économiques et la gestion des
risques comme variables indépendantes. Ils ont étudié 60 entreprises pakistanaises cotées à la
bourse de Karachi pour la période de 2007 à 2011 par une régression en panel à effets fixes.
La conclusion tirée de leur étude est que le ratio de la dette sur les capitaux propres a un effet
positif sur la performance, tandis que la dette à long terme sur le total des actifs et la dette à

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court terme sur le total des actifs ont un effet négatif sur la performance de l’entreprise.
Deuxièmement, la concurrence est un déterminant non négligeable des performances des
entreprises (Ullah, 2019)[111]. En situation de concurrence, pour maintenir ou accroître leur
clientèle, les entreprises sont contraintes de maintenir ou d’accroître leurs performances, ou
encore plus simplement, d’innover. En effet, une concurrence plus vive peut se traduire par
une amélioration ponctuelle et continue de la productivité conjuguée du travail et du capital
(OCDE, 2002). Les améliorations ponctuelles de l’efficience découlent à la fois d’une meilleure
allocation des ressources et d’une utilisation plus rationnelle des facteurs de production dans une
situation où l’obligation de performance devient plus impérieuse.
En outre, d’après les travaux de Fowowe (2017)[36] et Ullah (2019)[111], les performances
d’une entreprise sont également fonctions du coût et de la source du financement. Pour se fi-
nancer, les entreprises ont recours aux canaux formels ou informels de financement (Allen,
2019[8]). L’accès au crédit par des canaux formels est le plus souvent conditionné par un cer-
tain nombre de garanties et des taux d’intérêts raisonnables. L’accès au crédit informel quant à
lui, n’exige pas de garantie et fait appel à des taux d’intérêts très élevés ou parfois nuls. Selon
Tybout (2000)[110], le fait qu’une entreprise se finance de manière formelle ou informelle a un
effet sur ses performances sont affectées ; cet effet est lié au coût du financement. De manière
précise, une augmentation du coût du financement participe à réduire les performances des en-
treprises considérées et plus précisément, leur capacité d’innovation. Une explication à cette
théorie repose sur le fait que, pour innover, les entreprises ont besoin d’investir dans les activi-
tés de recherche et développement. Si le coût du financement est élevé, les entreprises auront
du mal à entrer en possession du capital requis pour acheter de nouveaux facteurs de produc-
tion et/ou pour la mise en place de nouvelles techniques de production, par conséquent, elles
seront incapables d’innover (Fowowe, 2017)[36]. Ainsi, plus l’acquisition d’un financement est
couteuse, plus les performances sont susceptibles d’être réduites. Par ailleurs, les contraintes
d’accès au financement, affectent également les performances des entreprises. Les travaux de
Fowowe (2017)[36], indiquent qu’à mesure que les entreprises font face aux contraintes d’accès
au crédit, leurs performances sont réduites.

1.2.2. Les determinants lies aux institutions et a


l’environnement des affaires
A côté des déterminants socioéconomiques de la performance des entreprises, il existe éga-

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lement des facteurs institutionnels ainsi que des facteurs liés aux environnement des affaires qui
sont également reconnus comme jouant un rôle important.

1.2.2.1. Les déterminants institutionnels


Il s’agit premièrement des coûts liés aux réglementations douanières et commerciales, à la
réglementation du travail, à l’administration fiscale, aux taux d’intérêts et à l’établissement des
licences et permis. Ces variables sont sélectionnées conformément aux travaux de Castro et al.
(2019)[19] qui attestent que les coûts réglementaires (liés aux variables ci-haut listées), ont un
effet sur les performances des entreprises. En effet, l’entrepreneur définit ses dépenses d’inves-
tissement en fonction des coûts réglementaires. Or, les dépenses d’investissement ont un effet
sur la productivité du travail et la productivité du travail, sur les performances économiques ;
Par transitivité, les coûts réglementaires ont donc un effet sur les performances économiques.
Deuxièmement, l’instabilité politique, la corruption, sont considérées dans la littérature
comme des déterminants considérables des performances des entreprises. La corruption en ef-
fet, peut entrainer une augmentation de la productivité, des investissements et de la probabilité
de pénétrer les marchés d’exportation, tout comme elle peut agir comme un frein à la croissance
des entreprises (Bukari et al., 2020[17]). De même, l’instabilité politique fragilise l’environne-
ment des affaires. Cette situation a le plus souvent un effet direct sur la gestion des entreprises
et par conséquent sur leurs performances (Sami et al. 2019[100]).

1.2.2.2. Les déterminants lies à l’environnement des affaires


D’après l’étude pionnière de Fowowe (2017)[36], l’environnement des affaires est le socle
des performances des entreprises. De manière précise, lorsque l’environnement des affaires est
propice, les entreprises ont tendance à accroitre leurs performances. Par contre, au fur et à
mesure que les entreprises font face aux contraintes liées à l’environnement des affaires, celles-
ci sont susceptibles de voir leurs performances être réduites. Divers travaux dans la littérature
recensent les principales contraintes liées à l’environnement des affaires et qui déterminent les
performances des entreprises. Il s’agit dans un premier temps des coûts d’accès à l’électricité.
En effet, les entreprises sont en mesure d’éviter des pertes immédiates de production et de
productivité, dues aux coupures d’électricité, en optimisant à nouveau les intrants. Cependant,
les interruptions prolongées de l’approvisionnement en électricité peuvent être préjudiciables
aux investissements des entreprises et avoir des effets persistants sur leur productivité. L’accès

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à l’électricité se révèle donc comme un déterminant des performances des entreprises (Grimm,
2013[45]).
Par ailleurs, les coûts liés aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC),
affectent également les performances des entreprises. L’utilisation des TIC, engendre en réalité,
une réduction des coûts, des gains énormes en temps, en énergie, un traitement rapide et efficace
des dossiers, une amélioration des services rendus aux clients et aussi une réduction, voire la
suppression totale des erreurs. L’utilisation des TIC favorise de ce fait la communication, la col-
laboration, la réduction des coûts dans l’entreprise. Ceci entraine une hausse de la productivité
des employés et a des répercussions sur les performances de l’entreprise (Berdi, 2019[13]).
En outre, les coûts liés à l’accès à l’eau potable sont également d’une importance capitale.
En effet, d’après les travaux de Jabbour et al. (2015)[30], l’augmentation des contraintes d’accès
à l’eau potable entraine une augmentation de coûts supportés par l’entreprise. Pour les entre-
prises qui font face à des contraintes d’accès à l’eau potable, le fait de construire et d’entretenir
par exemple, une source autonome d’approvisionnement en eau, engendre d’énormes coûts. Ces
coûts supplémentaires limitent le capital investi et empêchent de ce fait à l’entreprise d’accroitre
ses performances, car le capital est un déterminant des performances (Edwards et al., 2004[64]).
Les coûts liés à la mise en place et à l’entretien de la source autonome d’approvisionnement en
eau, déterminent de ce fait, les performances des entreprises.

Conclusion
Accroitre les performances de leurs structures, a toujours été l’un des objectifs majeurs visés
par la plupart des dirigeants d’entreprises. L’idée est telle que ces performances jouent un rôle
important, non seulement pour la vie de l’entreprise mais également pour le fonctionnement de
l’activité économique globale. A défaut de proposer une solution magique pour booster lesdites
performances, la littérature théorique a mis en exergue un ensemble de déterminants, au rang
desquels le financement informel occupe une place de choix. Dans ce chapitre, il a donc été
question pour nous de procéder à un examen théorique de la relation qui existe entre le finan-
cement informel et les performances des entreprises. L’atteinte d’un tel objectif nous a amené
à subdiviser celui-ci en deux sections principales. Dans la première section, nous avons pro-
cédé à une clarification théorique des concepts tandis que dans la deuxième section, nous avons
présenté un ensemble de déterminants susceptibles d’affecter les performances des entreprises.

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Au sortir de ce chapitre, nous retenons que les performances des entreprises sont susceptibles
d’être déterminées par plusieurs facteurs, parmi lesquels la source de financement.

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? ? Chapitre Deux ? ?

FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES


ENTREPRISES : LES FONDEMENTS

Introduction
Le présent chapitre a pour objectif d’analyser théoriquement la relation qui lie le finance-
ment informel aux performances des entreprises. La motivation inhérente à un tel enjeu peut
se situer à plusieurs niveaux de l’analyse. En premier lieu, celle-ci facilite la compréhension
des différents canaux à travers lesquels transitent les effets du financement informel sur les
performances des entreprises. En second lieu, elle s’avère primordiale pour les analyses écono-
métriques que nous allons mener par la suite. A cet égard, nous trouvons judicieux d’articuler
le chapitre de la manière suivante. Dans la première section, notre démarche consiste dans un
premier temps, à inscrire la relation financement informel et performances des entreprises, dans
un encrage théorique et dans un second temps, de parcourir les évidences empiriques sur cette
relation. La deuxième section quant à elle, consiste à discuter des canaux de transmission par
lesquels transitent les effets du financement informel sur les performances des entreprises.

2.1 Performances des entreprises : revue des debats sur le


role de la finance informelle
La présente section est une revue des débats théoriques et empiriques, portant sur les effets
du financement informel sur les performances des entreprises.

2.1.1. Débats théoriques


Le débat relatif à la manière dont le financement informel peut affecter les performances
des entreprises ne date pas d’aujourd’hui. En effet, celui-ci a fait l’objet de plusieurs développe-

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ments dans la littérature théorique. Les premières intuitions sur cette relation peuvent remonter
à North (1990)[86], qui, dans une perspective de l’économie institutionnelle, postule que les
institutions informelles se mettent en place lorsque les institutions formelles sont faibles. Deux
principaux courants sont issus du débat théorique portant sur les effets du financement en géné-
ral et du financement informel en particulier, sur les performances des entreprises. Le premier
insinue que le financement informel a des effets significatifs sur les performances des entre-
prises. Ces effets peuvent être positifs ou négatifs. Le second courant quant à lui, à travers la
thèse de neutralité de la structure de financement (Modigliani et Miller 1958[79]), stipule que
la source de financement n’a pas d’effets sur les performances des entreprises. Cette première
partie de la section 1 est construite sur ces éléments théoriques. Nous présentons dans un pre-
mier temps, les théories sous-tendant un effet significatif de la source de financement sur les
performances des entreprises. Nous présentons ensuite, la thèse de la neutralité de la structure
de financement, initiée par Modigliani et Miller (1958)[79].

2.1.1.1. Le financement informel : un déterminant théorique des


performances des entreprises
La manière dont le financement informel a un effet sur les performances des entreprises peut
être expliquée par les développements proposés dans le cadre de la théorie du compromis et de
la théorie du financement hiérarchique. En effet, ces théories expliquent de manière globale
comment le choix la structure financière affecte la valeur de la firme.

• La théorie du compromis ou Trade-Off Theory (TOT)

Cette théorie suppose que la structure optimale est atteinte selon un arbitrage entre les
avantages et les inconvénients des différentes sources de financement. Modigliani et Miller
(1963)[77] prennent en considération la fiscalité, notamment la déductibilité des intérêts finan-
ciers sur le résultat imposable, et montrent que la valeur de la firme endettée est égale à la
valeur de la firme non endettée, augmentée de l’économie d’impôt réalisée grâce à l’endet-
tement. Ainsi, la déductibilité des intérêts inciterait les entreprises à recourir à l’endettement
plutôt qu’aux fonds propres, dont les rémunérations ne sont pas déductibles. Par conséquent, la
valeur d’une entreprise endettée est supérieure à celle d’une entreprise sans dette à la condition
que les économies d’impôt ne bénéficient qu’à l’entreprise et ne concernent pas les revenus des
particuliers (Miller, 1977[74]). En d’autres termes, une firme augmente sa valeur lorsqu’elle se
finance par la source d’endettement la plus avantageuse.

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Relevons que d’après Sorelle et al. (2020)[106], une source d’endettement peut être avanta-
geuse, pour plusieurs raisons. La première raison est de pouvoir réaliser un investissement qu’il
est souvent très difficile de financer en fonds propre. En effet, le crédit, permet tout d’abord,
aux entrepreneurs de bénéficier des fonds nécessaires pour financer leurs activités. Le second
grand avantage du financement à crédit est de profiter d’un effet de levier, la rentabilité brute
de l’investissement est souvent supérieure au coût du crédit. Les entreprises qui se financent
de manière informelle tirent profit de ces avantages. Elles bénéficient en effet, du crédit à des
coûts de transaction faibles, car l’octroi du crédit ici, n’est pas conditionné par la présentation
de certains documents servant de garantie, comme lors d’une demande de crédit bancaire. De
plus, l’accès au crédit informel est aisé, car les taux d’intérêts pratiqués ici sont faibles, voire
nuls, entraînant ainsi une rentabilité brute de l’investissement, largement supérieure au coût du
crédit. Le financement informel est donc perçu comme un facteur d’accroissement de la valeur
de l’entreprise.

• La théorie du financement hiérarchique ou Pecking Order Theory (POT)

L’existence d’une structure financière optimale a été remise en question, notamment par
le développement de la théorie du financement hiérarchique. Contrairement à TOT, POT est
fondée sur l’asymétrie d’informations qui existe entre les acteurs internes (propriétaires, di-
rigeants) et les acteurs externes (bailleurs de fonds) à l’entreprise. La théorie du financement
hiérarchique récuse la détermination d’un taux d’endettement optimal (ratio cible), mais privilé-
gie l’existence d’une hiérarchie des sources de financement établie sur l’hypothèse d’asymétrie
d’informations. L’asymétrie d’informations détermine le choix du type de financement (formel
ou informel). En effet, le demandeur qui ne veut pas divulguer ses informations, est contraint
de recourir aux sources de financement informelles. De même, si le projet n’apporte pas suffi-
samment de garanties, la banque n’octroie pas le crédit, par manque d’informations fiables et
les demandeurs sont contraints de recourir au financement informel. Par ailleurs, les entreprises
qui fournissent des garanties et informations suffisantes sont plus à même de recourir au crédit
bancaire au détriment du financement informel. D’après Myers et Majluf (1984)[81], les diri-
geants d’entreprises ne doivent pas essayer de maintenir un niveau particulier d’endettement
(ratio cible optimal). Les choix de financement étant principalement déterminés par le niveau
d’asymétrie d’information, les dirigeants adoptent une politique financière qui vise à minimi-
ser les coûts associés à cette asymétrie. Ainsi, le dirigeant hiérarchise ses préférences selon
la séquence suivante : l’autofinancement, la dette non risquée, la dette risquée, l’augmentation

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du capital (Myers et Majluf, 1984[81]). Le respect de cette hiérarchie a pour avantage d’éviter
la réduction des prix des actions de l’entreprise, de limiter la distribution des dividendes pour
augmenter l’autofinancement, de réduire le coût du capital en limitant le recours aux emprunts.
Les entreprises rentables disposent donc ainsi d’un financement interne plus abondant. Les
PME, qui souhaitent emprunter quand leurs besoins de financement dépassent leurs flux internes
de trésorerie, sont souvent confrontées dans leur relation de crédit à la sélection adverse et à des
coûts d’information. Ces coûts peuvent être nuls pour l’autofinancement mais sont élevés dans
le cas de l’émission de nouvelles actions, tandis que les coûts de la dette occupent une position
intermédiaire. Les dirigeants de PME visent à maximiser leur propre richesse tout en conservant
leur indépendance vis-à-vis des acteurs externes, c’est pourquoi les fonds internes font l’objet
de leur choix de financement prioritaire ; si les fonds internes sont insuffisants, ils préfèrent
recourir à la dette plutôt qu’à l’augmentation du capital car la dette permet de réduire le degré
de dépendance de l’entreprise à l’égard des autres apporteurs de capitaux, et ainsi de garder
le contrôle et le pouvoir de décision. POT a été argumentée au regard d’hypothèses relatives à
l’âge et à la profitabilité des entreprises : Berger et Udell (1998)[14] font valoir que les PME
recourent moins à l’endettement au fur et à mesure que leur cycle de vie les conduit de la
jeunesse à la maturité. Contrairement aux théories ci-haut présentées, d’autres auteurs comme
Modigliani et Miller (1958)[79], ont développé des théories qui préconisent que la structure de
financement n’a aucune répercussion sur les performances des entreprises.

2.1.1.2. La thèse de la neutralité de la structure de financement


(Modigliani et Miller, 1958)
La théorie de la neutralité financière introduite par Modigliani et Miller (1958)[79] stipule
que, dans un monde sans taxes, exonéré de coûts de transaction et sous l’hypothèse de l’effi-
cience des marchés, la valeur de l’actif économique n’est pas affectée par le choix d’une struc-
ture de financement. Ceci dit, la structure financière, incarnant les différentes sources de finan-
cement, n’affecte pas la valeur de la firme. Autrement dit, le choix entre le financement formel
ou informel n’affecte pas les performances des entreprises. Ainsi, si l’hypothèse de Modigliani
et Miller est vérifiée, les décisions réelles des firmes (par exemple l’investissement), motivées
par la maximisation du profit, sont indépendantes des facteurs financiers tels que la liquidité
interne, le niveau d’endettement, ou le versement des dividendes. Leurs valeurs dépendent de
ce fait, uniquement de la gestion du capital et non de la provenance de celui-ci (Garcia et al.,

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2007)[41]. Le financement informel est donc un simple moyen d’acquisition des fonds pour les
entreprises, c’est aussi le cas des TPE et PE camerounaises.

2.1.2. Financement informel et performances des entreprises :


les controverses empiriques
La relation directe entre le financement informel et les performances des entreprises est
discutée dans la littérature empirique. Cette littérature s’articule autour de deux principaux axes.
Le premier relève un effet positif et significatif du financement informel sur les performances
des entreprises, tandis que le second relève un effet non significatif, voire négatif.

