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Gargantua rabelais - Tous les éléments à connaître par coeur


pour la dissertation du bac de français.
Français (Lycée et Collège Jean Moulin de Chateaulin)

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GARGANTUA

Intro :
François Rabelais publie en 1534 Gargantua, sous le pseudonyme anagramme d’Alcofribas Nasier, nom qu’il avait déjà utilisé pour Pantagruel
en 1532. Ces deux œuvres comiques et satiriques relatent les aventures de deux géants et leurs amis. Gargantua est une œuvre comique qui
marque une rupture avec le Moyen-Âge et qui eut être considérée comme un manifeste humaniste. Dans un monde où les méthodes médiévales
règnent encore en maître dans les universités, Rabelais expose une conception humaniste de l’éducation, de la politique et de la religion.
Reformulation du sujet : Le rire est un miroir du savoir

PART. CHAP NOTICE


Les Dizain - Ce dizain adressé « aux lecteurs » limite à première vue l’intérêt et la qualité de l’œuvre.
seuils - Cependant, le rire est un moyen d’accès à la sagesse pour les humanistes comme Rabelais.
du texte - Dans ce dizain, l’auteur nous invite à lire sans les œillères de la pensée dogmatique de la Sorbonne, qui avait le monopole
de l’éducation à l’époque.
- Il s’agit d’une captation benevolentiae (= technique oratoire cherchant, au début d’un discours à s’attirer l’attention
bienveillante et les bonnes grâce d’un auditoire) dont le ton direct, chaleureux permet d’établir un lien avec le lecteur.
Prolog - Dans le prologue, l’auteur nous met en garde et nous invite à une lecture herméneutique (= interprétation des textes
ue religieux ou philosophiques + règles permettant d’interpréter la Bible et les textes sacrés). Selon lui, il faut interpréter les
signes et se méfier des apparences.
- Il nous invite donc à plusieurs niveaux de lecture et cette dichotomie (=division d’un concept en deux autres concepts
contraires) est inhérente à l’œuvre. Pour illustrer cette idée, Alcofribas Nasier a recours à deux comparaisons :
° La métaphore de Sillès : les figures grotesques qui illustrent ces boîtes s’opposent à leur contenu, des « drogues »,
c’est-à-dire des médicaments capables de soigner
° La référence à Socrate : cet homme était certes « laid de corps » et « toujours riant », mais il était aussi doté d’une
sagesse exemplaire.
- Il en est de même pour le livre et nous devons en le lisant, chercher un sens profond sous son sens littéral : derrière le
comique apparent de l’œuvre se dissimule une grande sagesse. Le lecteur dit donc découvrir le sens caché de l’œuvre par
l’analyse, ce que l’auteur montre à l’aide d’une référence au Livre II de La République de Platon, dans lequel le philosophe
développe le parabole du chien qui tombe sur un os, le brise et en suce la moelle :
→ le chien va au-delà des apparences et suce le cœur de l’os, ce qu’il y a de meilleur et qu’il tient caché.
→ Le lecteur doit agir de même avec le livre : Alcofribas Nasier conclut donc un pacte de lecture (=entente entre le
lecteur et l’auteur) avec ses lecteurs.
LE RIRE

- « Rire est le propre de l’homme » : cette formule d’Aristote dans le dizain liminaire est intimement liée à Rabelais. Il en va de même pour le
but qu’Horace assigne à la littérature : « Instruire et plaire ».

I] Le rire est très présent


A/ Au rit du début à la fin
- Il est question du rire dans le dizain : « Il est vrai qu’ici peu de perfection / Vous apprendrez, si n’êtes enclins à rire »
- Le rire clôt le roman : le décalage entre la solennité de l’énigme trouvée dans le sol de l’abbaye de Thélème et une simple partie de jeu de
paume suscite le rire.
- Seule la partie consacré à Thélème semble dépourvu de rire.
B/ formes de comique nombreuses et variées
- scatologie (= écrits ou propos grossiers qui traitent des excréments)
° ex : le fondement de Gargamelle malmené par une indigestion
° ex : le déluge cause par l’urine de Gargantua et de sa jument
° ex : les torcheculs
- le comique obscène
° ex : le narrateur se présente comme l’auteur d’un livre intitulé De la dignité des braguettes.
° ex : d’après Frère Jean, quand les pèlerins partent, les moines « biscotent » les épouses.
- le comique reposant sur la démesure
° ex : nombreux décomptes aussi précis qu’exorbitant (ex: listes interminables des jeux de Gargantua + « Frère Jean occit 13622 soldats de
Picrochole dans le seul clos de Seuillé »)
- le comique reposant sur des jeux de la langue
° ex : nom des sots et des méchants → onomastique : Merdaille, capitaine Tripet…
° ex : création de nouveaux mots : « robidilardique », mot inventé pour qualifier la loi qui légitime un enfant né onze mois après la mort de
son père.

II] Le rire a un véritable pouvoir


A/ Permet de se moquer et de critiquer : la satire (= critique d’une époque, d’une politique, d’une morale ou attaque certains
personnages en s’en moquant)
- Satire religieuse
° ex : On rit des maîtres théologiens de la Sorbonne, les précepteurs sophistes Thubal Holopherme et Joseph Bridé, mais aussi de Janotus
de Bragmardo, avocat occasionnel venu réclamer les cloches.
° ex : On rit des moines, qui sont raillés à l’occasion du récit des exploits de Frère Jean : ils sont incapables d’agir et ne font que
psalmodier et faire sonner les cloches.
- La satire politique
° ex : Picrochole (qui correspond à Charles Quint) a l’ambition de conquérir le monde alors qu’il ne sait pas dominer son humeur
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colérique.
° ex : Les conseillers de Picrochole sont des parangons du mauvais conseiller, fuyards six heures avant la bataille.
=> La satire ôte toute forme de prestige ou d’autorité. Elle abaisse ce qui devrait être noble.
B/ Le rire repose aussi sur la parodie
Rabelais imite dans une intention comique. On trouve des références à :
- La Bible
° ex : Lorsque Gargantua, face à Eudémon, se rend compte qu’il ne sait rien, il se met à pleurer et se cache derrière son bonnet. Ce passage
est une référence à la Genèse : après avoir mangé le fruit défendu, Adam et Eve prennent conscience de leur faute, ont honte de leur nudité et
se couvre.
- L’épopée et les romans de chevalerie
° ex : Le carnage de Frère Jean est à mettre en parallèle avec les descriptions des combats des héros de L’Iliade et de l’Odyssée mais le rire
(le bâton de croix est son arme, les gestes sont efficaces mais manquent de noblesse, outrance du nombre de victimes…) remplace l’émotion
et l’admiration.
=> La parodie repose sur des références communes entre l’auteur et le lecteur ce qui crée une connivence.

