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TIAC
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Figure 3. Nombre de Tiac déclarées aux ARS et/ou DD(CS)PP selon le lieu du repas
France, 2006-2020.
En bleu est représenté le nombre de Tiac lié à de la restauration commerciale ; en jaune celui lié à la restauration familiale ; en violet,
la restauration en institut médico-social ; en rose, la restauration scolaire ; en bleu clair, la restauration d’entreprises ; en vert,
la restauration dans les autres collectivités. [1].
L’évolution du pourcentage de Tiac selon le micro-organisme incriminé et l’année de survenue de la Tiac est représentée par un code
couleur. La courbe en bleu clair représente le pourcentage de Tiac associées à Salmonella ; en jaune, le pourcentage de Tiac associées
à Bacillus cereus ; en bleu, les Tiac associées à Clostridium perfringens, en bleu moyen, les Tiac associées à la présence d’histamine ;
en orange, les Tiac associées à Staphylococcus aureus ; en rouge, les Tiac associées aux virus ; en vert, les Tiac associées à d’autres
agents pathogènes. [1].
Figure 5. Tiac déclarées aux ARS et/ou DD(CS)PP en fonction du mois de survenue, pour les
principaux agents en cause, confirmés ou suspectés – France, 2020.
L’évolution du nombre de Tiac en fonction du micro-organisme incriminé est représentée par un code couleur. La courbe en jaune
représente le nombre de Tiac associées à Bacillus cereus ; en rose, les Tiac associées à Salmonella ; en bleu, les Tiac associées à Clostri-
dium perfringens ; en vert, les Tiac associées aux virus entériques ; en orange, les Tiac associées à Staphylococcus aureus. [1].
confirmée sur le plan microbiologique dans l’aliment hémorragiques, affections intestinales accompagnées
incriminé ou chez au moins une des personnes malades. de crampes et de douleurs abdominales, des diarrhées
Comme cité précédemment, divers agents patho- liquides d’abord et sanguinolentes ensuite, accompa-
gènes peuvent être en cause dans le cas d’une Tiac. gnées ou non de faibles fièvres. L’apparition des
Ces bactéries sont d’abord suspectées en fonction symptômes peut prendre de 2 à 12 jours et durent
de la durée d’incubation, du type de symptômes et 5 à 12 jours. De 5 à 10 % des sujets atteints de colite
des aliments incriminés. Nous décrivons ci-dessous hémorragique peuvent développer un syndrome
les principaux agents et leurs symptômes. hémolytique et urémique (SHU), principalement chez
les jeunes. En cas de micro-angiopathie thrombotique
Les bactéries à action invasive (MAT), la létalité chez les personnes âgées atteint 50 %
engendrant des infections et provoque des insuffisances rénales chroniques chez
50 % des survivants du SHU. Les principaux aliments
Salmonella mis en cause sont la viande hachée de bœuf insuffi-
Les Salmonella [3] sont des entérobactéries, bacilles samment cuite, les produits laitiers non pasteurisés, les
Gram négatif, anaérobie facultatif, mobiles. Le genre végétaux crus (salade, jeunes pousses de radis blancs,
Salmonella comporte deux espèces (S. enterica et S. bon- graines germées) ou les produits d’origine végétale non
gori), l’espèce S. enterica étant elle-même divisée en pasteurisés (jus de pomme), l’eau de boisson. On note
six sous-espèces (enterica, salamae, arizonae, diarizonae, une recrudescence des Tiac liée à la consommation de
houtenae et indica) sur la base de critères phénotypiques. végétaux et d’eau ces dernières années.
Les Tiac se transmettent à 95 % par voie digestive.
Les symptômes sont des vomissements et diarrhées
Campylobacter jejuni ou coli
importantes, accompagnés de fièvre pouvant appa-
Campylobacter [6] est une bactérie microaérophile,
raître de 48 heures à trois jours après la contami-
asporulée et à Gram négatif appartenant à la famille
nation. L’évolution est le plus souvent favorable en une
des Campylobacteraceae. Il s’agit d’un bacille mobile
huitaine de jours, sauf pour des personnes de santé
de forme spiralée, présentant des résistances aux
fragile, et ne nécessite majoritairement pas de traite-
antibiotiques, particulièrement aux fluoroquinolones,
ments antibiotiques.
aux macrolides, au triméthoprime, aux bêta-lactamines,
Les aliments associés au risque le plus élevé sont la
ainsi qu’à la tétracycline, aux quinolones et à la
viande, la volaille, les produits laitiers et les produits à
kanamycine.
base d’œufs.