2.1.2.1. Le financement informel : un élément important pour


l’accroissement des performances des entreprises
Dans leur étude pionnière, Rozas et al. (2012)[97] examinent l’effet de la participation aux
tontines entrepreneuriales sur les performances économiques des entreprises camerounaises.
Les données utilisées sont issues de l’enquête du Plan Régional de Développement Econo-
mique (PRDE) effectuée en 1993 auprès de 210 entreprises œuvrant dans quatre secteurs ma-
nufacturiers. A la suite de leurs estimations, ils obtiennent que les tontines ont un effet positif
et significatif sur les performances économiques des entreprises. Plus précisément, les entre-
prises camerounaises qui ont recours aux tontines, pour accroître leur capital, connaissent une
croissance de l’emploi et des ventes. A cet effet, si les entreprises camerounaises peinent à
obtenir des financements bancaires, celles-ci ont un moyen de contourner cette limite tout en
maintenant ou en accroissant leur taux de vente annuel et leur taux de croissance de l’emploi.
Ces résultats corroborent ceux de Allen et al. (2012)[7] qui se sont focalisés sur les entre-
prises indiennes, pour analyser les environnements juridiques et commerciaux, les canaux de
financement et les paternes de croissance des différents types d’entreprises. A l’aide des in-
formations sur les PME et les grandes entreprises des secteurs manufacturiers et des services,
issues de la base de données Prowess au cours de la période de la décennie 1996-2005, les au-
teurs confortent les précédentes idées et attestent que le financement informel constitue la forme
la plus importante de financement externe des PME. Étant donné que les petites entreprises ont
recours aux sources de financement informelles plus que les grandes entreprises, celles-ci sont
moins entravées par le manque d’accès au crédit bancaire et aux marchés financiers. De ce fait,
elles connaissent une croissance beaucoup plus rapide que les grandes entreprises qui ont un

29 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

accès aisé aux sources de financement formelles. En d’autres termes, les entreprises indiennes
ayant accès à des financements bancaires ou de marché ne sont pas associées forcément à des
taux de croissance plus élevés, tandis que celles qui font recours à des sources informelles de
financement le sont. Il en ressort ainsi que le financement informel est associé à une croissance
de l’entreprise et peut s’étendre au-delà de la phase initiale de l’entreprise.
De manière similaire, Sheng et al. (2014)[103], examinent l’effet des AREC chinoises sur
les performances des entreprises chinoises implantées au Brésil. A cet effet, les auteurs utilisent
des données primaires collectées au cours du second semestre 2011 auprès de 110 entreprises
chinoises établies dans le centre d’affaires de la ville de São Paulo. Outre les effets positifs des
tontines sur la croissance de l’emploi et sur la croissance des ventes au sein de l’entreprise, les
résultats montrent que ces AREC contribuent à améliorer la qualité des relations de l’entreprise
vis-à-vis des fournisseurs. De plus, lorsqu’une entreprise se finance par la tontine, cela améliore
les mécanismes de gouvernance et la performance de l’entreprise du point de vue du marché,
telle que présentée par Luo et al. (1999)[66] ou encore Yang et al. (2011)[119].
Pour apporter plus de précision à ces idées, Beck et al. (2015)[12], testent l’effet de cer-
taines sources de financement informelles telles que les tontines et le crédit commercial, sur
la performance des entreprises privées en Chine. Pour ce faire, ils utilisent des données issues
d’une enquête menée par les succursales provinciales de trois banques actionnaires cotées de
Chine en 2007. Les résultats montrent que les sources de financement informelles ont des effets
positifs sur les performances des entreprises chinoises. Néanmoins, ces effets sont fonctions du
mode de financement choisi et du secteur d’activité de l’entreprise. Par exemple, la tontine est
plus importante pour promouvoir la performance dans l’industrie manufacturière, tandis que le
crédit commercial est plus efficace dans l’industrie du commerce. De plus, pour les entreprises
non familiales, l’utilisation des sources informelles de financement entraine une croissance an-
nuelle du capital supérieure ou égale à 17%, ce qui se compare à un taux de croissance moyen
de 6% pour le cas des entreprises qui utilisent une source formelle de financement. Le finance-
ment informel est donc associé à une croissance plus rapide des entreprises avec des employés
non familiaux, contrairement au financement formel.
Dans la même optique, Allen et al. (2018)[8] mènent une étude sur les entreprises chinoises,
en utilisant un sondage couvrant 2400 entreprises de 18 villes représentatives d’un large éventail
de régions en Chine. A la différence de la littérature empirique existante, ces auteurs examinent
l’effet des sources de financement informelles basées sur la confiance, sur les performances

30 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

des entreprises. Il s’agit du crédit commercial, des petites sociétés de prêt, des prêteurs sur
gages ou sociétés de financement enregistrés, les prêts directs et informés. Les résultats attestent
que ces sources informelles de financement ont stimulé la croissance des entreprises. En effet,
les sources de financement informelles basées sur la confiance, exigent le plus souvent des
taux d’intérêt faibles ou nuls. De ce fait, les entreprises n’ont pas à rembourser des sommes
exorbitantes. Ceci permet aux entreprises d’investir dans l’acquisition de nouveaux facteurs
de travail, d’augmenter leur production et leur profit, tout en réinjectant leurs bénéfices sur le
chiffre d’affaires (Wu, 2016)[117].
Eniolaa et al. (2015)[32] quant à eux, ont étudié la manière dont le « crowdfunding 21 »
peut être une source de financement alternative, pour les entreprises nigérianes faisant face aux
difficultés d’accès au crédit bancaire. Ils ont examiné en outre, l’effet du « crowdfunding » sur
les performances des PME au Nigeria. Pour parvenir à leurs fins, ils ont utilisé les données
issues d’une étude réalisée par l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International
(USAID), en 2005. Les résultats obtenus confortent ceux des travaux empiriques précédents.
En effet, certaines méthodes de financement traditionnelles telles que le crowdfunding affectent
positivement les performances des PME, car elles améliorent le capital de l’entreprise, les re-
lations sociales entre l’entreprise et ses partenaires, ainsi que le taux de croissance de l’emploi
et l’aptitude du dirigeant à prendre des décisions optimales. Ils en déduisent que la promotion
du développement des institutions financières informelles permet de réduire et/ou éliminer les
inefficacités observées dans les institutions financières formelles.
Le financement informel est donc vu comme permettant aux entreprises d’accroître leurs
performances. Toutefois, la littérature empirique n’est pas unanime par rapport aux effets du
financement informel sur les performances entreprises. Plusieurs travaux pionniers identifient
les sources de financement informelles comme étant des freins à la croissance des entreprises.

2.1.2.2. Le financement informel : un frein à l’accroissement des


performances des entreprises
Dans leurs travaux, Fowowe et al. (2017)[36] ont mené une enquête empirique sur les effets
de l’accès au financement formel au détriment du financement informel, sur la croissance des
entreprises dans les pays africains en général et au Cameroun en particulier. Les données utili-
sées à cet effet, ont été extraites de l’enquête sur les entreprises, menée par la Banque Mondiale
21. Le crowdfunding ou financement participatif, est un échange de fonds entre individus en dehors des circuits
financiers institutionnels, afin de financer un projet via une plateforme en ligne.

31 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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en 2016, couvrant plus de 130 000 entreprises dans 125 pays, dont le Cameroun. Les résultats
obtenus par les auteurs attestent que, plus les entreprises ont accès aux marchés financiers, plus
leur croissance sera élevée. Par contre, se financer de manière informelle n’a pas d’avantage
considérable sur les performances d’une entreprise. Ceci dit, les entreprises ayant recours à la
finance informelle connaîtront une croissance plus faible. Ceci renforce encore la conclusion
selon laquelle l’utilisation d’une source de financement informelle n’a pas un effet positif sur
la performance des entreprises, car il limite leurs perspectives de croissance (Degryse et al.,
2016)[26].
Dans le même ordre d’idées, Ullah (2019)[111], a mené une étude comparative des effets
des sources de financement formelles et informelles sur les performances des entreprises en ma-
tière d’innovations, plus précisément, sur la capacité de l’entreprise à innover. Ils ont, à cet effet
utilisé la base de données de l’enquête sur l’Environnement des Affaires et les Performances
des Entreprises (BEEPS) menée par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Déve-
loppement (BERD) en partenariat avec la Banque mondiale, pour 5982 entreprises dans 30 pays
d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, entre 2011 et 2014. Suite à leurs estimations, les résultats
montrent que le financement provenant de sources informelles n’a pas d’effet significatif sur la
capacité d’innovation des entreprises pendant les premières années. Au fil du temps, l’effet de-
vient de plus en plus négatif, limitant ainsi la capacité de l’entreprise à introduire de nouveaux
produits, ou de nouvelles techniques de production. Ceci dit, même les petites entreprises des
pays en développement qui ont largement recours aux sources de financement informelles n’en
tirent aucun avantage en termes d’innovations.
Selon les travaux de Allen et al. (2019)[8] en Chine, ceci peut, en effet, se justifier par
le fait que certaines sources informelles de financement exigent des taux d’intérêt très élevés,
avoisinant parfois les 50%. Les entreprises endettées sont donc contraintes à utiliser quelques
fois une part importante ou totale de leurs bénéfices, uniquement pour rembourser leurs crédits.
Cette situation ne favorise pas l’accroissement du capital, des investissements pour l’optimisa-
tion des facteurs de production, encore moins des dépenses d’innovation, car l’entreprise est
uniquement focalisée sur l’emprunt à rembourser. En outre, les entreprises ayant recours à ces
sources informelles se retrouvent parfois dans une boucle où, du fait des taux d’intérêt très
élevés, s’endettent chaque fois pour rembourser le précédent emprunt, empêchant ainsi toute
croissance. Ces sources informelles de financement sont considérées comme clandestines. On
en recense entre autres, les usuriers, les prêteurs sur gages non enregistrés, les agences de prêt

32 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

et les courtiers en prêts. Les auteurs ont, in fine, montré que les systèmes financiers des pays en
développement sont importants pour fournir aux entreprises innovantes les capitaux nécessaires
provenant de diverses sources formelles. Ainsi, utiliser une source informelle de financement
ne contribue pas à la croissance des entreprises.

2.2 Financement informel et performances des entreprises :


un exposé des canaux de transmission
Dans la plupart des économies en développement, les marchés financiers, les marchés de
capital-risque ainsi que le secteur bancaire sont sous-développés (Ahlstrom et Bruton, 2006)[6].
A cet égard, il est difficile pour les jeunes entreprises privées de même que les PME de se
financer par les canaux du marché formel. En l’absence d’institutions formelles (financement
formel), les chercheurs tels que Estrin et Preveze (2011)[33] ou encore Peng (2002)[94] ont
préconisé l’émergence et l’importance des institutions informelles (financement informel) dans
les performances des entreprises privées. Certaines parmi ces études ont montré que ces sources
alternatives de financement apportent une valeur ajoutée aux performances des entreprises par
divers canaux. Cette section est un exposé desdits canaux. En première partie, nous présentons
les canaux de transmission directs. La deuxième partie de cette section, correspond quant à elle,
à un exposé des canaux indirects.

2.2.1. Les canaux directs


La présente partie est un exposé des canaux directs par lesquels transitent les effets du finan-
cement informel sur les performances des entreprises. Ces canaux sont entre autres les relations
personnelles, les liens personnels avec les fonctionnaires, ainsi que les normes relationnelles, la
minimisation des coûts de transaction et la confiance (Allen et al., 2005)[7].

2.2.1.1. Canal du taux d’intérêt et des relations personnelles


Yiu et al. (2013)[120] mentionnent que, du point de vue des contrats relationnels, la finance
informelle prend souvent la forme de relations répétées et continues. Les nouvelles entreprises
privées, les PME et TPE n’ont pas d’antécédents fiables en matière de crédit. Cependant, elles
peuvent développer leur fiabilité grâce à des transactions répétées et à long terme avec des insti-
tutions financières non bancaires basées sur la confiance (Allen et al., 2019)[8]. Par ailleurs, Les

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entreprises privées peuvent également obtenir des crédits commerciaux auprès de leurs fournis-
seurs. Or ceux-ci savent qu’ils sont incités à rembourser afin de maintenir leurs relations avec
les fournisseurs. Les fournisseurs sont disposés à offrir des crédits commerciaux parce qu’ils
ont des avantages sur les banques dans la sélection, le contrôle et l’exécution des contrats de
crédit (McMillan et Woodruff, 1999[72]). Par conséquent, ces types de financement alternatifs
sous la forme de contrats relationnels offrent un moyen de financement alternatif aux entreprises
privées des économies en développement qui ne disposent pas encore d’un système juridique
formel sur lequel s’appuyer.
Par ailleurs, d’autres auteurs soutiennent amplement que le financement alternatif ou in-
formel peut s’avérer préjudiciable pour les performances des entreprises. En effet, en absence
d’une réglementation adéquates des taux d’intérêt dans ces contrats de crédits, le financement
informel peut induire un effet boule de neige préjudiciable pour les performances des entre-
prises (Agénor et al., 1993[5]). En effet, l’effet boule de neige se réfère à une situation dans
laquelle la dette d’une firme augmente mécaniquement, du fait que le taux d’intérêt payé sur la
dette est plus élevé que le taux de croissance des ressources qui servent à rembourser. Allen et
al. (2019)[8] identifient ces sources informelles de financement comme étant clandestines. Ce
type de financement est souvent destiné à des activités spéculatives, impose des taux d’intérêt
ou des frais extrêmement élevés et recourt à la violence plutôt qu’à un recours juridique pour
recouvrer les paiements ou renégocier en cas de délinquance. Il s’agit entre autres des usuriers,
des prêteurs sur gages non enregistrés, des agences de prêt et des courtiers en prêts.

2.2.1.2. Canal de l’effet levier et des coûts de transaction


La Théorie des Coûts de Transaction (TCT) a remis en cause l’approche néoclassique qui
considère la firme comme une boite noire 22 . Coase (1937)[20], a établi le concept de coût
de transaction. Selon lui, une entreprise accroît ses performances lorsqu’elle minimise ses dif-
férents coûts de transaction. Ces transactions font l’objet d’un échange de ressources (entre
autres, financières) entre l’entreprise et ses différents fournisseurs. En effet, lorsque l’entreprise
accède à des ressources financières à moindre coût, celle-ci est à même d’augmenter sa pro-
ductivité, à travers l’achat de nouveaux intrants (Coase, 1937[20]). En outre, d’après la théorie
du salaire d’efficience 23 , la productivité d’un travailleur dépend du salaire qui lui est versé. Si
22. L’entreprise est vue ici comme un acteur, ayant un pouvoir relativement peu important et dont l’unique
fonction portant intérêt est la fonction productive.
23. Harvey Leibenstein (1957)[61]

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les coûts d’acquisition des ressources financières sont négligeables, l’employeur peut de ce fait
augmenter le salaire des employés, entrainant ainsi une hausse des indicateurs de performance
tels que la quantité annuelle produite, le taux annuel de croissance des ventes, voire le chiffre
d’affaires. Or les PME et les TPE, dans leur recherche de ressources financières formelles sont
soumises à de lourds coûts de transaction, dus aux documents comptables et garanties exigées.
Pour contourner ces difficultés rencontrées, celles-ci ont recours aux sources alternatives (infor-
melles) de financement, à des coûts de transaction relativement faibles, voire nuls, ce qui a un
effet positif sur leurs performances. Allen et al. (2019)[8] identifient ces sources informelles de
financement comme étant constructives 24 .
L’effet de levier désigne l’utilisation de l’endettement pour augmenter la capacité d’inves-
tissement d’une entreprise, d’un organisme financier ou d’un particulier et l’effet de cette uti-
lisation sur la rentabilité des capitaux propres investis (Zyblock, 1997[121]). L’effet de levier
augmente la rentabilité des capitaux propres tant que le coût de l’endettement est inférieur
à l’augmentation des bénéfices obtenus grâce à l’endettement, dans le cas inverse, il devient
négatif. Allen (2019)[8] distingue deux types de financement informel, en fonction du coût du
crédit. Il s’agit d’une part du financement informel constructif. Ce type de financement informel
est constitué de tous les modes de financement basés sur la confiance, les relations familiales ou
amicales. Ici, les taux d’intérêts sont très faibles et parfois nuls. Il s’agit entre autres du crédit
commercial et de l’aide familiale. D’autre part Allen (2019)[8] identifie le financement infor-
mel clandestin. Ce type de financement informel est constitué de tous les modes de financement
caractérisés par des taux d’intérêts très élevés. Il s’agit entre autres de l’usure et des prêts sur
gages. Ainsi, selon que l’entreprise opte pour un financement informel constructif ou clandes-
tin, celle-ci supporte un coût de l’endettement qui est susceptible d’affecter la rentabilité des
capitaux propres, par le canal de l’effet levier.

2.2.2. Les canaux indirects


Une littérature connexe aux développements précédents soutient que l’effet du financement
informel sur les performances des entreprises peut être également être conditionné par d’autres
facteurs. Il s’agit en effet des canaux indirects. Ces canaux sont entre autres les canaux institu-
tionnels mais également l’environnement des affaires. Les considérations ci-après consistent ce
faisant à présenter tour à tour ces différents canaux.
24. Il s’agit du crédit commercial, des petites sociétés de prêt, des prêteurs sur gages ou sociétés de financement
enregistrés, les prêts directs et informés.

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2.2.2.1. Les canaux institutionnels


Le financement informel est bénéfique pour les entreprises privées par rapport au finance-
ment formel car il n’est pas réglementé par le gouvernement, n’ayant donc aucune réglemen-
tation des taux d’intérêt et aucune exigence de liquidité (Agénor et al., 1993[5]). Vu sous cet
angle, le financement alternatif ou informel peut apporter une valeur ajoutée aux performances
des entreprises privées, car celles-ci sont à même de financer leurs activités à des coûts réduits,
voire nuls. Mentionnons en outre que le capital financier en lui-même n’est pas une ressource
productive (Florin et al., 2003[35]). Toutefois, en raison de sa nature relationnelle, le finance-
ment alternatif fournit non seulement aux entreprises privées un capital financier, mais aussi
un capital relationnel qui leur permet d’échanger des informations et d’accéder à d’autres res-
sources.

2.2.2.2. L’environnement des affaires


L’environnement des affaires est le socle des performances des entreprises (Fowowe, 2017[36]).
Généralement, les TPE et PE font face à des coûts supplémentaires dus à l’environnement des
affaires. Il s’agit entre autres des coûts liés à l’accès à l’électricité, à l’utilisation des TIC, à
l’accès et à l’approvisionnement en eau potable. De plus, à cause du manque de garanties suf-
fisantes, les TPE et PE font face à d’énormes contraintes de crédit. Ainsi, pour contourner ces
contraintes d’accès, afin de supporter ces différents coûts et d’éviter une réduction de leurs per-
formances, ces entreprises ont recours aux méthodes de financement facilement accessibles et
moins coûteuses (Tybout, 2000[110]). Le financement informel est donc ainsi vu comme un
catalyseur des performances des entreprises, car il permet premièrement aux entreprises qui en
bénéficient d’avoir les fonds requis pour financer leurs activités. Deuxièmement, le financement
informel permet aux TPE et PE de supporter les coûts supplémentaires liés à l’environnement
des affaires et par conséquent d’accroitre leurs performances.

conclusion
L’objet de ce chapitre était de fournir des preuves théoriques et empiriques à la relation qui
existe entre le financement informel et les performances des entreprises. Dans le souci de mener
à bien notre démonstration, nous avons trouvé opportun d’inscrire d’une part cette relation dans
un ancrage théorique, de présenter les canaux de transmission et aussi les différents effets qui

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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

en résultent. Ce faisant, il en ressort que cette relation a été développée dans le cadre de nom-
breuses théories à l’instar de la théorie du compromis, la théorie du financement hiérarchique et
de la théorie de la neutralité de la structure de financement. Relativement aux canaux de trans-
mission, nous avons démontré à partir de nombreux travaux que le financement informel peut
affecter les performances des entreprises, directement ou de façon plus indirecte. Pour finir, il
est à mentionner qu’une vaste littérature empirique s’est investie autour des effets du finance-
ment informel sur les performances des entreprises. Cette littérature prend deux orientations
distinctes :la première montre que le financement informel est associé à un accroissement des
performances des entreprises, la deuxième trouve quant à elle un effet négatif.

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? ? Chapitre Trois ? ?

FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES


ENTREPRISES : FAITS STYLISES ET STRATREGIE
EMPIRIQUE

Introduction
La relation entre financement informel et performances des entreprises est largement discu-
tée dans la littérature. Pour certains auteurs tels que Degryse (2016)[26], Fowowe (2017)[36] et
Ullah (2019)[111], le recours à certains modes de financement informel a tendance à réduire les
performances de ces entreprises. Cela justifie leur faible taux de survie et d’innovation, et leur
faible chiffre d’affaire. De plus, la finance informelle est souvent associée à des coûts élevés, ce
qui entraîne la perte de toute conséquence bénéfique pour les entreprises (Mertzanis, 2019)[73].
Pour d’autres tels que Rozas (2012)[97] et Allen et al. (2019)[8], le recours au financement
informel est susceptible d’accroître les performances des entreprises. Au vu de ces controverses
et dans l’objectif de vérifier qu’il existe une relation de cause à effets entre le financement in-
formel et les performances des TPE et PE camerounaises, le présent chapitre nous fournit une
analyse des faits stylisés autour de la relation entre le financement informel et les performances
des entreprises de notre échantillon. Ce chapitre s’articule autour de deux sections. La première
consiste en une analyse des faits stylisés sur les effets du financement informel sur les perfor-
mances des entreprises. L’objectif de la deuxième section est de présenter de façon succincte le
modèle économétrique, les variables, les sources de données et la technique sélectionnée pour
nos différentes estimations.

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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

3.1 Financement informel et performances des TPE et PE au


Cameroun : un examen par les faits stylisés
Cette section s’articule autour de trois principaux axes. Le premier consiste en une analyse
des faits stylisés sur les effets du financement informel sur les performances économiques des
entreprises. En deuxième partie, nous nous attardons dans ce chapitre, à l’analyse des faits
stylisés entre financement informel et performances sociales. En troisième et dernière partie,
nous nous focalisons sur les potentiels effets que pourrait avoir le financement informel sur la
capacité d’innovation des entreprises camerounaises.
Au vu du caractère dichotomique des indicateurs du financement informel de la base de
données que nous avons utilisée, il nous est impossible d’effectuer des croisements entre indi-
cateurs des performances et financement informel. De même, recourir aux nuages des points
ne permet pas dans ce cas d’avoir une présomption nette sur la relation financement informel
- performances des entreprises. Pour contourner ces difficultés liées au caractère dichotomique
des indicateurs de financement informel, nous réalisons premièrement des histogrammes qui
mettent en relief, d’une part, la moyenne des performances des entreprises qui se financent
de manière informelle et d’autre part, la moyenne des performances des entreprises qui ne se
financent pas de manière informelle. Nous procédons par la suite, à des tests statistiques de dif-
férence des moyennes, portant sur les performances des entreprises qui se financent de manière
formelle d’une part et qui se financent par des canaux informels, d’autre part. Ces histogrammes
et tests nous permettent de vérifier si les performances des entreprises qui se financent de ma-
nière informelle, sont statistiquement différentes de celles qui se financent de manière formelle.
Le test de différence de moyennes est formulé ainsi qu’il suit :


 H0 : mean1 = mean2




H1 : mean1 <> mean2

Nous calculons ensuite la statistique t et sa p-value. Si la p-value est inférieure au seuil dé-
fini, alors, l’hypothèse H1 qui postule qu’il existe une différence significative entre les moyennes
des deux groupes, est acceptée. Si la p-value est supérieure au seuil défini, l’hypothèse H0 qui
postule qu’il n’y a pas de différence significative entre les moyennes des deux groupes, est
acceptée.

