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MIROIR, IMAGE SPÉCULAIRE ET PERSPECTIVES

THÉRAPEUTIQUES EN MÉDECINE PHYSIQUE


ET DE RÉADAPTATION
Jean-Marie Beis, Mathilde Sauvée, Diana Mignard, Loïc Le Chapelain, Jean Paysant, Jean-
Marie André

John Libbey Eurotext | « Revue de neuropsychologie »

2010/3 Volume 2 | pages 244 à 248

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Jean-Marie Beis et al., « Miroir, image spéculaire et perspectives thérapeutiques en médecine
physique et de réadaptation », Revue de neuropsychologie 2010/3 (Volume 2), p. 244-248.
DOI 10.3917/rne.023.0244
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Dossier
Rev Neuropsychol

2010 ; 2 (3) : 244-8 Miroir, image spéculaire


et perspectives thérapeutiques
en médecine physique
et de réadaptation
Mirror, mirror image, theoretical
and rehabilitative implications

La reconnaissance du corps dans le miroir constitue une


Jean-Marie Beis1, Mathilde Sauvée2, Résumé
Diana Mignard1, Loïc Le Chapelain1, étape importante dans l’élaboration des représentations
Jean Paysant3, Jean-Marie André3 du corps. Si l’existence de comportements anormaux dans les espaces spéculaires est classi-
1
quement décrite chez patients les cérébrolésés, les caractéristiques de ces conduites peuvent
Institut régional de médecine physique

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et de réadaptation,
être dissociées de celles rencontrées en cas de non-reconnaissance des objets ou lors d’un
Centre de médecine physique défaut de traitement des informations visuelles et constituer des syndromes distincts. L’utili-
et de réadaptation, Lay-St-Christophe sation thérapeutique des informations spéculaires a été proposée initialement dans le traite-
<jeanmarie.beis@irr.u-nancy.fr>
2 ment des douleurs fantômes de l’amputé. Le traitement par le feed-back visuel du miroir a été
Service de neurologie,
Hôpital central, CHRU de Nancy utilisé avec le même succès dans un contexte de douleur chronique. Plusieurs études récentes,
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Institut régional de médecine physique contrôlées suggèrent que la thérapie du miroir (TM) chez le patient hémiplégique améliore la
et de réadaptation, Nancy récupération motrice, l’utilisation de l’espace et les fonctions de l’hémicorps paralysé. Les indi-
cations de la TM sont discutées à la lumière de ces travaux et des mécanismes supposés sur le
rôle des informations spéculaires. Le recours à un miroir pourrait en effet, par l’image inversée
renvoyée, forcer l’activation d’un membre déficitaire ou créer l’illusion de mouvement et, par
conséquent, l’évolution éventuellement constatée viendrait souligner le rôle de l’activité
comme agent médiateur de la plasticité du système nerveux central.
Mots clés : accident vasculaire cérébral • feed-back • image spéculaire • self • thérapie du miroir

Abstract Recognition of the body in a mirror is an essential step


in the development of body representations. Abnormal
behaviours in specular space are classically described in brain – damaged patients. The
features of these behaviours can be dissociated from those encountered in non recognition
of objects or in defect in visual data processing and build up distinct syndromes. Thera-
peutic use of specular information was first proposed in the management of phantom pain
in amputees. Treatment using visual feedback from a mirror was performed successfully in
case of chronic pain as well. Several recent controlled studies suggest that mirror therapy
(MT) in hemiplegic patients, improves motor recovery, the use of space, and the functions
of the palsied hemibody. Indications of MT are discussed in the light of these studies and
assumed physiopathological mechanisms on the role of specular information. Using a
mirror and the inverted image it reflects, could force the activation of a deficient limb or
create the illusion of movement. Therefore, the consecutive potential symptomatic and
functional changes, could emphasize the role of activity as a mediator of the central
doi: 10.1684/nrp.2010.0092

nervous system plasticity.