III] Le rire a des vertus


A/ Le rire est libérateur
- Il exprime une autre vision du monde et libère des doctrines et des opinions qui tentent de s’imposer comme des vérités.
° ex : l’expansionnisme de Charles Quint/Picrochole, est vu comme le délire d’un individu dominé par la colère
° ex : les vérités incontestables que les théologiens assènent sont des âneries de « vieux tousseux ». Rabelais invite le lecteur à ne pas se
laisser impressionner par les théologiens traditionalistes, à ne pas se laisser imposer l’ancienne loi.
=> Le rire de Rabelais rejoint celui de Socrate, figure tutélaire du prologue : l’ironie dissipe les illusions.
B/ Le rire créateur
- Le rire n’est pas seulement destructeur d’un ordre ancien. C’est vers Dieu et la nature divine de l’homme que Rabelais convie son lecteur.
° ex : avec son rire libérateur de l’ancien esprit religieux, Frère Jean est le créateur d’un nouveau ordre, Thélème.
C/ Le rire cathartique
- D’une certaine manière, le rire est cathartique (= Purification de l’âme du spectateur par le spectacle du châtiment du coupable) dans
Gargantua : en riant de l’autre, nous rions de nous même. Le rire a la vertu d’éliminer en nous tout ce qui est négatif.
La Chap Rabelais se moque ici des historiographes du Moyen-Age, qui aiment dresser des généalogies en remontant aux temps
naissan 1 antédiluviens. Ces généalogies avaient surtout pour fonction d’établir de nobles origines pour les rois (donc célébrer leur
ce de pouvoir). Pourtant selon Rabelais, si l’on pouvait savoir avec certitude de qui l’on descend, on aurait quelques surprises et
Gargant les rois ne descendent pas forcément de grands personnages.
ua
Chap Ce chapitre reste obscur encore aujourd’hui : on pense qu’il contient un message concernant la politique de l’époque (Le
2 Pape, les thèses qui initient la réforme protestante par Luther).
Chap Au XVIème siècle, les médecins et savants s’interrogent sur la durée maximale d’une grossesse. La question se pose surtout
3 pour les enfants nés 9, 10, 11 mois après la mort du mari. La femme a-t-elle un amant ou a-t-elle vraiment porté l’enfant 11
mois ? C’est de cette question suspecte que s’amuse Rabelais.
Chap Au XVIème siècle, les médecins conseillent aux femmes enceintes de manger modérément. Prescription que Gargamelle
4 transgresse allègrement lors d’un festin organisé par son mai et elle avec les villageois des alentours pour finir les restes de
tripes. On entre dans un chapitre grotesque, où les tripes mangées se mélangent aux entrailles du mangeur en passant par la
scatologie… Rabelais s’amuse à décrire ce tableau dégoûtant.
Chap Dans ce chapitre, les voix des différents personnages (totalement ivres) se mêlent et rivalisent de plaisanteries (avec des
5 jeux de mots) à l’éloge du vin. Les scènes de banquets (bien arrosées) sont toujours valorisées chez Rabelais, comme des
moments de saine et franche camaraderie. Pour lui, la sagesse n’exige pas d’être austère et sévère. Au contraire « rire est le
propre de l’Homme » et l’Homme réfléchit mieux dans une atmosphère joyeuse.
Chap Pendant les festivités, Gargamelle va accoucher. Comme elle a trop mangé, la sage-femme lui donne un antidiarrhéique qui
6 la contracte tellement que l’enfant remonte jusqu’à l’oreille, rappelant la légende populaire selon laquelle le Christ aurait été
conçu par l’oreille de la Vierge (entendant les paroles de l’ange Gabriel) et serait né par cette voie, Rabelais se moque ainsi
de cette croyance. Lorsque Gargantua voyage à travers le corps de sa mère, il est présenté comme un véritable héros, maître
de ses choix et de son destin, comme Hercule lorsqu’il doit choisir entre le bien et le mal : Héroïcomique (= qui traite un
sujet prosaïque sur un ton sérieux).
Chap Au XVIème siècle, on pense que le nom doit avoir une signification : devant la bouche grande ouverte de son fils qui
7 réclame à boire, Grandousier s’exclame « Quel grand tu as ». Ce sera le nom de cet enfant : Gargantua. Le héros a déjà
besoin de quantité astronomique de lait et est sensible au carillonnement de clochette qui évoque le vin mais aussi le divin.
L’enfan Chap Le narrateur précise les quantités de tissus, matériaux précieux qui composent les vêtements de Gargantua. A la
ce du 8, 9, Renaissance, la signification des couleurs et d’actualité, en effet, des traités paraissent et prétendent qu’une couleur est
héros et 10 associé à un sentiment ou à une qualité. Notre narrateur critique l’auteur d’un livre « le Blason des couleurs ». Mais derrière
ses cette colère amusante, est menée une véritable réflexion : pourquoi adopter le symbolisme décrété par un inconnu ?
premier
Chap Le terme adolescence désigne ici la petite enfance (3 à 5 ans) avant toute éducation. Durant son enfance, Gargantua fait tout
s
11 de travers. Le chapitre comique se construit à partir de proverbes et expressions détournés de leur sens habituel et souvent
exploits
pris au sens propre ex : « sautait du coq à l’âne ».
Chap Gargantua enfant, fabrique des chevaux avec des brouettes, des morceaux de bois, et il les fait galoper. Tout au long du
12 roman, le cheval est un symbole très positif, d’action et d’efficacité. Or un jour, que passent le fourrier et le maître d’hôtel
d’un seigneur voisin, Gargantua leur donne à chacun un cheval de bois, ce qui les fait beaucoup rire.
Chap Grandousier de retour de voyage retrouve son fils, qui lui raconte avoir trouvé le meilleur torche-cul. Il nous décrit alors une
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13 véritable méthode expérimentale : encore ici l’humour scatologique. Dans les chapitres (12 et 13), on met l’ingéniosité du
jeune Gargantua en avant sauf que chez Rabelais, ces talents sont pour le moins spéciaux.
L’éduca Chap Grandousier admirant les dispositions intellectuelles de son fils, lui donne alors un précepteur Thubal Holopherme (dont le
tion de 14 prénom signifie confusion en hébreu) est un sophiste (= maître de rhétorique enseignant la sagesse et l’art de parler en
Gargant public, terme négatif car les sophistes visent d’avantage l’efficacité persuasive que l’énonciation d’une vérité), c’est à dire
ua un professeur dont les méthodes d’apprentissages sont archaïques (fondées sur la mémorisation d’un grand nombre de
connaissances) et sont critiquées par Rabelais, qui préfère les nouvelles méthodes visant à exercer l’intelligence, le
raisonnement, l’art de bien s’exprimer et savoir se servir de son esprit. Le premier étant catastrophique, on lui donne un
deuxième précepteur Maître Jobelin Bridé, qui échoue également.
Chap Gargantua va être instruit par un nouveau professeur, adepte des nouvelles méthodes d’apprentissages (les méthodes
15 humanistes) que Rabelais préconise. Philippe de Marais (personnage inspiré d’Érasme) l’ami de Grandousier lui présente
alors son jeune page Eudémon (qui signifie heureux en grec)
Chap Grandousier reçoit d’un roi africain une jument extraordinaire : grande comme six éléphants, elle sera parfaite pour porter
16 Gargantua jusqu’à Paris. En chemin, ils traversent une région infestée de frelons, que la jument chasse avec sa queue,
déracinant tous les arbres. Gargantua lui donnera pour nom la Beauce.
Chap Gargantua arrive enfin à Paris. Il suscite alors tant de curiosité des parisiens qu’il doit se réfugier au sommet de Notre-
17 Dame. Alcofribas explique cette étrange inondation d’urine : Gargantua fait cela « par ris ». Ce qui donne son nom à la ville.
Et donc, l’idée centrale, c’est qu’il les baptise. Les 260 418 parisiens sont bénis par le rire, initiées à un nouveau message
spirituel. Puis quand Gargantua quitte Notre-Dame, il prend les cloches et les met au cou de sa jument. Symboliquement, les
évangiles ne doivent pas rester au sommet des cathédrales, mais carillonner et galoper le long des chemins. C’est le fameux
message des évangélistes partagé par Rabelais.
Chap Les Parisiens envoient un maître de la Sorbonne (dont Rabelais adore se moquer) pour convaincre Gargantua de rendre les
18, 19, cloches de Notre-Dame. Le plus vieux des maîtres, Janotus de Bragmardo fait un discours rempli d’arguments décousus,
20 exemples inappropriés, association d’idées sans cohérence… ex : « Toute cloche sachant clocher devant clocher dans un
clocher, fait clocher, clochant clochativement, les clochants clochabilitants. Le Parisien a des cloches. CQFD». Avec ce
galimatias (= discours confus qui semble dire quelque chose mais ne signifie rien) Janotus incarne bien l’éducation à
l’ancienne : beaucoup de connaissances mais peu d’esprit. Sa harangue relève du burlesque (= parodie dont le propos est de
prêter aux héros nobles des actions et des propos vulgaires et bas) puisque ses préoccupations ne sont pas celle d’un
théologien. Pour remercier Janotus de les avoir tant fait rire, Gargantua et ses précepteurs le font boire et le revoient avec de
quoi se confectionner une bonne paire de chausses.
Chap Pour organiser l’éducation de Gargantua, Ponocrates lui demande comment il étudiait avec son précepteur sophiste. Il
21, 22 observe également comment Gargantua se comporte : il boit, il mange et il dort.
Chap Ponocrates met en place un nouveau programme, où Gargantua éduque son esprit, son corps, et son âme ; apprenant les
23, 24 langues et la musique, faisant l’expérience directe du réel, et profitant de chaque instant de la journée, Dans ce chapitre,
Rabelais dresse tous les principes de l’éducation humanistes.
L’ÉDUCATION DE GARGANTUA