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3.1.1. Financement informel et taux de croissance annuel de la


valeur ajoutée : les faits stylisés
L’objectif de cette première partie est de faire une analyse des faits stylisés autour de la
relation entre financement informel et performances économiques des TPE et PE au Cameroun.
De manière précise, dans cette partie, il est question d’apprécier en moyenne, les différents
indicateurs des performances économiques, en fonction du mode de financement informel. Nous
faisons de ce fait, des analyses comparatives portant sur les moyennes du taux de croissance
annuel de la valeur ajoutée, dans un premier temps, entre entreprises qui se financent par l’aide
familiale et celles qui ne le font pas. En second lieu, nous nous attardons aux entreprises qui
se financent par le crédit commercial ou pas. Enfin, nous examinons les moyennes du taux
de croissance annuel de la valeur ajoutée, selon que l’entreprise se finance par la tontine ou
pas. De manière générale, d’après les statistiques, les différents modes de financement informel
semblent ne pas avoir d’effets sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée. A priori,
le taux de croissance de la valeur ajoutée n’est pas le résultat du financement informel ou pas.
Ci-dessous, les différentes analyses que nous effectuons.

• taux de croissance annuel de la valeur ajoutée et aide familiale

D’après le graphique 3.1 ci-dessous, construite à partir des moyennes des taux de crois-
sances de la valeur ajoutée des entreprises qui se financent (ou pas) par l’aide familiale, le taux
de croissance annuel de la valeur ajoutée et le financement par l’aide familiale semblent avoir
une corrélation nulle. Ceci signifie qu’à priori, le taux de croissance annuel de la valeur ajou-
tée, n’est pas le résultat du mode de financement formel ou informel (par l’aide familiale). En
d’autres termes, le fait pour une TPE ou PE camerounaise, de se financer par l’aide familiale,
pourrait ne pas avoir d’effets considérables sur sa valeur ajoutée. Dans le cas d’espèce, le taux de
croissance de la valeur ajoutée des entreprises de notre échantillon dépendrait par conséquent,
d’autres facteurs.

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Figure 3.1 – Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par l’aide familiale.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Pour conforter cette idée, nous faisons un test de différence des moyennes concernant le
taux de croissance de la valeur ajoutée des entreprises de notre échantillon, qui se financent (ou
pas) par l’aide familiale. Le tableau 3.1 ci-dessous présente le résultat obtenu :

Table 3.1 – Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- aide familiale.

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


TVA - AIDE FAMILIALE 76 207 .197 .177 .02 .136 .15 .887

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

Nous obtenons une p-value égale à 88,7%, largement supérieure aux seuils de 1%, 5% et
10%. Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les moyennes des deux groupes
sont égales, est acceptée. Ce test conforte l’hypothèse selon laquelle, le financement par l’aide
familiale n’a pas d’effets sur le taux de croissance de la valeur ajoutée. On s’attend de ce fait à
obtenir un effet non significatif, lors de nos estimations.

• Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée et crédit commercial

Le graphique 3.2 suivant nous révèle que le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
et le financement par le crédit commercial semblent ne pas être corrélés. De manière explicite,
ceci traduit qu’à priori, le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée, n’est pas influencé par
le financement par le crédit commercial.

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Figure 3.2 – Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par le crédit commercial.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Pour conforter cette idée, nous faisons un test de différence des moyennes concernant le
taux de croissance de la valeur ajoutée des entreprises de notre échantillon, qui se financent (ou
pas) par le crédit commercial. Le tableau 3.2 ci-dessous récapitule le résultat obtenu :

Table 3.2 – Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- crédit commercial.

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


TVA - CREDCOM 36 246 .086 .191 -.105 .18 -.6 .563

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

La p-value obtenue vaut 56,3%. Elle est supérieure aux seuils de 1%, 5% et 10%, d’où
l’hypothèse nulle est acceptée. De manière précise, il semble ne pas avoir de relation de cause
à effet entre le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée et le financement par le crédit
commercial, car les moyennes des deux groupes sont égales.

• Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée et tontines

De manière similaire aux précédents, le graphique 3.3 ci-dessous nous fournit des moyennes
sensiblement égales, ce qui traduit une probable absence de relation entre le taux de croissance
annuel de la valeur ajoutée et le financement par la tontine.

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Figure 3.3 – Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des entreprises en fonction du
financement par la tontine.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Le tableau 3.3 ci-dessous présente le résultat du test de différence de moyennes, entre entre-
prises qui se financent par tontine et celles qui se financent par d’autres méthodes.

Table 3.3 – Test de différence des moyennes : taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
- tontine.

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


TVA - TONTINE 126 159 .175 .183 -.008 .121 -.05 .949

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

La p-value qui vaut 94,9%, induit une égalité statistique des moyennes des deux groupes.
Par conséquent, dans nos estimations, nous nous attendons à une relation non significative entre
le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée et le financement par la tontine.

3.1.2. Financement informel et performances sociales : les faits


stylisés
L’objectif de cette deuxième partie est de faire une analyse des faits stylisés autour de la
relation entre financement informel et performances sociales des TPE et PE au Cameroun. De
manière précise, il est question dans cette partie, d’apprécier en moyenne, les différents indica-
teurs des performances sociales, en fonction du mode de financement informel. Nous faisons
de ce fait, d’une part, des analyses comparatives portant sur les moyennes du nombre d’em-
ployés recrutés, dans un premier temps, entre entreprises qui se financent par l’aide familiale et
celles qui ne le font pas. En second lieu, nous nous attardons aux entreprises qui se financent
par le crédit commercial ou pas. Enfin, nous examinons les moyennes du nombre d’employés

43 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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recrutés, selon que l’entreprise se finance par la tontine ou pas. D’autre part, nous nous nous
intéressons aux moyennes portant sur le nombre total d’employés, en fonction du financement
informel. De manière générale, le financement par le nombre d’employés recrutés, semble être
le résultat du financement par le crédit commercial. Par ailleurs, le nombre total d’employés
semble être le résultat du financement par l’aide familiale. Ci-dessous, les différentes analyses
que nous effectuons.

• Financement informel et nombre d’employés recrutés : les faits stylisés

∗ Nombre d’employés recrutés et aide familiale

Le graphique 3.4 ci-dessous, montre que le nombre d’employés recrutés et le financement


par l’aide familiale semblent avoir une corrélation nulle. Ceci signifie qu’à priori, le recrutement
dans une entreprise n’est pas le résultat du mode de financement formel ou informel (par l’aide
familiale). En d’autres termes, le fait pour une TPE ou PE camerounaise, de se financer par
l’aide familiale, pourrait ne pas avoir d’effets considérables sur le nombre d’employés que celle-
ci recrute.
Figure 3.4 – Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement
par l’aide familiale.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Pour conforter cette idée, nous faisons un test de différence des moyennes concernant le
nombre d’employés recrutés par les entreprises de notre échantillon, qui se financent (ou pas)
par l’aide familiale. Le tableau 3.4 ci-dessous récapitule le résultat obtenu :

Table 3.4 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - aide familiale.

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


RECRU - AIDE FAM 81 203 .901 .921 -.02 .273 -.05 .942

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

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Nous constatons que la p-value est largement supérieure aux seuils de 1%, 5% et 10%
(94,2%). Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les moyennes des deux
groupes sont égales, est acceptée. Ce test conforte l’hypothèse selon laquelle, le financement
par l’aide familiale n’a peut-être pas d’effets sur le nombre d’employés recrutés dans les entre-
prises de notre échantillon. Nous nous attendons de ce fait à obtenir un effet non significatif,
lors de nos estimations.

∗ Nombre d’employés recrutés et crédit commercial

D’après le graphique 3.5 ci-dessous, le nombre d’employés recrutés, semble en réalité, être
le résultat du financement par le crédit commercial. Cela indique à priori que le niveau de
financement par le crédit commercial est donc associé au nombre d’employés recrutés dans une
entreprise. On s’attendrait ainsi à obtenir une corrélation positive ou négative, entre le nombre
d’employés recrutés par les entreprises de notre échantillon et le financement par tontine.

Figure 3.5 – Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement
par le crédit commercial

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

Table 3.5 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - crédit com-
mercial

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


RECRU - CREDIT COM 51 233 1.353 .824 .529 .32 1.65 .099

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

La p-value qui vaut 9,9%, est donc significative au seuil de 10%. Par conséquent, il est
probable que le financement par le crédit commercial ait un effet sur le nombre d’employés
recrutés dans les TPE et PE camerounaises, à un seuil de 10%. De plus, la moyenne du premier

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groupe est supérieure à celle du deuxième. Cela signifie que les entreprises qui ne se financent
pas par la tontine, sont plus à même de recruter des employés.

∗ Nombre d’employés recrutés et tontines

Le graphique 3.6 ci-dessous nous révèle que le nombre d’employés recrutés et le finance-
ment par la tontine semblent ne pas être corrélés. De manière explicite, ceci traduit que les
entreprises qui se financement par la tontine ne recrutent probablement pas leurs employés en
tenant compte de leur source de financement.

Figure 3.6 – Nombre d’employés recrutés par les entreprises en fonction du financement
par tontine.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Pour conforter cette idée, nous faisons un test de différence des moyennes concernant le
nombre d’employés recrutés dans les entreprises de notre échantillon, qui se financent (ou pas)
par la tontine. Le tableau ci-dessous récapitule le résultat obtenu :

Table 3.6 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés recrutés - tontine.

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


RECRU - TONTINE 124 162 1.016 .852 .165 -.247 .65 .506

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

La p-value est largement supérieure aux seuils de 1%, 5% et 10% (50,6%). Ce résultat
induit que l’hypothèse d’égalité des moyennes est acceptée. Ce test conforte ainsi l’hypothèse
selon laquelle, le financement par la tontine n’a peut-être pas d’effets sur le nombre d’employés
recrutés dans les entreprises de notre échantillon. Nous nous attendons de ce fait à obtenir un
effet non significatif, lors de nos estimations.

• Financement informel et nombre total d’employés : les faits stylisés

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∗ Nombre total d’employés et aide familiale

Le nombre d’employés semble être le résultat du financement par l’aide familiale. L’his-
togramme nous fournit, en effet, des nombres d’employés différents selon que l’entreprise se
finance par l’aide familiale ou pas. Cela indique que le niveau de financement par l’aide fa-
miliale est à priori, associé au nombre d’employés recrutés dans une entreprise. En d’autres
termes, le nombre d’employés dans les entreprises de notre échantillon, dépend du financement
par l’aide familiale. On s’attendrait ainsi à obtenir une corrélation positive ou négative, entre
le nombre total d’employés des entreprises de notre échantillon et le financement par l’aide
familiale.

Figure 3.7 – Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par
l’aide familiale

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Le test de différence des moyennes présenté dans le tableau suivant, conforte cette présomp-
tion :

Table 3.7 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés - aide familiale

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


NB EMPLO - AIDE FAM 80 178 3.1 4.422 -1.322 .79 -1.65 .096

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

Nous constatons, en effet, que la p-value est significative à un seuil de 10%. Ceci traduit
l’idée selon laquelle la différence sur le nombre d’employés des entreprises qui se financent par
l’aide familiale et les autres, est non nulle. Par conséquent, le nombre d’employés au sein des
entreprises de notre échantillon, devrait dépendre du fait que celles-ci se financent par l’aide
familiale ou pas. Par ailleurs, la moyenne du deuxième groupe est supérieure à celle du pre-

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mier. Ceci traduit le fait que les entreprises qui se financent par l’aide familiale, ont un nombre
d’employés plus élevé que celles qui ont recours à d’autres modes de financement.

∗ Nombre total d’employés et crédit commercial

Figure 3.8 – Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par
crédit commercial.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Le test de différence des moyennes sur le nombre d’employés des entreprises qui se fi-
nancent par le crédit commercial ou pas, nous fournit une p-value égale à 32%. Ce chiffre
largement supérieur aux seuils habituels de 1%, 5% et 10%, induit de ce fait, la non significati-
vité du résultat. De ce fait, on en déduit une égalité statistique des moyennes de ces entreprises.
En d’autres termes, le financement par le crédit, semble ne pas avoir d’effets sur le nombre total
d’employés des entreprises de notre échantillon. Ci-dessous, le tableau présentant les résultats
du test :

Table 3.8 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés - crédit commercial

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


NB EMPLO - CRED COM 49 209 4.755 3.823 .932 .935 .1 .32

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

∗ Nombre total d’employés et tontines

Comme dans le cas précédent, la figure ci-dessous nous révèle que le nombre total d’em-
ployés et le financement par la tontine, semblent ne pas être corrélés. De manière explicite,
ceci traduit qu’à priori, le nombre d’employés dans une TPE ou PE camerounaise, n’est pas
influencé par le fait que celle-ci participe ou non à une tontine.

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Figure 3.9 – Nombre total d’employés des entreprises, en fonction du financement par la
tontine.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Pour conforter cette idée, nous faisons un test de différence des moyennes concernant le
nombre d’employés des entreprises de notre échantillon, qui se financent (ou pas) par la tontine.
Le tableau 3.9 ci-dessous récapitule le résultat obtenu :

Table 3.9 – Test de différence des moyennes : nombre d’employés - tontine

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


NB EMPLO - TONTINE 114 147 4.377 3.667 .711 .732 .95 .333

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

A l’issu de ce test, nous remarquons que la p-value est supérieure aux seuils de 1%, 5%
et 10% (33,3%). Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les moyennes des
deux groupes sont égales, est acceptée. Ce test conforte ainsi l’hypothèse selon laquelle, les
entreprises de notre échantillon qui se financent par la tontine, recrutent des employés sans être
influencées par leur source de financement.

3.1.3. Financement informel et capacité d’innovation : les faits


stylisés
L’objectif de cette troisième et dernière partie est de faire une analyse des faits stylisés
autour de la relation entre financement informel et capacité d’innovation des TPE et PE au
Cameroun. De manière précise, dans cette partie, il est question d’apprécier en moyenne, la
capacité d’innovation des entreprises de notre échantillon, en fonction du mode de financement
informel. Nous faisons de ce fait, des analyses comparatives portant sur les moyennes de la
capacité d’innovation (mesurée par un indice synthétique construit), dans un premier temps,

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entre entreprises qui se financent par l’aide familiale et celles qui ne le font pas. En second lieu,
nous nous attardons aux entreprises qui se financent par le crédit commercial ou pas. Enfin,
nous examinons les moyennes de la capacité d’innovation, selon que l’entreprise se finance par
la tontine ou pas. D’après les statistiques, le financement par l’aide familiale et par la tontine,
semblent déterminer la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises. Ci-dessous, les
différentes analyses que nous effectuons.

∗ Capacité d’innovation et aide familiale

L’histogramme suivant nous présente d’une part, la moyenne de la capacité d’innovation des
entreprises qui se financent par l’aide familiale et d’autre part, la moyenne de la capacité d’in-
novation de celles qui ne se financent par l’aide familiale. Pour la première classe d’entreprises,
cette moyenne vaut 0,38, tandis qu’elle est égale à -0,78, pour les autres entreprises. Ce large
écart traduit que les capacités d’innovation sont différentes, selon que l’entreprise se finance
par l’aide familiale ou pas. La capacité d’innovation semble par conséquent, être le résultat du
financement par la tontine.

Figure 3.10 – Capacité d’innovation des entreprises en fonction du financement par l’aide
familiale.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Pour vérifier cette idée, nous faisons un test de différence des moyennes concernant la ca-
pacité d’innovation des entreprises de notre échantillon, qui se financent (ou pas) par l’aide
familiale. Le tableau ci-dessous récapitule le résultat obtenu :

Table 3.10 – Test de différence des moyennes : innovation - aide familiale

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


INNOVATION - AIDE FAM 115 255 -.78 .384 -1.164 .274 -4.25 0

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

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La significativité au seuil de 1%, de ce test, conforte l’idée selon laquelle, la capacité d’in-
novation des entreprises varie selon qu’elles se financent par l’aide familiale ou pas. Par consé-
quent l’on s’attendrait à accroitre ou réduire sa capacité d’innovation, en optant pour un finan-
cement par l’aide familiale. En outre, la moyenne du deuxième groupe est supérieure à celle du
premier. Cela signifie que les entreprises qui ont recours à l’aide familiale, sont plus à même
d’accroitre leur capacité d’innovation que celles qui se financent par d’autres sources.

∗ Capacité d’innovation et crédit commercial

La figure ci-dessous nous révèle que la différence entre la capacité d’innovation des entre-
prises qui se financent par le crédit commercial et la capacité d’innovation des entreprises qui
se financent pat d’autres moyens, est quasi nulle. De manière explicite, qu’une entreprise se
finance par le crédit commercial ou pas, son aptitude à innover semble rester inchangée.

Figure 3.11 – Capacité d’innovation des entreprises en fonction du financement par le


crédit commercial.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Le test de différence des moyennes ci-dessous conforte cette idée :

Table 3.11 – Test de différence des moyennes : innovation - crédit commercial

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


INNOVATION - CRED COM 64 306 .122 .017 .105 .343 .3 .7895

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

A l’issu de ce test, nous remarquons que la p-value est largement supérieure aux seuils
de 1%, 5% et 10% (78,95%). Ce résultat induit que l’hypothèse nulle, qui suppose que les
moyennes des deux groupes sont égales, est acceptée. Ce test conforte ainsi l’hypothèse se-
lon laquelle, le financement par le crédit commercial n’a peut-être pas d’effets sur la capacité
d’innovation des entreprises de notre échantillon.

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∗ Capacité d’innovation et tontines

D’après le graphique 3.12 suivant, la capacité d’innovation semble être le résultat du finan-
cement par la tontine. L’histogramme nous fournit, en effet, des moyennes sur les capacités
d’innovation différentes, selon que l’entreprise se finance par la tontine ou pas. Cela indique
que le niveau de financement par la tontine est à priori, associé à la capacité d’innovation des
TPE et PE camerounaises. On s’attendrait ainsi à obtenir une corrélation positive ou négative,
entre l’indicateur d’innovation et cette source de financement informelle.

Figure 3.12 – Capacité d’innovation des entreprises en fonction du financement par la


tontine.

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).


Le test de différence des moyennes présenté dans le tableau 2.12 suivant, conforte cette
présomption :

Table 3.12 – Test de différence des moyennes : innovation - tontine

obs1 obs2 Mean1 Mean2 diff St Err t value p value


INNOVATION - TONTINE 156 216 -.393 .289 -.683 .26 -2.65 .009

Source : Auteur à partir des données extraites de la base du CEREG (2014).

La p-value est significative à un seuil de 10%, l’hypothèse alternative est donc acceptée.
Celle-ci traduit l’idée selon laquelle la capacité d’innovation varie selon qu’on se finance par
la tontine ou pas. La moyenne du deuxième groupe étant supérieure à celle du premier, cela
signifie que les entreprises qui se financent par la tontine, sont plus à même d’accroitre leur
capacité d’innovation

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3.2 Méthodologie et technique d’estimation


L’estimation des déterminants des performances se heurte en général à une difficulté ma-
jeure, celle de la spécification du vrai modèle, compte tenu de l’information disponible. Cette
difficulté provient du caractère multidimensionnel des performances. Il convient de ce fait, de
sélectionner une technique viable, afin d’éviter d’obtenir des résultats biaisés. L’objectif de cette
section est dès lors, de présenter de façon succincte le modèle économétrique, les variables, les
sources de données et la technique sélectionnée pour nos différentes estimations. Pour parvenir
à cet objectif, nous nous proposons d’organiser le chapitre en deux principales sections : en pre-
mier lieu, nous présentons le modèle économétrique, les variables et la source des données. En
second lieu nous procédons à une description des techniques d’estimations qui nous permettent
d’aboutir à nos résultats

3.2.1. Analyse des effets du financement informel sur les


performances des entreprises : stratégie empirique

Sur la base des faits stylisés, nous analysons empiriquement la relation entre financement
informel et performances des entreprises. Pour ce faire, nous présentons dans cette section,
le modèle utilisé pour nos estimations, les variables utilisées dans les analyses, ainsi que la
source des données. Nous nous inspirons des travaux de Fowowe (2017)[36], qui examinent
l’effet de l’accès au financement sur les performances des entreprises. En plus des performances
économiques étudiées via la croissance de l’emploi, nous introduisons les innovations et les
performances sociales. Nous proposons ainsi une analyse qui repose sur l’estimation du modèle
(3.2) suivant :
Y = X1 β1 + X2 β2 + ε (3.1)

Où Y est une variable dépendante. Les X j,( j=1,2) sont respectivement les variables d’intérêt
et de contrôle. Les β j sont des vecteurs de taille k j × 1 constitués des paramètres à estimer et
ε est le n × 1 vecteur aléatoire des termes d’erreurs gaussiens indépendants et identiquement
distribués ε ∼ N(0, σ2 ). Par hypothèse, k1 ≥ 1, k2 ≥ 0 ; k1 + k2 = k ≤ n + 1. De plus, on
suppose que la matrice X = (X1 ; X2 ) est de plein rang. Nous partitionnons X en X1 et X2 car,
X1 contient les variables explicatives que nous voulons intégrer pour des raisons théoriques
ou pour d’autres considérations sur le phénomène étudié. X2 est, quant à lui, constitué des

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variables supplémentaires dont nous sommes incertains. β1 est le vecteur des paramètres focaux
ou d’intérêt, tandis que β2 est le vecteur des paramètres auxiliaires. Notre principal intérêt est
de ce fait, l’estimation des k1 paramètres de β1 .

