NEUROPSYCHOLOGIE ET STIMULATION

Francis Eustache

John Libbey Eurotext | « Revue de neuropsychologie »

2012/2 Volume 4 | pages 75 à 76

ISSN 2101-6739
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Francis Eustache, « Neuropsychologie et stimulation », Revue de neuropsychologie 2012/2
(Volume 4), p. 75-76.
DOI 10.3917/rne.042.0075
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 Éditorial
Rev Neuropsychol
2012 ; 4 (2) : 75-6 Neuropsychologie et stimulation
C
Pour citer cet article : Eustache F. e numéro de la Revue de neuropsy-
Neuropsychologie et stimulation. chologie aborde un concept de plus
Rev Neuropsychol 2012 ; 4 (2) : 75-6
en plus omniprésent dans notre dis-
doi:10.1684/nrp.2012.0217
cipline, celui de stimulation, que celle-ci
soit « cognitive » ou « cérébrale ». Un dos-
sier composé de six articles, coordonné par
Sylvane Faure, et issu des Journées de prin-
temps de notre société qui se sont tenues à
Nice en 2011, est consacré à ce sujet. Ce
concept de stimulation, aux contours flous,
prend, de façon pragmatique, une signifi-
cation de plus en plus précise, à la lumière
de différentes approches et techniques
disponibles : de la simple « stimulation ver-
bale et motrice dans les démences sévères »
à la stimulation magnétique transcrânienne
et à la stimulation cérébrale profonde, pour
aller du non invasif au plus invasif. Outre
ce dossier, deux articles placés à la fin
du numéro abordent aussi la notion de
stimulation cognitive, que celle-ci soit uti-
lisée dans la maladie d’Alzheimer ou « tout
au long de la vie », rejoignant ainsi les
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concepts de plasticité et de réserve céré-
brale et cognitive. L’exemple des pratiques
artistiques, et notamment musicales, est
particulièrement intéressant car, même si
leurs mécanismes d’action restent pour une
large part mystérieux, force est de constater
qu’elles modifient la structure et le fonc-
tionnement du cerveau, et que leurs vertus
thérapeutiques s’observent même chez des
individus aux prises avec des déficits cog-
nitifs sévères.
Les méthodes de stimulation magné-
tique transcrânienne sont considérées
comme des méthodes non invasives de
neurostimulation ; les textes suivants en
dressent un panorama et en fournissent plu-
sieurs exemples. L’un des intérêts de cette
approche est qu’elle a trouvé une place
originale en neurosciences cognitives tout
en développant des applications originales
doi: 10.1684/nrp.2012.0217
dans différentes pathologies neuropsychia-
triques.
La stimulation corticale directe a été
mise au point par le neurochirurgien Wil-
der Penfield dans les années cinquante,
à l’Institut neurologique de Montréal. J-F
Démonet et collaborateurs nous exposent,
dans ce dossier, son application moderne
REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
lors des chirurgies des tumeurs cérébrales,
en en soulignant les intérêts cliniques et
fondamentaux, pour la connaissance des
fonctions du langage.
Après la stimulation corticale de sur-
face, la stimulation cérébrale profonde a été
mise au point par l’équipe du Pr Alim-Louis
Benabid à l’université de Grenoble, origi-
nellement pour le traitement de différents
symptômes de la maladie de Parkinson. On
estime actuellement à 30 000 le nombre
de patients ayant bénéficié de ce type de
thérapeutique qui s’étend aujourd’hui à dif-
férentes pathologies neuropsychiatriques.
L’article de D. Fontaine et collaborateurs,
dans ce numéro, est particulièrement inté-
ressant. Il rapporte une découverte fortuite
réalisée chez un patient traité par stimu-
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lation de l’hypothalamus pour soigner une
obésité morbide. Ce traitement, et notam-
ment la stimulation de la partie ventrale
de l’hypothalamus, qui entraîne une acti-
vation du circuit de Papez, déclenche des
rappels de souvenirs autobiographiques et,
à plus long terme, une amélioration des
performances mnésiques. Ce premier résul-
tat a favorisé la mise en place d’études
structurées dans les stades précoces de la
maladie d’Alzheimer, qui montrent notam-
ment, de façon objective, une amélioration
du métabolisme cérébral chez les patients
traités. Il est bien sûr trop tôt pour éva-
luer la place que prendront ces techniques
de stimulation cérébrale profonde dans les
thérapeutiques de la maladie d’Alzheimer,
mais ces résultats sont d’ores et déjà
très impressionnants. Par exemple, d’autres
études sont actuellement en cours utili-
sant une stimulation du noyau basal de
Meynert.
À quelques semaines d’intervalle, plu-
sieurs congrès récents ont mis sur le devant
de la scène ces différentes techniques
de stimulation cognitive et cérébrale, tout
particulièrement le premier congrès euro-
péen de stimulation cognitive qui s’est
tenu à l’université de Dijon, mais aussi
la réunion francophone sur la maladie
d’Alzheimer et les syndromes apparentés,
à Toulouse, et les Journées de printemps de
notre Société, à Bordeaux. Ainsi, pour le
75
 Éditorial
neuropsychologue, se tenir informé de ces progrès majeurs clinique, ce qui accroît également la nécessité d’intégrer et
et rapides est aujourd’hui indispensable, la réflexion de toujours mettre en avant la dimension éthique qui doit
s’appliquant au concept même de stimulation et à ses rester au cœur de ces prises en charge.
aspects méthodologiques et technologiques. Au-delà de sa
contribution au diagnostic, notre discipline est amenée à Francis Eustache
s’impliquer de plus en plus dans le soin, que ce soit dans Rédacteur en chef
le cadre de programmes de recherche ou dans la pratique Juin 2012

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