« On ne naît pas homme, on le devient » Érasme

- La pédagogie passionne la Renaissance.


- Dans le roman, deux méthodes d’éducation s’opposent et sont antithétiques : la méthode médiévale dispensée par les sophistes et
théologiens de la Sorbonne et la méthode humaniste. On retrouve la notion de dichotomie. Gargantua constitue un livret pédagogique
humaniste qui décrit l’éducation d’un prince amené à régner.

- Rabelais est convaincu que l’éducation des théologiens de la Sorbonne est responsable des vices de pensée des esprits de son temps. Il se
livre donc à la satire de ces anciennes méthodes éducatives.
- Dans le roman, Grandousier décide d’éduquer son fils car il est admiratif du génie de Gargantua qui invite divers « torche-culs ». Il confie
son éducation à Thubal Holopherme, « un grand docteur sophiste ». A la mort de celui-ci, « un vieux tousseux » prend le relai, Jobelin Bridé.
L’onomastique est au service de la critique des sophistes. La recommandation que l’on fait à Grandousier est si mauvaise qu’elle est formulée
avec un pronom indéfini : « On lui recommanda un docteur sophiste ».
- L’éducation sophiste reçut par Gargantua présente de nombreux défaut, c’est pourquoi Rabelais en fait la satire. Par exemple, avec les
sophistes, Gargantua étudie des auteurs dont l’onomastique prête à rire, comme Heurtebrise, qui signifie agite du vent,. Aucun grand auteur
n’est donc au lipogramme. De plus la lenteur de l’apprentissage est spectaculaire : il apprend son alphabet en 5 ans et 3 mois, il lit des
ouvrages de grammaire et de vocabulaire pendant 13, 6 mois et 2 semaines… Gargantua apprend à réciter son abécédaire par cœur à l’endroit
et à l’envers, il apprend aussi les lettres gothiques, critiquées par les humanistes. La méthode qu’il reçoit consiste essentiellement à apprendre
par cœur des grands passages des ouvrages proposés et le commentaire qu’on en fait. Ainsi, cette longue éducation est basée sur un
enseignement entièrement livresque et fait appel à la mémoire mécanique.
- Cette éducation sophiste a des conséquences sur Gargantua, qui ne devient finalement qu’un corps sans esprit, comme le montre les
accumulations décrivant les fonctions naturelles (« Il fientait, pissait, se raclait la gorge »). Il devient fou, niais, tout rêveur et radoteur.