3.2.2. Financement informel et performances des entreprises :


les variables
Dans ce modèle, X1 représente les différents modes de financement informel retenus dans
notre étude. Il s’agit entre-autres du financement par l’aide familiale, par le crédit commercial,
par la tontine et par l’indice synthétique. X2 représente le vecteur des variables de contrôle.
Il s’agit dans un premier temps des coûts d’accès à l’électricité et aux Technologies de l’In-
formation et de la Communication (TIC). Ces variables sont choisies conformément à l’étude
pionnière de Fowowe (2017)[36]. En effet, les entreprises sont en mesure d’éviter des pertes im-
médiates de production et de productivité, dues aux coupures d’électricité, en optimisant à nou-
veau les intrants. Cependant, les interruptions prolongées de l’approvisionnement en électricité
peuvent être préjudiciables aux investissements des entreprises et avoir des effets persistants sur
leur productivité. L’accès à l’électricité se révèle donc comme un déterminant des performances
des entreprises (Grimm, 2013)[45]. De plus, l’utilisation des TIC engendre une réduction des
coûts, des gains énormes en temps, en énergie, un traitement rapide et efficace des dossiers, une
amélioration des services rendus aux clients et aussi une réduction, voire la suppression totale
des erreurs. L’utilisation des TIC favorise de ce fait la communication, la collaboration, la ré-
duction des coûts dans l’entreprise. Ceci entraine une hausse de la productivité des employés et
a des répercussions sur les performances de l’entreprise (Berdi, 2019)[13].
Deuxièmement, nous intégrons les coûts liés aux réglementations douanières et commer-
ciales, à la réglementation du travail, à l’administration fiscale, aux taux d’intérêts et à l’éta-
blissement des licences et permis. Ces variables sont sélectionnées conformément aux travaux
de Castro et al. (2019)[19] qui attestent que les coûts réglementaires (liés aux variables ci-haut
listées), ont un effet sur les performances des entreprises. En effet, l’entrepreneur définit ses
dépenses d’investissement en fonction des coûts réglementaires. Or, les dépenses d’investisse-
ment ont un effet sur la productivité du travail et la productivité du travail, sur les performances
économiques ; Par transitivité, les coûts réglementaires ont donc un effet sur les performances
économiques.
Troisièmement, nous prenons en compte les coûts liés à l’instabilité politique, la corruption,

54 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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la criminalité, au vol et au désordre. La corruption en effet, peut entrainer une augmentation


de la productivité, des investissements et de la probabilité de pénétrer les marchés d’exporta-
tion, tout comme elle peut agir comme un frein à la croissance des entreprises (Bukari et al.,
2020)[17]. De même, l’instabilité politique fragilise l’environnement des affaires. Cette situa-
tion a le plus souvent un effet direct sur la gestion des entreprises et par conséquent sur leurs
performances (Sami et al. 2019)[100]. En outre, les variables de contrôle intègrent les coûts liés
a l’accès à l’eau potable. En effet, d’après les travaux de Jabbour et al. (2015)[30], l’augmen-
tation des contraintes d’accès à de l’eau potable entraine une augmentation de coûts supportés
par l’entreprise. Plus il est difficile d’avoir accès à l’eau, plus l’entreprise dépense, ce qui est
susceptible d’influencer ses performances.
Les entrepreneurs investissent fortement pour l’acquisition de la main d’œuvre (Issor, 2017)[48].
En effet, une main d’œuvre suffisamment formée entraine une hausse de la productivité de l’em-
ploi qui est un indicateur de performance. Par conséquent, la qualité de la main d’œuvre a un
effet sur les performances des entreprises (Maliranta, 2019)[70]. De ce fait, le dernier groupe
de variables de contrôle est constitué des coûts liés à la qualité des employés et du coût total du
travail (salaires, traitements, primes, etc.).
Y représente le vecteur des variables dépendantes. Il s’agit premièrement des performances
économiques. Elles sont captées par la croissance annuelle réelle de la valeur ajoutée. Deuxiè-
mement, nous y insérons les performances sociales, captées par le nombre d’employés recrutés
en 2012 et le nombre total d’employés. Troisièmement, nous intégrons, la capacité d’innova-
tion. Nous construisons ici, à l’aide d’une Analyse en Composantes Principales (ACP), un
indice synthétique des différents indicateurs de la capacité d’innovation. Il s’agit entre-autres
du pourcentage d’entreprises ayant introduit un nouveau produit ou service, le pourcentage
d’entreprises ayant introduit une innovation de procédé et le pourcentage des entreprises qui
dépensent en Recherche et Développement. ε quant à lui représente le vecteur des termes d’er-
reurs et ε ∼ N(0, σ2 ).
Pour l’ensemble des estimations, les données recueillies sont issues des enquêtes menées
par le CEREG en 2012 sur les TPE et PE camerounaises. Ces données mettent en évidence
les nombreux facteurs susceptibles d’affecter l’environnement des affaires camerounais et la
pérennité des entreprises camerounaises. Les enquêtes sont menées auprès d’un échantillon
représentatif d’entreprises de l’économie privée formelle non agricole. Précisément, de cette
base sont extraites des variables permettant de capter entre-autres le financement informel, la

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capacité d’innovation des entreprises, ainsi que leurs performances économiques et sociales.

3.2.3. Financement informel et performances des entreprises :


description des techniques d’estimation

La spécification du vrai modèle est une difficulté majeure rencontrée lors des estimations
des déterminants des performances des entreprises. Cette difficulté due au caractère multidi-
mensionnel des performances se caractérise par un nombre potentiellement élevé des variables
susceptibles d’être incluses dans le vecteur X2 des variables de contrôle (Pesqueux, 2015)[95].
Afin que la technique d’estimation sélectionnée soit viable, nous proposons d’abord une esti-
mation économétrique nous permettant de sélectionner les bons modèles à estimer, au moyen
d’une technique bayésienne prenant en compte l’incertitude sur les « vrais » déterminants des
performances des entreprises. Après la sélection des variables pertinentes pour l’analyse des
effets du financement informel sur les performances des entreprises de notre échantillon et des
bons modèles, nous présentons la technique d’estimation utilisée. Nous partons du modèle de
régression linéaire formulé comme suit :

Y = X1 β1 + X2 β2 + ε (3.2)

Intuitivement, nous optons pour une approche économétrique asymptotique (ou classique)
pour les estimations des β j . De manière générale, les estimateurs utilisés ici sont obtenus en
minimisant (ou en maximisant) un critère. Il s’agit entre-autre de l’estimateur des Moindres
Carrés Ordinaires (qui minimise la somme des carrés des résidus), l’estimateur du Maximum de
Vraisemblance, les estimateurs par la Méthode des Moments et les inférences directes (Magnus
et al., 2000[69]). Par les propriétés des inverses des matrices partitionnées, on obtient à l’issu
d’une estimation par les MCO que les estimateurs sans restriction β̂1S R de β1 et β̂2S R de β2
(obtenus à l’issue d’une régression de Y sur X1 et X2 ) sont donnés par :

 β̂1S R = β̂1R − Qβ̂2S R



 (3.3)
 β̂2S R = (X 0 MX2 )−1 (X2 MY)


2

Où β1R = (X1 X1 )−1 (X1 Y) Y est l’estimateur avec restriction, obtenu si on fait une régression
0

de Y sur X1 uniquement (β2 = 0), β1R = (X1 X1 )−1 (X1 )X2 est l’estimateur des MCO multivarié
0

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obtenu de la régression de X2 sur X1 et M = In − X1 (X1 X1 )−1 X1 est une matrice idempotente 25 .


0 0

En optant pour cette méthode, nous faisons face à une incertitude due au fait que, pour
améliorer la prédictibilité de de l’estimateur sans restriction β1S R de β1 , au sens de la minimi-
sation de la variance résiduelle 26 , différents sous-ensembles de régresseurs auxiliaires peuvent
être exclus de X2 (De Luca, 2011[28]). En effet, selon la théorie des Moindres Carrés, en ap-
pliquant une restriction sur les β2 (β2 = 0), on peut obtenir un estimateur de β1 soumis à un
biais de variables omises, mais plus précis que l’estimateur des MCO sans restriction de β1S R
de β1 . L’exclusion de certains sous-ensembles de régresseurs auxiliaires conduit à l’exclusion
d’un sous-ensemble de modèles. Or, la sélection du bon modèle n’est pas à négliger. La théo-
rie statistique standard n’est donc pas recommandée, puisque les propriétés de ces estimateurs
dépendent non seulement de la nature stochastique du modèle sélectionné, mais aussi de la ma-
nière dont le modèle a été choisi. Les problèmes associés à l’inférence après la sélection du
modèle ont été entre autres étudiés par les travaux de Magnus (1999[67], 2002[68]), Danilov
et Magnus (2004a, b[22]), Leeb et Potscher (2008)[60]. Toutes ces études concluent que le fait
d’ignorer l’incertitude associée à l’étape de sélection du modèle peut conduire à une inférence
gravement trompeuse.
Étant donné que l’incertitude liée au modèle sélectionné est limitée aux k2 variables de X2 ,
le nombre de modèles possibles à prendre en compte est égal à I = 2k2 . Le i-ème modèle Mi
(obtenu en incluant uniquement un sous-ensemble de régresseurs auxiliaires k2i , avec 0 ≤ k2i ≤
k2 ) de l’ensemble M des modèles est donné par Y = X1 β1 + X2i β2i + εi , (i = 1, 2, . . . , I). Où X2i
est une n × k2i matrice d’observations dans le sous-ensemble des k2i régresseurs auxiliaires, β2i
le sous-vecteur de paramètres correspondants et εi le nouveau vecteur des termes d’erreur après
exclusion des k2 − k2i régresseurs auxiliaires.
Dans la littérature, afin de contourner l’incertitude liée à la sélection du modèle approprié
en vue d’une bonne estimation, plusieurs travaux ont recours à des méthodes d’estimation bayé-
siennes. C’est entre-autre le cas des travaux de Sala-i-Martin et al. (2004)[99], Mirestean et al.
(2009)[75] et Owoundi (2016)[91] qui utilisent des approches bayésiennes (« BACE » 27 , «
LIBMA » 28 et WALS 29 respectivement) pour rechercher les déterminants de la croissance éco-
25. Ceci se démontre facilement en appliquant le théorème de Frisch-Waugh au modèle (3.2)
26. C’est la moyenne arithmétique des carrés des écarts entre prévisions du modèle et observations
27. Bayesian Averaging of Classical Estimates. Cette approche est l’une des plus répandue dans la littérature car
elle permet notamment d’estimer la distribution a posteriori des paramètres d’intérêt en introduisant un minimum
d’information a priori par l’usage des MCO.
28. Limited Information Bayesian Model Averaging.
29. Weighted Average Least Squares.

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nomique. Dans le domaine de la santé, Todd et al. (2020)[107] développent des indicateurs des
déterminants sociaux de la santé avec des mesures d’incertitude en faisant une analyse bayé-
sienne de la variance. Pour la prise en compte de l’aspect multidimensionnel des performances
et pour une estimation du meilleur modèle possible, nous optons pour les techniques récentes
d’inférence bayésiennes.
Les techniques bayésiennes prennent en compte tous les modèles possibles, afin d’aboutir
à la meilleure des estimations possibles. En effet, on estime ici, les paramètres d’intérêt condi-
tionnels à chaque modèle de M premièrement, on calcule deuxièmement le paramètre d’intérêt
final comme moyenne pondérée des estimateurs conditionnels. Plus précisément, on détermine
d’abord les β̂1i et β̂2i conditionnels à chaque modèle Mi , on détermine ensuite β̂1 et β̂2 de la
manière suivante :
I
X
β̂1 = λi β̂1
i=1

et
I
X
β̂2 = λi β̂2
i=1

Où les pondérations λi reflètent la confiance au modèle Mi . Cette confiance est basée sur des
croyances préalables et des tests de diagnostic basés sur les données. Les λi satisfont les trois
conditions de régularité suivantes :





 0 ≤ λi ≤ 1


λi = 1 (3.4)
 P




 λi = λi (M1 Y)


Il nous est possible d’utiliser plusieurs méthodes bayésiennes parmi lesquelles la méthode
classique de moyennes mobiles bayésiennes (BMA). Cependant, nous optons pour l’approche
WALS encore dite méthode des moindres carrés moyens pondérés, car elle est la méthode bayé-
sienne la moins coûteuse en termes de temps de calcul (Magnus et al., 2016[69]). Elle est avan-
tageuse sur le plan pratique. En effet, elle permet d’une part, de mieux prendre en compte l’igno-
rance du modélisateur quant à l’influence à priori des déterminants potentiels. D’autre part, elle
reconsidère le calcul de l’espace des modèles possibles en admettant que ce dernier s’accroît de
façon linéaire plutôt que de manière exponentielle, ce qui permet de réduire considérablement
le temps de calcul. En effet, si la sélection porte sur un groupe de n déterminants potentiels
par exemple, la méthode WALS implique que le temps de calcul nécessaire est de l’ordre de n,

58 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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pendant que le calcul par une approche BMA classique supposerait que ce temps correspond au
cardinal de l’ensemble des modèles possibles, c’est-à dire 2n (Owoundi, 2016[91]). En d’autres
termes, un calcul qui s’effectuerait en une seconde par la méthode WALS, prendrait plutôt 600
millions d’années par BMA.

Description de la technique d’estimation WALS


La technique bayésienne WALS repose sur une transformation semi-orthogonale prélimi-
naire des régresseurs auxiliaires, ce qui réduit considérablement la charge de calcul de l’estima-
teur β1 . La procédure d’estimation des paramètres est la suivante :
Etape 1 : Identification des paramètres d’intérêt et des paramètres auxiliaires Étant donné
le modèle Y = Xβ + ε (2), déterminer quels sont les k1 régresseurs focaux et les k2 régresseurs
auxiliaires. Cela nous conduit à réécrire le modèle (2) ainsi qu’il suit :

Y = X1 β1 + X2 β2 + ε. (3.5)

Y est un n × 1 vecteur d’observations sur le résultat d’intérêt, c’est le vecteur des variables
dépendantes, X1 contient les variables explicatives que nous voulons intégrer pour des raisons
théoriques ou pour d’autres considérations sur le phénomène étudié. X2 est quant à lui, constitué
des variables supplémentaires dont nous sommes incertains (tel que décrit en (3.2)).
Étape 2 : Mise à échelle des régresseurs d’intérêt et des régresseurs auxiliaires.
On procède premièrement à une mise à échelle des régresseurs de X1 . Pour ce faire, on définit
une matrice Z1 = X1 ∆1 et une matrice γ1 = ∆−1
1 β1 , où ∆1 est une k1 ×k1 matrice dont les éléments
0
diagonaux sont positifs, de telle sorte que tous les éléments diagonaux de la matrice Z1 Z1 soient

 Z1 = X1 ∆1



1. On note que la mise en échelle de X1 est sans danger. En effet,  ce qui implique
 γ1 = ∆−1 β1


1
que Z1 γ1 = X1 ∆1 ∆−1
1 1β = X β
1 1 .
De plus, In − Z1 (Z1 Z1 )−1 Z1 = In − X1 ∆1 (∆1 X1 X1 ∆1 )−1 ∆1 X1 = M1 . Aussi, β1 peut être obtenu à
0 0 0 0

partir de γ1 , car
β1 = ∆1 γ1 (3.6)

Cette procédure de mise à échelle a été introduite pour la première fois par Magnus et al.
(2011)[68]. Elle a pour but de stabiliser la matrice X1 , afin que les calculs des inverses et des
valeurs propres deviennent numériquement plus précis ; elle n’a aucun effet sur les estimations

59 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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WALS.
Par la suite, on effectue une mise à échelle des régresseurs auxiliaires X2 . On définit pour
cela une k2 × k2 matrice diagonale ∆2 ayant des éléments diagonaux positifs, de telle sorte
que tous les éléments diagonaux de ∆2 X2 M1 X2 ∆2 soient 1. La mise à échelle de X2 a deux
0

implications, la stabilité numérique et l’indépendance vis-à-vis de l’échelle. Ceci est dû à la


semi-orthogonalisation. En effet, sans mise à échelle préliminaire, les estimateurs WALS dé-
pendraient de la mise à échelle des variables auxiliaires (sauf si k2 = 1). Cette dépendance
disparaît après la mise à échelle préliminaire, importante pour l’interprétation des estimations.
Étape 3 : Semi-orthogonalisation On calcule premièrement la k2 × k2 matrice orthogonale
T et la k2 × k2 matrice diagonale V définie par T ∆2 X2 M1 X2 ∆2 T = V. On définit ensuite les
0 0

matrices
 
− 21


 2
 Z = X ∆
2 2 T V 

 Z2 y2 = X2 β2
telles que .

 γ = V − 12 T 0 ∆−1 β

  Z 0 M1 Z2 = V − 12 T 0 ∆2 X 0 M1 X2 ∆2 T V − 21 = Ik2



2 2

2 2 2

Soit la matrice de sélection S i définie par S i = (I(ri,0) ), (avec ri = k2 −k2i ), ou une permutation
des colonnes de celle-ci, de sorte que S i tienne compte des restrictions faites sur γ2 dans le
modèle Mi ; soit wi = Ik2 − S i S i une k2 × k2 matrice dont l’élément de la j − ième diagonale est
0

égal à 0 si γ2i j=0 par restriction et 1 sinon. Le principal avantage de ces transformations réside
dans le fait que l’estimateur sans restriction γ2S R de γ2 obtenu par une régression de Y sur Z1 et
Z2 est tel que γ̂2S R ∼ Nk2 (γ2 , σ2 Ik2 ). Ceci a plusieurs avantages et implications. Premièrement,
sous certaines conditions de régularité minimale sur les poids λi , l’estimateur WALS de β1 est
sous la forme
I
X
β̃1 = λi β̂1i = β̂1R − RW γ̂2 .
i=1

Où W = λi wi est une k2 × k2 matrice diagonale aléatoire. Ainsi, même s’il y a 2k2 modèles
PI
i=1

possibles, la charge de calcul de l’estimateur WALS de β1 est de l’ordre de k2 car on considère


uniquement les éléments de la diagonale de W.
De plus, le théorème d’équivalence prouvé dans Danilov et al. (2004)[22] montre que la
variance résiduelle (notée Vr ) de β̃1 est liée de manière cruciale à celle du plus simple estimateur
avec restriction W γ̂2 de γ2 par la relation

0 0
Vr (β̃1 ) = σ2 (X1 X1 )−1 + RVr (W γ̂2 )R

Ainsi, s’il est possible de trouver des éléments de la diagonale de W pour lesquels W γ̂2 est un

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estimateur optimal de γ2 , alors le même estimateur nous permettra d’obtenir également l’esti-
mateur WALS optimal γ̂1 de β1 .
Étape 4 : Estimer γ2 et σ2 dans le modèle non restreint Étant donné que X1 β1 = Z1 γ1 et
que X2 β2 = Z2 γ2 l’équation (3.2) devient Y = Z1 γ1 + Z2 γ2 + ε (2) , où la matrice Z2 M1 Z2 est
0

construite de telle sorte qu’elle soit égale à la matrice identité Ik2 . On calcule premièrement
l’estimateur γ̂2S R de γ2 et l’estimateur S u2 de σ2 . Magnus et al. (2016)[69] démontrent que


 γ̂2S R = Z20 M1 Y
 0


Y M1 (In − Z2 Z2 )M1 Y .