Key words: stroke • feedback • mirror image • self • mirror therapy

Correspondance :
J.-M. Beis

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n minéralogie, les pierres qui réfléchissent la lumière miroir », la main heurte le miroir. Les patients tentent de
sont qualifiées de spéculaires. Encore appelées saisir l’objet dans le miroir confondant l’image réfléchie
« miroirs d’âme » par les Anciens, elles ont donné de l’objet avec l’objet réel [3]. Dans « l’ataxie au miroir »,
naissance à la science spéculaire (« specularis » de les patients cherchent aussi d’abord l’objet dans le miroir,
« speculum » : miroir), celle qui enseigne à faire des miroirs. mais deviennent rapidement capables sur incitation de
Le miroir a étendu ses pouvoirs bien au-delà des simples l’examinateur de guider leur bras vers l’objet réel [3].
qualités de réflexion qui le définissent, comme peuvent en Chez des patients héminégligents gauches ou droits, l’étude
témoigner la magie, la littérature, et plus récemment la psy- des capacités d’identification de la qualité spéculaire des
chologie. L’image spéculaire et l’expérience du miroir jouent informations visuelles à l’aide de deux types de miroir,
ainsi un rôle déterminant dans la construction du schéma conventionnel et inversé (figure 1) montre que ces patients :
corporel. Entre six et dix-huit mois, l’enfant acquiert une – négligent l’espace contralésionnel et saisissent
représentation visuelle de son propre corps grâce au miroir correctement l’objet dans l’espace ipsilésionnel (condition
et à son image dans le miroir (image spéculaire). À la diffé- miroir conventionnel) ;
rence des animaux, il appréhende progressivement son – négligent l’espace ipsilésionnel et effectuent
image spéculaire, non seulement comme un simple reflet, correctement la saisie d’objet dans l’espace contralésionnel
mais aussi comme un symbole. La reconnaissance du corps (condition miroir inversé) [4].
propre dans le miroir est définitivement établie lorsque De plus, ces patients n’effectuent que des déplacements
l’enfant est capable d’associer l’espace visuel et l’espace horizontaux du membre supérieur dans l’espace sain et dans
kinesthésique, lorsqu’il perçoit l’unité dynamique existant l’espace négligé. En revanche, les témoins utilisent des
entre son propre mouvement et l’image de celui-ci [1]. « indices », comme les corrections de la position et de la tra-
jectoire de la main. Ces corrections sont centrées sur l’objet.
Les inversions et les désorientations droites/gauches existent
Troubles du traitement des informations également face aux miroirs chez le sujet normal et sont rapi-

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spéculaires et lésions cérébrales dement identifiées et corrigées. Elles peuvent être majeures
chez le patient cérébrolésé droit et aboutir à des hypokinésies
Différents troubles du comportement sont rapportés directionnelles [5] et à des inversions multidirectionnelles
chez les patients cérébrolésés droits, mais aussi gauches, droite/gauche, avant/arrière, haut/bas suggérant l’existence
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lors de l’utilisation de miroirs. Si certains avaient déjà été d’un syndrome de Gerstmann spéculaire incomplet [6].
évoqués par Critchley [2], les troubles spéculaires n’ont Mirror self-misidentification, asomatognosia and perso-
été isolés et analysés que récemment. Dans « l’agnosie au nal confabulation constituent des entités spécifiques et elles

Miroir conventionnel Miroir inversé

D G

D D

G G

Figure 1. Miroir conventionnel et inversé. Avec le miroir conventionnel, l’hémicorps gauche se reflète dans la moitié gauche du miroir. Avec le miroir
inversé, l’hémicorps gauche se reflète dans la moitié droite du miroir.

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sont interprétées comme des exemples de perturbation liés Miroir thérapie, images spéculaires
au « self » [7]. Verret et Lapresle [8] rapportent le cas d’une
patiente présentant un syndrome d’Anton-Babinski qui et médecine physique
reconnaît son membre supérieur gauche à l’aide de sa et de réadaptation (MPR)
main droite, mais nie l’existence de ce dernier dès qu’elle
le voit directement. En revanche, placée devant un miroir Le recours à un miroir peut, par l’image inversée
conventionnel, la patiente identifie à nouveau normale- renvoyée, être mis à profit pour créer des leurres sensoriels
ment son membre. Les auteurs évoquent à l’origine de ce ou forcer l’activation (motor copy strategy) du membre
comportement l’hypothèse d’une résurgence à l’âge adulte déficitaire chez l’hémiplégique présentant un déficit sensi-
de la dualité de l’image visuelle du corps, directe ou réflé- tivomoteur ou une négligence spatiale, et par conséquent
chie, telle qu’elle est normalement vécue par le jeune être utilisé pour la rééducation. Depuis l’observation
enfant avant 18 mois. L’asomatognosie spéculaire décrite originale de Ramachandran et Rogers-Ramachandran
chez l’hémiplégique gauche se caractérise par l’apparition [10], l’utilisation des images spéculaires prend une place
d’une hémiasomatognosie, chez des patients cérébrolésés de plus en plus importante en médecine physique et de
droits lorsqu’ils s’observent dans un miroir alors que l’hémia- réadaptation (MPR), et plus particulièrement dans le champ
somatognosie initiale, quand elle existait, avait disparu [9]. de la neuroréhabilitation [16]. Le nombre de patients AVC
Ces troubles doivent être rapprochés des illusions cor- améliorés par le feed-back visuel du miroir conventionnel
porelles ou des modifications de perceptions sensorielles du membre supérieur paralysé est plus important que le
ou sensorimotrices générées par les manipulations visuelles nombre de patients témoins qui utilisent du plexiglas,
induites par un miroir [10] et aussi par un écran [11], chez l’image spéculaire pouvant alors jouer un rôle dans le
les amputés (membre fantôme, douleurs d’un membre « désapprentissage » d’une dysplasticité à l’origine d’une
amputé), chez les sujets présentant un syndrome activité anormale du membre atteint (reverse elements of
douloureux régional complexe (type 1) [12] et chez les learned disuse) [17]. Une amélioration des scores de