- Grandousier se plaint de l’attitude de son fils à son ami Dom Philippe des Marais. Ce dernier à un jeune page appelé Eudémon, qui a été
élevé selon les nouvelles méthodes d’éducation. Ce page s’oppose à Gargantua et le portrait des deux jeunes garçons constitue un diptyque
antithétique :
° L’élégance d’Eudémon offre un contraste avec la tenue négligée du géant.
° Sa santé, sa vigueur s’opposent à la somnolence de Gargantua, qui se trouve dans une sorte d’abrutissement
° Il est modeste alors que Gargantua est effronté
° Son discours est clair, éloquent et il a mis 2 ans à assimiler les principes de la rhétorique antique alors que Gargantua se tait et pleur
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« comme une vache ».


Eudémon est une personnage métonymique d’un idéal érasmien humaniste. Face à Eudémon, Grandousier comprend son erreur. Il renonce
aux sophistes et envoie son fils sous la direction du pédagogue d’Eudémon, Ponocrates.
- Ponocrates offre à Gargantua une éducation humaniste. Il commence par lui faire purger le cerveau afin de pouvoir agir sur un esprit sain.
Son alimentation a cette fois pour but de refaire les forces nécessaires pour bouger et apprendre : il n’est plus dans l’excès et la démesure.
Gargantua apprend les sept arts libéraux : grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, astronomie, musique. Il pratique
également une activité physique. Ponocrates instruit Gargantua de manière récréative les jours de mauvais temps (herborisation, visite aux
artisans…) Il applique la pédagogie active recommandée par Érasme. L’éducation de Gargantua n’est désormais plus faite d’excès et de
démesure. Il n’est plus réduit aux fonctions corporelles. Son gigantisme est désormais une hyperbole de l’appétit intellectuel des Humanistes
et de l’enthousiasme de la Renaissance pour l’éducation. Gargantua reçoit donc l’éducation d’un bon prince.
L’HUMANISME DANS GARGANTUA

- déf : L’humanisme est un mouvement spirituel et culturel de la Renaissance marqué par la volonté d’élever l’esprit et de donner à l’homme
sa pleine dignité en lui accordant sa place la plus haute.
- Le choix de Rabelais peut être à première vue paraître paradoxal puisqu’il choisit des personnages qui sont des géants pour mettre en valeur
l’homme. Mais à y regarder de plus près, ces géants sont pétris d’humanité :
° ex : Grandousier est soucieux du sort de son peuple et pense que son rôle est de protéger ses sujets.
° ex : La harangue de Gargantua face aux perdants de la guerre est marquée par la générosité.
A l’inverse, les hommes sont dans la démesure en témoigne la 1ère éducation de Gargantua, qui est mauvaise et excessive, ainsi que l’hybris
dont est victime Picrochole.
- De plus, les idées dans le roman sont celles des humanistes : l’éducation, la guerre et la religion.
- Gargantua permet à Rabelais d’appliquer les principes humanistes à un monde fictif, proche de la réalité.
° Dans le roman, Gargantua est Grandousier sont les parangons du prince idéal. Cette réflexion sur le prince est très importante à la
Renaissance en témoigne le livre de Machiavel Le Prince.
° Le roman permet de renouveler la religion puisqu’il proclame la liberté du chrétien, affranchi des lois anciennes et le retour aux textes
sacrés, débarrassés de la langue des textes ecclésiaux. Il dénonce aussi les pèlerinages et critique les moines (ex : épisode des pèlerins et
épisode de l’abbaye de Thélème).
° L’abbaye de Thélème est présenté comme une utopie mais elle peut être comprise comme un but à atteindre.
Le Chap Le narrateur nous emmène maintenant plus loin dans le pays de Grandousier… C’est le temps des vendanges, les bergers
déclenc 25 gardent les vignes, et les fouaciers du pays de Lerné (le pas voisin) passent avec leurs charrettes remplies de fouaces. Les
hement fouaces, ce sont des sortes de pains améliorés qui selon l’auteur accompagnent divinement le raison. Il dit même que c’est
de la un « régal céleste » et qu’elles facilitent la digestion… Rabelais nous fait passer ici un message caché : e pain et le vin, le
guerre corps et le sang, le rire et la spiritualité sont ensemble les meilleurs remèdes contre le péché. D’un point de vue plus
Picroch humaniste : allier le corps à l’esprit, la science et la conscience, permet d’éviter le mal. Mais les fouaciers insultent les
oline bergers. Un certain berger, Frogier, qui s’indigne de ces insultes, est frappé d’un coup de fouet à l’un des fouaciers, nommé
Marquet. Frogier l’assomme. Pendant qu les fouaciers s’en vont, les bergers prennent des fouaces, en les payant leur prix
habituel. Le soir, ils se régalent de fouaces et de vin, soignent les jambes de Frogier, et dansent au son de la musette, sans se
rendre copte qu’ils ont crée un incident diplomatique.
Chap Les fouaciers rapportent cet incident à leur roi Picrochole, dont le nom signifie : qui a la bile amère… Aussitôt, il nomme
26 son grand écuyer Toucquedillon capitaine et lève un armée. Picrochole est donc associé à l’hybris (= « démesure »,
comportement ou sentiment violent inspiré par des passion, contraire de la tempérance). Rabelais montre que la colère d’un
seul homme transforme un malentendu en véritable conflit armé. Le lecteur de l’époque reconnaît les conflits continuels
entre Charles Quint et François Ier. En 1525, le roi de France est fait prisonnier à la bataille de Pavie c’est un choc qui
ébranle tous les équilibres diplomatiques, Il ne sera libéré qu’en 1533.
Chap Les soldats de Picrochole arrivent alors à l’abbaye de Seuillé, Là, les moines désemparés se contentent de réciter des
27 psaumes contre les embûches de l’ennemi… Mais alors se détache un personnage haut en couleur : Frère Jean des
Entommeures, qui les encourage : le service du vin vaut bien que l’on se batte, pas moins que le service divin ! Ce discours
de Frère Jean révèle les valeurs qui sont chères à Rabelais et qui font selon lui le vrai moine : franc, honnête, courageux.
Frère Jean des Entommeures saisit un bâton de croix et fait fuir les assaillant presque à lui tout seul. « Aux uns, il
écrabouillait la cervelle, à d’autres, […] il démettait les vertèbres du cou, […] déboîtait les fémurs, débezillait les
faucilles ». La scène d’une rare violence est rendu comique par les termes médicaux et concrets.
Frère Jean des Entommeures