0

 Su =


 2
n−k

On définit ensuite les entrées pour l’étape bayésienne en calculant le vecteur des t-ratios. Ce
vecteur est défini par √ 0
n − kZ2 M1 Y
x= q
0
Y 0 M1 (Ik2 − Z2 Z2 )M1 Y

Étape 5 : Calcul de la moyenne et de la variance de la distribution postérieure.


Soit Φ la densité standard de la loi normale, soit la densité de Weibull définie par
qc −1 −c|γ|q
Π(γ) = |γ| e , où c = log2 et q = 0, 8876, pour toutes les k2 composantes x(h) de x, On
2 R +∞
calcule premièrement A j (xh ) = −∞ (xh − γ) j Φ(xh − γ)Φ(γ)d(γ), pour j = 0, 1, 2.
On calcule ensuite la moyenne et la variance dans la distribution postérieure.
A1 (xh ) A2 (xh ) A1 (xh 2
Soient mh = m(xh ) = − + xh et vh = v(xh ) = −( ) , la matrice m de moyenne
A0 (xh ) A0 (xh A0 (xh )
des estimateurs de γ2 et la matrice diagonale des variances-covariances sont respectivement
P

données par m = (m1 , . . . , mk2 ) et = diag(v1 , . . . , vk2 ).


P

Étape 6 : Procéder aux estimations WALS proprement dites.


On calcule enfin de compte, les estimateurs WALS de γ1 et de γ2 de la manière suivante :

 γ̂1 = (Z1 Z1 ) Z1 (Y − Z2 γ̃2 )
 0 −1 0

.


 γ̃2 = S u m

De γ̂1 et γ̂2 , on en déduit respectivement β̃1 et β̃2 qui sont les estimateurs originaux obtenus par
la méthode WALS. Ils sont donnés par :

 β̃1 = ∆1 γ̃1


.

 β̃2 = ∆2 T V − 21 γ̃2


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Où 
= 2 0
+
−1 0




 Var(γ̃ 1 ) S u (Z1 Z1 ) QVar(γ̃ 2 )Q

.

Var(γ̃2 ) = S u2
 P




 Cov(γ̃1 , γ̃2 ) = −QVar(γ̃2 )


Sont ainsi sélectionnés, les déterminants des performances des entreprises, par la méthode des
Moindres Carrés Moyens Pondérés (WALS). Une fois les déterminants sélectionnés, nous pou-
vons donc estimer les bons modèles, par la méthode des MCO.

CONCLUSION
En somme, ce chapitre avait deux principaux objectifs. Le premier était d’effectuer une ana-
lyse des faits stylisés autour de la relation entre financement informel et performances des TPE
et PE au Cameroun. Le second était de présenter le modèle, les variables et la technique utilisée
pour nos estimations. Nous retenons qu’en moyenne, les performances économiques des TPE et
PE camerounaises, sont indépendantes du mode de financement. En ce qui concerne les perfor-
mances sociales, le crédit commercial et la tontine semblent affecter respectivement, le nombre
d’employés recrutés et le nombre total d’employés. Par ailleurs, la capacité d’innovation des
entreprises de notre échantillon semble être le résultat du financement informel ou formel. En
ce qui concerne la section II, nous avons trouvé pertinent (à cause du caractère multidimension-
nel des performances et du grand nombre de variables de contrôle), de procéder premièrement à
la présentation de la technique bayésienne WALS, afin de sélectionner les variables pertinentes
à l’analyse des performances des entreprises et d’estimer les bons modèles. Nous avons par la
suite effectué un exposé sur la formulation de la méthode des MCO, principale technique d’es-
timation de nos résultats. Notre stratégie empirique étant dès lors exposée, il importe à présent
de procéder à l’analyse économétrique proprement dite.

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? ? Chapitre Quatre ? ?

FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES


ENTREPRISES : UNE ANALYSE ECONOMETRIQUE

Introduction
Dans ce chapitre, il est question d’analyser la relation de cause à effet entre le financement
informel et les performances des entreprises d’un échantillon constitué essentiellement, de très
petites entreprises et de petites entreprises Camerounaises. Pour ce faire, la démarche consiste
dans un premier temps en la présentation des résultats issus de la sélection des déterminants des
performances économiques, sociales et innovationnelles des entreprises par la méthode WALS.
Par la suite, nous faisons un exposé sur les résultats de l’estimation finale des performances
des entreprises de notre échantillon par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO).
Dans un second temps, nous nous attelons à vérifier la sensibilité de nos résultats au moyen des
tests de robustesse recommandé par la littérature. Plus concrètement, nous décrivons d’abord la
technique utilisée pour les tests de robustesse, puis nous présentons les résultats obtenus.

4.1 Financement informel et performances des entreprises


au Cameroun : les résultats économétriques

Nous présentons dans cette section, les principaux résultats portant sur les effets du finan-
cement informel sur les performances économiques, sociales et sur la capacité d’innovation des
TPE et PE camerounaises. De manière plus précise, nous présentons premièrement les résultats
des effets du financement par l’aide familiale, le crédit commercial, la tontine et l’indice syn-
thétique de financement informel sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée. Deuxiè-
mement, nous faisons un exposé portant sur les effets des sources informelles de financement
précédemment élucidées, sur les indicateurs des performances sociales retenus (nombre d’em-

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ployés recrutés et nombre total d’employés). Troisièmement, nous examinons empiriquement,


dans cette partie, si le financement par l’aide familiale, le crédit commercial, la tontine ou l’in-
dice synthétique, affectent la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises.
Pour l’ensemble des estimations, les déterminants sélectionnés par l’analyse bayésienne,
sont présentés dans les tableaux 4.9, 4.10, 4.11 et 4.12, donnés en annexe. Ces déterminants
sont repartis, en fonction des performances économiques, sociales et de la capacité d’innova-
tion. Premièrement, les déterminants des performances économiques sont fonctions du mode
de financement informel. Pour l’analyse de l’effet de l’indice synthétique du financement infor-
mel sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée, les variables sélectionnées sont, tout
d’abord les niveaux de contraintes liées à l’administration et la législation fiscale, aux procé-
dures de création des entreprises, à l’accès aux services de télécommunications, au transport, à
la qualité d’accès aux services en eau potable. Les déterminants retenus sont les mêmes, à l’ex-
ception des télécommunications, pour les entreprises qui se financent par le crédit commercial
ou l’aide familiale et de la source autonome d’approvisionnement en eau potable, uniquement
pour celles qui se financent par l’aide familiale. En plus des variables sélectionnées pour le cas
de l’indice synthétique, la législation du travail est aussi un déterminant du taux de croissance
annuel de la valeur ajoutée, pour les entreprises qui se financent par la tontine.
Deuxièmement, s’agissant des performances sociales, les variables sélectionnées sont, tout
d’abord les niveaux de contraintes liées à la législation du travail, à la corruption et à la qualité
d’accès aux services en eau potable. Aussi, la formation des employés est une variable perti-
nente dans ce cas. En plus, des contraintes liées aux douanes, les variables sélectionnées sont
les mêmes pour les entreprises qui se financent par l’aide familiale. Pour les entreprises qui ont
recours à la tontine, les variables retenues sont les mêmes, à l’exception de la corruption et des
douanes. En plus des variables sélectionnées pour le cas de l’indice synthétique, les contraintes
liées à l’accès à l’électricité, aux douanes et au transport déterminent le nombre d’employés
recrutés, pour les entreprises qui se financent par le crédit commercial. Néanmoins, dans ce cas,
la formation des employés n’est pas sélectionnée.
Troisièmement, les déterminants de la capacité d’innovation, pour tous les modes de fi-
nancement, sont, le coût du financement, les niveaux de contraintes liées au cadre politique et
macroéconomique, à l’accès au financement et à la sécurité.

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4.1.1. Financement informel et performances économiques des


TPE et PE Camerounaises
• Présentation et analyse des résultats

Nous présentons dans le tableau 4.1, les résultats portant sur l’effet du financement informel
sur les performances économiques des TPE et PE camerounaises. Nous examinons donc pre-
mièrement, l’effet du financement informel, vu de manière globale à travers l’indice synthétique
que nous avons construit, sur les performances économiques des TPE et PE camerounaises. Par
la suite, nous analysons tour à tour, les effets de chaque source de financement informel, prise en
particulier, sur les variables dépendantes . Plus précisément, nous évaluons successivement l’ef-
fet du financement par tontines, par crédit commercial et par aide familiale sur les indicateurs
de performances économiques sélectionnés. Nous avons choisi, en conformité avec Fowowe
(2017)[36], le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée entre les années 2011 et 2012,
comme indicateur des performances économiques des TPE et PE camerounaises.
Dans l’ensemble, le financement informel n’a pas d’effets sur le taux de croissance annuel
de la valeur ajoutée. En d’autres termes, le fait que certaines TPE et PE se financent de manière
informelle, n’a aucune répercussion sur leur taux de croissance annuel de la valeur ajoutée. L’ef-
fet est neutre pour tous les modes de financement informel considérés dans notre étude. Ceci dit,
qu’une TPE ou une PE se finance par le crédit commercial, l’aide familiale ou encore la tontine,
cela n’aura aucun effet sur sa valeur ajoutée. Ce résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il
corrobore l’issue de quelques études similaires notamment, celle de Degryse et al. (2016)[26].
Cet auteur s’intéresse principalement aux effets du financement par des sources informelles sur
certains indicateurs des performances économiques des entreprises, parmi lesquels le taux de
croissance annuel de la valeur ajoutée. A cet effet, ils montrent que l’utilisation d’une source
de financement informelle n’a pas un effet positif sur le taux de croissance annuel de la valeur
ajoutée des entreprises, car il limite leurs perspectives de croissance.
Le tableau ci-dessous résume les résultats des estimations :

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Table 4.1 – Effets du financement informel sur le taux de croissance annuel de la valeur
ajoutée
Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
VARIABLES (1) (2) (3) (4)
Administration 0.099** 0.085* 0.092** 0.094**
(2.12) (1.87) (2.00) (2.04)
Legislation du travail 0.054
(1.40)
Procédures de création 0.063 0.046 0.056 0.049
(1.52) (1.16) (1.40) (1.18)
Telecom -0.069 -0.054 -0.076
(-1.37) (-1.12) (-1.53)
Transport -0.075 -0.092** -0.066 -0.086*
(-1.65) (-2.32) (-1.48) (-1.87)
Source autonome -0.326 -0.311 -0.301 -0.315
(-1.50) (-1.43) (-1.41) (-1.49)
Qualité eau -0.057 -0.060 -0.057 -0.059
(-1.30) (-1.38) (-1.31) (-1.37)
Indices 0.009
(0.17)
Crédit commercial 0.125
(0.67)
Aide familiale 0.009
(0.06)
Tontines -0.013
(-0.11)
Constant 0.870* 0.613 0.801 0.869*
(1.75) (0.98) (1.44) (1.67)
Observations 270 272 273 275
R2 0.053 0.047 0.047 0.059
F 2.08 2.17 1.89 2.07
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

L’obtention de ce résultat principal peut principalement s’expliquer par la thèse de la neutra-


lité financière établie par Modigliani et Miller (1958)[79]. Cette théorie stipule que la valeur de
l’entreprise ne dépend pas de la structure du capital. En d’autres termes, la structure financière,
incarnant les différentes sources de financement, n’affecte pas la valeur de la firme. Ainsi, si
l’hypothèse de Modigliani et Miller est vérifiée, les décisions réelles des firmes (par exemple
l’investissement), motivées par la maximisation du profit, sont indépendantes des facteurs fi-
nanciers tels que la liquidité interne, le niveau d’endettement, ou le versement des dividendes.
Leurs valeurs dépendent de ce fait, uniquement de la gestion du capital et non de la prove-
nance de celui-ci (Garcia et al., 2007)[41]. Le financement informel est donc un simple moyen

66 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

d’acquisition des fonds pour les entreprises, c’est aussi le cas des TPE et PE camerounaises.
S’agissant des variables de contrôle, les résultats nous indiquent dans un premier temps que
les contraintes de transports participent à réduire le taux de croissance de la valeur ajoutée, pour
les entreprises qui se financent par le crédit commercial ou les tontines. En effet, les coefficients
qui y sont associés traduisent qu’une augmentation des contraintes de transports réduit le taux
de croissance de la valeur ajoutée des entreprises se finançant par le crédit commercial et les
tontines. Un tel résultat n’est pas nouveau car rejoint plusieurs conclusions dans la littérature
existante notamment celle de Fowowe (2017)[36], qui analyse l’effet des contraintes d’accès
au financement sur les performances économiques des entreprises. Il obtient à cet effet que les
entreprises qui se financent par des sources alternatives, réduisent leur taux de croissance de
la valeur ajoutée, à cause des contraintes de transport auxquelles elles font face. Une explica-
tion à ce résultat peut résider dans la TCT développée par R. Coase (1937)[20] et William-
son (1981)[114]. Conformément à cette théorie, nous pouvons comprendre que les différentes
contraintes de transport dans notre échantillon ont généré des coûts additionnels au financement
informel, qui à leur tour ont induit des effets pervers sur la croissance de la valeur ajoutée des
entreprises.
Nos résultats nous indiquent en outre que les contraintes administratives ont un effet positif
et significatif sur la valeur ajoutée des entreprises de notre échantillon durant la période d’étude
considérée et ce, quel que soit le mode de financement informel retenu. Ce résultat est contraire
à celui obtenu par Rozas (2012)[97] et Fowowe (2017)[36], qui obtiennent que lorsque les en-
treprises qui se financent de manière informelle font face aux contraintes administratives, elles
réduisent leurs performances économiques, Un tel résultat parait contre intuitif relativement à ce
qui existe dans la littérature. Cependant, il importe de mentionner que notre échantillon est prin-
cipalement composé des petites et de très petites entreprises. Par ailleurs, dans notre contexte,
les enquêtes menées par les différents organismes indiquent que ces catégories d’entreprises ne
sont pas toujours sujettes à la règlementation en vigueur. La raison en est que, du fait de leur
faible rentabilité, ces entreprises développent des stratégies qui leurs permettent d’isoler leurs
activités des contraintes administratives. De cette façon, elles accroissent leur valeur ajoutée en
finançant leurs activités par l’informel.

4.1.2. Financement informel et performances sociales des TPE


et PE Camerounaises

67 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

Dans le deuxième volet de cette section, nous présentons les résultats portant sur les ef-
fets du financement informel sur les performances sociales des TPE et PE camerounaises. En
conformité avec les travaux de Lapenu (2004)[57], Cho et al. (2013)[53], Fabio et al. (2017)[43]
et William et al. (2017)[113] et en fonction des données disponibles, nous choisissons comme
indicateurs des performances sociales, le nombre d’employés recrutés en 2012 et le nombre
total d’employés dans la TPE ou la PE. Nous examinons dans un premier temps, l’effet glo-
bal du financement informel sur le nombre d’employés recrutés en 2012 et sur le nombre total
d’employés. Par la suite, nous analysons tour à tour, les effets de chaque source de financement
informel, prise en particulier, sur les indicateurs de performances sociales indiqués.

• Financement informel et nombre d’employés recrutés : présentation et analyse des


résultats

Les résultats montrent, d’un point de vue global, que le financement informel, n’a aucun
effet sur le nombre d’employés permanemment recrutés. Ce résultat sous-entend, à priori, que
l’entreprise recrute ses employés sans être influencée par la provenance de ses fonds. Toutefois,
en s’intéressant particulièrement à chacune des méthodes informelles de financement, les résul-
tats obtenus montrent que, contrairement aux tontines et au financement par aide familiale qui
n’ont aucun effet, le coefficient associé au crédit commercial est négatif et significatif à un seuil.
L’obtention de ce résultat implique que les TPE et PE qui se financent par le crédit commercial
recrutent moins d’employés que celles qui se financent par d’autres canaux. Plus amplement
dit, le crédit commercial contribue à réduction de la capacité de recrutement des TPE et PE
camerounaises.
Le résultat portant sur les variables d’intérêt n’est pas nouveau car rejoint plusieurs conclu-
sions dans la littérature existante notamment celle de Ndouna et al. (2017)[83], qui analysent
les effets du financement informel sur certains indicateurs des performances sociales des en-
treprises, parmi lesquelles le nombre d’employés recrutés. Cet auteur montre que le nombre
d’employés recrutés dans une entreprise est fonction du coût du crédit. Ceci étant, les entre-
prises qui se financent par des canaux coûteux recrutent moins d’employés, à cause des coûts
liés à l’obtention du crédit. De ce fait, le résultat que nous obtenons, s’explique principalement
par l’argument selon lequel, parmi les modes de financement informels considérés dans notre
étude, le crédit commercial est le seul qui exige des taux d’intérêts (Allen, 2019)[8]. Certes les
taux exigés sont bas, mais notons ici que les entreprises de notre échantillon sont les TPE et PE.
Du fait de leurs chiffres d’affaires relativement faibles, tout paiement d’intérêts contraint les

68 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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TPE et PE à une restriction du pourcentage du capital destiné à la rémunération des employés.


Par conséquent, elles recrutent moins d’employés que celles qui ne supportent pas un coût du
capital (Scase, 2003)[101].
Les résultats des estimations sont consignés dans le tableau 4.2. ci-dessous :
Table 4.2 – Effets du financement informel sur le nombre d’employés recrutés
Nombre d’employés recrutés
VARIABLES (1) (2) (3) (4)
Corruption -0.125 -0.132 -0.126 -0.106
(-1.51) (-1.63) (-1.54) (-1.31)
Formation 0.128 0.113 0.134 0.134
(1.46) (1.31) (1.55) (1.55)
Legislation 0.189* 0.193** 0.189** 0.192**
(1.97) (2.03) (1.99) (2.02)
Douane 0.074 0.069 0.077 0.054
(1.00) (0.96) (1.05) (0.77)
Transport -0.121 -0.125 -0.125 -0.112
(-1.39) (-1.52) (-1.51) (-1.30)
Source autonome -2.104*** -2.083*** -2.090*** -1.991***
(-5.12) (-5.13) (-5.10) (-4.94)
Qualité eau -0.119 -0.108 -0.128 -0.123
(-1.38) (-1.28) (-1.51) (-1.44)
Indices -0.080
(-0.73)
Crédit commercial -0.600*
(-1.89)
Aide familiale -0.021
(-0.08)
Tontines 0.037
(0.16)
Constant 5.336*** 6.428*** 5.380*** 5.030***
(5.86) (5.96) (5.25) (5.30)
Observations 274 277 277 279
R2 0.142 0.150 0.141 0.132
F 5.47 5.89 5.51 5.13
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

En ce qui concerne les variables de contrôle, nous obtenons dans un premier temps que,
les contraintes liées à la législation du travail favorisent une augmentation des recrutements au
sein des TPE et PE camerounaises, quel que soit le mode de financement informel. Ceci signifie
en effet, qu’à mesure que les TPE et PE qui se financent de manière informelle font face aux
contraintes dues à la législation du travail, elles recrutent d’avantage d’employés. Autrement
dit, le nombre d’employés recrutés dans les TPE et PE camerounaises est positivement corrélé

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aux contraintes liées à la législation du travail. Ainsi, lorsque le gouvernement réglemente les
conditions de travail, cela rend les TPE et PE camerounaises plus à même de recruter. Ce résultat
diverge de l’issue des travaux de Fowowe (2017)[36] qui traduisent que les contraintes liées à
la législation du travail participent à réduire le taux de recrutement au sein de l’entreprise. Le
résultat que nous obtenons, se justifie néanmoins par le fait que lorsque les contraintes liées à
la législation du travail augmentent, cela traduit un encadrement plus propice des conditions de
travail des employés au sein des entreprises. Les employés deviennent ainsi plus productifs et
les entreprises recrutent davantage une main d’œuvre qualifiée pour essayer d’accroître leurs
profits (Emerson, 1988)[31].
Nos résultats nous indiquent par ailleurs, en conformité aux travaux de Degryse (2016)[26],
que le fait de disposer (ou pas) d’une source autonome d’approvisionnement en eau, a un effet
négatif significatif sur la capacité de recrutement des entreprises de notre échantillon durant la
période d’étude considérée et ce, quel que soit le mode de financement informel retenu. Ces
résultats sont, en effet, tous significatifs au seuil de 1% et suggèrent ce faisant que la capacité
de recrutement des entreprises de notre échantillon est négativement corrélée au fait de disposer
d’une source autonome d’approvisionnement en eau. De manière plus précise, les TPE et PE de
notre échantillon qui disposent d’une source autonome d’approvisionnement en eau, recrutent
moins d’employés que celles qui n’en disposent pas. Un tel résultat semble à priori, paradoxal.
Cependant, il est judicieux de préciser que notre échantillon est principalement composé des
petites et de très petites entreprises, disposant le plus souvent d’un chiffre d’affaires limité. Pour
ces entreprises, le fait de construire et d’entretenir une source autonome d’approvisionnement
en eau entrainent d’énormes coûts. Ces coûts supplémentaires limitent le capital destiné aux
salaires des employés et empêchent de ce fait à l’entreprise d’effectuer de nouveaux recrute-
ments (Edwards et al., 2004)[64]. Les coûts liés à la mise en place et à l’entretien de la source
autonome d’approvisionnement en eau, limitent donc la capacité de recrutement des TPE et PE
camerounaises.