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patients cérébrolésés droits ayant des troubles du schéma l’échelle de Fugl-Meyer, de la force musculaire et de la dex-
corporel. Les illusions de mouvements de la main contralé- térité est décrite chez l’hémiplégique après trois à quatre
sionnelle chez le cérébrolésé droit, présentant des troubles semaines d’entraînement par la thérapie du miroir (TM)
du schéma corporel et effectuant des mouvements avec la [18]. L’hypothèse d’un lien entre TM et image mentale
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main ipsilésionelle en n’utilisant que des informations motrice est suggérée, le miroir créant un feed-back visuel
spéculaires fournies par un miroir [13], ou les illusions de positif de l’action imaginée avec le segment paralysé, une
mouvements chez les sujets désafférentés [11] constituent inversion droite-gauche et vice-versa de la main via un
des exemples remarquables. miroir entraînant une activation corticale ipsilatérale.
Ces phénomènes spéculaires suggèrent à la fois l’exis- En d’autres termes, l’utilisation réelle de la main droite, per-
tence de traitements spécifiques des informations spéculai- çue comme une main gauche virtuelle, aboutit à une acti-
res et la génération de représentations spéculaires portant vité additionnelle de l’hémisphère droit (et vice et versa)
sur l’espace et sur le corps [6, 9]. Plusieurs mécanismes spécifiquement dans les régions occipitales, pariétales et
sous-tendent leur survenue : plus particulièrement le précuneus [19]. Yavuzer et al.
– non-reconnaissance du ou des miroir(s) ou des pro- [20] rapportent les résultats d’une étude randomisée,
priétés de l’objet-miroir et non-déclenchement des procé- contrôlée, évaluant les effets potentiels de la TM sur la
dures spécifiques de traitement des informations réfléchies ; main paralysée de l’hémiplégique. Quarante patients sont
– renvoi d’un objet de l’espace proche péripersonnel inclus dans un protocole d’amélioration de la fonction du
dans l’espace lointain extrapersonnel [14] ; membre supérieur, impliquant des mouvements simultanés
– synesthésies et conflits d’informations entre les infor- de flexion, extension du coude, des deux bras. Durant le
mations visuelles fournies par le miroir et les informations traitement, la moitié des patients regardent leur membre
visuelles directes ou d’autres origines sensorielles [10, 13] ; sain qui se reflète dans un miroir placé verticalement,
– « cross modal extinction » [15] ; l’autre moitié est incluse dans une condition témoin qui uti-
– incapacités d’utilisation de l’image du corps dans lise un leurre en plexiglas. Les deux groupes effectuent le
l’action et plus spécifiquement des images construites à même programme de rééducation, la seule différence étant
partir des informations spéculaires durant l’enfance et la nature du signal visuel d’entrée. Une différence significa-
déterminantes pour la création des représentations du tive entre les deux groupes est retrouvée pour les stades de
corps, à l’origine de véritables agnosies, apraxies ou récupération de Brunnstrom et les subscores de la mesure
négligences spéculaires. d’incapacité fonctionnelle (soins personnels) [MIF] [21].
Ces troubles, qui évoluent dans le temps et tendent à La spasticité n’est pas modifiée. Un résultat identique est
disparaître ou à s’estomper, pourraient aussi traduire des retrouvé chez le membre inférieur du patient hémiplégique
dissociations conflictuelles d’informations, en rapport avec après quatre semaines de TM, les scores de l’échelle modi-
la mise en jeu progressive des adaptations de procédures de fiée d’Asworth restant en revanche inchangés [22]. Parmi
reconstruction et de réorganisation des représentations les mécanismes évoqués à l’origine de l’effet thérapeutique
internes du schéma corporel et des espaces spéculaires. des images spéculaires, le travail des membres supérieurs