- Il représente le synergisme évangélique qui veut que l’individu prenne part à son destin. C’est ainsi qu’il interrompt la psalmodie
des ses confrères pour les inviter à s’armer et à combattre.
- Il dispense un des maîtres mots de l’enseignement de Saint Paul, la joie, que Rabelais a repris en exergue (=début) de son ouvrage
« Vivez joyeux ».
- Il réhabilite le corps, la joie de vivre animale et la nature.
Chap La résistance de l’abbaye de Seuillé n’empêche pas Picrochole de prendre la Roche-Clermault. Pendant ce temps,
28 Grandousier apprend le saccage de ses terres. Contrairement à Picrochole, il dépasse l’indignation pour examiner les causes
du conflit : « Hélas ! […] Picrochole, mon ancien ami […] vient m’attaquer ? […] Qui l’a conseillé de la sorte ? […] Je
n’entreprendrai pas de guerre avant d’avoir essayé de gagner la paix par […] tous les moyens ». Grandousier correspond ici
à l’idéal du roi humaniste.
Chap Changement de genre et de ton : Grandousier écrit à son fils pour lui demander d’utiliser tout ce qu’il a appris auprès de
29 Ponocrates pour régler le conflit avec la moindre effusion de sang possible. « Un bon prince n’accepte jamais aucune
guerre, excepté quant, après avoir tout tenté, il ne peu l’éviter par aucun moyen. […] L’homme est né pour la paix et
l’amour [et non] pour la rapine et la guerre ».
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Chap Grandousier envois alors son ambassadeur, Ulrich Gallet, à la Roche-Clermault, pour s’informer auprès de Picrochole lui-
30, 31 même. Pour seule réponse, Picrochole les met au défis d’aller prendre ses fouaces. Quand Ulrich rapporte ces propos à
32 Grandousier, il décide d’envoyer cinq charrettes pleines, en gage de paix. Rabelais et les humanistes sont favorables à la
recherche de la paix par tous les moyens. Ils s‘opposent aux hommes de Picrochole, agressifs.
Chap Mais Toucquedillon et ses conseillers militaires lui disent que, fort de ses victoires, il devrait envoyer une moitié de son
33 armée conquérir l’Orient, pendant que l’autre prendra l’Occident. Dans ce discours, on voit l’orgueil démesuré de
Picrochole, la bêtise et la cupidité des conseillers. Il s’agit d’une satire des visées conquérantes de Charles Quint à l’époque.
LE GOUVERNEMENT DANS GARGANTUA