• Financement informel et nombre total d’employés : présentation et analyse des ré-


sultats

En ce qui concerne les variables d’intérêt, les résultats nous fournissent que, de manière globale,
le financement informel, n’a aucun effet sur le nombre d’employés permanemment recrutés.
Néanmoins, lorsque nous nous intéressons à chacun des modes de financement informel, nous
obtenons que, contrairement au financement par tontine, qui n’a aucun effet sur le nombre total

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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

d’employés, les TPE et PE qui se financement par le crédit commercial ont moins d’employés
que celles qui se financent par la tontine ou par l’aide familiale.
Par ailleurs, lorsque les TPE et PE se financent par l’aide familiale, elles connaissent un
accroissement du nombre d’employés par rapport à celles qui ne se financent pas par ce mode
informel. Ces résultats laissent croire que les effets du financement informel sur le nombre total
d’employés des TPE et PE, sont mitigés. En effet, la nature de l’effet du financement informel
sur le nombre d’employés des TPE et PE camerounaises, est fonction du mode de financement
choisi. Alors que le crédit commercial réduit le nombre d’employés, les entreprises qui se fi-
nancent par l’aide familiale connaissent un nombre d’employés plus élevé. Ce résultat n’est pas
nouveau dans la littérature, il corrobore l’issue de quelques études similaires notamment celles
de Selvam et al. (2016)[102], qui analysent les déterminants du nombre d’employés recrutés
dans les TPE et PE. A cet effet, ils obtiennent que le nombre d’employés, dépend de la pro-
priété publique, des bénéfices et de la concurrence. D’après ces auteurs, en partie, les bénéfices
dépendent quant à eux, du chiffre d’affaires et de la source de financement.
Les résultats portant sur les effets du financement informel sur le nombre total d’employés,
se justifient par le fait que le nombre d’employés d’une entreprise est fonction de son chiffre
d’affaires et de ce fait de sa source de financement. Nous rappelons que les entreprises de
notre échantillon se financent principalement de manière informelle. Notons par ailleurs que le
financement par crédit commercial exige quelques fois des taux d’intérêts (Allen et al., 2019)[8].
Les TPE et PE qui y ont recours sont plus préoccupées par le remboursement des intérêts, ce qui
limite leurs nombres d’employés, car limite les dépenses liées aux salaires. Le financement par
aide familiale quant à lui, n’est sujet à aucun taux d’intérêt. Les TPE et PE qui en bénéficient
sont de ce fait à même d’avoir un nombre d’employés élevé par rapport aux autres, celles-ci
n’ayant pas de pression liée au remboursement d’intérêts.
Les principaux résultats des estimations portant sur les effets du financement informel sur
le nombre total d’employés, sont présentés dans le tableau 4.3 ci-dessous :

71 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN
Table 4.3 – Effets du financement informel sur le nombre total d’employés
Nombre total d’employés
VARIABLES (1) (2) (3) (4)
Eau -0.565* -0.550* -0.551* -0.572*
(-1.86) (-1.85) (-1.85) (-1.91)
Administration -0.569** -0.582** -0.579** -0.570**
(-2.00) (-2.07) (-2.06) (-2.02)
Legislation 0.577** 0.602** 0.570** 0.584**
(2.04) (2.17) (2.04) (2.09)
Coût financement -0.356 -0.366 -0.313 -0.356
(-1.29) (-1.35) (-1.15) (-1.31)
Electricité 0.512* 0.535* 0.514* 0.495*
(1.70) (1.80) (1.73) (1.67)
Source autonome -4.208*** -4.264*** -4.071*** -3.954***
(-3.44) (-3.52) (-3.36) (-3.31)
Télécom 0.500 0.424 0.518 0.459
(1.50) (1.30) (1.58) (1.41)
Sécurité -0.524* -0.560* -0.485* -0.483*
(-1.78) (-1.94) (-1.67) (-1.67)
Procédures 0.414 0.429* 0.353 0.424
(1.59) (1.68) (1.37) (1.64)
Indices -0.089
(-0.28)
Crédit commercial -1.588*
(-1.69)
Aide familiale 1.292*
(1.65)
Tontines -0.304
(-0.43)
Constant 12.731*** 15.831*** 10.222*** 12.696***
(4.84) (4.97) (3.41) (4.50)
Observations 249 251 251 254
R2 0.115 0.125 0.125 0.111
F 3.11 3.44 3.44 3.04
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

S’agissant des variables de contrôle, les résultats montrent que le nombre total d’employés
des TPE et PE camerounaises est facteur de plusieurs variables. Premièrement, quelle que soit la
source informelle de financement, l’accès à l’eau, a une influence sur le nombre d’employés des
TPE et PE camerounaises. Les coefficients associés à ces variables, tous significatifs au seuil
de 10%, impliquent qu’à mesure que les contraintes d’accès à de l’eau potable augmentent, le
nombre d’employés dans TPE et PE camerounaises diminue. En d’autres termes, plus les TPE et
PE font face à des contraintes d’accès à de l’eau potable, moins elles ont des employés. Dans le

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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

même temps, moins les TPE et PE font face à des contraintes d’accès à l’eau, plus elles ont des
employés. Ce résultat qui conforte les travaux de Jabbour et al. (2015)[30], peut principalement
s’expliquer par le fait que l’augmentation des contraintes d’accès à de l’eau potable entraine
une augmentation de coûts supportés par l’entreprise. Plus il est difficile d’avoir accès à l’eau,
plus l’entreprise dépense. Ceci limite le pourcentage du capital dédié aux salaires des employés,
entrainant ainsi un faible nombre d’employés au sein desdites entreprises.
En outre, en ce qui concerne les contraintes liées à l’administration et à la législation fiscale,
les coefficients sont tous significatifs au seuil de 5% et traduisent de ce fait que, peu importe le
mode de financement informel utilisé par les entreprises de notre échantillon, une augmentation
des contraintes administratives et fiscales entraine une réduction du nombre total d’employés.
Ce résultat implique de manière opposée que, plus les TPE et PE camerounaises font moins
face à des contraintes liées à l’administration et à la législation fiscale, plus leurs effectifs aug-
mentent. Ce résultat montre que le climat des affaires a un effet considérable sur les perfor-
mances sociales des TPE et PE camerounaises, car un accroissement du nombre d’employés
dans ces entreprises passe nécessairement par la réduction des contraintes liées à l’administra-
tion et à la législation fiscale. Un tel résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il conforte
entre autres, ceux obtenus par Stickney et al (1982)[108] et Fuest et al. (2018)[38]. Ces auteurs
montrent que le nombre d’employés dépend des bénéfices nets de l’entreprise. Ces bénéfices
nets, dépendent quant à eux au taux d’imposition. Ce résultat peut principalement s’expliquer
par le fait que l’augmentation des contraintes administratives et fiscales entraine une augmenta-
tion de coûts supportés par l’entreprise. Plus il faut, payer des coûts liés aux normes administra-
tives et à la fiscalité, moins le chiffre d’affaires croît, moins l’entreprise réalise des bénéfices et
moins l’entreprise est apte à payer les salaires aux employés (Fowowe, 2017)[36]. L’augmenta-
tion des contraintes administratives et fiscales entraine de ce fait, un faible nombre d’employés
au sein des entreprises, encore plus celles disposant d’un chiffre d’affaires relativement faible.
Dans le même temps, les résultats portant sur l’effet des contraintes liées à la sécurité et au
vandalisme sur le nombre total d’employés des TPE et PE qui se financent de manière infor-
melle, impliquent que le nombre total d’employés au sein des TPE et PE camerounaises, est
fonction négative des contraintes liées à la sécurité et au vandalisme. Plus amplement dit, à me-
sure que les TPE et PE qui se financent de manière informelle, font face à des contraintes liées à
la sécurité, le nombre total d’employés diminue. Par contre, celles qui ont moins de contraintes
ont un nombre plus élevé d’employés. Ce résultat est valide, selon que l’entreprise se finance

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MASTER II ENSPY/CETIC 2019-2020 c MMEF
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par crédit commercial, par aide familiale ou par la tontine. Il corrobore l’issue des études telles
que celle de Fowowe (2017)[36] et se justifie par le fait que l’augmentation des contraintes liées
à la sécurité et au vandalisme, entraine une augmentation de coûts supportés par l’entreprise. En
effet, à mesure que la situation sécuritaire est incertaine, les entreprises déboursent d’énormes
sommes d’argent pour réduire au mieux les risques de subir des actes de vandalisme. Ainsi,
plus il faut payer des coûts liés aux contraintes de sécurité et de vandalisme, moins le chiffre
d’affaires croît, et moins l’entreprise est apte à payer les salaires aux employés. Ceci entraine
de ce fait, un faible nombre d’employés au sein des entreprises qui font face à ces contraintes.
Contrairement aux résultats précédents, certaines variables de contrôle exercent un effet
positif sur le nombre total d’employés au sein des TPE et PE camerounaises. Premièrement,
s’agissant des contraintes liées à la législation du travail, les résultats de nos estimations nous
fournissent des coefficients tous significatifs au seuil de 5%. Un tel résultat entraine que les
contraintes liées à la législation du travail, favorisent un accroissement des performances so-
ciales des TPE et PE camerounaises, à travers l’augmentation du nombre total d’employés. Par
contre, moins les contraintes sont importantes, moins le nombre d’employés augmente. Ce ré-
sultat est valide pour tous les modes de financement informel et diverge de l’issue des travaux de
Fowowe (2017)[36] qui traduisent que les contraintes liées à la législation du travail participent
à réduire le nombre d’employés au sein de l’entreprise. Le résultat que nous obtenons, se justifie
néanmoins par le fait que lorsque les contraintes liées à la législation du travail augmentent, cela
traduit un encadrement plus propice des conditions de travail des employés au sein des entre-
prises. Les employés deviennent ainsi plus productifs et les entreprises en recrutent davantage
pour essayer d’accroître leur profit (Emerson, 1988)[31].
Il en est de même pour les contraintes d’accès à l’électricité. Les coefficients issus des es-
timations, tous positifs et significatifs à 10%, impliquent qu’à mesure que les entreprises de
notre échantillon font face aux contraintes d’accès à l’électricité, elles accroissent leurs effec-
tifs. Ceci se justifie par le fait que lorsque les entreprises font face à des coupures intempestives
d’électricité, celles-ci mettent de côté les facteurs de production nécessitant une source d’éner-
gie électrique pour fonctionner et ont tendance à recruter plus de main d’œuvre, afin de combler
le déficit engendré par l’arrêt des machines (Jabbour et al., 2015)[30].
Au final, les résultats nous montrent que pour les TPE et PE camerounaises qui se financent
de manière informelle, le fait qu’elles disposent ou pas, d’une source autonome d’approvision-
nement en eau, a un effet très significatif sur le nombre total d’employés. Les coefficients, tous

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significatifs au seuil de 1%, traduisent ce faisant que, de manière globale, les TPE et PE qui dis-
pose d’une source autonome d’approvisionnement en eau, ont moins d’employés que celles qui
n’en disposent pas. En d’autres termes, lorsqu’une entreprise dispose d’une source autonome
d’approvisionnement en eau, elle connait une réduction de ses effectifs. Ce résultat conforte
l’issue de l’étude de Jabbour et al. (2015)[30]. Une explication à ce résultat peut résider dans
le fait que notre échantillon est principalement composé des TPE et PE. Celles-ci disposent le
plus souvent d’un chiffre d’affaires limité (Rozas, 2012)[97]. Pour ces entreprises, le fait de
construire une source autonome d’approvisionnement en eau, le fait d’entretenir celle-ci en-
trainent d’énormes coûts, limitent le capital réservé aux salaires des employés et réduisent par
conséquent, le nombre d’employés au sein de l’entreprise. Les coûts liés à la mise en place et
à l’entretien de la source autonome d’approvisionnement en eau, entrainent donc une réduction
du nombre d’employés au sein des TPE et PE camerounaises.

4.1.3. Financement informel et capacité d’innovation des TPE


et PE Camerounaises
Dans le troisième et dernier volet de cette section, nous présentons les résultats portant sur
l’effet du financement informel sur la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises. Nous
construisons, par une ACP, un indicateur de la capacité d’innovation, en conformité aux travaux
de Fowowe(2017)[36] et Ullah(2019)[111] et en fonction des données disponibles. Nous exami-
nons dans un premier temps, l’effet global du financement informel sur la capacité d’innovation
des TPE et PE camerounaises. Par la suite, nous analysons tour à tour, les effets de chaque
source de financement informel, prise en particulier, sur la capacité d’innovation des TPE et PE
camerounaises.

• Présentation et analyse des résultats

D’un point de vue global, les résultats que nous obtenons à l’issue de cette analyse sont
concluants. S’agissant des variables d’intérêt, les résultats montrent que les coefficients asso-
ciés à l’indice synthétique de financement informel et à l’aide familiale sont significatifs à un
seuil de 1%, tandis que celui de la tontine l’est au seuil de 10%. Ces résultats indiquent que
de manière générale 30 , le financement informel a un effet positif et très significatif sur la ca-
pacité d’innovation des TPE et PE camerounaises. Ceci dit, les entreprises qui se financent
de manière informelle sont plus à même d’introduire sur le marché, de nouveaux produits, de
30. A travers l’indice synthétique

75 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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nouvelles techniques de production, de nouvelles techniques de gestion et donc, d’innover. Tou-


tefois, examinés individuellement, les effets de chacun des modes de financement informel sur
la capacité d’innovation, ne sont pas les mêmes. D’une part, l’aide familiale a un effet très
significativement positif à un seuil de 1%. Ceci dit, les entreprises qui se financent par l’aide fa-
miliale sont plus à même d’innover par rapport aux autres. De manière similaire, les entreprises
qui se financent par la tontine sont également à même d’innover, mais moins que celles qui ont
recours au financement familial, car le coefficient obtenu ici est, en effet positif mais significatif
au seuil de 10%. Les entreprises qui se financent uniquement par le crédit commercial, quant à
elles n’accroissent pas leur capacité d’innovation.
Ces résultats, conformes à ceux de Fowowe (2017)[36] mais vont à l’encontre de ceux de
Ullah (2019)[111], qui ont examiné l’effet du financement informel sur la capacité des entre-
prises à innover, peuvent se justifier par la Théorie des Coûts de Transaction initiée par Coase
(1937)[20]. Selon cet auteur, une entreprise accroît ses performances lorsqu’elle minimise ses
différents coûts de transaction. Ces transactions font l’objet d’un échange de ressources (entre
autres, financières) entre l’entreprise et ses différents fournisseurs. Ainsi, lorsque l’entreprise
accède à des ressources financières à moindre coût, celle-ci est plus à même de recruter plus
d’employés, d’augmenter sa productivité, d’investir dans des activités de recherche et dévelop-
pement et par conséquent d’innover (Ullah, 2019)[111].
S’agissant des variables de contrôle, les résultats nous indiquent d’entrée de jeu que les
contraintes liées au cadre politique et macroéconomique ont un effet sur la capacité d’innova-
tion des TPE et PE camerounaises, quel que soit le mode de financement informel utilisé. Les
coefficients obtenus sont tous significatifs au seuil de 1% et traduisent ce faisant le fait que, plus
les entreprises de notre échantillon, font face à des contraintes dues au cadre politique, moins
elles sont à même d’innover. L’instabilité politique et macroéconomique est donc perçue ici
comme un frein aux activités d’innovation des TPE et PE camerounaises. Ce résultat corrobore
l’issue de Fowowe (2017)[36]. D’après cet auteur, ce résultat se justifie par le fait qu’un envi-
ronnement paisible et stable est propice pour le bon fonctionnement des entreprises. En effet,
lorsqu’un système politique est stable, les entrepreneurs sont plus à même d’investir aisément
dans des activités de recherche et développement, afin d’innover et d’accroitre leurs profits.
Un système politique instable quant à lui, contraint les entrepreneurs à ne pas entreprendre de
nouveaux investissements, ou à limiter leurs investissements, à cause de l’incertitude liée au
système politique et macroéconomique, empêchant ainsi aux entreprises d’innover.

76 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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Les résultats portant sur l’effet du financement informel sur la capacité des TPE et PE ca-
merounaises à innover, sont résumés dans le tableau 4.4 ci-dessous :
Table 4.4 – Effets du financement informel sur la capacité d’innovation
Capacité d’innovation
VARIABLES (1) (2) (3) (4)
Cadre politique -0.319*** -0.348*** -0.341*** -0.318***
(-3.69) (-4.00) (-4.02) (-3.69)
Accès financement 0.366*** 0.381*** 0.353*** 0.366***
(3.72) (3.86) (3.64) (3.71)
Coût financement -0.296*** -0.315*** -0.281*** -0.318***
(-3.11) (-3.29) (-2.99) (-3.34)
Sécurité 0.226** 0.232*** 0.262*** 0.246***
(2.53) (2.59) (2.98) (2.77)
Indices 0.337***
(2.97)
Crédit commercial -0.208
(-0.63)
Aide familiale 1.115***
(4.22)
Tontines 0.416*
(1.70)
Constant -0.166 0.244 -2.123*** -0.842
(-0.46) (0.34) (-3.68) (-1.60)
Observations 367 370 370 374
R2 0.115 0.094 0.134 0.099
F 9.35 7.53 11.31 8.10
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

Nos résultats nous indiquent en outre que le coût du financement a un effet positif et signifi-
catif sur la capacité d’innovation des entreprises de notre échantillon durant la période d’étude
considérée et ce, quel que soit le mode de financement informel retenu. Ceci signifie qu’une
augmentation du coût du financement participe à réduire la capacité d’innovation des entre-
prises considérées dans notre échantillon. Plus précisément, plus les TPE et PE camerounaises
font face à un coût du financement élevé, moins elles sont en mesure d’innover. Dans le même
temps, moins les entreprises font face à d’énormes coûts du financement, plus elles innovent. Ce
résultat est valide pour toutes les sources informelles de financement, car tous les coefficients
sont négatifs et significatifs à 1%. Néanmoins, cette capacité d’innovation est de plus en plus
réduite selon que l’entreprise se finance respectivement par le crédit commercial, la tontine ou
l’aide familiale.
Ce résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il conforte les travaux de Ullah (2019)[111]

77 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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qui mènent une étude comparative sur l’effet du financement formel/informel sur la capacité
d’innovation des entreprises des PED. Une explication à ce résultat est due au fait que, pour
innover, les entreprises ont besoin d’investir dans les activités de recherche et développement.
Si le coût du financement est élevé, les entreprises auront du mal à entrer en possession du
capital requis pour acheter de nouveaux facteurs de production et/ou pour la mise en place de
nouvelles techniques de production, par conséquent, elles seront incapables d’innover (Fowowe,
2017)[36].
Par ailleurs, certaines contraintes dues à l’environnement des affaires au Cameroun ont un
effet positif sur la capacité des TPE et des PE à innover. Premièrement, les résultats portant sur
les effets des contraintes d’accès au financement, sur la capacité d’innovation, nous fournissent
conformément aux coefficients, que les contraintes d’accès au financement ont un effet positif
sur la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises, quel que soit le mode de financement.
De manière plus ample, nous obtenons que, plus les TPE et PE camerounaises font face à des
contraintes d’accès au financement, plus elles innovent. Ce résultat va à l’encontre de celui
obtenu par Fowowe (2017)[36], qui a examiné l’effet des contraintes d’accès au crédit sur la
capacité d’innovation des entreprises. Il a, en effet obtenu que les entreprises qui font face
aux contraintes d’accès au crédit innovent moins que les autres. Le résultat que nous obtenons,
semble, quant à lui paradoxal. Il peut cependant être expliqué par le fait que d’après le FMI, l’un
des rôles de la banque est de financer les activités innovantes. Dans un contexte où l’accès au
crédit bancaire est restreint, les entreprises sont obligées de recourir aux méthodes alternatives
de financement, afin de financer leurs activités de recherche et développement, d’innover et
d’être éligible au crédit bancaire. Les contraintes d’accès au financement sont de ce fait vues
comme un facteur stimulant de la capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises.
Les résultats nous indiquent enfin que les contraintes de sécurité participent à accroitre la
capacité d’innovation des TPE et PE camerounaises quel que soit le mode de financement in-
formel. De manière ample, ces résultats traduisent qu’à mesure que les entreprises de notre
échantillon font face aux contraintes de sécurité, elles sont plus à même d’innover. Ce résultat
contre-intuitif va à l’encontre de celui obtenu par Fowowe (2017)[36] et Ullah (2019)[111] qui
examinent l’effet du financement informel sur la capacité d’innovation des TPE et PE camerou-
naises. Toutefois, une explication à ce résultat est que, lorsque le taux d’insécurité augmente,
les entreprises développent des techniques pour réduire tous les risques courus. Elles renforcent

78 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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leur sécurité, rendent les clients plus confiants, et entrainent ainsi une innovation sociale 31 (Bou-
chard, 2006)[16].