La campylobactériose entraine la gastro-entérite
(apparition entre un et huit jours), dont le symptôme
Listeria le plus courant est une diarrhée (parfois sanglante)
Listeria monocytogenes [4] est un coccobacille à Gram d’une durée de deux à dix jours. On observe égale-
positif, aéro-anaérobie facultatif, mobile (immobile ment des douleurs abdominales modérées à graves, de
à 37 °C) et psychrotrophe. La listériose se présente la fièvre, des malaises, des nausées et des vomissements.
sous deux formes : invasive et non invasive. Les formes
Les symptômes disparaissent généralement après une
non-invasives sont rares : ce sont essentiellement des
semaine environ, mais entre 5 et 10 % des patients
gastroentérites fébriles. Dans les formes invasives on
non traités subiront une rechute et 0,1 % d'entre eux
distingue deux types, les formes materno-néonatales
développeront un syndrome de Guillain-Barré avec des
avec apparition des symptômes entre 14 et 88 jours
risques de séquelles neurologiques (15 à 22 % des cas).
(médiane : 28 jours) et les formes neuro-méningées
Du fait de l’existence de réservoirs animaux et des
avec apparition entre 2 et 19 jours (médiane : 10 jours)
transferts de contamination, beaucoup de catégories
Dans les cas de listérioses invasives, les taux de
d’aliments (y compris l’eau) peuvent être contaminées,
mortalité varient entre 20 et 30 %.
toutefois les viandes (volaille et porc) ainsi que le lait
La transmission par voie alimentaire est de loin
restent les principaux aliments mis en cause.
la transmission la plus importante (99 % des cas).
La bactérie étant ubiquitaire, les aliments à risque de
contenir cette bactérie sont nombreux : produits laitiers,
Les bactéries toxinogènes
carnés ou végétaux avec une certaine prédominance Bacillus cereus
pour les fromages, charcuteries et produits de saurisserie. Les souches de B. cereus [7] sont des bacilles à Gram
positif, anaérobie facultatif, mobiles et capables de former
Escherichia coli entérohémorragique (EHEC) des endospores. Le bacille peut produire six types de
Les escherichia coli (E. coli) [5] sont des bacilles à toxines, à savoir cinq entérotoxines et une toxine émé-
Gram négatif, mobile, aéro-anaérobie produisant une tique, qui peuvent être thermostables (émétique) ou
vérotoxine (VT) et/ toxine de Shiga (VT/STx) de thermolabiles (entérotoxines), selon les souches.
deux types (VT1/Stx1 et VT2/Stx2). Les Tiac déclenchées B. cereus est responsable d’intoxications alimentaires
par cette bactérie peuvent provoquer des colites spontanément résolutives (24 heures) de deux types
Ces contaminations peuvent évidemment être ponc- L’amplification isotherme partage avec la PCR/qPCR
tuelles ou persistantes, très localisées ou bien large- l’amplification spécifique d’un ou plusieurs marqueurs
ment dispersées dans les outils de production. Des moléculaires de l’ADN de la bactérie ciblée. Cependant
outils rapides et performants sont donc nécessaires cette technique s’effectue à température constante et
pour identifier précisément le contaminant ainsi que ne nécessite pas de thermocycleur. Ainsi, elle présente
la source de contamination. un fort potentiel pour le développement de dispositifs
portables de terrain, dans le cadre de diagnostics molé-
Milieux chromogéniques culaires d’agents pathogènes.
La PFGE (Pulsed-field gel electrophoresis) est une
Les milieux chromogéniques sont utilisés pour la mise technique basée sur l’extraction de l’ADN total
en évidence d’activités enzymatiques par l’apparition de la bactérie pathogène ciblée et le fait de la faire
d’une coloration spécifique, avec un délai de réponse digérer par une enzyme dite de macro-restriction.
de 48 heures à 72 heures. La coupure par l’enzyme Après cela, l’ADN extrait et digéré subit une électro-
(qui doit être présente chez la bactérie à identifier) phorèse en champ pulsé pour conduire à une empreinte
d’un substrat spécifique dit chromogène, produit une génétique ressemblant visuellement à un code-
molécule colorée, le chromophore. De nom- barres. Cette technique permet de compa-
breux milieux chromogènes existent, rer des souches microbiennes de la même
mais le nom des activités enzyma- espèce sur la base de leurs empreintes
tiques n’est pas toujours indiqué par Les techniques génétiques. Cette technique
le fabricant. Les milieux chromo- peut être utilisée pour suivre des
géniques sont composés pour de diagnostic problématiques de contamina-
assurer la culture et une sélection, moléculaire sont de tions bactériennes en industrie,
aussi importante que possible, plus en plus utilisées pour évaluer la persistance ou
des micro-organismes cibles. non d’une souche dans les pro-
Plusieurs micro-organismes dans le cadre de l’analyse duits et/ou l’environnement de
peuvent être ainsi identifiés, microbiologique production.