- Dans Gargantua, la guerre Picrocholine permet d’esquisser le portrait d’un monarque humaniste, en opposition à Picrochole, souvent associé
à Charles Quint. Rabelais développe un déeal de gouvernement où se concilient la persistance du moèdle monarchique et les exigences de la
pensée humaniste.
- Picrochole est le modèle du mauvais roi :
° sa conduite caricature les principes de la féodalité
° il agit sans réfléchir et sans consulter son conseil
° il ne déclare par la guerre officiellement
° il agit sous l’impulsion de la colère
° il est impérialiste
=> « Où est la foi ? Où est la loi ? Où est la raison ? Où est l’humanité ? Où est la crainte de Dieu ? » : ces interrogations de Gallet dans
sa harangue résument bien le personnage qui s’affranchit de toutes les qualités morales et humaines préconisés par les humanistes.
- En opposition, Gargantua et Grandousier sont des parangons du prince humaniste :
° Grandousier est bienveillant, c’est un père pour ses sujets dont il tente de préserver la vie. Nourri par eux, il a le devoir de les protéger et
de les défendre.
° Grandousier, contrairement à Picrochole, dispose d’une armée de métier.
° Il créer un hôpital pour les blessé et récompense ses troupes.
° Il prie et s’inspire de la lecture de l’évangile : c’est un roi chrétien
° Gargantua, qui lui succède, a été éduqué par l’humaniste Ponocrates : il est donc un prince accompli, un roi philosophe aux antipodes de
Picrochole.
La Chap Dès que Gargantua reçoit la lettre de son père, il fait harnacher sa jument et envoie son ami Gymnaste en éclaireur… qui
victoire 34, 35 tombe sur une troupe de Picrochole menée par le capitaine Tripet. Alors il se met à faire d’étranges acrobaties, et profite de
des la surprise de Tripet, pour l’éventrer ; la troue, persuadée d’avoir affaire à un diable, s’enfuit en courant.
géants
Chap De retour auprès de Gargantua, Gymnaste lui conseille de reprendre le Château de Gué de Vède, qui se trouve juste à côté
36 de la Roche-Clermault. C’est là que la jument de Gargantua vide sa vessie, emportant déjà une partie des envahisseurs. Puis,
ceux qui sont restés dans le château se mettent à tirer au canon sur Gargantua, qui croit d’abord que ce ne sont que des
mouches. C’est certainement le passage le plus épique du roman.
Chap Au retour de Gargantua et ses compagnons, Grandousier organise un banquet extraordinaire, où Ponocrates raconte leurs
37, 38 aventures pendant que Gargantua retire les boulets de canons de sa chevelure. Pendant les repas, des pèlerins endormis dans
la salade se retrouvent dans la bouche de Gargantua, qui les retire avec un cure-dent. Ils se réfugient alors près du château de
Coudray.
Chap Frère Jean des Entommeures est célébré comme un héros… Commence lors un grand débat pour savoir pourquoi les moines
39, 40 sont retirés du monde. Ils tombent d’accord pour dire que les mauvais moines doivent rester à l’écart, mais les meilleurs
moines sont ceux dont recherche la compagnie.
Chap Pour aider Gargantua à s’endormir, frère Jean des Entommeures lui récite des psaumes, et lui décrit l’usage qu’il fait de son
41, 42 bréviaire « Les heures sont faites pour l’homme et non l’homme pour les heures. C’est pourquoi je règle les miennes comme
des étrivières : je les raccourcis ou les allonge comme bon me semble ». Cette image révèle une conviction de
l’humanisme : la religion doit s’adapter o la vie humaine, et non l’inverse...
Chap Hastiveau, un proche de Picrochole, lui conseille d’envoyer ses capitaines au château de Coudray. Là, ils capturent les
43, 44, pèlerins qui y avaient trouvé refuge. Au cours de plusieurs combats épiques, Frère Jean des Entommeures assomme le
45 capitaine Tyravant, capture Toucquedillon et libère les pèlerins. Une fois sains et saufs, les pèlerins racontent leurs
mésaventures. Grandousier les réprimande.
Chap Interrogé par Grandousier Toucquedillon raconte que Picrochole veut conquérir l’Orient et l’Occident. Mais quand
46, 47 Toucquedillon rapporte ces paroles à Picrochole, Hastiveau cire à la traîtrise. Toucquedillon le transperce de son épée,
aussitôt exécuté par les archers de Picrochole.
Chap Gargantua part à l’assaut de la Roche-Clermault depuis la position la plus haute : Picrochole les voyant arriver, concentre
48, 49 alors toutes les forces de ce côté. Cela permet au reste de son armée de prendre la place-forte de revers. Dans sa fuite,
Picrochole tue son cheval. Une sorcière lui prédit que sin royaume lui sera rendu le jour du retour des coquecrigrues
Chap Dans un long discours, Gargantua raconte qu’il sera magnanime avec les vaincus, mais il ne laissera pas impunis les
50,51 responsables de la guerre. Picrochole ayant disparu, il charge Ponocrates de l’éducation de son fils, jusqu’à ce qu’il soit en
âge de régner. Enfin, Gargantua paye les soldats, fait enterrer les morts, soigner les blessés, réparer les villages détruits. Un
puissant château est érigé pour garantir une meilleure défense de la région et des terres sont attribuées à ses capitaines.
L’abba Chap Pour récompenser frère Jean des Entommeures, Gargantua fait bâtir une abbaye à son idée. Elle ne sera pas fermée par des
ye de 52 à murs, mais construite en hexagone. Pas de cloches ni de contraintes horaires, mais de luxueuses bibliothèques réparties par
Thélèm 57 langue. Le narrateur décrit alors les intérieurs, les vêtements, et les occupations de ceux qui y vivent : « Ils sortaient du lit
e quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, quand le désir leur en venait […] et toute leur règle tenait en
cette clause : FAIS CE QUE VOUDRAS ».
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Chap Ce chapitre est très complexe et comporte de très nombreuses références, difficiles à comprendre aujourd’hui. Le roman se
58 termine par un poème énigmatique trouvé fans les fondations de Thélème. Frère Jean ne voit dans l’énigme qu’une
description du jeu de Paume mais Gargantua y voit un double sens : une invitation pour les protestants à résister malgré les
répressions. C’est là toute la malice de Rabelais, qui nous et au défi de trouver un sens caché dès le début du roman, et le
termine en nous dissuadant d’y trouver autre chose qu’un divertissement.
L’ABBAYE DE THELEME

- La fondation de l’abbaye de Thélème fait intervenir un autre système d’éducation, qui complète le précédent : Gargantua faisait l’objet
d’une éducation individuelle, les Thélèmites reçoivent une éducation collective. Alors que l’éducation de Gargantua est celle d’un prince,
l’éducation des Thélèmites est celle de courtisans accomplis qui prolongent l’idéal de la chevalerie. L’abbaye de Thélème est une utopie.
- Cette abbaye est fondé par Frère Jean des Entommeures, ainsi récompensé pour la part qu’il a prise à la guerre. C’est une abbaye « à son
idée ».

- Cette abbaye est particulière puisque toutes les règles en usage dans les abbayes et toutes les habitudes sont inversées :
° L’abbaye n’est pas entourée de murailles alors que les autres abbayes sont fermées.
° On ne se soumet pas aux heures, c’est-à-dire à la prière alors que les autres abbayes sont régies par les heures canoniques
° On y réside le temps qu’on veut, dans les abbayes conventionnelles, on est obligé de rester à vie
° On peut y être marié, libre et riche, ce qui s’oppose au vœux de chasteté, à la pauvreté et ) l’obéissance des moines traditionnels.
° On y accepte les femmes « belles, bien formées et de bonne nature », alors que les autres abbayes sont remplies de femmes et
d’hommes ayant une tare physique ou mentale.
Après avoir connu la vie monacale dans deux ordres différents, chez les franciscaines et les bénédictins, Rabelais semble régler ses comptes
avec les interdictions religieuses.