4.2 Financement informel et performance des entreprises ca-


merounaises : robustesse des résultats
L’objectif de cette section est de vérifier la robustesse de nos résultats. Nous allons pour ce
faire prendre en compte l’endogénéité qui est susceptible d’exister entre le financement informel
et les performances des entreprises. Pour mener à bien notre objectif, cette section est subdivisée
en deux sous-sections. La première est une description succincte de la technique d’estimation
sélectionnée. La deuxième quant à elle est une présentation des résultats issus de nos tests de
robustesse.
Il est clair que le financement informel et les performances des entreprises sont endogènes
(Allen, 2019)[8]. En effet, le financement informel pourrait influer sur les performances des
entreprises, mais simultanément, l’état des performances des entreprises pourrait déterminer la
décision pour celles-ci, de se financer de manière informelle (Rozas, 2012)[97].
Premièrement, selon Rozas (2012)[97], le financement informel peut procurer aux TPE et
PE un capital nécessaire pour l’amélioration des facteurs de production, augmentant ainsi leur
production totale et leur valeur ajoutée. Toutefois, une fois que la valeur ajoutée d’une entreprise
a atteint un certain seuil, celle-ci est plus à même d’avoir accès au crédit bancaire, ce qui peut
déterminer la décision de se financer de manière informelle. Deuxièmement, selon Ndouna et al.
(2017)[83], le nombre d’employés recrutés dans une entreprise est fonction du coût du crédit. De
cette manière, le coût du financement informel peut influer sur le nombre d’employés recrutés
dans les entreprises de notre échantillon. Par ailleurs, le nombre d’employés recrutés dans une
entreprise peut déterminer la source de financement, car l’entreprise qui recrute a besoin des
fonds en quantité suffisante pour combler les dépenses liées aux nouveaux employés. Il en est de
même pour le nombre total d’employés permanents des entreprises de notre échantillon. Enfin,
selon les travaux de Fowowe (2017)[36] et Ullah (2019)[111], l’association entre la finance
informelle et l’innovation des entreprises peut faire l’objet d’une sélection endogène. En effet,
les entreprises qui se financent de manière informelle et à moindre coût, sont à même d’investir
dans des activités de recherche et développement et par conséquent d’innover. Dans le même
31. Voir bouchard (2006)[16]

79 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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temps, les entreprises plus innovantes ou les entreprises ayant des taux de croissance plus élevés
sont capables de lever des capitaux auprès des sources de financement formelles, tandis que les
entreprises moins innovantes ou à faible croissance sont obligées d’emprunter auprès de sources
informelles.
La présence des variables explicatives de financement informel telles que la tontine, le cré-
dit commercial et l’aide familiale, peut de ce fait créer un problème d’endogénéité et biaiser les
résultats des estimations. Afin de corriger ce problème d’endogénéité et de vérifier la robustesse
des résultats que nous avons obtenus, nous optons pour la méthode d’appariement par scores de
propension (PSM 32 ), initialement proposée par Rubin (1977)[98] et développée plus récem-
ment par Heckman et al. (1998)[47]. Cette approche qui a été utilisée par Allen (2019)[8], pour
corriger l’endogénéité dans les estimations des effets du financement informel, sur les perfor-
mances des entreprises chinoises, est ci-dessous présentée.

LA METHODE D’APPARIEMENT DES SCORES DE PRO-


PENSION (PSM)
Analyser l’effet de l’adoption du choix de la source de financement par une entreprise, sur
l’évolution de ses variables économiques constitue une démarche empirique relativement déli-
cate (Allen, 2019)[8]. En effet, évaluer l’effet d’une telle décision sur les variables économiques
suppose de savoir comment ces dernières auraient évolué en l’absence de l’adoption de la me-
sure. Dans le cadre de notre étude, cela revient donc à se demander comment auraient évolué les
indicateurs des performances économiques, sociales et innovationnelles, au sein des TPE et PE,
si ces dernières n’avaient pas fait le choix de recourir au financement informel. Or, cette évolu-
tion est par définition inobservable. Inversement, nous ne pouvons observer ce qu’auraient été
les indicateurs de performances d’une entreprise qui se finance de manière formelle, si celle-ci
avait décidé de se financer de manière informelle. Une solution simple pour évaluer cet effet
causal consiste à cet effet, dans un premier temps, à comparer les indicateurs des performances
des TPE et PE qui ont recours au financement informel à ceux des TPE et PE de notre échan-
tillon, qui se financent de manière formelle. En second, à analyser si, en moyenne, les TPE et
PE qui ont recours au financement informel ont effectivement un niveau de performance statis-
tiquement différent de celui des TPE et PE qui se financent à travers des canaux formels.
32. Propensity Score Matching

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En d’autres termes, cette méthodologie, relativement intuitive, consiste à apparier chaque


entreprise qui se finance de manière informelle avec une entreprise “jumelle ” 33 qui se finance
de manière formelle, et à considérer la variable de résultat de celle-ci comme le contrefactuel
du résultat de l’entreprise qui se finance de manière informelle. Cet estimateur par appariement
présente l’avantage de réduire le biais de sélectivité, en ce sens qu’il évite d’attribuer au finance-
ment informel ce qui relève de caractéristiques intrinsèques des entreprises de notre échantillon.
Dès lors, nous voyons intuitivement qu’une telle approche, au-delà de prendre en considération
le caractère endogène du financement informel, permet surtout de réduire l’incertitude des ré-
sultats liée à la composition du groupe de contrôle. C’est principalement pour cette raison que
nous avons fait le choix de retenir cette méthodologie pour évaluer les effets du financement
informel sur les performances économiques, sociales et sur la capacité d’innovation des TPE et
PE camerounaises. Ci-dessous, nous faisons un bref exposé de la formulation mathématique de
l’approche PSM. Soit le modèle de départ donné comme suit :

Y = X1 β1 + X2 β2 + · · · + Xk βk + ε (4.1)

Où Y est un indicateur des performances économiques 34 , sociales 35 ou innovationnelles 36


. X1 est une variable qui indique si l’entreprise se finance ou pas de manière informelle, tandis
que les Xi , i = 2, . . . , k sont les variables de contrôle. β1 est le paramètre d’intérêt à estimer, les
βi i = 2, . . . , k sont quant à eux, les paramètres de contrôle à estimer. L’analyse se concentre ici
sur l’effet d’u financement informel représenté par la variable indicatrice X1 sur la variable de
résultat, Y. Plus précisément, X1 = 1 indique que l’entreprise se finance de manière informelle,
tandis que X1 = 0 indique que l’entreprise ne se finance pas de manière in formelle. À la suite de
Rubin (1974), nous définissons les effets du traitement en termes de résultats potentiels. Nous
définissons Y(1) comme les performances potentielles obtenues lorsque l’entreprise a recours
au financement informel, et Y(0) comme les performances potentielles obtenues lorsque celle-ci
se finance de manière formelle. Formellement, on a :

 Y(1)

 si x = 1
.


x = 0

 Y(0)
 si

33. C’est-à-dire ayant des caractéristiques économiques et institutionnelles proches


34. Taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
35. Nombre d’employés recrutés ou nombre total d’employés
36. Capacité d’innovation

81 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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Comme nous l’avons introduit ci-dessus, le principe de la méthode d’estimation par apparie-
ment consiste à apparier une entreprise qui se finance de manière informelle avec une entreprise
qui ne se finance pas de manière informelle, dont les caractéristiques observables sont compa-
rables. Nous considérons ensuite le résultat Y(0) de cette entreprise comme le contrefactuel de
l’entreprise qui lui est semblable, c’est-à-dire le résultat qui aurait été obtenu si l’entreprise avait
décidé de ne pas se financer de manière informelle. L’appariement se fait sur la base d’un score
de propension, défini comme la probabilité individuelle de se financer de manière informelle,
conditionnellement au vecteur X des covariables observées. L’estimateur par appariement est
alors égal à la moyenne des écarts entre les variables de résultat Y(1) et leur(s) contrefactuel(s)
respectif(s) Y(0).
L’effet moyen peut s’écrire comme suit :

∆ˆ PS M = E p(X)|X1 E[Y(1) | X1 = 1, P(x)] − E[Y(0) | X1 = 0, P(x)]

Où Y(1) | X1 = 1 représente un indicateur des performances d’une entreprise qui se finance


de manière informelle, tandis que Y(0)|X1 = 0 représente un indicateur des performances d’une
entreprise qui se finance de manière formelle. P(X) correspond quant à lui au score de propen-
sion, c’est-à-dire dans le cadre de notre étude, à la probabilité pour une entreprise d’opter pour
un mode de financement informel, conditionnellement aux covariables observables X. Le score
de propension peut donc être noté :

P(X) = Pr (X1 = 1 | X)

Le score de propension est estimé à l’aide d’un modèle à choix qualitatif binaire (probit ou logit)
dans lequel est introduit l’ensemble des variables constituant théoriquement des déterminants
du recours au financement informel. La validité empirique de l’appariement par score de pro-
pension repose sur deux hypothèses fondamentales, dont les implications pratiques doivent être
prises en considération dans la conduite de notre étude. La première est l’hypothèse d’indépen-
dance conditionnelle. Elle suppose que, conditionnellement à un ensemble de caractéristiques
observables X qui ne sont pas affectées par le traitement (ici, le financement informel), les va-
riables de résultat Y(1) et Y(0) sont indépendantes de la variable de traitement X1 . L’hypothèse

82 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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d’indépendance conditionnelle s’exprime de la manière suivante :

a
(Y(1), Y(0)) X1 | X

Comme le montre le théorème de Rosenbaum et Rubin (1983)[96], le respect de l’hypothèse


d’indépendance conditionnelle est essentiel puisqu’il permet d’apparier les observations traitées
et non traitées sur la base de leur score de propension P(X) et non sur l’ensemble des variables
de conditionnement.
La seconde hypothèse est la condition de support commun des scores de propension, dont
l’importance a été soulignée par Heckman et al. (1998)[47]. L’estimateur par appariement sur
le score de propension suppose en effet que l’on dispose pour chaque observation traitée d’ob-
servations non traitées dont les scores de propension estimés ont des valeurs proches du score
de propension de l’observation traitée. En d’autres termes, cette condition assure de pouvoir
construire pour chaque observation traitée de score P0 un contrefactuel à partir de l’échantillon
des observations non traitées, c’est-à-dire de pouvoir estimer E[Y | P(X) = P0 , X1 = 0] afin
de déterminer l’effet causal du traitement sur les traités. Formellement, la condition de support
commun peut s’écrire ainsi :
0 ≤ Pr (X1 = 1 | X) ≤ 1

Une fois le score de propension estimé, nous appliquons un algorithme d’appariement. Dans
notre étude, pour plus de précision dans les résultats, nous faisons le choix d’appliquer l’esti-
mateur des k-plus proches voisins, l’estimateur par la méthode du rayon et l’estimateur à noyau.
Dans l’estimateur du plus proche voisin (nearest–neighbour), l’individu du groupe de com-
paraison est choisi comme partenaire d’appariement pour un individu traité qui est le plus
proche en termes de score de propension. Dans notre cas, cela signifie que les entreprises qui se
financent de manière informelle seront appariées à celles qui se financent de manière formelle
et qui leur sont plus proches en termes de score de propension. Formellement, cet estimateur
s’écrit :
1 X X
∆ˆ NN = ωN0 (t, c)Y(0)

Y(1) −
NT X =1 X =1
1 0


 1 si d(Pt , Pc ) = minc d(Pt , Pc )


Avec ωN0 = 



 0 si sinon
Où N1 (respectivement N0 ) est le nombre d’observations dans le groupe des entreprises qui
se financent de manière informelle (respectivement, groupe opposé), et ω( N0 )(t, c) est le poids

83 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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attribué à chacune des observations n’ayant pas recours au financement informel servant à la
construction du contrefactuel pour l’observation ayant recours au financement informel, en
fonction de la distance de Mahalanobis 37 (notée d) des scores de propension. d(pt , pc ) repré-
sente la distance entre les scores de propension d’une entreprise qui se finance de manière
informelle et d’une autre qui se finance de manière formelle.
L’estimateur par la méthode du rayon (radius matching) proposé par Dehejia et Wahba
(2002)[27] consiste à apparier chaque observation traitée avec un ensemble d’observations non
traitées comprises dans un rayon donné. Cet algorithme de matching permet à la fois de limiter
l’éloignement en termes de score de propension des observations appariées et, utilise davantage
d’informations pour la construction du contrefactuel, réduisant ainsi simultanément le biais et
la variance de l’estimateur. Suivant Lin et Ye (2009)[62], nous considérons ici deux rayons :
r = 0, 01 et r = 0, 03.
L’estimateur à noyau (kernel matching), proposé par Heckman et al. (1998)[47] consiste à
retenir pour la construction du contrefactuel l’ensemble des observations non traitées apparte-
nant au support commun, chaque observation non traitée étant pondérée de manière décrois-
sante selon sa distance à l’observation traitée considérée. En d’autres termes, une observation
non traitée dont le score de propension est relativement proche de l’observation traitée consi-
dérée participera plus à la construction du contrefactuel qu’une observation très éloignée. Les
pondérations sont déterminées par une fonction noyau K :
P − P 
c t
K
h
ωN0 (t, c) =
P  Pc − Pt 
K
h

où h est un paramètre de lissage. Nous retrouvons à travers ce dernier l’arbitrage entre biais et
variance exposé ci-dessus, puisqu’un petit paramètre réduira le biais de l’estimateur, alors que
la variance sera d’autant plus grande que le paramètre de lissage est faible (voir, par exemple,
Silverman, 1986 ; Pagan et Ullah, 1999)[104].
Enfin, la dernière étape consiste à calculer l’écart-type permettant d’apprécier la signifi-
cativité statistique de l’effet moyen du traitement sur les traités. Lechner (2002)[59] propose
d’utiliser la technique du bootstrap. Cette dernière consiste à répliquer l’ensemble de la procé-
dure d’estimation (estimation des scores de propension, détermination du support commun, et
appariement) sur un échantillon tiré aléatoirement avec remise dans l’échantillon initial, et à dé-
37. Maesschalck et al. (2000)

84 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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terminer l’écart-type de la distribution de l’ensemble des estimateurs ainsi obtenus. Le nombre


de réplications retenu ici est de 1000.

4.2.1. Financement informel et performances économiques des


entreprises : un exposé des résultats robustes
Les résultats obtenus à travers les différents algorithmes renforcent les précédents, portant
sur les effets du financement informel sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée. Plus
précisément, ils confortent la thèse selon laquelle, pour les entreprises de notre échantillon, se
financer par le biais de l’aide familiale, du crédit commercial ou de la tontine, n’a aucun effet
sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée. Les résultats robustes portant sur les effets
du financement informel, sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée, sont consignés
dans le tableau 4.5. suivant :
Table 4.5 – Financement informel et taux de croissance annuel de la valeur ajoutée : résul-
tats robustes
Aide fam Credit com Tontine
k=1 -0.098 0.057 0.015
Nearest-neighbor matching (-1.41) (0.63) (0.24)
k=3 -0.098 0.057 0.015
(-1.48) (0.63) (0.24)
r = 0.01 -0.098 0.057 0.015
Radius matching (-1.46) (0.61) (0.25)
r = 0.03 -0.098 0.057 0.015
(-1.46) (0.60) (0.25)
Kernel Matching -0.098 0.057 0.015
(-1.47) (0.62) (0.24)
Observations 230 234 229
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

4.2.2. Financement informel et performances sociales des


entreprises : un exposé des résultats robustes
• Financement informel et nombre d’employés recrutés

Les résultats issus des tests de robustesse sur les effets du financement informel sur le
nombre d’employés recrutés, sont consignés dans le tableau 4.6 suivant :

85 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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Table 4.6 – Financement informel et nombre d’employés recrutés : résultats robustes


Aide fam Credit com Tontine
k=1 0.036 -0.476 0.036
Nearest-neighbor matching (0.12) (-0.85) (0.12)
k=3 0.036 -0.476 0.036
(0.12) (-0.91) (0.13)
r = 0.01 0.036 -0.476 0.036
Radius matching (0.12) (-0.93) (0.12)
r = 0.03 0.036 -0.476 0.036
(0.12) (-0.92) (0.12)
Kernel Matching 0.036 -0.476 0.036
(0.12) (-0.91) (0.12)
Observations 230 230 234
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

Pour les entreprises de notre échantillon qui se financent au moyen des tontines et de l’aide
familiale, les résultats précédemment obtenus sont confortés. De manière précise ces estima-
tions attestent que, pour les entreprises de notre échantillon, se financer par le biais de l’aide
familiale, ou de la tontine, n’a aucun effet sur le nombre d’employés recrutés. En revanche,
s’agissant des entreprises qui se financent par le crédit commercial, l’estimateur PSM nous
fournit un résultat différent de celui obtenu par l’estimateur des MCO. Alors que les MCO
laissent croire que le financement par le crédit commercial réduit le nombre d’employés recru-
tés au sein des TPE et PE camerounaises, les résultats obtenus ici attestent que, tout comme
les autres modes de financement informel considérés dans cette étude, le crédit commercial
n’a aucun effet sur le nombre d’employés recrutés au sein des entreprises de notre échantillon.
La différence des résultats réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit
le biais de sélectivité. Le résultat ainsi obtenu se justifie par le fait que, d’après Sorelle et al.,
(2020)[106], les TPE et PE camerounaises qui ont recours au crédit commercial, entretiennent
des relations de confiance avec leurs fournisseurs. De ce fait, ces fournisseurs appliquent des
taux d’intérêts très faibles ou nuls aux entreprises. Celles-ci ne subissent donc pas de coûts liés
à la source de financement, susceptibles de réduire leur capacité de recrutement.

• Financement informel et nombre total d’employés

86 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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Table 4.7 – Financement informel et nombre total d’employés : résultats robustes


Aide fam Credit com Tontine
k=1 0.267 -0.935 -1.162*
Nearest-neighbor matching (0.47) (-0.86) (-1.90)
k=3 0.267 -0.935 -1.162*
(0.47) (-0.90) (-1.86)
r = 0.01 0.267 -0.935 -1.162*
Radius matching (0.46) (-0.89) (-1.85)
r = 0.03 0.267 -0.935 -1.162*
(0.47) (-0.89) (-1.94)
Kernel Matching 0.267 -0.935 -1.162**
(0.46) (-0.91) (-2.01)
Observations 215 215 219
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

Les estimations nous fournissent ici, des résultats différents de ceux obtenus par MCO. A
la place des coefficients positifs et significatifs précédemment obtenus s’agissant des variables
’aide familiale’ et ’crédit commercial’, nous obtenons ici, des coefficients non significatifs. Ces
résultats laissent croire que, se financer par le crédit commercial et l’aide familiale, n’a aucun
effet sur le nombre total d’employés des TPE et PE camerounaises. En outre, contrairement
au coefficient négatif mais non significatif de la variable ’tontine’, observé dans les précédents
résultats, nous obtenons ici des coefficients négatifs et significatifs à 10%, associés à ladite
variable. De manière explicite, les résultats nous fournissent que le financement par la tontine
participe à réduire le nombre total d’employés au sein des entreprises de notre échantillon.
Cette différence réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit le biais de
sélectivité. De ce fait, elle fournit des résultats plus précis. Le résultat obtenu ici se justifie par le
fait que, d’après Fowowe (2017)[36], les petites entreprises qui ont recours au financement par
la tontine, subissent des coûts continuels, du fait des cotisations habituelles. De cette manière,
elles consacrent une grande partie de leur capital, au remboursement de leur emprunt, ce qui
réduit ainsi leur possibilité de payer des employés en grand nombre. D’où le nombre réduit
d’employés rencontrés dans les TPE et PE camerounaises. Le tableau 4.11 ci-dessous présente
les résultats robustes sur le nombre total d’employés.