dont ceux impliqués dans les Tiac : L’approche WGS (Whole genome
Salmonella (où l’enzyme recher- des aliments sequencing), en dévelop-pement
chée est l’estérase), Listeria (phospho- pour l’industrie agro-alimentaire,
lipase C), E. coli (β-Glucuronidase), consiste à déterminer la séquence
Bacillus cereus et Clostridium perfringens d’ADN du génome de l’organisme ciblé
(β-glucosidase), Staphylococcus aureus à partir d’un isolat. À l’aide d’outils d’analyse
(α-Glucosidase). informatique, il est possible de comparer les
séquences bactériennes et d’identifier les diffé-
Biologie moléculaire rences. Cette identification permet d’établir un lien
(ou non) entre des bactéries isolées dans les produits
Les techniques de diagnostic moléculaire basées sur la et/ou l’environnement de production.
détection des acides nucléiques bactériens sont de plus
en plus utilisées dans le cadre de l’analyse microbio-
logique des aliments.
Tests immunologiques
Une des méthodes rapides (détection de 18 heures à Présents sur le marché de l’analyse depuis de nom-
28 heures) de détection est la réaction de polymé- breuses années, les tests immunologiques n’ont cessé de
risation en chaîne (PCR). Cette technique met en progresser tant au niveau des limites de détection que
œuvre des étapes d’amplification (grâce à des sondes de la praticité d’utilisation. Dans le cadre de la détection
nucléiques spécifiques) et de détection, à de très de pathogènes ou de toxines dans les domaines des
faibles quantités, d’un fragment d’ADN spécifique au industries alimentaires, de nombreux kits et techniques
micro-organisme recherché. Les pathogènes peuvent sont désormais disponibles, dont voici un bref aperçu :
être détectés par PCR selon des méthodes validées ◗ Les kits Elisa ou Elfa permettent la détection de nom-
par l’Afnor ou l’AOAC (Association of official agricultural breux pathogènes et toxines en moins de 48 heures
chemists) pour différentes matrices alimentaires. et sont déclinés sous différents supports permettant
Dérivée de la PCR, la PCR quantitative (qPCR) permet les grandes séries comme les petites ;
de détecter, caractériser, mais également quantifier les ◗ L’immunocapture magnétique (IMS pour immunomagnetic
acides nucléiques d’un pathogène ciblé par l’utilisation separation) permet de concentrer de très faibles taux
d’un système de marquage fluorescent. Ce système de pathogènes post-enrichissement et a été déve-
permet de suivre la progression d’amplification en loppée et normalisée en particulier dans le cadre de
temps réel et de quantifier précisément le taux du la recherche de pathogènes plus difficiles à détecter
micro-organisme ciblé. comme E. coli O157:H7 ;
Références
[1] Santé publique France - Surveillance des toxi-infections alimentaires [6] Fiche de description de danger biologique transmissible par les
collectives. Données de la déclaration obligatoire, 2020 / Novembre aliments : Campylobacter jejuni, Campylobacter coli. Mise à jour : Mai
2021. www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies- 2011. https://www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2016SA0079Fi.pdf
infectieuses-d-origine-alimentaire/toxi-infections-alimentaires- [7] Fiche de description de danger biologique transmissible par les
collectives/documents/bulletin-national/surveillance-des-toxi-infections- aliments : Bacillus cereus. Saisine n°2016-SA-0075. Mise à jour : Mars
alimentaires-collectives.-donnees-de-la-declaration-obligatoire-2020 2021. https://www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2016SA0075.pdf
[2] EFSA - The European Union One Health 2020 Zoonoses Report- [8] Fiche de description de danger biologique transmissible par les
EFSA Journal 2021;19(12):6971. https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/
aliments : Staphylococcus aureus et entérotoxines staphylococciques.
full/10.2903/j.efsa.2021.6971
Mise à jour : Septembre 2011. https://www.anses.fr/fr/system/files/
[3] Fiche de description de danger biologique transmissible par les
BIORISK2016SA0076Fi.pdf
aliments : Salmonella spp. Saisine n°2016-SA-0080. Mise à jour : Juin
2021. https://www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2016SA0080Fi.pdf
[9] Fiche de description de danger biologique transmissible par les
[4] Fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments : Clostridium botulinum, Clostridium neurotoxinogènes. Saisine
aliments : Listeria monocytogenes Saisine n°2016-SA-0081. Mise à jour : n°2016-SA-0074. Mise à jour : Août 2019. https://www.anses.fr/fr/
Avril 2020. www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2016SA0081Fi.pdf system/files/BIORISK2016SA0074Fi.pdf
[5] Fiche de description de danger biologique transmissible par les [10] Fiche de description de danger biologique transmissible par les
aliments : E. coli entérohémorragiques (EHEC). Mise à jour : Mai 2019. aliments : Clostridium perfringens. Mise à jour : Mai 2017. https://www.
www.anses.fr/fr/system/files/BIORISK2017SA0224Fi.pdf anses.fr/fr/system/files/BIORISK2016SA0073Fi.pdf