- Cette abbaye est considérée comme une utopie. Cette idée est inscrite dans le nom même de l’abbaye puisque Thélème signifie « volonté ».
Rabelais crée ici un monde sans aucune contrainte car il estime que la contrainte imposée produit un effet négatif. La règle de cette abbaye est
donc « Fais ce que tu voudras ». Cette règle porte la marque de la pensée de Platon et rappelle la conception que Pic de la Mirandole, un
humaniste néoplatonicien du XVIème siècle, propose du libre arbitre. L’éducation des Thélèmites, qui sont tous de naissance noble,
correspond à l’idéal aristocratique de la Renaissance (lecture, écriture, chant, instrument de musique, connaissance des langues, travaux
d’aiguilles pour les femmes, activités de chevalerie pour les hommes). Cette éducation est utopique car les Thélèmites parviennent tous à la
perfection. Cet idéal éducatif, fondé sur la liberté, souligne la foi de Rabelais en l’homme : le rôle de l’éducation est de rendre plus fort
l’instinct du bien. Dans une perspective évangélique, la règle unique proclame la liberté du chrétien. Rabelais refuse la soumission à une loin
contraignante qui cherchent à imposer les théologiens traditionalistes de la Sorbonne.
LA RELIGION

- Dans Gargantua, Rabelais fait la satire de l’Église de la fin du Moyen-Age et s’attaque :


° aux théologiens de la Sorbonne, qui garantissaient l’orthodoxie de la foi et des pratiques, en témoigne les théologiens
→ ex : les théologiens Thubal Holopherme et Jobelin Bridé
→ ex : Janotus de Bragmardo
=> Le clergé est en crise, en proie à l’ignorance et à la médiocrité intellectuelle.
° aux instituions religieuses et aux croyances.
→ ex : caractère machinal des récitations et des prières, battologie (= syllabes latines psalmodiées que les Évangéliques
considèrent comme une moquerie envers Dieu) des moines de Seuillé qui chantent en grégorien pour chasser l’ennemi
→ ex : Gargantua qui psalmodie dans sa jeunesse et assiste à « vingt-six ou trente messes »
=> La prière récité n’en ai pas une aux yeux de Rabelais.
° Au culte des saints et des pèlerinages → ex : Grandousier réprimande vertement les pèlerins que Gargantua a failli avaler
° Aux moines à qui il reproche leur paresse, leur ignorance, leur saleté et leur inutilité. → ex : Frère Jean des Entommeures a conservé
certains de ces défauts : Gymnaste lui fait remarquer qu’il devrait se moucher, il aime la bonne chair et la boisson.

- Un tel réquisitoire pourrait nous inciter à conclure à l’incroyance de Rabelais mais ce serait omettre tous les conseils religieux qu’il confie à
la voix des géants. En effet, quand la satire détruit, les princes, voir Frère Jean s’empressent de reconstruire autrement. C’est ainsi que :
° Grandousier ne se contente pas d’interdire aux pèlerins leurs voyages inutiles, il leur confie une tâche, celle de nourrir leur famille,
d’élever leurs enfants et de lire Saint Paul.
° Aux théologiens rétrogrades de la Sorbonne, Rabelais oppose Ponocrates qui fait ) son élève des lectures quotidiennes des Écritures,
les commente et l’invite à prier Dieu. Les récitations sont remplacées ici par la lecture commentée, exercice humaniste.
° Les rois eux-mêmes sont de bons chrétiens : Grandousier prie avant de faire la guerre, il a le souci de protéger ses sujets et va donc au
secours de son prochain.
=> La foi est donc personnelle, la prière est devenue dialogue, il règne une grande confiance entre le prince et Dieu, la charité est le devoir
majeur : ce sont là des principes évangélistes.

Exemple dissertation
- Sujet : Gargantua de Rabelais a-t-il pour fonction de nous amuser ou bien de nous instruire ?
- Sujet : « Le menu plantureux des géants se donne à lire comme le signe d’une communion heureuse entre l’homme et le Terre (…). Manger et
boire dans la symbolique du peuple en fête relayé par Rabelais, c’est participer au grand cycle de la fertilité. » Vous vous interrogerez sur le
jugement de Michel Jeanneret
- Sujet : « Le rire de Rabelais est en grande partie un superbe déguisement pour essayer de détourner les ennemis, brouiller les pistes, éviter les
censures si terribles alors. » Dans quelle mesure ces propos de Michel Butor dans Répertoire

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Dossier du livre

Le rire, un miroir du savoir

On sait depuis le prologue que le rire a pour fonctions de nous divertir et de nous faire comprendre quelque chose : il sera ici un révélateur,
capable d’alerter sur l’état du savoir. Il s’agit de faire réfléchir le lecteur sur ce que signifie être savant, et plus largement de le conduire à porter
un regard critique sur les savoirs accrédités ou sur les pratiques savantes. Alors même que l’on pourrait penser que le savoir ne prête pas au rire
mais au sérieux, Gargantua met en scène différentes figures de savants, et plusieurs méthodes d’acquisition des savoirs en les présentant sous
leur jour le plus drôle. Rabelais ne remet pas en question le savoir en lui-même puisqu’il est convaincu que c’est par l’étude que l’homme
s’élève et devient plus sage. Pourtant, il sais aussi que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Pantagruel, Chapitre VIII). Il se
défie donc des imposteurs et critique les abus ou les faux-semblants. Comme il vaux mieux en rire que pleurer : « Mieux est de rire que de
larme écrire » (« Aux lecteurs ») cette critique nus conduira à quelques-unes des pages les plus comiques de Gargantua. Ainsi, ce rire permet à
Rabelais de se moquer pour stigmatiser et critiquer ; mais s’il se moque des uns, c’est pour mieux défendre les autres.