4.2.3. Financement informel et capacité d’innovation des


entreprises : un exposé des résultats robustes
Les résultats de ces estimations corroborent ceux que nous avons précédemment obtenus.

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Ils attestent de ce fait que seules les TPE et PE camerounaises qui se financent par l’aide fa-
miliale et la tontine sont à même d’innover. Se financer par le crédit commercial, par contre,
n’a aucun effet sur la capacité d’innovation des entreprises de notre échantillon. Les résultats
robustes, portant sur les effets du financement informel sur la capacité d’innovation des TPE et
PE camerounaises, sont consignés dans le tableau 4.8 suivant :

Table 4.8 – Financement informel et Financement informel et capacité d’innovation : ré-


sultats robustes
Aide fam Credit com Tontine
k=1 1.096*** -0.326 0.518*
Nearest-neighbor matching (3.89) (-0.80) (1.80)
k=3 1.096*** -0.326 0.518*
(3.85) (-0.78) (1.82)
r = 0.01 1.096*** -0.326 0.518*
Radius matching (4.05) (-0.80) (1.85)
r = 0.03 1.096*** -0.326 0.518*
(3.74) (-0.80) (1.93)
Kernel Matching 1.096*** -0.326 0.518*
(3.84) (-0.81) (1.90)
Observations 303 303 310
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

Conclusion
En guise de conclusion, l’objectif de ce chapitre était de procéder à un examen empirique sur
la relation entre le financement informel et les performances des TPE et PE camerounaises. Pour
atteindre cet objectif, nous avons trouvé pertinent de procéder premièrement à la sélection des
variables pertinentes à l’analyse des performances des entreprises, par la méthode bayésienne
WALS, afin d’estimer les bons modèles. Nous avons par la suite effectué nos estimations à
l’aide de la méthode des MCO. Pour vérifier la robustesse de nos résultats, nous avons fait le
choix de prendre en compte le biais de sélectivité et l’endogénéité qui existe entre le financement
informel et les indicateurs de performances. Nous avons, pour ce faire, procédé à des estimations
par la méthode d’appariement des scores de propension. Les résultats que nous trouvons nous
renseignent que le financement par l’aide familiale et la tontine, améliore significativement la
capacité d’innovation des entreprises de notre échantillon. Par ailleurs, les entreprises qui se
financent par le crédit commercial, sont moins à même de recruter de nouveaux employés.

88 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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En outre, le nombre total d’employés au sein des TPE et PE camerounaises, est négativement
corrélé au crédit commercial, mais positivement corrélé à l’aide familiale. En ce qui concerne
les performances économiques des entreprises de notre échantillon, nous avons trouvé qu’elles
ne sont pas corrélées au financement informel. En d’autres termes, le fait pour une entreprise, de
se financer de manière informelle, n’a aucun effet sur le taux de croissance annuel de sa valeur
ajoutée.
Ces résultats confortent l’issue de nombreux travaux existant et s’inscrivent en même temps
à l’encontre d’autres. Pour chuter, il est important de relever que les résultats portant sur les
performances économiques et la capacité d’innovation, sont robustes lorsque nous prenons en
compte l’endogénéité. En revanche, s’agissant du nombre d’employés recrutés, tout comme
les autres modes de financement informel considérés dans cette étude, les estimations PSM at-
testent que le crédit commercial n’a aucun effet sur le nombre d’employés recrutés au sein des
entreprises de notre échantillon. De même, pour le nombre total d’employés, contrairement au
coefficient négatif mais non significatif de la variable ’tontine’, observé dans les principaux ré-
sultats, nous obtenons en robustesse, des coefficients négatifs et significatifs à 10%, associés à
ladite variable. Explicitement, nous obtenons que le financement par la tontine réduit le nombre
total d’employés dans les entreprises de notre échantillon. Notons à titre explicatif, que la dif-
férence des résultats réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit le biais
de sélectivité.

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z CONCLUSION GENERALE z

Les TPE et PE camerounaises font face à d’énormes contraintes d’accès au crédit. Pour
contourner cette difficulté, elles ont recours aux sources informelles de financement, qui peuvent
s’avérer préjudiciables. Compte tenu des controverses à la fois théoriques, empiriques et fac-
tuelles sur les effets du financement informel sur les performances des entreprises, ce mémoire
a eu pour objectif principal de faire une évaluation des effets du financement informel sur les
performances des TPE et PE au Cameroun. Cet objectif principal s’est décliné en trois sous
objectifs, entre autres, évaluer les effets du financement informel sur les performances écono-
miques, sociales et sur la capacité d’innovation des entreprises. Pour atteindre ces objectifs,
nous avons structuré ce mémoire en quatre (04) chapitres. Dans le premier, nous avons clarifié
les notions de financement informel et de performances des entreprises, en précisant les dif-
férents indicateurs utilisés pour mesurer ces concepts. Afin d’inscrire la relation financement
informel et performances des entreprises, dans un ancrage théorique, l’objectif du chapitre 2, a
été de présenter dans un premier temps, une revue des débats théoriques et empiriques autour
des effets du financement informel sur les performances des entreprises. Par la suite, il s’est
avéré judicieux de montrer les différents canaux par lesquels transitent les effets du financement
informel sur les performances des entreprises. Le chapitre trois, a consisté en une analyse des
faits stylisés autour des effets du financement informel sur les performances des entreprises,
suivie d’une présentation de la source des données, des variables et de la méthodologie. Le qua-
trième et dernier chapitre quant à lui, portait sur la présentation des principaux résultats et des
résultats robustes.
Plusieurs enseignements théoriques et empiriques ont été relevés dans ce travail. D’un point
de vue théorique, nous retenons deux principaux courants. Le premier, sous-tendu par la théorie
du compromis et la théorie du financement hiérarchique, affirme une relation significative entre
le financement informel et les performances des entreprises. Le second courant, qui relève quant
à lui, un effet non significatif du financement informel sur les performances des entreprises,

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trouve son ancrage théorique dans la théorie de la neutralité de la structure de financement, ini-
tiée par Modigliani et Miller (1958)[79]. La relation directe entre le financement informel et les
performances des entreprises est également discutée dans la littérature empirique. Cette littéra-
ture s’articule autour de deux principaux axes. Le premier relève un effet positif et significatif
du financement informel sur les performances des entreprises, tandis que le second relève un
effet non significatif, voire négatif. En outre, le financement informel affecte les performances
des entreprises par des canaux directs et indirects. Les canaux directs regroupent entre autres,
le canal du taux d’intérêt, le canal des relations personnelles, le canal de l’effet de levier et le
canal des coûts de transaction. Les canaux indirects regroupent quant à eux, les institutions et
l’environnement des affaires.
Dans le but d’estimer les effets du financement informel sur les performances des entre-
prises, nous avons utilisé les Moindres Carrés Ordinaires, précédés d’une sélection des déter-
minants des performance, faite à l’aide d’une analyse bayésienne. Afin de vérifier la robustesse
de nos résultats, nous avons opté pour une approche non paramétrique, dite approche par ap-
pariement des scores de propension. Notre choix a été guidé par son avantage de prendre en
compte à la fois l’hétérogénéité et le biais de sélectivité. S’agissant des variables, nous avons
retenu l’aide familiale, le crédit commercial, la tontine et un indice synthétique des trois va-
riables, comme principales variables d’intérêt. Les données pour capter ces dernières nous ont
été fournies par la base de données construite par le CEREG (2014). Par ailleurs les variables
dépendantes étaient choisies en fonction de l’aspect des performances étudié. S’agissant des
performances économiques, nous avons retenu comme variable, le taux de croissance annuel
de la valeur ajoutée. Pour les performances sociales, nous avons utilisé le nombre d’employés
recrutés par l’entreprise et le nombre total des employés. Enfin, pour la capacité d’innovation,
nous avons construit un indice synthétique, tenant compte des variables comme l’introduction
d’un nouveau produit ou d’une nouvelle technique de production sur le marché, les dépenses
en RD, etc. Conformément la à littérature, nous avons retenu certaines variables de contrôle,
fournies par la même base de données.
Les analyses empiriques, nous ont conduit à trois principaux résultats. S’agissant des per-
formances économiques, l’estimateur des MCO nous indique que le financement informel n’a
pas d’effets significatifs sur le taux de croissance annuel de la valeur ajoutée des TPE et PE ca-
merounaises. De même ce résultat apparait robuste lorsqu’on prend en compte l’existence d’un
biais d’endogénéité entre le financement informel et le taux de croissance annuel de la valeur

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ajoutée. Il est donc opportun de mentionner que ce résultat corrobore l’issue de quelques études
similaires notamment, celle de Degryse et al. (2016)[25] et infirme également d’autres résultats
comme celui trouvé par Rozas (2012)[97]. Par ailleurs ce résultat nous permet également de
valider notre première hypothèse.
En ce qui concerne les performances sociales, les résultats nous indiquent premièrement
que le financement par le crédit commercial participe à réduire le nombre d’employés recrutés,
tandis que les autres modes informels de financement n’ont aucun effet. Ce résultat va dans le
même sens que celui de Ndouna et al. (2017)[83]. La méthode étudiée en robustesse nous a
révélé que, comme pour les autres modes financement informel, le crédit commercial n’a aucun
effet sur le nombre d’employés recrutés. Ce résultat se justifie principalement par la correction
du biais d’endogénéité entre financement informel et performances sociales.
Deuxièmement, nous avons obtenu suite à nos estimations que le financement par aide fami-
liale participe à augmenter le nombre total d’employés, alors que le crédit commercial produit
l’effet opposé. Ce résultat n’est pas nouveau dans la littérature, il corrobore l’issue de quelques
études similaires notamment celles de Selvam et al. (2016)[102]. Par ailleurs, les tests de robus-
tesse nous ont amené à conclure que seul le financement par la tontine affecte le nombre total
des employés d’une TPE ou PE camerounaise. L’effet négatif et significatif au seuil de 10%
obtenu, réside au fait que l’approche PSM corrige l’endogénéité et réduit le biais de sélectivité.
Ces résultats nous permettent de valider notre seconde hypothèse.
Enfin, s’agissant de la capacité d’innovation, l’estimateur des MCO nous indique que le
financement informel (par l’aide familiale et la tontine) a un effet positif et significatif sur la ca-
pacité d’innovation des TPE et PE camerounaises. Ce résultat apparait robuste lorsqu’on prend
en compte l’existence d’un biais d’endogénéité entre le financement informel et la capacité
d’innovation. Il est donc opportun de mentionner que ce résultat va dans le même sens que celui
trouvé par de nombreux auteurs à l’instar de Fowowe (2017)[36] et infirme également d’autres
résultats comme celui trouvé par Ullah (2019)[111]. Par ailleurs ce résultat nous permet égale-
ment de valider notre troisième hypothèse.
Conformément à ces résultats, nous formulons les recommandations suivantes. Première-
ment, les autorités de Politique Economique (PE) du Cameroun doivent exploiter les avantages
de la finance informelle, afin de rendre plus aisé, l’accès au crédit. Ces avantages sont entre
autres, la célérité dans l’octroi du crédit et la flexibilité du crédit. En effet, les autorités de PE
doivent mettre en place des mesures qui visent à simplifier les procédures de traitement des de-

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mandes et d’octroi du crédit, afin de permettre aux TPE et PME d’en bénéficier, pour financer
leurs activités. De plus, les autorités de PE doivent adopter des mesures visant à rendre plus
flexibles les contrats de financement formel, afin de faciliter la négociation directe entre entre-
prises et fournisseurs de crédit et de rendre plus faciles et aisées, les méthodes de recouvrement.
La deuxième recommandation est de mettre sur pied une plateforme permettant de regrouper
d’une part, les fournisseurs des entreprises en termes de crédit (agents à capacité de financement
et acteurs du financement informel) et d’autre part, les TPE et PE ayant besoin de financement.
Cette plateforme va permettre aux TPE et PE de négocier de manière directe et formelle, les
conditions d’endettement avec les différents fournisseurs de crédit, afin de bénéficier du crédit
au taux d’intérêt le plus avantageux, car dans ce cas, le taux d’intérêt sera concurrentiel.

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z ANNEXE z

Table 4.9 – Sélection des déterminants du taux de croissance annuel de la valeur ajoutée
VARIABLES TAUX DE CROISSANCE ANUEL DE LA VALEUR AJOUTEE
(1) (2) (3) (4)
Législation du travail 0.040*
(1.17)
Administration 0.075* 0.054* 0.065* 0.056*
(1.87) (1.42) (1.70) (1.48)
Procédures 0.051* 0.035* 0.040* 0.036*
(1.47) (1.01) (1.06) (1.04)
Telecom -0.048* -0.055*
(-1.18) (-1.36)
Transport -0.063* -0.066* -0.066* -0.070*
(-1.58) (-1.78) (-1.67) (-1.89)
Approvisionnement eau -0.202* -0.180 -0.198* -0.192*
(-1.10) (-0.97) (-1.08) (-1.02)
Qualité eau -0.042* -0.040* -0.042* -0.043*
(-1.16) (-1.08) (-1.14) (-1.15)
Indice 0.010
(0.18)
Aide familiale 0.007
(0.05)
Tontines -0.012
(-0.09)
Crédit commercial 0.116
(0.63)
Constant 0.609* 0.571* 0.626* 0.399
(1.42) (1.14) (1.34) (0.71)
Observations 270 273 275 272
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

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Table 4.10 – Sélection des déterminants du nombre d’employés recrutés


VARIABLES NOMBRE D’EMPLOYES RECRUTES
(1) (2) (3) (4)
Electricité 0.092*
(1.16)
Corruption -0.117* -0.115* -0.112*
(-1.56) (-1.51) (-1.58)
Formation 0.104* 0.110* 0.108*
(1.45) (1.53) (1.45)
Législation 0.127* 0.126* 0.132* 0.137*
(1.62) (1.62) (1.76) (1.78)
Douane 0.058 0.059* 0.059*
(0.97) (1.00) (1.00)
Transport -0.075 -0.072 -0.075 -0.084*
(-0.91) (-0.93) (-0.92) (-1.06)
Approvisionnement eau -1.724*** -1.728*** -1.676*** -1.700***
(-4.27) (-4.29) (-4.21) (-4.27)
Qualité eau -0.095* -0.105* -0.109* -0.103*
(-1.18) (-1.32) (-1.32) (-1.27)
Indice -0.087
(-0.79)
Aide familiale -0.010
(-0.04)
Tontines -0.010
(-0.04)
Crédit commercial -0.676**
(-2.14)
Constant 4.574*** 4.622*** 4.292*** 5.728***
(5.19) (4.61) (4.60) (5.45)
Observations 274 277 279 277
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

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Table 4.11 – Sélection des déterminants du nombre total d’employés


VARIABLES NOMBRE TOTAL D’EMPLOYES
(1) (2) (3) (4)
Cadre politique -0.289* -0.253*
(-1.28) (-1.03)
Eau -0.409* -0.418* -0.416* -0.407*
(-1.48) (-1.61) (-1.56) (-1.50)
Administration -0.450* -0.493** -0.442* -0.472*
(-1.74) (-2.02) (-1.82) (-1.87)
Coût du financement -0.251* -0.204 -0.258*
(-1.01) (-0.84) (-1.04)
Electricité 0.366* 0.379* 0.394* 0.393*
(1.39) (1.52) (1.55) (1.49)
Legislation 0.413* 0.454* 0.467* 0.444*
(1.64) (1.85) (1.93) (1.84)
Procédures 0.251* 0.178 0.245* 0.257*
(1.10) (0.79) (1.10) (1.14)
Sécurité -0.394* -0.420* -0.359* -0.434*
(-1.50) (-1.71) (-1.41) (-1.67)
Telecom 0.413* 0.510* 0.430* 0.368*
(1.34) (1.71) (1.51) (1.26)
Approvisionnement eau -2.880** -3.021*** -2.927*** -2.967***
(-2.57) (-2.81) (-2.70) (-2.66)
Indice -0.050
(-0.16)
Aide familiale 1.494*
(1.93)
Tontines -0.365
(-0.52)
Crédit commercial -1.515*
(-1.62)
Constant 10.213*** 7.928*** 10.934*** 13.239***
(4.23) (2.88) (4.14) (4.40)
Observations 249 251 254 251
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

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Table 4.12 – Sélection des déterminants de la capacité d’innovation


VARIABLES CAPACITE D’INNOVATION
(1) (2) (3) (4)
Cadre politique -0.245*** -0.271*** -0.246*** -0.270***
(-3.00) (-3.39) (-3.04) (-3.24)
Accès financement 0.295*** 0.282*** 0.300*** 0.311***
(3.17) (3.07) (3.22) (3.29)
Coût financement -0.250*** -0.236*** -0.270*** -0.266***
(-2.74) (-2.61) (-2.95) (-2.88)
Sécurité 0.200** 0.235*** 0.217*** 0.209**
(2.38) (2.84) (2.63) (2.44)
Indice 0.352***
(3.11)
Aide familiale 1.128***
(4.27)
Tontines 0.448*
(1.83)
Crédit commercial -0.186
(-0.56)
Constant -0.155 -2.119*** -0.894* 0.188
(-0.53) (-3.97) (-1.85) (0.28)
Observations 367 370 374 370
NOTES : les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart types. * P< 0.10 ; ** P < 0.05 ; *** P < 0.01
indiquent les seuils de significativité des différents coefficients.Il s’agit respectivement de 10%, 5% et 1%.

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107 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

z Table des matières z

Sommaire I

Déclaration sur l’honneur II

Dédicace III

Remerciements IV

Liste des figures V

Liste des tableaux VII

Liste des sigles et abréviations VIII

Résumé IX

Abstract X

INTRODUCTION GENERALE 1

108 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


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FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

Chapitre 1 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-


TREPRISES : LES ENSEIGNEMENTS DE LA LITTÉRATURE THEORIQUE
10
1.1 Financement informel et performances des entreprises : un examen theorique
des concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.1.1 Financement informel : definition, typologie et mesures . . . . . . . . . 11
1.1.2 Performances des entreprises : definition, typologie et mesures . . . . . 14
1.2 Les déterminants des performances des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.1 Les déterminants socioeconomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.2 Les determinants lies aux institutions et a l’environnement des affaires . 21

Chapitre 2 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-


TREPRISES : LES FONDEMENTS 25
2.1 Performances des entreprises : revue des debats sur le role de la finance informelle 25
2.1.1 Débats théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.1.2 Financement informel et performances des entreprises : les controverses
empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.2 Financement informel et performances des entreprises : un exposé des canaux
de transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.2.1 Les canaux directs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.2.2 Les canaux indirects . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Chapitre 3 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-


TREPRISES : FAITS STYLISES ET STRATREGIE EMPIRIQUE 38
3.1 Financement informel et performances des TPE et PE au Cameroun : un examen
par les faits stylisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.1.1 Financement informel et performances socioéconomiques : les faits sty-
lisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.1.2 Financement informel et capacité d’innovation : les faits stylisés . . . . 49
3.2 Méthodologie et technique d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

109 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


MASTER II ENSPY/CETIC 2019-2020 c MMEF
FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

3.2.1 Analyse des effets du financement informel sur les performances des
entreprises : stratégie empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.2 Financement informel et performances des entreprises : les variables . . 54
3.2.3 Financement informel et performances des entreprises : description des
techniques d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

Chapitre 4 FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES EN-


TREPRISES : UNE ANALYSE ECONOMETRIQUE 63
4.1 Financement informel et performances des entreprises au Cameroun : les résul-
tats économétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.1.1 Financement informel et performances économiques des TPE et PE Ca-
merounaises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.1.2 Financement informel et performances sociales des TPE et PE Came-
rounaises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.1.3 Financement informel et capacité d’innovation des TPE et PE Came-
rounaises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.2 Financement informel et performance des entreprises camerounaises : robus-
tesse des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
4.2.1 Financement informel et performances économiques des entreprises :
un exposé des résultats robustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.2.2 Financement informel et performances sociales des entreprises : un ex-
posé des résultats robustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.2.3 Financement informel et capacité d’innovation des entreprises : un ex-
posé des résultats robustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

CONCLUSION GENERALE 90

Annexes 94

Références bibliographiques 97

110 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


MASTER II ENSPY/CETIC 2019-2020 c MMEF
FINANCEMENT INFORMEL ET PERFORMANCES DES TPE ET PE AU CAMEROUN

Table des matières 111

111 KOUANTAN AKONO Johnson Godlove


MASTER II ENSPY/CETIC 2019-2020 c MMEF

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