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ou inférieurs en mode bilatéral pourrait stimuler spécifique- ressentie du membre controlatéral n’est pas identique
ment certaines voies neuronales (voies corticospinales ipsi- dans une condition feed-back visuel via un miroir conven-
latérales, projections corticales vers le tronc cérébral), ou tionnel (ou inversé), versus la condition vision directe [27].
l’hémisphère lésé à travers le corps calleux et faciliter la Cette observation illustre les limites du clivage classique
récupération de la fonction du membre paralysé [23]. entre input sensoriel et output moteur et pose la question
Dohle et al. [24], dans une étude contrôlée et randomisée, du (ou des mécanismes) à l’origine des effets postmiroir spé-
rapportent une évolution positive (non significative) des cifiquement dans le domaine de certaines maladies neuro-
subscores de l’échelle de Fugl-Meyer pour le membre supé- logiques. Le feed-back visuel du miroir « anime » le mem-
rieur chez 36 patients hémiplégiques vasculaires. Dans le bre paralysé de manière à ce qu’il bouge comme avant,
sous-groupe de 25 patients présentant une paralysie com- l’image spéculaire créant une illusion visuelle d’améliora-
plète de l’extrémité distale du membre supérieur contralé- tion des capacités de mouvement du membre paralysé. En
sionnel, la TM a un effet significatif sur les mouvements des d’autres termes, l’image du mouvement d’un membre para-
doigts. Le subscore explorant la sensibilité tactile est signifi- lysé dans un espace virtuel pourrait modifier les fonctions
cativement augmenté par rapport au groupe témoin. Enfin, de ce dernier dans l’espace réel. Chez le sujet sain, l’activité
chez 20 patients héminégligents gauches, les scores obte-
du cortex moteur primaire (M1) ipsilatéral lors d’un mouve-
nus lors de la passation de la batterie d’évaluation de la
ment de la main du même côté est augmentée par le
négligence (BEN) [25] sont significativement améliorés par
recours à un feed-back visuel du mouvement, à l’aide
le feed-back visuel du miroir. L’originalité de ce travail est
d’un miroir, de cette même main [28]. Une activation de
de montrer les bénéfices de la TM sur les trois composantes
M1 et du cervelet est retrouvée chez deux patients ayant
déficitaires de l’hémiplégie, motrice, sensorielle et atten-
récupéré de leur hémiplégie après plusieurs séances de
tionnelle. L’amélioration de la motricité de la main par la
TM constitue une alternative intéressante de la thérapie du TM [29]. Pour certains, les effets de la TM sont attribués
mouvement induit par la contrainte (Constraint-Induced aux neurones miroirs, neurones bimodaux visuomoteurs

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Movement Therapy: CIMT), car elle s’adresse à des patients situés dans l’aire prémotrice, activés durant l’image mentale
présentant une atteinte complète du segment distal du du mouvement, l’observation et la réalisation de l’action, et
membre supérieur par opposition à la CIMT qui suppose pouvant intervenir dans l’apprentissage moteur par imita-
la préservation d’une motricité minimale. La TM pourrait tion (intent to initiate or stimulation to simulation) [30].
Dohle et al. [19] suggèrent que certaines aires pariétales
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alors constituer le traitement de référence en phase initiale


de l’hémiplégie et ensuite être relayée par la CIMT [16]. postérieures et visuelles, et plus particulièrement le précu-
La TM peut être aussi interprétée, comme une technique neus (aire V6), support des réseaux neuronaux impliqués
de manipulation sensorielle et par conséquent leurrer les dans la représentation mentale du self, jouent également
procédures de traitement sensoriel et entraîner des modifi- un rôle déterminant.
cations substantielles des sensations tactiles. La présence
du miroir semble renforcer la prise de conscience de Les effets thérapeutiques du miroir sont possiblement
l’espace négligé lorsqu’il est placé dans l’espace ispsilé- basés sur le constat que l’illusion visuelle déclenchée par
sionnel [26], ou constituer un stimulus visuel efficient les actions réalisées par le patient lui-même permet l’exé-
lorsque le miroir se trouve dans l’espace négligé [24]. cution « normale » de ces actions, le patient étant en
L’application régulière et récurrente de ce stimulus chez quelque sorte leurré par les mouvements de son corps
l’hémiplégique pourrait faire régresser la négligence et, propre. Ces illusions du mouvement ou images du mouve-
par voie de conséquence, favoriser la récupération motrice ment dans l’espace spéculaire, que l’on pourrait analyser
et sensitive. comme un espace virtuel, pourraient prévenir ou au
mieux réduire l’apprentissage d’inactivité du membre

Interactions entre vision, mouvement


paralysé (learned non use) dans l’espace réel. ■
et image spéculaire
Conflit d’intérêts
Chez le sujet sain, la typologie des mouvements d’un
membre supérieur superposé optiquement sur la position Aucun.

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