RIRE DU FAUX SAVOIR


Le premier enseignement que reçoit le jeune Gargantua est marqué par la quantité plutôt que par la qualité.Il se caractérise par une pesanteur
démesurée qui ne mène à rien de construit, puisque l’enfant ainsi gavé est finalement incapable de s’exprimer avec éloquence lors de la scène
qui le confronte au jeune page Eudémon, chapitre XV. La situation renvoie au questionnement des humanistes sur les difficultés liées à
l’enseignement de leur époque : par ses méthodes, ses sources, comme dans ses résultats, cette éducation est un désastre car elle assomme sans
instruire. A cet égard, le portrait caricatural des précepteurs, certes « grand[s] docteur[s] sophiste[s] » mais aussi « vieux tousseux » dont les
noms, Jobelin Bridé et Thubal Holoferme, prêtent d’emblée à rire, constitue un écho aux réflexions d’Erasme sur les méthodes du pédagoges.
De telles méthodes ont en effet des conséquences graves : Érasme insiste sur les dommages causés par une ingurgitation indistincte de
connaissances, laquelle ne produit qu’une vaine ostentation contraire à la connaissance, et il prévient : ces abus nuisent gravement à la santé. A
la gloutonnerie pompeuse indigeste, il faut donc préférer le fait de « goûter » aux différentes disciplines. Montaigne défend également cette idée
et affirme que « savoir pas cœur n’est pas savoir ». Apprendre pour se contenter de répéter, c’est avoir un rapport inversé voire insensé au
savoir. Cette dérive des « livres inutiles » est dénoncée comme la première des folies du monde dans la satirique Nef des fous, de Sebastien
Brant. Est fou celui qui accumule des livres « sans y rien comprendre » et qui présente ensuite son ignorance avec fierté. La leçon à retenir de la
première éducation de Gargantua est alors « Pour éviter de te disperser parmi l’abondance des choses, cultive-toi en lisant peu de livres, mais
des livres utiles. », comme le dis Josse Bade dans Navis Stultifera. Une ignorance généralisé résulte paradoxalement de la masse de livres mal
digérée. Il ne suffit pas de lire beaucoup et de répéter ce qui a été lu pour se dire savant. Les hommes de sciences eux-mêmes, comme
l’anatomiste André Vésale, déplorent l’état de délabrement des connaissances qu’ils constatent chez ceux qui se croient savants : « Ces derniers
du haut de leur chaire, avec une rare suffisance, croassent comme des corneilles et parlent de choses dont ils ne se sont jamais approchés, mais
qu’ils récitent par cœur d’après les livres écrits par d’autres, ou en lisant les descriptions qu’ils ont sous les yeux. », André Vasale, La fabrique
du corps humain.

LA MASCARADE DES FAUX SAVANTS


La scène la plus outrancière présentant un faux savant est sans conteste celle où Janotus de Bragmardo se lance dans une longue harangue pour
recouvrer des cloches qui sont déjà rendues (chapitre XVII-XX). L’épisode réserve de nombreux effets comiques, qui tiennent premièrement au
décalage entre la solennité de la harangue et la trivialité des requêtes (cloches, chausses et saucisses), deuxièmement au langage faussement
savant qui saccage le latin alors même que le personnage serait l’un des plus grands savants de sa communauté, ce qui par conséquent
stigmatise la prétention des théologiens à s’estimer savants, et troisièmement aux nombreuses références à la farce médiévale, ajoutant au
mauvais latin une mise en scène costumé et gesticulante des plus grotesques. On retrouve l’ostentation prétentieuse de faux savants dans
Pantagruel lorsque ce dernier rencontre à Paris, un écolier limousin qui truffe son discours de faux latinisme en cherchant à se faire passer pour
un docte Parisien. Comme Janotus, ce personnage de pédant est ridiculisé par son propre discours, incompréhensible, en témoigne la réaction de
Pantagruel : « Que veut dire ce fou ? Je crois qu’il nous forge ici quelque langage diabolique, et qu’il nous charme comme un enchanteur. »

RIRE DU GAI SAVOIR


Le rire peut également exprimer une joie profonde devant les connaissances. C’est alors un rire d’acquiescement et d’adhésion devant le plaisir
d’apprendre, manifeste dans l’épisode des chevaux factices ou du torchecul, qui tous deux incitent à se réjouir de la virtuosité de l’enfant, dont
l’ingéniosité en remontre aux adultes et les émerveilles (chapitre XII-XIII).
L’œil amusé porté sur les savoirs est un œil averti. Un savoir heureux est celui qui sait sourire de la confrontation des autorités, comme on peut
le voir dans le chapitre III. Lors de la controverse sur les onze mois de grossesse de Gargamelle, Rabelais cite différents savants et autorités
selon les usages en vigueur, mais c’est pour mieux faire ressortir la confusion, sinon la contradiction entre juristes et médecins, entre
compilateurs et commentateurs. Il s’amuse ici de la difficulté à s’orienter parmi les avis contraires, difficulté qui fait toute la joie du savant,
capable de renouveler le propos. Partagé entre le respect dû aux maîtres et la nécessité de souligner leurs insuffisances, l’apprentissage
progressif de l’irrespect conduit à refonder le discours savant pour revendiquer des découvertes plus audacieuses, associant rire et savoir d’une
manière constructive et heureuse. Rabelais, qui connaît ce type de posture savantes, les rend plus réjouissantes encore en les adaptant à ses
objets loufoques, grosses géante ou incongru torchecul. En lisant Gargantua, le lecteur est ainsi appelé à un vaste questionnement sur l’état des
savoirs. Le rire intervient en tant qu’outil ; c’est un agent révélateur destiné à éveiller les consciences, à faire réfléchir afin de démasquer et
d’accuser. Il a en effet l’avantage de pouvoir adopter plusieurs colorations. Le rire du restaurateur de textes qui œuvre en buvant est un rire
satisfaire et inspiré, heureux du défi à relever comme du travail bien fait. En revanche, c’est un rire satirique qui vise la démystification des
imposteurs, un rire désabusé aussi, triste de constater que es livres parfois rendent les élèves idiots au lieu de leur offrir une émancipation.
Enfin, Rabelais déploie le rire formidable de la découverte, rire proféré devant l’étincelle ingénieuse d’une jeunesse créative, qui par la
réflexion ou l’expérimentation sait trouver le courage de remettre en question les autorités anciennes pour imposer sa voix, ses idées et la
vivacité des esprits. Quelle que soit la forme qu’il prenne, c’est donc toujours un rire ambitieux, enrichissant, qui prévaut chez Rabelais,
accusant d’un côté ridicule, encourageant, de l’autre, la vie des idées.

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